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INTRODUCTION

« Dans ce monde complexe où l'information n'a jamais été aussi abondante, nous devons développer
l'intelligence économique. » Jean Arthuis

*Comprendre son environnement pour agir


Face à un environnement en constante évolution, il convient de comprendre ce qui nous
entoure. Le but étant de saisir les opportunités, de détecter les tendances du marché et de
faire face à la concurrence.

Comprendre son environnement, c’est surtout s’informer. L’information constitue


aujourd’hui une matière première stratégique à tous les niveaux. Cette information est très
souvent disponible, cependant il faut savoir où et comment la trouver.

Le défi à relever est, d’une part, d’obtenir l’information, afin de la corréler à d’autres et de
l’exploiter en temps opportun et, d’autre part, de protéger les données stratégiques
détenues par l’entreprise.

Aujourd’hui, la lente diffusion des méthodes et outils de l’Intelligence économique au Maroc


ne doit pas masquer le formidable potentiel d’innovation qu’il engendre, notamment pour
les entreprises soucieuses d’affronter la concurrence et les marchés dans les meilleures
conditions.

Ce guide sur l’Intelligence économique est destiné en priorité au top management des
entreprises qui cherchent en permanence à améliorer leurs plans stratégiques, leurs
processus de prise de décision, la définition de leur plan d’action et la gestion au quotidien
de leur entreprise.

Ce guide présente les différentes définitions, usages et pratiques de l’Intelligence


économique.

Il vise à sensibiliser et à convaincre les différents acteurs économiques de la nécessité de


considérer l’information comme une ressource, au même titre que l’énergie, les matières
premières ou la force du travail.

Il a pour vocation également d'aider le dirigeant d’entreprise à construire sa propre


démarche et son propre plan d’actions parmi les différents concepts, méthodes et outils
aujourd’hui disponibles.

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1 - COMPRENDRE L’INTELLIGENCE
ECONOMIQUE
*Qu’est-ce que l’Intelligence Économique ?

1A - Gérer un flux d’informations de plus en plus important


La globalisation de l’économie, la généralisation des technologies de l’information et de la
communication, la construction de réseaux formels ou informels, l’accélération des
échanges économiques, l’évolution des relations entre le donneur d’ordre et ses
prestataires, le raccourcissement des cycles de vie des produits… conduisent les entreprises
à adapter en permanence leur gestion au quotidien.

En plus de tous ces enjeux, les entreprises font face à une augmentation importante des
données disponibles susceptibles d’influencer leur processus de prise de décision et sont
alors dans l’obligation d’adopter des méthodes de tri et de sélection, pragmatiques et
efficaces.

1B - De l’information à la stratégie
Benchmarking, stratégie à long terme et gestion au quotidien …
L’analyse de la situation interne a pour mission de renseigner le dirigeant sur l’état réel de
son entreprise, sur la base de connaissances tangibles (procédures, capacités du parc
machines, situation financière et trésorerie, organisation, carnet de commandes…) et tacites
(savoir-faire, situation de la ressource humaine, relations avec les clients…).

Le paysage externe apporte pour sa part de nombreuses informations, parfois utiles, issues
d’une veille classique technologique (normes, brevets, réglementation, produits et
procédés, clients, concurrents, fusions et acquisitions…) et permettant d’avoir une vision du
futur (tendances, prévisions de marché, prospective, évolutions politiques et sociales…).

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1C - Concepts de base

Données :
Nombres, mots, événements existants en dehors d’un cadre conceptuel de référence ; en
conséquence, et en absence de contexte, les données prises individuellement n’ont pas une
grande signification. Accumulation de données n’est donc pas information.

Information :
Ensemble de données, validées et confrontées, qui commencent à avoir un sens.
Accumulation d’informations n’est pas connaissance.

Il existe différents types d’information :

- L’information "blanche" : Elle est publique ou réservée et issue de banques de


données, publications scientifiques, périodiques, plaquettes d’entreprises, entretiens
avec des experts de centres techniques, des fournisseurs, des clients, des
partenaires... elle est donc libre d'accès et d’exploitation.

- L’information "grise" : Elle est essentiellement réservée et se constitue


d'informations ayant fait l’objet d’une appropriation par l’obtention d’un droit
privatif : brevets, modèles, droits d’auteurs, etc. Son exploitation est limitée,
soumise à l’autorisation du titulaire.

- La matière "noire" : Elle est confidentielle. Il s’agit d’informations protégées par le


secret comme les secrets de fabrication, les secrets commerciaux (études de marché,
prévisions de vente), ou relatifs à l’organisation (organigramme). Son accès est
soumis à des risques de sanctions civiles et pénales (vol, débauchage, corruption, …)
et son exploitation est libre si l’accès est légal.

Connaissance :
Ensemble d’informations interprétées par l’entreprise et lui permettant de prendre des
décisions. Accumulation de connaissance n’est pas sagesse (Intelligence).

Intelligence :
Elle apparaît lorsque les principes fondamentaux qui ont fondé la connaissance sont
compris. Accumulation de sagesse (intelligence) n’est pas vérité.

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1D - Définition de l’Intelligence Economique (IE)

Définition :
L’intelligence économique est l'ensemble des activités coordonnées de collecte, de
traitement, de stockage, de diffusion et protection d'information pertinente obtenue
légalement utile aux entreprises et acteurs économiques pour des choix stratégiques et des
actions d'influence.

Différences entre Intelligence Economique et veille :


Dans la pratique, le concept d’intelligence économique est postérieur au concept de veille et
se démarque de ce dernier de deux façons complémentaires :

• Intelligence économique = veille + protection du patrimoine + actions d’influence


L’intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille,
que sont :
- D’une part, la capacité d’influence, c’est-à-dire l’art d’utiliser l’information afin de
projeter son influence sur ses marchés ;
- D’autre part, la protection du patrimoine informationnel, c’est-à-dire la capacité de
l’entreprise à préserver l’information relative à ses connaissances, à ses savoir-faire,
à ses choix stratégiques... Face aux risques liés à la négligence ou à la malveillance.
 Veille : connotation « collecte » ; Intelligence économique : connotation « traitement -
analyse »

Différences entre Intelligence Economique et espionnage économique ou industriel :


L’intelligence économique se distingue de l’espionnage économique ou industriel car elle se
pratique ouvertement et utilise uniquement des informations blanches ou grises obtenues
par des moyens légaux. Pour aller plus loin que le cadre légal, les professionnels du secteur
conçoivent l'intelligence économique dans un esprit de déontologie et d'éthique. 

Nota bene :

 L’intelligence économique se résume en un triptyque : 


- Veille (acquérir l'information stratégique pertinente) ;
- Protection des informations (ne pas laisser connaître ses informations sensibles) ;
- Influence (propager une information ou des normes de comportement et
d'interprétation qui favorisent sa stratégie).

 L’intelligence économique n’est pas :


- De l’espionnage ;
- Du vol d’information ;
- Du trafic d’influence.
ces pratiques ci-dessus sont illégales et ne doivent en aucun cas être apparentées à
de l’Intelligence Economique. Bien au contraire, à travers son volet « Protection de
l’information », l’IE permet à tout pays ou toute entreprise de se protéger de ces
pratiques illégales. Il faut bien préciser que l’Intelligence Economique relève de la

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déontologie et du légal.
En effet, l’IE exploite de l’information obtenue légalement à partir de sources
formelles et informelles.
 
 Enfin, l’Intelligence Economique :
- N’est pas le travail d’une seule personne ;
- N’est pas du surf sur Internet ;
- Ne se réduit pas aux logiciels de veille.

1E - Cycle de l’Intelligence Economique (IE)

“Give right information to the right guy, at the right time, to make the right decision” (Mr.
Porter).

Identifier les besoins en information :


Il s’agit de définir avec précision ses besoins en information. De quels types d’information ai-
je besoin ? Pourquoi ? Quelle est l’origine de cette demande ? Que prévois-je faire une fois
en possession de ces informations ? La définition des besoins va conduire à une définition
d’axes stratégiques de veille sur lesquels le dispositif va se focaliser. En effet, pour une veille
efficace, on ne peut pas tout surveiller, il faut se baser sur les objectifs stratégiques du pays,
de l’administration publique (Ministère, Chambre de commerce...) ou de l’entreprise qui
formule la demande.

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Collecter l’information :
La collecte d’information, en rapport avec les axes stratégiques définis plus haut, passe tout
d’abord par une identification des sources d’information pertinentes. On distingue les
sources formelles (Presse générale et spécialisée, TV, radio, livres, études et statistiques
publiques, banques de données, informations légales, etc.) des sources informelles (salons
et foires, congrès et colloques, réunions, discussions diverses, enquêtes de satisfaction,
blogs et sites personnels, etc.)
La collecte d’information peut être faite:
- Sur Internet de façon automatisée grâce à des outils logiciels de collecte d’information
- En interrogeant de façon régulière des acteurs internes (commerciaux par exemple) ou
externes (fournisseurs par exemple) à l’entreprise

Traiter l’information pour créer l’intelligence :


Une fois les informations collectées, il faut à présent les analyser, les traiter. En effet, il faut
savoir que trop d’informations tue l’information ; d’où l’importance de bien cibler les
sources d’informations les plus pertinentes (c’est à dire en rapport avec les axes de veille) et
de bien paramétrer son outil de veille. L’analyse va donc consister à estimer la qualité, la
fiabilité et l’utilité des informations collectées, à les synthétiser (de façon claire et concise) et
à les classer par axe stratégique de veille.

Diffuser l’information pour décider et agir :


La dernière étape consiste à diffuser les informations analysées (rapports de veille) auprès
des acteurs concernés dans l’entreprise ou dans l’administration publique afin d’en faire bon
“usage”. La suite logique de la diffusion des informations est la prise de décisions
stratégiques pour assurer la pérennité de l’entreprise ou du pays. Pour ce faire, le rapport de
veille doit être diffusé aux bonnes personnes et au bon moment. En revanche, un rapport de
veille inutilisé constitue un risque important de passer à côté d’une opportunité et/ou d’une
menace.
 

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2 - INTRODUIRE UNE DEMARCHE
D’INTELLIGENCE ECONOMIQUE
* Introduire l’intelligence économique parfaitement adaptée à
l’entreprise ou l’institution.
« L’intelligence économique est avant tout un état d’esprit. Cela suppose d’apprendre à
travailler en réseau, d’être capable de se remettre en cause, de comprendre que nous
entrons dans un monde où il n’y aura plus de situations acquises et de mettre en place un
maillage d’intermédiaires pour leur fournir la synthèse des informations et les appuis qui
leur seront utiles. » Cette citation d’Alain Juillet (2006), Haut Responsable pour l’Intelligence
Economique de 2003 à 2008, met l’accent sur les processus organisationnels sous-jacents
de l’IE. Pour une mise en œuvre correcte et réussie de l’intelligence économique dans une
organisation, il convient préalablement de connaitre et comprendre cette organisation dans
toutes ses composantes.

2A – Diagnostique organisationnel 
Une bonne organisation est fondamentale pour mettre en œuvre une démarche
d’Intelligence économique. En fait, l’Intelligence économique ne peut pas être mise en place
sans engendrer certains changements de procédure et de structure. De nouveaux rôles, de
nouvelles tâches et de nouvelles relations de travail devront donc être inventés. Chaque
personne impliquée par le projet devra avoir une vision claire dans le projet d’intelligence
économique de qui fait quoi, qui doit travailler avec qui…

Analyse de l’entreprise :

 Le cadre stratégique (la loi, les aspects politiques et économiques de l’environnement


de travail) et fonctionnel (planification, comparaison des résultats par rapport aux
efforts, distribution des rôles et tâches) ;
 Le contexte collectif (climat de l’entreprise, motivation, niveaux variés de
communication, styles de direction, capacité à résoudre les problèmes, organisation du
pouvoir) et individuel (partenariats de pairs à pairs et partenariats entre les différents
niveaux hiérarchiques).

 Fondement de l’entreprise :
- Historique de l’entreprise ?
- Qui sont les principaux actionnaires et partenaires ?
- Quels sont les marchés clés pour le secteur dans lequel l’entreprise est présente ?

 Stratégie de l’entreprise :
- Quelle est sa mission ?
- Quels sont ses objectifs à long terme ?
- Quelle est l’évolution de la stratégie ?

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- Sur quels nouveaux marchés la société compte-t-elle s’introduire ?
- Comment seront développés les produits ?
- Les valeurs et les objectifs sont-ils partagés à tous les niveaux de l’entreprise ?
En répondant à ces questions, il se dégage une vision générale de la société et de ses
besoins. Cette phase est absolument cruciale afin de définir le processus d’Intelligence
économique ou d’améliorer celui déjà existant.

Identification des facteurs de compétitivité de l’entreprise :


- Quel est le niveau de compétitivité ?
- Quel est le niveau de compétitivité des principaux concurrents ?
- Quels sont les critères d’achat des clients ?
- Quels sont les principaux besoins en information ?
- Quels domaines considère-t-on comme stratégiques ?
- Quel est le lien entre l’information externe et la stratégie interne ?
- De quels types d’information ont besoin les décideurs ?
- Comment analyse-t-on l’information ?
- Pourquoi ?
- Qui va le faire ?

Identification des besoins en information : Cette


étape concerne les besoins en information dans chaque domaine stratégique (marché,
produits, concurrents, technologies, environnement et clientèle).

Un guide d’entretien personnalisé, avec des questions ouvertes, doit être conçu dans
chaque domaine et pour chaque personne interrogée.

Identification des utilisateurs et acteurs :


Il faut identifier qui, parmi les décideurs, va utiliser l’information et qui sont ceux qui
interviendrons dans le processus de veille pour collecter, valider et diffuser les informations.
Un certain nombre de questions peuvent aider à identifier les utilisateurs et intervenants
dans le cycle de l’intelligence économique au sein de l’entreprise.

- Existe-t-il un document inhérent à la stratégie dans la société ?


- Comment a-t-il été élaboré ?
- Qui le connaît ? Pourquoi ?
- Comment est structuré le système de décision interne ?
- Le plan stratégique se fonde-t-il sur des informations relatives aux informations
internes et externes ?
- Existe-t-il un lien entre la stratégie et la collecte des informations ?
- Comment l’information opérationnelle est-elle diffusée au sein de l’entreprise ?

2B – Structure du processus de l’intelligence économique 

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Définition des objectifs à atteindre

Pour être efficace dans son approche d’Intelligence économique, une entreprise doit
définir avec précision les objectifs qu’elle entend atteindre.

 S’agit-il d’objectifs stratégiques : modernisation, innovation, expansion ?  S’agit-il


d’être plus compétitif sur un marché difficile ?  S’agit-il de maintenir sa position de
leader ?

Dans un premier temps, toutes ces questions doivent être clairement

identifiées, partagées et discutées par l’équipe de direction.

Dans une deuxième phase, l’ensemble de ces choix sera expliqué au personnel, de manière
simple, comportant les tâches que chacun aura à accomplir.

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