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FaST

MTH11200

Logique et algèbre de base

Edoh Katchekpele

Harmattan 2023-2024
Table des matières

1 Logique et Raisonnements 1
1.1 Logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Assertions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 Quantificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.3 Quelques exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Raisonnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Raisonnement direct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Cas par cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.3 Contraposée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.4 Absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.5 Contre-exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.6 Récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.7 Quelques exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2 Ensembles, Applications et Relations 9


2.1 Ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.1 Parties d’un ensemble, Complémentaire . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.2 Intersection, Réunion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.1.3 Produit cartésien d’ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.1.4 Partition d’un ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2.1 Définitions et Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2.2 Composition des applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2.3 Applications injectives, surjectives et bijectives . . . . . . . . . . . 13
2.2.4 Images directes, Images réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 Relations binaires dans un ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3.1 Définitions et Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3.2 Relation d’équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3.3 Un exemple fondamental : les congruences . . . . . . . . . . . . . 16
2.3.4 Relations d’ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

3 Notions élémentaires de groupe, anneau et corps 21


3.1 Loi de composition interne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1.2 Vocabulaire associé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.2 Groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.2.1 Définition et propriétés fondamentales . . . . . . . . . . . . . . . 23

i
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES

3.2.2 Sous-groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2.3 Morphisme de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.3 Anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.1 Définition et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.2 Calcul dans des anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.3.3 Sous-anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3.4 Morphisme d’anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3.5 Idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.3.6 Anneau quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.4 Corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4.1 Définition et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4.2 Sous-corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4.3 Morphisme de corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

4 Corps des nombres complexes 35


4.1 Rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4.1.1 Définition des nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4.1.2 Conjugué d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4.1.3 Module d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
4.1.4 Argument d’un nombre complexe non nul . . . . . . . . . . . . . 36
4.2 Racines n-ièmes d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.2.2 Méthode pratique pour la détermination des racines carrées d’un
nombre complexe non nul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.2.3 Racines n-ièmes de l’unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.3 Équation du second degré à coefficients complexes . . . . . . . . . . . . . 38
4.4 Nombres complexes et géométrie plane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.4.1 Configuration de trois points . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.4.2 Transformations du plan complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

ii KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
Chapitre 1

Logique et Raisonnements

Les mathématiques sont un langage pour s’exprimer rigoureusement, adapté aux phénomènes
complexes, qui rend les calculs exacts et vérifiables. Le raisonnement est le moyen de
valider ou d’infirmer une hypothèse et de l’expliquer à autrui.

1.1 Logique
1.1.1 Assertions
Une assertion est une phrase soit vraie, soit fausse, pas les deux en même temps.
Exemple 1.1.1
‚ Il est 10 h
‚ Je suis plus âgé que toi
‚ 2`2“4
‚ 2ˆ1“3
‚ Pour tout x P R, on a x2 > 0.

Soient P et Q deux assertions, nous allons définir de nouvelles assertions construites à


partir de P et de Q.
- L’opérateur logique ! et "
L’assertion P et Q (encore notée P ^ Q) est vraie si P est vraie et Q est vraie.
L’assertion P ^ Q est fausse sinon. On résume ceci en une table de vérité :

HH Q
HH
V F
P HH
V V F
F F F

Table 1.1 – Table de vérité de ! P ^Q"

- L’opérateur logique ! ou "


L’assertion P ou Q (encore notée P _ Q) est vraie si l’une (au moins) des deux
assertions P ou Q est vraie. L’assertion P _ Q est fausse si les deux assertions P
et Q sont fausses. On résume ceci en une table de vérité :

1
CHAPITRE 1. LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1.1. LOGIQUE

HH Q
H
V F
P HH
H
V V V
F V F

Table 1.2 – Table de vérité de ! P _Q"

- La négation ! non "


L’assertion non P (encore notée P ) est vraie si P est fausse, et fausse si P est
vraie.

P V F
P F V

Table 1.3 – Table de vérité de ! P "

- L’implication ùñ
L’assertion ! P ùñ Q " a pour définition mathématique ! ( P ) ou Q ".
Sa table de vérité est donc la suivante :

HH Q
HH
V F
P HH
V V F
F V V

Table 1.4 – Table de vérité de ! P ùñ Q "

L’assertion P ùñ Q se lit en français P implique Q.


Souvent elle se lit aussi si P est vraie alors Q est vraie ou si P alors Q.
Exemple 1.1.2 ? ?
‚ 0 6 x 6 4 ùñ x 6 2 est vraie (car la fonction x ÞÑ x est une fonction
croissante sur r0; `8r).
‚ x Ps ´ 2, 2r ùñ ´x2 ` 4 ą 0 est vraie (étudier le signe de la fonction
polynôme).
‚ sinpθq “ 0 ùñ θ “ 0 est fausse (regarder pour θ “ 2π par exemple).
?
‚ 2 ` 2 “ 3 ùñ 5 “ 5 est vraie ! Eh oui, si P est fausse alors l’assertion
! P ùñ Q " est toujours vraie.

- L’équivalence ðñ
L’équivalence est définie par :
! P ðñ Q " est l’assertion ! ( P ùñ Q ) et ( Q ùñ P ) ".

On dira ! P est équivalent à Q " ou ! P équivaut à Q " ou ! P si et seulement si


Q ". Cette assertion est vraie lorsque P et Q sont vraies ou lorsque P et Q sont
fausses. La table de vérité est :

2 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 1. LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1.1. LOGIQUE

HH Q
H
V F
P HH
H
V V F
F F V

Table 1.5 – Table de vérité de ! P ðñ Q "

Non seulement dans la pratique mais aussi en dehors de ce chapitre on écrira ! P ðñ


Q " ou ! P ùñ Q " uniquement lorsque ce sont des assertions vraies. Par exemple si
l’on écrit ! P ðñ Q " cela sous-entend ! P ðñ Q " est vraie.
Attention rien ne dit que P et Q soient vraies. Cela signifie que P et Q sont vraies en
même temps ou fausses en même temps.
Proposition 1.1.1
Soient P, Q, R trois assertions. Nous avons les équivalences (vraies) suivantes :
1. P ðñ nonpnonpP qq
2. pP et Qq ðñ pQ et P q
3. pP ou Qq ðñ pQ ou P q
4. nonpP et Qq ðñ pnon P q ou pnon Qq
5. nonpP ou Qq ðñ pnon P q et pnon Qq
` ˘
6. P et pQ ou Rq ðñ pP et Qq ou pP et Rq
` ˘
7. P ou pQ et Rq ðñ pP ou Qq et pP ou Rq
8. ! P ùñ Q " ðñ ! nonpQq ùñ nonpP q "

Preuve 1.1.1
Faire les tables de vérités.
Pour le 8. on pourra aussi raisonner de la façon suivante :
Par définition, l’implication ! P ùñ Q " est l’assertion ! (non P ) ou Q ".
Donc l’implication ! nonpQq ùñ nonpP q " est équivalente à ! nonpnonpQqq ou nonpP q " qui
équivaut encore à ! Q ou nonpP q " et donc est équivalente à ! P ùñ Q ". On aurait
aussi pu encore une fois, dresser les deux tables de vérité et voir qu’elles sont égales. 

1.1.2 Quantificateurs
- Le quantificateur @ ( Lire : pour tout)
Une assertion P peut dépendre d’un paramètre x, par exemple ! x2 ě 1 ", l’asser-
tion P pxq est vraie ou fausse selon la valeur de x.
L’assertion
@x P E P pxq
est une assertion vraie lorsque les assertions P pxq sont vraies pour tous les éléments
x de l’ensemble E.
On lit ! Pour tout x appartenant à E, P pxq ", sous-entendu ! Pour tout x appar-
tenant à E, P pxq est vraie ".
Exemple 1.1.3
‚ @x Ps ´ 8, ´1s px2 > 1q est une assertion vraie.
‚ @x P R px2 > 1q est une assertion fausse.

3 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 1. LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1.1. LOGIQUE

‚ @n P N 2n ą n est vraie.

- Le quantificateur D (Lire : il existe)


L’assertion
Dx P E P pxq
est une assertion vraie lorsque l’on peut trouver au moins un x de E pour lequel
P pxq est vraie.
On lit ! il existe x appartenant à E tel que P pxq (soit vraie) ".
Exemple 1.1.4
‚ Dn P N n2 ´ n ą n est vraie (par exemple n “ 5 vérifie bien la propriété).
‚ Dx P R pxpx ´ 1q ą 0q est vraie (il y a plein de choix, par exemple x “ ´1,
x “ 2 conviennent ou même x “ 2019, un seul suffit pour dire que l’assertion
est vraie).
‚ Dx P R px2 “ ´1q est fausse (aucun réel au carré ne donnera un nombre
négatif ).

- La négation des quantificateurs

La négation de ! @x P E P pxq " est ! Dx P E non P pxq ".

Exemple 1.1.5
La négation de ! @x P r1, `8r px2 > 1q " est l’assertion ! Dx P r1, `8r px2 ă
1q ". En effet la négation de x2 ě 1 est nonpx2 ě 1q mais s’écrit plus simplement
x2 ă 1.

La négation de ! Dx P E P pxq " est ! @x P E non P pxq ".

Exemple 1.1.6
‚ La négation de ! Dz P C pz 2 ` z ` 1 “ 0q " est ! @z P C pz 2 ` z ` 1 ‰ 0q ".
‚ La négation de ! @x P R px ` 1 P Zq " est ! Dx P R px ` 1 R Zq ".
Ce n’est pas plus difficile d’écrire la négation de phrases complexes. Pour
l’assertion :
@x P R Dy ą 0 px ` y ą 10q
sa négation est
Dx P R @y ą 0 px ` y ď 10q.
Remarque 1.1.1
‚ L’ordre des quantificateurs est très important.
Par exemple les deux phrases logiques

@x P R Dy P R px ` y ą 0q et Dy P R @x P R px ` y ą 0q.

sont différentes. La première est vraie, la seconde est fausse. En effet une
phrase logique se lit de gauche à droite, ainsi la première phrase affirme ! Pour
tout réel x, il existe un réel y (qui peut donc dépendre de x) tel que x ` y ą
0. " (par exemple on peut prendre y “ |x| ` 1). C’est donc une phrase vraie.
Par contre la deuxième se lit : ! Il existe un réel y, tel que pour tout réel

4 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 1. LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1.1. LOGIQUE

x, x ` y ą 0. " Cette phrase est fausse, cela ne peut pas être le même y qui
convient pour tous les x !
On retrouve la même différence dans les phrases en français suivantes. Voici
une phrase vraie ! Pour toute personne, il existe un numéro de téléphone ",
bien sûr le numéro dépend de la personne. Par contre cette phrase est fausse :
! Il existe un numéro, pour toutes les personnes ". Ce serait le même numéro

pour tout le monde !


‚ Quand on écrit ! Dx P R pf pxq “ 0q " cela signifie juste qu’il existe un réel
pour lequel f s’annule. Rien ne dit que ce x est unique. Dans un premier
temps vous pouvez lire la phrase ainsi : ! il existe au moins un réel x tel que
f pxq “ 0 ". Afin de préciser que f s’annule en une unique valeur, on rajoute
un point d’exclamation (D”!”) :

D! x P R pf pxq “ 0q.

‚ Pour la négation d’une phrase logique, il n’est pas nécessaire de savoir si la


phrase est fausse ou vraie. Le procédé est algorithmique : on change le ! pour
tout " en ! il existe " et inversement, puis on prend la négation de l’assertion
P.
‚ Pour la négation d’une proposition, il faut être précis : la négation de l’inégalité
stricte ! ă " est l’inégalité large ! > ", et inversement.
‚ Les quantificateurs ne sont pas des abréviations. Soit vous écrivez une phrase
en français : ! Pour tout réel x, si f pxq “ 1 alors x ě 0. " , soit vous écrivez
la phrase logique :

@x P R pf pxq “ 1 ùñ x > 0q.

Mais surtout n’écrivez pas ! @x réel, si f pxq “ 1 ùñ x positif ou nul ".


Enfin, pour passer d’une ligne à l’autre d’un raisonnement, préférez plutôt
! donc " à ! ùñ ".

‚ Il est défendu d’écrire ­ D, ùñ


­ . Ces symboles n’existent pas !

1.1.3 Quelques exercices


1. Écrire la table de vérité de ! non (P et Q) ". Que remarquez vous ?
2. Écrire la négation de ! P ùñ Q ".
3. Démontrer les assertions restantes de la proposition 1.1.1.
` ˘
4. Écrire la négation de ! P et pQ ou Rq ".
5. Écrire à l’aide des quantificateurs la phrase suivante : ! Pour tout nombre réel,
son carré est positif ". Puis écrire la négation.
6. Mêmes questions avec les phrases : ! Pour chaque réel, je peux trouver un entier
relatif tel que leur produit soit strictement plus grand que 1 ". Puis ! Pour tout
entier n, il existe un unique réel x tel que exppxq égale n ".

5 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 1. LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1.2. RAISONNEMENTS

1.2 Raisonnements
1.2.1 Raisonnement direct
On veut montrer que l’assertion ! P ùñ Q " est vraie. On suppose que P est vraie et
on montre qu’alors Q est vraie. C’est la méthode à laquelle vous êtes le plus habitué.
Exemple 1.2.1
Montrer que si a, b P Q alors a ` b P Q.

1.2.2 Cas par cas


Si l’on souhaite vérifier une assertion P pxq pour tous les x dans un ensemble E, on
montre l’assertion pour les x dans une partie A de E, puis pour les x n’appartenant pas
à A. C’est la méthode de disjonction ou du cas par cas.
Exemple 1.2.2
Montrer que pour tout x P R, |x ´ 1| ď x2 ´ x ` 1.

1.2.3 Contraposée
Le raisonnement par contraposition est basé sur l’équivalence suivante (voir la propo-
sition 1.1.1) :

L’assertion ! P ùñ Q " est équivalente à ! nonpQq ùñ nonpP q ".


Donc si l’on souhaite montrer l’assertion ! P ùñ Q ", on montre en fait que si
nonpQq est vraie alors nonpP q est vraie.
Exemple 1.2.3
Soit n P N. Montrer que si n2 est pair alors n est pair.

1.2.4 Absurde
Le raisonnement par l’absurde pour montrer ! P ùñ Q " repose sur le principe
suivant : on suppose à la fois que P est vraie et que Q est fausse et on cherche une
contradiction. Ainsi si P est vraie alors Q doit être vraie et donc ! P ùñ Q " est vraie.
Exemple 1.2.4
a b
Soient a, b ě 0. Montrer que si “ alors a “ b.
1`b 1`a

Dans la pratique, on peut choisir indifféremment entre un raisonnement par contrapo-


sition ou par l’absurde. Attention cependant de bien préciser quel type de raisonnement
vous choisissez et surtout de ne pas changer en cours de rédaction !

1.2.5 Contre-exemple
Si l’on veut montrer qu’une assertion du type ! @x P E P pxq " est vraie alors pour
chaque x de E il faut montrer que P pxq est vraie. Par contre pour montrer que cette
assertion est fausse alors il suffit de trouver x P E tel que P pxq soit fausse. (Rappelez-
vous la négation de ! @x P E P pxq " est ! Dx P E non P pxq ".) Trouver un tel x c’est
trouver un contre-exemple à l’assertion ! @x P E P pxq ".

6 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 1. LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1.3. EXERCICES

Exemple 1.2.5
Montrer que l’assertion suivante est fausse ! Tout entier positif est somme de trois
carrés ".
(Les carrés sont les 02 , 12 , 22 , 32 ,... Par exemple 6 “ 22 ` 12 ` 12 .)
Preuve : Un contre-exemple est 7 : les carrés inférieurs à 7 sont 0, 1, 4 mais avec
trois de ces nombres on ne peut faire 7.

1.2.6 Récurrence
Le principe de récurrence permet de montrer qu’une assertion P pnq, dépendant de n,
est vraie pour tout n P N. La démonstration par récurrence se déroule en trois étapes :
lors de l’initialisation on prouve P p0q. Pour l’étape d’hérédité, on suppose n > 0
donné avec P pnq vraie, et on démontre alors que l’assertion P pn ` 1q au rang suivant
est vraie. Enfin dans la conclusion, on rappelle que par le principe de récurrence P pnq
est vraie pour tout n P N.
Exemple 1.2.6
Montrer que pour tout n P N, 2n ą n.

Remarque 1.2.1
‚ La rédaction d’une récurrence est assez rigide. Respectez scrupuleusement la rédaction
proposée : donnez un nom à l’assertion que vous souhaitez montrer (ici P pnq), res-
pectez les trois étapes (même si souvent l’étape d’initialisation est très facile). En
particulier méditez et conservez la première ligne de l’hérédité ! Fixons n > 0.
Supposons que P pnq soit vraie. Nous allons montrer que P pn ` 1q est vraie. "
‚ Si on doit démontrer qu’une propriété est vraie pour tout n ě n0 , alors on com-
mence l’initialisation au rang n0 .

1.2.7 Quelques exercices


a`b
1. (Raisonnement direct) Soient a, b P R` . Montrer que si a 6 b alors a ď 6b
? 2
et a ď ab 6 b.
2. (Cas par cas) Montrer que pour tout n P N, npn ` 1q est divisible par 2 (distinguer
les n pairs des n impairs).
?
3. (Contraposée ou absurde)
? Soient a, b P Z. Montrer que si b ‰ 0 alors a ` b 2 R Q.
(On utilisera que 2 R Q.)
?
4. (Absurde) Soit n P N˚ . Montrer que n2 ` 1 n’est pas un entier.
5. (Contre-exemple) Est-ce que pour tout x P R on a x ă 2 ùñ x2 ă 4 ?
npn ` 1q
6. (Récurrence) Montrer que pour tout n > 1, 1 ` 2 ` ¨ ¨ ¨ ` n “ .
2
7. (Récurrence) Fixons un réel x > 0. Montrer que pour tout entier n > 1, p1`xqn >
1 ` nx.

1.3 Exercices
Exercice 1.1
Écrire la négation des propositions suivantes :

7 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 1. LOGIQUE ET RAISONNEMENTS 1.3. EXERCICES

1. Toutes les voitures rapides sont rouges ;


2. Il existe un mouton écossais dont au moins un côté est noir ;
3. Pour tout ε ą 0, il existe q P Q˚` tel que 0 ă q ă ε ;
4. Pour tout x P R , on a x2 ă 0.

Exercice 1.2
Soient a, b, c des réels. Écrire la négation des propositions suivantes :
1. a 6 ´2 ou a > 3 ;
2. a 6 5 et a ą ´1 ;
3. a 6 5 ou 3 ą c ;

Exercice 1.3
En utilisant un raisonnement par l’absurde, démontrer que :
1. La somme et le produit d’un nombre rationnel (non nul pour x) et d’un nombre
irrationnel sont des nombres irrationnels.
2. La racine carré d’un nombre irrationnel positif est un nombre irrationnel.
3. Un rectangle a pour aire 170 m2 . Montrer que sa longueur est supérieure à 13 m.
4. si n est le carré d’un nombre entier non nul alors 2n n’est pas le carré d’un nombre
entier.
? ? p
5. 2 est un nombre irrationnel (écrire 2 sous forme d’une fraction irréductible
q
puis discuter la parité de p et q).

Exercice 1.4
A l’aide d’un raisonnement par contraposé, démontrer que :
1. Si n2 , n P N, est impair alors n est impair.
2. Si @ε ą 0, a 6 ε alors a 6 0 pa P Rq.
a
3. Soit a un réel. Si a2 n’est pas un multiple entier de 16, alors n’est pas un entier
2
pair

Exercice 1.5
Démontrer que
n
ÿ
1. @n P N, 2k “ 2n`1 ´ 1.
k“0
n ˆ ˙2
ÿ
3 npn ` 1q
2. @n P N, k “
k“0
2

8 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
Chapitre 2

Ensembles, Applications et
Relations

2.1 Ensembles
De façon intuitive, un ensemble est une collection d’objets appelés éléments de l’en-
semble.
L’ensemble noté ∅, appelé ensemble vide, est l’ensemble qui ne contient aucun élément.
Si E est un ensemble et P pxq une propriété vérifiée par certains éléments x de E alors
l’ensemble de ces éléments est noté

tx P E, P pxqu .

2.1.1 Parties d’un ensemble, Complémentaire


Définition 2.1.1
On dit qu’un ensemble A est inclus ou est contenu dans un ensemble B si tout élément
de A est élément de B. On dit aussi que A est une partie ou un sous-ensemble de B.

On écrit alors A Ă B ou B Ą A.
On a :
pA Ă Bq ðñ p@x, x P A ùñ x P Bq
.
On vérifie que quel que soit l’ensemble A, on a A Ă A et si pA Ă B et B Ă Cq alors
A Ă C.
L’ensemble des parties d’un ensemble E est noté PpEq et on a

A P PpEq ðñ A Ă E

Définition 2.1.2
Soient A et B deux ensembles. On dit que A est égal à B et on note A “ B si A Ă B
et B Ă A.
Définition 2.1.3
Soient A et B deux ensembles. On appelle différence de A et B L’ensemble noté AzB
ou tx : x P A et x R Bu. C’est l’ensemble des éléments de A qui n’appartiennent pas à
B.

9
CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.1. ENSEMBLES

Définition 2.1.4
Soient E un ensemble et A une partie de E. On appelle complémentaire A dans E
et on note EzA ou {A
E , l’ensemble tous des éléments de E qui n’appartiennent pas à A

{A
E “ t x P E : x R Au.

Proposition 2.1.1
Soient A et B deux parties d’un ensemble E. On a :
{A
1. {EE “ A ; {E ∅
E “ ∅ ; {E “ E
2. A Ă B ùñ {B A
E Ă {E

Exercice 2.1
Démontrer la Proposition 2.1.1

2.1.2 Intersection, Réunion


Définition 2.1.5
Soient A et B deux sous-ensembles d’un ensemble E. On appelle intersection de A et
B et on note A X B, l’ensemble de tous les éléments de E qui appartiennent à la fois à
A et à B.

A X B “ tx : x P A et x P Bu.
. Si A X B “ ∅ alors on dit que A et B sont disjoints.
Définition 2.1.6
Soient A et B deux sous-ensembles d’un ensemble E. On appelle réunion de A et B
et on note A Y B, l’ensemble de tous les éléments de E qui appartiennent à A ou à B.

A Y B “ tx : x P A ou x P Bu.
Proposition 2.1.2
Soient A, B et C trois ensembles. On a :
1. A X ∅ “ ∅ ; A Y ∅ “ A;
2. A Y B “ ∅ ðñ A “ ∅ et B “ ∅ ;
3. associativité
A X pB X Cq “ pA X Bq X C ; A Y pB Y Cq “ pA Y Bq Y C
4. commutativité
AXB “BXA ; AYB “BYA
5. distributivité
A X pB Y Cq “ pA X Bq Y pA X Cq ; A Y pB X Cq “ pA Y Bq X pA Y Cq
6. idempotence
AXA“A ; AYA“A

10 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.1. ENSEMBLES

2.1.3 Produit cartésien d’ensembles


Définition 2.1.7
Soient A et B deux ensembles. On appelle produit cartésien de A et B et on note
A ˆ B, l’ensemble des couples px, yq tels que x P A et y P B.

A ˆ B “ tpx, yq : x P A et y P Bu

Remarque 2.1.1
1. px, yq “ px1 , y 1 q ðñ x “ x1 et y “ y 1 .
2. A ˆ A est simplement noté A2 ; On appelle diagonale de A2 l’ensemble

∆ “ tpx, xq : x P Au.

.
n
ź
3. A1 ˆ A2 ˆ . . . ˆ An “ Ai “ tpx1 , x2 , . . . , xn q : xi P Ai , i “ 1, 2, . . . , nu
i“1
n
ź
Si Ai “ A, @i “ 1, 2, . . . , n alors Ai est simplement noté An .
i“1

Proposition 2.1.3
Soient A, B, C et D trois ensembles. alors on a :
1. (A Ă B et C Ă D) ùñ A ˆ C Ă B ˆ D ;
2. A ˆ pB X Cq “ pA ˆ Bq X pA ˆ Cq ; A ˆ pB Y Cq “ pA ˆ Bq Y pA ˆ Cq ;
3. A ˆ B “ ∅ ðñ A “ ∅ et B “ ∅.
Exercice 2.2
Démontrer la Proposition 2.1.3

Théorème 2.1.1 (Morgan)


Soient A et B deux parties d’ensemble E. Alors on a

{AXB
E “ {A B AYB
E Y {E ; {E “ {A B
E X {E

Exercice 2.3
Démontrer le Théorème 2.1.1

2.1.4 Partition d’un ensemble


Soit E un ensemble non vide. On appelle partition de E toute famille pAi qiPI de parties
de E (indexée par I) telle que
1. Ai ‰ ∅, @i P I
2. Ai X Aj “ ∅, @i, j P I, i ‰ j
ď
3. Ai “ E.
iPI

Exemple 2.1.1
Soit A une partie propre non vide d’un ensemble E. Alors A et {A
E forment une partition
de E.

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CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.2. APPLICATIONS

2.2 Applications
2.2.1 Définitions et Exemples
Définition 2.2.1
Soient E et F deux ensembles. On appelle fonction de E vers F toute relation f qui,
à chaque élément de E, associe au plus un élément de F .
f
On note f : E Ñ F ou E Ñ F . E est appelé ensemble de départ et F ensemble
d’arrivée.
Si à l’élément x de E est associé l’élément y de F , on dit que x est un antécédent de
y par f et y est l’image de x par f et on écrit y “ f pxq.
L’ensemble des éléments de E ayant une image par f est appelé ensemble de définition
de f et noté Df . Ce dernier est toujours une partie de l’ensemble de départ.
L’ensemble Γ “ tpx, f pxqq P E ˆ F : x P Df u est appelé graphe de f .
Définition 2.2.2
Une fonction f : E Ñ F est appelée application si son ensemble de définition est E.
L’ensemble des applications de E vers F est souvent noté F E .
Exemple 2.2.1
1. la fonction
f : RÑR
x
x ÞÑ
1´x
n’est pas une application car Df ‰ R
2. la fonction
f : RÑR
x ÞÑ cos x
est une application car Df “ R
3. l’application
f : EÑE
x ÞÑ x
est appelée application identique de E. Elle est notée IdE .
4. Soit A une partie d’un ensemble E. On appelle fonction caractéristique (ou
fonction indicatrice) de A l’application notée χA (ou 1A ) définie de E vers
t0, 1u par "
1 si x P A
χA pxq “
0 sinon
5. les applications
pr1 : E ˆ F Ñ E
px, yq ÞÑ x
et
pr2 : E ˆ F Ñ F
px, yq ÞÑ y
sont respectivement appelées première projection et deuxième projection.
Définition 2.2.3
Soient f : E Ñ F et g : E 1 Ñ F 1 . On dit que f et g sont égales et on note f “ g si
E “ E 1 , F “ F 1 et, @x P E, f pxq “ gpxq.

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CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.2. APPLICATIONS

2.2.2 Composition des applications


Soient E, F et G trois ensembles, f : E Ñ F et g : F Ñ G deux applications. On
définit la composée de f par g, notée g ˝ f , par

g˝f : E ÑG
x ÞÑ pg ˝ f qpxq “ grf pxqs

En général on a g ˝ f ‰ f ˝ g.
On admet la proposition suivante :
Proposition 2.2.1
Soient E, F , G et H quatre ensembles, f : E Ñ F et g : F Ñ G et h : G Ñ H
trois applications. Alors on a

h ˝ pg ˝ f q “ ph ˝ gq ˝ f “ h ˝ g ˝ f

2.2.3 Applications injectives, surjectives et bijectives


Soient E et F deux ensembles et f : E ÑF une application.
Définition 2.2.4
1. f est dite injective (ou est une injection) si,

@x, y P E, f pxq “ f pyq ùñ x “ y

2. f est surjective (ou est une surjection) si

@y P F, Dx P E, y “ f pxq

3. f est dite bijective (ou est une bijection ) si elle est à la fois injective et surjective
c’est-à-dire,
@y P F, D!x P E, y “ f pxq.
Soit f : E Ñ F une bijection. L’application f ´1 : F Ñ E qui à chaque élément
y de F associe l’unique élément x de E tel que y “ f pxq est une bijection. Elle est
appelée application réciproque de f .

On a ` ˘´1
f ´1 “ f, f ´1 ˝ f “ IdE , f ˝ f ´1 “ IdF .
Proposition 2.2.2
Soient f : E Ñ F et g : F Ñ G des applications injectives (resp. surjectives, resp.
bijectives). Alors l’application g ˝ f est injective (resp. surjective, resp. bijective). De
plus dans le dernier cas, on a

pg ˝ f q´1 “ f ´1 ˝ g ´1 .

Exercice 2.4
Démontrer la Proposition 2.2.2

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CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.3. RELATIONS BINAIRES DANS UN ENSEMBLE

2.2.4 Images directes, Images réciproques


Soit f : E Ñ F une application, A une partie de E et B une partie de F
Définition 2.2.5
1. L’ image directe (ou simplement l’image) de A par f , notée f pAq, est l’ensemble
des images des éléments de A par f .

f pAq “ tf pxq : x P Au.

2. L’ image réciproque de B par f , notée f ´1 pBq , est l’ensemble des éléments de


E qui ont leurs images dans B.

f ´1 pBq “ tx P E : f pxq P Bu.

Proposition 2.2.3
Soit f : E Ñ F une application, A et A1 deux parties de E, B et B 1 deux parties de
F . Alors :
1. A Ă A1 ùñ f pAq Ă f pA1 q ;
2. f pA Y A1 q “ f pAq Y f pA1 q ; f pA X A1 q Ă f pAq X f pA1 q;
3. B Ă B 1 ùñ f ´1 pBq Ă f ´1 pB 1 q ;
4. f ´1 pB Y B 1 q “ f ´1 pBq Y f ´1 pB 1 q ; f ´1 pB X B 1 q “ f ´1 pBq X f ´1 pB 1 q ;
` ˘ f ´1 pBq
f ´1 {BF “ {E .

Exercice 2.5
Démontrer la proposition 2.2.3

2.3 Relations binaires dans un ensemble


2.3.1 Définitions et Exemples
Définition 2.3.1
Soit E un ensemble. On appelle relation binaire sur E tout couple R “ pE, Γq où Γ
est une partie de E ˆ E appelée graphe de R.
Si px, yq P Γ, on dit que x est en relation avec y et on note xRy.

Exemple 2.3.1
Dans PpEq la relation R définie par

ARB ðñ A Ă B

est une relation binaire


Définition 2.3.2
Soit E un ensemble et R une relation binaire sur E. On dit que R est :
‚ réflexive si
@x P E, xRx.
‚ symétrique si
@x, y P E, xRy ùñ yRx

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CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.3. RELATIONS BINAIRES DANS UN ENSEMBLE

‚ antisymétrique si
@x, y P E, xRy et yRx ùñ x “ y

‚ transitive si
@x, y, z P E, xRy et yRz ùñ xRz
.
Exemple 2.3.2
1. La relation d’égalité est une relation réflexive, symétrique, antisymétrique et tran-
sitive.
2. Dans PpEq , la relation d’inclusion est réflexive, antisymétrique et transitive.
3. Dans Z˚ , la relation de divisibilité définie par
xRy ðñ x divise y
est réflexive et transitive. Elle n’est ni symétrique ni antisymétrique.

2.3.2 Relation d’équivalence


Définition 2.3.3
Une relation d’équivalence R sur un ensemble E est une relation binaire qui est à
la fois réflexive, symétrique et transitive.
Définition 2.3.4
La classe d’équivalence d’un élément x de E, notée ClR pxq (ou x̄ ou x),
9 est l’ensemble
des éléments de E qui sont en relation avec x.
ClR pxq “ ty P E | xRyu.
Proposition 2.3.1
1. @x P E, x P ClR pxq.
2. ClR pyq “ ClR pxq ðñ y P ClR pxq.
3. Si y R ClR pxq alors ClR pyq X ClR pxq “ H.
On déduit de ce qui précède que l’ensemble des classes d’équivalence de E forme
une partition de E. Inversement, toute partition d’un ensemble définit une relation
d’équivalence.
Définition 2.3.5
L’ensemble quotient de E par la relation d’équivalence R, noté E{R, est l’ensemble des
classes d’équivalence de E suivant R :
E{R “ tClR pxq | x P Eu
Exemple 2.3.3
1. L’égalité sur un ensemble quelconque est une relation d’équivalence.
2. Le parallélisme sur un ensemble de droites (dans un plan) est une relation d’équivalence.
3. Si f est une application d’un ensemble E dans un ensemble F , alors la relation R
définie par :
@px, yq P E 2 , rxRys ðñ rf pxq “ f pyqs
est une relation d’équivalence sur E. Ainsi toute application induit une relation
d’équivalence sur son ensemble de départ.

15 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.3. RELATIONS BINAIRES DANS UN ENSEMBLE

Exercice 2.6
On définit sur R la relation xRy si et seulement si x2 ´ y 2 “ x ´ y.
1. Montrer que R est une relation d’équivalence.
2. Calculer la classe d’équivalence d’un élément x de R. Combien y-a-t-il d’éléments
dans cette classe ?

2.3.3 Un exemple fondamental : les congruences


Définition 2.3.6
Soit n un entier naturel non nul. On dit que deux entiers relatifs a et b sont congrus
modulo n ou encore que a est congru à b modulo n si n divise a ´ b.
On notera
a ” b p mod nq ou a ” b rns.

On admet le théorème suivant


Théorème 2.3.1
Si n P N˚ et si a, b et c appartiennent à Z alors :
1. a ” a rns
2. a ” b rns ðñ b ” a rns
3. a ” b rns et b ” c rns ùñ a ” c rns.

Autrement dit la relation de congruence est une relation d’équivalence sur l’ensemble
des entiers. La classe d’équivalence d’un entier k est l’ensemble k `nZ :“ tk `nq, q P Zu.
Définition 2.3.7
L’ensemble quotient pour la relation de congruence modulo n est noté Z{nZ.

Les propositions suivantes sont admises


Proposition 2.3.2
Chaque classe de congruence modulo n admet un unique représentant r P 0, 1, . . . , n ´ 1.
En particulier, on a
Z{nZ “ tZ, 1 ` Z, . . . , pn ´ 1q ` Zu
Si le contexte ne prête pas à confusion, on pourra adopter la notation k̄ (voir Définition
2.3.4) pour la classe de k modulo n, auquel cas l’ensemble quotient peut s’écrire

Z{nZ “ t0̄, 1̄, n ´ 1u.

Proposition 2.3.3
Soit n un entier naturel non nul. Soit a, a1 , b et b1 quatre entiers relatif tels que a ” b rns
et a1 ” b1 rns. Alors

a ` a1 ” b ` b1 rns a ´ a1 ” b ´ b1 rns aa1 ” bb1 rns.

Remarque 2.3.1
On dit que la relation de congruence est compatible avec l’addition, la soustraction et la
multiplication définies sur Z. Attention ce n’est pas vrai pour la division en général on
ne pourra pas simplifier directement une équation du type 2x ” 2y rns. Ces remarques
permettent donc de munir l’ensemble quotient Z{nZ d’une addition et d’une multiplica-
tion.

16 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.3. RELATIONS BINAIRES DANS UN ENSEMBLE

Pour illustrer cette construction, on donne ci-dessous les tables d’addition et de multi-
plication Z{3Z

` 0̄ 1̄ 2̄ ˆ 0̄ 1̄ 2̄
0̄ 0̄ 1̄ 2̄ 0̄ 0̄ 0̄ 0̄
1̄ 1̄ 2̄ 0̄ 1̄ 0̄ 1̄ 2̄
2̄ 2̄ 0̄ 1̄ 2̄ 0̄ 2̄ 1̄

2.3.4 Relations d’ordre


Définition 2.3.8
Une relation binaire R sur un ensemble E qui est réflexive, antisymétrique et transitive
est appelée relation d’ordre sur E.

La plupart des relations d’ordre sont notées ĺ (à l’exception notable de l’inclusion et
de la divisibilité). Un ensemble E muni d’une relation d’ordre ĺ est dit ordonné, et on
utilise la notation pE, ĺq pour s’y référer. Deux éléments x et y d’un ensemble E muni
d’une relation d’ordre ĺ sont dits comparables si x ĺ y ou y ĺ x. Si tous les éléments
de E sont deux à deux comparables la relation d’ordre est dite totale.
Exemple 2.3.4
1. la relation d’ordre usuelle sur R (ou sur Q).
2. La relation de divisibilité dans N˚ (ou dans Z˚ ) : m | n si il existe q P N˚ (resp.
Z˚ ) tel que n “ qm.
3. La relation d’inclusion entre parties d’un ensemble E.

Les deux derniers exemples ne sont pas des ordres totaux.


On définit maintenant les notions (cruciales) de majorant, minorant, borne supérieure
et borne inférieure.
Définition 2.3.9
Soient pE, ĺq un ensemble ordonné et A une partie de E.
1. Un élément m de E est un minorant de A si

@x P A, m ĺ x.

2. Un élément M de E est un majorant de A si

@x P A, x ĺ N.

Une partie admettant un majorant (resp. minorant) est dite majorée (resp. minorée).
Une partie majorée et minorée est dite bornée.
Un élément d’une partie A de E est le maximum (ou le plus grand élément) de A
s’il majore tous les éléments de A. De même, un élément d’une partie A de E est le
minimum (ou le plus petit élément) de A s’il minore tous les éléments de A.
Définition 2.3.10
Soient pE, ĺq en ensemble ordonné et A une partie de E.
- Si l’ensemble des majorants de A admet un plus petit élément, cet élément est
appelé borne supérieure et est noté sup A.

17 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.4. EXERCICES

- Si l’ensemble des minorants de A admet un plus grand élément, cet élément est
appelé borne inférieure et est noté inf A.
Remarque 2.3.2
Si A admet un maximum, alors il admet une borne supérieure et max A “ sup A. De
même, si A admet un minimum, alors il admet une borne inférieure et min A “ inf A.
Les réciproques sont fausses !

2.4 Exercices
Exercice 2.7
1. E est un ensemble, A et B deux parties de E.
Montrer que A Ă B ùñ {B A
E Ă {E .
2. Soient Ei , i “ 1, 2, . . . , n des ensembles.
Montrer que
n
ź
Ei “ H ùñ D i P t1, . . . , nu tel que Ei “ H..
i“1

3. Soit E l’ensemble des applications de N dans t1, 2, 3u. On pose

Ai “ tf P E, f p0q “ iu.

Montrer que les Ai forment une partition de E.


Exercice 2.8
1. Donner la liste des éléments de PpPpt1, 2uqq.
2. Démontrer que
(a) PpA X Bq “ PpAq X PpBq.
(b) PpAq Y PpBq Ă PpA Y Bq .
Donner un exemple simple prouvant que l’inclusion réciproque n’est pas tou-
jours vraie.
Exercice 2.9
Soient f : E Ñ F et g : F Ñ G deux applications. On pose h “ g ˝ f .
Démontrer que :
1. Si f et g sont injectives (resp. surjectives) alors h l’est aussi.
2. Si h est injective alors f l’est aussi.
3. Si h est surjective alors g l’est aussi.
4. Si h est injective et f surjective alors g est injective.
Exercice 2.10
Soit f : X Ñ Y une application.
1. Montrer que les deux propositions suivantes sont équivalentes :
(a) @A Ă X, f ´1 pf pAqq “ A
(b) f est injective
2. Même question pour les propositions suivantes

18 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.4. EXERCICES

` ˘
(a) @B Ă Y, f f ´1 pBq “ B
(b) f est surjective

Exercice 2.11
Soit f : X Ñ Y une application. Montrer que les trois propositions suivantes sont
équivalentes :
1. f injective
2. @ A, B Ă X, f pA X Bq “ f pAq X f pBq.
3. @ A, B Ă X, A X B “ H ùñ f pAq X f pBq “ H.

Exercice 2.12
Soit E “ t1, 2, 3, 4u et R la relation binaire sur E dont le graphe est

Γ “ tp1; 1q, p1; 2q, p2; 1q, p2; 2q, p3, 3q, p3; 4q, p4; 3q, p4; 4qu

1. Vérifier que la relation R est une relation d’équivalence.


2. Faire la liste des classes d’équivalences distinctes et donner l’ensemble quotient
E{R

Exercice 2.13
Sur R2 on considère la relation R définie par

pa, bqRpc, dq ðñ a2 ` b2 “ c2 ` d2 .

1. Montrer R que est une relation d’équivalence.


9 kj
hkkik
2. Décrire la classe d’équivalence pa, bq du couple pa, bq.
3. On désigne par R2 {R l’ensemble quotient pour cette relation. Montrer que l’ap-
plication
ϕ : R2 {R Ñ r0; `8r
9 kj
hkkik
pa, bq ÞÑ a2 ` b2
est bien définie et que c’est une bijection.

Exercice 2.14
1. Montrer que la relation de congruence modulo n

a ” b rns ðñ n divise b ´ a

est une relation d’équivalence sur Z.


2. En vous servant de la division euclidienne, montrer qu’il y a exactement n classes
d’équivalences distinctes

Exercice 2.15
Dans N˚ , on définit une relation ĺ par

m ĺ n s’il existe k P N˚ tel que n “ km.

1. Montrer ĺ que est une relation d’ordre partiel sur N˚ .


On considère dans la suite de l’exercice que pN˚ , ĺq est ordonné.

19 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 2. ENSEMBLES, APPLICATIONS ET RELATIONS 2.4. EXERCICES

2. L’ensemble N˚ possède-t-il un plus grand élément ? un plus petit élément ?


3. Soit A “ t4, 5, 6, 7, 8, 9, 10u. L’ensemble A possède-t-il un plus grand élément ? un
plus petit élément ?

Exercice 2.16
Dans R2 , on définit une relation ĺ par

px, yq ĺ px1 , y 1 q si x ă y ou px “ x1 et y 6 y 1 q.

1. Montrer ĺ que est une relation d’ordre sur R2 . Est-ce une relation d’ordre total ?
2. Déterminer l’ensemble des majorants et des minorants du singleton tpa, bqu et
représenter le dans R2
3. Soit X “ tpa, bq, pc, dqu. Déterminer sup X et inf X

20 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
Chapitre 3

Notions élémentaires de groupe,


anneau et corps

3.1 Loi de composition interne


3.1.1 Définition
Définition 3.1.1 (Loi de Composition Interne)
On appelle loi de composition interne (lci) sur E toute application de E ˆ E dans
E.

La notion de loi de composition interne englobe dans une certaine mesure la notion
intuitive d’! opérateur " sur les ensembles classiques.
Une lci sera la plupart du temps notée avec l’un des symboles suivants : ˚, `, ., ˆ, . . . On
n’utilisera pas la notation fonctionnelle, mais une notation infixe : au lieu de ˚px, yq “ z,
on notera x ˚ y “ z.
Attention, le choix du symbole pour noter la loi est complètement arbitraire : il n’y
a pas de différence théorique entre une loi notée additivement (`), et une loi notée
multiplicativement (ˆ, ., ˚).
Exemple 3.1.1
‚ ` est une lci sur R.
‚ ˆ est une lci sur R.
‚ en revanche, { n’est pas une lci sur R, étant donné qu’elle n’est pas définie sur
R ˆ t0u. C’est en revanche une lci sur R˚ .
‚ soit E un ensemble. Y et X sont des lci sur PpEq.
‚ ` définie par @px, x1 , y, y 1 q P R4 px, yq ` px1 , y 1 q “ px ` y, x1 ` y 1 q est une lci sur
R2 .
‚ ˆ est une lci sur t0, 1u.
Dans le cas d’un ensemble fini, on peut écrire une loi sous la forme d’un tableau. Par
exemple, pour le dernier exemple :

ˆ 0 1
0 0 0
1 0 1

21
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS
3.1. LOI DE COMPOSITION INTERNE

3.1.2 Vocabulaire associé


Donnons maintenant un certain nombre de propriétés que peuvent avoir des lci.

Associativité, comutativité
Définition 3.1.2 (Propriété des lci)
Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne ˚.
Associativité : ˚ est associative Ssi @px, y, zq P E 3 px ˚ yq ˚ z “ x ˚ py ˚ zq.
Dans ce cas le parenthésage n’a pas d’importance, et on pourra noter x ˚ y ˚ z “
px ˚ yq ˚ z “ x ˚ py ˚ zq.
Commutativité : ˚ est commutative Ssi @px, yq P E 2 x ˚ y “ y ˚ x.

Exemple 3.1.2
‚ ` est associative et commutative sur N.
‚ { sur R˚ n’est ni associative ni commutative : p1{2q{2 ‰ 1{p2{2q et 1{2 ‰ 2{1.
‚ Y et X sont associatives et commutatives dans PpEq

En pratique, la plupart des lois que nous étudierons seront au moins associatives.
Si la loi est associative et commutative, cela signifie que l’on peut modifier arbitrairement
l’ordre des éléments d’un produit
ź: par exemple x ˚ y ˚ z ˚ t “ z ˚ y ˚ t ˚ x. Ceci nous
permet d’introduire la notation :
Considérons une famille pxi qiPI d’éléments de E indexés par un ensemble fini I “
ti1 , . . . in u. On note alors
ź
x i “ xi 1 ˚ ¨ ¨ ¨ ˚ xi n
iPI

Si la loi est notée additivement, on écrira plutôt


ÿ
xi “ xi 1 ` ¨ ¨ ¨ ` xi n
iPI

Élément neutre, Élément symétrique


Définition 3.1.3 (Neutre)
Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne ˚. On appelle élément
neutre (ou simplement neutre) de pE, ˚q tout élément e P E vérifiant :

@x P E x ˚ e “ e ˚ x “ x

Attention, si pE, ˚q n’est pas commutatif, il faut vérifier que les compositions par le
neutre à droite et à gauche laissent tout x P E invariant.
Proposition 3.1.1
L’élément neutre, s’il existe, est unique.

Preuve
Soit pE, ˚q. Soient e et e1 des éléments neutres. Alors, comme e est neutre, e ˚ e1 “ e.
Mais e1 est également neutre, et on a aussi e ˚ e1 “ e1 , d’où e “ e1 .
Mais il n’y a pas forcément existence d’un élément neutre. . .

22 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.2. GROUPE

Exemple 3.1.3
‚ dans pZ, `q, 0 est l’élément neutre.
‚ dans pZ, ˆq, 1 est l’élément neutre.
‚ dans pPpEq, Xq, E est l’élément neutre.
1. dans pPpEq, Yq, H est l’élément neutre.
‚ dans pR˚ , {q, il n’y a pas d’élément neutre (on pourrait cependant définir une notion
de neutre à droite. 1 serait alors neutre à droite).

Définition 3.1.4 (Symétrique)


Soit pE, ˚q admettant un élément neutre e. On appelle symétrique de x tout élément
y vérifiant :

x˚y “y˚x“e
Un élément qui admet un symétrique est dit symétrisable.

De même que pour le neutre, en cas de non-commutativité, on doit vérifier deux


égalités.
Proposition 3.1.2
Soit pE, ˚q. Si ˚ est associative alors le symétrique d’un élément, s’il existe, est unique.

Preuve
Soit pE, ˚q un magma associatif. Soient y et y 1 des inverses de x. On a alors x ˚ y 1 “ e.
En composant à gauche par y, on obtient y ˚px˚y 1 q “ y ˚e. Par associativité et définition
du neutre, on a donc py ˚ xq ˚ y 1 “ y d’où peq ˚ y 1 “ y puis y “ y 1 .
Le symétrique x sera souvent noté x´1 si la loi est notée multiplicativement ˚, . ou ˆ,
et ´x si elle est notée additivement. On les appellera respectivement inverse et opposé
de x.
Exemple 3.1.4
‚ dans tout pE, ˚q muni d’un neutre, le neutre est son propre symétrique.
‚ dans pZ, `q, tout élément x admet un opposé ´x.
1
‚ dans pR, ˆq, tout élément x différent de 0 est inversible et a pour inverse .
x
‚ dans pZ, ˆq, seul 1 et ´1 sont inversibles, et ont pour inverse eux-mêmes.

Nous allons maintenant étudier des ensembles un peu plus structurés que ceux munis
simplement d’une loi de composition interne.

3.2 Groupe
3.2.1 Définition et propriétés fondamentales
Définition 3.2.1 (Groupe)
On appelle groupe tout ensemble non vide G muni d’une loi de composition interne
pG, ˚q tel que
1. ˚ est associative
2. pG, ˚q admet un élément neutre

23 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.2. GROUPE

3. tout élément admet un symétrique


Si de plus la loi est commutative, on parlera de groupe commutatif ou de groupe
abélien.
On notera la plupart du temps G, H ou K plutôt que E pour un groupe.
En pratique, la loi sera parfois omise s’il n’y a pas d’ambiguı̈té : au lieu de x ˚ y, on
pourra noter xy.
Exemple 3.2.1
‚ pR, `q, pC, `q, pZ, `q, pQ, `q sont des groupes.
‚ pR˚ , ˆq, pC˚ , ˆq, pQ˚ , ˆq sont des groupes.
‚ pZ˚ , ˆq n’est pas un groupe : 2 n’est pas inversible (en fait, seuls 1 et ´1 sont
inversibles).
‚ pR, ˆq n’est pas un groupe : 0 n’est pas inversible.
‚ pN, `q n’est pas un groupe : aucun élément différent de 0 n’admet d’opposé.
‚ Soit E un ensemble. Si on note SpEq l’ensemble des bijections de E dans E,
pSpEq, ˝q est un groupe (appelé groupe symétrique de E).
‚ l’ensemble des isométries (i.e. des applications qui conservent les distances) du
plan est un groupe.
‚ t0, 1u muni de la loi suivante

` 0 1
0 0 1
1 1 0
est un groupe.
Les propriétés suivantes sont fondamentales pour travailler avec des groupes :
Proposition 3.2.1
Soit pG, ˚q un groupe. Alors
1. il y a unicité du neutre e.
2. il y a unicité du symétrique.
3. @px, y, zq P G3 , x ˚ y “ x ˚ z ñ y “ z (simplification à gauche)
4. @px, y, zq P G3 , y ˚ x “ z ˚ x ñ y “ z (simplification à droite)
5. @px, yq P G2 , px ˚ yq1 “ y 1 ˚ x1 (symétrique d’un produit)
6. @x P G, px1 q1 “ x (symétrique du symétrique)

Attention au changement de sens dans l’inverse du produit.


Exercice 3.1
Démontrer la Proposition 3.2.1
Exercice 3.2
x`y
1. On définit la loi ˚ sur s ´ 1, 1r par @px, yq Ps ´ 1, 1r2 , px ˚ yq “ .
1 ` xy
Montrer que ps ´ 1, 1r, ˚q est un groupe commutatif.
2. On définit l’ensemble :
”? ı ! ? )
Z 2 “ k ` l 2, k, l P Z .
´ ”? ı ¯
Montrer que Z 2 , ` constitue un groupe (` est l’addition usuelle des réels).

24 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.2. GROUPE

3.2.2 Sous-groupe
Définition 3.2.2 (Sous-groupe)
Soit pG, ˚q un groupe. On appelle sous-groupe de pG, ˚q toute partie non vide H de G
telle que :
‚ ˚ induit sur H une loi de composition interne.
‚ Muni de cette loi, H est un groupe.
On note alors : H ă G.
Exemple 3.2.2
1. Si pG, ˚q un groupe, e son élément neutre. G et teu sont des sous-groupes de G,
appelés sous-groupes triviaux de G.
2. pZ, `q est un sous-groupe de pQ, `q, qui est lui-même un sous-groupe de pR, `q.
3. p2Z, `q est un sous-groupe de pZ, `q
4. p2Z ` 1, `q n’est pas un sous-groupe de pZ, `q : ` n’est pas une lci dessus.
5. L’ensemble des rotations du plan est un sous-groupe du groupe des isométries du
plan.
En pratique, on pourra utiliser la caractérisation ci-dessous pour montrer que H est un
sous groupe de G :
Proposition 3.2.2
Soit pG, ˚q un groupe d’élément neutre e. Soit H Ă G.
pH, ˚q est un sous-groupe de pG, ˚q si et seulement si
1. e P H
2. @px, yq P H 2 , x ˚ y 1 P H
Preuve
La stabilité par produit et par passage à l’inverse implique trivialement 2.
Réciproquement, si on a 2., si x P H, alors x´1 “ e ˚ x´1 P H, d’où la stabilité par
inverse. Si px, yq P H 2 , on a y ´1 P H, puis x ˚ y “ x ˚ py ´1 q´1 P H d’où la stabilité par
produit. 
La Proposition 3.2.2 est tellement pratique à manipuler que l’on l’utilisera même parfois
pour montrer qu’un ensemble est un groupe : on essayera d’inclure cet ensemble dans
un groupe plus grand, et on montrera simplement qu’il s’agit d’un sous-groupe.
Exemple 3.2.3
Notons U “ tx P C | |x| “ 1u. Montrons que pU, ˆq est un groupe. U est inclus dans C,
donc nous allons montrer qu’il s’agit d’un sous groupe de pC, ˆq.
‚ On a clairement 1 P U.
‚ Soit x et y dans U. On a |xy ´1 | “ |x||y ´1 | “ 1 et donc xy ´1 P U.
Ce groupe est appelé groupe unimodulaire.
Pas besoin d’aller redémontrer l’associativité, l’existence d’un inverse, etc. . .
Exercice 3.3
1. Soit n P N. Montrer que nZ “ tnz|z P Zu est un sous-groupe de Z.
2. Pour deux entiers p et q, montrer que pZ est un sous-groupe de qZ si et seulement
si q divise p.
3. Soient H1 et H2 deux sous-groupes de pG, ˚q. Montrer que H1 X H2 est également
un sous-groupe de G.

25 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.2. GROUPE

3.2.3 Morphisme de groupes


Définition 3.2.3
‚ Soient pG, ˚q et pG1 , ♦q deux groupes. On appelle morphisme de groupe de G
dans G1 toute application f : G ÞÑ G1 telle que

@px, yq P G2 f px ˚ yq “ f pxq♦f
X pyq

‚ Si de plus, G “ G1 et ˚ “ ♦ , on parle d’endomorphisme.


‚ Si de plus f est bijective, on parle d’isomorphisme.
‚ Si de plus f est un endomorphisme bijectif, on parle d’automorphisme.

Exemple 3.2.4
‚ x ÞÑ 2x réalise un isomorphisme de pR, `q sur pR˚` , ˆq ;
‚ x ÞÑ 2x réalise un automorphisme de pR, `q ;
‚ x ÞÑ 3 ln x réalise un isomorphisme de pR˚` , ˆq sur pR, `q ;
‚ z ÞÑ |z| réalise un morphisme de pC˚ , ˆq dans pR˚ , ˆq ;
‚ Si pG, ˆq est un groupe abélien, f x ÞÑ x2 et g : x ÞÑ x´1 réalisent des endo-
morphismes de G.

Exercice 3.4
Soit f un morphisme de pG, ˚q dans pG1 , ♦q et g un morphisme de pG1 , ˚1 q dans pG2 , ˚2 q.
Montrer que g ˝ f réalise un morphisme de pG, ˚q dans pG2 , ♦1 q.

Proposition 3.2.3
Soit f un morphisme de pG, ˚q sur pG1 , ♦q. Alors on a :
1. f peG q “ eG1 ;
2. pour tout x P G, f px1 q “ pf pxqq1 .
3. si f est un isomorphisme de pG, ˚q sur pG1 , ♦q, alors son application réciproque
f ´1 réalise un isomorphisme de pG1 , ♦q sur pG, ˚q ;
4. si G1 ă G alors f pG1 q ă G1 ;
= sous groupe
5. si G11 ă G1 alors f ´1 pG11 q ă G

Exercice 3.5
Démontrer la Proposition 3.2.3.

Définition 3.2.4 (Noyau et Image)


Soit f est un morphisme de pG, ˚q dans pG1 , ♦q.
‚ Le noyau de f , noté Kerf est l’ensemble des antécédents par f de eG1 :

Kerf “ tx P G ; f pxq “ eG1 u “ f ´1 pteG1 uq

(attention, f n’est pas supposée bijective ; il n’est donc pas question de


la bijection réciproque de f ).
‚ L’image de f , noté Imf est f pGq (ensemble des images par f des éléments de
G) :
Imf “ tf pxq, x P Gu.

26 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.3. ANNEAU

D’après les deux derniers points de la Proposition 3.2.3, le noyau et l’image de f sont
des sous-groupes respectifs de G et G1 .
Bien entendu, et c’est une trivialité, un morphisme de G dans G1 est surjectif si et
seulement si son image est égale à G1 . Ce résultat est d’ailleurs sans intérêt . . . Le résultat
suivant est bien plus intéressant, puisqu’il réduit énormément le travail, pour montrer
qu’un morphisme est injectif.
Proposition 3.2.4
Soit f un morphisme de pG, ˚q dans pG1 , ♦q. Alors
1. Kerf est un sous-groupe de G
2. Imf est un sous-groupe de G1 .
3. f est injective si et seulement si son noyau est réduit à teG u.
4. f est surjectif si et seulement si Imf “ G1
Exercice 3.6
1. Démontrer la Proposition 3.2.4
2. L’application ϕ : R2 Ñ R2 , px, yq ÞÑ p2x ´ y, 3x ` 2yq est-elle injective ?

3.3 Anneau
3.3.1 Définition et propriétés
Définition 3.3.1 (Anneau)
Soit A un ensemble muni de deux lci ˆ et ` . On dit que pA, `, ˆq est un anneau si
et seulement si
1. pA, `q est un groupe commutatif.
2. ˆ est associative.
3. ˆ est distributive sur ` :

@px, y, zq P A3 x ˆ py ` zq “ x ˆ y ` x ˆ z et py ` zq ˆ x “ y ˆ x ` z ˆ x

4. ˆ admet un élément neutre.


Si ˆ est commutative, on parlera d’anneau commutatif.

L’élément neutre de ` sera notée en général 0, et celui de ˆ sera noté 1


Exemple 3.3.1

‚ pR, `, ˆq, pC, `, ˆq, pZ, `, ˆq sont des anneaux.


‚ pRrXs, `, ˆq est un anneau – appelé anneau des polynômes sur R.
‚ pRpXq, `, ˆq est un anneau – appelé anneau des fractions rationnelles sur R.
‚ t0, 1u muni des lois suivantes

` 0 1 ˆ 0 1
0 0 1 0 0 0
1 1 0 1 0 1
est un anneau.

27 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.3. ANNEAU

Exercice 3.7
On définit sur Z2 les deux lois ‘, b comme suit :

@px, yq, px1 , y 1 q P Z2 , px, yq ‘ px1 , y 1 q “ px ` x1 , y ` y 1 q,

@px, yq, px1 , y 1 q P Z2 , px, yq b px1 , y 1 q “ pxx1 , xy 1 ` yx1 q.


` ˘
Montrer que Z2 , ‘, b est anneau commutatif.
Quelques propriétés des anneaux :
Proposition 3.3.1
Soit pA, `, ˆq un anneau.
1. 0 est absorbant, i.e.
@x P A, 0 ˆ x “ 0
2.
@px, yq P A2 , p´xq ˆ y “ ´px ˆ yq “ x ˆ p´yq
Preuve
1. Soit x P A.
0 ˆ x “ p0 ` 0q.x “ 0 ˆ x ` 0 ˆ x. Par simplification, on a alors 0 ˆ x “ 0.
0 neutre distr
2. Soient px, yq P A2 .
p´xq ˆ y ` x ˆ y “ p´x ` xq ˆ y “ 0 ˆ y “ 0.
distr 0 abs
pA, `q étant commutatif, p´xq ˆ y “ ´px ˆ yq.
On prouve de même l’autre égalité. 
Définition 3.3.2 (Anneau intègre)
Un anneau pA, `, ˆq est dit intègre si et seulement si

@pa, bq P A2 a ˆ b “ 0 ñ a “ 0 ou b “ 0
Exemple 3.3.2
‚ pR, `, ˆq, pC, `, ˆq, pZ, `, ˆq sont des anneaux intègres.
‚ pRrXs, `, ˆq est un anneau intègre.
‚ pRR , `, ˆq est un anneau non-intègre : 1t1u ˆ 1t0u “ 0

3.3.2 Calcul dans des anneaux


Les propositions suivantes sont admises :
ÿ
Proposition 3.3.2 (Distributivité par rapport à )

Soit pai qiPI une famille finie déléments de A. Soit x P A.


Alors
ÿ ÿ
x ai “ xai
iPI iPI
et
˜ ¸
ÿ ÿ
ai x “ ai x
iPI iPI

28 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.3. ANNEAU

Proposition 3.3.3

Soient pa, bq P A2 deux éléments qui commutent (i.e. ab=ba). Soit n P N˚ .


Alors
n´1
ÿ
an ´ bn “ pa ´ bq ai bn´i´1
i“0

En particulier,
n´1
ÿ
n
a ´ 1 “ pa ´ 1q ai
i“0

Proposition 3.3.4
Soient pa, bq P A2 deux éléments qui commutent (i.e. ab=ba). Soit n P N.
Alors
n ˆ ˙
ÿ n i n´i
pa ` bqn “ ab
i“0
i

3.3.3 Sous-anneau
Définition 3.3.3 (Sous-anneau)
Une partie B d’un anneau A est appelée un sous-anneau de A si :
‚ B est un sous groupe de A pour l’addition ;
‚ B est stable pour la multiplication ;
‚ Le neutre multiplicatif de A appartient à B.

Exemple 3.3.3
‚ Pour tout n P N, pRn rXs, `, ˆq, l’ensemble des polynômes de degré au plus n est
un sous-anneau de pRrXs, `, ˆq.
‚ pC 0 pR, Rq, `, ˆq est un sous-anneau de pRR , `, ˆq.
‚ Dans l’anneau pZ, `, ˆq, p2Z, `, ˆq n’est pas un sous-anneau, bien qu’il vérifie
les deux premières conditions de la définition, puisqu’il n’a pas d’élément neutre
multiplicatif.

Exercice 3.8
1. Montrer que Zr2s est un sous-anneau de R.
2. Montrer que si A1 et A2 sont deux sous-anneaux d’un anneau A, alors A1 X A2 est
également un sous-anneau de A.

3.3.4 Morphisme d’anneaux


Définition 3.3.4 (Morphisme d’anneau)
Soient pA, `, ˆq et pA1 , `1 , ˆ1 q deux anneaux. On dit que f : A Ñ A1 est un mor-
phisme d’anneaux de pA, `, ˆq vers pA1 , `1 , ˆ1 q si et seulement si
‚ f est un morphisme de groupe de pA, `q vers pA1 , `1 q
‚ f p1A q “ 1A1

29 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.3. ANNEAU

‚ @pa, bq P A2 f pa ˆ bq “ f paq ˆ1 f pbq

Tout comme dans le cas des morphismes de groupe, les morphismes d’anneau trans-
portent les structures :
Proposition 3.3.5
.
1. L’image d’un sous-anneau par un morphisme d’anneau est un sous-anneau.
2. L’image réciproque d’un sous-anneau par un morphisme d’anneau est un sous-
anneau.
Exercice 3.9
Démontrer la Proposition 3.3.5
Comme pour les morphismes de groupes, on définit également les isomorphismes, endo-
morphismes et automorphismes d’anneaux.
Remarque 3.3.1
‚ La relation f p1A q “ 1A1 ne découle pas des autres relations 1 ; on ne peut donc pas
s’en passer dans la définition.
‚ A fortiori, un morphisme d’anneaux est un morphisme de groupe (pour la première
loi). A ce titre, on peut parler de son image et de son noyau. Malheureusement, si
l’image est un sous-anneau de l’anneau d’arrivée (le montrer), le noyau n’est pas
nécessairement un sous-anneau de l’anneau de départ, ce qui limite l’intérêt des
morphismes d’anneaux. Cependant, on garde l’équivalence entre l’injectivité de f
et le fait que Kerf “ t0A u.

Exercice 3.10
1. Montrer que la composée de deux morphismes d’anneaux est un morphisme d’an-
neaux.
2. Montrer que si f est un isomorphisme d’anneaux, alors son application réciproque
également l’est.

3.3.5 Idéaux
Soit pA, `, ˆq un anneau.
Définition 3.3.5
On appelle idéal à gauche (respectivement à droite) de l’anneau A, tout ensemble I Ă A
tel que
1. I est un sous groupe de pA, `q,
2. @x P A, p@y P I, x.y P I (respectivement y.x P I)).
Si I est idéal à droite et à gauche de A, on dit que I est un idéal bilatère de A.
Si l’anneau A est commutatif, tout idéal de A est bilatère, et dans ce cas on parle
seulement d’idéal sans préciser s’il l’est à droite, à gauche ou bilatère.

Exemple 3.3.4
‚ Soit pA, `, ˆq un anneau, alors t0A u et A sont des idéaux bilatères de A.
1. contrairement aux morphismes de groupes, pour lesquels la relation f peG q “ eG1 est une
conséquence de la définition

30 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.3. ANNEAU

‚ Dans l’anneau commutatif pZ, `, ˆq, nZ est un idéal.


Proposition 3.3.6
Soit I un idéal à gauche (ou à droite) d’un anneau unitaire pA, `, ˆq,

1A P I ðñ I “ A ðñ Dx P I ; x est inversible.
Définition 3.3.6
On appelle idéal principal d’un anneau commutatif pA, `, ˆq, tout idéal I de A tel que
Dx P A ; I “ x ˆ A
L’anneau A est dit principal si tous ses idéaux sont principaux.
Exercice 3.11
Soit pA, `, .q un anneau, X une partie non vide de A. Désignons par N pXq l’ensemble
des éléments u de A tels que u.x “ 0, @x P X.
1. Démontrer que N pXq est un idéal à gauche de A.
2. Démontrer que si I est un idéal à gauche de A, alors N pIq est un idéal bilatère.

3.3.6 Anneau quotient


Les considérations du paragraphe précédent, qui ont amené la définition des idéaux,
montrent que seuls les relations d’équivalence définies sur un anneau A, compatibles
avec l’addition et compatibles à gauche (resp. à droite) avec la multiplication, sont de
la forme a ´ b P Ig (resp. a ´ b P Id ), Ig (et Id ) étant un idéal à gauche (à droite) de A.
Donc, étant donné une relation d’équivalence R définie sur A, si nous voulons définir
une addition et une multiplication dans A{R :
9 kj
hkkik 9 kj
hkkik
x9 ` y9 “ x ` y x9 y9 “ xy
il faut et il suffit que R soit compatible avec l’addition et la multiplication de A, c’est
à dire que R soit de la forme
a´bPI
I étant un idéal bilatère de A.
On écrit cette relation :
a ” b (mod I)
que l’ont lit a congru à b modulo l’idéal bilatère I.
Les relations précédentes confèrent à l’ensemble A{R une structure d’anneau, en effet
A{R est un groupe additif d’autre part, la multiplication est associative :
9 kj
hkkik 9 kj
hkkik 9 kj
hkkik
rx9 ys
9 z9 “ r xy sz9 “ xyz “ xr 9 yz s “ xr
9 x9 ys
9
et distributive à gauche et à droite par rapport à la multiplication, par exemple
9 kj
hkkik 9
hkkkikkkj
9
hkkkikkkj 9 kj hkkik
hkkik 9 kj
xr
9 y9 ` zs 9 y ` z s “ xpy ` zq “ xy ` xz “ xy ` xz “ x9 y9 ` x9 z9
9 “ xr
d’où :
Définition 3.3.7
L’ensemble quotient de A par R a une structure d’anneau, on l’appelle l’anneau quo-
tient de A par I et on le note A{I.

31 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.4. CORPS

3.4 Corps
3.4.1 Définition et propriétés
Définition 3.4.1 (Corps)

Soit un ensemble K muni de deux lci ` et ˆ. On dit que pK, `, ˆq est un corps si
et seulement si
1. pK, `, ˆq est un anneau commutatif
2. tout élément de K différent de 0K admet un inverse pour la loi multiplicative.

Exemple 3.4.1
‚ pQ, `, ˆq, pR, `, ˆq, pC, `, ˆq sont des corps.
‚ En revanche, pZ, `, ˆq n’est pas un corps : 2 n’est pas inversible.
‚ L’ensemble t0, 1u muni des lois ` et ˆ définies par

` 0 1 ˆ 0 1
0 0 1 0 0 0
1 1 0 1 0 1
est un corps : 1 est inversible, et est son propre inverse. Il s’agit du plus petit corps
possible.

3.4.2 Sous-corps
Définition 3.4.2
Soit pK, `, ˆq un corps. Soit K 1 Ă K.
pK 1 , `, ˆq est un sous-corps de pK, `, ˆq si et seulement si
1. K 1 contient 1K .
2. pK 1 , `q est un sous groupe de pK, `q : @px, yq P K 12 x ´ y P K 1
3. pK 1˚ , ˆq est un sous-groupe de pK ˚ , ˆq : @px, yq P pK 1˚ q2 x ˆ y ´1 P K 1˚

Exemple 3.4.2
1. pQ, `, ˆq est un sous-corps pR, `, ˆq, qui est un sous-corps de pC, `, ˆq.
‚ ta ` ib | pa, bq P Q2 u est un sous-corps de C.

3.4.3 Morphisme de corps


Définition 3.4.3 (Morphisme de corps)
Soient pK, `, ˆq et pK 1 , `1 , ˆ1 q deux corps. On dit que f : K Ñ K 1 est un morphisme
de corps de pK, `, ˆq vers pK 1 , `1 , ˆ1 q si et seulement si f est un morphisme d’anneau
de pK, `, ˆq vers pK 1 , `1 , ˆ1 q.

Toutes les propriétés des morphismes d’anneaux se transposent donc. On peut montrer
que l’on a de plus préservation de l’inverse pour ˆ par tout morphisme de corps, et que
les images et images réciproques de sous-corps sont des sous-corps.

32 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.5. EXERCICES

3.5 Exercices
Exercice 3.12
On définit sur G “ R˚ ˆ R une loi de composition interne ˚ comme suit :

@px, yq, px1 , y 1 q P G, px, yq ˚ px1 , y 1 q “ pxx1 , xy 1 ` yq


Montrons que pG, ˚q est un groupe non commutatif.

Exercice 3.13
Soit G un groupe et pHi qiPI une famille de sous-groupes de G.
č
1. Montrer que Hi est un sous-groupe de G.
iPI
2. On suppose que pour tout élément i de I et tout élément
ď j de I, il existe un élément
k de I tel que Hi Ă Hk et Hj Ă Hk . Montrer que Hi est un sous-groupe de G.
iPI

Exercice 3.14
Soit pA, `, .q un anneau, on dit que l’élément a de A est nilpotent s’il existe un entier
naturel non nul n tel que an “ 0.
1. Prouver que si A est unitaire d’élément unité 1 et si a est nilpotent alors p1 ´ aq
est inversible.
2. Prouver que si a et b sont deux élément nilpotents et permutables, ab et pa ` bq
sont aussi nilpotents.

Exercice 3.15
On considère un anneau unitaire pA, `, .q qui satisfait à la propriété suivante :
@x P A, x2 “ x. On note 0 l’élément neutre et 1 l’élément unité de A.
1. Montrer que @x P A, x ` x “ 0. En déduire que A est commutatif.
2. On définit sur A une relation binaire notée ĺ par @x, y P A, x ĺ y ðñ xy “ x.
Montrer que ĺ est une relation d’ordre sur A. Que peut-on dire de 0 et 1 ?
3. Montrez que infpx, yq “ xy. Calculer suppx, yq pour x, y P A. En déduire que
infpx, yq ` suppx, yq “ x ` y. La relation ĺ est-elle compatible avec les lois de A ?

Exercice 3.16 ?
Soit A un anneau commutatif et I un idéal de A. On appelle radical de I et on note I,
l’ensemble des éléments x de A pour lesquels il existe un entier n tel que xn appartienne
à I.
? ?
1. Démontrer que I contient I et I est un idéal de A.
? ?
2. b
Soient I et J deux idéaux de A tels que I Ă J ; démontrer que I Ă J. puis
? ?
I “ I.
? ? ?
3. Soient I et J deux idéaux de A ; démontrer que I X J “ I X J.

Exercice 3.17
1. Soient p un nombre premier et q un entier tel que 0 ă q ă p. Démontrer que Cpq
est divisible par p.

33 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 3. NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE GROUPE, ANNEAU ET CORPS 3.5. EXERCICES

2. Démontrer que dans un anneau commutatif A de caractéristique p, pour toute


suite finie a1 , a2 , . . . , ak d’éléments de A, on a

pa1 ` a2 ` ¨ ¨ ¨ ` ak qp “ ap1 ` ap2 ` ¨ ¨ ¨ apk .

En déduire que pour tout entier positif k, on a k p ” krps.

Exercice 3.18 ? ?
Soit Z l’ensemble des entiers relatifs. On définit Z 3 “ ta ` b 3 | a, b P Zu.
?
1. Montrer que Z 3 est un sous anneau de R. Est-il un corps ?
? ?
2. Soit I “ t2p ` 2q 3 | p, q P Zu. Montrer que I est un idéal bilatère de Z 3.
?
3. Montrer que l’anneau quotient Z 3{I est un ensemble fini. Donner la table de
multiplication de cet anneau quotient.
? ?
4. Z 3{I est-il un corps ? Trouver un idéal, non trivial de Z 3{I.
? ?
5. Montrer que tout élément a ` b 3 de Z 3 est racine d’une équation polynomiale
pEq, de degré 2 à coefficients dans Z. Trouver la seconde racine x2 .
? ? ?
6. Montrer que l’application f : a`b 3 ÞÑ x2 de Z 3 dans Z 3 est un isomorphisme
d’anneaux.

34 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
Chapitre 4

Corps des nombres complexes

4.1 Rappels
4.1.1 Définition des nombres complexes
‚ On appelle ensemble des nombres complexes et on note C, l’ensemble des nombres
z écrits sous la forme

z “ a ` ib, pa P R, b P R, i2 “ ´1q et pC, `, ˆq est un corps commutatif .

‚ L’écriture sous la forme a ` ib est appelée forme algébrique du nombre complexe


z.
‚ a est appelé la partie réelle de z et est notée Repzq.
‚ b est appelé la partie imaginaire de z et est notée Impzq.
‚ z est dit réel si b “ 0 et est dit imaginaire pure s’il est non nul et a “ 0.
‚ Si z “ a ` ib et z 1 “ a1 ` ib1 sont deux nombres complexes, alors
"
1 a “ a1
z “ z ðñ .
b “ b1
‚ Dans le plan complexe P muni d’un repère orthonormé direct, à tout nombre
complexe z “ a ` ib on associe de manière unique un point M pa; bq appelé point
image de z et inversement, à tout point M pa; bq on associe un unique nombre
complexe z “ a ` ib appelé affixe du point M .
Remarque 4.1.1
Les règles de calcul concernant l’addition, la multiplication, la soustraction et la division
sont les mêmes que pour les nombres réels (tout en oubliant pas que i2 “ ´1).

4.1.2 Conjugué d’un nombre complexe


Soit z “ a ` ib un nombre complexe.
Définition 4.1.1
On appelle conjugué de z, le nombre complexe noté z et tel que z “ a ´ ib.

Les propriétés suivantes sont admises.

35
CHAPITRE 4. CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 4.1. RAPPELS

Propriétés 4.1.1
Soient z et z 1 deux nombres complexes.
´z¯ z
‚ z ` z 1 “ z ` z 1 , z.z 1 “ z.z 1 , “ 1 avec z 1 ‰ 0 , z n “ z n pz ‰ 0, n P Zq.
z 1
z
1 1
‚ Repzq “ pz ` zq, Impzq “ pz ´ zq.
2 2i
‚ z P R ðñ z “ z.
‚ z P iR˚ ðñ z “ ´z

4.1.3 Module d’un nombre complexe


Soit z “ a ` ib un nombre complexe.
Définition 4.1.2
On appelle
? module du nombre complexe z, le nombre réel positif noté |z| et tel que
?
|z| “ a ` b2 “ zz.
2

Les propriétés suivantes sont admises


Propriétés 4.1.2
‚ |z| “ | ´ z| “ |z|
‚ |z| “ 0 ðñ z “ 0
‚ |zz 1 | “ |z||z 1 |
‚ @n P N, |z n | “ |z|n
ˇzˇ |z|
‚ Si z 1 ‰ 0, ˇ 1 ˇ “ 1
ˇ ˇ
z |z |
1 z
‚ Si z ‰ 0, “ 2
z |z|
‚ ||z| ´ |z || 6 |z ` z 1 | 6 |z| ` |z 1 |.
1

4.1.4 Argument d’un nombre complexe non nul


On muni le plan complexe P d’un repère orthonormé directe pO, Ñ Ý
e1 , Ñ
Ý
e2 q et on considère
un nombre complexe non nul z de point image M .
On appelle argument de z et on note argpzq, toute mesure (définie à 2kπ près) de l’angle
ÝÝÑ

Ý
e1 , OM ). $
Repzq
& cos θ “ |z|



Si z ‰ 0, θ “ argpzq ðñ
’ Impzq
% sin θ “


|z|
L’écriture de z sous la forme z “ |z|pcos θ ` i sin θq est appelée forme trigonométrique
du nombre complexe z.
Propriétés 4.1.3
Pour tout nombre complexe z et z 1 non nuls on a :
‚ argpzq “ ´argpzq
‚ argpzz 1 q “ argpzq ` argpz 1 q

36 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 4. CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 4.2. RACINES N-IÈMES D’UN NOMBRE COMPLEXE

ˆ ˙
1
‚ arg “ ´argpzq
z
´z¯
‚ arg 1 “ argpzq ´ argpz 1 q
z
On note eiθ le nombre complexe cos θ ` i sin θ, θ P R et on a :
les formules d’Euler

eiθ ` e´iθ eiθ ´ e´iθ


cos θ “ et sin θ “
2 2i
et la formule de Moivre
@n P Z, pcos θ ` i sin θqn “ cospnθq ` i sinpnθq.
Propriétés 4.1.4
‚ eiθ “ e´iθ
1 1
‚ eiθ ˆ eiθ “ eipθ`θ q
` ˘n
‚ @n P Z, eiθ “ einθ

4.2 Racines n-ièmes d’un nombre complexe


4.2.1 Définition
Définition 4.2.1
On appelle racine n-ième d’un nombre complexe Z, tout nombre complexe z tel que
z n “ Z pn P N˚ q.
Remarque 4.2.1
‚ Si n “ 1, Z est la seule racine première de Z.
‚ Si Z “ 0, la seule racine n-ième de 0 est 0.
Dans toute la suite, on supposera n ą 1.
On admet le théorème suivant
Théorème 4.2.1
Tout nombre complexe non nul Z “ reiα pr ą 0q admet n racines n-ièmes distinctes :
? α 2kπ
zk “ n reip n ` n q , k “ 0, 1, . . . , n ´ 1.
En particulier pour n “ 2 : tout nombre complexe non nul admet deux racines carrées
? α ? α ? α ? α
distinctes : z1 “ rei 2 et z2 “ reip 2 `πq “ rei 2 eiπ “ ´ rei 2 “ ´z1 .

4.2.2 Méthode pratique pour la détermination des racines carrées


d’un nombre complexe non nul
On cherche z “ x ` iy tel que z 2 “ Z “ X ` iY c’est à dire
$ 2 2
" 2 2
x ´ y ` 2ixy “ X ` iY & x ´y “X ?
? 2 2
ðñ x ` y “ X2 ` Y 2
x2 ` y 2 “ X 2 ` Y 2
signpxyq “ signpY q.
%

Exemple 4.2.1
Racines carrées de ´3 ` 4i

37 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 4. CORPS DES NOMBRES COMPLEXES
4.3. ÉQUATION DU SECOND DEGRÉ À COEFFICIENTS COMPLEXES

4.2.3 Racines n-ièmes de l’unité


Proposition 4.2.1
2kπ
1 admet n racines n-ièmes distinctes : wk “ ei n , k “ 0, 1, 2, . . . , n ´ 1.
1
On a : wk “ pw1 qk et pwk q´1 “ “ wk “ wn´k .
wk
En particulier
n “ 2 : les racines carrées de 1 sont ´1 et 1.
i 2π i 4π
n “ 3 : les racines cubiques? de 1 sont 1, e 3 et e 3 . ?
2π 1 3 4π 1 3
On note j “ ei 3 “ ´ ` i , on a alors j 2 “ ei 3 “ ´ ´ i et 1 ` j ` j 2 “ 0.
2 2 2 2
Proposition 4.2.2
Soit Z un nombre complexe non nul, et soit α une racine de Z. Les racines n-ièmes de
Z sont les nombres complexes αwk , k “ 0, 1, . . . , n ´ 1.
Preuve ´ z ¯n z
z une racine n-ième de Z ðñ z n “ Z “ αn ðñ “ 1 ðñ “ wk ðñ z “
α α
αwk , k “ 0, 1, . . . , n ´ 1. 

4.3 Équation du second degré à coefficients com-


plexes
On admet le théorème suivant
Théorème 4.3.1
Soit l’équation (E) : az 2 ` bz ` c “ 0, pa, b, cq P C˚ ˆ C2 .
(E) admet deux solutions complexes
´b ´ δ ´b ` δ
z1 “ et z2 “ où δ est une racine de ∆ “ b2 ´ 4ac.
2a 2a
Exercice 4.1
Le plan est complexe rapporté à un repère orthonormé pO, ~u, ~v q. On considère dans C
les équations :
pEq : z 2 ´ p4 ` iqz ` 5p1 ` iq “ 0 ; pF q : z 3 ´ p8 ` 5iqz 2 ` p17 ` 25iqz ´ 40i “ 0.
1. Résoudre l’équation pEq
2. Résoudre l’équation pF q sachant qu’elle admet une solution dont le point image
dans le plan complexe appartient à la droite d’équation y “ x.

4.4 Nombres complexes et géométrie plane


4.4.1 Configuration de trois points
Soit a, B et M trois points du plan complexe, deux à deux distincts, d’affixes res-
z´b
pectives a, b et z. Considérons le nombre complexe Z “ :
z´a
$
& |Z| “ |z ´ b| “ BM
|z ´ a| AM
ÝÝÑ ÝÝÑ
argpZq “ argpz ´ bq ´ argpz ´ aq “ pAM , BM qrπs;
%

38 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 4. CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 4.5. EXERCICES

z´b
Ainsi, le nombre caractérise la position du point M par rapport à A et B. Par
z´a
exemple on a :
z´b π
‚ ABM équilatéral ðñ “ e˘i 3
z´a
z´b π
‚ ABM isocèle rectangle ðñ “ e˘i 2 .
z´a

4.4.2 Transformations du plan complexe


Soit f : z ÞÑ z 1 “ az `b une application de C dans C ; nous pouvons lui associer une
application F du plan complexe P dans lui même, qui à tout point M pzq on associe le
point M 1 pz 1 q. Nous allons interpréter géométriquement F dans certains cas particuliers :
‚ z ÞÑ z
F est la symétrie orthogonale d’axe, l’axe des réels.
‚ z ÞÑ z ` b
F est la translation du plan de vecteur Ñ
Ý
u d’affixe b dont la réciproque est une
Ñ
Ý
translation de vecteur ´ u .
‚ z ÞÑ z 1 “ az ` b, a P C ˚ zt1u
b
F possède un unique point invariant Ω d’affixe zΩ “ et on a
1´a
pz 1 ´ zΩ q “ apz ´ zΩ q “ ρeiα pz ´ zΩ q, où ρ “ |a| et α “ argpzqr2πs, c’est-à-dire
ÝÝÑ ÝÝÑ
ΩM 1 “ ρΩM et pΩM , ΩM 1 q “ αr2πs.

F est la composée de la rotation de centre Ω, d’angle α et d’une homothétie de


centre Ω et de rapport ρ. Sa réciproque est la composée de la rotation de centre
1
Ω, d’angle ´α et d’une homothétie de centre Ω et de rapport .
ρ
F est donc une similitude directe. Réciproquement, toute similitude directe, trans-
lation ou composée rotation-homothétie, est associée à une application de C dans
C de la forme z ÞÑ az ` b.

4.5 Exercices
Exercice 4.2
Soit z et z 1 deux nombres complexes de module 1 et a un réel. On note

Z “ z ` z 1 ` azz 1 et Z 1 “ z ` z 1 ` zz 1 ` a.

1. Montrer que Z 1 “ zz 1 Z et que |Z 1 | “ |Z|.


1 z ` z1
2. On suppose que 1 ` zz ‰ 0. Montrer que le nombre u “ est réel.
1 ` zz 1
Exercice 4.3
Calculer les sommes suivantes
1. n n
ÿ ÿ
S1 “ cos kx ; S2 “ sin kx
k“0 k“0

39 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
CHAPITRE 4. CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 4.5. EXERCICES

2. n n
ÿ ÿ
S2 “ cos2 kx ; S3 “ sin2 kx
k“0 k“0

Exercice 4.4
Soit A, B, C trois points distincts du plan complexe d’affixes a, b, c. Montrer que les
trios propositions suivantes sont équivalentes :
1. ABC est un triangle équilatéral
2. j ou j̄ est solution de l’équation az 2 ` bz ` c “ 0
3. a2 ` b2 ` c2 “ ab ` bc ` ca
Exercice 4.5
Dans le plan affine complexe orienté, on considère les points A et B d’affixe 1 et i
respectivement.
π
Soit R la rotation de centre A et d’angle de mesure et S la symétrie de centre B.
2
Donner la nature et les éléments caractéristiques de S ˝ R.

Exercice 4.6
Soit a P R. Montrer que dans C, les solutions l’équation

pz ` 1qn “ e2ina , n P N˚

sont de la forme
„ ˆ ˙ ˆ ˙
kπ kπ
zk “ ´1 ` cos 2 a ` ` i sin 2 a ` , k “ 0, 1, . . . , n ´ 1.
n n
En déduire la valeur de
n´1 ˆ ˙
ź kπ
Pn “ sin a ` , n P N˚ .
k“0
n

(On pourra calculer de deux manières différentes le produit des racines de l’ équation
proposée).

40 KATCHEKPELE Edoh/FaST/UK/2023-2024
Bibliographie

[1] A. Bodin, B. Boutin and P. Romon Cours de Matématiques, première année Exo
7
[2] M. Allanna-Chavalier and X. Oudot, H Prepa Tout en Un MATHS, Hachette
Supérieur, 2008.
[3] M. Serfati, Exercices de mathématiques 1. Algèbre, Belin, 1897.
[4] D. Degrave and C. Degrave, Précis de Mathématiques Algèbre : Cours, méthode et
exercices, Bréal, 2000.
[5] B. Calvo, J. Doyen, A. Calvo and F. Boschet, Exercices d’algèbre, Armand Co-
lin Collection U
[6] M. Queysanne, Algèbre, Armand Colin Collection U

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