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Przemysław Mąka SJ – 9.

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Séance 5 Reprise personnelle


Christianisme et temporalité
« Les rayons ou la voie éternelle »
En lisant le deuxième livre de la troisième partie d’Étoile de la Rédemption, je me suis
trouvé plusieurs fois remis en question. J’ai consulté suffisamment de texte de l’auteur pour
entendre que l’une de ses caractéristiques est d’abord de poser le sujet d’une attitude très dure,
dérangeante même, puis de la problématiser en énonçant les distinctions qui vont nous
conduire à une autre manière de comprendre le sujet. Par exemple : au début de la partie où il
va traiter du christianisme, il se réfère à Maimonide qui parle de « grande tromperie qui
voudrait faire adorer à côté de Dieu un autre »1 et à la prophétie de Daniel sur les « fils
renégats ». Pourtant, au fil de la lecture, on saisit très vite que, grâce à cette voie qui s’étend
sans limites jusqu’à des îles lointaines, « tous s’occupent maintenant des paroles de la
Thora »2. Mais, à la fin la façon dont le christianisme est dépeint, cependant, ne me semble
pas tout à fait satisfaisante.
Au cours de la discussion qui s’est développée pendant notre réunion, nous avons
remis en question l’affirmation selon laquelle la seule contribution du christianisme par
rapport au judaïsme est l’universalisation du message biblique. Pourquoi y a-t-il alors une
voie éternelle du christianisme ? Dieu seul le sait. Mon intuition, en cherchant des réponses
possibles de la part de l’auteur, est qu’il n’est pas anodin que l’esthétique imbriquée tout au
long du livre trouve sa pleine expression précisément dans la section sur le christianisme.
Dans une série de trois analyses sociologiques de l’art, correspondant aux analyses de la vie
communautaire juive et du silence qu’elle découvre, Rosenzweig me semble être l’héritier de
Hegel, mais en même temps son critique. Car il s’oppose aux approches idéalistes et établit un
lien significatif entre l’art et le sacrement. Ainsi, la poésie, qui « bricole » le sens d’un
événement qui échappe au langage, l’événement de l’éternité, se développe vers le silence du
geste et sort de son cadre livresque sous la forme de la danse. Cette forme qui exprime la
célébration de la Rédemption dans la communauté juive, à l’image du hassid dansant, et qui
n’a pas trouvé sa place dans l’Église, passe à une forme sacramentelle qui « peut consacrer
l’individu pour qu’il entre dans le monde qui est la voie de la Rédemption. »3 Alors, le
christianisme apparaît vivre toujours autour du commencement exprimé par le Baptême.
En conclusion, la lecture du christianisme proposée par Rosenzweig renvoie à la
redécouverte d’éléments peut-être oubliés à un moment donné, comme : la place clé du
sacrement du baptême. En revanche, l’opposition entre le peuple juif qui continue
inlassablement au-delà du temps à vivre déjà la Rédemption qu’il attend constamment et les
chrétiens qui, étant constamment en chemin, ne vivent pas la Rédemption que par
anticipation, ne s’accorde pas avec ma compréhension de la dimension du « déjà » accompli
dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, disponible par le Baptême précisément pour
tous les croyants.

1
Franz Rosenzweig, L’étoile de la Rédemption, p. 468.
2
Ibid.
3
Ibid., p. 519
Przemysław Mąka SJ – 9.11

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