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L’Alchimistejk

En 2008, l’auteur brésilien Paulo Coelho raconte qu’il avait déjà écrit un livre, « Le pèlerin de
Compostelle », dont le succès lui permettait d’écrire un autre texte. Retiré chez lui en bord de mer, lui
est venu à l’esprit le héros du « Vieil homme et la mer » d’Hemingway, Santiago. Il allait, dit-il,
raconter l’histoire d’un autre lui-même, du berger que Paulo Coelho avait toujours été sans n’avoir
jamais eu aucun brebis à garder, du berger « en quête d’un trésor et en même temps comprenant que
le chemin est aussi important que le but à atteindre ».

Auteur : Paolo Coelho


Editions : J’ai Lu
Date de parution : 2010 (première parution en 1988)

Préface
Paulo Coelho précise dès les premières lignes que « L’Alchimiste » est un livre symbolique. Il a lui-
même, en effet, étudié l’alchimie durant onze années. N’arrivant à rien, découragé, il a ensuite passé
six années dans une sorte de scepticisme à l’égard de tout ce qui était lié au mystique.

En 1981, après avoir rencontré un maître, l’auteur s’est remis à étudier l’alchimie : « il existe trois
types d’alchimistes. Ceux qui sont imprécis parce qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent ; ceux qui le
sont parce qu’ils savent de quoi ils parlent mais n’ignorent pas que le langage de l’alchimie s’adresse
au cœur et non à la raison. Et ceux qui n’ont jamais entendu parler d’alchimie mais qui parviennent, à
travers leurs vies, à découvrir la Pierre philosophale ».

« J’ai découvert, écrit Paulo Coelho, que le langage symbolique était la seule façon d’atteindre l’Ame
du monde. J’ai découvert la Légende personnelle et les signes de Dieu. J’ai découvert que parvenir au
Grand œuvre n’était pas réservé à une petite élite, mais à tous les êtres humains sur terre. Il est
évident que le Grand œuvre ne se présente pas toujours sous la forme d’un œuf ou d’un liquide dans
un flacon, mais que nous pouvons tous – sans aucun doute – plonger dans l’Ame du monde ».

Première partie
En Andalousie, le jeune berger Santiago passe sa nuit dans une église abandonnée avec son
troupeau, un livre pour oreiller. Il est persuadé que certaines de ses bêtes comprennent ce qu’il dit,
leur lit parfois certains passages de ses livres, leur parle de la solitude et de la joie de vivre dans la
campagne. Santiago pense aussi à une jeune femme, la fille d’un commerçant de la bourgade où il va
arriver et avec qui il a bavardé une fois l’année dernière. Réfléchissant sur la confiance aveugle que
lui vouent ses bêtes simplement parce que c’est lui qui les mène au pâturage, Santiago se dit que tout
à une raison d’être, y compris son lourd manteau qu’il doit porter en pleine chaleur mais grâce auquel
il n’a jamais froid au petit matin.

Jusqu’à 16 ans, le jeune homme a fréquenté le séminaire, car ses parents auraient voulu qu’il soit
prêtre. Il a étudié le latin, l’espagnol, la théologie. Pourtant, depuis son enfance il rêvait de découvrir le
monde. Devant ses certitudes, son père lui donna trois vieilles pièces d’or pour qu’il s’achète un
troupeau : « Va courir le monde jusqu’au jour où tu apprendras que notre château est le plus digne
d’intérêt et que nos femmes sont les plus belles ».
Depuis, Santiago avait connu des châteaux et des femmes. Il possède un manteau, un livre qu’il peut
échanger et un troupeau. « C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie
intéressante ».

Ayant deux nuits de suite fait le même rêve d’un enfant qui joue avec ses brebis avant de le prendre
par la main pour l’emmener jusqu’aux Pyramides d’Egypte, Santiago se décide à consulter une vieille
femme, une gitane, malgré ses préjugés sur les gitans réputés pour avoir fait un pacte avec le démon
et le fait qu’il soit depuis tout petit terrifié à l’idée d’être kidnappé par des gitans. « Tu es venu
m’interroger sur les songes, lui dit-elle, et les songes sont le langage de Dieu. Mais s’il parle le
langage de ton âme, il n’y a que toi qui puisse comprendre ».

L’enfant du rêve a promis au jeune berger que s’il venait jusqu’aux pyramides, il trouverait un trésor
caché. Pour la vieille gitane, il doit y aller. D’ailleurs, elle ne lui demande pas d’argent mais la
10e partie du trésor.
Faisant halte à Tarifa et ayant échangé son livre avec le curé, Santiago se dit qu’il aime voyager car
on rencontre beaucoup de monde alors qu’en restant au même endroit on voit toujours les mêmes
personnes, on en vient à considérer qu’elles font partie de notre vie et elles finissent par vouloir la
transformer. Tout le monde croit savoir comment nous devrions vivre mais personne ne sait comment
il doit vivre lui-même sa propre vie.

Un vieillard vient s’asseoir sur le même banc que le jeune berger et essaye d’entamer la conversation
alors que le premier n’aspire qu’à la tranquillité, avec son livre et son vin nouveau. Le vieil homme se
nomme Melchisédec et se présente comme le roi de Salem. Il propose un marché : « donne-moi un
mouton sur dix et je te dirais comment parvenir au trésor caché » ; puis il écrit l’histoire de la vie de
Santiago sur le sable.

Un roi qui discute avec un berger ? « Oui parce que tu as pu accomplir ta Légende personnelle, ce
que tu as toujours souhaité faire. Chacun sait dans sa prime jeunesse quelle est sa Légende
personnelle mais qu’il n’a alors pas peur de rêver. Et quand tu veux quelque chose, tout l’Univers
conspire pour te permettre de réaliser tous tes désirs ». Le roi de Salem s’adresse à Santiago, car
celui-ci est sur le point de renoncer. Il commence en effet à s’inquiéter. L’Afrique est une terre
inconnue, il pense aussi à ses brebis qui vont souffrir s’il décide de partir. Du château de Tarifa, il
aperçoit les côtes du Maghreb tout comme il vue sur toute la ville. En plein dilemme, le jeune berger
doit se décider entre quelque chose à quoi il est habitué et quelque chose qu’il aimerait bien avoir. Le
vent du Levant lui apporte alors l’odeur du désert et le jeune homme comprend qu’il pourrait être libre
comme le vent et que ses brebis comme la fille du commerçant ne sont que des étapes de sa
Légende personnelle.

Le lendemain, il vend son troupeau et retrouve le vieillard : « Pour arriver jusqu’au trésor, il faudra que
tu sois attentif aux signes. Dieu a écrit dans le monde le chemin que chacun doit suivre. Il n’y a qu’à
lire ce qu’il a écrit pour toi ». Le roi de Salem porte un pectoral en or massif dont il extrait une pierre
noire, Ourim, qui veut dire « oui », et une blanche, Toumim, qui signifie « non ». « Quand tu ne
parviendras pas à repérer les signes, elles te serviront. Cherche d’abord à prendre tes décisions par
toi-même ».

Le jeune homme (il ne sera plus jamais appelé Santiago jusqu’à la fin de « L’alchimiste ») est arrivé à
Tanger avec l’argent de la vente de ses brebis. Dans un café, il rencontre un homme vêtu à
l’occidentale et qui parle espagnol, alors que jusqu’alors il n’a vu que des personnes parlant arabe,
langue qu’il ne comprend pas. Il demande à son interlocuteur de lui servir de guide malgré une
réaction mécontente du patron du bar, qu’il juge comme un voleur. Le jeune homme préfère faire
confiance à celui qui parle sa langue et lui confie son argent pour acheter deux chameaux, pensant
qu’il lui suffira de la surveiller. Pourtant sur la grouillante place du marché, il est distrait quelques
secondes par la plus belle épée qu’il n’ait jamais vue. Quand il a finit de se promettre de l’acheter dès
qu’il reviendra avec le trésor, son nouvel ami a disparu avec son argent. Et quand la place se vide il se
met à pleurer en s’apitoyant sur son sort, pensant seulement rendre les deux pierres pour pouvoir
rentrer chez lui. Il se rappelle le patron du café qui voulait en fait l’avertir : « Je suis comme tous les
hommes : je vois le monde comme je souhaiterais que les choses se produisent et non comme elles
se produisent réellement ». Aux pierres, il demande si la bénédiction du vieillard est toujours sur lui, et
la réponse est oui. Il commence à regarder la place différemment : ce n’est plus un monde étranger,
c’est un mode nouveau ; il a le choix entre regarder ce monde comme la victime d’un voleur ou
comme un aventurier en quête d’un trésor.

Au matin, le jeune homme aide un marchand de friandises si souriant qu’il est persuadé que celui-ci a
trouvé sa Légende personnelle. Il se rend compte qu’il existe un langage au-delà des mots et le
marchand lui offre de la nourriture.

L’ancien berger rencontre bientôt un autre marchand, de cristaux celui-ci, installé en haut d’une ruelle
pentue et qui après une période faste ne voit plus de clients entrer dans sa boutique. Il est ici depuis
30 ans, il a chaque matin l’angoissante impression qu’il est bien trop tard pour changer quelque
chose. Le jeune homme s’arrête devant la vitrine et lui propose de nettoyer ses vases en échange
d’un repas. Les deux clients qui rentrent en même temps dans la boutique sont interprétés comme un
signe par le commerçant qui accepte que le jeune homme travaille pour lui. Ce dernier explique qu’il
veut de l’argent pour aller en Egypte, mais il n’en aura jamais assez. Un moment désespéré, il décide
de travailler pour le marchand de cristaux afin de pouvoir acheter quelques moutons.

Deuxième partie
Le jeune homme travaille depuis un mois dans la boutique et a compté qu’il aura besoin d’une année
pour acheter ses moutons. Le marchand lui avait en effet offert une commission conséquente sur
chaque vente, pensant que les ventes ne repartiraient pas. Mais les clients sont revenus. L’employé
propose d’installer une étagère dehors pour attirer les passants : « quand la chance est de notre côté,
il faut en profiter. C’est ce que l’on appelle le Principe favorable ».

Lorsqu’il était jeune, le commerçant rêvait d’un voyage, à la Mecque, la 5 e obligation du Coran. « C’est
ce qui me maintient en vie. J’ai peur de réaliser mon rêve et de n’avoir ensuite plus aucune raison de
continuer à vivre ».
L’autorisation est donnée, l’éventaire installé. Deux mois plus tard, le jeune homme estime qu’il devra
travailler encore six mois pour retourner en Espagne, acheter 60 moutons, qu’il pourrait aussi négocier
avec les Arabes car il a appris la langue. Son rêve d’Egypte est devenu aussi lointain que celui de la
Mecque pour le marchand.
En voyant un homme grogner parce qu’il vient de gravir la pente de la ruelle et qu’il ne trouve rien à
boire en haut, le jeune homme comprend le signe et propose au marchand de servir du thé dans des
verres en cristaux. Celui-ci répond que « l’affaire va prendre de l’importance et je devrai changer ma
façon de vivre. Je ne veux pas changer parce que je ne sais pas comment changer. Je n’attends rien
de la vie mais tu m’obliges à entrevoir de nouvelles richesses et de nouveaux horizons. Je vais me
sentir beaucoup plus mal parce que je sais que je peux tout avoir mais je ne le veux pas ». Il accepte
pourtant : « Mektoub » – « C’est écrit ».

Très vite, les affaires prospèrent, le marchand embauche deux autres employés et six mois passent.
Onze mois et neuf jours après son arrivée sur le sol africain, le jeune homme a revêtu un costume
traditionnel arabe et compte son argent. Il peut acheter un billet retour, 120 moutons et une licence
d’exportation et d’importation entre l’Espagne et l’Afrique du Nord. « C’est aujourd’hui que je m’en
vais, dit-il au marchand. J’ai assez d’argent pour les moutons et toi pour la Mecque ». « Je n’irai pas à
la Mecque comme tu sais aussi que tu ne rachèteras pas de moutons ».

En rassemblant ses affaires, le jeune homme retrouve sa vieille besace de berger qu’il avait oubliée et
de laquelle tombent les deux pierres. Il repense alors au vieux roi, qui ne lui avait pas dit qu’il faut
traverser un désert immense pour arriver en Egypte, que des gens connaissent leurs rêves mais ne
veulent pas les réaliser, que les pyramides ne sont qu’un tas de cailloux… Parti sans faire ses adieux
pour ne pas pleurer, décidé à regagner sa campagne andalouse, le jeune homme se retrouve dans le
même café de Tanger où il ne cesse de penser au roi de Salem. « Je pourrais toujours redevenir
berger mais peut-être n’aurais-je d’autre occasion d’aller jusqu’aux pyramides d’Egypte ».

Il est à 2 heures de bateau de l’Andalousie et un désert des pyramides. Mais le jeune homme
envisage la situation autrement : il se trouve à deux heures de moins de son trésor.

Il se rappelle que l’un des fournisseurs du marchand apporte ses cristaux grâce aux caravanes qui
traversent le désert.

Dans l’entrepôt, patiente déjà un Anglais, un homme qui s’est toujours consacré à la recherche du
langage unique que parle l’univers : l’espéranto, les religions et désormais l’alchimie, de la Pierre
philosophale. N’arrivant plus à aller plus loin, il est ici pour partir avec une caravane qui va jusqu’à
Fayoum, où vivrait un célèbre alchimiste arabe qui aurait plus de 200 ans et aurait découvert la Pierre
comme l’Elixir de longue vie. Voyant le jeune homme entrer dans l’entrepôt et se mettre à lire, il
constate que son ouvrage est en espagnol – c’est celui qu’il avait commencé sur la place de Tarifa.
L’ancien berger est encore hésitant, il a simplement compris que les décisions sont le commencement
de quelque chose.

Le jeune homme sort les pierres de sa poche. Cet Anglais si antipathique les reconnaît et en montre
deux identiques. « Peut-être est-ce un signe. Dans la vie, tout est signes, l’Univers est fait en une
langue que tout le monde peut entendre mais que l’on a oubliée ». Finalement tous deux vont partir
dans l’après-midi même vers Fayoum, avec une caravane de 200 personnes et 400 animaux.

La caravane avance en silence. Les malles de l’Anglais sont pleines de livres, il passe son temps
juché sur son chameau et le nez dans ses ouvrages. Le jeune homme, lui, observe. « Le désert est si
vaste, les horizons si lointains que l’on se sent tout petit et que l’on garde le silence », lui dit un
chamelier. Le voyageur pense qu’il a appris des brebis et des cristaux, que maintenant il peut
apprendre du désert. Peu importe le sable, les pierres, les étendues de sel et les détours puisque la
caravane a toujours en vue le même objectif.

Il se lie d’amitié avec son chamelier, qui lui raconte sa vie paisible au bord du Nil jusqu’à ce qu’il perde
tout dans une inondation et change de vie : « Personne ne doit avoir peur de l’inconnu car tout homme
est capable de conquérir ce qu’il veut et qui lui est nécessaire. Tout ce que nous craignons, c’est de
perdre ce que nous possédons. Cette crainte cesse lorsque nous comprenons que notre histoire et
l’histoire du monde ont été écrites par la même Main ».

Un soir, le chamelier fait état de rumeurs de guerre entre les clans du désert. « Mais celui qui
s’engage dans le désert ne peut revenir sur ses pas ». Le chef de la caravane décide que les feux
seront désormais éteints pour ne pas attirer l’attention et met en place des sentinelles. « On ne doit se
préoccuper que de la meilleure manière d’aller de l’avant ».

Dans une discussion, l’Anglais explique au jeune homme que « lorsqu’on désire quelque chose de
tout son cœur on est plus proche de l’Ame du monde. C’est toujours une force positive ». Il lui propose
de se plonger dans ses livres, ce que fait le jeune homme, sans y comprendre grand-chose. Il
découvre surtout que le texte le plus important de l’alchimie se trouve gravé en quelques lignes sur
une pierre d’émeraude. C’est le Grand œuvre : les alchimistes pensent que si l’on cuit le métal
pendant des années et des années, il libère toutes ses propriétés spécifiques et ne reste alors que
l’Ame du monde. La partie liquide est l’Elixir de longue vie, qui guérit toutes les maladies et empêche
l’alchimiste de vieillir ; la partie solide est la Pierre philosophale, qui peut transformer n’importe quel
fragment de métal en or. Et si le langage des alchimistes est si codé et si compliqué c’est justement
pour que tout le monde ne se mette pas à changer le plomb en or.

En rendant ses livres à l’Anglais, le jeune homme dit : « J’ai appris que le monde possède une âme,
et celui qui pourra comprendre cette âme comprendra le langage des choses. J’ai appris que de
nombreux alchimistes ont vécu leur Légende personnelle et qu’ils ont finit par découvrir l’Ame du
monde, la Pierre philosophale et l’Elixir de longue vie. Mais j’ai surtout appris que les choses sont si
simples qu’elles peuvent être gravées sur une émeraude ». En se remettant à contempler le désert et
la caravane, il pense que chacun a sa manière d’apprendre et qu’il respecte celle de l’Anglais parce
que lui aussi suit sa légende personnelle.

La caravane chemine de jour comme de nuit, la guerre des clans a commencé. Mais le chamelier n’en
était pas ému : « Je mange et pendant que je mange je ne fais rien d’autre que manger. Je n’ai que le
présent et c’est lui seul qui m’intéresse. Si tu peux demeurer toujours dans le présent, tu seras un
homme heureux ».

En ouvrant les yeux deux jours plus tard, le jeune homme voit une immense file de palmiers : c’est
l’oasis. Il sait qu’un jour cette vision ne sera qu’un souvenir, mais pour l’heure il y voir l’ombre, l’eau et
un refuge contre la guerre.

Au cœur de l’oasis, l’Alchimiste observe l’arrivée de la caravane. « Peut-être que Dieu a créé le désert
pour que l’homme puisse se réjouir à la vue des palmiers ». Il sait qu’avec la caravane arrive un
homme à qui il doit enseigner une partie de ses secrets, comme toujours par le bouche à oreille, car
en cédant à la fascination des tableaux et des mots, les gens oublient le Langage du monde.
Le chamelier explique au jeune homme étonné devant l’immensité de celle-ci que les oasis sont
toujours considérées comme des terrains neutres car la majeure partie de ceux qui y vivent sont des
femmes et des enfants, et qu’il y en a de part et d’autre. Le chef de la caravane annonce que tout le
monde va rester là tant que la guerre continuera, que les voyageurs seront hébergés par les
habitants, selon la loi de l’hospitalité traditionnelle.

Après la chance du débutant, le jeune homme comprend qu’il est dans l’épreuve de l’obstination et du
courage : au fur et à mesure qu’il se rapproche de son trésor, les choses deviennent plus difficiles,
mais il ne doit pas être impatient. L’Anglais et le jeune homme se mettent en quête de l’alchimiste,
mais en vain ; l’oasis compte plusieurs centaines de tentes. Ils se décident à demander, un Alchimiste,
que personne ne connaît, puis « l’homme qui soigne toutes les maladies ». En vain. Le jeune homme
s’apprête à poser la question à une jeune fille qui vient chercher de l’eau quand il comprend la partie
la plus essentielle que parle le Monde : l’amour, et le sourire de la jeune femme en est le signe. C’est
le pur langage du monde, sans aucune explication parce que l’Univers n’a besoin d’aucune explication
pour continuer sa route. Tout ce que le jeune homme comprend, c’est qu’il se trouve devant la femme
de sa vie, que la Main qui a fait naître l’amour a créé une âme sœur pour chaque être.

Secoué par l’Anglais, le jeune homme questionne la jeune fille : « C’est un homme qui connaît les
secrets du monde. Il parle avec les djinns du désert ». Elle indique une direction, que s’empresse de
prendre l’Anglais, puis s’en va.

Retournant le lendemain au puits, le jeune homme y trouve l’Anglais en train de contempler le désert,
qui a bien rencontré l’Alchimiste et ce dernier lui a simplement dit : « Va essayer ». Le jeune homme
retrouve Fatima, la jeune femme, la demande en mariage, lui explique qu’il va l’attendre ici chaque
jour. La malédiction de la guerre est devenue une bénédiction, elle l’immobile près de sa bien-aimée.
Ils se retrouvent tous les jours au puits pendant près d’un mois quand le chef annonce que la guerre
peut durer des années car elle se déroule entre des forces qui luttent pour le même pouvoir et que
dans ces cas là Allah est des deux côtés à la fois ; qu’il est impossible de reprendre le voyage.

Fatima, elle, a rêvé depuis toute petite que le désert lui apporte un jour le plus beau cadeau de son
existence. Pour elle cependant, le jeune homme doit poursuivre sa route en direction de ce qu’il est
venu chercher : « Les dunes changent sous l’action du vent, mais le désert reste toujours le même.
Ainsi en sera-t-il de notre amour ».

Quand au moment de partir le jeune homme fait part de sa tristesse à Fatima, celle-ci lui explique
simplement qu’il en va ainsi pour les femmes du désert, que celui-ci prend leurs hommes et qu’il ne
les ramène pas toujours, qu’ils sont alors présents dans les nuages, les bêtes, l’eau, une partie du
Tout. L’Anglais, lui, a construit un petit four à côté de sa tente et il en entretient désormais le feu en
contemplant le désert : « Pour y parvenir, il faut que je ne craigne pas d’échouer ».

Assis dans le désert, le jeune homme cherche les signes dans le vol de deux éperviers quand l’un
d’entre eux attaque l’autre. La vision soudaine d’une horde envahissant l’oasis le saisit et il retourne
en faire part au chamelier. Pour lui, les choses ne révèlent rien par elles-mêmes, ce sont les gens, et
particulièrement les devins, qui en observant les choses découvrent la façon de pénétrer dans l’Ame
du monde. Mais les guerriers ne consultent pas les devins car il n’est pas question d’aller au combat
en sachant quand on devra mourir ; ils préfèrent la saveur de la lutte et l’émotion de l’inconnu. Ils
préfèrent vivre dans le présent. Un jour, un devin avait expliqué au chamelier qu’il ne lisait pas le futur
mais le devinait grâce aux signes du présent. « C’est dans le présent que réside le secret. Si tu fais
attention au présent, tu peux le rendre meilleur. Et si tu améliores le présent, ce qui viendra ensuite
sera également meilleur ». Le chamelier conseille au jeune homme d’aller trouver les chefs de tribu
pour leur faire part de l’arrivée des guerriers.

Se présentant comme le messager du désert et au terme de plusieurs heures d’attente, le jeune


homme peut pénétrer dans une tente luxueuse où sont assis huit chefs de tribus. Pourquoi le désert
aurait-il parlé à un étranger ? « Parce que mes yeux ne sont pas encore habitués au désert, de sorte
que je peux voir des choses que les yeux trop habitués n’arrivent plus à voir ». Devant le conciliabule
des chefs de tribus, un vieil homme reste silencieux avant de prendre la parole pour expliquer que les
hommes du désert suivent toujours la Tradition, que celle-ci dit qu’une oasis est un terrain neutre mais
qu’il faut aussi croire aux messages du désert. Décision est prise de rompre l’accord selon lequel nul
ne doit porter une arme dans une oasis du lever du jour au coucher du soleil. Une pièce d’or est
promise au jeune homme pour chaque dizaine d’ennemis tuée. En revanche, si aucune arme n’est
utilisée, il sera exécuté.

Comme disait le chamelier, mourir demain vaut tout autant que mourir n’importe quel autre jour. C’est
ce que pense le jeune homme en regagnant sa tente, se disant que s’il devait mourir le lendemain,
ses yeux auraient vu beaucoup plus de choses que les autres bergers. Une rafale de vent le projette à
terre et il se retrouve terrorisé devant un étrange cavalier noir dont on ne voit que les yeux, qui sort sa
longue épée de son fourreau : « qui a osé lire dans le vol des éperviers ? » « Moi j’ai osé ». Une
allégresse s’empare de lui alors qu’il pense qu’il va mourir mais le cavalier se contente de déposer
l’épée sur son front. « Qui es-tu pour changer le destin tracé par Allah ? » « Allah a fait les armées et il
a aussi fait les oiseaux. Allah m’a montré le langage des oiseaux. Tout est écrit par la même Main ».
Relevant son épée, le cavalier explique qu’il voulait seulement éprouver le courage du jeune homme :
« Il ne faut jamais se relâcher même quand on est parvenu aussi loin ». Quand il l’invite à venir le voir
le lendemain si sa tête est toujours sur ses épaules et prend la direction du sud, le jeune homme
comprend qu’il vient de rencontrer l’Alchimiste.

Le lendemain 2000 hommes de l’oasis réduisent à néant la troupe de 500 cavaliers du désert. Un seul
guerrier est épargné, le commandant des assaillants. Amené devant les chefs de tribu, il explique qu’il
a rompu la Tradition car ses hommes étaient affamés et assoiffés et qu’il s’était résolu à prendre une
oasis pour pouvoir reprendre la lutte. Condamné à une mort déshonorante, il est pendu à un palmier
alors que le jeune homme reçoit 50 pièces d’or.

Trouvant la tente isolée de l’Alchimiste, il attend ce dernier qui apparaît avec deux éperviers morts à
l’épaule. « Je voulais te voir à cause des signes. Le vent m’a conté que tu allais venir et que tu avais
besoin d’aide (…) Tu sais déjà tout ce qu’il y a à avoir. Je vais simplement te mettre sur la voie, dans
la direction de ton trésor ». Mais le jeune homme pense qu’il a déjà son trésor : un chameau, l’argent
de la boutique de cristaux, 50 pièces d’or et plus que tout Fatima. « Mais tout cela n’est pas près des
pyramides, lui rétorque l’alchimiste. Ton cœur est là où se trouve ton trésor et celui-ci doit absolument
être trouvé pour que tout ce que tu as découvert en chemin puisse avoir un sens ».

Après lui avoir conseillé de changer son chameau pour un cheval, l’alchimiste lui donne rendez-vous
le lendemain et lui demande de lui montrer la vie dans le désert. Celui-ci ne sait pas où la trouver,
mais quand l’alchimiste lui donne un conseil – « la vie attire la vie », il sait qu’il doit lâcher son cheval,
lequel les mène jusqu’à un site inconnu. D’un trou dans le sol entre les pierres, l’alchimiste extrait un
serpent naja sous le regard effrayé du jeune homme. « Tu as découvert la vie dans le désert. C’est le
signe qu’il me fallait car les pyramides sont au milieu du désert ».

Le jeune homme est face à un nouveau dilemme : partir ou rester avec Fatima, devenir le conseiller
de l’oasis comme lui ont proposé les chefs de tribu, être riche. « Tu épouseras Fatima et vous vivrez
heureux la première année (…) La deuxième année, tu te rappelleras l’existence d’un trésor et les
signes commenceront à te parler avec insistance. (…) La troisième année, ils continueront et
passeras des nuits à errer dans l’oasis et Fatima sera triste parce que ton parcours aura été
interrompu à cause d’elle. Tu penseras que ce qui t’auras fait rester dans l’oasis est seulement la
crainte de ne pas revenir. (…) La quatrième année, les signes t’abandonneront parce que tu n’auras
pas voulu les entendre. Tu seras un riche commerçant mais tu passeras le reste de tes jours à errer
dans l’oasis en sachant que tu n’auras pas accompli ta Légende personnelle et qu’il sera désormais
trop tard. L’amour en aucun cas n’empêche un homme de suivre sa Légende personnelle ».

Sa décision est prise, avant l’aube le jeune homme va faire ses adieux à Fatima ; elle lui dit : « Avant,
il y avait du désir en moi quand je regardais le désert. Maintenant, ce sera de l’espoir ». De ce jour
pour elle, le désert devient plus important que l’oasis, car c’est lui qui sera l’espérance du retour de
son Amour.

Alors que sur la route le jeune homme pense à Fatima, l’alchimiste lui explique : « Si tout ce que tu as
trouvé est fait de matière pure, cela ne pourrira jamais et tu pourras un revenir un jour. Si ce n’est
qu’un instant de lumière comme l’explosion d’une étoile alors tu ne retrouveras rien à ton retour. Mais
tu auras vu une explosion de lumière. Et cela seul aura déjà valu la peine d’être vécu ».

Ils voyagent durant une semaine en silence et en prenant toutes les précautions pour éviter les
combats. Le jeune homme s’étonne que l’alchimiste le guide sans rien lui enseigner. « Il n’y a qu’une
façon d’apprendre, c’est par l’action. Tout ce que tu avais besoin de savoir, c’est ton voyage qui te l’a
enseigné. Il ne manque qu’une chose ». Quand l’alchimiste lui montre le code qui est écrit sur la pierre
d’émeraude, le jeune homme lui demande s’il doit le comprendre. « Si tu étais dans un laboratoire
d’alchimie, peut-être. Mais tu es dans le désert. Plonge-toi plutôt dans le désert, il sert à la
compréhension du monde aussi bien que n’importe quelle autre chose sur terre. Tu n’as même pas
besoin de comprendre le désert, il suffit de contempler un simple grain de sable et tu verras en lui
toutes les merveilles de la création. (…) Ecoute ton cœur, il connait toute chose parce qu’il vient de
l’Ame du monde ».

Après deux jours encore à cheminer en silence, l’alchimiste s’inquiète du rapprochement des
combats. Le jeune homme, lui, écoute son cœur, parfois triste, toujours nostalgique. Durant les trois
jours suivants, ils croisent plusieurs guerriers. Le jeune homme explique : « Mon cœur ne veut pas
que je continue ». Pour l’alchimiste, « il est normal d’avoir peur d’échanger contre un rêve tout ce que
l’on a déjà réussi à obtenir ».

- « Alors pourquoi dois-je écouter mon cœur ? »

- « Parce que tu n’arriveras jamais à le faire taire ».


Quand il accepte son cœur tel qu’il est, le jeune homme cesse d’avoir peur. « Les cœurs des hommes
sont ainsi, ils ont peur de réaliser leurs plus grands rêves parce qu’ils croient ne pas mériter d’y arriver
ou de ne pas y parvenir ».

- « Mon cœur craint de souffrir »

- « La crainte de la souffrance est pire que la souffrance elle-même ».

Alors son cœur reste en paix : « Chaque homme sur terre a un trésor qui l’attend. Nous les cœurs en
parlons rarement car les hommes ne veulent plus trouver ces trésors. Nous n’en parlons qu’aux petits
enfants ».

Le lendemain, les deux hommes croisent trois guerriers qui les fouillent. Quand ils demandent à
l’alchimiste ce qu’il transporte celui-ci réponde : « La Pierre philosophale et son pouvoir de
transformer le métal en or, l’Elixir de longue vie et son pouvoir de guérison de toutes les maladies ».
Les guerriers se contentent d’éclater de rire. « Une loi du monde toute simple : quand nous avons de
grands trésors sous les yeux, nous ne nous en apercevons même pas car les hommes ne croient plus
au trésor ».

Les journées silencieuses de marche dans le désert se succèdent. Le jeune homme est en paix avec
son cœur qui est devenu son grand ami. Mais à deux jours des pyramides, ils sont faits prisonniers
par des guerriers vêtus de bleu et amenés dans un campement militaire, accusés d’espionnage.
L’alchimiste donne au chef de tribu tout l’or du jeune homme et explique que ce dernier est un
alchimiste qui connaît la nature et le monde et que qu’il le voulait, il détruirait le campement par la
seule force du vent ». Il demande trois jours pour prouver cela avant qu’ils ne soient exécutés. Le
jeune homme est terrifié.

- « Vous leur avez donné tout ce que j’avais pu gagner ! »

- « Et à quoi cela te servirait si tu devais mourir ? »

Leurs chevaux ont été confisqués, le désert est devenu une muraille infranchissable.

- « Je ne sais pas me transformer en vent ! »

- « Il n’y a qu’une chose qui rende les rêves impossibles, c’est la peur d’échouer ».

Le premier jour est le théâtre d’une grande bataille.

- « Je ne sais pas me transformer en vent ! »

- « Le monde n’est que la partie visible de Dieu. Et l’alchimie, c’est simplement amener la
perfection spirituelle sur le plan matériel ».

Au deuxième jour, le jeune homme s’assied sur un rocher et contemple le désert. Il écoute son cœur
et le désert écoute la peur qui l’habite.

Au troisième jour, le jeune homme conduit le chef et ses officiers où il est venu la veille et leur
demande de s’asseoir. Il se met à regarder l’horizon :

- « Que me veux-tu ? », demande le désert.


- « Tu gardes quelque part celle que j’aime. Je veux retourner vers elle et j’ai besoin de ton aide
pour me transformer en vent ».

- « Je te donne mes sables pour que le vent puisse souffler. Mais à moi seul je ne puis rien.
Demande son aide au vent ».

Une petite brise se met à souffler, le vent arrive près du jeune homme.

- « Tu ne peux être le vent, nos natures sont différentes ».

- « Ce n’est pas vrai, j’ai appris les secrets de l’alchimie tandis que je parcourais le monde avec
toi. J’ai en moi les vents, les déserts, les océans, les étoiles et tout ce qui a été créé dans l’Univers.
Nous avons été créés par la même Main et nous avons la même Ame. (…) Apprends moi à être le
vent pendant quelques instants ».

Le vent est curieux mais il ne sait pas transformer les hommes en vent ; il est orgueilleux et se met à
souffler plus fort, soulevant les sables du désert. Il est furieux de devoir admettre ses limites.

- « Peut-être vaudrait-il mieux demander au ciel ».

- « Alors couvre ce lieu de poussière que je puisse regarder le ciel sans être aveuglé ».

Le ciel est envahi par les sables poussés par le simoun. Le jeune homme s’adresse alors au soleil.

- « Le vent m’a dit que tu connaissais l’Amour. Si tu connais l’Amour, tu connais aussi l’Ame du
monde ».

- « Et je connais l’Ame du monde. Elle me dit que son plus grave problème est que jusqu’ici
seuls les minéraux et les végétaux ont compris que tout est une seule et unique chose, que chacun
remplit sa fonction dans cette chose unique ».

- « Chacun a sa légende personnelle, c’est vrai, mais un jour elle sera accomplie. Il faut donc se
transformer en quelque chose de mieux et avoir une nouvelle Légende personnelle jusqu’à ce que
l’Ame du monde soit réellement une seule et unique chose ».

Le soleil reste songeur, se met à briller plus fort. Le vent apprécie l’entretien, souffle également plus
fort.

- « Les alchimistes parviennent à réaliser cette transformation. Ils nous montrent que lorsque
nous cherchons à être meilleurs, tout devient meilleur aussi autour de nous. »

- « Qu’attends-tu de moi ? »

- « Que tu m’aides à me transformer en vent ».

- « La Nature me connaît comme la plus savante de toutes les créatures, mais je ne sais pas
comment te transformer en vent ».

- « Vois la Main qui a tout écrit ».

Le vent satisfait que même le soleil ait des limites souffle avec plus de forces ; les tentes sont
arrachées, sur le rocher les hommes s’agrippent les uns aux autres.
Tourné vers la Main qui a tout écrit, le jeune homme sent que l’Univers reste silencieux et fait de
même. Il se met à prier et se plonge dans l’Ame du monde. Il voit que l’Ame du monde fait partie de
l’Ame de Dieu et que l’Ame de Dieu est sa propre âme, qu’il peut dès lors réaliser des miracles. Le
Simoun se met à souffler comme jamais et la légende du jeune homme qui s’est transformé en vent
sera contée par des générations d’Arabes.

L’alchimiste et le jeune homme sont libres et escortés jusqu’à l’endroit où ils souhaitent se rendre.
Arrivés devant un monastère copte, l’alchimiste annonce au jeune homme qu’il est à trois heures de
marche des pyramides et qu’il ira seul. Mais auparavant, ils se rendent à la cuisine du monastère, fait
fondre du plomb et le transforme en une galette d’or. « C’est ma Légende personnelle et non la tienne.
Mais je voulais te montrer que c’est possible ». Il partage le disque en quatre morceaux, donne une
part au moine pour sa générosité envers les pèlerins, une part au jeune homme pour remplacer l’or
perdu, une part pour lui pour pouvoir traverser de nouveau le désert. Il donne le quatrième morceau
au moine, mais pour le jeune homme « au cas où il en aurait besoin ».

Avant de partir, il dit : « Quoi qu’elle fasse, toute personne sur terre joue toujours le rôle principal de
l’Histoire du monde. Et normalement elle n’en sait rien ».

Cheminant dans le désert, le jeune homme écoute son cœur car c’est lui qui va lui révéler le lieu où
son trésor est caché. Au moment où il va gravir une dune le cœur murmure : « Fais bien attention à
l’endroit où tu pleureras ; car c’est là que je me trouve, et c’est là que se trouve ton trésor ». Au
sommet de la dune, illuminées par la pleine lune, se dressent majestueuses et imposantes les
pyramides d’Egypte. Le jeune homme tombe à genoux, en pleurs, remerciant Dieu d’avoir cru à sa
légende personnelle. Puis il regarde par terre est voit qu’un scarabée se promène à l’endroit où sont
tombées ses larmes. En Egypte, les scarabées sont le symbole de Dieu.

Toute la nuit, il creuse à l’emplacement indiqué sans rien trouver. Il ne renonce pas et creuse encore
quand quelques hommes s’approchent. « Nous sommes des réfugiés de guerre, nous avons besoin
d’argent ». Ils trouvent le morceau d’or dans sa poche, le forcent à continuer à creuser, commencent à
le frapper. Le jeune homme sent que sa mort est proche. A quoi sert l’argent si l’on doit mourir ? « Je
cherche un trésor ». Il raconte qu’il avait rêvé par deux fois d’un trésor au pied des pyramides. Le chef
ordonne le départ, pensant qu’il a dû voler le bout d’or et qu’il n’a rien d’autre. « Tu ne vas pas mourir.
Tu vas vivre et apprendre qu’on n’a pas le droit d’être aussi bête. Exactement où tu te trouves, j’ai
rêvé il y a deux ans que je devais aller en Espagne chercher dans la campagne une église en ruines
où un sycomore pousse dans la sacristie ; et je creusais au pied de ce sycomore, je trouverais un
trésor caché. Mais je ne suis pas assez bête pour aller traverser tout le désert simplement parce que
j’ai fais deux fois le même rêve ».

Le jeune homme regarde une fois encore les pyramides qui lui sourient. Son cœur est rempli
d’allégresse, il a trouvé son trésor.

Epilogue
Santiago arrive à la petite église abandonnée à la tombée de la nuit. Il n’a pas de troupeau mais il a
une pelle. Il pense à tous les chemins parcourus et à l’étrange façon dont Dieu lui a montré le trésor.
Au lever du soleil, il se met à creuser au pied du sycomore.

- « Vieux sorcier se dit-il, tu étais au courant de tout. Tu m’as même laissé un peu d’or auprès du
moine pour que je puisse revenir à cette église. Est-ce que tu ne pouvais pas m’épargner cela ? »

Il entend le vent lui répondre avec la voix de l’alchimiste :

- « Non, si je te l’avais dis, tu n’aurais pas vu les pyramides. Elles sont très belles tu ne trouves
pas ? »

Le jeune homme découvre un coffre plein de vieilles pièces espagnoles, de pierres précieuses, de
masques en or, dans lequel il dépose Ourim et Toumim ; elles font elles aussi partie de son trésor
puisqu’elles lui rappellent le vieux roi. Il se souvient qu’il doit aller à Tarifa donner la dixième partie à la
gitane.

Le vent se remet à souffler, le Levant qui vient d’Afrique et lui apporte un parfum qu’il connait bien et
le murmure d’un baiser qui vient se poser sur ses lèvres.

- « Me voici Fatima. J’arrive. »

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