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Avec la contribution de :
Créée en 2001 par Christian Scapel,
Mustapha EL KHAYAT, Othman BEN FADHEL, la collection de Droit maritime, aérien et
Laurent FEDI, Haddoum KAMEL, Abderrazzak des transports édite les principales thèses
BOUDHAR, Abdellah MARGHICH, Kamel de droit maritime, aérien et des transports
KHELIFA, Mohamed LAAZIZI, Mostapha soutenues en France. Elle accueille également
les actes de colloques, des mélanges et plus
AMRI, Khalid KHAKHAY, Hassan EZZAHRATI,
largement des ouvrages spécialisés dans les
Lotfi CHEMLI, Abdennebi Belazi BEN SAID, trois branches des transports.
Prix : 25 €
Pour introduire le débat soulevé par les diverses idées soutenues dans les
contributions des confrères, permettez-moi de faire quelques réflexions sur
certains thèmes qui ont particulièrement retenu mon attention. À cette occasion,
veuillez accepter mes excuses pour la faute impardonnable commise à l’égard
de certains de mes collègues contributeurs que je n’ai pas cités. Je les prie de ne
pas y voir une marque de désintéressement de leur travail, mais une faiblesse de
ma part que seule peut excuser mon incapacité à tout embrasser en raison du
temps et de l’espace réservés à la rédaction de la présente préface. Le proverbe
français, ne dit-il pas « qui trop embrasse mal étreint » ?
Les réflexions qui suivent n’ont pas pour but de mettre encore plus
d’émoi, de Mistral, de « Garbi » ou de « Chargui » (vent d’Est et vent d’Ouest)
dans les eaux parfois devenues troubles du droit maritime. Notre espoir à tous,
12 Le droit maritime dans tous ses états
n’est-il pas de chercher un peu de clarté dans les couleurs paisibles de l’arc-en-
ciel après la tempête. Mais n’est-il pas évident par ailleurs, qu’il faut des vents de
différentes directions pour faire avancer tous les voiliers qui se trouvent sur mer.
qui devrait à notre sens être soumis à la loi du pays de destination dans la
mesure où cette loi de police qui est celle du lieu d’exécution finale du contrat
de transport. Cette loi serait aussi celle qui régirait le droit de location des
conteneurs qui se trouvent sur son territoire et pour qualifier les rétributions
relatives à la location des conteneurs. Cette rétribution prend généralement de
la part des transporteurs maritimes la qualification de surestaries de conteneurs.
Encore, un emprunt ou une assimilation du conteneur à un navire.
Mustapha EL KHAYAT
Professeur universitaire, Avocat près du Barreau de Casablanca
Président de l’Association Marocaine de la Logistique (AMLOG)
Les risques dans les transports maritimes sont très grands malgré le déve-
loppement technologique en la matière (automatisation, informatique commu-
nication par satellites, radars, etc.)4. La valeur des navires et celle des marchan-
dises sont très grandes. Ces valeurs importantes et qui ne cessent d’augmenter
Books, 1972.
16 Le droit maritime dans tous ses états
avec le temps impliquent des risques très élevés et par conséquent des coûts
d’exploitation du transporteur tendanciellement élevés5. De plus dans ce domai-
ne des transports maritimes, la concurrence sous toutes ses formes est
incessante et rude6.
Les transporteurs maritimes ne peuvent continuer à investir dans ce do-
maine sans l’assurance d’une certaine rentabilité de ce secteur7. Cette rentabilité
ne serait possible que si certaines conditions étaient réunies parmi lesquelles
une limitation de responsabilité soit garantie par les législations nationales et,
soit par les conventions internationales.
Chaque pays veut protéger sa flotte et assurer l’expansion de son arme-
ment soit pour soutenir le commerce extérieur national, soit pour économiser
ou gagner des devises, soit enfin pour une combinaison de toutes ces raisons
auxquelles il faut ajouter l’indépendance nationale au sens large du terme. La
limitation de responsabilité constitue un moyen parmi d’autres pour protéger et
aider l’armement national8.
Le transporteur maritime, malgré le développement des moyens de
communication, n’a pratiquement aucun contrôle matériel sur ses préposés une
fois que le navire est en mer. Néanmoins sa responsabilité est engagée dans une
certaine mesure si la faute de ses préposés est commerciale et non nautique (selon
certains droits et conventions). Il serait illogique de sanctionner un transporteur
pour des pertes ou avaries causées par la faute de ses préposés dans la naviga-
tion et dans l’administration du navire qui échappent matériellement à son
contrôle9.
Pour les raisons mentionnées auparavant, les lois nationales et les
conventions internationales limitent la responsabilité de l’armateur propriétaire
de navire10 et celle du transporteur11. C’est cette dernière qui nous intéresse.
voir Me Georges Jorro, « Le propriétaire du navire a-t-il la faculté d’abandon en droit maritime
marocain ? », GTM, 10 Juillet 1953, p. 125.
10 M. T. K. Thommen, Réglementation international des transports maritimes, Nations Unies, New York,
limitation légale, les termes généraux impératifs du texte excluent toute assimilation de la faute
lourde au dol », DMF, 1960.
18 Le droit maritime dans tous ses états
15 R. Rodière, Traité Général de Droit Maritime, Dalloz, Paris, 1967, Tome II, n° 668, p. 301.
Mustapha EL KHAYAT 19
-
Selon Ripert, on peut entendre par colis des marchandises individualisées
portées au connaissement en fonction de leur nombre16.
Le Doyen Rodière définit le colis comme
La notion de colis pose des problèmes avec les transports unitarisés : palet-
tes, conteneurs ou engins similaires. L’attendu de jugement rendu le 19 décem-
bre 1973 par le tribunal de commerce du Havre montre bien les difficultés qui
existent en ce qui concerne la définition du colis : « il convient donc d’examiner
chaque cas particulier avec soin pour déterminer ce qui a été pris en charge au
moment de l’embarquement ».18
Le Président de Chambre au tribunal de commerce de Paris, Gervais de
Rouville, déclara lors d’une réunion de la Commission de la Conférence
générale des présidents et juges des tribunaux de commerce de France,
16 P. Chauveau, op. cit., n° 812, p. 552. G. Ripert, op. cit., Tome II, p. 709.
17 R. Rodière, op. cit., Tome II, p. 301, n° 669 ; voir aussi BT 976, 516 ; E. du Pontavice, Droit et
pratique des transports maritimes et affrètement, Paris, 1970, p. I 33.
18 DMF, 1974, p. 304.
19 J.M.M., 18.12.1975, p. 3132.
20 Trib. de Comm. du Havre, 19 octobre 1973 : DMF, 1974, p. 304.
21 Royal typewriter Co. ; V.M.V. Kulmerland 1873, 766 commenté par P. Bonassies, DMF, 1974,
p. 752 et suivantes. Dans cette affaire 350 cartons contenant des machines à calculer avaient été
mis par l’expéditeur dans un conteneur qui avait été transporté sous un connaissement mention-
nant de la machinerie. À New York le conteneur fut pillé. La question s’est posée de savoir s’il
fallait appliquer 500 $ par carton. La Cour a considéré que la référence au connaissement était
20 Le droit maritime dans tous ses états
hasardeuse et qu’il fallait se référer à un critère objectif. Le critère objectif se trouvait dans la
notion de paquetage.
22 Dans une affaire, 54 cartons contenant chacun 40 convertisseurs de fréquence pour téléviseurs
étaient fixés sur 9 palettes, et le tribunal a dû décider si le nombre de colis était de 9 ou de 54. Il a
jugé que, comme chaque palette constituait une unité en soi, qui pouvait être mentionnée et était
conçue pour l’être, il n’y avait que 9 colis, et que le transporteur pouvait limiter sa responsabilité à
500 dollars par palette ; Standard Electrica S.A. v. Hamburg Sudamerikanische and Columbus Lines
(1967), in Les Connaissements, op. cit. p. 50.
Mustapha EL KHAYAT 21
« Lorsqu’un cadre, une palette ou tout engin similaire est utilisé pour
grouper des marchandises, tout colis ou unité énuméré au connaissement
comme étant inclus dans cet engin sera considéré comme un colis ou
unité au sens de ce paragraphe. En dehors du cas prévu ci-dessus cet
engin sera considéré comme un colis ou unité ».
La notion d’unité pose plus de problèmes que celle de colis. Elle a été
qualifiée de « manifestement ambiguë ». Notons que le DCCM ne mentionne
nullement la notion d’unité.
23 Ce critère a été vivement critiqué par les auteurs américains, DMF, 1974, p. 752, commentaire.
de P. Bonassies.
24 DMF, 1973, p. 594.
25 DMF, 1977, p. 234.
22 Le droit maritime dans tous ses états
Toutefois dans une autre affaire, le même tribunal avait jugé qu’une voi-
ture transportée à nu ne constituait pas un colis aux termes de la Conventions
de Bruxelles et qu’il convenait de prendre en considération le maximum de
C’est cette conception de l’unité de fret qui a été choisie par la législation
américaine dans la loi de 1936 :
« … un tracteur, d’un poids de 43 319 livres, qui avait été expédié sans
patins mais avec la superstructure recouverte en partie d’un coffrage de
bois, avait été livré endommagé. Le transporteur aurait voulu limiter sa
239 ; Indian Supply Mission V.S.S. Overseas Joyce, Cour de New York, 1er octobre 1965, commenté
par P. Bonassies, DMF, 1968, p. 239-240.
24 Le droit maritime dans tous ses états
« L’article 266 du DCCM limitant à 100 000 francs par colis la responsa-
bilité de l’armateur lorsqu’aucune déclaration de valeur ne figure au con-
naissement, ne saurait s’appliquer lorsqu’il s’agit du transport d’un
véhicule neuf, d’une marque connue, et d’un prix déterminé officielle-
ment, qui voyage à nu, le transporteur ayant alors une pleine
connaissance de sa valeur réelle »36.
34 Affaire Gulf Italia v. American Export Lines (1958), A.M.C. 439 in Les connaissements, Nations
Unies, New York, 1970, p.49
35 Tribunal d’Alexandrie, 21.2.1954, DMF, 1955, p. 313.
36 Casablanca, 9 mai 1963, G.T.M., 10 mars 1964, p. 26 : voir p. 115 M. El Khayat, La responsabilité
du transporteur en droit maritime marocain et droit comparé, thèse en droit privé, Juin 1986, Université de
Panthéon Assas Paris II. p. 115
Mustapha EL KHAYAT 25
3). Mais cette possibilité de clause est rarement utilisée dans la pratique37. Le
moyen relativement utilisé par les chargeurs est ce qu’on appelle la déclaration
de valeur (article 4, paragraphe 5 de la Convention de Bruxelles de 1924, article
28, b de la loi française du 18 juin 1966 et article 266 du DCCM). Comme le
souligne P. Chauveau : « Pas plus que la limitation conventionnelle, la valeur
déclarée ne constitue une clause pénale »38. Il s’agit d’une présomption concer-
nant la valeur et la nature de la marchandise39. Cette déclaration doit être faite :
1) avant l’embarquement, 2) elle doit être indiquée sur le connaissement, 3) elle
doit porter sur la valeur et la nature de la marchandise ; cette mention de la
nature de la marchandise est exigée par la Convention de 1924. Par contre la loi
de 1966 et le DCCM ne mentionnent que la valeur déclarée.
Mais la déclaration de la valeur nous conduit logiquement à préciser la
nature de la marchandise et les soins qu’il faut lui réserver.
Le problème se pose quand la déclaration de valeur n’est mentionnée que
sur la police d’assurance40. La Cour de Cessation en France a répondu que la
valeur déclarée sur la police d’assurance constitue en quelque sorte une décla-
ration de valeur41. Cet arrêt a fait l’objet d’une critique de la part de P. Lureau.
Selon cet auteur, l’assurance et le transport sont deux contrats distincts, réunis
sur le même titre. En assurant la marchandise, le transporteur n’agit que comme
mandataire de l’assureur, il ne fait évidemment pas partie au contrat d’assurance
qui figure au connaissement par simple commodité pratique.
C. Scapel estime, de sa part, que cette décision aboutit à un résultat fâ-
cheux. D’après Scapel, cette décision dénature les intentions contractuelles des
parties, puisque le transporteur n’a pas reçu la contrepartie normale de la
déclaration de valeur et donc l’extension de sa responsabilité : le paiement d’un
fret ad valorem42.
37 C. Scapel, Le Domaine des limites légales de responsabilité dans le transport de marchandises par mer, Thèse,
Aix-en-Provence, 1974 ; P. Bonassies & Ch. Scapel, Droit Maritime, L.G.D.J, Paris 2006.
38 P. Chauveau, op. cit., n° 812.
39 « Le transporteur est en droit de contester la valeur déclarée à charge de prouver la valeur
réelle. » P. Chauveau, op. cit., n° 816 ; voir aussi le Trib. de Comm. de Marseille, 8.7.77, DMF,
1978, p. 234.
40 R. Rodière, op. cit., Tome II, n° 680.
41 Cour de cassation., 25 juin 1958, DMF, p. 716 avec note de P. Lureau.
42 C. Scapel, op. cit., p. 30.
43 Trib. de Comm de Marseille, 17 juin 1969, DMF, 1970, p. 358.
26 Le droit maritime dans tous ses états
« Les juges du fond ont déclaré, sans être critiqués à cet égard par le
pourvoi, que les fautes ainsi commises par le capitaine n’avaient pas été
intentionnelles ; qu’ils ont pu, en conséquence déclarer, sans avoir à tenir
compte de la plus ou moins forte gravité de ces fautes, et aucune fraude
n’ayant été d’ailleurs alléguée, que la limitation légale de responsabilité
édictée en faveur du transporteur par la Convention de Bruxelles trouvait
ici son application »50.
Dans une décision rendue par la Cour d’appel de Paris, les agissements
du transporteur ont été qualifiés de dolosifs51.
48 G. Ripert, op. cit., t. II, n° 1819 ; P. Chauveau, op. cit., n° 816 et R. Rodière, t. II, n° 675.
49 L’arrêt des chambres réunies de la Cour de cassation du 11 mars 1960, rendu sous l’empire de
la loi de 1936, séparait la faute lourde du dol et écartait la limitation légale seulement en cas de
dol, DMF, 1960, p. 331 ; Cour de cassation, 6 juillet 1954, DMF, 1954 ; Cour de cassation,
11 mars 1960 DMF, 1960, p. 331 ; Cour de cassation, 4 juillet 1957, DMF, 1957, p. 661 : La Cour
considéra qu’un vol commis par l’équipage par suite d’un manque de surveillance constituait une
faute lourde. Néanmoins le transporteur pouvait bénéficier de la limitation de responsabilité par
colis de la loi Française du 2 avril 1936.
50 DMF, 1969, p. 613, note de P. Lureau.
51 Cour d’appel de Paris, 24 mars 1976, J.T., 1976, n° 1741.
28 Le droit maritime dans tous ses états
52 Comme le note W. Tetley, « Néanmoins, il existe une lacune dans la loi du 18 Juin 1966 en ce
qui concerne l’inexécution fondamentale du contrat. La loi considère que le contrat est violé par
le transporteur dans des cas de fraude (dol) (art. 28-A), mais la loi ne fait pas mention de nullité
en cas de faute lourde ou négligence volontaire, ou dans tout autre cas similaire, telle qu’une faute
lucrative (ou faute commise par intérêt personnel, sans intention de causer de dommages à l’autre
partie). On doit conclure qu’en France, aucune de ces circonstances ne fait perdre au transporteur
le bénéfice de la limitation de responsabilité par colis. Ceci ne fut peu accepté d’emblée par toutes
les autorités. (René Rodière, Traité Général de Droit Maritime, Tome II, pare. 675, mentionne
avec regret que la faute lucrative (faute où une personne agit pour son bénéfice monétaire
personnel) ne fût pas incluse dans la loi du 18 Juin 1966). Il semble déplorable que la loi du 18
Juin 1966 n’étende pas l’inexécution fondamentale du contrat au-delà de la fraude parce que cette
derrière est rare, difficile à prouver et demeure de portée limitée », Inexécution fondamentale du
contrat suivant les règles de La Haye, Visby, Uncitral par W. Tetley Q,C., DMF, 1977, p. 610-611.
53 Trib. de Comm. de Rouen, 2 avril 1957, DMF, 1957, p. 618.
54 Cour d’appel de Rouen, 16 janvier 1955, DMF, p. 356.
55 Cour de cassation, 11 avril 1964, DMF, 1964, p. 471.
56 DMF, 1966, p. 553.
57 DMF, 1952, p. 421 ; DMF, 1952, p. 691 ; note de G. Ripert in A. Fakhari, Le Contrat de transport
maritime de marchandises en Droit Iranien comparé au Droit Français, Aix, 1977, p. 309.
Mustapha EL KHAYAT 29
La limitation légale est écartée, d’une part si par convention des parties la
limite a été fixée à une somme supérieure au chiffre légal, d’autre part en cas
d’arrimage irrégulier61 et enfin en cas de lettre de garantie frauduleuse. Dans le
cas de lettre de garantie frauduleuse, l’indemnité est totale puisque le
58 P. Bonassies, Droit Maritime Marocain, op. cit., p. 130 ; voir aussi l’affaire Jones & Guerro v. Flying
Clipper, 1954 A.M.C. 259, cité par W. Tetley Q.C., DMF, 1977, p. 606.
59 Atlantic Mutual Insurance Co. v. Poseidon, DMF, 1977, p. 607-608, commentaire de W. Tetley
66R. Bayssière, Le droit commercial maritime du Maroc français, thèse, Bordeaux, 1935, p. 355.
67 La Cour Suprême, 22.1.1969, jugement n° 88, RMD, Année 1970, p. 479 : Ce jugement a
considéré une voiture non emballée comme un colis et que par conséquent la limite de
responsabilité légale devait être de 1 000 DH par colis nonobstant toute clause contraire.
Mustapha EL KHAYAT 33
Reste le problème de savoir si les parties peuvent fixer une valeur supé-
rieure à la limitation légale. Ripert avait déjà répondu à cette question en 1921 :
72 R. Bayssière, op. cit., p. 359-365. J. Bonan, Les idées maitresses du Dahir formant Code de Commerce
Maritime au Maroc, Revue Juridique et Politique de l’Union Française, T. V, 1951, p. 220-227 ; voir aussi
P. Bertrand de la Grassière « La limitation légale de la responsabilité du transporteur maritime et
la faute lourde (la jurisprudence de la Cour de Rabat et l’évolution de la jurisprudence de la
Métropole) », Rev. Mar. de droit, 1er juin 1957, p. 241.
73 J. Bonan, op cit., p. 224.
74 D .C .C.M., D.O.C., C.C.M.
75 Affaire Bosch c Cie Générale Transatlantique, GTM, n° 371, 28.9.29.
Mustapha EL KHAYAT 35
G. Ripert trouva que le DCCM dans son article 269 sanctionne d’une
manière illogique le chargeur du simple fait qu’il a commis une faute légère dans
la déclaration de la valeur ou du poids77.
Néanmoins, il faut noter que l’article 269 n’a pas son pareil au niveau de
la sévérité, même si, à notre connaissance, il n’a jamais été appliqué.
Notons que le Maroc en adhérent aux Règles de Hambourg qui sont
entrées en application depuis 1992 a fait un saut d’un droit interne qui
s’applique exclusivement aux litiges maritimes à une convention internationale
fruit des revendications des pays en développement.
jugement commercial n° 3035 en arabe, non publié ; Tribunal de Casablanca, 7.4.1981, Jugement
commercial n° 1027, en arabe, non publié.
36 Le droit maritime dans tous ses états
« Lorsqu’un conteneur, une palette ou tout engin similaire est utilisé pour
grouper des marchandises, est considéré comme un colis ou autre unité
de chargement tout colis ou unité dont il est indiqué au connaissement, si
un connaissement est émis, ou sinon dans tout autre document faisant
preuve du contrat de transport par mer qu’il est contenu dans cet engin.
En dehors du cas prévu ci-dessus, les marchandises contenues dans cet
engin sont considérées comme une unité de chargement ».
litige (art.59) En cas de retard la limitation de responsabilité est 2.5 frais de fret
payable pour la marchandise ayant subi le retard mais n’excédant pas la limite
fixée pour la perte totale des marchandises concernées (art.60). Les RR intè-
grent la responsabilité pour retard comme les RH. Néanmoins, cette indemnité
est négligeable au début du XXIe siècle par rapport au préjudice réel subi par
une chaîne logistique face à une rupture d’approvisionnement en matières
premières ou pièces.
Les dispositions de cet article 266 « ne font pas échec aux principes de la
responsabilité civile (article 232 du DOC : Dahir des Obligations et Contrats) ».82
Dans un arrêt du tribunal de Première Instance de Casablanca du 8 avril
1947, la limitation de responsabilité ne peut être invoquée en cas d’arrimage
défectueux ou insuffisant qui constitue une faute lourde83.
La Cour d’appel de Rabat avait statué dans deux affaires84 que la faute
lourde mais non intentionnelle du transporteur (ou de ses préposés) ne pouvait
entraîner la déchéance de la limitation de responsabilité.
Dans un autre arrêt de la même Cour d’appel85, il est mentionné que « la
responsabilité de l’armateur en cas de manquants, même par vol par des non-
préposés de l’armateur est limitée à 48 000 francs par colis (art. 266 DCCM) ».
Par contre dans un arrêt du tribunal de Première Instance de Casablanca
du 25 mai 1954, les juges semblaient admettre que les dispositions de l’article
266 du DCCM, en ce qui concerne la limitation de responsabilité ne pouvaient
être appliquées lorsque les avaries de la marchandise transportée (une voiture)
étaient la conséquence d’une faute lourde du transporteur qui en l’occurrence
avait négligé d’arrimer et de bloquer les freins de l’automobile transportée.
La question de la faute lourde constitue en fait le point de division et de
divergence entre les tribunaux des premiers juges et les Cours d’Appel86. Les
tribunaux de Première Instance statuaient souvent que la faute lourde du trans-
porteur devait le faire condamner à réparer le dommage en entier. Mais la
plupart du temps les arrêts de la Cour d’appel de Rabat ne soutenaient pas cette
thèse87. Il nous semble qu’il y a une ambiguïté d’interprétation de la faute lourde
qui est parfois assimilée au dol.
« Selon la législation marocaine (art, 98, 264 DOC) il n’y a entre le dol et
la faute lourde qu’une différence de degré qui fait que “L’appréciation
des circonstances spéciales de chaque espèce est remise à la prudence du
82 Tribunal de Première Instance de Casablanca, 8 avril 1947, GTM, 10 juillet 1947, p. 121.
83 Ibid.
84 Cour d’appel de Rabat du 19.3.1948, DMF, 1949, p.18 ; Cour d’appel de Rabat du 23.1.1951,
Maroc. (Au Maroc ce constat est le résultat de non références aux décisions publiées avant 1965
dans la GTM. Depuis cette date la plupart des décisions ne sont pas publiées. En France avant la
loi de 1966 la Cour de cassation avait précisé : « A la différence du dol ou faute intentionnelle, la
faute lourde ne le privait pas ale transporteur) de la limitation légale de responsabilité », voir
R. Rodière, op. cit., T. II, p. 306-307.
87 R. Bayssière, op. cit., p. 362-363. + Avant cette limitation était de 2 500 Francs, puis elle est
passée à 48 000 Francs et depuis 1954 elle est de 1 000 Dirhams (100 000 Francs avant la création
du Dirham).
Mustapha EL KHAYAT 39
doit être considérée comme un colis dont la valeur sera limitée, en cas de non
déclaration de valeur, à 1 000 Dirhams (art. 266 du DCCM).
Cette décision de la Cour d’appel constitue un recul par rapport à celle
de l’affaire du 9 mai 196395. Une autre décision de la même Cour datant du
27 juin 1978 ne fera que confirmer cette tendance96.
La Cour d’appel tend, par conséquent, à confondre les notions de colis et
d’unité. Le DCCM ne donne pas de définition claire de la notion de colis, et la
notion d’unité n’est pas mentionnée dans le DCCM.
Soulignons aussi que l’article 147 du DCCM., alinéa 1, stipule
p. 634.
97 Arrêt du 13 février 1957, GTM, n° 1211.
98 Cour d’appel de Casablanca, 17 juin 1980 (Dossier n° 1591 en arabe, non publié), cité aussi par
Mostafa Qabbal, DMF, 1983, p. 316 ; voir aussi l’arrêt n° 897 du 15 juin 1982 de la Cour d’appel
de Casablanca, cité par Mostafa Qabbal, DMF, 1983, p. 316.
99 RAPC. - Régie d’Acconage du Port de Casablanca - (Dahir n° 1/63/278 du 24 Joumada II
1383 - 12 novembre 1963 - portent création de la RAPC, tel qu’il a été complété par le décret
royal a°32/67 du 14 Rebia I 1387 – 23 juin 1967).
Mustapha EL KHAYAT 41
Dans une autre affaire, la même Cour d’appel avait statué que la faute
d’un préposé terrestre de l’armateur entraînait la non application de la limitation
de responsabilité fixée par l’article 266 du DCCM.101
1 L. Fedi, « La notion de terminal : entre incertitudes de jure et certitudes de facto », DMF 2008,
p. 455-463.
2 B. Slack, « Terminalisation of ports : an academic question ? », Proceedings of the international
workshop on New generation of port-cities & their role in global supply chains, 12-14 décembre
2005, Hong-Kong, p. 20-30.
3 L. Fedi et R. Rézenthel, « L’exploitation des terminaux portuaires face aux enjeux maritimes du
21e siècle », DMF 2007, p. 828 et R. Rézenthel : « Le régime d’exploitation des terminaux
portuaires », Etudes de droit maritime à l’aube du XXIe siècle, Mélanges offerts à Pierre Bonassies, éd. Moreux,
2001, p. 749.
4 P. Bonassies, « Le transport multimodal transmaritime, Approche juridique », Annales IMTM
by Sea. La convention a été signée sous les auspices de la CNUDCI et du CMI. P. Delebecque,
« La Convention sur les contrats internationaux de transport de marchandises effectué entière-
ment ou partiellement par mer : a civil law perspective », DMF 2009, Spécial CMI Athènes, p. 335
et suivantes et. S. Miribel : « Signature des Règles de Rotterdam », DMF 2009, p. 853.
7 La CNUDCI ou UNCITRAL en anglais, a été établie par la Résolution 2205 XXI du 17 décem-
bre 1966 de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Elaborant des instruments juridiques dans
différents domaines dont le règlement des litiges commerciaux internationaux, le commerce
électronique, les paiements internationaux ou la vente de marchandises, la Commission a pour
mission d’encourager l’harmonisation et l’unification progressive du droit du commerce
international. Site internet : www.uncitral.org.
8 P. Bonassies : « Note sur la Convention des Nations-Unies de 1991 sur la responsabilité des
9 Selon l’art. 1.6 b) ce statut de partie exécutante n’est pas retenu si l’ayant droit à la marchandise
requiert directement les services de ces opérateurs. C’est donc a priori la loi nationale qui régira
ces relations.
10 La France a signé la Convention de Vienne le 15 octobre 1991 et les Règles de Rotterdam le 23
effectué entièrement ou partiellement par mer : a civil law perspective », DMF 2009, déjà cité.
46 Le droit maritime dans tous ses états
14 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations Unies sur
la responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international.
15 Art. 13 de la Convention de Vienne, « Clauses contractuelles ».
16 Art. 5-1 de la Convention de Vienne, « Fondement de la responsabilité ».
Laurent FEDI 47
17 Convention des Nations Unies sur le transport multimodal international 1980 et Règles
CNUCED-CCI 1992.
18 P. Bonassies, « Note sur la Convention des Nations-Unies de 1991 sur la responsabilité des
DMF 1978, p. 451. C. Scapel : « Les réformes apportées par les Règles de Hambourg à la
responsabilité du transporteur maritime », compte rendu de la Rencontre Internationale du
25 nov. 1992 sur la Convention des Nations Unies, IMTM 1992, p. 51.
21 C. Scapel, « Les réformes apportées par les Règles de Hambourg à la responsabilité du
transporteur maritime », acte du Colloque IMTM du 25 novembre 1992 sur la Convention des
Nations Unies sur le transport des marchandises par mer, p. 54.
22 R. Rodière et C. Scapel, références précitées supra.
23 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations Unies sur
règles en matière de transport aérien international. JO 143 du 22 juin 2004, p. 11205. Elle est en
vigueur depuis le mois de novembre 2004. « Le point sur la Convention de Montréal », Les infos du
Snagfa, n° 11, du 22 octobre 2003, p. 1-3.
29 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations Unies sur la
responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité.
30 Art. 3 de la convention : « L’exploitant est responsable des marchandises à partir du moment
où il les prend en garde jusqu’au moment où il les remet à la personne habilitée à en prendre
livraison ou les met à sa disposition ».
Laurent FEDI 49
31 Pour le transport maritime : Tribunal de commerce de Marseille, 21 juin 1994, BTL 1994,
p. 605.
32 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations Unies sur
responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité.
36 P. Bonassies : « Note sur la Convention des Nations Unies de 1991 sur la responsabilité des
délictuelle (art. 7.1). Le délai pour agir est de deux ans (art. 12) à l’instar des
Règles de Hambourg et des Règles de Rotterdam.
comme « les ports fréquentés par les navires de mer et servant au commerce extérieur ». JO du
11 décembre 1932, p. 9946. SDN, Rec. des traités, t. 28. Cf. L. Fedi et A. Lavissière : « Les régimes
d’exploitation des ports francs au début du 21e siècle », DMF 2014, p. 766.
46 Art. 1.2 et 10 des Règles de Hambourg.
47 Selon l’art. 1.6 b) ce statut de partie exécutante n’est pas retenu si l’ayant droit à la marchandise
requiert directement les services de ces opérateurs. C’est donc a priori la loi nationale qui régira
ces relations.
48 F. Smeele, « The Maritime Performing Party in the Rotterdam Rules », Annales IMTM, p. 115.
49 Art. 19 des Règles de Rotterdam : « Responsabilités des parties exécutantes maritimes ».
Laurent FEDI 53
actions contractuelles ou délictuelles (art. 4)50, mais ils n’assument pas les obli-
gations additionnelles acceptées par le transporteur telles que des limites de res-
ponsabilité plus élevées (art. 19.2). Le professeur Philippe Delebecque a souli-
gné cette avancée car à l’exception de quelques législations nationales dont la loi
française n° 66-420 du 18 juin 1966 sur les contrats d’affrètement et de trans-
port maritimes51, l’action contre les substitués et exécutants n’était que de nature
délictuelle à défaut de relation contractuelle entre le demandeur et l’auteur du
dommage52.
La nature et le régime de la responsabilité du transporteur maritime ont
fait l’objet de nombreuses analyses53 et nous rappellerons simplement que ce
dernier est débiteur d’une lourde responsabilité dans la mesure où il répond des
actes et omissions des parties exécutantes, du capitaine et de l’équipage du navire,
de ses propres préposés ou de ceux d’une partie exécutante (art. 18). En contre-
partie, il bénéficie d’une longue liste de quinze cas exceptés qui profitent égale-
ment à la partie exécutante maritime (art. 17) à la différence majeure de la Con-
vention de Vienne. Les Règles de Rotterdam instituent une action directe à
l’encontre de cette dernière (art. 68) pour un manquement aux obligations sous-
traitées du transporteur au regard de tout événement qui a causé la perte, le
dommage ou le retard. Cependant, les conditions de responsabilité de la partie
exécutante maritime sont strictement encadrées54 et le bénéfice du cadre juri-
dique applicable au transporteur requiert que la partie exécutante maritime –
l’opérateur de terminal notamment –, a reçu les marchandises à transporter
dans un État contractant, les a livrées dans un État membre également, ou a
fourni ses services dans un port rattaché à un État contractant. Par ailleurs,
l’événement qui a causé la perte, le dommage ou le retard doit avoir eu lieu
pendant les phases portuaires du transit de la marchandise, c’est-à-dire depuis
leur arrivée au port de chargement et leur départ au port de déchargement, et
cet événement doit se réaliser lorsque la marchandise est sous la garde de l’opé-
rateur. À cet égard, il aurait été pertinent de définir les concepts fondamentaux
de prise en charge et de livraison mais le Groupe de travail a craint de rendre le
texte trop détaillé55. Enfin, la partie exécutante maritime a une responsabilité
50 Art. 4 des Règles de Rotterdam : « Applicabilité des moyens de défense et des limites de
responsabilité ».
51 Voir Art. 52. JO du 24 juin 1966, complétée par le décret n° 66-1078 du 31 décembre 1966, JO
du 11 janvier 1967 et du 23 mars 1967 (décret n° 67-268 JO du 27 mars 1967. Loi n° 86-1292 du
23 décembre 1986 modifiant la loi n° 66-420 du 18 juin 1966 sur les contrats d’affrètement et de
transport maritimes, modifiée par la loi n° 79-1103 du 21 décembre 1979.
52 P. Delebecque, « Pour ou contre les Règles de Rotterdam », Séminaire organisé par l’AMLOG,
l’Association Marocaine pour la Logistique, le 28 janvier 2010 Hyatt Regency Hotel – Casablanca.
53 M. El Khayat, « Le Maroc et les Règles de Rotterdam », Annales IMTM p. 246.
54 F. Smeele, « The Maritime Performing Party in the Rotterdam Rules », p. 137 et suiv., cité supra.
55 Report of Working Group III on the work of its twenty-first session, Vienna 14-25 January
2008, document A/CN. 9/645 point 32. p. 12. Fedi, L. : « Présentation de la Convention des
54 Le droit maritime dans tous ses états
62 Convention des Nations Unies sur le transport de marchandises par mer du 30 mars 1978, dite
Règles de Hambourg, entrée en vigueur le 1er nov. 1992.
63 Note explicative du secrétariat de la CNUDCI relative à la Convention des Nations unies sur la
responsabilité des exploitants de terminaux de transport dans le commerce international, déjà cité.
64 En 2012, plus de 9,2 milliards de tonnes ont été transportées par voie maritime. Rapport
67 835 DTS par colis et 2.5 DTS par kilo. Art. 6 des Règles de Hambourg : « Limites de la
responsabilité ».
68 P. Bonnevie, « Présentation de la position des chargeurs sur les Règles de Rotterdam », Annales
Montpellier, 2e ch. sec. A, 18 novembre 2003, « navires L’Inglais et François Delphine », DMF
2005, p. 708 et CA Montpellier, 3e ch. corr., 4 novembre 2004, navire « Brescou », DMF 2005,
p. 713, note I. Corbier.
76 P. Bonassies, « Note sur la Convention des Nations Unies de 1991 sur la responsabilité des
79 Cour cass., ch. com. 7 janvier 2003, navire « Sea Saint », DMF 2003, p. 791, note J.-L. Goutal.
80 P. Bonassies et Ch. Scapel, Traité de droit maritime, p. 766 et suiv.
81 P. Delebecque, « Le projet CNUDCI : suite et fin », DMF 2008, p. 214 à propos de la faute
inexcusable.
60 Le droit maritime dans tous ses états
précité, voir également R. Illescas : « L’Espagne ratifie les Règles de Rotterdam : ce qui change au
niveau du droit du transport international suite à ces règles », DMF 2011, p. 632.
85 L. Fedi, « Les Règles de Rotterdam : le droit des transports au 21e siècle – Synthèse du
Colloque IMTM du 20-21 mai 2010 », Revue du droit des transports, septembre 2010, p. 9-16.
86 P. Bonassies et Ch. Scapel, Traité de droit maritime, 2e ed., p. 608.
Laurent FEDI 61
87L. Fedi, « Le cadre juridique de l’exploitation des installations portuaires ou comment passer
d’une législation spécifique atomisée à un régime universel reconnu », DMF 2008, p. 645-655.
Haddoum KAMEL
Professeur, Faculté de droit de Boudouaou, Université de Boumerdes, Algérie
p. 275.
7 P. Boisson, Politiques et droit de la sécurité maritime, Edition Bureau Veritas, Paris, année1998, p. 11.
Haddoum KAMEL 65
« Tout État prend à l’égard des navires battant son pavillon les mesures
pour assurer la sécurité en mer notamment en ce qui concerne :
- La construction et l’équipement du navire ;
- La composition, les conditions de travail et la formation des équipages,
en tenant compte des instruments internationaux applicables ;
- L’emploi des signaux, le bon fonctionnement des communications et la
prévention des abordages ».
La sécurité maritime est régie par le chapitre III du code maritime, dont
l’intitulé est « Police et Sécurité de la navigation », il est composé de trois
sections, la section I traite de la police de la navigation maritime, la deuxième
apport, était l’introduction d’un nouveau livre relatif à l’exploitation portuaire et par la Loi n° 10-
04-du 15 août 2010, qui a concerné le chapitre relatif à la saisi des navires.
66 Le droit maritime dans tous ses états
section concerne la navigation maritime alors que la troisième section, porte sur
le règlement de la sécurité.
La lecture de ce chapitre fait apparaître que tous les aspects relatifs à la
sécurité maritime sont pris en charge, notamment, les titres de navigation et
documents de bord, la police de la pollution, les conditions de sécurité –,
l’inspection de sécurité, la Commission de sécurité et les titres de sécurité.
15 J.-L. Velut, « Protection de l’environnement et lutte contre les activités illicites : de l’évolution
de la norme juridique à l’action en mer, l’exemple de la méditerranée », DMF n° 726, juin 2011,
p. 518, voir également, dans le même numéro Jean François Tallec, Philippe Dezeraud,
« L’évolution du cadre juridique de l’action de l’Eta en mer : Une meilleure sécurité des espaces
maritimes par le renforcement de la place de l’autorité judiciaire », p. 449-503.
68 Le droit maritime dans tous ses états
16 Décret exécutif n° 10-98 du 18 mars 2010, il a consacré notamment, la fusion entre la direction
de la marine marchande et la direction des ports.
17 On peut citer, le Ministère de l’Environnement et du Tourisme, le Ministère de la Défense., le
« Tout État prend à l’égard des navires battant son pavillon les mesures
nécessaires pour assurer la sécurité en mer […], quant au code maritime
algérien, il précise que « Tout navire qui entreprend la navigation
maritime doit être en état de navigabilité, convenablement armé et équipé,
apte a l’emploi auquel il est destiné »28.
29 Crée par l’arrête du 7 mai 2003 fixant les modalités d’organisation et de fonctionnement des
commissions locales de sécurité des navires, texte qu’il faut le rappeler ne défini pas clairement les
missions de ladite commission.
30 Décret-exécutif n° 99-198 du 18 août 1999 fixant la composition et les règles de
Selon l’article 2 dudit décret, tout navire battant pavillon algérien est
soumis à des visites au titre de contrôle de l’État du pavillon.
Alors que l’article 3 du décret, précise que les navires de commerce bat-
tant pavillon algérien sont soumis aux visites et inspections dites, la visite
annuelle 36 . La visite périodique 37 et la visite de renouvellement 38 . Ces visites
sont effectuées par la commission locale de sécurité39.
Alors que les autres visites sont : la visite initiale 40 . La visite intermé-
diaire 41 . La visite supplémentaire 42 et la visite de la face externe du fond du
navire. Ces visites peuvent être confiées selon l’article 12 du décret aux sociétés
de classification agrées43.
fication dans le domaine marchande, voir également, l’arrêté du 2 février portant reconnaissance
des sociétés de classification Lloyd’s register, DerNorske Veritas, American bureau of shipping
Nippon Kaiji Kyokai et Germanischer Lloyd et les arrêtés du 10 avril 1973 portant reconnais-
sance de la société de classification Bureau Veritas, du 19 septembre 1977 portant reconnaissance
de la société de classification Registro Italiano navale et du 19 septembre 1977 portant
reconnaissance de la société de classification American of shipping.
44 L. Khodjet El Khil, La pollution de la mer méditerranée du fait du transport maritime de marchandises, op.
cit., p. 250.
45 A. Le François, « Contrôle technique et social par l’État du port : Un enjeu pour l’Union
Il a été décidé d’organiser le contrôle par l’État du port sur une base
régionale et par conséquent, il devrait avoir une coordination entre les autorités
maritimes afin de vérifier la conformité avec les conventions internationales ; à
ce titre il existe actuellement huit (08) accords régionaux, parmi eux, le
Mémorandum de Malte sur le contrôle de l’Eta du port 46 , il vise à assurer
l’harmonisation des inspections et l’intensification de la coopération et de
l’échange d’informations entre les pays membres.
Il est important de savoir que l’Algérie est parmi les États signataires du
Mémorandum de Malte par le biais du décret présidentiel du 13 mars 200047.
« les inspections au titre du contrôle par l’État du port dans les ports
algériens consistent en une visite à bord des navires en vue de vérifier la
validité des certificats et autres documents appropriés ainsi que l’état des
navires, de son équipement et de son équipage et les conditions de vie à
bord ».
52 La convention internationale de 1982 sur le droit de la mer : partie XII et les conventions sur le
JAUGEAGE de 1969, la convention sur les Lignes de Charge de 1966, et la convention STCW
78/95, la convention SOLAS 74/78, et la convention MARPOL 73/78, le Recueil HSC et le
Recueil de règles sur les grains.
53 Le nombre de navires étrangers inspectés au titre du Mémorandum Méditerranéen a oscillé
Dossier, « Transport du pétrole et du gaz en Méditerranée », annales IMTM 2009, Marseille, p. 141.
55 Annuaire statistiques du Ministère des transports, année 2009.
76 Le droit maritime dans tous ses états
ouest le long des algériennes, les exposant ainsi exposées à des accidents
majeurs56.
Dès lors, les pouvoirs publics ont procédé à l’élaboration d’un dispositif
juridique, traitant de la pollution marine dans ces aspects techniques et juridi-
ques à travers la loi du 19 juillet 2003 relative à la protection de l’environnement
dans le cadre du développement durable, notamment les articles 52 à 58,
auxquels il y’a lieu de rajouter ajouté les dispositions contenues dans le code
maritime algérien ainsi que d’autres textes qui s’appliquent à la prévention
contre la pollution57.
L’Algérie, en tant qu’État de pavillon à l’obligation d’appliquer les règles
et normes internationales en matière de prévention de la pollution du milieu
marin,
56 Le mardi 31 décembre 2013, le port pétrolier de Bejaia a été le théâtre d’une pollution lorsque
une quantité de pétrole brut a fui lors du chargement, au quai n° 2 du navire Ben Batuta, battant
pavillon Maltais, Journal El Watan du Dimanche 5 janvier 2014, p. 2, mais dans un passé récent,
l’Algérie a frôlée de justesse une grande catastrophe, une tempête avec des vents soufflant de 100
à 130 km/h et une mer forte frappait le 31 janvier 2003 les côtes de Skikda, entraînant
l’échouement de trois pétroliers à l’état lège à la plage BEN M’hidi à Skikda, il s’agit des navires
Keymar battant pavillon Chypriote, le Val Bruna battant pavillon Italien et l’Alliance Spirit
battant pavillon du Bahamas.
57 La Loi n° 02-02 du 05/02/ 2002 relative à la protection et à la valorisation du littoral laquelle
s’applique aux pollutions marines (article 10) alors que la Loi 04-20 du 25 décembre 2004, relative
à la prévention des risques majeures et à la gestion des catastrophes dans le cadre du
développement durable, laquelle s’applique également aux pollutions marines (article 10).
58 Article 217 de la convention de Montego-Bay de 1982.
59 Notamment, la convention MARPOL 73/78 déjà citée, la convention relative à la lutte, la
coopération en matière de pollution par les hydrocarbures (OPRC) du 30 novembre 1990 (décret
n° 04-326 du 10 octobre 2004) , la convention internationale du 29/11/1969 sur la responsabilité
civile pour dommages dus à la pollution par hydrocarbures (décret 72-17 du 7 juin 1972) et son
protocole de 1972 (décret n° 98-123 du 18 avril 1998), la convention sur l’intervention en haute
mer en cas d’accident entrainant ou pouvant entrainer une pollution par les hydrocarbures du 29
novembre 1969 et son protocole du 2 novembre 1973 (Décret n° 11-246 du 10 juillet 2011) .
60 L’Algérie a adhérée par le biais du décret 80-14 du 26 janvier 1980.
Haddoum KAMEL 77
Dès 1994, l’Algérie a mis en place un dispositif de lutte contre les pol-
lutions marines par le biais du décret exécutif du 17 septembre 1994 63 qui
institue un Plan National d’urgence dénommé « Plan Tel Bahr national, des
Plans Régionaux d’urgence dénommés « Plans Tel Bahr régionaux64, dont les
sièges sont fixés a Alger, Oran et Jijel et des plans d’urgence de Wilaya
dénommés « Plan Tel Bahr de Wilaya » ce décret prévoit également la mise en
place d’un comité Tel Bahr national, d’un comité Tel Bahr régional et d’un
comité Tel Bahr de Wilaya.
Ce dispositif vient de faire l’objet d’un nouveau décret 65 , il prévoit
également la création des comités de Wilaya Tel Bahr, des comités régionaux
Tel Bahr, un comité national Tel Bahr et un secrétariat national Tel El Bahr.
Le comité national Tel Bahr, est présidé par le Ministre chargé de l’envi-
ronnement ou de son représentant, il regroupe les différentes administrations et
organismes concernés par la prévention et la lutte contre la pollution marine.
Il est chargé notamment, chargé de coordonner, au niveau national, les
actions des différents départements ministériels et organismes en matière de
préparation à la lutte et la lutte contre les pollutions marines66.
Il est créé trois comités régionaux Tel Bahr, ils correspondent aux trois
façades Centre, Est et Ouest67. Le comité régional Tel Bahr est présidé par le
commandant de la façade maritime concernée, il est composé de représentants
des différents Ministères et organismes intervenant dans la prévention et la lutte
contre la pollution marine.
Mascara et de Mostaganem la façade centre comprend les Wilayas de Chlef, de Tipaza, d’Alger,
de Boumerdes et de Tizi Ouzou, la façade est comprend, les Wilayas de Bejaia, de Jijel, de Skikda,
de Annaba et de El Tarf.,
78 Le droit maritime dans tous ses états
81 L’article 111, énonce « Outre les officiers et agents de police judiciaire agissant dans le cadre
des dispositions du code de procédures pénales et des autorité de contrôle dans le cadre des
pouvoirs qui leur sont conférés par la législation en vigueur, sont habilités à la recherche et à la
constatation des infractions aux dispositions de la présente loi :-Les fonctionnaires et agents visés
à l’article 21 Code de procédure Pénale ;-Les inspecteurs de l’environnement ;-Les fonctionnaires
des corps techniques de l’administration chargés de l’environnement ;-Les officiers et agents de la
protection civile ;-Les administrateurs des affaires maritimes ; -Les officiers du port ;-Les agents
du SNGC ;-Les commandants des bâtiments de la marine nationale ;-Les ingénieurs du service de
la signalisation maritime ;-Les commandants des navires océanographiques ;- Les agents
techniques de l’institut de recherche scientifique, technique et océanographique ; -Les agents des
douanes ».
Haddoum KAMEL 81
82 75% des accidents maritimes sont dus à l’erreur humaine et la mauvaise manœuvre, Philippe
Boisson, « Politiques et sécurité de la navigation maritime », op. cit., p. 353.
83 Résolution A.741 (18) du 4 novembre 1993, intégré au chapitre IX de la convention SOLAS en
mai 1994.
84 B. Beilvert, « La sécurité de l’exploitation du navire », ADMO, Tome N° XVI, 1997, Edition A.
du droit Maritime et Océanique, ADMO, Tome XXX, 2012. Edition A. Pedone, Paris, p. 273-285.
86 Décret n° 05-102 du 26 mars 2005 fixant le régime spécifique des relations de travail des
supérieure en 1988, en application du décret n° 85-243 du 1er octobre 1985, l’institut supérieur
maritime a été transformé en Ecole hors université par le biais du décret n° 09-275 du 30 août
2009. Dénommée école nationale supérieure maritime
89 l’ISM à obtenu sa Certification ISO 9001-2000, décernée par le bureau Canadien de certification
Quality Management International (QMI) à la suite d’un audit qui a eu lieu du 16/01/ au 19/01/ 2005.
Haddoum KAMEL 83
de sept (07) marins faisant partie de l’équipage du navire Luccina, voir Derradja Djamel, « Une
nouvelle approche de la prévention contre les actes illicites : Le code ISPS », mémoire de
Magistère, ENSM Bou Ismail, année 1997, p.136.
84 Le droit maritime dans tous ses états
93 P. Polere, « Sûreté maritime : Bilan et perspectives du Code ISPS », DMF, op. cit., p. 276.
94.Ibid., p. 277.
95 Décret exécutif n° 04-418 du 20 décembre 2004 portant désignation des autorités compétentes
en matière de sûreté des navires et des installations portuaires et des organes y afférents, il abroge
le décret du 25 octobre 1994.
Haddoum KAMEL 85
Direction de la Marine Marchande et des Ports) à été désigné pour assurer la formation des
différents agents appelés à assurer les différentes responsabilités liées à la mise en œuvre du Code
ISPS.A cet effet, cette opération a touché les trois niveaux en l’occurrence, le niveau 1 relatif à la
familiarisation, le niveau 2 qui a trait à l’aspect opérationnel et enfin le niveau 3 concernant le
management.
86 Le droit maritime dans tous ses états
des opérations de manutention par les grues et portiques, la réalisation des gains
sur le fret et l’économie d’échelle sur l’ensemble de la chaîne de transport, …
On se réfère principalement au transport maritime puisqu’il représente la
quasi- totalité des échanges commerciaux sur le plan international.
Le transport roulier, par camions et semi-remorques, présente également
des avantages notables par rapport au transport classique des marchandises
diverses mais n’évolue pas au même niveau que la conteneurisation, notamment
par la voie maritime. Pourtant, la manutention horizontale des camions
transportés à bord des navires (Roll-On/Roll-Off), appelée également « technique
de roulage », a été précédée par leur transport au moyen des grues.
L’encadrement juridique du conteneur lors de son transit par plusieurs
frontières est, à la fois, national et international. Cela revient principalement à la
standardisation, sur les niveaux technique et juridique, qui représente le moyen
d’adaptation des conteneurs aux différents modes de transport et de la vulgarisa-
tion de cette nouvelle technique de transport au niveau des textes législatifs.
La voie maritime, en tant que phase principale de la chaîne de transport
de marchandises, est, de ce fait, la plus concernée par l’appréciation de certains
points juridiques, eu égard à son adaptation au concept de la conteneurisation.
À cet effet, les diverses ressources nécessaires à l’analyse juridique du sujet sont
produites par les législations nationales, telles que le DCCM de 1919 pour le
Maroc2 et la loi maritime française3 de 1966, ainsi que les conventions interna-
tionales, telles que la convention de Bruxelles 4 de 1924 et la convention de
Hambourg5 de 1978.
En outre, les conventions spécifiques aux autres modes de transport
(routier, ferroviaire, fluvial et aérien) et les conventions techniques, relatives au
déplacement des conteneurs sur les circuits des échanges internationaux,
2 Dahir formant Code de Commerce Maritime du 31 mars 1919, (BO du 26 mai 1919, p. 478 et
rectificatif (BO du 15 août 1930 p. 953). Le DCCM a subi différentes modifications apportées par
les dahirs et décrets touchant principalement les dispositions contenues dans ses annexes, à
l’exemple de l’annexe I, et ce, entre les années 1930 et 1974.
3 Loi française n° 66-420 du 18 juin 1966 (décret n° 66-1078, du 31 décembre 1966), modifiée par
Connaissement, entrée en vigueur le 2 juin 1931 (en France le 4 juillet 1937, par décret du
25 mars 1937, JO du 8 avril 1937, SDN vol 120, p. 125) ; amendée par les protocoles modificatifs
du 23 février 1968 et du 21 décembre 1979 ; non-ratifiée par le Maroc.
5 La convention des Nations-unies, du 31 mars 1978, sur le transport de marchandises par mer,
appelée aussi « Règles de Hambourg », à laquelle le Maroc a adhéré le 14 novembre 1986 (Dahir
n° 1-84-21. BO du 3.08.1988). Le parlement français a donné son autorisation pour la ratification
de ladite convention par la loi n° 81-348 du 15 avril 1981 (JO du 16 avril), sans pour autant enter
en vigueur jusqu’à présent.
Abderrazzak BOUDHAR 89
Elles sont contenues dans les principaux objectifs affichés pour réussir le
défi relatif à l’amélioration de la qualité de service du transport de marchandises.
On fait référence à la faculté de déplacer les marchandises, à la satisfaction des
chargeurs, en petites parcelles, à leur sécurité au cours du transport et séjour en
attente et à l’élimination des retards lors des transferts. Le couronnement de
l’ensemble serait la régulation des coûts de transport et la réalisation des
économies.
92 Le droit maritime dans tous ses états
incidents au cours de ces deux étapes (ou du moins leur rattachement présumé
à elles) ; Ensuite, au regard de l’orientation privilégiée du conteneur vers l’ex-
ploitation maritime et du rapprochement opéré entre le navire et le conteneur,
dans sa conception originale.
Le fondement général de la responsabilité du transporteur maritime a
longtemps reposé sur le principe de la présomption.7 Un état de fait, dont les
racines sont liées à la situation économique des transporteurs par rapport aux
chargeurs ainsi qu’à l’obligation principale née du transport de marchandises,
qualifiée juridiquement comme étant une obligation de résultat. C’est à ce
niveau que surgit la question de savoir si le transport des marchandises en con-
teneurs a une certaine influence sur ce principe fondamental de la présomption
de responsabilité ou s’il est au contraire sans influence.
Le transporteur maritime renforce sa ligne de défense par la recherche
des cas exonératoires, notamment par le biais de la responsabilisation du char-
geur et ce, par la mise en évidence de la défaillance de celui-ci, de la marchan-
dise ou du conteneur. Il en est ainsi en fait, car les autres cas d’exonération
(notamment de la force majeure) sont plutôt difficiles à mettre en œuvre en tant
qu’échappatoires à la responsabilité.
Toutefois, dans le cas où cette responsabilité serait confirmée, sa limi-
tation a été instaurée par les textes de lois et les conventions internationales à
travers les plafonds d’indemnisation dans lesquels le conteneur a pris une place
particulière. Cette limitation – qui est en quelque sorte la contrepartie de la
présomption – a été mise en place pour assurer un certain équilibre entre les
parties au contrat de transport, sous réserve des cas de dol du transporteur ou
de déclaration de valeur de la marchandise par le chargeur. Ces plafonds sont
établis en fonction du nombre de colis – ou d’unités de charge – ou encore du
poids (en kilos) de marchandises empotées dans le conteneur. Ce dernier sera-t-
il alors considéré comme étant un colis dans son ensemble ou, au contraire,
divisé en plusieurs colis dont lui-même fait partie ?
La réponse à cette question renvoie à la qualification du statut juridique
du conteneur : Est-il alors considéré comme marchandise ou comme moyen de
transport à part entière ? En outre, d’autres questions soulevées par la mise en
service normale des conteneurs méritent, au même titre, des éclaircissements
par le traitement et la logique juridiques.
7 Cependant, cette posture juridique est progressivement atténuée par les nouvelles tendances qui
visent à rapprocher l’obligation de résultat du transporteur maritime vers une obligation de
moyens. Une disposition qui exige de la victime du dommage survenu aux marchandises
conteneurisées la preuve de la négligence ou de l’imprudence du transporteur pour pouvoir le
responsabiliser. La référence est faite aux dispositions de la convention de Hambourg de 1978.
96 Le droit maritime dans tous ses états
C’est, en fin de compte, une série procédurale qui prend son cours, en
débutant logiquement par la constatation des dommages apparents touchant
éventuellement les marchandises conteneurisées et ce, à chaque transfert opéré
entre les opérateurs successifs de la chaîne de transport.
Abderrazzak BOUDHAR 99
8Article premier de la convention (sous 1°). C’est une définition qui intègre l’internationalisation
des échanges commerciaux par le transit des frontières entre les points de départ et de destination
des marchandises transportées. Elle exclut, par la même occasion, toutes les opérations faites par
un mode de transport unique même s’il transgresse les frontières douanières des pays ; et exclue
100 Le droit maritime dans tous ses états
En deuxième lieu, quand les parties concernées sont sur un pied d’égalité
ou presque, eu égard à leur professionnalisme, à leur capacité financière et à
également toutes les opérations de ramassage et de distribution qui ne font pas partie du contrat
global de transport multimodal de marchandises.
Abderrazzak BOUDHAR 101
l’importance des intérêts en jeu, la transaction juridique est la solution qui ré-
pondrait mieux à leurs prétentions, si ce n’est que la complexité du contentieux
du transport conteneurisé qui les oppose, les poussent à se retourner vers la
procédure d’arbitrage commercial, parfois même, international. C’est une pro-
cédure qui a ses avantages et ses inconvénients, en plus de la technicité com-
merciale et juridique sur laquelle repose toute sentence arbitrale dans ce
domaine.
Autant en droit commun que dans les chartes parties, le fréteur supporte
l’obligation de mettre à la disposition de l’affréteur, le navire désigné répondant
aux caractéristiques prévues ou son substitut, à la date et au lieu indiqués, pour
accomplir les opérations prévues. À cet égard, le fréteur engage sa responsa-
bilité lorsqu’il n’exécute pas son obligation.
Il convient de différencier les problèmes attachés à la navigabilité que
nous verrons tout à l’heure, de ceux qui sont attachés à la performance du
navire. Comme critère de différenciation, nous pouvons utiliser les sanctions
applicables à leur manquement, car pour la navigabilité, ce seront les dommages
où et intérêts ou la résiliation du contrat ; pour la performance, ce sera la
suspension de location ou une modification du loyer.
Abdellah MARGHICH 105
2Cour d’appel de Paris, 23 juin 1983, DMF 1984, p. 307. Voir pour un affrètement coque-nue,
Cham Arb Mar de Paris, sentence n° 1000 du 29 janvier 1999, DMF 1999, p. 837.
3 Cham Arb Mar de Paris, Sentence n° 316 du 3 octobre 1979, DMF 1980, p. 185.
106 Le droit maritime dans tous ses états
dire que la tolérance qui recouvre le mot « environ » (about) s’entend pour les
arbitres français de 5 % en plus ou en moins. Selon l’interprétation anglaise, elle
s’entend de 10 %4. À propos des marges de tolérance sur la vitesse et la con-
sommation des combustibles, les arbitres acceptent qu’il soit prévu une marge
sur la vitesse et une marge sur la consommation mais rien n’exige leur
combinaison. Ils se montrent rigoureux
10 Cham Arb Mar de Paris, Sentence n° 220 du 27 juillet 1977 (second degré) DMF 1978, p. 47.
11 Cham. Arb. Mar. de Paris, sentence n° 927 du 6 novembre 1995, DMF 1996, p. 344.
108 Le droit maritime dans tous ses états
Quoique ce régime ne s’impose pas aux parties, cette étude n’est pas seu-
lement théorique. D’une part, il peut arriver que les chartes parties, qui établis-
sent un régime différent, soient nulles de sorte que le droit commun retrouve
son empire ; d’autre part, la connaissance du régime légal est indispensable à la
compréhension des clauses qui l’écartent et constituent le préalable à leur saine
interprétation12.
D’un intérêt pratique certain, cette étude n’est pas davantage inutile en
théorie. La confusion dans l’exposé des régimes de l’affrètement et du transport
sous connaissement règne encore dans le droit maritime marocain. En effet, le
DCCM traite d’une manière générale la responsabilité du fréteur à temps sans la
distinguer de celle du fréteur au voyage ni de celle du transporteur. D’ailleurs,
l’article 213 du DCCM impose l’obligation de mettre le navire en bon état de
navigabilité pour tous les modes d’exploitation du navire. La cour d’appel de
Rabat avait décidé que « les dispositions de l’article 213 du DCCM et qui fait
partie du titre premier réglementant le contrat de transport en général sont
applicables à toutes les variétés d’affrètement, transport et location »13.
Il en résulte que le fréteur à temps tenu d’une obligation de résultat
pleine et entière, est a priori responsable des dommages causés à l’affréteur par
suite de l’innavigabilité du navire. Celle-ci est d’ailleurs la preuve de l’inexécu-
tion de son obligation. Autrement dit, il est garant du bon état de navigabilité
durant toute la durée de la charte.
Ainsi, l’inexécution de cette obligation semble établir une présomption
de responsabilité, voire même une responsabilité de plein droit qui ne céderait
que devant la preuve que l’état défectueux du navire provienne d’un vice caché
qu’un examen scrupuleux n’aurait pas permis de découvrir (article 213 du
DCCM).
L’alinéa 2 de l’article 213 permet au fréteur de s’exonérer pour l’innavi-
gabilité de son navire, en posant expressément comme condition la démonstra-
tion de sa diligence, provenant d’un « examen scrupuleux ». L’article 214 ajoute
que « la preuve de l’innavigabilité peut être admise, nonobstant et contre les
certificats de visite de départ ».
Il s’ensuit que l’affréteur n’a point à démontrer que l’innavigabilité,
source du dommage est la suite d’une faute du fréteur. En effet, il appartient à
ce dernier d’établir qu’il a pris toutes les mesures nécessaires pour rendre son
navire en état de navigabilité au sens de l’article 213.
La Cour d’appel de Rabat14 avait décidé dans un arrêt du 30 juin 1953 que
Dans une autre affaire, le juge avait décidé que « le transporteur maritime
est responsable des avaries à la marchandise transportées dues à des infiltrations
d’eau de mer et de gas-oil et attribuées par l’expert à l’état défectueux de
certains rivets disjoints qui ne peut être assimilé à un vice caché et aurait dû
apparaître à un examen scrupuleux, et à la disjonction des tanks à gas-oil,
consécutive à l’âge de la coque trop lourdement chargée18.
Mais la solution préconisée par la jurisprudence précitée n’a pas été
suivie par certains tribunaux. C’est le cas du Tribunal de première instance de
Casablanca en date du 2 octobre 198619. En l’espèce, des marchandises avaient
souffert d’avaries par suite d’une panne des installations frigorifiques au cours
du transport. Le juge déclara le transporteur responsable au motif qu’il « aurait
dû prendre les précautions pour assurer le fonctionnement normal du moteur ».
Ainsi, selon ce jugement, la seule existence d’une innavigabilité montre que les
soins appropriés pour éviter le dommage n’ont pas été pris. Or, la définition du
contenu de la diligence du transporteur aurait dû être posée de façon plus nette.
Le tribunal ajoute qu’il convient de rechercher si le transporteur avait assuré la
révision du point névralgique de son navire avant d’entreprendre le voyage (du
fait que le navire avait subi une panne similaire en moins d’une année avant). Si
c’est le cas et que, malgré cela, il n’a pu découvrir le vice qui affectait les
installations frigorifiques, le transporteur doit être exonéré ». Dans le cadre de
ce jugement, l’article 213 du DCCM ne fait peser sur le transporteur qu’une
simple obligation de moyens.
C’est aussi l’avis de Cherkaoui « l’obligation d’assurer la navigabilité du
navire peut s’analyser en une obligation de moyen. C’est le sens de l’article 213
du dahir de 191920. Alors que le législateur marocain a voulu maintenir une
obligation de résultat à la charge du transporteur en déclarant dans l’alinéa 2 de
l’article 213 et aussi dans l’article 214, que « la preuve de l’innavigabilité peut
être admise, nonobstant et contre les certificats de visite au départ ».
Nous savons que cette présomption n’est pas absolue, la preuve
contraire est couramment admise par les tribunaux ; malgré la sévérité de la
jurisprudence, aujourd’hui elle admet, compte tenu de la complexité et du degré
de spécialisation des navires, que la visite d’un expert du Bureau Veritas ou de
l’administration permet de penser que l’armateur a exercé avant le départ un
examen vigilant et attentif21.
Dans un arrêt, le juge a observé qu’aux termes de l’article 213 du DCCM,
le transporteur maritime n’est pas responsable des avaries survenues à la
18 Cour d’appel de Rabat, 30 juin 1953, navire « Danio », DMF, 1954, p. 90.
19 Tribunal de première instance de Rabat, 2 octobre 1986, RMD, 1986, n° 5, p. 288.
20 H. Cherkaoui, « La navigabilité du navire », RMD, 1988, p. 87.
21 Cour d’appel d’Aix, 20 septembre 1985, BTL, 1986, p. 214 ; M. de Juglard, « Le vice de la chose
en droit maritime », DMF, 1982, p. 1 et s. Cité par R. Rodière et E. du Pontavice, Droit maritime,
Dalloz, 1997, n° 368.
Abdellah MARGHICH 111
Nous savons que dans toutes les chartes parties à temps, le fréteur
s’oblige à présenter le navire désigné en bon état de navigabilité.
Le non-respect par le fréteur de cette obligation fondamentale engage sa
responsabilité lorsqu’il en résulte des pertes ou dommages à la cargaison.
1953, DMF, 1954, p. 58 Cour d’appel de Rabat, 27 février 1952, RACAR, tome XVII, 1953-54,
p. 452.
112 Le droit maritime dans tous ses états
25 Ceci apparaît clairement dans la décision rendue par la Cour Suprême américaine dans l’affaire
The CALEDONIA qui jugea : « In aur opinion, the shipowner’s undertaking is not merely that he will do
and has done his best ta make the ship fit, but that the ship is really fit to undergo the perils of the sea and other
incidental risks ta which she must be exposed in the course of the voyage ; and, this being so, that undertaking is
not discharged because the want of fitness is the result of latent defects ». 157 U.S. 124 [1895].
Abdellah MARGHICH 113
motivée par des considérations tenant aux intérêts professionnels propres aux
marins ou qu’elle est une grève de contagion ou de solidarité, son existence se
suffisant à elle-même sans avoir à en rechercher la cause. Cependant, ces
principes ne peuvent pas s’appliquer lorsque l’affréteur a dirigé lui-même, en
toute connaissance, le navire vers un port français à une époque où la grève,
paralysant tous les ports français, s’étendait aux équipages de tous les navires
français s’y trouvant, ainsi qu’à ceux qui s’y dirigeaient dès qu’ils avaient touché
le port. C’est par simple application de la règle générale que « nul ne peut tirer
avantage de son fait » et spécialement de son fait fautif en faisant supporter la
charge par son cocontractant, que les arbitres ont refusé à l’affréteur de mettre
le navire “off hire”29.
En outre, il a été jugé par la CAMP que la saisie du navire30, le retard dû
au refus de l’équipage d’appareiller, les périodes de retard dues à une fausse
manœuvre du navire ainsi qu’à l’absence injustifiée de deux officiers et le temps
d’immobilisation du navire dû à l’exécution des réparations au moteur31, consti-
tuent des cas qui entraînent suspension de location. En revanche, les arbitres ont
refusé à l’affréteur d’effectuer une suspension d’affrètement pendant le temps
où le navire attendait au Canal de Suez car c’est de la pratique courante que les
navires, de la taille du navire de l’espèce, ne bénéficiant d’aucune priorité, soient
obligés d’attendre au moins 48 heures 32 . De même, à propos d’un navire
immobilisé pendant un mois au port algérien de déchargement, en raison d’une
saisie pratiquée par la douane locale à cause de différences entre connaisse-
ments et manifeste, les arbitres ont jugé que par application des clauses 9 et 13
de la charte, (selon lesquelles le capitaine est préposé de l’affréteur à temps en
matière de rédaction des connaissements ou autres documents tels que le
manifeste), l’affréteur ne pouvait pas déclarer le navire “off-hire”33.
En ce qui concerne la deuxième partie de la clause 11 de la “Baltime”,
elle prévoit que les accidents de navigation survenus dans les ports difficiles ou
des rivières à barre, ne donnent lieu à aucun cas de suspension, même si ces
accidents sont dus à une faute de l’équipage34. La clause 14 de la “Liner time”
différencie de la clause 11 de la « Baltime » sur plusieurs points, notamment
celui de la franchise, étant contractuelle, et sur des précisions qui portent sur les
méthodes de calcul en cas de déviation. Ainsi, la décision du capitaine d’entrer à
Marseille afin de réparer l’installation radio et embarquer des huiles de graissage,
29 Ch. Arb. Mar. de Paris, Sentence arbitrale n° 29 du 29 décembre 1969 DMF 1970, p. 443.
30 Ch. Arb. Mar. de Paris, Sentence arbitrale n° 293 du 17 avril 1979 DMF 1979, p. 629.
31 Ch. Arb. Mar. de Paris, Sentence arbitrale n° 63 du 26 juillet 1971 DMF 1971, p. 765.
32 Ch. Arb. Mar. de Paris, Sentence arbitrale n° 375 du 8 octobre 1980 DMF 1981, p. 571.
33 Ch. Arb. Mar. de Paris, Sentence arbitrale n° 458 du 2 novembre 1982, DMF 1983, p. 246.
34 Ch. Arb. Mar. de Paris, Sentence arbitrale du 14 mai 1974, JCP, 1974, II, 17818. DMF, 1974,
p. 653 ; cf. Egalement la sentence du 29 décembre 1973, citée et analysée par M. Monetti,
« Arbitrage et affrètement maritime », Étude comparée des sentences françaises et américaines, thèse de
3ème cycle, université de Rouen, Haute Normandie, 1981, p. 146-147.
Abdellah MARGHICH 115
35 Ch. Arb. Mar. de Paris, Sentence arbitrale n° 194 du 2 octobre 1976, DMF 1977, p. 430.
36 En sens contraire, Cham Arb Mar de Paris, Sentence n° 19 du 8 juillet 1969, DMF 1970, p. 58.
« Qu’en rompant unilatéralement le contrat d’affrètement, l’affréteur a méconnu les règles du
Droit français régissant les contrats et en particulier celles exprimées dans l’art. 1184 du Code
civil ».
37 - sans avoir à justifier d’un motif et avec deux semaines de préavis (clause 9 b). - à condition
que le navire ait, été indisponible, pour une raison quelconque (incluant une avarie) pendant plus
de 20 jours consécutifs et avec 20 jours de préavis (clause 9 d). - à condition que le navire ait été
indisponible, pour raison d’innavigabilité résultant de la faute de l’armateur, pendant plus de cinq
jours et sans préavis (cl 12).
116 Le droit maritime dans tous ses états
du 27 avril) se fondait sur la clause 12, laquelle ne pouvait s’appliquer qu’au cas
où une faute pourrait être reprochée à l’armateur dans la mise en état de navi-
gabilité du navire et son maintien. La deuxième notification de résiliation du
4 mai confirmait la première et faisait référence tant à la clause 12 qu’à la clause
9, sans préciser s’il s’agissait de ses alinéas (b) ou (d). Cette imprécision avait
créé une équivoque de nature à égarer l’armateur. Ceci conduisait à interpréter
la seconde notification dans le sens le plus favorable à l’armateur, c’est-à-dire en
lui faisant application du cl 9 al. D, qui prévoyait une indisponibilité de plus de
20 jours et un préavis de 20 jours. Les arbitres ont estimé que lors de la seconde
notification du 4 mai, cette condition d’indisponibilité était satisfaite, qu’elle ne
pouvait avoir d’effet que le 24 mai et que l’affréteur était tenu de payer le loyer
convenu jusqu’à la date où le remorqueur était effectivement à sa disposition,
lequel avait eu lieu le 18 mai. L’affréteur devait donc indemniser l’armateur de la
perte de six jours de loyer, résultant de son refus38.
D’habitude les armateurs contestent la légitimité de la décision des
affréteurs de résilier la charte. Tout dépend de la convention des parties et de
l’application de clauses additionnelles, Si elles existent. C’est le cas d’un navire
affrété par une C/P « Baltime » ayant une clause additionnelle disposant que le
navire était
38 Cham Arb Mar de Paris, Sentence n° 572 du 15 mars 1985, DMF 1986, p. 183.
Abdellah MARGHICH 117
39Cham Arb Mar de Paris, sentence n° 548, du 2 novembre 1984, DMF 1985, p. 306.
40Cham Arb Mar de Paris, sentence du 18 mars 1976, citée à la page 31 du document IIETM des
journées des 12 et 13 janvier 1977 sur l’affrètement à temps.
118 Le droit maritime dans tous ses états
41 Cour d’appel de Rabat, 12 janvier 1963, RACAR 1964 p. 96, Navire « Tanger », publié aussi dans
la GTM, mars 1963 p. 29 dans le même sens voir, CA de Casablanca, 21 juillet1981, Doss 859, J.
1881 ; CA de Casablanca, 29janvier 1980 Doss 2205/80, J. 160.
42 Mazeaud et Tunc, Traité théorique et pratique de la responsabilité civile, délictuelle et contractuelle, T.I, 6e
édition, n° 667 page 738. Voir aussi Carbonnier, Droit civil, T.II, 2e édition, n° 150, édition Thémis.
43 G. Ripert, Droit maritime, T. Il, p. 593.
Abdellah MARGHICH 119
« tout fait que l’homme ne peut prévenir, tel que les phénomènes natu-
rels (inondations, sécheresses, orages, incendies, sauterelles), l’invasion en-
nemie, le fait du prince, et qui rend impossible l’exécution de l’obligation.
N’est point considérée comme force majeure la cause qu’il fût possible
d’éviter, si le débiteur ne justifie pas qu’il a déployé toute diligence pour
s’en prémunir.
N’est pas également considérée comme force majeure la cause qui a été
occasionnée par une faute précédente du débiteur »49.
44 Cf. C. Hassania, « Le péril de mer, notion maritime de la force majeure », DMF 1991, p. 212.
45 Cf. El Khayat Mustapha, La responsabilité du transporteur maritime an droit maritime marocain, Thèse
Paris Il, 1986 p. 73.
46 P. Lureau, « Le cas de force majeure et la loi du 2 avril 1936 », DMF, 1949, p. 179 et suivantes ;
voir aussi Legendrk, « Le péril de mer an droit français », DMF 1955 p. 323 et suivantes.
47 Rodière, référence précitée, T. 14, n°630.
48 « La foudre peut être tellement violente qu’aucun moyen d’extinction ne suffira à éviter
l’incendie. Elle sera considérée, alors, comme un cas de force majeure. C’est au juge d’apprécier le
degré d’intensité de l’imprévisibilité et I’inévitabflité », Y. Keslin, La responsabilité de l’armateur et du
transporteur maritime. Etude de droit turc, Thèse Lausanne, 1961.
49 Voir pour un cas d’application, Cour d’appel de Rabat, 2 novembre 1937 RACAR 1937, p. 38,
cet arrêt définit la force majeure comme étant : « un événement que le contractant ne pouvait
prévoir et qui rend impossible l’exécution de l’obligation. Cette impossibilité devant être à la fois
inévitable et imprévisible ».
120 Le droit maritime dans tous ses états
La faute nautique est plus qu’un cas excepté, c’est un véritable cas d’irres-
ponsabilité puisque le réclamant ne peut bien évidemment pas faire tomber ce
cas par la preuve de la faute, puisque ce cas… C’est la faute elle-même. On
touche là, un particularisme majeur du droit maritime dont le bien-fondé a été
longuement débattu et notamment remis en cause lors de la tenue de la
Conférence de Hambourg54.
Ce cas excepté puise ses origines dans l’article 3 du Harter Act qui est le
premier texte à l’échelle internationale à avoir essayé de donner la notion de la
faute nautique. En effet, cet article disposait que si
Il s’agit ici de se demander à quoi tendait l’acte fautif. S’il s’agit d’un acte
« qui intéresse le navire comme tel et non d’abord la cargaison ou les appareils
et installations du navire établis pour la conservation de la cargaison »56. L’acte
sera considéré comme effectué dans l’administration du navire. S’il s’agit d’un
acte qui intéresse la marchandise, il n’entrera pas dans l’administration du navire.
Le critère du but de l’acte est retenu par la Cour d’appel de Rabat dans
l’arrêt déjà évoqué du 8 mai 195757à propos duquel la dite Cour a décidé que
l’inondation d’une cale ayant causé des avaries aux marchandises, quand cette
inondation est la conséquence d’un mouvement de ballast effectué en cours de
traversée, afin de mieux assurer la stabilité d’un navire secoué par la tempête, et
que par suite d’un serrage défectueux du joint en caoutchouc du deeptank, l’eau
du ballast a filtré dans la cale, constitue une faute nautique dont l’armateur peut
s’exonérer.
Le critère du but de l’acte fautif est également retenu par les jurispru-
dences étrangères. Pour n’en donner qu’exemple, nous citerons un arrêt de la
Cour d’appel de New York du 29 novembre 1963 concernant l’affaire Black
Héron. Dans cette espèce, l’erreur de l’officier du navire dans le choix de vanne
de remplissage et l’envoi de l’eau de ballastage dans une cale pleine de
marchandises a été considérée par la Cour comme une faute nautique.
D’après le professeur Bonassies,
57 CA de Rabat, 8 mai 1957, Gaz. Tribu. du Maroc de juin 1957, p. 81, infirme Casablanca,
28 février 1956.
58 Commentaire de l’arrêt Black Héron, DMF 1966 p. 117, voir aussi Cour suprême de Suède,
Cour de cassation française 26 février 1991, mars 1991 p. 358. Affaire Aude note P. Bonassies.
60 Cette décision de la Cour d’appel ne faisait que confirmer celle du Tribunal de première
instance de Casablanca dans son jugement du 14 janvier 1960. Voir CA de Rabat 12 janvier 1963,
RACAR 1964, p. 96-97 ; une autre décision va dans le même sens, voir CA de Rabat, 5 décembre
1956, GTM du 25 mai 1957, p. 46, infirme Casablanca 25 juin 1953.
Abdellah MARGHICH 123
1994, p. 235 et suivantes. Voir aussi, P. Garoche, L’exploitation commerciale du navire et ses problèmes,
édition Maritime et d’Outre-Mer, Paris, 1966.
124 Le droit maritime dans tous ses états
« Soit en ce qui concerne aussi bien les armateurs que les affréteurs, la
responsabilité pour toute perte, dommage ou retard dans l’accomplisse-
ment de cette charte, ce que l’on ne mentionne pas dans la clause 12 est
soumise aux exceptions mutuelles suivantes :
- faits de Dieu, fait de guerre, troubles civils, grèves, lock-out, faits du
prince et décrets, restrictions de quarantaine. De plus, si cette
Ainsi, en vertu de la clause que nous venons de citer, le fréteur est exo-
néré de toute responsabilité en cas de retard dans la livraison ou de pertes ou de
dommages subis par la cargaison, ainsi que pour tout autre dommage, qu’il soit
dû à l’innavigabilité du navire ou à d’autres causes, à moins que ces retards,
pertes ou dommages ne soient causés par sa faute personnelle ou par la faute de
son gérant. Le terme « personnelle » est interprété dans un sens littéral, excluant
toute faute de la part du capitaine, des officiers et de l’équipage.
66 Traduction libre.
Abdellah MARGHICH 127
Les investigations faites par les arbitres leur ont permis de conclure qu’il
n’en était rien.
67 Cham. Arb. Mar. de Paris, Sentence n° 623 du 15 juin 1986, DMF 1987, p. 54.
68 Cham. Arb. Mar. de Paris, Sentence n° 291 du 13 février 1979, DMF 1979, p. 381.
Abdellah MARGHICH 129
Bien que le délai anormal passé au Pirée dut-il novembre jusqu’au 19 juin
résultait directement de la négligence des armateurs à l’égard de la cargaison
dangereusement menacée à bord d’un navire en état d’innavigabilité, les arbitres
les ont condamnés à réparer le préjudice subi par l’affréteur à l’égard de sa
clientèle, des chargeurs et des frais substantiels engagés par lui pour pouvoir
obtenir le départ du navire du Pirée, le tout étant évalué globalement69.
En ce qui concerne l’arrimage, bien qu’il relève en principe de la gestion
commerciale du navire, question que nous allons examiner dans la deuxième
section de notre chapitre, il nous semble utile de mentionner la position des
arbitres, qui est conforme avec celle des décisions des Tribunaux70 lorsque l’ar-
rimage peut constituer une faute nautique. Ce cas se présente lorsqu’une faute
d’arrimage affecte la stabilité et la sécurité du navire, prenant alors les caractères
d’une faute nautique du commandant, qui supervise toujours l’arrimage pour
des raisons de sécurité évidentes ; c’est le cas où la faute d’arrimage exonère
toujours le fréteur.
Bien qu’ils n’avaient pas eu l’occasion de se prononcer sur ce point, les
arbitres soulignent accessoirement qu’il s’agit de la gestion nautique, quand en
matière d’arrimage se pose le problème de la répartition des poids sur la tenue
du navire71.
69 Cham. Arb. Mar. de Paris, Sentence n° 514 du 8 février 1984 (second degré), DMF 1984,
p. 554.
70 C. cass 4 juillet 1972, DMF, 1972, p. 717 note Achard (R). CA de Paris 27 novembre 1979,
Aux termes de son art 640, le Code Maritime Algérien (CMA) stipule :
« le contrat d’affrètement s’entend d’une convention par laquelle le fréteur s’en-
gage moyennant rémunération à mettre un navire à la disposition d’un affréteur
[…] ». En son titre III, le Code de Commerce Tunisien (CCM), traitant des
règles générales du contrat d’affrètement définit, en son art 165, le contrat
d’affrètement comme étant
« une convention par laquelle une personne appelée le fréteur met à la
disposition d’une autre appelée affréteur, tout ou partie d’un navire, à
une date, pour une durée, à des conditions et à des fins fixées par la
convention des parties ».
En outre, suivant les termes de son art 171 le CCM considère que « l’affrè-
tement est assimilé à une charte-partie, convention qui lie le fréteur à l’affré-
teur ». Cette convention doit être constatée par écrit. Toutefois, lorsqu’il s’agit
de navigation côtière, de port tunisien à port tunisien, les parties sont dispen-
sées de dresser d’acte écrit. (Art 172).
Nous citerons dans certains cas la Loi française du 18/6/1966, de laquelle
se sont inspirés le droit maritime tunisien et algérien ; le droit marocain étant
antérieur aux différentes lois françaises et il a même prévalu durant l’époque du
protectorat du Maroc par la France. Ainsi, sur les contrats d’affrètement, la loi
française de 1966 dispose que :
« par le contrat d’affrètement, le fréteur s’engage moyennant rémunéra-
tion à mettre un navire à la disposition d’un affréteur… Les conditions et
les effets de l’affrètement sont définis par les parties au contrat […] ».
134 Le droit maritime dans tous ses états
Comme déjà évoqué plus haut, l’affrètement coque nue suppose que la
gestion nautique et commerciale soit à la charge de l’affréteur. En revanche,
dans ce type d’affrètement, le fréteur conserve la responsabilité de la gestion
nautique et technique du navire et cède la gestion commerciale à l’affréteur.
Précisons que la gestion nautique implique la conduite du navire, à tra-
vers dangers et périls par l’équipage qui en a la charge. La gestion technique
consiste au maintien du navire en bon état de navigabilité en s’assurant de sa
dotation en produits d’entretien du pont et des machines. Au préalable, il est
indispensable de recruter, entretenir et faire vivre l’équipage. Il est utile égale-
ment de souligner que dans les affrètements à temps le nom du navire n’est
jamais spécifié, l’important étant qu’un bâtiment puisse être affecté aux fins
convenues dans le contrat entre les parties et corresponde aux besoins
spécifiques exprimés par l’affréteur.
Si le navire s’arrête pour une raison technique, par exemple une panne de
machine, il y a cessation du contrat d’affrètement. En pareil cas, le navire est
déclaré off hire, ce qui signifie qu’il y a suspension de loyer pendant tout le temps
que le navire n’a pas été en service (supra).
C’est parce que l’affrètement est contracté sur une période donnée que la
notion de temps perdu, mettant en cause la gestion nautique et technique du
navire, devient pénalisante pour le fréteur. S’agissant d’une gestion mixte,
l’affréteur, qui est coiffé dans ce cas de la casquette de transporteur à l’égard des
chargeurs, sera à son tour responsable devant ces derniers de toute erreur ou
omission du capitaine du navire.
Bien que le capitaine du navire soit le représentant nautique du fréteur, il
n’en est pas moins un employé commercial de l’affréteur, pour toute la durée de
l’affrètement, devant lequel il doit répondre de tous les actes d’irrégularité ayant
entraîné des préjudices à la cargaison.
136 Le droit maritime dans tous ses états
Si l’on divise ce montant par 365 jours, on obtient les frais d’armement
par jour, soit : 800 000 : 365 =2 192 usd ; montant auquel il faut ajouter les
4 500 usd, représentant les frais d’affrètement sur le marché.
Ainsi, le coût journalier de l’affrètement en Time Charter ou frais fixes du
navire (running cost en anglais) sera donc de : 4 500 + 2 192 = 6 692 usd.
1 Les chiffres, exprimés ici en dollars, sont donnés ici juste pour la commodité du raisonnement.
Kamel KHELIFA 139
« Time is money », disent les Anglais. Cette expression prend sa pleine si-
gnification dans ce domaine. Quand on sait que le coût quotidien du navire le
plus ordinaire se chiffre à plusieurs milliers de dollars, on peut comprendre aisé-
ment que toute la philosophie des affrètements puisse reposer sur la notion de
durée, donc de temps.
Quant aux devoirs et obligations des parties en présence, nous allons nous
borner à en énumérer, à titre d’éclairage simplement, quelques aspects généraux,
en tous cas les plus usuels, en laissant les règles supplétives, comme le veut
l’usage en la matière, faire leur œuvre constituée d’une somme d’arrangements
décidés au gré des circonstances.
140 Le droit maritime dans tous ses états
Le CMA, en son art. 708, édicté que « le montant du fret et les modalités
de son règlement doivent être établis par la C/P. À défaut de convention, le fret
est payé d’avance par tranche mensuelle et il n’est pas acquis à tout événement ».
Dans le cadre d’affrètements de longue durée, et si entre-temps les
charges d’exploitation évoluent, que des fluctuations monétaires défavorables
au fréteur interviennent ou que le taux de fret augmente, ce dernier s’arrange,
déjà lors de la négociation, pour obtenir l’insertion préalable d’une clause com-
pensatoire d’ajustement. Quant aux taux d’affrètement, ils sont généralement
établis sur la base de l’évolution des indices de fret communiqués par un certain
nombre d’institutions et de publications spécialisées en la matière.
Pour le pétrole, par exemple, ces taux de fret sont appelés nominaux et ils
sont fixés annuellement sur un taux forfaitaire théorique exprimé en dollar US
par tonne métrique, figurant dans un barème établi suivant l’évolution de
l’indice World Scale, à partir d’un taux WS 100. Selon A. Boyer2, « on prend pour
base 100 ; un taux de fret donné, à une date déterminée et l’on compare tous les
taux de fret ultérieurs à cette phase, ce qui traduit graphiquement les variations
annuelles, ou autres, des taux de fret ».
Comme on l’a vu, et ceci est une constante de la plupart des codes, à
l’expiration du délai d’affrètement, l’affréteur est tenu de restituer le navire se-
lon les termes prévus dans la C/P. Mais, comme il est pratiquement impossible
de procéder à la relivraison du navire à la date exacte (les navires n’étant pas des
trains ou des avions), un délai raisonnable est accordé à l’affréteur, à l’instar de
la livraison, au-delà duquel il est tenu de verser des indemnités de retard, selon
les clauses de la C/P retenue.
Signalons au passage que le néologisme redélivraison qui s’est introduit dans
la langue française, terme dérivant des expressions anglaises delevery/redelevery,
constitue une erreur qu’il y a lieu d’éviter sous peine de dénaturer, au-delà du
mot, le concept même de restitution ou de son synonyme, la relivraison.
146 Le droit maritime dans tous ses états
Quelles que soient les C/P (à temps ou au voyage), elles comportent des
clauses types que l’on retrouvera à tous les coups, notamment celles afférentes
au navire ; comme indiqué plus haut pour la C/P au temps, la partie descriptive
portant sur l’individualisation de celui-ci doit refléter les indications avancées
par le fréteur lors de la négociation :
– Un navire porte un nom ; ce qui nous fait dire qu’il a une personnalité
propre.
– Il a un âge ; on le calcule à partir de l’année de sa construction et, lors-
qu’il dépasse les quinze ans d’âge, son armateur doit payer en matière
d’assurance des surprimes, outre qu’il n’est plus recevable dans tous
les ports en raison de normes restrictives liées à la sécurité de la
navigation maritime.
– Il possède une nationalité identifiée par le pavillon qu’il arbore.
– Sa capacité de charge ; elle peut être exprimée en Tonnage de Port en Lourd
(Tpl). Les C/P distinguent le port en lourd utile (cargo deadweight),
c’est-à-dire la capacité de chargement commerciale du navire, du port
en lourd deadweight, comprenant en plus du tonnage de la marchan-
dise, les soutes, les équipements de bord, les vivres, etc. La simple
mention de TPL ne suffit pas, il est utile, lors de la négociation, de ne
pas omettre que des précisions entre ces deux notions s’imposent.
Par ailleurs, il est nécessaire de souligner qu’il existe une nuance à ne pas
négliger entre la capacité de charge déterminée en tonnage de port en lourd
(TPL) et tonneau de jauge (brute et nette) exprimée par les abréviations TJB et TJN.
En effet, bien que les deux notions soient utiles à plus d’un titre, notam-
ment pour la détermination du tirant d’eau maximum du navire, de sa charge
utile, du coefficient d’arrimage de la marchandise, etc., on retrouve la notion de
jauge dans le transport des pondéreux en vrac liquide et solide dont la capacité
de charge est exprimée en termes de cubage ; ainsi, le volume du vrac solide est
défini en grains et le volume des sacs en balles… Et même entre ces deux
derniers critères, il existe des différences appréciables de nature à faire varier les
taux de fret : « the difference betwen grain and bale space varies from 5-10 per cent »3.
3 Cf. J. Bes « Chartering terms and shipping », op. cit., p. 186/187, §.20
Kamel KHELIFA 147
ports (Supra). Ainsi, pour le CMA, en son art 720 : « Si l’affréteur ne paie pas le
fret convenu à l’échéance, le fréteur peut résilier le contrat et obtenir de
l’affréteur une indemnité pour perte de fret et autres dommages ».
En complément de l’article 2 de la Loi française 66-420 de juin 1966, qui
énonce que « le fréteur a un privilège sur les marchandises pour le paiement de
son fret », l’art 3 du décret 66-1078 du 31/12/1966 précise : « Si le fréteur n’est
point payé lors du déchargement des marchandises, il peut les consigner en
mains tierces et les faire vendre, sauf à l’affréteur à fournir caution ».
Le CCM, se voulant le plus exhaustif possible, a consacré au sujet, aux
termes de l’art. 187, six alinéas, dont nous nous bornerons à citer les plus
significatifs :
Dans les C/P., les clauses relatives au fret et aux modalités de son règle-
ment foisonnent par les détails précautionneux, tant les nuances peuvent être
sources d’interprétations, donc de problèmes. Ainsi, comme le fret peut être
payé au tonnage ou au volume, toujours à l’avantage du navire, la quantité de
marchandise embarquée, mesurée au départ, peut ne pas être la même à
l’arrivée après mesurage ou pesée.
Afin d’éviter de se retrouver aux prises avec le fréteur, et si en plus il
n’est pas sûr de la quantité exacte devant lui être fournie par le chargeur ou si
les conditions de pesée ne sont pas réunies, l’affréteur préfère dans ce cas la
formule de fret au forfait. Cette formule est en usage dans certaines C/P. et
pour certains types de trafic de vrac où les phénomènes de routes peuvent pro-
voquer des freintes : pertes de poids dues à l’évaporation ou bien des augmen-
tations de poids du produit lorsque celui-ci est chargé d’humidité, provoquées
par la traversée de zones humides.
Selon certaines C/P, lorsque le contrat de vente est conclu en C et F, le
fret doit être payé d’avance (prepaid en anglais), etc. D’autres contrats prévoient
le paiement du fret sous forme d’avance à la signature du connaissement au
port de chargement et le reliquat à destination, c’est-à-dire au moment de la
livraison de la marchandise ; lorsque le fret est payable à destination (collected
freight en anglais) – ce sont tous les cas où le contrat de vente est conclu en fob
Kamel KHELIFA 149
il ne devra pas non plus arriver plus tard que le délai limite fixé, sous peine de
se voir assumer les indemnités dues à l’attente en entrepôts de la marchandise
avec tout ce que cela implique comme frais d’intérêts, outre les risques de rési-
liation du contrat. À son tour, l’affréteur a intérêt à évaluer au plus près le temps
nécessaire à l’acheminement de la marchandise au port et à son chargement sur
le navire, sans quoi il court le risque de rogner le temps de planche qui lui est
alloué par la C/P. Cf. staries et surestaries (Supra).
Malgré toutes les précautions d’usage, nul n’est à l’abri d’une surprise en
raison des interprétations des conventions contenues dans les C/P et les usages
des ports,
Ainsi, dans une affaire de « temps d’attente » (waiting time) du navire Ace
Pioneers, la juridiction de Camp, par sa sentence n° 357 du 06/03/80, confirme
la complexité de ce fait : A l’arrivée du navire, chargé d’une cargaison de maté-
riel de constructions métalliques des États-Unis sur Port-Soudan, le vapeur a dû
attendre 14 jours en rade dans l’attente d’un poste à quai. Le litige entre les
parties portait sur le compte de surestaries, les armateurs appliquant intégrale-
ment le temps d’attente alors que les affréteurs prétendaient que le navire n’était
pas arrivé dès lors que la libre pratique ne lui était pas accordée, selon les us du
port. De la clause Time lost in waiting for berth to count as discharging time (le temps
perdu à attendre l’accostage compte comme temps de déchargement), voici
résumée la sentence rendue par la juridiction précitée :
« L’interprétation de cette clause de la charte Gencon n’a pendant
longtemps fait l’objet d’aucune contestation, le concept de « navire
arrivé » qui a pu en nuancer l’application, en se trouvant à l’origine de
nombreux litiges, ne lui étant particulier. Selon cette interprétation
ancienne, tout le temps passé en attente d’un poste à quai doit être
assimilé à du temps utilisé, sans interruption d’aucune sorte, qu’il s’agisse
de mauvais temps ou autres empêchements ou des périodes écartées du
compte des staries… »
Si, comme on l’a vu, un navire est appelé à changer de destination, pour
une raison qui relève par exemple des cas de force majeure (fait du prince, état
de guerre, calamité naturelle ou autres), le fréteur et l’affréteur tenteront de se
mettre d’accord sur le nouveau port.
À cet égard, ce sont les intérêts de l’une et l’autre partie qui vont encore
une fois s’affronter.
En effet, l’affréteur aura intérêt à ce que le port soit le plus proche
possible du lieu initialement prévu, afin de limiter les frais supplémentaires dans
le cadre du transfert de la marchandise ; le fréteur pourrait chercher à conduire
son navire là où les frais portuaires ne sont pas plus élevés que dans le port
initialement prévu, de même que la sécurité du navire et de ce qu’il transporte
rencontrent le moins de risques possibles, etc.
En matière de sécurité, la notion de port sûr reviendra comme un
leitmotiv.
Et, pour se faire une idée de cette notion de ports sûrs (Safe ports), lire les
différents cas de jurisprudence cités dans l’article de Mohamed Dekhili, juriste
algérien au sein de la Société Hyproc, in le Phare (Journal des échanges
internationaux, des transports et de la logistique) N° 11, Pages 8/9.
152 Le droit maritime dans tous ses états
l’expression de temps permettant qui revient souvent dans la plupart des C/P et
que la formulation anglaise reprend en ces termes : « Vessel shall be loaded (or
discharged) within X days weather permitting ».
chargement ( ! ?). Aussi, les fréteurs, quand ils ont réussi à faire adopter le point
de départ du temps de planche, à partir du point de mouillage, font adresser par
le capitaine la notice (traditionnellement via la radio) et depuis peu par Internet,
en direction de l’agent consignataire qui répercute cet avis sur le destinataire.
Mais ceci n’est pas une règle absolue puisqu’il est des cas où le point de départ
des staries ne commence à courir que lorsque le navire a trouvé un poste à quai.
Dans les ports ayant des caractéristiques dites répulsives (brumes, brouil-
lard, marée, etc.) l’emplacement est important dans la mesure où le temps de
planche commence à courir à partir de l’annonce que le navire est arrivé et se
trouve prêt à opérer. Or, le navire peut mettre un temps plus ou moins long
avant de rejoindre l’espace opérationnel, temps à mettre au compte de l’affré-
teur. Ainsi, certains codes, notamment Scandinaves, ne prennent en considéra-
tion l’arrivée du navire que lorsque celui-ci a accosté à un poste à quai. La
crainte des pays de frètement résulte des postes à quai souvent occupés, en tous
cas dans les ports à fort trafic. Ceci explique aussi pourquoi certaines C/P ont
tendance à prémunir les fréteurs contre les risques d’attente du poste à quai
avant que ne puisse être déclenché « le compteur à staries ».
Aussi, retenons que l’envoi de la notice ne peut être pris en considération
que lorsque le vapeur est ancré au point d’arrivée convenu ou au point habi-
tuellement défini par les usages ou dans celui reconnu par les législations
nationales, en cas de silence de la C/P ; notons que ce dernier cas est fort rare.
L’envoi de la notice of readness n’est pris en considération que lorsqu’il est effectué
aux heures de bureau et pendant les jours ouvrables. Celle-ci doit indiquer
l’heure approximative, ou exacte, selon ce qui est convenu – de l’engagement
des opérations commerciales par l’affréteur.
Mais, d’une façon générale, et afin de permettre à ce dernier de prendre
ses dispositions, préalablement à l’envoi de la notice, des messages lui sont adres-
sés par le capitaine du navire, selon ce qui est convenu dans les clauses de la C/P.
En pratique, ces messages sont adressés une semaine à l’avance, confir-
més soixante-douze heures et en tout état de cause ils ne doivent pas parvenir
moins de vingt-quatre heures avant l’envoi de la notice, sous peine de faire
reculer le point de départ des staries. Les messages indiquent l’ETA (temps
estimé d’arrivée, en anglais expected time of arrival) du navire au point convenu.
Enfin, une fois les conditions d’envoi de la notice remplies et le navire
accosté au poste à quai qui lui est affecté, il reste au fréteur de rendre le vapeur
effectivement prêt à entamer les opérations commerciales. Pour ce faire, il doit
ouvrir les panneaux de cales et remettre celles-ci et les mâts de charge dans un
état qui ne souffre pas de discussion.
Une fois le navire à quai et lorsqu’il est prévu des déchargements partiels
dans deux ou trois ports par exemple, le temps de planche pour chacune des
escales doit être utilisé conformément aux termes de la C/P, sous peine de voir
l’affréteur confronté aux risques de paiement de pénalités.
Kamel KHELIFA 157
Dans les affrètements à temps, les dommages subis par le navire soulè-
vent une multitude de questions, dès lors que les frontières, difficiles à cerner
dans le partage de la responsabilité entre le fréteur et l’affréteur, donnent lieu à
de fréquents litiges entre les parties contractantes.
En effet, en droit, le fréteur est supposé être, vis-à-vis de l’affréteur, le
seul responsable des dommages que peut subir le navire en cours de navigation,
160 Le droit maritime dans tous ses états
à partir du moment qu’il reste maître de la gestion nautique du navire (art. 700
du CMA).
Vis-à-vis des détenteurs du connaissement, surtout en cas de dommages
au navire et à la cargaison qu’il transporte (cas d’avaries communes), nous sa-
vons que le fréteur a la possibilité d’invoquer, aux termes de la Convention de
Bruxelles de 1924 et de l’art. 803 du CMA, les cas d’exonération de la respon-
sabilité du transporteur, dont le nombre varie selon les législations, pour autant
qu’elles soient favorables aux transporteurs ou aux chargeurs.
Ainsi, la convention précitée a prévu 19 cas exceptés, le CMA 12, le
CCM 10, la Loi française 9, la Loi marocaine 6. À la faveur de ces cas d’exoné-
ration !, le fréteur, qui est en réalité le transporteur, est exonéré de sa responsa-
bilité, par exemple si le capitaine commet une faute dans la navigation. À
l’examen du CMA, on ne peut que déplorer le fait que son contenu fasse la part
belle au fréteur, comme si l’Algérie était un pays de frètement. Les articles 701.
702 et 703 en sont à cet égard de bonnes illustrations. Jugeons-en par le
contenu résumé de l’art. 703 :
En règle générale, le fret est payé durant tout le temps que le navire est à
la disposition de l’affréteur. Le montant du fret et les modalités de son appli-
cation doivent être précisés dans la C/P. En l’absence de convention, ce qui est
fort rare, le fret est payé d’avance par périodes d’un mois. « Le fret payé d’avan-
ce n’est pas considéré comme acquis à tout événement » (CMA, art. 708, alinéa
2). Ce qui signifie concrètement que cette somme d’argent ne servira exclusive-
ment qu’à payer le fret. Le principe régissant la responsabilité en matière de
temps perdu repose sur la notion du paiement du fréteur pour toute la durée
que le navire est à la disposition de l’affréteur, qu’il soit employé ou pas. II ap-
partient par voie de conséquence à ce dernier de veiller à une utilisation ration-
nelle et judicieuse du navire afin de permettre au fréteur de faire face à ses dé-
penses d’exploitation courante, comme déjà indiqué dans la daily cost du navire.
Du reste, l’art. 707 du CMA pénalise lourdement l’affréteur si l’inaptitude du
navire provient de son fait ou par la faute de ses préposés. En ce cas, en effet, le
fréteur a droit, outre le paiement par l’affréteur du montant du loyer, à une in-
demnisation convenable en compensation du temps perdu. Cependant, lorsque
la perte de temps est imputable au fréteur, du fait de la non-utilisation commer-
ciale du navire, notamment pour panne technique, déficience d’hommes ou
toutes autres raisons analogues, le fret n’est pas dû durant toute la période où le
vapeur est immobilisé (art. 710 du CMA). Cette clause, contenue dans la plupart
des C/P, s’appelle clause de suspension de tout loyer payé d’avance sera révisé au
prorata du nombre de jours de retard occasionné. Toutefois, l’art. 719 introduit
une nuance de taille confirmant la tendance du CMA à être par trop favorable à
l’égard du fréteur, en ce sens que cette clause n’est pas de nature à limiter les
inévitables palabres qui s’ensuivent si l’affréteur ne prend pas suffisamment de
précautions quant aux clauses de suspension de loyer qui doivent être expressé-
ment et spécifiquement mentionnées dans la C/P.
En effet, aux termes de cet article, le fréteur est responsable de tout
dommage résultant d’un retard qui lui est imputable ou de la perte du navire ou
du fait qu’il est devenu irréparable, à moins qu’il ne prouve que ces événements
soient survenus sans aucune faute ou négligence de sa part ou de quelqu’un
pour qui il est responsable. Dans un tel cas de figure, le partage des risques
entre les parties à la convention devient à coup sûr inévitable.
état de navigabilité, ce qui suppose que celui-ci doit être convenablement armé
pour affronter les périls de la mer, que le sens de responsabilité du fréteur
prend une certaine signification, principe qui est clairement affirmé par l’art.
652 du CMA et confirmé par l’art. 653. Celui-ci stipule : « le fréteur est respon-
sable des dommages subis par les marchandises reçues à bord par le capitaine
en exécution des dispositions de la C/P ». Donc, en cas de dommage à la mar-
chandise, cette disposition est censée faire peser sur le fréteur une présomption
de responsabilité pleine et entière. Pourtant, aux termes du § 2 de l’article
précité, le législateur relativise cette responsabilité en stipulant que
Une telle stipulation nous confirme, si est besoin est, combien est grande
la propension de ce code à favoriser le fréteur, qui est souvent le transporteur,
au détriment de l’affréteur, généralement le chargeur. Même la Common Law, ré-
putée être proche des positions des fréteurs-transporteurs, n’a pas retenu une
telle thèse, dès lors que selon cette législation, qui se rapproche sur ce point du
droit américain (Cogsa), stipule que « le fréteur encourt une responsabilité abso-
lue, qui joue indépendamment du fait qu’il s’est montré raisonnablement
diligent en mettant le navire en bon état de navigabilité ».
Mais l’état de navigabilité du navire ne doit pas constituer une fin en soi,
puisque certaines législations prévoient, avec justesse, que le fréteur doit en plus
garantir la sécurité de la marchandise qui lui est confiée. Force est de constater
que l’étendue de cette obligation est totalement occultée par le chapitre II du
CMA consacré à l’affrètement au voyage, alors que, paradoxalement, en matière
de transport sous connaissement (art. 738 et suivant du CMA) la responsabilité
du transporteur est clairement et largement étendue depuis la préhension de la
marchandise au port de provenance jusqu’à sa livraison au réceptionnaire au
port de destination.
En général, les clauses des C/P exonèrent le fréteur de sa responsabilité
pour les pertes et avaries dues à tous les cas de force majeure, desquels sont
exclus le mauvais arrimage, le manquement ou sa négligence personnelle ou
celle de ses préposés, etc.
Ces cas d’exception, que la Convention de Bruxelles a fixés au nombre
de 16, dont beaucoup sont tout à fait discutables, comme évoqué plus haut, ne
dispensent pas fondamentalement le fréteur de la diligence raisonnable, que les
Règles de Hambourg ont repris à leur compte pour en faire le fondement de la
nouvelle optique des règles de responsabilité. On laisse de côté ici les Règles de
Rotterdam dont le contenu n’a pas encore été ratifié par le nombre requis de
pays.
Kamel KHELIFA 163
Selon une règle généralement connue, le fréteur n’a pas intérêt à émettre
un connaissement dont les stipulations seraient en contradiction avec celles
contenues dans la C/P. En effet, dès que le connaissement quitte les mains de
l’affréteur, le fréteur se trouve de facto engagé vis-à-vis du tiers porteur quant
aux différentes clauses que pourrait contenir le connaissement, notamment les
temps de planche, les surestaries, le fret, etc. ; évidemment si toutes ces
dispositions y figurent spécifiquement. En cas d’absence ou d’omission de
référence au connaissement dans la C/P, nous avons vu que le CMA dispose en
règle que le connaissement est de nul effet dans les rapports entre le fréteur et
l’affréteur, mais d’autres codes, comme le droit Scandinave prévoit qu’un tel
document doit être émis à la demande du chargeur.
Dans de telles circonstances, le fréteur, lorsqu’il craint d’avoir à assumer
une responsabilité pénalisante, de par le contenu du connaissement, s’entoure
d’un certain nombre de précautions en guise de compensation. Il en est ainsi par
exemple des frets : lorsque le montant prévu dans le connaissement est infé-
rieur à celui prévu à la C/P, le fréteur prévoit d’exiger la différence à la signature
du connaissement, c’est-à-dire avant le commencement du voyage. La situation
est un peu plus complexe quand il s’agit de dispositions relatives aux surestaries,
dont le taux est inférieur dans le connaissement par rapport à la C/P.
Au port de chargement, le fréteur a toujours la possibilité, lorsqu’il
constate que l’affréteur a dépassé le temps de planche prévu, d’exiger de ce
dernier un droit de gage sur la marchandise.
En revanche, la question est un peu plus ardue lorsque le problème se
pose à destination.
Dans ce cas, le fréteur, qui risque de perdre le gage sur la marchandise,
s’arrange avec l’affréteur pour l’insertion dans la C/P d’une disposition devant
le prémunir du conflit qui pourrait naître de l’application du contenu des
clauses du connaissement au détriment de celles de la C/P
Mohamed LAAZIZI
Docteur en Droit Maritime et aérien, Directeur de la SMDM SA (DEFMAR)
1 Voir définition de la freinte de route in P. Bonassies et C. Scapel, Traité de Droit Maritime, LGDJ
2 édition n° 1087 p. 741 et n°1319 p. 906 et sur le rappel historique, P. J. Hesse, Droits Maritimes,
Dalloz Action, 2e dition 2008.
2 Voir Mohamed Laazizi, Les Règles de Hambourg et la responsabilité du transporteur Maritime de Mar-
chandises : esquisse d’une évolution », Thèse de Doctorat en Droit ; Université de Nantes, 1987, p. 70.
3 Voir par ex CA Casablanca, arrets du 12.3.1974 et 29.04.1980 non publiés, cités par Mr Younes
Les cargaisons en vrac sont sujettes du seul fait de leur transport à une
perte de poids ou de volume en raison de leur nature, de leurs caractéristiques,
de leurs taux d’humidité, des conditions de leur transport sous forme de vrac,
de phénomènes naturels d’évaporation, etc.4.
Ces pertes sont augmentées pour certains produits par les dispersions
inévitables à quai de la marchandise pendant ses opérations de chargement et
de déchargement.
Ces pertes à quai qui sont souvent attribuables à la surcharge des wagons,
des camions et autres moyens utilisés pour l’enlèvement de la cargaison, au dé-
faut d’étanchéité des bennes de déchargement, sont dues parfois aux défail-
lances des instruments de pesage ainsi qu’au défaut de précision et d’étalonnage
des ponts-bascules portuaires.
Comme les tribunaux marocains ne considèrent comme livrée que la
quantité déterminée par pesage officiel lors du passage des moyens d’enlève-
ment sur les ponts bascules portuaires, au moment de la sortie de la cargaison
de l’enceinte portuaire, les pertes à quai, survenues après le déchargement du
navire et avant le pesage des camions évacuateurs, font souvent l’objet de
recours contre le transporteur maritime, même s’il n’est pas responsable de ces
pertes survenues postérieurement au déchargement où cessent sa garde et nor-
malement sa responsabilité sur la cargaison. Par le passé, ces pertes se
trouvaient pour la plupart absorbées par la freinte de route 5 , fixée par les
tribunaux marocains à 2 %, avant l’entrée en vigueur de Règles de Hambourg6.
Comme cette freinte n’entraînait ni la garantie des assureurs facultés,
s’agissant d’un risque exclu, ni la responsabilité du Transporteur Maritime
s’agissant d’une cause d’exonération de toute responsabilité, les réclamations
pour manquants inférieurs à ces 2 % se trouvaient automatiquement éliminées.
Ce n’est qu’après l’entrée en vigueur des Règles de Hambourg que ces réclama-
tions ont refait surface, et alimentent actuellement le plus gros du contentieux
suscité par le transport de marchandises par mer au Maroc.
5 Appelée aussi déchet de route voir R. Rodière et E. du Pontavice, Droit Maritime, 12e édition,
Précis Dalloz n° 373.
6 Voir supra CA Casablanca du 12.3.1974 et 29.04.1980 non publiés, cités par Mr Y. Bennouna in
une caution susceptible de garantir l’exécution des jugements déjà rendus en leur
faveur soit, à titre conservatoire pour garantir l’indemnisation de tous man-
quants « prévisionnels », à constater éventuellement sur les cargaisons à la fin
du déchargement.
7Voir Cour Suprême (Ch. com.) Arrêt 1283 du 14.12.2005, Dos Cial 2005/1/3/214 Wafa
Assurances C/ Navire Agia Kiriaki /non publié.
Mohamed LAAZIZI 171
La question demeure alors entière, afin de déterminer d’une part quel est le
taux de cette freinte, et d’autre part, à qui incombe la charge d’en rapporter la
preuve
Compte tenu des différences entre les usages et les pratiques portuaires,
ce taux de freinte sera différent d’un port à un autre, en fonction du type de
produit en vrac sec ou liquide (grains, céréales, fertilisants, pétrole, huiles…) des
zones géographiques (Atlantique, Méditerranée…) et des tolérances admises par
chaque port.
Par arrêt8 rendu le 19/06/02, dans une espèce ou les manquants représen-
taient 2,06 % de la quantité de la marchandise déclarée au connaissement, la
Cour suprême a refusé l’exonération du transporteur maritime pour freinte de
route, au motif que le transporteur maritime doit prouver que ces manquants
sont dus à la nature de la marchandise et qu’ils se situent dans la limite des
tolérances admises par les usages locaux applicables au port de déchargement.
Il faut en fait attendre fin 2007 pour trouver une timide application en fa-
veur du transporteur maritime (1) avant que les tribunaux ne réintroduisent le
doute en confiant aux experts judiciaires la mission de fixer ces taux de freinte (2).
9 Sur l’arrêt attaqué, voir Cour d’appel de Casablanca 12.12.2005 Dossier n° 9/2004/5310, Navire
« BONASIA », non publié.
10 Sur Jugement de rejet confirmé en appel, voir Tribunal Commercial de Casablanca, jugement
Elle considère cependant que dès que les manquants excèdent le taux de
freinte, le bénéfice de l’exonération tombe. Le transporteur devient alors res-
ponsable de la totalité des manquants, sauf s’il prouve que le taux de freinte est
en réalité de 4,7 % et non pas 2 %.
La Cour Suprême n’est pas de cet avis. Elle considère que la Cour d’ap-
pel doit scinder les manquants relevés en deux parties : une partie correspon-
dant aux tolérances d’usage qui doit être automatiquement déduite ; et une
partie excédant cette freinte, qui seule doit engager la responsabilité du trans-
porteur. Elle considère que la Cour d’appel qui a omis de procéder à cette
opération, n’a pas mis en mesure la Cour Suprême de contrôler la bonne
application de l’article 461 du Code de Commerce.
En effet, depuis 2010, la Cour suprême estime qu’il n’est pas possible de
déterminer à l’avance un taux de freinte de route, sans tenir compte dans
chaque cas d’espèce, de la nature de la cargaison en question, de ses conditions
de transport et de manutention, des conditions climatiques, de l’état de la mer
et de la distance du voyage, etc.11.
Certes, la Cour Suprême a décidé que les tribunaux doivent vérifier l’exis-
tence des tolérances d’usages dans chaque port de déchargement, en fonction
de paramètres bien précis, afin d’appliquer correctement l’art 461 du Code de
Commerce et limiter la responsabilité du transporteur maritime aux seuls
manquants excédant cette freinte de route.
11Voir par ex Cour Suprême. CH.COM. Arrêt n° 235 du 11.2.2010 Dossier Commercial
2008/1/3/733 Navire « Anna Oldendorf » non publié.
Mohamed LAAZIZI 175
Il en résulte une ambiguïté inextricable car ces taux différents d’un expert
à un autre, dépendent de l’expérience personnelle de l’expert, et il n’est pas
impossible de trouver, compte tenu de cette différence d’opinions entre experts,
divers taux de freinte s’appliquer à des transports similaires (même marchandise
ayant effectué le même voyage, à une même époque entre les mêmes ports.)
Est-il besoin de rappeler que l’expert n’est pas un juge et n’a pas à se
prononcer sur les responsabilités. Sa mission est d’ordre purement technique.
Elle doit se limiter à déterminer la cause, l’étendue et la valeur des dommages.
Il ne faut pas oublier que la raison d’être de cette freinte de route est
certes d’assurer un partage équilibré des risques entre les intérêts navire et les
intérêts cargaison, parties à l’aventure maritime. Il faut se souvenir, que sa rai-
son d’être sur le plan pratique est d’alléger les opérateurs et les tribunaux de la
gestion d’un contentieux lourd et coûteux, résultant d’un événement inévitable,
d’un risque de perte, dépourvu d’aléa ; c’est-à-dire un risque qui n’entraîne, ni la
garantie des assureurs, ni la responsabilité des transporteurs et qui est bien pris
en considération dans les contrats de vente entre vendeurs et acheteurs.
176 Le droit maritime dans tous ses états
1Depuis les premières conventions dans le cadre des règles de Bruxelles de 1924 jusqu’aux
nouvelles Règles de Rotterdam (RR) proposées ces dernières années.
178 Le droit maritime dans tous ses états
2 A.-M. Boisvert, « La fraude criminelle : sommes – nous allés trop loin ? », 1995, 40 Mcgill R.D,
415 p (cité par S. Kelci, « Vol, fraude et autres infractions semblables et internet », Lex Electronica,
Vol 12, n° 1, printemps/spring 2007, p. 2)
3 AFHE et CHEFF, « Pour une histoire de la fraude et de la contrefaçon », Colloque (Résumé
sons : pour financer des compagnes électorales, des actes terroristes ou pour
fausser des circuits d’une concurrence loyale, etc.).
Le législateur a tenté d’encadrer les actes frauduleux, en grande partie,
dans le paquet du droit pénal (appropriations frauduleuses comme l’escroquerie,
l’abus de confiance, le recel des choses,…). Il les considère comme des actes
volontaristes et dangereux à l’égard des victimes cibles et à toute la société.
À titre d’exemple, dans le code pénal marocain, on trouve toute une série
d’articles incriminant les comportements frauduleux (articles Art 5054, Art 5085,
Art 5716,…), il est de même pour le code pénal français (articles Art 311-17, Art
313-18, Art 314-19,…).
Dans ce qui suit, nous allons nous limiter à l’étude des manœuvres
frauduleuses dans le domaine du transport maritime.
Alors qu’en est-il des spécificités des comportements frauduleux dans le
transport maritime de marchandises ?
4 Art 505 : « Quiconque soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est coupable de
vol et puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 200 à 500 Dhs ».
5 Art 508 : « Sont punis de la réclusion de vingt à trente ans, les individus coupables de vol com-
mis sur les chemins publics ou dans les véhicules servant au transport des voyageurs, des corres-
pondances ou des bagages, ou dans l’enceinte des voies ferrées, gares, ports, aéroports, quais de
débarquement ou d’embarquement, lorsque le vol a été commis avec l’une au moins des
circonstances visées à l’article 509 (si le vol : a été commis avec violence…, a été commis la nuit,
a été commis à l’aide d’escalade…, si le voleur est un ouvrier ou apprenti, de la maison, l’atelier
ou magasin de son employeur,…) ».
6 Art 571 : « Quiconque, sciemment recèle en tout ou en partie des choses, soustraites, détournées
ou obtenues à l’aide d’un crime ou d’un délit, est puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et
d’une amende de 200 à 2000 Dhs, à moins que le fait ne soit punissable d’une peine criminelle
comme constituant un acte de complicité de crime prévu à l’article 129. Toutefois, le receleur est
puni de la peine prescrite par la loi pour l’infraction à l’aide de laquelle les choses ont été
soustraites, détournées ou obtenues dans tous les cas où cette peine est inférieure à la peine
prévue à l’alinéa précédent ».
7 Art 311-1 : « Le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui ».
8 Art 313-1 : « L’escroquerie est le fait soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit
par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvre frauduleuse de tromper une
personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers,
à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un
acte opérant obligation ou décharge ».
9 Art. 314-1 : « L’abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice
d’autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu’elle a acceptés à
charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé ».
Mostapha AMRI 181
10 CNUCED, « Inventaire et analyse des mesures envisageables pour réduire le cas de fraude et
de piraterie », Genève, 23 novembre 1983, p.1.
11 Fraude de genre « détournement de la marchandise » par le transporteur pour la vendre à son
il n’a pas respecté volontairement les conditions du contrat de vente (déclaration de faillite,
entreprise fantôme,…). La fraude peut provenir, aussi, de l’acheteur, si ce dernier refuse de payer
le vendeur en cas, par exemple, où le paiement est prévu par virement, c’est à dire après réception
de la marchandise (disparition de l’acheteur, falsification des documents de réception comme
quoi la marchandise est non forme,…).
13 Fraude de genre documentaire (le vendeur est payé d’avance – cas du crédit documentaire irré-
vocable – sur la base des documents réels ou falsifiés alors qu’aucune expédition n’aura lieu après).
14 Fraude émanant de l’armateur/son équipage en faisant couler volontairement son navire en vue
15 J.-P. Marcq, Risques et assurances transports et logistique, 2e Edition L’Argus, 2011, p. 29.
16 J. Belotti, Le transport international de marchandises, Vuibert, Aout 1992, p. 224.
17 Idem.
Mostapha AMRI 183
19 Il est à noter que ce type de fraude est difficile à identifier par le transporteur lorsqu’il s’agit des
expéditions par conteneur (marchandise préemballée en conteneur avant sa présentation au
transporteur).
20 Acceptation des documents en se basant, juste, sur leur forme (bien remplis et en nombre
d’Ukraine, en recourant aux services d’un intermédiaire. L’opération est financée par un crédit
documentaire ouvert auprès d’une banque française au profit du mandataire faisant office de
bénéficiaires. Le crédit est confirmé par une banque turque. Les documents (connaissement de
charte-partie, notamment) sont envoyés et le crédit documentaire est ouvert. Deux mois plus tard,
le même donneur d’ordre dépose une plainte auprès des juridictions turques pour blanchiment,
escroquerie et faux/usage de faux et informe le bénéficiaire qu’il subordonne tout règlement aux
résultats de la procédure pénale. Il refuse alors de lever les documents et s’oppose au règlement
du crédit documentaire ou plus exactement, la banque apéritrice ayant exécuté son engagement,
Mostapha AMRI 185
Ceci étant, on va voir maintenant une autre forme de fraude, cette voici,
l’auteur fraudeur sera le propriétaire du navire ou son affréteur.
considère qu’il n’y avait pas lieu à exécution en raison de la fraude commise à son détriment. Bien
lui en prend, puisque la cour d’appel impose un sursis en attendant l’issue de la procédure pénale
en Turquie en se fondant sur l’article 4 du code de procédure pénale et la règle « le criminel tient
le civil en l’état ». L’arrêt ajoute que comme ce n’était pas l’irrégularité des documents qui avait
conduit le donneur d’ordre à refuser de lever les documents, mais les soupçons planant sur la
légalité de l’opération (le vendeur étant, en apparence, une coquille vide, le navire prétendument
chargé n’existant pas et le connaissement étant faux), l’autonomie du crédit documentaire devait
s’effacer devant la suspicion de fraude. Le commencement de fraude suffit donc à bloquer l’enga-
gement indépendant et irrévocable pris en vertu d’un crédit documentaire » (exemple cité par les
professeurs P. Bonassies et P. Delebecque, « Le droit maritime français », DMF Hors série, n° 16,
juin 2011, p. 99-100).
22 Exemple de cas : Le navire grec « M » chargé de 8 000 tonnes de divers de Marseille à
destination de Mascate a été rappelé par son armateur, les affréteurs à temps n’ayant pas payé le
fret. Revenu au Pirée, il avait déchargé sa cargaison et était disposé à remettre aux ayants droit la
marchandise sur paiement des sommes extravagantes (Cité par J.-P. Marcq, op. cit., p. 31).
186 Le droit maritime dans tous ses états
23 Exemple de cas : « Le Canna quitta Hull à destination du Nigeria avec une cargaison de rails de
chemin de fer. Ce navire a disparu mais a été retrouvé sous un autre nom à Beyrouth où
l’équipage tentait de revendre la cargaison » (Exemple Cité par J.-P. Marcq, op. cit., p. 32).
Mostapha AMRI 187
24On constate, pour ce cas, que le risque de fraude peut résulter, aussi, d’une « action managé-
riale » mal encadrée juridiquement (en effet par la création des zones franches, on voulait encou-
rager la délocalisation et activer l’écoulement des flux rapidement, mais sans faire attention, sou-
vent, au risque de fraude qui pourrait en résulter de cette rapidité et ce peu de contrôle
(glissements des produits illicites dans les flux, changement de produits,…).
25 CNUCED, op. cit., p. 14.
26 J.-P. Marcq, op. cit., p. 31.
188 Le droit maritime dans tous ses états
27Exemple de cas : « L’Avez quitta Singapour pour Bombay avec un chargement de cuivre de
9 000 000 Euros a coulé après une avarie de machine par temps calme au large du Sri Lanka.
L’équipage sain et sauf a été rapatrié sur la Thaïlande où il a disparu. L’enquête a déterminé que la
cargaison avait été déchargée avant la disparition du navire » (Cité par J.-P. Marcq, op. cit., p. 32).
Mostapha AMRI 189
quelques critères communs, à deux autres catégories de fraude choisies sur des
activités différentes de celle du transport de marchandises maritime. La pre-
mière comparaison va s’effectuer avec une autre fraude couramment connue : la
fraude fiscale, et une deuxième comparaison avec les pratiques frauduleuses
spécifiques aux autres modes du transport (routier, ferroviaire, aérien,…).
Les tableaux suivants synthétisent les deux cas de comparaison.
Tableau n° 3 : Comparaison, sur la base de quelques caractéristiques, entre la fraude maritime et la fraude fiscale
29CCI : Chambre de Commerce Internationale (crée en 1919) représente mondialement les entre-
prises et a pour objectif de favoriser les échanges et l’investissement, l’ouverture des marchés aux
biens et aux services, et la libre circulation des capitaux.
30 IMB : International Marine Bureau (organisme crée en 1981 à Londres. A présent, il a
Coût de l’acte Relativement moyen Très élevé Relativement moyen (des Relativement moyen (vol
frauduleux (risque maximum : perte (cargaisons de grande petites cargaisons, mais partiel de petites quantités).
du camion et de la masse + valeur du navire souvent de grande À présent, on n’a jamais
marchandise) très élevée) valeur) entendu parler d’un
détournement de train ou du
vol d’une cargaison complète
d’un train.
Poids du mode Relativement limité Très important Faible Relativement limité
du transport (plus de 80 %)
dans l’échange
Cadre - Code de la route, - Code maritime, - Droit du transport - Droit du transport
juridique - Code du transport - Droit maritime, aérien, ferroviaire,
encadrant routier, - Règles de l’OMI, de la - Règles de l’IATA 33 et - Règles de l’UIC35.
l’activité - Réglementation des CCI, de la CNUCED,… de l’OACI34.
(principales auxiliaires de transport,
règles) - Règles de l’IRU32,
Exemples de - Nombre d’intervenants - Diversité d’interve- - Nombre d’intervenants - Nombre d’intervenants très
facteurs limité ; nants ; relativement limité ; limité ;
31 M. Amri , « La lutte contre la criminalité dans le transport routier de marchandises en droit ma-
rocain et en droit comparé », Communication dans le cadre du colloque international Logistqua
13, ENSA de Tanger, 30 et 31 mai 2013, p. 9.
32 IRU (Union internationale des transports routiers) : fondée à Genève en 1948, elle a pour
mission de défendre les intérêts des exploitants des camions et les autres moyens du transport
routier en vue d’assurer une mobilité durable des personnes et des biens par tout dans le monde.
33 IATA (Air Transport Association) : Organisation commerciale internationale de sociétés de
transport aérien crée en 1945. Elle a pour mission principale la simplification des facturations
entre les compagnies aériennes et les agents de voyages. Elle prépare, également, des règlements
pour le transport des produits dangereux, les codes et les sigles utilisés dans le transport aérien.
34 OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) : fondée en 1944, parmi ses missions,
elle adopte les normes et recommandations réglementant la navigation, les brevets du personnel
d’aviation, la circulation aérienne, etc.
35 UIC (Union internationale des chemins de fer) : crée en 1922, elle représente, au niveau
mondial, les entreprises ayant une activité dans le domaine des chemins de fer. Elle contribue
dans leur amélioration, leur compétitivité et leur interopérabilité.
192 Le droit maritime dans tous ses états
Constats Le transport maritime de marchandises, en comparaison aux autres modes de transport, reste l’activité la plus complexe
et la plus difficile à contrôler dans sa globalité (multitude d’intervenants, acheminement de masse et de tout genre de
produit, réglementation dense, variée et en mutation continue,…).
C’est dans ce contexte de complexité de l’activité que se développeraient des zones de risques et d’opportunisme
encourageant les fraudeurs potentiels à intervenir pour en tirer profit.
Source : Élaboration personnelle
36 Il est à noter que le conteneur et malgré ses différents avantages en termes de fluidité du trafic
et de préservation de la marchandise, il est en contre partie le moyen de transport le plus risqué
en matière de fraude, et particulièrement pour les expéditions de type CL où le conteneur une
fois est empotée chez le chargeur, il ne pourra être dépoté que chez le destinataire.
Mostapha AMRI 193
mesures efficaces pour prévenir les actes illicites devenant de plus en plus nom-
breux et qui avaient des effets préjudiciables sur le transport maritime interna-
tional et les intérêts des chargeurs, des destinataires, des assureurs, etc.37. À la
suite de cette demande, il se formait un groupe de travail qui avait préparé, en
collaboration avec la chambre de commerce international et pour la première
fois, un projet de texte sur la problématique de la fraude maritime. Ce texte était
adopté par l’OMI lors de son assemblée du 20 novembre 1981 (résolution
A.504 [XII])38. Cette résolution faisait l’objet de plusieurs points de réflexions et
de recommandations pour la maîtrise de la fraude maritime. Dans ce sens :
– Le texte de la résolution reconnaissait le rôle positif que peut jouer
l’autoréglementation par les milieux commerciaux et industriels pour
combattre la fraude maritime (tel l’exemple de la CCI) ;
– L’assemblée avait accueilli favorablement les activités de la CCI et
particulièrement l’idée pour créer un bureau maritime international en
vue de se charger de l’étude et l’analyse de ce genre de crimes relatifs
au transport maritime ;
– La résolution reconnaissait que la mise en œuvre des conventions de
l’OMI et autres instruments internationaux concernant la sécurité ma-
ritime peut contribuer à prévenir la fraude maritime et, par là tous les
gouvernements étaient invités à ratifier les conventions et les
instruments pertinents ;
– Les gouvernements étaient, également, invités à revoir les dispositions
de leur droit national relatives à la prévention et la répression de la frau-
de maritime (prévoir des sanctions pénales appropriées en matière de
fraude maritime ; administrer avec précision leurs registres nationaux
en ce qui concerne les informations sur le transfert de propriété des
navires, le changement de leur nationalité, de leurs noms, etc.) ;
– Dans le cadre de cette résolution, il a été demandé, aussi, aux gouver-
nements et aux organisations internationales compétentes de coopé-
rer entre eux afin d’assurer des actions coordonnées (par exemple par
l’échange d’informations) leur permettant de mieux prévenir et
intervenir rapidement contre tout acte frauduleux.
39 Résolution OMI, « Mesures intérimaires visant à lutter contre les pratiques dangereuses liées au
trafic ou au transport de migrants par mer », Circulaire 896/Rev.1 du 12 juin 2001.
40 Résolution OMI, « Recommandations sur les mesures de lutte contre la fraude et les dispositifs
de sécurité contre la falsification des brevets de gens de mer », Circulaire 1083 du 6 juin 2003.
41 Résolution OMI, « Guide à l’intention des capitaines, des compagnies et des fonctionnaires
dûment autorisés concernant les renseignements liés à la sûreté à soumettre avant l’entrée du
navire au port », MSC/Cir 1130 du 14 juin 2004.
42 L’objet de ce guide est de fournir une série normalisée de renseignements liés à la sûreté qu’un
43 « Fraude maritime », 321/243, Rev.1, Déclaration adoptée par le Conseil de l’OMI à sa 137 e
réunion (10 juin 1980).
44 CCI, publication 370, 1980.
196 Le droit maritime dans tous ses états
cité quelques exemples d’actions qui ont été entreprises dans ce sens), et celles à
caractère répressif qui sont applicables au cas où la fraude est déjà commise
(consommée). Les actes de cette deuxième catégorie, qui se présentent dans des
actions réglementaires civiles et pénales, restent, malheureusement à présent,
difficiles à mettre en pratique et ce pour plusieurs raisons :
- Il est difficile de repérer l’auteur frauduleux (disparition) ;
- Le produit financier de la fraude est souvent difficile à identifier et à
récupérer (découverte tardive d’une manœuvre frauduleuse au mo-
ment où l’argent est déjà blanchi, accès interdit aux comptes bancaires
des clients selon la réglementation de certains pays,…) ;
- Problème d’extradition en cas d’identification de l’auteur (les traités
d’extraditions existant sont, généralement, des traités bilatéraux) ;
- Manque des règles uniformes et universelles à caractère pénal applica-
bles contre les actes frauduleux (la fraude maritime peut prendre
plusieurs formes et donc difficile de cadrer le phénomène, problème
de la non-adéquation des codes pénaux des pays au peu de règles
proposées par l’OMI, la CCI, le BMI,…).
Actuellement, presque tous les ports sont administrés par une autorité
portuaire et des exploitants des terminaux, ces derniers ont pour tâche le traite-
ment des navires dans des meilleures conditions et pour objectif : un taux de
rendement très élevé avec optimisation des frais d’exploitation. Chaque termi-
nal réceptionne chaque jour un nombre non négligeable de navire. Or, on re-
marque de plus en plus dans les ports une immobilisation plus ou moins longue
des navires et ce, pour des raisons diverses : saisie, désarmement ou abandon
pur et simple.
Cette immobilisation crée dans les ports maritimes des contrastes, car il
s’y déroule tous les jours une véritable joute entre le droit public et le droit
privé, l’une des sources où la confrontation est certainement la plus vive : Il
s’agit de la saisie conservatoire d’un navire dans un port, ordonnée par les
autorités judiciaires.
1 http://www.jeuneafrique.com/23579/economie/dossier-transport-maritime-l-afrique-fait-le-
bonheur-des-armateurs/.
200 Le droit maritime dans tous ses états
préciser sa procédure dans son article 110 ; par contre, le projet du (CCM)
version 20072 l’a défini par les termes suivants :
2Le projet de code de commerce s’est inspiré de la définition de la nouvelle convention de 1999
sur la saisie conservatoire des navires de commerce.
Khalid KHAKHAY 201
3 Le Maroc a adhéré à cette convention en date du 3 mai 1990, par le dahir n° 1-90-153 du 24
Novembre 2000, BO n° 4898 du 1er mars 2001.
4 Le Maroc n’a ni ratifié ni adhéré à cette convention.
5 R. Rodiere et E. du Pontavice, Droit Maritime, 12e édition 199, p. 166.
6 Etant donné qu’il est responsable de la sécurité au sein de ses terminaux.
7 Ainsi que les armements « COMARIT » & « COMANAV FERRY » dans les ports de Tanger-
Med et NADOR.
8 Selon l’autorité portuaire de Tanger-Med (TMSA), le nombre de navires saisis est de douze
durant les deux dernières années (2011 &2012). Selon l’agence national des ports ANP, le
nombre des navires saisis est de 40 navires se répartissent entre navires de pêche et de commerce,
14 est à sec et 26 est à flot, les ports d’Agadir, de Casablanca et de Nador sont les plus concernés
par cette problématique, les navires saisis représentent 20 % des navires immobilisés aux ports
relevant de la compétence de l’ANP.
202 Le droit maritime dans tous ses états
Les Belges l’appellent « La mise à la chaîne », elle est pratiquée par des
créanciers dépourvus de titre exécutoire qui leur permet d’éviter la disparition
de leur gage. On comprend qu’elle est particulièrement utile sur les navires
étrangers9.
L’étude des conditions de forme nécessite l’étude des textes et lois appli-
cables c’est-à-dire selon le droit interne et selon les conventions internationales
sans oublier le droit comparé, et ensuite désigner la juridiction compétente de
point de vue compétence territoriale et compétence d’attribution.
Malgré le fait que la saisie conservatoire soit fréquente, un seul article lui
a été réservé par le DCCM du 1919. L’article 110 se limite à énoncer que
« La saisie conservatoire d’un bâtiment peut être effectuée à toute épo-
que, en vertu soit d’un titre exécutoire, soit d’une autorisation du juge
compétent ; toutefois, cette saisie doit être immédiatement levée s’il est
fourni bonne et suffisante caution. L’autorisation du juge peut être
subordonnée à la condition qu’une caution sera fournie par le
demandeur ».
9 Surtout pour les compagnies dites « One Ship/One Company », c’est-à-dire pour les armements qui
possèdent uniquement un navire, parfois on trouve un propriétaire qui crée pour chaque navire
une société.
10 M. Remond-Gouilloud, Droit Maritime, édition A. Pedonne 1993, p. 178.
Khalid KHAKHAY 203
11S. Amehmoul, La saisie conservatoire du navire en droit Marocain, imprimerie Najah El Jadida,
édition année 2007, p. 97.
Khalid KHAKHAY 205
Il est bien évident que cette saisie va préjudicier aux intérêts de l’affréteur
à temps qui exploite commercialement le navire, car elle entraîne un arrêt, plus
au moins durable de l’exploitation, mais les conséquences de l’immobilisation
du navire provoquées par la saisie conservatoire devront être réglées d’après les
termes de la charte-partie qui, vraisemblablement, les fera supporter au fréteur
propriétaire.
l’article 452 du CPC, le saisi continue à détenir, utiliser, en fait jouir de la chose
objet de cette mesure.
En France, l’autorisation de saisie peut être accordée dès qu’il est justifié
d’une créance paraissant fondée dans son principe14.
En qui concerne la qualité, le droit interne reste muet sur cette question.
Par contre la convention désigne par « demandeur » dans l’article 1 alinéa 4 une
personne invoquant à son profit l’existence d’une créance maritime ; et par une
personne, elle désigne toute personne physique ou morale, société de personne
14DMF mars 2002 n° 624 : Créance permettant la saisie. Convention de Bruxelles de 1952.
Créance de remboursement d’un emprunt obligataire (non). Arrêt de la Cour d’appel d’Aix-en-
Provence (2e Ch. com.). 26 octobre 2001. Observation J.-P. Remery, p. 265.
208 Le droit maritime dans tous ses états
Pour exercer une action ou une voie d’exécution, il faut un intérêt à agir
(article 3 du CPC). En effet, la question d’intérêt reste attachée au pouvoir
discrétionnaire du juge qui, suivant les circonstances de chaque affaire, doit
estimer l’existence ou l’absence de l’intérêt à protéger.
En outre, à moins que la demande ait été faite devant le tribunal du lieu
du navire, le président se déclare incompétent quand le navire se trouve en
dehors de sa circonscription territoriale (circonscription juridictionnelle).
Après cette simple et brève présentation des généralités sur la saisie con-
servatoire du navire de commerce dans la première section, nous allons aborder
dans la deuxième section les différents préjudices subis par l’exploitant portuaire.
La saisie des navires dans un port comme Casablanca peut avoir des con-
séquences fâcheuses à l’échelon national. En effet, d’aucun ne peut nier l’im-
portance des ports dans la réanimation de l’économie du pays. Si cette issue
souffre de perturbation, ce sont les exportations et les importations qui en
périront.
La saisie cause un dommage qui va être subi par les consignataires, les
industriels, les armateurs, l’autorité portuaire et surtout sur les exploitants
portuaires pour qui les conséquences directes de l’immobilisation d’un bâtiment
se traduisent en termes d’insécurité et de difficulté de fonctionnement et de
gestion du port.
De nos jours, presque tous les ports sont constitués de terminaux spécia-
lisés et sophistiqués, ce qui les rend plus vulnérables à ce phénomène de saisie.
Donc, si on analyse les répercussions de la saisie des navires sur nos ports, on
constatera les préjudices qui sont d’ordres juridiques et d’ordres économiques.
210 Le droit maritime dans tous ses états
La saisie des navires crée dans les ports une problématique relative à l’am-
biguïté de qualification du statut juridique du directeur du port vis-à-vis du navire
saisi. De ce fait : peut-on le qualifier de gardien, de séquestre ? Qui répond des
dommages subis par le navire ? Qui répond des dommages qu’il cause ?
Khalid KHAKHAY 211
Le saisi est parfois insolvable. Certains estiment que c’est le saisissant qui
doit supporter les frais car il est le seul bénéficiaire de la saisie et on ne peut
faire supporter par des tiers les conséquences de la procédure mise en œuvre.
17 N. Najih, ibid.
214 Le droit maritime dans tous ses états
18 Durant cette année la capitainerie de Casablanca a obligé les navires saisis de la compagnie
I.M.T.C de mouiller sur rade, mais plusieurs fâcheux incidents se sont déroulés comme l’exemple
du blocage du chenal d’accès du port par l’un des navires saisis pour motif : manque
d’approvisionnent en vivre et eau potable.
19 Marsa Maroc se charge aussi de l’activité de pilotage et de remorquage.
20 De nos jours, les navires coûtent des millions de Dollars, ils sont assurés soit en co-assurance,
soit en réassurance, les chargeurs assurent leurs marchandises, on se trouve en face d’une multi-
tude d’assureurs qui doivent s’entendre pour livrer la caution, ce qui prend nécessairement du temps.
216 Le droit maritime dans tous ses états
Or, dans ces pays très souvent un navire saisi bloque un port21, un poste
à quai qui n’est pas substituable à un autre et le plus souvent le port ainsi bloqué
n’a pas de port voisin de substitution. C’est donc toute l’économie d’un pays
qui se trouve en difficulté.
Depuis que les navires ont été utilisés comme moyen de transport pour
effectuer du commerce, le capitaine, représentant l’armateur et chef de l’expé-
dition maritime, a eu besoin de l’assistance du pilote pour guider son navire,
afin d’éviter les écueils lors de la navigation à proximité des côtes inconnues
pour lui, là où celles-ci présentaient le plus de risques, alors que le pilote en
avait une excellente maîtrise1.
Au fil des siècles, après des années de concurrence anarchique entre pilo-
tes qui se faisaient la course pour proposer leurs services, les États ont organisé
le pilotage maritime et l’ont rendu obligatoire dans les ports de commerce, pour
les navires dimensionnés au-delà d’un certain seuil2, dans le but d’améliorer la
sécurité de la navigation et des accès portuaires. Cette obligation est à présent
quasi universelle3.
Le pilotage maritime est défini par l’article premier 4 du Dahir du
20 février 19375 comme étant
« … l’assistance donnée aux capitaines par un personnel commissionné
par l’État Chérifien pour la conduite des navires à l’entrée et à la sortie,
et pour les mouvements effectués sur rade et dans le port… ».
1 P. Payan, « Le pilotage maritime et le projet de Directive sur l’accès au marché des services
portuaires », www.afcan.org/dossiers_reglementation/pilotage.html La manoeuvre des navires
est une pratique quotidienne qui permet aux pilotes de perfectionner leurs qualités et techniques
manœuvrières et ce quelles que soient les conditions.
2 Article 3 de l’Arrêté Viziriel du 20 février 1937 : 80 tjb pour les voiliers et 100 tjb pour les
portuaires », www.afcan.org/dossiers_reglementation/pilotage.html
4 En France, article premier de la Loi du 28 mars 1928 relative au régime de pilotage dans les eaux
maritimes.
5 Dahir du 20 février 1937 (8 hijja 1355) portant réorganisation du service de pilotage du port de
Casablanca.
220 Le droit maritime dans tous ses états
6 R. Rezenthel, « Le pilotage dans les eaux portuaires », DMF n° 473, juin 1988, p. 355 et s.
7 Surtout en ce qui concerne son obligation, son organisation, les conditions de recrutement des
pilotes, etc.
8 En France, l’Ordonnance de Colbert, édictée en 1681, est un texte fondamental de renommée
internationale. Elle définit les attributions respectives du capitaine et du pilote. Elle énonce les
grands principes du pilotage, qui le régissent encore de nos jours. Les principes de base énoncés
dans ces textes se sont perpétués tout au long des siècles. Ils ont été, au fur et à mesure, modifiés
et adaptés aux nouvelles conditions de navigation et de commerce. Il s’agit de l’obligation de
pilotage, de son monopole, des connaissances du pilote, et encore des sanctions en cas de faute
de ce dernier ; par exemple, s’il échoue volontairement le navire, « il sera puni du dernier supplice
et son corps sera attaché à un mât planté près du lieu du naufrage ».
9 Règle 17 du Chapitre V de l’Annexe de la Convention SOLAS de 1974 sur la sécurité de la
En tant que marins, les pilotes ont le même statut administratif en ce qui
concerne l’embarquement 11 . À bord des navires, ils se soumettent au Code
Les pilotes étant les garants de la sécurité de la navigation dans les zones
dangereuses telles que les ports ou les estuaires, ils bénéficient d’un régime de
responsabilité qui leur est plutôt favorable14.
Les pilotes sont embarqués sur un rôle d’équipage ; ils sont débarqués pour congés ou pour
maladie ou accident de travail.
12 À bord des navires, le pilote est soumis aux règles d’une vie sociale particulière s’exprimant
notamment dans un certain statut disciplinaire et pénal dont le chef est le capitaine.
13 En France, l’article 13 du Décret n° 69-515 du 19 mai 1969 est plus clair, il dispose que les
pilotes sont soumis au pouvoir disciplinaire du Ministre des Transports ; à bord des navires ils
sont soumis aux dispositions du Code Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande, et quand ils
ne sont pas à bord, ils sont soumis au pouvoir disciplinaire de l’Administrateur des affaires
maritimes.
14 DMF 614, avril 2001, colloque : « les auxiliaires de l’armement ».
15 M. Remond-Gouilloud, Droit maritime – Études internationales, 2e édition, n° 2-1993, Pedone,
en France, articles 20 et 21 de la Loi n° 69-8 du 3 janvier 1969 relative à l’armement et aux ventes
maritimes.
17 Article premier de l’Arrêté Viziriel du 31 mai 1937 relatif au cautionnement des pilotes (…) ; en
France, article premier de l’Arrêté du 1er juillet 1999 fixant le montant du cautionnement des
pilotes maritimes.
18 Cette limitation de responsabilité ne cède qu’en cas d’échouement ou de perte du bâtiment
La présence à bord est le critère retenu pour faire jouer le système légal
de responsabilité à l’occasion des opérations de pilotage.
Notons aussi que pour les dommages causés dans l’exercice de leur fonc-
tion, les pilotes bénéficient d’une limitation de responsabilité sauf faute lourde.
Les ports du monde entier, y compris les ports marocains, reçoivent des
navires de plus en plus gros et davantage sophistiqués et rapides ; par consé-
quent, il est impérativement du devoir des Stations de pilotage de s’adapter à
cette modernisation et ce développement technique.
19 Convention Internationale de 1978 sur les normes de formation des gens de mer, de délivrance
des brevets et de veille, telle que modifiée (STCW 1978, modifiée), adoptée à Londres le 7 juillet
1978 et entrée en vigueur le 28 avril 1984 ; au Maroc, elle a été ratifiée le 22 juillet 1997 et entrée
en vigueur le 22 octobre 1997.
20 Articles 145, 146 et 159 du Dahir formant Code du Commerce Maritime (DCCM) du 31 mars
1919.
Hassan EZZAHRATI 225
On a vu plus haut que le pilote, pour sa part, prend toutes les mesures de
précaution qu’il juge nécessaires et utiles pour mener à bien l’opération de
pilotage. Il anticipe le déroulement de la manœuvre et prévoit en permanence
les solutions de secours en cas de tel ou tel incident afin d’éviter tout accident
ou du moins en diminuer les conséquences.
21 En France, article 79 du CDPMM : « Toute personne qui, en dehors des cas prévus par le Code
de justice militaire pour l’armée de mer, échoue, perd ou détruit, volontairement et dans une
intention criminelle, un navire quelconque par quelque moyen que ce soit, est punie des peines
encourues pour les destructions, dégradations et détériorations dangereuses pour les personnes,
réprimées par les articles 322-6 à 322-11 du Code pénal. Le maximum de la peine est appliqué au
délinquant qui chargé, à quelque titre que ce soit, de la conduite du navire ou qui le dirige comme
pilote ».
22 A. Vialard, « Pilotage maritime et responsabilités : Réflexions sur quelques questions anciennes
et nouvelles ». Au Maroc, article 1er du Dahir du 31 mai 1937 sur la responsabilité civile des
pilotes (…) ; en France, article 21 de la Loi n° 69-8 du 3 janvier 1969 relative à l’armement et aux
ventes maritimes.
Hassan EZZAHRATI 227
responsabilités : réflexions sur quelques questions anciennes et nouvelles », par A. Vialard, 1990 ;
Droit maritime, éd. PUF-1997, p. 199, n° 227, A. Vialard ; « Droit Maritime », par R. Rodiere et E.
du Pontavice, Dalloz, 12e édition 1997, éd. Dalloz Delta, p. 242 et 243 : n° 267 et 268.
25 Article 1er du Dahir du 31 mai 1937 et article 1er de l’Arrêté Viziriel de même date ; en France,
des pilotes(…) modifié par l’Arrêté Viziriel du 26 août 1953 ; en France, l’Arrêté du 1er juillet
1999 fixant le montant du cautionnement des pilotes maritimes dispose dans son 1er article que
pour les stations dont la liste est annexée au présent Arrêté, le montant du cautionnement est de
65 595,70 F, dans les autres cas, le montant est de 19 678,71 F.
27 A. Vialard, Droit maritime, éd. PUF-1997, p. 200 : « Limites de la responsabilité du pilote ».
228 Le droit maritime dans tous ses états
28 Au Maroc, article 3 du Dahir du 31 mai 1937 sur la responsabilité civile des pilotes (…) ; en
France, article 22 de la Loi n° 69-8 du 3 janvier 1969 relative à l’armement et aux ventes
maritimes.
29 Ph.-J. Hesse, J.-P. Beurier, P. Chaumette, Y. Tassel, A.-H. Mesnard, R. Rezenthal, Droits
maritimes, tome I ; Mer, navire et marins ; les éditions JURIS service-1995, p. 342 : C- Le
cautionnement du pilote.
30 A. Vialard, « Pilotage maritime et responsabilités : Réflexions sur quelques questions anciennes
et nouvelles ».
31 Au Maroc (Station de Casablanca - JORF LASFAR), il est de 3000dhs, fixé par l’article premier
de l’Arrêté Viziriel du 31 mai 1937 relatif au cautionnement des pilotes de la station de pilotage
du port de Casablanca ; en France, Arrêté du 1er juillet 1999 fixant le montant du cautionnement
des pilotes maritimes.
Hassan EZZAHRATI 229
du pavillon, sinon, il doit y avoir autant de Lois que de pavillons fréquentant le port.
34 Depuis la création de la Station de pilotage du port de Casablanca, aucune sanction de ce genre
n’a été prononcée ; la Collectivité des pilotes de la Station veille toujours de près sur la formation
de ses pilotes pour les doter d’une qualification très élevée. D’ailleurs la qualité de service fourni
par ses pilotes est de renommée internationale. Deux cas seulement concernent deux pilotes
respectivement à Safi et Laayoune.
230 Le droit maritime dans tous ses états
Aujourd’hui, les choses ont changé ; mais la mise en jeu de cette res-
ponsabilité est toujours possible, sur le fondement des dispositions du CDPMM,
quand le pilote se rend coupable de la perte du navire, sa destruction ou son
échouement volontaire et dans une intention criminelle35.
Les mêmes peines sont prononcées contre le pilote qui, en état d’ivresse,
entreprend la conduite d’un navire.
maritimes.
Hassan EZZAHRATI 231
du 30 octobre 1935) de la Loi du 28 mars 1928 : ces amendes sont versées à l’État.
232 Le droit maritime dans tous ses états
Il est d’un grand intérêt pratique aussi bien pour les juristes que pour les
professionnels du monde maritime d’avoir une idée claire sur l’évolution du
droit positif maritime Tunisien depuis la promulgation du Code de Commerce
Maritime Tunisien en 1962 jusqu’à nos jours, à la lumière de la législation inter-
nationale en vigueur et des décisions les plus pertinentes de la jurisprudence
Tunisienne concernant la responsabilité de l’armateur d’un côté et celle du
transporteur maritime de l’autre.
Ces deux types de responsabilité obéissent à des régimes juridiques fon-
cièrement différents : ces divergences se situent aussi bien au niveau du fonde-
ment, de la nature et des conditions de mise en œuvre et des limitations et
exemptions qu’à celui des applications jurisprudentielles qui se répercutent sur
les intérêts financiers et commerciaux des opérateurs maritimes.
Ce thème central de l’évolution du droit maritime Tunisien va nous per-
mettre de focaliser notre analyse autour du nouveau contexte juridique interna-
tional en vigueur et à travers les questions cibles soulevées par la jurisprudence.
Ces développements seront traités compte tenu des référentiels normatifs, tech-
nologiques et commerciaux des transports maritimes à l’instar de la conteneu-
risation, de l’utilisation des documents électroniques et de l’expansion du
transport intermodal.
L’intérêt d’un tel thème se justifie par l’acuité des litiges qui surgissent
entre les professionnels.
Les difficultés se sont accentuées avec l’entrée en vigueur de la conven-
tion de Hambourg et la transposition en droit interne de la convention des
Nations unies sur le transport multimodal international de marchandises de
Genève, 12-30 novembre 1979 et 8-24 mai 1980 ratifiée par la République
Tunisienne et publiée par la loi n° 98-21 du 11/03/1998.
Aussi est il nécessaire de dégager les spécificités du régime juridique
global de la responsabilité de l’armateur à travers les arrêts de la cour de
cassation dans l’affaire Amira (I) avant de tracer les contours du régime
234 Le droit maritime dans tous ses états
a. À titre délictuel, l’armateur est tenu de tous ses faits fautifs (respon-
sabilité subjective) ou non fautifs (responsabilité objective). Il répond également
de toutes ses fautes (nautique prouvée) qu’elles soient en relation avec la gestion
commerciale, nautique et technique du navire ou pas (article 131 al 1 CCM).
Par ailleurs, l’armateur est tenu de répondre civilement de toutes les
conséquences dommageables causées par le navire sous sa garde et qui portent
préjudice aux personnes (théorie des risques) ainsi qu’aux choses, à condition
qu’elles résultent des « Risques de la navigation » (échouage collision, naufrage).
Plus encore, l’armateur engage également sa responsabilité par le jeu de
l’institution de la représentation ou du mandat. Il en est de même de sa
236 Le droit maritime dans tous ses états
chargeurs du fait qu’il est plus profitable aux pays-armateurs qui disposent
d’une flotte marchande à forte jauge.
Sauf exception, le principe général du droit civil selon lequel celui qui
cause un dommage à autrui est tenu à une réparation intégrale, n’est pas
appliqué en droit maritime caractérisé par son particularisme et l’armateur n’est
tenu que d’une indemnité partielle.
Dans cette optique, la Tunisie a, par décret du 31/12/1992, relevé les
plafonds de limitation de la responsabilité de l’armateur, sans pour autant
s’aligner sur ceux prévus par la convention de Londres de 1976 de crainte que
ses effets ne se répercutent sur le coût du fret et des primes d’assurances au
détriment des chargeurs. Aussi, actuellement le plafond de la limitation de la
responsabilité de l’armateur est fixé parfaitement en ce qui concerne les
créances de réparation des dommages matériels, à un montant global de
150 000 DT par tonneau de jauge brute, et à un montant global de 250 000 DT
TJB en ce qui concerne les créances de réparation des dommages corporels.
Celle-ci est soumise à l’article 234 CCMT qui fixe un délai de 2 ans pour
intenter l’action en réparation.
240 Le droit maritime dans tous ses états
En outre le droit américain est plus sévère à l’égard des armateurs, des
transporteurs maritimes que le droit tunisien français.
244 Le droit maritime dans tous ses états
dans tous les cas exceptés ci-dessus mentionnés, le chargeur est habilité par la
loi, d’administrer la preuve contraire en prouvant que les préjudices sont
imputés soit à une faute du transporteur (faute personnelle prouvée) soit à une
faute de ses proposés non couverte par le 1er cas d’exemption.
Il s’avère, par voie de conséquence, que le CCMT a prévu des causes va-
riées d’exonération et la seule preuve de l’une d’elles est de nature à écarter sa res-
ponsabilité ce qui est différent des cas de la Convention de Hambourg plus ciblés.
Ces causes légales d’exonération ont été réparties par la doctrine en cause
tenant à l’exploitation du navire (faute nautique du capitaine, vice caché du na-
vire, innavigabilité du navire, déroutement du navire par acte d’assistance ou de
sauvetage) et en causes imputées à un fait étranger au navire (cas fortuit, force
majeure, grèves, entrave au travail, vices de la marchandise, freinte de route,
incendie).
Néanmoins avec l’entrée en vigueur de la Convention de Hambourg, les
cas exceptés ont perdu toute signification à l’exception de ceux maintenus par
les règles de Hambourg.
Il convient, par ailleurs, de remarquer que la jurisprudence Tunisienne
relative à la freinte de route, par exemple, a été pléthorique et mérite qu’on lui
réserve une place de choix.
En effet, la notion de freinte de route a été citée par l’article 145 al 8 du
CCMT comme étant une cause légale d’exonération du transporteur maritime
de la responsabilité qui pèse sur lui et ce, dans des proportions et à des taux
reconnus par l’usage. Celle-ci est appréciée soit en volume soit en poids d’après
la nature de la marchandise, la durée du voyage, les variations de température et
la tolérance déterminée par les usages. De par sa nature, la freinte de route (ou
déchet de route) est une forme de vice propre de la marchandise. L’expérience
portuaire et maritime a démontré que certaines catégories de marchandises telles
que l’acide phosphorique, les huiles, les vins en vrac, les farines, les charbons
mouillés, peuvent perdre du poids ou du volume lorsqu’elles sont transportées
par mer dans certaines conditions atmosphériques et de durée.
La Cour suprême est allée plus loin encore dans une décision, étonnante
et critiquable à plus d’un titre, en considérant que lorsque le transport maritime
revêt un aspect international, seules les règles de Hambourg sont applicables.
Les règles du CCMT sont, par conséquent, écartées et ne sont applicables que
pour le transport entre ports Tunisiens (cabotage national).
Un autre arrêt portant le n° 9326 du 21/06/2007 (BCC 201) de la Cour
de cassation a affirmé le principe selon lequel les règles de responsabilité du
transporteur maritime telles qu’édictées par le CCMT s’appliquent exclusive-
ment au transport maritime intérieur entre ports tunisiens et uniquement pour
les questions qui n’ont pas été incluses par les règles de Hambourg à l’instar du
transport maritime des personnes et à titre onéreux.
La Cour Suprême affirme : « Attendu que les dispositions du CCMT ne
peuvent en aucun cas s’appliquer aux opérations de transport international de
marchandises »
Cette décision a soulevé beaucoup de critiques en raison du fait qu’elle
confirme l’abrogation judiciaire pure et simple de toutes les règles impératives
applicables à la responsabilité du transporteur maritime, ce qui est à la limite
extrêmement audacieux, pour ne pas dire en violation avec la loi et les règles
d’interprétation usuelles.
À l’occasion d’un autre litige la Cour de cassation dans un arrêt non
publié (n° 37604 du 30/10/2010) confirme la tendance largement établie de
l’application des règles de Hambourg aux litiges enrôlés devant la justice en
consacrant le principe suivant :
2 RJL, p. 195.
252 Le droit maritime dans tous ses états
Parmi les décisions les plus significatives, on peut citer celle de la Cour
de cassation du 3 mai 2005 (BCC 245) affirmant le principe selon lequel les règles
générales du CCMT sont seules applicables et notamment son article 169 qui
dispose que l’acconier opère pour le compte du transporteur maritime, lequel est
le seul tenu de l’obligation de délivrance des marchandises et, par conséquent, le
seul responsable du bon état de la marchandise jusqu’à sa délivrance au
destinataire.
Dans d’autres décisions, la Cour de cassation a opté également pour
l’application de l’article 146 CCMT en affirmant que tout préjudice à la mar-
chandise est présumé, sauf preuve contraire rapportée par le transporteur mari-
time, l’avoir été entre l’appréhension ou prise en charge de la marchandise et sa
délivrance au destinataire3.
Dans un autre arrêt n° 5190/2006 du 31/01/2007, la Cour de cassation,
à propos d’un contrat de transport maritime litigieux se situant entre deux pays
différents avec un port de déchargement Tunisien, a énoncé le principe selon
lequel
cause d’exonération par référence aux usages, aux avis d’experts et aux juge-
ments des tribunaux et compte tenu de l’ensemble des Conventions internatio-
nales y compris la convention de Bruxelles du 28/08/1924 non ratifiée, ce qui
est très étonnant pour une Cour de droit de se référer à des traités désuets.
Une autre décision de la même Cour (n° 136 du 25/09/2000), qualifie la
freinte de route comme un vice propre à la marchandise par référence à la
Convention de Bruxelles. Elle ajoute que la reconnaissance de la freinte de
route est unanimement acceptée sur le plan international selon les usages et les
coutumes.
La décision n° 3905/2004 du 07/01/2005 de la Cour de cassation a
affirmé que la Convention de Hambourg est applicable au litige concernant un
contrat de transport international de marchandises par mer. Elle ajoute que tant
que ladite Convention n’a pas précisé des moyens de preuve déterminés pour
établir la freinte de route subie par la marchandise lors du transport… ladite
Convention, même si elle ne citait pas la règle de la freinte de route, n’a pas
interdit son application, chose imposée par la nature de la marchandise et le
long trajet parcouru en vertu de l’usage maritime mondial. Par voie de consé-
quence, la cour de cassation décide que la juridiction de la décision critiquée n’a
pas violé les dispositions des Règles de Hambourg.
En définitive et sans nécessité de citer d’autres décisions aussi étonnantes
qu’anachroniques, il s’avère d’une grande importance de mettre beaucoup
d’ordre dans la maison du droit maritime tunisien et dans les règles régissant le
régime de responsabilité du transporteur maritime pour remédier à la désuétude,
voire l’anachronisme qui a atteint les assises essentielles du droit de la responsa-
bilité maritime. En effet, ses spécificités et son particularisme ont été
profondément désarticulés par une greffe inadéquate de règles antinomiques.
Plus de vingt ans après l’entrée en vigueur de la Convention des Nations
Unies sur le transport international de marchandises par mer, les juridictions
tunisiennes ont eu à se prononcer sur plusieurs litiges significatifs qualifiés et
commentés différemment :
Par conséquent, l’Office des céréales déduit que l’article 145 CCMT n’a
pas vocation à s’appliquer aux contrats internationaux de transport maritime de
marchandises (art 3 de la Convention).
Par ailleurs, l’Office fait grief à la Cour d’appel d’avoir fondé sa décision
sur une disposition inapplicable (art 145 CCMT). Il lui reproche, par la même,
d’avoir écarté lapidairement la convention de Hambourg.
Selon l’argumentaire présenté par le réceptionnaire, l’entrée en vigueur de
la Convention de Hambourg entraîne de facto l’abrogation de toutes dispo-
sitions antérieures et leur remplacement par les nouvelles règles de la
Convention régissant la responsabilité du transporteur maritime. Il appuie sa
Lotfi CHEMLI & Abdennebi Belazi BEN SAID 257
thèse sur l’article 2 de la Convention dont les dispositions étendent son champ
d’application « à tous les contrats de transport par mer » à destination d’un port
Tunisien quelle que soit la nationalité du navire ou le port de chargement.
L’argument présenté par le réceptionnaire dans ce litige est que l’on ne
trouve nulle part trace dans les règles de Hambourg quant à la faculté du
transporteur maritime de s’exonérer en raison de la faute nautique de son
Commandant, de l’équipage ou même de la freinte de route (145 CCMT). Selon
l’office, les cas exceptés par le CCMT sont aberrants et l’article 5 des règles de
Hambourg a sciemment supprimé la plupart des 9 cas d’exonération du
transporteur maritime.
Le réceptionnaire prétend que l’article 5 n’a en effet maintenu de cette
liste que le cas de l’incendie.
En outre, ajoute-t-il sur la base de l’article 5 alinéas 3 que l’ayant droit à
la marchandise qui prétend au dédommagement « peut considérer les
marchandises comme perdues si elles n’ont pas été livrées… »
Cela équivaut donc à affirmer que le transporteur est responsable de la
livraison intégrale de la marchandise au destinataire selon l’état décrit au
connaissement. Il ne peut s’exonérer de sa responsabilité pour manquant que
s’il démontre qu’il a émis des réserves sur le connaissement en vertu de l’article
2 de la convention.
Il en découle que le CCMT n’est applicable que dans les cas du transport
maritime national (cabotage national). L’on ne peut, par contre, appliquer les
dispositions du CCMT aux opérations de transport international de marchan-
dises par mer, que dans les cas suivants :
– Si la convention a clairement prévu l’application du droit interne (art
21, 25, 26)
– S’il concerne des procédures non réglementées par la convention, com-
me la procédure de l’expertise et des moyens de preuve.
– S’il a été convenu sur la base du connaissement entre le transporteur
et le chargeur dans le cadre du transport international des marchan-
dises par mer non soumis à la convention, de le soumettre au droit
Tunisien.
– lorsque le litige est soumis à la Convention de Hambourg conformé-
ment à l’article 2 de cette convention.
Il est aussi admis que la freinte ne doit pas dépasser un certain pour-
centage reconnu et acceptable.
Si le manquant dépasse ce pourcentage, la freinte de route est rejetée et le
transporteur sera dans ce cas responsable de l’ensemble du manquant. La doc-
trine considère que la freinte de route ne constitue pas une exonération de la
responsabilité mais bien une irresponsabilité en démontrant que la même
cargaison qui a été déchargée au port de destination et son manquant de poids
est due à sa nature.
Dans l’affaire (Cotunav / Office des Céréales), le transporteur n’a formulé au-
cune réserve sur le connaissement relatif aux indications de la marchandise et par-
ticulièrement son poids. Il est, par conséquent, tenu responsable de l’exécution
de son obligation, comme indiqué au connaissement. L’expertise a démontré
que le manquant dépassait le pourcentage de freinte de route acceptable par les
usages. Ce qui confirme que la cause du manquant n’est pas la freinte de route.
L’article 6 des règles de Hambourg a fixé un plafond de dédommage-
ment qu’on ne saurait dépasser, soit 835 DTS pour chaque colis ou 2,5 DTS du
poids de la marchandise avariée ou perdue.
Ce plafond favorable au réclamant sera appliqué, à moins que le trans-
porteur n’accorde un plafond plus important que celui prévu par la convention
(art 6 alinéa 4 et art 23 alinéa 2).
L’unité, selon l’article 6, est le droit de tirage spécial fixé aux États
membres du FMI dont la Tunisie est membre.
Or la demande de dédommagement ne dépasse pas le plafond prévu par
la Convention de Hambourg, et le transporteur est redevable de tout le
montant réclamé.
affirmer les mêmes principes à savoir que « le délai fixé par l’article 234 CCMT
est le délai de prescription de 1 an qui peut être interrompu »8.
1En ce sens que c’est le transporteur qui décide des modalités selon lesquelles le transport sera
effectué. Autrement dit c’est la nature de la marchandise et le moyen de transport utilisé qui vont
décidés des conditions de transport
Driss SAIDOUNE 269
1961 p. 451 s. ; M. Pourcelet op. cit., p. 96 et s. ; Lefage, « Faute commerciale et faute nautique »,
DMF 1963, p. 104.
Driss SAIDOUNE 271
Nous savons déjà qu’une faute est qualifiée de nautique lorsque le but prin-
cipal de l’acte au cours duquel elle a été causée aux marchandises : par exemple,
au cours d’une opération de remplissage des ballasts, l’ingénieur du bord chargé
de l’opération commet une faute de manœuvre qui permet à l’eau de s’infiltrer
jusqu’aux marchandises.
Il se peut cependant que le capitaine puisse éliminer ou limiter les effets
néfastes d’une telle faute nautique en ordonnant le pompage de l’eau qui s’est
infiltrée par inadvertance dans les cales, en isolant les marchandises avariées
pour éviter l’extension du dommage, ou en prenant toute autre mesure appro-
priée pour la conservation des marchandises. Si le capitaine omet de prendre les
mesures qu’il avait le devoir et le pouvoir de prendre, il commet sans aucun
doute une faute dans l’exécution de son obligation de prendre soin des
marchandises et de veiller à leur conservation ; il devra donc répondre des
conséquences d’une telle faute.
Le transporteur ne sera toutefois tenu de répondre que des conséquences
de cette faute à l’exclusion de toute autre. Il faut donc nécessairement faire le
partage entre les dommages ou pertes qui proviennent de la faute nautique, et
celles qui sont causées par le manque de soins. C’est ce que la cour de cassation
française a très justement décidé dans un arrêt de censure du 6 juillet 1954 en
cassant un arrêt de la cour d’appel de Rennes qui, après avoir déclaré que « les
griefs relevés à la charge du capitaine constituaient non pas deux fautes diffé-
rentes, mais les deux aspects d’une même faute », nautique pour ce qui est du
maniement du navire et commerciale pour ce qui est de la cargaison, a attribué
ainsi à la faute le double caractère de faute nautique et de faute commerciale,
puis a condamné le transporteur à payer des dommages-intérêts à raison des
avaries causés par une faute commerciale.
En effet, la cour d’appel de Rennes ne justifiait pas de l’existence d’un
lien de causalité entre le dommage et la faute commerciale, c’est-à-dire n’opérait
pas le partage entre le dommage résultant de la faute et celui qui provient de la
faute commerciale5.
5Civ. 6 juillet 1954, DMF 1954, 714 cassant l’arrêt de la cour d’appel de Rennes, 10 juillet 1952,
DMF 1952, 324 ; sentence arbitrale, 20 juin 1950.
272 Le droit maritime dans tous ses états
Fut ainsi admis comme entrant dans le cas excepté d’incendie les dom-
mages (maturation) subis par une marchandise qui se trouvait dans une cale
dont le système de ventilation a été stoppé du fait de l’incendie7.
L’incendie est donc une cause exonératoire de responsabilité pour le trans-
porteur, sauf dans le cas où le chargeur démontrerait qu’il a commis une faute.
Les professeurs Bonassies et Scapel, dans l’ouvrage de droit maritime le
plus récent, considèrent qu’il n’est sans doute pas nécessaire de prouver que le
fait non imputable était extérieur, imprévisible et irrésistible « pour les cas
exceptés spécifiques visés par la loi de 1966 (incendie, grève, sauvetage) »8.
Ainsi, les décisions judiciaires constatant que le dommage est dû à un
incendie et que le transporteur n’a pas commis de faute, avec éventuellement le
constat de ce que la cause de l’incendie est inconnue, il est vraisemblable que les
juges ne ressentent pas la nécessité de justifier plus avant leurs décisions. Si le
cas excepté d’incendie est rejeté c’est qu’il est lié à une faute du transporteur
(qui, si elle ne l’évince pas, s’accommode mal d’un cas de force majeure), et s’il
est reconnu c’est que l’événement est, a minima, très proche de constituer un
cas de force majeure.
distincts sont réunis dans un seul cas qui vise les « fautes du chargeur, notamment
dans l’emballage, le conditionnement ou le marquage des marchandises ».
La faute du chargeur, certainement l’un des cas exceptés les plus sollicités
– notamment quant à l’emballage défectueux de la marchandise – correspond
au fait du tiers – ici le cocontractant.
La jurisprudence n’exige pas que la faute commise par le chargeur (celle
du destinataire n’est pas reconnue) présente les caractères de la force majeure9.
Cela se comprend aisément : la faute du chargeur ou de ses substituées suffit à
dégager la responsabilité du transporteur. La faute de son cocontractant l’exo-
nère de sa responsabilité sans qu’il soit nécessaire que celle-ci soit irrésistible et
imprévisible.
9 Récemment, et parmi un florilège d’arrêts, Cass. Com 22 janvier 2002, CA Aix 2 décembre 2004,
7 septembre 2001, Kamakura, 29 juin 2000, CA Versailles 5 avril 2001, 30 mars 2000, CA Paris
19 février 2003.
10 P. Bonassies et Ch. Scapel, n° 1077, p. 687 et DMF 1989, p. 419 note de P. Bonassies à propos
de l’arrêt Cass. 14 février 1989, Sunny Arabella. Une étude accessible sur le site de l’OMI (www.imo.
org) nous apprend que 86,5% des attaques de navires entre 1995 et 2000 eurent lieu dans les eaux
territoriales ou des ports, démontrant encore un peu plus le caractère aberrant de la solution
adoptée par la Cour de cassation. Cf. aussi, sur l’état actuel de la piraterie le site www.arte.tv.fr.
11 Dans ce sens : P. Bonassies et Ch. Scapel n° 1077, p. 687.
12 TC Marseille 18 décembre 1998, Tiger Force, CA Paris 7 octobre 1986.
274 Le droit maritime dans tous ses états
13 L’article 1302 alinéa 2 du Code civil vient d’ailleurs battre en brèche cette hypothèse en dis-
posant que « Lors même que le débiteur est en demeure, et s’il n’est pas chargé des cas fortuits,
l’obligation est éteinte dans le cas où la chose fut également périe chez le créancier si elle lui eût
été livrée ».
14 Question qui nous intéresse particulièrement de part la possibilité, lorsque la preuve de l’un des
cas exceptés de la Convention de Bruxelles de 1924 ou de la loi française du 16 juin 1966 est
rapportée, pour l’ayant-droit marchandise de prouver que le transporteur a commis une faute et,
ainsi d’obtenir que l’exonération de responsabilité ne soit que partielle.
15 In Droit civil. 2. Le fait juridique, Armand Colin, 2005, n° 275, p. 297
16 In Le Tourneau, n° 1803, p. 483.
Driss SAIDOUNE 275
17 In Bénabent n° 562, p. 387, à propos des divers cas de responsabilité délictuelle – l’auteur
considérant qu’il faut distinguer la force majeure survenant au stade de l’acte fautif et la force
majeure survenant après une faute.
18 Cass. civ. 2e 5 février 2004.
19 Note de S. Beaugendre, « Voile sur la force majeure », Dalloz 2004, p. 2520. Cf. aussi la note
voyage), sur la durée (à temps), soit sur le navire seul (coque nue).
Farouk ZERHOUNI 279
bien sûr pas l’importance de l’arbitrage maritime à Londres qui reste la place de
référence avec ses forces et ses faiblesses.
Quant au Maroc, la Chambre d’Arbitrage Maritime du Maroc dont la
création remonte à 1980 n’est que très peu sollicitée.
En droit marocain l’arbitrage est régi par les dispositions de la loi n° 08-058,
quant à l’assurance maritime au Maroc, elle est régie par les dispositions suivantes :
– Les polices françaises d’assurance maritimes :
* Les conditions générales de l’imprimé du 1er décembre 1941
(mise à jour le 1er janvier 1956) de la police française d’assuran-
ce sur corps de tout navire à l’exception des navires de pêche,
de plaisance, de voiliers et des navires à moteur auxiliaire ;
* Les conditions générales de l’imprimé du 1er janvier 1956 (mise
à jour le 1er janvier 1963) de la police française d’assurance sur
corps de pêche,
* Les conditions générales de la police française d’assurance ma-
ritime sur facultés du 17 août 1944 (modifié le 1er janvier 1947
et le 1er juillet 1960).
– C’est le 4e titre de DCCM qui traite l’assurance maritime comportant
45 articles allant l’article 345 à l’article 390 dudit code9.
– Les règles de York et d’Anvers qui demeurent applicables s’il y a in-
sertion de celles-ci dans le contrat transport afin de régler un litige re-
latif au règlement des avaries communes, ainsi que certaines disposi-
tions de la convention des nations unies sur le transport des
marchandises par mer 1978 (Règles De Hambourg).
8 La loi 08-05 promulguée par le dahir n° 1.07.169 du 30 novembre 2007. Bulletin officiel n° 5584
du 6 décembre 2007, p. 1369.
9 Dahir portant code de commerce maritime du 31 mars 1919 (28 joumada II 1337) (BO 26 mai
on est toujours sous le régime des polices du XXe siècle qui ne prennent pas en
compte l’évolution que connaît le monde du transport maritime.
Et enfin les conventions internationales qui portent atteinte à l’assurance
maritime tel la convention de Bruxelles de 1924 « Règles de La Haye » qui a été
adoptée en France par la loi du 9 avril 1936 et mise en application par le décret
du 25 mars 193711.
C’est donc par le biais du premier protocole modificatif a été signé le
23 février 1968 et est entré en application le 23 juin 1977. Vingt pays, dont la
France, sont parties à ce protocole également appelé « Règles de Visby » ou
encore « Règles de La Haye-Visby ».
Il sera donc question à travers cet article d’étudier les textes juridiques
marocains et français régissant l’arbitrage en matière d’assurance maritime en se
limitant aux recours qui sont faits suite au recours subrogatoire de l’assureur
maritime contre le tiers responsable du dommage.
Notre étude sera divisée en deux parties :
– La première sera consacrée aux fondements de l’assureur maritime
pour recourir à l’arbitrage.
– La deuxième partie portera sur l’élaboration et l’exécution de la
sentence rendue.
Cette même disposition est reprise par l’article 687 du projet de code ma-
ritime 2007. Il en ressort que le contrat d’assurance maritime qui lie l’assureur à
celui qui a intérêt, constitue le fondement même de l’action de l’assureur, celui-
ci après avoir indemnisé l’assuré est subrogé dans ses droits actions et recours
contre le responsable.
La loi française du 3 juillet 1967 à son tour est explicite puisqu’elle pré-
cise que : « l’assureur qui a payé l’indemnité d’assurance acquiert, à concurrence
de son paiement, tous les droits de l’assuré nés des dommages qui ont donné
lieu à garantie ». C’est pour éviter que ces droits ne se perdent que l’assuré doit,
comme nous l’avons précédemment indiqué, prendre des mesures conserva-
toires d’ordre juridique.
Ce faisant, on peut affirmer que l’article 367 du DCCM a consacré une
subrogation légale novatrice, ou encore qu’il a étendu le domaine d’application
de l’article 241 du DOC. Par conséquent, l’assureur n’est tenu à aucune signifi-
cation pour exercer son droit contre le tiers comme le prévoit l’article 195 du
DOC.
Ainsi pour bénéficier de cette subrogation légale deux conditions sont
requises :
- La première est que l’assureur ait effectivement payé l’indemnité
d’assurance,
- La seconde est que ce paiement ait été fait en exécution de
l’obligation contractuelle de la garantie et du risque couvert.
Dès que ces deux conditions sont réunies, la subrogation légale joue de
plein droit.
À titre d’exemple, une telle position a été prise par le biais de la sentence
arbitrale n° 1202 rendue par la Chambre Arbitrale Maritime de Paris ou il s’agit
d’un négociant, qui avait indemnisé les réceptionnaires pour des avaries consta-
tées à l’arrivée du navire retardé par une avarie de moteur en cours de traversée,
recherchait, avec son assureur subrogé, la responsabilité du transporteur.
Le Tribunal arbitral s’est d’abord estimé compétent car l’action du négo-
ciant se fondait non sur les connaissements mais sur l’accord de partenariat con-
tenant la clause compromissoire. Le Tribunal a constaté qu’ayant indemnisé les
réceptionnaires, le négociant justifiait de son intérêt à agir et que, selon le droit
Farouk ZERHOUNI 283
des indemnités, encore faut-il que ce paiement intervienne au plus tard lorsque l’affaire est en
l’état, à défaut de quoi l’assureur ne peut valablement invoquer la subrogation de plein droit dont
il bénéficie (Casablanca 31 janvier 1963 : F.-P. Blanc, Rev. mar. de droit 1er novembre 1963, p. 420).
18 H. Besri, « Réflexion pratique sur l’assurance maritime au Maroc », Revue marocaine de droit et de
19 L’article 213 du DOC dispose que : « La subrogation conventionnelle a lieu également, lorsque
le débiteur emprunte la chose ou la somme qui fait l’objet de l’obligation afin d’éteindre sa dette,
et subroge le prêteur dans les garanties affectées au créancier et au refus de celui-ci de recevoir le
paiement, moyennant la consignation valablement faite du débiteur ».
Farouk ZERHOUNI 285
22 L’article 318 de la loi 08-05 dispose que : « La clause d’arbitrage est réputée être une
convention indépendante des autres clauses du contrat. La nullité, la résiliation ou la cessation du
contrat n’entraîne aucun effet sur la clause d’arbitrage comprise dans ledit contrat lorsque celle-ci
est valable en soi ».
23 L’article 1447 du décret n° 2011-48 du 13 janvier 2011 portant réforme de l’arbitrage dispose
que : « La convention d’arbitrage est indépendante du contrat auquel elle se rapporte. Elle n’est
pas affectée par l’inefficacité de celui-ci. Lorsqu’elle est nulle, la clause compromissoire est
réputée non écrite ».
24 Au commencement du procès.
25 O. Jambu-Merlin, « L’assurance maritime, terre d’élection de l’arbitrage », Publié le 6 juillet
2012.
26 M. El Khayat, « Analyse des règles de Hambourg : Convention de nations unies sur le transport
de marchandises par mer 1978 », Revue de droit et d’économie, n° 3 année 1987, p. 99.
27 La convention des nations unies sur le transport des marchandises par mer dit règles de
Hambourg du 31 mars 1978 sous le dahir n° 1-84-21 du 11 rebia I 1407 (14 novembre 1986)
portant publication de la convention des Nations unies pour le transport de marchandises par
mer (BO n° 3953 du 19 hija 1408 (3 août 1988) entrée en vigueur au Maroc le 1er novembre 1992.
28 Article 5.5 de la police française maritime sur corps de tous navire tous risques du 1er janvier
2012 : « Tous différends découlant du présent contrat d’assurance ou en relation avec celui-ci
seront tranchés par la chambre arbitrale maritime de Paris conformément à son règlement ou par
tout autre tribunal arbitral agréé ».
Farouk ZERHOUNI 287
Ce n’est donc qu’à travers les conditions particulières que les assureurs
peuvent insérer une clause compromissoire afin de remplir le vide laissé par le
législateur marocain à ce niveau. Néanmoins, en pratique les assureurs mariti-
mes marocains ne font pas preuve d’une telle disposition dans les conditions
particulières sauf qu’en cas d’une demande spéciale de l’assuré qui en général
n’est pas conscient de l’importance de l’arbitrage une mention qui stipule qu’en
complément des conditions générales, il peut y avoir un accord commun entre
l’assureur et l’assuré ils peuvent recourir à l’arbitrage.
Les raisons du non recours des assureurs maritimes aux instances arbitra-
les tiennent à l’attitude de ceux-ci et de leurs avocats. Les dossiers litigieux sont
généralement déposés devant les juridictions étatiques classiques. Ces derniers
ont le choix entre déposer le dossier devant la Chambre arbitrale ou le confier à
leurs avocats. Or cette deuxième option semble automatique chez les assureurs
qui confient le dossier à l’avocat après avoir essayé d’arriver à une solution dans
le cadre d’une transaction amiable afin de clore le litige définitivement.
En définitive, dans le cas où il n’y a pas insertion d’une clause
compromissoire il est possible que l’assureur et le tiers responsable se mettent
d’accord de recourir à l’arbitrage afin de régler leur différend.
Quelle est donc la spécificité de ce compromis ? La différence entre
compromis d’arbitrage et clause compromissoire.
De ce fait, une fois la lettre de garantie émise par les P&I Club, l’anti suit
injonction joue et tout litige dans l’affaire sera réglé en principe devant the
London Maritime Arbitrators Association (LMAA).
30 Article 1443 du décret n° 2011-48 du 13 janvier 2011 inclue dans le code procédure civile
français dipose que : « A peine de nullité, la convention d’arbitrage est écrite. Elle peut résulter
d’un échange d’écrits ou d’un document auquel il est fait référence dans la convention
principale ».
31 http://www.legalis.net.
32 Article 313 alinéa 2 du code de procédure civile marocain ;
33 B. Amouri, L’anti-suit injonction en matière maritime, mémoire master droit maritime et des transports,
Université de droit d’économie et des sciences d’Aix Marseille III, année universitaire 2011-2012
p. 5.
Farouk ZERHOUNI 289
34 Article 327-23 de la loi n° 08-05 dispose que : « La sentence arbitrale doit être écrite. Elle doit
viser la convention d’arbitrage et contenir l’exposé succinct des faits, des prétentions des parties
et leurs moyens respectifs, les pièces, l’indication des questions litigieuses résolues par la sentence
ainsi qu’un dispositif statuant sur ces questions. Elle doit être motivée, sauf si les parties en ont
décidé autrement dans la convention d’arbitrage ou que la loi devant être appliquée à la procédure
d’arbitrage n’exige pas la motivation de la sentence. La sentence concernant un litige auquel est
partie une personne de droit public doit toujours être motivée ».
35 Article 1482 du décret n° 2011-48 du 13 janvier 2011 qui dispose que : « La sentence arbitrale
expose succinctement les prétentions respectives des parties et leurs moyens. Elle est motivée ».
290 Le droit maritime dans tous ses états
Les arbitres doivent tous la signer. Toutefois, si une minorité des arbitres
refuse de le faire, les autres peuvent la rendre en en faisant mention36.
Toutes ces conditions sont édictées à peine de nullité de la sentence.
La sentence, dès lors qu’elle est rendue, produit les mêmes effets qu’un
jugement rendu par les juridictions étatiques.
En conséquence, une fois la sentence rendue, le contrat d’arbitre prend
fin. Mises à part les questions relatives aux honoraires de l’arbitre et à sa
responsabilité pour lesquelles un lien entre l’arbitre et les parties peut subsister.
Le principe est que l’arbitre est dessaisi et perd ainsi tout pouvoir. Ce
principe du dessaisissement n’est cependant pas absolu et l’arbitre peut
conserver ou recouvrer des pouvoirs dans certaines situations, une fois le
tribunal arbitral dessaisi la sentence arbitrale acquiert l’autorité de la force jugée.
L’arbitre est dessaisi après que la sentence ait été rendue implique donc,
en vertu du principe de l’autorité de chose jugée, d’évaluer quels points litigieux
ont été finalement été tranchés.
La règle d’autorité de la chose jugée des sentences arbitrales est aujour-
d’hui communément admise et explicitement énoncée dans plusieurs législa-
tions, notamment en France, au Maroc, en Allemagne ou encore en Suisse, ainsi
que par le biais de la convention internationale de New York de 1958.
En droit français, l’article 1484 alinéa 1er du décret de du 13 janvier 2011
dispose que : « La sentence arbitrale a dès qu’elle est rendue, l’autorité de la
chose jugée relativement à la contestation qu’elle tranche ».
Cette disposition est reprise par la loi 08-05 incorporé dans le code de
procédure civile marocain.
La sentence arbitrale étant rendue celle-ci devra faire l’objet d’une
exécution, quelle est donc la spécificité de l’exécution des sentences arbitrales
en droit marocain et en droit français ?
13 janvier 2011 qui dispose que : « Elle peut être assortie de l’exécution
provisoire. Elle est notifiée par voie de signification à moins que les parties en
conviennent autrement ».
En droit marocain tout comme le droit français, l’exécution provisoire
des sentences arbitrales est possible néanmoins les règles applicables à
l’exécution provisoires aux jugements rendus par les juridictions étatiques38.
Le juge d’exéquatur peut donc refuser l’exécution provisoire pour le
motif qui n’est pas au nombre de ceux limitativement énumérés par la loi.
La sentence arbitrale qui a été rendue dans un pays étranger que celui ou
la sentence va être exécutée n’est pas obstacle pour son exécution39.
Le juge français se reconnaît même la possibilité d’accorder des intérêts
moratoires en vertu de l’article 1153-1 du code civil à partir du prononcé d’une
sentence étrangère40.
38 Article 327-26 du code de procédure civile : « Dès qu’elle est rendue, la sentence arbitrale a la
force de la chose jugée relativement à la contestation qu’elle tranche… Les règles sur l’exécution
provisoire des jugements sont applicables aux sentences arbitrales pour lesquelles l’exequatur
n’est pas exigible ».
39 Cassation 1re civ, 10 mars 1993, 360 note Kahn, obs Hasher DMF 1994, 28 obs. Cadiet,
Versailles 29 juin 1995, Adde Cass, 1re civile, 8 juillet 2009, n° 8 d 2009.
40 L. Caduet, Droit judiciaire privé, 7e édition Lexis Nexis ; 2012, p. 804.
41 Convention de New-York du 10 juin 1958 pour la reconnaissance et l’exécution des sentences
arbitrales étrangères.
42 K. Khakhay, L’assistance maritime au Maroc, thèse pour l’obtention du doctorat en droit privé,
REMPEC, 2002.
3 M. Grenon, M. Batisse (dir.), Le plan bleu : avenirs du bassin méditerranéen, Programme des
Nations unies pour l’Environnement, Plan d’action pour la Méditerranée, Economica, Paris, 1989,
p. 27.
4 J.-L. Carsin, C. Chassard-Bouchaud, L’environnement de la Méditerranée, collection Que sais-je, Paris,
les pays tiers » in A. Fenet (dir.), Droit des relations extérieures de l’Union européenne, Paris, Litec, 2006,
p. 237-238
Nadia BENREDOUANE 297
Balkans occidentaux feront partie intégrante de l’UE dès qu’ils répondront aux critères requis et
que le processus de stabilisation et d’association constitue le cadre du parcours européen des pays
des Balkans occidentaux jusqu’à leur future adhésion.
298 Le droit maritime dans tous ses états
géopolitiques » in B. Bonnet (dir), Turquie et Union européenne : état des lieux, Bruxelles, Bruylant,
2012, p. 281-299. Voir aussi R. Yakemtchouk, « L’union européenne et l’Islam », RMCUE, n° 497,
avril 2006, p. 226-234.
14 Communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil, Stratégie
d’élargissement et principaux défis 2012-2013, Bruxelles, 10 octobre 2012, COM (2012) 600 final.
Nadia BENREDOUANE 299
15 Pour une étude approfondie de la PEV, voir R. Rhattat, La politique européenne de voisinage dans les
pays de l’aire méditerranéenne, Bruxelles, Bruylant, 2011, 360 p.
16 En ce qui concerne le pourtour de la Méditerranée, elle s’applique aux voisins de l’UE que sont
pose cette politique : « L’Union développe avec les pays de son voisinage des relations privilégiées,
en vue d’établir un espace de prospérité et de bon voisinage, fondé sur les valeurs de l’Union et
caractérisé par des relations étroites et pacifiques reposant sur la coopération ». Voir aussi
Règlement (CE) n° 1638/2006 du Parlement européen et du Conseil du 24 octobre 2006 arrêtant
des dispositions générales instituant un instrument européen de voisinage et de partenariat. Com-
munication conjointe au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social
européen et au Comité des régions, une stratégie nouvelle à l’égard d’un voisinage en mutation,
Bruxelles, le 25 mai 2011, COM (2011) 303.
18 Communication de la Commission, Politique européenne de voisinage, document d’orientation,
étrangères et la politique de sécurité, Une stratégie nouvelle à l’égard d’un voisinage en mutation,
Bruxelles, le 25 mai 2011 COM (2011) 303.
21 Les plans d’action sont disponibles sur http://ec.europa.eu/world/enp/index_fr.htm.
Nadia BENREDOUANE 301
Dès le début des années 60, certains États tiers de la Méditerranée ont
souhaité tisser des liens privilégiés avec l’UE. La réponse donnée fut de con-
clure des accords bilatéraux essentiellement d’ordre économique. La politique
méditerranéenne de l’Union européenne débute par des accords d’association
avec les pays du Maghreb, se renforce avec l’approche globale méditerranéenne
qui embrasse une grande partie des pays tiers de la Méditerranée (1972)23 et se
du bassin méditerranéen, SEC (72) 3111 final, Bruxelles le 27 septembre 1972. Il s’agit de trans-
former les accords existants avec les États méditerranéens afin de les inscrire dans une politique
globale définie par la Communauté. R. Foch, « La Communauté et la Méditerranée », Politique
étrangère, n° 2, 1976, p. 105-112.
302 Le droit maritime dans tous ses états
Barcelone) a été adoptée le 16 février 1976 par la Conférence de plénipotentiaires des États
côtiers de la région méditerranéenne sur la protection de la mer Méditerranée. Elle est entrée en
vigueur le 12 février 1978. La Convention originelle a été modifiée par des amendements adoptés
le 10 juin 1995. Figurant désormais sous le titre de « Convention pour la protection du milieu
marin et du littoral de la Méditerranée », elle est entrée en vigueur le 9 juillet 2004.
27 B. Karray, « L’évolution du partenariat euro-méditerranéen », Journal du droit international (Clunet)
Barcelone : Union pour la Méditerranée, Bruxelles, le 20mai 2008, COM (2008) 319/4.
Nadia BENREDOUANE 303
mediterranea : harmonisation, unification, codification du droit dans l’Union pour la Méditerranée, Bruxelles,
Bruylant, 2012, p. 216.
304 Le droit maritime dans tous ses états
un instrument européen de voisinage, Bruxelles, le 7 décembre 2011, COM (2011) 839 final.
37 Coopération transfrontalière dans le cadre de l’instrument européen de voisinage et de parte-
origine avec une attention particulière pour ceux produits par les navires (tels que définis par
MARPOL 73/78, annexes I à V) en vue d’établir des stratégies adéquates de collecte et de pré-
vention. Voir les lignes directrices de l’appel stratégique. www.enpicbcmed.eu/sites/default/
files/lignes_directrices.
39 http://www.imp-med.eu/Fr.
308 Le droit maritime dans tous ses états
40 Article 4 TFUE.
41 Article 191 § 4 du TFUE.
42 A. Roger, L’action environnementale extérieure de l’UE : les accords mixtes, Paris, l’Harmattan, 2010,
p. 25 et s.
43 B. Vukas, « La coopération CEE-pays tiers dans le domaine de la protection de l’environ-
du 10 juin 1995.
Nadia BENREDOUANE 309
L’État du pavillon est l’entité qui attribue au navire le droit de battre son
pavillon. Il lui octroie une nationalité indispensable à toute navigation. Ce qui
exprime une souveraineté de l’État du pavillon sur ses navires. En matière de
sécurité maritime, la souveraineté de l’État du pavillon n’est pas seulement une
source de droits, mais devient aussi une source de devoirs. L’État du pavillon
s’engage, au regard du droit international de la mer, à exercer à l’égard du navire
battant son pavillon, sa juridiction et son contrôle. De cette manière, le navire
reste toujours rattaché à un État, y affirmant, l’application, quelle que soit la
zone géographique où il se trouve, d’un niveau correct de sécurité maritime.
En mer Méditerranée, le respect de la réglementation par les États du pa-
villon, n’est pas uniforme. Certains de ces pavillons, montrent une déficience
face à leurs obligations à l’égard des navires soumis à leurs juridictions et à leurs
contrôles. Cette situation se comprend d’abord, par le manque de moyens de
certains de ces pavillons. En effet, leurs administrations maritimes sont inégale-
ment performantes, avec un nombre insuffisant de fonctionnaires chargés d’ef-
fectuer les contrôles et des inspecteurs qui ne sont pas suffisamment formés
pour cette tâche (I). Ensuite, par un désengagement volontaire de certains États
dans le contrôle de l’application des normes internationales, faisant du relâche-
ment du lien normalement entretenu avec les navires battant leurs pavillons.
Cet état de fait se manifeste par la présence des pavillons de complaisance dans
la région (II).
classés dans la liste noire (entre très haut risque, haut risque et risque moyen) et
quatre autres dans la liste grise1.
Illustration I :
Classement des pavillons méditerranéens dans le cadre du MOU de Paris entre 2008 et 2010 2
Inspections Détentions
État du pavillon Le classement
2008- 2010 2008-2010
Libye Liste noire, Très haut risque 47 14
Albanie Liste noire, Très haut risque 222 44
Syrie Liste noire, à moyen et à haut risque 246 33
Liban Liste noire, à moyen et à haut risque 72 12
Égypte Liste grise 112 12
Algérie Liste grise 98 10
Tunisie Liste grise 57 6
Maroc Liste grise 153 11
Croatie Liste blanche 178 2
Turquie Liste blanche 2294 108
Espagne Liste blanche 278 8
Gibraltar, UK Liste blanche 1 301 29
Grèce Liste blanche 1475 21
Italie Liste blanche 1475 22
France Liste blanche 355 2
Malte Liste blanche 5 569 200
Chypre Liste blanche 2 694 76
Israël Liste blanche * *
Autorités
* * *
Palestiniennes
*: donnée non fournie
1 Dans le cadre du contrôle des navires par le Mémorandum de Paris, les États du pavillon sont
classés en trois listes : noire, grise et blanche. Pour réaliser cette classification, il faut faire trente
inspections au minimum avant de pouvoir inscrire un État du pavillon sur l’une de ces listes. En
outre, les États du pavillon figurant sur la liste noire sont répartis en quatre groupes : risque très
élevé, risque élevé, risque moyen à élevé, risque moyen – en fonction de leur taux d’immobi-
lisation –. Le classement est mis à jour chaque année. Il faut rappeler que le but de la publication
d’une liste noire des pavillons est d’inciter certains pavillons à améliorer la qualité de leur navire.
2 Nous avons recueilli ce tableau des statistiques données dans le rapport annuel du Mou de Paris.
Voir : Paris Mou, « Port state control : voyage completed, a new horizon ahead », Annual report
2010.
Khanssa LAGDAMI 313
Bien que le système juridique diffère d’un pays à un autre, les États du
sud de la Méditerranée partagent une caractéristique commune, qui est la défi-
cience de la base juridique pour la mise en œuvre et l’application des conven-
tions internationales visant à une meilleure protection de la vie humaine en mer
et du milieu marin. En l’espèce, la majorité des États ont ratifié et promulgué
les conventions internationales, mais leurs législateurs n’ont toujours pas adapté
leurs réglementations et leurs lois pour une application effective transposant les
exigences techniques des différentes conventions. Il faut dire que la majorité de
ces pays sont encore attachés à leurs textes de lois vieillis et ne font pas
beaucoup d’effort pour les réviser ou créer d’autres plus adaptés au changement
que connaît le monde maritime actuel.
Le Maroc, par exemple, applique jusqu’à aujourd’hui le Dahir portant
code de commerce maritime (DCCP 1919). Plus que la moitié des textes de ce
Dahir sont dépassés par le changement qu’a connu le monde maritime depuis
les années 1950. Comme le précise M. Najib Cherfaoui
« Le retard prend forme au début des années 60, époque où apparaissent
la convention internationale pour la reconnaissance et l’exécution des
sentences arbitrales étrangères (9 juin 1958) et celle de La Haye relative à
la procédure civile (1er mars 1954). Ainsi, d’année en année, le cadre
législatif maritime marocain s’avère de moins en moins adapté au con-
3 J.-C. Sainlos, «
Synthèse de l’évaluation de la situation quant à la mise en œuvre et l’application de
l’Annexe I de la Convention MARPOL dans les pays suivant ainsi que des recommandations d’amé-
lioration : Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie (pays
SAFEMED) et Albanie, Croatie et Monténégro (pays REMPEC) », Rapport de REMPEC, 2008,
p. 6
314 Le droit maritime dans tous ses états
texte mondial. Il faudra attendre trente ans pour qu’un essai de révision
voie le jour. L’idée et le financement viennent des Danois (1975). Mais,
par ironie du sort, le projet retenu s’inspire de la loi française de 1967.
Sur le terrain, cette initiative reste sans suite. Toutefois, elle fait l’objet
d’un rafraîchissement en 1984, puis d’un remodelage en 2002, suivi d’un
ajustement en 2007. Mais ces retouches à répétition demeurent sans suite
et se révèlent stériles car elles sont loin de combler les lacunes et les
insuffisances constatées4 ».
Pour la Tunisie, son code maritime est daté de 1962 et il n’était pas révisé
depuis. L’Algérie par contre a fait un pas important le 19 juillet 2010 en amen-
dant et complétant son code maritime qui date de 1976. Le nouveau texte a
pour objectif de mettre en adéquation le Code maritime local avec les conven-
tions internationales ratifiées par le pays.
Plus spécifiquement en matière de protection du milieu marin, les États
ont souvent une réglementation générale pour la protection de l’environnement
incluant la protection du milieu marin et/ou des dispositions distinctives d’une
loi maritime régissant la pollution marine. Généralement, dans les textes, la
pollution marine est désignée par des termes ou expressions à caractère général
couvrant à la fois, l’immersion, la pollution accidentelle et celle délibérée5. Les
expressions utilisées ne sont pas toujours appropriées et les contradictions ne
sont pas rares. Au niveau des mesures répressives à l’encontre des pollueurs, il
existe une grande disparité entre les pays dans le degré et la nature des sanctions,
ainsi que dans les procédures en justice. Les poursuites judiciaires manquent
d’efficacité à cause du défaut de solidité des régimes juridiques et du manque de
transparence dans l’attribution et le partage des responsabilités.
Au niveau institutionnel, il faut dire que même si plusieurs gouverne-
ments des États du sud de la Méditerranée montrent une certaine volonté de se
conformer aux prescriptions de l’OMI et de l’OIT, il est incontestable que con-
frontés aux contraintes politiques de la région et aux difficultés économiques et
budgétaires, leurs administrations maritimes ne sont pas en mesure de s’adapter
aux exigences des conventions internationales. De nombreuses observations
4 N. Cherfaoui : « Code Maritime du Commerce du Maroc au cœur du problème » [en ligne], Dis-
ponible sur la page : http://maritimenews.ma/focus/point-de-vue/doc_details/65-code-maritime
-de-commerce-du-maroc-au-coeur-du-probleme-par-najib-cherfaoui.html, (consultée le 19 octo-
bre 2013). Voir aussi à cet égard : H. Cherkaoui : « Pour une proposition de révision du code
maritime marocain de 1919 » [en ligne], Disponible sur la page : http://maritimenews.ma/focus
/point-de-vue/doc_details/85-pour-une-revision-du-code-de-commerce-maritime-marocain-de-
1919-par-pr-hassania-cherkaoui.html, (consultée le 20 octobre 2013).
5 J.-C. Sainlos, « Synthèse de l’évaluation de la situation quant à la mise en œuvre et l’application
de l’Annexe I de la Convention MARPOL dans les pays suivant ainsi que des recommandations
d’amélioration : Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie (pays
SAFEMED) et Albanie, Croatie et Monténégro (pays REMPEC) », Rapport de REMPEC,
2008,op. cit., p. 13.
Khanssa LAGDAMI 315
6 La délégation est l’acte par lequel le titulaire d’une fonction ou l’autorité qui le contrôle en trans-
fère l’exercice à une autre personne. G. Cornu, Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 4e édition, 2003.
7 P. Delfaud, « La sécurité du transport et du trafic maritime de marchandises », Rapport de ré-
seau transnational atlantique des partenaires économiques et sociaux – groupe de travail (accessi-
bilité), Nantes, 2005, p. 16.
8 Ici les sociétés de classification sont seulement déléguées pour appliquer le Code ISPS sur les
9 Les sociétés de classification sont nées au XVIIe siècle à l’initiative des assureurs maritimes dans
le but d’évaluer la qualité technique des navires, permettant ainsi de déterminer le montant des
primes. Voir : M. Ferrer : La responsabilité des sociétés de classification, Aix-Marseille, PUAM, 2004.
10 P. Boisson, État du pavillon – sociétés de classification, Le pavillon, Colloque international, Institut
Internationale des sociétés de classification, sont : LRS (Lloyd’s Register of Shipping) Grande
Bretagne, ABS (American Bureau of Shipping) USA, BV (Bureau Veritas) France, GL
(Germanischer Lloyd) Allemagne, RINA (Registro Italiano Navale) Italie, NKK (Nippon
KaijiKyokai) Japon, DNV (DetNorske Veritas) Hollande. [en ligne], Disponible sur la page :
http://www.iacs.org.uk/explained/members.aspx, (consultée le 17 juin 2011). Parmi les moins
connues et qui ne répondent pas aux conditions de l’IACS on peut citer les : PSR (Panama
ShipRegister), HINSIB (Honduras International Naval Surveying& Inspection Bureau), HRS
(HellenicRegister of Shipping), IRS (International Register of Shipping), CCRS (China
Corporation Register of Shipping), BKR (BulgarskiKorabenRegistar).
12 A. Lefrancois, L’usage de la certification, nouvelle approche de la sécurité dans les transports maritimes,
Centre de Droit Maritime et Océanique, Université de Nantes, Thèse de doctorat, 2010, p. 279.
13 M. Ndende, « Navires sous-normes : ça risque de décoiffer », Journal de la Marine Marchande, 20
classification. Néanmoins, les plus marquantes de ces derniers temps sont : L’affaire du Navire
Meranti 38, Arrêt CA Versailles du 5 février 2009 ; L’affaire du Navire Memer, Arrêt CA Paris du
9 juin 2009 ; L’affaire du Navire l’Elodie II (bis), Arrêt CA Versailles du 21 mars 1996.
Khanssa LAGDAMI 317
16 L. Jambon, « Le naufrage du Number one », DMF n° 672, juillet-aout 2006, p. 563-572, p 569.
17 Lord Donaldson of Lymington : « The ISM Code : the road to discovery », LMCLQ, 1998,
p. 526.
18 B. Vaughan, The Liability of Classification Societies, University of Cape Town, 2006, p. 3.
19 Il convient de retenir que les sociétés de classification sont des entreprises à but non lucratif.
Elles n’ont le droit ni d’exploiter ni de gérer les navires. Voir : A. Braen, « La responsabilité de la
société de classification en droit maritime canadien », McGill Law Journal / Revue de droit de McGill,
Volume 52, 2007, 498. Leur comités sont composés de : représentants de propriétaires de navires,
exploitants de navires, affréteurs, constructeurs, assureurs, etc.
20 L’Institut de Soudure et de Qualité (ISQ) de Lisbonne justifie la déficience dans les procédures
de contrôle suivies par les sociétés de classification par le manque de temps. Les navires
souhaitent toujours quitter les ports pour des raisons économiques. Cité par M. Albakjaji, La
pollution de la mer Méditerranée par les hydrocarbures liée au trafic maritime, Thèse doct. : Relations
internationales, Paris-est : École doctorale : Organisations, marchés, institutions (OMI), 2011,
p. 130, p. 178.
318 Le droit maritime dans tous ses états
21 Ces spécifications ont été recensées par Monsieur P. Boisson in. « États du pavillon / société
de classification », op. cit. p. 46.
22 Il est important de souligner que les sociétés de classification ne sont pas des législateurs, elles
n’ont aucune autorité. Dans le cas du non respect de la réglementation, ils n’ont pas le droit
d’adopter des mesures punitives contre l’armateur du navire. Si le navire ne satisfait pas aux
normes requises comme prévu dans les règles, et le propriétaire ne procède pas aux travaux
correctifs, les certificats de classification seront retirés.
Khanssa LAGDAMI 319
d’un système d’assurance qualité23 conforme aux normes ISO 9001 et certifié
par les auditeurs indépendants reconnus par l’administration. En outre, les
organismes reconnus devront respecter des principes de déontologie. À cet
effet, l’IACS a adopté un code d’éthique qui fixe les règles de bonne conduite
que doivent respecter ses membres afin de préserver leur réputation d’intégrité
et d’indépendance24.
En mai 2006, le Comité de la sécurité maritime de l’OMI a adopté la
Résolution MSC. 208 (81) apportant des modifications sur la Résolution A. 739
(18) mentionnée ci-dessus. Cet amendement est entré en vigueur au niveau
international le 1er juillet 2010. Il amplifie ladite résolution par un nouveau
paragraphe imposant aux OR de faire effectuer les visites réglementaires et les
certifications seulement par des inspecteurs et des experts exclusifs, c’est-à-dire
des personnes exclusivement employées par lesdites OR et dûment qualifiées
pour mener à bien les activités et tâches requises 25 . Une exception à cette
obligation est permise pour les radiocommunications.
Par ailleurs, de nombreuses dispositions européennes sont venues en ap-
pui à la réglementation exigée par l’OMI aux sociétés de classification. Le
22 novembre 1994, le Conseil de l’Union Européenne a repris par une première
directive 94/57/CE les règles et les normes communes concernant les organis-
mes habilités à effectuer l’inspection et la visite des navires ainsi que les activités
pertinentes des administrations maritimes. Cette directive impose aux sociétés
de classification souhaitant agir pour le compte d’un État membre de l’Union
Européenne d’obtenir son agrément26.
Après le naufrage de l’Erika et dans le cadre du paquet Erika III, la direc-
tive 94/57/CE a été modifiée de façon substantielle par la directive 2001/105/
CE27, pour organiser un plus grand contrôle des activités de ces organismes
privés qui jouent un rôle crucial dans la sécurité maritime et la prévention de la
pollution. En effet, cette dernière directive met fin à la procédure d’agrément
par les États membres et renforce les pouvoirs et le contrôle de la Commission
sur les sociétés de classification. La délivrance d’agrément et son retrait dans le
cas d’un organisme qui ne satisfait plus aux critères de la sécurité maritime font
désormais partie de la compétence de la Commission Européenne. Les sociétés
Centre de Droit Maritime et Océanique, Université de Nantes, Thèse de doctorat, 2010, p. 281.
27 Directive du 19 décembre 2001, JOCEL n° 19 du 22 janvier 2002, p. 9.
320 Le droit maritime dans tous ses états
de classification doivent donc répondre à des critères qualitatifs très stricts pour
pouvoir être agréées. De plus, sont désormais définies des conditions harmoni-
sées de mise en œuvre de leur responsabilité financière en cas « d’omission
volontaire » ou « de grave négligence »28.
En octobre 2006, la Commission a publié un rapport sur son contrôle
des organismes agréés 29 , où elle soulève des résultats globalement satisfaisants
mais aussi des difficultés à surmonter30. La Commission européenne considère
que les organismes agréés ont un niveau élevé de respect des règles, bien qu’un
certain respect formel semble triompher « au détriment du contrôle proactif et
de la gestion efficace des risques »31.
Pour arriver à un niveau de contrôle sans failles et par souci de clarté,
une directive de refonte de la directive 94/57/CE, modifiée, a été adoptée32. Ses
dispositions ont été classées sous forme de deux actes juridiques communau-
taires, à savoir : la directive 2009/15/CE33 et le règlement n° 391/200934. Suite
à cette refonte, des mesures plus strictes ont été apportées notamment sur les
critères d’agrément. La réforme propose de nouveaux critères minimaux, géné-
riques et spécifiques. En l’espèce, l’organisme agréé doit avoir la personnalité
juridique dans l’État dans lequel il est installé et spécialement sa comptabilité
qui doit être certifiée par des auditeurs indépendants. Il doit être capable
d’assurer une couverture mondiale des inspections. Il doit être en mesure de
définir et documenter les responsabilités, les pouvoirs et les relations entre les
membres du personnel dont le travail a une influence sur la qualité du service.
recognised by the commission and the impact of the civil liabilityregime in accordance with
Directive 94/57/EC », Brussels, 11.10.2006, COM (2006) 588 final.
30 A. Lefrancois, L’usage de la certification, nouvelle approche de la sécurité dans les transports maritimes,
Centre de Droit Maritime et Océanique, Université de Nantes, Thèse de doctorat, 2010, p. 284
31 Commission of the europeancommunities : « Commission working document on the control of
recognised by the commission and the impact of the civil liabilityregime in accordance with
Directive 94/57/EC », Brussels, 11.10.2006, COM (2006) 588 final, op. cit., Under section 3.2.1.
32 Lors des discussions sur l’adoption du troisième volet de la réglementation de la sécurité mari-
time « le paquet Erika III », la proposition de la directive a été présentée au parlement et au Con-
seil le 30 janvier 2006 (COM (2005) 587 final). La même année, le Comité économique et social
européen ainsi que le Comité des régions ont exprimé leur avis. Le 25 avril 2007, le Parlement
procédait à une première lecture du texte. Le 6 juin 2008, une position commune était adoptée,
avant une seconde lecture par le Parlement le 24 septembre 2008, qui a donné lieu à un avis de la
Commission sur les amendements proposés le 26 novembre 2008 (COM (2008) 828 final).
33 Directive constituant des règles et normes communes concernant les organismes habilités à
effectuer l’inspection et la visite des navires et les activités pertinentes des administrations
maritimes, adoptée le 23 avril 2009, JOCEL n° 131 du 28 mai 2009, p. 47-56.
34 Règlement du 23 avril 2009, JOCEL n° 131, p. 11-23.
Khanssa LAGDAMI 321
35 Ces critères ont été recensés par A. Lefrancois, L’usage de la certification, nouvelle approche de la
sécurité dans les transports maritimes, Centre de Droit Maritime et Océanique, Université de Nantes,
Thèse de doctorat, 2010, op. cit.,p. 286.
36 En outre, dans le cadre de la décision-cadre 2005/667/JAI du Conseil du 12 juillet 2005 visant
à renforcer le cadre pénal pour la répression de la pollution causée par les navires, les sociétés de
classification pourront également être poursuivies en cas d’infractions. Le 5 mai 2009, le
parlement européen et le Conseil de l’Europe ont annoncé l’annulation de cette décision-cadre.
Une nouvelle directive sera bientôt adoptée criminalisant les cas sérieux de pollution et imposant
aux États membres de mettre en œuvre des sanctions pénales effectives, proportionnées et dis-
suasives. Les propriétaires de cargaison et les sociétés de classification seront inclus dans le champ
de la directive. Voir : Communiqué de Presse, Pollution maritime : les infractions passibles bien-
tôt de sanctions pénales [en ligne], disponible sur la page : www.europarl.europa.eu (consultée le
20 juin 2011).
37 Des mesures de répressions vont aussi à l’égard des organismes qui tardent ou qui refusent de
Des accords formels sont établis avec les organismes BV, LRS et GL
conformément à la résolution A.739 (18). Les sociétés de classification ABS,
DNV, RINA et NKK sont également habilitées à apposer les marques de franc-
bord sur les navires marocains, conformément aux règles de la convention
internationale sur les lignes de charge.
Après les années 1965, la flotte mondiale a connu une croissance consi-
dérable. Pour couvrir tous les marchés, pour bénéficier de tous les avantages
qu’offrent les activités d’exploitation maritime, certains armateurs ont choisi
d’immatriculer leurs navires sous les pavillons les plus divers, où que ce soit
dans le monde47. Depuis cette époque, tous les armateurs qu’ils soient améri-
cains, européens, chinois ou russes, ont été présents sur les eaux mondiales
sous divers pavillons. Certains préféraient un pavillon avec lequel des liens quasi
institutionnels existaient, par exemple en 1976, à la suite d’une longue grève des
marins, les armateurs de la République Fédérale d’Allemagne font passer 40 %
de leur flotte sous pavillon chypriote, rejoignant ainsi les États-Unis (qui
immatriculaient des navires sous pavillon de Panama depuis « la prohibition »,
puis sous celui du Liberia depuis la seconde guerre mondiale48) ; d’autres, plutôt
à la conquête du pavillon « bon marché » changeaient d’immatriculation passant
d’un pavillon à un autre avec une grande fluidité49. La surcapacité du transport
et la concurrence féroce entre les armateurs ont entraîné un effondrement des
taux de fret et ont participé au développement de « l’immatriculation de com-
plaisance ». Ainsi, par souci de compétitivité et afin de bénéficier d’économies
liées à l’exploitation maritime du navire, certains États, ont procédé à l’affaiblis-
sement des conditions posées à l’immatriculation des navires sous leur pavillon.
Il s’en est logiquement suivi une inéluctable dégradation de la qualité des
navires et un abaissement du niveau de mise en œuvre du droit de la sécurité
maritime, forcément générateur de grands dangers autant pour les hommes que
pour l’environnement marin.
Il est intéressant alors de s’interroger sur l’identification du phénomène
de l’immatriculation de complaisance (A), avant de dresser un état des lieux sur
la présence de cette pratique dans le pourtour méditerranéen (B).
48 Historiquement, le recours à un pavillon dit de libre immatriculation serait apparu aux États-
Unis au moment de la « prohibition ». Les entrepreneurs américains immatriculaient les navires à
Panama pour permettre la contrebande d’alcool.
49 F. Odier, « Rapport général », Le pavillon, Colloque international, Institut du Droit
complaisance », en anglais « flag on convenience ». Entre les deux langues, il existe une différence
dans la signification de l’expression : En français, le terme complaisance est souvent synonyme de
laxisme ; Par contre en anglais, le terme convenience signifie plutôt la commodité, le service ou la
facilité. Cette nuance entre la signification en français et en anglais est le premier signe de l’exis-
tence des conceptions théoriques différentes qui ont été développées pour décrire la pratique.
Khanssa LAGDAMI 325
51 Cité par P. Boisson, Politiques et droit de la sécurité maritime, Bureau Veritas, Paris, 1998, op. cit.,
p. 517.
52 OCDE, « Study on flags of convenience », Journal of maritime and Law Commerce, 1973, Volume 4,
n° 2, p. 231-254.
53 P. Boisson, Politiques et droit de la sécurité maritime, op. cit., p. 518.
326 Le droit maritime dans tous ses états
Cette définition pouvait être exhaustive si elle traitait en plus, les moyens
concrets de l’identification d’un pavillon de complaisance. Dans le même ordre
d’idées, le Professeur Lucchini énonce qu’un pavillon de complaisance est
« un pavillon qui est accordé par certains États à des conditions si légères
qu’elles ne ménagent pratiquement aucune place à l’exigence du lien
substantiel. L’immatriculation est faite au profit de navires appartenant à
des étrangers ou contrôlés par eux : les équipages ne sont pas constitués
de nationaux, les bâtiments échappent au contrôle de l’État dont ils
battent le pavillon et n’entrent jamais ou presque jamais, dans ses ports.
La complaisance suppose, en outre, une action doublement délibérée : de
la part de l’auteur de la demande d’octroi du pavillon et de celle de l’État
qui l’accorde »55.
54 J.-M. Roux, Les pavillons de complaisance, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1961, 157
pages, p. 7-8.
55 L. Lucchini : « Le navire et les navires », Le navire en droit international, actes du XXVe Colloque
de Toulon organisé par la société française pour le droit international, les 30, 31 mai et le 1 er juin
1991, Édition Pédone, Paris, 1992, p. 11-42, p. 37.
56 Cité par P. Chaumette, « Le contrôle des navires par les États riverains », Les cahiers scientifiques
financier est le but ultime que ce soit pour les États offrant le service ou pour
les armateurs. Il s’agit bien alors d’un domaine fermé où la discrétion, vis-à-vis
d’activités placées à la limite de la légalité est ubiquiste et empêche de ce fait
une identification facile58. Une autre difficulté simultanée à la première, naît du
fait que les États qualifiés comme complaisants par la communauté internatio-
nale n’acceptent pas toujours cette classification et se considèrent juste comme
des États offrant des solutions alternatives aux immatriculations pratiquées par
les États des pavillons traditionnels59.
L’existence de plusieurs types de registres pouvant être désignés comme
registres de complaisance, ne facilite pas l’identification du phénomène. À ce
titre, un classement peut être fait60 :
– les registres indépendants : ce sont les registres de complaisance
qui pratiquent une immatriculation exemptée du contrôle des États
du pavillon traditionnel qui les ont créés, tout en continuant à
entretenir des relations avec eux. Ils représentent les trois quarts de la
flotte de complaisance61.
– les registres de dépendances : qui eux sont directement placés sous
l’influence des États du pavillon traditionnels et à cet effet abritent
une partie de la flotte62.
– les registres offshore : appelés aussi pavillon bis, pavillon économique,
registre second, ou pavillon d’outre mer. Ils ont été créés par les États du
pavillon traditionnel en vue de diminuer les coûts d’exploitation tout
en conservant une flotte sous pavillon traditionnel63.
Il faut souligner que la multiplication des registres pouvant être désignés
comme pavillons de complaisance, aide à la prolifération du phénomène. Ainsi,
durant les dernières décennies, le nombre de la flotte marchande mondiale
agissant sous pavillon de complaisance n’a cessé d’accroître. En effet, pendant
les années cinquante, environ 4 % de la flotte mondiale était enregistrée sous
pavillon de complaisance ; au milieu des années quatre-vingt, ce pourcentage
était passé à 30 %. Aujourd’hui, ce pourcentage s’évalue entre 45 % et 60 %. En
58 M. Lanneau-Sebert, La mise en œuvre du droit de la sécurité maritime, Thèse de droit public, Nantes :
Faculté de droit et des sciences politiques de Nantes, 2006, p. 215-216.
59 Id., p. 216.
60 P. Boisson, Politiques et droit de la sécurité maritime, op. cit., p. 518-519. Monsieur Boisson donne
même un second classement qui s’opère aussi dans le lien de dépendance existant entre les États
du pavillon traditionnels et les États du pavillon pratiquant la complaisance : On peut trouver les
registres qui peuvent être captifs (Isle Of Man, Gibraltar, Nis,…), traditionnels (Panama, Libéria,
Chypre, Honduras) ou nouveaux comme (Bahamas, Vanuatu, Comores).
61 Parmi eux figurent : le Libéria, Panama, Chypre, Malte, le Sri Lanka, Singapour.
62 Parmi eux figurent : Hong Kong, Bermuda, Gibraltar et les autres dépendances britanniques
Registre International Français, les Iles Canaries, le pavillon bis danois, le pavillon bis norvégien.
Khanssa LAGDAMI 329
64 Malgré que la Mongolie est à plus que 200 km des côtes, elle enregistre depuis 2003 des navires
du monde entier sous pavillon de complaisance. Ses tarifs d’enregistrement sont inférieurs de
10 % à ceux du marché et il propose des avantages fiscaux non négligeables. Ses principaux
clients sont le Japon et Singapour. Voir : A. Rodier, « Mongolie : loin de la mer, les pavillons de
complaisance », (en ligne), publié le 30 octobre 2009. [en ligne]. Disponible sur la page :
http://www.lefigaro.fr/international/2009/10/30/01003-20091030ARTFIG00370-mongolie-
loin-de-la-mer-les-pavillons-de-complaisance-.php (consultée le 9 avril 2012).
65 Cette liste peut être trouvée sur le site de l’ITF : www.itf.org.uk (consulté le 22 octobre 2013).
330 Le droit maritime dans tous ses états
Grèce 79 56,42 %
Malte 29 52,72 %
Italie 26 41,93 %
Panama 17 30,35 %
Libéria 14 50 %
Chypre 10 41,66 %
Turquie 10 24,39 %
Bahamas 6 33,33 %
Espagne 4 30,76 %
France 4 66,66 %
Gibraltar 3 100 %
Russie 3 50 %
Singapore 3 60 %
Égypte 2 50 %
Algérie 2 66,66 %
Honduras 2 12,5 %
Kuwait 2 100 %
Danemark 2 100 %
Norvège 2 50 %
Irak 2 100 %
Iran 2 66,66 %
Serbie 2 22,22 %
St-Vt-Les
2 12,5 %
Grenadines
Uruguay 1 100 %
Khanssa LAGDAMI 331
Japon 1 50 %
Bulgarie 1 50 %
Myanmar 1 50 %
Israël 1 20 %
Island 1 50 %
Antigua et Barbuda 1 100 %
Azerbaïdjan 1 100 %
Autres (5
10 66,66 %
pavillons)
Total 266 48,54 %
Pavillons de
88 39,28 %
complaisance
Source : Base de données des statistiques sur les accidents maritimes dans la mer Méditerranée, le REMPEC66
Par ailleurs, après leur adhésion à l’Union Européenne en 2004, les deux
pays ont fourni des efforts considérables pour se conformer aux exigences
européennes. En effet, une progression positive dans leur classement a été
constatée ces dix dernières années. Les deux pavillons étaient classés jusqu’en
2003 dans la liste noire avec un risque moyen ; en 2004 ils étaient classés dans la
liste grise et depuis 2006 ils sont classés dans la liste blanche. Jusqu’aujourd’hui
les actions faites par leurs autorités compétentes s’avèrent positives mais
n’empêchent pas qu’il reste beaucoup à faire.
66 Cité par M. Albakjaji, La pollution de la mer Méditerranée par les hydrocarbures liée au trafic maritime,
Thèse de doctorat : Relations internationales, Paris-est : École doctorale : Organisations, marchés,
institutions (OMI), 2011, op. cit. p. 130.
332 Le droit maritime dans tous ses états
Sans aucun doute l’État du pavillon joue un rôle très important dans le
cycle de la mise en application des normes internationales de la sécurité et de la
sûreté maritimes. Malheureusement, en Méditerranée le respect des obligations
incombant à cet acteur est confronté à plusieurs difficultés à caractère juridique,
institutionnel et politique. En effet, la région méditerranéenne abrite des États
classés dans les listes noire et grise du Mémorandum de Paris, présentant ainsi
67 Parmi les dix ports qui attirent le plus de trafic dans le monde, sept d’entre se situent dans ces
trois pays. Les plus importants sont : (Piraeus en Grèce ; Livourne, Gênes et Venise en Italie ;
Barcelone, Valence et Algesiras en Espagne).
68 B. Germond, « La puissance navale turque : quels atouts pour l’Union européenne ? », in