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Vie et mort
de l'image
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COLLECTION
FOLIO/ESSAIS
Régis Debray
Vie et mort
de l’image
Une histoire du regard
en Occident
Thonm* j. Ma iibrary
TRENT UNIVERSITY
PETERBOROUGH, ONTARIO
Gallimard
fi F 241 .P***
LA NAISSANCE
PAR LA MORT
Racines
Le stade du miroir
La détresse magique
La mort en péril
L'éternel retour
LA TRANSMISSION
SYMBOLIQUE
La parole muette
Transmission et transcendance
Le sens et le groupe
LE GÉNIE DU
CHRISTIANISME
N1CÉPHORE LE PATRIARCHE
L’Occident monothéiste a reçu de Byzance,
via le dogme de l’Incarnation, la permission de
l’image. Instruite par le dogme de la double na¬
ture du Christ et par sa propre expérience mis¬
sionnaire, l’Église chrétienne était bien placée
pour comprendre l'ambiguïté de l’image, à la
fois supplément de puissance et dévoiement de
l’esprit. D’où son ambivalence à l’égard de
l’icône, de la peinture, comme aujourd’hui de
l’audiovisuel. Cette oscillation n’est-elle pas
une sagesse? Devant l’Image, l’agnostique ne
sera jamais assez chrétien.
L’Occident a le génie des images parce qu’il y a
vingt siècles est apparue en Palestine une secte héré¬
tique juive qui avait le génie des intermédiaires. En¬
tre Dieu et les pécheurs, elle intercala un moyen
terme : dogme de l’Incarnation. C’est donc qu’une
chair pouvait être, ô scandale, le « tabernacle du
Saint-Esprit ». D’un corps divin, lui-même matière, il
pouvait par conséquent y avoir image matérielle.
Hollywood vient de là, par l’icône et le baroque.
Tous les monothéismes sont iconophobes par na¬
ture, et iconoclastes par moments. L’image est pour
eux un accessoire décoratif, allusif au mieux, et tou¬
jours extérieur à l’essentiel. Mais le patron des pein¬
tres a pour nom saint Luc. Le christianisme a tracé la
seule aire monothéiste où le projet de mettre les ima¬
ges au service de la vie intérieure n’était pas dans son
principe idiot ou sacrilège. La seule où l’image tou¬
che à vif l’essence de Dieu et des hommes. Le mi¬
racle n’est pas allé sans mal, et il reste ambigu. Il s’en
est fallu de peu que l’iconoclasme byzantin (et dans
une moindre mesure, calviniste, huit siècles plus
102 Genèse des images
L’interdit scripturaire
Un monothéisme dissident
La matrice Incarnation
La tentation du pouvoir
La révolution de la croyance
L’enjeu stratégique
VERS
UN MATÉRIALISME
RELIGIEUX
« L’efficacité symbolique »
Le vice héréditaire
L’obstacle humaniste
Le mythe de l'art
Chapitre V
La cage d’escalier
ANATOMIE
D’UN FANTÔME
« L’ART ANTIQUE »
« L’art grec » :
une hallucination collective?
Questions de vocabulaire
sans doute pas d’une autre nature que les traités tech¬
niques d’équitation, de diététique ou de médecine.
Pas d’allusion à la peinture dans les poèmes homé¬
riques. Quelques décors conventionnels mais peu
d’indications visuelles. Un trou pour le bleu dans la
gamme des couleurs, réduites à quatre fonda¬
mentales (comme les éléments d’Empédocle), blanc,
rouge, jaune et noir. Le bouclier d’Achille, au livre
XVIII de VIliade, résume le monde, avec ses cités,
ses vaches, ses champs, ses hommes et ses femmes,
ses armées, mais Héphaïstos, mi-métallurgiste mi-
orfèvre, n’est pas félicité pour son œil mais pour sa
main et sa force. Comme si l’exploit, dans cette mé¬
tamorphose de la Création, n’était pas le résultat ar¬
tistique en lui-même mais le travail surhumain qu’il
suppose.
La Grèce ancienne passe à juste titre pour le pays
du visible et de la lumière - où le divin est à contem¬
pler, quand chez les Juifs et les Arabes du désert il
s’invoque par des mots. « Tous les hommes désirent
naturellement savoir », dit Aristote au début de la
Métaphysique. Preuve en est la primauté du voir.
« En effet, non seulement pour agir mais même lors¬
que nous ne nous proposons aucune action, nous pré¬
férons la vue à tout le reste. La cause en est que la
vue est de tous nos sens celui qui nous fait acquérir le
plus de connaissances et nous découvre une foule de
différences '. » Les Grecs détachent la vue de l’expé¬
rience et de l’action pour l’accoupler à la connais-
Le cas romain
L’écho chrétien
LA GÉOGRAPHIE
DE L’ART
OSCAR WILDE
Tant que l’homme fixe le Ciel, il ne regarde
pas la terre ni les autres hommes Paysages et
visages profanes apparaissent à peu près au
même moment dans la peinture occidentale, car
on n’aime pas ce qu'on voit mais on voit ce qu’on
aime. La nature et l’art comme valeurs se sont
engendrés l’un l’autre. Peuvent-ils se survivre ?
Le paysage absent
La profanation du monde
L’après-paysage
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Les trois âges du regard 293
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294 Le mythe de l’art
L’écriture au commencement
L’ère de l’art
UNE RELIGION
DÉSESPÉRÉE
Le gai capital
L'art est né au XVe siècle avec le premier capita¬
lisme dans les centres urbains de l’économie-monde
d’alors : Venise, Florence, Bruges, Amsterdam. L’ère
du visuel correspond à la suprématie du capital fi¬
nancier (monnaie contre monnaie) sur le capital in¬
dustriel (monnaie contre marchandise). Les pro¬
dromes de cette relève remontent au début de ce
siècle, si du moins la première toile abstraite est
L’Aquarelle de Kandinsky, qui date de 1910. Jean-
Joseph Goux a montré la concomitance entre le coup
de force plastique et ces deux autres : passage de la
monnaie-or à la monnaie scripturale, inconvertible,
et passage de la langue-nomenclature (où une chose
égale un mot) à la langue-système (où un mot vaut
par sa différence avec d’autres mots) '.
Par son pouvoir de présentation, l’Idole mettait en
présence, au contact de l’Être en sa vérité divine, tou¬
jours identique à soi et fermé sur lui-même - d’où la
P ont if ex maximus
Le sublime et l’échec
Le savoir et le sens
Le symptôme alexandrin
L ’après-spectacle
Chapitre X
CHRONIQUE
D’UN CATACLYSME
ANDRÉ BRETON
Photographie, cinéma, télévision, ordinateur :
en un siècle et demi, du chimique au numérique,
les machines de vision ont pris en charge l’an¬
cienne image « faite de main d’homme ». Il en
est résulté une nouvelle poétique, soit une réor¬
ganisation générale des arts visuels. Chemin
faisant, nous sommes entrés dans la vidéo-
sphère, révolution technique et morale qui ne
marque pas l’apogée de la « société du spec¬
tacle » mais sa fin.
Le premier choc des photos, 1839
Le « roi-cinéma », 1895
La fin du spectacle
LES PARADOXES
DE LA VIDÉOSPHÈRE
SERGE DANEY
Le visuel commence où finit le cinéma. Le
dernier état du regard retrouvant nombre de
propriétés du premier, le signal vidéo autorise
une idolâtrie d’un nouveau type, sans tragique.
La différence est que si l’image archaïque et
classique fonctionnait au principe de réalité, le
visuel fonctionne au principe de plaisir. Il est à
lui-même sa propre réalité. Inversion qui ne va
pas sans risques pour l’équilibre mental du col¬
lectif
L’archaïsme post-moderne
Télé-communication
et ciné-communion
Visiomorphoses
L’impensé collectif
DIALECTIQUE DE
LA TÉLÉVISION PURE
L’organe de la démocratie
L’ouverture au monde
La conservation du temps
« L’effet de réalité »
RENÉ CHAR
Feuillets d'Hypnos
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7
La servitude, c’est le renversement par l’homme
du médiatisé en immédiat. Ou de ce qui dépend de
lui en quelque chose d’indépendant et de tout-
puissant. Le sujet reçoit comme implacable et natu¬
rel ce qui est artificiel, construit par ses propres dis¬
positifs. Il prend pour objet à percevoir, passivement,
ce par quoi il perçoit activement. Il s’ignore donc
créateur, source de ses images (comme hier de Dieu
ou de la vérité). Elles lui « tombent dessus » comme
la grêle ou l’orage quand c’est son propre système de
représentation qui les a « lancées ». Mécanisme clas-
Douze thèses sur l’ordre nouveau 499
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1. LA NAISSANCE D A R LA MORT
Avant-propos
III. L’APRÈS-SPECTACLE
Œuvres littéraires
Œuvres philosophiques.
Œuvres politiques.
135943
0 164 0521031 5
Régis Debray
Vie et mort de l'image
Une histoire du regard en Occident
Hb essais
9 7820 70 328727 ISBN 2-07-032872-4 A 32872 catégorie Fl 3