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12) Forme du contrat social de l’homme

et de la femme
Nous N et N?, mus par notre propre volonté, nous unissons pour le
terme de notre vie, et pour la durée de nos penchants mutuels', aux
conditions suivantes : nous entendons et voulons mettre nos
fortunes en communauté, en nous réservant cependant le droit de
les séparer en faveur de nos enfants, et de ceux que nous pourrions
avoir d'une inclination particulière*, reconnaissant mutuellement
que notre bien appartient directement à nos enfants, de quelque lits
qu'ils sortent, et que tous indistinctement ont le droit de porter le
nom des pères et mères qui les ont avoués, et nous imposons de
souscrire à la loi qui punit l'abnégation de son propre sang. Nous
nous obligeons égale-ment, au cas de séparation, de faire le partage
de notre fortune, et de prélever la portion de nos enfants indiquée
par la loi; et, au cas d'union parfaite, celui qui viendrait à mourir se
désisterait de la moitié de ses propriétés en faveur de ses enfants;
15) Manon Lescaut (première partie) P112-
113 Ligne 1723-1739
L'amour est une passion innocente; comment s'est-il changé, pour moi, en une
source de misères et de désordres? Qui m'empêchait de vivre tranquille et
vertueux avec Manon? Pourquoi ne l'épousais-je point, avant que d'obtenir
rien de son amour? Mon père, qui m'aimait si tendrement, n'y aurait-il pas
consenti si je l'en eusse pressé avec des instances' légitimes? Ah! mon père
l'aurait chérie lui-même, comme une fille charmante, trop digne d'être la
femme de son fils; je serais heureux avec l'amour de Manon, avec l'affection de
mon père, avec l'estime des honnêtes gens, avec les biens de la fortune et la
tranquillité de la vertu. Revers? funeste3 ! Quel est l'infâme* personnage qu'on
vient ici me proposer? Quoi! j'irai partager... Mais y a-t-il à balancer, si c'est
Manon qui l'a réglé, et si je la perds sans cette complaisance? Monsieur
Lescaut, m'écriai-je en fermant les yeux, comme pour écarter de si
chagrinantes réflexions, si vous avez eu dessein" de me servir, je
vous rends grâces

16) Manon Lescaut P124-125 Ligne 1985-


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Javais ce triste avantage à Saint-Lazare. Ma tristesse parue ; excessive au
supérieur, qu'en appréhendant les suites, il crut devoir me traiter avec
beaucoup de douceur et d'indulgence. I me visitait deux ou trois fois le jour. Il
me prenait souvent avec lui, pour faire un tour de jardin, et son zèle s'épuisait
en exhortations et en avis salutaires ? Je les recevais avec douceur ; je lui
marquais même de la reconnaissance. Il en tirait l'espoir de ma conversion ?
Vous êtes d'un naturel si doux et si aimable, me dit-il un jour, que je ne puis
comprendre les désordres dont on vous accuse. Deux choses m’étonnent :
l'une, comment, avec de si bonnes qualités, vous avez pu vous livrer à l'excès
libertinage'; et l'autre que j'admire? encore plus, comment vous recevez si
volontiers mes conseils et mes instructions, après avoir vécu plusieurs années
dans l'habitude du désordre.
Si c'est repentir, vous êtes un exemple signalé des miséricordes du Ciel†; si
c'est bonté naturelle, vous avez du moins un excellent fond de caractère, qui
me fait espérer que nous n'aurons pas besoin de vous retenir ici longtemps,
pour vous ramener à une vie honnête et réglée.

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