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2018-2019
Université de Bordeaux
Qing Liu
2
Table des matières
1 Algèbre commutative 5
1.1 Anneaux et modules noethériens . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Modules sur un anneau principal . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Rappel sur le lemme de Gauss dans les anneaux factoriels . . . . 10
2 Extensions entières 11
2.1 Éléments entiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Norme, trace, discriminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2.1 Interlude sur les polynômes symétriques . . . . . . . . . . 15
2.2.2 Le cas des extensions finies de corps . . . . . . . . . . . . 16
2.2.3 Le cas des extensions séparables . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.4 Discriminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.5 Plongements réels et imaginaires . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3 Applications aux extensions entières . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3.1 Généralités d’algèbre linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3.2 Finitude de la clôture intégrale . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3.3 Discriminant des extensions entières . . . . . . . . . . . . 27
3 Anneaux de Dedekind 31
3.1 Décomposition des idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1.1 Anneaux de Dedekind, définition et exemples . . . . . . . 31
3.1.2 Idéaux fractionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.1.3 Théorème de décomposition des idéaux . . . . . . . . . . 35
3.1.4 Génération des idéaux d’un anneau de Dedekind . . . . . 38
3.2 Étude locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2.1 Localisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2.2 Anneaux de valuation discrète . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.3 Ramification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.3.1 Ramification et décomposition . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.3.2 Ramification et discriminant . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3
4 TABLE DES MATIÈRES
Bibliographie 93
Index 94
Chapitre 1
Rappels et compléments
d’algèbre commutative.
Tous les anneaux considérés dans ce cours sont commutatifs unitaires. Les
homomorphismes d’anneaux A → B envoient 1A sur 1B par définition.
Définition 1.1.1 Un A-module M est de type fini s’il est engendré par une
famille finie. Il est noethérien si tous ses sous-modules sont de type fini. En
particulier M lui-même est de type fini. On dira que A est noethérien s’il est
noethérien en tant que A-module (équivalent : tout idéal est de type fini).
5
6 CHAPITRE 1. ALGÈBRE COMMUTATIVE
X
Q(X) := P (X) − cd,j Fd,j (X).
1≤j≤md
Définition 1.1.7 Soit A un anneau. Une A-algèbre est un anneau B muni d’un
homomorphisme d’anneaux φ : A → B.
Les exemples typiques sont les anneaux quotients de A, les anneaux de po-
lynômes à coefficients dans A (la structure d’algèbre est donnée par a 7→ a
polynôme constant), et les anneaux quotients de ces derniers. Tout anneau B
contenant A comme sous-anneau est naturelement une A-algèbre.
Une extension de corps L/K correspond à une K-algèbre L qui est un corps,
l’homomorphisme K → L qui définit la structure étant l’inclusion.
Soient φ : A → B et ψ : A → C des A-algèbres. Un homomorphisme de
A-algèbres f : B → C est un homomorphisme d’anneaux tel que f ◦ φ = ψ.
Lorsque φ, ψ sont des inclusions, cela veut dire que f |A est égal à l’identité.
Soit φ : A → B une A-algèbre. On a alors naturellement une structure de
A-module sur B en posant pour la multiplication externe a ? b = φ(a)b pour
tout a ∈ A et pour tout b ∈ B. Une A-algèbre finie est une A-algèbre qui est de
type fini en tant que A-module (avec la structure décrite ci-avant). On dit que
B est une A-algèbre de type fini si B est isomorphe, en tant que A-algèbre, à
un quotient d’un anneau de polynômes A[T1 , . . . , Tn ].
Soit X
F (T1 , . . . , Tn ) = av T1ν1 · · · Tnνn ∈ A[T1 , . . . , Tn ].
ν∈Nn
Soient b1 , . . . , bn ∈ B. On note
X
F (b1 , . . . , bn ) = φ(av )b1ν1 · · · bnνn ∈ B.
ν∈Nn
Mt = ∪a∈A,a6=0 {x ∈ M | ax = 0}
M ' (M/Mt ) ⊕ Mt .
Theorem 1.2.2. (Base adaptée) Soit M un module libre de rang fini m sur A.
Soit N un sous-module de M . Alors N est libre de rang n ≤ m. De plus il existe
une base {e1 , . . . , es , . . . em } de M et des éléments a1 , . . . , an ∈ A non nuls tels
que
N = ⊕1≤i≤n ai ei A, a1 | a2 | · · · | an .
(à association près).
(2) Soit f (X) ∈ K[X] non nul. Alors cont(f (X)) ∈ K ∗ est défini à multiplica-
tion par une unité de A près, et cont(f g) = cont(f )cont(g).
(3) Si f (X) ∈ K[X] est unitaire, alors
Extensions entières
Définition 2.1.1 On dit qu’un élément b ∈ B est entier sur A s’il existe un
polynôme unitaire P (X) ∈ A[X] tel que P (b) = 0. Autrement dit, s’il existe
a0 , ..., ad−1 ∈ A (d ≥ 1) tels que
bd + ad−1 bd−1 + · · · + a0 = 0.
X 2 − 2, X 2 + 1, X 4 − 2X 2 + 9, X 2 − X − 1 ∈ Z[X].
√ √
Par contre 2/2 = 1/ 2 n’est pas entier sur Z. Cela se montre directement en
considérant une relation entière sur Z. Voir aussi 2.1.4.
Lorsque A, B sont des corps, les éléments entiers sont les éléments algé-
briques. Mais lorsque A n’est pas un corps, il ne suffit pas que b soit zéro d’un
polynôme non nul, car on ne peut pas rendre unitaire un polynôme non nul en
divisant par le coefficient dominant.
11
12 CHAPITRE 2. EXTENSIONS ENTIÈRES
Remarque 2.1.7 L’équivalence entre (i) et (ii) ci-dessus est vraie pour toute
A-algèbre B, sans hypothèse d’intégrité. Mais on a alors besoin d’une version
de Cayley-Hamilton pour les modules sur un anneau quelconque. D’autre part,
cette équivalence peut se démontrer directement sans passer par (iii). En effet
si A[b] est de type fini comme A-module, engendré par P1 (b), . . . , Pr (b), alors
A[b] est engendré par 1, b, . . . , bδ comme A-module, où δ = maxi {deg Pi (X)}.
En écrivant bδ+1 comme une combinaison linéaire des puissances inférieures on
voit que b est entier sur A.
L’utilité de (iii) est essentiellement pour le corollaire suivant quand A n’est
pas noethérien.
Corollaire 2.1.8. Soit A ⊆ B comme avant. Si B est fini sur A, alors il est
entier sur A.
Démonstration. (1) On a A[b1 ] fini sur A. Comme bn est entier sur A donc
entier sur A[b1 , . . . , bn−1 ], on a A[b1 , . . . , bn ] fini sur A[b1 , . . . , bn−1 ]. On conclut
par récurrence sur n en utilisant le corollaire 1.1.14.
(2) Résulte de (1). En effet il est clair que A ⊆ B0 . Si b1 , b2 ∈ B, alors
b1 + b2 , b1 b2 ∈ A[b1 , b2 ] sont entiers sur A, donc appartiennent à B0 .
(3) Si c ∈ C est entier sur B, on a une relation entière
cn + bn−1 cn−1 + · · · + b0 = 0, bi ∈ B.
Alors c est entier sur A[b0 , . . . , bn−1 ], donc A[b0 , . . . , bn−1 , c] est fini sur A et c
est entier sur A.
√ √
√ 2.1.10 Les nombres 2, 3 sont évidemment entiers sur Z. Mais
Exemple
√
2 + 3 aussi, ce qui est moins évident a priori.
Exercice 2.1.11 Une preuve plus directe de 2.1.9. Soit b ∈ B (B intègre) entier
sur A. Soit P (X) ∈ A[X] un polynôme unitaire qui s’annule en b.
1. Soient β1 , . . . , βn ∈ Ω les racines de P (X) dans une clôture algébrique Ω
de K = Frac(A). Alors s1 (β1 , . . . , βn ), . . . , sn (β1 , . . . , βn ), où les s1 , . . . , sn
sont les polynômes symétriques élémentaires, appartiennent à A.
14 CHAPITRE 2. EXTENSIONS ENTIÈRES
Proposition 2.1.18. Tout anneau factoriel (en particulier tout anneau princi-
pal) est intégralement clos.
2.2. NORME, TRACE, DISCRIMINANT 15
Cela permet de conclure que TrK[x]/K (x) = Tr(M ) = −an−1 , NK[x]/K (x) =
det(M ) = (−1)n+1 (−a0 ) = (−1)n a0 .
(2) Soit e1 , . . . , em une base de L/K[x]. Comme {1, x, . . . , xn−1 } est une base
de K[x]/K, on obtient une base
TrL/K (x) = TrF/K (TrL/F (x)), NL/K (x) = NF/K (NL/F (x)).
L’égalité sur les traces se démontre relativement aisément. Pour la norme, c’est
une autre paire de manches. Voir Bourbaki : Algèbre 1, III, §9, n°4, Prop 6.
Cela résulte de la proposition 2.2.4 et des relations entre les racines et les
coefficients de mx (X).
(X + 1)p−1 + · · · + (X + 1) + 1 = X p−1 + · · · + p.
Donc NL/Q (ζp − 1) = p. On peut calculer similairement NL/Q (aζp + b) pour tous
nombres rationnels a, b ∈ Q.
est une application surjective. Autrement dit, tout τ ∈ IsomK (L, K̄) s’étend
(ou se relève) en un σ ∈ IsomK (F, K̄).
(2) Supposons de plus que L/K est séparable de degré n.
(a) (Théorème de l’élément primitif ) Il existe θ ∈ L tel que L = K[θ].
(b) Il existe exactement n plongements de L dans K̄, et on a une bijection
Alors pour tout τ ∈ IsomK (L, K̄), r−1 (τ ) est de cardinal [F : L].
Démonstration. On sait que r est surjective par 2.2.9(3). Si σ1 , σ2 ∈ Gal(F/K),
on a r(σ1 ) = r(σ2 ) si et seulement si (σ1−1 σ2 )|L = IdL , ou de façon équivalente,
σ1−1 σ2 ∈ Gal(F/L). Il suit que r−1 (τ ) est en bijection avec Gal(F/L) qui a
[F : L] éléments.
2.2. NORME, TRACE, DISCRIMINANT 19
Theorem 2.2.11. Soit L/K une extension séparable de degré n. Alors pour
tout x ∈ L, on a
X Y
TrL/K (x) = τ (x), NL/K (x) = τ (x).
τ ∈IsomK (L,K̄) τ ∈IsomK (L,K̄)
2.2.4 Discriminant
On fixe un corps K. Soit
ϕ:V ×V →K
Par conséquent,
disc(ϕ, ε0 ) = det(U )2 disc(ϕ, ε). (2.1)
Supposons que ϕ soit non-dégénérée, donc disc(ϕ, ε) ∈ K . De l’égalité ci-
∗
dessus on déduit alors deux informations. D’abord, la famille ε0 est une base si
et seulement si det(ϕ(e0i , e0j )) ∈ K ∗ , et que si c’est le cas, alors disc(ϕ, ε0 ) diffère
de disc(ϕ, ) par un facteur multiplicatif qui est un carré de K ∗ . En particulier,
si K ⊆ R, alors le signe de disc(ϕ, ε) est indépendant du choix de la base.
Nous allons maintenant considérer une forme bilinéaire très concrète. Soit
L/K une extension finie. On a une forme bilinéaire symétrique canonique
Alors λi = 0 pour tout i ≤ n. Autrement dit, la famille des σi est libre dans
App(L, K̄).
Démonstration. Raisonnons par l’absurde. On P peut supposer qu’il existe des
λ1 , . . . , λm dans K̄, non tous nuls, tels que 1≤i≤m λi σi = 0 et que m soit
minimal pour cette propriété. Cela entraine que λi 6= 0 pour tout i ≤ m. Fixons
y ∈ L. Pour tout x ∈ L, on a
X X
λi σ1 (y)σi (x) = 0, λi σi (y)σi (x) = 0
1≤i≤m 1≤i≤m
2.2. NORME, TRACE, DISCRIMINANT 21
Si M = (σk (εi ))k,i ∈ Mn×n (K̄), alors (Tr(εi εj ))i,j = M t .M . Ce qui implique
(1).
(2) Si DL/K = 0, alors les vecteurs ligne de la matrice M ci-dessus sont liées.
Comme ε est une base de L/K, il existe λ1 , . . . , λn ∈ K̄, non tous nuls, tels que
i = 0. Ce qui contredit le lemme de Dedekind ci-dessus.
P
i≤n λ i σ
C’est une fonction symétrique des racines de P (X), donc disc(P ) ∈ K par le
théorème fondamental des polynômes symétriques (théorème 2.2.1). De plus,
disc(P ) 6= 0 si et seulement si P (X) est séparable.
et donc que Y
tn P (t−1 X − t−1 b) = (X − (tαi + b)).
1≤i≤n
En évaluant en X = 0, on obtient
Y
(tαi + b) = (−1)n tn P (−t−1 b). (2.2)
i
On a
P 0 (αi ) = nαin−1 + a = αi−1 (n(−aαi − b) + aαi ) = −αi−1 ((n − 1)aαi + b)
et donc Y Y Y
P 0 (αi ) = (−1)n ( αi )−1 ((n − 1)aαi + b).
i i i
La formule désirée résulte alors du lemme 2.2.18 et de l’égalité (2.2) ci-dessus.
Proposition 2.2.22. Soit L = K[α] une extension séparable. Soit mα (X) le
polynôme minimal de α. Alors ε := {1, α, . . . , αn−1 } est une base de L/K et on
a
DL/K (ε) = disc(mα (X)) = (−1)n(n−1)/2 NL/K (m0α (α)).
Démonstration. La première égalité résulte du théorème 2.2.14(1) et de Vander-
monde. La seconde égalité résulte du lemme précédent et du théorème 2.2.11.
2.2. NORME, TRACE, DISCRIMINANT 23
n = r1 + 2r2 .
Exercice 2.2.26 Si L/Q est galoisien, alors L est totalement réel ou totalement
imaginaire.
avec un c ∈ R . En effet,
∗
αi − αj ∈ R, si 1 ≤ i < j ≤ r1
24 CHAPITRE 2. EXTENSIONS ENTIÈRES
si 1 ≤ i < j ≤ r2 .
Or (αr1 +i −ᾱr1 +i )2 ∈ R est strictement négatif. Donc le signe du discriminant
DL/K ({1, α, . . . , αn−1 }) est (−1)r2 . Cela reste vrai pour toute base de L/Q par
le théorème 2.2.14 (1).
Démonstration. (1) est une vérification directe. (2) Cela peut se vérifier directe-
ment à la main. Une autre méthode est de se ramener au cas connu des matrices à
coefficients dans un corps. Considérons l’anneau R = Z[Sij , Tij ]1≤i,j≤n des po-
lynômes à 2n2 variables. Écrivons M = (aij ) et N = (bij ). Soit ϕ : R → A
2.3. APPLICATIONS AUX EXTENSIONS ENTIÈRES 25
Donc {b1 , . . . , bn } est une famille génératrice de L/K. Elle est libre sur K car
toute relation linéaire entre les bi sur K induit une relation linéaire sur A en
multipliant par un dénominateur commun des coefficients. Donc les bi forment
une base de L/K. Toute famille libre à n éléments de B est libre dans L/K
comme on vient de voir. Elle est donc une base de L/K.
Le corollaire ci-dessus exige que B soit libre sur A. Cependant lorsque A est
intégralement clos, on peut relaxer cette condition.
implique que b ∈ B ∗ .
Exemple 2.3.8 Les unités de Z[i] sont √ ±1, ±i. En revanche, les unités d’une
extension entière aussi simple que Z[ 2] sont déjà plus compliquées à déter-
minées : il faut résoudre une équation de Pell-Fermat : x2 − 2y 2 = ±1. On y
reviendra au chapitre 5 (exemple 5.1.6).
2.3. APPLICATIONS AUX EXTENSIONS ENTIÈRES 27
TrL/K (ei e∨
j ) = δij , 1 ≤ i, j ≤ n.
B ⊆ Ae∨ ∨
1 + · · · Aen .
Remarque 2.3.10 Le théorème 2.3.9 est faux sans l’hypothèse L/K séparable
ou sans l’hypothèse A intégralement clos.
Tout comme les bases des espaces vectoriels, les bases d’entiers sont extrême-
ment utiles pour l’étude des anneaux d’entiers. Étant donné L, comment trouver
une base d’entiers ? Dans ce qui suit, nous verrons quelques conditions suffisantes
pour qu’une famille soit une base.
Soit B un anneau intègre, libre de rang n sur un sous-anneau A. Soit ε une
base de B. Posons
DB/A (ε) = det(TrB/A (εi εj ))i,j .
Si ε0 est une famille de n éléments dans B, et si U ∈ Mn (A) est la matrice des
coordonnées des ε0i dans ε, alors comme pour les extensions de corps, on a
(où DB/A (ε0 ) est défini de même façon que DB/A (ε)). Si DB/A (ε) 6= 0, alors ε0
est une base de B si et seulement si det U ∈ A∗ .
28 CHAPITRE 2. EXTENSIONS ENTIÈRES
Remarque 2.3.13 Sous les hypothèses ci-dessous, ε est aussi une base de
L := Frac(B) sur K (2.3.5(3)). Pour tout élément b ∈ B, TrB/A (b) = TrL/K (b)
(corollaire 2.3.6) et donc DL/K (ε) = DB/A (ε). En particulier, DB/A (ε) 6= 0 si
L/K est séparable.
Corollaire 2.3.14. Soit L un corps de nombres. Alors DOL /Z (ε) ∈ Z est indé-
pendant du choix d’une base ε.
Exemple 2.3.16
√ Soit d un entier relatif sans facteur carré et différent
√ de 1.
Soit L = Q[ d]. Si d ≡ 1 mod 4. On écrit d = 4m + 1. Soit α = ( d − 1)/2.
Le polynôme minimal de α sur Q est X 2 + X − m. Il suit que DOL /Z ({1, α}) =
disc(X 2 + X − m) = d est sans facteur carré. Donc OL = Z[α] et DOL /Z = d.
et
ζpp−1 1
Φ0p (ζp ) = p , NQ[ζp ]/Q (Φ0p (ζp )) = pp−1 = pp−2
ζp − 1 p
(exemple 2.2.8). Notons que p − 2 étant impair et (p − 1)/2 ∈ N, le signe de
DQ[ζp ]/Q est (−1)(p−1)/2 . Par ailleurs, tous les conjugués de ζp sont des nombres
2.3. APPLICATIONS AUX EXTENSIONS ENTIÈRES 29
et X Y
τ (I) = σγ 0 (εi ).
− 1≤i≤n
γ 0 ∈γτ Sn
Dans les deux cas, P + I, P I sont invariants par τ . Ils appartiennent donc à
Q.
30 CHAPITRE 2. EXTENSIONS ENTIÈRES
Exemple 2.3.21
√ Si d 6= 0 est un entier sans facteur carré, congru à 2 ou 3 mod
4, et L = Q[ d], on a √
DOL /Z ({1, d}) = 4d.
√
Donc OL = Z[ d]. Cela peut cependant se montrer par √ un calcul simple. Notons
que toute extension quadratique de Q est de la forme Q[ d] pour un entier d 6= 0
sans facteur carré.
En général c’est une question difficile de trouver une base d’entier d’un an-
neau d’entiers. Pour des calculs concrèts, on peut utiliser par exemple le logiciel
pari ou Sage.
Chapitre 3
Anneaux de Dedekind
Exemple 3.1.2 Tout anneau principal A qui n’est pas un corps (e.g. Z) est un
anneau de Dedekind. En effet, tout idéal premier non nul est engendré par un
élément irréductible f . Si f A ⊆ I = f 0 A, alors f 0 | f , donc f 0 est inversible ou
associé à f , donc I = A ou f A. Ce qui montre que f A est maximal.
31
32 CHAPITRE 3. ANNEAUX DE DEDEKIND
p := q ∩ A est un idéal premier de A. Montrons qu’il est non nul. Soit b ∈ q non
nul. Il vérifie une relation entière
bn + an−1 bn−1 + · · · + a1 b + a0 = 0
avec ai ∈ A. On peut supposer a0 6= 0 car sinon on peut simplier l’égalité par
b et en obtenir une nouvelle de degré n − 1. Il suit alors que a0 ∈ q ∩ A et est
non nul. Par suite p est un idéal maximal de A. L’homomorphisme canonique
A/p → B/q est injectif et fini, et fait donc de B/q un anneau intègre fini sur un
corps. C’est donc un corps (voir le lemme ci-après), et q est maximal.
Il reste à montrer que B n’est pas un corps. Comme A n’en est pas un,
il existe a ∈ A non nul et non inversible. Si B était un corps, alors 1/a ∈ B
et serait entier sur A, donc 1/a ∈ A puisque A est intégralement clos et donc
a ∈ A∗ , contradiction.
Lemme 3.1.4. Soit C un anneau intègre contenant un corps K. Supposons que
C soit de dimension finie en tant que K-espace vectoriel. Alors C est un corps.
Démonstration. Soit c ∈ C non nul. Alors l’application [c] : C → C, x 7→ cx
est K-linéaire et injective, c’est donc un isomorphisme. L’antécédent de 1C par
cette application est l’inverse de c. Donc C est un corps.
Corollaire 3.1.5. L’anneau d’entiers OL d’un corps de nombres est un anneau
de Dedekind.
La classe des anneaux principaux qui ne sont pas des corps est contenue dans
celle des anneaux de Dedekind. Nous allons voir que cette inclusion est stricte.
√
Exemple 3.1.6 Soit L = Q[ −5]. Montrons que 2 est√irréductible mais pas
premier dans OL . Comme −5 ≡ 3 mod 4, on a OL = Z[ −5] (exemple 2.3.21).
Montrons que 2 est un élément irréductible de OL . Soit
√ √
2 = (a + b −5)(c + d −5), a, b, c, d ∈ Z.
En prenant la norme sur Z, on obtient
4 = (a2 + 5b2 )(c2 + 5d2 ).
√ √
Comme 5 > 1, on a b = d = 0 et 2 = ±ac. Il suit que a + b −5 ou c + d −5 est
égal à ±1 et est inversible. Cela montre que 2 est irréductible dans OL . On a
√ √
(1 + −5)(1 − −5) = 6 ∈ 2OL ,
√ √ √
mais 1 + −5, 1 − −5 6∈ 2OL = 2Z + 2Z[ −5]. Donc 2OL n’est pas un idéal
premier et 2 n’est pas premier. On conclut que OL n’est pas factoriel, et donc
a fortiori pas principal.
Exemple 3.1.7 Il existe des exemples d’anneaux de Dedekind qui proviennent
de la géométrie algébrique. Si P (X, Y ) ∈ C[X, Y ] est un polynôme irréductible
tel que P, ∂P/∂X et ∂P/∂Y n’ont pas de zéro commun dans C2 , alors on peut
montrer que l’anneau quotient C[X, Y ]/P (X, Y )C[X, Y ] est un anneau de De-
dekind.
3.1. DÉCOMPOSITION DES IDÉAUX 33
Exercice 3.1.8 Soit f (X) ∈ C[X] un polynôme non constant et sans racine
multiple. Montrer que C[X, Y ]/P (X, Y )C[X, Y ], où P (X, Y ) = Y 2 − f (X), est
un anneau de Dedekind.
M −1 := {x ∈ K | xM ⊆ A}.
I + aA ⊇ p1 · · · pn , I + bA ⊇ q1 · · · qm
p1 · · · pn q1 · · · qm ⊆ (I + aA)(I + bA) ⊆ I.
p1 · · · pn ⊆ aA ⊂ p
avec des idéaux maximaux pi par le lemme 3.1.14 ci-dessus et on peut supposer
que n est le plus petit possible. On a n ≥ 2 car aA 6= p. Par le même lemme,
on peut supposer que pn = p. Par la minimalité de n, il existe b ∈ p1 · · · pn−1 et
b∈/ aA. Il suit que x := b/a ∈/ A. Mais xp ⊆ a−1 p1 · · · pn ⊆ A, donc x ∈ p−1 \ A.
Par définition p p est un idéal fractionnaire contenu dans A. C’est donc
−1
un idéal de A. S’il n’est pas égal à A, il est contenu dans un idéal maximal
p0 ⊇ p−1 p ⊇ p. Donc p−1 p = p0 = p. En particulier xp ⊆ p. Il suit de la
proposition 2.1.6(iii) que x ∈ K est entier sur A, donc x ∈ A. Contradiction.
I = pr11 · · · prss
(1 + θ)2 = 2θ + 1 − n ∈ 2OL .
avec r1 , r2 ≥ 1. Comme p3,1 p3,2 = (9, 3(θ − 1), 3(θ + 1), θ − 1) ⊆ 3OL , on trouve
2
5, 6, 10, 13, 15, 22, 35, 37, 51, 58, 91, 115, 123, 187, 235, 267, 403, 427.
On sait que hL tend vers l’infini avec d. En revanche, on conjecture que hQ[√d]
vaut 1 pour une infinité de d.
38 CHAPITRE 3. ANNEAUX DE DEDEKIND
3.2.1 Localisation
Ce sous-paragraphe regroupe quelques généralités sur la localisation. La plu-
part d’entre elles ont été vue en TD, nous n’y reviendrons donc pas. Nous passons
directement à la proposition 3.2.12 et son corollaire 3.2.13.
On supposera dans cette section que A est un anneau intègre. On note K
son corps des fractions. La localisation est un procédé qui génère des A-algèbres,
et qui permet entre autres d’étudier “isolément” les idéaux premiers de A.
L’exemple le plus simple de localisation est le corps des fractions K lui-même.
On voit que ce procédé fabrique un anneau ayant une structure plus simple que
l’anneau de départ.
Définition 3.2.8 On dit qu’un anneau A est local s’il admet un unique idéal
maximal. Par exemple, un corps est un anneau local. L’idéal maximal d’un
anneau local contient tous les idéaux premiers.
Définition 3.2.17 Soit K un corps. Une valuation discrète sur K est une ap-
plication v : K ∗ → Z (et on conviendra souvent que v s’étend sur K en posant
v(0) = +∞) telle que pour tous a, b ∈ K ∗
1. v(ab) = v(a) + v(b) (c’est un homomorphisme de groupes) ; en particuler
v(1) = 0.
2. v(a + b) ≥ min{v(a), v(b)} (si a + b = 0, il n’y a pas de condition).
On dit que la valuation est non triviale si v(K ∗ ) 6= {0} et qu’elle est normalisée
si v(K ∗ ) = Z (en général c’est un sous-groupe non nul de Z, donc de la forme
dZ). Nous n’utiliserons que les valuations non triviales dans ce cours.
Un corps K muni d’une valuation discrète non triviale v est appelé un corps
de valuation discrète. L’ensemble
Ov := {a ∈ K ∗ | v(a) ≥ 0} ∪ {0}.
est un idéal de Ov .
3.2. ÉTUDE LOCALE 43
3.3 Ramification
Dans l’exemple 3.1.18 nous avons vu que le nombre premier 2 ∈ Z n’est plus
un élément premier dans l’anneau des entiers d’une extension quadratique L.
Autrement dit, l’idéal 2OL ⊆ OL engendré par l’idéal maximal 2Z ⊂ Z n’est plus
maximal. Ce type de phénomène s’appelle la ramification, et c’est l’analogue de
la notion de ramification pour les applications entre des variétés topologiques
ou complexes (comme l’application conforme C → C, z 7→ z 2 ).
D’où dimA/p B/qr = dimA/p B/qr−1 + dimA/p B/q en utilisant le lemme 3.3.3
ci-dessus. Cela implique immédiatement le corollaire par récurrence sur r.
46 CHAPITRE 3. ANNEAUX DE DEDEKIND
Soit
Pt ∈ p−r \ p2 . Soit s ∈ A \ p tel que spr ⊆ tr A (proposition 3.2.14).
Alors j (saj t )bj = 0 avec saj t−r ∈ A. En passant dans B/pB, on obtient
saj t−r ∈ p. En particulier sa1 ∈ tr p ⊆ qr+1 . Soit a0 ∈ A tel que 1 = sa0 + x avec
x ∈ q, alors a1 = (sa0 + x)a1 ∈P pr+1 . Contradiction.
(2) Génération. Soit N = 1≤j≤n Abj ⊆ B. Soit M = B/N (quotient de
A-modules). Comme B ⊆ N + pB par l’hypothèse sur les bj , on a M = pM . Il
suit du lemme de Nakayam qu’il existe α ∈ p telP que (1 + α)M = 0. Autrement
dit, comme 1 + α 6= 0, on a B ⊆ (1 + α)−1 N ⊆ 1≤j≤n Kbj . En appliquant la
proposition 2.3.5(1) avec C = B, on obtient L ⊆ 1≤j≤n Kbj . Les b1 , · · · , bn
P
forment bien une base de L sur K.
Theorem 3.3.9. Soit A un anneau de Dedekind de corps de fractions K, soit
B la clôture intégrale de A dans une extension finie séparable L/K. Pour tout
idéal maximal p de A, on a une décomposition
Y
σ(x) = NL/K (x) ∈ A ∩ q1 = p ⊆ q2 .
σ∈G
Nous allons donner une méthode concrète pour calculer les invariants e et f
dans un cas particulier (extensions monogènes).
Proposition 3.3.11 (Cas monogène). Soient A, B comme ci-dessus. Supposons
B = A[θ] pour un certain θ ∈ B. Soit H(X) ∈ A[X] le polynôme minimal de θ.
Fixons un idéal maximal p de A, et notons k(p) = A/p. Soit H̄(X) la classe de
H(X) dans k(p)[X]. Considérons la factorisation
Y
H̄(X) = hi (X)ri , ri ≥ 1
1≤i≤n
avec les hi (X) ∈ k(p)[X] unitaires irréductibles et deux à deux distincts. Soit
Hi (X) ∈ A[X] un polynôme unitaire dont l’image dans k(p)[X] est égale à
hi (X). Alors les propriétés suivantes sont vraies.
(1) On a un isomorphisme d’anneaux A[X]/(H(X)) ' B.
(2) Soit qi = Hi (θ)B + pB. Alors c’est un idéal maximal de B contenant p avec
B/qi ' k(p)[X]/(hi (X)).
(3) Les q1 , . . . , qn sont deux à deux distincts et sont exactement les idéaux maxi-
maux de B contenant p.
(4) On a ei = ri , fi = deg hi (X).
(5) La décomposition de pB est donnée par
Y
pB = qri i .
1≤i≤n
Remarque 3.3.15 On verra que Z n’admet aucune extension non triviale non-
ramifiée au-dessus de tout nombre premier (corollaire 4.2.16). Autrement dit Z
est une sorte d’espace simplement connexe. Il en est de même pour l’anneau
C[X], cela résulte du fait que l’espace topologique C est simplement connexe.
En revanche, si k est un corps de caractéristique p > 0, l’extension finie non
triviale A = k[t] ⊂ B = k[y] avec t = y p − y est non-ramifiée au-dessus de tout
idéal maximal de A.
Chapitre 4
51
52 CHAPITRE 4. GROUPE DES CLASSES DES CORPS DE NOMBRES
Donc IJ = i qri i +si . L’égalité N (IJ) = N (I)N (J) est alors une conséquence
Q
immédiate de (1).
Pour tout (a1 , · · · , an ) ∈ Qn non nul, on prend a ∈ Q tel que |a| = maxi {|ai |}.
Alors
X X
NL/Q ( ai ei ) = an NL/Q ( (ai /a)ei ) = an P (a1 /a, . . . , an /a).
i i
54 CHAPITRE 4. GROUPE DES CLASSES DES CORPS DE NOMBRES
(B) Pour tout idéal non nul J de OL , il existe un α ∈ J non nul tel que
|NL/Q (α)| ≤ cN (J). Considérons l’ensemble
( )
X
1/n
E= ai ei ∈ OL | ai ∈ Z, 0 ≤ ai ≤ N (J) .
i
Alors
|E| = ([N (J)1/n ] + 1)n > N (J).
Donc il existe x, y ∈ E distincts ayant la même image dans OL /J (ce dernier a
N (J) éléments). Leur différence α ∈ OL vérifie
Corollaire 4.1.9. Soit c une constante donnée par le lemme 4.1.7. Alors Cl(OL )
est engendré par les classes des idéaux maximaux q avec N (q) ≤ c. De plus, ces
idéaux maximaux vérifient q ∩ Z = pZ avec pfq ≤ c où fq est le degré de l’ex-
tension résiduelle Z → OL en q.
√ √
Exemple 4.1.10 Soit L = Q[ 2]. Alors {1, 2} est une base de OL sur Z et
la constante c = 2 convient pour lemme 4.1.7. Pour déterminer
√ Cl(OL ), on doit
donc chercher les q au-dessus de p = 2. On a OL = Z[ 2] ' Z[X]/(X √
2
√− 2).
Comme X − 2 ≡ X mod 2, on a 2OL = q2 avec q2 = (2, 2) =√ 2OL
2 2 2
A = C[X, Y ]/(Y 2 + X 3 + aX + b)
Elle a pour volume vol(∆/2) = vol(∆)/2n > vol(Λ) et se découpe en une réunion
disjointe a
∆/2 = [(F + λ) ∩ ∆/2].
λ∈Λ
Il suit que
X X
vol(∆/2) = vol((F + λ) ∩ ∆/2) = vol (F ∩ (∆/2 − λ)) .
λ∈Λ λ∈Λ
λ − µ = (x − y)/2.
ρ : L → V := Rr1 × Cr2 , x 7→ (σ1 (x), . . . , σr1 (x), σr1 +1 (x), . . . , σr1 +r2 (x)).
et pour r1 + 1 ≤ j ≤ r1 + r2 ,
(théorème 2.2.14 et remarque 2.3.13). Il suit que | det M | = 2−r2 |DOL /Z (ε)|1/2 .
Il ne reste plus qu’à comparer DOL /Z (ε) avec dL .
Le théorème des bases adaptées 1.2.2 dit qu’il existe une base ε01 , . . . , ε0n de
OL sur Z et des a1 , . . . , an ∈ Z non nuls tels que a1 ε01 , . . . , an ε0n soit une base
de J. Il suit que
Lemme 4.2.8. Soit V = Rr1 × Cr2 comme ci-dessus. Pour tout nombre réel
t > 0, on pose
X X
∆t = (x1 , . . . , xr1 , z1 , . . . , zr2 ) ∈ V |xi | + 2 |zj | ≤ t .
i j
C’est une partie convexe compacte de V , symétrique par rapport à l’origine. Son
volume vaut
vol(∆t ) = 2r1 (π/2)r2 tn /n!.
N (J 0 ) ≤ CL |dL |1/2 .
Fixons t avec cette condition. D’après le lemme 4.2.5, il existe α ∈ J non nul
tel que ρ(α) ∈ ∆t , c’est-à-dire que
|σ1 (α)| · · · |σr1 (α)|.|σr1 +1 (α)|2 · · · |σr1 +r2 (α)|2 ≤ (t/n)n = tn /nn .
avec αJ −1 ⊆ OL équivalent à M .
Remarque 4.2.11 Comme pour le corollaire 4.1.9, le théorème dit que le groupe
des classes Cl(OL ) est engendré par les classes des idéaux maximaux q vérifiant
N (q) ≤ CL |dL |1/2 . Soit pZ = q ∩ Z, alors l’inégalité veut dire pf ≤ CL |dL |1/2 ,
où f = fq/pZ . Donc les idéaux q sont à chercher parmi les idéaux maximaux
au-dessus des premiers p tels que pf ≤ CL |dL |1/2 .
4.2. BORNE DE MINKOWSKI 61
√
Exemple 4.2.12 Soit L = Q[ −5]. On a −5 ≡ 3 mod 4, donc dL = −20
(exemple 2.3.21). On a
√
CL |dL |1/2 = (4/π)(2!/22 ) 20 = 2, 8...
Il suit que Cl(OL ) est engendré par les classes des idéaux de norme ≤ 2, 8, donc
de norme ≤ 2. On est ainsi passé de c = 6 de l’exemple 4.1.11 à c = 2. La
dernière partie de 4.1.11 montre que Cl(OL ) est engendré par la classe de q et
que hL = 2.
(2) Il suit de (1) que si n ≥ 2, |dL | ≥ 3. Donc |dL | = 1 (ce qui équivaut à
L/Q non-ramifiée, théorème 3.3.14) implique que n = 1 et L = Q.
Démonstration. Si α est inversible dans OL , alors NL/Q (α) est inversible dans
Z, donc égal à ±1. Inversement, supposons que NL/Q (α) = ±1. Soient K = Q[α]
et d = [L : K]. Alors
63
64 CHAPITRE 5. LES UNITÉS DES ANNEAUX D’ENTIERS
Exemple 5.1.3 Notons µ(L) l’ensemble des éléments de L qui sont des racines
de l’unité. Alors µ(L) ⊆ U (OL ). En effet si ζ k = 1 pour un entier k ≥ 1, alors
ζ est entier sur Z, donc appartient à OL . De plus ζ −1 ∈ L est aussi une racine
de l’unité, donc appartient à OL , d’où µ(L) ⊆ U (OL ).
Remarque 5.1.5 (Pas fait en cours) Soit A un anneau euclidien avec un sta-
thme
v : A → N ∪ {+∞}.
Alors il existe α ∈ A \ ({0} ∪ A∗ ) tel que la surjection canonique A → A/αA
induise une application surjective A∗ ∪ {0} → A/αA. Il suffit pour cela de
prendre α ∈ A \ ({0} ∪ A∗ ) avec v(α) minimal : pour tout a ∈ A, on a a = αq + r
avec q, r ∈ A et v(r) < v(α). Donc r = 0 ou r ∈ A∗ et on a √ a ≡ r mod α.
Cette propriété permet de montrer que OL = Z[(−1 + −19)/2] n’est pas
euclidien. En effet, OL
∗
= {±1}. Si OL est euclidien, il existe α ∈ OL non nul et
non inversible tel que OL /αOL possède au plus 3 éléments. C’est donc un corps,
isomorphe à F2 ou F3 et αOL est un idéal maximal de OL au-dessus de 2 ou 3.
En particulier αOL contient 2OL ou 3OL . Or on a vu que OL = Z[X]/(X 2 +
X + 5) (exemple 4.2.14) et OL /2OL , OL /3OL sont des corps (car X 2 + X + 5
est irréductible dans F2 et F3 ), isomorphe à F4 et F9 . Donc αOL = 2OL ou 3OL
avec |OL /αOL | ≥ 4. Contradiction.
a2 − 2b2 = m
avec a, b ∈ Z.
1. Supposons qu’il existe une solution (a0 , b0 ). Montrer que l’ensemble de
toutes les solutions est constitué des ±(ak , bk ) ∈ Z2 , k parcourant les
entiers relatifs pairs, avec
√ √ √
(a0 + b0 2)(1 + 2)k = ak + bk 2.
H = G + M := {g + x | g ∈ G, x ∈ M },
P ⊂ (H \ G) ∪ ∪g∈G (U0 + g)
5.2. THÉORÈME DES UNITÉS DE DIRICHLET 67
P ⊂ (H \ G) ∪ ∪1≤i≤q (U0 + gi ).
c’est donc un espace compact. Donc P ∩ G est fini. Soit α ∈ G. On peut écrire
X
α= xi ei , xi ∈ R.
1≤i≤r
On a X X X
α=( [xi ]ei ) + (xi − [xi ])ei ∈ Zei + P ∩ G.
1≤i≤r 1≤i≤r i
IsomQ (L, Q̄) = {σ1 , . . . , σr1 , σr1 +1 , σ̄r1 +1 , . . . , σr1 +r2 , σ̄r1 +r2 }
x 7→ (ln |σ1 (x)|, . . . , ln |σr1 (x)|, ln |σr1 +1 (x)|, . . . , ln |σr1 +r2 (x)|).
Démonstration. (1) Soit B une partie bornée de Rr1 +r2 . Il existe c > 0 tel que
Il existe donc c0 > 0 qui majore les valeurs absolues de toutes les fonctions
symétriques en une partie des σ(α), σ ∈ IsomQ (L, Q̄). Il suit que le polynôme
minimal mα (X) de α est à coefficients bornés par c0 . Si de plus α ∈ U ⊂ OL ,
on a mα (X) ∈ Z[X]. Or il n’existe qu’un nombre fini de polynômes dans Z[X]
de degré ≤ n et à coefficients bornés par c0 . Donc OL ∩ `−1 (B), et a fortiori
U ∩ `−1 (B), est fini. Par suite `(U ) a une intersection finie avec toute partie
bornée de Rr1 +r2 . Cela implique immédiatement que `(U ) est discret. Par le
lemme 5.2.3, `(U ) est libre de rang fini sur Z.
(2) En prenant B = {0} dans (1), on obtient que ker `∩U est un sous-groupe
fini de L∗ , ses éléments sont donc d’ordre fini pour la multiplication dans L∗ et
ces sont donc des racines de l’unité 1 . Inversement, si ζ ∈ µ(L), avec ζ d = 1. Alors
d ln |σi (ζ)| = 0, donc ln |σi (ζ)| = 0 et ζ ∈ ker `. Par ailleurs, ζ ∈ OL ∗
puisque
son inverse, ζ d−1
, appartient à OL . Enfin, µ(L) étant fini, d’ordre disons N ,
est contenu dans µN (C), l’ensemble des racines N -ièmes de l’unité dans C. Ce
dernier étant cyclique, µ(L) aussi.
Démonstration. (du théorème 5.2.1) Notons encore U = U (OL ). Il est claire que
µ(L) ⊆ Utors . Réciproquement, tout élément d’ordre fini dans U est une racine
de l’unité et appartient donc à µ(L). Par le lemme précédent, il ne reste qu’à
montrer que le sous-groupe discret `(U ) de Rr1 +r2 est de rang r1 + r2 − 1. Pour
tout α ∈ U , on a
X X
ln |σi (α)| + 2 ln |σj (α)| = ln |NL/Q (α)| = 0.
1≤i≤r1 1≤j≤r2
de Rr1 +r2 . Il suit que `(U ) est de rang ≤ r1 + r2 − 1. L’inégalité inverse est
plus délicate. Nous allons construire une partie bornée M de H telle que H =
∪u∈U (M + `(U )) et appliquer le lemme 5.2.3(3).
Notation : Si X, Y sont deux sous-ensembles de l’anneau produit Rr1 × Cr2 ,
on note XY l’ensemble des produits xy avec x ∈ X et y ∈ Y .
1. On vient de montrer le théorème de Kronecker : si un nombre algébrique z ∈ C est tel
que tous ses conjugués sont de module 1, alors z est une racine de l’unité !
5.2. THÉORÈME DES UNITÉS DE DIRICHLET 69
(on utilise l’hypothèse θ(y) ∈ H dans l’égalité du milieu). Par le lemme 4.2.5,
ρ(OL ) ∩ Yy 6= {0}. Soit α ∈ OL tel que ρ(α) ∈ ρ(OL ) ∩ Yy \ {0}. Alors α 6= 0
et on |σi (α)| ≤ |yi |−1 δ si i ≤ r1 , et |σr1 +j (α)| ≤ |yr1 +j |−1 δ si j ≤ r2 . En
tenant compte de l’hypothèse y ∈ θ−1 (H), on conclut que |NL/Q (α)| ≤ δ n . Cela
implique donc que y ∈ ρ(α−1 ).Xδ . D’où θ−1 (H) ⊆ Zδ .
Étudions maintenant Zδ . L’ensemble des idéaux principaux non nuls de OL
de norme ≤ δ n est fini (lemme 4.1.6). Soit {α1 OL , . . . , αm OL } cet ensemble.
Alors pour tout α ∈ OL non nul de norme |NL/Q (α)| ≤ δ n , α est le multiple
d’un αq by une unité de OL . Cela implique que
Zδ = ρ(U ).(∪1≤q≤m ρ(αq−1 ).Xδ ).
Notons
T = ∪1≤q≤m ρ(αq−1 ).Xδ .
C’est une partie bornée de Rr1 × Cr2 . Il reste à montrer que θ(θ−1 (H) ∩ T ) est
bornée. On a T contenu dans un XR avec R > 1. Si (x, z) ∈ θ−1 (H) ∩ T , alors
R ≥ |xi | ≥ R−n+1 et R ≥ |zr1 +j | ≥ R−n+1 . Donc θ(θ−1 (H) ∩ T ) est bornée. Ce
qui achève la démonstration.
70 CHAPITRE 5. LES UNITÉS DES ANNEAUX D’ENTIERS
Nous terminons par l’étude des unités des extensions cyclotomiques. Soit
m ≥ 3. Une extension cyclotomique est une extension de Q engendré par une
racine de l’unité ζm d’ordre m ≥ 3. Pour simplifier, nous nous restreignons au cas
m = p > 2 premier. Notons ζ une racine primitive p-ième de l’unité, L = Q[ζ] et
L+ = Q[(ζ + ζ −1 )/2]. La proposition suivante rassemble les résultats qui seront
utilisés dans la section suivante.
Proposition 5.2.7. Avec les notations ci-dessus, les propriétés suivantes sont
vraies.
(1) On a OL = Z[ζ].
(2) µ(L) = ±hζi = {±ζ k | k ∈ Z} = h−ζi.
(3) L+ = Lhci où c est la conjugaison complexe.
(4) U (OL ) = hζiU (OL+ ).
(5) Pour tout α ∈ OL , on a αp ∈ Z + pOL .
Theorem 5.3.1. Soit p > 2 un nombre premier. Supposons que p ne divise pas
le nombre de classes hp de Q[ζ]. Alors il n’existe pas de solution de
xp + y p + z p = 0
(1) Montrons que x + ζ i y et x + ζ j y sont premiers entre eux (dans le sens où ils
engendrent l’idéal unité de OL ) si i 6= j. En effet, supposons qu’ils appartiennent
tous les deux à un même idéal maximal q de OL . Alors
yζ i (ζ j−i − 1) ∈ q.
p = NL/Q (ζ j−i − 1) ∈ q ∩ Z.
x + y = (x + ζ i y) − (ζ i − 1)y ∈ q ∩ Z = pZ,
−z p = xp + y p ≡ x + y ≡ 0 mod p.
(x + ζy)OL = J p
x + ζy = uαp , u ∈ U (OL ).
x + ζ −1 y ≡ aζ −r v mod p
(ici mod p veut dire modulo l’idéal pOL ⊂ OL ). Cela implique que
et donc
yζ p−r + xζ p−r−1 − xζ r−1 − yζ r−2 ≡ 0 mod p.
On va conclure par un examen cas par cas suivant la valeur de 0 ≤ r ≤ p − 1.
— Supposons 2 ≤ r ≤ p − 1 et r 6= (p + 1)/2. Les exposants de ζ qui
apparaissent sont compris entre 0 et p − 2 et sont deux à deux distincts.
Comme {1, ζ, . . . , ζ p−2 } est une base de Z[ζ] sur Z, cela implique que
p | x, y. Absurde.
— Supposons r = (p + 1)/2. Alors
Définition 5.3.2 On dit qu’un nombre premier p > 2 est régulier si p ne divise
pas hp .
Remarque 5.3.3 On montre que pour p régulier, l’équation de Fermat n’a pas
non plus de solution dans le second cas (où p divise x, y ou z), cf. L. Washington,
Introduction to cyclotomic fields, Theorem 9.3.
75
76 CHAPITRE 6. ASPECT ANALYTIQUE, FONCTIONS L
Démonstration. Que le produit infini converge est classique. On peut par exemple
appliquer le logarithme au produits partiels finis. QPour montrer que la limite est
non nulle, il suffit de montrer que le produit infini n (1+un )−1 converge. Quitte
à enlever un nombre fini de termes, on peut supposer que |un | ≤ 1/2. On a
1 un
=1−
1 + un 1 + un
et
un |un |
| |≤ ≤ 2|un |.
1 + un 1 − |un |
Donc la série n (un /(1 + un )) converge absolument, il suit que le produit infini
P
−1
) converge.
Q
n ((1 + un )
Donc
1 X Z n+1 X
ζ(s) − = (n−s − t−s )dt = gn (s).
s−1 n n≥1 n≥1
C’est une fonction holomorphe sur <(s) > 0. Une intégration par parties donne
la relation (équation fonctionnelle) pour <(s) > 0 :
Γ(n) = (n − 1)!, n ≥ 1.
Elle est holomorphe sur C car les pôles possibles sont simples et se situent aux
entiers et ceux-ci sont des zéros de sin(πs). On montre qu’elle est bornée donc
constante égale à f (0). Quand s tends vers 0, on a Γ(s) ∼ 1/s et Γ(1 − s) ∼
78 CHAPITRE 6. ASPECT ANALYTIQUE, FONCTIONS L
Démonstration. (1) On va montrer que sur <(s) > 1, ζ(s)Γ(s) = I(s)/(e2iπs −1)
pour une certaine fonction I(s) holomorphe sur C. Soient <(s) > 1 et n ≥ 1.
Alors
Z +∞
Γ(s)
= ts−1 e−nt dt
ns 0
+∞
ts−1
Z
Γ(s)ζ(s) = dt.
0 et − 1
où l’arc du cercle est de rayon r ∈]0, 2π[ et où les demi-droites horizontales sont
situées à =(z) = ±. Quand r et ∈]0, r[ varient, on reste dans une région où la
fonction que l’on intègre est holomorphe, donc l’intégrale I(s) est indépendante
de r, et est holomorphe en s sur C. On calcule l’intégrale en trois morceaux et
on fait tendre vers 0 :
+∞
z s−1 ts−1
Z Z
I(s) = dz + (e2iπ(s−1) − 1) dt.
|z|=r ez − 1 r et − 1
Noter que la première partie est un O(r<(s)−1 ). Donc en faisant tendre r vers
0, on trouve que pour tout <(s) > 1, on a
Ce qui montre que ζ(s) se prolonge en une fonction méromorphe sur C. Noter
que l’égalité (6.4) est alors valable sur C. Si s est un pôle de ζ avec <(s) ≤ 0,
on a (e2iπs − 1)Γ(s) = 0, donc s = −n avec n ∈ N. Comme e2iπs − 1 a un zéro
simple en −n, ce n’est pas possible. Donc ζ(s) n’a pas de pôle avec <(s) ≤ 0.
Combiné avec la proposition 6.1.3, on trouve que s = 1 est l’unique pôle de ζ(s).
(2) On doit comparer deux fonctions méromorphes dont on connait les pôles.
Il suffit de montrer l’égalité sur l’ouvert <(s) < 0. Soient <(s) < 0 et k ≥ 1. Le
théorème des résidus donne
z s−1
Z
1 X
dz = (2iπn)s−1 (6.5)
2iπ Ck, ez − 1
1≤|n|≤k
80 CHAPITRE 6. ASPECT ANALYTIQUE, FONCTIONS L
où le petit cercle est de rayon r ∈]0, 2π[ et le grand de rayon (2k + 1)π. Les
deux segments horizontaux sont de partie imaginaire = ±. Comme (−1)s−1 =
e(s−1)iπ =P−e , le s−1 membre de droite dans P l’égalité (6.5) ci-dessus est égal à
iπs
(2iπ) s−1
1≤|n|≤k n = (2iπ)s−1
(1 − e iπs
) 1≤n≤k n
s−1
. Quand k → +∞ il
tend vers (2iπ) (1 − e )ζ(1 − s) (noter que <(s) < 0). Quand k → +∞, l’in-
s−1 iπs
tégrale dans l’égalité (6.5) est proche de la somme de −I(s) avec l’intégrale cur-
viligne le long du grand cercle |z| = (2k + 1)π. Cette dernière est un O(k <(s)−1 )
car |ez − 1| est minorée par une constante c > 0 indépendante de k (on peut
prendre c = 1 − e−π/2 en distinguant les cas |<(z)| ≥ π/2 et |<(z)| ≤ π/2.) On
trouve donc
1
− I(s) = (2iπ)s−1 (1 − eiπs )ζ(1 − s).
2iπ
En combinant avec l’égalité (6.4), on trouve
Corollaire 6.1.6. Les zéros de ζ(s) vérifient s = −2, −4, −6, ... (appelés zéros
triviaux) ou 0 ≤ <(s) ≤ 1.
Hypothèse de Riemann : les zéros non triviaux de ζ(s) sont tous situés sur
la droite <(s) = 1/2.
(2iπ)2n
ζ(2n) = − B2n
2(2n)!
6.1. FONCTION ZÊTA DE RIEMANN 81
En revanche, les valeurs de ζ(s) aux entiers naturels impairs > 1 sont encore
inconnues. Un célèbre théorème d’Apéry (1978) dit que ζ(3) est irrationnel. On
sait (Rivoal, 2000) qu’il existe une infinité de ζ(2n + 1) irrationnels. On sait
aussi que l’un des nombres ζ(5), ζ(7), ζ(9), ζ(11) est irrationnel (Zudilin, 2001).
(Korobov, Vinogradov).
Remarque 6.1.9 On peut montrer que l’hypothèse de Riemann est équivalente
à l’approximation
π(x) = Li(x) + O(x1/2 ln x)
et que cette approximation est optimale (1/2 ne peut pas être remplacé par un
exposant plus petit).
82 CHAPITRE 6. ASPECT ANALYTIQUE, FONCTIONS L
G → (G), g 7→ (χ 7→ χ(g))
db
(4) Si χ 6= 1, alors X
χ(g) = 0.
g∈G
et il suffit de montrer l’énoncé pour un groupe cyclique G ' Z/nZ. Dans ce cas-
là, Gb est isomorphe au groupe µn (C) des racines (non-nécessairement primitifs)
n-ième de l’unité dans C. Donc G b est cyclique d’ordre n et isomorphe (non
canoniquement) à G.
(2) L’application évaluation est clairement un homomorphisme de groupe.
On voit qu’elle est injective en écrivant G comme un produit direct de sous-
groupes cycliques. Elle est donc un isomorphisme par comparaison de cardina-
lités.
(3) La relation est évidente si g = 1. Supposons g 6= 1. Par (2), il existe
χ1 ∈ G b tel que χ1 (g) 6= 1. On multiplie la somme Σ := Σχ χ(g) par χ1 (g) et on
obtient χ1 (g).Σ = Σ. Donc Σ = 0.
(4) On identifie G à G par (2) et applique (3) (au groupe G).
bb b
χ : (Z/mZ)∗ → C∗ ,
On sait que la série n n−1 diverge, alors que n (−1)n n−1 converge. Le
P P
lemme suivant est une sorte de généralisation des séries alternées.
Lemme 6.2.4. Soit (zn )n une suite de nombres complexes.
84 CHAPITRE 6. ASPECT ANALYTIQUE, FONCTIONS L
(1) P
(Sommation d’Abel) Soit f : [1, +∞[→ C une fonction C 1 . Posons A(t) =
n≤t zn . Alors pour tout x ≥ 1, on a
X Z x
zn f (n) = A(x)f (x) − A(t)f 0 (t)dt.
1≤n≤x 1
X m−1
m−1 X m−1
X
= zn (f (k + 1) − f (k)) = zn (f (m) − f (n)).
n=1 k=n n=1
Donc Z m m
X m
X
A(t)f 0 (t)dt + zn f (n) = zn f (m) = A(m)f (m).
1 n=1 n=1
(2) On a
X Z k
zn n−s = A(k)/k s − A(m)/ms + s A(t)/ts+1 dt
m≤n≤k m
Démonstration. (1) se montre comme 6.1.1 (3). (2) découle de (1), car χ0 (p) = 1
si (p, m) = 1 et Q
χ0 (p) = 0 si p|m, et du théorème 6.1.5(1). Le résidu de L(s, χ0 )
en 1 est égal à p|m ((p − 1)/p) = ϕ(m)/m.
(3) Pour tout t ≥ 1, posons A(t) = 1≤n≤t χ(n). Pour tout k ∈ Z,
P
X X
χ(i) = χ(a) = 0
k≤i≤m+k 0≤a≤m−1, (a,m)=1
Or
Y Y
(1 − wT ) = T −d (T −1 − w) = T −d ((T −1 )d − 1) = 1 − T d ,
w∈µd (C) w
Lemme 6.2.8. Soit P (an )n≥1 une suite de nombres réels positifs ou nuls. On
suppose que la série n≥1 an n−s converge et définit une fonction holomorphe
g(s) sur <(s) > 1. Supposons de plusPque g(s) s’étend en une fonction holo-
morphe sur <(s) > 0. Alors la série n≥1 an n−t converge vers g(t) pour tout
t > 0.
86 CHAPITRE 6. ASPECT ANALYTIQUE, FONCTIONS L
C’est une série sommable à termes positifs ou nuls, on peut donc permuter les
signes somme
X X (ln n)k X
g(t) = (2 − t)k an n−2 = an n−t .
k!
n≥1 k≥0 n≥1
C’est une fonction holomorphe sur {<(s) > 0} \ {1}. Comme les L(s, χ) sont
holomorphes dans un voisinage de s = 1 si χ 6= χ0 et que L(s, χ0 ) a un pôle
simple en 1, il suffit de montrer que ζm (s) a un pôle en s = 1. Supposons le
contraire. Alors ζm (s) est holomorphe sur <(s) > 0.
Pour tout p - m, notons d(p) l’ordre de p dans (Z/mZ)∗ . Alors pour tout
<(s) > 1, en utilisant 6.2.7, on a
Y ϕ(m)/d(p)
YY 1
ζm (s) = (1 − χ(p)p−s )−1 = .
χ
1 − p−d(p)s
p-m p-m
C’est une série de la forme n≥1 an n avec an ∈ R+ . Par le lemme 6.2.8, cette
−s
P
série converge pour tout t > 0 et donc
Y ϕ(m)/d(p) X
1
ζm (t) = = an n−t
1 − p−d(p)t n≥1
p-m
Mais le membre de droite tend vers +∞ quand t tend vers 1/ϕ(m). Contradic-
tion.
Lemme 6.2.10. Considérons pour tout nombre premier p, une suite de nombres
complexes (apk )k≥1 . On pose b1 = 1 et pour tout n ≥ 2
bn = apr11 · · · ap` r` , si n = pr11 · · · p` r` .
Soit s ∈ C tel que la série n≥1 bn n−s converge absolument. Alors le produit
P
infini Y X
(1 + apk p−ks )
p k≥1
−s
P
existe et est égal à n≥1 bn n .
Démonstration. Pour tout p, la série 1 + k≥1 apk n−ks est une série extraite de
P
−s
, donc est absolument convergente. Soit N ≥ 2, le produit partiel
P
n bn n
Y X
(1 + apk p−ks )
p≤N k≥1
est la somme des bn n−s pour les n dont les facteurs premiers sont ≤ N . Cela
impliquement facilement le lemme.
D’autre part,
X X X X
ln(ζ(t)) = − (ln(1 − p−t )) = 1/(kpkt ) = p−t + Ψ(t)
p p k≥1 p
avec Ψ(t) = p,k≥2 p−kt /k qui prend ses valeurs dans [0, 1]. Le corollaire résulte
P
alors du fait que ζ(t) =P1/(t − 1)P+ O(1) dans un voisinage de 1.
(2) On a fχ0 (t) = p p−t − p|m p−t . L’équivalence désirée résulte de (1).
(3) Soit ln le logarithme qui est continue sur C \ R≤0 (les arguments appar-
tiennent à ] − π, π[). On a ln(1 + z) = k≥1 (−1)k z k /k si |z| < 1. On applique
P
ce logarithme à 6.2.5 (1),
X X
ln L(s, χ) = − ln(1 − χ(p)p−s ) = (χ(p)k p−ks )/k = fχ (s) + Fχ (s)
p k,p
avec X X
|Fχ (s)| = | χ(p)k /kpks | ≤ 1/pkt ≤ 1
p,k≥2 p,k≥2
En
P appliquant le lemme 6.2.1 (3), on trouve que le dernier membre est égal à
p≡a mod m ϕ(m)p −t
= ϕ(m)g(t). Il suit que
X X
ϕ(m)g(t) = χ(a)−1 fχ (t) = fχ0 (t) + χ(a)−1 fχ (t).
χ χ6=χ0
Démonstration. On peut montrer que n≤t jn est un O(t), ce qui implique (1)
P
par 6.2.4 (2). Nous donnons ici une preuve différente.
Si q est un idéal maximal de OK , on a q ∩ Z = pZ pour un nombre premier
p. On note fq le degré [OK /q : Z/pZ]. On sait que N (q) = pfq par définition.
Soit t > 1 un nombre réel. Pour tout N ≥ 1, on a
Y 1 Y Y 1 Y Y 1
−t
≤ −tf
≤
1 − N (q) (1 − p q ) (1 − p−t )
q,N (q)≤N p≤N q∩Z=pZ p≤N q∩Z=pZ
(La première inégalité n’est en général pas une égalité car dans le produit du
milieu, on a admis éventuellement des facteurs indexés par N (q) > p et que
ces facteurs sont > 1). Comme il existe au plus d := [K : Q] idéaux premiers q
au-dessus de p, le terme de droite est majoré par
Y 1
( )d ≤ ζ(t)d .
1 − p−t
p≤N
Cela implique que le produit infini q (1 − N (q)−t )−1 converge quand t > 1.
Q
Maintenant tout idéal I de N (I) ≤ N se décompose comme I = qr11 · · · qrmm
avec N (qi ) ≤ N . Donc si t > 1, on a
X Y X Y 1
N (I)−t ≤ 1/N (qn )−t = ≤ ζ(t)d
1 − N (q)−t
N (I)≤N N (q)≤N n≥1 N (q)≤N
ce qui implique la convergence uniforme sur {<(s) ≥ 1 + δ}. D’où (1). La pro-
priété (2) résulte d’une variante du lemme 6.2.10 où les entiers n sont remplacés
par des idéaux de OK et les nombres premiers par des idéaux maximaux.
Theorem 6.3.2. Soit K un corps de nombres.
(1) La fonction ζK (s) se prolonge en une fonction méromorphe sur C avec un
unique pôle simple en s = 1.
(2) Le résidu en s = 1 de ζK (s) est égal à
2r1 (2π)r2
lim (s − 1)ζK (s) = hK RK .
s→1 |µ(K)||dK |1/2
où r1 , 2r2 sont les nombres de plongements réels et imaginaires, hK est le
nombre de classes, et RK le régulateur (6.3.3).
(3)
ζK (s) hK RK
lim =− .
s→0 sr1 +r2 −1 |µ(K)|
6.3. FONCTION ZÊTA DE DEDEKIND 91
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