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Licence 3 Mathématiques

Université Rennes 1
ENS Rennes

AL3 - Algèbre linéaire et bilinéaire


Contrôle continu 1.
19 octobre 2022 - Durée : 1h
Les documents et calculatrices son interdits. Veuillez garder vos téléphones éteints et rangés pendant
toute la durée de l’épreuve. Toutes les réponses doivent être dûment justifiées.

Question de cours
p ≥ 0 un entier.
Soit E un K-espace vectoriel et soitV
Énoncer la propriété universelle de p E, la p-ème puissance extérieure de E.

Réponse.
On note (x1 , . . . , xp ) 7→ x1 ∧V· · · ∧ xp l’application p-linéaire alternée canonique E p → p E.
V
La propriété universelle de p E s’énonce alors comme suit :
Pour tout K-espace vectoriel E ′ et pour toute application p-linéaire alternée f : E p → E ′ , il
existe une unique application linéaire f˜ : p E → E ′ telle que pour tout (x1 , . . . , xp ) ∈ E p ,
V
f˜(x1 ∧ · · · ∧ xp ) = f (x1 , . . . , xp ).

Exercice 1.
Soit E un K-espace vectoriel et E1 , E2 des sous-espaces vectoriels de E.
1. Rappeler la définition de la somme E1 + E2 et justifier que E2 est un sous-espace vectoriel
de E1 + E2 .

Réponse.
Considérons l’application linéaire Σ : E1 × E2 → E définie par (x1 , x2 ) 7→ x1 + x2 .
Alors par définition, E1 + E2 est l’image de cette application, et E2 = Σ({0} × E2 ) en
est un sous-espace vectoriel.

On considère l’application composée de l’injection canonique ι : E1 → E1 + E2 et de la


projection canonique π : E1 + E2 → (E1 + E2 )/E2 .
2. Démontrer que π ◦ ι est surjective.

Réponse.
Soit y ∈ (E1 + E2 )/E2 . On dispose de x ∈ E1 + E2 tel que y = π(x). Par définition de
E1 + E2 , on dispose de (x1 , x2 ) ∈ E1 × E2 tels que x = x1 + x2 . On a alors y = π(x1 ) =
π ◦ ι(x1 ). Cela montre que π ◦ ι est surjective.

3. Déterminer ker(π ◦ ι).

Réponse.
Par définition du noyau et de π et ι, on a :
ker(π ◦ ι) = {x ∈ E1 | π(x) = 0} = {x ∈ E1 | x ∈ E2 } = E1 ∩ E2 .
4. En déduire que π ◦ ι induit un isomorphisme E1 /(E1 ∩ E2 ) → (E1 + E2 )/E2 .

Réponse.
Par propriété universelle du quotient, π ◦ ι induit une application linéaire E1 /(E1 ∩
E2 ) → (E1 + E2 )/E2 , et d’après le théorème d’isomorphisme, cette application est un
isomorphisme (car π ◦ ι est surjective de noyau E1 ∩ E2 ).

5. Démontrer que dim(E1 + E2 ) + dim(E1 ∩ E2 ) = dim E1 + dim E2 .

Réponse.
En général, si F ⊂ E est un sous-espace vectoriel, on a dim(E/F ) + dim F = dim E.
Remarquons que si l’un des espaces E1 /(E1 ∩ E2 ) ou (E1 + E2 )/E2 est de dimension
infinie, alors E1 est de dimension infinie, d’où l’égalité voulue.
Sinon, dim E1 /(E1 ∩ E2 ) = dim(E1 + E2 )/E2 est finie. On obtient dim(E1 + E2 ) −
dim E2 = dim(E1 + E2 )/E2 et dim E1 − dim(E1 ∩ E2 ) = dim(E1 /(E1 ∩ E2 )). Cela
montre l’égalité attendue.

Exercice 2.
Soient E, F deux K-espaces vectoriels de dimension finie.
1. Soient φ ∈ E ∗ et ψ ∈ F ∗ . Démontrer qu’il existe une unique application linéaire Mφ,ψ :
E ⊗ F → K telle que pour tout (x, y) ∈ E × F , Mφ,ψ (x ⊗ y) = φ(x)ψ(y).

Réponse.
On considère l’application M̂φ,ψ : E × F → K définie par M̂φ,ψ (x, y) = φ(x)ψ(y).
Par linéarité de φ et ψ, et bilinéarité de la multiplication dans K, cette application est
bilinéaire. Par propriété universelle de E ⊗ F , il existe une unique application Mφ,ψ ∈
L(E ⊗ F, K) telle que pour tout (x, y) ∈ E × F , Mφ,ψ (x ⊗ y) = M̂φ,ψ (x, y) = φ(x)ψ(y).
Cela montre bien l’existence et l’unicité de Mφ,ψ comme attendu.

2. Justifier que l’application :

E ∗ × F ∗ → (E ⊗ F )∗
M :
(φ, ψ) 7→ Mφ,ψ

est bilinéaire.

Réponse.
Montrons la linéarité par rapport à la première variable. Soient φ, φ′ ∈ E et λ ∈ K.
Soit (x, y) ∈ E × F , alors

Mλφ+φ′ ,ψ (x⊗y) = (λφ+φ′ )(x)ψ(y) = λφ(x)ψ(y)+φ′ (x)ψ(y) = λMφ,ψ (x⊗y)+Mφ′ ,ψ (x⊗y).

Ainsi, l’application linéaire Mλφ+φ′ ,ψ − λMφ,ψ − Mφ′ ,ψ est l’unique application linéaire
E ⊗ F → K telle que pour tout (x, y) ∈ E ⊗ F , x ⊗ y 7→ 0 : elle est donc nulle. On a
bien Mλφ+φ′ ,ψ = λMφ,ψ + Mφ′ ,ψ .
On démontre de même la linéarité par rapport à la deuxième variable.

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3. En déduire qu’il existe une unique application linéaire m : E ∗ ⊗ F ∗ → (E ⊗ F )∗ telle que
pour tout (φ, ψ) ∈ E ∗ × F ∗ , et pour tout (x, y) ∈ E × F ,

m(φ ⊗ ψ)(x ⊗ y) = φ(x)ψ(y).

Réponse.
L’application M : E ∗ × F ∗ → (E ⊗ F )∗ définie à la question précédente est bilinéaire.
La propriété universelle de E ∗ ⊗ F ∗ assure alors l’existence et l’unicité d’une application
linéaire m comme attendu.

4. Démontrer que m est un isomorphisme.

Réponse.
Soient (e1 , . . . , en ) et (f1 , . . . , fm ) des bases respectives de E ∗ et F ∗ , et (e∗1 , . . . , e∗n )
∗ ∗
P (f1 , . . ∗. , fm )∗ les bases duales correspondantes. Soit g ∈ ker M , on peut écrire g =
et
i,j λij ei ⊗ fj . Par hypothèse, pour tout (k, l), on a λkl = m(g)(ek ⊗ fl ) = 0. Cela
montre que m est injective. Par égalité des dimensions, m est un isomorphisme.

Soient E1 , E2 , F1 , F2 des K-espaces vectoriels de dimension finie. Soient u ∈ L(E1 , E2 ) et


v ∈ L(F1 , F2 ).
5. Justifier l’existence d’une unique application linéaire u ⊗ v : E1 ⊗ F1 → E2 ⊗ F2 telle que
pour tout (x1 , y1 ) ∈ E1 ⊗ F1 , (u ⊗ v)(x1 ⊗ y1 ) = u(x1 ) ⊗ v(y1 ).

Réponse.
L’application E1 × F1 → E2 ⊗ F2 définie par (x1 , y1 ) 7→ u(x1 ) ⊗ v(y1 ) est bilinéaire par
linéarité de u et v et bilinéarité du produit tensoriel. La propriété universelle de E1 ⊗ F1
montre alors le résultat attendu.

On note m1 (resp. m2 ) l’isomorphisme E1∗ ⊗ F1∗ → (E1 ⊗ F1 )∗ (resp. E2∗ ⊗ F2∗ → (E2 ⊗ F2 )∗ )
analogue de celui construit à la question 3.
6. Démontrer que m1 ◦ (t u ⊗ t v) = t (u ⊗ v) ◦ m2 .

Réponse.
Soit (φ, ψ) ∈ E2∗ × F2∗ , et soit (x, y) ∈ E1 × F1 . Alors, d’une part :

m1 ((t u ⊗ t v)(φ ⊗ ψ))(x ⊗ y) = m1 ((φ ◦ u) ⊗ (ψ ◦ v))(x ⊗ y) = φ(u(x))ψ(v(y)),

et d’autre part :

(t (u ⊗ v)(m2 (φ ⊗ ψ))(x ⊗ y) = m2 (φ ⊗ ψ)(u(x) ⊗ v(y)) = φ(u(x))ψ(v(y)).

Les applications linéaires m1 ((t u ⊗ t v)(φ1 ⊗ ψ2 )) et t (u ⊗ v)(m2 (φ2 ⊗ ψ2 )) coïncident sur


les tenseurs décomposés de E1 ⊗ F1 , donc sont égales. Ainsi, les applications linéaires
m1 ◦ (t u ⊗ t v) et t (u ⊗ v) ◦ m2 coïncident sur les tenseurs décomposés de E2∗ ⊗ F2∗ , et
sont donc égales.

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