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Claire Merleau-Ponty, après une carrière consacrée aux publics des musées, est actuellement
chargée d’enseignement à l’École du Louvre ; elle conçoit chaque année le Séminaire
international d’été de muséologie (SIEM).
Claire MERLEAUPONTY
Sandra Boujot Geneviève Lacambre Clémence Raynaud
Sophie Charve-Dartoen Yannick Lintz Mathilde Touillon-Ricci
Françoise Dalex Stéphane Loire Hélène Vassal
Audrey Defretin Isabelle Loutrel Jean-Pascal Vendeville
Diffusion
Direction de l’information
légale et administrative
La documentation Française
Tél. : 01 40 15 70 10
www.ladocumentationfrancaise.fr
-:HSMBLA=U^ZY]U:
Imprimé en France
ISBN : 978-2-1-009548-0
DF : 5MM35540
Prix : 24 € dF
Sommaire
Avant-propos 9
Introduction 11
Claire Merleau-Ponty
Partie I
Inventaire et investigation 13
Partie II
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Partie III
Partie IV
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Conclusion
Gestion et documentation des collections :
vers une évolution des pratiques ? 203
Isabelle Loutrel et Hélène Vassal
Bibliographie 207
Glossaire 217
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Avant-propos
À la notion de collection publique, est liée de façon étroite, dans nos musées
modernes, celle d’inventaire. On n’imagine pas l’une sans l’autre, sans penser
qu’il n’en fut pas toujours ainsi, ni surtout qu’aujourd’hui encore le lien puisse
être parfois défectueux… Pourtant, de l’Inventaire Napoléon à la Commission de
recollement de 1997, des premiers livres du Muséum central aux sites Internet
actuels, que de chemins parcourus, que d’expériences accumulées ! Mais le public
mesure sans doute mal l’accélération récente du processus de documentation des
collections, sorte de conséquence ou de corollaire d’une gestion modernisée des
inventaires et surtout, réponse obligée aux nouveaux enjeux des musées, à leurs
nouveaux modes de fonctionnement, aux attentes et aux besoins sans cesse plus
exigeants de leurs visiteurs.
Le conservateur que je suis n’a pas oublié sa prise de fonction il y a vingt-sept ans
à la tête de l’un des plus grands musées en région. Non seulement celui-ci ne pos-
sédait alors aucun service de documentation, mais encore les « dossiers d’œuvres »
s’y réduisaient-ils à de simples fiches manuscrites, généralement dotées, mais pas
toujours, d’une médiocre photographie en noir et blanc, avec les seules mentions
de quelques catalogues principaux et parfois, l’avis d’un spécialiste de passage noté
en style télégraphique… Certes, à cette date il n’en allait généralement plus ainsi
dans les grands musées de la capitale. Mais ce serait une erreur aujourd’hui d’ou-
blier trop vite ce passé relativement récent et ses réalités contrastées, et de ne juger
des situations actuelles qu’en fonction de critères normatifs souvent bien théo-
riques, ou des capacités en apparence infinies des nouvelles technologies numé-
riques ; on s’exposerait à mal comprendre ces situations, à se montrer injuste pour
l’immensité des efforts accomplis précédemment, et plus gravement encore, à mal
hiérarchiser les priorités des travaux à venir.
Documenter leurs collections, au sens le plus global du terme, pour assurer la dif-
fusion des connaissances la plus large possible, est désormais couramment reconnu
comme un objectif majeur des musées. Mais les véritables enjeux ne seraient-ils
pas d’ordre qualitatif ? Plus les capacités techniques de diffusion augmentent, plus
elles exigent méthode et clarté pédagogiques (pour que la mise à disposition du
plus grand nombre ne soit pas un faux-semblant), plus elles nécessitent égale-
ment des cadres déontologiques précis (peut-on et doit-on tout diffuser ? à qui
appartiennent les images et leur droit moral ? comment garantir la pérennité des
fichiers numériques et des informations qu’ils contiennent ?), plus elles supposent
aussi de compétences variées pour celles ou ceux qui en sont chargés…
Créée il y a cent trente ans, l’École du Louvre, dans l’esprit de ses fondateurs,
devait précisément promouvoir la documentation et la diffusion des collections
des musées (on parlait alors de « démocratisation » des collections…) en formant
leurs conservateurs et tous ceux qui, à leurs côtés, les aideraient à rédiger catalo-
gues et cartels explicatifs, à organiser visites et conférences. Depuis lors, l’École
n’a pas cessé d’œuvrer dans ces directions, y acquérant au fil du temps une com-
pétence très largement reconnue. Il était donc dans l’ordre des choses qu’elle soit à
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Avant-propos
l’origine de cet ouvrage qui constituera, on peut en être sûr, un précieux document
de référence mais aussi de travail, sur des sujets qui, nous l’avons dit, soulèvent
actuellement de nombreuses questions. Il m’est donc particulièrement agréable
de remercier ici tous les contributeurs à ce qui fut à l’origine en 2012 un sémi-
naire d’été de muséologie, et tout particulièrement la conceptrice de ces séminaires
Claire Merleau-Ponty. Qu’elle trouve ici l’expression de mon amicale admiration.
Philippe Durey
Conservateur général du patrimoine
Directeur de l’École du Louvre
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Introduction
Claire Merleau-Ponty
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Introduction
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Partie I
Inventaire
et investigation
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À propos des inventaires des musées
Geneviève Lacambre
1 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000703873
2 http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droit-culture/musees/pdf/2002-5.pdf http://www.
legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000769536
3 Le titre premier du décret du 2 mai 2002, pris en application de la loi no 2002-5 du 4 janvier 2002 rela-
tive aux musées de France, définit l’inventaire des biens d’un musée de France. L’article 2 précise que « l’in-
ventaire des biens affectés aux collections d’un musée de France est un document unique, infalsifiable, titré,
daté et paraphé par le professionnel responsable des collections, répertoriant tous les biens par ordre d’en-
trée dans les collections. L’inventaire est conservé dans les locaux du musée. Une copie de l’inventaire est
déposée dans le service d’archives compétent ; elle est mise à jour une fois par an. » L’article 5 stipule que
« les ministres chargés de la culture et de la recherche fixent par arrêté les normes techniques relatives à la
tenue de l’inventaire et du registre des dépôts, ainsi que les principes généraux de numérotation, d’identi-
fication, de marquage et de récolement des biens des musées de France ». L’arrêté du 25 mai 2004 déter-
mine les normes techniques relatives à la tenue de l’inventaire, du registre des biens déposés dans un musée
de France et au récolement. L’annexe 1 de cet arrêté énumère les rubriques de l’inventaire des musées
de France : <http://www.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/partenaires/AIDEMUSEES/intro-
methode.htm#Définition de l’inventaire des biens d’un musée de France>.
4 Chatelain Jean, Droit et administration des musées, Paris, La Documentation française, 1993.
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Partie I – Inventaire et investigation
5 Cela dépend des techniques des objets inventoriés et l’usage d’une étiquette en papier est souvent insuf-
fisant, s’il peut être néanmoins précieux : ainsi, un baquet en laque du Japon, transféré du musée de la
Marine au musée de l’Homme en 1946 où il reçoit un nouveau numéro d’inventaire (maintenant au musée
du quai Branly) n’a pu être identifié que grâce à la présence d’étiquettes en partie déchirées collées sur un
côté : celles de l’inventaire de 1824 (MR 382) et celle qui correspond à l’inventaire du musée de la Marine
achevé par Morel-Fatio en 1856 (952 de la section ethnographique). Saisi par Denon en janvier 1807 au
château de Kassel en Allemagne et non réclamé en 1815, c’est un objet rare et remarquable des années 1620.
6 Comme dans le cas d’un plat en laque du Japon conservé maintenant aux musées d’Art et d’Histoire de
La Rochelle. L’origine étant perdue, il est envoyé, sans identification, en 1923 lors d’un dépôt fort impor-
tant du musée de la Marine, avec d’autres plats de même type dont l’un portait sur une étiquette le no 924
correspondant à l’inventaire de 1824.
7 Voir la feuille du « tableau du mois » de février 2002, au musée du Louvre.
8 Foucart-Walter Élisabeth, Nouvelles acquisitions du département des peintures (1987-1990), Paris,
RMN, 1991, p. 225.
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À propos des inventaires des musées
9 Coutin Yvonne, L’Histoire des anciens inventaires (1793-1870), Paris, Mémoire de l’École du Louvre, 1968.
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Partie I – Inventaire et investigation
classement raisonné qui va être utilisé pour les inventaires du musée du Louvre,
préfigurant une gestion en départements spécialisés, tout en affirmant l’unité de
l’institution, unité qui va rester réelle au point de vue administratif jusque dans
les dernières années du xixe siècle.
Certes, il existait déjà des inventaires des collections conservées par le Roi sous
l’ancien régime, celui de Durameau en 1788, ou le récolement de Versailles en
1794, pour ne citer que les plus récents. Certains ont été publiés 10.
Après 1789
Le musée du Louvre, nommé successivement Muséum central des arts de la
République, musée central des Arts, musée Napoléon, puis Musée royal, impérial,
ou national suivant les régimes, n’eut d’abord pas d’inventaire général, même si de
nombreuses listes datées existaient ; par exemple, en date du 22 novembre 1802,
« l’inventaire des objets remis par l’ancienne administration du musée au citoyen
Denon, directeur général 11 », qui concerne les objets d’art en matières précieuses,
ou les listes des œuvres saisies lors des campagnes militaires 12 ou concédées aux
villes de province 13, qui avait été établies soit lors de l’entrée des œuvres soit lors
de leur envoi vers d’autres destinations. C’est seulement l’article 8 du sénatus-
consulte 14 du 30 janvier 1810 relatif à la révision de la liste civile de Napoléon qui
stipule que les objets dépendant de la dotation de la Couronne et placés au musée
et dans les palais impériaux doivent être répertoriés. Cela sera fait par catégories
d’objets – peintures, dessins, sculptures, objets divers…
Un jeune auditeur au Conseil d’état qui signe alors Henri de Beyle (en fait Henri
Beyle, le futur Stendhal) est désigné pour suivre cette opération 15.
Son style limpide fait déjà merveille, comme l’atteste sa lettre du 27 octobre
1810 à Denon, directeur général du musée Napoléon, et va marquer d’une manière
durable le destin des inventaires, dans leur conception et jusque dans leur matéria-
lité. Il propose un inventaire avec sept colonnes – « No d’ordre / Nom du peintre
/ Désignation du tableau / Hauteur du tableau / Largeur du tableau / Hauteur et
nature du cadre / Observations » :
« Je suis passé chez vous pour vous soumettre le modèle ci-joint de Procès-verbal
pour pouvoir décrire en une ligne, un tableau quelconque si beau qu’il soit, même
10 Guiffrey Jules, Inventaire général du mobilier de la couronne sous Louis XIV (1663-1715), Paris, La
Société, 1885.
Enguerand Fernand, Inventaire des tableaux du Roi rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly, Paris, Ernest
Leroux, 1899.
Enguerand Fernand, Inventaire des tableaux commandés et achetés par la direction des Bâtiments du roi (1709-
1792), Paris, Ernest Leroux, 1901.
11 Archives des musées nationaux, 1DD 9 (objets précieux, bronzes, articles divers du Stathouder).
12 Savoy Bénédicte, Patrimoine annexé : les biens culturels saisis par la France en Allemagne autour de 1800,
Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2003 (2 vol.).
13 Archives des musées nationaux, 1DD11 et 1DD12.
14 Texte émanant du Sénat et ayant force de loi sous le Consulat et les deux Empires napoléoniens.
15 Dominique-Vivant Denon. L’Œil de Napoléon, exposition au musée du Louvre, 20 octobre 1999-17 janvier
2000, Paris, RMN, 1999, no 130.
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À propos des inventaires des musées
La Transfiguration 16. Notre travail n’aura pas la beauté pittoresque, mais il aura la
beauté administrative : la clarté et la brièveté. Par ce moyen malgré le petit nombre
de nos commis, nous pourrions espérer de voir la fin du travail 17. »
Après quelques amendements sur ce modèle à sept colonnes, notamment l’ajout d’une
colonne « Origine » d’abord intitulée « Provenance »…, puis celles de « Emplacement
actuel » et deux autres concernant l’estimation de l’objet, de son cadre ou de son
piédestal, c’est ce modèle sur une page de registre de très grand format en hauteur
qui est adopté pour l’inventaire ordonné en 1810. Il a finalement dix colonnes
selon un modèle approuvé le 10 décembre 1810 et qu’il faut alors faire imprimer.
Il prend en compte les objets conservés au musée Napoléon, dans les palais impé-
riaux de Paris et de province, sans oublier la sculpture des jardins. S’envisagent
alors la nécessité de missions vers ces palais éloignés et la question de la crédibi-
lité des listes fournies par les concierges ou aux rapports des envoyés du service
du Mobilier, lequel, étant d’usage, n’est pas compris dans les collections du musée.
Ce n’est qu’à la fin du Second Empire, notons-le, que des meubles prestigieux
commenceront à être transférés du Garde-Meuble de la Couronne au musée du
Louvre ou à Versailles…
Ce n’est donc qu’en 1811 qu’est entreprise la rédaction de cet inventaire dit « de
1810 » ou « inventaire Napoléon » : il est décidé de l’établir d’une manière raison-
née, par matière et technique avec des subdivisions par époque ou par école, ce qui
évite de répéter à chaque ligne ces indications génériques : école italienne, fran-
çaise, bronzes, jades, laques de Chine et du Japon, etc.
Mais ce travail n’est pas encore achevé en 1814 : la numérotation n’est pas indiquée
sur la minute d’inventaire et aucun objet n’a été en conséquence matériellement
immatriculé, même si Denon, dès le 12 novembre 1810, admet le numérotage et
l’estampillage comme une « chose très juste que lui suggère Daru, son supérieur
hiérarchique ».
Dès l’origine, comme l’atteste une lettre de Daru à Denon du 9 novembre 1810,
est réclamé en outre un « livre des mouvements », deuxième outil de base de la
gestion des collections, portant, par ordre chronologique, la date des sorties et des
éventuels retours, la destination et la description sommaire avec le numéro d’in-
ventaire ; il devait être transmis à l’administration tous les trimestres. Si le livre
des mouvements existe toujours, ce contrôle trimestriel a disparu, s’il a jamais eu
lieu. Ce travail « immense », comme le qualifie Denon, exige du personnel sup-
plémentaire, un véritable leitmotiv au cours du xixe siècle. Denon pense, dans
une lettre du 3 décembre 1810, qu’il faudra un an de travail, « car il en faut trois
copies, une pour le Sénat, une pour l’intendance générale, une pour l’établisse-
ment ». Il se trompe…
De plus, le champ d’investigation est sans fin. Ainsi, le 9 novembre 1813, le duc
de Cadore, successeur de Daru, écrit à Denon pour que la galerie du Sénat (au
Luxembourg) soit prise en compte, malgré les réticences locales, le sénatus-consulte
16 La Transfiguration de Raphaël, vaste tableau avec de nombreuses figures, provenant du Vatican, était
alors au musée Napoléon.
17 Archives des musées nationaux, Z3, 27 octobre 1810. Sauf mention contraire, les documents cités par
la suite proviennent de la série Z3 concernant plusieurs services de la direction des Musées.
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Partie I – Inventaire et investigation
faisant état des « musées des arts ». Un accord sera trouvé en 1814 entre le duc
de Blacas et le comte de Semonville, grand référendaire de la Chambre des pairs
(le Sénat n’existe plus). Cela va déterminer pour quatre-vingts ans un inventaire
unique (par technique) pour le Louvre et le musée du Luxembourg, destiné, à
partir de 1818, aux œuvres des artistes vivants.
En 1814, il est décidé que les tableaux restitués aux églises en 1806 (on n’a gardé
que les chefs-d’œuvre) n’ont pas à être mis sur l’inventaire, mais rien n’est décidé
pour les envois en province, dès 1801, en application de l’arrêté Chaptal 18.
La Restauration
En 1815, il faut régler, à la suite du congrès de Vienne, les demandes de resti-
tution d’objets rapportés des campagnes militaires victorieuses de la Révolution
et de l’Empire. Tous ces objets avaient échappé au marquage, l’inventaire n’étant
pas encore numéroté. S’y ajoute, en 1816, la restitution des collections du prince
de Condé qui avait émigré dès 1789 ; elles constituent le fonds ancien du musée
Condé à Chantilly, légué par le duc d’Aumale à l’Institut de France. Les dix-sept
volumes de l’inventaire Napoléon qui se divisent en quatre grandes sections – pein-
tures, dessins et autres œuvres non peintes à l’huile, sculptures, objets d’art – sont
soigneusement annotés, dans la marge, de ces départs, selon l’ordre du comte de
Pradel à Denon.
Avec le nouveau régime, il faut recommencer : l’article 4 de la loi du 8 novembre
1814, sur la dotation de la Couronne ordonne à nouveau un inventaire général et
c’est sous la direction du comte de Forbin, directeur nommé le 16 août 1816, qu’il
est entrepris. Il comprend douze colonnes, non plus sur une seule page, mais sur
une double page. Il fait référence aux pages de l’inventaire Napoléon et numérote
en continu les collections restantes prises en compte. Ce travail n’est achevé qu’en
1823, semble-t-il, pour les « 2 727 tableaux des écoles italienne, flamande et fran-
çaise numérotés par ordre et revêtus en même temps de la marque ci-jointe » (en
fait, « MR »). Le numéro est en outre porté dans la colonne de gauche de l’inven-
taire Napoléon. On agit de même pour 8 474 dessins et autres techniques variées,
ainsi que 3 564 objets de sculpture. Enfin, un dernier volume fait état des acqui-
sitions de Louis XVIII, puis de Charles X. Au total vingt-et-un volumes, dont
des exemplaires ont été déposés aux Chambres. Mais, dès 1822, on a prévenu le
ministère du Trésor public, dans un état sommaire des tableaux du domaine de
la Couronne à l’époque du retour de Louis XVIII, qu’un tri a été fait dans les
collections, en créant un inventaire des rebuts, trop chers à restaurer, en peinture
notamment 19.
18 « Le rôle de l’État dans la constitution des collection des musées de France et d’Europe », colloque du
bicentenaire de l’arrêté consulaire dit « arrêté Chaptal » (14 fructidor an IX-1er septembre 1801), Paris, 2001.
19 Ce sera l’inventaire B, numéros marqués en blanc, rédigé sur les mêmes doubles pages, avec douze colonnes.
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À propos des inventaires des musées
La monarchie de Juillet
Un nouveau régime succède à la révolution de juillet 1830. Un nouvel inventaire
est prescrit, en quatre exemplaires, par l’article 6 de la loi du 2 mars 1832, sous
le contrôle du ministère des Finances, et d’un inspecteur de l’enregistrement et
des domaines.
Rien que pour les musées royaux, ce seront dix-huit nouveaux volumes, en faisant
recopier le précédent à moindres frais par le personnel du musée et en l’allégeant :
seulement huit colonnes sur une page (ni origine, ni emplacement, ni évaluation),
mais le numéro d’ordre continu est différent du numéro d’inventaire reporté dans
une deuxième colonne, celui qui est déjà marqué sur les objets. En sont suppri-
mées les œuvres envoyées hors du Louvre et des palais royaux, notamment les
envois en province antérieurs à 1830 et les concessions dont, pourtant, le statut
est celui d’une mise à disposition centennale, révocable, ne mettant pas fin à la
propriété de l’État.
Deux nouveaux inventaires des acquisitions de la liste civile (LP) sont ouverts
sous Louis-Philippe, l’un pour les œuvres à deux dimensions, peintures, dessins et
gravures, l’autre pour les objets à trois dimensions toutes techniques confondues.
L’unité des musées reste bien affirmée, mais la notion de Liste civile signifie aussi
que, comme sous la Restauration, le roi peut y puiser des œuvres qu’il souhaite
donner à des personnes privées – la reine Victoria, ses enfants par exemple – ou à des
églises, ce qui est noté dans la colonne des observations. Ces inventaires, compor-
tant neuf colonnes sur une page 20 – No / Nom du maître / Désignation des Sujets /
Dimensions / Hauteur / Largeur / Prix / Date de la décision / Observations 21 –,
contiennent toutes les acquisitions, dont celles destinées au musée de la Marine,
fondé en 1827, qui a établi un inventaire à part de son ancien fonds 22.
C’est sans doute ce qui explique que, pendant des années, le département des
Peintures n’ait pas su ce qu’étaient devenus – pour ne citer qu’un exemple – les
tableaux de l’Américain Catlin 23 (il n’en restait qu’un déposé à Blérancourt 24)
représentant les Indiens d’Amérique et commandés lors de son passage à Paris
en 1845. Ils avaient été placés dans les salles de la Marine au deuxième étage de
la Cour carrée du Louvre regroupant ce qui était exotique (donc ils n’étaient pas
sortis du musée), et ils ont déménagés avec ce musée ; ils sont pour la plupart
maintenant conservés au musée du quai Branly.
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Partie I – Inventaire et investigation
La Deuxième République
La révolution de 1848 met fin au règne de Louis-Philippe : il va falloir restituer
et exclure de la gestion des musées tout ce qui relève du domaine privé inscrit sur
les inventaires de la liste civile, les cadeaux et les peintures décorant les demeures
relevant également du domaine privé, comme les châteaux de Neuilly et de Randan
ou la chapelle du château de Carheil à Plessé (Loire-Atlantique) 25. Quant au
Musée espagnol et au musée Standish, ils avaient fait l’objet d’inventaires spéci-
fiques. Ainsi l’inventaire LP devient-il à son tour terriblement lacunaire 26.
Entre-temps, le nouveau directeur, le peintre Jeanron, assisté du nouveau conser-
vateur des peintures, Frédéric Villot, fait un constat accablant dans une note du
7 avril 1848 (cf. encart).
Le Second Empire
Jeanron est remplacé dès le 25 décembre 1849 par le comte de Nieuwerkerke, et
c’est une nouvelle loi, le sénatus-consulte du 12 décembre 1852 (constitutif de la
liste civile impériale), qui exige, dans son article 5, l’inventaire de toute la dotation
mobiliaire de la Couronne, y compris les meubles dans l’hôtel du Garde-Meuble.
Un décret impérial du 25 janvier 1854 et une lettre d’Achille Fould, ministre
d’État et de la maison de l’Empereur, du 30 juin 1855 ordonnent la rédaction
d’un nouvel inventaire, sans estimation et avec un nouveau numéro porté immé-
diatement sur les objets d’art. Les feuilles sont imprimées par l’administration des
Domaines. Après discussion, Frédéric Villot plaide pour un inventaire par tech-
niques, reprenant les divisions de 1832 – peintures par écoles, dessins et chalco-
graphie, sculptures, objets divers, musée de Marine, bibliothèque –, et proteste
contre l’erreur des Domaines qui veulent séparer Versailles du Louvre en chargeant
Soulié, conservateur adjoint à Versailles, de l’établir, et non pas Daudet, chargé
de celui du Louvre. Versailles figurera finalement encore sur l’inventaire unique
du Louvre pour près d’un demi-siècle, une liste locale (utilisée dans le catalogue
imprimé) étant établie parallèlement.
Toutes les acquisitions antérieures, y compris celles de la Deuxième République,
sont reprises méthodiquement et classées d’une manière raisonnée par écoles et
ordre alphabétique des auteurs. Dans les deux premières colonnes, le numéro de
l’ancien inventaire est porté à coté du nouveau (Inv. pour les peintures). On a
pour cela utilisé des fiches établies d’après les anciens inventaires, sur lesquelles
25 Autour de Delacroix : la peinture religieuse en Bretagne au xixe siècle, exposition au musée de la Cohue,
Vannes, 1993, [réalisée par le conseil général du Morbihan, en collaboration avec la ville de Vannes],
Vannes, Sagemor, 1993.
26 Sur l’inventaire conservé à la documentation des Peintures, une croix rouge marque ces œuvres qui ne
font plus partie du domaine de l’État, ainsi que les gravures et les dessins, gérés dorénavant par un autre
inventaire, car, sous le Second Empire, on revient à une répartition qui reprend celle héritée des inven-
taires antérieurs, par technique.
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À propos des inventaires des musées
le nouveau numéro est ajouté avant copie sur l’inventaire dans le nouvel ordre du
numérotage 27.
L’inventaire des dessins et autres techniques graphiques commencé le 12 novembre
1856 est clos le 30 juillet et le 30 août 1860, sous contrôle d’un vérificateur des
Domaines, délégué par le ministre des Finances au nom de l’État ; il compte 42 058
articles (il n’y a plus de paquets avec un seul numéro…).
D’autre part, Morel-Fatio, conservateur du musée de la Marine, crée deux listes
distinctes qui se suivent sur un même registre – « Marine » et « Ethnographie » –,
et y inclut, par exemple, parmi les objets exotiques, les laques de Marie-Antoinette
et autres pièces d’Extrême-Orient.
L’idée est de poursuivre ces inventaires – les derniers de ce type – avec les nou-
velles acquisitions, ce que fait d’ailleurs le musée de la Marine qui a inclus dans
son inventaire fini en décembre 1856 les acquisitions des premières années du
Second Empire – la collection chinoise de M. de Montigny, acquise en 1855, y
est notée « entrée depuis l’avènement » sans plus de précisions. D’autres départe-
ments ouvrent un registre des acquisitions à partir du début du Second Empire.
Celui des peintures, à neuf colonnes (les œuvres sont marquées « MI ») com-
prend, jusqu’en 1855, des objets appartenant au domaine privé de Napoléon III
(un « DP » en marge le signale). Ils seront gérés par la liste civile de Napoléon III
et sortent du contrôle des musées.
La séparation de la collection du musée (qui peut recevoir des dons de l’Empe-
reur, inscrits comme tels sur l’inventaire) clarifie le statut des œuvres. Dans une
thèse de l’École des chartes, Catherine Granger 28 a étudié cette foisonnante liste
civile. Lors de son règlement judiciaire, quelques œuvres seront attribuées aux
musées nationaux, comme la Naissance de Vénus de Cabanel ou le Ruisseau couvert
de Courbet, portés comme acquisitions en 1879.
La Troisième République
Après 1870, les œuvres sont marquées « RF » et inscrites, pour les peintures, sur
un registre des acquisitions également à neuf colonnes.
Les départements se constituent progressivement par division chronologique ou
géographique : l’Antiquité est séparée des Temps modernes (depuis le Moyen Âge)
pour les sculptures et les objets d’art, l’Égypte prend son autonomie, la Grèce et
Rome aussi, etc. Et l’histoire complexe des inventaires de chacun des départements
27 Les problèmes d’immatriculation se posent aussi pour les tableaux du château de Versailles présen-
tés dans des boiseries ou de très grand format, pour lesquels il est suggéré de les marquer sur la face en
bas en rouge. En d’autres époques, les œuvres placées dans des boiseries avaient été considérées comme
immeubles et non reprises dans l’inventaire des objets mobiliers, comme certains dessus-de-porte installés
place Vendôme au ministère de la Justice, provenant des collections du Stathouder (xviiie siècle hollandais)
et qui ont ainsi échappé aux restitutions comme les œuvres envoyées en province avant 1815.
28 Granger Catherine, L’Empereur et les arts. La liste civile de Napoléon III, Paris, École nationale des
chartes, 2005.
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Partie I – Inventaire et investigation
se met en place 29. En 1891, deux statues japonaises sont achetées à Samuel Bing
et placées d’abord sur l’inventaire de la Marine, mais bientôt ce sont les objets
qui ouvrent un inventaire particulier (EO) du département des Objets d’art pour
l’Extrême-Orient, tandis qu’un autre est consacré à la céramique chinoise lors de
la donation Grandidier en 1894. Tout a été déménagé, inventaires compris, au
musée Guimet après 1945.
À la même époque, autour de 1893, trois musées prennent leur autonomie vis-à-vis
du service central de la direction des musées au Louvre : le musée du Luxembourg,
le château de Versailles, et celui de Saint-Germain-en-Laye, fondé sous le Second
Empire. Ils doivent donc avoir leur propre inventaire. Chacun résout la question
à sa manière.
Versailles continue la numérotation commencée par Soulié pour le château (MV) 30
et un autre en 1894 pour le Trianon (T), dont les objets avaient déjà été portés sur
un inventaire commencé en 1855 (mais avec un numéro différent).
Saint Germain-en-Laye continue son inventaire particulier et y inclut ce qu’on
lui envoie de la Marine vers 1906, pour une salle d’ethnographie comparée qui
n’eut jamais d’existence. En 1930, ces objets sont presque tous transférés au musée
du Trocadéro (qui deviendra le musée de l’Homme en 1937) qui leur donne un
nouveau numéro, précédé du millésime de l’année (méthode utilisée également
au département des Peintures depuis les années 1930) 31.
Au musée du Luxembourg, musée de passage par nature, Léonce Bénédite attri-
bue les numéros du dernier catalogue imprimé et continue à la suite, mais sans
registre – seulement des brouillons au crayon – avec des fiches, ce qui entraîne
rapidement des confusions 32.
Pendant dix ans, jusqu’en 1903, les acquisitions pour le musée du Luxembourg
sont inscrites également sur l’inventaire du Louvre, mais échappent à l’immatri-
culation de leur numéro RF, tandis que le legs Caillebotte de 1894 n’est inscrit
sur l’inventaire qu’après son transfert au Louvre en 1929. En 1930, un bilan des
objets encore présents est fait par Gaston Poulain et le musée national d’Art
29 Gaborit Jean-René, « Renaissance et Temps modernes », Sculpture française, Paris, RMN, 1998.
30 Constans Claire, Les Peintures. Musée national du château de Versailles, Paris, RMN, 1995 (3 vol.).
Claire Constans donne les deux ou trois numéros d’inventaire (LP, Inv., MV) de chaque œuvre cataloguée.
31 Lors du passage au musée du quai Branly, regroupant les collections d’ethnographie extra-européennes
du musée de l’Homme et celles du musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie (MnAAO), héritier du
musée des Colonies, puis du musée de la France d’outre-mer, il avait été préconisé de garder les numéros
d’inventaire antérieurs. Afin d’éviter les doublons et pour les besoins de l’informatisation, ils ont été précé-
dés d’un signe particulier à chacun des musées d’origine (« 71. » pour le musée de l’Homme, « 74. » pour le
MnAAO), un autre pour les nouvelles acquisitions (70.), ce qui en fait des numéros chargés d’histoire. Cette
solution a évité d’inventorier à nouveau plus de 290 000 objets et de reprendre leur immatriculation maté-
rielle ; l’équipe du musée a cependant pesé, mesuré, photographié les objets et mis en ligne toutes ces données.
32 Ainsi Le Samaritain de Ribot, immatriculé d’un numéro « Lux » qui n’était pas celui trouvé dans les
brouillons d’inventaire, lors de son examen au Musée national de Varsovie, ne portait-il pas celui de l’in-
ventaire du Louvre (RF 106) donné lors de son entrée en 1874 au musée du Luxembourg, puisqu’il venait
du service d’achat aux artistes vivants. La propriété de l’État, ainsi que le cheminement de l’œuvre jusqu’à
notre ambassade en Pologne, ambassade détruite au tout début de la Seconde Guerre mondiale, pouvait
s’établir par les archives. C’est, semble-t-il, le seul rescapé de nos envois à Varsovie : il passait pour détruit,
mais en 1979 sa présence dans les réserves du Musée national de Varsovie avait été signalée. Il a fallu près
de vingt ans – et sans doute aussi la chute du mur de Berlin – pour qu’il regagne Paris le 8 avril 1998 et
entre au musée d’Orsay.
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À propos des inventaires des musées
33 L’Inventaire général des richesses d’art de la France est une publication lancée par le ministère de l’Instruc-
tion publique et des Beaux-Arts sous la houlette de Philippe de Chennevières, directeur des Beaux-Arts,
dans un rapport daté du 15 mai 1874. Vingt et un volumes parurent chez l’éditeur Plon entre 1876 et 1913.
Le principe était de permettre la connaissance des œuvres d’art conservées dans les collections nationales,
les musées de province, les églises et les monuments publics à la lumière des sources bibliographiques des
archives et des grandes bibliothèques. Les volumes se divisent entre monuments civils et monuments reli-
gieux ainsi qu’entre Province et Paris.
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Partie I – Inventaire et investigation
Les dépôts
Enfin, le contrôle des dépôts faits dans les collections des musées de province, sou-
haité par Jeanron, a abouti à la formation d’un service de l’inspection générale des
musées de province. Après la seconde guerre mondiale, ce service a mis au point
et distribué un type d’inventaire en largeur à l’italienne avec dix-huit colonnes sur
deux pages, qui se veut polyvalent, permettant d’enregistrer aussi bien les charrues
que les peintures. À la différence des inventaires du Louvre, le nom de l’auteur, s’il
est connu, n’apparaît que dans la 11e colonne. En voici les différentes rubriques :
1 Mode d’acquisition / 2 Nom et adresse du donateur, testateur, vendeur / 3 Date
d’acquisition / 4 Date d’inscription sur le registre / 5 Prix / 6 Indice de classe-
ment / 7 Numéro d’inventaire / 8 Description de la pièce inventoriée / 9 Matière
et technique / 10 Mesures / 11 Auteur / 12 Époque, Provenance / 13 Exécution
/ 14 Fonction / 15 Collection / 16 Catalogue/ 17 D.O. / 18 Observations.
Une variante à dix-neuf colonnes existe pour les dépôts reçus par les musées de
province.
Avec les débuts de l’informatique et, me semble-t-il, l’épuisement du stock de ces
inventaires, il y eut, au début des années 1980, peu après que le département des
Peintures n’eut acquis qu’une seule œuvre dans l’année – le Portrait de Sigismond
34 Lesné Claude, Roquebert Anne, Catalogue des peintures MNR, Paris, RMN, 2004.
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À propos des inventaires des musées
Matatesta par Piero della Francesca (RF 1978-1) – une nouvelle tentative sans suite
d’inventaire centralisé dont la direction des Musées éditerait sur papier chaque
année ce qui concerne chaque département ou musée. La feuille risquait de s’égarer.
Une fois de plus était plaidée la cause de l’inventaire sur grands registres reliés, aux
pages numérotées, avec inscription en continu, difficile à perdre. Bien entendu, il
est accompagné des dossiers d’œuvres, des catalogues imprimés, maintenant d’une
base informatisée. Sans oublier l’archivage des documents concernant l’acquisi-
tion de chaque objet le faisant entrer dans le domaine de l’État.
Depuis une quinzaine d’années, le grand récolement entrepris par le ministère de
la Culture se base sur les données enregistrées dans les inventaires successifs, pré-
cieux documents entre tous grâce à cette efficace concision prônée il y a un peu
plus de deux siècles par le jeune Stendhal.
Bien sûr, des mouvements entre différents lieux de dépôts ont bien souvent échappé
à ceux qui mettaient à jour les inventaires et l’on s’en plaignait déjà au début du
siècle : le lien avec le service d’achat aux artistes vivants (le Fnac), longtemps
oublié, a été rétabli. J’ai fait dès les années 1970 l’expérience de la richesse de son
fichier et de ses registres d’entrée : un nouveau numéro était attribué à chaque
passage (il n’y avait pas à proprement parler d’inventaire général). Quant aux dos-
siers d’acquisition, ils sont maintenant presque tous accessibles sur la base Arcade
des Archives nationales, qui indexe la série F 21, travail – immense – débuté vers
1975, et pas encore tout à fait achevé 35.
35 Le cas du Caïn de Cormon, œuvre phare du musée du Luxembourg largement diffusée par la repro-
duction, est caractéristique de cette perte de mémoire administrative. Acquis par l’État au Salon de 1880,
attribué aux musées nationaux et inscrit sur l’inventaire de peintures (RF 380), il fut exposé au musée du
Luxembourg de 1881 à 1926, puis considéré comme détruit d’après les fichiers du musée national d’Art
moderne. Il était en fait entreposé au Dépôt de l’État, dans le palais de Tokyo (autre service installé dans le
même bâtiment après l’exposition de 1937). Il n’y avait pas de fiche, mais, dans le registre d’entrée, aucune
nouvelle destination n’était portée. En fait, son rouleau est apparu, en 1980, après le déplacement d’une
statue qui se trouvait au bout du casier le contenant et cachait la vue de l’étiquette. Il avait perdu son châssis,
mais la toile était bien là. Elle est exposée au musée d’Orsay depuis son ouverture en 1986.
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Partie I – Inventaire et investigation
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À propos des inventaires des musées
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Partie I – Inventaire et investigation
Le troisième volume est consacré aux tableaux acquis sous Louis XVIII, Charles X, pas de prix,
mais cette indication pourra ultérieurement se rétablir facilement à l’aide du dossier des rap-
ports et commandes.
Les dessins sont inventoriés dans les tomes 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10, sans indication de provenance
ou d’acquisition.
Quelques remarques sur le tome 9 donneront une idée de la confusion qui règne dans ce travail.
On y trouve des dessins répartis en 54 volumes (collection précieuse de Baldinucci, Carle Maratte,
etc.) en quatre boîtes contenant 1 153 paquets contenant 7 365 dessins non décrits, non estam-
pillés et non numérotés.
Le numéro d’ordre indique 24 175 dessins, celui d’inventaire 13 150, mais il faut remarquer que
les paquets de cent, deux cents dessins, ne portent qu’un numéro. Il est impossible de fixer
approximativement le chiffre des dessins, mais il doit dépasser 50 000. Dans le dernier volume se
trouve une partie supplémentaire renfermant des dessins d’écoles diverses, indiens, en paquets,
en volumes, en chemises, des tableaux, des tapisseries, des pastels, des porcelaines, émaux,
planches gravées, puis encore des dessins, etc.
Depuis la République et l’Empire, on n’a mis aucune estampille ni sur les livres ni sur les dessins.
Le même désordre règne dans les vases, antiquités égyptiennes, bijoux, etc. Ainsi, le poids de l’or
et de l’argent, le montant exact et la valeur des pierreries ne sont point indiqués.
Il est inutile de continuer l’examen de l’inventaire officiel, fautif ou insuffisant sous tous les rap-
ports, dans l’état actuel des choses. Les greniers du Louvre contiennent un nombre considé-
rable de tableaux roulés ou sur châssis provenant de différents dépôts ou résidences royales
qui n’y figurent pas.
Quant aux dessins, l’Administration a jugé à propos, après le dépôt de l’inventaire aux Chambres
d’en réunir un grand nombre dans 300 volumes environ ; l’idée de réunir en volumes les dessins
des maîtres est une idée essentiellement malencontreuse que rien ne justifie. Toutes les richesses
nationales doivent être accessibles à la juste curiosité du peuple, à l’étude des travailleurs ; et
ce mode de collectionner des objets de cette nature s’oppose à toute communication sérieuse
au public intéressé à les voir. Il vous sera donc fait ultérieurement, citoyen ministre, un nouveau
plan d’exhibition et de communication des dessins.
Les artistes ont essentiellement besoin de faire une connaissance avec tant de belles choses
spontanées où le génie, la marche et la méthode des maîtres se comprend [sic] mieux que dans
leurs réalisations parachevées.
Cette mise en volumes a été l’occasion du bouleversement des paquets, boîtes et chemises ;
seulement il reste déposés dans la salle de la chalcographie près de 10 000 dessins divisés en
100 paquets de 100 chacun sans compter un grand nombre de cartons, boîtes etc.
L’inventaire des acquisitions faites sous Louis-Philippe, celui du Musée espagnol, du musée
Standish, d’une collection de tableaux rapportés de Malte sont ou excessivement abrégés ou
même à l’état de carte et n’indiquant pas les prix d’acquisition, lacune à laquelle nous présu-
mons impossible de remédier.
En résumé, si l’on veut connaître l’état des richesses renfermées dans le Louvre, rétablir l’ordre
où règne la confusion, il est urgent de faire au plus tôt un inventaire général complet, réunissant
tous les renseignements épars, un inventaire facile à consulter, facile à continuer dans chaque
catégorie et débarrassé de cette foule de suppléments de numéros qui entravent les recherches
et les vérifications au point de les rendre souvent impossibles. »
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De l’enquête documentaire
à la recherche scientifique
ou comment faire du récolement
un enjeu de connaissances
des collections muséales
Yannick Lintz
37 Est inventorié tout bien acquis à titre gratuit ou onéreux affecté aux collections des musées de France par
un acte émanant de la personne morale propriétaire du bien. Un numéro d’inventaire est attribué à chaque
bien dès son affectation. Ce numéro, identifiable sur le bien, est utilisé pour toute opération touchant le
bien inventorié. Les biens dont le musée est dépositaire sont répertoriés sur un registre distinct. C’est un
document unique, infalsifiable, titré, daté et paraphé par le professionnel responsable des collections, réper-
toriant tous les biens par ordre d’entrée dans les collections. L’inventaire est conservé dans les locaux du
musée. Une copie de l’inventaire est déposée dans le service d’archives compétent ; elle est mise à jour une
fois par an. Les ministres chargés de la culture et de la recherche fixent par arrêté les normes techniques
relatives à la tenue de l’inventaire et du registre des dépôts, ainsi que les principes généraux de numérota-
tion, d’identification, de marquage et de récolement des biens des musées de France. Le titre premier du
décret du 2 mai 2002, pris en application de la loi no 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France
définit l’inventaire des biens d’un musée de France. L’arrêté du 25 mai 2004 fixe les normes techniques
relatives à la tenue de l’inventaire, du registre des biens déposés dans un musée de France et au récolement.
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Partie I – Inventaire et investigation
plus de 20 000 œuvres dans vingt-six pays, alors qu’en 1997, au début de cette
opération, 20 % à peine de ce patrimoine était connu. L’origine archéologique
de ces collections, arrivées par caisses au Louvre et à Paris de la Méditerranée et
du Moyen-Orient avant d’être parfois immédiatement redistribuées, explique le
caractère largement inédit des œuvres. La reconstitution de toute cette histoire,
de la découverte archéologique à la redécouverte lors du récolement, nous a ainsi
conduit à développer des thèmes et des enjeux d’études des collections que les
projets scientifiques de catalogues raisonnés ou d’expositions ne nous amenaient
pas à conduire a priori.
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De l’enquête documentaire à la recherche scientifique ou comment faire du récolement
un enjeu de connaissances des collections muséales
Quatre inventaires généraux récapitulatifs ont été réalisés au cours du xixe siècle,
sous Napoléon Ier, Louis XVIII, Louis Philippe et Napoléon III. L’inventaire
Napoléon est commandé par Pierre Daru, intendant général des domaines de
la Couronne à Dominique Vivant Denon, directeur du musée, par courrier du
7 février 1810, pour mettre en œuvre le sénatus-consulte 38 du 30 janvier 1810.
Toutefois, étant donné l’ampleur de la tâche, ce travail était loin d’être terminé à
la chute de l’Empire. Il se présente alors classé par types (sculptures, antiques et
modernes, objets d’art, peintures et dessins) en 17 volumes. Il apporte des informa-
tions sur la provenance des œuvres mais aucun numéro ne leur a encore été attri-
bué. La numérotation est rétrospective, d’où la discussion toujours actuelle pour
savoir si c’est un inventaire ou un livre d’entrée. Il contient, en outre, des œuvres
provenant des saisies révolutionnaires et des conquêtes napoléoniennes qui ont
été restituées en 1815. L’inventaire général des musées royaux de 1814 est le plus
important car il fait état des collections de la Couronne après les restitutions de
1815. Il est demandé par la loi sur la dotation de la Couronne du 18 novembre
1814, complétée par l’ordonnance du 16 janvier 1816, ce qui explique qu’il soit
désigné alternativement comme inventaire de 1814 ou 1816, mais n’est achevé
qu’en 1824. L’inventaire général des musées royaux, dit « MR », est composé de
24 volumes qui décrivent non seulement les œuvres du Louvre, mais aussi celles
des résidences royales telles que Versailles, Saint-Cloud, Meudon, Compiègne ou
Fontainebleau. Un inventaire supplémentaire (MRsup) le complète. Les œuvres
sont présentées par typologie, époque et matière. Une numérotation continue
affecte à chaque œuvre un numéro d’inventaire. L’inventaire général des musées
royaux de 1832, ordonné par la loi du 2 mars 1832, est composé de 19 volumes. Il
est surtout utile pour les informations qu’il contient sur les œuvres entrées dans les
collections depuis 1814, parce qu’il intègre les acquisitions de la liste civile restées
dans les musées, ainsi que l’inventaire supplémentaire. L’inventaire général des
musées impériaux, ordonné par sénatus-consulte du 12 décembre 1852, engendre
un marquage des numéros sur les œuvres très caractéristiques par une étiquette
rectangulaire blanche à liseré noir comportant un N couronné, facilement identi-
fiable sur les œuvres. À ces inventaires communs à l’ensemble des collections du
Louvre et au-delà aux musées nationaux, se rajoutent des inventaires propres aux
départements. Ainsi, pour les peintures et les dessins, l’inventaire Villot-Daudet
achevé en 1860, couramment dénommé « Inv. », répertorie les collections de tous
les musées nationaux, y compris les dépôts. Pour les antiques relevant aujourd’hui
du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et du département
des Antiquités orientales, trois inventaires se succèdent : l’inventaire « provisoire »
de 1857 rédigé par Sauzay (N) et dont la numérotation est celle qui est restée
en usage, l’inventaire de 1859, entrepris par Longpérier pour les bronzes et les
monuments assyriens, resté inachevé et celui de 1870, terminé après le départ de
Adrien de Longpérier, par Wilhelm Froehner et Héron de Villefosse. L’inventaire
N concerne, au département des Antiquités égyptiennes, tous les objets invento-
riés entre 1852 et 1857. Pour les sculptures, l’inventaire N (1857) est une sorte de
récolement par ordre topographique des œuvres au Louvre à cette date.
38 Texte émanant du Sénat et ayant force de loi sous le Consulat et les deux Empires napoléoniens.
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Partie I – Inventaire et investigation
À côté des inventaires, existent par ailleurs des registres d’entrées qui contiennent
a priori tous les objets acquis par le musée, inscrit par ordre chronologique d’arrivée
avec un numéro d’ordre. Ces livres apportent des indications sur la date précise de
l’entrée de l’œuvre dans les collections, le mode d’acquisition et le nom du proprié-
taire précédent, parfois des mentions d’envoi dans un musée de province. Ils sont
également le reflet de l’histoire des départements, ce qui explique que certaines
collections appartenant à des départements distincts aujourd’hui sont portées sur
les mêmes registres au xixe siècle lorsque les sections étaient confondues dans de
grands départements. Chaque régime politique a eu son registre d’acquisition,
avec des numéros aux sigles évocateurs : sous Louis XVIII, LL ; sous Charles X,
CC ; sous Louis Philippe, LP ; sous la IIe République (1850-1853), MN (musées
nationaux) et aussi ML (musée du Louvre) pour les sculptures. Sous le Second
Empire, les acquisitions n’ont pas été inscrites de manière rigoureuse et systéma-
tiquement reportées dans les registres. Il existe aussi des inventaires de musées
qui existaient au Louvre et qui ont disparu, comme le musée des Souverains.
L’inventaire du musée des Souverains (MS) comporte des objets déposés par
d’autres institutions (Bibliothèque nationale, musée de l’Armée). Il reste utile pour
certaines œuvres qui n’ont pas été reportées dans le livre OA institué en 1856,
toujours en vigueur aujourd’hui. Pour les autres départements, il faut attendre le
régime de la IIIe République pour l’usage de nouveaux livres d’acquisitions, dans
lesquels on constate que les informations sur les provenances gagnent en préci-
sion et sont mentionnées de façon systématique. Les registres de cette période
illustrent le redéploiement de certaines collections au sein de départements dont
les frontières fluctuent, en particulier pour les antiques. Ainsi, pour les antiquités
orientales, il existe un registre MNB (1871-1881, de MNB 1 à 3 270) puis AO à
partir de 1881, date de création du département. Le livre d’entrées AM en usage
à partir de 1886 concerne en revanche les Antiquités méditerranéennes, c’est-à-
dire des antiquités gréco-romaines et orientales au sens des dénominations des
départements actuels. On peut aussi citer une autre nuance dans les enregistre-
ments de la fin du xixe siècle, qui est la coexistence pour les Antiquités grecques
et romaines du livre d’entrée MNC en usage de 1881 à 1898 (MNC 1 à 2 470)
du registre de la Céramique antique (CA). Pour les départements modernes,
l’année 1871 marque l’ouverture des registres RF, avec là aussi quelques nuances
d’usage selon les départements. Pour le département des sculptures, le livre RF est
utilisé depuis 1871 mais y figurent aussi des œuvres entrées dès 1853, qui avaient
été inventoriées auparavant MI. Le département des peintures a aussi adopté un
livre d’entrée RF en 1871 avec une évolution de la numérotation (RF 1 à 3 990,
puis à partir de 1937, numérotation sous la forme RF 1 937-1). Enfin, une autre
décision historique a été prise par l’Administration en matière d’inscriptions des
œuvres à l’inventaire. Lors de la création du musée d’Orsay en 1986 à partir des
collections du Louvre, il a été décidé de continuer à utiliser les mêmes registres
d’entrée pour préserver l’unité des collections nationales. Ainsi, les peintures,
dessins et sculptures acquis par le musée d’Orsay sont inscrits sur les inventaires
des départements correspondants.
Une autre catégorie peut être précieuse à dépouiller dans les opérations de réco-
lement, celle des registres liés à des collections spécifiques. En effet, quand une
collection importante était acquise par le musée, l’usage voulait qu’il lui soit
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De l’enquête documentaire à la recherche scientifique ou comment faire du récolement
un enjeu de connaissances des collections muséales
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Partie I – Inventaire et investigation
avec un numéro typographié en noir. Pourtant, ce sont parfois ces simples éti-
quettes qui sont conservées sur l’objet et non les marquages historiques. Au cours
de notre travail de récolement, nous avons ainsi constitué un « catalogue » des mar-
quages que nous avons photographiés et souvent identifiés sur les 20 000 œuvres
récolées. Ces marquages traduisent l’histoire de l’objet, puisqu’il peut s’agir d’un
numéro du collectionneur qui a possédé l’objet avant son entrée au Louvre ou d’un
numéro de fouilles pour un objet archéologique, ou d’un numéro d’inventaire, un
numéro d’acquisition, un numéro d’envoi d’une œuvre dans un autre musée, un
numéro d’inventaire d’un dépositaire quand l’œuvre a été mise en dépôt, un mar-
quage de transporteur lors d’un prêt dans un autre musée, etc. L’identification de
tous ces marquages permet ainsi au cours du travail de récolement de retracer un
certain historique de l’œuvre.
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De l’enquête documentaire à la recherche scientifique ou comment faire du récolement
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Partie I – Inventaire et investigation
ministères), et nous les avons croisées avec le statut juridique et les pratiques
égyptiennes de protection du patrimoine et de collaboration de l’Égypte avec la
France. Nous avons aussi tenté d’identifier systématiquement par lieu dépositaire
les années de fouilles d’où proviennent les objets. L’intérêt de cette synthèse est de
parvenir à discerner, au-delà des tableaux de financeurs et des listes de répartition
des différentes campagnes de fouilles, les réalités historiques du jeu des acteurs
scientifiques, politiques et intellectuels de ce début de la IIIe République, qui ont
organisé cette répartition de la collection. Les visions de l’époque ne sont en effet
pas les mêmes que les nôtres. Le personnage d’Émile Guimet par exemple serait
aujourd’hui accusé de conflit d’intérêts, puisqu’il était chargé en tant que direc-
teur du musée Guimet d’assurer au nom du ministère de l’Instruction publique la
répartition des œuvres, alors qu’il était lui-même financeur des fouilles certaines
années et, à ce titre, propriétaire d’œuvres d’Antinoé, qu’il envoyait en cadeau à
des collègues scientifiques en région et à l’étranger. Il est important de juger ces
actes à la lumière de pratiques historiques pour interpréter les divers statuts juri-
diques de cette collection et les décisions de post-récolement les plus adaptées.
Les résultats du récolement et du travail documentaire associé donnent aussi l’oc-
casion de mieux connaître dans leur intégralité des collections dont nous avions
jusqu’alors connaissance par quelques œuvres seulement. Je citerai ainsi l’exemple
de la collection du donateur du Louvre, Arapidès. Le fameux catalogue des dona-
teurs du Louvre paru en 1992 donnait peu d’informations sur ce collectionneur.
Directeur de l’Eastern Telegraphy Company, domicilié à Rhodes, il a donné et vendu
une grande partie de sa collection au Louvre au début du xxe siècle. En 1992, on
identifiait cinq œuvres de ce collectionneur. Par ailleurs, la base de données Jupiter
des collections du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
en recense 90. Et le récolement des dépôts a d’ores et déjà permis de récoler une
liste d’environ 130 pièces sur les 200 envoyées en dépôt. Cette identification a été
rendue possible par la connaissance progressive des divers documents d’archives
que nous avons réunis. Dans ce cas, nous avions à notre disposition d’abord les
cahiers d’Edmond Pottier, responsable à la fin du xixe siècle et au début du xxe
du département des Antiquités orientales et de la Céramique antique. Il consigna
très scrupuleusement les listes d’envois d’antiques qu’il effectua dans différentes
villes. Les numéros signalés nous renvoient ainsi aux différents inventaires, dont
l’inventaire des antiquités méditerranéennes qui signale en face du numéro 1 009
l’achat en 1902 de 310 œuvres de la collection Arapidès. Par ailleurs, d’anciennes
photographies de cette collection prises au moment de son arrivée au Louvre
portaient des numéros manuscrits grâce auxquels les pièces ont été identifiées
comme provenant de cette collection. On imagine maintenant l’intérêt d’étudier
cette collection recomposée dans la vision d’une histoire du goût et du marché de
l’art antique à l’époque d’Arapidès.
Enfin, le récolement des dépôts nous a amené à développer également des études
sur l’histoire de ces dépôts, partie intégrante d’une politique culturelle de l’État
français ou de relations scientifiques entre musées. Nous faisons donc au moyen de
nos rapports de récolement par ville une analyse globale de l’histoire des contextes
d’envois d’œuvres du Louvre dans une ville. On peut de la sorte appréhender les
contextes d’envois d’œuvres antiques à Nantes entre 1863 et 1952. Une recherche
archivistique et documentaire a en effet été menée pour apprécier précisément
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De l’enquête documentaire à la recherche scientifique ou comment faire du récolement
un enjeu de connaissances des collections muséales
la succession des envois, leurs destinations dans les musées de la ville et les cir-
constances de circulation de ces collections au gré de l’évolution des institutions
muséales nantaises. Cet exercice nous a permis dans un premier temps de loca-
liser des œuvres qui avaient été déplacées dans la ville. Nantes est en effet le cas
typique de ces grandes métropoles régionales qui ont bénéficié dès 1801, dans le
cadre du décret Chaptal, d’envois en nombre de tableaux. La présence de la ville
dans la liste des bénéficiaires en 1863 d’un envoi Campana de plus d’une centaine
d’œuvres antiques confirme cette attention de l’État à l’encouragement du déve-
loppement des collections muséales de la ville dès le xixe siècle. Cette dynamique
se poursuit dans le premier quart du xxe siècle. Le tout début du siècle est marqué
par l’arrivée de nombreuses collections (1901 pour un lot de tissus coptes, 1905
pour des faïences d’art islamique, et 1908 pour un nouvel envoi de tissus coptes).
Ceci s’explique, selon les archives conservées, par la création de l’École régionale
des Beaux-arts en 1904. Son directeur de l’époque, Emmanuel Fougerat, témoigne
d’une volonté de constituer une collection d’œuvres pouvant permettre l’enseigne-
ment des arts industriels. Le ministère de l’Instruction publique y répond. Une
deuxième époque est propice aux dépôts antiques entre 1922 et 1924. Celle-ci
correspond à la création officielle du musée des Arts décoratifs dans le château
des Ducs de Bretagne. Il s’agit alors de dépôts provenant du Louvre, et propo-
sés directement par les conservateurs du musée du Louvre (Edmond Pottier en
1922 pour la céramique antique et Charles Boreux pour l’Égypte). À partir de
la Deuxième Guerre mondiale, ces collections ont connu de nombreuses vicissi-
tudes (mises en caisse, changements de locaux dans le château et hors du château).
Aujourd’hui, alors que la quasi-totalité est conservée au musée départemental
Dobrée, une étude précise de traçabilité historique de ces œuvres a pu être réali-
sée lors du récolement et faire ressortir une certaine histoire nantaise des musées.
Ce genre d’études peut aussi être élargi au niveau de l’étude historique du rôle du
Louvre dans la politique de l’État de répartition des collections nationales. Ces
recherches nous ont amené en 2007 à organiser un colloque national sur cette
question 39. Il est aussi intéressant de comprendre quelle était la vision d’Émile
Guimet quand il décida d’envoyer en 1910 dans différents musées allemands un
certain nombre d’œuvres d’Antinoé, à un moment où les relations franco-alle-
mandes n’étaient déjà pas au beau fixe. Enfin, on peut s’interroger sur la vision
d’échanges scientifiques du Louvre dans la distribution de produits de fouilles de
Suse en Europe et aux États-Unis dans la première moitié du xxe siècle.
J’espère que ces quelques lignes de démonstration auront convaincu le lecteur,
professionnel ou amateur, que le récolement des œuvres, qui ne fait pas partie des
activités médiatisées des musées comme les expositions temporaires, les acquisi-
tions ou les restaurations d’œuvres, peut constituer un pilier de la connaissance et
de la valorisation des collections d’un musée. Ce texte ne se veut pas un exemple
à imiter, mais est destiné à développer les appétits autour de ces recherches, afin
que le récolement ne se réduise plus, dans les bilans annuels, à un alignement de
chiffres du nombre d’objets à récoler ou restant à récoler. Cet exercice, devenu une
39 « Les dépôts de l’État au xixe siècle : politiques patrimoniales et destins d’œuvres », colloque organisé
le 8 décembre 2007 au musée du Louvre par Chantal Orgogoza et Yannick Lintz, <http://www.culture.
gouv.fr/culture/politique-culturelle/depot09.html>.
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Partie I – Inventaire et investigation
obligation légale depuis la loi française sur les musées de 2002 40, pourrait bâtir
le socle à partir duquel on redéfinirait une série d’activités scientifiques et cultu-
relles d’un musée, dans une période qui annonce la nécessaire modestie budgétaire.
40 http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droit-culture/musees/pdf/2002-5.pdf
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000769536
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La collection de moulages de l’ancienne
faculté des lettres de Bordeaux :
étude documentaire et pratiques
d’inventaire
Soline Morinière
Les musées de France sont tenus au récolement décennal par la loi du 4 janvier
2002, codifiée ensuite au Code du patrimoine 41. Les dispositions applicables
dans le domaine de l’inventaire 42 ont été précisées par l’arrêté du 25 mai 2004
et les modalités de récolement dans la circulaire du 27 juillet 2006 43. Le récole-
ment est, par définition, « l’opération qui consiste à vérifier, sur pièce et sur place,
à partir d’un bien ou de son numéro d’inventaire : la présence du bien dans les
collections ; sa localisation ; l’état du bien ; son marquage ; la conformité de l’ins-
cription à l’inventaire avec le bien (ainsi que, le cas échéant, avec les différentes
sources documentaires, archives, dossier d’œuvre, catalogues) » (arrêté du 25 mai
2004, article 11). Il s’agit donc de confronter les informations contenues dans les
registres d’inventaire avec celles livrées par les objets (présence matérielle, état,
dimensions, inscriptions, marquage) 44.
Le musée d’Aquitaine ne déroge pas à la loi et a entrepris depuis plusieurs années
le récolement de ses collections et des œuvres reçues en dépôt. Une réflexion pré-
alable a conduit à l’élaboration d’un plan de récolement décennal. Il existe dif-
férentes manières de procéder – par lieu de conservation, par type d’objets, par
collection – et toutes peuvent coexister au sein d’un même établissement. De janvier
41 Loi no 2004-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, codifiée conformément à l’ordonnance
no 2004-178 du 20 février 2004 au Code du patrimoine (livre IV). Décret no 2002-852 du 2 mai 2002 pris
en application de la loi no 2002-5 du 4 janvier 2002 relatives aux musées de France.
42 Est inventorié tout bien acquis à titre gratuit ou onéreux affecté aux collections du musée de France par
un acte émanant de la personne morale propriétaire du bien. Un numéro d’inventaire est attribué à chaque
bien dès son affectation. Ce numéro, identifiable sur le bien, est utilisé pour toute opération touchant le
bien inventorié. Les biens dont le musée est dépositaire sont répertoriés sur un registre distinct. C’est un
document unique, infalsifiable, titré, daté et paraphé par le professionnel responsable des collections, réper-
toriant tous les biens par ordre d’entrée dans les collections. L’inventaire est conservé dans les locaux du
musée. Une copie de l’inventaire est déposée dans le service d’archives compétent ; elle est mise à jour une
fois par an. Les ministres chargés de la culture et de la recherche fixent par arrêté les normes techniques
relatives à la tenue de l’inventaire et du registre des dépôts, ainsi que les principes généraux de numérota-
tion, d’identification, de marquage et de récolement des biens des musées de France. Le titre premier du
décret du 2 mai 2002, pris en application de la loi no 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France,
définit l’inventaire des biens d’un musée de France. L’arrêté du 25 mai 2004 fixe les normes techniques
relatives à la tenue de l’inventaire, du registre des biens déposés dans un musée de France et au récolement.
43 Arrêté du 25 mai 2004 fixant les normes techniques relatives à la tenue de l’inventaire, du registre des biens
déposés dans un musée de France et au récolement (publié au Journal officiel le 12 juin 2004). Et circulaire
no 2006/006 du 27 juillet 2006 relative aux opérations de récolement des collections des musées de France.
44 Pour davantage d’informations, voir Halgand Nathalie (dir.), « L’inventaire et le récolement des col-
lections dans les musées de France », dossier de formation permanente, bibliothèque numérique de l’insti-
tut national du Patrimoine (INP), 2014.
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Partie I – Inventaire et investigation
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La collection de moulages de l’ancienne faculté des lettres de Bordeaux :
étude documentaire et pratiques d’inventaire
– Les moulages médiévaux et les rares moulages modernes qui sont essentielle-
ment de petits éléments décoratifs architecturaux. Les figures sont rares, rendant
l’identification des originaux d’autant plus difficile. Cet ensemble ne trouve pas
– à notre connaissance – de parenté parmi les autres collections universitaires de
moulages. Paris, Lille, Montpellier et Toulouse, pour lesquels la présence de mou-
lages médiévaux est assurée, possèdent ou possédaient des tirages intégraux de
statues ou de grands éléments d’architecture grandeur nature. Le parallèle le plus
probant est à faire avec la salle d’Ornementation du musée de Sculpture compa-
rée 48 qui présente également des séries d’éléments de décors architecturaux (cha-
piteaux, écoinçons, etc.).
La connaissance de collections similaires à celle qui nous concerne permet aussi
de savoir auprès de qui prendre conseil en cas de besoin. Le musée du Louvre 49, la
Cité de l’architecture et du patrimoine et les universités de Montpellier et de Lyon
étaient les plus à mêmes de répondre à nos éventuelles questions puisque ces insti-
tutions avaient déjà procédé à l’inventaire et à l’informatisation de leurs collections.
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Partie I – Inventaire et investigation
50 Étape majeure d’un chantier des collections qui a pour objectif de sauvegarder sur une base de données
la description scientifique et physique des objets, ainsi qu’une photographie. Elle est possible grâce au réco-
lement et complète les opérations du chantier des collections que sont le nettoyage, les décontaminations, les
éventuelles campagnes de restauration et de conservation préventive. L’informatisation des collections permet
la valorisation numérique des collections par une mise en ligne des données sur un portail documentaire.
51 Il a probablement été perdu, l’inventaire de la collection de photographies ayant été redécouvert récem-
ment ; ou bien il n’a jamais existé, les musées universitaires ne fonctionnant pas comme les autres musées.
52 Dans les listes de 1977-1979, il manque le no 257 (Caryatide de la villa Albani). Dans le registre de
dépôt manquait un numéro, il a été ajouté.
53 Paris Pierre, Université de France, faculté des lettres de Bordeaux, Musée archéologique, catalogue méthodique
des moulages de sculpture grecque, Bordeaux, Imprimerie Ve Cadoret, 1889, 444 p. Il comprend 280 numéros.
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La collection de moulages de l’ancienne faculté des lettres de Bordeaux :
étude documentaire et pratiques d’inventaire
numéros formant une série (frise des Panathénées, métopes du Parthénon, etc.),
ne précisent pas ce à quoi correspond chaque numéro.
Des recherches en archives ont également été menées. Toute cette documentation
peut permettre de faire l’état de la collection initiale pour ensuite noter ce qu’il
manque aujourd’hui ; ou bien retracer l’historique de la collection pour comprendre
dans quelles conditions des œuvres ont disparu, notamment au cours des nombreux
déménagements qui représentent, pour ces œuvres fragiles, des moments à risques.
54 Il s’agit de ceux qui ont été inscrits sur la liste complémentaire. D’autres ajouts ont été faits par la suite.
55 Il s’agit d’une maquette de nécropoles marseillaises en cours de fouilles au xixe siècle, confectionnée
par H. Angier en 1888. Anciennement inventoriée sous le no 91.23.1, un temps considérée comme faisant
partie du dépôt de l’université, elle fut alors inscrite sur la liste complémentaire sous le no D.79.4.440.
Cette attribution a été réfutée à la suite d’un parallèle avec une œuvre comparable conservée à Marseille
et un nouveau numéro d’inventaire lui a été affecté après ce déclassement (2007.0.8). Voir Musée d’Aqui-
taine, dossier d’œuvre 2007.0.8. L’affaire n’est cependant pas si simple puisque qu’une lettre de P. Regaldo,
membre du Centre de recherche interdisciplinaire d’archéologie analytique, à J. Santrot, au musée d’Aqui-
taine, datée du 28 février 1979, au sujet de modification à apporter aux conventions de dépôt, mentionne
une « maquette théorique de nécropole » qui pourrait tout à fait correspondre à cette œuvre.
56 Ces deux numéros sont conservés dans les réserves d’objets antiques. Ils ont été récolés en raison de
leur présence sur la liste. Ce sont bien des dépôts de la faculté des lettres mais ils n’appartiennent pas à la
collection de moulages.
57 Dans le catalogue de 1892, les notices 41 et 42 renvoient respectivement aux notices 5 (bas-reliefs d’un
tombeau de Xanthos, dit « des Harpyes ») et 6 (bas-reliefs d’un tombeau de Xanthos). La numérotation
ayant été calquée sur le catalogue, ces moulages se sont retrouvés avec deux numéros.
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Partie I – Inventaire et investigation
58 L’informatisation des collections est une étape indispensable qui doit répondre à des objectifs précis
et nécessite préalablement la mise en place d’une méthodologie. Voir Brochu Danièle, Manuel pratique
d’informatisation : des collections à la base de données, Paris, ministère de la Culture et de la Communication/
Somogy, 2004.
59 Procédé de marquage par transfert à sec.
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La collection de moulages de l’ancienne faculté des lettres de Bordeaux :
étude documentaire et pratiques d’inventaire
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Partie I – Inventaire et investigation
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La collection de moulages de l’ancienne faculté des lettres de Bordeaux :
étude documentaire et pratiques d’inventaire
Buste de jeune homme aux deux rubans (D.79.4.284), autrefois Buste de la Vénus d’Arles (D.79.4.213).
© Université Bordeaux III-Michel-de-Montaigne. Photo P. Fabre.
autorités territoriales. Ces opérations doivent déboucher sur des plans de restau-
ration qui figurent dorénavant dans les PSC 60 (projet scientifique et culturel).
60 Document qui résulte d’une réflexion visant à définir la politique globale d’un musée en matière de
conservation des collections et de diffusion auprès des publics. http://www.museodirect.com/gammes/
vitrine-table/annexes/vitrine-table-dmf-psc.pdf
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Partie I – Inventaire et investigation
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La collection de moulages de l’ancienne faculté des lettres de Bordeaux :
étude documentaire et pratiques d’inventaire
61 http://patrimoine-artistique.u-bordeaux3.fr/
62 Revue électronique du ministère de la Culture (service de l’Inventaire).
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Partie II
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Dossier d’œuvre
et dossier de régie d’œuvre.
Constitution et communicabilité
Corinne Jouys Barbelin
Dossiers d’œuvres et dossiers de régie d’œuvre 1 sont devenus au cours des trente
dernières années des outils indispensables à toute équipe scientifique travaillant
au contact des collections muséales. Ils se sont multipliés, se sont structurés, se
sont souvent standardisés, pour s’inscrire aujourd’hui au cœur de la documentation
des conservations et au centre de l’activité du personnel chargé de la documen-
tation scientifique. C’est ainsi que leur constitution et leur enrichissement repré-
sentent désormais l’une des missions majeures du personnel de documentation.
Le dossier d’œuvre est communément compris comme un dossier réunissant
des informations sur une (ou plusieurs) œuvre(s) des collections du musée (son
acquisition, son état sanitaire, sa couverture photographique, les publications dont
elle fait l’objet, les comparaisons). Le dossier de régie d’œuvre est, quant à lui, un
dossier rassemblant des informations sur la gestion matérielle d’une œuvre et sur
ses mouvements (prêts, récolement, transferts internes, état sanitaire, valeur d’as-
surance, localisation…). Si ces définitions, encore vagues, recouvrent des réalités
bien différentes d’un musée à l’autre, les professionnels des musées s’accordent tou-
tefois à considérer que le dossier d’œuvre est destiné à accompagner l’œuvre tout
au long de sa présence dans les collections du musée, alors que le dossier de régie
est conçu plutôt lors de l’organisation d’une exposition, de travaux, d’un déména-
gement, d’une restauration, ou d’un récolement.
Contre toute attente, ces types de dossiers n’ont jamais donné lieu à des directives
précises du service des Musées de France. Il n’existe à ce jour aucune prescription
sur leur composition ou leur communication. On observe d’un musée à l’autre, et
parfois même d’un service à l’autre pour les musées les plus grands, d’importantes
disparités quant aux pièces constitutives des dossiers et à leurs conditions de consul-
tation. Ces disparités résultent le plus souvent de l’histoire même de l’institution
ou de la collection, de la politique du musée et de son organisation, ou encore du
type d’œuvres auquel se rapporte le dossier. Le dossier d’un objet archéologique
diffère fréquemment de celui d’une peinture ou de celui d’une sculpture contem-
poraine. La diversité des dossiers de régie d’œuvres est encore plus forte. En effet,
selon la place qu’occupe la régie d’œuvre dans l’institution muséale, et les liens
plus ou moins étroits qui existent entre la régie et la documentation du service de
conservation, le dossier peut revêtir des formes bien différentes. Il est ainsi fré-
quent que les dossiers d’œuvres incluent les documents de régie, quand le musée
est de petite taille et ne possède pas de régisseur, ou que documentation et régie se
1 Je remercie Isabelle Gaétan, responsable de la documentation au musée d’Orsay, pour ses relectures
attentives.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
trouvent installées dans les mêmes locaux. La situation la plus courante est celle du
reversement des informations du dossier de régie dans le dossier d’œuvre lorsque
l’événement ayant justifié la création du dossier de régie n’est plus d’actualité 2.
Cependant, cette hétérogénéité ne doit pas occulter le fait que dossiers d’œuvres
et dossiers de régie ont le même objectif quel que soit le musée : rassembler des
informations fiables et pertinentes, disponibles à tout instant pour répondre aux
besoins de la gestion des collections et de leur diffusion. À ce titre, ils constituent
aujourd’hui un véritable enjeu en matière de politique scientifique des musées fran-
çais. Le redéploiement des collections, leur publication, leur récolement ou leur
restauration, l’organisation d’expositions temporaires ou de manifestations autour
des œuvres, l’acquisition de nouveaux biens culturels, sont autant d’actions venant
s’appuyer sur la consultation de ces dossiers devenus un véritable gage d’efficacité.
Il n’en demeure pas moins que les professionnels des musées s’interrogent encore
sur leur composition et leur statut, sur leur organisation et leur gestion maté-
rielle, sur leur format papier ou numérique. Ces questions, pour lesquelles le Code
du patrimoine 3, la loi CADA 4 et le Code de la propriété intellectuelle (CPI)
peuvent apporter parfois des éléments de réponses, sont incontournables si l’on
veut approcher la problématique plus générale de la gestion de l’information et
de sa diffusion au sein des musées.
2 On comprend ainsi pourquoi les musées sont (si) nombreux à affirmer ne pas posséder de dossier de
régie d’œuvre.
3 La loi 2008-696 relative aux archives a été intégrée au Code du patrimoine.
4 Loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures d’amélioration des relations entre l’admi-
nistration et le public, dite loi CADA, du sigle de la Commission d’accès aux documents administratifs
chargée de l’application de cette loi.
5 Les développements qui suivent concernent les dossiers d’œuvres uniquement, dans la mesure où ils
sont envisagés ici comme exhaustifs et donc comprenant les informations contenues habituellement dans
les dossiers de régie.
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Dossier d’œuvre et dossier de régie d’œuvre.
Constitution et communicabilité
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Partie II – L’œuvre et son dossier
« grand public »…) dans un souci de large diffusion des connaissances et d’ouver-
ture, alors la présence de certaines pièces pourront être jugées peu utiles ou peu
souhaitables, comme les fiches de déclaration d’incident, les documents ayant
trait à un contentieux ou même les constats d’état. Dans ce cas, on constate fré-
quemment l’existence de dossiers d’œuvres « parallèles » réalisés par le service de
conservation ou bien la dispersion dans divers bureaux de documents non com-
muniqués à un large public. Ces situations sont regrettables en termes de déve-
loppement durable ou de perte d’informations.
Enfin, des documents jugés confidentiels sont parfois rassemblés dans des enve-
loppes ou chemises glissées dans le dossier, afin d’en éviter la communication.
Cette pratique peut nuire à l’application des règles de communicabilité.
8 Voir Annexe 1.
9 « Les archives sont l’ensemble des documents, quels que soient leur date, leur lieu de conservation, leur
forme et leur support, produits ou reçus par toute personne physique ou morale et par tout service ou orga-
nisme public ou privé dans l’exercice de leur activité » (Code du patrimoine, art. L. 211-1).
La littérature grise – documents produits à l’intention d’un public restreint, en dehors des circuits com-
merciaux de l’édition et de la diffusion, et en marge des dispositifs de contrôle bibliographique – est ici
considérée comme archives.
10 « Les archives publiques sont : a) Les documents qui procèdent de l’activité de l’État, des collectivi-
tés territoriales, des établissements et entreprises publics ; b) Les documents qui procèdent de l’activité des
organismes de droit privé chargés de la gestion des services publics ou d’une mission de service public ;
c) Les minutes et répertoires des officiers publics ou ministériels » (Code du patrimoine, art. L. 211-4).
11 « Sont considérés comme documents administratifs, […], quels que soient leur date, leur lieu de conser-
vation, leur forme et leur support, les documents produits ou reçus, dans le cadre de leur mission de service
public, par l’État, les collectivités territoriales ainsi que par les autres personnes de droit public ou les per-
sonnes de droit privé chargées d’une telle mission. Constituent de tels documents notamment les dossiers,
rapports, études, comptes rendus, procès-verbaux, statistiques, directives, instructions, circulaires, notes et
réponses ministérielles, correspondances, avis, prévisions et décisions. […] » (loi n° 78-753 du 17 juillet 1978
portant diverses mesures d’amélioration des relations entre l’administration et le public, art. 1).
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Dossier d’œuvre et dossier de régie d’œuvre.
Constitution et communicabilité
Il arrive également que les dossiers d’œuvres accueillent des pièces d’archives
privées 12, comme un courrier échangé entre deux collectionneurs, ou une pho-
tographie d’objet réalisée avant l’entrée de l’œuvre dans les collections du musée.
Attention : la gestion, la communication et la reproduction des archives privées
reposent sur un accord contractuel, d’où l’importance de rédiger des lettres de don
ou de dépôt explicites lors de chaque entrée de fonds privé.
12 « Les archives privées sont l’ensemble des documents définis à l’article L. 211-1 qui n’entrent pas dans
le champ d’application de l’article L. 211-4 » (Code du patrimoine, art. L. 211-5).
13 Voir Annexe 2.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
des équipes de conservation qui souhaitent voir rassemblé, dans un même lieu
et dans un même dossier, l’ensemble des pièces relatives à une œuvre, pour une
plus grande réactivité. D’autres musées, dans un souci de conservation des docu-
ments, séparent les photographies et les CD-Rom pour déposer ces supports dans
des salles climatisées. D’autres musées, encore, vont devoir par manque de place,
extraire des types de documents comme les rapports de restauration ou d’ana-
lyses. Enfin, certains musées, parce que le service de la régie des œuvres et celui
de la documentation sont implantés dans des espaces différents et éloignés, vont
être contraints d’établir les deux types de dossiers.
La réponse à ces deux questions va donc dépendre de la politique scientifique du
musée, des moyens humains et des ressources matérielles dont il dispose.
Pour surmonter ces difficultés organisationnelles, la production de dossiers d’œuvres
sous format numérique semble tout indiquée. Pourtant la solution n’est pas aussi
simple. La constitution d’un dossier sous format numérique pose des problèmes
tant informatiques (structuration des données, stockage, sécurité) que juridiques
(communicabilité et gestion des droits d’auteur).
Alimenter des dossiers d’œuvres ou de régie fait souvent appel à des pièces d’ar-
chives. Cependant, le fait que ces dossiers puissent contenir des pièces d’archives
originales est contraire à l’une des principales règles de l’archivistique qu’est le
respect des fonds. Le principe du respect des fonds d’archives implique de mainte-
nir l’intégrité matérielle et intellectuelle de chaque fonds, celui-ci reflétant l’orga-
nisation de l’établissement. Il s’agit de ne pas séparer les documents qui composent
un fonds pour les répartir dans des dossiers thématiques sans lien avec le service
ou l’institution qui l’a produit. Cette règle permet aux chercheurs de ne pas perdre
de vue le lien organique unissant chaque document à l’entité qui l’a émis. Il est
vivement conseillé de ne mettre que des copies de ces archives dans les dossiers,
l’important étant de collecter des informations.
Alimenter un dossier d’œuvre, c’est aussi reproduire des documents. Or repro-
duire une œuvre de l’esprit originale (article, monographie, photographie, dessin,
rapport, travaux d’étudiants…) confère à l’auteur des droits patrimoniaux 14. Ces
droits sont temporaires (soixante-dix ans après la mort de l’auteur) et peuvent faire
l’objet d’une cession en contrepartie de laquelle l’auteur peut percevoir une rému-
nération. Cette cession doit être très précisément formalisée dans un contrat 15. La
perception des droits d’auteur liés à la reproduction par photocopie d’un document
14 Code de la propriété intellectuelle, art. L. 111-1 : « L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre,
du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. Ce droit com-
porte des attributs d’ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d’ordre patrimonial. »
Une seule exception au droit d’auteur a été introduite au profit des musées, bibliothèques et services d’ar-
chives : la reproduction d’une œuvre et sa représentation effectuées à des fins de conservation ou destinées
à préserver les conditions de sa consultation à des fins de recherche ou d’études privées par des particuliers,
dans les locaux de l’établissement et sur des terminaux dédiés par des services d’archives, sous réserve que
ceux-ci ne recherchent aucun avantage économique ou commercial (art. L. 122-5, 8).
15 Code de la propriété intellectuelle, art. L. 131-3 : « La transmission des droits de l’auteur est subordon-
née à la condition que chacun des droits cédés fasse l’objet d’une mention distincte dans l’acte de cession et
que le domaine d’exploitation des droits cédés soit délimité quant à son étendue et à sa destination, quant
au lieu et quant à la durée. »
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Dossier d’œuvre et dossier de régie d’œuvre.
Constitution et communicabilité
publié trouve une solution au travers du contrat que le musée doit avoir signé avec
le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) 16.
Désherbage et élimination
Se pose parfois la question du désherbage 17 du dossier, quand les documents ne
présentent plus la fiabilité ou la pertinence requise. Si l’élimination de copies d’ar-
ticles ou de monographies ne pose aucun problème, en revanche celle de pièces
d’archives originales nécessite une attention toute particulière. L’élimination d’ar-
chives publiques, pour les musées nationaux, ne peut se faire qu’avec l’accord du
chef de la Mission des archives, en charge du contrôle scientifique et technique 18.
Pour les musées des collectivités territoriales, l’autorisation relève du directeur des
Archives départementales. C’est un argument de plus, s’il en est besoin, pour ne
mettre dans les dossiers d’œuvres que des copies de pièces d’archives.
Conditionnement
Pour le conditionnement des dossiers sous format papier, les documents sont en
général réunis dans une chemise ou une boîte, et sont organisés de manière thé-
matique. Sur la chemise ou la boîte sont portés le titre de l’œuvre et son numéro
d’inventaire 19 pour l’identification du dossier.
La présence de tirages photographiques dans les dossiers d’œuvres pose des pro-
blèmes de conservation. Il est plutôt conseillé de conditionner ces documents
dans des boîtes adaptées, dans des pochettes en polyester de type Mylar, et dans
une pièce au climat contrôlé.
Pour une meilleure gestion des dossiers d’œuvres, afin que leur communication et
leur alimentation par les équipes de documentation, de conservation et de régie,
soient optimales, il est vivement recommandé de réunir les dossiers dans un même
16 Société de perception et de répartition de droits de propriété littéraire et artistique, le CFC gère les
droits des auteurs et des éditeurs pour les différentes copies papier et numériques de leurs œuvres (http://
www.cfcopies.com/). II est l’unique société agréée par le ministre de la Culture pour gérer le droit de repro-
duction par reprographie de la presse et du livre en France.
17 Opération consistant à éliminer des rayons les documents qui ne peuvent plus être utilisés en raison
de leur usure matérielle ou de l’obsolescence de l’information qu’ils contiennent. Cf. Boulogne Arlette,
Vocabulaire de la documentation, Paris, ADBS, 2004, p. 76.
18 Code du patrimoine :
Art. R. 212-14
« […] Lorsque les services, établissements et organismes désirent éliminer les documents qu’ils jugent inu-
tiles, ils en soumettent la liste au visa de la personne chargée du contrôle scientifique et technique de l’État
sur les archives. Toute élimination est interdite sans ce visa.
Dans tous les cas, les documents à éliminer sont détruits sous le contrôle technique du service interminis-
tériel des archives de France de la direction générale des patrimoines. ».
Art. L. 213-3
« […] le fait, pour une personne détentrice d’archives publiques en raison de ses fonctions, de détourner
ou soustraire tout ou partie de ces archives ou de les détruire sans accord préalable de l’administration des
archives est puni d’une peine de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende.
Est puni des mêmes peines le fait, pour une personne détentrice d’archives publiques en raison de ses fonc-
tions, d’avoir laissé détruire, détourner ou soustraire tout ou partie de ces archives sans accord préalable de
l’administration des archives. »
19 Ce numéro, communément appelé « numéro d’inventaire », peut être un numéro d’usage ou un numéro
d’entrée, et non le numéro emprunté à un inventaire stricto sensu.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
espace non accessible à tous, et dans des armoires fermées à clé. Ce conditionne-
ment se justifie par les règles de communicabilité attachées à la consultation des
archives publiques et des archives privées par des personnes extérieures au service.
De même, il est conseillé que chaque sortie de dossier soit signifiée par un fantôme.
20 Le Code du patrimoine ne traite pas des règles de communicabilité des archives privées ; la communi-
cation, comme l’exploitation, repose sur les conditions voulues par le donateur ou le dépositaire, et trans-
crites dans l’acte de don, de legs ou de dépôt.
21 Code du patrimoine, art. L. 213-1 à 213-8.
22 Code du patrimoine, art. L. 213-1.
23 Préambule de la Constitution, art. 1.
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Dossier d’œuvre et dossier de régie d’œuvre.
Constitution et communicabilité
24 Voir Annexe 2.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
systèmes de sécurité dans les salles, les vitrines ou des données sur les montages.
Elles se retrouvent dans les fiches de récolement, les constats d’état, les rapports
de restauration, les fiches d’incident, les fiches de prêt… ;
– des informations portant sur les personnes privées (coordonnées, jugement de
valeur) qui sont communicables au terme d’un délai de cinquante ans à la date du
document, au titre de la protection de la vie privée. Ces informations se retrouvent
dans la correspondance, les livres d’entrée, les inventaires, les arrêtés d’acquisition… ;
– des rapports d’analyse (dossiers techniques) qui sont communicables au terme
d’un délai de vingt-cinq ans à la date du document, au titre du secret industriel
et commercial 25.
Il arrive parfois que la communication de certaines informations puisse porter
atteinte aux intérêts fondamentaux de l’État en matière de politique extérieure. Il
peut s’agir d’un document échangé lors de négociations internationales pour l’ob-
tention d’une fouille ou l’organisation d’une exposition, ou d’un document ana-
lysant la situation internationale ou encore traduisant la politique extérieure du
gouvernement. Ces informations sont alors communicables au terme d’un délai de
cinquante ans à la date du document. Leur analyse étant complexe, il est conseillé
de se tourner vers la CADA pour avis.
Par ailleurs, la CADA, dans son avis 20051020 rendu le 3 mars 2005, a estimé que
les thèses, dans leur version définitive, et qui ont donné lieu à l’attribution d’un
diplôme de l’enseignement supérieur, constituent des documents administratifs
communicables à toute personne en faisant la demande, dans les conditions prévues
par la loi du 17 juillet 1978, sous réserve que la thèse ne fasse pas déjà l’objet d’une
publication. Leur communication peut néanmoins être assujettie à l’application
éventuelle de délais restrictifs, essentiellement dans le cas de la protection de la
vie privée. La libre communicabilité des thèses est aujourd’hui étendue à tous les
travaux d’étudiants, hormis la thèse des élèves de l’École des Chartes.
En matière de rapports de restauration, les informations contenues dans les dos-
siers d’œuvres peuvent être de nature très variée et différer d’un musée à l’autre,
voire d’un restaurateur à l’autre. Leur communication est assurée par l’autorité qui
détient les documents (art. 2 de la loi CADA). Si des informations contenues dans
ces documents sont soumises à des délais spéciaux, l’autorisation de consultation
par dérogation est délivrée par la direction des Archives de France, après accord
de l’autorité dont émanent les documents (Code du patrimoine, art. L. 213-3).
S’agissant des restaurations et des analyses effectuées en laboratoire, les dossiers
sont librement communicables de plein droit, à l’exception des informations rela-
tives au secret industriel et commercial (mode opératoire ; vingt-cinq ans à la date
du document), à la vie privée des individus (nom, coordonnées ; cinquante ans à la
date du document), et à la sécurité publique (description du montage, des mesures
de sécurité ; cinquante ans à la date du document).
Les informations sur le prix des œuvres et leur valeur d’assurance sont, pour la
CADA, des informations librement communicables. L’acquisition des œuvres des
25 Arrêté du 28 août 1980 fixant la liste des documents administratifs ne pouvant pas être communiqués
au public par le ministère de la Culture. Cependant ce texte, maintenant ancien, traite des documents et
non des informations.
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Dossier d’œuvre et dossier de régie d’œuvre.
Constitution et communicabilité
collections nationales ou territoriales relevant des deniers publics, il est fondé, pour
la CADA, que toute transparence soit faite sur leur prix. Par ailleurs, les prix d’ac-
quisition des œuvres des collections des collectivités territoriales sont obligatoi-
rement publiés ; quant aux prix de certaines œuvres des musées nationaux, il n’est
pas rare qu’ils apparaissent dans la presse. Pour les valeurs d’assurance, ces valeurs
sont très souvent approximatives. Les arguments selon lesquels communiquer ces
prix, c’est risquer d’infléchir le marché de l’art ou inciter quelque esprit malveil-
lant au vol, sont considérés le plus souvent comme peu solides.
L’application de la réglementation présente souvent des difficultés d’interprétation
pour les informations rencontrées dans les musées. Les avis de la CADA apportent
régulièrement des éclaircissements sur ces points embarrassants. Le service inter-
ministériel des Archives de France et la Mission des archives sont également là
pour apporter conseils et interprétations.
La procédure de dérogation
La possibilité existe pour tout demandeur de bénéficier d’une dérogation aux règles
de communication des archives publiques (Code du patrimoine, art. L. 213-3).
Il est précisé par le Code du patrimoine que cette autorisation est accordée par
le service interministériel des Archives de France aux personnes qui en font la
demande. Le formulaire de demande de dérogation est disponible en ligne 26. Une
procédure, décrite sur le site Internet, a été mise en place par le service intermi-
nistériel des Archives de France (SIAF). Si l’administration refuse de commu-
niquer le document, le demandeur peut faire une demande de dérogation auprès
du SIAF qui transmet alors une demande officielle à l’administration concernée.
L’administration doit rendre au SIAF un avis motivé par une des exceptions prévues
par le Code du patrimoine (art. L. 213-1 et L. 213-2), que va retransmettre le
SIAF au demandeur. En cas de nouveau refus de l’administration, le demandeur
peut alors solliciter un avis de la CADA. Cet avis est consultatif. Il est possible
à la CADA d’autoriser la communication partielle d’un document, en deman-
dant que les informations non communicables soient occultées. Après avis de la
CADA et devant un refus réitéré de l’administration, le demandeur peut intenter
une action pour abus de pouvoir devant les tribunaux administratifs.
Il est vivement conseillé de faire remplir un formulaire de dérogation, même si
le musée accepte de communiquer à un demandeur des informations soumises à
délai restrictif. Cela permettra, au besoin, d’apporter la preuve de l’égalité de trai-
tement de tout demandeur.
La responsabilité juridique de communiquer un document administratif repose
sur le chef de l’établissement. Celui-ci est l’interlocuteur du service interminis-
tériel des Archives de France pour toute motivation de refus ou d’acceptation de
communiquer un document dans le cadre d’un recours.
26 http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/static/3926
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Partie II – L’œuvre et son dossier
Non-communicabilité et confidentialité
Il est fréquent d’entendre qu’un document ne peut être communiqué car il est confi-
dentiel. Ce sont des propos abusifs dans la grande majorité des cas. En France, la
confidentialité est attachée :
– soit à l’exercice de certaines professions (médecins, avocats, notaires, journa-
listes, police…) ; les règles de confidentialité sont alors décrites dans les codes
relatifs à ces professions ;
– soit au secret des affaires ; les règles de confidentialité sont alors décrites précisé-
ment dans les clauses d’un contrat (ex. : la confidentialité d’un système informatique).
Dans un dossier d’œuvre, très rares sont les documents « confidentiels ». Seules les
restrictions au principe de libre communicabilité peuvent être alléguées pour ne
pas communiquer des informations.
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Dossier d’œuvre et dossier de régie d’œuvre.
Constitution et communicabilité
Conclusion
Les dossiers d’œuvres et les dossiers de régie, devenus des outils indispensables à
la bonne gestion des collections, ont donc les statuts suivants :
– ils sont produits documentaires, exigeant fiabilité et pertinence des sources, analyse
de l’information et un minimum de structuration ;
– ils sont dossiers documentaires d’aide à la décision ;
30 La réutilisation des données publiques relève de la directive européenne 2003/98/CE du 6 juin 2005,
aujourd’hui intégrée dans le texte de la loi CADA du 17 juillet 1978 sur l’accès aux documents administratifs.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
– ils sont outils documentaires dans la mesure où ils vont être utilisés pour la
construction de produits (publications…) ;
– ils sont dossiers administratifs au sens de la loi CADA ;
– ils sont archives à très longue durée d’utilité administrative, formées de pièces
d’archives au sens du Code du patrimoine et d’une partie purement documen-
taire (extraits de publications).
L’observation des règles juridiques, en matière d’alimentation et de communica-
tion des dossiers, ainsi que les besoins humains et matériels qu’ils nécessitent, en
font des outils à la gestion et à la diffusion complexes – complexité à laquelle le
personnel qui en a la charge n’est pas toujours préparé.
La solution numérique, si elle peut résoudre le problème d’espace 31, favoriser une
plus large diffusion et surtout donner l’image d’un musée moderne, ne résout pas
pour autant l’application des règles de communicabilité et la question des droits
d’auteur. Cette solution exige en amont un travail conséquent des services infor-
matique et juridique de l’établissement, en collaboration étroite avec le personnel
de documentation et de conservation. Or le musée n’a pas toujours les moyens de
s’engager dans un tel projet.
Enfin, au-delà des questions de communicabilité, de droit d’auteur et de réutili-
sation, les informations que rassemblent les dossiers d’œuvres, par leur qualité et
leur fiabilité, sont les indices de la politique scientifique du musée et de sa parti-
cipation à l’évolution de la connaissance. Elles fournissent également un indice
précieux de la santé financière de l’établissement et de son dynamisme.
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Dossier d’œuvre et dossier de régie d’œuvre.
Constitution et communicabilité
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Partie II – L’œuvre et son dossier
6. Analyses en laboratoire
Rapports [Archives, si non publiés] [Attention droits d’auteur]
Correspondance [Archives]
7. Restauration
Rapports (parfois sous forme de CD-Rom) [Archives si non publiés] [Attention droits
d’auteur]
Photographies [Archives] [Attention droits d’auteur]
Devis [Archives]
Factures [Archives]
Correspondance [Archives]
Fiche d’incident [Archives]
8. Expositions
Correspondance [Archives]
Copie de fiche de prêt [Archives]
Copie de déclaration d’assurance [Archives]
Constats d’état [Archives]
9. Correspondance
Demandes de reproductions photographiques [Archives]
Demandes d’informations sur l’œuvre [Archives]
10. Fortune de l’œuvre (réutilisation de l’image de l’œuvre à une époque ultérieure)
Caricatures [Documentation si publiées] [Attention droits d’auteur]
Reproductions sur emballage… [Documentation] [Attention droits d’auteur]
11. Litiges (contentieux)
Constat [Archives]
Correspondance [Archives]
Photographies [Archives, si non publiées] [Attention droits d’auteur]
Copie d’une décision de justice [Documentation si publiée]
Rapport [Archives] [Attention droits d’auteur]
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ANNEXE 2 : Délais restrictifs de communicabilité pour les documents des dossiers d’œuvres 32
73
32 Ce document a été produit dans le cadre des travaux du groupe Fonction documentation du Louvre, en 2010.
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Négociations préparatoires à l’organisation Si l’État entretient des relations « sensibles » : Libre communication ou 50 ans à la date
d’exposition atteinte au secret de la défense nationale, de du document (c’est à l’appréciation de
la politique extérieure l’institution)
Organisation matérielle de l’exposition Si l’État entretient des relations « sensibles » : 50 ans à la date du document (politique
atteinte au secret de la défense nationale, de extérieure) ; 25 ans (procédés techniques) à la
la politique extérieure. S’il est fait mention des date du document
procédés d’une entreprise : atteinte au secret
en matière commerciale et industrielle
Mode de montage et description de la vitrine Atteinte à la sécurité publique 50 ans à la date du document
Mesures de sécurité Atteinte à la sécurité publique 50 ans à la date du document
Informations financières Correspondance, livres d’entrée,
inventaires, procès-verbaux, arrêtés
(acquisition ou dépôt), rapports
Partie II – L’œuvre et son dossier
Prix de l’œuvre Si l’achat relève du domaine privé : atteinte au 50 ans à la date du document
secret de la vie privée. Si l’achat a été réalisé en
vente publique : aucune protection
Valeurs d’assurance Libre communication (position actuelle de la
CADA) mais peut être alléguée la sécurité de
l’État (50 ans)
Prix d’une prestation (restauration, prises de Libre communication
vue photographique…)
Traductions de documents Libre communication, mais attention
épigraphiques au droit d’auteur dans le cadre de la
réutilisation du document
Informations sur les chantiers de fouilles Correspondance, livres d’entrée, Atteinte au secret de la défense Libre communication ou 50 ans à la date
dans un État aux relations « sensibles » inventaires, procès-verbaux, arrêtés nationale, de la politique extérieure du document (c’est à l’appréciation de
(acquisition ou dépôt), rapports, cahiers l’institution)
de fouilles
Informations « sensibles » (situation Correspondance, rapports, Atteinte au secret de la défense Libre communication ou 50 ans à la
géopolitique, demandes de restitutions, procès-verbaux nationale, de la politique extérieure date du document ou du document le
certificat de douane…) plus récent inclus dans le dossier (c’est à
l’appréciation de l’institution)
Analyses de laboratoire Rapport d’analyses en laboratoire Atteinte au secret en matière 25 ans à la date du document
commerciale et industrielle
Mode de restauration Rapport de restauration Atteinte au secret en matière 25 ans à la date du document
commerciale et industrielle
Informations visuelles (photographies, Libre communication, mais attention au
dessins) droit d’auteur et au droit à l’image dans
le cadre de la réutilisation du document
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Le service d’Étude et de Documentation
du département des Peintures du musée
du Louvre
Stéphane Loire
75
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Partie II – L’œuvre et son dossier
36 Ingénieur diplômé de l’École centrale de Paris en 1897, Édouard Michel a travaillé dans l’industrie
jusqu’en 1914 tout en s’intéressant à l’histoire de l’art. À partir de 1919, après la destruction de ses usines
du Nord de la France, il y consacra désormais toute son activité. Nommé attaché au musée du Louvre en
1924, il devint conservateur-adjoint au département des Peintures en 1940 puis conservateur-honoraire
en 1945. Édouard Michel a rendu compte de ses idées sur le fonctionnement des musées dans un ouvrage
intitulé Musées et conservateurs : leur rôle dans l’organisation sociale, Bruxelles, Office de publicité, 1948.
37 René Huyghe (1906-1997) a été conservateur-adjoint du département des Peintures à partir de 1930
avant d’en être le conservateur en chef de 1937 à 1951. Dans ses souvenirs, il écrit : « Jusqu’alors, le Louvre
ne possédait pas de service de documentation, ce qui me semblait fort regrettable […]. Je m’attachai donc
à en créer un […]. Édouard Michel, conservateur, en était responsable […] », Huyghe René, Une vie pour
l’art, de Léonard à Picasso, Paris, De Fallois, 1994, p. 92.
38 Michel Édouard, « La vie dans les musées. I. Au musée du Louvre. I. Service d’étude et de docu-
mentation du département des Peintures », Revue des beaux-arts de France, 9, février-mars 1944, p. 137-
146. L’auteur précise que « l’idée d’un service d’Étude et de Recherche venant s’annexer à la conservation
du département des Peintures du musée du Louvre est née d’amicales conversations avec Louis Demonts,
Jean Guiffrey et Paul Jamot ». La création du service d’Étude et de Documentation a été signalée notam-
ment dans la Gazette des beaux-arts, 1938, 1, p. 318. Voir aussi « Le service d’Étude et de Documentation
du département des Peintures du musée du Louvre », Gazette des beaux-arts, 1980, 2, p. 51-52.
39 La création, au ministère de la Culture, des premiers corps statutaires de chargés d’études documen-
taires, documentalistes et secrétaires de documentation, a eu lieu en 1978. Voir Jouys Barbelin Corinne,
L’Incidence de l’objet documentaire sur l’identité professionnelle. Le cas des agents des grands musées nationaux
chargés de la documentation scientifique des collections, Paris, mémoire de DESS en sciences de l’information
et de la documentation spécialisées, INTD-Cnam, 2006, consultable à l’adresse http://memsic.ccsd.cnrs.fr/.
40 Il s’agit en décembre 2013 de Malika Bouabdellah, Béatrice Delarbre, Stéphanie Koenig, Danièle Kriser,
Michèle Perny, Geneviève Ponge et Bénédicte Verny, documentalistes scientifiques, de Nathalie Gallier, secré-
taire, et de Sophie Boulnois, préposée. En 2012, 3 875 chercheurs français et étrangers, ainsi que des person-
nels internes au musée du Louvre, sont venus consulter les dossiers du service d’Étude et de Documentation.
À titre de comparaison, l’ensemble des documentations des sept autres départements du musée du Louvre
ont reçu 2 088 visiteurs en 2011, tandis que la Documentation du musée d’Orsay en accueillait 2 299.
41 Parallèlement à sa Documentation, le département des Peintures dispose, depuis le début des années 1990,
d’une bibliothèque de proximité commune avec le département des Arts graphiques et réservée à un usage
interne. Sa création a été décidée, avec celles des bibliothèques des autres départements du Louvre, en
prévision du départ, hors du palais du Louvre, de la Bibliothèque centrale des musées nationaux qui doit
rejoindre l’Institut national d’histoire de l’art. En 2013, elle comprend environ 56 000 ouvrages auxquels
s’ajoutent diverses séries de périodiques.
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Le service d’Étude et de Documentation du département des Peintures du musée du Louvre
42 Les peintures du musée du Louvre ont fait l’objet de deux inventaires complets avant le Second Empire :
Entrepris à partir de 1810, l’Inventaire Napoléon constitue le premier recensement des collections du Louvre
dont quatre volumes se rapportent aux peintures (Paris, Archives des musées nationaux, 1DD16 19 ; voir
Chamson-Mazauric Lucie, « L’inventaire du musée Napoléon aux archives du Louvre », Archives de l’art
français, 1950-1957, p. 335-339). Les trois premiers volumes concernent les tableaux alors conservés au
Louvre et classés par écoles (Italie, Allemagne-Flandres-Hollande, France), le 4e comprend 1 261 pein-
tures envoyées dans d’autres institutions à partir de 1801.
À l’Inventaire Napoléon a succédé, à partir de 1824, l’Inventaire des musées royaux (Paris, Archives des musées
nationaux, 1DD76-77 ; voir Barnaud Germaine, « Les anciens inventaires de tableaux du Louvre », Revue
de l’art, n° 18, 1972, p. 34-35). Ce registre comprend un supplément surnommé Inventaire B [blanc]
(Paris, Archives des musées nationaux, 3DD1, volume déposé au département des Peintures) où figurent
des tableaux jugés alors secondaires. L’Inventaire des musées royaux (1824) a été repris en 1832 dans l’In-
ventaire des peintures du musée royal établi sous le règne de Louis-Philippe (1832, Paris, Archives des musées
nationaux, 1DD89-90, 3DD2-3, volumes déposés au département des Peintures). On y trouve en parti-
culier la liste des œuvres « concédées en jouissance sous la Restauration » (3DD3, pp. 721-782, nos 4880-
5227), dont une liste incomplète a été publiée par Louis Courajod, « Objets d’art concédés en jouissance
par la Restauration », Nouvelles archives de l’art français, 1878, p. 371-399.
Un nouvel inventaire général du fonds existant des peintures du Louvre, l’Inventaire général des musées impé-
riaux ou Inventaire Villot (1848-1860, Paris, Archives des musées nationaux, 3DD6-12, volumes déposés
au département des Peintures), a été préparé entre 1854 et 1860 sous la direction de Frédéric Villot, alors
conservateur des peintures.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
de la place qu’elles ont pu tenir dans la présentation des collections, des restau-
rations ou des publications dont elles ont fait l’objet, leur histoire reste indisso-
ciable de celle du Louvre où se trouvent toujours certaines données documentaires
introuvables ailleurs.
D’importance variable, ces dossiers d’œuvres sont rassemblés dans une pièce
unique où ils sont classés selon les écoles auxquelles se rattachent les peintures
(Italie, France, Espagne, Angleterre, Allemagne, Flandres, Hollande, etc.). Pour
chacune des écoles, les dossiers sont rangés dans des meubles à tiroirs où ils sont
répartis selon l’ordre alphabétique des noms d’artistes, et pour les peintures d’un
artiste donné, selon l’ordre croissant des numéros d’inventaires 43. Pour les écoles
où les œuvres sont les plus nombreuses (France, Italie, Flandres et Hollande), ces
dossiers sont éventuellement divisés selon le siècle de naissance des artistes (xiiie,
xive, xve, xvie, xviie, xviiie, première moitié du xixe siècle). Quant aux œuvres
anonymes, elles sont toujours classées selon une école et un siècle et leurs dos-
siers sont placés après ceux des peintures rattachées à un artiste, selon la progres-
sion numérique des numéros d’inventaires.
À l’intérieur des dossiers d’œuvres, les documents sont toujours ordonnés selon
des rubriques identiques 44.
43 Les numéros d’ordre donnés aux tableaux par l’Inventaire Napoléon n’ont pas été reportés sur les
œuvres. En revanche :
– Les numéros correspondants à l’Inventaire des musées royaux (1824), qui sont composés des lettres « M.R. »
(pour « musées royaux ») suivies d’un chiffre pour 5 332 tableaux, ont généralement été reportés à l’encre
rouge ou blanche sur leur revers.
– Les numéros correspondants à l’Inventaire général des musées impériaux ou Inventaire Villot sont com-
posés des lettres « INV. » suivies d’un chiffre pour 10 109 tableaux, dont ceux conservés alors dans d’autres
musées ou palais nationaux (Compiègne, Fontainebleau, Saint-Cloud, Versailles,…). Ce numéro d’inven-
taire est le seul actuellement retenu pour la gestion des peintures entrées au Louvre avant le Second Empire.
– Les peintures entrées dans les collections du Louvre sous le Second Empire (1852-1870) ont reçu un
numéro d’inventaire composé des lettres « M.I. » (pour « musées impériaux ») suivies d’un chiffre pour 1 450
tableaux (registre établi en 1852-1870, Paris, Archives des musées nationaux, 3DD13, volume déposé au
département des Peintures).
– À partir de 1871 et jusqu’en 1937, les peintures nouvellement acquises ont été enregistrées par un numéro
d’inventaire composé des lettres « R.F. » (pour « République française ») suivies d’un chiffre pour 3 990
tableaux (Paris, Archives des musées nationaux, 3DD15-17, volumes déposés au département des Peintures).
– Depuis 1937, les tableaux acquis sont enregistrés par un numéro d’inventaire composé des lettres « R.F. »
suivies de l’année et d’un numéro d’ordre (à partir de RF. 1937-1) (Paris, Archives des musées nationaux,
3DD17 et suivants, volumes en cours, au département des Peintures). Les peintures acquises pour le musée
d’Orsay continuent à y être inscrites.
– À partir de 1951, un inventaire supplémentaire a été créé pour enregistrer les tableaux omis ou non
retrouvés sur les inventaires précédents. Ils y sont enregistrés par un numéro d’inventaire composé des
lettres « INV. » suivies d’un chiffre établi à partir du chiffre 20 000.
– Les peintures confiées au musée du Louvre après la Seconde Guerre mondiale au titre de la Récupération
artistique en Allemagne ont été enregistrées entre 1950 et 1952 par un numéro d’inventaire composé des
lettres « MNR » (pour « musées nationaux récupération ») suivies d’un chiffre. Elles ont fait l’objet d’un
catalogue illustré (Lesné Claude, Roquebert Anne, Catalogue des peintures MNR, Paris, RMN, 2004).
44 Voir l’article de Corinne Jouys Barbelin dans ce volume.
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Le service d’Étude et de Documentation du département des Peintures du musée du Louvre
Le sous-dossier « Historique »
Le sous-dossier « Historique » (parfois nommé « État-civil ») réunit les extraits des
principaux catalogues des peintures du musée publiés depuis 1793. Ils peuvent
figurer sous la forme de notices découpées dans ces catalogues, de transcriptions
manuscrites, de photocopies, voire d’extraits d’éditions modernes des premiers
catalogues 45. Pour les tableaux issus des collections royales de l’Ancien Régime,
ces informations sont éventuellement complétées par des mentions des différents
inventaires de ces collections, dont quelques-uns ont donné lieu à des publications
45 Le premier catalogue des peintures du Louvre, qui figure dans le Catalogue des objets contenus dans
la galerie du Muséum français, décrété par la Convention nationale, le 27 juillet 1793 l’an second de la
République française, Paris, an II [1793], a donné lieu à une édition annotée par Marie-Martine Dubreuil
(« Le Catalogue du Muséum français [Louvre] en 1793 », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art fran-
çais, 2001 [2002], p. 125-165). Le second à une édition annotée par Stéphanie Koenig (« Le Muséum des
arts [Louvre] en 1796 : catalogue des peintures exposées », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français,
2010 [2011], p. 169-189). Une liste, complète jusqu’en 1926, des catalogues des peintures du musée du
Louvre figure dans l’ouvrage de Jean-Joseph Marquet de Vasselot, Répertoire des catalogues du musée du
Louvre (1793-1926) (2e éd., Paris, Musées nationaux-Palais du Louvre, 1927). Voir aussi Stéphane Loire,
Les catalogues des peintures du musée du Louvre (1793-2013), à paraître. Pour les catalogues publiés depuis
cette date, voir l’Annexe à la fin du texte.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
imprimées 46. Pour les tableaux entrés au Louvre après la création du musée, cette
rubrique peut comporter des extraits des catalogues des ventes dans lesquels ils
ont figuré, ou d’autres données relatives à leur acquisition, voire à leurs précédents
propriétaires. Elle peut aussi inclure des correspondances ou des signalements, non
publiés, d’opinions qui ont été données par un spécialiste sur l’attribution d’un
tableau, sur sa datation, son iconographie ou sa place dans l’œuvre de son auteur.
Le sous-dossier « Bibliographie »
Le sous-dossier « Bibliographie » a vocation à recueillir toutes les mentions impri-
mées d’un tableau depuis sa création jusqu’à nos jours, en français ou dans d’autres
langues. Il peut s’agir de textes de plusieurs pages, voire d’ouvrages entiers qui ont
été consacrés à un seul tableau, mais ces mentions illustrées ou non peuvent aussi
ne comporter que quelques lignes. Ces textes sont tirés d’ouvrages généraux d’his-
toire de l’art, de monographies sur un artiste, de catalogues d’expositions, de pério-
diques ou d’ouvrages collectifs (actes de colloques, volumes de mélanges,…), et leur
réunion, qui a vocation à être mise à jour de manière permanente, doit permettre
à tout moment de disposer d’informations bibliographiques aussi complètes que
possible sur une œuvre donnée. Ici aussi, ces textes sont présents de préférence sous
la forme de documents originaux issus de dépouillements d’imprimés, mais aussi
grâce à des transcriptions manuscrites ou à des photocopies. L’essentiel de ces ras-
semblements bibliographiques est issu de l’activité régulière de l’équipe du service
d’Étude et de Documentation et de l’ensemble de la conservation du département
des Peintures, notamment pour les dépouillements de catalogues d’expositions reçus
au titre de justificatifs pour des prêts d’œuvres, ceux d’une vingtaine de périodiques
spécialisés reçus par voie d’abonnement, ou encore ceux d’ouvrages acquis pour la
bibliothèque du département des Peintures. Pour d’autres, publiés dans des sup-
ports plus inhabituels, leur arrivée est souvent le résultat d’une recherche spécifique
sur un tableau visant à compléter son dossier d’œuvre, de l’envoi par son auteur
d’un tiré-à-part, ou encore de son signalement inattendu, qui peut résulter par
exemple de la découverte fortuite de la mention d’un tableau du Louvre dans un
texte littéraire 47. Les tableaux du musée du Louvre sont si souvent cités et repro-
duits qu’il serait illusoire de prétendre que ces rassemblements sont exhaustifs mais
46 L’inventaire du Garde-Meuble établi par Gédéon Berbier du Metz à partir de 1673, où l’on trouve
les œuvres commandées par le roi pour le décor de ses appartements, chapelles et châteaux, et d’autres
tableaux jugés secondaires (portraits, copies,…), a été publié par Jean-Jules Guiffrey (Inventaire général
du Mobilier de la Couronne sous le règne de Louis XIV (1663-1715), Paris, Société d’encouragement pour la
propagation du livre d’art, 1885-1886).
L’Inventaire des tableaux du cabinet du Roy rédigé en 1683 par Charles Le Brun (Paris, Archives nationales,
O1 1964-8) a été publié par Arnauld Brejon de Lavergnée (L’Inventaire Le Brun de 1683. La Collection
de tableaux de Louis XIV, Paris, RMN, 1987).
L’Inventaire général des tableaux du Roy, fait avec soin en 1709-1710 par le sieur Bailly, 1710 (Paris, Archives
nationales, O1 1975), dit Inventaire Bailly, a été publié par Fernand Enguerand (Inventaire des tableaux
du Roy, rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly, publié par Fernand Engerand, Paris, E. Leroux, 1899).
Les acquisitions des règnes de Louis XV et de Louis XVI ont été recensées dans l’ouvrage de Fernand
Enguerand, Inventaire des tableaux commandés et achetés par la direction des Bâtiments du roi (1709-1792),
Paris, E. Leroux, 1901.
47 Galard Jean, Picot Nicole, Promenades au Louvre en compagnie d’écrivains, d’artistes et de critiques
d’art, Paris, Robert Laffont, 2010.
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Le service d’Étude et de Documentation du département des Peintures du musée du Louvre
la volonté de réunir ces textes de la manière la plus complète possible reste tou-
jours un objectif idéal. Quant à la quantité et à la qualité des documents présents
dans cette rubrique bibliographique, elles sont très variables et dépendent essen-
tiellement de l’importance respective des tableaux, pour laquelle la rubrique peut
même servir d’indicateur, variant de quelques titres à plusieurs centaines. Afin de
faciliter la consultation et l’utilisation de ces données, enfin, tous ces documents
doivent comporter des références bibliographiques complètes, et être classés selon
l’ordre chronologique, des plus anciens jusqu’aux plus récents.
Le sous-dossier « Expositions »
En complément de la rubrique « Bibliographie », un sous-dossier « Expositions »
rassemble toutes les notices se rapportant à un tableau donné dans les catalogues
des expositions temporaires où il a figuré. Là encore, ces textes sont présents de
préférence sous la forme de documents originaux, ou à défaut, de photocopies ou
de transcriptions manuscrites. Bien souvent, ces extraits fournissent des synthèses
courtes et actualisées des connaissances se rapportant à une œuvre (provenance, ico-
nographie, fortune critique,…), tout en permettant d’aborder un aspect particulier
de l’histoire d’un tableau, celle de ses présences successives dans des expositions.
Le sous-dossier « Analogies »
Le sous-dossier « Analogies » réunit des mentions d’œuvres en rapport avec les
tableaux du Louvre, et dans la mesure du possible, leurs reproductions. Ces ana-
logies peuvent être conservées dans un musée, dans d’autres collections publiques,
ou encore être documentées pour avoir figuré à une date précise dans une collec-
tion particulière, dans une vente publique ou chez un antiquaire. Il peut s’agir, tout
d’abord, de versions comparables d’une composition par le même auteur, mais aussi
de dessins préparatoires, d’esquisses peintes en relation avec une œuvre de grand
format, ou inversement, de peintures de grandes dimensions liées à une esquisse
conservée au Louvre. Parmi ces analogies figurent parfois des gravures, en parti-
culier pour les tableaux provenant des anciennes collections royales ou pour ceux
ayant fait l’objet, au début du xixe siècle, de reproductions gravées au trait : avant
l’invention de la photographie, ces estampes ont joué un rôle considérable pour la
diffusion de leurs compositions. Elles sont de qualité et en nombre variables pour
une même œuvre ; certains tableaux ont pu donner lieu jusqu’à une dizaine de repro-
ductions gravées, d’ensemble ou de détail, et comportant parfois des variantes ico-
nographiques qui peuvent éclairer sur le sens qui leur a été accordé à un moment
de leur histoire. D’autre part, ces feuilles comportent souvent des inscriptions elles
aussi dignes d’intérêt : une date peut être celle de la création du tableau ou celle
de sa mise en place dans un lieu donné ; le nom du dédicataire de la gravure peut
correspondre à celui du commanditaire de cette peinture, à celui de la gravure, ou
encore révéler l’identité de l’un de ses premiers propriétaires ; il peut enfin s’agir
d’un texte destiné à expliciter le sens de ce tableau, ou sa destination initiale : l’in-
térêt de telles inscriptions est souvent important et il n’est pas nécessairement en
rapport direct avec la qualité de l’exécution des gravures où elles figurent.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
Dans le même ordre d’idées, de nombreux tableaux du Louvre ont été reproduits
dans des copies, peintes, dessinées ou réalisées en trois dimensions. Ces copies,
parfois abondantes, sont conservées dans des musées ou d’autres lieux publics, en
particulier des églises, et peuvent encore être connues parce qu’elles ont figuré à
une date déterminée dans une collection particulière, dans une vente publique ou
chez un antiquaire. Ici aussi, l’ancienneté du Louvre, la réputation de ses collec-
tions et sa très grande accessibilité font que certains tableaux du musée ont, bien
davantage que ceux de n’importe quelle autre institution comparable, donné lieu
à des dizaines de copies distinctes. On doit en particulier signaler celles, parfois
nombreuses et souvent de même taille que les originaux, qui ont été comman-
dées au xixe siècle par la direction des Beaux-Arts à des copistes professionnels
afin de fournir rapidement, et à un coût réduit, des peintures religieuses destinées
à des églises ayant perdu leurs objets mobiliers pendant les années révolution-
naires, ou nouvellement construites : certaines ont été commandés en plusieurs
dizaines d’exemplaires dont il n’est pas toujours possible de s’assurer qu’ils existent
toujours dans le lieu auquel ils avaient été destinés 48.
Sans doute davantage qu’aucun autre musée, le Louvre reste un lieu d’appren-
tissage pour les artistes à travers la pratique de la copie. Les dossiers d’œuvres se
doivent donc, dans la mesure du possible, de comporter les reproductions, ou sim-
plement les mentions de reproductions exécutées par des artistes tout au long de
leur carrière personnelle : la copie d’un tableau du Louvre par Eugène Delacroix,
Édouard Manet ou Henri Matisse traduit la manière dont cet artiste a tenté de
se pénétrer des inventions et de la manière de ses prédécesseurs, et le choix d’un
modèle révèle à lui seul la qualité exemplaire qui a été reconnue à un tableau du
Louvre. À ce titre, il constitue un épisode parfois mineur mais toujours signi-
ficatif de sa fortune critique 49. Les échos de cette notoriété souvent immense
se retrouvent encore dans des détournements multiples, notamment dans des
œuvres d’art contemporaines, des images publicitaires, des dessins humoristiques
ou encore des caricatures, dont la production ne semble pas ralentir et dont le
recensement complet reste là aussi un objectif idéal. La rubrique des œuvres en
rapport, enfin, peut comporter des reproductions de tableaux, sculptures ou objets
divers présentant des parentés iconographiques ou formelles avec une peinture
donnée. Sans nécessairement viser à éclairer un rapport de dépendance directe,
la présence de cette image dans le dossier d’œuvre peut illustrer un même sujet
rare, une construction voisine ou encore un traitement stylistique comparable : le
champ des « analogies » doit rester très largement ouvert, avec pour seul objectif
celui de favoriser la curiosité et de stimuler les interrogations sur un tableau des
collections du Louvre.
48 Les commandes de ces copies, dont la gestion est du ressort du Centre national des arts plastiques
(Fonds national d’art contemporain), sont documentées en particulier dans la série F21 des Archives natio-
nales. Elles sont accessibles sur la base Arcade du ministère de la Culture qui est consultable sur le moteur
de recherche « Collections » (http://collections.culture.fr/).
49 Cuzin Jean-Pierre, Dupuy Marie-Anne (éd.), Copier, créer. De Turner à Picasso : 300 œuvres inspi-
rées par les maîtres du Louvre, exposition au musée du Louvre, 26 avril – 26 juillet 1993, Paris, RMN, 1993.
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Le service d’Étude et de Documentation du département des Peintures du musée du Louvre
Le sous-dossier « Laboratoire »
Le sous-dossier « Laboratoire » rassemble des documents d’imagerie scientifique,
c’est-à-dire issus d’une étude de laboratoire au Centre de recherche et de restaura-
tion des musées de France (C2RMF), qui ont pour objectif de renseigner sur l’état
matériel d’un tableau, et éventuellement, sur les étapes de sa création. Il s’agit prin-
cipalement de clichés en image directe, pris en lumière rasante, en lumière infra-
rouge et ultraviolette, et si possible de reproductions des images radiographiques.
Parfois accompagnés de rapports rédigés par des conservateurs et scientifiques
travaillant au C2RMF, qui y font la synthèse de ces documents, mais éventuel-
lement aussi celles d’analyses de matériaux issus de prélèvements, ils sont issus
de dossiers souvent plus complets conservés par ce service. Une partie seulement
des tableaux du Louvre a bénéficié de telles études scientifiques détaillées ; mais
l’étude d’une œuvre avant son acquisition éventuelle, la préparation d’une restau-
ration, ou une recherche particulière motivée notamment par la rédaction d’un
catalogue ou la préparation d’une exposition, peuvent être les principales raisons
d’entreprendre une telle étude, qui permet toujours d’affiner les connaissances dis-
ponibles à son sujet.
Le sous-dossier « Restauration »
Le sous-dossier « Restauration » réunit des informations relatives aux anciennes
interventions sur un tableau, dont les plus anciennes sont documentées, aux xviie
et xviiie siècles, par des mentions de paiements issus des comptes des Bâtiments
du roi conservés aux Archives nationales 50. À partir du début du xixe siècle et
jusque dans la première moitié du xxe siècle, il existe des documents comparables
conservés aux Archives des musées nationaux dont le dépouillement reste incom-
plet. Souvent très sommaires, les données issues de ces sources d’archives four-
nissent généralement le nom d’un restaurateur, le montant d’un paiement et la date
à laquelle il est intervenu. Mais leur intérêt réside le plus souvent dans la mention
de la nature de l’intervention, qui peut avoir sensiblement altéré la nature d’un
tableau et conditionner la décision d’entreprendre une nouvelle restauration 51. Plus
récemment, à partir de la fin des années 1930, cette rubrique peut comporter des
rapports de restauration plus détaillés, dont les remises, par les restaurateurs des
tableaux du Louvre à l’occasion d’interventions « fondamentales », ne sont toute-
fois devenues systématiques que depuis les années 1990.
50 Des synthèses récentes de ces données figurent dans les ouvrages d’Ann Massing (Painting Restoration
before « La Restauration ». The Origins of the Profession in France, Turnhout, Harvey Miller, 2012), et de Noémie
Étienne (La Restauration des peintures à Paris (1750-1815). Pratiques et discours sur la matérialité des œuvres
d’art, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012).
51 Ainsi, le verbe « lever » ou « enlever » désigne couramment une transposition du support, de bois sur
toile ou de toile sur toile, un procédé de restauration mis au point en Italie vers le milieu du xviiie siècle et
distinct du rentoilage, qui a connu une grande faveur auprès des restaurateurs du Louvre, depuis le début
du xixe siècle et jusque dans les années 1950. En modifiant de manière irréversible la nature du support de
ces peintures, la transposition les a fragilisées tout en altérant de manière irrémédiable leur couche picturale.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
Le sous-dossier « Photographies »
Le dossier d’œuvre comporte enfin un sous-dossier « Photographies » où sont
regroupés des tirages de tous les clichés d’après un même tableau qui ont été com-
mercialisés depuis l’invention de la photographie. Les plus anciens sont souvent
ceux de la maison Braun & Cie qui eut, à partir de 1885 et pour une durée de
trente ans, le titre de photographe officiel du musée du Louvre et des musées
nationaux ; quant aux plus récents, ce sont ceux de l’Agence photographique de la
Réunion des musées nationaux qui réalise systématiquement, depuis le début des
années 1970, des clichés de la plupart des tableaux actuellement au musée, dont
elle assure la diffusion, notamment pour des besoins éditoriaux. Ces photogra-
phies sont issues de prises de vues régulières effectuées au Louvre, dans les salles
ou en réserve, les œuvres étant généralement décadrées. Elles sont le plus souvent
réalisées en fonction des demandes du département des Peintures, notamment à
l’occasion d’entrées d’œuvres nouvelles dans les collections, des mouvements de
dépôts ou après de nouvelles restaurations. Depuis le milieu des années 2000, elles
permettent aussi de remplacer de manière systématique les clichés argentiques par
des reproductions numériques. Des photographies anciennes permettent parfois
de documenter des états anciens de tableaux dont l’aspect a pu être transformé
lors de restaurations récentes, mais elles peuvent aussi constituer les seuls témoi-
gnages visuels de tableaux détruits ou non localisés ; il manque d’ailleurs toujours
les reproductions de plusieurs centaines de peintures du Louvre envoyées ancien-
nement en dépôt sans avoir été photographiées et qui sont réputées disparues,
notamment lors des deux Guerres mondiales.
L’un des objectifs initialement fixé à ces dossiers d’œuvres était, selon Édouard
Michel, de favoriser « la publication d’un inventaire critique et détaillé donnant une
monographie aussi complète que possible des principaux tableaux du Louvre 52 ».
En réalité, de ce projet de catalogue raisonné complet des collections, seuls furent
publiés, entre 1938 et 1944, dans la collection « Monographies des peintures du
musée du Louvre », trois albums de grand format, comptant quelques dizaines de
pages et une quinzaine de planches de grande taille 53. Les dossiers ainsi consti-
tués ont cependant permis de donner bien d’autres formes à des publications très
variées relatives aux collections qui s’appuyaient sur leur contenu 54. Il était assez
logique, d’autre part, que le « modèle » constitué par ces dossiers soit étendu à des
collections autres que celles des peintures du musée du Louvre. S’il a pu servir pour
les autres services de documentation du Louvre, qui jouent également le rôle de
centres de recherche scientifique intégré aux départements, d’autres institutions ont
aussi adopté ce modèle. En ce qui concerne le musée d’Orsay, ouvert en 1986, les
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Le service d’Étude et de Documentation du département des Peintures du musée du Louvre
La Documentation générale
Parallèlement aux dossiers d’œuvres a été constituée une Documentation géné-
rale « Artistes », qui rassemble principalement des reproductions de peintures, de
dessins ou de gravures conservés hors du Louvre, et revenant à des artistes présents
ou non dans les collections du musée. Dans une large mesure, le développement
de cette Documentation générale semble avoir été inspiré par le précédent de la
Witt Library de l’Institut Courtauld de Londres, en particulier pour son mode
de classement. Les documents que l’on y trouve sont notamment des photogra-
phies d’œuvres appartenant à des musées en France et à l’étranger, mais ils repro-
duisent aussi des peintures conservées dans des églises ou d’autres lieux publics,
qui ont figuré dans des ventes publiques, chez des antiquaires ou dans des collec-
tions particulières. Classées par école, par siècle et par artiste, ces images parfois
très nombreuses pour un même peintre sont ordonnées par genre et par thème,
de manière à rendre compte le mieux possible de la production de chacun d’eux :
peinture d’histoire (Ancien Testament, Nouveau Testament, vie de la Vierge,
saints, mythologie, histoire ancienne, histoire moderne, allégorie,…), portraits,
paysages, natures mortes, scènes de genre,… D’autre part, alors que d’autres pho-
tothèques comparables ont toujours maintenu un niveau d’exigence qualitative
très élevé pour leurs fonds en ne rassemblant que des clichés noirs et blancs dis-
ponibles dans le commerce et soigneusement légendés, voire répertoriés dans un
catalogue ou une base de données, la Documentation générale du service d’Étude
et de Documentation du département des Peintures comporte des reproductions
de qualité souvent moindre mais d’origines bien plus variées : coupures de cata-
logues de ventes, notices de catalogues d’expositions ou d’ouvrages ayant donné
lieu à des dépouillements complets, articles de revues, d’actes de colloques ou de
volumes de mélanges, photocopies, notes manuscrites… Il en résulte que cette
Documentation générale comporte souvent des images introuvables ailleurs, où
elles auraient peut-être été jugées peu intéressantes. Quant aux textes relatifs à
un artiste, il s’agit généralement de publications de référence récentes qui sont
parues dans des supports dispersés. Leur regroupement dans un sous-dossier
« Bibliographie » permet souvent d’entreprendre une recherche bibliographique
sur un peintre sans avoir à les rechercher dans plusieurs bibliothèques, tout en
élargissant la réflexion permise par l’examen des seules images.
Les usages de cette Documentation générale sont progressivement devenus plus
larges et plus divers que ne le prévoyaient ses concepteurs. À l’origine, il s’agis-
sait notamment de permettre aux conservateurs du Louvre de préciser le contexte
55 Le musée d’Orsay conserve des œuvres exécutées après 1850, ou dues à des artistes nés après 1820. Le
partage des dossiers d’œuvres effectué avant 1986 a tenu compte de cette distinction, en dépit de quelques
exceptions : le musée d’Orsay conserve les dossiers de certaines peintures d’Ingres (né en 1780), Corot (né
en 1796) ou Delacroix (né en 1798) qui y sont exposées, ainsi que tous ceux des tableaux de Courbet et
Daumier (nés en 1819) qui s’y trouvent désormais.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
La section « Collectionneurs »
La section « Collectionneurs » rassemble des dossiers relatifs à des personnalités
ayant réuni des tableaux anciens mais aussi, plus généralement, des collections
d’œuvres d’art. Rassemblant des notices biographiques diverses ou des articles tirés
de revues ou d’ouvrages collectifs, ces dossiers peuvent également comprendre des
exemplaires des catalogues de ventes consacrés en totalité à la dispersion d’une
collection particulière. Conçu d’abord comme un moyen de préciser les prove-
nances des tableaux du musée du Louvre, ces dossiers, dont il existe peu d’équi-
valents dans d’autres centres de documentation, peuvent bien souvent fournir le
point de départ d’une recherche sur un sujet plus large.
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Le service d’Étude et de Documentation du département des Peintures du musée du Louvre
La section « Topographie »
Une section « Topographie » réunit des documents sur des musées, des monu-
ments ou d’autres lieux publics (châteaux, palais, églises, ministères,…) à Paris,
en province et à l’étranger. Souvent issus, là encore, des dépouillements complets
de catalogues d’expositions, de revues ou d’ouvrages divers, les dossiers corres-
pondants sont souvent inégaux mais ils peuvent fournir le point de départ d’une
recherche spécifique.
La section « Iconographie »
Une section « Iconographie », enfin, rassemble des reproductions, articles ou textes
divers se rapportant à un thème particulier, un motif ou un personnage. Leur
réunion est souvent disparate et les dossiers où sont classés ces documents n’ont
pas la prétention d’être complets.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
57 En 2013, la Documentation générale rassemble environ 2,5 millions de documents occupant un métrage
linéaire de 1 566 mètres. À titre de comparaison, le RKD détient plus de 6 millions de reproductions (du
Moyen Âge à nos jours), la Witt Library de Londres environ 2 millions de reproductions (de 1200 à nos
jours), le Getty Research Institute de Los Angeles environ 2 millions de photographies (art et architecture,
de l’Antiquité à nos jours), et la photothèque du Zentralinstitut für Kunstgeschichte de Munich, environ
650 000 photographies d’œuvres d’art.
58 La loi sur les musées du 4 janvier 2002 prévoit que la propriété des œuvres déposées par l’État avant
1910 sera transférée aux collectivités auxquelles elles ont été affectées, à moins que ces œuvres ne pro-
viennent de donations faites à l’État.
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Le service d’Étude et de Documentation du département des Peintures du musée du Louvre
embryonnaire, gagnerait à être intégrée à un ensemble plus complet, tant pour les
techniques, les types d’objet que les époques, sur le modèle de la photothèque de
la bibliothèque de l’Institut Warburg de Londres qui reste la seule de ce genre.
Assez logiquement, une telle Documentation iconographique transversale devrait
pouvoir trouver sa place à Paris, au sein de l’Institut national d’histoire de l’art, et
pourrait être enrichie progressivement par des documents provenant notamment
des exemplaires multiples présents dans la section « Artistes ».
Avec l’apparition de bases de données spécifiques dans les années 1970, et surtout
grâce au développement des ressources numériques accessibles sur Internet à la fin
des années 1990, le répertoire des outils de connaissance utiles à l’étude de la peinture
ancienne s’est considérablement élargi. Si ces ressources récentes facilitent souvent
la recherche sur les collections du musée, elles ne peuvent se substituer aux fonds
documentaires existants qu’elles doivent en revanche compléter. Le département
des Peintures n’a jamais constitué de bases documentaires propres mais l’essentiel
de ses collections est depuis longtemps accessible sur la base Joconde. Devenue un
catalogue commun à l’ensemble des musées de France, cette base continue d’être
enrichie sous l’autorité du ministère de la Culture, qui la rend désormais accessible
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Partie II – L’œuvre et son dossier
59 Son contenu, et celui de diverses autres bases de données du ministère de la Culture, sont accessibles
sur le site Internet http://collections.culture.fr/.
60 Voir le site Internet http://www.louvre.fr/.
61 Le site Internet du musée du Louvre donne toutefois déjà accès à des bases élaborées dans le cadre de
partenariats avec d’autres institutions et concernant l’ensemble des œuvres d’un domaine spécifique conser-
vées dans les collections publiques françaises, « La Fayette » pour l’art américain, « D’outre-Manche » pour
l’art britannique. Des ressources comparables sont accessibles sur le portail AGORHA de l’Institut natio-
nal d’histoire de l’art, en particulier pour la peinture italienne (RETIF), et d’autres sont en cours d’éla-
boration au département des Peintures, pour la peinture espagnole et pour la peinture du xvie siècle en
France et dans les Pays-Bas.
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Le service d’Étude et de Documentation du département des Peintures du musée du Louvre
2. Toutes les peintures du musée du Louvre ont été cataloguées entre 1979 et 1986
dans un catalogue sommaire entièrement illustré, comportant les listes des œuvres
déposées depuis le Second Empire :
Brejon de Lavergnée Arnauld, Foucart Jacques, Reynaud Nicole, Catalogue sommaire illustré des
peintures du musée du Louvre. I. Écoles flamande et hollandaise, Paris, Éditions de la Réunion des
musées nationaux, 1979.
Brejon de Lavergnée Arnauld, Thiébaut Dominique, Catalogue sommaire illustré des peintures
du musée du Louvre. II. Italie, Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne et divers, Paris, Éditions de la
Réunion des musées nationaux, 1981.
Compin Isabelle, Roquebert Anne, Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre
et du musée d’Orsay. III-IV-V. École française, 3 vol., Paris, Éditions de la Réunion des musées natio-
naux, 1986 (le dernier volume comprend en particulier l’index des « Tableaux déposés par le
Louvre », par Élisabeth Foucart-Walter, p. 194-394).
3. Depuis 1981, les enrichissements du département des Peintures ont donné lieu
à plusieurs catalogues détaillés :
Foucart Jacques (éd.), Musée du Louvre. Nouvelles acquisitions du département des Peintures. 1980-
1982, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1983.
Foucart Jacques (éd.), Musée du Louvre. Nouvelles acquisitions du département des Peintures. 1983-
1986, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1987.
Foucart Jacques (éd.), Musée du Louvre. Nouvelles acquisitions du département des Peintures. 1987-
1990, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1991.
Cuzin Jean-Pierre, Allard Sébastien (éd.), Musée du Louvre. Département des Peintures. Catalogue.
Nouvelles acquisitions. 1996-2001, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 2002.
4. Diverses sections des collections ont fait l’objet de catalogues raisonnés :
Michel Édouard, Catalogue raisonné des peintures du Moyen Âge, de la Renaissance et des Temps
modernes. Peintures flamandes du xve et du xvie siècle, Paris, Éditions de la Réunion des musées
nationaux, 1953.
Adhémar Hélène, Les Primitifs flamands. I. Corpus de la peinture des anciens Pays-Bas méridionaux
au xve siècle. 5. Musée du Louvre. I, Bruxelles, De Sikkel, 1962.
Comblen-Sonks Micheline, Lorentz Philippe, Corpus de la peinture des anciens Pays-Bas méridio-
naux et de la principauté de Liège au xve siècle. 17. Musée du Louvre. II, Bruxelles-Paris, Centre inter-
national d’étude de la peinture médiévale des bassins de l’Escaut et de la Meuse / Éditions de
la Réunion des musées nationaux, 1995.
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Partie II – L’œuvre et son dossier
Loire Stéphane, Musée du Louvre. Département des Peintures. École italienne, xviie siècle. 1. Bologne,
Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1996.
Comblen-Sonks Micheline, Lorentz Philippe, Corpus de la peinture des anciens Pays-Bas méridio-
naux et de la principauté de Liège au xve siècle. 19. Musée du Louvre. III, Bruxelles-Paris, Centre inter-
national d’étude de la peinture médiévale des bassins de l’Escaut et de la Meuse / Éditions de
la Réunion des musées nationaux, 2001.
Gérard Powell Véronique, Ressort Claudie, Musée du Louvre. Département des Peintures. Catalogue.
Écoles espagnole et portugaise, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 2002.
Loire Stéphane, Peintures italiennes du xviie siècle du musée du Louvre. Florence, Gênes, Lombardie,
Naples, Rome et Venise, Paris, Éditions du musée du Louvre / Gallimard, 2006.
5. Le catalogue sommaire illustré paru de 1979 à 1986 fait actuellement l’objet
d’une refonte complète. Trois volumes ont été publiés :
Habert Jean, Loire Stéphane, Scailliérez Cécile, Thiébaut Dominique, coordination par Foucart-
Walter Élisabeth, Catalogue des peintures italiennes du musée du Louvre, Paris, Éditions du musée
du Louvre / Gallimard, 2007.
Foucart Jacques, Foucart-Walter Élisabeth, Catalogue des peintures flamandes et hollandaises
du musée du Louvre, Paris, Éditions du musée du Louvre / Gallimard, 2009.
Foucart-Walter Élisabeth, Meslay Olivier, Thiébaut Dominique, Faroult Guillaume, coordina-
tion éditoriale par Foucart-Walter Élisabeth, Catalogue des peintures britanniques, espagnoles,
germaniques, scandinaves et diverses du musée du Louvre, Paris, Éditions du musée du Louvre /
Gallimard, 2013.
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État de la documentation au musée Rodin :
dossier d’œuvre et dossier documentaire
sur l’œuvre
Sandra Boujot
Un contexte singulier
Le contexte dans lequel s’est formée la documentation du musée Rodin est très
important pour comprendre l’existence de deux dossiers séparés physiquement
mais très complémentaires.
Créé en 1916 à l’initiative d’Auguste Rodin grâce à trois donations successives
à l’État 62 de ses œuvres, de ses collections, de sa bibliothèque, de ses archives et
de sa documentation, le musée est établi sur un site choisi par l’artiste lui-même :
l’hôtel Biron et son jardin. Rodin occupait comme locataire depuis 1908 cet hôtel
particulier construit au début du xviiie siècle. Ce dernier a aussi fait don de sa
résidence la Villa des Brillants à Meudon, qui constitue aujourd’hui une annexe
du musée. Le musée ouvrit ses portes au public en 1919.
Rodin était abonné dès le début des années 1880 à l’Argus de la presse (qui existe
depuis 1879) et à Je lis tout, sociétés qui recensaient et lui envoyaient tous les
articles parus sur lui, ses œuvres, ses expositions, mais aussi sur les personnes qu’il
fréquentait en France et à l’étranger. Pour l’anecdote, les articles le concernant
étaient délimités par un trait tracé au crayon bleu. Si une partie des archives fut
traitée du vivant de Rodin par ses secrétaires, puis dans l’entre-deux guerres par
l’archiviste Jean-Paul Hippeau, les coupures de presse, mais aussi l’ensemble de
la correspondance et des papiers personnels de Rodin furent triés et classés long-
temps après sa mort, à partir de 1976, par des historiens de l’art engagés expres-
sément pour cette tâche 63.
Comme les autres musées, le musée Rodin gère ses ressources documentaires telles
que les archives (privées de Rodin et administratives du musée), la bibliothèque
(de l’artiste et du musée), la documentation historique et la documentation des
collections (les dossiers d’œuvres).
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Partie II – L’œuvre et son dossier
L’ensemble des archives données par Rodin sans tri préalable, a toujours été consi-
déré comme un tout, comme un fonds constitué 64, tandis que la documentation
est toujours alimentée en respectant la distinction entre les documents contem-
porains de Rodin et ceux après sa mort. Ces dossiers documentaires sont conser-
vés avec les archives de l’artiste.
Un exemple : Le Baiser
Figure emblématique de l’œuvre de Rodin, la sculpture du Baiser offre un exemple
parfait pour notre démonstration : sa documentation est pléthorique tant du côté
du service des Collections que du côté du service de la Recherche, et offre ainsi la
plus large typologie documentaire des dossiers d’œuvres des collections du musée 65.
64 Bien avant le livre II du Code du patrimoine, article R. 212-3 : « Le contrôle scientifique et technique
exercé par le service interministériel des archives de France de la direction générale des patrimoines porte
sur les conditions de gestion, de collecte, de sélection et d’élimination ainsi que sur le traitement, le classe-
ment, la conservation et la communication des archives. Il est destiné à assurer la sécurité des documents, le
respect de l’unité des fonds et de leur structure organique, la qualité scientifique et technique des instruments
de recherche, la compatibilité des systèmes de traitement et la mise en valeur du patrimoine archivistique. »
65 Merci à Hélène Marraud, attaché de conservation, pour m’avoir suggéré l’exemple du Baiser.
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État de la documentation au musée Rodin :
dossier d’œuvre et dossier documentaire sur l’œuvre
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Partie II – L’œuvre et son dossier
Le dossier d’œuvre
Représentant en quelque sorte le « dossier médical » qui suit une œuvre tout au
long de sa « vie », les dossiers d’œuvres sont, la plupart du temps, construits de la
même façon, quelle que soit la collection :
– une partie générale comprenant plusieurs sous-dossiers : copies et originaux
d’archives, expositions, photographies, bibliographie, point de vue d’autres artistes,
analogies, collections publiques et/ou particulières ;
– un dossier par exemplaire d’œuvre, classé par matériau (bronze, plâtre, marbre),
puis par taille (petit, moyen ou grand modèle), voire par fondeur pour un bronze.
Dans chacun des dossiers, et quand cela est possible, les sous-dossiers sont les sui-
vants : iconographie (photographies anciennes et récentes), expositions (liste des
expositions où l’exemplaire a été présenté), fiche Kardex 66, bibliographie (liste des
ouvrages dans lesquels l’exemplaire a été reproduit et/ou mentionné), rapports de
restauration, constats d’état, documentation, ventes, documents confidentiels (des
courriers essentiellement) aisément identifiables et extractibles lors de la commu-
nication de l’ensemble du dossier au lecteur.
Ressources complémentaires
Le dossier d’œuvre est la première ressource disponible en cas de recherches d’in-
formations sur une œuvre et/ou un exemplaire. Mais le musée dispose de bien
d’autres sources d’informations, liées aux archives privées de Rodin et aux archives
institutionnelles.
En reprenant l’exemple du Baiser, d’autres renseignements sont disponibles dans :
– la correspondance des praticiens, des fondeurs, des modèles, des acheteurs, des
photographes ainsi que celle de Rodin qui sont des mines d’informations ;
– les dossiers des expositions où l’œuvre a été présentée, classés par ordre
chronologique ;
66 Dans les bibliothèques non informatisées, fiches cartonnées de bulletinage des périodiques, regrou-
pées dans un classeur appelé le Kardex.
67 Notes des conservateurs et/ou agents du musée ayant travaillé sur le sujet, ou souhaitant laisser la trace
d’une information ; généralement, ces notes sont datées.
68 Le musée n’est pas autorisé à donner une expertise sur les œuvres, mais un avis seulement.
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État de la documentation au musée Rodin :
dossier d’œuvre et dossier documentaire sur l’œuvre
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Partie II – L’œuvre et son dossier
– les dossiers des collections extérieures, qui renseignent sur les autres exemplaires
du Baiser dans les collections françaises et/ou étrangères ;
– s’il s’agit d’une fonte posthume, c’est-à-dire réalisée par le musée Rodin, la
recherche portera sur les commandes, les factures, les certificats d’origine, le nom
du fondeur, etc. ;
– toujours à part, il existe un dossier documentaire sur le sujet du Baiser repre-
nant les éléments les plus importants des dossiers documentaires sur les œuvres,
sous forme de photocopies uniquement.
Ainsi, les ressources documentaires se croisent pour apporter un maximum d’in-
formations dont le dossier d’œuvre constitue le squelette.
Le devenir de la documentation
Ces deux dossiers – dossier d’œuvre et dossier documentaire – sont toujours enri-
chis, mais de plus en plus sous format électronique : l’Argus de la presse, auquel le
musée est abonné depuis Rodin, est envoyé depuis 2004 par mail, puis archivé
selon la pertinence des articles. Les plus marquants sont édités et classés dans le
dossier documentaire correspondant, mais pour l’instant il n’est pas possible de
les stocker sur le serveur informatique du musée par manque de place et surtout
par manque de moyen de gestion.
L’arrivée prochaine d’un informaticien aidera le musée dans sa réflexion sur la
mise en place d’une plateforme d’archivage électronique 69. En effet, cela consti-
tue le seul moyen de préserver l’intégrité des informations contenues dans les
fichiers informatiques, natifs ou non, et ainsi de respecter le Code du patrimoine
en matière d’obligation de communiquer les documents quel que soit leur format.
La réflexion se poursuit donc sur l’avenir du dossier d’œuvre : faut-il continuer
à enrichir le dossier papier ? faut-il tout numériser et de ne disposer à terme que
de la version informatique ? Dans ce cas, comment communiquer aux chercheurs
les dossiers d’œuvres lorsque nul poste informatique n’est dédié aux lecteurs en
salle de lecture, comme c’est le cas au musée Rodin ? Et pourra-t-on dans l’ave-
nir mettre sur le site Internet ces documents numériques ?
69 Actuellement, le musée est en pleine réflexion pour l’acquisition d’un logiciel de gestion d’archives
qui permettrait également de gérer les dossiers documentaires.
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Partie III
Informatiser
les collections
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Du projet de base de données informatisée
à sa réalisation : ambition et limites
Hélène Vassal
1 Ainsi la réouverture des salles du musée d’Orsay a nécessité en 2011 le mouvement de 2 581 œuvres et
le raccrochage de 1 127 ; les prêts aux expositions ont concerné 1 454 œuvres. En 2010, le nombre de mou-
vements d’œuvres associés à la régie des collections était de 19 762 (source : rapports d’activité du musée
d’Orsay 2010, p. 148-149 et 2011, p. 48).
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Partie III – Informatiser les collections
2 Cathelineau Anne-Charlotte, Rapport d’étude sur les dossiers d’œuvres. Mission des archives du minis-
tère de la Culture, rapport de stage hors spécialité, juin 2008, 30 p.
3 Dont les collections du Centre Georges-Pompidou.
4 Naffah Christiane, Le Chantier des collections du musée du quai Branly, conservation préventive à l’échelle
d’une collection nationale, Paris, musée du quai Branly, 2004.
5 Vassal Hélène, « La régie des œuvres, une nouvelle dynamique pour la conservation préventive, La
conservation préventive ; une démarche évolutive », Techné, n° 34, 2011, p. 39-41.
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Du projet de base de données informatisée à sa réalisation : ambition et limites
pratiques concertées peut ainsi permettre de couvrir les besoins et attentes opéra-
tionnels. Aujourd’hui, sélectionner et développer l’outil informatique permettant
une gestion globale des collections n’est plus un obstacle sur le plan technique. Il
reste néanmoins des résistances parfois liées au cloisonnement des services ou à
l’absence de portage politique clair de projets longs, complexes, techniques.
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Le constat d’état : de la collecte
à la synthèse des données
Mathilde Touillon-Ricci
6 Le Nouveau Petit Robert 2008. Notons qu’à l’origine un constat – d’accident ou d’état des lieux par
exemple – est un document juridique à valeur légale, valeur conservée pour les constats d’état établis dans
le cadre de prêts entre institutions.
7 Badet Claude, Coutancier Benoît, May Roland (dir.), Musées et patrimoine, rééd., Paris, CNFPT,
1999, p. 168.
8 Association française de normalisation (AFNOR), Commission de normalisation « Conservation des
biens culturels » (CNCBC), 2007.
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Partie III – Informatiser les collections
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Le constat d’état : de la collecte à la synthèse des données
Les constats d’intervention enfin constituent une base pour décider, puis pour jus-
tifier des modifications que le restaurateur s’apprête à mener sur l’œuvre.
Dans une proposition de traitement, le constat d’état est une étape préalable au
diagnostic, permettant de déterminer les modalités de mise en œuvre de l’inter-
vention et d’en formuler les propositions. Le constat revêt alors une valeur ana-
lytique et argumentaire.
Au sein d’un rapport de restauration, le constat d’état a valeur de rappel et de
documentation d’un état disparu ou modifié.
Le cadre de saisie
L’organisation du document de constat dans un cadre de saisie systématique permet
de contraindre les données par des critères prédéfinis, répartis en descripteurs
– case à cocher, menu déroulant, etc. La sélection des critères implique un riche
travail de réflexion préalable sur l’ensemble des données potentiellement obser-
vables et utilisables. Il s’agit à la fois des données attendues, selon la typologie
d’objets et d’altérations, et des données visées, selon la typologie du constat. Cette
sélection induit la répartition des critères en différents champs de saisie. Le cadre
systématique offre l’avantage d’une grande lisibilité. La prédéfinition des critères
induit la cohérence de la terminologie employée, l’organisation visuelle du docu-
ment permet clarté et rapidité de compréhension. Ce système peut cependant
apparaître contraignant et parfois peu adaptable à des cas particuliers, en ce qu’il
revient à apporter une réponse uniforme à des questions diverses.
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Partie III – Informatiser les collections
Au sein d’un cadre de saisie libre, les critères sont affranchis d’une prédéfinition
établie. Les données transcrites correspondent aux données observées. À la diffé-
rence du cadre systématique où apparaissent les données attendues, le cadre libre
transcrit un examen construit à partir de l’état avéré d’une œuvre, offrant l’avan-
tage d’une synthèse propre à l’œuvre. La lisibilité est garantie par un formulaire
allégé en « bruits » – critères apparents mais non renseignés. Afin d’optimiser l’ex-
ploitabilité des données collectées, une attention particulière doit être portée à
la terminologie employée. Celle-ci doit être claire et concise, surtout sans équi-
voque. Dans le cadre d’un constat interprétatif, l’unité du vocabulaire permet la
récolte de données identiquement énoncées ; s’il est comparatif, la terminologie
autorise la comparaison de données comparables.
Le format de rédaction peut également être fondé sur un système illustratif. Les
données sont alors annotées sur une représentation graphique de l’œuvre – photo-
graphie de bonne qualité ou croquis. Le cadre illustratif est a priori le cadre le plus
naturel à utiliser. L’appréhension d’un phénomène visuel est, en effet, plus sponta-
née par une image que par un texte. Ce système est également avantageux pour les
constats d’état destinés à traverser des frontières linguistiques. La visibilité directe
de l’altération permet de dépasser les aléas de traduction de termes spécialisés.
En définitive, le cadre systématique revient à établir une check-list des données
attendues sur l’œuvre, le cadre libre à dresser le portrait fidèle de l’œuvre, le cadre
illustratif à cartographier les altérations. L’utilisation conjointe et raisonnée des
cadres de saisie au sein d’un même formulaire de constat optimise les avantages
et minimise les inconvénients de chacun d’eux.
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Le constat d’état : de la collecte à la synthèse des données
Exploitation statistique
La manipulation des données collectées a permis des regroupements statistiques,
intégrés dans un document de synthèse fourni au musée par les prestataires.
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pArtIe III – Informatiser les collections
CONSTAT D’ETAT
n° X 00
logo Titre ou dénomination de l’œuvre
de
tablier établi le jj/mm/aaaa
l’institution inv. : numéro d’inventaire par Mathilde Touillon-Ricci
IDENTIFICATION
TABLIER
autre n° : texte libre
gde H x pte H (cm) : xx
matériaux : fixation : décor :
critères prédéfinis autre ou critères prédéfinis critères prédéfinis
(cases à cocher précisions (cases à cocher (cases à cocher
non apparentes) (texte libre) non apparentes) non apparentes)
et autre ou photographie
précisions d’identification
(texte libre) de l’œuvre
PAS DE HAMPE
autre n° : texte libre
verticale (cm) : xx
matériaux :
critères prédéfinis autre ou précisions
(cases à cocher (texte libre)
non apparentes)
CONSTAT D’ETAT
altérations mécaniques : altérations chimiques :
critères prédéfinis critères prédéfinis
(cases à cocher apparentes) (cases à cocher apparentes)
CONCLUSIONS ET TRAITEMENTS
conditionnement d’origine : critères prédéfinis conditionnement en sachet : critères prédéfinis
(menu déroulant) (cases à cocher
nouveau conditionnement : critères prédéfinis non apparentes)
(menu déroulant)
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Le constat d’état : de la collecte à la synthèse des données
Identifiées au préalable par les équipes du musée, les données à quantifier illustrent
quatre aspects de la collection : concernant l’œuvre pour elle-même, les matériaux
constitutifs d’une part, les types de montage d’autre part ; concernant unique-
ment la dimension matérielle de l’œuvre, les altérations et interventions anté-
rieures d’une part, les préconisations de conservation d’autre part. L’analyse de
ces données, notamment en termes d’altérations, a permis au musée de mettre en
œuvre des actions systématiques au cours du redéploiement de la collection dans
une nouvelle réserve.
L’intérêt de ce chantier des collections pour la mise en œuvre du constat d’état
réside dans la nécessité d’interopérabilité qu’il présentait. Mené par une équipe
externe au musée, l’exercice de constat devait s’intégrer parfaitement à une chaîne
de gestion et d’entretien des collections déjà en place dans le musée d’accueil. Les
constats édités devaient satisfaire les spécialistes de la conservation-restauration
des œuvres autant que les utilisateurs. En effet, l’accessibilité du constat induit
son suivi par les seules équipes du musée.
Bilan et extrapolation
L’analyse des moyens mis en œuvre pour ce chantier, et l’extrapolation de ces
données appliquée à l’ensemble de la collection costume du musée, met en avant
le caractère autonome et spécialisé du constat d’état. L’ensemble de la campagne
de reconditionnement a mobilisé quatre à six personnes durant seize journées de
travail, réparties sur quatre semaines et demie. Au total, 176 constats d’état ont été
établis, pour une moyenne de onze constats rédigés par journée. Si l’on reprend
l’ensemble des données, il est possible d’estimer l’ampleur de travail nécessaire
au traitement de l’ensemble de la collection costume du musée. À raison de 235
jours travaillés par an, d’une moyenne de onze constats par journée et d’un total
de 23 000 pièces, près de neuf années à plein temps seraient nécessaires… Ces
données imaginées révèlent les implications du constat d’état en termes de moyens
humains et la nécessité d’intégrer cette activité spécialisée dans la programmation
et la gestion de la chaîne d’entretien des collections.
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Partie III – Informatiser les collections
9 SRMF, aujourd’hui intégré au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF).
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Le constat d’état : de la collecte à la synthèse des données
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Partie III – Informatiser les collections
Le constat d’état n’est donc pas une fin en soi, il est un instrument. Qu’il soit support
de programmation, de diagnostic, ou encore de comparaison, sa finalité est tou-
jours de répondre à un besoin, d’atteindre un objectif. Le constat est un exercice
de rigueur, appelant le suivi d’un protocole raisonné et logique de mise en œuvre
en trois étapes, aussi naturelles qu’évidentes : réflexion, application, utilisation.
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Gestion et valorisation des collections.
La politique documentaire au musée
d’Ethnographie de l’université
Bordeaux-Segalen
Sophie Charve-Dartoen et Solenn Nieto
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Partie III – Informatiser les collections
dispersées et un premier inventaire fut réalisé par Mme Vivèz (IR CNRS), seul
témoignage de la composition des vitrines anciennes qui furent démontées dans
les années 1990 sans avoir été davantage documentées. Christian Mériot, succes-
seur de Pierre Métais, entreprit un catalogage scientifique en collaboration avec
des spécialistes extérieurs : Josette Rivallain réalisa celui des collections d’Afrique
(1992), Susanne Fürniss celui des instruments de musique (1992), Tchouner
Mikhaïlovitch Taksami celui des collections de l’Arctique (1996), Françoise Cousin
et Annie Hubert, celui des textiles (1998), Bernard Dupaigne enfin, celui de l’Asie
centrale (à paraître). Mentionnons qu’à la même époque, une vingtaine d’expo-
sitions temporaires fut produite par le département d’ethnologie de l’université,
quasiment toutes accompagnées d’un livret ou d’un catalogue.
Quelques autres précieux documents scientifiques complètent ce maigre fonds
documentaire :
– de très rares archives administratives, essentiellement de la correspondance
(négociations visant l’obtention des collections) ;
– une copie de l’inventaire du musée du Trocadéro (où les transferts vers le musée
Guimet et vers Bordeaux sont mentionnés) ;
– un catalogue broché où les collections transférées à Bordeaux sont listées suivant
une numérotation originale 11 et dont le musée Guimet détient aussi un exem-
plaire. Les travaux récents semblent montrer que sont répertoriées là les collec-
tions du MET déposées dans les réserves du musée Guimet et parties à Bordeaux.
Parce qu’il mentionnait aussi – et assez généralement – des numéros de l’ancien
musée d’Ethnographie du Trocadéro, ce document semblait faire le lien entre
deux systèmes de référence. Il fut donc appelé « catalogue de correspondance » ;
– un fichier manuel établi par le créateur et premier conservateur du musée, Paul-
Louis Lemaire, seul document faisant la synthèse des collections bordelaises au
début du xxe siècle ;
– les catalogues des dons et des achats réalisés à Bordeaux.
Le travail de gestion entrepris au MEB depuis maintenant une quarantaine d’an-
nées a abouti à deux types de fichiers offrant la synthèse des informations rela-
tives aux collections :
– un fichier manuel associant dans une pochette plastique pour chaque objet,
une fiche cartonnée standard correspondant à peu près aux rubriques de l’inven-
taire « 18 colonnes » et les quelques archives (ou leur copie) qui lui sont directe-
ment associées ;
– un fichier informatisé pour lequel fut d’abord choisi le logiciel Micromusée®.
Dès la fin des années 1990, cet outil s’avéra insuffisamment souple à l’usage et
coûteux. Une solution transitoire fut donc mise en place via l’usage de listings
Excel®, où les informations pourraient être stockées de façon systématisée avant
d’être extraites et reventilées dans différents autres documents, bases de données
comprises.
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Gestion et valorisation des collections. La politique documentaire
au musée d’Ethnographie de l’université Bordeaux-Segalen
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Partie III – Informatiser les collections
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Gestion et valorisation des collections. La politique documentaire
au musée d’Ethnographie de l’université Bordeaux-Segalen
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Partie III – Informatiser les collections
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Gestion et valorisation des collections. La politique documentaire
au musée d’Ethnographie de l’université Bordeaux-Segalen
nouveau site de 2007, permettant de coupler l’accès aux nouvelles notices et celui
– certes un peu moins direct – aux anciennes notices. La réalisation progressive
de la quasi-intégralité des notices sous ActiMuseo permettra le retrait prochain
de l’accès à l’ancien site.
L’achat et l’usage combiné des logiciels ActiMuseo et WebMuseo permirent un enri-
chissement constant des notices publiées et une vie du site acceptable. L’architecture
de ce dernier (réalisée par un prestataire) est toutefois trop contraignante et manque
de souplesse pour que sa mise à jour soit simple et aisée. Depuis 2007, les logiciels
ont évolué, nos besoins, nos envies et les attentes du public aussi. Nous sommes
donc en réflexion sur la refonte du site Internet du musée. La présentation des
collections, mais aussi la philosophie générale et le contenu du site sont à revoir.
Un nouveau site est donc en cours de programmation. Un cahier des charges va
être établi avec le concours du spécialiste informatique du service communication
de l’université. Il doit pouvoir intégrer de façon très simple et intuitive différents
niveaux d’information : catalogue des œuvres, dossiers thématiques, expositions
virtuelles, fonds documentaire (dont des documents à télécharger et à imprimer
tels que flyers, catalogues d’exposition et dossiers pédagogiques qui leurs sont rela-
tifs…). Doivent y figurer en bonne place les résultats d’un projet de recherche
innovant mené conjointement par le MEB et divers partenaires spécialistes de
l’imagerie numérique et de la numérisation en trois dimensions. Mentionnons
que ce projet, qui a pour but de numériser et de restituer en 3D certains de nos
costumes asiatiques du xixe siècle, requerra un espace de stockage bien supérieur
à celui actuellement loué auprès de la société WebMuseo. L’université projette de
mettre en place une structure de stockage mutualisée qui nous affranchira, à terme,
de notre prestataire et devrait assurer la pérennité des données qui y sont déposées.
La mention de la question du stockage et de la pérennité des données que la numé-
risation permet de générer en très grande quantité n’est pas anecdotique en cette
fin de propos. Une longue pratique nous incite à toujours rester attentives aux
avantages, mais aussi aux contraintes que génère l’usage de l’outil l’électronique.
Cet outil offre un intérêt certain, essentiellement en termes d’indexation de l’in-
formation et de consultation, mais il est chronophage et doit rester très évolu-
tif. En ce qui concerne le MEB, l’informatique fut toujours centrale, quand bien
même les fiches cartonnées du fichier manuel restent consciencieusement tenues à
jour. Durant les dernières années, la réalisation de l’inventaire, le catalogage scien-
tifique et la diffusion électronique ont été menés parallèlement dans la mesure
du possible, bien que selon des temporalités un peu disjointes. Le résultat semble
globalement satisfaisant mais un regard rétrospectif éveille le regret d’un par-
cours quelque peu erratique. Était-il seulement possible de procéder autrement ?
Difficile à dire dans un domaine qui sans cesse évolue.
Nous souhaiterions conclure en insistant sur la nécessité d’une programmation
détaillée pour toute politique documentaire et sur la nécessité du recours à l’as-
sistance d’experts. Comme le soulignent Schafer, Thierry et Couillard (2012), très
souvent les musées ne disposent pas en interne de spécialistes à qui confier la pro-
grammation et le développement de leurs bases de données et des sites Internet.
L’externalisation est une solution fiable si toutefois le cahier des charges est clai-
rement établi. De telles solutions sont coûteuses, mais elles doivent apporter une
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Partie III – Informatiser les collections
Aménagement des
Catalogue Vivèz (1970) combles (1970’)
Gestion des
Base de données ActiMuséo
collections
(2007)
Synthèse de l’ensemble des
Notices « complètes » documents sur une seule
notice
Diffusion et
Site internet hébergé par valorisation des
WebMuséo collections
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La base de documentation et de gestion
des œuvres du futur Louvre Abou
Dabi : de la réflexion sur les pratiques
professionnelles à la conception
d’une base de données dédiée
Hélène Vassal
L’exemple du Louvre Abou Dabi est l’illustration d’un changement profond dans
la conception des outils de recherche et d’exploitation des données. Tourné vers
la gestion de projets, il privilégie la relation dynamique et l’ergonomie de travail ;
en cela il préfigure l’interopérabilité des bases de données entre elles et l’approche
collective qui n’aurait pu être développée sans une réflexion préalable sur les pra-
tiques professionnelles. De ce point de vue, le Louvre Abou Dabi ouvre tous les
possibles : musée créé ex nihilo 12, favorisant l’innovation, doté de moyens consi-
dérables, il permet de penser la question des métiers et de leur adéquation avec
les outils documentaires, en anticipant les besoins collectifs, tout ceci en restant
au service des œuvres et de leur conservation matérielle. L’étude de la démarche
pour parvenir au choix et à la mise en œuvre d’un outil informatique dédié à ce
projet le souligne bien et vient renforcer l’idée de l’intégration du mode opéra-
tionnel dans un système de base de données documentaire.
Outil de gestion et de documentation des œuvres destiné à permettre les échanges
de données entre l’Agence France-Muséums 13, les musées prêteurs et le futur
Louvre Abou Dabi, ce système d’information est la préfiguration d’un outil à la
fois destiné aux futurs personnels du musée à l’horizon de son ouverture et aux
concepteurs du projet réunis au sein de l’agence dans sa phase actuelle. Sa mise
au point a nécessité l’élaboration d’un cahier des charges insistant tout particuliè-
rement sur la capacité d’échange, d’interopérabilité et d’ergonomie de travail sans
oublier les grands enjeux locaux du projet en matière de transfert de compétences
et de multilinguisme. Ce travail a été précédé de l’élaboration d’un schéma directeur
opérationnel informatique (SDOI) qui, dès 2008, a définit la colonne vertébrale
du système d’information du futur musée. Ce schéma a été conçu comme « une
feuille de route indiquant les actions à conduire et échéances à ne pas manquer 14 ».
Le système d’information a été évalué en fonction des domaines d’activités au
sein du futur Louvre Abou Dabi (gestion des œuvres, bâtiment, communication
12 Son ouverture est prévue pour fin 2015 à Abou Dabi aux Émirats arabes unis.
13 L’Agence a été créée en 2007 pour coordonner l’expertise des musées français. Elle exerce ses acti-
vités dans les domaines scientifique, culturel et technique. Structure dédiée, elle se consacre au projet du
Louvre Abou Dabi, et rassemble douze des plus grands établissements patrimoniaux français au sein d’une
société de droit privé.
14 Agence France-Muséums, SDOI du musée du Louvre Abou Dabi, livrable, septembre 2008.
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Partie III – Informatiser les collections
et relation avec les publics, gestion administrative, etc.) en intégrant les spécifici-
tés fortes du projet : multilinguisme, interopérabilité, évolutivité, accessibilité et
multiculturalisme.
Pour le domaine relevant du champ des collections, considéré comme la « pierre
angulaire du système d’information 15 », la solution retenue a pour ambition de
couvrir plusieurs types d’applications liées aux fonctions opérationnelles, comme par
exemple la rotation de l’accrochage des œuvres ou l’émission d’un contrat de prêt.
Au stade programmatique du projet, on insiste alors tout particulièrement sur la
capacité de réactivité de l’outil et sur son interactivité : « La gestion des collec-
tions requiert un outil particulièrement réactif et interactif, nécessairement simple
d’utilisation : réactif car il doit refléter en permanence l’état de l’ensemble des col-
lections exposées et intégrer les besoins de préparation des accrochages et prêts à
venir ; interactif, en étant connecté à l’ensemble des dispositifs d’information, de
communication et de gestion de l’établissement 16. »
C’est dès 2009 que la machine opérationnelle se met en place à la faveur de deux
événements : le démarrage de la constitution de la collection du Louvre Abou
Dabi avec les premières acquisitions à conserver, et à documenter et l’organisa-
tion de l’exposition inaugurale de ces œuvres assorties de prêts des musées fran-
çais partenaires du projet à Abou Dabi 17.
L’Agence France-Muséums décide alors de développer, pour satisfaire ses besoins
opérationnels, une base pilote sur Filemaker dédiée d’une part à la documentation
des collections en devenir et, d’autre part, au répertoire des œuvres potentielle-
ment mises à disposition par les musées français. Ce développement sur Filemaker
ne se substitue pas à l’analyse fonctionnelle et au choix définitif du logiciel appli-
qué à la documentation et à la gestion des collections et des expositions du futur
Louvre Abou Dabi. Il vient nourrir et enrichir la réflexion croisée sur les besoins
et attentes des utilisateurs de l’agence. Très vite, autour d’une équipe de projet
réunissant les personnels de la direction scientifique de l’agence, émerge le besoin
d’une assistance à maîtrise d’ouvrage chargée d’aider à structurer et de hiérarchiser
les besoins listés dans le SDOI, notamment sous la forme d’un cahier des charges
visant à sélectionner un futur développeur.
L’enjeu de l’informatisation des pratiques de documentation et de gestion apparaît
alors clairement dans la stratégie de portage du projet du Louvre Abou Dabi par
l’Agence France-Muséums car « informatiser, c’est avant tout une modification des
pratiques, des procédures, des méthodes de travail de chacun 18 ». Construit dans
un esprit de partage du savoir scientifique et de transferts des compétences à l’ho-
rizon de l’ouverture du musée, cet outil à l’ambition d’apparaître à terme comme
15 « Le système d’information de gestion des collections constitue la pierre angulaire du système d’infor-
mation du futur musée. Compte tenu de la configuration particulière du musée : un accrochage totalement
renouvelé chaque année sur les dix premières années d’ouverture au public… », Agence France-Muséums,
SDOI du musée du Louvre Abou Dabi, livrable, septembre 2008, p. 10.
16 Agence France-Muséums, SDOI du musée du Louvre Abou Dabi, livrable, septembre 2008, p. 10.
17 Talking Art : Louvre Abu Dhabi, 29 mai-2 juillet 2009, Gallery One, Emirates Palace.
18 Brochu Danièle, Manuel pratique d’informatisation : des collections à la base de données, Paris, minis-
tère de la Culture et de la Communication/Somogy, 2004, p. 257.
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La base de documentation et de gestion des œuvres du futur Louvre Abou Dabi :
de la réflexion sur les pratiques professionnelles à la conception d’une base de données dédiée
le révélateur des pratiques et des procédures qui structurent l’activité autour des
collections du futur musée.
Le cahier des charges rédigé en 2010 rappelle ces enjeux fondamentaux et iden-
tifie les besoins génériques :
– être opérationnel en permanence et en des endroits divers (à Paris, à Abou Dabi,
dans un musée prêteur, en réserves, etc.) ;
– refléter en temps réel l’état de la gestion des œuvres et notamment leur traçabilité ;
– planifier les mouvements en intégrant la question des rotations de prêts et des
expositions temporaires ;
– être en lien avec les autres composantes du système informatique du futur
établissement ;
– assurer la sécurité des informations et le respect de la hiérarchie des droits
d’accès correspondants aux différents profils utilisateurs.
Ce même cahier des charges décrit la démarche par projet développé par l’équipe
avec la collaboration de son assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) :
– l’analyse par activités est privilégiée afin d’identifier la chaîne opératoire de trai-
tement d’une œuvre ou d’un projet (exposition, catalogue, accrochage…) ;
– l’ensemble des opérations est répertorié afin d’identifier les liens fonctionnels et
de clarifier les acteurs correspondant à chaque niveau d’intervention dans la base ;
– la dimension opérationnelle est intégrée dès la phase conception par construc-
tion intellectuelle issue de la démarche qualité : planifier, réaliser, contrôler et cor-
riger (to plan, to do, to check, to act).
Ces modules interopérables entre eux doivent permettre ainsi de générer des tâches
et de les planifier, d’élaborer des constats d’état normalisés, de suivre les accro-
chages annualisés et de tracer en temps réel les objets :
Ces opérations sont conçues pour être activées dans l’outil ou interopérables avec
la base via des outils dédiés 19, dont le développement actuel devrait être favo-
risé par l’apport des nouvelles technologies. On retiendra tout particulièrement
le travail mené sur les constats d’états, l’objectif étant de documenter l’opération
de constat en temps réel, grâce à l’utilisation d’une palette graphique intégrant un
vocabulaire spécifique et une cartographie des altérations reliée à la fiche rétros-
pective de l’œuvre, liée elle-même à l’objectif assigné à la tâche (constat de prêt,
premier diagnostic à l’entrée de l’œuvre, récolement, etc.).
Le choix de l’outil a donc été guidé, au terme d’une mise en concurrence de dix
outils de documentation et de gestion informatisée des œuvres existant sur le
marché international, par une approche transversale dans la conduite de projet.
Ce choix basé sur un ensemble de critères objectifs privilégie la réactivité de l’outil
(en mode fullweb), l’interopérabilité, la flexibilité (capacité à évoluer), le multilin-
guisme, l’ergonomie de travail et l’exhaustivité (couverture fonctionnelle conforme
au cahier des charges).
Les ateliers de spécifications associant le développeur, l’équipe projet de l’agence
et l’AMO, menés durant tout le premier semestre 2011, ont, quant à eux, permis
19 Utilisation de palettes graphiques appliquée au constat d’état, outils dits de tracking permettant la mise
à jour en temps réel des localisations dans le musée, en réserve et en mouvement.
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Partie III – Informatiser les collections
20 Payet Roch, De nouveaux outils pour la gestion de la conservation préventive, Journées d’étude du master
de conservation préventive, 14 et 15 juin 2006, université Paris-I.
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Le premier projet d’informatisation
des collections des musées du Vietnam
Françoise Dalex
21 Application informatique, logiciel ou progiciel, qui sauvegarde des informations structurées et organi-
sées. Elle permet le stockage de grandes quantités d’informations et leur exploitation par des mises à jour
successives. L’organisation des données facilite des recherches pertinentes et efficaces. L’administration de
la base de données permet de sécuriser l’accès aux données pour des utilisateurs qui ont différents droits :
consultation des résultats de requêtes, « écriture » pour saisir, modifier, supprimer et valider des données.
Fonctionnellement, les informations sont présentées selon différents écrans de saisie, recherche et consul-
tation. Les informations sont organisées en champs, qui apparaissent comme des cadres de saisie vides
dans la partie « écriture ». Les informations sont saisies librement ou sélectionnées dans des listes de réfé-
rentiels de mots-clés. Les informations peuvent y être uniques ou multiples, obligatoires ou facultatives.
Techniquement, différentes tables, fichiers et répertoires assurent l’organisation des données et leur sau-
vegarde sur un serveur. La mise en place d’une base de données fait l’objet d’une organisation en gestion
de projet, d’un développement informatique et d’acquisition des infrastructures informatiques : serveur,
réseau… Les bases de données peuvent être des produits d’éditeurs ou développés intégralement selon un
cahier des charges spécifique.
22 www.chammuseum.danang.vn
23 http://baotanglichsu.vn/sousleportail/fr/Page-d-accueil/mid/29453A92/
24 http://www.vme.org.vn/french/visitor_info.asp
25 http://www.womenmuseum.org.vn/fr.html
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Partie III – Informatiser les collections
26 Nguyen Van Huy, directeur du MEV, invite comme conseillers Georges Condominas, ethnologue,
et Christine Hemmet, responsable des collections Asie au musée de l’Homme de Paris puis au musée du
quai Branly.
27 Véronique Monnier, spécialiste de la restauration et de la conservation préventive, intervient dans le
cadre du FSP.
28 Les ethnologues sont associés aux choix des mots-clés d’indexation pour décrire les spécificités des
acquisitions d’Asie du Sud-Est.
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Le premier projet d’informatisation des collections des musées du Vietnam
aux besoins des équipes 29, le développement d’une collaboration inédite, l’ap-
propriation de l’outil pendant le temps du projet, un coût moindre par rapport à
une base de données d’éditeur.
Les initiateurs du projet 30 ont conscience des atouts autant que des lacunes des
équipes et des moyens matériels. La méthodologie du projet se définit en deux
parties : formations en management des collections et suivi de projet d’une part,
adoption d’outils de gestion de projet d’autre part.
29 L’inconvénient d’une solution sur mesure est l’anticipation des demandes de développements et de
mises à jour.
30 Christine Hemmet et Nguyen Van Huy.
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Partie III – Informatiser les collections
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Le premier projet d’informatisation des collections des musées du Vietnam
34 Un comité de pilotage impulse les grandes orientations du projet et valide les propositions des groupes
de travail (référentiels, tests…).
35 Dans les deux musées, celles-ci font partie du service des réserves, pilotent le projet technique et édi-
torial (voir encadré).
36 Le projet commence en 2006 et la dernière mission a lieu en 2011, avant la fin du FSP.
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Partie III – Informatiser les collections
Les réalisations
Le développement de la base de données
C’est la partie du projet la plus sensible pour les équipes des musées. Le cahier des
charges initial est respecté et les demandes spécifiques sont toutes implémentées.
Des notices hiérarchisées permettent de créer une notice générique « mère » pour
décrire un groupe d’objets lié à des notices spécifiques « filles » d’un objet de ce
groupe. Cela est particulièrement utile pour les costumes constitués de nom-
breuses pièces complémentaires 37. Les informations saisies sur la « mère » s’in-
crémentent directement sur les « filles » : ethnie, racine du numéro d’inventaire…
Et des informations complémentaires des « filles » remontent automatiquement
sur la fiche « mère » : numéro d’inventaire développé, appellation, photographie
de l’objet. Ce système présente trois avantages : un gain de temps, une diminu-
tion du risque d’erreur à la saisie et un accroissement de l’efficacité de la recherche
dans la base de données.
La création de sous-bases de données pour les collections objets, photographies,
arts graphiques ou imprimés, correspond aux usages des professionnels. Elles
intègrent les spécificités de renseignements et des liens font dialoguer les notices
de collections : sont liées notices d’objets et photos qui représentent l’objet en
cours de fabrication.
Une recherche fédérée permet d’explorer l’ensemble des contenus de toutes ces
sous-bases.
Pour garantir une bonne gestion physique des collections, la base de données
conserve sans les écraser l’ensemble des informations de mouvements, localisa-
tion et constats d’état.
37 Les costumes des ethnies et les uniformes sont constitués de pantalon, veste, coiffe, guêtres,… Le
costume est décrit dans une notice « mère », les différentes parties du costume sont autant de notices « filles ».
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Le premier projet d’informatisation des collections des musées du Vietnam
38 Elles pilotent les projets de site Internet des musées, en phase de « recettage » au MTG, en définition
au MEV, impulsé en 2013 par la mise en ligne des collections.
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Partie III – Informatiser les collections
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Le premier projet d’informatisation des collections des musées du Vietnam
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Partie III – Informatiser les collections
Une troisième mise en réseau concerne les professionnels extérieurs des musées
et universitaires 39. L’équipe projet intervient à l’occasion des missions au musée
d’Histoire national du Vietnam de Hanoi 40 et à l’université du Patrimoine de Ho
Chi Minh-Ville depuis 2010. Les deux sessions de formation théorique s’adressent
aux dirigeants des musées du Sud Vietnam, enrichies des retours d’expériences
des équipes du MEV.
Pour compléter la présentation des normes internationales de l’Icom, de l’Unesco 41
et de leur documentation professionnelle en ligne, une responsable de l’Unesco au
Vietnam 42, partenaire financier de la formation universitaire, a présenté les mis-
sions culturelles de l’Unesco.
Enfin, un lien constructif se crée pour la première fois au Vietnam entre profes-
sionnels des musées et universitaires. Les responsables pédagogiques renouvellent
39 Les professionnels sont plus intéressés par les vocabulaires d’indexation que par l’application informa-
tique, pour pallier l’absence d’outils de description scientifique et physique des collections.
40 Musée en construction à Hanoi, qui ouvrira en 2017 et regroupe des collections archéologiques, ethno-
graphiques et de beaux-arts prestigieuses, issues du musée de la Révolution et du musée d’Histoire de Hanoi.
41 Unesco, Conventions (1954), (1970), (1972), (2001), (2003), (2005), Recommandations (1956), (1960),
(1964), (1972), (1976), (1978), (1989), Déclaration de Séoul (2001), http://www.unesco.org/new/fr/culture/
themes/normative-action/.
42 L’Unesco cofinance cette session via Nao Hayashi-Denis, division du patrimoine culturel, section du
patrimoine matériel, Europe, Asie et Pacifique.
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Le premier projet d’informatisation des collections des musées du Vietnam
Bilan et perspectives
En présence d’une application dont l’usage est quotidien et répond aux besoins
des musées, il est intéressant de soulever trois paradoxes de ce projet novateur.
Le projet d’informatisation des collections a été défini pour soutenir des projets
de construction d’un second musée au MEV et d’acquisition d’un fonds photo
graphique au MTG. Or ces deux projets sont en suspens tandis que la base de
données est opérationnelle. Ensuite, l’avancée du projet s’est faite dans un contexte
muséal de défrichage informatique dans un pays qui vit au rythme des avancées
technologiques. Enfin, les musées volontaires conservent des collections peu pres-
tigieuses et faciles à collecter. En revanche, les musées d’archéologie et d’histoire,
qui ont une pression internationale pour protéger et valoriser leur patrimoine,
n’ont pas vu l’intérêt d’une base de données pour améliorer les bonnes pratiques
de conservation des collections. Les limites du projet sont clairement identifiées
dès 2006 : besoin d’un positionnement prioritaire du projet dans l’établissement,
besoin de reconnaissance des équipes projets, besoin de modernisation des infras-
tructures informatiques. Le MTG parvient à éliminer ces contraintes, finalisant
l’informatisation de toutes ses collections en 2010. Le MEV n’a pas initié de chan-
tier informatique et les équipes des réserves ont d’autres priorités. Le renseigne-
ment des collections est toujours en cours en 2012.
Les directions n’ont pas initialement pris la mesure des impacts du projet. Les réa-
lisations désormais abouties permettent maintenant de porter un nouveau regard
sur les collections, le partage d’informations, la professionnalisation des équipes,
l’utilisation pertinente de procédures. Une mise en ligne des collections est en
projet pour 2013-2014, dans les deux musées pilotes.
Le projet a atteint en particulier un des objectifs du FSP : « La mise en place d’un
réseau de professionnels qualifiés qui pourront prendre la relève de la coopération
française. » Les équipes expérimentées conseillent leurs directions et de nouveaux
partenaires nationaux. Les liaisons professionnelles, tissées depuis 2006, agiront
à la fois comme lobby, incubateur d’idées et moteurs d’initiatives concertées. Ces
liens stratégiques sont à pérenniser pour favoriser la professionnalisation des
équipes, collaborer à l’échelle des musées ou entre établissements et participer à
la modernisation du pays. Les résultats du projet correspondent à la récente éva-
luation de l’Unesco 43 sur le rôle des musées et leur protection par la coopération
internationale, la professionnalisation et la valorisation d’un patrimoine au service
du dialogue interculturel.
Dans un contexte de mondialisation, ce projet illustre enfin la richesse de l’ac-
tion culturelle de la France, qui participe pleinement à son rayonnement dans le
43 http://unesdoc.unesco.org/images/0021/002169/216952E.pdf.
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Partie III – Informatiser les collections
monde. Pour paraphraser le titre d’un colloque récent 44, « la diplomatie culturelle
est un atout pour la France dans un monde en mouvement », mais également une
chance pour la francophonie, le patrimoine mondial et les professionnels qui le
conservent.
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Le premier projet d’informatisation des collections des musées du Vietnam
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Changer de système de gestion
des collections au musée d’Orsay :
un vrai défi !
Sylvie Julé et Elsa Badie Modiri
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Partie III – Informatiser les collections
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Changer de système de gestion des collections au musée d’Orsay : un vrai défi !
Démarche/méthodologie
Accompagné d’une société extérieure chargée d’assurer une assistance à maîtrise
d’ouvrage, le musée s’est structuré de façon classique dans le cadre de ce projet :
– comité de pilotage avec des représentants de la direction pour toutes les déci-
sions stratégiques clés ;
– direction du projet assurée d’une part, par un représentant de la conservation
et d’autre part, sur un plan méthodologique, logistique, administratif et financier,
par la responsable du département informatique ;
– chef de projet informatique pour coordonner, formaliser et assurer le suivi des
prestataires ;
– un responsable de chacun des trois pôles d’expertise suivants : données scienti-
fiques et bases documentaires, gestion des collections, publication.
Plusieurs ateliers thématiques ont été organisés avec un panel représentatif des
utilisateurs afin de préciser le besoin et de s’assurer que les objectifs de ce projet
répondaient à une attente.
Par ailleurs, une phase de prospective dans le cadre de salons professionnels, auprès
d’autres établissements et de certains éditeurs, a permis de mieux cerner les solu-
tions progicielles disponibles sur le marché.
Un double constat a pu alors être dressé :
– le progiciel miracle pouvant répondre à toutes nos attentes n’existe pas ;
– le besoin de gestion de nos données patrimoniales dans leur ensemble est moins
critique que le besoin d’améliorer nos outils de gestion des collections à propre-
ment parler.
Ceci nous a amené à revoir nos priorités et à remodeler le découpage dans le temps
de notre projet afin d’envisager une mise en œuvre progressive selon l’ordre suivant :
– gestion des mouvements avec interfaçage des systèmes existants,
– notices des œuvres et des artistes et autres fonctions de gestion,
– portail d’interrogation et documents numérisés,
– bases documentaires connexes.
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Partie III – Informatiser les collections
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Conduite d’un projet d’informatisation
des collections : rôle d’un assistant
à maîtrise d’ouvrage
Jean-Pascal Vendeville
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Partie III – Informatiser les collections
Harmonisation et rationalisation
des processus
14%
Evolutions des métiers
45 Toute reproduction, à quelque autre fin que ce soit et par quelque moyen et sous quelque forme que
146 ce soit, est interdite sans avoir obtenu par écrit la permission formelle de Kurt Salmon. Kurt Salmon inter-
dit de modifier l’information ou les documents reproduits ou copiés à partir de la présente publication.
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Conduite d’un projet d’informatisation des collections :
rôle d’un assistant à maîtrise d’ouvrage
Position de l’AMOA par rapport aux sujets Position de l’AMOA par rapport aux acteurs
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148
A B T
Prévoir / Programmer Réaliser Administrer / Evaluer
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Conduite d’un projet d’informatisation des collections :
rôle d’un assistant à maîtrise d’ouvrage
Elle évite la dispersion dans l’expression des besoins, en privilégiant, dès la phase
de conception générale, la prise en compte de l’enchaînement des activités et des
opérations (approche « dynamique et opérationnelle ») pour conduire au recense-
ment des besoins fonctionnels strictement nécessaires.
Elle va servir de référence tout au long du projet, notamment dans les phases d’éla-
boration des spécifications détaillées et d’élaboration du plan de tests de vérification
de bon fonctionnement, avant mise en service de la solution applicative développée.
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Etude préalable et Développement et tests Déploiement de la
1 préparation de la 2 Choix de la solution 3 de 4 solution et migration
consultation la solution des données
• Formation des
et du budget l'application avec la
utilisateurs
• Recueil des attentes MOE
• Conduite de la • Préparation de la mise
des utilisateurs • Elaboration du plan de
consultation en production de la
• Benchmarking des tests
solution
solutions existantes • Réalisation des tests
• Analyse des offres • Assistance des
sur le marché fonctionnels et
équipes
• Conception générale d’intégration
• Aide au choix de la opérationnelles « vie
• Définition de la • Elaboration du plan de
solution courante » à prendre
stratégie de formation
en charge l’application
PRINCIPALES ACTIVITES
consultation • Elaboration du plan de
• Formalisation du cahier migration des données
des charges
Gestion de projet
Conduite du changement
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Conduite d’un projet d’informatisation des collections :
rôle d’un assistant à maîtrise d’ouvrage
analyses comparatives complémentaires sur des sujets, tels que la couverture fonc-
tionnelle, la prise en compte des normes et standards, la technologie et l’interopé-
rabilité, le multilinguisme, la structure d’entreprise, les références clients… Lors de
la conception générale, elle met en place la méthodologie de spécification géné-
rale de la solution (nombre, calendrier et thèmes des ateliers de travail – modali-
tés de formalisation) et anime la démarche en présentant des retours d’expérience
sur les meilleures pratiques métiers.
Enfin, elle propose les différentes stratégies de consultation possibles (appel d’offres
ouvert, appel d’offres restreint, avec ou sans dialogue compétitif…) au regard des
spécificités du projet et formalise le cahier des charges.
En phase 2, l’AMOA assiste au pilotage du processus de consultation, en parti-
culier lorsque des réunions de travail sont organisées avec les différents candidats
dans le cadre d’un ou plusieurs cycles de présentation des offres et de négocia-
tion. Elle propose et met en œuvre une méthode d’analyse qui permette d’iden-
tifier clairement les apports et limites des offres de chaque candidat, d’objectiver
les analyses comparatives, et de recommander des scénarios de choix. Elle assiste
la MOA dans la mise au point du contrat.
En phase 3, l’AMOA contribue à l’élaboration des spécifications détaillées conduites
par la MOE, pour garantir la bonne prise en compte de la conception générale
par celle-ci. En revanche, dès que les spécifications détaillées ont été finalisées,
elle conduit trois chantiers importants : l’élaboration du plan de tests, l’élabora-
tion du plan de formation, et l’élaboration du plan de migration des données.
L’assistance à maîtrise d’ouvrage propose la méthodologie et organise ces trois
chantiers avec les différentes parties prenantes en s’assurant : d’une part, du bon
alignement de chacune d’entres elles (par exemple, sur l’acceptation des critères
de mises en service de la solution) ; d’autre part, de la capacité des acteurs métiers
à supporter une charge de travail supplémentaire, induite par les tests fonction-
nels de vérification de bon fonctionnement, les formations, et la migration des
données. Enfin, elle assiste au pilotage de la réalisation des tests fonctionnels et
d’intégration. Il s’agit d’une étape critique, car elle met en visibilité la nouvelle
solution auprès de nombreux acteurs métiers chargés de réaliser les tests, alors
même que la solution livrée fait le plus souvent l’objet de dysfonctionnements et
peut de ce fait créer des déceptions. Le rôle de l’AMOA sera notamment d’évi-
ter la démobilisation des différents acteurs liée aux itérations successives « tests –
corrections – livraisons – tests ».
En phase 4, l’assistance à maîtrise d’ouvrage est particulièrement attentive à la
bonne exécution du plan de reprise des différentes bases de données (œuvres,
expositions…). Elle s’assure de l’exhaustivité et de la qualité des migrations des
bases, par exemple en vérifiant par échantillonnage, l’absence de rupture de liens
entre les notices. Par ailleurs, une fois que la solution a été mise en service, elle
assiste les équipes métiers, dans la prise en main progressive de la nouvelle solu-
tion : évaluation des premières utilisations des acteurs métiers en vue d’apporter
les formations-actions nécessaires pour faciliter l’appropriation, ajustement des
guides descriptifs des modes opératoires…
Dans les projets d’informatisation des collections, l’assistant à maîtrise d’ouvrage
joue donc un rôle clé, créateur de valeur pour une institution culturelle !
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Partie IV
Numérisation
et diffusion culturelle
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Les enjeux de la numérisation
du patrimoine : la politique européenne
à l’épreuve de Google
Morwena Joly-Parvex
Si les institutions patrimoniales françaises admettent que l’accès sur le web aux
bases de données des collections est attendu par le visiteur-internaute, bien peu
d’entre elles considèrent que cette diffusion d’informations (textes, images ou
vidéos) contribue réellement au rayonnement de l’établissement.
Calqué sur le modèle des bibliothèques, la base de données des collections est
perçue comme un simple réservoir d’informations destinées davantage aux spécia-
listes qu’au grand public. Or, l’exemple du Google Art Project montre, s’il en était
besoin, que l’accès aux collections patrimoniales – et non à l’événement autour de
ces collections – est plébiscité par le public, et que le mode d’accès aux informations
sur les collections n’est pas exactement celui de la base de données traditionnelle.
Bien sûr, il y a forcément une base de données derrière la masse d’informations
offertes par Google, mais l’affichage sur le web est tellement innovant qu’il trans-
forme radicalement l’accès à l’information sur les collections.
Où en sommes-nous, en France, en ce qui concerne l’accès via le web aux infor-
mations sur les collections ? Le modèle de diffusion d’information par les biblio-
thèques est-il compris par les institutions détenant des collections patrimoniales ?
Existe-t-il des professionnels, au sein de ces institutions, pour apprécier les enjeux
liés à l’organisation, à la pérennité et à l’accès aux données numériques sur les col-
lections ? Voilà les questions qu’il convient d’examiner aujourd’hui.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
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Les enjeux de la numérisation du patrimoine :
la politique européenne à l’épreuve de Google
49 http://www.europeana.eu/portal/
50 Il a fallu résoudre la question des droits d’auteur sur les œuvres numérisées, puisque la législation euro-
péenne reconnaît les droits d’auteur du photographe dans ce cas.
51 Le format epub (acronyme de « electronic publication ») est un format ouvert standardisé pour les livres
numériques.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
52 Il s’agit de réaliser une carte d’un ensemble d’informations sur la base de la sémantique, afin de par-
tager et créer des connaissances. L’objectif des cartes est d’aider à facilement appréhender des ensembles
d’informations complexes.
53 Resource Description Framework (RDF), <http://www.w3.org/RDF/>.
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Les enjeux de la numérisation du patrimoine :
la politique européenne à l’épreuve de Google
Outre un affichage des données qui permet de « rebondir » d’une notice à l’autre,
comme cela est désormais de plus en plus fréquent, la notice au British Museum
délivrée n’est plus conçue comme « notice figée », mais comme un savoir provi-
soire et interactif, grâce à cette simple phrase insérée : « Noticed a mistake? Have
some extra information about this object? Please contact us. » C’est une vision totale-
ment différente du savoir qui s’affiche, et aujourd’hui la majorité des bibliothèques
l’ont adoptée. La possibilité de signaler des erreurs et de contacter simplement le
conservateur responsable du fonds change considérablement l’intégration des cher-
cheurs à la construction des connaissances. Ajoutez à cela une image de qualité
pour une œuvre en noir et blanc, dont les couleurs ont été calibrées avec une mire,
une haute définition accessible sur le web et une réutilisation des données facili-
tée par un simple formulaire en ligne (bouton « reuse »)… et vous saisissez la spé-
cificité de la culture anglo-saxonne en matière de diffusion de l’information sur
les collections. Il y a bien plusieurs façons de concevoir un « réservoir » de données
sur le web : l’une ouverte à l’interactivité et à l’utilisateur, l’autre plus figée sur son
savoir. Cela ne signifie pas pour autant que la diffusion des données sur les collec-
tions, en France, serait intégralement verrouillée. Aujourd’hui, le musée d’Orsay
offre la possibilité de voir, à partir d’un plan de salle, si une œuvre recherchée a
été déplacée, ce qui est d’un confort considérable pour les conférenciers et profes-
seurs qui axent leurs discours sur un chef-d’œuvre qui peut s’avérer être en prêt.
Le musée du quai Branly propose quant à lui l’accès aux notices des œuvres non
exposées, mais combien de musées français offrent cette possibilité pourtant en
usage depuis longtemps pour les collections conservées au Royaume-Uni ?
Le type « réservoir » appelle également d’autres considérations sur sa mise en
œuvre : quid de l’accès aux œuvres pour un public qui ne connaîtrait ni un nom
d’artiste – ou son orthographe correcte – ni la manière d’entrer dans une base de
données de collections ? Un élève de troisième, voulant rechercher des informa-
tions sur un thème donné et une période particulière aura bien du mal à mani-
puler ce genre d’accès au savoir et se repliera sur Wikipedia avec raison. On peut
être certain que la National Gallery a pris la mesure de ces obstacles éventuels
lorsqu’on observe la variété des accès à la base de données des collections : un par-
cours aléatoire des chefs-d’œuvre, un accès par ordre alphabétique, un accès par
siècle, un accès par thème.
Le type d’accès aux collections défini comme « éditorial » est quant à lui assez
simple à appréhender. Il rassemble les sites au contenu en général assez pauvre
qui proposent soit une édition numérique de type feuilletoire – pour les livres par
exemple –, soit une édition numérique du musée lui-même – numérisation pano-
ramique du lieu avec accès aux informations sur les collections en cliquant sur
celles-ci. Ce type d’accès à l’information a l’avantage d’être simple et clair pour les
personnes ne maîtrisant pas bien les possibilités des bases de données, et permet
de mettre en valeur des institutions patrimoniales peu connues. Il est d’ailleurs
à noter que parmi les institutions à faible « visibilité », l’idée que la numérisation
panoramique détourne le public de la fréquentation physique du lieu n’a absolu-
ment pas cours. Ces institutions misent bien au contraire sur le désir de la ren-
contre physique avec l’œuvre, dont le préambule est une découverte par le web.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
54 http://www.rijksmuseum.nl/api
55 http://www.museumlab.fr
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Les enjeux de la numérisation du patrimoine :
la politique européenne à l’épreuve de Google
des collections, est peut-être un exemple à part, mais ouvre une voix riche d’avenir
pour les musées engagés dans l’open data (ou « données ouvertes », publiques, libre-
ment accessibles et réutilisables). Est-ce le modèle de diffusion des collections du
web 3.0, ce concept encore mal défini qui tente d’anticiper les développements à
court terme du web 2.0 ? À l’heure où l’open data n’est encore qu’un souhait, mais
sera vraisemblablement bientôt une nécessité, le Rijksmuseum est la seule insti-
tution patrimoniale à offrir cette possibilité. Sous réserve d’une licence Creative
Commons 0, licence qui permet d’exempter son propre travail du droit d’auteur,
et ce, partout dans le monde 56, et en laissant au visiteur la possibilité de signaler
un droit d’auteur non respecté, le musée s’est résolument affranchi de ce qui est en
général avancé par les autres institutions comme étant un obstacle insurmontable.
Il est vrai que ce type de réutilisation des données demeure réservé aux visiteurs
maîtrisant les nouvelles technologies, ou au moins la notion d’API… là où Google
permet une réutilisation facilitée des données, intuitive et accessible par le biais
de la création de « galeries » personnelles, aussi facilement réalisables qu’un album
photo sur Facebook. Le succès de ces galeries est un témoignage fort de l’attente
créée par le web 2.0, qui se fonde sur la culture du partage d’une vue subjective du
monde. En offrant à ses visiteurs la possibilité de réaliser des regroupements thé-
matiques et de les partager sur le web, avec des images de grande qualité, et des
métadonnées minimales – ou notices – mais exemptes de confusion ou d’erreurs,
car « nettoyées » par ses soins, Google a fait une démonstration magistrale de sa
maîtrise de l’information, de son accès à sa visualisation, qui satisfait à la fois le
chercheur et le grand public.
Si l’effort n’a rien à voir avec les services innovants offerts par le Rijksmuseum, à
l’aide de données rendues intégralement publiques, Google diffuse l’idée que les
informations doivent pouvoir être facilement réutilisées. Certes, aujourd’hui, les
images en haute résolution du Google Art Project demeurent non téléchargeables
car elles restent l’entière propriété des musées, mais cet essai va sans doute faire
évoluer très rapidement les institutions patrimoniales, encore frileuses face à
« leurs » données et très éloignées de la philosophie de l’open data. Et ce, bien plus
que les efforts patients et constants d’Europeana, parce que Google répond avec
succès à l’attente des utilisateurs et non aux souhaits des experts institutionnels.
Il appartient aux institutions patrimoniales de faire en sorte que Google ne soit
pas le seul site à se préoccuper des attentes de l’utilisateur d’aujourd’hui. Proposer
des images de qualité (réellement calibrées et de très haute résolution pour étudier
la couleur et la matérialité de l’œuvre), et proposer une interconnexion de bases
de données, voilà, a minima, les tâches à laquelle les institutions patrimoniales
doivent s’atteler si elles ne souhaitent pas voir Google devenir le premier site
patrimonial visité.
56 <http://creativecommons.org>. Ce site permet de générer des pages HTML en intégrant des méta-
données qui signaleront le travail réalisé comme étant disponible sous CC0.
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Le portail documentaire,
un outil de mutualisation de la diffusion.
L’exemple du musée du quai Branly
Françoise Dalex
Le musée du quai Branly est placé sous la double tutelle du ministère de la Culture
et de la Communication et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche. Inauguré en juin 2006, il est consacré aux arts et civilisations d’Afrique,
d’Amérique, d’Asie et d’Océanie. Il conserve de prestigieuses collections issues du
laboratoire d’ethnologie du musée de l’Homme et de l’ancien musée national des
Arts d’Afrique et d’Océanie (MnAAO). Depuis 1998, il procède également à des
acquisitions régulières. Les collections sont constituées de plus de 290 000 objets,
700 000 documents iconographiques, plus de 100 000 documents d’archives ainsi
que d’une bibliothèque de 300 000 exemplaires multisupports. L’usage des nou-
velles technologies dédiées au patrimoine, la valorisation des collections sous
toutes ses formes, ainsi que l’enseignement et la recherche, comptent parmi les
assises du musée. Ces trois éléments contribuent à la mise en œuvre d’une poli-
tique numérique innovante, dont l’informatisation des collections 57 et leur mise
à disposition sur internet. Le chantier des collections 58 a en effet généré la pro-
duction d’un important corpus numérique. Pour les quatre collections sont déve-
loppées quatre bases de données professionnelles qui inaugurent un programme
de descriptions et de représentations numériques sous forme de photographies
ou de numérisation de documents. Chaque description d’objet est associée à une
photographie et les fiches descriptives des 60 000 dossiers d’œuvres sont rattachées
à un million de pages numérisées 59. Le fonds photographique compte d’ores et
déjà plus de 330 000 pièces numérisées et décrites. Les références informatisées
des collections conservées à la médiathèque concernent ouvrages, revues, catalo-
gues de vente et d’exposition, thèses, livres précieux, documents audiovisuels et
ressources électroniques. Les campagnes de numérisation des collections de l’ico-
nothèque et des archives sont toujours en cours. Dans un souci de respecter la
stratégie globale de l’établissement, un de ses enjeux majeur est la mutualisation
de toutes ces données numériques.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
Leur diffusion sur internet et intranet est alors définie comme le cœur d’un projet
appelé portail documentaire 60. Il est identifié comme l’outil de mise en commun
et de partage des données et le mécanisme majeur de mutualisation du web de
l’institution. Au principe de mutualisation sont associés des mots-clés tels que
« fédérer » et « partager » qui eux-mêmes renvoient à différents concepts comme le
partenariat, les projets collaboratifs, l’interopérabilité ou la communauté virtuelle,
ce qui éclaire le champ couvert par le portail documentaire.
60 Le projet du portail documentaire est le quatrième projet du chantier de la médiathèque avec le projet
de la bibliothèque, le projet de l’iconothèque et le projet des archives et de la documentation muséale :
<http://www.quaibranly.fr/fr/documentation.html>.
61 Le 3 décembre 2012, le portail documentaire internet Ressources en ligne compte 292 477 notices
d’objets, 338 616 notices de l’iconothèque, plus de 300 000 références d’imprimés, de documents audiovi-
suels et de ressources électroniques consultables à la médiathèque, 8 500 notices de dossiers et documents
des archives scientifiques. La diffusion intranet s’enrichit d’une programmation audiovisuelle, de 17 000
documents audiovisuels, 8 000 périodiques électroniques et bases de données Voir Dalex Françoise, « Le
portail documentaire du musée du quai Branly : la diffusion virtuelle des collections », Culture et recherches,
2007, no 112, <http://www.culture.gouv.fr/culture/editions/documents/cr112_p29.pdf>.
62 Dès 2005, les agents du musée ont eu accès à des versions intranet, fonctionnant sans habillage graphique.
63 Pour que le portail soit adapté aux différents publics, amateurs et chercheurs, deux types de recherche
sont possibles : une recherche simple et une recherche avancée, qui propose de croiser plusieurs critères de
recherche par les opérateurs booléens « et/ou : sauf ».
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Le portail documentaire, un outil de mutualisation de la diffusion.
L’exemple du musée du quai Branly
résultats par leur image numérisée 64, et une notice complète donne l’ensemble des
informations diffusables. Les images numérisées et disponibles pour une diffu-
sion internet sont accessibles de la vignette à l’image plein écran et son option de
zoom. Le partage des connaissances sur les collections se fait en outre par l’usage
des listes de mots-clés, des listes d’autorités et des thesaurus communs aux col-
lections 65, comme aide à la recherche et rebonds dans les notices pour approfon-
dir une thématique.
Dans un souci de mise à disposition d’informations au plus grand nombre, la
mise en ligne des catalogues s’adapte aux différentes collections, à l’avancée des
chantiers et aux contraintes juridiques ou éthiques 66. Dès 2006, l’ensemble des
notices des objets est en ligne 67. Certains groupes d’objets sont mis en valeur,
nouvelles acquisitions ou instruments de musique 68. Le catalogue en ligne de
l’iconothèque s’enrichit au rythme du renseignement scientifique, de la numéri-
sation et d’un chantier juridique d’envergure. Pour les archives et les collections
de la bibliothèque, ce sont principalement 69 les références des documents qui
sont disponibles sur internet.
Certaines fonctionnalités des catalogues en ligne mettent en exergue le rôle fédé-
rateur de la mise en ligne, qui rapproche des collections au renseignement éclaté
dans quatre bases de données professionnelles différentes. Le portail est le seul
outil disponible au musée pour recréer par exemple un lien entre les notices des
objets sur le catalogue et les dossiers d’œuvres qui retracent leur histoire sur le
catalogue des archives et de la documentation. Une recherche fédérée sert égale-
ment de pont entre les catalogues et permet une recherche unique dans les diffé-
rentes sources professionnelles. Par une recherche simple « Claude Lévi-Strauss »,
le portail documentaire présente les objets, photographies et archives concernant
le grand ethnologue et conservés au musée 70.
Enfin, des options transversales à tous les catalogues permettent à l’internaute
de partager ses recherches par un envoi sur messagerie. Il s’approprie ces conte-
nus en les sélectionnant pour les sauvegarder dans un panier, les télécharger, les
64 En complément, les informations majeures de l’item s’affichent au passage de la souris : numéro d’in-
ventaire, appellation ou titre, toponymes…
65 Il s’agit en particulier des listes d’autorité des noms d’ethnies (ethnonymes), des noms de personnes
et institutions, du thesaurus des noms de lieux (toponymes).
66 Voir le texte de présentation des « Conditions de mise en ligne des collections », qui précise les déci-
sions prises lors de deux comités de mises en ligne, en janvier 2006, <http://www.quaibranly.fr/fr/docu-
mentation/les-conditions-de-mise-en-ligne-des-collections.html>.
67 Les informations affichées sont les champs de la base de données professionnelle renseignés et cor-
rigés pendant le chantier des collections : numéro d’inventaire, appellation et terme vernaculaire, topo-
nymes, ethnonymes ainsi que les dimensions d’encombrement. Les notices des objets exposés s’enrichissent
des renseignements d’usage et d’une description précise. Une mention précise l’état de la notice : « validée
scientifiquement » ou « en cours de validation ».
68 Le catalogue en ligne met en avant les groupes d’objets emblématiques, qui peuvent être identifiés
par des critères de classement particuliers dans la base de données professionnelle. L’avancée des chantiers
d’indexation et de catégorisation des objets dans la base de données professionnelle permettra une valori-
sation plus fine dans le catalogue en ligne des objets.
69 À l’exception d’extraits de documents sonores et audiovisuels consultables en complément des notices
bibliographiques des documents sur le catalogue de la médiathèque.
70 http://www.quaibranly.fr/cc/pod/recherche.aspx?collection=POD0001-Levi-Strauss&collectiontitre=Cl.
Levi-Strauss
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
71 À ces fonctionnalités majeures s’ajoutent des outils plus standard : un historique des recherches, une
liste des derniers résultats, un tri dans les critères des résultats.
72 Sony est le mécène qui a équipé de 48 ordinateurs Vaio les quatre espaces de la médiathèque du musée
du quai Branly : salon de lecture Jacques-Kerchache, médiathèque d’étude et de recherches, cabinet des
fonds précieux et salle de consultation de documentation.
73 http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00006
74 http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00001
75 Pour une double valorisation, une sélection de ces dossiers est proposée sur l’internet du portail docu-
mentaire : <http://www.quaibranly.fr/fr/documentation/les-dossiers-numeriques-de-lunesco.html>.
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Le portail documentaire, un outil de mutualisation de la diffusion.
L’exemple du musée du quai Branly
76 L’ensemble de ce chantier est piloté avec Claire Schneider, chargée de la collection des fonds sonores
et audiovisuels.
77 En 2012, les collectes de terrain sont constituées des fonds de Gilbert Rouget, Francis Corpataux et
Yoann Guilleminot.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
78 http://collections.culture.fr/
79 http://www.europeana.eu/portal/
80 http://www.spectaclesdumonde.fr/sdm/default.aspx
81 http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/
82 http://www.culture.gouv.fr/culture/mrt/numerisation/fr/actualit/actualit.htm
83 <http://www.maisondesculturesdumonde.org/> ; <http://www.theatredelaville-paris.com/> ; <http://
www.lesorientales.fr/> ; <http://www.quaibranly.fr/> ; <http://www.festival-idf.fr/2012/blog/> ; <http://
www.royaumont.com/fondation_abbaye/>.
84 Il existe peu de sites dans ce domaine, tous étrangers : Asian/Pacific Cultural Centre for Unesco, <http://
www.accu.or.jp/paap> ou Smithsonian Global Sound, <http://www.folkways.si.edu/>.
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Le portail documentaire, un outil de mutualisation de la diffusion.
L’exemple du musée du quai Branly
85 Dublin Core est un format descriptif des collections comprenant 15 éléments différents : <http://
dublincore.org/> ; MODS (Metadata Object Description Schema) un format mis au point par la Library
of Congress dans l’objectif de convertir des notices MARC en XML. Il permet une description plus riche
que le Dublin Core et des fonctionnalités additionnelles telles que l’utilisation de listes de mots-clés et les
liens entre notices hiérarchisées : <http://www.loc.gov/standards/mods/>.
86 OAI-PMH (Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting), <http://www.openarchives.
org/OAI/openarchivesprotocol.html>.
87 La Cité de la musique, la Maison des cultures du monde et le musée du quai Branly utilisent des listes
de mots-clés pour les toponymes, ethnonymes, instruments de musique, formes musicales, langues. La liste
commune sert d’outil unique aux institutions qui n’en sont étaient pas dotées avant ce projet.
88 Critères de recherche et de classement associés : date, lieu, institution, artiste, région du monde, ins-
trument, forme musicale, peuple.
89 Titre du spectacle, titre du cycle de programmation, date et lieu d’exécution, artistes, instruments,
régions du monde, aires culturelles, formes musicales, groupes ethniques, langues, notes de programmes
numérisées et photographies associés aux spectacles.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
90 http://www.cfqlmc.org/
91 Claire Merleau-Ponty, enseignante à l’École du Louvre, secrétaire générale d’Icom France, assure le
pilotage du projet. Pascal Mongne, responsable du cours organique « Arts des Amériques » à l’École du
Louvre, assure le suivi scientifique et pédagogique du projet.
92 Seynhaeve Marie-Bénédicte, « Inventaire des collections amérindiennes du Nord-Est de l’Amé-
rique du Nord conservées dans les musées français », mémoire de recherche de l’École du Louvre sous la
direction de Pascal Mongne, 2007.
93 Pichard Marine et Vergé Thibaut, « Travail de mise à jour de l’inventaire de B. Seynhaeve », rapport/
mémoire de stage de 3e année, École du Louvre, cours de spécialité « Arts des Amériques », 2011 ; Cailleux
Pauline et Bel Émilie, « Collecte de l’iconographie et d’informations complémentaires », dossier pédago-
gique de 3e année, École du Louvre, cours de spécialité « Arts des Amériques », 2012.
94 La sélection scientifique des objets et la rédaction des textes sont d’André Delpuech, responsable de
l’unité patrimoniale Amériques au musée du quai Branly et Mathilde Schneider, stagiaire INP, <http://www.
quaibranly.fr/fr/collections/collections-thematiques/collections-amerindiennes-de-nouvelle-france.html>.
95 Guigon Gwénaële, « Historique et présentation des collections inuit dans les musées français au
xixe siècle », mémoire de recherche approfondie de l’École du Louvre sous la dir. d’André Desvallées et
Michelle Therrien, 2006.
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Le portail documentaire, un outil de mutualisation de la diffusion.
L’exemple du musée du quai Branly
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Les dossiers de restauration
du Centre de recherche et de restauration
des musées de France (C2RMF) :
vers une reconnaissance patrimoniale
Clémence Raynaud
Constitués depuis les années 1930, les dossiers de restauration du C2RMF forment
aujourd’hui l’un des fonds institutionnels les plus riches, en Europe, dans le domaine
de la conservation-restauration des biens culturels 96.
Organisé pour répondre aux besoins des conservateurs et des restaurateurs dans
le cadre des interventions menées sur les collections des musées de France, cet
ensemble a connu, ces dernières années, un processus de patrimonialisation lié
à sa reconnaissance comme fonds d’archives publiques. Cette évolution n’est pas
seulement due à l’inévitable vieillissement du fonds ; elle tient aussi à d’autres fac-
teurs déterminants, comme le remarquable développement des recherches dans
le domaine de l’histoire de la restauration. On tentera ici d’en examiner les diffé-
rents ressorts ainsi que les actions conduites par le service de la documentation
pour soutenir ce processus. Afin de concilier l’impératif de conservation et la fonc-
tion documentaire, un plan de conservation, engagé en 2005, est mis en œuvre
parallèlement à la dématérialisation des fonds, qui a bénéficié de la compétence
développée au C2RMF, depuis les années 1990, dans le domaine des nouvelles
technologies de l’information.
Historique du fonds
L’origine de ce corpus est étroitement liée à l’institutionnalisation, dans les
années 1930, de la restauration au sein des musées de France. En effet, les plus
anciens dossiers de restauration conservés au C2RMF remontent à la création,
en 1935, de l’atelier de restauration des peintures du musée du Louvre, né de la
volonté d’Henri Verne 97 d’organiser la restauration au sein des musées natio-
naux 98. Ce que devait être le contenu d’un dossier de restauration avait été expres-
sément défini lors de la commission de restauration du 16 février 1935, réunie
96 Je tiens à remercier chaleureusement Brigitte Bourgeois et Joëlle Crétin, pour la relecture de cet article
et leur précieux soutien, ainsi que les restaurateurs et collègues du département Restauration du C2RMF,
qui enrichissent quotidiennement ce fonds.
97 Directeur des Musées nationaux et de l’École du Louvre de 1926 à 1939.
98 Cabillic Isabelle, « Jean-Gabriel Goulinat, chef de l’atelier de restauration des peintures des musées
nationaux (1935 à 1971) », Technè, no 27-28, 2008, p. 92.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
sous la présidence d’Henri Verne 99. Préalablement à toute restauration était établi
au laboratoire du musée du Louvre un dossier qui devait inclure une photogra-
phie mettant en évidence les « lésions de la peinture 100 », accompagné d’une des-
cription de celle-ci. S’agissant de la restauration, le traitement envisagé, « après
entente avec les restaurateurs et avis de la commission », ainsi que le travail réalisé
devaient être décrits dans un rapport faisant état des éventuelles modifications
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Les dossiers de restauration du Centre de recherche et de restauration
des musées de France (C2RMF) : vers une reconnaissance patrimoniale
apportées au projet primitif de restauration 101. Enfin, le dossier devait être com-
plété par des « photographies justificatives » témoignant de l’état de l’œuvre à dif-
férents stades de l’intervention 102.
Dès 1935, des documents attestent la volonté de faire état précisément des inter-
ventions, mais il semble que la constitution rigoureuse et systématique d’une
documentation ressortissant à la restauration revienne à Germain Bazin, conser-
vateur au musée du Louvre, chargé de la « surveillance » de l’atelier de restauration
des peintures en 1937 103, puis directeur du service de Restauration des peintures
des musées nationaux (1965-1971). Dès sa nomination, en effet, Germain Bazin
mettait « au point les archives de la restauration », veillant à ce qu’un dossier com-
prenant un rapport rédigé par le restaurateur soit constitué sur chaque tableau 104.
Le dossier ainsi réalisé lors de la restauration du portrait de Pierre Quthe (François
Clouet, musée du Louvre) 105, transposé de bois sur toile en 1939, constitue un
exemple remarquable de la méthodologie documentaire mise au point dans les
années 1930 au sein des musées de France. Le tableau fut soigneusement photogra-
phié avant l’intervention décidée par la commission de restauration du 19 novembre
1937. Effectués au laboratoire en mars 1938, les examens en lumière rasante et
sous ultraviolets mirent en évidence les nombreux soulèvements de la couche pic-
turale qui justifièrent sa transposition. L’état du tableau à l’issue de la transposi-
tion fut documenté en mars 1939, en lumière directe et sous ultraviolets, avant
l’intervention de Lucien Aubert, chargé de la restauration de la couche picturale
en 1940. Celle-ci est décrite dans un rapport manuscrit joint au dossier, qui rend
compte des choix de traitement et des produits utilisés pour la retouche, suivant
une déontologie devenue fondamentale dans les codes professionnels définis en
Europe dans la seconde moitié du xxe siècle.
Au service de Restauration des peintures des musées nationaux, devenu service
de Restauration des musées de France en 1992 puis C2RMF en 1998, l’applica-
tion rigoureuse, pendant des décennies, de cette méthodologie a progressivement
permis la constitution d’un fonds considérable, comprenant aujourd’hui près de
38 000 dossiers de restauration.
Compte tenu de l’histoire du fonds, la section Peinture est aujourd’hui la plus
riche (plus de 22 000 dossiers), les rapports les plus anciens ne remontant guère,
dans les autres domaines, avant les années 1960-1970. Les corpus d’archéologie,
arts décoratifs, arts graphiques, art moderne et contemporain, d’ethnographie et
de sculpture ne connurent d’ailleurs un véritable développement qu’à partir des
années 1980, suivant une évolution qui peut s’expliquer non seulement par le
développement des activités du service dans ces domaines, mais aussi par l’arri-
vée des premières promotions de restaurateurs diplômés, formés à la documen-
tation des interventions.
101 Ibid.
102 Ibid.
103 Bazin Germain, Souvenirs de l’exode du Louvre. 1940-1975, Paris, Somogy, 1992.
104 Lettre de Germain Bazin à Jean-Gabriel Goulinat, 28 avril 1939, C2RMF. Cf. Raynaud, art. cit.,
2008, p. 46, n. 3.
105 C2RMF, dossier P 1082.
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106 Loi no 78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures d’amélioration des relations entre l’ad-
ministration et le public et diverses dispositions d’ordre administratif, social et fiscal ; loi no 008-696 du
15 juillet 2008 relative aux archives, article L 211-4 : « Les archives publiques sont : a) Les documents qui
procèdent de l’activité de l’État, des collectivités territoriales, des établissements publics et des autres per-
sonnes morales de droit public ou des personnes de droit privé chargées de la gestion d’un service public,
dans le cadre de leur mission de service public. »
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en 2008, 2010 et 2011 107. Ces recherches ont nourri, parallèlement, des séminaires
de l’École du Louvre qui a favorisé leur développement en intégrant, dès 2003,
l’histoire de la restauration dans ses programmes d’enseignement de cinquième
année 108, puis de troisième cycle. Enfin, un récent numéro de la revue Histoire de
l’art a consacré l’entrée de cette thématique dans les axes de la recherche univer-
sitaire française 109.
Dans ce contexte, l’exploitation historique des archives du C2RMF s’est consi-
dérablement développée, notamment dans le cadre de mémoires de l’École du
Louvre, contribuant à renouveler notre regard sur un fonds qui témoigne de plus
de soixante-dix ans d’histoire de la restauration au sein des musées de France.
Par ailleurs, la mission des Archives nationales au ministère de la Culture et de la
Communication, dirigée par Édouard Vasseur de 2006 à 2012, a également joué
un rôle décisif en légitimant et en soutenant, dans le cadre de sa mission d’aide et
de conseil, les actions conduites par le service de la Documentation du C2RMF
en faveur de la reconnaissance de cet ensemble comme fonds d’archives publiques.
Son expertise a ainsi été déterminante, tant dans la mise en application des règles
de communication des documents, en conformité avec la législation sur l’accès aux
documents administratifs 110, que dans la définition d’une politique de conservation.
L’étude de conservation
En effet, l’identification de cette documentation comme fonds d’archives publiques
a mis la question de sa conservation au premier plan. C’est dans ce contexte qu’une
évaluation de l’ensemble du fonds a été confiée à Pierre-Emmanuel Nyeborg,
conservateur-restaurateur de photographies et consultant en conservation préven-
tive. Conduite en 2005, cette étude 111 a consisté en une enquête menée sur place
et en la rédaction d’un rapport, suivant une méthode devenue courante, notam-
ment dans les domaines des archives et des bibliothèques. Les objectifs de cette
étude étaient doubles :
– faire un état des lieux des collections documentaires (typologie, volumétrie), établir
un diagnostic de leur état et de leurs conditions de conservation (environnement
107 « La restauration des œuvres d’art. Éléments d’une histoire oubliée. xviiie-xixe siècles », Technè,
no 27-28, 2008 ; « Une perfection dangereuse » : la restauration des vases grecs », Technè, no 32, 2010 ; « Des
traités aux ateliers. Théorie et pratiques de la restauration des peintures et des dessins en France. xviiie-
xixe siècles », Technè, no 33, 2011.
108 « Regards sur l’histoire de la restauration », séminaire dirigé par Nathalie Volle et Brigitte Bourgeois,
puis « La matière oubliée : enquête sur l’histoire de la restauration », séminaire de master 2 dirigé par Brigitte
Bourgeois et Clémence Raynaud, depuis 2009.
109 « Restauration : quels enjeux pour l’histoire de l’art », Histoire de l’art, no 68, 2011.
110 Cf. supra, note 11.
111 Nyeborg Pierre-Emmanuel, Raynaud Clémence, « De la documentation aux archives : l’évalua-
tion du fonds de la section restauration au C2RMF et ses enjeux », dans Conservation-restauration des
biens culturels, actes des journées d’études « Enjeux et pratiques documentaires en conservation-restaura-
tion. Perspectives pour la recherche » organisées par l’Association des restaurateurs d’art et d’archéologie
de formation universitaire (ARAAFU) et le Centre de recherche en préservation des biens culturels, Paris
(INHA), 14-15 octobre 2010, cahier technique no 19, 2012, p. 37-41.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
112 Nyeborg Pierre-Emmanuel, « Étude de conservation préventive : fonds documentaire, site Versailles,
Centre de recherche et de restauration des musées de France », 2005, p. 3 (rapport inédit conservé au C2RMF).
113 Ibid., p. 12-13.
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Les dossiers de restauration du Centre de recherche et de restauration
des musées de France (C2RMF) : vers une reconnaissance patrimoniale
Les conclusions de cette évaluation ont été d’autant plus déterminantes qu’elles
furent énoncées en tenant compte des moyens humains et financiers du service.
Dans la définition d’une politique de conservation, d’autres compromis se sont
avérés nécessaires du fait de la nature ambivalente du fonds. Ainsi, il était impéra-
tif de garantir la fonction documentaire, qui ne devait en aucun cas être entravée
par la mise en place de nouveaux modes de stockage. C’est pourquoi les opéra-
tions de reconditionnement ont été conduites parallèlement à un plan de numé-
risation, qui devait permettre un accès efficace et rapide à l’information.
Par ailleurs, l’évaluation du fonds, conduite par un professionnel de la conser-
vation, a permis de justifier l’obtention d’un budget, tant pour le reconditionne-
ment que pour la numérisation, dans un établissement où la valeur patrimoniale
du document est nécessairement moins évidente que dans le milieu des archives
et des bibliothèques. De fait, cette étude de conservation n’a pas été seulement
une issue du processus de patrimonialisation : elle en a aussi constitué l’une des
étapes décisives, en ce sens qu’elle a attiré l’attention des responsables et des utili-
sateurs sur la valeur matérielle et patrimoniale d’un fonds dont ils sont aussi, pour
la plupart, les producteurs quotidiens.
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114 Assurée par Cécile Binet, Marie-Liesse Boquien, Joëlle Crétin et Christine Desgrez, que je tiens à
remercier ici, ainsi que Simone Duchêne et Noël Zeganath, chargés du reconditionnement des documents.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
115 Aitken Geneviève, Pillay Ruven, Lahanier Christian et al., « Évolutions de la base de données
Eros dédiée à la conservation-restauration », dans Icom-CC, 15th Triennial Conference New Delhi, 22-26 sep-
tember 2008, vol. I, p. 28-35.
116 Cretin Joëlle, Desgrez Christine, « La dématérialisation du dossier de restauration au C2RMF »,
dans Conservation-restauration des biens culturel, op. cit., p. 35-36.
117 Donkersloot Wietske, « The Rembrandt Database : an inter-institutional research resource for art-
historical, technical and conservation documentation », Technè, no 35, 2012, p. 123-126.
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Les dossiers de restauration du Centre de recherche et de restauration
des musées de France (C2RMF) : vers une reconnaissance patrimoniale
118 Sur ces enjeux : Leveau Pierre, « Le problème de l’apolitique de la conservation-restauration », CRBC,
n° 29, 2011, p. 5-26.
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La réalité augmentée au service
de la valorisation et de la transmission
du patrimoine culturel. La question
du patrimoine documentaire
Audrey Defretin 119
119 Sous la direction de Ghislaine Azémard, professeur à l’université Paris-VIII, directrice de la chaire
d’innovation, transmission et édition numériques et du programme Leden.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
l’accélération des implantations multimédias dans ce secteur, des états des lieux des
innovations réalisées commencent à circuler, toujours partiels, toujours datés 120.
Capteurs, guides de visite sur mobiles et objets communicants font désormais
partie des nouvelles formes de médiation et d’adresse aux publics. Le numérique
est présent aujourd’hui à toutes les étapes de la construction du savoir. Les pra-
tiques du numérique qui se sont construites en très peu d’années ont aussi conduit
à une évolution des pratiques culturelles et à une redéfinition de la place et du rôle
du public. L’usage des plateformes sociales et de nouveaux modes d’édition ouvrent
le dialogue entre institution et public. Les habitudes participatives se développent.
La généralisation de la numérisation a été favorisée depuis plusieurs années et
constitue le préalable aux actions de médiation par le numérique. De nombreux
projets et programmes scientifiques témoignent des actions menées en ce sens.
De grandes campagnes de numérisation françaises et européennes de documents
d’archives, de photographies, d’imprimés, d’enregistrements sonores, de films, de
vidéos, de bâtiments, d’objets, de collections sont menées depuis plus d’une quin-
zaine d’années 121. Des portails (Collections, Europeana, Patrimoine numérique)
et des services (catalogue des musées de France, base sur l’architecture et le patri-
moine, archives numérisées) Depuis 2009, des appels à projets du ministère de la
Culture concernant les « services numériques culturels innovants » ont permis de
développer des nouveaux dispositifs de médiation numérique et de questionner
les usages de ces services 122.
La réalité augmentée fait partie de ces technologies de plus en plus expérimen-
tées dans le cadre de projets de valorisation patrimoniale et culturelle. Quelle
vision a-t-on aujourd’hui de l’usage de cette technologie dans le domaine cultu-
rel ? Quelles sont les différentes offres existantes et pour quels types de contenu ?
Quels sont les apports et les limites de la réalité augmentée ?
120 Azémard Ghislaine, Rapport du Leden (Programme de recherche et de création de l’université Paris-
VIII – Maison des sciences de l’homme Paris-Nord), charte de coopération franco-chinoise sur la valori-
sation numérique du patrimoine, novembre 2010 (document non publié).
121 Numérisation du patrimoine culturel, ministère de la Culture et de la Communication : <http://
culture.gouv.fr/culture/mrt/numerisation/>.
122 Plateforme d’expérimentation des services numériques culturels innovants Culturelabs du ministère
de la Culture et de la Communication, portée par le Drest (département de la Recherche, de l’Enseigne-
ment supérieur et de la Technologie) et réalisée par le Leden : <http://culturelabs.culture.fr/>.
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La réalité augmentée au service de la valorisation et de la transmission
du patrimoine culturel. La question du patrimoine documentaire
Historiquement 123, la réalité augmentée est apparue dans les années 1968 avec les
travaux d’Ivan Sutherland 124 qui a réalisé un des premiers systèmes de réalité aug-
mentée. Les premières expérimentations ont été effectuées dans le domaine mili-
taire, où par exemple des informations sur les combats étaient affichées en temps
réel sur les visières des casques de chasse. Aujourd’hui, l’usage de la réalité aug-
mentée s’est étendu à de nombreux domaines : publicité, marketing, e-commerce,
industrie, médecine, loisirs, musique, édition, presse, patrimoine…
Le dispositif technologique
Technologiquement, la réussite de l’effet de réalité augmentée résulte de nom-
breux agencements techniques pointus qu’il est important de ne pas négliger. Il
est nécessaire de s’assurer de la cohérence de la superposition des deux mondes en
positionnant correctement les éléments fictifs par rapport aux éléments réellement
filmés ou observés à travers la caméra du support (smartphones, lunettes, bornes…).
Pour cela, la localisation de la caméra est un facteur déterminant. Plusieurs sys-
tèmes sont utilisables pour localiser la caméra : capteurs magnétiques, capteurs
optiques, encodeurs sur les moteurs du pied des caméras, flux vidéo.
L’application consacrée à la présentation de la restitution de l’habillage du cabinet
Charles-V au château de Vincennes utilisait au début cette technique de mar-
queurs placés dans la pièce pour « caler » l’environnement virtuel à la vision que
le visiteur a du réel à travers la caméra du mobile. Cette technique a aujourd’hui
évolué et a été remplacée par un système de conjonction entre la géolocalisation
sans marqueurs, le gyroscope et l’accéléromètre du terminal utilisé, ce qui sup-
prime totalement l’utilisation des marqueurs physiques dans la pièce.
Le dispositif technologique de base se compose principalement :
– d’une caméra pour capter l’environnement ;
– d’un logiciel (souvent intégré dans les applications destinées au public) per-
mettant d’analyser les images du réel et de produire les informations virtuelles ;
– d’un système d’affichage : écran (ordinateur, tablette, smartphone, bornes inte-
ractives), lunettes immersives, vitres intelligentes, projections holographiques…
Une fois ce dispositif technologique de base installé, il reste à s’adapter aux
contraintes inhérentes aux lieux où la réalité augmentée est mise en place. L’évolution
des performances technologiques telles que la puissance de calcul, les systèmes de
géolocalisation des supports de diffusion, notamment des mobiles, contribue au
développement de la réalité augmentée. À cela s’ajoute le fait que la réalité aug-
mentée nécessite un appareillage permanent plus ou moins encombrant. L’usage
du mobile tend à diminuer l’importance du dispositif technique pour l’usager.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
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La réalité augmentée au service de la valorisation et de la transmission
du patrimoine culturel. La question du patrimoine documentaire
125 Patrimoine et numérique, blog du Leden sur la numérisation du patrimoine culturel : <http://leden.
wordpress.com/>.
126 Chaire d’innovation, transmission et édition numériques – Fondation maison des sciences de l’homme.
127 Cluny numérique – projet Maior Ecclesia : <http://cluny-numerique.fr/index.php>.
128 Plateforme « Le numérique pour le patrimoine » réalisée par le Leden en 2008. Propos de Georges
Puchal : <http://patrimoine.leden.org/sequence.php?lieux=6>.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
129 Ibid.
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La réalité augmentée au service de la valorisation et de la transmission
du patrimoine culturel. La question du patrimoine documentaire
Terra Numerica - visite augmentée sur mobile du patrimoine culturel dans la ville.
© Programme Leden – DREST, ministère de la Culture et de la Communication.
Il faudra attendre l’évolution technique des smartphones pour voir arriver des expé-
rimentations en réalité augmentée sur mobiles. Des travaux de recherche avaient
été menés par exemple dans le cadre du projet Terra Numerica en 2008 130 où des
130 Projet structurant Terra Numerica, labellisé par le pôle de compétitivité Cap Digital ; la simulation
d’une visite augmentée sur mobile du patrimoine culturel dans la ville a été réalisée par le Leden : <http://
www.leden.org/TerraNumerica/>.
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
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La réalité augmentée au service de la valorisation et de la transmission
du patrimoine culturel. La question du patrimoine documentaire
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Partie IV – Numérisation et diffusion culturelle
132 Application « Street Museum », Museum of London, pour iPhone, iPod et iPad : <https://itunes.
apple.com/fr/app/museum-london-streetmuseum/id369684330?mt=8>.
133 « Les Carnets 14-18 », Archives départementales du Pas-de-Calais : <http://www.archivespasdecalais.
fr/Actualites/Lancement-de-l-application-pour-smartphones-Carnets-14-18>.
134 Mineur Étienne, Les Éditions volumiques : <[http://volumique.com/v2/>.
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La réalité augmentée au service de la valorisation et de la transmission
du patrimoine culturel. La question du patrimoine documentaire
Des livres ludo-éducatifs mettent à profit la réalité augmentée pour proposer des
contenus animés et attrayants en direction des scolaires. La dimension attractive
devient avec cette technologie un outil précieux de transmission. L’effet de réalité
accroît la prégnance cognitive des jeunes usagers et favorise l’apprentissage et la
mémorisation. Une simple encyclopédie 135 sur les dinosaures peut se transfor-
mer en une découverte magique et immersive. Les dinosaures sortent du livre et
prennent vie. De même, dans le secteur du jeu on voit apparaître des livres aug-
mentés fonctionnant avec les systèmes de reconnaissances de mouvements liés aux
consoles de jeux (Kinect ou Wonderbook pour PS3). Avec « Le livre des sorts 136 »,
inspiré des aventures d’Harry Potter, le livre physique interagit avec la console, de
sorte que l’enfant accède à de nouvelles expériences de lecture.
D’autres expérimentations concernant la valorisation du patrimoine culturel sont
menées au Louvre-DNP Museum Lab sur des modèles de catalogues augmen-
tés. L’exposition Diplomatie et porcelaines de Sèvres. Prestige et art de vivre à la fran-
çaise au xviiie siècle 137 présentait un système de reconnaissance d’images pouvant
distinguer les pages d’un dépliant ou l’endroit où celui-ci était posé et faire appa-
raître des suppléments d’information sur la page sélectionnée.
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pArtIe Iv – Numérisation et diffusion culturelle
Application « Candide, l’édition enrichie », une coédition BNF/Orange, avec la Voltaire Foundation.
© Orange, BNF, Voltaire Foundation, 2013.
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La réalité augmentée au service de la valorisation et de la transmission
du patrimoine culturel. La question du patrimoine documentaire
Le but pour la BNF « est en effet de tirer profit de cette expérience pour la trans-
férer sur d’autres œuvres du patrimoine et plus généralement d’enrichir les outils à
la disposition des lecteurs de la BNF pour explorer le patrimoine littéraire numé-
risé dans Gallica 138 ».
L’augmentation ne se situe pas au sens premier de la technologie de réalité aug-
mentée, à savoir superposer une image numérique sur la vision réelle mais plutôt
au niveau du mode de présentation et de scénarisation de l’information proposée
au public. Un moyen intéressant d’augmenter le document et permettant d’élar-
gir les potentialités de consultation et d’apprentissage 139.
De part sa nature technologique, la réalité augmentée a eu tendance à s’enraciner
dans un contexte de valorisation du patrimoine culturel avec comme particularité
l’accompagnement de restitutions 3D de monuments disparus ou semi-disparus.
Avec la généralisation des smartphones, la réalité augmentée a également été plé-
biscitée dans des offres de guidage des touristes et des visiteurs des institutions
culturelles.
Bien que l’usage de cette technologie en direction de la valorisation du patrimoine
documentaire soit encore sous-exploitée, quelques expérimentations témoignent
de l’intérêt porté à ce patrimoine et ne constituent sans doute que les prémices
des développements à venir.
Les scénarisations multimédias se nourrissent de bases de données souvent
construites à partir des fonds documentaires. Ces bases sont constituées pour
chaque projet au cas par cas et sont organisées en fonction d’une intentionnalité
de départ. En soi, cette organisation des données constitue déjà une modalité d’in-
terprétation. À cela s’ajoutent la scénarisation multimédia et l’apport de la couche
technologique qui joue un rôle dans la perception que le visiteur aura du contenu.
Il convient de rester vigilant quant à la pertinence de l’usage de certaines tech-
nologies en fonction des contenus valorisés. La réussite d’un dispositif de média-
tion numérique dépend surtout de la qualité du scénario et ne repose pas sur le
choix d’une technologie dite « innovante ».
L’évolution des techniques est très rapide néanmoins, l’adaptation à l’environne-
ment numérique pour les institutions reste difficile et nécessite un accompagne-
ment bien particulier. Un effort important va devoir être déployé par les institutions
culturelles, les professionnels de la culture et du monde documentaire afin de coor-
donner leurs actions et leurs choix en matière de numérique.
Des laboratoires, des entreprises, des musées ou des établissements culturels travaillent
ensemble pour mieux comprendre comment les publics en particulier les jeunes,
réagissent aux nouvelles modalités de médiation et aux propositions qui leur sont
faites de s’y impliquer et les vivent. Ces partenariats contribueront à promouvoir et
à tester des innovations d’usage et aideront à la généralisation des bonnes pratiques.
138 Extrait de la fiche de présentation de l’application iPad « Candide, l’édition enrichie », une coédition
BNF/Orange, avec la Voltaire Foundation, couplé à un site web : <https://candide.bnf.fr/>.
139 Voir aussi le prototype d’application sur iPad « À la découverte du monde », réalisé par des étudiants de
master « Création et édition numériques », université Paris-VIII : <http://www.crossmedias.fr/fr/2012/01/
prototype-ipad-decouverte-monde/>.
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Conclusion
Gestion et documentation des collections :
vers une évolution des pratiques ?
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Conclusion
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Gestion et documentation des collections :
vers une évolution des pratiques ?
d’œuvres d’art et joue sur le multilinguisme, grand atout de diffusion. Les musées
américains distinguent rarement la documentation des archives, tandis que la régie
des œuvres y est considérée comme une pratique à part entière. Certains länder
allemands ne connaissent pas les « dossiers d’œuvres » tout simplement parce que
le personnel dans les musées n’y est pas formé.
La difficulté de la comparaison tient néanmoins à la terminologie employée, révé-
latrice de la variété du champ de compétence recouvert par le « documentaliste ».
La traduction de la fonction n’existe pas en anglais, en espagnol ou en allemand.
À chaque traduction correspond donc une nuance qui peut introduire une diffé-
rence d’interprétation dans le champ de compétence couvert. Curator et registrar
sont en revanche parfaitement définis et proches de nos métiers de conservateur
et de régisseur. Pourtant, les pratiques documentaires sont plutôt du ressort des
archivist ou librarian qui en France sont des métiers spécifiques, en rapport avec
une formation bien précise (archivistique et bibliothéconomie). On soulignera ici
l’effort réalisé par l’Icom en 2008 au sein de son comité international des métiers
(ICTOP) pour tenter de définir au niveau européen les vingt métiers du patri-
moine relevant de trois grands pôles d’activités étroitement liés : collections et
recherche, publics, administration, organisation et logistique. Dans ce référentiel,
les fonctions de documentation et de régie des œuvres apparaissent à maintes
reprises en creux, à la fois dans les définitions de poste et dans la formation initiale.
Soulignons pour finir la spécificité des professionnels français dans les domaines
de la documentation et de la régie, que ce séminaire a permis de mettre en valeur
au travers de la description de leurs savoirs et des compétences métiers spéci-
fiques qu’ils ont su développer et faire évoluer à la faveur des mutations du monde
muséal contemporain.
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Badet Claude, Coutancier Benoît, May Roland (dir.), Musées et patrimoine,
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Barnaud Germaine, « Les anciens inventaires de tableaux du Louvre », Revue de
l’Art, no 18, 1972, p. 34-35.
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Bruit
Réponses non pertinentes mêlées à des réponses pertinentes mais ces dernières
risquent de ne pas être vues par l’utilisateur. Le bruit est à opposer au silence,
lorsque des réponses pertinentes ne sont pas proposées par le système d’interro-
gation de base de données.
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Glossaire
Creative Commons
Organisation qui a pour objectif de faciliter la diffusion et le partage des œuvres
et d’accompagner les nouvelles pratiques de création à l’ère numérique. Elle s’ins-
crit dans le mouvement de l’open data et vise à faciliter la réutilisation libre et gra-
tuite des données et métadonnées. Les conditions de leur diffusion et de leur usage
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sont clairement définies en six licences, sans se substituer au droit d’auteur. Voir
http://creativecommons.org.
Désherbage
Opération consistant à éliminer des rayons les documents qui ne peuvent plus
être utilisés en raison de leur usure matérielle ou de l’obsolescence de l’informa-
tion qu’ils contiennent.
Fantôme
Fiche laissée comme témoin d’un document temporairement déplacé (prêt, reliure,
etc.), selon la définition de l’Afnor.
Fullweb
L’intégralité des fonctionnalités d’une application fullweb est accessible via un navi-
gateur internet, extranet ou intranet pour tous les utilisateurs, connectés en réseau.
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Glossaire
Géolocalisation (geolocalisation)
Technologie qui permet de déterminer la localisation d’un objet ou d’une per-
sonne sur une carte à l’aide de ses coordonnées géographiques numériques (lati-
tude/longitude). Le procédé s’appuie généralement sur le système GPS ou sur les
interfaces d’un téléphone mobile pour publier les coordonnées géographiques. La
géolocalisation est aussi appelée géoréférencement.
Inventaire (inventory)
Est inventorié tout bien acquis à titre gratuit ou onéreux affecté aux collections
d’un musée de France par un acte émanant de la personne morale propriétaire du
bien. Un numéro d’inventaire est attribué à chaque bien dès son affectation. Ce
numéro, identifiable sur le bien, est utilisé pour toute opération touchant le bien
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inventorié. Les biens dont le musée est dépositaire sont répertoriés sur un registre
distinct. C’est un document unique, infalsifiable, titré, daté et paraphé par le pro-
fessionnel responsable des collections, répertoriant tous les biens par ordre d’entrée
dans les collections. L’inventaire est conservé dans les locaux du musée. Une copie
de l’inventaire est déposée dans le service d’archives compétent ; elle est mise à
jour une fois par an. Les ministres chargés de la Culture et de la Recherche fixent
par arrêté les normes techniques relatives à la tenue de l’inventaire et du registre
des dépôts, ainsi que les principes généraux de numérotation, d’identification, de
marquage et de récolement des biens des musées de France. Le titre premier du
décret du 2 mai 2002, pris en application de la loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002
relative aux musées de France, définit l’inventaire des biens d’un musée de France.
L’arrêté du 25 mai 2004 fixe les normes techniques relatives à la tenue de l’inven-
taire, du registre des biens déposés dans un musée de France et au récolement.
Mot-clé (keyword)
Terme normalisé, substantif au singulier ou verbe à l’infinitif de préférence, sélec-
tionné pour décrire les concepts d’un domaine de la connaissance. Les listes de
mots-clés constituent un langage contrôlé, outil d’indexation et de recherche de
ressources dans les systèmes documentaires informatisés. Les synonymes des
termes descripteurs sont rejetés et ne sont pas utilisables pour décrire le concept.
Le terme synonyme est indiqué pour mémoire entre parenthèse dans la liste des
mots-clés. Les descripteurs sont associés entre eux par des liens d’association, qui
précise VA pour « voir aussi ». Les listes de mots-clés s’organisent hiérarchique-
ment en thesaurus ou en simple liste d’autorité.
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Glossaire
Open data
Une « donnée ouverte » en français est une donnée numérique, d’origine publique
ou privée, publiée sur le web de manière structurée afin de permettre son libre
accès et sa réutilisation par tous, sans restriction technique, juridique ou financière.
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Glossaire
Streaming
Mode de lecture en flux d’un document numérique audio ou vidéo, qui s’affiche
pour l’internaute à mesure qu’il est diffusé. La lecture qui se fait progressivement,
en continu, ne réclame pas d’enregistrement et de sauvegarde du fichier sur le
disque dur de l’utilisateur. L’avantage du streaming est de permettre à la fois de dif-
fuser des fichiers lourds et d’éviter un temps d’attente entre le début du téléchar-
gement et le début effectif de la lecture. Le streaming n’affranchit pas le diffuseur
du respect des droits d’auteurs et de l’accord préalable de l’auteur de l’œuvre pour
sa diffusion, à travers le droit de représentation qui lui appartient.
Thesaurus
Liste de mots-clés descripteurs organisée hiérarchiquement. Le mot-clé qui exprime
le concept le plus général est le terme générique, dont dépendent des termes spé-
cifiques, qui détaillent le concept. Les thesaurus documentaires suivent des prin-
cipes de construction d’une norme internationale ISO, dont la dernière édition
a été éditée en 2011.Voir http://www.iso.org/iso/fr/iso_catalogue/catalogue_ics/
catalogue_detail_ics.htm?ics1=01&ics2=140&ics3=20&csnumber=53657.
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