Vous êtes sur la page 1sur 42

Etude d’Impact

sur
l’Environnement

Pr. Ahmed BAHLOUL


ahmbahloul@yahoo.fr Université de Bordj Bou Arréridj
Définition
• L’étude d’impact sur l’environnement (EIE) est un instrument
réglementaire, technique et scientifique, de planification, de gestion et
d’aide à la prise de décisions.
• En tant qu'instrument scientifique, l’étude d’impact sur
l’environnement permet d'identifier ; de prévoir et d'évaluer les
conséquences dommageables sur l'environnement des projets de
développement, constructions,… etc.
EIE & AE
L'étude d'impact sur l'environnement (EIE) c'est une évaluation
effectuée a priori qui porte nécessairement sur une activité de l'homme qui
n'est pas encore réalisée. Elle se distingue ainsi des audits
d'environnement (AE) qui, eux, vérifient l'impact de certaines activités
après leur réalisation.
L'EIE est considérée comme un instrument utile voire
indispensable à la préparation d'un projet susceptible de porter atteinte à
l'environnement, par exemple, en cas de changement d'alignement
d'autoroute, de réduction de la hauteur d'un barrage, ou de construction
d'un port, installation d’une zone industrielle. Elle peut également porter sur
des lois, plans et programmes relatifs à la protection de l'environnement.
Objectifs de l’EIE
Globalement, l’EIE aspire à prévoir, réduire et légitimer l’impact
environnemental du développement. Spécifiquement, trois objectifs
distincts mais convergents:
 Connaître avec justesse et précision l’importance (ampleur) de l’impact
sur l’environnement d’un projet ou programme.
 Réduire les conséquences néfastes de l’intervention (projet ou
programme) par la mise en place des mesures d’atténuation.
 Être une composante importante dans le processus de décision politico-
sociale. (Acceptation ou rejet du projet).
Historique de l’EIE
L’évolution historique de l’ÉIE est couramment caractérisée par
l’existence de trois grandes périodes ou phases de développement:

NEPA: National Environmental Policy Act


Historique de l’EIE
En Algérie :

 L’EIE a été explicitée juridiquement et techniquement par les


dispositions du Décret exécutif n°90-78 du 27 Février 1990 relatif à
l’étude d’impact sur l’environnement.

 L’EIE devient une exigence préalable à toute autorisation administrative


demandée pour la réalisation de nouvelles unités ou activités en vertu
de la promulgation du Décret exécutif n°98-339 du 03 Novembre 1998
définissant la réglementation applicable aux installations classées et
fixant leur nomenclature.
Qui prépare une EIE?

Selon le système d’EIE, la responsabilité de produire une EIE sera


assignée à l’une des deux parties:
 L’agence gouvernementale ou ministère;
ou
 Le promoteur du projet.
Si les lois de l’EIE le permettent, n’importe quelle partie peut choisir
d’embaucher « un consultant » pour préparer l’EIE ou gérer des portions
spécifiques du processus de l’EIE, tels que la participation du public ou
des études techniques.
Processus d’une EIE

 le processus d’EIE permet d’identifier les possibles effets


environnementaux d’une activité proposée et la manière d’atténuer ces
effets.
 Le concept de l’ÉIE varie d’un endroit à l’autre et il évolue dans le
temps, chaque procédure est donc spécifique à son pays ou État
d’adoption à un moment donné et selon la réglementation de chaque
pays.
 Il n’existe un processus d’EIE unique, mais il est possible, au moins en
théorie, de proposer un processus type.
Processus d’une EIE

Le schéma de la figure
suivante présente de façon
simplifiée les six grandes
étapes éventuellement
incontournables de l’ÉIE.
Processus d’une EIE
Processus d’une EIE

Les principales étapes d’ÉIE :


 l’identification,
 la prédiction,
 l’évaluation
 et le suivi.
Elles font suite aux étapes « d’évaluation environnementale
initiale» (screening) et de cadrage (scoping). Le cheminement possible de
l’examen, entre le moment de dépôt du projet et celui de sa réalisation en
passant par l’évaluation détaillée, est ici très bien illustré.
Les diverses prises de décision concernant la marche à suivre
pour chaque projet particulier sont clairement indiquées. Il en est de même
des différentes rétroactions possibles sur les étapes ultérieures de
l’examen, ainsi que pour les raccourcis éventuels.
Le contenu d’une EIE
L’étude d’impact doit comporter les points suivants :
 Une description globale de l’état initial des sites susceptibles d’être
affectés par le projet de construction

 Une description des principales composantes, caractéristiques et


étapes de réalisation du projet.

 Une évaluation des impacts positifs, négatifs et nocifs du projet sur le


milieu récepteur :
 Les effets sur l’environnement : effets permanents et temporaires
(chantier), effets directs/indirects, effets cumulatifs. (ne se limite
pas seulement au périmètre du terrain où le projet doit être réalisé,
et doit avoir une vue globale sur l’environnement).
 Les effets sur la santé
 Les raisons pour lesquelles, du point de vue de l’environnement, le
projet a été retenu. Les différentes alternatives possibles sont
comparées , et la solution retenue est justifiée.
Le contenu d’une EIE
 Les mesures envisagées pour supprimer, réduire ou compenser les
conséquences dommageables du projet sur l’environnement.

 Un programme de surveillance et de suivi de projet.

 Une présentation concise portant sur le plan juridique et institutionnel.

 Une note de synthèse récapitulant le contenu et les conclusions de


l’étude.

 Un résumé simplifié (ou technique) des informations et des principales


données contenues dans l’étude destiné au public.
Le contenu d’une EIE
Le contenu du rapport de l’EIE comprend les éléments présentés dans
les sections suivantes:
Page Titre

Résumé

Introduction

Description du projet

Description de l’environnement du site du projet

Rapport de la descente sur le terrain

Inventaire et description des impacts du projet sur l’environnement et


les mesures d’atténuation de compensation et d’optimisation
envisagées

Conclusion

Bibliographie

Annexes
Le contenu d’une EIE

 Page titre : faisant ressortir le nom du promoteur du projet, le titre du


document, le nom du bureau d’études ayant réalisé l’étude, la date
d’édition, le volume ou la version du rapport.

 Résumé : des informations spécifiques requises en langage simple (en


français et en anglais).

 Introduction : La description et l’analyse de l’état initial du site et de son


environnement physique, biologique, socio-économique et humaine,
une description et une analyse de tous les éléments et ressources
naturels, socioculturels susceptibles d’être affectés par le projet, ainsi
que les raisons du choix du site.
Le contenu d’une EIE
 Description du projet : Présentation et analyse des alternatives ;Raisons
du choix du projet parmi les autres solutions de rechange ;Identification
et évaluation des effets possibles de la mise en œuvre du projet sur
l’environnement naturel et humain ;Indication des mesures prévues pour
éviter, réduire ou éliminer les effets dommageables du projet sur
l’environnement ;Programme de sensibilisation et d’information ainsi
que les procès-verbaux des réunions tenues avec les populations, les
organisations non gouvernementales(ONG), les syndicats, les leaders
d’opinions et autres groupes organisés, concernés par le projet.

 Description de l’environnement du site du projet et de la région (Plan de


Situation) : Situation géographique - Situation géologie - Situation
sismicité -Situation climatique - Pluviométrie - Température -
Evaporation - Les vents - Variation saisonnière - Humidité - Ressources
biologiques.
Le contenu d’une EIE
 Rapport de la descente sur le terrain : La descente sur terrain permis de
vérifier la situation du site, en vue d’un lever géologique exige une
préalable préparation, celle-ci nous oblige à récolter tous les
équipements possibles et documents cartographiques qui nous
permettront de faire un bon lever sur terrain. Elle en outre permis de
collecter les échantillons des espèces indéterminées sur terrain et la
prise des photos illustratives de la situation des références.
Pour les usines et les unités de production, on doit décrire
l’organigramme de l’unité, le fonctionnement des ateliers et les
processus de fabrication des différents produits, hangar de stockage
des matières premières, laboratoire de contrôle, unité de l’air comprimé,
station de traitement de l’eau, la station d’épuration des effluents
liquides, parking, administration, bilan quantitatif et qualitatif des entrée,
énergie, eau, matières premières et produits chimiques, bilan les
entrants et sortants.
Le contenu d’une EIE
 Inventaire et description des impacts du projet sur l’environnement et
les mesures d’atténuation de compensation et d’optimisation
envisagées : Impact des déchets sur l’environnement ou le milieux
récepteur- Impact de sol- Pollution atmosphériques -Principaux
polluants - Émissions sonores - Nuisance olfactive - Effluents liquide -
Recueil des déchets - Pollution des eaux - Pollution atmosphérique -
Déchets solides - Nuisances sonores - Calcification les déchets -Les
danger et les risque - Type de dangers et risques possibles - Etude des
dangers du déchet.

 Conclusion ;
 Bibliographie ;
 Annexes.
Démarches administratives en Algérie
Les démarches administratives à suivre sont :

 Etape 1 :Le promoteur élabore à ses frais l’étude par un bureau d’étude
agréé par le Ministère chargé de l’Environnement,
 Etape 2 :Le promoteur dépose l’étude auprès du Wali,
 Etape 3 :Le Wali transmit l’étude à la direction de l’environnement pour
examen,
Si l’étude est acceptée, le Wali ouvre l’enquête publique.
Si l’étude n’est pas acceptée, un complément d’informations est demandé.
 Etape 4 :Le Wali ouvre l’enquête par arrêté et désigne un commissaire
enquêteur pour veiller au respect des procédures,
 Etape 5 :L’arrêté portant l’ouverture de l’enquête publique est porté à la
connaissance du public par :
 voie d’affichage au siège de la wilaya, de la commune concernée,
 au niveau de deux quotidiens nationaux,
 Etape 6 :Le wali invite toute personne à prendre connaissance du
contenu de l’étude et à formuler son avis.
Démarches administratives en Algérie

 Etape 7 :Les services techniques déconcentrés sont saisis pour avis


aux mêmes moments,
 Etape 8 :Le wali invite toute personne à prendre connaissance du
contenu de l’étude et à formuler son avis dans un délai de 15 jours,
 Etape 9 :Les services techniques déconcentrés sont saisis pour avis,
 Etape 10 :Le dossier de l’étude est transmis pour approbation selon le
cas:
 Au Ministère chargé de l’Environnement pour les EIE,
 A la Direction de l’Environnement de Wilaya.
 Etape 11 :La décision d’approbation ou de rejet est notifiée au
promoteur par le wali,
 Etape 12 :En cas de rejet le promoteur peut introduire un recours
administratif et un nouvel examen sera effectué.
Délais de la procédure
Les délais exigés par la procédure sont pour:

 Le promoteur dispose d’un délai d’un mois pour fournir le complément


demandé.
 La durée de l’enquête ne doit pas excéder un mois à partir de la date
d’affichage.
 Un délai de quinze jours est accordé à la population pour formuler leurs
avis et observations.
 L’examen du dossier de l’étude ou de la notice ne doit pas excéder
quatre mois à partir de la date clôture de l’enquête.
Outils d’évaluation des impacts
Les méthodes d’expertise et outils regroupés sont ceux qui
reposent avant tout sur une opinion d’expert. La plupart du temps les
méthodes d’expertise reflètent une expertise antérieure. C’est le cas
notamment des listes de contrôle, mais quelquefois il s’agit plutôt d’une
expertise actuelle ou en devenir, comme dans l’emploi de l’enquête Delphi,
par exemple. Cette expertise se retrouve donc sous diverses
configurations. Ces méthodes sont employées fréquemment et depuis fort
longtemps en ÉIE, et on peut prétendre sans exagérer qu’il est très rare de
retrouver une étude n’ayant aucunement fait appel à une forme ou une
autre d’expertise.
Il existe différentes méthode d’expertise dans l’étude d’impact sur
l’environnement:
 Listes de contrôle ;
 Fiche d’impact ;
 Méthodes ad hoc ;
 Enquête Delphi.
Outils d’évaluation des impacts
a) Listes de contrôle

Il existe trois types de listes de contrôle :

 listes simples qui énumèrent les effets d’un projet type ;


 listes descriptives décrivent les principaux effets, voire les mesures de
suppression, de réduction ou de compensation ;
 listes-questionnaires comportent des questions élémentaires regroupées
par catégories d’effets.

Les listes de contrôle sont connues par l’identification des


paramètres à considérer, sans les apprécier. Par leur intégration dans les
autres méthodes d’identification ou d’évaluation spécifiques à des types de
projet. La liste spécifique de paramètres environnementaux traduisant des
impacts potentiels, ou liste d’actions reconnues comme source d’impacts
potentiels.
Outils d’évaluation des impacts
Pour les avantages de cette méthode d’expertise « Listes de contrôle » :
 Relative et simple;
 Rapide identification des paramètres à prendre en compte;
 Expertise antérieure utilisée.

et les inconvénients sont :


 Aide-mémoire peut être incomplet;
 Absence d’interrelations entre causes, effets et impacts;
 Absence d’évaluation des impacts.

La liste des activités montre par contre une liste de contrôle simple.
Elle est classique dans sa forme et pratique à utiliser en tant qu’aide-
mémoire. Elle ne propose aucune forme d’évaluation; sa seule fonction est
strictement indicative.
La présentation graphique est nette et ordonnée, ce qui permet une
visualisation rapide des résultats. Elle permet d’identifier (cocher les cases
appropriées) les paramètres présents dans le projet à l’étude de façon active
et simple.
Outils d’évaluation des impacts
Une autre liste, répertoriant cette fois les éléments de
l’environnement, viendrait s’adjoindre et compléter celle-ci. Ces deux listes
peuvent servir éventuellement à construire une matrice des interactions
(activités du projet versus éléments de l’environnement)
Outils d’évaluation des impacts
b) Fiche d’impact

L’emploi de «fiches d’impact» est une pratique courante en


évaluation d’impacts. La fiche d’impact est un des outils employés comme
support de l’information de plusieurs méthodes d’évaluation. Toutefois, son
emploi fort répandu et l’étendue de son application (somme de données
possibles), en tant qu’instrument d’identification et de support à l’information,
en font au même titre que la liste de contrôle un outil bien particulier de l’ÉIE.
Nous ne présentons qu’un seul exemple de la grande variété de
modèles possibles, le principe général pouvant en être aisément suivi et
développé selon les besoins particuliers de chaque projet. La somme des
informations qui s’y retrouvent peut parfois être très importante. La figure …
montre un modèle récent de fiche d’impact, mais la plupart des fiches sont
souvent plus simples. L’information concerne habituellement un certain
nombre des caractéristiques de l’identification et de l’évaluation de l’impact.
Outils d’évaluation des impacts
Dans l’exemple présenté ici, nous trouvons de manière assez
élaborée un grand nombre des sujets courants, à savoir l’identification et la
description de l’impact, l’évaluation de l’impact potentiel, l’évaluation finale de
l’impact, c’est-à-dire l’impact résiduel, ainsi que l’ajout de mesures
d’atténuation et l’élaboration de mesures de compensation. La manière
d’évaluer en deux phases complètes les impacts (impact potentiel et impact
résiduel) est plutôt rare, mais elle s’avère fort utile pour le contrôle et le suivi.

Étant donné la diversité de langage et de style des résultats obtenus


en provenance des diverses disciplines impliquées en ÉIE, la fiche d’impact
s’avère un outil fort commode de compilation des données. La
standardisation permise grâce à ce support uniforme permet une codification
efficace de l’information et par la suite un moyen rapide de recherche de
renseignements. Cette efficacité est importante en raison de la nature
disciplinaire de la caractérisation du milieu et de la prédiction des impacts, ce
qui engendre une très grande variabilité dans la description et la présentation
des résultats.
Outils d’évaluation des impacts

Par l’emploi de fiches standardisées, il est plus facile de repérer


ensuite l’information complète au sujet d’un impact donné. Le contrôle et
l’accès aux données en sont considérablement facilités.

La fiche d’impact offre une vue incomplète de l’évaluation de l’impact


d’un projet, elle ne peut contenir tous les paramètres et les aspects
nécessaires à un examen entier. Toutefois, elle expose adéquatement les
différents impacts environnementaux et elle représente un complément
opportun, voire indispensable, des autres méthodes d’ÉIE et tout
particulièrement des approches matricielle et cartographique.
Outils d’évaluation des impacts
Outils d’évaluation des impacts
Outils d’évaluation des impacts
c) Méthodes ad hoc

Les multiples méthodes ad hoc sont expressément destinées à un


emploi bien particulier, d’où leur dénomination. En réalité, on pourrait
regrouper sous cette appellation toutes les méthodes inclassables sous un
autre nom. Bien souvent, il s’agit d’une démarche méthodologique
s’appuyant sur plusieurs méthodes consacrées, mais appliquées d’une façon
originale à l’objet d’étude. En ce sens, les méthodes regroupées sous ce titre
sont très diversifiées ; elles peuvent être plus ou moins complètes et
complexes selon le cas. Conséquemment, on retrouve sous cette appellation
une grande variété d’études, des plus rudimentaires, comme un court texte
descriptif des grands enjeux environnementaux, aux plus complexes,
certaines parmi les meilleures études réalisées à ce jour. Les méthodes ad
hoc furent développées à partir de l’expérience et du jugement des
évaluateurs et elles ne sont habituellement applicables qu’à un seul cas. La
base méthodologique de l’approche ad hoc est donc l’expérience et l’intuition
des spécialistes (évaluateurs d’impacts) qui fournissent des lignes générales
sur le type et la nature des impacts anticipés d’un projet précis.
Outils d’évaluation des impacts
À l’origine, les méthodes ad hoc constituaient souvent une première
ébauche méthodologique de l’évaluation environnementale. En ce sens,
certaines pourraient constituer aujourd’hui une étude préliminaire d’ÉIE. Elles
ne constituaient alors qu’une première approximation de l’impact
environnemental par le simple relevé des impacts en cause.
Depuis quelques années, certaines études ad hoc montrent un degré
de sophistication qui va bien au-delà d’une première approximation. Les
auteurs de ces études emploient alors une méthodologie bien particulière
faisant appel, dans la plupart des cas, à une panoplie de techniques et de
résultats en provenance des autres méthodes. Ces études relèvent alors des
méthodes d’évaluation, ayant dépassé et de loin l’élémentaire identification.
Outre la monotone énumération textuelle des différents éléments de
l’environnement et des impacts appréhendés, il existe bien peu de méthodes
ad hoc d’identification. En ce qui concerne l’identification, les listes de
contrôle et les réseaux, ainsi que la superposition, occupent pratiquement
tout le champ des possibilités.
Outils d’évaluation des impacts
Comme sa dénomination le prescrit, la locution ad hoc signifiant
«pour cela », il ne peut exister de modèle type de méthode ad hoc. Nous ne
pouvons donc que présenter des exemples précis parmi tant d’autres. Dans
le même ordre d’idées, il ne peut y avoir vraiment de méthode pionnière;
nous présentons par conséquent deux approches originales. La première est
une approche simple applicable à l’examen d’un projet précis; la seconde est
beaucoup plus complexe et concerne une évaluation stratégique d’impact,
c’est-à-dire un examen plus global à propos d’une éventuelle politique
énergétique.
La méthode ad hoc que nous présentons ici est une démarche
simple d’évaluation de projet employée aux États-Unis au début des années
1970. Les évaluateurs d’un projet précis transmettaient ainsi une réponse
originale et provisoire à la Loi américaine de protection de l’environnement
(NEPA), qui imposait l’ÉIE dans le processus d’acceptation des projets de
développement.
Outils d’évaluation des impacts
Outils d’évaluation des impacts
Le tableau montre une synthèse des résultats obtenus ainsi que les
paramètres employés par cette méthode particulière. Les éléments habituels
de l’environnement, tels que la faune, les espèces menacées et la conformité
aux plans régionaux, sont passés en revue selon un nombre restreint de
critères d’évaluation, tels que l’absence d’effet, les impacts à long terme et
l’irréversibilité de l’impact. Il n’y a pas de cotation pour la grandeur ou
l’importance de l’impact ; une simple mention (x) détermine la présence du
paramètre pour chacun des éléments de l’environnement. Il est intéressant
de noter que le premier paramètre, «pas d’effet », est d’un grand intérêt
malgré son apparente inutilité. En effet, il permet d’indiquer clairement que
l’élément de l’environnement en question a bel et bien été examiné et
qu’aucun impact n’a pu être identifié, évitant ainsi tout questionnement
ultérieur à cet effet. Il est aussi étonnant de remarquer que les propriétés à
long terme des impacts faisaient déjà partie des critères d’évaluation. Enfin,
les impacts indéterminés étaient clairement soulignés comme tels par les
évaluateurs, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas encore
aujourd’hui, malgré la présence constante de ceux-ci dans la plupart des cas
à l’étude.
Outils d’évaluation des impacts
c) Enquête Delphi

L’enquête Delphi n’est pas à proprement parler une approche


spécifique d’évaluation des impacts environnementaux; il s’agit plutôt d’une
technique générale d’acquisition des connaissances. L’enquête Delphi est un
procédé d’obtention de consensus auprès d’experts sur un sujet donné de
recherche. Nous n’entrerons pas ici dans les éléments détaillés de cette
technique; toutefois, au cours de l’examen des méthodes d’ÉIE, nous
verrons des applications concrètes issues de cette technique de résolution
de problèmes, notamment lors de l’examen des méthodes numériques
(Batelle).
Dans sa forme classique, cette méthode vise à confronter les
opinions d’un groupe d’évaluateurs (experts du domaine) à l’aide de
questionnaires successifs. L’objectif est d’accéder à une réponse commune
et satisfaisante sur un sujet pour lequel il n’en existe habituellement pas, et
ce, par consensus progressif de l’opinion des experts.
Outils d’évaluation des impacts
L’enquête Delphi est donc une approche basée avant tout sur les
techniques et les stratégies de communication. En ce sens, la démarche de
quête de l’opinion d’experts s’apparente plus au domaine des arts qu’aux
sciences.
En pratique, cette méthode est utilisée «pour l’appréhension de
questions où les données sont insuffisamment structurées et où, en
conséquence, une bonne part de jugement et d’intuition entre en jeu ». Il
s’agit là d’une situation très fréquente en évaluation environnementale et,
conséquemment, l’enquête Delphi est souvent employée de manière
intégrale ou le plus souvent de façon abrégée. La démarche générale de
l’enquête se base sur le principe de rétroactions successives.
Un questionnaire de départ est envoyé à une série d’experts. Les
réponses sont par la suite analysées par le comité d’organisation de
l’expérience. Les résultats sont renvoyés aux mêmes experts afin qu’ils
réévaluent leur propre position à l’aide des réponses fournies par les autres.
L’éventail des réponses possibles se précise et se dirige ainsi peu à peu vers
un certain consensus. Bien qu’il existe une foule de variantes à cette
méthode, la démarche comporte généralement plusieurs étapes.
Outils d’évaluation des impacts
Le questionnement de départ auquel on veut répondre grâce à cette
technique de consultation doit être formulé de façon souple, mais de manière
tout de même assez précise afin de délimiter clairement le domaine
d’investigation. Les répondants, quant à eux, doivent être choisis d’après des
critères de sélection rigoureux et selon leurs connaissances ou leurs
expériences. Cette opération de choix des experts est cruciale et
déterminante pour la réussite de la démarche.
Plus précisément, le «questionnaire 1» est élaboré en fonction des
interrogations de départ et envoyé aux répondants (experts) retenus. L’étape
suivante est l’analyse des réponses obtenues afin de dégager et de
regrouper les réponses similaires. Un deuxième questionnaire, pouvant
contenir des questions plus précises, est alors conçu et envoyé de nouveau
aux experts en compagnie des réponses fournies par les autres répondants.
Les répondants doivent, à cette étape cruciale, préciser, choisir et/ou
commenter leur position «finale». L’analyse des résultats de ce deuxième
questionnaire permet de faire ressortir les consensus et les opinions
majoritaires afin de diffuser les résultats finaux.
Outils d’évaluation des impacts
Mentionnons, de plus, que, selon le type d’enquête Delphi employé,
souvent déterminé par le temps, les moyens et les ressources disponibles,
d’autres questionnaires peuvent être élaborés, envoyés et commentés de
nouveau avant la diffusion finale des résultats, mais il s’agit habituellement
d’une étape facultative.
Les sept étapes générales du processus type peuvent se résumer
ainsi :

 Formulation des questions ;


 Choix des répondants;
 Elaboration et envoi du questionnaire 1 ;
 Analyse des résultats du questionnaire 1 ;
 Conception et envoi du questionnaire 2 (rétroaction);
 Analyse des résultats du questionnaire 2 ;
(facultatif : conception, envoi et analyse d’autres questionnaires) ;
 Diffusion des résultats.
Outils d’évaluation des impacts

Dans la mise en place d’une expérience de Delphi, deux aspects


importants doivent être considérés avec beaucoup d’attention et de
précaution. Il s’agit d’abord du choix des participants (répondants) et,
ensuite, de l’élaboration même des questions posées. Le choix des experts
est important, car c’est à partir de leur propre opinion qu’une réponse finale
sera éventuellement formulée. En ÉIE, l’enquête Delphi est employée
lorsque l’on dispose de peu d’information sur un élément de l’environnement,
sur son importance ou sur un impact particulier.
Dans de tels cas, cependant, il est assez difficile de sélectionner les
«experts ». En effet, lesquels choisir et en vertu de quels critères
d’expertise?
De plus, comment aborder des problèmes qui, pour une grande part, nous
échappent?
Outils d’évaluation des impacts

En conséquence, les résultats obtenus sont toujours incertains,


souvent contestés, parfois contradictoires et quelquefois irréconciliables,
voire inacceptables. De son côté, l’élaboration des questions n’est pas
toujours plus facile. Il s’agit pourtant d’un aspect déterminant pour l’atteinte
de résultats valables et utiles. Ainsi, des questions ambiguës ou mal posées,
ce qui est fréquent dans un contexte de faible information, peuvent amener
les experts à des interprétations différentes de celles souhaitées par les
organisateurs de l’enquête.
L’une des particularités fort intéressantes de l’enquête Delphi est la
confidentialité des répondants. En effet, ces derniers ne communiquent
jamais les uns avec les autres, les seuls contacts passant par l’entremise
des organisateurs par le biais du courrier.
L’anonymat ainsi obtenu réduit l’influence que certains experts, du fait de leur
autorité, de leur attitude ou de leur prestance, exerceraient sur les autres, ce
qui pourrait modifier les résultats de l’enquête.
Merci pour votre attention

Vous aimerez peut-être aussi