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Introduction à la psychométrie (SPSY228)

Vignette clinique fictive – Ysengrin***

Ysengrin est un homme âgé de 61 ans, travailleur retraité des transports en commun et divorcé.
Il a malheureusement dû cesser le travail à l’âge de 58 ans, après avoir subi coup sur coup deux
accidents vasculaires cérébraux (AVC). De plus, il est en attente d’un remplacement d’une valve
cardiaque, et ce problème de santé diminue grandement ses capacités physiques. De simples
tâches, comme promener son chien ou faire la vaisselle, sont désormais très éreintantes pour
lui, au point qu’il a désormais très hâte de subir sa chirurgie à cœur ouvert.

Il se considère très chanceux, car ses AVC ne lui ont laissé comme séquelle que des difficultés
quant à la prise de décision. Il a besoin de l’assistance de son neveu, de qui il est très proche,
pour la gestion de ses avoirs et régler certains aspects du quotidien. Au niveau financier, il
touche une pleine rente de retraite de son ancien employeur et il considère ses besoins
comblés. Surtout, il se trouve tout à fait privilégié que son neveu n’ait pas les mains longues. Ce
dernier gère rigoureusement son argent, sans rien demander en retour.

Mais depuis une semaine, il n’a pas l’impression d’être comme d’habitude. Il se sent seul et
plutôt triste : son neveu travaille beaucoup et il a l’impression que ses vieux amis ne sont plus
tant intéressés à passer du temps avec lui. Il se demande s’il ne va pas vendre son terrain
saisonnier au camping : il trouve qu’il ne tire désormais aucun plaisir à habiter là plusieurs mois
par année. Pourtant, il aimait tant y aller… C’est en fait depuis une chicane mémorable avec un
voisin de camping que sa passion s’est effritée. Ysengrin s’étonne de son propre comportement :
jamais, auparavant il n’aurait réagi de cette manière, lui qui n’aime pas les conflits et préfère le
dialogue. Il a l’impression que ce voisin a vraiment été dur envers lui et qu’il lui en veut
grandement depuis ce temps.

Même s’il a hâte que l’hôpital appelle pour que ce soit enfin son tour d’être opéré, la
perspective d’une telle procédure le rend anxieux. Son appétit a d’ailleurs diminué grandement,
surtout depuis la dernière semaine. Son sommeil est ponctué de cauchemars, dans lesquels il se
voit décéder sur la table d’opération.

Dans l’ensemble, Ysengrin se dit que son opération devrait régler tous ses problèmes. Mais
quelquefois, il se dit que c’est « plus profond » que ça et qu’il n’y arrivera peut-être pas seul.
D’ailleurs, il songe à demander de l’aide au CLSC mais il trouve que cela est une sorte de
montagne insurmontable, un trop grand effort pour lui.

Mais en fait, il ne veut pas se plaindre le ventre plein. Comme beaucoup d’hommes de sa
génération, il n’est pas enclin à demander de l’aide. Après tout, il ne pleure pas, se trouve quand
même en forme malgré sa condition et, dans l’ensemble il est satisfait de la vie qu’il a eu, en a
bien profité et même s’il sait qu’un troisième AVC pourrait lui être fatal, il se dit que finalement,
il peut avoir encore un peu d’avenir devant lui.
Mais depuis la semaine dernière, il commence à avoir peur et ne se sent même pas assez
concentré pour jouer à ses jeux sur Facebook. Il n’a pas allé non plus chercher le courrier de sa
voisine, car il n’avait juste pas envie de lui parler de la pluie et du beau temps.

*** Pour les plus curieux, qui se demanderont où l’assistant de cours a déniché ce prénom peu
usuel, il s’agit d’un personnage du « roman de Renart », une série d’œuvres littéraire du Moyen-
âge. Ysengrin était un loup, un peu naïf, qui se faisait jouer de vilains tours par le Renard,
assurément plus rusé que lui.

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