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Ramana Maharshi 1

La guirlande des Paroles


du Guru Ramana
350 Aphorismes

Guru Vachaka Kovai

Le mental tourné vers l’intérieur est le Soi;


tourné vers l’intérieur il devient l’égo et le monde entier.
Mais le mental n’existe pas séparé du Soi,
c’est-à-dire qu’il n’a pas d’existence séparée.
Le Soi existe sans le mental,
mais jamais le mental sans le Soi.

Ramana Maharshi
2
Les sources

Guru Ramana Vâchana Mâlâ est un texte rare, sanskrit, résumé magistral de l’enseignement de Ramana
Maharshi si on peut le dire ainsi. Ce sont les paroles du Sage recueillies par son très proche disciple, le
poète et érudit Srî Muruganâr. Il fut aussi son proche attendant dès 1926. Il transcrivit en tamoule les
paroles de Srî Râmana sous le nom de Guru Vâchaka Kovai (« Guirlande des Paroles du Guru »), soit
mille deux cent quarante versets ou aphorismes (sûtras) de par leur extrême concision. Par la suite, le
Mahârshi relu très soigneusement chacun des versets, y apportant les corrections souhaitées. C’est donc
un texte de toute première main que nous présentons là. Srî Muruganâr écrivit d’autres ouvrages en
tamoule comme le Sri Ramana Sannidhi Murai (mille huit cent cinquante et un versets tamoule à la
louange de Râmana), puis d’autre ouvrages en tamoule comme le Sri Ramana Deva Malai, Sri Ramana
Anubhuthi et Sri Ramana Gnana Bodham.

Ensuite, le Guru Vâchaka Kovai fut traduit d’abord en sanskrit sous le nom de Guru Ramana Vâchana
Mâlâ, puis en anglais (ce n’est pas un anglais littéraire, mais l’anglais tel qu’il était parlé par certains
indiens dans les années 20 et qu’il faut parfois « rajeunir » mais sans rien dénaturer…) par Srî K.
Lakshman Sharma, sous le pseudonyme de « Who ». Le texte originel fut réduit à trois cent cinquante
aphorismes ou sûtras : ce présent ouvrage, publié aussi par le Srî Râmanâsramam, Tiruvannamalai,
1998. Srî Lakshman Sharma fut le proche disciple du Mahârshi durant une vingtaine d’années, et
auteur du célèbre Mahâ Yoga, des commentaires du célèbre Ulladu Nârpadu, ainsi qu’Arunachal
Akshara Mana Malai, Nava Mani Malai et Ashtakam que nous présenterons aux lecteurs par la suite.

Les mots entre parenthèses sont de Srî Lakshman Sharma ou autre, souvent afin de préciser ceci ou
cela vu la brièveté de certains aphorismes. Ceux entre crochets sont de P.M.

Nos notes ont été limitées à l’essentiel afin de ne pas « en rajouter » et alourdir le texte d’une rare
concision. Le texte originel comporte nombre de majuscules qui désignent l’Absolu ou autre. Cela a été
respecté dans l’ensemble.

Ramana Maharshi, selon le contexte, utilise indifféremment les noms de Self, One, God (Dieu, Divin)
aussi, afin de désigner l’unique Réalité.

On notera aussi que le Sage revient souvent sur le même sujet, le présentant et le développant sous un
angle différent : la quête du Soi à une direction, l’irréalité du monde, de l’ego et du mental, la force des
désirs et la servitude qui s’en suit, les pièges rencontrés sur la voie, etc. Tous les grands Maîtres
contemporains procédaient de même, revenant avec force sur le même point, ekâgratâ (attention sur un
seul point) ; je pense particulièrement à Svâmî Prajnânpad et à Mâ Ânandamayî, aussi à Nisargadatta
Mahârâj, Gnânânanda, J. Krishnamurti bien entendu, Vimala Thakar, Shûnyatâ (Emmanuel Sorensen),
et d’autres.
C’est un peu comme le musicien qui improvise son râga, mais revient toujours à la note tonique
fondamentale (SA indien : do), tout en tournant autour en ellipse (on pense aussi à la description de
Plotin et de l’Aréopagite de l’âme tournant autour du centre : d’elle-même et en elle-même).

*
* *
3

Ô Océan de nectar tout de grâce,


Ô Soi suprême consumant tout,
De ta lumière infinie,
Sois le soleil Du lotus de mon cœur frémissant.

Srî Bhagavân Ramana Maharshi,


premier verset sanskrit du Pancharatnam, « Les Cinq Joyaux ».

La vérité de la vision de la Lumière d’Arunachâla

La vision de la Lumière d’Arunachâla


est la vision de la Vérité sans second de son propre Soi,
en tournant le mental vers ce Soi,
par l’abandon du sens de « Je suis le corps ».

Verset en tamoul composé par Ramana Maharshi.

*
* *

GURU RÂMANA VÂCHANA MÂLÂ


La Guirlande des Paroles du Guru Ramana

Versets d’introduction

1. Vénération à l’Être unique, l’Unique Soi en tout, à savoir le serein et insondable


Bhagavân Râmana, sans égo et sans attachement.

2. La compilation des enseignements oraux de Bhagavân Râmana, faites par le très saitnt
Muruganâr, esr rendue ici en sanskrit.

3. Cet ouvrage, du nom de Paramârtha Dipa [“Suprême Quête Lumineuse”], es


l’essence du Vedânta, d’où l’intérêt de l’étudier nombre de fois par les chercheurs de la
libération.
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re
I Partie

DISCRIMINATION
Chapitre 1 5

La vérité sur le monde


4. Devenir conscient du véritable Soi, puisqu’il est toujours présent dans le Soi, serait chose
aisée à condition que la notion du corps et du monde perçus comme réels ait totalement
disparue.

5.Ô Homme qui, croyant en la réalité du monde, a été privé du bonheur, tel le perroquet
s’attendant à manger le savoureux fruit mûr du soyeux arbre à coton, quelle preuves as-tu que
le monde existe vraiment?

6. Si tu penses que le monde est réel parce qu’il apparaît,alors conclue que le mirage de
l’eau est tout aussi réel quand il apparaît également. Quelle différence matérielle y a t-il là
(entre ces deux)?

7. Comment le monde fragmenté par le temps et l’espace, changeant et impermanent, peut-il


être réel? Cela seul est réel, stable, éternel, au-delà du temps et de l’espace; rien d’autre.

8. Le monde apparaît quand il y a une activité mentale, c’est-à-dire durant les états de rêves et
de veille; non seulement il n’apparaît pas dans l’état transcendant (turiya), là où seul est le Soi,
et le mental au repos; donc le monde est irréel.

9. La Révélation [Shruti: le Véda] décrit la création de diverses manières; cela ne doit pas être
compris littéralement. Le but de ces différentes approches est de montrer que Cela est la Source
du monde et de l’âme (individuelle), enjoint de ne pas croire en la création. (1)

10. Si l’âme individuelle et le monde sont vus comme réels, alors commebnt l’Être suiprême
peut-il être infini (comme il est déclaré l’être par [les Ecritures de la la] Révélation)? A moins
que son infinité cesse d’être, comment cette affirmation (que l’âme et le monde sont réels)
peut-elle être vraie?

11. Le véritable sens de ces deux (enseignemnts), c’est-à-dire que “Lui Lui même devient tout
ceci” et que “Ce même Soi crée tout ceci”, est que le monde est simplement une fausse
apparence dans le Soi.

12. Le chien cachant la pierre (dans laquelle il est sculpté) est pris pour réel alors qu’il n’est
que pierre et non chien; quand cette vérité est connue, de même ce monde (dans les état
d’ignorance et d’illumination, respectivement).

13. Tant que ce monde apparaît, sa substance – le véritable Soi-, n’apparaît pas. Quand le
monde cesse d’apparaître, le véritable Soi apparaît comme il est réellement.
14. Ce monde, qui est du domaine du rêve, (mais) apparaît comme réel en dissimulant le Soi,
sera vu comme le Soi Lui-même s’il est caché par le Soi.

15. Le paon aux multiples reflets n’est autre que la substance de l’oeuf, de même ce monde (de
la multplicité) est le Soi et rien d’autre; ainsi le verras-tu quans tu seras [établi] dans ton état
naturel (en tant que vrai Soi).

16. Pour lui (le Sage) qui jamais ne s’éloigne du Soi, qui est pure conscience, ce monde est de
l’essence du Soi; c’est pourquoi il dit que ce monde est réel.

17. Mais comment le non éveillé qui n’a pas l’expérience de la Réalité et (de ce fait) voit le
monde comme “extérieur” et séparé de lui-même, comment peut-il comprendre la véritable
signification de cette affirmation du Sage? (2)

18. Le monde est (dit être) la création du Divin, pour ceux qui se réjouissent en lui, le voyant
comme; mais [ce même monde] sera comme issu du mental par ceux qui cherchent à connaître
la Vérité (du Soi) afin d’être libéré (de la servitude).

19. Lemonde n’est rien d’autre que ce corps; et ce dernier n’est rien d’autre que le mental; le
mental n’est rien d’autre que la pure Concsience. Cela, non né [reposant dans la paix].

20. Il n’y a ni création ni detsruction; personne n’est lié, personne n’oeuvre, personne ne tend à
se libérer, telle est la vérité réalisée par les Sages.

21. Il n’y a ni mental, ni corps, ni monde, ni rien qui puisse êter appelé “âme”; seule existe
l’unique et pure Réalité , sans-un-second [ekam evam advitityam ] , non née et sans
changement, reposant dans la paix Suprême.

22. Bien que le très saint Sage ait prononcé ces enseignements (de façons différentes) afin de
les adapter aux esprits des chercheurs, l’enseignement qu’il (nous) a donné en accord avec sa
propre expérience, est l’ “enseignement du Non né” [ajata] (lequel a été défini auparavant).

23. C’est pourquoi, renoncer au monde illusoire et tourner le mental vers l’intérieur conduisent
à s’établir dans le Coeur, persévérant dans la volonté de réaliser le Soi, e ainsi d’atteindre la
libération.

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Chapitre 2
L’état sans désir 7

24. Le mental se complaît dans les choses sensorielles, se détournant de son seul Maître le
véritable Soi, qui est pure félicité; ceci est une pure tromperie (1).

25. La réalisation de la vérité du Soi, dont la nature est Réalité, Conscience, Félicité, vient
facilement à ceux qui, en conséquence de leurs bonnes actions dans des vies antérieures, ne
sont pas attachés aux plaisirs de ce monde et des autres.

26. La réalisation du Soi n’est pas facile pour ceux dont les esprits sont asservies par les désirs.
Puissent-ils atteinde l’état sans désirpar une profonde vénération au Divin qui est sans désir.

27. Celui qui, entraîné par le courant d’une rivi-re, essaye d’atteindre l’autre rive, n’y parvient
pas, empêché par des garçons qui lui jettent des pierres, de même ceux qui essaient d’atteindre
la réalisation du Soi -laquelle est la berge de la rivère du samsâra- ne peuvent l’atteindre,
empêchés par les vâsanâs (empreinte du subconscient).

28. Si les vâsanâs qui viennent du mental, tels des soldats à l’intérieur d’une forteresse, sont
tués ici et là par le glaive de la quête du Soi, alors le mental est finalement vaincu.

29. Le chercheur de libération doit comprendre que la vérité de l’état sans désir est la prompte
extinction de chaque pensée à sa source (le Coeur), comme et quand elle apparaît par la
pratique de la Quête.

30. L’ignorant voit la paix et la puissance comme deux choses distinctes l’une de l’autre; ce qui
est paix dans l’état d’introversion (mentale), est puissance dans l’état d’extraversion. (2)

31. Prier pour les pouvoirs supranormaux -lesquels seront méprisés (par les sâdhakas) -de ce
Divin prêt à donner son propre Soi à ses dévots, est comme mendier de la nourriture à une riche
personne qui la donne librement.

32. Repos absolu du mental est en lui-même libération. Cela étant, comment peuvent-ils, ceux
dont les esprits sont dirigés vers l’obtention de la réalisation des pouvoirs [supranormaux] -
lesquels sont obtenus par l’activité mentale -, comment pourront-ils jamais atteindre la félicité
de la libération?

33. Comme celui prenant un [mauvais] médicament qui ne fera qu’aggraver sa maladie, de
même celui qui est égaré par la notion: “Je suis le corps” - laquelle est la cause première de
tous les maux -, cherche à prolonger la vie du corps en pratiquant des tapas [austérités].

34. Un jour, Dadhyangâtharavan dit: “Un chien se réjouit avec une sorcière, autant qu’Indra
(Roi des dieux) se réjouit en compagnie d’Indrâni (son épouse).
35. L’homme éveillé pense: “Je goûte à ces plaisirs”, et il est ainsi égaré par le désir des
plaisirs. Il ne connaît pas la vérité (de la matière), c’est-à-dire que les plaisirs se nourrissent de
(sa) force vitale.

36. Le serpent tue en mordant, mais le serpent à 5 têtes [les sens] – à savoir le désir pour jouir
des choses sensorielles -, tue par la (simple) pensée ou vision des choses.

37. Le bonheur qui est goûté dans le sommeil, dans un rêve, et quand quelque chose désirée est
obtenu, et quand détesté est détruit, e bonheur est dû à l’union (temporaire) de l’esprit avec le
Soi dans le Coeur.

38. Il faudra savoir que les plaisirs qui sont dits naître des sens et des objets sont tous 2
véritablement dans ce et ces autres mondes des farctions (du bonheur) de la réaliastion du Soi,
et en aucun cas indépendants.

39. Un homme affamé est satisfait en mangeant une nourriture peu appétissante, comme s’il
avait goûté des mets savoureux. Il s’ensuit que le plaisir ne vient pas de l’objet, mais de la
cessation de ce désir [pour l’objet].

40. Un chien est satisfait en goûtant son propre sang quand il mâche un os sans viande autour.
De même les hommes attirés par les objets sensoriels ne goûtent quà la joie qu’ils leur
procurent.

41. Même après avoir goûté à un grand bonheur durant le sommeil, vide de toute consistance,
l’homme désire les objets pour l’amour du plaisir, et, à cause de l’ignorance déterminée par le
manque d’investigation [sur la nature du Soi].

42. La vérité sur le bonheur et la souffrance – laquelle a été clairement énoncée par le Sage - ,
est la suivante: un mental tourné vers l’extérieur est souffrance; tourné vers l’intérieur, il est
félicité.

43. Les enveloppes [koshas] sont comme la maison du beau-père pour une jeune mariée; la
suprême Réalitré est comme la maison de ses propres parents; il faudra se débarrasser de la
souffrance de la première pour s’atablir dans la seconde.

44. Le désir sublime un objet, lequel est inatteignable, de la taille du Mont Meru [l’Axe du
monde]. Après avoir été atteint, il est réduit à une taille microscopique. De ce fait, les abysses
sont aussi difficiles à atteindre qu’un désir à être accompli.

45. Comme il a été dit que le désir – même dans l’état suprême- devra être abandonné, est-il
besoin de dire que l’attachement aux choses mondaines autre que le Soi, comme le corps, devra
être abandonné totalement par la recherche de la libération?

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46. “L’individu, le monde, et Dieu sont des créations illusoires de la suprême Réalité, comme
[l’illusion] du serpent dans la corde” . Sachant cela, sois heureux dans l’unité de cet Un tout de
félicité, en unissant les 3 dans l’Un.

47. La réalisation du Soi est la non apparence du monde en tant que monde et que non Soi.
L’absence de désir est le renoncement au monde, ayant réalisé sa nature illusoire.

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Chapitre 3
Les trois états
48. Les deux états de veille et e rêve sont remplis de noms et de formes, lesquels sont les
créations du mental agité; de ce fait ils sont tos deux irréels.

49. Un développement partiel de l’égo est appelé “rêve”; son expression complète est appelée
“veille”; tous deux ont leurs racines dans le sens de l’égo.

50. Il n’est pas juste d’objecter en disant: “le rêve est une création mentale, mais non l’état de
veille”. Chacun en son propre temps semble réel. Il n’y a aucune différence matérielle [entre
eux].

51. Par le pouvoir trompeur du mental, l’état de veille semble long et l’état de rêve court; (en
vérité) ce qui est appelé “temps est -en lui-même) une forme mentale (irréelle).

52. “Le corps de rêve” est évidemment différent du “corps de veille”. Quand le karma donnant
naissance au rêve devient actif, le mental prend nécessairement un autre corps.

53. L’émission de semence dans le corps de veille causée par la jouissance du rêveur lors de
son union sexuelle avec ue “femme de rêve”, est due à la rapidité avec laquelle le mental entre
dans le “corps de veille”, quittant l’autre.

54. A cause de la certitude de l’identité (du Soi) avec le revêtement fait d’intelligence [vijnâna-
maya-kosha] – dont les hommes sont dotés-, il est dit qu’un revêtement fait de félicité [ananda-
maya-kosha] demeure durant le sommeil. Quand le précédent se dissout dans (la réalisation du
Soi), alors seule demeure la félicité absolue.(1)

55. Quand disparaît toute trace d’impureté dans le mental – lequel esrt sans commencement, et
la cause première des états de veille et de rêve-, alors cet état de torpeur, de sommeil san rêves,;
se transformera lui-même en l’état de Conscience transcendantale (lequel est l’état naturel du
Soi).

56. Comme les quatres formes (grossières) de la matière n’existent pas vraiment en dehors de
l’éther (espace), les trois états seront vus par le Sage comme n’étant pas réellement séparés de
l’étt transcendantake [atîta].

57. (Au cours de l’instruction donnée) à ceux qui n’ont pas surmontés l’ignorance (qui
demeure) dans le sommeil et qui veulent s’établir dans l’état transcendantal, il est dit qu’il y a
(ces) trois états, le quatrième état [turîya], et un autre transcendant [atîta; turîyâtîta] ce dernier.

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58. Tant que subsiste la dualité (l’égo ou l’âme individuelle) et qu’une personne a la certitude
d’exister dans les trois états, ceux-ci sont expériemntés. Quand cela cesse, en conséquence de la
quête du Soi, alors ne demeure seulement que l’Etat transcendantal, qui (seul) est réel.

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Chapitre 4
La vérité sur la servitude
59. Le soi-disant jiva, qui n’est rien d’autre que le noeud entre la pure Conscience et
l’impermanent (corps), et qui surgit dans ce même corps en tant que “je”, est lui même la
servitude et l’asservi, les deux en un.

60. Ces acteurs insensés qui errent dans la souffrance de l’existence relative, ne sont que des
hallucinations projetées diversement dans le ciel de la pure Conscience, le Soi véritable.

61. L’homme devient un jîva insignifiant et souffre des tourments sans fin, à cause de sa
séparation d’avec sa nature originelle toute puissante, tel un cheveu tombé du crâne. (1)

62. Cet égo doit être vu comme un fantôme désigné par le Soi suprême afin de garder le corps
en vie, et ce, tant que le (présent) karma n’a pas été épuisé en ayant eu l’expérience de ses
fruits.

63. Oublieux de sa propre véritable nature et ainsi exilé du royaume du Soi véritable, celui qiu
est lié au monde devient prisonner dans son propre corps, englouti par le serpent de l’illusion
[moha].

64. Etrange en vérité est ceci: cette mâyâ, c’est-à-dire le mental, n’est pas réel; mais ceux qui
sont mordus par le serpent irréel perrdent leur vie.

65. Ceux qui chérissent la croyance que le corps -lequel transforme assurément toute
savoureuse et odoranre ourriture en déjection après avoir été mangée- est le Soi, sont à placer
encore plus bas que le cochon.

66. Le jîva (âme individuelle) qui est appelé “je”, n’existe pas véritablement. S’il existait
vraiment, il serait simplement le [Soi] Suprême. Ce qui semble être un serpent n’est en vérité
qu’une corde dont Il a la forme – de même la Réalité.

67. Comme naissance et mort naissent de la notion “je suis le corps”, l’immortalité inhérente au
Soi est réalisée dès l’instant où cette illusion disparaît.

69. Comme le dixième homme – dans l’histoire du dixième homme- compta (les [neuf] autres
en oubliant de se compter lui-même en premier, de même l’homme qui oublie son propre Soi et
ne pense qu’aux objets sensoriels.

70. Oubliant d’investiguer “Qui suis-je maintenant?”, les hommes demandent vainement:
“Qu’étais-je avant?” et “Que serai-je après?”.
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71. Ce jîva qui est sori de l’Être infini, tel un oiseau sautant de son nid et erre dans les cieux (et
nécessairement reviendra à son nid), retournera certianement à sa Source, laquelle est l’Infini
même en dépit des obstacles.

72. Le sens intérieur de la narration (biblique) que Jésus se leva après avoir été crucifié et
monta aux cieux, le sens donné par le guru est le suivant:

73. Le corps est la croix; le sens du corps a pour nom Jésus; sa réalisation de la nature du
véritable Soi par l’extinction de ce corps est la résurrection.

74. Tous ceux qui ont réalisé cet Etat sont (également) Fils de Dieu, car ils ont vaincu mâyâ. Ils
sont dignes d’être adorés.

75. Si ce soi-disant jîva, surgissant en tant que “je” de l’obscurité (de l’ignorance), tel le
prétendu ami du jeune marié (de l’histoire) contraint de s’enfuir après la quête (du vrai Soi),
alors la vérité de ce même Soi suprême resplendira d’elle-même.

76. L’on ne craindra pas de perdre le Soi dans l’état sans égo. Qui s’est jamais perdu dans le
sommeil, là où il n’y a pas d’égo?

77. L’oubli [du Soi] est causé par la grande et infinie souffrance qu’est le monde [des
phénomènes], il n’y a pas d’autres moyen [de se débarrasser de cette souffrance] qu’en
devenant conscient de la vérité du Soi.

78. Celui qui demeure en paix et sans désirs, telle l’infinie Réalité-Conscience-Béatitude, au-
delà des pensées, est établi dans le Silence suprême.

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Chapitre 5
La connaissance indirecte
79. Un râkshasa [être démoniaque] est (ironiquement) appelé punya-jana (être vertueux), de
même la connaissance indirecte du Soi (lequel n’est jamais absent – comme s’il avait quelque
peu disparu), désignée comme la Connaissance [suprême].

80. Quand le mirage de l’eau servira à étancher la soif, et la peinture du feu à cuire les aliments,
alors la libération sera obtenue par la simple connaissance livresque.

81. Seuls les objets sensoriels sont absents; le Soi est toujours pareillement présent en tous.
Mais les hommes cherchent à le connaitre à travers la connaissance livresque, comme s’il était
absent.

82. Même un livre qui a été étudié sérieusement afin d’apporter une véritable connaissance, en
viendra à être complètement oublié et rejeté par le sâdhaka qui a tourné son mental vers
l’intérieur, tout en pratiquant les méthodes prescrites pour la réalisation du Soi (c’es-à-dire la
Quête).

83. Celui qui a réalisé l’essence de tout savoir livresque est paix de l’esprit, et délivrance
[aussi], lratiquera la tranquillité mentale. Pourquoi irait-il étudier dans les livres?

84. Comme une fille immature pense que les plaisirs vénaux sont les [seules] joies conjugales,
de même celui qui n’a pas réalisé l’expérience de la Vérité croit que la connaissance livresque
est [identique] à l’Expérience.

85. Une telle personne, faussement convaincue qu’elle a obtenu la véritable connaissance, tout
en étant dépourvue de l’Expérience, prétend la mettre à l’épreuve par son habileté
intellectuelle. Qui sait cette Vérité, est fermement établi dans le Silence transcendantal.

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e
II Partie

QUÊTE
Chapitre 6
Dévotion
86. La vérité de l’Être suprême est l’unique et infinie Realité transcendant toute
relativité,laquelle esrt la Substance fondamentale du “je”, le principe du monde. (1)

87. Seul celui dont le mental est nourri par la suprême dévotion au Soi, atteinda la libération à
travers la rechercher constante du Soi et en tournant le mental vers l’intérieur.

88. La puissance de la grâce Divine et la quête du Soi sous la forme de (l’interrogation) “ Qui
suis-je?” - ces deux réunis conduisent le chercheur spirituel (sâdhaka) au Coeur et lui révèle
l’Etat suprême, lequel est la nature de son véritable Soi.

89. Si le Divin qui est dans le Coeur n’attire pas le mental vers l’intérieur par la force de Sa
grâce, alors qui peut atteindre la paix en s’immergeant dans le Coeur par le simple pouvoir de
son propre mental, lequel est la pefidie même?

90. Si les devoirs accomplis selon les injonctions (de la sainte Doctrine) faillent à engendre de
la dévotion envers l’Être suprême, alors vaine est une telle activité; elle serait même égale à
une conduite coupable puisqu’elle génère une (nouvelle) servitude. (2)

91. Puisque même (les dieux) Vâyu [dieu de l’Air] et Agni [dieu du Feu] furent dans
l’impossibilité de soulever ou de brûler un brin d’herbe (3) (en présence de Dieu), comment
une personne dotée d’un égo pourrait-elle accomplir quoi que ce soit (par ses propres efforts
sans l’aide de la grâce)?

92. L’homme qui est égaré par la certitude: “Je suis le corps”, pense que le monde du Divin se
trouve au-dehors et très éloigné de lui. En vérité, ce royaume est dans son propre corps (qui, en
réalité, n’est pas le monde).

93. Comme le feu (vital) appelé kundalinî brûle vers le haut, et la lune – c’est-à-dire l’intellect-
coule vers le bas, le Soi suprême, le Soleil de la Conscience qui est la Source unique des deux,
demeure entre eux dans le Coeur.

94. “Il y a deux Sois: l’un est le soi idividuel, l’autre est le Soi suprême”, ainsi pensent les
ignorants. Le Soi esr un, non deux. L’Un suprême est le réel Soi, l’autre s apparence trompeuse.

95. Comme l’Un suprême resplendit dans le coeur de chaque entité vivante en tant que “Je-Je”,
(il faut comprendre qu’) ainsi le Divin enseigneà tous, disant: “Je suis l’Un (le Soi) en tout”.”

96. Etant en vérité l’Être suprême, mais penser être séparé de Lui, amène (l’homme) à devenir
ui à Lui; qu’y a t-il de plus étrange que cela?
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97. Comme le ciel n’est pas souillé par les impuretés de l’air et autres éléments matériels,
comme le soleil ne l’est pas par les actions humaines, de même celui qi est sans égo n’est pas
affecté (par tout ce qui s’accomplit dans le monde).

98. Force sur tous et vénération par tous viennent du Divin, car Il ne dit jamais “je”, même à
travers l’oubli.

99. Le Soi (suprême) est écrit comme étant plus petit que le plus petit des atomes, et le plus
grand des plus grands, car il hors de l’atteinte du mental, Soi infini et fondamental.

100. Il est dit que Hai [Vishnou] donne la libération, et Hara [Shiva] l’illulmination, mais celle-
ci est la vértable nature de la libération, de ce fait, Hari et Hara sont un et le même.

101. La création du Divin ne lie pas; ce qui lie est la propre création du jîva. Cela est illustré
par l’histoire des fausses nouvelles dans laquelle celui dont le fils était vivant pleurait, et celui
dont le fils était mort se réjouissait. (4)

102. La cration du Divin conduit sûrement (l’homme) au guru à tracvers la dévotion, à l’état de
la réalisation du Soi. Celle-ci devient alors un moyen de libération de la servitude, aussi sera t-
elle vue comme bienfaisante.

103. La grâce du Divin consiste dans le fait qu’il resplendit dans le coeur de chacun en tant que
Soi; que la puissace de la grâve n’exclue personne, qu’elle soit bonne ou autre.

104. Que le Divin amena le grand dévot Kannapa à lui donner ses propres yeux, fut dans le
dessein de lui accorder sa nature divine à travers l’exticntion de son égo.

105. Ceux qui servent le Divin pour l’obtention des choses désirées, ne le servent pas
(vraiment); ils ne servebnt que ce qui est désiré. C’est pourquoi, ils n’obtiennent pas la (vraie)
récompense de leur dévotion.

106. Pour ces grandes âmes qui voient dans leur coeur les pieds de lotus du Divin, survient la
Lumière de la conscience du Soi unique véritable, [et ce] à travers la disparitions de leurs
impuretés mentales.

107. Comme le Divin est le Soi lui-même dans le coeur, ainsi la méditation constante sur la
Vérité de soi-même est-elle la dévotion la plus chère qui soit au Divin.

108. Comme son nom est “Je”, le chercheur qui pratique constamment la méditation du “Je”
sera conduit vers la source même de l’Être, le royaume du Divin.

109. Il est dit: “Le soi doit être offert au Divin”. Qu’est-ce que cela signifie? Le so est-il séparé
de l’Un suprême qu’il doit lui être offert?
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110. L’homme doit être coupable d’avoir volé, pensant être séparé de cette pure Conscience
indivisible, laquelle est la véritable nature de l’Un suprême.

111. Comme l’offrande d’un peu de sucre de canne [jaggery] pris de la statue du seigneur
Ganesha faite de sucre, de même l’offrande de son propre soi au Divin. Y a t-il une entité
quelconque appelée “soi” séparée de Lui?

112. L’acte d’offrir l’égo telle une nourriture [bhoga] au Divin, en apaisant le mental dans le
Coeur, et par le pouvor de la dévotion au Divin dans Sa vraie Nature [en tant que Soi], est la
véritable offrande de nous-même à Lui.

113. L’offrande de soi à ce qui est la réalité du Divin dans le Coeur, à travers l’extinction de
l’égo, est le résultat final d’une longue et continue dévotion au Suprême.

114. Celui qui voit le Divin dans le temple [qu’est] le corps humain en Le cherchant à
l’intérieur, celui-là seul Le verra, l’Infini, dans le temple de l’univers, devenu l’oeil éternel. (5)

114a. Celui qui a pratiqué la dévotion au Divin par la “manière du singe”, à travers de
nombreuses vies, atteint l’illumination suprême par Sa grâce; à travers la dévotion par la
“manière du chaton”. (6)

115. L’homme qui s’identifie à son propre corps ne peut vénérer le Suprême en que sans forme
[nirguna]. Quelle que soit la manière choisie de Le vénérer, cette vénération sera seulement
avec forme [saguna].

116. (Mais) celui qui n’est pas apte à la vénération sans forme, obtient finalement par la grâce
Divine l’illumination du vrai Soi [et ce] en Le vénérant avec forme.

117. Quelle que soit l’action accomplie par l’homme, celle-ci est vénération du Divin s’il a la
conviction, qu’en vérité, la différence n’existe pas, car toutes les choses ne sont seulement que
les manifestations du suprême à travers les formes.

118. Jours, planètes, “yogas” astrologiques, cycles temporels et constellations sont tous
propices pour pratiquer la dévotion au Plus Propice, par ceux qui Lui vouent une dévotion
(sincère).

119. Les ignorants considèrent l’amour comme la septième saveur [rasa]. (La vérité est que)
c’est la permière et la plus importante de toutes les saveurs, celle qui donnle goût à toutes les
(soi-disants) saveurs.

120. L’Un (le vrai Soi) devient triple. Pour le dévot, il est Dieu; pour le chercheur de
l’illumination, il est le guru; quand le mental est tranquille dans le Coeur, il devient (manifesté
en tant que) le Soi réel.

18
121. Cette propice et imortelle Réalité – laquelle demeure toujours en tant que résidu quand le
(faux) soi individueol est consumé dans le feu de l’illumination – [cette Réalité] est le véritable
sens de la “cendre sacrée” (vibhûti). (7)

122. Comprenons que le sens véritable de la poudre vermillon (kumkum, utilisée par certains
dévots) est celui du feu de l’illumination par lequel l’illusion “Je suis le corps” est réduite en
cendres dans le Coeur – conséquence de la quête du Soi.

123. La parfaite dévotion est simplement la persistance de l’identité avec la Réalité de l’Un
tout embrassant, lequel rayonne quand le faux “je” est totalement détuit dans le Coeur par le
processus de la recherche du Soi.

19
Chapitre 7
La vérité du Guru
124. Le chercheur de l’illumination approchera (en tant que disciple), non celui qui est
(toujours) lié, (mais) le jivanmukta établi dans le Silence suprême, heureux dans l’unité avec la
Réalité.

125. Celui qui a traversé l’océan de la relativité, (seul) peut aider les autres hommes à le
traverser. Une personne non illuminée nommée (comme guru) par une autre personne non
illumée, est comme un aveugle guidant un autre aveugle.

126. Même celui qui s’est débarrassé de tous défauts a obtenu la divine aptitude [adhikâra],
ayant quitté sa dmeure (en tant qu’ascétique errant), et pratiqué les austérités (tapas),
n’obtiendra pas le bonheur (complet) sans la présence d’un guru (compétent).

127. Tant qu’une personne a la notion “Je suis le corps’, elle ne deviendra pas illuminée, bien
qu’ayant (le mérite d’) une grande maîtrise d’elle-même. [Aussi] voyez-la seulement comme
un chercheurspirituel (qui est encore sur la voie).

128. Sache que celui qui voit le guru ayant réalisé le Soi – lequel n’est rien d’autre que la pure
et infinie conscience-, comme un (simple) homme, est l’être le plus coupable et fou qui soit.

129. Le Seigneur suprême apparaît Lui-même comme guru sous forme humaie au chercheur,
satisfait de sa dévotion.

130. Cette forme de l’Un libre -en vérité intangible comme le ciel- qui apparaît aux hommes,
n’est en vérité que la réflexion de la forme de celui qui voit (cette même forme): elle est
irréelle.

131. C’est par l’aveuglement que l’on dit: “J’ai vu ce sage; Je verrai cet autre aussi”. Si l’on
connaît le Maître intérieur [antaryamin], alors tous les sages seront vus comme unb et le même.

132. Le guru réduit simplement l’irréel à rien, et (ainsi) permet au vrai Soi de briller. De ce fait,
il tue sans tuer le faux égo.

133 et 134. Dans la vaste jungle erre un puissant éléphant; voyant les yeux d’un lion dans la
nuit, il perd la vie dévoré par le fauve; de même l’égo, nommé “je”, errant dans la forêt de la
relativité, est vaincu à la seule vue du guru et dévoré par lui, privé de [sa] grâce.

135. Comme un lion vu en rêve par un éléphant réveille ce dernier; de même le guru qui est un
Sage, réveille le disciple du rêve de l’ignorance.
20
136. Seuls les sages sont vertueux; les ignorants sont sans vertus. C’est pourquoi, afin d’obtenir
la libération, l’on devra rechercher la compagnie des Sages [satsang], de ceux qui sont libérés
du mensonge.

137. Le sens de cette parole qu’ “on n’approchera pas du guru les mains vides”, est simplment
celui-ci: “L’on ira à lui, qui n’est pas séparé de l’Être suprême, le coeur rempli d’amour”.

138. L’enseignement du guru est simplement l’établissement dans le Coeur, à travers


l’expérience de l’unique Réalité, obtenue en tournant le mental vers l’intérieur sur un seul point
[ekâgratâ] après la compréhension (intellectuelle) de cette Vérité.

139. Le sens du namaskâra [salutation respectueuse] est simplement celui du Silence, aussi
l’égo – l’unique cause de la distinction entre le disciple et le guru, et entre le Divin et l’âme -
n’existe t-il plus.

140. La vénération au guru n’est pas seulement le refus du don, par le moyen des notions “je”
et “mien”, et après avoir totu abandonné au guru, y compris le corps.

141. Les restes [de la “nourriture”] du guru sont simplement les paroles qu’il énonce, sur la
force de sa propre expérience. Manger ces restes (1), c’est demeurer avec lui dans l’unité, en
silence.

142. La véritable adoration se fond dans l’océan de l’essence indissoluble, comme la grêle se
fond en lui.

143. Comme un daim attrapé par un tigre (ne peut s’échapper), de même un disciple sur lequel
le gracieux regard du guru s’est posé ne pourra jamais s’échapper, mais sera mené à l’état [de
réalisation du Soi] de kaivalyam.

21
Chapitre 8
La quête du Soi 22

144. Le sâdhaka qui a appris à discriminer entre le réel et l’iréel, et qui veux gagner la
libération du joug du monde relatif, lequel consiste dans le faux sens de l’égo, est digne de
recevoir l’enseignement.

145. Le plus haut enseignement du Vedânta, libre des doutes, est l’état du suprême Silence
amené par l’union de l’âme transcendante et de l’âme individuelle (laquelle est l’égo).

146. Pourles très sérieux chercheurs libres de désirs (suscités par le monde), l’investigation sur
la véritable nature de l’être, désignée par le mot “Tu” [tvam], est seule suffisante pour gagner la
libération; et sans aucune autre investigation sur la vérité de l’Être, désignée par le mot “Cela”
[tat].

147. [La Shruti, les Ecritures de] le Révélation ajoute[n]t les mots “Cela” et “est” [asi] afin
(d’engager) le mental non mûr des autres chercheurs à se tourner vers l’intérieur, et vers rien
d’autre.

148. Ô mental, tu as déjà que trop souffert, pensant: Je suis un jîva”, ne tombe pas dans une
pire illusion en croyant “je suis Brahman”! Dans l’Etat transcendantal, il n’y a personne qui
réponde au nom de “je”.

149. L’homme se conduit faussement, même en pensant: “je suis cet insignifiant petit corps”.
S’il commence de penser: “Je suis cet Un suprême”, restera-il quoi que ce soit qu’il considèrera
comme faux?

150. La vraine nature du Soi dans se pureté est la conscience inqualifiable “Je suis”. De ce fait,
(le chercheur) devra méditer seulement sur “Je suis”, sans aucune autre attribution,
sérieusement et constamment.

151. La seule et unique Réalité peut être vécu seulement par ceux qui sont en paix en appaisant
toutes les agitations mentales; [cette Réalité] est hors d’atteinte pour ceux dont le mental est
agité.

152. L’état du libéré ne peut être atteint qu’en mourrant; mais mourrir n’implique pas la
destruction du corps. Comprenons que la véritable mort est l’extinction des notions de “je” et
de “mien”.

153. Tu n’es pas le corps physique, ni les énergies vitales, ni les organes sensoriels, ni le
mental, ni les facultés de raisonnement, ni l’égo, lorsque le péché original -lequel consiste à
s’identifier soi-même avec eux- est abandonné.
154. Le mental est amené à une parfaite tranquillité dans le Coeur à travers la quête du vrai Soi
sous la forme de (la question): “Qui suis-je?” quand disparaît le monde des apparences. Cet
Être qui resplendit alors en tant que “JE SUIS” est ton vrai Soi.

155. Après avoir compris la nature de l’enseignement du Vedânta décrit auparavant, lequel est
très subtil,l’on devra s’engager dans la quête du vrai Soi afin de gagner la libération à travers la
tranquillité du mental.

156. Toutes les pensées sont enfilées sur le fil de la pensée: “Je suis (ce) corps”; [de ce fait]
toutes cesseront si l’on plonge dans le Coeur; cherchant (la question pratique): “Qui puis-je
être?”.

157. Si toutes les vagues des pensées s’apaisent De cette façon, la Vérité de son être propre (le
vrai Soi) resplendira alors d’elle-même en tant que “Je”, l’égo disparaît et la joie se manifeste
alors.

158. La résolution de voir le vrai Soi dans le Coeur en concentrant le mental sur la question:
“Qui suis-je?” est la quête, et non pas une certitude intellectuelle (sur le Soi) obtenue par le
raisonnement.

159. Cet état (de réalisation du Soi) ne peut être atteint par aucune méthode, si ce n’est celle de
la quête dans le Coeur, ni par de nombreuses actions, ni par le contrôle du souffle, ni par aucun
autre moyen.

160. Bien que la tranquillité mentale puisse amener le contrôle du souffle ou de tout autre
pratique, finalement le mental n’est pas apaisé comme il l’est par la quête de la Vérité de soi-
même.

161. Sans la véritable investigation sur la véritable nature de l’ “agissant” [karta] et ainsi de
suite, l’on parle de quatre sortes de voies dans le monde, c’est-à-dire les yogas de l’action et
autres, pour [qui s’identifie à] l’agissant; celui qui est séparé (de Dieu); celui qui s’est éloigné
(du Soi); et celui qui est (conscient d’être) ignorant (et aspire à la vraie connaissance).

162. L’état d’être le vrai Soi, lequel est obtenu par la quête: “Qui est l’ignorant?”, ou “Qui est
séparé?”, ou “Qui est le déchu?”; ou encore “Qui est l’ignorant?”, est en elle-même les quatre
voies.

163. Ainsi, l’immense supériorité de la voie de vichâra (la quête du Soi) a été clairement
montrée par le guru; c’est pourquoi, cette voie nommée la recherche du Soi fut eneignée par lui
[Râmana]. C’est le plus grand de tous les yogas.

164. Comprenons que la conviction: l’univers a son existence dans l’infini ciel de la
Conscience, c’est-à-dire le Soi, est le fondement stable pour pratiquer la paix mentale.

23
165. Tant que l’égo est vivant, le “triple ensemble” [voyant-vision-vu] apparaît ainsi, aussi la
pratique de la quête sera t-elle poursuivie tant que ces dualités demeureront.

166. En fixant le mental sur le vrai Soi, seront vaincus plaisir et souffrance issus des bonnes et
des mauvaises actions (du passé) accomplies dans la vie mondaine.

167. La véritable victoire sur le mental, c’est être [établi dans] la pure Conscience (que l’on est
réellement) par la destruction de l’illusion: “Je suis le mental”. Cette victoire vient / (laquelle
naît)/ quand les activités mentales sont pacifiées.

168. Le véritable contrôle du souffle c’est être établi dans sa véritable nature , en rejetant
l’habitude mentale de voir le réel comme le monde, et en poursuivant la recherche du Soi.

169. Ceux qui se sont consacrés à la quête du Soi ne dévient jamais du chemin par la confusion
– chemin qui les conduit à l’Etat suprême par sa propre lumière, tel le Soleil [qui éclaire tout ce
qu’il touche].

24
Chapitre 9
La conduite du sâdhaka
170. Comme l’oubli (du vrai Soi) est la mort elle-même, l’unique accomplissement engageant
le chercheur (du Soi) est de veiller à ne pas oublier, et rien d’autre.

171. Comme les pratiques sont autant d’aides, le chercheur les honorera; mais si et quand elles
deviennent des obstacles à la pratique de la quête, alors il les abandonnera.

172. Comme les tâches personnelles et quotidiennes conduisent à l’oubli du Soi, il est
nécessaire de mettre en garde qu’on ne s’impliquera pas dans des actions [conflictuelles] envers
autrui.

173. Bien que le chercheur puisse pas inadvertance désobéir aux injonctions de la doctrine
sacrée, il ne devra pas, étant un disciple loyal, être coupable de ne faire aucune cas de ce que le
guru lui.

174. Le plus haut tapas (discipline mentale) est de demeurer en paix, d’abandonner l’égoïsme
et la notion d’être l’agissant, sachant que seul le Divin accomplit tout.

175. Bien que s’étant abandonné ainsi à la volonté divine, le sâdhaka fera des efforts soutenus
dans la pratique De la juste méthode enseignée par le guru, et ce tant qu’il n’aura de cesse
d’être un [véritable] disciple par l’extinction de l’égo.

176. Bien que les obervances soient nombreuses, celle de se nourrir d’une manière appropriée
est dite suffisante pour le chercheur car elle rehausse les qualités de [pureté] de sattva.

177. Bhagavân Râmana a déclaré que l’estomac s’afflige pour ceux qui mangen sans lui laisser
le temps de se reposer (et de digérer). (1)

178. La règle concernant la nourriture est que l’on devra laisser le temps à l’estomac (et autres
organes de digestion) assez de temps pour récupérer, et ensuite quand vient la faim, d’ingérer
en quantité mesurée une nourriture pure [sattvique].

179. La méditation sur un Nom [divin: japa] ou Mot [mantra], la vénération des formes du
Divin et autres sont autant d’aides dans la pratique de la quête, en effaçant les anciennes
impuretés mentales.

180. Comme la trompe de l’éléphant sans cesse agitée est retenue par une chaîne, de même
l’agitation du mental est amîtrisée par la méditation sur les Noms et Formes du Divin.

25
181. Le désir pour les plaisirs ne sera jamais apaisé par la complaisance; (d’autre part) il est
attisé de pus en plus, comme le feu avec les oblations. Aussi, se souvenant de cela, sera t-on
vigilant.

182. Tant que l’égo n’aura pas disparu, seule l’humilité sera bénéfique pour le chercheur.
Accepter l’obéissance d’autrui n’est pas bien.

183. Puisque ce qui est léger flotte sur l’eau, et ce qui est lourd s‘enfonce, il s’en suit qu’on ne
conclura pas que la supériorité c’est d’être dans une autre position, ni l’infériorité dans une
basse (dans le sens mondain du terme).

184. Le sâdhaka qui ne s’identifie plus avec le corps et ainsi ne pense plus: “J’ai une famille”,
est ainsi supérieur à l’ascète qui pense: “Je suis un ascétique”.

185. Un pot mis dans l’eau s’enfonce; une bûche non mise dans l’eau ne s’enfonce pas (de
même) qui est attaché [aux plaisirs] devient lié. Celui qui est libre n’est pas lié, même s’il
demeure chez lui.

186. Comme des freins [blocs de bois] sont nécessaires pour la bonne marche d’un char [de
temple], de même les afflictions sont nécessaires au sâdhaka pour l’accomplissement dans sa
pratique.

187. Ô sâdhaka, surmonte les souffrances avec calme, et l’inébranlable certitude qu’elles
surviennent par la grâce divine afin d’aider à apaiser le mental.

188. Il est préférable pour le sâdhaka d’être dans une position mondaine amenant la
compassion chez autrui, qu’être dans une position[prospère] amenant l’envie.

189. Quand une action a portée ses fruits, n’en sois pas fier, pensant: “Cela a été accompli par
mes propres efforts”, mais sois convaincu que Dieu te fut propice.

190. Quand la réussite désirée n’a pas été atteinte, il sera faux de penser que les efforts se sont
avérés vains; le fruit [de l’action] est la compréhension que les actes portent leurs fruits par la
grâce divine, non par les seuls efforts humains.

191. Après avoir accompli un acte répréhensif, on ne le dissimulera pas par l’égoïsme, l’on
devra agir justement dans le futur, en évitant les fautes.

192. Si le chercheur ne remarque pas les fautes chez autrui et ne voit que ses qualités, gardant
ainsi son esprit en paix, sa vie entière sera douce.

193. Il est bien pour le sâdhaka de ne pas être concerné par les choses [mondaines], l’esprit en
paix, sans désir et sans aversion.

26
194. L’ennemi du chercheur déteste l’égo (dans le sâdhaka) que ce même chercheur veut
détruire; ainsi, comme l’enclume de l’orfèvre, cet égo est actuellement l’ “ami”.

195. S’approprier quelque chose spécialement, pensant: “Ceci est à moi” - quelque chose qu’il
ne sera pas possible à autrui d’avoir – n’est pas juste pour un sâdhaka sachant discriminer, car il
bafoue l’idéal d’égalité.

196. “Destinée” signifie seulement un acte accompli par soi-même précédemment [et] avec
efforts [hatha]; mais avec un effort bien dirigé on peut modifier le destin.

197. Le sâdhaka n’agira pas comme il l’aime [avec attachement], même en vue d’obtenir un
bon résultat. Si l’action est accomplie à tort, elle devient mauvaise.

198. Celui qui mérite la grâce Divine [Îshvara prasâd] ne prendra la vie d’aucune créature,
quelle qu’en soit la raison, car il n’est pas apte à la ressusciter.

199. Ce qui est accompli par un mental paisible et purifié, cela seul est l’action juste; ce qui est
accompli par un mental agité ou gouverné par le désir, est une action coupable.

200. Qu’ont-ils à obtenir [de plus] en pratiquant des austérités [tapas] ceux qui oeuvrent avec
un mental pacifié, sans attachement envers ce monde illusoire (et ses objets)?

201. Pour le sâdhaka, le plus puissant des tapas consiste à maintenir la paix mentale, remettant
tout le poids de son fardeau mondain à Dieu.

202. Comme les graines proches de l’axe d’un moulin à bras (ne sont pas écrasées), de même
ceux qui ont pris refuge en Dieu ne sont pas affectés par les plus grands malheurs.

203. Ceux qui ont leur esprit fixé en Dieu avec amour, comme l’aiguille aimantée se toujours
fixement vers le nord, ne dévient jamais du droit chemin à travers l’ignorance.

204. Ne te désole pas pensant: “Quand atteindrai-je cet état?”. Cet état transcende à la fois le
temps et l’espace, il n’est ni loin ni près.

205. Le vrai Soi est toujours libre, pénétrant tout de sa nature primordiale; comment peut-il être
lié par l’illusion? Aussi, ô sâdhaka, ne te désespère pas.

206. La notion: “Je suis un être instable” naît en perdant le lien avec le Soi immuable que l’on
est réellement. Le sâdhaka devra dissiper cette pensée et demeurer dans le Silence suprême.

207. Afin de venir à bout de l’agitation mentale, voici le moyen: vous toutes les choses visibles
et celui qui les voit comme le Soi.

27
208. Même une pensée pure – laquelle sert à chasser une impure- devra à son tour être
abandonnée (après avoir été utilisée dans ce but), comme une épine est utilisée un temps pour
enlever une autre épine (dans la peau).

209. La vérité de la non dualité sera méditée par le mental; [aussi] n’accomplit aucune action
dans la croyance en la non-dualité. Cette notion est apte à être entretenue en regard de toutes
choses, quelles qu’elles soient, mais non par rapport au guru [libre du mental]. (2)

210. Le “je”, lequel est une réflexion du Soi dans le miroir du mental, est agité par les
mouvements de ce dernier. Afin de les arrêter (ainsi que la réflexion), l’on fixera le mental sur
le Soi immuable.

211. Nombreux sont ceux qui, durant ce temps, cherchent le Soi dans les Sûtras Bâshya (3)
[commentaires sur les aphorismes],mais en vain. N’oublie pas que le vrai Soi doit être cherché
dans le Coeur (non dans les livres ou à l’extérieur).

212. (Toute) recherche du non Soi que l’on fait, négligeant le vrai Soi, est vaine, comme
l’exament rigoureux des poils (coupés) par un barbier.

213. Le tremblement de frayeur survenant chez le méditant causé par la notion: “Je suis le
corps”, cessera dès l’instant où il réalisera la plénitude d’être l’absolue conscience.

214. Comme le pêcheur de perles ramène ces dernières en plongeant profond, entraîné par ue
pierre [attachée à lui], de même gagnera t-on le Soi, plongeant dans le Coeur, entraîné par le
non-attachement.

28
e
III Partie

EXPERIENCE
Chapitre 10
Libération

215. Illumination, Bonheur, Immortalité, Solitude, Libération, Union avec le Divin, Etat
naturel, Etat transcendantal, Nirvâna, Naissance, But véritable, Renoncement.

216. Véracité, Silence, Rupture des liens, accomplissement de tous les désirs, n’ayant rien à
accomplir, Extinction du Mental.

217. Etat le plus haut, Parfaite Dévotion, Parole Suprême, Maîtrise de soi, Royaume Céleste du
Soi, Grâce la plus totale – sont (quelques uns) des nom de l’expérience du Soi.

218. Quand le mental devient calme à travers l’extinction de l’égo, “qui” est sujet à la
servitude? Cet égo est lui-même la servitude et sujet à la servitude; d’ailleurs celle-ci n’existe
pas.

219. Il n’y eut jamais d’asservisement pour le Soi qui est l’unique Réalité. Il est libre et
conscient de toute éternité. Celui qui est lié est le jîva (l’égo) illusoire.

220. La libération est la cessation instantanée des pensées, c’est-à-dire de la non servitude, et
de la libération par la quête: “Qui est ce “je” [se disant] lié?”.

221. Ceux qui se sont libérés du mental et qui ont atteint l’Etat naturel en devenant conscient
du Soi, infinis tel le ciel et toujours conscients, ne seront jamais dans les ténèbres de
l’ignorance.

222. Les trois sortes d’actions s’éteignent pour le libéré, car son sens d’être l’agissant a disparu;
il a disparu avec l’égo qui (seul) était l’agissant.

223. Il n’y a plus rien à “atteindre” pour ceux qui sont établis dans cet Etat [naturel du Soi].
L’on comprendra qu’il est hors de toute nécessité de faire quoi que ce soit, d’avoir à connaître
tout ce qui est à connaître, mais d’être libre du doute.

224. L’éveillé qui est devenu un avec la suprême Conscience sans changement – tel une rivière
devenue une avec l’océan – ne renaît plus dans un corps.

225. Bien qu’aux yeux d’autrui il semble incarné dans un corps, (le sâdhaka) devra comprendre
qu’il est sans corps; (car) en abandonant le sens de “Je suis le corps”, ce même corps a été
abandonné au présent karma.
30
226. Celui qui ne perçoit pas les choses illusoires (du mental et des sens) s’étant endormi dans
le Coeur, est pleinement éveillé; tous les autres sont plongés dans le profond sommeil (de
l’ignorance).

227. Dort, qui pense le rêve de ce monde être la veille, ignorant le vrai Soi, et dont la [vraie]
nature est l’éveil constant; (d’autre part) l’éveillé est pleinement lucide.

228. L’état de libération peut être décrit comme un sommeil éternel, ou comme éveil non
interrompu par le sommeil.

229. S’éloigner de son propre Etat naturel – lequel est leplus précieux, et tout de bonheur – est
mortel, aussi être établi dans cet Etat par la grâce du saint guru, est l’éternelle naissance.

230. En vérité, la naissance (dans le monde, due à l’ignorance et aux désirs) dessert la cause de
la mort; et (chaque) créature ne meurt que pour renaître (encore) dans le monde; (mais) la mort
de l’égo est la véritable mort et l’éternelle naissance (non obscurcie par la mort).

231. Lorsque l’océan submerge (le rivage), aucune créature ne peut lever la tête (mais renaît
encore), de même, quand la conscience du Soi submerge tout, la pensée égotique ne peut se
lever.

232. De ce fait, le jîvanmukta ne peut avoir le sens du plaisir [plour les choses mondaines]. Cet
état suprême de pureté transcende la jouissance, étant libre des deux extrêmes que sont plaisirs
et souffrances.

233. La disparition de l’identification aux cinq revêtements (1) [pancha koshas] de celui qui est
établi dans la béatitude du Silence par la grâce de l’Être suprême, était appelé nîrvana par
Sugata (2).

234. Tout comme la lune ne brille pas quand le soleil se lève à l’est, de même quand le Soleil
de la pure Cconscience apparaît, cesse toute revendication égotique.

235. L’on parle de trois impuretés (mentales); la première est le sens de l’égo en rapport avec le
corps; les deux autres sont enracinées en lui. Quand la première impureté aura disparue, les
deux autres disparaîtront aussi.

236. Le mortel devient immortel par cette méthode dans laquelle le mental, toujours fort agité,
est rendu immobile, tel un aveugle, libre des désirs.

237. Les érudits parlent de l’Illumination comme d’une pensée à la forme infinie; mais les
pensées sont (nécessairement) finies. Le libéré est libre des pensées comme la rivière atteignant
l’océan (sans mouvement).

238. Le suprême Silence qui survient en tant que pure Conscience à la mort de l’égo, à travers
le mental libre des pensées dans le Coeur, est la Parole transcendantale (3). 31
239. Ce suprême Silence, l’Être-Conscience-Félicité- lequel est la source de toutes choses - ,
pénètre dedans et dehors. C’est cela queles Sages nomment jnâna.

240. Cet état [d’être] du vrai Soi par la connaissance, est la véritable sacralité, la paix éternelle,
l’Etat des trois (veille, rêve et sommeil), le trésor de la liberté.

32
Chapitre 11
Non-dualité

241. Quand par la grâce divine, laquelle est facilement obtenue par la dévotion [bhakti] ,le
mental devient calme dans le Coeur, alors s’accomplit l’expérience de l’Un (1), qui est (à la
fois) la lumière et le ciel (espace) par lequel et dans lequel le mental et tout ce qui est semblent
exister.

242. Le paradis de la pure Conscience est semblable à lieu de crémation où seul l’Un demeure,
le faux soi étant brûlé (dans le feu de la réalisation du Soi), comme une forêt est brûlée par un
incendie.

243. Rien n’apparaît en présence du vrai Soi, car tout est consumé par le feu de la pure
Conscience; en cet état suprême seul demeure le Soi unique, la Vision illimitée.

244. Dans ma vision (du Soi) seul “je” suis, “toi”, n’est pas (2). Dans ta vision, toi seul est.
Dans la vision de la Réalité [sat darshan], le Soi est tout. Quand la vérité est trouvée, moi-
même suis tout.

245. Comment l’homme qui ne connaît pas le Soi, et dont la conscience est limitée (au corps),
peut-il imaginer (la nature de) l’état de l’éveillé, de celui qui conscient de rien d’autre que le
Soi, ayant obtenu l’expérience du Soi infini.

246. Seul le Soi est réel, tout le reste est illusoire. De ce fait, en finalité (quand la Vérité est
réalisée) tout le reste disparaît de la vision, et seule demeure la vérité qui nous est propre.

247. Dans cet état de Silence, lequel est sans égo et sans mental, qui est ce “je” pour dire
encore: “Je suis Brahman”. (3)

247a. Différentes questions et réponses sont possibles dans le langage de la dualité, mais non
dans le Silence de la non-dualité; ainsi procède le Maître Râmama en exposant la nature
transcendante de la non-dualité.

248. Ceci est la Vision infinie où disparaissent les paires d’opposés [dvandvas], le temps,
l’espace, l’action,la jouissance, et tout ce qui n’est pas le Soi, dont la dualité.

249. Comme l’humidité,la douceur et la fraîcheur sont en réalité de l’eau, et non trois entités
différentes, de même dans l’expérience du Soi, Réalité, Conscience et Béatitude ne sont que le
vrai Soi.
33
250. Dans cet état immuable de la Réalité qui est enseigné par les védantins, la notion de temps
diparaît, de même la distinction entre les personnes (comme “je, “toi, et “lui”), ou les triades
[connaissant-connaissance-connu].

251. Comme l’espace (indivisé) est perçu comme différencié par la présence d’un pot ou d’une
maison, ainsi la Conscience (Soi) toute de félicité est-elle conçue comme âme et Dieu; ces deux
ne sont pas vraiment différents.

252. Comme deux figures en bois de santal représentant un maître et un serviteur (sont tous
deux dans le même bois), de même Dieu et l’âme sont (tous deux) le Réel, c’est-à-dire
Brahman; ils ne sont pas différents.

253. Comme une seule et même femme, inchangée, est désignée par les mots d’ “épouse” et
autres (selon le point de vue de la personne), de même le Soi, inchangé, est perçu diversement
par ceux dont le mental est plongé dans les poursuites mondaines.

254. Le libéré a ni la connaissance de la différence, ni la connaissance de la non-différence. La


non-venue de la connaissance de la différence est vue par le Sage comme “connaissance de la
non-différence”.

255. L’ignorant voit les objets sensoriels par l’intermédiaire de son mental tourné vers
l’extérieur, de même celui dont les liens sont brisés n’est conscient que de la Conscience,
laquelle est le véritable fondement de toutes les apparences.

256. La connaissance du non Soi est possible tant que le Soi est vu avec forme. Quand le Soi
sans forme est réalisé, à “qui” peut s’adresser cette connaissance du non Soi?

257. Laisse apparaître les formes du Divin, aussi bien que celles du monde tant que le Soi n’a
pas été réalisé. Quand il l’a été, pour “qui” ces formes sont-elles réelles? (4)

258. Si l’état d’être le Soi est réalisé dans le Coeur en persévérant (dans la quête), en écartant
toute pensée,alors seul le ciel de la pure Conscience resplendira, sans rien d’autre (sujet ou
objet).

259. L’égo (le voyant) est irréel; ce monde des objets qui est vu l’est aussi; le mental qui est
conscient des deux est irréel. Seul le ciel de la pure Conscience demeure (dans la réalisation du
Soi) la seule réalité.

260. Je dirai que l’essence de l’enseignement, tel qu’il est donné dans toutes les
Upanisahds [est celui-ci]: Quand, par la mort de l’égo, le Soi est [vu alors comme] identique
à la Conscience suprême, alors Lui seul demeure en tant que pure Conscience.

34
Chapitre 12
CONSCIENCE
261. Cet état transcendantal, qui est Libération, est appelé conscience du Soi [sva-jnânâm]. Le
Soi est-il un objet de la Conscience, de la Conscience est-elle identique au Soi?

262. En conclusion, comme le prouve l’expérience commune à tous que le Soi est un, celui-ci
ne devient jamais un objet de la Conscience; de ce fait la première interorétation n’est pas
appropriée ici.

263. La triade connaissant-connaissance-connu n’existe pas dans l’état Transcendantal. La pure


Conscience est la nature même du Soi.

264. L’acte de connaître (ou devenir conscient) est réfuté ici, car cet état suprême il n’y a pas
d’objet à connaître; l’ignorance est aussi réfutée, car rien n’existe hormis le Connaisssant [ici le
Soi se révélant à Lui-même]. (1)

265. Par le déni de l’ignorance, il est dir que le Soi n’est pas inexistant. Quel que soit ce qui
n’existe pas, resplendit par la Conscience. Le Soi rayonne par sa propre lumière car Il est de la
nature de la Conscience elle-même.

266. Pour celui qui regarde dehors (aux objets), ignorance et connaisseur existent. La
Conscience en cas de “Connisseur du Soi” est libre des deux, de nature toujours inchangée.

267. Être la seule nature du Soi, lequel est toujours connu sous l’aspect du: “Je suis”; c’est la
pure Conscience, dit-on, présente dans l’état de libération.

268. L’état de pure Conscience est l’immobile état mental, libre des pensées, et de ce fait calme
comme une mer sans vague.

269. Les ignorants dont le mental est tourné vers l’extérieur, cherchent à connaître toutes les
choses une par une; ils ne connaissent pas cette Conscience, en sachant que toutes ces choses
deviendront connues.

270. Si l’on connaît, non pas le Soi, mais toutes les autres choses, quelle est l’utilité? Mais si on
connaît le Soi, qu’y a t-il d’autre à connaître?

271. Même si l’on connaît les choses subtiles difficiles à connaître, on ne devient pas un Sage
tant qu’on ne connaît pas cette pure Conscience par laquelle tout est connu.

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272. La connaissance relative aux objets, laquelle vient à celui qui ne connaît pas le Soi, sera
vue comme ignorance. La conaissance du Soi – connue comme libération – est la seule (vraie)
libération.

273. Ce qui est faussement appelé “connaissance” a des aspects mutliples ayant la forme des
objets, comme les bijoux (faits d’or). La seule vraie connaissance est une, pure et inchangée,
comme l’or dont sont faits les bijoux.

274. Le libéré qui a réalisé sa véritable nature en tant que pure Conscience, voit-il comme
connaissance ce qui prend la forme des objets, et qui naît du sens: “Je suis le corps” et qui est
sans intérêt?

275. Cette pure Concsience – laquelle est la nature du Soi réel – est sans cause, éternelle,
transcendantale, l’immuable fondement des fragments de la connaissance objective venant aux
êtres vivants.

276. Hormis cette Conscience, non concernée par des objets, quel autre fondement peut-il y
avoir, disons-le, pour la manifestation de cet univers des objets se mouvants et immobiles?

277. La vraie connaissance est juste l’expérience pratique de l’effet, lequel semble irréel, car il
est dissimulé (par les fausses apparences). Seule cette connaissance est réelle, et cet
apparemment vrai égo, appelé jîva, est irréel.

278. Il est dit que l’Eveillé “connaît toutes choses”. Comment est-ce [possible]? Dans l’état
d’être le Soi, appelé libération, qu’y a t-il à connaître?

279. Cette illusion causée même par un semblant de connaissance, quand le mental est agité,
sera encore plus grande si toute la [fausse] connaissance est obtenue!

280. De celui qui sait qu’il sait peu, la Révélation [le Vedas] dit que Dieu est tout savoir, mais
en vérité, Dieu qui est l’unique infinie Réalité ne connaît pas toutes choses (parce qu’en vérité
il n’y a pour Lui rien à connaître).

281. Ce qui est (approximativement) appelé “toute connaissance” (2), est simplement cette pure
Conscience dans laquelle rien d’autre que le Soi est connu, non la connaissance spécifique (des
objets ou des évnènements) dans l’espace et le temps.

282. En méditant sur les enseignements du guru, il est connu que ce qui est vu (dans
l’ignorance) comme la forêt de servitude, n’est rien d’autre que l’espace du Silence de la pure
Conscience, et que tout le reste n’est qu’un simple rêve.

36
Chapitre 13 37
Le Vrai Soi
283. Dans le coeur de chacun se trouve un akshâra qui seul est réel, le fondement de tous les
akshâras (1), pur et lumineux en lui-même, donnant l’illumination. “Qui” demeure pour le
décrire?

284. Ce silence qui fut révéle par le Divin en tant que Guru (Shiva-Dakshinâmûrti assis) au
pied de l’arbre banian est la source originelle de tous les mots, le Mot sacré, lequel n’est jamais
altéré.

285. Cette pure Conscience qui resplendit en tant que “je suis” [so’ham], est la vérité du Soi;
ceci n’est pas une pensée issue du mental, car cer dernier meurt quand meurt l’égo.

286. Cette pure Conscience qui est incarnée en tant que “Je suis” [so ham] et qui transcende ces
trois états de l’existence dans l’ignorance, a ni naissance, ni fondement, contrairement à l’égo
insignifiant. Elle resplendit éternellement sans discontinuer, toute de félicité et au-delà de toute
relativité.

287. Cette pure Conscience qui est la réalité lumineuse de toute éternité en tant que “Je suis”
quand le mental est paisible, est la suprême Béatitude.

288. Les trois catégories [que sont le] créateur, la créature et le monde, Mâyâ la conscience
créative qui joue [lîlâ] avec eux, et le lieu où elle joue, tout cela n’est que la pure réalité.

289. L’infini est (inerte) tel l’écran sur lequel les images apparaissent et se meuvent. L’âme, le
monde et Dieu [Îshvara] sont comme ces images. Seul l’infini est réel.

290. Bien que ces trois soient irréels, ils ne sont pas différents de la suprême Réalité
(Brahman). Mais celle-ci est différente (d’eux), car cette Réalité existe sans eux dans l’état de
réalisation du Soi.

291. Celui qui voit les choses changeantes (c.à.d. l’âme, Dieu, le monde) ne voit pas la
suprême Réalité sans changement qui est appelée Brahman. Celui qui voit cette Réalité ne voit
rien du jeu changeant.

292. Le mental (pour l’ignorant) est grandement trompé, ignorant le Soi – lequel est (tel)
l’écran immuable -, et prenant les formes qui se meuvent pour le soi individuel (jîvâtman], et
d’autres formes comme d’autres sois, et comme le monde.

293. Comme le ciel n’est en aucune manière affecté par la venue et la disparition des nuages,
de même le véritable Soi est non affecté par la naissance et la mort du corps.
294. Comme il ne peut être question que la pensée “Je suis heureux” survienne dans l’état de
non-dualité, le Soi transcende le bonheur (2); ce n’est pas quelque chose qui a la forme du
bonheur.

295. La vérité du vrai Soi est cette suprême Réalité non née et immortelle, laquelle est le
fondement par lequel tout ce qui est -qui est irréel- semble réel.

296. Comme l’écran est au film, et comme la tonique est aux notes musicales changeantes, de
même le vrai Soi-Brahman, éternel et inchangé -est au monde, car sans fondement.

297. S’il est dit que l’âme (individuelle), qui s’identifie au corps, est le corps d’un autre Soi-
lequel est le vrai Soi- le premier est assurément irréel, car il n’est rien d’autre qu’un corps.

298. Ce (soi-disant) jîva qui, instable, va et vient sans cesse comme la jante d’un pneu, n’est
pas le Soi; lui qui est éternel et immobile comme l’axe d’une roue et le seul vrai Soi.

299. Cette déité éveillée qui ne cligne pas des yeux (3) ordonne les esprits de l’intérieur, et
inconnue d’eux, est le Soi.

300. Seul le vrai Soi est infini;tout le reste est insignifiant. [En vérité] nous ne voyons rien
d’autre que le Soi, lequel est digne d’être révélé en s’abandonnant soi-même.

301. Chaque déité qui est vénérée apparaît (dans une vision), puis disparaît. Le Soi
éternellement présent est de ce fait la seule véritable déité.

38
Chapitre 14
Silence
302. Sache que de toutes les fois, celle du Silence suprême est la meilleure, lequel vient à la
mort de l’égo, lequel est le germe [bîja] de toutes les fois.

303. Ce Silence qui est la présente expérience du vrai Soi, et dans lequel aucune controverse ne
naît, que ce soit “ce n’est pas”, “c’est”, c’est l’Un”, “c’est les deux”, “c’est plusieurs”, est la
seule vraie fois; rien d’autre.

304. Comme ce Silence est également présent envers toutes (les fois), celles-ci ne le
contredisent pas; en tant que voies menant à sa réalisation, elles sont acceptables.

305. Le chercheur pratiquera (les sâdhanâs) selon la foi qu’il aime; il ne s’engagera pas dans
des disputes concernant les autres fois, laissant son mental s’écarter du but intérieur, libre de
tout attachement (égoïste) à sa propre foi.

306. Cette foi, enchevêtrée par des arguments de logique, qui échoue à indiquer aux être la
vérité du Soi, est (comme) le vacarme d’un bazar.

39
Chapitre 15
Le libéré
307. Si celui qui connaît (par expérience) son véritable Soi – lesquel est infini et au-delà du
plaisir- devient silencieux et toujours satisfait, désirera t-il quoique ce soit pour satisfaire son
plaisir?

308. La jeune femme, nommée ici “mental”, endure tous les tourments à la maison de son
époux nommé ici les “5 revêtements” [pancha-koshas], revient à la demeure première de sa
naissance, se libère de ses souuffrances et retrouve le bonheur. (1)

309. La conscience est vérité; le bonheur est (cette) Conscience; le véritable Soi est (simplement
cette) Vérité-Conscience-Bonheur. Le Sage est heureux dans le Soi. L’ignorant qui est (tel) un
voleur, n’obtient pas le (vrai) bonheur. (2)

310. La joie durant le sommeil est comme les rayons de lune dispersés sous un arbre. La joie du
libéré – cela doit être compris – est comme les rayons de lune non obstrués (dans un espace
ouvert).

311. L’homme souffre, ne connaissant pas le Soi qui est bonheur, et devient prisonnier de ses
désirs pour les objets, comme le daim musqué (3). Le Sage est libre de ces mêmes désirs.

312. Celui dont le mental est englouti par la Lumière du Soi (4) n’est pas affecté comme avant
par quoi que ce soit, bien que voyant, sentant, entendant, mangeant, respirant et marchant
(comme avant).

313. Comme celui qui est profondément endormi dans une voiture est inconscient des différents
modes de transports (marche, arrête, détalage des chevaux, etc), de même la personne dans
l’Etat transcendantal n’est pas conscient des différents états du corps.

314. L’Illuminé qui est heureux dans la paix (du Soi), sans penser au passé, et au futur, un
(simple) témoin du présent, est dit avoir tranaché les liens de la servitude (5).

315. Celui qui, renonçant au désir des plaisirs, demeure établi dans son propre Etat naturel à
travers l’extinction du mental, est le véritable abstinent; non celui qui n’a pas l’expérience du
Soi bien qu’il s’abstienne de nourriture [jeun]. (6)

316. Comme l’écran de cinéma n’est pas brûlé par le feu d’une image (passant sur l’écran), de
même le jîvan-mukta n’est pas impliqué dans les désastres du monde.

317. Le plus grand des tapas [austérités] qui est accompli est celui d’être dans sa propre vraie
nature; aussi ce tapas concourt-il au bien-être de l’humanité [loka-samgraha].
40
318. Même au sein d’un grand conflit, l’Illuminé n’est pas sorti de ce suprême Silence, lequel
demeure dans le Coeur quand le tumulte des pensées s’affaiblit.

319. Les défauts du caractère qui naissent de l’égo illusoire, peuvent-ils survenir pour celui qui,
par la grâce divine, est établi en sa propre vraie nature?

320. Il est juste que dans le cas du connaissant (du Soi), le triple karma disparaît avec (l’égo
de) l’agissant; et que le karma présent est dit égarer les chercheurs.

321. Si l’on dit: “Le corps étant la conséquence du (présent) karma mourra si celui-ci cesse”;
(aussi posons la question): “Qui voit le corps du Sage comme réel?”

322. Ou (on peut dire que) le corps du libéré est comme un vêtement brûlé – il semble réel mais
ne l’est pas; sa forme [originelle] est seulement perdue, bien qu’elle semble être restée.

323. Comme la voie de l’oiseau dans le ciel, ou du poisson dans l’eau, celle par laquelle les
éveillés sont passés afin d’atteindre leur propre Soi est difficile à retrouver.

324. Le libéré dont les colorations mentales ont disparues, n’est pas l’agissant, même paraîssant
accomplir les actions, comme celui écoutant une histoire mais dont l’esprit est ailleurs.

325. Celui qui est asservi, car ses impuretés mentales n’ont pas disparues, est [toujours]
l’agissant même en restant tranquille, [tout comme] un homme qui, en rêve, tombe dans un
puit, alors que le corps demeure au repos.

326. S’il peut être dit: “Si le libéré n’a pas la volonté d’agir, comment l’action peut-elle
s’accomplir, [car] nous voyons les actions se faire (à travers lui)?”. Comprenon bien que toutes
ses (apparentes) actions sont (vraiment) accomplies par le Divin qui est dans le Coeur.

327. La cessation de toutes les pensées, à travers la mort de l’égo – lequel est la cause majeure
de la pensée de différence – la méditation sans méditation du connaisseur du Soi.

328. Le connaisseur du Soi qui a abandonné l’égo – lequel est pour l’ignorant l’obstacle à la
réalisation que le Divin est tout – (Le) vénère justement (7).

329. Par amour (du Soi) qui se déverse quand la paix profonde naît de la mort ultime du faux
égo, le Sage a la plus grande dévotion pour Dieu [en tant que Soi].

330. Le Sage qui demeure dans l’expérience du vrai Soi, ayant consumé l’égo par le feu de la
suprême dévotion (de l’abandon de soi), disant: “Obéissance à Shiva”, a la réalisation de: “Je
suis Shiva [Shivo’ham]”.

331. Le monde abonde d’égarés qui cherchent à prouver la grandeur du connaissant (su Soi) en
inventant d’extraordinaires pouvoirs supranormaux appelées siddhis; sa grandeur est quelque
peu différente. 41
332. Prouver la grandeur du sage par les siddhis est comme affirmer la puissance de soleil par
les différentes teintes vues dans les particules de poussière (flottant dans un simple rayon de
lumière).

333. L’illuminé qui accomplit les actions sans perdre son équanimité [sama-darshana] devant le
succès et la défaite est libre de toute malveillance et de la déception duelle. Il demeure satisfait
quoi qu’il arrive par simple chance (sans effort). Un tel être n’est pas souillé par lesa actions.

334. Si non agir est le signe de l’illumination, même un infirme sera illuminé. La grandeur de
l’Illuminé consiste (non à s’engager dans l’action mais) à être libre du désir (du succès) et du
refus de l’échec).

335. Les actions accomplies par un libéré, lequel repose dans le Coeur, doit être vu comme une
personne en train de manger tombée endormie, mais partiellement éveillée et contrainte (par sa
mère) de manger.

336. N’ayant pas le sens d’être l’auteur de l’action, il [le jnânî] ne voit rien qui puisse le lier à
faire quoi que ce soit; ne voyant partout que le Soi, il n’est plus sujet aux doutes.

337. Celui qui répugne à faire l’expérience du Soi a le goût de l’argumentation; non le Sage.
Quand l’égo qui (seul) pourrait argumenter ne se montre pas du tout, alors “qui” demeure pour
goûter à l’argumentation?

338. Par erreur, (certains) ignorants disent que le libéré tout en voyant les différences, goûte
l’absence de différence en elles. Le mukta ne voit jamais les différences.

339. L’éternellement heureux qui a tué ce Sura (8), l’égo “je”, qui régit le monde à travers les
six sens, est le fils de Dieu.

340. Celui qui dit: “Je suis le corps” est le démon [asura] Naraka [l’enfer]; celui qui le vainquit
avec le disque [chakra], [dans sa quête] (du Soi) est Vishnou lui-même, le Sage [Srî Râmana]
qui est Vishnou nous l’a dit.

341. Le libéré qui est tel un enfant dans sa liberté envers les passions, et pur par l’extinction du
sens de la possession et de l’égoïsme, n’est jamais loin du giron de la Mère de tout, qui en
vérité est le sien.

342. Celui qui ayant réalisé l’Etat naturel, a transcendé (même) sattva (l’état d’esprit [de
pureté]] n’a plus le sentiment d’être l’auteur des actions, peut sembler parfois avoir l’état
d’esprit de rajas [de l’action], tel un miroir limpide.

343. La réalisation qu’en tout ce qui apparaît n’est que le Soi unique – lequel est pure
Conscience - , est (la vérité de) la vision égale du libéré.

42
344. L’arbre celeste [kalpataru] qui est immortel peut exaucer tous les désirs; il accorde ce qui
est demandé en bien ou en mal. Le saint guru ne donne que ce qui est bien [dharmique], même
s’il peut ne pas y être incliné.

345. Telles les abeilles se posant sur un lotus en fleur, les esprits de ceux qui approchent les
libérés dont leur coeur déborde du nectar de la paix, sont remplis de joie.

346. Celui qui s’immerge dans le regard des libérés qui ont transcendé la mort à travers
l’expérience du Soi, obtient l’immortalité, étant devenu conscient du vrai Soi à tavers Sa grâce.

347. Celui qui médite sur la véritable nature du jivanmukta, qui est identique à Shiva comme le
Soi de tout [de qui est] à travers la dissolution du mental, obtient l’expérience du Soi.

43
Chapitre 16
Conclusion

348. Mon absolue obéissance à Bhagavân Ramana Maharshi, mon propre Soi véritable, qui
m’est apparu comme guru et m’a fait sien – moi dans l’affliction comme prisonnier de mâyâ.

349. Longue vie à Arunachâla! Longue vie à Srî Râmana! Longue vie à ses dévots! Longue vie
(aussi) à ce Paramârtha Dipa, appelé Guru Ramana Vâchana Mâlâ!

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51
INDEX

Ie partie – p4 DISCRIMINATION
Chapitre 1, p5 - La Vérité sur le monde
Chapitre 2, p7 – L’état sans désir
Chapitre 3, p10 – Les trois états
Chapitre 4, p12 – La Vérité sur la servitude
Chapitre 5, p14 - La connaissance directe

IIe partie QUÊTE


Chapitre 6, p16 - Dévotion
Chapitre 7, p20 - La vérité du Guru
Chapitre 8, p22 - La quête du Soi
Chapitre 9, p25 - La conduite du sâdhaka

IIIe partie, p29 - EXPERIENCE


Chapitre 10, p30 - Libération
Chaoitre 11, p33 - Non dualité
Chapitre 12, p35 - Conscience
Chapitre 13, p37 – Le Vrai Soi-Brahman
Chapiitre 14, p39 – Le Silence
Chapitre 15, p40 – Le Libéré
Chapitre 16, p44 - Conclusion

Notes, p45

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