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Prénom : Cédric

Nom : KPE-AGADJATON
LScience Po, Paris 8

Cours : Politiques des Sciences et de l’Environnement

A - Débat Scientifique autour du glyphosate


Le glyphosate est une substance moléculaire qu’on retrouve dans les herbicides et les
pesticides généralement utilisés par les agriculteurs, les gestionnaires de terre et les jardiniers . C’est
un désherbant très puissant et non sélectif qui agit sur toutes les chaînes de synthèse d’une plante. Ce
produit agrochimique est principalement utilisé pour éradiquer toutes les plantes des champs avant d’y
semer de nouvelles cultures. Sa combinaison avec d’autres produits chimiques a accru son efficacité
dans le domaine de l’agriculture.

Devenu très incontournable dans certains modes de culture quelques années après sa
découverte par les gestionnaires de la terre, le glyphosate est très peu coûteux et se révèle très efficace
après son utilisation. Notamment commercialisé par l'un des géants des agrochimiques (Monsanto
devenu aujourd'hui Bayer), le Roundup (contenant du glyphosate) un peu trop efficace, suscite des
interrogations sur sa dangerosité pour l’homme, l’environnement et certaines espèces animales.

Jusqu’à ce jour, les avis semblent être controversés sur la question des impacts du glyphosate
sur la santé humaine, sur l’environnement et sur les animaux suite à de nombreuses études
scientifiques contradictoires sur le sujet. En effet depuis mars 2015, plusieurs centres de recherches
scientifiques , des experts scientifiques et des instituts de santé et de recherche médicale ont démontré
les risques probables du glyphosate sur la santé humaine.

Selon le rapport d’études du Centre Internationale de Recherche sur le Cancer (CIRC) sous
contrôle de l’OMS, le glyphosate a été annoncé comme étant une substance « cancérogène probable
» chez l’homme. Entre experts scientifiques à travers diverses études , les avis sont partagés sur cette
probabilité cancérogène chez l’homme.

Par ailleurs, le document 1 « Ce qu’il faut retenir des négociations européennes sur le
glyphosate », illustre assez bien la controverse existant sur la question et m jeême dans l’espace
Union Européenne entre le Parlement et la Commission. La commission qui d’une part, propose un
prolongement de la licence du glyphosate pour une durée comprise entre 5 et 7 ans tandis que le
Parlement Européen d'autre part, demande un vote pour interdire l'utilisation de la substance au sein
de l’espace. Ce qui montre une absence d'unanimité sur la question.

Le débat reste donc centralisé autour de la dangerosité de la substance sur la santé humaine et
sur l’environnement en général. Autrement dit , le débat scientifique qui se mène depuis un certain
nombre d'années est centralisé sur la toxicité (risque cancérigène probable) du glyphosate sur la vie
humaine, et la certitude cancérigène chez les animaux.

En nous référant à la définition du mot « puzzle » selon Toshkov dans son ouvrage Research

design, cette polémique scientifique autour de l’utilisation et la dangerosité du glyphosate sur la santé
humaine, l’environnement et les espèces animales, constitue un véritable puzzle dans la question de
transition écologique et action publique environnementale.

Cependant autour de cette grande polémique scientifique, sont mobilisés bon nombre
d’acteurs dont les avis sont assez divers et contradictoires sur la nature toxique de la substance.

B- Les Acteurs mobilisés autours du sujet

Depuis le début des années 2000, le glyphosate fait partie des désherbants ayant été confronté
à une multitude de critiques pour ses impacts environnementaux et sanitaires. Notamment connu pour
son efficacité et son coût très peu cher, le glyphosate est autant critiqué que son utilisation à travers le
monde. Qualifié cancérigène probable pour l’Homme depuis Mars 2015 par le Centre International de
Recherche sur le Cancer (CIRC), la substance moléculaire est au cœur d’une controverse scientifique
où s’affrontent différentes études scientifiques et protagonistes qui manifestent des désaccords sur son
utilisation et sa toxicité pour l’être humain.

Ce désherbant (le Roundup contenant du glyphosate) est à l’origine de l’un des plus grands
scandales sanitaires et industriels mettant enjeux plusieurs acteurs qui usent de tous moyens et
stratégies pour défendre leurs positions (manipulations de données scientifiques, corruptions,
désinformations, communication , jeux d’influence…).

Parmi ces multiples acteurs impliqués dans ce grand scandale, nous avons l’entreprise
Monsanto-Bayer qui semble être le principal acteur. Suite à l’annonce d’une probable toxicité du
glyphosate par le CIRC, Monsanto-Bayer tente de prouver une contradiction dans le rapport sorti par
le CIRC. Il aurait procédé par manipulation de données scientifiques et lobbying en rédigeant des
études contraires au rapport du CIRC. Le but serait de dissimuler le caractère nocif du glyphosate sur
la santé humaine et surtout influencer les données des agents étatiques chargés de la santé.Cette
stratégie est qualifiée de « ghostwriting ». Également, par moyens de corruption des experts
scientifiques ; des procédures de désinformations à travers notamment ce programme de « let nothing
go » qui veut dire « ne rien laisser passer » afin de mener une guerre d’influence sur les médias , les
réseaux sociaux et le web-net tout en postant des contenus favorables et sans danger sur l’utilisation
du glyphosate.

Le géant de l'agrochimie américaine se retrouve être acteur dans un scandale sanitaire où


corruption, manipulation, lobbying et guerre médiatique sont employés comme moyens. Comme
principal argument, le glyphosate ne présente aucun danger sur la santé humaine ou espèce animale
selon Monsanto-Bayer.

Ensuite, nous avons les organisations, institutions politiques et étatiques. Selon le rapport du
CIRC, le glyphosate est probablement dangereux pour la santé humaine. Le FAO, dans un rapport de
2016 estimait que le risque n’est pas avéré. Dans cette foulée d’études, le Parlement Européen penche
en faveur d’une interdiction de l’utilisation de la substance dans l’espace UE en procédant à un vote
parlementaire. La Commission quant à elle , soutient un renouvellement de la licence du glyphosate.

Nous avons également les associations (Initiative Citoyenne Européenne) qui procèdent par
appel à signature de pétition qui se trouve être un moyen de pression politique à caractère législatif a
cause du vote. L’objectif serait d’amener la commission européenne à interdire l’utilisation du
glyphosate et reformer également les procédures d’approbation des herbicides dans l’espace Union
Européenne. Le moyen principal utilisé est la signature d’une pétition par un million de personnes,
d'entreprises et autres.

Enfin, nous avons les agriculteurs regroupés en syndicat et formant une fédération qui sont
contre cette mesure d’interdiction jugeant ainsi les risques non avérés ; les médias et réseaux sociaux
qui relaient toutes les informations sur la substance et le reste de la population victimes de la
dangerosité du glyphosate.

Dans le même temps, on pourrait se poser la question de l'objectivité de la science. Ces


différents acteurs manipulent des études scientifiques dans le but de servir leurs intérêts privés et
publics. La question environnementale et ses enjeux sont désormais soumises à acteurs publics-privés
guidés par des intérêts commerciaux et personnels

Toutefois, il est évident que le glyphosate fait aujourd’hui l’objet de nombreuses batailles
réglementaires et judiciaires qui cache bien des enjeux d’ordre économique, politique,
social,environnemental et même des enjeux institutionnels. Sur le plan économique, les pertes
pourront être chiffrées en millions de dollars en même temps que l'environnement perdra
progressivement sa biodiversité… Quels sont donc les enjeux politiques et institutionnels liés à
l’interdiction du glyphosate dans l’espace Union Européenne?

C- Les enjeux liés à l’interdiction du glyphosate

Jusqu’à ce jour, la question d’interdiction du glyphosate demeure toujours non tranchée.


Malgré les nombreuses études scientifiques toutefois controversées, le nombre d’un millions et plus
de pétitions signées, la problématique liée à l'utilisation de ce désherbant dans l’espace Union
Européenne rencontre des difficultés d’unanimité sur la solution de sortie. Alors, se pose donc la
question des enjeux qu’implique une telle décision.

Sur le plan politique ,les questions d’ordre climatique et environnemental jouent un rôle
crucial dans les élections présidentielles. La problématique sur l’interdiction et la sortie du glyphosate
était prise avec grand sérieux. Les enjeux environnementaux et les risques climatiques sont souvent
utilisés comme moyens d’accroissement du taux de pourcentage électoraux. En effet, lors des
élections présidentielles de 2017, Emmanuel Macron dans ses campagnes électorales a promis de
sortir la France du glyphosate.

En novembre 2017 après son élection, le président s’est donc engagé à interdire d'ici trois ans
l’utilisation du glyphosate en France avant de se rétracter en 2019, sous la pression du principal
syndicat agricole. Jusqu’à ce jour , on constate toujours les difficultés politiques que rencontre la
question au Parlement, à la Commission , par rapport au projet de loi. Plusieurs fois de suite la
décision de vote pour trancher la question fut reporté sur l’année 2023.

En 2017, nous pouvons également constater le rôle crucial qu’a joué l’Allemagne dans le
projet de prolongation du glyphosate en Europe suite à un succès des accords de partenariat trouvés
avec Bayer dans le but d’avoir une majorité gouvernementale. Rappelons que Angela Merkel était sur
le point de s’abstenir du vote. Suite à cette alliance, l’Allemagne penche plutôt pour une prolongation.

En ce qui concerne les enjeux institutionnels la question de sortie du glyphosate semble être
très sensible nécessitant donc l’implication de plusieurs organisations et institutions. En 2015, les
quatres pays rapporteurs membres de l’union européenne ( la France, la Hongrie, les Pays-Bas et la
Suède) ont conclu que le pesticide n’était ni cancérogène, ni toxique, ni mutagène, c’est-à-dire qu’il
ne favorise pas l’apparition d’un cancer, qu’il n’altère pas la fertilité et qu’il n'est pas source de
mutations chez l’Homme.

Cette conclusion a conduit 37 organisations non gouvernementales à signer une pétition afin
de mettre une pression sur les institutions en charge de la question. Ce qui rappel que les enjeux
environnementaux sont appréhendés au regards des intérêts que chaques acteurs trouvent en
participant à la recherche d’une solution

Sources et liens
● https://solidaires.org/initiative-Citoyenne-Europenne-ICE-STOP-Glyphosate-plus-que-
3-semaines-pour
● Le glyphosate est génotoxique et « cancérogène » pour l’animal et « cancérogène probable »
pour l’homme selon l’expertise collective du CIRC (Centre international de recherche sur le
cancer), agence de l’Organisation mondiale de la Santé. Rapport « Some Organophosphate
Insecticides and Herbicides. IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to
Humans Volume 112 » mars 2015.
● Sur les questions de santé, voir également l’expertise collective de l’INSERM (Institut
national de la santé et de la recherche médicale) « Pesticides et effets sur la santé : Nouvelles
données », juin 2012.
● L’omniprésence du glyphosate dans l’environnement en France est détaillée dans le rapport «
Fiches technico-économiques sur les substances chimiques en France : Glyphosate et ses
principaux composés » INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des
risques), Mars 2020

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