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Introduction
renseignement de sécurité est introduite, du moins en partie, par la nature des organisations
le plus utile aux policiers, et produit par des organisations policières qui ont pour mission
mission est entièrement différente : protéger l’État souverain sur son territoire. Ainsi, les
critères de collecte et de mise en forme des informations jugées utiles est moins sujette aux
standards du droit.
territoire national, ceux qui forment le contexte géopolitique dans lequel la sécurité du pays
doit être assurée. Donc, la nature des actes intéressants pour un agent de renseignement de
sécurité n’est pas nécessairement criminelle (elle peut tout de même l’être), ni même
illégale au sens du droit national ou international. On le voit, l’objet visé par les organismes
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de renseignement de sécurité est extrêmement large, mal défini et donc sujet à des
Pour sa part, le renseignement criminel porte essentiellement sur les crimes de droit
policières 1) de soutenir les enquêtes judiciaires par l’analyse des informations nominatives
portant sur des entités criminelles et 2) d’orienter les stratégies policières sur des
renseignement de sécurité (politique) diffère, il n’en demeure pas moins que certaines
activités. Entre autres, le renseignement criminel et de sécurité reposent tous les deux sur
un processus cyclique qui comprend, à quelques variantes près, les 7 étapes suivantes : 1)
afin de répondre à des besoins supplémentaires, ou tout simplement pour servir de base à
communication (TIC). En effet, une grande partie de la productivité des organisations, que
leur mission soit centrée sur le renseignement criminel ou sur le renseignement de sécurité,
criminel au Canada et décrit comment se structure cette activité sur le territoire national. La
seconde est dévolue au renseignement de sécurité et aux les agences vouées à la sécurité
nationale. Finalement, notre dernière section fera le point sur la tendance actuelle, qui est
Durant les années 1970, les préoccupations concernant les activités du crime organisé
prenaient une ampleur inégalée. En effet, les travaux de la Commission d’enquête sur le
crime organisé (CECO) dévoilaient au grand jour les ramifications du monde interlope sur
organisée. Dès le début des années 1970, la Gendarmerie royale du Canada a mis en place
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des mesures concrètes pour systématiser les activités de renseignement criminel à l’échelle
nationale. Néanmoins, au milieu des années 1980, une vague de meurtres en série commis
partager ces informations avec les services de police concernés. Un des cas les plus
meurtres sur des enfants. Dans cette affaire, l’investigation policière avait particulièrement
souffert du faible partage d’information entre les différentes juridictions impliquées dans le
cas Olson.
organisations policières canadiennes, dont la GRC, ont participé à la création d’un dépôt
central de données permettant la concentration des dossiers policiers portant sur crimes
graves (Fichier des crimes graves, ou FCG). Ce fichier central offrait la possibilité
d’analyser les liens entre les crimes de violence, favorisant ainsi le dépistage et la
prévention de crimes sériels, entre autres en permettant de comparer divers détails relatifs à
la manière dont chaque crime était commis. Aujourd’hui ce fichier a été remplacé par le
Système d’analyse des liens sur la violence associée aux crimes (SALVAC). Ce système est
afin de répondre aux nouvelles réalités sociales qui nécessitaient une adaptation de la part
des services policiers. Pour ce faire, la direction de la GRC souhaite entreprendre l’examen
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de ses activités et de ses structures afin d’optimiser son fonctionnement. L’État-major veut
partenaires extérieurs afin de mobiliser l’action policière dans la lutte au crime. Cette
volonté s’est d’ailleurs traduite par une participation accrue de la GRC dans les structures
fédérale, qui répond notamment aux besoins de la GRC dans la lutte contre le crime. Au
second niveau, on retrouve, au sein des Services nationaux de police, le Service canadien
du renseignement criminel (SCRC) qui a été créé en 1970 afin de favoriser les échanges
d’informations sur la criminalité en général et sur les tendances émergentes dans les
différentes provinces du Canada. Plus précisément, le SCRC agit à titre d’interface entre les
En règle générale, l’activité de renseignement criminel repose sur trois principales sources
d’information. La première est la catégorie dite des « sources humaines », qui contient des
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informations provenant des victimes d’actes criminels, des témoignages de citoyens,
d’experts (par exemple, jury comptable), d’agents d’infiltration et d’agents sources, ainsi
que de membres des services policiers (qui ont effectué une filature, par exemple).
Chacune de ces sources humaines contribue à informer les organisations policières sur des
documentaires, telles que les dossiers d’enquêtes antérieures, les rapports internes
(statistiques sur la criminalité, topos, etc.), les rapports produits par des organismes
archivant les antécédents criminels des délinquants, les données électroniques provenant de
transactions financières, etc. ainsi que les banques de données des entreprises fournissant
des services téléphoniques, informatiques, etc. (nous reviendrons sur les sur les aspects
etc.).
Une fois ces informations amassées, classées, comparées, analysées, elles serviront
à renseigner et à orienter les différents secteurs d’activité des organisations policières. Par
criminel est d’orienter les patrouilles policières vers les « points chauds » ou zones
particulièrement criminalisées d’une ville ou d’un quartier et dans les secteurs où sevit de la
déliquance sérielle. Ainsi, l’attention des patrouilleurs se trouve concentrée sur des entités
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et des phénomènes criminels prioritaires. Au plan de l’enquête, le renseignement est
principalement utilisé pour orienter les enquêtes complexes, mettre en lien plusieurs crimes
qui ont des élements en commun, établir des liens entre des éléments d’un phénomène
renseignement est également utile à la gestion des activités policières et des unités
renseignement dans la conduite des affaires policières montrent à quel point cette activité
rationalité limitée des acteurs qui participent aux activités de renseignement, les
posent des contraintes considérables. Pour être utile, le renseignement est tributaire de la
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Capacité informationnelle et technologies de l’information
cueillette et la compilation des données. Tout d’abord, la GRC s’appuie sur le Centre
qui contient des renseignements tactiques sur des crimes et des criminels. Ce système
permet, entre autres, d’obtenir de l’information rapidement sur des sujets précis afin de
réaliser des enquêtes ou de mener des opérations de renseignement. Notons également qu’il
est accessible à d’autres agences gouvernementales d’application des lois, dont la nouvelle
Agence des services frontaliers du Canada. Par exemple, il offre la possibilité de vérifier si
alimentée en principe à partir des informations fournies par les enquêteurs. Cette banque
peut servir entre autres à des unités spécialisées afin d’y colliger ou extraire des
informations dans le cadre d’enquêtes diverses. Il s’agit en quelque sorte d’une banque de
données centrale gérée par la GRC mais qui est également utilisée par d’autres corps
policiers.
gestion revient au SCRC. Les informations sont colligées sous forme de synthèses et elles
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De plus, la GRC a remplacé son Système de gestion des incidents et des dossiers
consulter des informations détaillées sur des événements, le SIRP permet de faciliter la
policiers. Le système est doté d’une capacité d’adaptation qui lui permet d’intégrer les
nouvelles technologies afin de suivre l’évolution des besoins des services de police. Selon
sécurité publique (RCISP), un réseau national de partenaires visant la mise en commun des
d’application de la loi.
réel (ITR) qui a pour objectif de moderniser le système des empreintes digitales et des
informations, l’ITR offre une technologie de pointe permettant de réduire les délais de
traitement des demandes d’identification et de mise à jour des casiers judiciaires. Cet outil
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2. Renseignement de sécurité et organismes responsables
renseignement criminel. Les polices d’État de l’Ancien Régime, qui se targuaient de tout
savoir sur les activités des sujets du Roi, s’attardaient bien plus sur les rumeurs subversives
que sur les actes criminels communs. Leur priorité était de protéger l’État, ses institutions et
également des informations sur les plus divers aspects de la vie sociale et politique (Loubet
del Bayle, 2006). La criminalité de droit commun était considérée secondaire aux affaires
individuellement, en famille ou, lorsque ces contrôles informels ne suffisaient plus, par les
était le renseignement militaire tactique et stratégique – qui lui a une histoire qui remonte à
l’invention de la guerre.
Contre-espionnage
services de renseignement de sécurité français considèrent que leur travail est de faire du
« journalisme policier pour le compte de l’État » (Brodeur, 2004 : 238), c’est bien que la
mission est large au point d’être impossible à définir clairement. Pourtant, certaines
sécurité. La première est le contre-espionnage qui, bien qu’ayant acquis un air légèrement
folklorique depuis la chute du rideau de fer, reste toujours d’actualité. De nos jours on ne
dérober ses secrets militaires, mais plutôt des agents de gouvernements étrangers affairés à
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soutirer des secrets industriels aux entreprises établies au Canada — tout particulièrement
dans le secteur de la haute technologie. Notons tout de même que l’attention portée au
de sécurité canadien, à l’époque de la guerre froide, a été déterminante dans la forme qu’il
Outre les espions, qui sont somme toute relativement rares (le SCRS estime tout de
même que la Chine et la Fédération russe ont quelques 300 espions industriels au Canada ;
Rimsa, 2006), la cible principale des activités des agences de renseignement de sécurité
varie selon le standard appliqué. En termes de dangerosité potentielle, il s’agit sans doute
filtrage de sécurité des employés de l’État et des immigrants arrivant au Canada vient en
tête (350 000 demandes en 2005, SCRS, 2006). En termes de coopération internationale,
Dans tous les cas, le but du renseignement de sécurité nationale n’est pas de
procéder à l’arrestation d’individus afin de les traduire en justice — malgré que cela ne soit
pas exclu — mais bien d’assurer, de façon purement utilitaire, expéditive ou du moins aussi
d’asile sera refusé, un immigrant expulsé, un espion interdit de séjour. Le cas récent de
l’espion russe intercepté à Montréal en novembre 2006 est un bon exemple. Tentant de
s’introduire au Canada sous le nom de Paul William Hampel (le nom d’un Torontois
décédé), l’individu en question était déjà au travail au Canada depuis 1995, sous différents
deux caméras et une radio à ondes courtes. La procédure utilisée contre lui n’est pas
protection des réfugiés, qui permet au gouvernement de déporter des individus constituant,
selon les services de sécurité, une menace pour le Canada (qui n’est applicable qu’aux
individus n’étant pas citoyens du Canada). Les preuves produites n’ont pas à démontrer
cette menace « au-delà de tout doute raisonnable », et certaines peuvent être gardées
bien connu d’expulsion est celui de Ian et Laurie Lambert, de Toronto, qui furent
démasqués en 1996 par le SCRS comme étant Yelena Olshanskaya and Dmitriy
Canada. Dans les deux cas, on le voit bien, le but de ce genre d’enquête n’est pas de punir
légalement un individu (ce qui, de surcroît, pourrait être coûteux au chapitre des relations
diplomatiques), mais bien d’assurer que ses activités cessent le plus rapidement possible.
Le cadre juridique appliqué est d’ailleurs beaucoup moins strict que celui d’une enquête et
renseignement criminel fut reconnue quelques 25 ans après la défection d’Igor Gouzenko.
À l’époque, la GRC traitait sans différencier les deux formes de renseignement. En 1969, la
Commission Mackenzie recommanda que les deux fonctions soient divisées et accomplies
par des agences entièrement différentes, notant la difficulté qu’avaient les agents de la GRC
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à différencier la subversion de la simple dissidence. Le gouvernement répondit plutôt par
une refonte de la GRC, qui fut dotée d’un « Service de sécurité » spécialisé dans les affaires
relatives à la sécurité nationale et dirigé par un non-policier (« civil »). Les agents du
nouveau Service de sécurité conservaient pourtant les mêmes pouvoirs que les autres
membres de la GRC, justement un autre problème que la Commission avait soulevé : lors
d’enquêtes en matière de sécurité nationale, sous cadre juridique flexible, les pouvoirs des
septembre 2001. C’est d’ailleurs un autre épisode terroriste de l’histoire canadienne, bien
antérieur, qui eut l’impact le plus important sur l’organisation des activités de
Gendarmerie royale du Canada remplissait mal cette tâche. Une deuxième commission
avaient volé, cambriolé (plus de 400 fois), incendié et fait exploser une bombe
source de la découverte du pot aux roses) pour lutter contre les terroristes séparatistes. Ce
renseignement, étaient adéquates. Pire, l’état-major de la police fédérale avait tenté par tous
les moyens d’étouffer l’affaire. La Commission McDonald conclut donc elle aussi que les
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objectifs du renseignement de sécurité et les intérêts des Canadiens serait mieux servis par
CSARS). Le SCRS eut pour mission de protéger le Canada contre plusieurs types de
menaces contre la sécurité du Canada, clairement identifiées dans la Loi sur le Service
violence politique. Cependant, comme la loi ne dicte aucun seuil d’« ingérence », de
subversion ou de violence, le champ d’action du Service reste très large (voir Cléroux,
1993). Toutefois, lorsque des activités clairement criminelles sont commises, le SCRS, en
tant qu’organisation non-policière, doit faire appel à la GRC pour que cette dernière prenne
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en charge le dossier, puisque ses propres agents sont limités à l’enquête et à l’analyse
d’information.
Pour remplir ce mandat les agents du SCRS collectent des informations sur des
personnes soupçonnées de mener ou de préparer des activités qui pourraient constituer des
arrêtées par la police. Plusieurs informations sont données au SCRS par d’autres agences
Royaume-Uni). Le SCRS est actif dans 24 pays étrangers mais est limité à l’investigation
de menaces déjà identifiées et n’a pas pour mandat de mener des enquêtes exploratoires. On
ne peut pas, par exemple, s’infiltrer dans une organisation étrangère pour évaluer la teneur
de ses activités face au Canada ou à ses alliés (ce que plusieurs services secrets étrangers
n’ont aucune gêne à faire chez nous. Au moment d’écrire ces lignes, le directeur du SCRS,
Jim Judd, tente d’obtenir des pouvoirs plus étendus d’enquête à l’étranger auprès du
Sources et analyse
Les sources d’information énumérées ci-dessus sont dites « fermées » parce que
confidentielles. Il faut leur ajouter toutes les autres formes d’information « ouvertes »,
disponibles à tous, mais qui peuvent être d’un intérêt particulier pour le SCRS ou d’autres
Internet, de cartes officielles, etc. Les sources ouvertes sont souvent dédaignées parce que
alors que les sources ouvertes sont disponibles à tous (…pour un prix ; plusieurs entreprises
ouvertes, comme Jane’s et Lexis-Nexis). Ceci est sans doute une erreur assez grave.
septembre) ont recommandé que des services voués à l’analyse de produits de source
ouverte soient mis sur pied par les gouvernements. Dès 1987, une commission d’analyse du
SCRS avait également déploré les faibles ressources vouées par le Service à l’analyse
pour placer les enquêtes dans leur contexte social, politique, économique, bref pour
ultime est presque invariablement d’amasser de l’argent, les activités menaçant la sécurité
ensuite être analysée par des experts chargés de produire le « renseignement » en tant que
décisions subséquentes. Cette étape de l’analyse est cruciale, et pourtant souvent oubliée
puisque c’est la collecte qui semble plus difficile. Dans les faits, les services de
mal filtrées, sans queue ni tête. L’analyste doit être en mesure d’organiser toute cette
information de manière intelligible, de « joindre les points » (connect the dots), selon
plus près du terrain se trouve le renseignement tactique, qui vise les opérations quotidiennes
et les activités de personnes spécifiques — par exemple, l’affaire Hampel décrite ci-dessus.
missiles sol-air portatifs. La production de rapports courants sur ces sujets fait partie des
des services frontaliers du Canada font partie des entités dont les activités dépendent
renseignements relatifs à ses activités. Tout près du Premier ministre se trouve également le
bureau du Conseil privé, où sont intégrés des renseignements provenant de l’ensemble des
(CIESN), créé en 2003 et relancé en grande pompe en 2004 sous le nom de Centre intégré
d’évaluation des menaces (CIEM). Il s’agit d’un organe du SCRS spécifiquement tourné
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vers l’intégration du renseignement stratégique relatif au terrorisme. En principe (le CIEM
vient tout juste d’être créé et il semble que plusieurs partenaires ne participent pas à ses
coordination des réponses. Le second exemple marque le retour en force de la GRC dans la
GRC a procédé à une réorganisation de ses services. Dès 1988, elle créa sa nouvelle
des opérations relatives à la sécurité nationale (chargée d’administrer des Sections des
territoriales de la Gendarmerie). Trois ans plus tard les fonctions de renseignement étaient
diffusait l’information dont les policiers ont besoin, et comportant une sous-direction
de renseignements protégés sur la criminalité (SRPC) qui, malgré son nom, n’a aucunement
pour but la collecte d’information sur des actes criminels ordinaires. En fait elle est
enquêteurs y ont accès. Autrement dit, même après la création du SCRS la GRC est
toujours restée active, en arrière-plan, dans les affaires de sécurité nationale. Ceci, tout
simplement parce que dans bien des cas des enquêtes de sécurité se transforment en
enquêtes criminelles lorsque des individus sont formellement arrêtés afin d’être traduits en
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justice pour des actes interdits par le Code criminel du Canada. Par exemple, bien que
SRPC est aujourd’hui surtout (mais non exclusivement) utilisé dans les affaires de
policière sur l’attentat d’extrémistes sikhs contre Air India en 1985, qui avait fait plus de
300 morts.
nouveau l’intervention policière, alors que les SESN furent remplacées par les Équipes
intégrées de la sécurité nationale (EISN). Contrairement aux SESN les EISN ne sont pas
des groupes internes à la GRC, mais bien des entités formées de membres détachés du
principal et où le mot d’ordre est « partage » (à ce jour, quelques 200 policiers de la GRC
Le tableau 21-1 présente succinctement les principales entités actives dans la sphère
du renseignement de sécurité au Canada. Nous venons de traiter des trois premières, qui
sont des organismes de la société civiles. Les quatre dernières relèvent du ministère de la
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Tableau 21-1 : Principaux organismes de renseignement de sécurité au Canada
SCRS Service canadien du renseignement de sécurité, MSPPCC (Canadian Security
CSIS Intelligence Service)
GRC/SRPC Gendarmerie royale du Canada, Système de renseignements protégés sur la
SCIS criminalité, MSPPCC (Secure Criminal Information System)
EISN Équipes intégrées de la sécurité nationale, MSPPCC (Integrated National
INSETs Security Enforcement Teams)
Vancouver, Toronto, Ottawa et Montréal
CST Centre de la sécurité des télécommunications, MDN** (Canadian Security
CSE Establishment)
CCDN 2 Centre de commandement de la Défense nationale, MDN (National Defence
NDCC 2 Command Centre – Security Intelligence
UNCIFC Unité nationale de contre-ingérence des Forces canadiennes, MDN (Canadian
CFNCIU Forces National Counter-Intelligence Unit)
SNEFC Service national des enquêtes des Forces canadiennes, MDN (Canadian
CFNIS Forces National Investigation Service)
*Ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile
**Ministère de la Défense nationale
La présence militaire
La sécurité nationale a toujours été la mission principale des forces armées. Cependant, au
Canada (comme aux États-Unis), il est généralement accepté que les questions de sécurité
militaires) chargés de protéger la paix et de faire régner l’ordre, alors que les organismes
militaires doivent se concentrer exclusivement, sauf dans les cas exceptionnels, sur les
menaces extérieures. De nos jours la distinction est de moins en moins profonde, puisque la
coopération des Forces canadiennes est sollicitée de plus en plus dans des activités
(CST), créé en secret après la seconde guerre mondiale (sous le nom de COMSEC, ou
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Sécurité des télécommunications, sous l’égide du Conseil national de recherche). Le CST
est davantage connue comme le partenaire canadien de l’accord UKUSA entre les États-
venant de partout sur la planète, pour y trouver des mots-clés caractéristiques de complots
tous les partenaires étaient restreints dans leurs activités par des lois nationales interdisant
puisque les exceptions à cette interdiction se multiplient (surtout au Canada et aux États-
Unis). Soit dit en passant, depuis la fin de la guerre froide, la majorité du travail fait par le
CST, comme c’est le cas de la National Security Agency (NSA), son partenaire étatsunien,
consiste à épier les communications des alliés du Canada pour y débusquer des
partie de son projet de loi C-36, ou Loi antiterroriste, une section habilitant officiellement
le CST (via une modification de la Loi sur la défense nationale, partie V.1). Cette loi fit
bien davantage qu’officialiser l’existence du CST : elle ajouta à son mandat certains aspects
particulièrement significatifs. Entre autres, le CST doit maintenant « fournir une assistance
Ontario, a été arrêté en 2003 après que la NSA ait intercepté un courriel montrant qu’il
d’examiner les activités du CST, mais s’il faut en croire ses rapports annuels, le cadre
juridique de cet examen reste excessivement flou (voir BCCST, 2005). Entre autres
communications de Canadiens n’est pas établi. Par exemple, on ne sait pas si le ministre
peut autoriser une série d’interceptions ou s’il doit approuver chaque cas séparément.
de troupes ennemies, l’apparition de menaces pour la sécurité des bases des Forces
canadiennes). Ceci est d’importance secondaire pour ce chapitre et donc nous ne nous y
attarderons pas.
renseignement militaire ont toujours été actifs sur le territoire canadien, par exemple lors de
sensible. En effet, les Forces canadiennes considèrent désormais l’ensemble du Canada non
pas comme une base de lancement d’opérations à l’étranger mais bien comme un théâtre
l’environnement, donc des activités de renseignement. Sans compter bien sûr la préparation
canadiennes — dont bien sûr les urgences terroristes potentielles, mission de la Deuxième
transformation est la disparition des ennemis étatiques conventionnels, dont bien sûr les
pays du Bloc soviétique, et leur remplacement par un foisonnement sans fin d’ennemis
organisés en groupes minuscules, fluides, sans hiérarchie claire ou base géographique fixe.
Cette multiplication des conflits dits « asymétriques », mais dont les acteurs non-étatiques
disposent tout de même de moyens d’infliger des pertes considérables aux États (dont de
est motivée par plusieurs facteurs importants. Premièrement, plusieurs phénomènes ont
criminalité organisée transnationale et le terrorisme (SCRS, 2004). Dans les deux cas il
canadienne » (SCRS, 2007), ce qui justifie sont implication dans ce type d’enquête.
Deuxièmement, le fait que les enquêtes en sécurité doivent être transférées du SCRS à la
GRC lorsque des activités criminelles sont en cours, ou prévisibles, crée une fracture dans
partie à palier à ce problème, en assurant une transition plus douce du dossier entre les deux
organisations et la collaboration continue des agents du SCRS, qui en sont la source, avec
ceux de la GRC, qui doivent préparer le dossier judiciaire. Troisièmement, étant donné que
la cause la plus souvent identifiée de l’échec à prévenir les attaques de septembre 2001 est
et les organismes policiers, plusieurs rapports d’expertise ont recommandé la fusion pure et
Deux problèmes restent pourtant entiers. D’une part, la raison initiale de la séparation
des activités de renseignement, le potentiel d’abus de pouvoir de la part des individus et des
organisations, n’est pas disparue. De nouveaux organismes de surveillance ont été créés
depuis, mais rien ne permet d’assurer qu’ils suffisent à la tâche maintenant, et encore moins
qu’ils y suffiront dans un futur où le renseignement serait unifié. Dans les faits, comme l’a
(ce manque de coopération est une récrimination maintes fois répétée par la Commission
D’autre part, subsiste le simple fait que la nature même des activités visées par le
des policiers. Le terroriste a des objectifs, des méthodes, un comportement, une mentalité
constitue son réseau de soutien est différente. L’environnement politique où il évolue est
particulier. Encore une fois, la Commission Arar a souligné à quel point les enquêteurs
étrangères, et tout simplement face à la nature du terrorisme. Ceci, en partie parce que le
terrorisme est tout simplement trop rare pour qu’ils en aient une expérience utilisable.
Côté politique, la question principale est celle des atteintes possibles à la vie privée,
dans un monde où des ressources décuplées à la fois au chapitre des budgets, de l’expertise,
cache dans la masse de gens ordinaires durant de longues périodes de temps, semble
justifier qu’une loupe de plus en plus puissante soit dirigée vers tous les citoyens.
renseignement de pays où les droits de la personne ne sont pas respectés. Tous les
provenance de tels pays, souvent obtenues sous la torture — et peu de règles explicites en
déportation d’un individu dangereux dans un pays où il sera torturé, la marche à suivre
n’est guère plus claire. La Cour suprême du Canada, dans son arrêt Suresh, a conclu que le
Canada ne devait pas déporter des personnes là où elles risquent la torture ou d’autres
mauvais traitements… sauf dans les cas où la sécurité nationale est en jeu. Notons que
même nos partenaires démocratiques, dotés de chartes de droits, peuvent prendre des
Enfin, l’aspect purement financier est également à considérer. Durant les années
1990 les Forces canadiennes, le SCRS et le CST, entre autres, ont vu leurs budgets et
effectifs diminuer sensiblement (dans le cas du CST, après une augmentation fulgurante
dans les années 1980, en partie due aux coûts des super-ordinateurs dont elle avait besoin
— par exemple, l’achat et l’opération d’un seul Cray X-MP11 lui coûta près de 34 millions
de dollars. Bien sûr, cet ordinateur est aujourd’hui vétuste). Depuis 2001, les budgets de
toutes les entités liées au renseignement de sécurité ont été rétablis à leur niveau guerre
froide. En évaluant les divers risques à la sécurité nationale de façon purement objective,
Conclusion
leur mission, de leur légitimité d’action ainsi qu’à celui des techniques utilisées, force est
États-Unis. En effet, les récentes promulgations de lois anti-terrorisme, suite aux attentats
sécurité de l’État une plate-forme légale permettant de joindre leurs efforts (souvent au cas
controle des flux migratoires et les affaires criminelles atypiques tel que le cas de l’ex-
espion russe Alexander Litvinenko. Bien qu’il soit encore trop tôt pour se prononcer, il
semble que le ciblage des activités criminelles internationales par les forces de sécurité
« basse » police, la police politique et la police de l’ordre public, devra être réévaluée.
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