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Hommage à Halima Sadki1

Cela veut dire, très Cher ami, que la fameuse "oumma" n'existe
pas et c'est en partie ce qui m'agace quand j'entends parler de
"frères". Non, je ne suis le frère pas plus que la soeur de ces pays !
Mes soeurs et mon frère viennent des mêmes géniteurs que moi,
et on les nomme : père et mère et ceci dans toutes les langues et
toutes les cultures. Bien sûr, que la participation d'Israël à
l'Eurovision est une hérésie ! Ou alors, et c'est ce que je pense et
nous sommes un certain nombre à le penser, Israël est bien sûr
une colonie - cela personne ne peut en douter car ce "pays" s'est
créé exactement comme l'Algérie Française s'est créée en 1830,
par l'appropriation des terres qui étaient déjà bel et bien cultivées
et qui étaient toutes propriétés de familles, clans, "tribus" depuis
des centaines d'années, les massacres de masse et je me
"contenterai" si j'ose des fameuses enfumades, de destructions de
villes (Alger en premier) pour y installer en lieu et place des villes
et/ou villages européens, avec kiosque à musique pour les
manifestations du 14 juillet, immeubles haussmanniens, certes
très beaux surtout ceux de l'Amirauté à Alger, face au port et donc
à la mer, mais sur les décombres de centaines de palais, de
mosquées, de maisons traditionnelles à patios et jardins
d'agréments et potagers. La casbah elle-même descendait jusqu'à
la mer et occupait une grande partie de la ville d'Alger, le fameux
jardin d'Essai, copie du Jardin des Plantes de Paris, ayant été
lui-même le fruit et la conséquence de toutes ces destructions. Le

1
Enfin une femme arabe a réagi à ma réflexion sur la non-légitimité d’Israël, merci
Halima. Amin Elsaleh
très beau film : "La dernière reine" sorti il y a peu sur les écrans, a
été tourné dans un palais reconstitué car le vrai a été détruit
en............... 1840 ! c'est-à dire, dix ans après le premier soldat
français sur le sol algérois. Et que dire du lieu-dit, Champ de
Manoeuvres, le bien-nommé, construit sur des maisons, des
palais, des mosquées afin de permettre aux officiers français de
faire manoeuvrer leur troupe ! Et j'en passe car la liste serait trop
longue. Pour revenir à Israël, oui c'est donc bien une colonie en
principe située au Proche-Orient, et que je sache ni le
réchauffement climatique ni les plaques tectoniques n'ont encore
provoqué de tels changements radicaux quant aux frontières !

Israël doit donc être définitivement réinstallé en.......................


Occident !

Cordialement,

Halima SADKI

ART TRADITION ET CULTURE


Kaouther Adimi Romancière

Née en 1986 à Alger, Kaouther Adimi est née à Alger en 1986.


Après une licence de langue et littérature françaises en Algérie,
elle s'installe à Paris, où elle obtient un master de management
international des ressources humaines. Elle est lauréate du Prix du
jeune écrivain francophone de Muret en 2006 et en 2008 et du
Prix du FELIV (Festival international de la littérature et du livre de
jeunesse d’Alger) en 2008. Deux de ses nouvelles ont été publiées
dans des recueils : Le Chuchotement des anges dans « Ne rien
faire et autres nouvelles » (éd. Buchet-Chastel, 2007) et_Le sixième
œil_ dans le recueil collectif « Alger la nuit » (éd. Barzakh, 2011).
Son premier roman, livre polyphonique sur la jeunesse algérienne
a été édité à deux reprises : en 2010 en Algérie par les éditions
Barzakh sous le titre Des ballerines de papicha et l’année suivante
en France par Actes Sud sous le titre L’Envers des autres .
Témoignage
La littérature algérienne en langue française se distingue et gagne
des prix.
Pour Kaouther Adimi, il s'agit de son dernier roman “Au vent
mauvais”.
"Ses nouvelles ont été distinguées à plusieurs reprises par le prix
du jeune écrivain francophone de Muret (2006 et 2008) et par le
prix du FELIV (Festival international de la littérature et du livre de
jeunesse d’Alger) en 2008.
« L’Envers des autres« , son premier roman publié en mai 2011 aux
éditions Actes Sud a auparavant été édité en Algérie par les
éditions Barzakh sous le titre « Des ballerines de Papicha » en juin
2010. Elle a obtenu le Prix de la Vocation en 2011. En 2016, paraît
son deuxième roman « Des pierres dans ma poche » aux éditions
du Seuil. Il a bénéficié d’un succès critique et de sélections sur de
nombreuses listes de prix.
« Nos richesses » est publié en 2017. Il a obtenu le prix Renaudot
des lycéens 2017, le prix du Style 2017, le prix Beur FM
Méditerranée 2018 et une mention Spéciale du prix littéraire
Giuseppe Primoli 2018.
Trois personnages aux destins croisés
Ce cinquième roman inspiré de son histoire familiale est considéré
comme l’œuvre la plus étoffée de l’écrivaine. Au vent mauvais met
en scène trois personnages aux destins croisés. Leïla, Tarek et Saïd
qui grandissent dans un village de l’est de l’Algérie, au début des
années 1920. La première, mariée très jeune contre son gré,
décide de se séparer et retourne chez ses parents, avec son fils,
dans la réprobation générale. Tarek est un berger timide et discret.
Saïd, lui, vient d’une famille plus aisée et poursuit des études à
l’étranger. Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla.
La Seconde Guerre mondiale envoie les hommes au front, ils se
perdent de vue. Saïd devient un homme de lettres. Tarek, rentré
au village, épouse Leïla et adopte l’enfant. Trois filles suivront.
Bientôt il rejoint la lutte pour l’indépendance, puis participe au
grand tournage de La Bataille d’Alger, avant de partir travailler dans
une usine, en région parisienne. Par une suite de hasards
inattendus, il se retrouve gardien d’une magnifique villa à Rome.
Leïla, elle, connaît le sort des femmes rurales de l’époque.
Cantonnée dans l’éducation des enfants et les tâches ménagères,
elle décide d’apprendre à lire et à écrire pour se sortir de sa
condition. Mais la publication du premier roman de Saïd vient
bouleverser la vie du couple. Tarek doit rentrer au plus vite.
En suivant le parcours de ses trois personnages, Kaouther Adimi
dresse une fresque de l’Algérie, à travers presque un siècle. De la
colonisation à la lutte pour l’indépendance, à l’été 1992, quand la
guerre civile éclate pour ensanglanter le pays pendant près d’une
décennie...."
Courrier de l'atlas

Abdelkrim Haouari
Iftar mémorable hier à Alger

‫ اﻟﻣﺟﻠس اﻟﺷﻌﺑﻲ ﻟﺑﻠدﯾﺔ اﻟﺟزاﺋر اﻟوﺳطﻰ‬Apc Alger Centre


Le premier pas Parisien de BROKK'ART dans le monde du fashion
design s’est fait par la grande porte , celle de l’ Institut du monde
arabe
Une des doyennes de l'art contemporain , madame Souhila Belbahar (1934-2023)
nous a quittés hier soir , paix à son âme.
L'artiste peintre des femmes pétales sera toujours parmi nous car les artistes sont
immortels. Beya Benamane

HOURIA (2023)
• Film de Mounia Meddour • • Au cinéma le
15-03-2023 • Angoulême 2022

• Musique originale composée par Maxence


Dussère, Yasmine Meddour
PROPOS DE LA RÉALISATRICE
L’idée de ce duo est née d’une volonté de
conjuguer deux univers. Celui de la pianiste
compositrice Yasmine et celui du compositeur
Maxence, passionné de musique électronique. La
musique de la chorégraphie de fin a été
composée en premier car nous en avions besoin
pour les répétitions et le tournage. Je voulais que
cette musique soit organique, charnelle, presque
tribale avec des percussions vives et envoûtantes.
Après plusieurs allers-retours, on a trouvé
l’alchimie parfaite et de cette composition finale a
découlé le reste de l’esthétique musicale du film.
Les compositions racontent le tourment et la
reconstruction de Houria. Au départ c’est une
musique fragile composée de fragments
rythmiques mélodiques qui évolue vers une
musique puissante et la voix chantée vient
s’imposer comme un cri de liberté. Le parti pris
était de faire intervenir la musique seulement
après l’agression et la perte de la voix. L’intention
était de donner une voix à Houria alors que
celle-ci la perd à la suite de l’agression. Cette
musique devient la sienne, au même titre que son
corps lui réappartient petit à petit.
MOUNIA MEDDOUR

LE BOUQUINISTE D’ALGER

Pensée, hommage et paix à l'âme de Aami Mouloud ,le bouquiniste d'Alger ...
C’était une figure familière pour tous ceux qui aiment lire. Son magasin, situé en haut
de la Rue Didouche était souvent empli de clients. Les uns prennent le temps de
fouiller le long ou en bas des étagères. D’autres sont pressés d’acheter un livre qu’ils
savent introuvable ailleurs. Il vendait aussi des magazines écornés ou récents, des
disques 33 tours.
Aami Mouloud avait un rituel bien réglé. Il arrivait très tôt le matin mais n’ouvrait «
l’étoile d’Or » qu’aux environs de huit heures après avoir remonté la rue à pas pressés
. Derrière ses lunettes, il était toujours la, à nettoyer un ouvrage usé, à recoller les
feuilles d’un autre. Il mettait souvent de coté un titre pour des habitués et n’encaissait
jamais sans dire merci. Sous son faux air de distrait , il ne perdait rien du mouvement
des « fouineurs », arrivant parfois à surprendre ceux qui piquent un livre. Il n’en faisait
jamais un scandale. Rien ne l’irritait plus que ceux qui demandaient des livres
scolaires ou ces essaims de bambins qui se moquaient parfois de sa perruque en
détalant de toutes leurs jambes dés qu’il sortait sur le seuil de la porte.
L’homme trônait derrière son comptoir depuis 1951. Il aimait parler souvent à ceux
qui prennent le temps de l’écouter de son ancienne patronne. Il était rentré chez elle
tout jeune comme apprenti. A son départ en 1962, elle cédera tout à Mouloud qui un
bref passage dans une société d’assurance retrouvera vite son royaume. Il s’honore
depuis d’avoir vu défiler dans son étroit magasin des ministres, des chanteurs et
surtout Camus, George Arnaud, Tahar Djaout , Mimouni et tant autres. Dans le
quartier du Salembier ou sa famille venue de Guenzet, comme tant d’autres de Petite
Kabylie s’y était établie, il avait connu le grand écrivain Mouloud Feraoun.
Avec Mouloud on n’était jamais en rupture de confidences. Il parlait souvent de son
fils en Suisse ou il se rendait régulièrement. Il regrettait le faste de la Rue Didouche
qu’il a connue meilleure. De ce jour aussi qu’il évoquait avec le même soupir. Le maire
de Paris Delanoë de passage à Alger avait changé de trottoir à la vue de l’enseigne
s’était engouffré chez lui avec toute la délégation. « La ou aucun maire d’Alger n’a
jamais daigné prendre une photo avec moi », disait-il en exhibant une pile de ses
portraits et une lettre de l’édile. Mouloud connaissait Steinbeck, Guy des Cars,
Margaret Mitchell, « Rebecca » de Daphné du Maurier ou « la condition humaine » de
Malraux. Lui n’aimait pourtant lire que les policiers et deux ou trois quotidiens.
Le meilleur hommage qui lui a été rendu est sans doute cette nouvelle qu’il a inspirée
à notre confrère Améziane Ferhani . Elle ouvre son recueil « Traverses d’Alger » paru
l’an dernier. Mouloud ne pouvait pas ne pas habiter un jour le royaume des livres qu’il
avait servi. Avec sa disparition , la Rue Didouche ne sera plus la même.
Rachid Hammoudi journaliste et écrivain 2016
QUI EST Lazhari Labter2?

Le journaliste, poète et éditeur algérien Lazhari Labter a été


interpellé dimanche en fin de journée par la police à Alger et a

2
Lazhari Labter, né le 8 janvier 1952 à Laghouat, est un journaliste, poète et éditeur algérien qui vit
et travaille à Alger.

Biographie

Ancien journaliste, licencié en lettres françaises, Lazhari Labter a travaillé dans plusieurs journaux de
1976 à 2000 avant de se lancer en 2001 dans l'édition. Il a été directeur des éditions Anep de 2001 à
2005 et directeur des éditions Alpha de 2005 à 20081. Il a fondé les éditions Lazhari Labter en 2005,
sa propre maison d'édition où il a publié, en français et en arabe, une soixantaine d'ouvrages,
jusqu'en 2015, date de la fermeture de la maison.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lazhari_Labter
passé la nuit dans un commissariat sans que les motifs de son
interpellation ne soient connus, selon sa famille.

"Deux agents en civil se sont présentés au domicile de Lazhari


Labter vers 18H30 (17H30 GMT) avec une convocation dont
j'ignore le contenu", a publié son fils Amine sur son compte
Facebook, ajoutant qu'il ne savait pas "quelle autorité ni pour
quelle raison il était retenu". Dans la nuit, il a annoncé que son
père âgé de 70 ans était "au commissariat central (d'Alger)"et
qu'"il passerait la nuit là bas".

Lazhari Labter a publié une quarantaine d'ouvrages de poésie,


roman et chroniques. Il est également spécialiste de la bande
dessinée algérienne à laquelle il a consacré deux ouvrages. Il a en
outre édité plus d'une soixantaine de livres. En tant qu'éditeur, M.
Labter a été président du Syndicat professionnel du livre (SPL).
Lazhari Labter a été Coordinateur chargé des projets médias pour
le Maghreb de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et
est un membre fondateur du Syndicat national des journalistes
(SNJ).
Plusieurs journalistes algériens sont en prison après des
condamnations ou dans l'attente de leur jugement, selon la Ligue
algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). L'Algérie
figure à la 134e place (sur 180) du classement mondial de la liberté
de la presse 2022 établi par RSF.

https://www.lorientlejour.com/article/1318855/algerie-un-poete-e
t-editeur-interpelle-par-la-police.html

EVENEMENTS

Une nouvelle Galerie d’Art, vient d’ouvrir à Bou-Saâda, juste à côté


de l’hôtel Kerdada.
C’est l’œuvre de l’artiste peintre Bou-sadienne, Fatna Taboussi.
En plus du tourisme, de l’art et la culture, la Cité du Bonheur est
aussi la ville des artistes.
Félicitations à la jeune artiste et bon vent.
Aicha Bouabaci
"Quand la lumière du désert éclaire la parole
du poète "

Etre poète c’est avoir une extrême


sensibilité pour faire passer un
message humanitaire, prenons un
exemple :

La Joie

« Mes yeux rivés sur la falaise


De la blanche fatalité

En fouillant chaque entaille

Pour libérer la vérité

De ses froides entrailles »

Extrait du recueil « La lumière du désert


» par Aïcha Bouabaci

A suivre demain

Je continue « Je suis l’étrangère »

« Je suis l’étrangère

Venue semer

Ses mots
De barde exilé

Dans le sable terni

Des plages désertées

D’Alexandrie

Je suis l’étrangère

Scrutant l’univers

Poli

De maux étranges

Perfides éclats de verre

Qui percez la fragile candeur

De l’émotion censurée
Vigie persécutée

Face à l’orage noir

Des rancœurs ceinturées

Mais l’écho cet étrange absent

A fermé ses portes

Tôt le matin

Pour suivre sur l’onde

L’oracle des ancêtres

Éteints

Hiéroglyphes dansants

Dans le bleu azur


De la Reine-mer

Face à la mer

Le regard égaré

Caressant

Les plis croissants

Des vagues tumultueuses

Moi l’étrangère… »

Ce poème reflète un attachement


inébranlable à une ville que j’ai connue,
comme une amante restée éternelle
dans les bras de celui qui l’a aimé à
jamais. La poétesse exprime nos
sentiments les plus intenses avec une
légèreté qui traverse ciel et terre pour
atterrir au fond de notre cœur. Oui
Alexandrie vous êtes l’âme des marins
qui ont navigué sur vos flots avec
sérénité et une passion déterminée à
vous rendre un éternel hommage.

Ecoutez cette musique vous comprenez,


merci Aïcha d’avoir éclairé ma lanterne.

https://www.youtube.com/watch?v=7i4_
_kebvQw

Laylyya
Tigresse rouge
Née du désordre stellaire Parasite de luxe
Accrochée à la lune envoûtée Les étincelles cisaillées
Recouvrent
Invisibles lutins

Les parterres plébéiens Chiffons d’honneurs Agités


pardessus la masse Fourvoyée
Ce soir les étoiles dépenaillées Chantent en sourdine
Leur misère non écrite Qui viendra redonner vie À la
princesse endormie ? Légendes éculées
Que les troublions consacrés Chantent à tue-tête
Pour assourdir les titubantes Velléités
Troublants songes D’un été enragé
Les délires se suivent Et se défient
Cornes rouges
D’une corrida endiablée Orchestre délesté
Et maîtres improvisés

Cet extrait du dernier poème de cette œuvre


attachante de Aïcha Bouabaci m’a de nouveau fait
traverser son recueil « « La lumière du désert » », je
ne cherche pas à rêver dans un monde arabe qui
subit sa déchéance ce même jour du 5 juin
commémoré par la pièce du géant dramaturge
Saa’dalla Wannous, je cherche
« Les mots pour les dire
Entortillés
Échevelés

Comme ces nuits désordonnées”

Aucune vérité ne saura nous surprendre en se rappelant cette défaite, il n’y a que
la sensibilité d’un poète qui puisse sensibiliser notre soif d’aimer notre terre et de
se sacrifier pour cette Laylyaa
“Nocturne
Belle et chiffonnée
Sous les lunes
Des déserts réunis”.

Laylyya: 1ère tentative de traduction

Laylyya

Tigresse rouge
Née du désordre stellaire
Parasite de luxe
Accrochée à la lune envoûtée
Les étincelles cisaillées
Recouvrent
Invisibles lutins
Les parterres plébéiens
Chiffons d’honneurs
Agités pardessus la masse
Fourvoyée
Ce soir les étoiles dépenaillées
Chantent en sourdine
Leur misère non écrite
Qui viendra redonner vie
À la princesse endormie ?

‫اﻟﻧﻣرة اﻟﺣﻣراء‬
‫وﻟدت ﻣن اﺿطراب ﻧﺟﻣﻲ‬
‫طﻔﯾﻠﯾﺔ ﻓﺎﺧرة‬
‫ﺗﺗﺷﺑث ﺑﺎﻟﻘﻣر اﻟﺳﺣري‬
‫اﻟﺷرر اﻟﻣﻧﻔﺻﻣﺔ‬
ّ
‫ﺗﻐطﻲ‬
‫اﻟﺟﺎن ﻏﯾر اﻟﻣرﺋﻲ‬
‫أﺣواض اﻟزھور اﻟﻌﺎﻣﺔ‬
‫ﻛﺧِرق ﺷرﻓﯾﺔ‬
‫ﺗﮭﺗز ﻓوق رؤوس اﻟﺟﻣﺎھﯾر اﻟﻣﺿﻠّﻠﺔ‬
‫ﱡ‬
‫ھذه اﻟﻠﯾﻠﺔ اﻟﻧﺟوم اﻟﻣﻣزﻗﺔ‬
‫ﺗﻐﻧﻲ‬
‫ﺑﺻﻣت‬
‫ﺑؤﺳﮭﺎ ﻏﯾر اﻟﻣﻛﺗوب‬
‫ﻣن ﺳﯾﺄﺗﻲ ﻟﯾﻌﯾد إﻟﻰ اﻟﺣﯾﺎة‬
‫اﻷﻣﯾرة اﻟﻧﺎﺋﻣﺔ؟‬

Biographie de Moufdi Zakaria-extrait du


poème"Épris de l'Algérie" et
"Kassaman" l'hymne national
Zekri Cheikh connue sous le nom de Moufdi Zakaria, est né en 1908, une autre source indique qu'il est né le
12 avril 1913, à Béni Izguen (Ghardaïa), descendants des Béni Rostom, fondateurs de Tihert. Mort le 17 août
1977 à Tunis), est un poète algérien, auteur de l'hymne algérien Kassaman, composé en prison en 1955.
Moufdi Zakaria

Nom de naissance Cheikh Zakaria


Activité(s) poète
Naissance 12 avril 1913
Béni Izguen
Algérie

Décès 17 août 1977


Tunis
Tunisie

Langue d'écriture arabe


Œuvres principales
IIlyadat Al Djazaïr (L'Iliade algérienne), 1973,
Al‑llahab Al Moqadass (La flamme sacrée), 1961

Sommaire
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● 1 Biographie
● 2 Oeuvres
● 3 Citation
● 4 Bibliographie
● 5 Notes et références
● 6 Annexes
○ 6.1 Liens
externes

Biographie[modifier]
Surnommé le Poète de la révolution, son véritable nom fut Cheikh Zakaria Ben Slimane Ben Yahia Ben
Cheikh Slimane Ben Hadj Aissa. Le surnom Moufdi, devenu son pseudonyme littéraire, lui a été décerné par
Slimane Boudjenah. Il est né le vendredi 12 Djoumada El Oula de l’an 1326 de l’hégire, correspondant au 12
avril 1913, à Beni Izguen (Ghardaïa) dans la région du Mzab. Il quitte très tôt sont village natale, pour
rejoindre son père, alors, commercent à Annaba où il reçoit son enseignement en école Coranique, et où il
s'initia à la grammaire et au fiqh.

De Annaba Il rejoint Tunis, chez son oncle. Là il poursuit ses études, successivement, à l’École Es-Salem,
l’École El Khaldounia et l’Université de la Zeïtouna. En fréquentant le milieu estudientin algérien à Tunis, il se
lie d'amitié avec le poète tunisien Abou el Kacem Chebbi et le poète algérien Ramadane Hammoud, avec
lequel il fonde l'association littéraire El-Wifaq (l'entente) qui publiait une revue entre 1925 et 1930.

De retour en Algérie, il crée une association similaire, publie la revue El‑Hayet dont seuls trois numéros
sortiront en 1933. Membre actif de l'Association des Etudiants musulmans de l'Afrique du Nord à partir de
1925. Il critique la tendance assimilationniste du mouvement Jeune Algérien, proteste contre les fêtes du
Centenaire en 1930. Bien qu'éprouvant des sympathies pour le mouvement réformiste des Oulémas, c'est à
I'Etoile Nord‑Africaine qu'il adhère lorsque le mouvement s'implante en Algérie vers 1933. Il milite ensuite au
Parti du Peuple Algérien après la dissolution de l'Etoile, compose Fidaou el Djazair, l'hymne du PPA et
participe aux meetings. Arrêté le 22 août 1937 en même temps que Messali Hadj et Hocine Lahoual, il est
libéré en 1939. Il poursuit son action, lance avec des militants du journal Achaâb, collabore avec des journaux
tunisiens en signant El‑Fata El Watani ou Abou Firas.

De nouveau arrêté en février 1940, il est condamné à six mois de prison. En 1943‑1944, il est à la tête, avec
d'autres, d'un restaurant à Alger; il collabore alors à des journaux clandestins: Al‑Watan et L'Action
Algérienne. Après le 8 mai 1945, arrêter, il reste trois ans en prison. Libéré il adhère au MTLD. Candidat aux
élections à l'Assemblée algérienne, il est victime des fraudes électorales.

En 1955, il rejoint le FLN. Arrêté en avril 1956, il est incarcéré à la prison Barberousse à Alger où il écrit
l'hymne national Qassaman qui sera mis en musique, la première fois par Mohamed Triki en 1956, ensuite par
le compositeur égyptien Mohamed Fawzi et enregistré dans les studios de la Radio Télévision Tunisienne en
juillet 1957. Libéré trois ans plus tard, il s'enfuit au Maroc, puis en Tunisie où il collabore au Moudjahid
jusqu'en 1962. Après l'indépendance, il se consacre à la création littéraire. Exerçant la profession de
représentant de commerce en parfumerie (représentant notamment d'une firme belge) il n'aurait pas eu de
domicile fixe.

Poète du mouvement national et chantre de la Révolution algérienne, son souffle est puissant. Sa poésie est
solide et a pour but d'aiguiser la conscience nationale. Le poète mourut en 1977 à Tunis d'une crise
cardiaque, il sera enterré à Beni Isguen.

Oeuvres[modifier]
Moufdi Zakaria est l’auteur des chants patriotiques suivants : l’hymne national algérien « Kassaman », Fidaou
El Djazair, Chant de l’emblème national algérien, Chant des Chouhada, Chant de l’Armée de libération
nationale, Chant de l’Union Générale des Travailleurs Algériens, Chant de l’Union des Étudiants algériens,
Chant de la femme algérienne, Chant Barberousse.

Il compte à son actif, également, le Chant du Congrès du Destin (Tunisie), le Chant de l’Union des Femmes
tunisiennes, le Chant de la bataille historique de Bizerte, le Chant célébrant l’évacuation du Maroc, le Chant
de l’Armée marocaine…, etc.

Ses recueils publiés sont : le Feu sacré (1961), À l’ombre des oliviers' (1966), Sous l’inspiration de l’Atlas
(1976), l’Iliade de l’Algérie en 1001 vers (1972).

De nombreux poèmes publiés dans des journaux algériens, tunisiens et marocains n’ont pas été rassemblés
en recueil. Moufdi Zakaria, qui aspirait à le faire, a pourtant évoqué, dans ses déclarations, l’existence de
recueils intitulés : Chants de la marche sacrée (Chants du peuple algérien révolté en arabe dialectal), Élan
(livre sur la bataille politique en Algérie de 1935 à 1954), le Cœur torturé (poèmes d’amour et de jeunesse), et
d’un recueil réunissant les poèmes écrits dans sa prime jeunesse.

Sa prose, foisonnante, est disséminée dans les organes de presse maghrébins. Moufdi Zakaria a révélé
l’existence d’ouvrages non publiés jusqu’à ce jour, notamment : Lumières sur la vallée du M’Zab, le Livre blanc
, Histoire de la presse arabe en Algérie, 'la Grande Révolution (pièces de théâtre), la Littérature arabe en
Algérie à travers l’histoire (en collaboration avec Hadi Labidi).

Il est détenteur de la Médaille de la capacité intellectuelle du premier degré, décernée par le Roi Mohammed
V le 21 avril 1961, de la Médaille de l’Indépendance et de la médaille du Mérite culturel, décernées par le
Président de la République tunisienne Habib Bourguiba, et, à titre posthume, de la Médaille du Résistant
décernée par le Président Chadli Bendjedid le 25 octobre 1984, d’une attestation de reconnaissance pour
l’ensemble de son œuvre littéraire et son militantisme au service de la culture nationale délivrée par le
Président Chadli Bendjedid le 8 juillet 1987, ainsi que la médaille « El-Athir » de l’ordre du mérite national,
décernée par le Président Abdelaziz Bouteflika le 4 juillet 1999.
Voici l'extrait d'un de ses nombreux poèmes, appelé Épris de l'Algérie [1], extrait de l'Iliade algérienne (‫إﻟﯾﺎذة‬
‫)اﻟﺟزاﺋر‬. La passion qui se dégage de ce poème montre à quel point Moufdi Zakaria aimait, comme tous ses
compatriotes algériens, son pays l'Algérie.

‫( ﻋﺷق اﻟﺟزاﺋر‬ar) Épris de l'Algérie


Algérie, Ô toi Idylle de mon âme

‫ﺟزاﺋر ﯾﺎ ﻟﺣﻛﺎﯾﺔ ﺣﺑﻲ‬ Toi qui as apporté le salut à mon cœur

‫و ﯾﺎ ﻣن ﺣﻣﻠت اﻟﺳﻼم ﻟﻘﻠﺑﻲ‬ Toi qui as inondé mon être d’harmonie

‫و ﯾﺎ ﻣن ﺳﻛﺑﺗﻲ اﻟﺟﻣﺎل ﺑروﺣﻲ‬ Et remplis ma route de lumière

‫و ﯾﺎ ﻣن أﺷﻌت اﻟﺿﯾﺎء ﺑدرﺑﻲ‬

Sans le secours de ta beauté je n’eusse point connu la foi

‫ﻓﻠوﻻ ﺟﻣﺎﻟك ﻣﺎ ﺻﺢ دﯾﻧﻲ‬ Ni le chemin qui mène à Dieu

‫و ﻣﺎ أن ﻋرﻓت اﻟطرﯾق ﻟرﺑﻲ‬ Sans la foi dont mon cœur déborde

‫و ﻟوﻻ اﻟﻌﻘﯾدة ﺗﻐﻣر ﻗﻠﺑﻲ‬ Je n’eusse cru en rien d’autre qu’en mon peuple!

‫ﻟﻣﺎ ﻛﻧت أوﻣن إﻻ ﺑﺷﻌﺑﻲ‬

Mon être s’illumine lorsque je t’évoque

‫إذا ﻣﺎ ذﻛرﺗك ﺷﻊ ﻛﯾﺎﻧﻲ‬ Et des que j’entends ta voix je réponds à ton appel

‫و إﻣﺎ ﺳﻣﻌت ﻧداك أﻟﺑﻲ‬ Proche ou éloigné,

‫و ﻣﮭﻣﺎ ﺑﻌدت و ﻣﮭﻣﺎ ﻗرﺑت‬ Ton amour vit en moi plus fort que je puis le concevoir!

‫ﻏراﻣك ﻓوق ظﻧوﻧﻲ و ﻟﺑﻲ‬

En chaque endroit, les liens sacrés du sang

‫ﻓﻔﻲ ﻛل درب ﻟﻧﺎ ﻟﺣﻣﺔ‬ ne me rattachent-ils pas à ton être ?

‫ﻣﻘدﺳﺔ ﻣن وﺷﺎج و ﺻﻠب‬ En chaque point, un bonheur capricieux

‫و ﻓﻲ ﻛل ﺣﻲ ﻟﻧﺎ ﺻﺑوة‬ ne nous rappela-t-il pas folles amours ?

‫ﻣرﻧﺣﺔ ﻣن ﻏواﯾﺎت ﺻب‬

Chaque coin pour nous n’est-il pas un souvenir

‫و ﻓﻲ ﻛل ﺷﺑر ﻟﻧﺎ ﻗﺻﺔ‬ qui plane sur nos instants de bonheur ou sur les jours de guerres ?

‫ﻣﺟﻧﺣﺔ ﻣن ﺳﻼم و ﺣرب‬ C’est là que m’arrogeant le titre de prophète j’ai écrit mon Iliade,

‫ﺗﻧﺑﺎت ﻓﯾﮭﺎ ﺑﺈﻟﯾﺎذﺗﻲ‬ et que « Mutannabi » lui-même a cru en moi et cru en mon poème !

‫ اﻟﻣﺗﻧﺑﻲ‬, ‫ﻓﺂﻣن ﺑﻲ و ﺑﮭﺎ‬

Nous avons occupé la scène de l’Histoire,

‫ﺷﻐﻠن اﻟورى و ﻣﻸﻧﺎ اﻟدﻧﺎ‬ En déclamant des vers ainsi qu’une prière

‫ﺑﺷﻌر ﻧرﺗﻠﮫ ﻛﺎﻟﺻﻼة‬ Dont les invocations jaillissent de ton âme, Algérie !

‫ﺗﺳﺎﺑﯾﺣﮫ ﻣن ﺣﻧﺎﯾﺎ اﻟﺟزاﺋر‬


Citation[modifier]
Passage du discours de Moufdi Zakaria, au 4e Congrès de l'Association des Étudiants Nord-Africains à
Tlemcen en 1931,

« J'ai foi en Allah comme divinité, dans l'Islam comme religion, dans le Coran comme Imam, dans la Kaâba c
mausolée, dans notre Seigneur Mohammed - bénédiction et salut d'Allah sur lui- comme Prophète et dans l'A
du Nord comme patrie une et indivisible. »

« Je jure sur l'Unicité de Dieu que j'ai foi dans l'unicité de l'Afrique du Nord pour laquelle j'agirai tant qu'il y a
moi un cœur qui bat, un sang qui coule et un souffle chevillé au corps. L'Islam est notre religion, l'Afrique du
notre patrie et l'arabe notre langue. »

« Je ne suis ni musulman, ni croyant, ni Arabe si je ne sacrifie pas mon être, mes biens et mon sang pour libér
chère patrie (l'Afrique du Nord) des chaînes de l'esclavage et la sortir des ténèbres de l'ignorance et de la m
vers la lumière du savoir, de la prospérité et d'une vie heureuse. »

« Tout musulman en Afrique du Nord, croyant en l'unicité de celle-ci, croyant en Dieu et en son Prophète es
frère et partage mon âme. Je ne fais aucune distinction entre un Tunisien, un Algérien, un Marocain; ni en
Malékite, un Hanéfite, un Chaféite, un Ibadite et un Hanbalite: ni entre un Arabe et un Kabyle, un citadin
villageois, un sédentaire et un nomade. Tous sont mes frères, je les respecte et les défend tant qu'ils œuvrent p
cause de Dieu et de la patrie. Si je contreviens à ce principe, je me considérerai comme le plus grand traître
religion et à sa patrie. »

« Ma patrie est l'Afrique du Nord, patrie glorieuse qui a une identité sacrée, une histoire somptueuse, une l
généreuse, une noble nationalité, arabe. Je considère comme exclus de l'unité de ma patrie et exclu
communauté des musulmans quiconque serait tenté de renier cette nationalité et de rejeter cette identité. Il
qu'à rejoindre la nationalité des autres, en apatride qu'on recueille. Il encourra la colère de Dieu et celle du peu

« Notre patrie est l 'Afrique du Nord, patrie indissociable de l 'Orient arabe dont nous partageons les joies
peines, les ardeurs et la quiétude. Nous unissent à lui, pour l'éternité, les liens de la langue, de l'arabisme
l'Islam[2]. »

Bibliographie[modifier]

● Le Feu sacré, recueil de poèmes sur la Révolution Algérienne


● À l’ombre des oliviers, recueil de poèmes à la gloire de la Tunisie
● Sous l’inspiration de l’Atlas, recueil de poèmes à la gloire du Maroc
● L'Iliade de l'Algérie, poèmes chantant la beauté et la magnificence de l’Algérie
● La Parole à nos gloires

Notes et références[modifier]
1. ↑ ‫[ ﻋﺷق ﻟﺟزاﺋر‬archive]
2. ↑ L'Islam et la Révolution Algérienne [archive]

Annexes[modifier]
Liens externes[modifier]

● Portrait de Moufdi Zakaria sur le site de la Présidence Algérienne


● Biographie du Poète Nationaliste
● Poème de Moufdi Zakaria sur les Combattants Révolutionnaires Algériens Kabyles et Touareg -
YouTube [vidéo]
● Poème extrait de l'Iliade - YouTube [vidéo]
● Moufdi Zakaria au Club des Pins à Alger chantant le poème de Ben Badis Le Peuple Algérien est
Musulman et il appartient à l'Arabité - YouTube [vidéo]
● Moufdi Zakaria au Club des Pins à Alger chantant un poème de Messali Hadj - YouTube [vidéo]

Kassaman

Nous Jurons !

Paroles de l'hymne national


algérien Kassaman.
Hymne national de Algérie
Paroles Moufdi Zakaria
25 avril 1955

Musique Mohamed Fawzi


Adopté en 1963
Fichiers audio
Kassaman (instrumental)

Des difficultés à utiliser ces


médias?

Fichier audio externe Hymne national algérien Kassaman (vocal)

Kassaman (arabe : ‫ ) َﻗﺳَ ﻣًﺎ‬est l'hymne national de l'Algérie. Il a été adopté comme hymne

Source WIKIPEDIA
2
1
I - L’Algérie, la CAN et la langue française
Publié le 24 juillet 2019

Par Razika ADNANI

1
Zoubida Belkacem nous prépare un document plus détaillé sur ses oeuvres,
ses publicationsses sont disponibles sur Amazon
https://www.amazon.fr/Zoubida-Belkacem/e/B07H41JDZ6%3Fref=dbs_a_mng_rwt_scns_sha
re
3
http://www.razika-adnani.com/lalgerie-la-can-et-la-langue-francaise/?fbclid=IwAR2Pz3jWQZda8hfk9
j PcleBjzC0jfbxBEofrki-RwfMnbgZ-_8MWM3dEIUw

Extraits

…Quant à l’idée de remplacer la langue française par la


langue anglaise, on ne remplace pas une langue par une autre
telle une veste qu'on enlève pour, en un geste, en mettre une
autre à la place. La langue se construit et prend racine peu à
peu. En attendant que fera l’Algérie ? Le français a presque

4
deux siècles en Algérie. Faut-il le déraciner et ensuite attendre
que l’anglais prenne racine ? Promouvoir l’anglais est
certainement une bonne chose, mais cela ne nécessite pas la
destruction d’une langue qui fait partie du langage des
Algériens et porte une part de leur culture et de leur histoire.

Cependant, les organisateurs de la conférence des


dynamiques de la société civile qui s’est tenue le 15 juin 2019
à Alger et de celle du dialogue national du 6 juillet 2019 ne
sont vraisemblablement pas de cet avis. Sur leurs affiches
seules deux langues, l’arabe et le tamazigh , sont
2

représentées ; le français est délibérément exclu. Une façon


de dire qu’il n’est pas une langue algérienne ou qu’ils ne
s’adressent pas aux francophones. Alors que ces derniers
sont majoritairement des Africains et des habitants des pays
entourant l’Algérie.

Mettre fin à la langue française en Algérie revient à l’isoler de


l’Afrique et de la Méditerranée auxquelles elle appartient,
autrement dit l’isoler de son environnement économique,
politique, linguistique et culturel. C’est la fragiliser
davantage.

2
https://www.academia.edu/33889790/L_amazighit%C3%A9_par_Madjid_Ait_Mohamed_suivi_hommage_Mou
fdi_Zakaria_commentaire_Hassan_Zineddin

II - Écrire sa mémoire : Behja


Taversac, Omar Hallouche

Catherine Rossi, aquarelle,

Behja Traversac, Algérie, ma déchirure © éditions Chèvrefeuille Étoilée

EXTRAIT
6
« Une certitude : soutenir une trace d’histoire pour un devenir… à venir »

Alice Cherki

Nous sommes nombreux à vouloir remonter le temps…. Nous sommes moins


nombreux à passer à l’acte d’écrire, de s’écrire. La mise en mots d’une mémoire
personnelle peut prendre différentes formes et s’apprécier à l’aune du littéraire
et à l’aune de l’Histoire et des sociétés, par la pierre qu’elle apporte à la
connaissance de notre humanité. Comme l’écrit Alice Cherki, dans Mémoire
anachronique. Lettre à moi-même et à quelques autres, « le tissage des textes,
toutes générations et toutes écritures confondues, réussit à transmettre, à la
source même de l’hétérogène, une histoire vive que souvent les historiens
affadissent. J’insiste, je dis bien « histoire » et pas seulement mémoire. Car le
témoignage distancié est comme l’archive, à mettre au compte de la
construction de l’Histoire ».
7

Dans cette perspective,


évoquons deux récits dans lesquels deux auteurs ont le
projet de parcourir leur vie soit ouvertement (en ne
masquant pas le geste autobiographique) soit de biais (en
optant pour des détours et une fragmentation). Alice Cherki
encore le dit très bien : « Les souvenirs les plus prégnants
sont ceux des moments anecdotiques, singuliers dans des
situations dites dramatiques ». Ces auteurs de la même
région (l’ouest oranais) et sensiblement de la même
génération (l’une est née à Maghnia en 1944 et l’autre à

8
Sebdou en 1947) sont venus vivre en France dans les années
90. Leurs souvenirs de vie ont paru à un mois d’intervalle en
juin et juillet de cette année. Chacun à sa manière remonte
le temps et éclaire son départ du pays et les raisons qui l’ont
provoqué.

https://diacritik.com/2021/09/30/ecrire-sa-memoire-behja-taversac-omar-hallouche/

III - Parcours de battants3


HABIB TENGOUR 31 AOÛT 2021 4
3
El Watan 31 AOÛT 2021 À 10 H 00 MIN Habib Tengour Écrivain vendredi 27 août 2021
4
https://www.elwatan.com/edition/culture/parcours-de-battants-31-08-2021 J’ai publié
de Habib Tangour Salah Bey Tragédie bouffe en trois actes
https://www.mlfcham.com/v1/ecrivains-arabes/habib-tengour/salah-bey

Les éditions Qatifa viennent de faire paraître, dans leur collection


«Parcours», un ouvrage collectif portant sur l’Union nationale des étudiants
algériens entre juin 1965 et janvier 1971, date de sa dissolution par le pouvoir
en place.

Cet ouvrage, préfacé par le professeur agrégé de droit et ancien doyen de la


faculté de droit d’Alger, Ahmed Mahiou, nous livre quelques «fragments
d’histoire» à travers les contributions et les témoignages des acteurs directs des
luttes pour un syndicat autonome.

Les coordonnateurs de l’ouvrage nous avertissent dans l’avant-propos de leur


intention : «Il était pour nous de la plus haute importance, au travers de cette
histoire de l’UNEA écrite par ses militants ou par ses adhérents, de renouer le fil
avec un pan d’une histoire oubliée vécue par des étudiants de notre pays, d’une
histoire effacée volontairement de la mémoire de générations d’étudiants par
les pouvoirs qui se sont succédé depuis 1971.

10
En restituant ces fragments d’une histoire confisquée, en ravivant la mémoire,
et en la réactivant pour évoquer cette période de l’histoire d’un syndicat
étudiant démocratique, il s’agissait pour les auteurs ayant vécu cette expérience
historique, de relier leurs luttes avec celles du présent, et de dire enfin aux
étudiantes et étudiants d’aujourd’hui que les combats qu’ils mènent pour une
Algérie de progrès, une Algérie libre et démocratique, ouverte sur le monde,
ont été aussi les leurs, il y a un demi-siècle passé.»

La lecture de l’ouvrage m’a plongé dans le temps ancien de ma jeunesse me


rappelant de nombreux camarades et amis disparus. A cette époque, j’étais
étudiant à Paris où j’avais fait tout mon lycée où j’étais le seul Algérien et passé
mon deuxième bac en 1965. Inscrit en fac de droit à Assas, j’ai adhéré à l’UNEF
(l’Union nationale des étudiants de France), surtout pour avoir la réduction sur
les polycopiés des cours, m’étant toutefois renseigné au préalable que c’était un
syndicat étudiant de gauche. Je garde en mémoire la première réunion dans le
grand amphi où des «fachos» de la corpo nous balancèrent de gros pétards.

C’est aussi à cette époque que je fis la connaissance d’étudiants algériens.


C’est en allant au Foyer musulman, restaurant universitaire situé au 115
boulevard Saint-Michel, que j’ai appris l’existence de l’AEMNA (l’Association des
étudiants musulmans nord-africains), fondée en novembre 1927. Cette
association regroupait les trois syndicats étudiants, algérien, marocain et
tunisien.

Annonce
_______

11
Elle était présidée à tour de rôle par chacun des syndicats. J’ai adhéré à l’UNEA
en 1968 pour bénéficier des prix réduits des voyages en Algérie mais aussi pour
fréquenter d’autres Algériens. Je ne partageais pas les idées de la plupart des
membres que je traitais de révisionnistes étant porté le maoïsme. J’avais
abandonné le droit pour la sociologie. Ma fibre nationaliste m’a toujours
empêché d’adhérer à des groupes politiques français. Je m’étais tourné vers le
PRS (Parti de la révolution socialiste) de Boudiaf, dont le journal al Jarida
s'oriente vers une ligne marxisante me semblait-il. A vrai dire, au bout de six
mois j’écrivis une lettre à mes camarades leur signifiant mon désaccord sur la
manière dont ils envisageaient la politisation des travailleurs algériens en
France.

Mais c’est surtout le fait que la plupart des militants ne s’intéressaient pas à la
poésie. La poésie était la seule chose qui comptait pour moi, d’où mon attitude
libertaire. J’étais profondément attaché à la vision marxiste du monde que
j’avais progressivement intégrée en écoutant les amis à mon père Mohammed
Khadda et Mustapha Kaïd. Cependant, je n’ai jamais adhéré à aucun parti
politique pour conserver cette liberté de dire nécessaire à l’écriture poétique.
La poésie était et reste mon militantisme. Rentré en Algérie, pendant la période
où j’ai enseigné à l’université de Constantine, j’ai cotisé au SNES (Syndicat
national des enseignants du supérieur), car pour moi, un syndicat libre a
toujours été une garantie pour la bonne marche du secteur concerné.

Dans ce syndicat, que ce soit à Constantine, à Alger ou à Oran, se trouvaient la


plupart des militants de l’UNEA dont il est question dans l’ouvrage. Sans
tomber dans une hagiographie sans grand intérêt pour les étudiants
d’aujourd’hui, je

12
dirai simplement que toutes ces figures évoquées avaient à cœur l’avenir du
pays qu’ils espéraient démocratique, moderne ouvert à la pluralité et au monde
sans complexe ni vantardise. La lecture de cet ouvrage par les étudiants
d’aujourd’hui qui vivent eux aussi un moment historique du pays ne peut que
les inciter à persévérer dans le combat pour la liberté, la démocratie dans un
État de droit débarrassé de la mainmise de toutes les forces obscures qui
enténèbrement le devenir du pays.
Par Habib Tengour

Écrivain

Vendredi 27 août 2021

IV - ce vendredi 26 mars 2021, représente le


110ème semaine d’AL HIRAK

13
Plusieurs activistes de hirak, qui ont pris part à la marche populaire pacifique, ont fait
l’objet d’arrestations par les forces de l’ordre dans une dizaine de wilayas.

En effet, lors de ce vendredi 26 mars 2021, qui représente la 110ème semaine depuis le
début des manifestations populaires sur le territoire national, plusieurs figures ont été
arrêtées par les forces de police.

Parmi les personnes arrêtées dans la capitale figurent l’ancien détenu d’opinion, mohamed
tadjadit, interpellé dans le périmètre de la place audin, d’abou hafs el hileli, ainsi que les
étudiants abdenour ait said, abd essamie youcef, massoum abd-el-fattah mahiddine et
djaber righi, selon notre journaliste sur place.

les arrestations dans plusieurs wilayas

une série d’arrestations a également été effectuée par les éléments de la police nationale
durant les marches populaires de ce vendredi, selon les informations rapportées par les
sources locales.

14
A Oran, les forces de l’ordre ont violemment empêché les manifestants de suivre leur
chemin habituel pour disperser la foule et la repousser, les forces de l’ordre ont eu recours
à l’utilisation de gaz lacrymogène. Plusieurs personnes ont été également interpellées
durant le dispersement.

Dans la ville de M'sila, la police locale a empêché la marche de débuter. Les policiers ont
suivi les manifestants dans les quartiers dans le but d’empêcher tout rassemblement. Les
arrestations sont, également, signalées dans cette wilaya.

Les sources locales indiquent également que les arrestations ont été effectuées dans les
villes d’el oued et d’aflou dans le wilaya de laghouat. Des scènes similaires sont également
signalées dans les villes de oued rhiou, située dans le wilaya de relizane. Dans la
commune de Mostaganem, les forces de l’ordre ont également procédé à des arrestations.

https://www.algerie360.com/le-110e-vendredi-du-hirak-marque-par-des-dizaines-darresta
t
ions/?utm_source=webpush&utm_medium=push&utm_campaign=Le%20110e%20vendre
di%20du%20Hirak%20marqu%C3%A9%20par%20des%20dizaines%20d%27arrestations

V- Le Charme discret de la démocratie

Bonsoir,

Voici le commentaire que j'ai envoyé au PCF à la suite de ses papiers


sur l'Algérie et la Syrie.

Bonne lecture !

Halima SADKI

envoyé : 5 juin 2021 à 22:56


de : Halima SADKI <halimasadki@wanadoo.fr>
à : PCF International <international@pcf.fr>

15
objet : Re: Informations du secteur international du PCF

Bonsoir,

Oui, effectivement, ce n'est pas tant "des informations qui


peuvent m'intéresser" mais la manière dont vous les
traitez.

Je vais commencer par l'Algérie. Le RCD qui prétend


représenter la Kabylie ne représente que lui-même mais
surtout ses commanditaires : c'est à Tel Aviv que leur
"chef" est allé se faire "adouber" il y a déjà quelques
années. En outre dans sa haine de son pays ,mais il est
vrai qu'il se dit "Kabyle" et que l'Algérie pour lui n'existe
pas, que la Kabylie est "colonisée" d'où son fanatisme
"indépendantiste" (pour l'endogamie contre l'exogamie !)
il s'est associé au groupe RACHAD qui est composé de
résidus du FIS. Je vous invite à consulter le site d'un
chercheur qui a publié un livre intitulé : "Qui sont les
leaders auto-proclamés du Hirak" et qui a été violemment
agressé par des sbires de ces "gentils groupes
pro-démocratie". Il s'agit de Ahmed Bensaada.

Il est vrai que la vice-présidente du Sénat qui a eu un


parcours politique plus que "baroque,"passant de
l'extrême gauche, au parti communiste, puis au parti
socialiste, puis chez les Verts (j'avoue que je suis un peu
perdue et ne saurait mettre ses différents passages dans
l'ordre) la dame Rossignol, s'est permis d'intervenir pour
réclamer une intervention, sans doute, dans un premier
temps "démocratique, politique" pour finir comme l'on
sait (cf. la Lybie, la Syrie et .................... le Mali ! Tiens,
tiens ! Cette dame qui a été collaboratrice( j'allais oublier
16
ce passage là et j'espère que la doublure de ses vêtements
est solide) de Fabius, celui qui disait que Al Nosra faisait
"du bon boulot en Syrie" après avoir fantasmé l'assassinat
du Président (élu, ne vous en déplaise) Bachar Al Assad
que vous qualifiez de tyran.

"Bachar ne mérite pas d'être sur terre, mais 6 pieds sous


terre" : cela s'appelle un appel au meurtre, une incitation
au meurtre, une "fatwa"ou je ne m'y connais pas ! Alors,
par respect pour l'indépendance de pays souverains,
occupez-vous des affaires de la France. Ni L'Algérie, ni la
Syrie ne s'est occupé de "nos" Gilets Jaunes, massacrés,
éborgnés, meurtris ou tués par "notre police nationale".

En France et tout dernièrement, des manifestations en


solidarité avec le peuple palestinien massacré lâchement
par une armée sur-armée ................... ont été interdites
! Au pays des Droits de l'Homme !

Des manifestations d'infirmiers, de médecins, de soignants


ont été empêchées ou les participants maltraités.

Dommage car j'avais l'intention de '(peut-être) voter pour


votre candidat..................eh bien, je vais revoir ma copie !

Salutations.

Halima SADKI

NationBuilder
17

VI - Hommage à Saadia Gacem


« Felfel Lahmer » la naissance d’un parcours 15 novembre 2019

Extrait:

“Réalisé dans le cadre d’un atelier de création, dirigé par Habiba


Djahnine. Le film relate les discours rapportés par les militantes
sur les différents textes du code de la famille en Algérie. La
réalisatrice dévoile en même temps le quotidien de sa famille à
Bordj-Bou-Arreridj et ses moments spontanés avec sa maman.

« FelFel Lahmer », un titre qui sort un peu de ce qu’on a l’habitude de


voir…

J’ai choisi « Felfel lahmer » en référence au code de la famille qui est


rouge.. Et aussi parce que la préparation du piment rouge est une
tradition chez nous, je le fais tous les étés avec ma mère. C’est de là
que l’idée d’intituler ce court-métrage ‘felfel lahmer’ est née.
18
Comment l’idée de faire un film vous a traversé l’esprit sachant que
c’est votre première réalisation dans le monde cinématographique ?

Comme je disais, chaque été j’ai l’habitude de participer à la


préparation du piment rouge, ce qu’on appelle aussi « felfel akri »
avec ma famille. Cette ambiance rythmée, en discordance avec la
résistance au quotidien, ce partage de moments de joie, ces histoires
que ma mère me racontait ont réveillé en moi l’envie de filmer et de
réaliser ce court-métrage.”

https://www.ficinema.dz/fr/saadi-gacem-felfel-lahmer-la-naissance-d
un-parcours/

«Les temps de luttes», un fanzine sur la marche endurante des


Algériennes pour leurs droits

Extrait:

“Le combat féministe en Algérie a une longue histoire déjà et elle est
marquée par la continuité, c’est que confirme une publication
documentant les initiatives des féministes algériennes, intitulée « les
temps de luttes », qui vient de paraître le 8 mars, à l’occasion de la
journée internationale de la femme. Saadia Gacem, doctorante en
anthropologie, a mis en parallèle des événements clés qui ont
marqué ce combat particulièrement difficile en Algérie.

Ce fanzine a été conçu par Saadia Gacem pour la curatrice de la


galerie Rhizome à l’occasion de la clôture de l’exposition « Untold » le
8 Mars. Il a été distribué lors de la
cérémonie de clôture de l’exposition.”

19
https://www.24hdz.com/les-temps-de-luttes-fanzine/?fbclid=IwAR2t
FpH2_MGHewfFDE9txp2vj1EV9TQxh78EC3pm87Kh5CyFnkKPpZ_zUY
M
20
21

VII - Hommage
A
Djurdjura, La Femme aux Mille Combats 22
23
Artiste Réalisatrice Écrivaine...
Djurdjura :l'origine de World Musique.
Première femme issue d’une culture dite Maghrébine,réalisatrice de
cinéma
Elle a écrit ses premières chansons 1977 Djura fondée le groupe algérien de
musique instrumental et vocale folk en langue berbère, Djurdjura. Djura chante
avec ses deux soeurs. 1979: Djurdjura produit l’album, <<Le Printemps>> 1980 :
Djurdjura produit l’album, <<Asirem>> 1982 : Djurdjura produit l’album, <<A
Yemna>> 1986 : Djura commence sa carrière solo 1986 : Djura produit l’album,
<<Le Défi>> La souffrance de Djura comme une femme dans la culture berbère
a lui aidée à écrire ses chansons et de s'exprimer. Elle se bat pour les droits des
femmes à travers sa musique. Sa musique est un symbole de force et d'espoir
pour les femmes victimes d'abuse et de discrimination dans le monde entier.
Par sa défense de ses convictions, elle est devenue une source d'inspiration
pour les gens dans les environnements oppressifs. Djura est une femme forte
qui a utilisé l'art pour exprimer sa croyance en droits des femmes.

Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministère de l’intérieur


français, chargée de la citoyenneté, a inauguré l’exposition « 109 Mariannes »,
ce jeudi 04 mars, et parmi lesquelles figure l'icône de la chanson Kabyle, Djura,
du groupe Djurdjura.

C’est sur le parvis du Panthéon (Paris) que la ministre française a inauguré


l’événement à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes
qui aura lieu le 08 mars. A noter que l’exposition va s’étendre jusqu’au 15 mars.

https://vava-innova.com/article/2021/03/05/france-djura-parmi-les-109-maria
nnes-exposees-au-pantheon/?fbclid=IwAR1eP3LnusYAXEb8YaIgMCeOOFV-w1fP
v4VCLaRbbahkn12hamHsb79MlrA

‫ه‬ ‫د‬
‫َم ِ ِةﱡ ِم ْﻧﺦ َرة ُ ُروﺑـِﻲ أ َ ّ ﱠﻣ َﻤﺆ‬
VIII-‫ه ل‬
َ ْ ُ
‫ون‬
ْ‫ُد‬
ُ‫ا ْب‬
‫م ن ﻗـ !ﻟـِﺨـ ؟؟‬
ْ
Est-ce que le derrière de Ruby est plus
24

important que les Prolégomènes d'Ibn


?Khaldoun

Ahlem Mosteghanemi (en arabe : ‫ ﻣﺳﺗﻐﺎﻧﻣﻲ أﺣﺎﻟم‬,(née le 13 avril 1953 à


Tunis, est une femme de lettres algérienne de langue arabe, connue
pour être la femme écrivain la plus lue dans le monde arabe

َّ ِّ ‫ون ؟؟!ﻟـ‬
ُ‫ِﺧـَه ْل ُ َﻣؤ خ َر ُ ة ُروﺑـِﻲ أ َه ّم ُ ِم ْن ُﻣﻘـ‬َ ‫ﺑن‬ ْ
‫ا‬ ‫ِﺔ‬
‫ﻣ‬ َ‫د‬ ُ ْ ْ‫د‬
‫رات‬
ْ ‫َْﻔــﺎ ْق ال ُم ﱠـدﺧـﺈﻧـ‬
‫َّ‬
‫ـرات‬
‫ِ‬ ‫م ْن أ ْﺟل ِال ُ َﻣؤ خ ْ‬
‫اﻟﻛﺎﺗﺑﺔ أﺣﺎﻟم ﻣﺳﺗﻐﺎﻧﻣﻲ‬
‫ّ‬
‫ﺧطـ‬
‫ّ‬ ‫ﱠدت‬‫ﻋ‬ ‫وأ‬ ‫‪،‬‬ ‫ﻋﻠﻣﺎﺋﮭﺎ‬ ‫ﻟزﯾﺎدة‬ ‫طط‬ ‫ة ﻟﺑﻧﺎء ﻗﺎﻋدة ﻣن اﻟﻌﻠﻣﺎء واﻟﺑﺎﺣﺛﯾﻧﺎﻟﮭﻧد ﺗﺦ‬
‫ﻟﻣواﻛﺑﺔ دول ﻣﺛل اﻟﺻﯾن وﻛورﯾﺎ اﻟﺟﻧوﺑﯾﺔ ‪ ,‬ﻓﻲ ﻣﺟﺎل اأﻟﺑﺣﺎث اﻟﺣدﯾﺛﺔ ‪ ,‬ﻟم أﻓﮭم‬
‫ّى ﻟﮭﯾﻌﯾش أﻛﺛر ﻣن ﻧﺻف ﺳﻛﺎﻧﮫ ﺗﺣت ﺧط اﻟﻔﻘر ال ُﻣْ دِﻗﻊ ‪ ،‬ﯾﺗﺳﻧـﻛﻲ ّف أن ﺑﻠداً‬
‫رﺻد ﻣﺑﺎﻟﻎ ﻛﺑﯾرة ‪ ،‬ووﺿﻊ آﻟّﯾﺔ ﺟدﯾدة ﻟﻠﺗﻣوﯾل ‪ ،‬ﺑﮭدف ﺟﻣﻊ أﻛﺑر ﻋدد ﻣن‬
‫ِﺻدت ﻟﮭﺎ اﻋﺗﻣﺎدات إﺿﺎﻓﯾﺔ ﻣن‬ ‫اﻟﻌﻠﻣﺎء اﻟﻣوھوﺑﯾن ‪ ,‬ﻣن ﺧﺎﻟل ﻣﻧﺢ دراﺳّﯾﺔ ُ ر َ‬
‫وزارة‬

‫‪25‬‬
‫اﻟﻌﻠوم واﻟﺗﻛﻧوﻟوﺟﯾﺎ ‪ ،‬ﺑﯾﻧﻣﺎ ال ﻧﻣﻠك ﻧﺣن ‪ ،‬ﺑرﻏم ﺛرواﺗﻧﺎ اﻟﻣﺎ ّدﯾﺔ واﻟﺑﺷرّ ﯾﺔ ‪،‬‬
‫ف اﻟﺗﻛﻧوﻟوﺟﯾﺎ ﻟرﺻد أﻧﻔﺎﺳﻧﺎ )‪،‬‬
‫وزارة ّ‬
‫أو‬
‫ُوظـﻌرﺑﯾﺔ ﺗﻌﻣل ﻟﮭذه اﻟﻐﺎﯾﺔ ‪ََ ( ،‬ﻋدا ﺗﻠك اﻟﺗﻲ‬
‫ﺗـ‬

‫ﺗﺗوﻟـ‬
‫ّ‬ ‫ى ﻣﺗﺎﺑﻌﺔ ﺷؤون اﻟﻌﻠﻣﺎءﻋﻠﻰ اأﻟق ّل ﻣؤ ّﺳـﺳﺔ ﻧﺎﺷطﺔ داﺧل اﻟﺟﺎﻣﻌﺔ اﻟﻌرﺑّﯾﺔ‬
‫اﻟﻌرب ‪ ،‬وﻣﺳﺎﻧدﺗﮭم ﻟﻣﻘﺎوﻣﺔ إﻏراءات اﻟﮭﺟرة ‪ ،‬وﺣﻣﺎﯾﺗﮭم ﻓﻲ ﻣﺣﻧﺔ‬
‫ر ‪ ,‬أي أوطﺎن‬
‫إﺑﺎدﺗﮭم اع اﻟﺧراب اﻟﻛﺑﻲ ّ‬
‫ھذه اﻟﺗﻲ ال ﺗﺗﺑﺎرى ﺳوى ﻓﻲ‬
‫ّﺎﻟﺟدﯾدة ﻋﻠﻰ‬
‫ﯾد ُﺻﻧـ‬
‫ّ‬
‫اإﻟﻧﻔﺎق ﻋﻠﻰ اﻟﻣﮭرﺟﺎﻧﺎت ‪ ,‬وال ﺗﻌرف اإﻟﻐداق إال ﻋﻠﻰ اﻟﻣطرﺑﺎت ‪،‬‬
‫ﻓﺗﺳﺧو ﻋﻠﯾﮫ ّن ﻓﻲ ﻟﯾﻠﺔ واﺣدة ‪ ,‬ﺑﻣﺎ ال ﯾﻣﻛن ﻟﻌﺎﻟم ﻋرب ّي أن ﯾﻛﺳﺑﮫ ﻟو‬
‫ّ‬
‫ﻗﺿﻰ ﻋﻣره ﻓﻲ اﻟﺑﺣث وااﻟﺟﺗﮭﺎد ؟‪ ,‬ﻣﺎ ﻋﺎدت اﻟﻣﺄﺳﺎة ﻓﻲ ﻛون ﻣؤ ﺧرة‬
‫رﺧﯾص اﻟﻣﻌروض‬
‫ّوﺗﺷﻐﻠﮭم أﻛﺛر ﻣن ُﻣ ّﻘدﻣﺔ‬ ‫روﺑﻲ ﺗﻌﻧﻲ اﻟﻌرب ﻟﺣم ال ّ‬
‫اﺑن ﺧﻠدون ‪ ،‬ﺑل ﻓﻲ ﻛون اﻟـ‬
‫ت ‪ ،‬أي ﻗطﻌﺔ ﻓﻲ ھذا اﻟـ‬ ‫ﻟﺣم ﻓﯾﮫ ﻣن " اﻟﺳﯾﻠﯾﻛون " أﻏﻠﻰ‬
‫ّﻠـ‬ ‫ّﻠﻔرﺟﺔ ﻋﻠﻰ اﻟﻔﺿﺎ ّﺋﯾﺎ ّ‬
‫م ّ ن أي ﻋﻘل ﻣن اﻟﻌﻘول اﻟﻌرﺑّﯾﺔ اﻟﻣﮭّددة اﻟﯾوم ﺑﺎإﻟﺑﺎدة ‪ ,‬إن ﻛﺎﻧت اﻟﻔﺿﺎ ّﺋﯾﺎت‬
‫ﻗﺎدرة ﻋﻠﻰ ﺻﻧﺎﻋﺔ " اﻟﻧﺟوم " ﺑﯾن ﻟﯾﻠﺔ وﺿﺣﺎھﺎ ‪ ،‬وﺗﺣوﯾل ﺣﻠم ﻣﺎﻟﯾﯾن اﻟﺷﺑﺎب‬
‫ﯾن ﻟﯾس أﻛﺛر ‪ ،‬ﻓﻛم ﯾﻠزم اأﻟوطﺎن ﻣن زﻣن وﻣن ﻗدرات‬
‫ّﺈﻟﻰ أن‬ ‫اﻟﻌرب ّي ‪,‬‬
‫ﯾﺻﺑﺣوا ﻣﻐـﻧـ‬

‫ق ؟‪ ,‬ذل ّ ك أﻧﻠﺻﻧﺎﻋﺔ ﻋﺎﻟِم ؟ وﻛم ﻋﻠﯾﻧﺎ أن ﻧﻌﯾش ﻟﻧرى ﺣﻠﻣﻧﺎ ﺑﺎﻟﺗ ّﻔوق اﻟﻌﻠم ّ‬
‫ّي‬
‫ﯾﺗﺣﻘـ إھﻣﺎﻟﻧﺎ اﻟﺑﺣث اﻟﻌﻠم ّي ‪ ،‬واﺣﺗﻘﺎرﻧﺎ ﻋﻠﻣﺎءﻧﺎ ‪ ،‬وﺗﻔرﯾطﻧﺎ ﻓﯾﮭم ‪ ,‬ھﻲ ﻣن‬
‫ﺑﻌض أﺳﺑﺎب اﺣﺗﻘﺎر اﻟﻌﺎﻟم ﻟﻧﺎ ‪ ,‬وﺻدق ﻋﻣر ﺑن ﻋﺑد اﻟﻌزﯾز ﺣﯾن ﻗﺎ ْ ل ‪ ":‬إن‬
‫ن ﻟم ﺗﺳﺗطﻊ ﻓﺎل ً‬
‫ّﻣﺎ ‪ ,‬ﻓﺈ ْن ﻟم ﺗﺳﺗطﻊ‬ ‫اﺳﺗطﻌت ﻓﻛن ‪ ,‬ﻓﺈ ْن ﻟم ﺗﺳﺗطﻊ ﻓﺄﺣّ ﺑﮭم ‪ ،‬ﻓﺈ ْ‬
‫ﱢن‬
‫ﻓﻛن ُﻣﺗﻌﻠِـﻌﺎﻟﻣﺎً ْﺳـﻠِﻣﮭم ﻓرﯾﺳﺔ ﺳﮭﻠﺔ إﻟﯨﻛل ﻓﯾﮫ ﺑﻌﻠﻣﺎﺋﻧﺎ ونُ ُّﻊ أن ﯾﺄﺗﻲ ﯾوم‬
‫ﻧـﺗﺑﻐﺿﮭم "‪ ,‬ﻓﻣﺎ َﺗوﻗـ‬
‫ُ‬
‫أﻋداﺋﻧﺎ ‪ ،‬وال أن تﺣرق ﻣﻛﺗﺑﺎت ﻋﻠﻣّﯾﺔ ﺑﺄﻛﻣﻠﮭﺎ ﻓﻲ اﻟﻌراق أﺛﻧﺎء اﻧﮭﻣﺎﻛﻧﺎ ﻓﻲ‬
‫ﻣﺗﺎﺑﻌﺔ " ﺗﻠﻔزﯾون اﻟواﻗﻊ "‪ ،‬وال أن ﯾﻐﺎدر ﻣﺋﺎت اﻟﻌﻠﻣﺎء اﻟﻌراﻗﯾﯾن اﻟﺣﯾﺎة ‪ ,‬ﻓﻲ‬
‫ﻣﺔ ﺑﺎﻟﺗـ‬ ‫ﺻﻔﯾﺎت‬
‫ّﻣﺔ ﻓﻲ ﻏﻔﻠﺔ‬ ‫ّﺻوﯾت ﻋﻠﻰ اﻟﺗـﺎ ‪ ،‬ﻣﻊ اﻧﺷﻐﺎل األ ّ‬ ‫ﺗﺻﻔﯾﺎت ّ‬

‫ﻣﻧـﺟﺳ ّدﯾﺔ ُﻣﻧظـ ﺗﻔﺳد ﻣزاﺟﻛم وﺗﻣﻧﻌﻛم ﻣن اﻟﻧوم ؟‪ :‬ﻓﯾﺎﻟﻧﮭﺎ ّﺋﯾﺔ ﻟﻣطرﺑﻲ اﻟﻐد ‪,‬‬
‫ﺗرﯾدون أرﻗﺎﻣﺎً‬

‫ﻓوس وال ّرؤوس ‪ ،‬ق ّررت واﺷﻧطن رﺻد ﻣﯾزا ّﻧﯾﺔ ﻣﺑد ّﺋﯾﺔ ﺗﺑﻠﻐﺣﻣﻠﺔ ﻣﻘﺎﯾﺿﺔّ‬
‫اﻟﻧـ ّح اﻟﻌرا ّﻗﯾﺔ ال ّﺳﺎﺑﻘﯾن ‪ ،‬ﺧوﻓﺎًﻣن‪ 160‬ﻣﻠﯾون دواﻟر ‪ ,‬ﻟﺗﺷﻐﯾل ﻋﻠﻣﺎء ﺑراﻣﺞ‬
‫اﻟﺗﺳﻠـ ھرﺑﮭم ﻟﻠﻌﻣل ﻓﻲ دول أﺧرى ‪ ،‬وﻛدﻓﻌﺔ أوﻟﻰ ﻏﺎدر أﻛﺛر ﻣن أﻟف ﺧﺑﯾر‬
‫وأﺳﺗﺎذ ﻧﺣو أوروﺑﺎ وﻛﻧدا واﻟواﻟﯾﺎت اﻟﻣﺗﺣدة ‪ ,‬ﻛﺛﯾر ﻣن اﻟﻌﻠﻣﺎء ف ّﺿﻠوا اﻟﮭﺟرة‬

‫ﺑﻌد أن وﺟدوا ﻓﻲ ﻣواﺟﮭﺔ " اﻟﻣوﺳﺎد " اﻟﺗﻲ راﺣت ﺗﺻطﺎدھم ﺣﺳب‬
‫اأﻟﻐﻧﯾﺔأﻧﻔﺳﮭم ﻋزالً‬
‫اﻟﻌرا ّﻗﯾﺔ " ﺻﯾد اﻟﺢ َﻣﺎم "‪ ,‬ﻓﻘد ﺟﺎء ﻓﻲ اﻟﺗﻘﺎري ّ ر أن ّﻗوات " ﻛوﻣﺎﻧدوز "‬

‫‪26‬‬ ‫ﺻﮭﯾو ّﻧﯾﺔ‬

‫ً‬
‫ﺿم أﻛﺛر ﻣن ﻣﺋﺔ وﺧﻣﺳﯾن ﻋﻧﺻرا ‪ ،‬دﺧﻠت أراﺿﻲ اﻟﻌراق ‪ ,‬ﺑﮭدف اﻏﺗﯾﺎل ‪،‬‬ ‫ﺗ ّ‬
‫ً‬
‫ّط‬ ‫"‬ ‫ﺑروﺳﺑﻛت‬ ‫"‬ ‫ﻣﺟﻠﺔ‬ ‫داﻣت‬ ‫ﻣﺎ‬ ‫‪،‬‬ ‫اﻟﻛﻔﺎءات اﻟﻣﺗﻣّﯾزة ھﻧﺎك ‪ ,‬وﻟﯾس اأﻟﻣر س ّرا‬
‫ِّ‬
‫واﺳﻊ ﺗرﻋﺎھﻛد وﺟود ﻣﺧطـﺎأﻟﻣﯾر ّﻛﯾﺔ ھﻲ اﻟﺗﻲ ت ﱠطوﻋت ﺑﻧﺷره ‪ ,‬ﻓﻲ ﻣﻘﺎل ﯾؤ‬
‫أﺟﮭزة داﺧل اﻟﺑﻧﺗﺎﻏون وداﺧل ( ﺳﻲ آي إي)‪ ،‬ﺑﺎﻟﺗﻌﺎون ﻣﻊ أﺟﮭزة ﻣﺧﺎﺑرات‬
‫إﻗﻠﯾﻣّﯾﺔ ‪ ،‬اﻟﺳﺗﮭداف ﻋﻠﻣﺎء اﻟﻌراق ‪ ,‬وﻗد ﺣّ ددت اﻟﻣﺧﺎﺑرات اأﻟﻣﯾرﻛﯾﺔ ﻗﺎﺋﻣﺔ ﺗﺿّم‬
‫ّووي واﻟﮭﻧدﺳﺔ‪ 800‬اﺳﻣﺎ ﻟﻌﻠﻣﺎء ﻋراﻗﯾﯾن وﻋرب ‪ ,‬ﻣن اﻟﻌﺎﻣﻠﯾن ﻓﻲ اﻟﻣﺟﺎل اﻟﻧـ‬
‫واإﻟﻧﺗﺎج اﻟﺣرب ّي ‪ ,‬وﻗد ﺑﻠﻎ ﻋدد اﻟﻌﻠﻣﺎء اﻟذﯾن ت ّﻣت ﺗﺻﻔﯾﺗﮭم وﻓق ھذه‬

‫اﻟﺧطﺔ أﻛﺛر ّة " ﻧﯾوزوﯾك "‪ ،‬ﻓﻘد أﺷﺎرت إﻟﻰ اﻟﺑدء ﺑﺎﺳﺗﮭداف‪ ,‬أﻣﺎ ﻣﺟﻠـﻣن ‪251‬‬
‫ﻋﺎﻟﻣﺎً‬
‫ّ‬ ‫ﺗل ﻓﻲ ﺳﻧﺔ‬
‫ﻗـﺎأﻟطﺑﺎء ‪ ,‬ﻋﺑر ااﻟﻐﺗﯾﺎاﻟت‬ ‫ُّروﯾﻊ واﻟﺗرھﯾب ‪ ,‬ﻓﻘد‬
‫ً‬ ‫َّ‬ ‫ّ‬ ‫ً‬
‫ﻣر ﺷﺣﺔ ﺣﺗﻣﺎ‪ 2005‬وﺣدھﺎ‬ ‫ُ‬ ‫ﯾﺎت‬ ‫ﻠ‬ ‫واﻟﻌﻣ‬ ‫‪,‬‬ ‫واﻟﺧطف واﻟﺗـ ﻟﻠﺗﺻﺎ ُﻋد ‪ ،‬ﺧﺻوﺻﺎ‬
‫‪ ،‬ﺳﺑﻌون طﺑﯾﺑﺎً ﺑﻌد ﻧﺟﺎح ﻋﺎﻟم اﻟﺻوارﯾﺦ اﻟﻌراق ّي ﻣظﮭر ﺻﺎدق اﻟﺗﻣﯾﻣﻲ ‪,‬‬
‫ﻣن اإﻟﻔﺎﻟت ﻣن ﻛﻣﯾن‬
‫ّﻛﻧﮫ ﻣن اﻟـ‬ ‫ر أن ﺳﺑﻌﺔ ﻣن‬
‫ّﺢ‬ ‫ب ﻟﮫ ﻓﻲ ﺑﻐداد ‪ ،‬وﺗم‬ ‫َ‬ ‫ِص‬ ‫ُّ‬ ‫ﻟﺟوء إﻟﻰ إﯾران ‪ ,‬ﻏﻲ ّ‬
‫ّ‬
‫ﻧـُﻣﺳﻠـ اﻟﻌﻠﻣﺎء اﻟﻣﺧت ّﺻﯾن ﻓﻲ " ﻗﺳم إﺳراﺋﯾل " وال ﺷؤون اﻟﺗﻛﻧوﻟوﺟّ ﯾﺔ‬
‫اﻟﻌﺳﻛرّ ﯾﺔ اإﻟﺳراﺋﯾﻠّﯾﺔ ‪ ،‬ت ّم اﻏﺗﯾﺎﻟﮭم ‪ ،‬ﻟُﯾﺿﺎﻓوا إﻟﻰ ﻗﺎﺋﻣﺔ طوﯾﻠﺔ ﻣن اﻟﻌﻠﻣﺎء‬

‫ذوي اﻟﻛﻔﺎءات ﻟوﺑﺎءاﻟﻌﻠﻣّﯾﺔ اﻟﻧﺎدرة ‪ ،‬أﻣﺛﺎل اﻟدﻛﺗورة ﻋﺑﯾر أﺣﻣد ّﻋﺑﺎس ‪ ،‬اﻟﺗﻲ‬
‫ّ‬
‫اﻛﺗﺷﻔت ﻋﺎﻟﺟﺎً ااﻟﻠﺗﮭﺎب اﻟرئ ّوي " ﺳﺎرس "‪ ،‬واﻟدﻛﺗور اﻟﻌﺎلﻣﺔ أﺣﻣد ﻋﺑد‬
‫اﻟﺟّ واد ‪ ،‬أﺳﺗﺎذ اﻟﮭﻧدﺳﺔ وﺻﺎﺣب أﻛﺛر ﻣن ﺧﻣﺳﻣﺋﺔ اﺧﺗراع ‪ ،‬واﻟدﻛﺗور ﺟﻣﺎل‬
‫‪ .‬ﺣﻣدان ‪ ،‬اﻟذي ﻛﺎن ﻋﻠﻰ وﺷك إﻧﺟﺎز ﻣوﺳوﻋﺗﮫ ال ّﺿﺧﻣﺔ ﻋن اﻟﺻﮭﯾو ّﻧﯾﺔ‬
‫ﻣـؤﺧـ‬
ََّ ‫رة ْح ُن ِﻓﻲ ال ُ َ َﻧـ‬
‫ﻣـؤﺧـ‬
ََّ ‫رة ْـﻧـﺎ ال ُ َ َُو َھـ‬
‫ّﻣـ‬
2011 - 2003 © ‫ﺟﻣﯾﻊ اﻟﺣﻘوق ﻣﺣﻔوظﺔ ﻟدﻧﯾﺎ اﻟوطن‬

27
IX - A notre cher ami Mohamed Hilmi

Mohamed Hilmi
M. TAOUSAR HAKIM 17 FÉVRIER 2021

Le 15 février 2021, le comédien, dramaturge et réalisateur Mohamed

Hilmi, de son vrai nom Brahimi Mohamed Ameziane, a fêté ses 90 ans.
Mohamed Hilmi n’est plus à présenter.

Il a marqué la vie culturelle de l’indépendance à nos jours. Son parcours est


jalonné de réalisations radiophoniques, théâtrales et télévisuelles. Sa carrière
artistique a démarré à 17 ans, lorsqu’il assiste à un sketch Diviser pour régner,
dans lequel Hassan El Hassani jouait le rôle de Nâainâa. A 13 ans, il quitte son
village natal Azzeffoun pour s’installer à Alger. En 1947, on le sollicita pour un

rôle dans la pièce Ould Ellil. Bachetarzi a commencé à lui attribuer des petits
rôles. En 1949, il rejoint Rédha Falaki à la radio. Il écrit même une pièce

28
radiophonique pour la chaîne kabyle qu’il interprétera avec Cheikh
Noureddine et Abder Isker. En 1950, il renoue avec les planches.

Après l’indépendance, il est l’auteur de nombreux sketches


qui utilisent la chansonnette et s’impose comme le maître
incontesté des comédies musicales. Il se lance ensuite dans

la réalisation de téléfilms, courts et moyens métrages :


Chkoune Yassbag, El Ghoumouk, Ec Chitta, Matfahmine,
Listihlak et surtout l’après-pétrole (1986). En 1993, il signe
ses feuilletons, EI Ouelf Essaib et démocracirque. Parmi les
ténors de l’art dramatique qu’il a dirigés à l’écran,
Mahieddine Bachtarzi, Yasmina et Ali Abdoun. Pendant la
Révolution, il milita au sein du Front de libération nationale
et apporta sa contribution à l’indépendance du pays.

Il publie ses mémoires dans trois ouvrages : De la flûte du


berger aux planches sacrées, Parcours miraculeux et Le
présent du passé, laissant aux nouvelles générations de
comédiens, dramaturges, réalisateurs et historiens de la
culture son riche parcours qui pourra servir à des études

29
académiques. Dans le volet droits d’auteur, il fut l’un des
membres fondateurs de l’Office national des droits
d’auteur (ONDA) en vue de permettre à l’Algérie
d’étendre sa souveraineté sur ce domaine exercé par des
sociétés françaises de droits d’auteur, alors qu’il était
sociétaire définitif des Sociétés françaises des auteurs et
compositeurs dramatiques (SACD) et des auteurs,
compositeurs et éditeurs de musique (SACEM).

A ce titre, il a représenté brillamment l’ONDA et par voie


de conséquence l’Algérie aux travaux de la Commission
technique littéraire, dramatique et audiovisuelle
(CTLDAV) de la Confédération internationale des Sociétés
d’auteurs et compositeurs (CISAC). Nous prions Dieu de
lui prêter longue vie et espérons que les médias écrits,
sonores et audiovisuels continueront à profiter de son
existence pour se rappeler de son bon souvenir et recueillir
auprès de lui les secrets de sa réussite pour en faire un
exemple aux jeunes générations d’acteurs du monde

30
culturel et par reconnaissance à ce qu’il a donné à notre
culture.

https://www.elwatan.com/edition/culture/a-notre-cher-ami-mohamed-hilmi-2-17-02-2021?fbclid=IwAR0Bz2
3I3KTrGpow21a4XCj3kRFEq4JDcBAvMDtMMvg1SacyFkQsg8EdR1A

X - LE HIRAK
UNE PRATIQUE ET NON UNE THÉORIE
21-09-2020

Contribution: MYASSA MESSAOUDI


ÉCRIVAINE
31
Par son soulèvement, le peuple algérien a conjugué le pays à la marche du
monde. Laquelle marche suit des directions et des courbes contradictoires. Du
nord au sud, de l’est à l’ouest du globe, les flux idéologiques se croisent,
plongent ou caracolent aux sommets dans un déchaînement, tout sauf
prévisible. Aucun prétendu expert ne peut décemment affirmer ce que sera le
monde de demain tant les données fluctuent et engendrent des réalités
nouvelles.

Notre capacité à collecter les informations de manière quantitative n’a jamais


été aussi élevée. Cependant, les décisions résultant de cette moisson effrénée
de renseignements sont loin d’être qualitatives. Ainsi, l’invasion de l’Irak a fait
déborder l’Iran de ses frontières, et a révélé au monde le talent ancestral des
Perses, à savoir la négociation et les jeux d’influence.

Les printemps arabes censés déboucher sur la démocratie et les libertés


individuelles ont installé soit des islamistes au pouvoir, soit des dictatures
militaires encore plus oppressives. La financiarisation de l’économie vendue
comme une irrigation heureuse par les investisseurs étrangers a généré la
destruction des économies réelles.

De plus, la société de consommation a engendré une telle pollution qu’elle est


en passe de menacer d’extinction la survie de tous les êtres vivants, l’homme
compris.On pourrait ajouter, la multiplication des supports de communication
tels que les téléphones portables et les réseaux sociaux qui tous les jours
affectent les capacités cognitives de l’homme et manipulent son affect et sa
pensée.

La liste des décisions ayant produit des effets à l’opposé des prévisions de la
horde d’experts qui défilent sur nos écrans est interminable. Il arrive aussi que
des effets heureux et insoupçonnables viennent titiller nos “savantes”
certitudes affublées d’une multitude d’études croisées et chiffrées.

Aussi, les observateurs les plus expérimentés n’auraient pu augurer que la


patrie du wahhabisme, matrice de l’islamisme fondamentaliste brutal, fief de
l’ordre anti droits en tous genres, et féminin en particulier, serait le premier

32
pays arabo-musulman à tomber le port de l’abaya dans l’espace public. Même
si les effets de cette annonce restent timides et partiellement assumés, ce
décret n’en reste pas moins le gage d’une avancée pour les femmes
saoudiennes.

C’est une brèche juridique, une base de droit à exploiter pour plus de
revendications. Partant de ces constats, on pourrait affirmer que chaque action
est tributaire, non pas de ce que l’on sait par avance, mais de la somme
d’imprévus et d’inconnus qu’elle nourrit et génère. En résumé, le courage de
l’action est le seul moteur susceptible de faire avancer les peuples.

Aller au devant du changement, le provoquer, le faire sien dans sa vie


quotidienne. Or combien sommes-nous à appliquer le Hirak à l’échelle
individuelle ? Comment nous projetons-nous, en tant que citoyens, dans un
pays libéré de la corruption, mais pas des corrupteurs du quotidien ?

Quels rapports entre citoyens n’ayant pas encore réglé la question de l’altérité ?
Y aura-t-il enfin des syndics de copropriété et des concierges dans les
immeubles pour assainir nos espaces communs ? Les femmes aspirant à plus de
liberté, braveront-elles le couvre-feu social qui leur interdit l’espace publique et
les renvoient chez elles toutes les dix-neuf heures de l’année ?

Casseront-elles la culpabilité socio-religieuse qui les empêche de se rebeller en


masse contre le code de la famille ? Les hommes soutenant l’émancipation des
femmes, l'assument-ils publiquement et devant leurs familles ? Faire preuve de
quelques civilités et tolérance de manière ponctuelle est certes mieux que
rien, adopter une hygiène et une discipline de tout instant est préférable.

Ce que l’on exige de l’État, on doit aussi l’exiger de nous-mêmes. Or, les
images qui ont circulé tout l’été ont mis en exergue les multiples chantiers
civiques et humains altérés du citoyen algérien et de ses responsables.

L’état des plages et de l’environnement ont révélé, non seulement, une absence
totale de politique opérante et sérieuse de gestion des déchets domestiques de
la part de l’État, mais aussi la relation désastreuse de l’Algérien à l’éthique
sociale du vivre-ensemble.

33
L’absence de connaissance de ses propres droits et la prévalence d’une
conscience politique uniquement braquée sur l’alternance du pouvoir, font que
l’Algérien vit comme une fatalité son entourage dégradé.

Enfin, devant l’ampleur du conservatisme ambiant et de l’islamisation des


mœurs et des modes de vie de la société algérienne, on ne peut que constater
l’incapacité de cette idéologie à fabriquer ne serait-ce qu’un citoyen propre et
responsable.

Quel type d’attachement patriotique et de conscience civique peut développer


un individu évoluant dans le désordre et les détritus. L’absence de l’État
traduit, quant à elle, un abandon tragique de nombreux secteurs et institutions
aux mains d’administrateurs nommés à la grâce du clientélisme et du
népotisme.

En cette période de pandémie, propice aux questionnements et à la remise en


question, il est utile d’interroger les failles citoyennes et militantes du Hirak afin
d’aborder efficacement les prochaines étapes de contestation.

La volonté de changement du système de gouvernance algérien est une


constance populaire que ne saurait étouffer les arrestations arbitraires, ni les
condamnations abusives.

Cette volonté émane de toutes les couches sociales et de toutes les régions du
pays. Toutefois, pour que cette contestation aboutisse et ne tombe pas dans
des mains encore plus subversives, il est impératif de préparer le citoyen
algérien à ce changement.

Et pour ce, l’action doit aussi s’opérer de manière horizontale. S’imbiber et se


propager dans la population. Que signifie un changement de système si la prise
de conscience populaire quant à la gestion de ses tracas quotidiens est toujours
laissée au bon vouloir et à l’appréciation de responsables issus d’une mentalité
de brigandage.

La gestion de l’urbanisme, des hôpitaux publics, des écoles et de la justice plus


que désastreuse n’évoluera pas miraculeusement, si des pressions populaires
ne sont exercées pour empêcher que la débâcle continue.

34
Des associations et des comités de vigilance peuvent voir le jour afin de
dénoncer et de traîner devant la justice les responsables véreux.

L’Algérien doit pouvoir s’approprier l’espace commun et le défendre. Les partis


politiques qui se cherchent querelles et divisions à longueur de temps doivent
s’impliquer dans les préoccupations courantes du peuple. Mener des actions de
terrain qui créeraient du lien et de la confiance entre eux et la population.

Restaurer par la pédagogie la notion de bien commun et des luttes ciblées sur
des thématiques concrètes. Il est temps de reprendre le terrain à l’extrême
droite religieuse qui profite de la misère matérielle et intellectuelle pour vendre
ses verbigérations et ses contes dignes des fictions bollywoodiennes en guise
de programme politique.
Il est indéniable que pour se maintenir le système a agit comme un aimant à
véreux afin de s’assurer la docilité et l’allégeance de ces adversaires politiques.
Ce qui explique ce nombre vertigineux d’élus incompétents. Se soustraire à
toute critique ou opposition politique digne de ce nom a transformé le pays en
médiocratie patenté.

Le peuple et tout gouvernement actuel ou futur aura à mener une vraie guerre
à la corruption doublée d’une chasse aux cerveaux patriotes capables de sortir
le pays de sa léthargie. Enfin, on ne saurait finir cette approche, sans évoquer
la société civile. Ce tissu associatif numériquement dense, mais à l’action
mitigée sur le terrain.

Ces associations majoritairement financées par l’État en sont dépendantes.


Elles ne participent aucunement, sauf à de rares exceptions, à l’autonomisation
de l’individu. Fait indispensable à l’appropriation par le citoyen de ses espaces
et biens communs et donc de leur protection et défense.

Les associations doivent aider le citoyen à se prendre en charge, et non pas à


l’instrumentaliser au profit de combats strictement politiques. Le Hirak est une
action et non une théorie. Cette action cantonnée à la seule marche
quotidienne du vendredi devrait mettre en mouvement tout un processus de
contestation de terrain à travers le pays.

35
Figer ce vaste rassemblement sur un seul jour et autour d’un seul thème
sédentarise l’action et ouvre la voie aux tiraillements des diverses
appropriations et vues idéologiques. Il en résultera des rapports de force et des
jeux de pouvoirs qui videront de son dynamisme et de sa spontanéité cette
action qui risque de ne pas se reproduire avant longtemps.

Le Hirak n’est pas une idéologie à adopter, ni une théorie à interroger, le Hirak
est un recours d’urgence pour une marche vers le changement.
Souvenons-nous des premiers vendredis, les jeunes nettoyaient tout derrière
eux et empêchaient toute dégradation des biens publics. Ils avaient fini par
accepter la présence des femmes dans leurs rangs.
Les citoyen-n-e-s algérien-n-e-s ont donné leur vision de l’Algérie de demain. On
a vu se côtoyer toutes les franges sociales et politiques du pays, les femmes et
l’emblème de notre identité ancestrale. Pour que cette aspiration à un
vivre-ensemble se généralise dans le respect, il nous incombe de nous remettre
en question et d’y travailler, mais pas uniquement le vendredi à Alger, et le
dimanche dans la diaspora.

https://www.liberte-algerie.com/contribution/une-pratique-et-non-une-theorie
-345923#.X2h4AXqlkiU.facebook

XI - Algérie : l'union sacrée de l'armée


contre la thèse du « complot » ?
ANALYSE. Comment interpréter l'acquittement prononcé à Blida.
Désaveu de la politique de l'ex-patron de l'armée ou
reconfiguration des équilibres au sein du système ?

36

Algérie : Saïd Bouteflika, Toufik et Hanoune


acquittés
RETOURNEMENT. La décision a été prise par la cour
d'appel militaire de Blida. Le conseiller de l'ex-président
Bouteflika demeure néanmoins en prison.
Malgré cet acquittement du 2 janvier, Saïd Bouteflika n'en a pas fini avec la justice.©
FAROUK BATICHE / AFP
Par Le Point Afrique

https://www.lepoint.fr/afrique/algerie-said-bouteflika-toufik-et-hanoune-acquittes-02-01-2021-2407
939_3826.php

Publié le 02/01/2021 à 18h04


Une cour d'appel militaire en Algérie a acquitté, samedi, Saïd Bouteflika, le frère
et ex-conseiller du président déchu Abdelaziz Bouteflika, et ses trois coaccusés,
qui avaient été condamnés à 15 ans de prison pour « complot » contre l'armée
et l'État. À la suite de cette décision surprise, Saïd Bouteflika sera transféré dans
une autre prison en attendant son procès dans d'autres affaires liées à la

37
corruption durant les 20 ans de pouvoir de son frère, selon une source
judiciaire. Il était jusque-là détenu dans une prison militaire.

Saïd Bouteflika, un premier de cordée parmi d'autres accusés importants


Saïd Bouteflika fut l'influent conseiller spécial de son frère Abdelaziz durant ses
20 ans de présidence (1999-2019). Son pouvoir s'était renforcé au point d'être
considéré comme le « président bis », à mesure que déclinait la santé du chef
de l'État, victime en 2013 d'un AVC qui l'a laissé paralysé et aphasique. Après la
démission forcée de son frère, Saïd Bouteflika a été cité dans plusieurs affaires
de corruption en compagnie d'anciens oligarques proches de l'ex-président
algérien. Plusieurs magnats de l'ère Bouteflika ont ainsi été lourdement
condamnés, dont Ali Haddad, l'ex-dirigeant de la principale organisation
patronale algérienne, le Forum des chefs d'entreprise (FCE).

Chapitre XII - Réflexion sur « l’islam des


Lumières » par Akram Belkaïd 5

5
Je considère personnellement Akram Belkaid une autre figure de l’Algérie moderne à qui je
rend hommage par cet article qui reflète ses connaissances dont la nation arabe et
notamment le peuple Algérien ont besoin pour se positionner en élite incontournable pour
sauver le Printemps Arabe d’un déclin imminent.
38
Au fil des siècles, l’islam en tant que religion n’a jamais cessé
d’être questionné par des penseurs et théologiens
musulmans. L’« ijtihad », ou exégèse novatrice des textes
coraniques, est un processus déjà entamé mais qui s’inscrit
dans le temps long.
https://www.monde-diplomatique.fr/mav/145/BELKAID/54581
D e manière régulière, au fil des
événements tragiques provoqués par les
groupes armés se réclamant de l’islamisme
politique resurgit le débat sur une nécessaire
adaptation de la religion musulmane au monde
moderne. Cet aggiornamento contribuerait

39
ainsi à réduire l’influence d’un islamisme
politique rétrograde au profit d’une démocratie
apaisée et sécularisée. L’hypothèse est
alléchante et elle est reprise à l’envi par
quelques personnalités de confession ou de
culture musulmanes qui se font les hérauts d’un
« islam des Lumières », concept séduisant en
apparence mais dont le contenu reste à définir
au-delà de la simple formule médiatique
destinée à se démarquer de l’intégrisme. Cela
signifie qu’au-delà des formules incantatoires, il
est nécessaire que des théologiens musulmans
s’investissent dans une nouvelle exégèse des
textes coraniques et cela passe, comme n’a
jamais cessé de le répéter l’islamologue et
philosophe Mohammed Arkoun (1928-2010),
par le « renouvellement de la pensée islamique
» (1).

Ce n’est pas une tâche impossible. Il est utile de


le rappeler : le monde arabo-musulman n’a pas
toujours été à la traîne du monde moderne. Dès
le VIIIe siècle, de nombreux musulmans ont
compris que le Coran, dans sa littéralité, ne
pouvait répondre à tous les problèmes de la vie
quotidienne. L’islam a alors été imprégné de
réflexions diverses, d’efforts d’ijtihad,
c’est-à-dire d’efforts d’interprétation des textes
coraniques et de pensées inspirées par la Grèce

40
antique. C’est ainsi que les mou’tazilites (« ceux
qui s’isolent, qui prennent de la distance ») ont
défendu l’idée du libre-arbitre. Ce fut une
période faste, où la rationalité fut élevée au
rang d’exigence à la fois philosophique mais
aussi culturelle, éthique et politique. Des noms
illustres ont transmis leur héritage, qui ne
demande qu’à être mis à jour et exploité. Parmi
eux, on peut citer Al-Kindi (796-873),
encyclopédiste et philosophe arabe qui a
contribué à la diffusion de la philosophie
grecque dans le monde musulman (2). Citons
aussi Ibn Sina (980-1037), ou Avicenne, qui a
interprété les textes d’Aristote et défendu la
capacité de la raison à déterminer la vérité (3).
De même, Ibn Rochd (1126-1198), plus connu
en Occident sous le nom d’Averroès,
philosophe, médecin et juriste, a défendu le
fait que la philosophie était porteuse de vérité
(4).

Dans son ouvrage phare intitulé Considérations


sur le malheur arabe, l’écrivain et journaliste
Samir Kassir (1960-2005) note que « les
philosophes arabes ne se sont pas contentés de
s’approprier la philosophie antique mais ils ont
posé l’universalité de la raison —un précédent
qui mériterait d’être médité aujourd’hui par
ceux qui affirment l’impossibilité théorique de la
démocratie en terre arabe (5). » Le problème,

41
c’est que la pensée musulmane s’est figée au
XIe siècle, après qu’Al-Qadir, calife de Bagdad
(947-1031) eut décidé en 1019 de proclamer la
fin de l’ijtihad. Depuis, quatre grandes écoles
juridiques (hanéfite, malékite, chaféite et
hanbalite) encadrent la pratique religieuse, ce
qui a mené à la persistance d’une production
intellectuelle répétitive et sans grand intérêt,
même si quelques grandes pensées novatrices
ont tout de même pu émerger au fil des siècles.
L’une d’elle, certainement la plus féconde, est
celle de l’illustre Ibn Khaldoun (1332-1406),
auteur d’une immense œuvre historique et
sociologique, dont la rigueur et la méthode font
qu’il est souvent considéré dans le monde arabe
comme l’un des précurseurs de la sociologie
moderne. On lui doit notamment une
Introduction à l’histoire universelle ou
Muqaddima (6).
Il a fallu toutefois attendre le XIXe siècle pour
assister à un éveil de la pensée islamique, avec
l’avènement de la Nahda, ou « Renaissance ».
De nombreux penseurs ont tenté alors de
moderniser l’islam et d’encourager des
réformes politiques en s’inspirant de l’Europe
triomphante sur le plan militaire mais aussi
technologique. Parmi eux, on peut citer le
persan Jamal-Eddine Al-Afghani (1838-1897),

42
dont les écrits et les engagements ont défendu
un rationalisme éclairé. Son disciple,
Mohammed Abdou (1849-1905), qui fut mufti
d’Egypte, c’est-à-dire le plus haut dignitaire
religieux, a lui aussi contribué à diffuser les
principes de rationalisme, au point que de
nombreux spécialistes qualifient son œuvre de
« théologie islamique de la libération » (7). Bien
qu’ayant échoué à enclencher un renouveau
durable de la pensée islamique, la Nahda a
généré nombre de valeurs positives qui
continuent d’être revendiquées par celles et
ceux qui entendent moderniser le monde
arabo-musulman. Même s’ils sont considérés
par certains comme coupables de l’avoir
interrompue, les nationalistes s’en sont inspirés
pour façonner leurs revendications
anticolonialistes. Grâce à elle, ils n’ont pas
craint de se réclamer des valeurs universelles
mais aussi de la pensée occidentale. Comme
l’explique Kassir, la Nahda, « fille de progrès et
des Lumières européennes (...), demeure une
attitude » tournée vers l’avenir et engagée dans
la remise en cause de l’archaïsme, qu’il soit
politique ou religieux.

Les outils et matériaux conceptuels, qu’ils


soient d’ordre philosophique ou religieux,
existent. Outre les travaux d’Arkoun, il faut citer

43
ceux de penseurs contemporains comme
l’Iranien Abdul Karim Soroush, surnommé « le
Luther de l’islam », du Pakistanais Fazlur
Rahman(1919-1988), qui travaille à une
nouvelle approche du Coran et de la
Révélation, de l’Egyptien Nasr Hamid Abou
Zayd(1943-2010), pionnier d’une nouvelle
herméneutique du Coran —ce qui lui a valu
d’être exilé de force en Europe en raison d’une
prétendue apostasie—, et, enfin, de
l’universitaire tunisien Abdelmajid Charfi (8).
Tous offrent un matériau précieux qui ne
demande qu’à être exploité et diffusé pour peu
que l’on en finisse avec l’ostracisme dont ont
été victimes ces penseurs. Dans cette optique,
l’étude multidisciplinaire —c’est-à-dire au-delà
du seul commentaire théologique— du Coran
peut contribuer à mieux connaître le contexte
historique et social dans lequel est apparu
l’islam et, ce faisant, à surmonter les défis
politico-religieux contemporains (9).

C’est une chose que de plaider pour la reprise


de l’ijtihad et d’en démontrer la possibilité. C’en
est une autre que de croire que cette exégèse
réformatrice sera simple à mener et qu’elle
s’imposera facilement. La Nahda n’a pu avoir
lieu au XIXe siècle que parce qu’elle a été le fait
de personnalités religieuses à la légitimité

44
reconnue. Dès lors, on peut avancer l’hypothèse
qu’aucune réforme majeure en islam ne sera
acceptée si elle ne se fait pas dans un cadre
interne à cette religion et par le biais d’acteurs
légitimes aux yeux des croyants. Un décret
présidentiel n’assurera jamais une
sécularisation durable, comme le montre
l’évolution récente de la Turquie, où la
réislamisation de la société menace le legs laïc
d’Atatürk. On peut aussi citer l’exemple du Code
du statut personnel (CSP) tunisien, promulgué
le 13 août 1956 et instaurant, entre autres,
l’égalité entre l’homme et la femme. Si le CSP
est l’un des actes politiques majeurs de Habib
Bouguiba (1903-2000), alors premier ministre
du bey —il deviendra président après la
promulgation de la République le 25 juillet
1957—, il n’en demeure pas moins que le «
Combattant suprême » a eu recours à l’exégèse
d’un verset coranique pour justifier la
prohibition de la polygamie. A l’inverse, le fait
que la femme hérite la moitié de ce qui revient
à l’homme n’a jamais pu être remis en cause
par la Tunisie ou tout autre pays musulman. La
raison en est simple, cette règle est dûment
consignée dans le Coran et, à ce jour, aucune
exégèse n’a pu la remettre en cause.

45
L’ijtihad ne se fera pas sans mal, et la
discorde politique et religieuse sera
inévitable

L’un des grands défis de l’ijtihad tient dans le


fait que les grands centres d’études islamiques
lui sont opposés. En Egypte, l’université
Al-Azhar est conservatrice et peu encline à
prendre le moindre risque en matière de
pensée novatrice. Quant à l’Arabie saoudite,
avec ses universités et ses réseaux prosélytes à
travers le monde, elle demeure le centre de
gravité d’une pensée obscurantiste et
réactionnaire à laquelle s’abreuvent nombre de
groupes et organisations extrémistes. Il faut
donc espérer que, quelque part, des imams et
des oulémas soient en train de relire les textes
coraniques à l’aune des écrits d’Arkoun ou de
Charfi. Demain, leurs thèses finiront peut-être
par sortir de l’anonymat. Mais une chose est
certaine, l’ijtihad mettra du temps à réunir
l’ijmaâ, c’est-à-dire le « consensus ». Hantise du
monde musulman, surtout sunnite, la fitna,
—cette « discorde », notamment politique mais
aussi théologique, qui s’est manifestée dès la
mort du Prophète— sera inévitable. En bref, il
faut, là aussi, être lucide, s’inscrire dans le

46
temps long et ne pas croire que « l’islam des
Lumières » est l’affaire de quelques années.

Cette rénovation viendra-t-elle d’Europe, là où


les musulmans expérimentent le fait d’être un
groupe minoritaire, encouragé à se séculariser ?
La question demeure posée mais il ne faut pas
oublier que l’islam d’Europe reste largement
sous l’influence théologique mais aussi
politique du monde arabo-musulman, et ce
dernier ne saurait le considérer comme étant
légitime pour insuffler le changement. Bien au
contraire, les musulmans d’Europe sont souvent
suspectés d’innovations blâmables par les
tenants de l’orthodoxie islamique.
Akram Belkaïd

Cet article est la mise à


jour de l’ouvrage de
Akram Belkaïd, Être
arabe aujourd’hui,
Carnetsnord, Paris,

(1) La Pensée arabe (PUF, Paris, 8e édition, 2010) et ABC de l’islam


(Grancher, Paris, 2007).

47
(2) De celui que l’on appelle souvent le « philosophe des philosophes », on
peut lire Le Moyen de chasser les tristesses et autres textes éthiques,
Fayard, Paris, 2004.

(3) Amélie-Marie Goichon, La Philosophie d’Avicenne et son influence en Europe


médiévale, Editions Jean Maisonneuve, Paris, 1984.

(4) Ibn Rochd, L’Islam et la raison, Flammarion, Paris, 2000.

(5) Sindbad-Actes Sud, Arles, 2004.

(6) Le Temps des cerises, Montreuil, 2006. Sur Ibn Khaldoun, lire l’ouvrage du
géographe Yves Lacoste, Ibn Khaldoun. Naissance de l’Histoire, passé du
tiers-monde, La Découverte, Paris, 2009.

(7) Mohamed Tahar Bensaada, « La théologie de la libération de Mohammed


Abdou », Oumma.com, 3 août 2010.
(8) Rachid Benzine, Les Nouveaux Penseurs de l’islam, Albin Michel, Paris,

2004. (9) Lire « De Jésus à Mahomet », Le Monde diplomatique, décembre

2015. 2011.

48

Chapitre XIII- UNE DES GRANDES FIGURES DE


L'ALGÉRIE MODERNE Mohammed Dib
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Description

Mohammed Dib, en arabe : ‫ دﯾب ﻣﺣﻣد‬,né le 21 juillet 1920 à Tlemcen et mort le


2 mai 2003 à La Celle-Saint-Cloud, est un écrivain algérien d'expression
française, auteur de romans, de nouvelles, de poésie, de théâtre et de contes
pour enfants. Wikipédia

Date et lieu de naissance : 21 juillet 1920, Tlemcen, Algérie

49
Date et lieu de décès : 2 mai 2003, La Celle-Saint-Cloud
Épouse : Colette Bellissant (m. 1951–2003)
Activité principale : romancier, poète
Enseignement : Université Alger 1

Livres

La Grande Maison
1952
Qui se souvient de la me...
1962

Le talisman: nouvelles
1966

Un été africain: roman 1959

La dernière interview de Mohammed Dib6

http://mohammed.dib.free.fr/extraits.html?fbclid=IwAR3IYXnpQ91a77J7aB3irEb0ZEHMYzG7HB4BVAzccAHRC
z O2ctFbix_4T1U

50

L'écrivain répugnait à s'exhiber. Il parlait donc peu en public et recevait


rarement la presse. Il explique pudiquement la chose par l'âge et les
ennuis de santé. Aussi, cette interview donnée à Mohamed Zaoui, dans
le cadre du livre Algérie, des voix dans la tourmente (éditions Le Temps
des cerises, 1998), la dernière sans doute qu'il ait donnée à un
journaliste, recèle-t-elle quelque valeur secrète. On y découvre un
Mohammed Dib dépouillé des préjugés qui accompagnent les
personnages énigmatiques, un homme amoureux, amoureux de tout, un
homme qui a banalisé l'exil et la mort, qui réfléchit pour écrire parce
que, rappelle-t-il, " l'approfondissement de la réflexion est devenue une
nécessité ". On apprend alors que l'âge et l'exil n'ont pas transformé sa
plume, depuis la trilogie, depuis L'Incendie et La Grande Maison. Ils ont
juste favorisé une certaine liberté " vis-à-vis d'une forme d'écriture dite
réaliste ", c'est-à-dire celle qui décrit le pays et le peuple d'une façon
externe, ils ont juste accéléré une évolution " vers une forme d'écriture
nouvelle, vers des sujets nouveaux qui ne m'ont pas fait perdre la réalité
extérieure ", c'est-à-dire de " montrer l'intérieur ". Ce Dib a vieilli à notre
insu dans une représentation intime de son pays et cette intimité-là,
pourquoi le cacher, il nous reste une vie pour s'en imprégner. Pour
comprendre comment l'écrivain a continué à vivre les pulsations de son
peuple sans le côtoyer. Comme seuls savent le faire les poètes.

Mohamed Zaoui : Dans votre dernier roman, L'Infante maure, il est


question d'un couple mixte

Mohammed Dib : Entendons-nous bien, les personnages essentiels ne


sont pas ceux du couple mixte, même si ce dernier existe en
arrière-plan.

Que vouliez-vous mettre exactement en relief à travers l'histoire d'une

51

rencontre entre un homme du Sud et une femme du Nord, d'une


part, et l'histoire de leur enfant, d'autre part ?

Le mode d'emploi d'un livre se trouve dans le produit lui-même, ainsi


que toutes ses explications Là, il s'agit d'un roman. On ne peut pas
donner d'explications didactiques, celles-ci y sont suggérées et le lecteur
devrait avoir à cœur de trouver seul ces explications. Cela fait partie des
plaisirs de la lecture. Un livre ne s'écrit pas comme une démonstration
mathématique : on pose un problème et on essaie de le résoudre. Il vient
comme une sorte d'inspiration, et à ce moment-là, le livre s'invente au
fur et à mesure qu'il s'écrit. L'auteur ne sait pas forcément ce qui va se
produire, donc ce qu'il va lui-même dire. Il est vrai que toute œuvre
littéraire, une fois achevée, a un sens, mais ce sens n'est pas forcément
prévu au départ. Un écrivain se découvre, et découvre son œuvre en
écrivant.
L'Infante maure, c'est tout de même un titre qui suggère tant de
choses.

Ce que j'ai voulu montrer, c'est tout simplement un enfant. Comment il


vit, comment il voit le monde et comment il réagit. Il m'importe peu que
cet enfant soit celui d'un couple mixte ou qu'il vive dans un pays ou dans
un autre. C'est d'abord l'enfant qui m'intéresse. Aujourd'hui, les voyages
et les échanges se sont multipliés et font que les gens se rapprochent de
plus en plus. Il y a des gens qui voyagent énormément, qui se
rencontrent, qui se plaisent et parfois s'épousent. Il y a de plus en plus
d'enfants dont l'un des parents appartient à un pays différent, à une
langue différente et à une culture différente de l'autre. Je dirais même
que le monde va de plus en plus dans ce sens, et l'idéal serait que le
monde entier ne soit constitué que d'enfants issus de couples qui
appartiennent à des cultures différentes. Dans mon livre, nous nous
retrouvons d'une manière plus précise devant un couple dont l'homme
est censé être un Maghrébin. Il peut-être algérien, marocain ou tunisien.
La femme vient d'un pays nordique. Cela pourrait être la Suède, la
Norvège ou la Finlande. Un enfant naît de cette union. Les enfants qui
sont riches de deux cultures sont également riches d'un imaginaire et
même de deux imaginaires qui se confondent. Un imaginaire qui fait leur
marque essentielle, qui fait leur identité. C'est pour cela aussi qu'un
enfant issu d'un mariage mixte - le mot " mixte " ne me plaît pas
beaucoup - est un enfant qui a un monde de rêve beaucoup plus grand,
beaucoup plus étendu que celui qui a pour origine un seul pays, une
seule culture, qui se trouve bien enracinée, bien ancrée quelque part.

52
L'enfant a un espace pour son imagination, il est un peu le roi de son
domaine imaginaire. Une fille est en quelque sorte la reine, d'où "
l'infante ".

Justement, pourquoi " l'infante " ?

Il faut préciser que le mot infante a une connotation spéciale,


puisqu'il s'agit des enfants des rois d'Espagne. Une infante maure
suggère aussi tous ces liens du passé avec la culture d'une autre
époque.

L'enfant d'un couple mixte vit quelque part un


déchirement. Partagez-vous cette opinion ?
Non ! c'est un préjugé. Un adulte qui, pour certaines raisons, est obligé
de s'expatrier vit dans ce cas un déchirement, mais pas l'enfant. Sauf
bien sûr s'il existe au sein du couple un antagonisme irréconciliable qui
entraînerait le déchirement de l'enfant. Cela peut exister chez les couples
qui partagent la même langue. Des parents qui ne s'entendent pas font
des enfants malheureux. Ceux-là existent partout, ils n'ont pas besoin de
venir de pays différents pour ne pas s'entendre. A mon sens, il n'y a donc
pas de déchirement mais une curiosité profonde. D'ailleurs, j'ai posé des
questions à des personnes adultes, issues de couples de ce genre, qui
m'ont confirmé que, enfants, ils avaient ce rêve très vaste qui embrasse
au moins deux pays. L'idée surtout que le pays qu'ils ne connaissent pas
leur apparaissait comme un royaume féerique. Et si l'un des parents est
absent, il est souvent imaginé comme un grand personnage, dans son
pays bien sûr. L'enfant rêve de cela. Une fois adulte, il se rendra compte
que ce n'est pas toujours vrai.

Vos derniers romans apparaissent comme le point de départ d'une


réflexion sur l'exil. Mais on considère aussi que vous revenez à une
écriture plus intériorisée.

Etant jeune, c'est l'action qui prime ; avec l'âge la réflexion s'y substitue.
Un écrivain relativement jeune se pose des problèmes d'esthétique et
d'efficacité, mais avec l'âge, on pose de plus en plus des questions
d'éthique, car dans la vie il y a des étapes qui font qu'on passe d'un stade
à un autre.

Vous êtes vous-même passé par ces étapes. Vous avez fait plusieurs fois
des ruptures dans vos œuvres, et d'une trilogie à une autre, vous
récidivez en quelque sorte ?

53
D'une manière générale, chez un être humain, il n'y a pas de rupture, à
moins que la personnalité change complètement. Je dois ajouter, en ce
qui me concerne, que tant que l'Algérie était une colonie, j'ai pensé, et je
le pense toujours, qu'un écrivain doit accomplir un devoir envers son
pays en affirmant sa personnalité, en posant la revendication de son pays
et de son peuple. Il y avait en plus à l'époque quelque chose de spécial.
L'Algérie n'existait pas dans la littérature des Algériens, elle n'avait pas
encore droit de cité, même s'il y avait des écrivains français de passage
qui ont écrit sur l'Algérie, comme Gide ou d'autres Il y avait aussi des
romanciers français de la colonisation en grand nombre. Ils avaient une
vision particulière de l'Algérie, une vision qui, pour les Algériens comme
moi, n'avait aucun sens et ne correspondait pas à la réalité. En tant
qu'écrivain algérien, j'ai ressenti le besoin et le devoir de décrire, de dire
cette réalité. Le devoir de nommer l'Algérie, de la montrer. Ce devoir
équivalait à une forme d'acte de foi, il suffisait de nommer les gens, de
montrer comment ils sont physiquement, de montrer leur
comportement, la nature qui les entoure. Cela suffisait à l'époque de
décrire un paysage algérien pour faire acte de foi et amener l'Algérie à
l'existence littéraire.

Et amener l'Algérie à l'existence politique.

Les problèmes politiques se posent d'eux-mêmes et en même temps. Si


vous voulez refléter la réalité d'une certaine époque, les problèmes
politiques y sont inclus systématiquement. Mais à partir du moment où
l'Algérie est devenue indépendante, j'ai pensé que l'écrivain étant
indépendant lui-même, son devoir n'était plus de présenter son pays et
ses revendications, mais de se livrer à une réflexion plus personnelle. Elle
doit, de ce fait, porter sur les problèmes plus intérieurs de l'écrivain,
d'une part, et de la société, d'autre part. Dans un premier temps, les
livres présentent le pays et le peuple d'une façon un peu externe. Cette
littérature est " réaliste ". Mais le réalisme consiste à montrer l'intérieur
aussi. Ainsi, l'approfondissement de la réflexion chez les écrivains est
devenu une nécessité. Il n'y a pas eu donc de rupture, il n'y a pas eu de
moment où la personnalité de l'écrivain a changé, c'est l'orientation de
sa pensée qui a changé, elle se situe dans une évolution tout à fait
normale.

Cela est-il valable pour vous ?

J'ai commencé à reprendre ma liberté vis-à-vis d'une forme d'écriture

54

dite " réaliste ". Encore une fois, le réalisme ne concerne pas que l'aspect
extérieur des choses, il concerne la vie intérieure des gens. J'ai évolué
vers une forme d'écriture nouvelle, vers des sujets nouveaux qui ne
m'ont pas fait perdre la réalité extérieure. Après avoir écrit Qui se
souvient de la mer ? ou Cours sur la rive sauvage je suis revenu avec La
Danse du roi ou Dieu en Barbarie à des problèmes plus sociaux.

L'écriture pour vous est-elle un acte physique ?

Je ne pense pas que la dépense soit importante. Le travail intellectuel ne


fatigue pas comme le travail physique. Il y a par contre et sûrement des
dépenses psychiques. Par ailleurs, il me semble que plus on travaille, plus
on se livre à une gymnastique intellectuelle, plus l'esprit est disposé à
travailler. Ce sont les arrêts qui en quelque sorte alourdissent.

Que ressentez-vous au moment d'écrire un roman ?

J'ai l'impression que ce n'est pas moi qui écris et qui invente, que les
choses se présentent toutes seules, et que je n'ai qu'à écouter et voir.
Concernant les dialogues et les discours, je n'ai même pas besoin de
chercher. Je les entends et je les rédige. J'ai fait cette constatation depuis
longtemps, c'est la partie de mes manuscrits que je corrige le moins. Les
dialogues dans leur état premier restent inchangés, exactement comme
d'autres personnes, en parlant en ma présence, me demandent de
transcrire leurs paroles en les maintenant telles quelles.

Avez-vous déjà reçu une invitation d'un pays arabe ?

Jamais, jamais

Et de l'Algérie ?

Oui, des invitations pour participer à des rencontres littéraires. Ce sont


généralement des associations privées qui les organisent.

Des colloques au sujet de votre œuvre littéraire ont souvent été


organisés en Algérie et ailleurs, mais vous n'y assistez jamais. Comment
expliquez-vous ces absences ?

Généralement, je ne suis pas présent pour diverses raisons. Il y a un peu


l'âge, qui me rend les choses plus difficiles à faire. J'ai également des
ennuis de santé et un traitement médical draconien qui m'oblige à faire

55
des contrôles fréquents.

Votre nom revient souvent dans les travaux de recherche sur l'exil dans
la littérature maghrébine. Votre exil est-il celui d'un homme politique,
d'un travailleur émigré ou d'un intellectuel ?

Ma réponse est très simple : mon exil est celui d'un travailleur émigré.
Après l'indépendance, je n'ai pas trouvé ma place dans mon pays malgré
les promesses et les démarches. J'avais une famille à ma charge, il fallait
bien qu'elle vive. J'avais proposé l'édition de mes livres en Algérie. Les
contrats existent, certains remontent à 1965, d'autres plus récents, à
1979 et 1981.

Avez-vous reçu des réponses ?

Jamais, jamais.

Avez-vous écrit aux responsables ?

Non, je ne leur ai jamais écrit ; par contre, j'en ai rencontré plusieurs,


ceux notamment de l'ex-Sned. Je leur avais proposé mes services,
sans rien réclamer de spécial.

C'était à quelle période ?

Aux premières années de l'indépendance, en 1964 et en 1965. J'avais fait


plusieurs voyages et, à chaque fois, on me disait qu'" on allait étudier la
question ", tout en me demandant de retourner chez moi et d'attendre.
J'avais proposé la coédition de mes livres, car j'avais obtenu de mon
éditeur français cette autorisation. C'est-à-dire qu'au lieu que l'Algérie les
achète au prix fort à l'édition française, ces livres auraient été imprimés
en Algérie, et donc vendus à des prix accessibles au public. De plus,
j'avais proposé l'édition d'une œuvre originale, malheureusement, je n'ai
jamais eu de réponse. C'est pour cette raison que je dis que je vis en
France en tant que travailleur émigré, parce que j'ai trouvé dans ce pays
les possibilités de logement, de moyens d'existence que je n'ai pas
trouvés en Algérie.

On a rapporté dans des journaux algériens que dans les années 1970
vous avez tenté de vous installer en Algérie. Est-ce exact ?

Il n'était pas question que je m'y installe avec ma famille. Il fallait d'abord

56

que je trouve quelque chose, et cela n'a pas été le cas. Je ne demandais
pourtant pas de garantie. De toute façon, il y avait une catégorie
d'intellectuels qui avait été mise à l'écart. Je ne suis pas le seul à avoir été
écarté. C'était une pratique générale dans les sphères administratives.
Autrement dit, les responsables et les dirigeants avaient leur clientèle ; ils
plaçaient ceux qui leur servaient à quelque chose. On ne tenait jamais
compte de la valeur de la personne. Encore une fois, je ne parle pas pour
moi puisque avant de faire ces démarches, j'avais mes propres moyens
d'existence en France, je n'étais donc pas dans l'urgence de trouver tout
de suite quelque chose. Je voulais simplement retourner dans mon pays.

Kateb Yacine est retourné en Algérie mais il s'est vite retrouvé


marginalisé.

Et pourtant, il était considéré comme employé du ministère des Affaires


sociales, il touchait donc un traitement. Mais à vrai dire on ne lui a pas
tellement facilité les choses, tel qu'on le croit, sur le plan administratif.
Pourtant, aujourd'hui, on parle de Kateb Yacine, on chante ses louanges
sur tous les tons. Cependant, pour ne prendre qu'un exemple, Kateb
voulait monter des pièces de théâtre, bénéficier d'un local et d'une
troupe permanente pour pouvoir travailler d'une façon conséquente,
régulière et intéressante. Qu'est-ce que cela fait aux pouvoirs publics de
donner un théâtre ? Qu'est-ce qu'on a fait pour lui et pour le théâtre ?
On l'a envoyé avec sa troupe à Sidi Bel Abbès. Je dis cela simplement
pour expliquer que je n'étais pas le seul dans ce cas-là, que Yacine et
d'autres ont subi les mêmes problèmes. Et je ne parle pas de tous ces
jeunes gens qui ont dû quitter l'Algérie après l'indépendance pour
trouver du travail, pour trouver des moyens d'existence, alors que leur
pays qui avait besoin d'eux aurait dû les garder. En réalité, tous ces
Algériens qui se trouvent ici en tant qu'immigrés ont été d'une certaine
manière rejetés par leur pays.

Vous avez dit un jour : " Quand on prend le chemin de l'exil, le retour
est impossible " Le pensez-vous toujours ?

A vrai dire, on ne revient jamais. Pas seulement de l'exil. Quand on part,


on ne revient pas, c'est sûr. Même s'il y a retour, ce n'est pas la même
personne qui revient.

Quel rapport entretenez-vous avec l'Algérie aujourd'hui ? Avec

l'Algérie, mes relations sont celles d'un Algérien, ou de citoyen d'un 57

pays envers son pays, envers le milieu qu'il connaît. Donc des
relations tout à fait ordinaires.

Le Monde du 20 mai 1994 a écrit dans son supplément du livre : " Dans
ses romans, Dib fait entendre une voix plus intime, alors que l'Algérie
s'éloigne un peu ". A quoi sont dus ces changements littéraires ?

Comme je l'ai déjà expliqué, ces changements sont en effet un


approfondissement de la réflexion. N'importe quel écrivain aborderait
des questions qu'il n'avait pas l'habitude d'aborder étant jeune. Des
questions qui relèvent de l'éthique ou de la spiritualité. De toute
façon, c'est une évolution qui se produit chez chaque écrivain, elle
n'est pas particulière à ma personne. C'est peut-être parce que j'ai
vécu trop longtemps que l'on décèle ces changements. A travers une
évolution normale, il se produit des changements d'orientation ou
d'intérêt.

Est-ce que vous gardez toujours dans votre mémoire les habitants de La
Grande Maison, le petit Omar, Lla Aïni, Hamid Seradj ?

Oui, bien sûr, mais à vrai dire, c'était une autre époque. Les Algériens ne
sont plus comme cela. Les Algériens ne sont plus les mêmes que ceux du
temps de La Grande Maison. Ce sont des livres qui appartiennent au
passé, à l'histoire de l'Algérie, et c'est encore une chance.

Mais Omar, Lla Aïni, Hamid Seradj sont toujours vivants.

Ah oui, c'est sûr ! En réalité, pour chacun de ces personnages je me suis


servi - même si ce mot n'est pas très heureux - de plusieurs modèles. Or
ce sont des gens que je connaissais plus ou moins, que j'ai donc continué
à rencontrer ou à voir. Prendre les traits, les caractères physiques de
plusieurs personnes et en faire un personnage, cela fait partie du travail
d'un écrivain.

Omar n'est-il pas Habel, l'émigré dans un pays du Nord à la recherche


d'une femme qu'il a perdue ?

Oui, si vous voulez. Dans le sens où c'est le même acteur qui écrit les
mêmes livres. Il est vrai que chez un auteur, il y a une constante et c'est
inconscient chez lui. Ces constantes se retrouvent donc d'un livre à
l'autre, quelquefois même dans certains détails qui reviennent sans que
l'auteur ne s'en aperçoive. Il se peut donc que le même personnage
ayant un rôle dans un des premiers livres se retrouve sous un autre

58
aspect, ou en partie, dans des livres qui sont écrits plus tard. Ces
tendances que nous avons tous ne sont pas propres à l'écrivain. Des
constantes dans notre caractère, dans nos comportements font que nous
sommes nous-mêmes.

Depuis plus de dix ans, vous poursuivez l'expérience de la rencontre


amoureuse. Dans vos derniers romans et recueils de poésie vous nous
montrez un Dib amoureux de la femme dont il fait son guide. A
soixante-quatorze ans, êtes-vous toujours amoureux ?

La question ne se pose même pas. A vrai dire, le fond du problème, ce


n'est pas de traiter de l'amour puisque cela fait partie de la nature
humaine d'éprouver de l'amour. Pour moi, ce qui a été essentiel dans
mon œuvre, c'est de faire une place à la femme dans mes livres. Que
cette femme soit algérienne, comme cela a été le cas dans plusieurs de
mes ouvrages, cela allait de soi ; la femme a toujours vécu marginalisée
dans notre société, ceci m'a aussi incité à parler d'elle. J'ai toujours voulu
qu'elle ait un droit de cité, comme l'Algérie d'ailleurs. C'est cela qui m'a
déterminé. Je ne parle pas de la littérature arabe puisque cette dernière
abonde, en effet, d'histoires d'amour. Les Arabes ont inventé le type du
couple amoureux, en quelque sorte un archétype éternel tel que
Majnoun Leïla. Même ceux qui ne connaissent rien à la littérature arabe
savent que ce couple existe. Ce dont je voulais parler, c'est de l'Algérie.
Ce pays est entré, avec la colonisation et même avant, dans une phase
que je qualifierai d'" austérité morale ". Une austérité qui est allée
jusqu'à pratiquer la sclérose de la société, qui a entraîné à son tour une
certaine paralysie des sentiments. Le mot " amour " est devenu un mot
tabou dans la société algérienne. Dans des conversations familiales, et
surtout entre des êtres proches, dans un couple par exemple, ce mot
était imprononçable. Que l'on chante l'amour dans la musique andalouse
ou dans toutes sortes de chants et que l'on se délecte de cela, c'est une
chose, mais quant à le dire, dire " je t'aime " à sa femme ou à son mari,
c'est une tout autre chose. Pour moi, puisque le mot amour était
imprononçable, et pour rester fidèle à l'image de la société algérienne, je
ne le prononce pas. Je le fais par contre sentir, parce qu'il y a dans la vie
comme dans la littérature plusieurs manières de faire sentir qu'on aime
quelqu'un. Je le fais sentir pour que, peu à peu, on prenne conscience de
ce sentiment et qu'il faut à un moment ou à un autre le dire.

Il y a presque quatre années que le défunt journaliste et écrivain Tahar


Djaout vous a rencontré. Quelle impression vous a-t-il laissée ?

59
A vrai dire, on s'est rencontrés trois fois, pas plus. Cela a suffi pour que
j'estime à la fois l'homme et l'écrivain. Il arrive souvent que l'écrivain soit
remarquable et l'homme décevant, même si son œuvre est intéressante.
Ce n'était pas le cas avec Djaout. Au contraire, j'ai trouvé que c'était un
homme d'une dignité et d'une discrétion Il savait écouter et ne
s'imposait pas même lorsqu'il était en présence de gens tout à fait
ordinaires, médiocres sur le plan intellectuel. J'ai vu pendant cette
rencontre littéraire tenue à Saint-Denis, il y a quelques années, la
manière posée et mesurée avec laquelle il parlait. C'était un être chez qui
on sentait une grande profondeur à la fois intellectuelle et morale. Il ne
se présentait jamais comme un personnage hors du commun. Et il l'a
payé de sa vie.

Etes-vous à l'écoute de ce qui se passe en Algérie, notamment depuis


l'assassinat de Mohamed Boudiaf ?

Bien sûr, bien sûr Je suis inquiet et déchiré par tous les soubresauts qui
secouent l'Algérie. Je ressens cela comme tout Algérien. Quand un
meurtre est commis par un autre Algérien, que je le veuille ou non, je
partage la responsabilité de ce meurtre. Inconsciemment ou non, les
assassins nous font endosser cette responsabilité, et cela nous rend
malheureux et honteux d'être algériens. Les Algériens doivent avoir
honte d'être algériens parce que d'autres Algériens commettent des
crimes, pas seulement en leur nom, mais moralement en notre nom à
tous. Il n'y a rien qui justifie un meurtre, aucune raison, même si on se
prétend religieux. L'islam n'a jamais autorisé le meurtre pour le meurtre,
comme aucune autre religion d'ailleurs. Jamais. Vous savez, du temps du
Prophète, le meurtre n'était pas compensé par un autre meurtre. A mon
avis, ce qui arrive peut s'expliquer par un désarroi. C'est une aberration
d'ordre psychique. Quand on en arrive là et qu'il n'y a pas de justification
logique, cela relève donc de la psychiatrie. L'Algérie est devenue une
sorte de prison-hôpital psychiatrique à grande échelle. De plus, ce qui se
passe se justifie d'autant moins qu'il s'agit de règlements de comptes ou
de vengeances personnelles qui se produisent en faveur des désordres
actuels. L'arrangement ne peut provenir que d'une solution politique, ce
qui ne veut pas dire qu'il débouchera automatiquement sur la
démocratie.

Même s'il y a un dialogue avec les islamistes ?

Même positif, ce dialogue ne peut pas réparer le mal qui a été fait. Parce
que le pays a été disloqué comme un corps qui, miné par une maladie

60
des organes touchés sérieusement, ne peut guérir tout de suite. Il
faut du temps. Quelquefois, le corps ne retrouve pas sa santé. C'est le
cas aujourd'hui de notre société encore en proie à des maladies.
Entretien réalisé par Mohamed Zaoui (1998)

In Algérie, des voix dans la tourmente (éditions Le Temps des cerises)

XIV - A LA MÉMOIRE DU
DOCTEUR KADER ABID
(Évocation, par son ami et camarade, le
Dr Sadek Hadjerès *)

J’écris ce bref témoignage à la demande de la famille du


Dr Abdelkader Abid et de ses proches, soucieux de
mieux connaître des facettes de sa vie et de ses activités
moins connues d’eux.
Du même coup, j’espère satisfaire aussi la curiosité d’un
plus large public, parmi lesquels d’innombrables amis du
regretté Kader qui ont participé à telle ou telle de ses
activités ou en ont entendu parler.
D’autres que moi ont commenté ou commenteront
mieux que moi une partie des travaux, activités et textes
scientifiques qui ont été rassemblés ou mis à jour à
l’initiative de sa famille et amis. Concernant certaines de
ces questions méthodologiques liées notamment aux
problèmes du développement humain global et durable,

61
il m’est arrivé d’en discuter souvent avec Kader, à côté et
plus longuement, de questions fondamentales d’ordre
idéologique, philosophique et politique. Dans ce texte
cependant, j’évoquerai davantage sa personnalité et son
activité citoyennes, partie considérable et significative
d’une existence prématurément interrompue.
Kader, une maladie brutale l’a arraché en 2016 à sa
famille, à ses camarades et au peuple qu’il aimait, alors
qu’il atteignait une belle maturité physique et d’esprit.
Trois ans plus tard, s’il avait survécu, il aurait connu le
plus grand bonheur de sa vie, l’immense Hirak populaire,
l’horizon d’un mouvement démocratique massif, à la fois
rationnel et impétueux auquel, comme beaucoup de ses
compatriotes, il aspirait profondément et oeuvrait sans
relâche par mille et un canaux depuis longtemps.
Fils de Djelloul Abid, moudjahid valeureux et respecté
depuis l’insurrection, (commissaire politique de l’ALN,
tombé au combat en août 1956 alors que l’un de ses
deux fils Kader avait quatre ans et d’une mère attachée
en actes aux valeurs de sa patrie et du progrès social, il
affronta dès sa jeunesse difficile dans l’Algérie
indépendante l’arbitraire et les rigueurs d’un régime
impitoyable envers la société profonde, dont les
étudiants et leur organisation l’UNEA, (Union Nationale
des étudiants Algériens) ainsi que les militants syndicaux
et ceux du PAGS, (Parti de l’Avant Garde Socialiste) .

62
Le jeune Kader vécut passionnément les débuts
mouvementés d’un parcours de vie et de contributions
importantes aux libertés démocratiques et aux tâches
d’édification nationale et scientifique. Il les a assumées
dans leur diversité avec discrétion et modestie. Sa
gentillesse et un certain effacement personnel
étonnaient quelques amis parce qu’il contrastait avec le
brio de sa pensée. Sa modestie était le fruit de fortes
convictions rationnelles qu’il avait le talent de faire
avancer patiemment, sans avoir besoin de les claironner
bruyamment.
Ses efforts étaient tout à la fois, comme dans un
ensemble multiple et polyvalent :
- Ceux d’un militant profondément attaché aux
intérêts de sa patrie, de la démocratie réelle et
participative, en lien étroit avec les intérêts des
couches laborieuses et déshéritées ;
- Ceux d’un scientifique rigoureux et pédagogue, dans
sa propre discipline médicale comme dans les
approches globales, interactives et dialectiques
dans tous les domaines;
- Ceux d’un rassembleur patient et affable, à l’écoute
des autres courants de bonne volonté, par-delà les
différences de sensibilités idéologiques, l’essentiel
étant pour lui de se retrouver dans l’action autour
d’objectifs et d’intérêts justes communs;
63
- Ceux enfin d’un humaniste foncièrement sensible aux
souffrances, préoccupations et droits fondamentaux
des êtres humains, aux problèmes communs de la
planète, aux cultures nationales et universelles ainsi
qu’à l’esprit de véritable solidarité internationaliste.
J’espère pouvoir un jour comme d’autres de ses
compagnons, pouvoir illustrer plus en détail plusieurs
épisodes qui m’ont mieux révélé les différentes facettes
et qualités de cette personnalité. Ces épisodes ont
chaque fois accru mon estime pour le désintéressement
et l’engagement lucide du militant oranais qui dans les
années 70 les plus difficiles a quitté la brillante carrière à
l’Université et dans le secteur public qui l’attendait. Il
rejoint la capitale pour répondre à l’appel de la direction
exécutive centrale du parti, confrontée à un crucial
besoin de collaborateurs fiables, face au rythme rapide
et parfois désordonné de développement des activités,
de la composition et des contraintes d’un parti réprimé,
contraint à une clandestinité sévère.
Je me contenterai pour aujourd’hui d’évoquer la
caractéristique de son parcours communiste qui m’a le
plus frappé par la profondeur et le désintéressement de
son engagement intellectuel, social et politique. Je
résumerai cette constatation par le fait que comme une
partie significative de ses camarades, Kader était à
l’opposé des clichés qui représentent le communiste

64
comme l’incarnation de la pensée et du comportement
sectaires et dogmatiques. Il représentait au contraire le
courant marxiste de la créativité s’appuyant sur l’analyse
concrète des réalités concrètes, sachant allier la fermeté
des convictions avec l’ouverture féconde et
rassembleuse dans les larges actions communes.
Cela m’était déjà apparu lors de son parcours initial
oranais des années 70. Aux côtés du regretté M’hammed
Djellid et d’autres cadres de terrain régionaux, il
défendait face à quelques membres autoritaires de sa
hiérarchie une conception et une pratique démocratique
de l’organisation ouverte sur le contact, les élans et
l‘écoute de la société. Pour lui comme pour nombre de
camarades à tous les niveaux, il était vital d’éviter les
pièges des méthodes bureaucratiques et l’esprit étroit
d’appareils qui entravaient le débat et les initiatives à la
rencontre des attentes et des sensibilités de la
population laborieuse et intellectuelle. On a pu constater
en effet au fil du temps et des luttes combien était
toujours plus féconde cette approche de l’essor du
mouvement démocratique et social, tandis que, a
contrario, étaient démobilisatrices et régressives les
conceptions et pratiques sectaires et mécaniques de
l’organisation.
C’est pourquoi, tout naturellement dès les années 89-90,
quand se sont accentuées dans le pays et les partis les
confusions et les intolérances sectaires, Kader se plaça

65
résolument aux côtés des militants et courants du PAGS
et d’ailleurs opposés aux manipulateurs-fossoyeurs du
mouvement démocratique et social. Sous la houlette des
« 3issabates » et clans maffieux représentés au sein et
en dehors du pouvoir, les services policiers de ce dernier
instrumentalisaient grossièrement la crise et les divisions
profondes d’une Nation et d’une société désorientées.
En marxiste conséquent, Kader ne tomba pas dans le
piège où ont malheureusement sombré y compris un
certain nombre de militants sincères. Il a perçu avec
d’autres la dérive fallacieuse et néfaste des cercles
d’obédience réactionnaire qui chauffaient au rouge les
divergences politiques, culturelles et idéologiques
pourtant surmontables pacifiquement et
démocratiquement. Ces conceptions et ces agissements
portaient gravement atteinte aux principes fondateurs
d’une stratégie de saine cohésion nationale, aux
principes unitaires de Novembre 1954 et des premières
conquêtes économiques et sociales de l’indépendance.
Kader, comme d’autres militants lucides de diverses
formations partisanes et syndicales, voyait bien que les
courants de division de la nation historique étaient les
jouets conscients ou inconscients d’intérêts
socio-économiques maffieux et d’enjeux géopolitiques
internationaux souvent inavoués ou parfois proclamés.
Certains membres du futur FAM (Front de l’Algérie
Moderne), créature des services secrets du pouvoir)
66
préconiseront la folle idée d’une partition de l’Algérie
entre populations irréconciliables, celles d’une Algérie
prétendue moderne et celles d’une Algérie prétendue
retardataire. Dans un premier temps, les faux
modernistes et vrais fossoyeurs de la nation couvraient
leurs aberrations en invoquant impudemment une pure
orthodoxie communiste. Quand ils ont cherché à le
gagner à leurs complot scissionniste au nom du «
modernisme communiste », Kader leur a répondu : non
seulement vous n’avez rien de moderne et de
communiste, mais vous êtes les pires des
anticommunistes. C’était la réponse d’un vrai intellectuel
communiste qui, tout en appréciant les approches
dialectiques des chercheurs américains de l’école de Palo
Alto, ou les œuvres des philosophes musulmans anciens
ou contemporains, était un connaisseur admiratif et
profond des œuvres de Lénine.
Il a continué tout au long des décennies suivantes,
comme de nombreux autres de ses camarades organisés
ou non, à œuvrer de mille et une façons à la continuité
de la pensée et de l’action en faveur de la longue œuvre
historique de libération du genre humain des fléaux de
l’oppression et de l’exploitation.
Il est de ceux, algériennes et algériens, englobés dans la
même mémoire, qui ont affronté inlassablement une
adversité ingrate. Ils ont labouré le terrain pour la
continuité des générations à travers l’éclosion de

67
nouvelles versions de l’élan populaire, aussi admirables,
fécondes et décisives que novembre 1954, décembre
1960, février 1971 et avril 1980.
La voie est de plus en plus ouverte, celle d’un
souhaitable futur algérien, maghrébin et international,
pour les innombrables KADER à venir.
Sadek HADJERES,
1er Novembre 2019

*Brève biographie de Sadek Hadjeres

Dr Sadek Hadjeres, né le 13 septembre 1928, à Larbaa


Nath Irathen, Algérie, est médecin praticien et chercheur
en sciences médicales. Très jeune, il s’engage dans les
luttes pour la cause nationale, sociale et démocratique. A
15 ans, il devient responsable de la section locale des
scouts musulmans algériens (SMA). A 16 ans (1944) il
adhère au Parti du Peuple Algérien (PPA). Il est élu
responsable de sa section universitaire dès 1948. Il
assume la présidence de l’Association des étudiants
musulmans d’Afrique du Nord (AEMAN) en 1950. Il
adhère au Parti communiste Algérien (PCA) en 1951. Il
est élu à son Comité Central en 1952 et à son Bureau
Politique en 1955. Il dirige la revue « Progrès » de 1953 à
1954.

Après l’interdiction du Parti Communiste Algérien en


1955, il entre en clandestinité pour diriger activement
68
les sections des Combattants de la Libération (CDL) aux
cotés de Bachir Hadj Ali. Ils entrent en contact avec
Abane Ramdane et Ben Youcef Ben Khadda,
responsables du FLN puis dirigent de l’intérieur du pays
les luttes menées par le PCA jusqu’à l’indépendance du
pays en 1962.
Après le coup d’État du 19 juin 1965 de H. Boumediene,
il entre à nouveau en clandestinité pour 24 ans. Il est
membre de l’ORP avec Mohamed Harbi et Hocine
Zahoune. Il participe en Janvier 1966 à la création du
Parti de l’Avant Garde Socialiste (PAGS) qu’il dirige en
qualité de premier secrétaire. Les militants et
sympathisants de ce parti mènent aux cotés d’autres
démocrates les luttes sociales et démocratiques jusqu’en
1990.
En 1992, des dizaines de militants démocrates,
syndicalistes, intellectuels dont plusieurs communistes
sont assassinés par les islamistes algériens. Sadek
Hadjerès et des dizaines intellectuels et démocrates
algériens sont menacés de mort par plusieurs
organisations para-militaires islamistes puis terroristes
(MIA, FIDA, GIA, etc.).

Depuis 1992, libre de toute affiliation partisane, il vie en


exil à l’étranger. Il entreprit des œuvres comme
professeur associé et chercheur en géopolitique avec le
centre de CRAG (Centre de recherches et d'analyses
géopolitiques) de l’Université Paris 8. Il publie plusieurs
articles dans la revue Hérodote et dans la presse
algérienne et internationale, ainsi que des livres sur
l'évolution des mouvements algériens, à commencer par
la crise du PPA de 1949. Il rédige ses mémoires dont une
69
partie est publiée, chez « Inas éditions », avec des
annotations et une postface de Malika RAHAL, sous le
titre : « Quand une nation s’éveille ».

Chapitre XV - Evocation de Abdelkader ABID, Kader l’ami


7
trop tôt disparu
par Omar Bessaoud, Universitaire. Economiste.

J’aurai tant aimé poursuivre avec lui les discussions sur ce mouvement
populaire qui s’exprime aujourd’hui dans notre pays, mais pas seulement que
de cela…Partager ses émotions, ses rêves et ses nouveaux projets

Nous avions moins de 20 ans en 1968, nous étions jeunes, beaux et confiants
dans l’avenir…Nous venions de réussir notre examen de passage à une
Université d’Oran-Es Sénia en construction, qui n’était à cette époque qu’un
petit centre universitaire rénovant des bâtiments et des installations hérités
d’une vieille caserne militaire coloniale …

Nous faisions partie des premières générations de bacheliers de l’Algérie


indépendante. Formant un campus universitaires, toutes les facultés étaient
regroupés (Lettres, Médecine, Sciences et Droit) sur un même lieu. Deux

7
NOTE DE L’EDITEUR
Je cherchais depuis un certain temps à tracer le HIRAK mouvement qui a commencé après
l’indépendance et réprimé par le pouvoir répressif depuis l’ère Boumediene jusqu’à
aujourd’hui, où le vrai Hirak vient de naître depuis le renversement de Bouteflika, donnant
espoir au peuple algérien de récupérer sa lutte pour l’indépendance. Qui sont les hommes
qui ont préparé ce Hirak? Abdelkader Abid est parmi ces hommes. Le connaissons-nous? et
bien,apprenons à le connaître à travers ce témoignage, et à travers un recueil regroupant ses
écrits qui vont paraître dans deux e-book intitulés

Ebook 1 : Le monde arabe enjeux ... et en jeux

Ebook 2 : Pourquoi avons-nous besoin de changer la société arabe ?

et que l’on peut acquérir bientôt sur Amazon.

70
bâtiments (le A pour les garçons et le B pour les filles) servaient alors de
résidence universitaire, quatre grands bâtiments qui disposaient de salles de
travaux dirigés (ou de travaux pratiques) et d’amphithéâtres à peine aménagés ,
une salle des fêtes et de conférence, un réfectoire à dimension humaine
(servant de restau-U) et une cafeteria, un rectorat (lui aussi en rénovation)
dirigé par le Professeur Lazreg situé à l’entrée, et enfin un bâtiment des œuvres
universitaires (le CROUS) qui jouxtait la petite résidence universitaire… Le
campus de la Sénia rassemblait tous les étudiants du « Département d’Oran »,
quelque soient leur faculté d’inscription, à l‘exceptions peut-être des étudiants
en médecine (internes ou externes) de l’hôpital universitaire d’Oran qui nous
avaient précédé…Nous étions peut-être deux mille où trois mille étudiants, et
nous qui avions fait nos études au lycée français d’Oran (Lamoricière débaptisé
Pasteur à l‘Indépendance), côtoyions désormais des étudiants issus des autres
lycées de l’Oranie (des célèbres lycées Ben Badis et El Hayat d’Oran, des lycées
de Mascara, Sidi-Bel Abbès, Saïda, Tiaret, Aïn-Témouchent, de Tlemcen, voire
d’ailleurs). Le régime des études universitaires qui prédominait était encore un
régime hérité du système français, régime sélectif profondément inspiré des
programmes et des méthodes pédagogiques qui avaient cours en France (cours
magistraux, TD, un examen de fin d’année suivi d’une session de rattrapage). Si
le personnel administratif était algérianisé, si les doyens étaient des
compatriotes, l’essentiel de l’encadrement scientifique et académique était
composé de professeurs français et étrangers, mais surtout de jeunes
enseignants (assistants ou maîtres-assistants surtout français) fortement
motivés, car ayant choisi eux-mêmes notre pays pour faire leur service
national…Si l’Université algérienne comptait très peu d’enseignants de rang
magistral (professeurs ou maîtres de conférences), les quelques assistants ou
maîtres-assistants qui nous encadraient faisaient pour la plupart preuve d’une
remarquable compétence, sinon d’un remarquable engagement pour former les
jeunes élites algériennes : les enseignements qu’ils dispensaient aux étudiants
que nous étions étaient je dois le dire d’une qualité remarquable.

L’époque était particulière : le pays était sous l’ère politique de Boumédiene qui
venait 3 ans auparavant (19 juin 1965) de renverser le premier Président de
l’Algérie indépendante et créer un « Conseil de la révolution », contrôlait un
parti unique -le Front de libération nationale- dirigé par Kaïd Ahmed, parti qui
avait l’objectif ou plutôt la prétention de monopoliser la vie politique du pays

71
en plaçant sous sa tutelle toutes les organisations de masse dont l’UGTA
(organisation des travailleurs), l’UNFA (organisation des femmes), la JFLN
(organisation des jeunes) et l’UNEA (organisation des étudiants).

Pour rappeler le contexte de l’époque où j’ai rencontré pour la première fois


Kader, je dois rappeler que l’enthousiasme et la mobilisation populaire des
premières années de l’indépendance (nous sommes à peine à six ans de son
recouvrement), qui étaient mises au service de la reconstruction nationale et de
l’édification sur la voie socialiste (codifié par la Charte d’Alger de 1964 et
l’Autogestion), avait été passablement affectés par le coup d’Etat de 1965. Ce
dernier avait été accompagné, d’interdits d’exercice des libertés publiques
(d’association, d’expression, d’organisation politique..), et surtout d’une
répression qui s’était abattu sur les militants progressistes, et en particulier les
communistes…Aucune opposition n’était permise et certains des dirigeants
étudiants (voire des jeunes dirigeants lycéens) avaient été arrêtés, et même
subit « la question » (tel Houari Mouffok le Président de l’UNEA élu
démocratiquement au IVème Congrès de 1964), qu’Henri Alleg avait
courageusement dénoncé en son temps. Pour les jeunes élèves que nous
étions, tout se passait comme si la fête de l’indépendance avait été un peu
gâchée, que l’élan révolutionnaire impulsé par la Révolution de Novembre avait
été altéré… Par ailleurs, la guerre faite au peuple vietnamien par les forces
impérialistes américaines, puis la guerre de juin 1967 et la défaite arabe
venaient aussi tempérer nos espoirs, et nous faire comprendre que la
réalisation d’un avenir fait de paix, de liberté ou de progrès aux peuples
exigeaient plus que l’enthousiasme qui nous animaient.

Les jeunes étudiants que nous étions à cette époque avaient vécu la
domination coloniale dans les écoles et lycées coloniaux, subit les mesures de
ségrégation ou d’exclusion, ou souffert en tant qu’enfant de résistants, ou en
tant que fils de chahid, ce que Kader était. La mémoire de la lutte de libération
nationale et les sacrifices de nos familles avaient ainsi éveillé nos jeunes
consciences et les récits de la résistance de nos paysans dans les montagnes
avaient alimenté naturellement un attachement quasi-mystique (ou pour
employer le langage de l’époque « indéfectible ») à notre jeune nation qui
entrait dignement dans le concert des nations, et à notre peuple : le slogan « un

72
seul héros le peuple » qui est revenu en force depuis le 22 février dernier
raisonnait encore dans nos têtes.

Ce sentiment de fierté d’une liberté conquise de haute lutte conjugué à une


volonté de participer à la construction du pays sur des bases nouvelles fondait
nos premiers engagements, car nous étions nombreux en effet, à être
volontaires pour le reboisement le dimanche ou pour les campagnes
d’alphabétisation. L’option socialiste à laquelle nous adhérions tous
spontanément était un horizon qui signifiait sommairement pour nous la fin de
la misère, l’instruction pour tous, le progrès économique et du travail pour tous,
le respect de la dignité de citoyen.

Nous tous avions partagé – et Kader aussi- ce climat et cette ambiance qui
furent un peu assombris, comme je l’évoquais plus haut, par le coup d’Etat du
19 juin 1965.

Il faut dire aussi que si nous avons bénéficié de formations solides dans les
écoles et lycées coloniaux ensuite nationaux, celles-ci avaient été souvent
complétées par des initiations à la politique. Certains avaient fait leur
apprentissage dans l’Union des lycéens et collégiens algériens- UNLCA- (comme
Hassan Remaoun), d’autres avaient été initié au contact de professeurs de
lycées engagés. Ce fut le cas de Kader, mais aussi de ses camarades du Lycée de
Aïn-Témouchent, et l’on ne peut ici ne pas évoquer la figure de Kadda Benfodda,
l’initiateur de Kader, son professeur de mathématiques. Il avait mis des mots,
fait découvrir des textes de théoriciens révolutionnaires, développé des
analyses qui sans doute traduisaient les sentiments patriotiques du jeune Kader,
l’éclairaient sur les réalités du moment, et l’encourageaient à donner un sens à
ses premiers engagements.

Aussi loin que mes souvenirs remontent, ce n’est réellement qu’au cours de
l’année 1969 que j’ai connu Kader. L’histoire commune de nos familles qui
avaient été très fortement engagées dans la lutte contre le système colonial - au
prix de leur vie comme ce fut le cas du père de Kader-, les espoirs et rêves cette
époque, le climat politique, les initiations et apprentissages politiques ou
théoriques qui avaient contribué à forger nos consciences politiques, et enfin la
répression de 1965 nous avaient très vite rapproché et favorisé notre
engagement dans l’UNEA. Car c’est avant tout, l’organisation des étudiants,

73
l’Union nationale des étudiants algériens (UNEA), qui menait un combat
courageux contre sa caporalisation par le FLN, pour la libération de ses
dirigeants (Djelloul Nacer et Djamel Labidi), et la défense des « intérêts
matériels et moraux » des étudiants qui nous avait permis de fait de nous
rencontrer. Cet engagement commun dans l’UNEA a été à l’origine de liens
d’amitiés et de fraternité qui ne se sont jamais démentis avec le temps.

Kader avait une élégance physique qui se remarquait au premier contact : des
petits yeux bleus rieurs où l’on pouvait lire une remarquable intelligence en
mouvement à la fois vive et calme. Une façon de s’exprimer –douce et
mesurée- qui tout en exprimant la passion –ou les passions- qui l’habitaient
dénotait d’une maîtrise des idées qu’il défendait et traduisait des convictions
politiques profondes.

La personnalité de Kader, qui venait comme nombre de nos camarades et amis


de l’intérieur du pays, a très vite émergé, à la fois par ses activités et son
dévouement à la cause de l’UNEA. Il se distinguera par ses prises de parole au
sein des assemblées générales, et élu dès la première année d’Université par
ses camarades inscrits au Certificat de Préparation des Etudes de Médecine
(CPEM ) : d’abord comme représentant d’amphithéâtre, au comité de la fac de
médecine, et par la suite représentant de la section, celle d’Oran qui était alors
présidée par Hassan Remaoun. Il occupera les fonctions d’organique qui est une
fonction vitale dans la vie d’une organisation : il devait en particulier veiller au
bon fonctionnement des différents comités d’amphis, suivre et rendre compte
des actions organisées, faire respecter des décisions prises collectivement ainsi
que les règles de discipline propres à la vie d’une organisation… Il était souvent
présent dans les AG d’amphis, en réunion avec les différents comités de faculté,
et participait activement aux réunions de section pour débattre des orientations
du Comité exécutif national de l’UNEA qui -frappé depuis le 19 juin d’un
interdit- agissait dans la clandestinité… Les qualités morales associées à une
activité sur le terrain, sa maturité politique reconnue par les plus promotions
d’étudiants qui nous avaient précédées, et la discipline de travail- il excellait
aussi dans ses études- à laquelle s’astreignait Kader faisait de lui un militant
précieux et exemplaire pour l’UNEA. Notre responsable de section (Hassan)
s’appuiera très fortement sur Kader pour diriger la section et en faire une
organisation forte et représentative des

74
étudiants de l’Université d’Oran…Ces qualités que j’évoque plus haut seront
plus tard mises au service de ce que l’on appelait le Parti.

Je ne peux évoquer tous les faits de l‘époque et les activités de l’UNEA dans
lesquels Kader et bon nombre de militants s’étaient impliqué : ce qui m’apparait
avec le demi-siècle qui nous sépare de cette époque, c’est qu’elle nous aura
tous durablement marqué. Evoquant cette période dans les années 2000, Kader
reconnaissait que les combats menés sur de très nombreux fronts avaient
forgés nos consciences, et avaient balisé nos parcours communs non seulement
en tant que militants, mais aussi en tant que citoyens exerçant des
responsabilités professionnelles ou politiques. Ces années qui représentent
moins de 3 ans de notre vie, ont été vécue pleinement et furent d’une grande
intensité…Une dissolution de l’UNEA prononcée en janvier 1971, qui fut suivie
d’une répression que je juge avec le temps inqualifiable, car impliquant
seulement des jeunes étudiants patriotes et engagés, et la plupart âgés d’à
peine 20 ans.

La petite minorité d’étudiants organisée au sein de la section d’Oran, organisait


non seulement « la défense des intérêts matériels ou moraux des étudiants »,
donnait son point de vue au Conseil de l’Université où elle siégeait, mais aussi
développait des actions autour de ce que l’on appelait les tâches d’édification
nationale (TEN comme la réforme de l’enseignement , la réforme agraire…),
organisait des actions de solidarité avec les mouvements progressistes africains
(les mouvements de libération), asiatiques (lutte contre la guerre du Vietnam),
arabe (Palestine). L’UNEA luttait fermement pour la démocratie («
UNEA-Démocratie », slogan scandé dans de très nombreuses AG), participaient
au défilé du 1er Mai aux côtés des travailleurs, organisa la commémoration du
centenaire de Lénine en avril 1970, un volontariat étudiant pour la réforme
agraire l’été 1970, organisaient les activités culturelles (soirées musicales
animées par Cheikh Ghafour, soirées poétiques où les étudiants venaient en
masse écouter déclamer par Saïd Kateb, Bereksi Boumédiene (qui vient de nous
quitter) et bien d’autres talents, les poèmes d’Aragon, de Néruda, de Llorca,
Miguel Hernandez ou de Bachir Hadj Ali…théâtre avec le Théâtre universitaire
algérien animé par nos regrettés M’hamed Djelid et Abdelkader Alloula (qui
nous fit l’honneur de monter une pièce El Ghoula écrite par le dramaturge
Mohamed Aziza, soirée festive de bal avec les « Students d’Oran » des frères

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Bensmaïne et le regretté Hachemi)… Il y avait aussi la reproduction des
polycopiés pour les étudiants, les tracts du Comité exécutif de l’UNEA
reproduits avec les ronéos de l’époque et distribués, les journaux et publications
de la section dont l’éphémère « voix des travailleurs » animé par M’hammed
Djelid et Mustapha Belkedrouci (qui nous a quitté loin de son pays en décembre
2018). Comment ne pas évoquer les luttes conduites avec Kader contre la
caporalisation de l’UNEA, la confrontation avec le FLN et ses organisations «
fantoches » visant à nous éliminer de l’Université. Ces tentatives furent vaines
tant étaient fortes les mobilisations des étudiants autour de la section d’Oran et
de leurs représentants élus démocratiquement.

Les grèves de la rentrée universitaire 1970-71, et la répression violente et


massive qui suivie après la dissolution arbitraire de l’UNEA par le régime mirent
fin à ces activités…La suite est connue : après quelques semaines de vie
clandestine, Kader fut arrêté à Oran par les services de police d’Oran. Il fut par
la suite comme nombre de responsables de l’UNEA incarcéré.

Nous nous sommes retrouvés (en novembre 1971 à l’Ecole militaire inter armes
(EMIA) de Cherchell, obligés de faire notre service national alors que nous
n’avions pas encore terminé nos études. Kader acheva ses études après le
service national et s’engagea aussitôt dans une spécialité en cardiologie. Après
quelques années d’exercice dans le secteur hospitalo-universitaire d’Oran, il
finit par s’installer en cabinet à Alger. Nos trajectoires professionnelles et
familiales auxquelles s’ajoutent les règles de discipline en vigueur dans
l’organisation politique où nous militions ont fait que nous nous sommes un
peu perdu de vue pendant près de 20 ans. Je savais qu’il avait épousé Ratiba
que je connaissais bien et était père de deux filles…

Nos retrouvailles datent de la fin des années 1980. Repas à Oran chez Hassan, le
complice de toujours, ou à Alger avec d’autres camarades auxquels nous étions
liés, soirées dans son dernier domicile passées à échanger et à scruter les
évènements du monde, à partager nos analyses sur le pays et nos lectures du
moment, à s’informer des proches et à prendre des nouvelles des « « copains ».
Il me faisait alors part de ses nouveaux projets, et me communiquait ses
recherches personnelles et de ses réflexions, me sollicitant gentiment afin de lui
donner mon point de vue par écrit… Il m’entretenait de ses voyages (à Paris au
sein de sa famille et chez sa sœur, chez sa fille installée en Turquie, ou
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ailleurs pour ses conférences), afin de me tenir au courant de son agenda lors
de mes passages à Alger.

Ce qui me frappait, était qu’il avait gardé intact cette volonté de vouloir changer
l’ordre du monde, et pour aller vite, d’en faire un monde plus juste…Car, tout
en exerçant le matin dans son cabinet d’Hydra, l’un des cabinets de cardiologie
les plus performants d’Alger - il disposait des équipements les plus modernes et
animait une équipe de jeunes médecins recrutés selon ses soins en ne
sélectionnant les meilleurs -, il consacrait ses après-midi et ses soirées aux
lectures de la presse quotidienne ou d’ouvrages pour documenter ses articles
sur les thèmes économiques, de « géostratégies » du monde, à l’écriture de ses
conférences sur « les élites arabes », quand il ne recevait pas ses amis (artistes,
dont Oulhaci qu’il appréciait particulièrement, écrivains dont Rachid Boudjedra,
des intellectuels, des amis d’Oran…) ou de membres de sa famille de passage à
Alger … Ce qui me frappait, c’était sa légendaire discrétion, sa simplicité, sa
modestie voire une forme d’austérité dans son mode de vie qui contrastait
vivement avec son statut social. Il avait conservé la grande sobriété et le sérieux
que le lui connaissais, et dont il ne se départissait que rarement déjà à l’époque
de l’UNEA . Il avait aussi gardé un sens de l’humour qui lui était propre, se
plaisant à raconter les histoires drôles du moment, lorsque nous rencontrions
autour d’un repas improvisé lors de longues et chaleureuses soirées organisées
dans son appartement d’Alger.
C’est avec une émotion à peine contenue que j’évoque Kader et ces moments
d’amitiés noués autour d’un idéal commun que les circonstances politiques
souvent difficiles, les défaites et les désillusions n’ont jamais entamées. Je peux
témoigner et dire que Kader n’a jamais cédé. Il s’est battu à sa manière, dans les
formes qui correspondaient à son tempérament, à ses contraintes. Sa loyauté,
sa fidélité et son sens de la fraternité vis-à-vis de ses camarades et de ses «
copains » n’ont jamais été mis en défaut.

J’aimais le retrouver à chacun de mes passages à Alger, et ce fut avec une


immense tristesse que j’appris, auprès d’amis que j’avais contacté -car n’arrivant
pas à le joindre ni au cabinet, ni dans son domicile-, la terrible nouvelle d’une
maladie qui allait l’emporter quelques mois plus tard. Je dois dire que les
derniers moments où il vécut entouré de l’affection et de l’attention des siens
furent pénibles pour moi, car je ne pouvais lui rendre visite en dépit de son
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insistance ; les échanges presque quotidiens que nous avions au téléphone
m’apprenaient que l’ami à l’intelligence si vive n’arrivait plus à maitriser sa
pensée, ni à communiquer. Je voulais garder cette image de Kader debout,
énergique et débordant de vie.

Il me manque encore plus en ces moments cruciaux pour le pays. J’aurai


tellement aimé échanger par ces temps forts où notre société occupe l’espace
public revendiquant avec dignité et force un ordre démocratique, plus juste et à
hauteur de l’intelligence humaine…Les bouleversements s’étendent
aujourd’hui dans le monde, car après Alger, Khartoum, Le Caire, Baghdad, c’est
au tour de Santiago et de Beyrouth -pays où Kader avait tissé des liens solides
de revendiquer une vie meilleure, un ordre plus juste et plus solidaire. Je sais
qu’il militait avec l’esprit internationaliste qui l’inspirait encore, à une mise en
réseau de toutes les forces de progrès afin de rendre possible ces changements
qu’il appelait de tous ses vœux.

Beyrouth, Montpellier.
Octobre 2019

12:09 / 1:10:21
Chapitre XVI - Documentaire "Algérie mon
amour" france 5

https://www.youtube.com/watch?v=A3CS7g1cf6Y
credit: France TV

Diffusé le mar. 26.05.20 à 20h56

Ils ont entre 20 et 30 ans et vivent en Algérie. Mehdi, Anis, Athmane, Hania
et Sonia, ont décidé d’écrire eux-mêmes leur destin.
Depuis leur naissance, ils n’ont connu qu’un président, Abdelaziz
Bouteflika. L’annonce, en février 2019, de sa candidature pour un
cinquième mandat, a

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provoqué une colère et un soulèvement d’une ampleur inédite, appelé le hirak.
Depuis plus d’un an, l’Algérie est secouée par d’immenses marches à travers
tout le pays. La jeunesse dénonce le "pouvoir" en place qui les empêche de
vivre. Une jeunesse qui a soif de démocratie et de liberté. Dans ce pays si
proche de nous mais tellement étranger, le hirak est parvenu à évincer
Bouteflika. Mais le régime autoritaire et militaire continue de s’accrocher au
pouvoir. Ce film montre le combat de cinq jeunes algériens pour leur liberté. En
témoignant, ils ont accepté de prendre des risques insensés pour se raconter et
raconter leur pays. Leurs destins individuels épousent désormais une cause plus
grande qu’eux : la révolution. Car cette quête démocratique, c’est la déclaration
d’amour d’un peuple à son pays. Les témoins : Anis, 20 ans, étudiant en
informatique. Il tient une petite boutique de métal à Alger centre. Mehdi, 28
ans, ingénieur en génie civil à Oran. Il est au chômage et rêve de développer le
tourisme en Algérie.
Sonia, 26 est psychiatre à Tizi Ouzou. Engagée pour la défense des droits des
femmes, elle se félicite de la place essentielle des Algériennes dans la
révolution. Athmane, 29 ans, avocat à Tizi Ouzou. Militant des droits de
l’homme, il défend les détenus d’opinions et politiques lors du Hirak. Hania,
26 ans, technicienne de cinéma. C’est une "hirakiste" de la première heure
qui est prête à tous les sacrifices pour vivre dans une Algérie libre et
démocratique. En partenariat avec La Croix.

réalisé par : Mustapha Kessous

Chapitre XVII - QUAND LA CANNE À SUCRE ET


AUTRES CULTURES INDUSTRIELLES
S’INVITENT DANS LES OASIS CE BIOTOPE DE
PRÉDILECTION DU PALMIER DATTIER par
Abdelkader KHELIL*

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(publié dans Quotidien
d’Oran, jeudi 28 mai 2020 dans le cadre de la journée mondiale de
l’environnement )8

Il est bien inquiétant de constater que si les oasiens ont su garder depuis bien
longtemps, un œil vigilant sur la règle ancestrale de l’économie et de
l’ingénierie de l’eau, selon le procédé ingénieux d’irrigation par foggaras, il
n’est pas dit que les écosystèmes fragiles dont ils tirent leur subsistance soient
préservés. Il est même à craindre, que cette agriculture douce et durable,
animée par l’esprit du travail utile et de la raison bien trempée depuis des
millénaires, ne soit au regard du déclin observé, à l’origine de migrations de
populations réduites à la mendicité, comme c’est le cas pour les sub-sahéliens.
Attention ! Il y a là forcément, injustice, pauvreté et péril en la demeure !
LE MAINTIEN DE L’AGRICULTURE OASIENNE : UNE NÉCESSITÉ ABSOLUE

8
La journée mondiale de l'environnement (05 juin) est une occasion de sensibiliser toutes les
couches sociales de l'Afrique en faveur de l'Environnement. Que chacun prenne
individuellement sa responsabilité pour protéger son environnement immédiat. Cette
responsabilité constitue une décision mineure qui améliore, non seulement son
Environnement physique, mais aussi et efficacement l'ensemble de la Planète Terre.
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