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Université Abdelmalek Essaadi

Faculté des Sciences et techniques


B.P:34.Ajdir-Alhoceima Maroc
Département de Mathématiques et Informatique

Cours

d’algèbre 3 pour MI S5 :

Présenté par:

TADMORI ABDELHAMID
Table des matières

1 Rappels et Généralités 3
1.1 Rappels sur l’arithmétique dans Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.1 Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.2 Division Euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.3 Algorithme d’Euclide pour calculer le pgcd . . . . . . . . . 5
1.1.4 Identité de Bezout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.5 Résolution de l’équation a.x + b.y = c dans Z où a, b et c
sont connus dans Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.6 Nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.1.7 Décomposition en facteurs premiers . . . . . . . . . . . . 10
1.1.8 Nombre de diviseurs d’un entier . . . . . . . . . . . . . . 11
1.1.9 Relation de congruence dans Z . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.1.10 Classes d’équivalences de la relation de congruence . . . . 14
Z
1.1.11 Opérations dans nZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.1.12 Théorème des restes Chinois . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2 Généralités sur les ensembles et structures . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.1 Lois de Morgan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.2 Relation binaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.3 Relation d’équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.4 Décomposition canonique d’une application . . . . . . . . 20
1.2.5 Liste des structures algébriques . . . . . . . . . . . . . . . 20

2 Théorie des groupes 22


2.1 Loi de composition interne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2 Groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.1 Sous groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.2.2 Sous groupe engendré par une partie . . . . . . . . . . . . 26
2.2.3 Morphisme de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2.4 Groupes symétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.2.5 Groupes diédraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.6 Classes d’équivalences modulo un sous groupe et groupe
quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.2.7 Indice d’un sous groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2.8 Groupe produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

1
2.2.9 Groupe opérant sur un ensemble . . . . . . . . . . . . . . 46
2.2.10 Les p-groupes et les sous groupes de Sylow . . . . . . . . 49

3 Anneaux et corps 53
3.1 Anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2 Corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.3 Les sous anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.3.1 Caractérisation d’un sous anneau . . . . . . . . . . . . . . 55
3.4 Morphismes d’anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.4.1 Décomposition canonique d’un morphisme d’anneaux . . . 57
3.5 L’idéal d’un anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.5.1 Caractérisation d’un idéal . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.5.2 Produit des idéaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.5.3 Idéaux principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.6 Caractéristique d’un anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.7 Anneaux intègres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.8 Corps de fractions rationnelles d’un anneau commutatif intègre . 63
3.9 Anneaux Produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.10 L’anneau des polynômes A[x] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.10.1 Division euclidienne dans A[X]- Racines d’un polynôme . . 66
3.11 Anneaux principaux- Anneaux euclidiens- Anneaux factoriels . . 71
3.11.1 Anneaux Principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3.11.2 Anneaux euclidiens - Anneaux Factoriels . . . . . . . . . . 78
Chapitre 1

Rappels et Généralités

1.1 Rappels sur l’arithmétique dans Z


• Activité: On pose a = 218, b = 20
1. Déterminer q0 et r0 tels que a = b.q0 + r0 où 0 ≤ r0 < b.
2. Comparer q0 , et E( ab ), où E( ab ) est la partie entière de ab .
3. Comparer r0 et a − b.E( ab ).
4. Soient x, y ∈ N tel que y 6= 0. Posons q = E( xy ) et r = x − y.E( xy ).
i) Vérifier que x = y.q + r, où 0 ≤ r < y.
ii) Que peut on dire de l’unicité de q et r?.
Définition 1.1.1. L’opération qui nous permet de déterminer q et r tels que
a = bq + r où 0 ≤ r < |b|, s’appelle la division euclidienne de a par b dans Z.
Exercice. Déterminer q et r dans chaque cas.

118 = −37q + r; −118 = 37q + r; −118 = −37q + r.

1.1.1 Divisibilité
Définition 1.1.2. On dit qu’un entier b ∈ Z divise un autre entier a (ou bien
a est un multiple de b) ssi il existe k ∈ Z tel que a = b.k et on note b | a. Si b
ne divise pas a, on le note b - a, et on note D(a) l’ensemble de diviseurs de a, et
M (a) l’ensemble de multiples de a.
Exemple 1.1.3. D(4) = {−4, −2, −1, 1, 2, 4}; D(−3) = {−3, −1, 1, 3}, M (15) =
{15, 30, 45, ...}.
Propriétés 1.1.4. Soient a, b, c ∈ Z. On a:
1. ∀ a ∈ Z∗ : 1 | a, a | a, a | 0 et 0 - a
2. a | b ⇐⇒ a | −b.
3. Si a | b et b | c alors a | c.

3
Chapitre 1. Rappels et Généralités

4. Si a | b et b | a, alors |a| = |b|.


5. Si a | b et c | d, alors ac | bd.
6. Si a | b et a | c, alors ∀ α, β ∈ Z : a | (α.b + β.c)
7. Si a > 0, b > 0 et a | b, alors a ≤ b.

Preuve. Comme exercice.

Définition 1.1.5. Étant donné deux entiers a et b non nuls.


i) Le plus grand commun diviseur de a et b, c’est le plus grand des diviseurs
commun de a et b positif, on le note par pgcd(a, b) ou a ∧ b.
ii) Le ppcm(a, b) est le plus petit commun multiple strictement positif et se
note aussi par a ∨ b.

Exemple 1.1.6. Déterminer (−30) ∧ 12, et 21 ∨ 15.

Exercice. Soient p et n deux éléments de Z tels que p | (13n+1) et p | (−2n+3).


Montrer que p | 41.

Propriétés 1.1.7. Soient a, b, c ∈ Z.


1. Les propriétés de pgcd sont:
i) a ∧ 1 = 1; a ∧ b = |a| ∧ |b|; a ∧ b = b ∧ a; a ∧ a = a ∧ 0 = |a|.
ii) (a ∧ b) ∧ c = a ∧ (b ∧ c).
iii) a ∧ b = |a| ⇐⇒ a | b.
2. Les propriétés de ppcm sont:
i) a ∨ b = b ∨ a; a ∨ b = |a| ∨ |b|; a ∨ a = |a|; a ∨ 1 = |a|.
ii) (a ∨ b) ∨ c = a ∨ (b ∨ c).
ii) a | a ∨ b; b | a ∨ b; a ∨ 0 = 0.
iii) Si b | a, alors a ∨ b = |a|, et inversement.

1.1.2 Division Euclidienne


Théorème 1.1.8. Soient a, b dans Z où b 6= 0. Il existe un unique couple (q, r) ∈
Z × N tel que a = b × q + r avec 0 ≤ r < |b|, q s’appelle le quotient et r le reste
de la D.E.

Preuve. 1. Cas b > 0; ie : b ∈ N∗ .


— Si a ≥ 0, ∃!(q, r) ∈ N × N tel que a = b × q + r avec 0 ≤ r < b. (Voir
l’activité précédente).
— Si a < 0 alors −a > 0, donc d’après ce qui précède, aussi ∃!(q 0 , r0 ) ∈ N×
N tel que −a = b × q 0 + r0 avec 0 ≤ r0 < b. Ceci implique −b < −r0 ≤ 0
donc 0 < b − r0 ≤ b.
Si r0 6= 0, on aura 0 < b − r0 < b, et

−a = b × q 0 + r0 =⇒ a = −b × q 0 − r0 =⇒ a = −b × (q 0 + 1) + b − r0 ;

4
Chapitre 1. Rappels et Généralités

on pose alors q = −(q 0 + 1) et r = b − r0 , on obtient a = b × q + r.


Puisque q 0 et r0 sont uniques, alors q et r sont aussi uniques.
Si r0 = 0, alors; −a = b × q 0 + 0 =⇒ a =, −b × q 0 =⇒ a = b × q avec q =
−q 0 .
2. Cas b < 0. De la même manière. (Comme exercice).

1.1.3 Algorithme d’Euclide pour calculer le pgcd


Puisque pgcd(a, b) = pgcd(|a|, |b|), on peut considérer a et b des entières na-
turels.

Théorème 1.1.9. Soient a et b dans N∗ tels que b - a et r le reste de la division


euclidienne de a par b; on a : a ∧ b = b ∧ r.

Preuve. Notons D(a), D(b) et D(r) respectivement l’ensemble des diviseurs de


a, b et de r, où r est le reste de la D.E de a par b; c’est à dire a = b × q + r. On a;

x ∈ D(a) ∩ D(b) =⇒ x | a et x | b
=⇒ x | a − bq
=⇒ x | r et x | b

Donc x ∈ D(b) ∩ D(r). Inversement;

x ∈ D(b) ∩ D(r) =⇒ x | b et x | r
=⇒ x | a et x | b

D’où D(a) ∩ D(b) = D(b) ∩ D(r), ce qui montre a ∧ b = b ∧ r.

Corollaire 1.1.10. Soient a, b ∈ N∗ tels que b - a. Le pgcd(a, b) est égal au


dernier reste non nul dans les divisions successives de a par b.

Preuve. On applique successivement le théorème précédent.




 a = bq1 + r1 avec 0 ≤ r1 < b =⇒ a ∧ b = b ∧ r1
 b = r1 q2 + r2 avec 0 ≤ r2 < r1 =⇒ b ∧ r1 = r1 ∧ r2



..
 .



 rn−2 = rn−1 qn + rn avec 0 ≤ rn < rn−1 =⇒ rn−2 ∧ rn−1 = rn−1 ∧ rn
n−1 = rn qn+1 + rn+1 avec 0 ≤ rn+1 < rn =⇒ rn−1 ∧ rn = rn ∧ rn+1
 r

et si rn+1 = 0, alors rn ∧ 0 = rn . Donc a ∧ b = b ∧ r1 = r1 ∧ r2 = · · · = rn−1 ∧ rn =


rn ∧ 0 = rn . D’où a ∧ b = rn .

Exercice. Déterminer 48 ∧ 27, 126 ∧ 216.

5
Chapitre 1. Rappels et Généralités

1.1.4 Identité de Bezout


Théorème 1.1.11. Si a, b ∈ Z, alors il existe u, v ∈ Z tels que a×u+b×v = a∧b.
En général; si d = pgcd(a1 , a2 , . . . , an ), alors il existe u1 , u2 , . . . , un ∈ Z tq d =
a1 u1 + a2 u2 + · · · + an un .

Preuve. On utilise les différentes équations obtenues dans l’algorithme d’ Eu-


clide, en partant de a ∧ b = rn et en remontant jusqu’à l’obtention de u et
v. Pour le cas général on montre ça par récurrence en utilisant le fait que;
a1 ∧ a2 ∧ a3 ∧ · · · ∧ an = a1 ∧ (a2 ∧ a3 ∧ · · · ∧ an ), ie; pgcd(a1 , a2 , a3 , . . . , an ) =
pgcd(a1 , pgcd(a2 , a3 , . . . , an )).

Exemple 1.1.12. Pour a= 48, b=27 on applique l’algorithme d’Euclide, et les


différentes équations obtenues dans cet algorithme, on trouve;

a ∧ b = 3 = 48 × 4 + 27 × (−7).

Donc u = 4 et v = −7.

Corollaire 1.1.13. 1. d | a et d | b ⇐⇒ d | (a ∧ b). Autrement dit Da ∩ Db =


Da∧b .
2. ∀ k ∈ Z∗ ; (ka) ∧ (kb) = |k| × (a ∧ b).

Preuve. 1. =⇒); d’après le théorème précédent il existe u, v ∈ Z; au + bv =


(a ∧ b). Or d | a et d | b, alors d | au et d | bv, ce qui montre que d | (a ∧ b).
⇐=); l’inverse c’est évident.
2. Posons d = a ∧ b, β = (ka) ∧ (kb) et on montre que β = |k|.d. On a d’après
l’identité de Bezout; d = au + bv, et β = ka.u0 + kb.v 0 . Or d | a et d | b,
alors |k|.d | k.a et |k|.d | k.b, donc |k|.d | β. D’autre part β | ka et β |
kb =⇒ β | |k|.a et β | |k|.b =⇒ β | |k|.d, d’où l’égalité β = |k|.d, ce qui
donne le résultat.

Remarque 1.1.14. Plus général, soient a1 , a2 , . . . , an ∈ Z. On a


1. Da1 ∩ Da2 ∩ · · · ∩ Dan = Dpgcd(a1 ,a2 ,...,an ) .
2. pgcd(ka1 , ka2 , . . . , kan ) = |k|pgcd(a1 , a2 , . . . , an ).
pgcd(a1 ,a2 ,...,an )
3. ∀ k ∈ Da1 ∩ Da2 ∩ · · · ∩ Dan ; pgcd( ak1 , ak2 , . . . , akn ) = |k|
.

Définition 1.1.15. i) On dit que deux entiers a, b ∈ Z, sont premiers entre


eux si
pgcd(a, b) = 1.
En général; a1 , a2 , . . . , ak ∈ Z sont dits premiers entre eux si pgcd(a1 , a2 , . . . , ak ) =
1.
ii) On dit que a1 , a2 , . . . , ak ∈ Z sont premiers entre eux deux à deux si

∀ i 6= j : pgcd(ai , aj ) = 1.

6
Chapitre 1. Rappels et Généralités

Exemple 1.1.16. — Les entiers 9 et 10 sont premiers entre eux.


— Les entiers 4, 6, 9 sont premiers entre eux , mais ne sont pas premiers
entre eux deux à deux, car on a par exemple 4 ∧ 6 = 2.

Théorème 1.1.17. Théorème de Gauss: Soient a, b et c trois entiers. Si


a et b sont premiers entre eux, et a divise b.c, alors a divise c, c’est à dire;

a∧b=1
=⇒ a | c.
a | b.c

Preuve. D’après le théorème de Bezout, il existe u et v deux entiers tels que


a.u + b.v = 1, il vient alors en multipliant les deux membres par c, on obtient
ac.u + bc.v = c. Or a | ac et par hypothèse a | bc, donc a | ac.u + bc.v, ce qui
montre que a | c.

Proposition 1.1.18. Soient a, b ∈ Z∗ . On a


1. a | x et b | x ⇐⇒ (a ∨ b) | x.
2. (a ∧ b) × (a ∨ b) = |a × b|.
3. ∀ k ∈ Z∗ ; ka ∨ kb = |k| × (a ∨ b).
a b a∨b
4. Si d est un diviseur commun de a et b, alors d
∨ d
= |d|
.
m m
5. |m| = a ∨ b ⇐⇒ a
∧ b
= 1.

Preuve. 1. Notons Ma , Mb et M(a∨b) respectivement les ensembles des mul-


tiples de a, b et a ∨ b, et montrons que Ma ∩ Mb = M(a∨b) .

x ∈ M(a∨b) =⇒ (a ∨ b) | x
=⇒ a | x et b | x; car a | (a ∨ b) et b | (a ∨ b)
=⇒ x ∈ Ma et x ∈ Mb
=⇒ x ∈ Ma ∩ Mb .

En autre; x ∈ Ma ∩ Mb =⇒ a | x et b | x, et d’après la D.E de x par a ∨ b,


il existe q et r tels que x = q.(a ∨ b) + r, où 0 ≤ r < a ∨ b, si r 6= 0, alors
r = x − q × (a ∨ b) et donc a | r et b | r. Ceci dit que a ∨ b ≤ r, absurde au
fait que r < a ∨ b, donc r = 0. D’où (a ∨ b) | x.
2. Posons a ∧ b = d et a ∨ b = m, donc a = d.a0 et b = d.b0 avec a0 ∧ b0 = 1,
aussi on écrit m = a.u = b.v, ceci implique m = da0 u = db0 v, et donc
a0 u = b0 v. D’après Gauss a0 | v c’est à dire il existe k ∈ Z; v = ka0 , donc
m = bv = bka0 = db0 a0 k, alors db0 a0 | m. D’autre part or a | db0 a0 et b |
db0 a0 , alors d’après la propriété 1 m | db0 a0 , par conséquent m = d|a0 .b0 |, ce
qui donne m.d = |a.b|, d’où le résultat.
3. D’après la propriété 2 on a (ka ∨ kb) × (ka ∧ kb) = k 2 |a.b| = k 2 (a ∨ b) × (a ∧
b) = |k|(a∨b)×|k|(a∧b) et puisque |k|(a∧b) 6= 0, alors (ka∨kb) = |k|(a∨b).
4. On a; a ∨ b = (d × ad ) ∨ (d × db ) = |d|( ad ∨ db ), d’où le résultat.

7
Chapitre 1. Rappels et Généralités

5. =⇒); on pose d = a ∧ b, donc ad ∧ db = 1, et puisque d × |m| = |a| × |b|,


alors |m|
|a|
= |b|
d
et |m|
|b|
= |a|
d
, donc |m|
|b|
∧ |m|
|a|
= |a|
d
∧ |b|
d
= 1 ce qui montre
m m
b
∧ a = 1.
⇐=); or m.a ∨ m.b = |m|(a ∨ b) = mb × ab ∨ m a
× ab = |ab|( mb ∨ m
a
) =
m 2
2 2
|a.b| × |a.b| = m , donc |m| × (a ∨ b) = |m| , d’où |m| = a ∨ b.

Corollaire 1.1.19. 1. Soient a, b ∈ Z. On a: a ∧ b = 1 ⇐⇒ a ∨ b = |a.b|.


2. Si a1 , a2 , . . . , an sont des entiers non nuls, premiers entre eux deux à deux,
alors ppcm(a1 , a2 , . . . , an ) = |a1 × a2 × · · · × an |.
Preuve. Pour 1); se déduit directement de la propriété 2 précédente.
Pour 2); on utilise la récurrence
Y et la règle a1 ∨a2 ∨· · ·∨an = a1 ∨(a2 ∨a3 ∨.Y
. . , ∨an ),
et le fait que ∀ i; ai ∧ aj = 1; en effet: soit di tq di | ai et di | aj , or
j6=i j6=i
ai ∧ aj = 1, ∀ j 6= i, alors di ∧ aj = 1, ∀ j 6= i, et d’après le théorème de Gauss,
on aura forcement di = 1.
Attention: Le ppcm(4, 6, 9) = 36 et leur produit égal 216. Pourtant 4, 6, 9 sont
premiers entre eux, quelle explication donner?. Vraiment la réponse c’est que les
entiers 4, 6, 9 ne sont pas premiers entre eux deux à deux, car on a par exemple
4 ∧ 6 = 2.
Proposition 1.1.20. Théorème de Bezout: a1 , a2 , . . . , an sont premiers entre eux ⇐⇒
∃ u1 , u2 , . . . , un ∈ Z; a1 u1 + a2 u2 + · · · + an un = 1.
Preuve. =⇒); on utilise l’identité de Bezout précédente.
⇐=); réciproquement; si il existe des ui tels que a1 u1 + a2 u2 + · · · + an un = 1,
alors tout diviseur commun aux ai divise 1 et donc 1 est le pgcd(a1 , a2 , . . . , an ).
Proposition 1.1.21. Soient a1 , a2 , . . . , an ∈ Z, non tous nuls.
a1 a2
1. Si d = pgcd(a1 , a2 , . . . , an ), alors , , . . . , adn ,
d d
sont premiers entre eux.
a1 a2
2. Si σ ∈ N∗ est un diviseur commun aux ai tel que , , . . . , aσn ,
σ σ
soient
premiers entre eux, alors σ = pgcd(a1 , a2 , . . . , an ).
Preuve. 1. Posons ai = d.a0i . Comme d = pgcd(a1 , a2 , . . . , an ), alors d =
pgcd(d.a01 , d.a02 , . . . , d.a0n ) = d.pgcd(a01 , a02 , . . . , a0n ), d’où pgcd(a01 , a02 , . . . , a0n ) =
1, ce qui donne le résultat, pgcd( ad1 , ad2 , . . . , adn ) = 1.
2. Laissé aux lecteurs.

1.1.5 Résolution de l’équation a.x+b.y = c dans Z où a, b et c


sont connus dans Z
On suit les étapes suivantes:
1. Calcul de pgcd(a, b) via l’algorithme d’Euclide;
2. Si pgcd(a, b) ne divise pas c, alors l’équation n’a pas de solution dans Z;

8
Chapitre 1. Rappels et Généralités

3. Si pgcd(a, b) divise c, on cherche une identité de Bezout a.u + b.v = a ∧ b;


c
4. En multipliant l’identité de Bezout par a∧b qu’est bien un entier, on obtient
u×c
une solution (x0 , y0 ); avec x0 = a∧b ; y0 = v×c
a∧b
;
5. A partir de (x0 , y0 ) on obtient toutes les autres solutions (x, y);
b×k a×k
x = x0 + et y = y0 − avec k ∈ Z.
a∧b a∧b
(ici c’est le même k), en effet:

ax + by = ax0 + by0 =⇒ ax − ax0 = by0 − by (1.1)


=⇒ a(x − x0 ) = b(y0 − y) (1.2)
a b
=⇒ (x − x0 ) = (y − y0 ) (1.3)
a∧b a∧b
a
Or ∧ b
a∧b a∧b
a
= 1 et a∧b b
divise a∧b (y0 −y), alors d’après le théorème de Gauss
a a
a∧b
| (y0 − y), donc il existe k ∈ Z tel que (y0 − y) = a∧b k. De la même
manière on montre que a∧b | (x − x0 ), ce qui montre qu’il existe k 0 ∈ Z tel
b
b
que (x−x0 ) = a∧b k 0 , et d’après l’égalité (1.3) on a a∧b
a b
× a∧b k 0 = a∧b
b a
× a∧b k,
0 b×k a×k
par conséquent k = k , d’où x = x0 + a∧b et y = y0 − a∧b avec k ∈ Z.
Exercice. Résoudre dans Z l’équation 48x + 27y = 6.

1.1.6 Nombres premiers


Définition 1.1.22. On dit qu’un nombre entier p est premier dans Z, si p est
différent de 1 et -1, et admet exactement 4 diviseurs dans Z, à savoir 1, −1, p et −p.
Exemple 1.1.23. Les entiers 2,3, 5, 7,..etc sont des nombres premiers positifs,
et -2, -3,-7,..etc sont des nombres premiers négatifs.
Remarque 1.1.24. 1. Si p ∈ N, premier, alors il est différent de 1, et il a
exactement deux diviseurs dans N, 1 et p.
2. Si p ∈ N, premier, alors −p est premier dans Z, pour cela on s’intéresse
à des nombres premiers positifs, et on note par P l’ensemble des nombres
premiers positifs. 
x∈N
x ∈ P ⇐⇒
x est premier
Théorème 1.1.25. Soit n ∈ N\{0; 1} n’est pas premier. Il existe√ un nombre
2
premier p > 0 tel que p | n et p ≤ n. Autrement dit; p | n et p ≤ n.
Preuve. Soit n ∈ N\{0; 1} non premier, et p le plus petit entier positif différent
de n et de 1, divisant n. On a; p est premier car si non il ne sera pas le plus petit
diviseur de n. Alors ∃ k ∈ N∗ ; n = p.k, or k | n donc p ≤ k. Ce qui donne;

p2 ≤ p.k =⇒ p2 ≤ n =⇒ p ≤ n.

9
Chapitre 1. Rappels et Généralités

Théorème 1.1.26. L’ensemble P des nombres premiers positifs contient une


infinité d’éléments.
Preuve. Démontrons ce résultat par absurde. Supposons que P = {p1 , p2 , . . . , pn }
soit fini. Posons α = p1 × p2 × · · · × pn + 1, il est alors clair que α 6∈ P, et donc α
n’est pas premier. Ainsi α admet un diviseur premier p, de plus p ∈ P, ce qui est
contradiction avec le fait qu’aucun des pi ne divise α.
Remarque 1.1.27. 1. L’un des méthodes ( ou algorithmes) pour déterminer
des nombres premiers positifs plus petits qu’un entier naturel donné ”n” est
connu sous le nom crible d’Eratosthène, en faisant barré les multiples
des nombres premiers 2, 3, 5, 7, 11,..etc, dans la liste des nombres naturels
inférieurs ou égales à n, sauf les nombres premiers 2, 3, 5, 7, 11,..etc.
2. Pour connaitre , si n est premier ou non on effectue la division euclidienne
de n par les nombres premiers 2, 3, 5, 7,..etc, respectivement. Si on trouvera
le reste de la D.E de n par l’un des premiers est nul, alors n n’est pas
premier, si non; on doit s’arrêter à la D.E par un nombre premier p tel
que p2 > n.
Proposition 1.1.28. (Lemme d’Euclide) Soit p un nombre premier positif.
Si p | a.b, alors p | a ou p | b.
Preuve. Si p ne divise pas a alors p et a sont premiers entre eux; en effet: les
diviseurs de p sont 1 et p, mais seul 1 divise aussi a, donc pgcd(a, p) = 1. Ainsi
par le théorème de Gauss p | b.
Exercice. Montrer que si p est un nombre premier strictement positif, alors

p 6∈ Q.

1.1.7 Décomposition en facteurs premiers


Théorème 1.1.29. Tout entier n ∈ Z∗ différent de 1 et − 1 admet une unique
décomposition en facteurs premiers sous la forme n = ε × pα1 1 × pα2 2 × · · · ×
pαk k , avec p1 , p2 , . . . , pk sont des nombres premiers positifs, α1 , α2 , . . . , αk des nombres
naturels non nuls et ε = 1 si n > 0 et ε = −1 si n < 0.
Preuve. Soit |n| ≥ 2. On a deux cas;
1. n > 0
— Si n est premier, dans ce cas n=n.
— Si n est non premier, dans ce cas il existe p1 le plus petit diviseur de
n; p1 est premier, donc n = p1 × q1 . Si q1 est premier, alors n = p1 × q1
est un produit de nombres premiers. Si q1 n’est pas premier, alors ∃ p2
le plus petit diviseur de q1 qu’est premier, ie; q1 = p2 × q2 , ce qui
donne n = p1 × p2 × q2 , et on fait de même pour q2 , ainsi de suite; on
obtient n = p1 × p2 × · · · × pr , avec pi sont premiers, mais ne sont pas
obligatoire distincts. D’où n = pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαk k .

10
Chapitre 1. Rappels et Généralités

2. n < 0, alors −n est positif, donc −n = pα1 1 ×pα2 2 ×· · ·×pαk k , d’où le résultat
n = −pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαk k .

Théorème 1.1.30. Soient a et b deux entiers positifs, on note leurs décomposi-


tion en facteurs premiers; a = pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαr r , b = pβ1 1 × pβ2 2 × · · · × pβr r .
Alors;
min(α1 ,β1 ) min(α2 ,β2 )
a ∧ b = p1 × p2 × · · · × pmin(α
r
r ,βr )

max(α1 ,β1 ) max(α2 ,β2 )


a ∨ b = p1 × p2 × · · · × pmax(α
r
r ,βr )
.

Preuve. On utilise le faite que tout diviseur commun d de a et b, a une décompo-


sition sous la forme d = pm m2
1 ×p2 ×· · ·×pr
1 mr
où mi ≤ min(αi , βi ). Or le pgcd(a, b)
min(α1 ,βi )
est le plus grand commun diviseur de a et b, alors pgcd(a, b) = p1 ×
min(α2 ,βi ) min(αr ,βr )
p2 × · · · × pr . De même tout multiple commun M de a et b, a une
décomposition sous la forme; M = pm m2 mr
1 × p 2 × · · · × pr
1
où mi ≥ max(αi , βi ). Or
max(α1 ,βi )
le ppcm(a, b) c’est le plus petit commun multiple, alors ppcm(a, b) = p1 ×
max(α2 ,βi ) max(αr ,βr )
p2 × · · · × pr .

1.1.8 Nombre de diviseurs d’un entier


Proposition 1.1.31. Soit n ∈ N∗ , n’est pas premier et n = a = pα1 1 × pα2 2 × · · · ×
pαr r , sa décomposition en facteurs premiers. Le nombre de diviseurs de n dans N∗
est;
N = (1 + α1 ) × (1 + α2 ) × · · · × (1 + αr )
En particulier le nombre de diviseurs de n dans Z∗ est N = 2(1 + α1 ) × (1 + α2 ) ×
· · · × (1 + αr ).

Preuve. Si d divise n, alors d = pβ1 1 × pβ2 2 × · · · × pβr r , avec 0 ≤ βi ≤ αi , le


nombre de diviseurs de n, c’est le nombre des d, lorsque chaque βi varie dans
{0, 1, . . . , αi }. Il y a 1 + αi possibilités de choisir βi , pour 1 ≤ i ≤ r, donc
d’après le principe fondamental de dénombrement le nombre de diviseurs de n
dans N∗ est N = (1 + α1 ) × (1 + α2 ) × · · · × (1 + αr ), et dans Z∗ sera égal
N = 2(1 + α1 ) × (1 + α2 ) × · · · × (1 + αr ).

Définition 1.1.32. (La fonction indicatrice d’Euler): La fonction Φ telle


que Φ(1) = 1 et Φ(n); n > 1 est le nombre d’entiers premiers avec n et compris
entre 1 et n − 1.
Φ : N∗ −→ N∗
n 7−→ Φ(n)
s’appelle la fonction indicatrice d’Euler.

Exemple 1.1.33. 1. Φ(7) = 6, car 7 est premier, donc premier avec 1,2,3,
4,5,6.
2. Φ(10) = 4, car 10 est premier avec 1, 3 ,7, 9.

11
Chapitre 1. Rappels et Généralités

3. Φ(12) = 4, car 12 est premier avec 1, 5, 7,11.


Par contre si n devient grand il devient très lourd de vérifier pour tout p < n
si p est premier avec n. On a donc besoin d’une formule de calcul efficace pour
Φ.

Proposition 1.1.34. 1. Si p est premier, alors Φ(p) = p − 1.


2. Si p est premier et α ≥ 1, alors Φ(pα ) = pα − pα−1 = pα (1 − p1 ).
3. Si pgcd(a, b)=1, alors Φ(a.b) = Φ(a).Φ(b).
4. Si n = pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαk k non premier, alors

1 1 1
Φ(n) = n(1 − ) × (1 − ) × · · · × (1 − ).
p1 p2 pk
Preuve. 1. Si p est premier, alors p est premier avec tous les entiers d tels
que 1 ≤ d ≤ p − 1. Donc Φ(p) = p − 1.
2. Si p est premier, et α un exposant entier, alors Φ(pα ) = pα − pα−1 , en effet,
les seuls entiers plus petits que P α , qui ne soient pas premiers avec pα sont
les multiples de p, entiers de la forme N.p, avec 1 ≤ N ≤ pα−1 qui sont
précisément égales au nombre pα−1 . D’où le résultat.
3. Φ(a.b) est le nombre d’entiers naturels x < a.b, premier avec ab.
a) Soit x un entier de cette sorte, en écrivant x = z.a + y. Certainement
y 6= 0, si non a diviserait x et donc x ne serait pas premier avec a.b, on
a donc 0 < y < a et 0 ≤ z < b, car x ≤ a.b. Donc y est nécessairement
premier avec a, si non un diviseur commun à y et a diviserait x et alors
x ne serait pas premier avec a, donc avec a.b, ce qui ’est contraire à
l’hypothèse. On a donc Φ(a) possibilités pour le choix de y.
b) Choisissons alors y premier avec a, (0 < y < a) ce qui détermine un x
premier avec a par x = a.z + y, où 0 ≤ z < b qu’est pour le moment
arbitraire. Il faut que x soit premier avec a.b, et pour cela nous devrons
choisir z. De même on divise x par b, ce qui donne un quotient t et un
reste r, x = bt+r, et comme précédemment, on a r 6= 0 et r premier avec
b, par conséquent, on aura Φ(b) possibilités de choix de r, (0 < r < b).
Donc si x est un entier vérifiant x < a.b, premier avec a.b, les restes
y et r des divisions de x par a et b respectivement sont des entiers
vérifiant: 0 < y < a, y premier avec a et 0 < r < b, r premier avec b.
• Réciproquement: Si on se donne arbitrairement deux entiers y et r vé-
rifiant ces conditions, ils déterminent un entier x unique tel que x < a.b
et x premier avec a.b; en effet, supposons par exemple r ≥ y et consi-
dérons tous les entiers de la forme a.z, pour tous les entiers z vérifiant
0 ≤ z ≤ b. Pour ces entiers z, la division de l’un quelconque des a.z par
b, fournit un reste rz tel que 0 ≤ rz < b et ce reste peut prendre b valeurs
possible. Or, si z 6= z 0 on a nécessairement rz 6= rz0 , car si non; il existe
un couple d’entiers (z, z 0 ) avec z > z 0 tel que rz = rz0 , alors b diviserait

12
Chapitre 1. Rappels et Généralités

az − az 0 = a(z − z 0 ), et puisque a ∧ b = 1, donc devrait diviser z − z 0 ,


ce qui est impossible; car z et z 0 sont tous les deux inférieurs à b, donc à
fortiori leur différence. Par suite, les b restes sont exactement les b entiers,
0, 1, 2 . . . , b − 1 pris chacun une fois et dans un ordre quelconque. Il y en a
donc un et un seul qui ait la valeur r − y et par suite il existe un quotient t
tel que az = bt + (r − y) ce qui donne az + y = bt + r et x = az + y = bt + r.
Comme 0 < y < a et 0 ≤ z < b, on a bien x < a.b et x est premier sépa-
rément avec a et b ( car y est premier avec a , et r l’est avec b), donc avec
leur produit a.b. Il existe donc autant d’entiers x qu’il existe de couples (y,
r) d’entiers tels que,
i) 0 < y < a, y premier avec a, et qui avait le Φ(a) choix possible.
ii) 0 < r < b, r premier avec b, et qui avait le Φ(b) choix possible.
et par suite on a bien Φ(a.b) = Φ(a).Φ(b).
4. On applique la propriété 3 et 2.
Remarque 1.1.35. On verra d’autre démonstration pour la propriété 3.
Conjecture 1.1.36. Voici deux conjectures qui n’ont pas de démonstration.
1. Conjecture de Lehmer 1905-1991:
n est premier ssi n ≡ 1 mod(Φ(n)).
2. Conjecture de Carmichael 1907: ∀ n > 0; ∃ m 6= n : Φ(n) = Φ(m).

1.1.9 Relation de congruence dans Z


Définition 1.1.37. Soient a, b ∈ Z, et n ∈ N∗ . On dit que a et b sont congrus
modulo n et l’on note a ≡ b mod(n) ou par a ≡ b[n] si n divise (a − b).

a ≡ b[n] ⇐⇒ ∃k ∈ Z; a = b + k.n.

Exemple 1.1.38. 29 ≡ 3[13]; 29 ≡ 16[13]; 29 ≡ −10[13].


Exercice. 1. Montrer que si a et b ont même reste dans la division eucli-
dienne par n, alors ils sont congrus modulo n.
2. Compléter les expressions suivantes: −7 ≡ ...[4]; 5 ≡ 0[..]; −1 ≡ ..[3].
Propriétés 1.1.39. Soient a, b, c ∈ Z et n, e ∈ N∗ . On a les règles suivantes:
1. a ≡ a[n].
2. a ≡ b[n] ⇐⇒ b ≡ a[n].

a ≡ b[n]
3. =⇒ a ≡ b0 [n].
b ≡ b0 [n]
a ≡ a0 [n]

4. =⇒ a + b ≡ (a0 + b0 )[n].
b ≡ b0 [n]
a ≡ a0 [n]

5. =⇒ a × b ≡ (a0 × b0 )[n].
b ≡ b0 [n]

13
Chapitre 1. Rappels et Généralités

6. a ≡ b[n] =⇒ ae ≡ be [n].

Preuve. Laissé aux lecteurs.

Remarque 1.1.40. 1. La relation de congruence est une relation d’équiva-


lence.
2. Les propriétés 4 et 5 nous permet de dire que la relation de congruence est
compatible avec l’opération d’addition et de multiplication.
3. Attention: l’expression a × c ≡ b × c [n] n’implique pas en général que
a ≡ b [n]; comme exemple: 3×3 = 9 ≡ 3 [6], mais 3 6≡ 1 [6]. Mais dans le cas
n est premier avec c, on a bien l’implication a × c ≡ b × c [n] =⇒ a ≡ b [n];
car a × c ≡ b × c [n] =⇒ c × (a − b) ≡ 0 [n] donc n | c × (a − b), et or
n et c sont premiers entre eux, alors d’après th de Gauss n | (a − b) d’où
a ≡ b [n].

1.1.10 Classes d’équivalences de la relation de congruence


Définition 1.1.41. Soit n ∈ N∗ et r ∈ Z, l’ensemble {a ∈ Z | a ≡ r[n]} s’appelle
la classe d’équivalence de r associe à la relation de congruence modulo n et se
note par r̄, et on écrit r̄ = {a ∈ Z | a ≡ r[n]}. Autrement dit;

x ∈ r̄ ⇐⇒ x ≡ r[n] ⇐⇒ ∃k ∈ Z; x = r + k.n

Exemple 1.1.42. Pour n = 2, on a 0̄ = {x ∈ Z | x ≡ 0[2]} = {2k | k ∈ Z}, et


1̄ = {x ∈ Z | x ≡ 1[2]} = {1 + 2k | k ∈ Z}.

Question: Pour n = 3, déterminer 0̄, 1̄ et 2̄.

Définition 1.1.43. Soit n ∈ N∗ . L’ensemble {0̄, 1̄, . . . , n − 1}, s’appelle l’en-


semble des classes d’équivalences associe à la relation de congruence modulo n,
Z
se note par nZ Z
, ou par Z/nZ, et on écrit nZ = {0̄, 1̄, . . . , n − 1}.

Exemple 1.1.44. Z
2Z
= {0̄, 1̄}, Z
3Z
= {0̄, 1̄, 2̄}.

Z
1.1.11 Opérations dans nZ
Si x̄, ȳ ∈ nZ
Z
, alors ils existent respectivement r et , r0 ∈ {0, 1, . . . , n − 1} tels
que x̄ = r̄ et ȳ = r̄0 ; c’est à dire x ∈ r̄, y ∈ r̄0 . Donc

x ∈ r̄ ⇐⇒ x ≡ r[n]
=⇒ x + y ≡ (r + r0 )[n] =⇒ (x + y) ∈ r + r0
y ∈ r̄0 ⇐⇒ y ≡ r0 [n]

Or l’ensemble r̄ + r̄0 = {a + b | a ∈ r̄ et b ∈ r̄0 }, alors si (x + y) ∈ r̄ + r̄0 , donc


(x + y) ∈ r1 + r2 , d’où r̄ + r̄0 ⊂ r + r0 . D’autre part; il est clair que r + r0 ⊂ r̄ + r̄0 ,
en effet: si X = n × k + r + r0 ∈ r + r0 , alors on peut l’écrire sous la forme

14
Chapitre 1. Rappels et Généralités

X = n × (k1 + k2 ) + (r + r0 ) = n × k1 + r + n × k2 + r0 ∈ r̄ + r̄0 , avec k = k1 + k2 ,


| {z } | {z }
x y
donc r + r0 = r̄ + r̄0 .
On montre de la même manière que r̄.r̄0 ⊂ r × r0 . D’autre part on a;
r × r0 = r|0 + r0{z
· · · + r}0 = r.r̄0 ⊂ r̄.r̄0 d’où r × r0 = r̄.r̄0
r f ois

Ceci nous permet de donner la définition suivante:


Définition 1.1.45. Pour tous x̄, ȳ ∈ nZ Z
.
Z
i) On définit l’addition ” + ” dans nZ comme suivante: x̄ + ȳ = x + y.
Z
ii) On définit la multiplication ”.” dans nZ comme suivante: x̄.ȳ = x × y.
¯ = 0̄, car 24 ≡
Exemple 1.1.46. Dans 8Z , 7̄ + 2̄ = 9̄ = 1̄, car 9 ≡ 1[8]; 4̄.6̄ = 24
Z

0[8].
Remarque 1.1.47. 1. On a 1̄ est l’élément neutre pour la loi ”.”.
2. 0̄ est l’élément neutre pour la loi ” + ”.
3. Si il existe u ∈ Z tel que x × u ≡ 1[n], ie; x̄.ū = 1̄, on dit que x̄ est inver-
Z Z ∗
sible pour la loi ”.” dans nZ . On note par ( nZ ) , l’ensemble des éléments
inversible ( ou bien l’ensemble des unités) pour la loi multiplicative ”.”.
Z
4. On verra plus loin que ( nZ , +, .) est un anneau, et si n est premier il est
un corps.
Exercice. 1. Montrer que ∀ n ∈ N; 42n+2 ≡ 1[15].
2. Montrer que ∀ n ∈ N∗ ; (n + 1)2006 − 1 ≡ 0[n].
Z
3. Résoudre dans 29Z l’équation; 15x + 24 = 17.
Proposition 1.1.48. Si n = m1 ×m2 ×· · ·×mr , un entier strictement positif avec
mi ∧ mj = 1 ∀ i 6= j, alors pour tous entiers a et b on a l’équivalence suivante:
a ≡ b [n] ⇐⇒ a ≡ b [mi ] ∀ i, 1 ≤ i ≤ r.
Preuve. =⇒) on a;
a ≡ b [n] =⇒ a − b ≡ 0 [n]
Y
=⇒ a − b = mi × mj × ki
j6=i
=⇒ a − b ≡ 0 [mi ]
=⇒ a ≡ b [mi ] ceci est vrai ∀ i
⇐=) on a;
a ≡ b [mi ], ∀ i =⇒ mi |a − b, ∀ i
=⇒ ppcm(m1 , m2 , . . . , mr )|a − b
=⇒ a − b ≡ 0 [ppcm(m1 , m2 , . . . , mr )]
=⇒ a ≡ b [ppcm(m1 , m2 , . . . , mr )]
Or dans ce cas; ppcm(m1 , m2 , . . . , mr ) = m1 × m2 × · · · × mr = n, alors a ≡ b [n].

15
Chapitre 1. Rappels et Généralités

Proposition 1.1.49. Soient n > 1 et a deux entiers, ā la classe de a modulo n.


Les conditions suivantes sont équivalentes:
i) a ∧ n = 1;
Z ∗
ii) ā ∈ ( nZ );
Z
iii) ā engendre le groupe additif ( nZ , +).
Preuve. i) =⇒ ii); a et n sont premiers entre eux, donc d’après le théorème de
Bezout il existe deux entiers u et v tels que a × u + n × v = 1, ce qui implique
Z ∗
a × u = 1 − n × v. D’où a × u ≡ 1[n], donc ā ∈ ( nZ ).
ii) =⇒ iii); il existe par hypothèse un élément ū tel que ā.ū = 1̄. Pour les 1 ≤
k ≤ n − 1 les classes kā sont alors toutes distinctes, car si kā = k 0 ā pour 1 ≤
k 0 < k < n, alors (k − k 0 )ā = 0̄, absurde, en effet; en multipliant par ū, on trouve
(k − k 0 )1̄ = 0̄ =⇒ k − k 0 = 0̄, ceci dit que ∃ r > 0; k − k 0 = r × n, et donc
k = k 0 + r × n > n, ce qui donne la contradiction avec le fait k < n. En autre
si kā = 0̄, alors k 1̄ = 0̄ ce qui implique k̄ = 0̄, et donc ∃ r ∈ N; k = r × n, or
1 ≤ k ≤ n − 1, alors impossible sauf si k = 0, ce qui donne r = 0. Cela implique
que tout élément de nZ Z
est de la forme kā, où 0 ≤ k ≤ n − 1, en ajoutant le fait
que 0.ā = 0̄.
Z
iii) =⇒ i); si ā engendre nZ , alors l’élément 1̄ est engendré par a, il existe donc
u ∈ Z tel que 1̄ = uā = ū.ā, ce qui implique ∃ v ∈ Z : 1 = u × a + v × n. Donc
a ∧ n = 1.
   
Z ∗ Z ∗
Corollaire 1.1.50. Pour tout entier n > 1; ( nZ ) , . est un groupe et card ( nZ ) =
Φ(n).
Z ∗
Preuve. On montre facilement que ( nZ ) est un groupe pour la loi multiple ”.”, et
d’après la proposition précédente; le nombre d’éléments de ce groupe égal Φ(n).
Théorème 1.1.51. (Théorème d’Euler): Pour tout entier n > 0 et tout entier
a premier avec n on a: aΦ(n) ≡ 1 [n], où Φ est la fonction indicatrice d’Euler.
Preuve. Soit ā la classe de a modulo n. Or a ∧ n = 1, alors d’après la proposition
Z ∗
précédente, ā ∈ ( nZ ) , et donc l’ordre de ā divise Φ(n). D’où āΦ(n) = 1̄, ce qui est
Φ(n)
équivalent à a ≡ 1 [n].
Théorème 1.1.52. (Petit théorème de Fermat): Si n > 1 un entier premier,
alors ∀ a ∈ Z∗ non divisible par n on a; an−1 ≡ 1 [n].
Preuve. On applique le théorème d’Euler précédent, car pour n premier on a,
Φ(n) = n − 1.
Corollaire 1.1.53. Si n > 1 est premier, alors ∀ a ∈ Z; an ≡ a [n].

Preuve. D’abord si a est divisible par n, alors an − a est aussi est divisible par
n, d’où le résultat, et si a n’est pas divisible par n, d’après le petit théorème de
Fermat précédent, on aura an−1 ≡ 1 [n], donc an ≡ a [n].

16
Chapitre 1. Rappels et Généralités

1.1.12 Théorème des restes Chinois


Théorème 1.1.54. Soient m1 , m2 , . . . , mk ∈ N∗ et a1 , a2 , . . . , ak ∈ Z et le sys-
tème d’équations: 

 x ≡ a1 [m1 ]
 x ≡ a2 [m2 ]

(E) : .. ..


 .≡.
 x ≡ a [m ]
k k

i) Si (E) possède une solution x0 , alors il en possède une infinité données


par la formule:

x ≡ x0 mod(ppcm(m1 , m2 , . . . , mk )).

ii) Si m1 , m2 , . . . , mk sont premiers entre eux deux à deux (ie : pgcd(mi , mj ) =


1, ∀ i 6= j), alors il existe une unique solution x0 modulo ppcm(m1 , m2 , . . . , mk ) =
m1 × m2 × · · · × mk .
Y
Cette solution s’obtient à partir d’une identité de Bezout entre Mi = mj et mi .
i6=j
En effet; Mi et mi sont premières entre eux, donc d’après Bezout il existe ui , vi ∈
Z tels que ui .mi + vi .Mi = 1. On pose ei = vi .Mi , nous avons alors ei ≡
k
X k
X
1 [mi ] et ei ≡ 0 [mj ] pour j 6= i. L’entier x0 = ai .ei = ai vi Mi = a1 v1 M1 +
i=1 i=1
a2 v2 M2 + · · · + ak vk Mk est bien une solution particulière car:

x0 ≡ a1 v1 M1 [m1 ] ≡ a1 [m1 ], car seul M1 qui n0 est pas divisible par m1 ,


et a1 u1 .m1 + a1 v1 .M1 = a1 .
x0 ≡ a2 v2 M2 [m2 ] ≡ a2 [m2 ], car seul M2 qui n0 est pas divisible par m2 ,
et a2 u2 .m2 + a2 v2 .M2 = a2 .
..
.
x0 ≡ ak vk Mk [mk ] ≡ ak [mk ], car seul Mk qui n0 est pas divisible par mk ,
et ak uk .mk + ak vk .Mk = ak .

Et les autres solutions sont les entiers congrus à x modulo ppcm(m1 , m2 , . . . , mk ) =


m1 × m2 × · · · × mk .

Exemple 1.1.55. Résoudre le système suivant:



x ≡ 5 [17]
x ≡ 8 [29]

17
Chapitre 1. Rappels et Généralités

1.2 Généralités sur les ensembles et structures


Définition 1.2.1. Intuitivement, un ensemble E est une collection d’objets ap-
pelés éléments. Soit x un objet mathématique, la relation d’appartenance de x à
E est soit vraie, soit fausse:
i) Si elle est vraie on dit que x est un élément de E ou x appartient à E et
on écrit x ∈ E.
ii) Si elle est fausse on dit que x n’est pas un élément de E ou x n’appartient
pas à E et on écrit x 6∈ E.
Lorsque l’ensemble E est fini, l’ensemble qui se note par P(E) s’appelle l’ensemble
des parties de E, il est de cardinal égale; card(P(E)) = 2card(E) .

1.2.1 Lois de Morgan


Théorème 1.2.2. Soit E un ensemble et A et B deux parties de E ( ie, A, B ∈
P(E) ) on a:
i) CEA∩B = CEA ∪ CEB .
ii) CEA∪B = CEA ∩ CEB .
Preuve. Comme exercice.

1.2.2 Relation binaire


Définition 1.2.3. Étant donné deux ensembles non vides E et F, on appelle
relation binaire de E vers F, la donné d’un triplet R = (E, F, G) de coordonnées
E, F et un sous ensemble G de E × F.
i) Si R est vraie pour le couple (x, y) on écrit xRy.
ii) L’ensemble GR = {(x, y) ∈ E × F | xRy} s’appelle le graphe de la relation
R, et se note par GR .
iii) Lorsque E = F on dit que R est une relation binaire sur E.
Exemple 1.2.4. Soit E = {0; −1; 1; 2; 4} et soit R, la relation sur E définie par
xRy ⇐⇒ x2 = y 2 . Donner le graphe de R.

1.2.3 Relation d’équivalence


Définition 1.2.5. Une relation binaire sur un ensemble E est appelé relation
d’équivalence si elle est réflexive, symétrique et transitive.
i) La réflexivité; c’est à dire ∀x ∈ E : xRx.
ii) La symétrie; ∀(x; y) ∈ E 2 : xRy =⇒ yRx.
iii) La transitivité; pour tous x, y et z dans E: xRy et yRz =⇒ xRz.
Exemple 1.2.6. Soit f : E =⇒ F une application et R une relation binaire sur
E définie par
xRy ⇐⇒ f (x) = f (y).
La relation R est une relation d’équivalence.

18
Chapitre 1. Rappels et Généralités

Remarque 1.2.7. Nous verrons que toutes les relations d’équivalence peuvent
être obtenue de cette façon.

Exercice. Sur R∗ on définit une relation R par; xRy ⇐⇒ x + 1


x
= y + y1 .
Étudier la relation R et donner son graphe.

Définition 1.2.8. Soit E un ensemble et R une relation d’équivalence sur E.


1. Pour x ∈ E l’ensemble qu’on note x̄ = {y | y ∈ E et xRy} s’appelle classe
d’équivalence de x modulo R.
2. L’ensemble des classes d’équivalence {x̄ | x ∈ E} s’appelle ensemble quo-
E
tient de E par R et se note R ou E/R.
3. L’ensemble E qui vérifie la propriété suivante:

∀x ∈ E; ∃!x0 ∈ E tel que xRx0

s’appelle l’ensemble de représentants pour R.


4. L’application:
SR : E −→ E/R
x 7−→ x̄
est surjective appelée surjection canonique associée à R.

Remarque 1.2.9. Il existe toujours des ensembles représentants pour une telle
relation R, en effet: Par l’axiome du choix il existe une application;

g : E/R −→ E

x̄ 7−→ g(x̄) ∈ x̄
alors l’ensemble E = {g(x̄) | x̄ ∈ E/R} est un ensemble de représentants pour
R.

Propriétés 1.2.10. Voici les propriétés fondamentales des classes d’équivalences:


1. ∀x, y ∈ E : xRy ⇐⇒ x̄ = ȳ.
2. ∀x, y ∈ E; on a soit x̄ = ȳ, soit x̄ ∩ ȳ = ∅.
[
3. x̄ = E. ( ie; la famille (x̄)x∈E forme une partition de E).
x∈E
\
4. x̄ = ∅, avec Card(E) ≥ 2.
x∈E

19
Chapitre 1. Rappels et Généralités

1.2.4 Décomposition canonique d’une application


Soit f : E −→ F une application. Reprenons la relation Rf associée à f

xRf y ⇐⇒ f (x) = f (y)

Notons f (E) = {f (x) / x ∈ E} l’image de E par f. On montre que l’application;

E
f¯ : −→ f (E)
Rf

x̄ −→ f¯(x̄) = f (x)
est bijective appelée bijection canonique associée à f.
L’application:
i : f (E) −→ F
y = f (x) 7−→ f (x)
est injective appelée injection canonique. Voir que
f
E / FO
s i
 f¯
E/Rf / f (E)

On a bien f = i ◦ f¯◦ S. Cette décomposition est appelée décomposition canonique


de f.

1.2.5 Liste des structures algébriques


Dans la théorie des ensembles, l’objet principal est un ensemble qui se dis-
simule parfois sous d’autre noms tels que classe, collection, ou famille. Cepen-
dant, dans d’autre discipline mathématiques, un ensemble est toujours muni d’une
structure. En algèbre tout particulièrement, un ensemble est combiné avec une ou
plusieurs lois de compositions, il s’appelle une structure algébrique et voici une
liste des structures algébriques importantes.

20
Chapitre 1. Rappels et Généralités

Figure 1.1 – Liste des structures.

21
Chapitre 2

Théorie des groupes

Les groupes sont à la base d’autres notions mathématiques comme les an-
neaux, les corps, les matrices, les espaces vectoriels,...Mais vous les retrouvez
aussi en arithmétique, en géométrie et en cryptographie. Le problème central en
théorie des groupes est de pouvoir classifier toutes les classes d’équivalences des
groupes d’un type donné. Ceci à été résolu pour la classe des groupes abéliens
finis, mais le problème reste ouvert pour la classe des autres groupes.

2.1 Loi de composition interne


Définition 2.1.1. Soit G un ensemble. Si on munit l’ensemble G par une telle
opération par exemple noté ” ∗ ”, vérifiant ∀(x, y) ∈ G × G : x ∗ y ∈ G et x ∗ y
est unique, alors l’opération ” ∗ ” est dite loi de composition interne sur G.
Autrement dit une loi de composition interne (L.C.I) sur G est une application
de G × G dans G.
G × G −→ G
(x, y) 7−→ x ∗ y
Exemple 2.1.2. 1. Les opérations usuelles +, et × sont des lois de compo-
sitions internes sur N, Z, Q, R et C.
2. Soit Ω un ensemble. Sur l’ensemble des parties de Ω, ie; sur P(Ω), les
opérations ∪ et ∩ constituent des L. C.I.
Exercice. Comme exercice montrer que la loi ” ÷ ” est constitue une loi de com-
position interne sur Q∗ , R∗ et C∗ .
• Dans tout ce paragraphe, (G, ∗) désigne un ensemble muni d’une loi de compo-
sition interne” ∗ ”.
Définition 2.1.3. Soit G un ensemble muni d’une loi de composition interne
” ∗ ”.
i) L’associativité: On dit que la loi ” ∗ ” est associative sur G si;
∀x; y et z ∈ G : x ∗ (y ∗ z) = (x ∗ y) ∗ z.

22
Chapitre 2. Théorie des groupes

ii) La commutativité: On dit que la loi ” ∗ ” est commutative sur G si;

∀x; y ∈ G : x ∗ y = y ∗ x.

iii) Élément neutre: On dit qu’un élément e ∈ G est l’élément neutre pour
” ∗ ” si ∀x ∈ G : x ∗ e = e ∗ x = x.
iv) La symétrie: Si e est l’élément neutre pour ” ∗ ” et x; x0 ∈ G tels que
x ∗ x0 = x0 ∗ x = e; alors x0 et x dites symétriques.
v) La distributivité: Si G est muni d’une deuxième loi de composition noté
”.” on dit que la loi ” ∗ ” est distributive par rapport à ”.” si ∀x, y, z ∈ G :
x ∗ (y.z) = (x ∗ y).(x ∗ z) et (y.z) ∗ x = (y ∗ x).(z ∗ x).
vi) Régularité: La loi ” ∗ ” est dite régulière à gauche sur G si;

∀ x ∈ G; ∀ (y, z) ∈ G × G : x ∗ y = x ∗ z =⇒ y = z.

Elle est dite régulière à droite si;

∀ x ∈ G; ∀ (y, z) ∈ G × G : y ∗ x = z ∗ x =⇒ y = z.

Propriétés 2.1.4. 1. Si il y a dans G un élément neutre pour ” ∗ ” alors il


n’y en a qu’un seul.
2. Si la loi ” ∗ ” est associative et si un élément x de G admet un symétrique
pour ” ∗ ”, alors il n’y en a qu’un seul.
Exercice. Déterminer les éléments symétrisables de (Z, ×).

Remarque 2.1.5. i) Parfois on dit l’inverse de x au lieu de symétrique de


x et surtout pour la loi multiple noté ”.”
ii) Lorsque une loi de composition admet un élément neutre, on dit que cette
loi est unifère.
Définition 2.1.6. 1. Un ensemble G muni d’une loi de composition interne
est appelé un magma. Un magma est donc une structure algébrique élé-
mentaire.
2. Un monoı̈de est un magma dont sa loi est associative et unifère.
3. Un demi- groupe est un magma associatif.
4. Un semi- groupe est un monoı̈de régulière à droite et à gauche.
Exemple 2.1.7. 1. (N, +) est un monoı̈de commutatif et aussi est un semi-
groupe.
2. (Z, −) est un magma mais n’est pas un monoı̈de, car la loi ” − ” n’est pas
associative.
Exercice. Soit un ensemble G = {e, x, y} considérons la loi suivante:

23
Chapitre 2. Théorie des groupes

* e x y
e e x y
x x y e
y y e x
Montrer que (G, ∗) est un monoı̈de. Est il un semi-groupe?

Remarque 2.1.8. i) En algèbre un semi-groupe est une structure algébrique


en quelque sorte intermédiaire entre un magma et un groupe.
ii) La définition anglo-saxone du semi groupe est différente; ”semigroup” en
anglais désigne tout magma associatif ( ie, un demi- groupe). De même en
analyse fonctionnelle vous trouverez autre définition pour un semi-groupe.

2.2 Groupes
Définition 2.2.1. Soit G un ensemble. On dit que l’ensemble G muni d’une
opération par exemple noté ” ∗ ” est un groupe si on a les propriétés suivantes:
1. ∀x, y ∈ G : x∗y ∈ G, et unique (ie; ”∗” est une loi de composition interne
sur G).
2. La loi ” ∗ ” est associative sur G.
3. La loi ” ∗ ” admet un élément neutre ”e”.
4. Pour tout x de G il admet un inverse (le symétrique) qu’on note x−1 .
i) Autrement dit; un groupe est un monoı̈de dans le quel tout élément admet
un symétrique.
ii) Si de plus ∀x, y ∈ G : x ∗ y = y ∗ x, on dit que (G, ∗) est un groupe
commutatif ( ou un groupe abélien).
Exemple 2.2.2. 1. (Z, +), (R∗ , ×) et (Mn (R), +) sont des groupes commu-
tatifs.
2. (Z∗ , ×); (N, +) ne sont pas des groupes.
3. L’ensemble des matrices 2 × 2 ayant un déterminant non nul, muni de la
multiplication des matrices 00 ×00 forme un groupe non commutatif se note
par (G2 , ×).
Z
4. L’ensemble des classes modulo n sur Z muni de la loi ”+” ie; ( nZ , +) est
un groupe qu’est fini.
Exercice. 1. Montrer que (R∗+ , ×) est un groupe commutatif d’élément neutre
1.
x+y
2. Soit G =] − 1, 1[. Pour x, y ∈ G on définit la loi ” ∗ ” par x ∗ y = 1+x.y ,
avec ” + ” et ”.” sont l’addition et la multiplication habituelles. Montrer
que (G, ∗) est un groupe, en précisant son élément neutre et l’inverse de
chacun de ses éléments.

24
Chapitre 2. Théorie des groupes

• Notations: Soit (G, ∗) un groupe et x un élément de G et soient n, m ∈ N


on note;
i) xn = |x ∗ x ∗{z· · · ∗ x} .
n f ois
ii) x0 = e (e c’est l’élément neutre).
iii) x−n = |x−1 ∗ x−1{z∗ · · · ∗ x−1} .
n f ois
n m n+m
iv) x ∗ x = x .
v) (xn )m = xnm .

Propriétés 2.2.3. Soit (G, ∗) un groupe et x, y, z sont des éléments de G on a;


1. (x ∗ y)−1 = y −1 ∗ x−1 .
2. (x−1 )−1 = x.
3. Si x ∗ y = x ∗ z alors y = z.
4. Si xn = e, alors l’inverse de x est xn−1 .

2.2.1 Sous groupes


Définition 2.2.4. Soit (G, ∗) un groupe d’élément neutre e, et H une partie de
G.
Une partie H ⊂ G est dite sous groupe de G si elle vérifie les trois conditions:
i) e ∈ H.
ii) Pour tout x, y ∈ H, on a x ∗ y ∈ H.
iii) ∀x ∈ H on a x−1 ∈ H.
Autrement dit; H est un sous groupe de G ssi; e ∈ H et ∀x, y ∈ H on a x ∗ y −1 ∈
H.

Exemple 2.2.5. 1. Si (G, ∗) est un groupe, alors {e} et (G, ∗) sont des sous
groupes de (G, ∗).
2. (R∗+ , ×) est un sous groupe de (R∗ , ×).
3. Soit U = {z ∈ C | |z| = 1}; on a (U, ×) est un sous groupe de (C∗ , ×).
4. (Z, +) est un sous groupe de (R, +).

Remarque 2.2.6. 1. Si (G, ∗) est un groupe d’élément neutre e, alors {e}


et G sont des sous groupes de (G, ∗), dites des sous groupes triviaux. Les
autres sous groupes de G s’appellent les sous groupes propres de G.
2. Un sous groupe H du groupe (G, ∗) est aussi un groupe pour la loi ” ∗ ”
induit à H.
3. L’intersection de deux sous groupes du groupe (G, ∗) est aussi un sous
groupe (G, ∗).
4. La réunion de deux sous groupes du groupe (G, ∗) n’est pas en général un
sous groupe de (G, ∗).

25
Chapitre 2. Théorie des groupes

Exercice. 1. Montrer que l’intersection d’une famille quelconque de sous


groupes d’un groupe G est aussi un sous groupe de G.
2. Montrer que 5Z et 8Z sont des sous groupes de (Z, +), mais 5Z ∪ 8Z n’est
pas un sous groupe de (Z, +).

Proposition 2.2.7. Les sous groupes de (Z, +) sont les ensembles de la formes
nZ = {n.k | k ∈ Z}.

Preuve. Comme exercice.

Définition 2.2.8. Soit (G, ∗) un groupe d’élément neutre e. On dit que G est fini
si le nombre de ses éléments est fini, dans ce cas son cardinal est appelé l’ordre
du groupe G et on le note par card(G), O(G) ou |G|.

2.2.2 Sous groupe engendré par une partie


Définition 2.2.9. Si A est une partie d’un groupe (G, ∗).
1. On appelle le sous groupe de G engendré par A, l’intersection de tous les
sous groupes de G qui contiennent A et se note par < A > . Il est le plus
petit ( pour l’inclusion) des sous groupes de G qui contiennent A, ( ie; si
H un sous groupe de G contient A, alors < A > ⊂ H).
2. On dit que A est une partie génératrice de G si < A >= G.
3. Un groupe (G, ∗) ( un sous groupe H de G) est dit monogène si il est
engendré par un seul élément. C’est à dire si il existe a ∈ G tel que
G =< a >, ( H =< a >).
4. Un groupe (G, ∗) ( un sous groupe H de G) est dit cyclique si il est mono-
gène et de plus fini.

Théorème 2.2.10. 1. Si (G, ∗) est un groupe et g ∈ G, alors;

< g >= {g i | i ∈ Z}.

2. Tout sous groupe d’un groupe monogène est monogène.

Preuve. Laissé aux lecteurs.

Remarque 2.2.11. Si la loi de groupe G est additive ” + ” et g ∈ (G, +), alors


< g >= {ig | i ∈ Z}.

Exemple 2.2.12. a) Si (G, ∗) est un groupe d’élément neutre e, alors

< e >= {e}, et < G >= G

b) (Z, +) est un groupe monogène car Z = {n 1 | n ∈ Z} =< 1 >=< −1 > .


c) Dans (Z, +) le sous groupe nZ est engendré par n, ie; nZ =< n > .

26
Chapitre 2. Théorie des groupes

Z Z
d) ( nZ , +) est un groupe cyclique d’ordre n, car nZ
=< 1̄ >, et contient n
éléments à savoir 0̄, 1̄, . . . , n − 1.
Définition 2.2.13. Soit (G, ∗) un groupe d’élément neutre e. Si G est un groupe
fini, on appelle ordre d’un élément x ∈ G qui se note par O(x); l’ordre du sous
groupe engendré par x ( ie, l’ordre de < x >).
Théorème 2.2.14. Soit x un élément d’un groupe (G, ∗) d’élément neutre e. Si
O(x) = n alors:
i) ∀m ∈ Z : xm = e ⇐⇒ n divise m.
ii) < x >= {e, x, x2 , . . . , xn−1 }.
Preuve. i) Supposons que xm = e, alors par la division euclidienne de m
par n, il existe deux entiers q, r vérifiant m = nq + r avec 0 ≤ r < n. On
a;

xr = xm−nq
= xm ∗ (xn )−q
= e ∗ (e)−q
= e

Puisque n est le plus petit entier tel que xn = e alors r = 0. Donc n divise
m.
Réciproquement, si n divise m alors il existe un entier k tel que m = n k.
Alors;

xm = xnk
= (xn )k
= (e)k
= e

ii) Soit m ∈ Z, en divisant m par n; il existe deux entiers q, r vérifiant


m = nq + r avec 0 ≤ r < n. Nous avons alors;

xm = xnq+r = xnq ∗ xr = e ∗ xr = xr .

Donc xm ∈ {e, x, x2 , . . . , xn−1 }, ce qui donne < x >⊂ {e, x, x2 , . . . , xn−1 }.


L’inclusion inverse est évidente d’après la définition de < x > .

2.2.3 Morphisme de groupes


Définition 2.2.15. Soient (G, ∗) et (G0 , T ) deux groupes. Une application

f : (G, ∗) −→ (G0 , T )

est dite un morphisme de groupes ( ou homomorphisme de groupes) si elle vérifie


la propriété suivante: ∀x, y ∈ G : f (x ∗ y) = f (x)T f (y).

27
Chapitre 2. Théorie des groupes

a) Si de plus f est bijectif, on dit que f est un isomorphisme de groupes et


on note G ' G0 .
b) Un morphisme ( respectivement un isomorphisme) de (G, ∗) dans lui même
est appelé endomorphisme de groupes (respectivement automorphisme de
groupes).

Exemple 2.2.16. Parmi les exemples que vous connaissez déjà est les suivants:

(R, +) −→ (R∗+ , ×)
f:
x 7→ f (x) = ex

f ici est bien un morphisme de groupes.


Soit x 6= 0.
(Z, +) −→ (R∗ , ×)
gx :
n 7→ gx (n) = xn
gx ici est un morphisme de groupes.

Proposition 2.2.17. i) La composée de deux morphismes de groupes est un


morphisme de groupes.
ii) La réciproque d’un isomorphisme de groupes est un isomorphisme de groupes.

Preuve. i) Évident.
ii) Soit f un isomorphisme de (G, *) dans ( G’, T) et f −1 sa réciproque. Soit
(x0 , y 0 ) ∈ G02 , on montre que f −1 (x0 T y 0 ) = f −1 (x0 ) ∗ f −1 (y 0 ). On a;

f (f −1 (x0 ) ∗ f −1 (y 0 )) = f (f −1 (x0 ))T f (f −1 (y 0 ))


= x0 T y 0
= f (f −1 (x0 T y 0 ))

Or f est injective alors f −1 (x0 T y 0 ) = f −1 (x0 ) ∗ f −1 (y 0 ).

Proposition 2.2.18. Soit; f : (G, ∗) −→ (G0 , T ) un morphisme de groupes on


a;
i) f (eG ) = eG0 .
ii) ∀x ∈ G : f (x−1 ) = f (x)−1 .
iii) ∀x ∈ G; ∀n ∈ Z : (f (x))n = f (xn ).

Preuve. Faites attention eG est l’élément neutre de (G, ∗) et eG0 c’est l’élément
neutre de (G0 , T ).
i) Puisque f est un morphisme de groupes, alors f (eG ) = f (eG ∗ eG ) =
f (eG )T f (eG ), ceci implique f (eG )T (f (eG ))−1 = f (eG )T f (eG )T (f (eG ))−1 =
f (eG ). Or e0G = f (eG )T (f (eG ))−1 , donc eG0 = f (eG ).

ii) Soit x ∈ G alors x ∗ x−1 = eG . Cela entraine f (x ∗ x−1 ) = f (eG ), donc


f (x)T f (x−1 ) = eG0 en composant f (x)−1 à gauche on obtient f (x−1 ) =
f (x)−1 .

28
Chapitre 2. Théorie des groupes

iii) On utilise le fait que f est un morphisme et la deuxième propriété.

Définition 2.2.19.
Soit; f : (G, ∗) −→ (G0 , T )
un morphisme de groupes.
1. L’ensemble qu’on note Ker(f ) = {x ∈ G/f (x) = eG0 }, s’appelle le noyau
du morphisme f .
2. L’ensemble qu’on note Im(f ) = f (G) = {f (x)/x ∈ G} s’appelle l’image
du morphisme f.

Exercice. Soit f un morphisme de groupes de (G, ∗) dans (G’, T).


1. Montrer que si H est un sous groupe de G, alors f (H) est un sous groupe
de G’.
2. Montrer que Ker(f ) et Im(f ) sont des sous groupes respectivement de G
et G’.
3. Montrer les équivalences suivantes:
i) f est injectif ⇐⇒ Ker(f ) = {e}.
ii f est surjectif ⇐⇒ Im(f ) = G0 .

Exercice. Soit (G, ∗) un groupe et a ∈ G. Montrer que l’application

ha : G −→ G

x −→ a ∗ x ∗ a−1
est un automorphisme.

Proposition 2.2.20. Tout groupe monogène infini est isomorphe au groupe (Z, +).

Preuve: Soit (G, ∗) un groupe monogène infini, alors il existe x ∈ G tel que
G =< x > et l’ordre de x n’est pas fini ( ie; G = {xm | m ∈ Z}. On montre que
l’application suivante:
f : (Z, +) −→ (G, ∗)
m −→ xm
est un isomorphisme de groupes ( vérifiez ça).

Proposition 2.2.21. Soient (G, ∗), (G0 , .) et (G00 , T ) trois groupes, f un homo-
morphisme de G dans G’, g un homomorphisme surjectif de G à G”, alors il
existe un homomorphisme ϕ de G” dans G’ tel que f = ϕ ◦ g si et seulement si
Ker(g) ⊂ Ker(f ).

29
Chapitre 2. Théorie des groupes

Preuve.
f
G / 0
=G
g
ϕ

00
G
=⇒) Si f = ϕ ◦ g alors Ker(g) ⊂ Ker(f ). (évident).
⇐=) On suppose que Ker(g) ⊂ Ker(f ), comme g est surjectif, alors ∀y ∈
G00 ; ∃ x ∈ G tel que g(x) = y. On définit ϕ par ϕ(y) = f (x); (avec g(x) = y),
alors on montre d’abord que ϕ est bien une application.
Supposons qu’il existe autre f (x0 ) où x0 ∈ G tel que ϕ(y) = f (x0 ). Alors par
définition y = g(x) = g(x0 ), ceci implique g(x ∗ x0−1 ) = e00 , donc x ∗ x0−1 ∈
Ker(g) et or Ker(g) ⊂ Ker(f ) d’où x ∗ x0−1 ∈ Ker(f ) =⇒ f (x) = f (x0 ), donc
ϕ est une application et ϕ ◦ g = f. Il reste à montrer maintenant que ϕ est un
homomorphisme de groupes. Soient y, y 0 ∈ G00 alors ∃ x, x0 ∈ G tels que y =
g(x), y 0 = g(x0 ). Donc

ϕ(yT y 0 ) = ϕ(g(x)T g(x0 ))


= ϕ(g(x ∗ x0 ))
= f (x ∗ x0 )
= f (x).f (x0 )
= ϕ(y).ϕ(y 0 )

2.2.4 Groupes symétriques


Soit E un ensemble à n éléments, on montre que l’ensemble S(E) des bijections
de E vers E muni de la loi de composition ” ◦ ” est un groupe. Si X un autre
ensemble de même cardinal n, il existe une bijection f de E vers X et l’on construit
de façon évidente un isomorphisme de groupe ψ par:

ψ : S(E) −→ S(X)

σ 7−→ ψ(σ) = f ◦ σ ◦ f −1
Le groupe S(E) est donc est unique à isomorphisme prés, indépendant du choix
de l’ensemble E, il dépend seulement de son cardinal n, c’est pour cela on notera
(S(E), o) par (Sn , o).

Définition 2.2.22. Le groupe (Sn , ◦) s’appelle groupe symétrique sur n éléments


ou bien n-iéme groupe symétrique. Les éléments de Sn sont appelés les permuta-
tions sur n éléments, et on note une telle permutation sous la forme;
 
1 2 ··· n
σ=
σ(1) σ(2) · · · σ(n)

30
Chapitre 2. Théorie des groupes

En général si on aura un ensemble de n éléments a1 , a2 , . . . , an , elle sera sous la


forme;  
a1 a2 ··· an
σ=
σ(a1 ) σ(a2 ) · · · σ(an )
On appelle transposition de Sn toute permutation τ qui échange deux éléments i
et j en laissant fixes les n − 2 autres, on note alors τi,j la transposition qui échange
i et j.

Exemple 2.2.23.
   
1 2 3 1 2 3
σ= ∈ S3 , τ2,3 = ∈ S3
2 3 1 1 3 2

Remarque 2.2.24. 1. Sn est un groupe fini, d’ordre n!.


2. On peut noter la loi de composition ” ◦ ” comme loi multiplicative et
d’écrire simplement; σ ◦ τ = στ.
3. Pour toute transposition τ on a τ 2 = e, τ −1 = τ.

Exercice. i) Spécifier les groupes S1 , S2 , et S3 .


ii) Montrer que Sn , avec n ≥ 3 est non abélien.

Théorème 2.2.25. Toute permutation de Sn est décomposé en produit d’un


nombre fini de transpositions. En d’autres termes, le groupe Sn est engendré par
ses transpositions, c’est à dire ∀σ ∈ Sn ; ∃τ1 , τ2 . . . , τr telles que σ = τ1 ◦ τ2 ◦ · · · ◦
τr . Mais cette décomposition n’est pas unique.

Preuve. On raisonne par récurrence


  sur n. Pour n=2 on a |S2 | = 2! =2, donc
1 2 1 2
pour σ ∈ S2 sera soit σ = = Id = τ1,2 ◦ τ1,2 ou σ = = τ1,2 .
1 2 2 1
Hypothèse de récurrence. On suppose que le résultat est vraie pour Sn−1 où n ≥ 3,
et soit σ ∈ Sn quelconque. Distinguons deux cas:
i) Si σ(n) = n, notons σ 0 la restriction de σ à {1, 2 . . . , n − 1}, il est clair
que σ 0 ∈ Sn−1 , donc d’après l’H.R σ 0 = τ10 ◦ τ20 ◦ · · · ◦ τr0 avec τk0 est une
transposition de Sn−1 ∀k; 1 ≤ k ≤ r. Chaque τk0 se prolonge en τk de Sn
en posant τk (i) = τk0 (i), pour tout i tq 1 ≤ i ≤ n − 1 et τk (n) = n. Donc il
est clair qu’on a σ = τ1 ◦ τ2 ◦ · · · ◦ τr .
ii) Maintenant si σ(n) = p 6= n. On pose τ = τn,p et alors τ ◦ σ(n) = n, en
appliquant le premier cas sur η = τ ◦ σ, on obtient le résultat.
 
1 2 3 4
Exemple 2.2.26. Par exemple, σ = = τ2,3 ◦ τ1,4 , et pour γ =
  4 3 2 1
1 2 3 4
= τ1,3 ◦ τ1,2 = τ1,2 ◦ τ2,3 .
2 3 1 4
• Signature d’une permutation.

31
Chapitre 2. Théorie des groupes

Définition 2.2.27. Soit n ≥ 2 un entier. Pour toute permutation σ ∈ Sn , on


appelle nombre d’inversion de σ, l’entier:

I(σ) = Card{(i, j) ∈ {1, 2, · · · , n}2 | i < j; σ(i) > σ(j)}

On appelle signature de σ l’entier valant +1 ou -1 définie par: ε(σ) = (−1)I(σ) .


On dit que σ est pair si ε(σ) = 1 et impair si ε(σ) = −1.
Y σ(j) − σ(i)
Proposition 2.2.28. On a pour un σ ∈ Sn : ε(σ) = .
1≤i<j≤n
j−i

Preuve. Voir TD.

Exercice. Soit n ≥ 2.
1. Montrer que l’application

ε : (Sn , ◦) −→ ({1, −1}, ×)

σ −→ ε(σ) = (−1)I(σ)
est un morphisme de groupes. Le noyau de ε est appelé n-ième groupe
alterné. On le note par An .
2. Montrer que ε(τ ) = −1 où τ est une transposition.

• Décomposition d’une permutation en produit de cycles.

Définition 2.2.29. Soit σ ∈ Sn .


i) On appelle support de σ l’ensemble

Supp(σ) = {i ∈ {1, 2, · · · , n}; σ(i) 6= i}

En particulier Supp(σ) = ∅ ssi σ = e = Id.


ii) On appelle σ − orbite de i l’ensemble des images de i par les différents
éléments du groupe cyclique < σ > qu’on note

Ωσ (i) = {σ k (i); k ∈ Z} où i ∈ {1, 2, · · · , n}

En particulier Ωσ (i) = {i} ssi i 6∈ Supp(σ) et il est dit σ−orbite ponctuelle.


 
1 2 3 4
Exemple 2.2.30. Soit σ = on a Supp(σ) = {1, 2, 3} et Ωσ (1) =
3 1 2 4
Ωσ (2) = Ωσ (3) = {1, 2, 3}, Ωσ (4) = {4}.

32
Chapitre 2. Théorie des groupes

Définition 2.2.31. Une permutation σ ∈ Sn est appelée un cycle lorsqu’il existe


une σ − orbite et une seule qui n’est pas ponctuelle. Autrement dit σ ∈ Sn
est dit un cycle si ils existent a0 , a1 , · · · , al−1 ∈ {1, 2, · · · , n} distincts deux à
deux tels que σ(a0 ) = a1 , σ(a1 ) = a2 , · · · , σ(al−1 ) = a0 et σ(x) = x pour x 6=
a0 , a1 , · · · , al−1 . L’entier l s’appelle longueur du cycle σ on le note l = long(σ) =
Card(Supp(σ)).
Exemple. Prenons l’exemple précédent, σ est un cycle de longueur 3.
Remarque 2.2.32. Soit σ = (a0 , a1 , · · · , al−1 ) un cycle, on a;
i) Aucun des ai n’est privilégié car; σ = (a0 , a1 , · · · , al−1 ) = (a1 , · · · , al−1 , a0 ) =
(al−1 , a0 , a1 , · · · , al−2 ).
ii) σ r (a0 ) = ar , pour 0 ≤ r < l, et σ l (a0 ) = a0 .
 
1 2 3 4
Exercice. 1. Soit σ = . σ est elle un cycle?. Montrer que σ 2
2 3 4 1
n’est pas un cycle. Trouver l’ordre du σ.
2. Soit m ∈ Z et r le reste de la D.E de (m+i) par l. Montrer que σ m (ai ) = ar .
Remarque 2.2.33. i) Une transposition τi,j ; i 6= j est un cycle de longueur
2.
ii) Le n-cycle σ = (1, 2, 3, · · · n) s’appelle la permutation circulaire de Sn ,
d’ordre n. Il existe des n-cycles qui ne sont pas circulaires, par exemple;
(1, 2, 3, 4) ∈ S4 est circulaire, mais (1, 3, 4, 2) ∈ S4 n’est pas circulaire.
iii) Si x ∈ Supp(σ) avec σ est un cycle de longueur l, alors σ l (x) = x. De plus
σ = (x, σ(x), σ 2 (x), · · · , σ l−1 (x)).
Proposition 2.2.34. L’ordre d’un cycle est égal à sa longueur.
Preuve. Soit σ = (a0 , a1 , · · · , al−1 ) un cycle de longueur l, montrons que O(σ) =
l. On a si x ∈ Supp(σ), alors ∃ i; 0 ≤ i ≤ l tq x = ai et d’après ce qui précède
σ l (ai ) = ai , d’où σ l (x) = x. Si non ie; x 6∈ Supp(σ) on aura σ(x) = x = σ 2 (x) =
· · · = σ l (x), d’où σ l = e.
Soit m ∈ Z tel que σ m = e. Écrivons la D.E de m par l, on aura m = l.q +
r où 0 ≤ r < l est le reste de cette D.E, on a: σ m (a0 ) = σ l.q+r (a0 ) = σ r (a0 ) (car
σ l = e,) donc σ m (a0 ) = σ r (a0 ) = a0 et or σ r (a0 ) = ar , alors r=0 ce qui dit que
m = l.q, ie; l | m.
Nous allons voir que les cycles jouent dans Sn un rôle très semblables à celui
des nombres premiers dans N.
Définition 2.2.35. Soient σ1 , σ2 ∈ Sn deux permutations. On dit que σ1 divise
σ2 et on écrit σ1 | σ2 , si il existe τ ∈ Sn tq σ2 = σ1 ◦ τ avec σ1 et τ sont disjoint
c.a.d Supp(σ1 ) ∩ Supp(τ ) = ∅.
Exercice. Soient σ1 , σ2 ∈ Sn
1. Montrer que σ1 | σ2 ⇐⇒ Supp(σ1 ) ⊂ Supp(σ2 ), et σ1 = σ2 sur Supp(σ1 )

33
Chapitre 2. Théorie des groupes

2. Montrer que si σ1 , σ2 sont deux permutations à supports disjoints, alors


σ1 ◦ σ2 = σ2 ◦ σ1 .
3. Vérifier que σ1 | σ2 =⇒ O(σ1 ) | O(σ2 ).

Proposition 2.2.36. Pour que σ ∈ Sn soit un cycle, il faut et il suffit que σ


admet exactement deux diviseurs à savoir σ, et id = e. Par convention id n’est
pas considéré comme un cycle.

Preuve. Soit c = (a0 , a1 , · · · , al−1 ) ∈ Sn un cycle. Montrons que les seuls divi-
seurs de c sont id et c. Soit τ un diviseur de c, supposons τ 6= id et montrons que
τ = c. Comme τ 6= id, Supp(τ ) 6= ∅, alors prenons x ∈ supp(τ ), comme Supp(τ )
est stable par τ, on a x, τ (x), τ 2 (x), · · · , τ l−1 (x) ∈ Supp(τ ). Sur Supp(τ ) on a
τ = c (car τ | c), donc x, c(x), c2 (x), · · · , cl−1 (x) ∈ Supp(c), par suite Supp(c) ⊂
Supp(τ ). Comme τ | c on a aussi Supp(τ ) ⊂ Supp(c), d’où Supp(τ ) = Supp(c),
on a alors τ = c sur Supp(τ ) = Supp(c) et τ = c = id sur {1, 2, · · · , n} \ Supp(c).
Donc τ = c.
Inversement: soit σ ∈ Sn ; (σ 6= id) n’ayant que deux diviseurs σ et id, montrons
que σ est un cycle. Soit x ∈ Supp(σ) on a donc σ(x) 6= x, l’ensemble {x, σ(x), · · · , }
étant fini, il est existe un plus petit entier l tel que σ l (x) ∈ {x, σ(x), · · · , σ l−1 (x)},
écrivons σ l (x) = σ r (x) avec 0 ≤ r < l, on a r = 0 car si non σ l−r (x) =
x, mais 0 ≤ l − r < l, ainsi σ l (x) = x. Posons c = {x, σ(x), · · · , σ l−1 (x)}. On
vérifie facilement que c | σ, et comme c 6= id alors c = σ.
Voici la propriété fondamentale qui donne aux cycles un rôle analogue à celui
des nombres premiers.

Théorème 2.2.37. Toute permutation σ ∈ Sn admet une décomposition en pro-


duit de cycle σ = c1 c2 ....cr . Les ci étant deux à deux disjoints. La décomposition
est unique à l’ordre des facteurs prés.

Preuve. Existence de la décomposition: Par récurrence sur n = |Supp(σ)|.


Si n(σ) = 0, alors Supp(σ) = ∅ =⇒ σ = Id, on convient que Id est produit de 0
cycle. Supposons la décomposition est vérifiée pour tout n(σ1 ) ≤ n(σ), alors on
montre que la décomposition est vérifie aussi pour tout σ 0 tq n(σ) < n(σ 0 ), si σ 0
est un cycle; c’est termine, si non σ 0 admet un diviseur σ10 6= σ 0 et σ10 6= Id. Alors
σ 0 = σ10 ◦ τ, avec σ10 et τ sont disjoints. Or σ10 6= σ 0 =⇒ τ 6= Id et Supp(σ 0 ) =
Supp(σ10 ) ∪ Supp(τ ). Comme σ10 6= Id et τ 6= Id, alors n(σ10 ) < n(σ 0 ) et n(τ ) <
n(σ 0 ). Donc par l’hypothèse de récurrence σ10 , τ admettant des décompositions
en cycles disjoints.

σ10 = c1 ◦ .... ◦ cr
τ = cr+1 ◦ .... ◦ ck

et puisque σ10 , τ sont disjoints, alors aussi c1 , ...., cr sont disjoints de cr+1 , ...., ck .
D’où σ 0 = σ10 ◦ τ = c1 ◦ c2 ◦ · · · ◦ ck admet une décomposition en cycles disjoints.
• Unicité de la décomposition: Considérons σ = c1 ◦c2 ◦· · ·◦ck = c01 ◦c02 ◦· · ·◦c0l .

34
Chapitre 2. Théorie des groupes

· · · , k} et x ∈ Supp(ci ), on a ci = (x, ci (x), c2i (x), · · · ). Or Supp(ci ) ⊂


Soit i ∈ {1, 2, [
Supp(σ) = Supp(c0j ), alors ∃ s ∈ {1, 2, · · · , l} tq x ∈ Supp(c0s ) d’où c0s =
1≤j≤l
(x, c0i (x), 02
ci (x), · · · ). Puisque sur Supp(ci ) et Supp(c0s ) on a ci = c0s = σ, donc
ci = (x, σ(x), σ (x), · · · ) = c0s . On définit alors une application; ϕ : {1, 2, · · · , k} −→
2

{1, 2, · · · , l} avec i −→ ϕ(i) = s tel que ci = c0s . Comme c1 , c2 , · · · , ck sont dis-


joints et c01 , c02 , · · · , c0l sont aussi disjoints, il en résulte que ϕ est une bijection.
D’où l’unicité.
 
1 2 3 4 5 6 7 8
Exemple 2.2.38. σ = = c1 c2 , où c1 = (1 3 4), c2 =
3 5 4 1 6 7 8 2
(2 5 6 7 8).

Proposition 2.2.39. Si σ est un p-cycle,( ie; est un cycle de longueur p), alors
ε(σ) = (−1)p−1 .

Preuve. Posons σ = (a1 , a2 , · · · , ap ). Alors on peut décomposer σ de la forme


suivante: σ = τa1 ,ap ◦ τa1 ,ap−1 ◦ · · · τa1 ,a2 , d où le résultat.
Par exemple: Un 3- cycle de Sn ; c = (i j k) = τi,k ◦ τi,j . Donc ε(c) = (−1)2 = 1.

Exercice. 1. Montrer que si σ1 , σ2 ∈ Sn et sont disjoints, alors O(σ1 ◦ σ2 ) =


ppcm(O(σ1 ), O(σ2 )).
2. Montrer que l’ordre d’une permutation σ dont sa décomposition en produit
de cycles disjoints est σ = c1 c2 ....cr , égal le ppcm(O(c1 ), O(c2 ), · · · , O(cr )).
3. Montrer que les 3-cycles de Sn engendrent An . ( Indication: Vérifier que si
i, j, k, l sont distincts deux à deux, alors τi,j ◦ τi,k = (i, k, j) et τi,j ◦ τk,l =
(i, l, k) ◦ (i, j, k), et on sait que An est une composition d’un nombre pair
de transpositions ).

2.2.5 Groupes diédraux


Définition 2.2.40. Soit E et F deux espaces affines. Une application f : E −→ F

− →

est dite une application affine s’il existe une application linéaire vf : E −→ F
telle que
−−→ −−−−−−−→
∀ M, N ∈ E : vf (M N ) = f (M )f (N );

− → −
( avec E , F sont respectivement les espaces vectoriels associés à E et à F), et


l’application vf se note parfois par f .
−−−−−−→ −→
L’application f est dite une isométrie affine si ∀ A, B ∈ E : ||f (A)f (B)|| = ||AB||;
autrement dit si il est une application affine dont l’application linéaire associé
vf est une application orthogonale. L’ensemble des isométries de E se note par
Iso(E).

Corollaire 2.2.41. 1. Une isométrie affine est bijective.

35
Chapitre 2. Théorie des groupes

2. Iso(E) est un groupe dont l’élément neutre est idE , et l’inverse d’un iso-
métrie ϕ c’est son réciproque.

Définition 2.2.42. Soit X ⊂ E. On dit qu’un isométrie ϕ ∈ Iso(E) laisse X


globalement invariant si ϕ(X) = X.

• Exemples
Soit D3 l’ensemble des isométries du plan affine euclidien conservant un triangle
équilatéral (ABC).

Figure 2.1 – Triangle équilaterale.

En géométrie: D3 est formé de l’identité e=id, de la rotation r de centre


l’isobarycentre O de (ABC) et d’angle 2π 3
, de la rotation r2 de centre O et d’angle

3
et des réflexions ( ie; des symétries orthogonales) s1 , s2 , s3 par rapport aux
trois médianes du triangle. On vérifie immédiatement que D3 est un groupe (

36
Chapitre 2. Théorie des groupes

c’est un sous groupe du groupe des isométries du plan) d’ordre 6, non abélien,
engendré par les deux éléments r et s1 . On a la table suivante:

(D3 , ◦) e r r2 s1 s2 s3
e e r r2 s1 s2 s3
r r r2 e s3 s1 s2
r2 r2 e r s2 s3 s1
s1 s1 s2 s3 e r r2
s2 s2 s3 s1 r2 e r
s3 s3 s1 s2 r r2 e

Table 2.1 – Opération dans D3

Cette table est identique à celle du groupe S3 . Donc D3 ' S3 .

Exercice. Spécifier le groupe D4 qu’est l’ensemble des isométries du plan affine


euclidien conservant un carré (ABCD) ( ie; laissent invariant le carré (ABCD)).
Peut on dire que D4 ' S4 ?. Justifier votre réponse.
Spécifier aussi le groupe D6 .

Figure 2.2 – Polygone à 6 cotés.

37
Chapitre 2. Théorie des groupes

Définition 2.2.43. Pour tout entier n ≥ 3 on appelle groupe diédral d’ordre


2n, qu’on note Dn le sous groupe des isométries affines conservant un polygone
régulier à n cotés. Nous rappelons qu’un polygone est dit régulier ssi:
1. Tous ses cotés sont de même longueur.
2. Il est inscriptible dans un cercle.
Remarque 2.2.44. 1. Par convention D2 peut être considéré comme le groupe
des isométries conservant un segment.
2. On montre en géométrie que Dn est formé de 2n éléments distincts

Dn = {e, r, r2 , r3 , · · · , rn−1 , s, sr, · · · , srn−1 }

vérifiant les relations rn = e, s2 = e, srs = r−1 et srk = rn−k s, ∀k; 1 ≤


k ≤ n. Il est engendré par les deux éléments s et r: Dn =< {s, r} > .

2.2.6 Classes d’équivalences modulo un sous groupe et


groupe quotient
Définition 2.2.45. Soit H un sous groupe d’un groupe (G, ∗). On appelle congruence
à droite modulo H la relation définie par:
i) ∀(x, y) ∈ G2 : yRd x (moduloH) ⇐⇒ y ∗ x−1 ∈ H.
ii) respectivement congruence à gauche par:

∀(x, y) ∈ G2 : yRg x (moduloH) ⇐⇒ x−1 ∗ y ∈ H.

Remarque 2.2.46. i) Si la loi est noté additivement on écrit; yRd x (moduloH) ⇐⇒


y − x ∈ H, et se lit y est congru à x à droite modulo H.
— Si la loi est noté additivement on écrit; yRg x (modulo H) ⇐⇒ −x+y ∈ H,
et se lit y est congru à x à gauche modulo H.
ii) Les relations Rd , Rg sont des relations d’équivalences.
Exemple 2.2.47. Considérons le sous groupe 3Z dans (Z, +). Alors

n Rd m modulo 3Z ⇐⇒ n − m ∈ 3Z
⇐⇒ n − m = 3.k avec k ∈ Z
⇐⇒ n = m + 3.k
⇐⇒ n = m modulo3
⇐⇒ n ≡ m [3]

Donc c’est la relation de congruence modulo 3 que vous avez déjà fait au Lycée.
Voir par exemple: 24 ≡ 0[3], 19 ≡ 1[3], 26 ≡ 2[3], aussi 2 ≡ 26[3] et 2 ≡ −1[3].
Proposition 2.2.48. Soient (G, ∗) un groupe, H un sous groupe de G et x ∈ G.
1. La classe d’ équivalence de x modulo H à droite (ou bien pour la relation
Rd ) est l’ensemble x̄ = Hx = {h ∗ x | h ∈ H}.

38
Chapitre 2. Théorie des groupes

2. La classe d’ équivalence de x modulo H à gauche (ou bien pour la relation


Rg ) est l’ensemble x̄ = xH = {x ∗ h | h ∈ H}.
Preuve. Considérons x0 ∈ G on a:

x0 Rd x ⇐⇒ x0 ∗ x−1 ∈ H
⇐⇒ ∃ h ∈ H : x0 ∗ x−1 = h
⇐⇒ ∃ h ∈ H : x0 = h ∗ x
⇐⇒ x0 ∈ Hx

Donc x̄ = Hx. Le cas des classes d’équivalences pour la relation Rg se montre de


la même façon.
Définition 2.2.49. i) L’ensemble des classes Hx tel que x ∈ G se note par
G G
( H )d et s’appelle l’ensemble quotient de G par la relation Rd ie; ( H )d =
{Hx | x ∈ G}.
G
ii) L’ensemble des classes xH tel que x ∈ G se note par ( H )g et s’appelle
G
l’ensemble quotient de G par la relation Rg ie; ( H )g = {xH | x ∈ G}.
Lemme 2.2.50. Soit H un sous groupe d’un groupe fini (G, ∗). Pour tout x ∈ G,
on a |Hx| = |H| où |H| désigne le cardinal de H. De même |xH| = |H|.
Preuve. Considérons l’application;

f : H −→ Hx

h 7−→ h ∗ x
et on montre que f est bijective (c’est facile).

Exercice. 1. Que peut on dire si Rd ≡ Rg ie; ∀ x ∈ G : Hx = xH.


Z Z Z
2. Déterminer les ensembles 3Z , 4Z et 5Z .
Théorème 2.2.51. Théorème de Lagrange: Soit G un groupe fini. Si H est
un sous groupe de G, alors l’ordre de H divise l’ordre de G (ie; |H| | |G|).
Preuve. Puisque G est fini, alors l’ensemble des classes d’équivalences pour la
G G
congruence modulo H est fini; c’est à dire les ensembles ( H )d et ( H )g sont finis.
Si on note Ci , 1 ≤ i ≤ p ces classes d’équivalences, alors; puisque (Ci )1≤i≤p forme
une partition de G, on a;
p
X
|G| = |Ci |.
i=1

Or d’après le lemme précédent |Ci | = |H|, alors |G| = p|H|.


Définition 2.2.52. Soient (G, ∗) un groupe et H un sous groupe de G, on dit
G G
que H est distingue ( ou bien normal) si ∀x ∈ G; xH = Hx (ie; ( H )d = ( H )g ).
On écrit H  G.

39
Chapitre 2. Théorie des groupes

Exemple 2.2.53. Si (G, ∗) est un groupe commutatif, alors tout sous groupe de
G est un sous groupe distingue du groupe (G, ∗).
Proposition 2.2.54. Les relations de congruence modulo H à droite et à gauche,
(ie; Rd et Rg ) où H est un sous groupe distingue dans G, sont égales, et de plus
sont compatibles avec la loi de G.
Preuve. Soit x ∈ G. On a; yRd x ⇐⇒ y ∗ x−1 ∈ H ⇐⇒ y ∈ Hx, et or H est
distingue dans G, alors Hx = xH, ce qui dit que y ∈ Hx ⇐⇒ y ∈ xH ⇐⇒
x−1 ∗ y ∈ H ⇐⇒ yRg x. Par conséquent ( H G G
)g = ( H )d et Rg = Rd . Pour la
compatibilité, considérons l’une des relations, par exemple R = Rg .
Soient x, y, x0 et y 0 ∈ (G, ∗);
 
xRy y ∈ xH
=⇒
x0 Ry 0 y 0 ∈ x0 H

∃ h ∈ H; y = x ∗ h
=⇒
∃ h0 ∈ H; y 0 = x0 ∗ h0
=⇒ y ∗ y 0 = x ∗ h ∗ x0 ∗ h0 ,

et or h ∗ x0 ∈ Hx0 = x0 H, alors ∃ h00 ∈ H; h ∗ x0 = x0 ∗ h00 , ceci montre que


y ∗ y 0 = x ∗ x0 ∗ h00 ∗ h0 ∈ x ∗ x0 H, d’où (y ∗ y 0 )R(x ∗ x0 ), par conséquent R est
compatible avec la loi ” ∗ ” de G.
Proposition 2.2.55. Si (G, ∗) est un groupe et H un sous groupe distingue de G,
G
alors l’ensemble ( H , .), tel que x̄.ȳ = x ∗ y, est un groupe s’appelle groupe quotient
G
de G sur H d’élément neutre ē = H. De plus si G est abélien, alors ( H , .) est aussi
abélien.
Preuve. Laissé aux lecteurs.
Exemple 2.2.56. Dans le groupe (Z, +) le s.groupe nZ, n ∈ N est distingue.
Z
Alors ( nZ , +), tel que x̄ + ȳ = x + y est un groupe abélien.

2.2.7 Indice d’un sous groupe


Définition 2.2.57. Soit H un sous groupe d’un groupe fini (G, ∗). On appelle
indice de H dans G qu’on note parfois [G : H], le nombre des classes d’équivalences
G
de G pour la relation ”congruence modulo H”; c’est à dire: [G : H] = |( H )d | =
G
|( H )g |.
Remarque 2.2.58. 1. Remarquons que [G : H] est l’entier p dans la preuve
du théorème de Lagrange et nous avons
|G|
|G| = |H| × [G : H], ie : [G : H] = .
|H|

2. [G : G] = 1.

40
Chapitre 2. Théorie des groupes

3. Si G est fini [G : {e}] = |G|.

Corollaire 2.2.59. Soit x un élément d’un groupe fini G. Alors l’ordre de x qu’on
note O(x) divise |G|.

Preuve. Comme exercice.

Corollaire 2.2.60. 1. Soit x un élément d’un groupe fini (G, ∗) d’élément


neutre e. Si |G| = n, alors xn = e.
2. Un groupe dont l’ordre est un nombre premier c’est un groupe cyclique.

Exercice. Soit (G, ∗) un groupe.


ppcm(k,O(x))
1. Soit x ∈ G, montrer que ∀ k ∈ N; (k 6= 0); O(xk ) = k
.
2. Montrer que ∀ x, y ∈ G; si x ∗ y = y ∗ x et pgcd(O(x), O(y)) = 1 alors
O(x ∗ y) = O(x) × O(y).

2.2.8 Groupe produit


On peut définir aussi le groupe produit des autres groupes.
• Produit direct externe

Définition 2.2.61. Soient (G1 , ∗) et (G2 , .) deux groupes d’élément neutre res-
pectivement e1 , e2 . Le produit cartésien G1 × G2 = {(x1 , x2 ) | x1 ∈ G1 , x2 ∈
G2 } est un groupe pour la loi (x1 , x2 )T (y1 , y2 ) = (x1 ∗ y1 , x2 .y2 ) où x1 , y1 ∈
G1 et x2 , y2 ∈ G2 . Ce groupe est appelé le produit direct externe de G1 par G2 ,
on le note (G1 ⊗ G2 , T ) où simplement par (G1 × G2 , T ), son élément neutre est
(e1 , e2 ).

Remarque 2.2.62. i) G1 × G2 est fini si et seulement si G1 et G2 sont finis


et |G1 × G2 | = |G1 | × |G2 |.
ii) G1 × G2 est abélien si et seulement si G1 et G2 sont abéliens.
iii) G1 × G2 est isomorphe à G2 × G1 .

Question: Si les groupes G1 et G2 sont cycliques, le groupe G1 × G2 est il


cyclique?
La réponse est non; voir l’exemple suivant: Considérons G1 = {e, x} tel que x2 =
x ∗ x = e, ie; G1 =< x > . Formons le groupe direct externe G1 × G1 en établant
ses éléments dans un tableau. Que peut on conclure?

Théorème 2.2.63. Soient (G1 , ∗) et (G2 , .) deux groupes cycliques d’ordres res-
pectifs n et m. Alors, le produit direct externe (G1 × G2 , T ) est cyclique si et
seulement si les entiers n et m sont premiers entre eux.

Preuve. =⇒) Notons G1 =< x > avec x d’ordre n, et G2 =< y > avec y d’ordre
m. Supposons que G1 × G2 est cyclique c.a.d G1 × G2 =< z >=< (x, y) >, or

41
Chapitre 2. Théorie des groupes

|G1 × G2 | = |G1 | × |G2 | = m × n, alors O(z) = m × n. Posons pgcd(m, n) = k,


on sait que toujours on a:
m×n
ppcm(m, n) × pgcd(m, n) = m × n =⇒ ppcm(m, n) =
k
Puisque; z ppcm(m,n) = (xppcm(m,n) , y ppcm(m,n) ) = (e, e), alors
m×n
O(z) | ppcm(m, n); ie, m × n divise ,
k
et ceci est vrai seulement si k = 1. Donc m et n sont premiers entre eux.
⇐=) Soit z = (x; y) dans G1 × G2 . On a ∀ k ∈ N : z k = (e1 , e2 ) ⇐⇒ xk =
e1 et y k = e2 . Ceci équivalent de dire que k est un multiple à la fois de n et
m. Puisque n et m sont premiers entre eux, alors pccm(n, m) = n × m. Donc
z nm = (e1 , e2 ) et z k 6= (e1 , e2 ), ∀ k tq 1 ≤ k < n × m. On conclut que l’élément
z est d’ordre n.m dans G1 × G2 . Or on sait que G1 × G2 est formé de n × m
éléments; on conclut que G1 × G2 =< z > est cyclique.

Définition 2.2.64. Soient (G, ∗) un groupe et H1 , H2 , · · · , Hr des sous groupes


de G. On appelle le produit des sous groupes H1 , H2 · · · , Hr , l’ensemble qu’on
note H1 H2 · · · Hr = {h1 ∗ h2 ∗ · · · ∗ hr | hi ∈ Hi }.

Remarque 2.2.65. i) H1 H2 · · · Hr n’est pas toujours un sous groupe de G.


ii) HK est un sous groupe de G ssi HK = KH. ( Voir TD).

• Produit direct interne.

Définition 2.2.66. Soit (G, ∗) un groupe. Le produit H1 H2 · · · Hr des sous


groupes de G est dit direct interne si:
1. ∀ (hi , hj ) ∈ Hi × Hj avec i 6= j on a hi ∗ hj = hj ∗ hi .
2. ∀ (h1 , h2 , · · · , hr ) ∈ H1 × H2 × · · · × Hr , on a h1 ∗ h2 ∗ · · · ∗ hr = e =⇒ h1 =
h2 = · · · = hr = e. On le note H1 ⊗ H2 ⊗ · · · ⊗ Hr .

Remarque 2.2.67. On vérifie facilement que H1 ⊗ H2 ⊗ · · · ⊗ Hr est un sous


groupe de (G, ∗). De plus ∀ x ∈ H1 ⊗ H2 ⊗ · · · ⊗ Hr ; ∃!(h1 , h2 , · · · , hr ) ∈ H1 ×
H2 × · · · × Hr tq x = h1 ∗ h2 ∗ · · · ∗ hr .

Exercice. Soit
f : (G, ∗) −→ (G0 , T )
un homomorphisme de groupes.
1. Montrer que Ker(f ) est un sous groupe distingue de (G, ∗). Inversement;
si (G, ∗) un groupe et H un sous groupe distingue de G, montrer qu’il existe
un homomorphisme de groupes f défini sur (G, ∗) tel que Ker(f ) = H.

42
Chapitre 2. Théorie des groupes

2. Démontrer que la relation Rf associée à f, (ie; x Rf y ⇐⇒ f (x) = f (y))


est une relation d’équivalence sur (G, ∗) compatible avec la loi de G, et
elle coı̈ncide avec la relation d’équivalence modulo Ker(f ), c’est à dire;
x Rf y ⇐⇒ x−1 ∗ y ∈ Ker(f ). De plus ( Ker(f G
)
, ∗) ' (f (G), T ), et on a la
décomposition canonique suivante:
f
(G, ∗) / (G0 ,O T )
p i

f
G
( Ker(f , ∗) / (f (G), T )
)

On aura le théorème suivant:


Théorème 2.2.68. 1er théorème d’isomorphisme: Soient (G, ∗) et (G0 , T )
deux groupes, f un homomorphisme de groupes de G dans G’, Ker(f ) le noyau
G
de f et p la surjection canonique de (G, ∗) dans ( Ker(f )
, ∗). Alors il existe un
isomorphisme
G
f¯ : ( , ∗) −→ (f (G), T )
Ker(f )
tel que f = i ◦ f¯ ◦ p, où i est l’injection canonique de f (G) dans G0 .
Proposition 2.2.69. Soient (G, ∗) un groupe, H et K deux sous groupes de G.
On note HK = {h ∗ k | h ∈ H, k ∈ K}. Alors on a:
i) Si H est un sous groupe distingue de G, alors HK est un sous groupe de
G.
ii) Si H est distingue dans G, alors H ∩ K est distingue dans K.
Preuve. i) H est distingue dans G ⇐⇒ ∀x ∈ G; xH = Hx

=⇒ ∀k ∈ K; kH = Hk

=⇒ HK = KH
donc HK est un sous groupe de G.
ii) Soit h ∈ H ∩ K, alors ∀ k ∈ K; k ∗ h ∗ k −1 ∈ H, car H est distingue dans
G, et puisque aussi k ∗ h ∗ k −1 ∈ K, alors k ∗ h ∗ k −1 ∈ H ∩ K. D’où H ∩ K
est distingue dans K.
Théorème 2.2.70. 2ieme théorème d’isomorphisme: Soient (G, ∗) un groupe,
H un sous groupe distingue de G et K un sous groupe de G, alors on a ( HK
H
, ∗) '
K
( K∩H , ∗).
Preuve. Or H est distingue dans G, alors H est distingue dans HK.
L’application;
HK
p : K −→
H
k 7−→ k̄

43
Chapitre 2. Théorie des groupes

est un homomorphisme surjectif. En effet; p(k ∗ k 0 ) = k ∗ k 0 = k̄ ∗ k̄ 0 , car H est


distingue dans HK, donc la relation modulo H est compatible avec la loi ” ∗ ”. En
autre soit x̄ ∈ HK
H
. Alors

x ∈ HK =⇒ x = h ∗ k
=⇒ x̄ = h ∗ k = h̄ ∗ k̄ = ē ∗ k̄ = k̄
=⇒ ∃k ∈ K tq p(k) = x̄,

d’où p est surjectif. Puisque Ker(p) = {k ∈ K | k̄ = ē = H} = {k ∈ K | k ∈


K
H} = H ∩ K, alors d’après le 1er théorème d’isomorphisme on aura ( K∩H , ∗) '
HK
( H , ∗).

Théorème 2.2.71. Soient (G, ∗) un groupe, H un sous groupe distingue de G.


G
Les sous groupes de ( H , ∗) sont de la forme T = K
H
tels que H ⊂ K.
G G
Preuve. Soit T un sous groupe de H . On sait que p : G −→ H est un homomor-
−1
phisme de groupes surjectif, alors p (T ) est un sous groupe de G, on pose alors
K = p−1 (T ). On a bien H ⊂ K, car H = p−1 ({ē}). Or p(K) = {xH | x ∈ K} =
K
H
et d’autre part p(K) = p(p−1 (T )) = T. Donc T = K H
.
Z dZ
Exemple 2.2.72. Les sous groupes de ( nZ , +) sont de la forme nZ
tels que d divise n.

Théorème 2.2.73. 3ieme théorème d’isomorphisme: Soient (G, ∗) un groupe,


G
G
H et K deux sous groupes distingues de G, alors on a si H ⊂ K; ( K , ∗) ' ( K
H
, ∗).
H

Preuve.
p2
G / G
A K
p1
ϕ

G
H

on a Ker(p1 ) = H, Ker(p2 ) = K et Ker(p1 ) ⊂ Ker(p2 ), donc ∃ ϕ un homomor-


G G G
phisme de H dans K tel que p2 = ϕ ◦ p1 . D’autre part soit x̄ ∈ K , ie; x̄ = xK or
p2 et p1 sont surjectifs p2 (x) = xK, p1 (x) = xH, alors ϕ(xH) = ϕ(p1 (x)) = xK.
Donc ϕ est un homomorphisme surjectif et Ker(ϕ) = {xH | xK = K} =
G
K
{xH | x ∈ K} = H
. Alors d’après le 1er théorème d’isomorphisme on a; H
Ker(ϕ)
'
G
K
.

Définition 2.2.74. Soit (G, ∗) un groupe, l’entier ppcm(O(x)x∈G ) s’appelle ex-


posant du groupe G, on le note EXP(G).

Proposition 2.2.75. Si (G, ∗) est un groupe abélien fini, alors il existe un x ∈ G


tel que O(x) = EXP (G).

44
Chapitre 2. Théorie des groupes

Preuve. Posons m = EXP (G), écrivons la factorisation de m en nombre pre-


miers, m = pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαr r . Pour chaque m
pi
; puisque m ne divise pas m
pi
,
m
m p
alors il existe xi ∈ G tq O(xi ) ne divise pas pi
, ce qui implique xi i 6= e. Posons
m
α αi αi −1 m
p i p p
= xi i 6= e, donc O(yi ) = pαi i . On pose
p
yi = xi , on a yi i = xm
i
i = e, et yi
i

alors x = y1 × y2 × · · · × yr , et on a bien O(x) = O(y1 ) × O(y2 ) × · · · × O(yr ) =


pα1 1 × pα2 2 × · · · × pαr r = m.
Théorème 2.2.76. Classification des groupes abéliens finis: Soit (G, ∗)
un groupe abélien fini (G 6= {e}). Il existe une liste unique (m1 , m2 , · · · , mr )
d’entier mi > 1, avec mi+1 divise mi , ∀ i; 1 ≤ i < r tels que G ' mZ1 Z × mZ2 Z ×
· · · × mZr Z . En particulier |G| = m1 × m2 × · · · × mr et on a m1 = EXP (G).
Preuve. L’existence de la liste: On montre l’existence par récurrence sur |G|
en appliquant la proposition précédente. Posons m1 = EXP (G), par la propo-
sition précédente, il existe x1 ∈ G tel que O(x1 ) = m1 . Si G =< x1 >, alors
G ' mZ1 Z et la liste associée à G est (m1 ), si non <xG1 > 6= {e} et | <xG1 > | = |<x|G|1 >| =
|G| G
m1
< |G|.( car m1 > 1, G 6= {e}). D’après l’hypothèse de récurrence à <x1 >
, il
existe donc une liste (m2 , · · · , mr ) avec mi+1 /mi tel que;
G Z Z
' × ··· ×
< x1 > m2 Z mr Z
G
Il existent alors des sous groupes de <x1 >
, tel que:
G
= H2 ⊗ H3 ⊗ · · · ⊗ Hr ,
< x1 >
et Hi ' mZi Z . Comme Hi est cyclique, il est de la forme < ȳi > avec O(ȳi ) = mi .
Donc ȳi mi = yi mi = ē et de plus yimi ∈< x1 >, par conséquent yimi = xk1i . Mon-
trons que mi | ki . On a ȳi m1 = yim1 = ē, (car m1 = ppcm(O(x)x∈G )), donc mi =
m
m1 k1 m1
O(ȳi ) | m1 . On peut alors écrire (yimi ) mi = x1 i
= yim1 = e. Or m1 = O(x1 ),
k
− mi
alors m1 divise ki m
mi
1
, par suite mi | ki . Posons xi = yi ∗ x1 i , on a x̄i = ȳi , on
−ki
montre que O(xi ) = mi ; (mi = O(x̄i ). On a xm mi
i = y i ∗ x1
i
= e et
0 0
∀ m0 ∈ Z; xm
i = e =⇒ x̄i
m
= ē
0
=⇒ ȳi m = ē
=⇒ mi | m0 (car mi = O(ȳi ).
On a donc
G
=< x¯2 > ⊗ < x¯3 > ⊗ · · · ⊗ < x¯r >,
< x1 >
avec O(x̄i ) = O(xi ) = mi , il en résulte que: ∀ x̄ ∈ <xG1 > ; ∃! α2 , α3 , · · · , αr ∈ Z tels
que:
x̄ = x¯2 α2 ∗ x¯3 α3 ∗ · · · ∗ x¯r αr

45
Chapitre 2. Théorie des groupes

Autrement dit; ∀ x ∈ G : ∃ α2 , α3 , · · · , αr ∈ Z tels que

x ∈< x1 > ∗xα2 2 ∗ · · · ∗ xαr r

Donc
∃ α1 , α2 , α3 , · · · , αr ∈ Z tq x = xα1 1 ∗ xα2 2 ∗ · · · ∗ xαr r .
Donc G =< x1 > . < x2 > · · · < xr >, ce produit est direct car:

∀ α1 , α2 , α3 , · · · , αr ∈ Z ; xα1 1 ∗ xα2 2 ∗ · · · ∗ xαr r = e


=⇒ x¯2 α2 ∗ x¯3 α3 ∗ · · · ∗ x¯r αr = ē
=⇒ x¯2 α2 = x¯3 α3 = · · · = x¯r αr = ē
=⇒ m2 | α2 , m3 | α3 , · · · , mr | αr
=⇒ xα2 2 = xα3 3 · · · = xαr r = e

ce qui donne aussi xα1 1 = e, par suite on a bien:

Z Z Z
G =< x1 > ⊗ < x2 > ⊗ · · · ⊗ < xr >' × × ··· × .
m1 Z m2 Z mr Z
• L’unicité sera comme exercice.

Remarque 2.2.77. 1. Le mj dans la liste du théorème s’appelle le j-ième


exposant de G et le théorème précédent affirme que deux groupes abé-
liens finis sont isomorphes ssi ils ont même liste d’exposant c.a.d même
(m1 , m2 , · · · , mk ).
2. Pour trouver toutes les structures d’un groupe abélien fini d’ordre donné
n, il suffit de trouver toutes les listes possibles.

Exemple 2.2.78. Soit G un groupe abélien d’ordre 20. Alors on a deux listes
Z
sont: ( 20) et (10, 2), donc G est isomorphe soit à 20Z Z
soit à 10Z × 2Z
Z
.

2.2.9 Groupe opérant sur un ensemble


Définition 2.2.79. Soit (G, ∗) un groupe et E un ensemble, étant donné une loi
externe ”T”. On dit que G opère à gauche sur E par la loi ”T” (on dit aussi une
”action” à gauche de G sur E), si
— ∀ x ∈ E : eT x = x.
— ∀ x ∈ E, ∀ g, g 0 ∈ G : gT (g 0 T x) = (g ∗ g 0 )T x.
et dans ce cas on définit la loi ”T” comme suivante:

G × E −→ E

(g, x) 7−→ gT x
E est dit aussi un G- module à gauche.

46
Chapitre 2. Théorie des groupes

Remarque 2.2.80. L’action de G à droite sur E se définit de la même manière


(seulement l’action sera à droite).

Exemple 2.2.81.(a) Tout groupe (G, ∗) opère sur G par la loi ” ∗ ”;

T : (g, x) ∈ G × G −→ gT x = g ∗ x ∈ G.

(b) Tout groupe (G, ∗) opère sur G par la loi;

T : (g, x) ∈ G × G −→ gT x = g ∗ x ∗ g −1 ∈ G.

(c) Tout groupe (G, ∗) opère sur l’ensemble L des sous groupes de G par
la loi;
T : (g, H) ∈ G × L −→ gT H = g H g −1 ∈ L.
(d) Soient E un ensemble quelconque et G un sous groupe de (S(E), ◦)
(S(E) est le groupe des permutations de E). Alors G opère sur E par
la loi;
T : G × E −→ E
(σ, x) 7−→ σT x = σ(x)

Proposition 2.2.82. Soient (G, ∗) un groupe et E un ensemble, il est équivalent


de dire;
1. G opère sur E par la loi ”T”.
2. Il existe un homomorphisme de groupes;

ϕ : (G, ∗) −→ (S(E), ◦) tq ∀ (g, x) ∈ G × E on a gT x = ϕ(g)(x).

Ainsi G opère sur E à travers l’action canonique d’un sous groupe Im(ϕ)
de S(E).

Preuve. 1) =⇒ 2) Supposons G opère sur E par la loi ”T”, soit g ∈ G et τg :


E −→ E, tq x 7−→ τg (x) = gT x. On vérifie que τg ∈ S(E), (ie; une bijection )
et on a ∀ x ∈ E; ∀ g, g 0 ∈ G : τg (τg0 (x)) = gT (g 0 T x) = τg∗g0 (x). Par conséquent
τg ◦ τg0 = τg∗g0 , donc l’application

ϕ : (G, ∗) −→ (S(E), ◦)

g 7−→ τg
est un homomorphisme de groupes, et on a ∀ x ∈ E, ∀ g ∈ G : gT x = τg (x) =
ϕ(g)(x).
2) =⇒ 1) Soit ϕ : (G, ∗) −→ (S(E), ◦) un homomorphisme de groupes. Définis-
sons la loi ”T ” comme suivante: ∀ (g, x) ∈ G × E; gT x = ϕ(g)(x). Alors G opère
sur E par la loi ”T ” car;
1) ∀ x ∈ E : eT x = ϕ(e)(x) = Id(x) = x.

47
Chapitre 2. Théorie des groupes

 
2) ∀ x ∈ E, ∀ g, g 0 ∈ G : gT (g 0 T x) = ϕ(g) ϕ(g 0 )(x) = (ϕ(g) ◦ ϕ(g 0 ))(x) =
ϕ(g ∗ g 0 )(x) = (g ∗ g 0 )T x.
Définition 2.2.83. Soit (G, ∗) un groupe opérant sur un ensemble E par la loi
”T” et soit x ∈ E. On appelle;
i) Orbite de x, l’ensemble Ω(x) = {gT x |g ∈ G}. Ω(x) n’est autre que la
classe de x modulo la relation d’équivalence ”être conjugue” suivante:
yRx ⇐⇒ ∃g ∈ G : y = gT x.
ii) Stabilisateur de x, l’ensemble N (x) = {g ∈ G | gT x = x}.
Remarque 2.2.84. i) N(x) est un sous groupe
X de G.
ii) (Ω(x))x forme une partition de E et |E| = |Ω(x)| où E est l’ensemble de
x∈E X
représentants de la relation ”être conjugue”. L’équation; |E| = |Ω(x)|
x∈E
appelée équation aux classes.
Exemple 2.2.85. 1. Reprenons l’exemple de l’action de (G, ∗) sur G par la
loi ”∗”, on a Ω(x) = {g∗x |g ∈ G} = G, N (x) = {g ∈ G | g∗x = x} = {e}.
2. Reprenons l’exemple de l’action de (G, ∗) sur G par la loi ”T”: (g, x) ∈
G × G −→ gT x = g ∗ x ∗ g −1 ∈ G, on a Ω(x) = {g ∗ x ∗ g −1 |g ∈
G}, et N (x) = {g ∈ G | g ∗ x ∗ g −1 = x} = {g ∈ G | g ∗ x = x ∗ g}. Dans ce
cas N(x) s’appelle le centralisateur de x et se note Z(x), et on pose aussi
Z(G) = ∩x∈G Z(x) = {g ∈ G |∀ x ∈ G; g ∗ x = x ∗ g}. Z(G) est un sous
groupe distingue de G appelé le centre de G.
3. Reprenons l’exemple de l’action de (G, ∗) sur l’ensemble des sous groupes
de G par la loi ”T” suivante: (g, H) ∈ G × L −→ gT H = g H g −1 ∈ L,
on a;
Ω(H) = {g H g −1 |g ∈ G}, et N (H) = {g ∈ G | g H g −1 = H}.
Dans ce cas N (H) s’appelle le normalisateur de H.
Proposition 2.2.86. Soient (G, ∗) un groupe opérant sur un ensemble E, x ∈
E, Ω(x) et N (x) respectivement l’orbite et le stabilisateur de x, on a
|Ω(x)| = [G, N (x)].
En particulier si G est fini, on aura |Ω(x)| | |G| (ie; |Ω(x)| divise |G|).
Preuve. L’application; ϕ : ( NG(x) )g −→ Ω(x) tq ā 7−→ aT x est bien définie et elle
est injective, car:
ā = b̄ ⇐⇒ a−1 ∗ b ∈ N (x)
⇐⇒ (a−1 ∗ b)T x = x
⇐⇒ aT (a−1 ∗ b)T x = aT x
⇐⇒ (a ∗ a−1 ∗ b)T x = aT x
⇐⇒ bT x = aT x

48
Chapitre 2. Théorie des groupes

ϕ est aussi surjective, donc bijective =⇒ |Ω(x)| = |( NG(x) )g | = [G, N (x)].

2.2.10 Les p-groupes et les sous groupes de Sylow


On pose la question suivante: Étant donnés un groupe fini G et un entier n
divisant son cardinal (n | |G|). Peut on trouver un sous groupe d’ordre n?. En
général la réponse est non; car le groupe alterné A4 est de cardinal 12, mais ne
contient pas un sous groupe d’ordre 6 (voir TD). Dans certains cas on va voir
qu’on a une réponse positive.

Définition 2.2.87. Soit p un nombre premier. On appelle p-groupe, un groupe


de cardinal de la forme pn ; (n ∈ N) en adoptant ici la convention selon la quelle
le groupe trivial {e} est un p-groupe.

Définition 2.2.88. Soit p un nombre premier et (G, ∗) un groupe fini de cardinal


n = pα × m avec p ne divise pas m. On appelle p-sous groupe de Sylow de G (
ou simplement p-Sylow de G) tout sous groupe H de cardinal pα .

Théorème 2.2.89. Théorème de Cauchy:


Soient (G, ∗) un groupe d’ordre fini n, et p un nombre premier tel que p | n, alors
il existe x ∈ G tq O(x) = p.

Preuve. Soit E = {(x1 , x2 , · · · , xp ) ∈ Gp tel que x1 ∗ x2 ∗ · · · ∗ xp = e}. D’abord


on montre que le cardinal de E est égal à np−1 . Considérons l’application;

f : E −→ Gp−1

(x1 , x2 , · · · , xp ) 7−→ (x1 , x2 , · · · , xp−1 )


f est bijective car;
i) f est injective; en effet: f (x1 , x2 , · · · , xp ) = f (y1 , y2 , · · · , yp ) =⇒ x1 =
y1 ; x2 = y2 ; · · · ; xp−1 = yp−1 . Or xp = (x1 ∗ x2 ∗ · · · ∗ xp−1 )−1 et yp =
(y1 ∗ y2 ∗ · · · ∗ yp−1 )−1 alors xp = yp , d’où (x1 , x2 , · · · , xp ) = (y1 , y2 , · · · , yp ).
Donc f est injective.
ii) Si (y1 , y2 , · · · , yp−1 ) ∈ Gp−1 , on définit yp = (y1 ∗ y2 ∗ · · · ∗ yp−1 )−1 . On a
bien (y1 , y2 , · · · , yp ) ∈ E et f (y1 , y2 , · · · , yp ) = (y1 , y2 , · · · , yp−1 ), donc f
est surjective.
Comme le cardinal de Gp−1 est np−1 , alors le cardinal de E est np−1 . Soit

σ : E −→ E

(x1 , x2 , · · · , xp ) 7−→ (x2 , x3 , · · · , xp , x1 )


σ est une bijection de E, donc est un élément de S(E). On a σ p = Id, alors soit
σ = Id, soit il est d’ordre p. Nous distinguons deux cas:

49
Chapitre 2. Théorie des groupes

1. Si σ = Id, c.à.d d’ordre 1, on a ∀ (x1 , x2 , · · · , xp ) ∈ E; σ(x1 , x2 , · · · , xp ) =


(x1 , x2 , · · · , xp ) = (x2 , x3 , · · · , xp , x1 ), ce qui donne x1 = x2 = · · · = xp ,
alors pour (x1 , x2 , · · · , xp ) 6= (e, e · · · , e); x1 = x2 = · · · = xp = x 6= e.
Comme (x1 , x2 , · · · , xp ) ∈ E, alors x1 ∗ x2 ∗ · · · ∗ xp = e = xp , et or x 6= e
donc x est d’ordre p.
2. Si σ est d’ordre p, soit c =< σ > . On opère l’ensemble E par c de la
manière suivante:
c × E −→ E
(σ 0 , Y ) 7−→ σ 0 T Y = σ 0 (Y )
c opère sur E, et si Y ∈ E, alors |ΩY | | |c| = p ce qui implique X |ΩY | =
1 ou bien |ΩY | = p. On sait que l’équation aux classes est |E| = |ΩX |, et
X∈E
posons r est le nombre des x de E tq |ΩX | = 1, puis s celui des x tels que |ΩX | =
p, on a |E| = np−1 = r +s×p. Puisque p | n et p | s.p, alors p | r et donc p ≤ r.
Comme p ≤ r qui prouve r 6= 0, alors r ≥ 2 donc ∃ X = (x1 , x2 , · · · , xp ) 6=
(e, e, · · · , e) tq ΩX = {X}. Par conséquent ∀ σ 0 ∈ c : σ 0 T X = σ 0 (X) = X, en par-
ticulier pour σ 0 = σ, on a σ(X) = X. Comme σ(x1 , x2 , · · · , xp ) = (x2 , x3 , · · · , xp , x1 ),
par définition de σ, on obtient x1 = x2 = · · · = xp = x 6= e et on a xp = e, d’où x
est d’ordre p. Ce qui achève la démonstration.

Proposition 2.2.90. Soit (G, ∗) un p-groupe fini on a;


i) Le centre de G est un sous groupe non trivial (ie; Z(G) 6= {e}).
ii) Si |G| = p ou |G| = p2 , alors G est abélien.

Preuve. i) On reprend l’action de G sur G par la loi suivante:

G × G −→ G

(g, x) 7−→ gT x = g ∗ x ∗ g −1
X
écrivons l’équation aux classes; |G| = |Ωx | avec E l’ensemble de re-
x∈E
présentants pour la relation ”être conjugue”; yRx ⇐⇒ ∃ g ∈XG : y =
gT x = g ∗ x ∗ g −1 . Pour x ∈ Z(G) on a Ωx = {x}, donc |G| = |Ωx | +
x∈Z(G)
X X
|Ωx | = |Z(G)| + [G, Z(x)]. Fixons alors x ∈ E − Z(G).
x∈E−Z(G) x∈E−Z(G)
Or Z(x) est un sous groupe de G, alors |Z(x)| est une puissance de p
et Z(x) inclut strictement dans G car si non x ∈ Z(G). Puisque |G| =
[G, Z(x)]×|Z(x)|, donc p divise [G, Z(x)], ce qui donne |G| = |Z(G)|+s×p.
Or p | |G|, alors p | |Z(G)|, d’où Z(G) contient au moins p élément, donc
Z(G) est non trivial.

50
Chapitre 2. Théorie des groupes

ii) Si G est de cardinal p, le résultat est immédiat, puisque G dans ce cas est
cyclique et alors isomorphe à pZ Z
. Supposons que G soit de cardinal p2 . Si
G n’était pas abélien, autrement dit G 6= Z(G), alors le cardinal de Z(G)
serait p d’après i). Soit x ∈ G − Z(G); on a Z(G) inclut strictement dans
Z(x), alors |Z(x)| > p, et or |Z(x)| | |G|, donc |Z(x)| = p2 = |G| ce qui
implique Z(x) = G et donc x ∈ Z(G), contradiction . Donc G = Z(G)
abélien.
Théorème 2.2.91. 1er théorème de Sylow: Soit (G, ∗) un groupe fini et p un
nombre premier. Si pα | |G|, alors il existe un sous groupe de G d’ordre pα .
Preuve. On raisonne par récurrence sur l’ordre de G. En effet; pour |G| = 1, il
est clair que G = {e} et 1 | 1. Pour |G| = 2, ie; G = {e, x} =< x > il existe un
sous groupe d’ordre 2 qu’est < x > . On suppose que la propriété est vraie jusqu’à
l’ordre de G qu’est égal à n et on montre qu’elle est vraie aussi pour |G| > n. On
distingue deux cas:
X
1. 1er cas : p ne divise pas |Z(G)|. On sait que |G| = |Z(G)|+ [G, Z(x)].
x∈E−Z(G)
Alors il existe x ∈ E − Z(G) tel que p ne divise pas [G, Z(x)], ( car si non
on aura p | |Z(G)|). Or |G| = [G, Z(x)] × |Z(x)|, alors pα | |G| =⇒ pα |
|Z(x)| et puisque Z(x) est inclus strictement dans G; car x 6∈ Z(G), donc
|Z(x)| < |G| et d’après l’hypothèse de récurrence, il existe un sous groupe
de Z(x) d’ordre pα . Comme Z(x) est aussi un sous groupe de G, d’où le
résultat.
2. 2ieme cas: p | |Z(G)| d’après le théorème de Cauchy ∃ a ∈ Z(G), (a 6= e)
dont l’ordre est égal à p. Le sous groupe < a > est un sous groupe distingue
dans G, donc le groupe <a> G
est d’ordre |G|
p
< |G|. Alors pα | |G| =⇒ pα−1 |
G
| <a> |, et donc d’après l’hypothèse de récurrence il existe un sous groupe
G R
de <a> qu’est de la forme <a> et d’ordre pα−1 où R est un sous groupe de
R
G. Puisque |R| = | <a> | × | < a > | = pα−1 × p = pα , donc la propriété est
vraie pour |G| > n, d’où le résultat.
Théorème 2.2.92. 2ieme théorème de Sylow: Soient (G, ∗) un groupe d’ordre
fini de la forme |G| = ph ×m, et H un p-sous groupe de Sylow de G (ie; |H| = ph ),
alors on a
i) ∀ a ∈ G; a H a−1 est un p-sous groupe de Sylow de G.
ii) Si H est le seul p-sous groupe de Sylow de G, alors H est distingue dans
G.
Preuve. i)
ϕ : G −→ G
x 7−→ a ∗ x ∗ a−1
est un automorphisme de G et on a ϕ(H) = a H a−1 . Comme H est fini,
alors |H| = |ϕ(H)| = |a H a−1 | = ph . Or a H a−1 est un sous groupe de G
d’ordre ph , donc c’est un p-sous groupe de Sylow de G.

51
Chapitre 2. Théorie des groupes

ii) D’après i) ∀ a ∈ G; a H a−1 = H, car H est le seul p-sous groupe de Sylow


de G. Donc H est distingue dans G.

Remarque 2.2.93. Un p-sous groupe de Sylow d’un groupe G est un élément


maximal dans l’ensemble des p-sous groupes de G, c.à.d si H est un p-sous groupe
de Sylow de G, et K est un p-groupe de G tel que H ⊂ K, alors H=K.

Exercice. Soient (G, ∗) un groupe fini, p un nombre premier et H un p-sous


groupe de Sylow de G.
1. Soit K un sous groupe de G. Montrer que si tout élément de K est d’ordre
une puissance de p, alors K est un p− sous groupe de G.
2. Soit N(H) le normalisateur de H, montrer que H est le seul élément de
N (H)
H
dont l’ordre est une puissance de p comme s.groupe de G.
3. Montrer que si a H a−1 = H où a ∈ G d’ordre une puissance de p, alors
a ∈ H.

Théorème 2.2.94. 3ieme théorème de Sylow: Soient (G, ∗) un groupe fini, et


H un p-sous groupe de Sylow de G, alors:
1. Le nombre de p-sous groupes de Sylow de G est congrue à 1 modulo p et
il divise l’ordre de G.
2. Tout les p-sous groupes de Sylow de G sont conjugues, c.à.d si H et K sont
deux p-sous groupes de Sylow de G, alors ∃ a ∈ G tq K = a H a−1 .

Preuve. (Comme exercice). On applique les résultats de l’exercice précédent.

52
Chapitre 3

Anneaux et corps

3.1 Anneaux
L’ensemble Z des entiers relatifs, muni de l’addition et de la multiplication est
le prototype des anneaux. Le but de ce chapitre est de chercher comment peut
on généraliser certaines propriétés de Z à un anneau quelconque?. Puis d’étudier
certains corps de nombres.

Définition 3.1.1. Un anneau A est un ensemble non vide muni de deux lois de
compositions internes, la première est notée comme une addition ” + ” et l’autre
comme une multiplication ”.”, vérifiant les propriétés:
1. (A, +) est un groupe abélien, dont son élément neutre est noté par 0A .
2. La loi ”.” est associative: ie; ∀ x, y, z ∈ A : x.(y.z) = (x.y).z.
3. La loi ”.” est distributive par rapport à la loi ” + ”, c’est à dire ∀ a, x, y ∈
A, on a;

a.(x + y) = a.x + a.y


(x + y).a = x.a + y.a

Remarque 3.1.2. i) On dit que (A, +, .) est un anneau commutatif, si la


loi ”.” est commutative; ie: ∀ a, b ∈ A : a.b = b.a.
ii) Si de plus la multiplication admet un élément neutre qu’on note 1A ; ie :
∀ x ∈ A; 1A .x = x.1A = x, l’anneau (A, +, .) est dit unitaire.

Exemple 3.1.3. 1. (Z, +, ×) est un anneau commutatif unitaire.


2. L’anneau nul; c’est l’anneau A = {0A } formé d’un unique élément. il n’est
pas unitaire.
Z
3. ( nZ , +, ×) muni des lois qui sont définies par x̄ + ȳ = x + y et x̄ × ȳ =
x × y, est un anneau commutatif unitaire.

53
Chapitre 3. Anneaux et corps

Exercice. Soient (G, ∗) un groupe abélien d’élément neutre e, et End(G) l’en-


semble des endomorphismes de G. On définit sur End(G) une opération comme
suivante: Pour tous f, g ∈ End(G),
f ∗ g : G −→ G
x 7−→ f ∗ g(x) = f (x) ∗ g(x)
1. Vérifier que ” ∗ ” est une loi de composition interne sur End(G), d’élément
neutre f ≡ e.
2. Montrer que le symétrique d’un élément f ∈ End(G) c’est l’endomor-
phisme g : G −→ G, tq g(x) = (f (x))−1 .
3. En déduire que (End(G), ∗) est un groupe abélien.
4. Montrer que (End(G), ∗, ◦) est un anneau unitaire.
Propriétés 3.1.4. Soit (A, +, .) un anneau on a;
i) ∀ a ∈ A : 0A .a = a.0A = 0A .
ii) ∀ a, b ∈ A : (−a).b = a.(−b) = −(a.b).
iii) ∀ a ∈ A : na = (n1A ).a.
iv) ∀ a ∈ A : an+1 = a.an = an .a.
Preuve. Comme exercice.
Remarque 3.1.5. i) Par convention; ∀ a ∈ A − {0A } : a0 = 1A .

ii) Voir que si 1A existe on aura; 1A 6= 0A .


Proposition 3.1.6. Soit (A, +, .) un anneau et a, b ∈ A tel que a.b = b.a. On a
n
X n!
n
∀ n ∈ N : (a + b) = Cni ai .bn−i avec Cni = .
i=0
i!(n − i)!
Preuve. Par récurrence.
Exercice. 1. Montrer que;
∀ n, m ∈ Z; ∀ a, b ∈ A : na.mb = ma.nb = (n × m)(a.b).
2. Montrer que;
∀ n, m ∈ N; ∀ a ∈ A : (an )m = (am )n = an×m .
Définition 3.1.7. Soit (A, +, .) un anneau, un élément u ∈ A est dit une unité
de A si u est inversible pour la loi ”.”, c’est à dire ∃ u0 ∈ A tq u.u0 = u0 .u = 1A .
L’ensemble des unités de A se note par A∗ .
Exemple 3.1.8. 1. Les unités de l’anneau (Z, +, ×) sont {1, −1}, ie : Z∗ =
{1, −1}
2. Soit (G, ∗) un groupe abélien, les unités de l’anneau (End(G), ∗, ◦) sont
les élément de Aut(G).
Exercice. Soit (A, +, .) un anneau unitaire. Vérifier que (A∗ , .) est un groupe.

54
Chapitre 3. Anneaux et corps

3.2 Corps
Définition 3.2.1. Soit (A, +, .) un anneau unitaire. On dit que (A, +, .) est un
corps ssi A∗ = A − {0A }. Il est dit corps commutatif si A∗ = A − {0A }, et de plus
la loi ”.” est commutative.
Exemple 3.2.2. (R, +, ×), (C, +, ×), et (Q, +, ×) sont des corps, mais (Z, +, ×)
n’est pas un corps.

3.3 Les sous anneaux


Définition 3.3.1. Soient (A, +, .) un anneau unitaire, et S une partie de A. On
dit que S est un sous anneau de A si;
1. (S, +) est un sous groupe de (A, +).
2. S est stable par la loi ”.”.
3. 1A ∈ S, (ici 1A c’est l’élément neutre de la loi ”.”).

3.3.1 Caractérisation d’un sous anneau


S est un sous anneau de (A, +, .) ssi
1. ∀ x, y ∈ S : x − y ∈ S.
2. (S, .) est stable par la loi ”.”.
3. 1A ∈ S.
Proposition 3.3.2. Soit (A, +, .) un anneau unitaire. L’intersection de sous
anneaux de A est un sous anneau de A.
Preuve. Laissée aux lectures.
Définition 3.3.3. Soient (A, +, .) un anneau, et G une partie de A. On appelle
sous anneau de A engendré par G, le plus petit sous anneau de A contenant G.
Autrement dit c’est l’intersection de tous les sous anneaux de A contenant G.
Définition 3.3.4. Soit (A, +, .) un anneau, S un sous anneau de A, et E une
partie de A. On note S[E] le sous anneau de A engendré par S ∪ E. Si E est fini
par exemple E = {a1 , a2 , . . . , an }, on note S[E] = S[a1 , a2 , . . . , an ].
√ √
Exemple 3.3.5. Z[ 2] est le sous anneau de R engendré par Z ∪ { 2}.
Exercice. 1. Soit S un sous anneau de A et a ∈ A où a commute avec tous
les éléments de A. Montrer que
nXn o
i
S[a] = si a ; n ∈ N, si ∈ S .
i=0

2. On appelle entier de Gauss tout nombre complexe dont la partie réelle et


la partie imaginaire sont des entiers, on note Z[i] = {a + ib | a, b ∈ Z} leur
ensemble. Montrer que (Z[i], +, ×) est un anneau commutatif contenant Z
comme sous anneau.

55
Chapitre 3. Anneaux et corps

3.4 Morphismes d’anneaux


Définition 3.4.1. Soient (A, +, .) et (A0 , +, .) deux anneaux unitaires. Une ap-
plication f : A −→ A0 est dite un homomorphisme (ou un morphisme) d’anneaux
si:
1. ∀ a, b ∈ A : f (a + b) = f (a) + f (b).
2. ∀ a, b ∈ A : f (a.b) = f (a).f (b).
3. f (1A ) = 1A0 .
Un homomorphisme d’anneaux f est dit un isomorphisme d’anneaux s’il est bi-
jectif. Lorsque A = A0 , on parle d’un endomorphisme d’anneaux et d’un auto-
morphisme d’anneaux si f est bijectif.

Proposition 3.4.2. Si f : A −→ A0 est un homomorphisme d’anneaux on a:


1. f (0A ) = 0A0 .
2. ∀ a ∈ A, ∀ n ∈ N : f (an ) = (f (a))n , de même f (na) = nf (a).
0
3. Si u ∈ A∗ alors f (u) ∈ A ∗ .

Preuve. Comme exercice.

Remarque 3.4.3. 1. Si f et g sont deux morphismes d’anneaux; f : A −→


A et g : A −→ A00 , alors g ◦ f : A −→ A00 est un morphismes d’anneaux.
0 0

2. Si f est un isomorphisme d’anneaux alors f −1 est un isomorphisme d’an-


neaux.

• Notation: Soit f : A −→ A0 un homomorphisme d’anneaux. On note


Ker(f ) = {x ∈ A | f (x) = 0A0 }, Im(f ) = {f (x) | x ∈ A}.

Exercice. Soit f : A −→ A0 un homomorphisme d’anneaux.


1. Montrer que; f injectif ⇐⇒ Ker(f ) = {0A }.
2. Montrer que; Im(f ) est un sous anneau de A0 .

Remarque 3.4.4. Ker(f ) n’est pas un sous anneau de A car f (1A ) = 1A0 6=
0A0 , donc 1A 6∈ Ker(f ).

Proposition 3.4.5. Si A et A0 sont deux corps et f : A −→ A0 un homomor-


phisme d’anneaux, alors soit f ≡ 0A0 ou bien f est injectif.

Preuve. Supposons que f 6≡ 0A0 c’est à dire ∃ x ∈ A, x 6= 0A et f (x) 6= 0A0 .


Or x ∈ A − {0A } = A∗ , donc ∃ x0 ∈ A∗ tq x.x0 = 1A , ce qui implique f (x.x0 ) =
f (1A ) = 1A0 6= 0A0 , ceci équivalent de dire f (x).f (x0 ) = 1A0 6= 0A0 . Montrons
que Ker(f ) = {0A }; soit x ∈ Ker(f ) et x 6= 0A , d’après ce qui précède ∃ x0 ∈
A∗ tq x.x0 = 1A =⇒ f (x.x0 ) = f (1A ) = 1A0 6= 0A0 . Or x ∈ Ker(f ) alors f (x) =
0A0 , d’où f (x.x0 ) = f (x).f (x0 ) = 0A0 .f (x0 ) = 0A0 , contradiction. Donc Ker(f ) =
{0A }.

56
Chapitre 3. Anneaux et corps

3.4.1 Décomposition canonique d’un morphisme d’anneaux


Soit f : A −→ A0 un homomorphisme d’anneaux. La relation Rf définie sur A
par xRf y ⇐⇒ f (x) = f (y) est une relation d’équivalence compatible avec les lois
”+” et ”.”, donc la relation Rf induit sur RAf deux lois ”+”et ”.” pour les quelles
( RAf , +, .) est un anneau appelé anneau quotient, et

A
f¯ : −→ Im(f )
Rf

x̄ 7−→ f¯(x̄) = f (x)


est un isomorphisme d’anneaux.

Remarque 3.4.6.

xRf y ⇐⇒ f (x) = f (y)


⇐⇒ f (x − y) = 0A0
⇐⇒ x − y ∈ Ker(f ).

Donc y ≡ x modulo Ker(f ).

La relation ” être congrue modulo Ker(f ) ” est aussi compatible avec les lois
”+” et ”.”,
A
donc ( RAf , +, .) = ( Ker(f )
, +, .) est un anneau. De plus on a la décomposition
suivante:
f
A / A0
O
p i


A / Im(f )
Ker(f )

On a bien f = i ◦ f¯ ◦ p.
• Question: Soient (A, +, .) un anneau et I un sous groupe de (A, +), à quelle
condition, la relation x ≡ y[I] ⇐⇒ x − y ∈ I est compatible avec les lois ”+” et
”.”?. La réponse c’est en théorème suivant:

Théorème 3.4.7. Soient (A, +, .) un anneau et I un sous groupe de (A, +),


(I est toujours distingue, puisque la loi ”+” est commutative) alors la relation
x ≡ y[I] (ie; x ≡ y modulo I) est compatible avec les lois ”+” et ”.” ssi

∀ a ∈ A; ∀ x ∈ I : a.x ∈ I et x.a ∈ I.

Preuve. Puisque la loi ” + ” est commutative, alors (I, +) est un sous groupe
distingue, donc la relation ” être congrue modulo I ” est compatible avec la loi
” + ” d’après le chapitre précédent. Il reste à montrer la compatibilité avec la loi
”.”.

57
Chapitre 3. Anneaux et corps

Supposons que ∀ a ∈ A; ∀ x ∈ I : a.x ∈ I et x.a ∈ I est vérifie. Soient x ≡


y[I] et x0 ≡ y 0 [I], donc x−y ∈ I et x0 −y 0 ∈ I, ce qui donne (x−y).x0 +y.(x0 −y 0 ) ∈
I implique x.x0 − y.y 0 ∈ I d’où x.x0 ≡ y.y 0 [I].
Inversement: On suppose que la relation x ≡ y[I] est compatible avec ”+”
et ”.”, alors soient a ∈ A et x ∈ I, on a toujours a ≡ a[I] et x ≡ 0A [I], et
d’après la compatibilité on obtient a.x ≡ 0A [I] et x.a ≡ 0A [I] ce qui implique
a.x ∈ I et x.a ∈ I.

3.5 L’idéal d’un anneau


Définition 3.5.1. Soit (A, +, .) un anneau, une partie I de A est dite un idéal
bilatère (ou simplement un idéal) de A si;
i) I est un sous groupe de (A, +).
ii) ∀ a ∈ A; ∀ x ∈ I : a.x ∈ I et x.a ∈ I.

Exemple 3.5.2. 1. {0A }, et A sont des idéaux de A.


2. ∀ n ∈ Z; nZ est un idéal de (Z, +, ×).
3. Dans l’anneau (F(R; R), +, ×) des fonctions définies de R vers R, l’en-
semble des fonctions qui s’annulent en 0 est un idéal.

3.5.1 Caractérisation d’un idéal


Soient (A, +, .) un anneau et I une partie de A, alors I est un idéal de A ssi:
i) I est non vide.
ii) ∀ x, y ∈ I : x − y ∈ I. En effet x − y ∈ I implique I est un sous groupe.
iii) ∀ a ∈ A, ∀ x ∈ I : a.x ∈ I et x.a ∈ I.

Remarque 3.5.3. Soit (A, +, .) un anneau unitaire.


1. I est un idéal de A contenant 1A ⇐⇒ I = A.
2. L’intersection quelconque d’idéaux de A est un idéal de A.

Exercice. Soit f : A −→ A0 un homomorphisme d’anneaux.


1. Montrer que si J est un idéal de A0 , alors f −1 (J) est un idéal de A.
2. Montrer que Ker(f ) est un idéal de A.
3. Montrer que si I est un idéal de A, alors f (I) est un idéal de Im(f ).
(Attention, f (I) ce n’est pas en général un idéal de A0 ).

Définition 3.5.4. Soit (A, +, .) un anneau et G une partie de A. On appelle


idéal engendré par G et qu’on note (G), l’intersection de tous les idéaux de A
contenant G.

Conséquence. L’idéal engendré par une partie G de A est le plus petit (au sens
de l’inclusion) idéal de A contenant G; c’est à dire:

58
Chapitre 3. Anneaux et corps

i) (G) est un idéal de A contenant G.


ii) Si J est un idéal de A tq G ⊂ J, alors (G) ⊂ J.
• Notation: Si G est fini G = {a1 , a2 , . . . , an }, on note (G) = (a1 , a2 , . . . , an ) au
lieu de (G) = ({a1 , a2 , . . . , an }). En particulier si G = {a}, (G) = (a).

Exercice. Soient (A, +, .) un anneau commutatif unitaire.


1. Soit a ∈ A, montrer que (a) = aA = {a.x | x ∈ A}. (Attention: si A n’est
pas commutatif, on n’a pas une description simple de (a)).
2. Montrer que si S une partie de A alors;
n
nX o
(S) = ai .si | n ∈ N∗ et ai ∈ A, si ∈ S .
i=1

Le corollaire suivant est important, et montre que la notion d’idéal n’a d’intérêt
que pour des anneaux qui ne sont pas des corps.

Corollaire 3.5.5. Soit A un anneau commutatif unitaire.

A est un corps ⇐⇒ les seules idéaux de A sont {0A } et A.

Preuve. =⇒) Supposons que A est un corps, et I un idéal de A. Si I 6= {0A }, alors ∃ x 6=


0A : x ∈ I. Or A est un corps, alors x est inversible dans A, donc 1A ∈ I ce qui
montre que I = A.
⇐=) Supposons réciproquement que A n’admet que {0A } et A comme idéaux.
Considérons x ∈ A − {0A }, alors l’idéal xA 6= {0A }, donc on a nécessairement
xA = A, ce qui montre que ∃ a ∈ A tq x.a = 1A , par conséquent x est inversible
(ie; x ∈ A∗ ), ainsi tout élément non-nul de A est inversible dans A. On conclut
que A est un corps.

• Par contre, il existe des anneaux qui n’ont aucun idéal bilatère propre, mais
qui ne sont pas des corps; c’est par exemple le cas de l’anneau des matrices carrées
(n ≥ 2).

Exercice. Soient (A, +, .) un anneau et I , J sont deux idéaux de A. On note


I + J = {i + j | i ∈ I , j ∈ J}.
1. Montrer que I + J est un idéal de A.
2. Vérifier que I + J = (I ∪ J).

3.5.2 Produit des idéaux.


Définition 3.5.6. Soit A un anneau (unitaire). Si I et J sont des idéaux de A,
on appelle produit des idéaux I et J, et on le note IJ, l’ensemble des éléments de

59
Chapitre 3. Anneaux et corps

A qui sont somme d’un nombre fini de produits d’un élément de I par un élément
de J; c’est à dire:
n
X
X ∈ IJ ⇐⇒ X = xi yi ; où n ∈ N∗ , xi ∈ I, yi ∈ J.
i=1

Proposition 3.5.7. Soit A un anneau (unitaire). Si I et J sont des idéaux de


A, alors IJ est un idéal de A, et c’est le plus petit idéal au sens de l’inclusion
contenant l’ensemble {x.y | x ∈ I, y ∈ J}, ie; IJ = ({x.y |x ∈ I, y ∈ J}). De
plus si K un autre idéal de A, alors (I + J)K = IK + JK, K(I + J) = KI + KJ.
Preuve. Voir TD.

3.5.3 Idéaux principaux


Définition 3.5.8. Soient (A, +, .) un anneau ( unitaire) et I un idéal de A, alors
I est dit un idéal principal si il existe a ∈ A tel que I = (a).
Proposition 3.5.9. Les idéaux de (Z, +, ×) sont tous principaux.
Preuve. On sait que les sous groupes de (Z, +) sont de la forme nZ , n ∈ N.
Soient a ∈ Z et x ∈ nZ, donc x = ny = n × y, alors x × a = a × x = a × (n × y) =
(a × n)y = n(a × y) ∈ nZ. Ceci implique nZ est un idéal et on a nZ = (n).

3.6 Caractéristique d’un anneau


Soient (A, +, .) un anneau unitaire. On a l’application

f : (Z, +, ×) −→ (A, +, .)

m 7−→ m 1A
est un homomorphisme d’anneaux ( faites ça comme exercice).
Or Ker(f ) est un idéal de (Z, +, ×), donc est de la forme Ker(f ) = nZ = (n).
De plus on a l’isomorphisme d’anneaux ( nZZ
, +, ×) ' (Im(f ), +, .).
Définition 3.6.1. L’entier n définit par Ker(f ) = nZ où f est un homomor-
phisme qu’est défini précédemment, s’appelle la caractéristique de l’anneau A et
on la note car(A) = n. Cette définition se traduit par:

car(A) = 0 ⇐⇒ (∀ x ∈ A : nx = 0A ⇐⇒ n = 0)
car(A) = k > 0 ⇐⇒ (∀ x ∈ A : nx = 0A ⇐⇒ n ∈ kZ; (ie : k | n)).
Z
Exemple 3.6.2. car(Z) = 0, car(Q) = 0, car( nZ ) = n.
Proposition 3.6.3. Soient (A, +, .) un anneau (unitaire) et I un idéal de A.
Alors T est un idéal de AI ssi T est de la forme JI où J est un idéal de A tel que
I ⊂ J. Avec JI = {x̄ ∈ AI et x ∈ J}.

60
Chapitre 3. Anneaux et corps

Preuve. Soit T un idéal de AI , alors (T, +) est un sous groupe de ( AI , +) donc


d’après le chapitre (II) T est de la forme T = JI où I ⊂ J; avec J est un sous
groupe de (A, +). Montrons que J est un idéal de l’anneau (A, +, .). Soient a ∈
A, x ∈ J, or ā ∈ AI , x̄ ∈ T et T est un idéal, donc ā.x̄ = a.x ∈ T, de même pour
x̄.ā = x.a ∈ T, alors a.x ∈ J et x.a ∈ J, d’où J est un idéal de A.
Inversement: Si J est un idéal de A et I ⊂ J, montrons que JI est un idéal de
( AI , +, .). Puisque J est un idéal de A, alors (J, +) est un sous groupe de (A, +),
donc ( JI , +) est un sous groupe de ( AI , +), en d’autre part; soient ā ∈ AI , et x̄ ∈ JI ,
on a ā.x̄ = a.x, et or a.x ∈ J, alors a.x ∈ JI , donc ā.x̄ ∈ JI , et de la même manière
on montre que x̄.ā ∈ JI .

Définition 3.6.4. Soient (A, +, .) un anneau (unitaire) et I un idéal de A. On


dit que I est un idéal maximal si:

I 6= A
et si J est un idéal tq I ⊂ J, alors J = I ou J = A

• Question: Si (A, +, .) est un anneau qui n’est pas un corps et I un idéal de


A, dans quelle condition on a ( AI , +, .) est un corps?. La réponse vient dans ce
qui suit:

Théorème 3.6.5. Soient (A, +, .) un anneau commutatif et I un idéal de A,


alors ( AI , +, .) est un corps ssi I est un idéal maximal.

Preuve. Il suffit de montrer que: I est un idéal maximal ⇐⇒ les seuls idéaux de
A
I
sont {0A }, et AI .

Corollaire 3.6.6. Soit n ∈ N∗ . On a ( nZ


Z
, +, ×) est un corps ssi n est premier.

Preuve. Il revient à montrer que nZ est maximal ⇐⇒ n est premier .


=⇒) Supposons que nZ est maximal; si n n’est pas premier alors ∃ q et b tq n =
q × b, avec 1 < q < n. Donc on a nZ ( qZ ( Z, par conséquent nZ n’est pas
maximal, absurde. Alors n est premier.
⇐=) Supposons que n est premier; si nZ n’est pas maximal, alors il existe un
idéal J de Z tel que nZ ( J ( Z, or les idéaux de Z sont de la forme qZ ce qui dit
que J = qZ, (q ∈ N) donc nZ ( qZ ( Z, ceci implique n ∈ qZ =⇒ n = q × b =⇒
q | n et 1 < q < n, d’où n n’est pas premier; absurde. Donc nZ est maximal.

Définition 3.6.7. Soit A un anneau unitaire. Un idéal P de A est dit premier


lorsque P 6= A et vérifie:

∀ x, y ∈ A : x.y ∈ P =⇒ x ∈ P ou y ∈ P

Exemple 3.6.8. 1. Dans l’anneau A l’idéal nul I = {0A } est premier ssi
∀ x, y ∈ A : x.y = 0A =⇒ x = 0A ou y = 0A (ie:A est intègre).

61
Chapitre 3. Anneaux et corps

2. Dans (Z, +, ×) si k est premier, alors l’idéal I = kZ est un idéal premier,


et inversement si kZ est un idéal premier alors k est premier (vérifiez ça).
Remarque 3.6.9. Dans l’anneau Z, les notions d’idéal maximal et d’idéal pre-
mier non-nul coı̈ncident; car dans (Z, +, ×);
kZ est premier ⇐⇒ k est premier ⇐⇒ kZ est maximal
Alors la question, c’est de chercher d’autre anneaux vérifiant cette propriété.

3.7 Anneaux intègres


Définition 3.7.1. Soit (A, +, .), (A 6= {0A }) un anneau, A est dit intègre si
∀ a, b ∈ A : a.b = 0A =⇒ a = 0A ou b = 0A .
Lorsque a.b = 0A , avec a 6= 0A et b 6= 0A , on dit que a est un diviseurs de 0A à
gauche et b est un diviseur de 0A à droite.
Exemple 3.7.2. 1. L’anneau (Z, +, ×) est un anneau intègre.
2. Tous les corps sont intègres.
Z
3. L’anneau ( 4Z , +, .), n’est pas intègre.
Propriétés 3.7.3. Régularité à droite et à gauche: Soient A un anneau
intègre et a, x, y ∈ A avec a 6= 0A . Alors
a.x = a.y =⇒ x = y et x.a = y.a =⇒ x = y.
Preuve. a.x = a.y =⇒ a.(x−y) = 0A , or A est intègre et a 6= 0A , alors x−y = 0A
ce qui donne x = y.
Proposition 3.7.4. Soit P un idéal d’un anneau commutatif unitaire A. On a:
i) P est premier ⇐⇒ PA est intègre.
ii) P est maximal =⇒ P est premier.
Preuve. i) Supposons que P est un idéal premier de A. Comme P 6= A, l’anneau
A
P
est non-nul. Considérons x̄, ȳ ∈ PA , on a x̄.ȳ = x.y = 0A =⇒ x.y ∈ P, et or P
est premier, alors x ∈ P ou y ∈ P ; ie : x̄ = 0A ou ȳ = 0A . Donc PA est intègre.
Inversement: Considérons x, y tq x.y ∈ P, alors x.y = x̄.ȳ = 0A . Or PA est
intègre, alors x̄ = 0A ou ȳ = 0A . Ceci montre que x ∈ P ou y ∈ P.
ii) Supposons que P est un idéal maximal de A, alors PA est un corps et donc
intègre, et d’après i) P est premier.
Remarque 3.7.5. Soit A un anneau commutatif unitaire. D’après ce qui précède,
on a:
I maximal ks +3 A un corps
I

 
I premier ks +3 A
I
intègre

62
Chapitre 3. Anneaux et corps

3.8 Corps de fractions rationnelles d’un anneau


commutatif intègre
• Question: Si A est un anneau intègre, existe il un corps K tel que A ⊂ K
et A est un sous anneau de K?. La réponse sera en théorème suivant;

Théorème 3.8.1. Soit (A, +, .) un anneau commutatif unitaire intègre. Alors il


existe un corps K commutatif unique à un isomorphisme près vérifiant:
i) K contient A comme sous anneau.
ii) Si K 0 est un sous-corps tel que A ⊆ K 0 ⊆ K, alors K = K 0 . C’est à dire
K est le plus petit corps contenant A.
Ce corps K appelé corps de fractions rationnelles de l’anneau A et se note par
Q(A).

Preuve. i) On considère A × (A − {0A }) = {(a, b); a, b ∈ A et b 6= 0A } = E.


Soit R la relation définie par (a, b)R(a0 , b0 ) ⇐⇒ a.b0 = b.a0 , on vérifie
facilement que R est une relation d’équivalence. On note (a, b) = ab la
E
classe du couple (a, b) pour la relation R et on pose K = R l’ensemble
quotient qu’on le munit de deux lois suivantes:

a a0 a.b0 + b.a0
+ 0 = (3.1)
b b b.b0
0
a a a.a0
. 0 = (3.2)
b b b.b0

Pour ces deux lois; K est un corps commutatif, d’élément neutre (0A , 1A )
pour la loi ”+”et d’élément neutre (1A , 1A ) pour la loi ”.”.
Soit f : A −→ K, tq : a −→ (a, 1A ) = 1aA . On montre facilement que f
est un homomorphisme d’anneaux et on a;

Ker(f ) = {a ∈ A tq (a, 1A ) = (0A , 1A )}

ceci dit que (a, 1A )R(0A , 1A ) ⇐⇒ a.1A = 0A .1A ⇐⇒ a = 0A et par consé-


quent f est injectif. Alors A est isomorphe à un sous anneau de K, donc on
peut identifier A à une partie de K, en posant (a, 1A ) = a, et en particulier
(1A , 1A ) = 1A , qu’est l’élément neutre de la loi ”.” de K.
ii) Supposons que A ⊆ K 0 ⊆ K, avec K 0 est un corps. Soit x ∈ K, par
définition, il existe a ∈ A, b ∈ A − {0A } tq x = ab = 1aA . 1bA . On a; b ∈ A,
alors b ∈ K 0 et b 6= 0A ; comme l’inverse de b dans K est 1bA ∈ K et que cet
inverse doit appartenir à K 0 puisque K 0 est un sous-corps, donc 1bA ∈ K 0 .
Par ailleurs a ∈ A, donc a ∈ K 0 , d où ab ∈ K 0 ; c’est à dire x ∈ K 0 , alors
K ⊂ K 0 ce qui achève la démonstration.

Exemple 3.8.2. (Z, +, ×) est un anneau intègre commutatif et Q(Z) = Q corps


de fractions rationnelles de l’anneau Z.

63
Chapitre 3. Anneaux et corps

3.9 Anneaux Produits


Définition 3.9.1. Si A et B sont deux anneaux, on appelle anneau produit; le
produit cartésien A × B muni des opérations:

(a, b) + (c, d) = (a + c, b + d), et (a, b).(c, d) = (a.c, b.d).

Il faut bien sûr vérifier que c’est un anneau d’élément neutre (0A , 0B ) pour la
loi ”+” et d’élément neutre (1A , 1B ) pour la loi ”.”, si A et B sont unitaires . Cela
n’offre pas de difficulté, et on peut définir de même le produit d’une famille d’an-
neaux. Attention, le produit de deux corps n’est pas un corps. Voir par exemple
dans R × R, on a (0, 1), et (1, 0) ne sont pas inversibles, donc R × R n’est pas un
corps.

3.10 L’anneau des polynômes A[x]


Si A est un anneau commutatif, on définit l’anneau des polynômes à coeffi-
cients dans A comme dans le cas d’un corps: ce sont des suites d’éléments de A
” presque tous nuls”, avec une opération d’addition et de multiplication.

Définition 3.10.1. Soit A un anneau commutatif. On appelle polynôme à une


indéterminé à coefficients dans A; tout famille (ai )i∈N d’éléments de A indexée
sur N tel que ai = 0A sauf pour un nombre fini. L’ensemble des polynômes à
coefficients dans A est noté par AN ; c’est à dire
n o
AN = (a1 , a2 , . . . , ai . . . ), ∃ n, tq ai = 0A ∀ i > n .

Il est muni des opérations ” + ” et ”.” définies par:

(ai )i∈N + (bi )i∈N = (ai + bi )i∈N (3.3)


Xk
(ai )i∈N .(bi )i∈N = (ck )k∈N , où ck = ai .bk−i (3.4)
i=0

Propriétés 3.10.2. (AN , +, .) est un anneau commutatif, d’élément neutre (0A , 0A , 0A , . . . )


pour la loi ”+”, et d’élément neutre (1A , 0A , 0A , . . . ) pour la loi ”.”

Preuve. Comme exercice.

Remarque 3.10.3. i) (a, 0A , 0A , . . . ) + (b, 0A , 0A , . . . ) = (a + b, 0A , 0A . . . ).


ii) (a, 0A , 0A , . . . ).(b, 0A , 0A , . . . ) = (a.b, 0A , 0A , . . . ).
iii) Pour la raison de simplification, on note aussi l’élément neutre (0A , 0A , 0A , . . . )
par 0A et l’élément neutre (1A , 0A , 0A , . . . ) aussi par 1A .

64
Chapitre 3. Anneaux et corps

Proposition 3.10.4. L’application

f : A −→ AN

a −→ (a, 0A , 0A , . . . )
est un homomorphisme injectif d’anneaux. Donc A s’identifie à un sous anneau
de AN qu’est Im(f ) = {(a, 0A , 0A . . . ) | a ∈ A} ' A, alors on peut considé-
rer A comme sous anneau (à un isomorphisme prés) de AN , en posant a =
(a, 0A , 0A , . . . ).

Preuve. Laissé aux étudiants.


Notations: Soit (ai )i∈N ∈ AN , donc (ai )i∈N = (a0 , a1 , a2 , . . . , an , 0A , 0A , . . . ) qui
s’écrit comme suivant: (ai )i∈N = a0 .(1A , 0A , 0A . . . ) + a1 .(0A , 1A , 0A , . . . ) + · · · +
an .(0A , 0A , . . . , 1A , 0A , . . . ). On note; X 0 = (1A , 0A , 0A , . . . ) et X = (0A , 1A , 0A , . . . )
|{z}
n+1
donc

X 2 = (0A , 0A , 1A , 0A , . . . )
X 3 = (0A , 0A , 0A , 1A , 0A , . . . )
..
.
n
X = (0A , 0A , . . . , 1A , 0A , . . . )
|{z}
n+1

Ce qui donne enfin (ai )i∈N = a0 + a1 .X + a2 .X 2 + · · · + an .X n . On note aussi


A[X] le sous anneau de AN engendré par A ∪ {X}, et on montre que A[x] = AN .
Effectivement: A[x] ⊂ AN , et soit (ai )i∈N ∈ AN , d’après ce qui précède il existe
n tq ∀ i > n; ai = 0A et (ai )i∈N = (a0 , a1 , a2 , . . . , an , 0A , 0A , . . . ), donc (ai )i∈N =
a0 + a1 .X + a2 .X 2 + · · · + an .X n ∈ A[X], d’où A[x] = AN . Alors dans tout ce qui
suit l’anneau des polynômes à une indéterminé se notera par A[X], son élément
neutre pour la loi ”+” se notera par 0A , et son élément neutre pour la loi ”.” par
1A , et ses éléments se noteront par des lettres P, Q..etc;
n
X
P ∈ A[X] ⇐⇒ ∃ n ∈ N : P = ai X i .
i=0

n
X
Définition 3.10.5. Soit P un polynôme de A[X]; P = ai X i . L’entier n défini
i
par n = sup{i | ai 6= 0} s’appelle le degré de P. Autrement dit d◦ P = n ⇐⇒ P =
a0 + a1 .X + a2 .X 2 + · · · + an .X n .

Proposition 3.10.6. Soient P, Q deux polynômes de A[X], alors;


i) d◦ (P + Q) ≤ max(d◦ P, d◦ Q).
ii) d◦ (P.Q) ≤ d◦ P + d◦ Q.

65
Chapitre 3. Anneaux et corps

Preuve. i) ∀ i ∈ N tq i > d◦ P et i > d◦ Q, on a ai = 0A et bi = 0A ceci


implique que ∀ i > max(d◦ P, d◦ Q) : ai + bi = 0A . Donc d◦ (P + Q) ≤
max(d◦ P, d◦ Q).
Xn Xm
i ◦

ii) Posons d P = n, ie; P = ai X , d Q = m ie; Q = bi X i , alors
X Xi=0 i=0
k
P.Q = ck X où ck = ai .bj . Or pour k = i + j > n + m, on a i >
k i+j=k
n ou bien j > m;
Xce qui donne ai = 0A ou bien bj = 0A =⇒ ai .bj =
0A =⇒ ck = ai .bj = 0A . Donc ∀ k > d◦ P + d◦ Q; ck = 0A d’où
i+j=k
d◦ (P.Q) ≤ d◦ P + d◦ Q.
• Par convention: Si P = 0A ; c’est à dire P est le polynômes nul, alors

d P = −∞.
Théorème 3.10.7. Soit (A, +, .) un anneau commutatif, alors A est intègre =⇒
A[X] est intègre. Dans ce cas d◦ (P.Q) = d◦ P + d◦ Q.
Preuve. Soient P, Q ∈ A[X] tq P 6= 0A et Q 6= 0A . Posons d◦ P = n, ie; P =
Xn m
X
i ◦
ai X , d Q = m ie; Q = bi X i , on a P.Q = a0 .b0 + c1 .X + c2 .X 2 + · · · +
i=0 i=0
an .bm .X n+m , et puisque an 6= 0A , bm 6= 0A et A est intègre, alors an .bm 6= 0A et
ceci implique P.Q 6= 0A , d’où A[X] est intègre. D’après la proposition précédente
d◦ (P.Q) ≤ d◦ P + d◦ Q, et or cn+m = an .bm 6= 0A , alors d◦ (P.Q) = d◦ P + d◦ Q.
Définition 3.10.8. Soit P = a0 + a1 .X + · · · + an .X n un polynôme de A[X]. On
dit que P est unitaire si an ∈ A∗ (ie; an est inversible dans A).
Remarque 3.10.9. Si P est unitaire et Q 6= 0A , on a;
i) d◦ (P.Q) = d◦ P + d◦ Q.
ii) si C, B ∈ A[X], alors P.C = P.B =⇒ B = C.

3.10.1 Division euclidienne dans A[X]- Racines d’un po-


lynôme
Théorème 3.10.10. Soit D un polynôme de A[X] dont le coefficient dominant
est inversible ( ie; D est unitaire). Alors, pour tout P ∈ A[X], il existe Q et
R de A[X] tels que: P (X) = D(X)Q(X) + R(X); (ie : P = D.Q + R), avec
R = 0A ou bien d◦ R < d◦ D. L’existence de ( Q, R) est unique.
Preuve. L’existence: Si d◦ P < d◦ D; P (X) = D(X).0A + P (X). Supposons
maintenant; d◦ P ≥ d◦ D = m. On résonne par récurrence sur d◦ P, il est claire
que la propriété est vraie pour d◦ P = d◦ D = m; P = D.1A + 0A . On suppose
que cette propriété est vraie pour d◦ P < n et on la démontre pour d◦ P = n.
Effectivement; d◦ P = n =⇒ P (X) = a0 + a1 .X + · · · + an .X n , avec an 6= 0A ,
et D unitaire implique D(X) = b0 + b1 .X + · · · + bm .X m , avec bm ∈ A∗ . Soit

66
Chapitre 3. Anneaux et corps

le polynôme an .b−1m .X
n−m
.D(X) et P 0 (X) = P (X) − an .b−1 m .X
n−m
.D(X), on a
d P < n, alors d’après l’hypothèse de récurrence il existe (Q , R0 ) tels que P 0 =
◦ 0 0

D.Q0 + R0 et d◦ R0 < d◦ D, donc P 0 = D.Q0 + R0 =⇒ P (X) − an .b−1 m .X


n−m
.D(X) =
0 0 0 −1 n−m 0
D(X).Q (X) + R (X) =⇒ P (X) = D(X).(Q (X) + an .bm .X ) + R (X). D’où
l’existence de Q(X) = Q0 (X) + an .b−1m .X n−m
et R = R 0
.
L’unicité: Supposons qu’il existe deux couples (Q1 , R1 ) et (Q2 , R2 ) tq P = D.Q1 +
R1 et P = D.Q2 + R2 , ce qui donne D.(Q1 − Q2 ) = (R1 − R2 ) où d◦ (R1 − R2 ) ≤
max(d◦ R1 , d◦ R2 ) < d◦ D. Si Q1 6= Q2 , alors Q1 − Q2 6= 0A =⇒ (Q1 − Q2 )D 6= 0A ,
et puisque D est unitaire, donc d’après la remarque précédente d◦ ((Q1 −Q2 ).D) =
d◦ (Q1 − Q2 ) + d◦ D ≥ d◦ D, absurde. Par conséquent Q1 = Q2 et R1 = R2 .

Z
Exemple 3.10.11. Considérons A[X] = 9Z [X]. Effectuer la division euclidienne
de P = 4̄X − 3̄X − 2̄X + 4̄ par D = 5̄X 2 − 2̄X − 2̄.
4 3

Corollaire 3.10.12. Soit K un corps commutatif. Alors ∀ P, D ∈ K[X], et D 6=


0A , il existe (Q, R) unique tel que P = D.Q + R avec d◦ R < d◦ D.
Preuve. Puisque dans K[X], D 6= 0A =⇒ D est unitaire, alors d’après le théo-
rème précédent il existe (Q, R) unique tel que P = D.Q + R avec d◦ R < d◦ D.
Théorème 3.10.13. Si K est un corps commutatif, alors tout idéal de K[X] est
principal; c’est à dire si I est un idéal de K[X], alors il existe G ∈ K[X], tq I =
(G).
Preuve. Si I = {0A }, alors I = (0A ), supposons I 6= {0A }, et on pose B =
{d◦ P, | P ∈ I, et P 6= 0A }. Soit m le plus petit élément de B (m ∈ B), donc il
existe G ∈ I et G 6= 0A tq d◦ G = m. On sait que (G) = G.K[X] = {G.Q, | Q ∈
K[X]} ⊂ I, montrons que I ⊂ (G). Soit P ∈ I, donc P ∈ K[X], comme G 6=
0A d’après le corollaire précédent, il existe (Q, R) unique tel que P = G.Q +
R avec d◦ R < d◦ G. Or G ∈ I =⇒ G.Q ∈ I =⇒ P − G.Q ∈ I, et puisque
d◦ R < d◦ G, alors si R 6= 0A on aura la contradiction avec le fait que d◦ G = m
c’est le plus petit élément de B, donc R = 0A , ce qui donne P = G.Q ∈ (G). Par
conséquent I ⊂ (G). X
• Notation: Si P, Q sont deux polynômes de A[X], avec P = ai .X i , et Q =
X X X i
j i i j i
bj .X on note P (Q) = ai .Q où Q = ( bj .X ) . En se contentant de
j i j
cette notation on vérifie facilement que pour P1 , P2 , et Q ∈ A[X] on a:
1. (P1 + P2 )(Q) = P1 (Q) + P2 (Q).
2. (P1 .P2 )(Q) = P1 (Q).P2 (Q).
3. P1 (P2 (Q)) = (P1 (P2 ))(Q).
En particulier si Q = X on aura P (Q) = P (X) = P, et si Q = α; P (α) =
X
ai αi ∈ A.
i

67
Chapitre 3. Anneaux et corps

Définition 3.10.14. Soit P ∈ A[X]. L’application


P̃ : A −→ A
α 7−→ P̃ (α) = P (α)
s’appelle une fonction polynomiale associe à P.
Remarque 3.10.15. On peut avoir P 6= Q et P̃ = Q̃. Voir cette exemple; pre-
Z
nons A[X] = 3Z [X], P = X 3 et Q = X ∈ 3Z
Z
[X]. On a bien P 6= Q, et

P̃ (0̄) = 0̄ = Q̃(0̄)
P̃ (1̄) = 1̄ = Q̃(1̄)
P̃ (2̄) = 8̄ = 2̄ = Q̃(2̄)
d’où P̃ = Q̃.
Définition 3.10.16. Soit P ∈ A[X]. On dit que α est un zéro de P (ou une
racine de P) si P (α) = 0A .
Proposition 3.10.17. Soit P ∈ A[X] et α ∈ A. On a
P (α) = 0A ⇐⇒ ∃ Q ∈ A[X] et P = (X − α).Q
Autrement dit P (α) = 0A ⇐⇒ (X − α) divise P.
Preuve. =⇒) Supposons P (α) = 0A . En général; si b ∈ A alors (X − b) ∈ A[X],
et est unitaire, d’après la D.E de P sur X − b il existe un couple (Q, R) tel
que P = (X − b).Q + R avec d◦ R < d◦ (X − b) = 1. Ceci implique R est une
constante, et on a P (b) = (b − b).Q(b) + R(b) =⇒ R = P (b). En particulier pour
| {z }
=0A
b = α qu’est une racine de P, d’après la D.E il existe un couple (Q, R) tel que
P = (X − α).Q + R avec R = P (α) = 0A . Donc P = (X − α).Q.
⇐=) Si P = (X − α).Q, alors P (α) = (α − α)Q(α) = 0A .Q(α) = 0A .
Proposition 3.10.18. Soit P ∈ A[X] et α un zéro de P. Alors il existe m ∈
N et Q ∈ A[X] unique tel que P = (X − α)m Q avec Q(α) 6= 0A , et 1 ≤ m ≤ d◦ P.
L’entier m s’appelle la multiplicité de α dans P. Si m = 1 on dit que α est une
racine simple de P, et si m > 1 il est dit une racine multiple.
Preuve. Posons E = {k | P = (X − α)k .Q, k ∈ N}. On a E 6= ∅, car 1 ∈ E; ( α
est zéro de P). k ∈ E =⇒ d◦ P = k+d◦ Q =⇒ k ≤ d◦ P, donc E est majoré par d◦ P.
Alors E admet un plus grand élément noté m et donc P = (X −α)m .Q, Q ∈ A[X].
Si Q(α) = 0A =⇒ ∃ Q0 ∈ A[X] tq Q = (X − α).Q0 =⇒ P = (x − α)m+1 .Q0 =⇒
m + 1 ∈ E, contradiction avec le fait que m est le plus grand élément de E. Donc
nécessairement Q(α) 6= 0A et P = (X − α)m .Q
0
Unicité: On suppose que P = (X − α)m .Q, et P = (X − α)m .Q0 tq Q(α) 6=
0A , Q0 (α) 6= 0A . Si m 6= m0 ; (par exemple m > m0 ) alors on obtient (X −
0 0
α)m−m .Q = Q0 ; car (X − α)m est unitaire donc est simplifiable, ce qui donne
0
Q0 (α) = (α − α)m−m .Q(α) = 0A ; contradiction, d’où m = m0 et Q = Q0 .

68
Chapitre 3. Anneaux et corps

Théorème 3.10.19. Soient (A, +, .) un anneau commutatif intègre et P ∈


A[X], tq P 6= 0A , d◦ P = n, alors P admet au plus n racines. De plus si α1 , α2 , . . . , αk
ces racines et mi la multiplicité de αi , alors
P = (X − α1 )m1 (X − α2 )m2 . . . (X − αk )mk Q,
avec Q n’a pas de racines dans A, et m1 + m2 + · · · + mk ≤ n.
Preuve. Par récurrence sur d◦ P = n. Si P n’a pas de racines dans A on pose
P = Q, et donc Q est sans zéro dans A. Supposons que P admet une racine α1 ,
donc d’après la proposition précédente P = (X − α1 )m1 Q1 avec Q1 (α1 ) 6= 0A , 1 ≤
m1 ≤ n, alors d◦ Q1 < d◦ P. Si Q1 est sans zéro dans A on s’arrête, si non; soient
α2 , α3 , . . . , αk ses racines dans A, alors d’après l’hypothèse de récurrence, Q1 =
(X−α2 )m2 (X−α3 )m2 . . . (X−αk )mk Q; (Q est sans zéro dans A), on remplace dans
P et on obtient P = (X −α1 )m1 (X −α2 )m2 (X −α3 )m2 . . . (X −αk )mk Q. Soit b une
racine de P dans A, alors P (b) = (b−α1 )m1 (b−α2 )m2 (b−α3 )m2 . . . (b−αk )mk Q(b) =
0A , or Q(b) 6= 0A ( car Q est sans zéro dans A), alors ∃ j tq (b − αj )mj = 0A =⇒
b − αj = 0A (car A est intègre), d’où b = αj . Puisque aussi A est intègre on a
d◦ P = m1 + m2 + · · · + mk + d◦ Q =⇒ m1 + m2 + · · · + mk ≤ d◦ P.
X
Définition 3.10.20. Soit P ∈ A[X], P = ai X i , on appelle la dérivée ( for-
i=0 X
0
mel) de P noté P , le polynôme suivant: P = 0
i ai X i−1 . De même on définit
i=1
0
la dérivée k-iémes de P par P (k) = P (k−1) .
Propriétés 3.10.21. 1. (P.Q)0 = P 0 .Q + P.Q0 .
X
2. (P.Q)(k) = Cki P (i) Q(k−1) . (Formule de Leibniz)
0≤i≤k
3. (P (Q)) = P (Q).Q0 . ( Dérivation composée)
0 0

Théorème 3.10.22. Formule de Taylor. Soit P ∈ A[x] et a ∈ A, il existe une


X (αi )i , (i ∈ N) d’élément de A, les αi étant presque tous nuls, tels
famille unique
que: P = αi (X − a)i , avec k!αk = P (k) (a) et αi = 0A pour i > d◦ P.
i=0

Preuve. Posons Q = X + a, on a PX (Q) est un polynôme de A[X] que l’on peut


écrire comme suivant: P (X + a) = αi X i . Notons aussi B = X − a ∈ A[X],
i=0
on a
X
(P (Q))(B) = αi (X − a)i
i=0
(P (Q))(B) = P (Q(B)) = P (X) = P, (car Q(B) = (X − a) + a = X).
n
X
Donc P = αi (X − a)i , avec d◦ P = n. Or P (Q) est un polynôme, alors les αi
i=0
sont uniques. On vérifie facilement que k!αk = P (k) (a).

69
Chapitre 3. Anneaux et corps

Théorème 3.10.23. Soit (A, +, .) un anneau commutatif, intègre et car(A)=0.


Soit P ∈ A[X], a ∈ A. Alors a est une racine de P de multiplicité m ssi;
P (a) = P 0 (a) = · · · = P m−1 (a) = 0A


P (m) (a) 6= 0A

Preuve. ⇐=) Supposons; P (a) = P 0 (a) = · · · = P m−1 (a) = 0A et P (m) (a) 6= 0A .


X n
Écrivons la formule de Taylor de P en a, on a: P = αi (X − a)i avec k!αk =
i=0
P (k) (a). On a k!αk = P (k) (a) = 0A pour k = 0, 1, 2, . . . , m − 1, donc (k!)1A .αk =
0A . Comme A est de caractéristique 0, on a (k!)1A 6= 0A d’où αk = 0A , et ceci
∀ k ∈ {0, 1, . . . , m − 1}. Alors

P = αm (X − a)m + · · · + αn (X − a)n
= (X − a)m (αm + αm+1 (X − a) + · · · + αn (X − a)n−m )
= (X − a)m .Q(X).

avec Q(a) = αm 6= 0A car m!αm P (m) (a) 6= 0A , donc a est la racine de P de mul-
tiplicité m.
=⇒) Supposons que a est une racine de multiplicité m, ie : P = (X−a)m Q avec Q(a) 6=
0A . Écrivons la formule de Taylor de Q en a;

Q = αm + αm+1 (X − a) + αm+2 (X − a)2 · · · + αn (X − a)n−m ,

on a alors: P = αm (X − a)m + αm+1 (X − a)m+1 + · · · + αn (X − a)n . L’unicité


des αi dans la formule de Taylor de P en a, entraine α0 = α1 = · · · = αm−1 =
0A d’où k!αk = P (k) (a) = 0A ; ∀ k ∈ {0, 1 . . . , m − 1} et on a Q(a) = αm 6=
0A donc m!αm = P (m) (a) 6= 0A , (car A est intègre de caractéristique 0).
Définition 3.10.24. Soit K un corps commutatif. On dit qu’un polynôme non
nul P ∈ K[X] est irréductible s’il est non- constant, et si ses seuls diviseurs sont
les polynômes constants et les polynômes qui lui sont associés, c’est-à-dire les
polynômes de la forme λP , avec λ ∈ A∗ . Autrement dit P est irréductible si il est
non inversible et ne s’écrit pas sous forme produit de deux polynômes de degré
≥ 1.
Exemple 3.10.25. Dans Q[X]
√ le polynôme
√ X 2 − 2 est irréductible. Mais dans
R[X], on a X 2 − 2 = (X + 2)(X − 2), n’est pas irréductible.
Définition 3.10.26. Soit K un corps commutatif, on dit que P ∈ K[X] est
scindé sur K si P s’écrit comme suivant:

P = u(X − a1 )m1 (X − a2 )m2 . . . (X − ak )mk où ai ∈ K, u ∈ K.

C’est à dire P (X) se factorise en polynômes de 1er degré.


Le corps K est dit algébriquement clos si tout polynôme non constant dans K[X]
admet (au moins) une racine dans K.

70
Chapitre 3. Anneaux et corps

Théorème 3.10.27. Théorème fondamental de l’algèbre. Tout polynôme


dans C[X] est scindé. On dit dans ce cas que C est algébriquement clos.

Preuve. On peut appliquer le théorème de Liouville d’analyse (Toute fonction


entière bornée est constante). Soit P ∈ C[X] un polynôme tel que d◦ P ≥ 1.
1
Supposons que P n’a pas de racines dans C. Alors la fonction z −→ P (z) est
entière. Comme elle tend vers 0 quand |z| tend vers +∞, elle est bornée. Alors
1
d’après le théorème de Liouville, la fonction z −→ P (z) est constante, et donc la

fonction z −→ P (z) est constante. Absurde puisque d P ≥ 1.

Corollaire 3.10.28. Les polynômes irréductibles de R[X] sont les polynômes de


degré 1 et les polynômes du second degré dont le discriminant est strictement
négatif.

Preuve. Appliquons le théorème fondamental de l’algèbre et le fait que si z ∈ C


est une racine de P ∈ R[X], alors z̄ est aussi une racine de P.

Exemple 3.10.29. 1. Le polynôme P = X 2 + 1 = (X − i)(X + i) n’est pas


irréductible dans C[X], mais il est irréductible dans R[X].
2. Le polynôme X 4 + 1 est de degré
√ 4, alors il n’est √
pas irréductible dans
R[X]. Voir que X 4 + 1 = (X 2 + 2X + 1) × (X 2 − 2X + 1).

3.11 Anneaux principaux- Anneaux euclidiens-


Anneaux factoriels
Il existe beaucoup de ressemblance entre les propriétés arithmétiques des an-
neaux (Z, +, ×) et (K[X], +, .) où K est un corps . La raison en est que ces deux
anneaux rentrent dans le cadre d’une importante classe d’anneaux appelés an-
neaux principaux et que l’on se propose d’étudier dans ce qui suit. Dans toute la
suite l’anneau (A, +, .) est considéré unitaire.

Définition 3.11.1. Soit (A, +, .) un anneau commutatif et intègre et a, b ∈ A,


on dit que a et b sont associés s’il existe u ∈ A∗ ( ie; u est inversible) tel que
a = u.b, on note a ∼ b et on lit ”a associé à b”.

Exercice. Vérifier que la relation ” être associé ∼”est une relation d’équivalence
sur A, et de plus elle est compatible avec la loi multiplicative ”.”; c.a.d si a ∼
b et a0 ∼ b0 , alors a.a0 ∼ b.b0 . Peut on dire que ∼
A
est un anneau? . Justifier votre
réponse.

Définition 3.11.2. Soit(A, +, .) un anneau commutatif et intègre et a, b ∈ A, on


dit que b divise a s’il existe q ∈ A tq a = b.q, et on note b | a.

Propriétés 3.11.3. i) a | a
ii) Si b | a et c | b, alors c | a.

71
Chapitre 3. Anneaux et corps

iii) Si a | b et b | a, avec a 6= 0A , et b 6= 0A , alors a ∼ b.


Exercice. Montrer que si a | b et a | c, alors ∀ α, β ∈ A : a | (α.b + β.c).
Remarque 3.11.4. 1. Si u ∈ A∗ , alors ∀ a ∈ A : u | a.
2. Si a ∼ b, alors a | b et b | a.
3. ∀ a ∈ A; a | 0A .

a | b ⇐⇒ (b) ⊂ (a)
4. En terme d’idéaux; ∀ a, b ∈ A
a ∼ b ⇐⇒ (a) = (b)
Définition 3.11.5. Soit (A, +, .) un anneau commutatif et intègre. On dit que
P ∈ A − {0A } est irréductible si il est non inversible et si les seules diviseurs de P
sont les éléments inversibles et les éléments associés à P. Autrement dit; P ∈ A
est irréductible si il est non inversible et il n’est pas produit de deux éléments
non inversibles. En terme logique;
P ∈ (A − A∗ ∪ {0A }) et ∀ (b, c) ∈ A2 : (P = b.c =⇒ b ∈ A∗ ou c ∈ A∗ ).
A
C’est à dire aussi dans ∼
, P̄ a exactement deux diviseurs; à savoir 1̄, et P̄ .
Remarque 3.11.6. 1. Dans l’anneau des polynômes Z[X], le polynôme non
nul P est irréductible ssi P 6= ±1 et n’est pas produit de deux éléments non
inversibles. (Voir que les nombres premiers de Z sont irréductibles dans Z
et aussi dans Z[X]).
2. Si K est un corps commutatif, alors dans l’anneau des polynômes K[X],
comme on avait vu; le polynôme non nul P est irréductible ssi P non
constant et n’est pas produit de deux polynômes de degré ≥ 1.
Définition 3.11.7. Soit A un anneau commutatif et intègre on dit que a ∈
A − {0A } est premier si a n’est pas inversible et
∀ (b, c) ∈ A2 : (a | b.c =⇒ a | b ou a | c).
Proposition 3.11.8. Soit A un anneau commutatif unitaire et intègre on a;
1. a ∈ A − {0A } est irréductible si et seulement si a est non inversible et (a)
est un idéal maximal dans l’ensemble des idéaux principaux différents de
A.
2. a ∈ A − {0A } est premier ssi a n’est pas inversible et
 
2
∀ (b, c) ∈ A : b.c ∈ (a) =⇒ b ∈ (a) ou c ∈ (a) .

Preuve. 1. =⇒) Soit (b) un idéal tel que (a) ⊂ (b). Alors b | a comme a est
irréductible, soit b est une unité soit b est associé à a. Dans le premier cas
(b) = A, dans le second cas (b) = (a).
⇐=) Notons b un diviseur de a non inversible et non associé à a. Alors
b | a =⇒ a = b.c =⇒ (a) ⊂ (b), et or (a) est maximal, alors (b)=(a)
ou (b)=A, dans le premier cas b ∼ a, et dans le second cas (b) = A =⇒
∃ k ∈ A tq b.k = 1A ; c’est à dire b est inversible dans A ce qui absurde à
la supposition.

72
Chapitre 3. Anneaux et corps

2. =⇒) supposons donc a premier. Alors; b.c ∈ (a) =⇒ ∃ x ∈ A : b.c =


a.x et a | b.c. Comme a est premier, alors a | b ou a | c et

a | b ou a | c =⇒ b ∈ (a) ou c ∈ (a).

⇐=) La réciproque se fait de la même manière; en effet:

∀ (b, c) ∈ A2 : a | b.c =⇒ b.c ∈ (a)


=⇒ b ∈ (a) ou c ∈ (a)
=⇒ a | b ou a | c
=⇒ a est premier.

Corollaire 3.11.9. Si un élément a de A est premier, alors il est irréductible


dans A.
Preuve. Il suffit de montrer que si a est premier, alors l’idéal (a) est maximal
dans l’ensemble des idéaux principaux différents de A;
en effet: supposons que (a) ⊂ (p), tq p ∈ A, donc a ∈ (p), alors il existe c ∈ A
tel que a = p.c et ceci implique a | p.c. Or a est premier, alors a | p ou a | c,
autrement dit p ∈ (a) ou c ∈ (a). Dans le premier cas p ∈ (a), on aura (p) ⊂ (a),
ce qui nous donne l’égalité (a) = (p), et dans le deuxième cas c ∈ (a), implique
∃ q ∈ A tq c = a.q, et puisque a = p.c, alors a = p.a.q, et ceci implique 1A = p.q;
car A est commutatif intègre, donc 1A ∈ (p), d’où (p) = A. Alors (a) est maximal.
Définition 3.11.10. Soient (A, +, .) un anneau commutatif, intègre et (ai )1≤i≤n
une famille d’éléments de A. On dit que d (resp m) est un pgcd (resp ppcm ) de
la famille (ai )1≤i≤n , si:

∀ d0 ∈ A : (d0 | ai , ∀ i ∈ I ⇐⇒ d0 | d); avec I = {1, 2, . . . , n},


(resp : ∀ m0 ∈ A : (ai | m0 , ∀ i ∈ I ⇐⇒ m | m0 )).
 
On note d ∼ pgcd(a1 , a2 , . . . , an ), resp, m ∼ ppcm(a1 , a2 , . . . , an ) .

Ainsi;

 1) d | ai , ∀ i ∈ I,
d ∼ pgcd(a1 , a2 , . . . , an ) ⇐⇒ 2) Si d0 ∈ A, tq d0 | ai , ∀ i ∈ I,
alors d0 | d.

De même

 1) m est un multiple commun aux ai ,
m ∼ ppcm(a1 , a2 , . . . , an ) ⇐⇒ 2) Si m0 ∈ A, un autre multiple commun aux
 a , alors m | m0 .
i

Remarque 3.11.11. Le pgcd (resp, ppcm) si il existe, il est unique à un facteur


inversible prés. En effet, si d1 et d2 sont des pgcd de la famille (ai )i∈I , on doit
avoir d1 | d2 et d2 | d1 , ce qui implique d1 ∼ d2 .

73
Chapitre 3. Anneaux et corps

Définition 3.11.12. Soient (A, +, .) un anneau commutatif et intègre et (ai )1≤i≤n


une famille d’éléments de A. On dit que a1 , a2 , . . . , an sont premiers entre eux
si les seules diviseurs communs aux a1 , a2 , . . . , an sont les éléments inversibles.
Autrement dit; si pgcd(a1 , a2 , . . . , an ) ∼ 1A .

3.11.1 Anneaux Principaux


Définition 3.11.13. On dit qu’un anneau (A, +, .) est principal si il est commu-
tatif, intègre, et si tout idéal de A est principal.

Exemple 3.11.14. 1. L’anneau (Z, +, .) est principal.


2. Si K est un corps commutatif, l’anneau des polynômes K[X] est principal.

Théorème 3.11.15. Soient (A, +, .) un anneau principal, (ai )1≤i≤n une famille
d’éléments de A, et soient les idéaux D = (a1 , a2 , . . . , an ) et M = (a1 ) ∩ (a2 ) ∩
· · · ∩ (an ). Posons (d) = D et (m) = M, alors d et m sont respectivement des pgcd
et ppcm de la famille (ai )1≤i≤n .

Preuve. Rappelons que la notation, D = (a1 , a2 , . . . , an ) désigne l’idéal engendré


par l’ensemble {a1 , a2 , . . . , an }, on vérifie facilement que;

D = (a1 ) + (a2 ) + · · · + (an ) = {a1 .u1 + a2 .u2 + · · · + an .un | ui ∈ A}.

La dernière relation ayons lieu sous l’hypothèse A est commutatif. Comme (d)=
D, donc chaque ai ∈ (d), alors d | ai , ∀ i. Si d1 est un autre diviseur commun aux
éléments ai , alors ai ∈ (d1 ), ∀ i ∈ I. Donc D ⊂ (d1 ) d’où (d) ⊂ (d1 ) ce qui donne
d1 | d.

Remarque 3.11.16. Si d ∼ pgcd(a1 , a2 , . . . , an ), on a (d) = (a1 , a2 , . . . , an ) =


(a1 ) + (a2 ) + · · · + (an ) d’où il existe u1 , u2 , . . . , un tels que;

d = a1 .u1 + a2 .u2 + · · · + an .un .

Cette relation est appelée identité de Bezout.

Voici une importante caractéristique du pgcd dans un anneau principal.

Proposition 3.11.17. Soient (A, +, .) un anneau principal, a1 , a2 , . . . , et an ∈


A. Pour que d ∈ A soit un pgcd(a1 , a2 , . . . , an ) il faut et il suffit que:

1) d | ai , ∀ i ∈ {1, 2, . . . , n}
2) ∃ u1 , u2 . . . , un ∈ A tq d = u1 .a1 + u2 .a2 + · · · + un .an .

En particulier pour que a1 , a2 , . . . , et an soient premiers entre eux, il faut et il


suffit que: ∃ u1 , u2 . . . , un ∈ A tq 1A = u1 .a1 + u2 .a2 + · · · + un .an .

74
Chapitre 3. Anneaux et corps

Preuve. On a d divise a1 , a2 , . . . , et an et tout diviseur commun aux a1 , a2 , . . . , an


divise d = u1 .a1 + u2 .a2 + · · · + un .an , il en résulte par le théorème précédent que
d ∼ pgcd(a1 , a2 , . . . , an ).
La caractéristique du pgcd donné par la proposition précédente est très pra-
tique pour établir des propriétés du pgcd.
Proposition 3.11.18. Lemme de Gauss: Soient (A, +, .) un anneau principal,
a, b et c ∈ A. Si a | b.c et a premier à b, alors a | c.
Preuve. a, b premier entre eux =⇒ ∃ u, v ∈ A tq u.a + v.b = 1A , d’où u.(a.c) +
v.(b.c) = c. On a a | b.c et a | a.c, donc a | (u.a.c + v.b.c) = c.
Proposition 3.11.19. Soient (A, +, .) un anneau principal, a, a1 , a2 , . . . , et an ∈
A. Si a est premier avec a1 , a2 , . . . , et an , alors il est premier avec leur produit
a1 .a2 . . . . .an .
Preuve. On montre d’abord que si a est premier avec a1 , et a2 , alors a est
premier avec le produit a1 .a2 . Posons d = pgcd(a, a1 .a2 ), on a donc d | a1 .a2 . Or d
est premier avec a1 ( car tout diviseur commun à d et a1 divise a et a1 donc divise
pgcd(a, a1 ) ∼ 1A ), alors d’après Gauss d | a2 , par conséquent d | pgcd(a, a2 ).
Or pgcd(a, a2 ) ∼ 1A , donc d ∼ 1A , d’où le résultat. Ainsi de suite, le passage de
a2 à an s’obtient immédiatement par récurrence.
Proposition 3.11.20. Dans un anneau principal A, un élément est irréductible
si et seulement si il est premier.
Preuve. On sait déjà qu’un élément premier est toujours irréductible. Soit p ∈ A,
et p irréductible. Supposons que p | a.b et soit I l’idéal engendré par p et a. On
peut écrire:
I = {z ∈ A | ∃ x, y ∈ A; z = x.p + y.a}
Comme l’anneau A est principal, I est principal, donc il existe d tel que I = (d).
Donc p et a qui sont dans I sont des multiples de d. Comme p est irréductible,
alors d est soit une unité, soit il associé à p. Si d associé à p, on a p divise a,
donc c’est terminé; si d est une unité, alors I = A et 1A = x.p + y.a pour un x et
un y dans A. En multipliant par b on obtient que p divise b. Donc p est premier;
car on sait que,

p ∈ A − (A∗ − {0A }) est premier ⇐⇒ ∀ a, b ∈ A : p | a.b =⇒ p | a ou p | b.

Dans les anneaux principaux, les notions de primalité et d’irréductibilité


coı̈ncident. Nous somme maintenant prêt à énoncer le résultat central de ce sous
chapitre concernant la factorisation en éléments irréductibles de tout élément
a ∈ A pour A principal.
• Notation: Notons P l’ensemble des éléments irréductibles de A. Sur P la
relation ” être associé, ∼ ” est toujours une relation d’équivalence. Soit E ⊂ P
un ensemble de représentant des classes de P, c’est à dire

75
Chapitre 3. Anneaux et corps

1. E est un ensemble d’éléments irréductibles deux à deux non associé dans


A.
2. Tout élément p ∈ A irréductible est associé à un élément de E.
Soit maintenant (np )p∈E une famille d’entiers ≥ 0 indexéY
par E, tousY
nuls sauf
np
pour un nombre fini de p ∈ E (ie, presque tous nul). On a p = pnp .
p∈E p∈E, np 6=0A
L’ensemble {p ∈ E | np 6= 0} étant par hypothèse fini.

Théorème 3.11.21. Soient (A, +, .) un anneau principal et E ⊂ A comme ci-



dessus. Pour tout élément a ∈ A non nul, ils existe u ∈ AY et (np )p∈E une famille
d’entiers ≥ 0 et presque tous nuls, unique tel que: a = u pnp . Noter que dans
p∈E
ce théorème l’unicité se réfère au couple (u, (np )p∈E ).

Preuve. Très long ( admis).

Définition
Y 3.11.22. Soient (A, +, .) un anneau principal et a ∈ A − {0A }, a =
np
u. p . Par définition np s’appelle la valuation de a en p et se note par
p∈E
vp (a) = np .
• Par convention: ∀ p; vp (0A ) = +∞.

Exercice. Montrer que


1. ∀ a, b ∈ A : a | b ⇐⇒ ∀ p ∈ E; vp (a) ≤ vp (b).
2. vp (a + b) ≥ inf (vp (a), vp (b)).
3. vp (a.b) = vp (a) + vp (b).
Le problème qu’on rencontre c’est comment factoriser a ∈ A en facteur d’élé-
ments irréductibles de A lorsque (A, +, .) est un anneau principal quelconque.
Quand on connait la décomposition en élément irréductibles, le pgcd et le ppcm
se calculent aisément en appliquant le théorème suivant:

Théorème 3.11.23.
Y Soient (A, +, .) un anneau principal et a, b ∈ A tq a =
n0p
Y
np
u. p , et b = v. p , alors;
p∈E p∈E

0
Y
pgcd(a, b) ∼ pmin(np , np ) .
p∈E

0
Y
ppcm(a, b) ∼ pmax(np , np ) .
p∈E

Preuve. Utilisez les définitions du pgcd et ppcm.

76
Chapitre 3. Anneaux et corps

Exemple 3.11.24. Dans Z on a; 8 = 23 , 12 = 22 × 3, 20 = 22 × 5, alors


pgcd(8, 12, 20) = 22 × 30 × 50 = 4, et ppcm(8, 12, 20) = 23 × 3 × 5 = 120.
Dans Z pour obtenir le pgcd de deux éléments, Euclide avait proposé un
algorithme nommé par l’algorithme d’Euclide, et dans l’anneau des polynômes
K[X], on étend l’algorithme d’Euclide comme suivant:
Théorème 3.11.25. Soit K un corps commutatif A, B ∈ K[X], B 6= 0K . Consi-
dérons la suite de division euclidienne (D.E).
A = B.Q1 + R1 ; d◦ R1 < d◦ B
si R1 6= 0K ; B = R1 .Q2 + R2 ; d◦ R2 < d◦ R1
si R2 6= 0K ; R1 = R2 .Q3 + R3 ; d◦ R3 < d◦ R2
Alors la suite s’arrête sur un reste nul Rk = 0K et Rk−1 6= 0K de plus pgcd(A, B) =
Rk−1 , ( le dernier reste non nul).
Preuve. d◦ B > d◦ R1 > d◦ R2 > . . . et puisque d◦ B est fini, donc ∃ k tq Rk = 0K .
A = B.Q1 + R1 ; d◦ R1 < d◦ B
B = R1 .Q2 + R2 ; d◦ R2 < d◦ R1
R1 = R2 .Q3 + R3 ; d◦ R3 < d◦ R2
..
.
Rk−2 = Rk−1 .Qk + Rk
|{z}
0K

pgcd(A, B) = Rk−1 , en effet:


d | A et d | B ⇐⇒ d | B et d | (A − B.Q1 )
⇐⇒ d | B et d | R1
⇐⇒ d | R1 et d | R2
..
.
⇐⇒ d | Rk−2 et d | Rk−1
pgcd(A, B) = pgcd(B, R1 ) = pgcd(R1 , R2 ) = · · · = pgcd(Rk−2 , Rk−1 ) = Rk−1 , car Rk =
0K ; ie : Rk−1 | Rk−2 .
• Calcul de u et v de l’identité de Bézout. On a;
A = B.Q1 + R1 ; d◦ R1 < d◦ B
B = R1 .Q2 + R2 ; d◦ R2 < d◦ R1
R1 = R2 .Q3 + R3 ; d◦ R3 < d◦ R2
R2 = R3 .Q4 + R4
et supposons que R4 = 0K , alors pgcd(A, B) = R3 . Donc ∃ u et v tq u.A + v.B =
R3 . On a R3 = R1 − R2 .Q3 = R1 − Q3 .(B − R1 .Q2 ) = R1 .(1K + Q2 .Q3 ) − Q3 .B =
(A − B.Q1 ).(1K + Q2 .Q3 ) − Q3 .B = A.(1K + Q2 .Q3 ) + B.(−Q1 − Q1 .Q2 .Q3 − Q3 ),
d’où u = 1K + Q2 .Q3 , v = −Q1 − Q1 .Q2 .Q3 − Q3 .

77
Chapitre 3. Anneaux et corps

Définition 3.11.26. Un polynôme primitif dans le contexte d’un anneau princi-


pal A, est un polynôme de A[X] dont les coefficients sont premiers entre eux. Au-
trement dit leur pgcd ∼ 1A . Le pgcd des coefficients s’appelle souvent le contenu
de ce polynôme qui se note par c(P ) pour un tel polynôme P ∈ A[X]. Donc Le
polynôme P est dit primitif si c(P ) ∼ 1.

Exemple 3.11.27. P = 2X 2 + 5X + 3 ∈ Z[X] est un polynôme primitif.

Remarque 3.11.28. 1. Cette définition peut être prise même pour un an-
neau commutatif unitaire et qui n’est pas principal.
2. Attention: Dans d’autres contexte on aura d’autres définitions de ce
concept.

3.11.2 Anneaux euclidiens - Anneaux Factoriels


a) Anneaux euclidiens.
Les anneaux euclidiens sont ceux pour lesquels il existe une division semblable
à la division euclidienne des entiers.

Définition 3.11.29. Un anneau A est euclidien s’il est commutatif, intègre et s’il
existe une application Φ : A − {0A } −→ N satisfaisant les conditions suivantes:
1. ∀ a, b ∈ A : b | a =⇒ Φ(b) ≤ Φ(a).
2. ∀ a, b ∈ A, tq b 6= 0A ; ∃ q, r ∈ A tels que

a = b.q + r
r = 0A ou Φ(r) < Φ(b).

Remarque 3.11.30. L’application Φ porte le nom de stathme (du mot grec si-
gnifiant: mesure); on prend la valeur absolue pour Z, et le degré pour l’anneau
K[X]. Notons que la définition de la division euclidienne ne demande pas forcé-
ment l’unicité du couple (q, r). Avec notre définition, il n’y a pas unicité. Voir par
exemple le cas de Z : 17 = 3 × 5 + 2 = 3 × 6 − 1, sont deux divisions euclidiennes
de 17 par 3. Il y aura unicité si on impose au reste d’être positif.

Exemple 3.11.31. L’anneau (Z, +, ×) est un anneau euclidien, et l’anneau


(K[X], +, .) où K est un corps commutatif est aussi un anneau euclidien.

Proposition 3.11.32. Dans un anneau euclidien, tous les idéaux sont princi-
paux. Autrement dit tout anneau euclidien est principal.

Preuve. Soit I un idéal, I 6= {0A } et soit x0 ∈ I tel que x0 6= 0A et Φ(x0 )


est minimal. Si maintenant x est un élément quelconque de I, on peut écrire
x = x0 .q + r avec r = 0A ou Φ(r) < Φ(x0 ); comme r = x − x0 .q ∈ I, donc
Φ(x0 ) n’est pas minimal. Alors le choix de x0 impose que r = 0A , ce qui donne
x = x0 .q et I = (x0 ), d’où I est principal.

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Chapitre 3. Anneaux et corps

b) Anneaux factoriels
Rappelons que dans l’ensemble des entiers, tout nombre se décompose de
façon unique en produit de nombres premiers. C’est ce qu’on appelle parfois
le ”théorème fondamental de l’arithmétique”. Les anneaux qui ont cette
propriété s’appellent anneaux factoriels. Plus précisément :

Définition 3.11.33. Un anneau commutatif intègre est factoriel si tout élément


non nul et non inversible se décompose de façon unique en produit d’irréductibles.

Proposition 3.11.34. Dans un anneau factoriel, un élément est irréductible si


et seulement si il est premier.

Preuve. On sait déjà que tout premier est un irréductible; soit A un anneau
factoriel et a ∈ A un élément irréductible. Supposons que a | b.c, cela signifie
que dans la décomposition en irréductibles de b.c, il y a l’irréductible a (à une
unité près) et donc que la décomposition en irréductibles de b ou de c contient
a, et donc a divise b ou c.
Nous terminons par le théorème principal de cette section: on sait déjà
que tout anneau euclidien est principal, nous allons démontrer que tout anneau
principal est factoriel, ce qui montre la hiérarchie entre les trois notions.

Théorème 3.11.35. Tout anneau principal est factoriel.

Preuve. La démonstration est un peu délicate (admis).

Remarque 3.11.36. Les anneaux pour lesquels le théorème fondamental de


l’arithmétique est vrai sont les anneaux factoriels. On rencontrera des anneaux
qui sont factoriels sans être principaux; ainsi les trois notions: anneaux euclidiens,
anneaux principaux, anneaux factoriels sont bien distinctes.

Théorème 3.11.37. Si A est un anneau factoriel, alors l’anneau des polynômes


A[X] est factoriel.

Preuve. La démonstration est un peu délicate (admis).

Remarque 3.11.38. Si A intègre, factoriel et n’est pas un corps, on sait que


A[X] n’est pas en général principal (voir TD). Voila; ceci donne un exemple d’un
anneau factoriel et qui n’est pas principal.

Théorème 3.11.39. Soit A un anneau factoriel de corps des fractions Q. Les


éléments irréductibles de A[X] sont:
a) Les polynômes constants P avec P irréductible dans A;
b) Les polynômes primitifs de degré > 1 qui sont irréductibles dans Q[X].
En particulier pour un polynôme primitif non constant P ∈ A[X], P est irréduc-
tible dans A[X] ssi il est irréductible dans Q[X].

Preuve. Laissé aux lecteurs.

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Chapitre 3. Anneaux et corps

Proposition 3.11.40. Soient A un anneau commutatif et P ∈ A[X] un polynôme


primitif non constant et I un idéal premier qui ne contient pas le coefficient
dominant de P. Considérons l’homomorphisme d’anneaux suivant:
A
π : A[X] −→ [X]
I
X X
Q= ai X i −
7 → Q̄ = āi X i
i=0 i=0

Cet homomorphisme induit un isomorphisme suivant: A[X] J


' AI [X] où J est l’idéal
engendré par I dans A[X] (ie: J est l’idéal des polynômes dont les coefficients sont
dans I). De plus si la réduction de P modulo I (c’est à dire P̄ ) est irréductible
dans AI [X], alors P est irréductible dans A[X].

Preuve. Comme exercice.

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