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CONCLUSION

La problématique de la protection des données à caractère personnel est sortie désormais de


l’anonymat pour figurer au centre de la vie publique et médiatique. En effet, une prise de
conscience de leur importance est en train de s’opérer progressivement auprès de tous
acteurs. En conséquence, leur protection constitue aujourd’hui sujet de grande préoccupation
nationale voire internationale1. Cette nouvelle donne a conduit des bon nombre de pays
africains à adopter une loi y relative et à mettre en place une instance de protection.

Cette tendance est encourageante pour le renforcement des droits individuels et l’état de droit
sur le continent Africain. En tant qu’un des fondements essentiels de la démocratie, de la
bonne gouvernance et du respect de la vie privée, le droit à la protection des données
personnelles, « loin d’être un droit technophobe, vient au contraire en soutien au
développement des TIC, dans le respect des droits et libertés des individus »2. Il constitue
donc un élément essentiel de la société d’aujourd’hui en vue du renforcement de la confiance
du public à l’égard des outils technologiques.

Les autorités de protection, devenues des acteurs incontournables du processus de régulation,


permettent de prévenir d’éventuelles dérives ou de corriger les erreurs du passé lors des
traitements automatisés des données personnelles. Leur travail offre une plus grande visibilité
sur les types de traitement en cours. Chaque déclaration ou demande d’autorisation traitée
leur permet d’avoir une vue d’ensemble relative, notamment à l’identité du responsable du
traitement, à sa finalité, aux personnes concernées, aux catégories de données collectées, à
leur origine, à leur durée de conservation, aux lieux de stockages et aux mesures de sécurité
mises en œuvre.

Aujourd’hui, les pays tels que le Gabon et le Sénégal expérimentent la mise en place de la
règlementation et de la régulation des données à caractère personnel. De manière générale,
les organismes créés répondent à des objectifs communs.

Les fondamentaux de la protection demeurent constants dans la plus part des pays du fait que
les différentes législations ont les mêmes sources d’inspiration, notamment en ce qui
concerne les pays francophones.
1
L’organisation des Nations Unies a pris conscience de l’importance de la question au point de nommer un
Rapporteur spécial de la protection de la vie privée en 2015. Cette désignation est intervenue
après « l’extension des règles relatives à la protection des droits de l’Homme numérique ».
2
Intervention de Mme Isabelle FALQUE-PIERROTIN, conseiller d’Etat, Vice-présidente de le Commission
Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) en France lors de la 5ème conférence francophone à Dakar
2011.

1
Au-delà de l’action des instances régulatrices3, la question de la protection des données à
caractère personnel nécessite naturellement une implication de toute société. Certes, chaque
personne doit connaitre les règles et les procédures pour protéger sereinement sa vie privée,
en choisissant les données qui seront collectées et traitées. A cet effet, les législations
accordent à chaque personne un droit à l’information, d’accès, de vérification, de rectification
et d’opposition. De tels droit doivent être préservés et renforcés sur au Gabon et au Sénégal.

La protection prévue n’est pas seulement un droit individuel mais également une
préoccupation nationale. De plus, le recours aux TIC dans le traitement des données
personnelles est devenu un enjeu de société. A l’ère du numérique, la collecte et le stockage
des informations rattachées à la personne physique sont essentiels et incontournables pour les
entreprises et l’Administration. Ce sont des sociétés connues de tous qui ont besoins de nos
données d’où leur intérêt pour le citoyen. Cette utilisation généralisée et spontanée des
informations nominatives explique que « la maitrise des principes de protection est toujours
une bataille continuelle », ce qui fait dire au Professeur Abdoullah CISSE « qu’il faut
maitriser les risques numériques et le cadre juridique et institutionnel pour lutter avec
efficacité contre la cybercriminalité »4. La menace étant mouvante et évolutive, l’arrivée des
OTT5 facilite plus l’ingérence dans l’espace privé.

Au-delà de tout cela il convient de prendre conscience que les risques prennent une ampleur
de plus en plus inquiétante à l’aube du « big data », des objets connectés, de la portabilité des
données, et bien d’autres aux fins de lutter contre le terrorisme à titre d’exemple. « Bien que
la technologie participe à notre bien-être, restons vigilants. Chacun d’entre nous devra être
son propre surveillant de l’utilisation de ses données personnelles parce que celui qui
déshabille ou se fait déshabiller se dévoile »6.

3
Force est de constater que la jurisprudence en matière de d’infractions liées aux traitements des données
personnelles est encore rare.
4
Professeur Abdoullah CISSE, Conférence internationale sur « l’Afrique et les dangers de la mondialisation du
crime »
5
Over The Top est un service via le web (audio, vidéo, téléphone, télévision, etc.) sans passer par un opérateur
de câble, de téléphone ou de satellite.
6
» Explique le Docteur Mouhamadou LO dans la protection des données à caractère personnel en Afrique :
règlementation et régulation, l’harmattan, 2017 p.234

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