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Des membres du 1er Bataillon, Princess Patricia’s Canadian Light Infantry qui jouent le rôle des forces de la coalition s’abritent derrière un véhicule blindé
léger (VBL) 6.0 au cours de l’exercice MAPLE RESOLVE, à Wainwright, en Alberta, le 10 mai 2021.
Peter Kasurak a publié deux ouvrages sur l’Armée canadienne : mais à bonne distance de ceux-ci, ou en sont-elles inséparables?
A National Force, dans lequel il retrace l’évolution de cette institution Une mauvaise décision sur ce point fondamental pourrait avoir des
qu’est l’Armée de terre de 1950 à 2000, et plus récemment Canada’s résultats désastreux.
Mechanized Infantry: The Evolution of a Combat Arm, 1920-2012.
Monsieur Kasurak enseigne à l’occasion au département des études L’Armée canadienne appartient traditionnellement à l’école de
permanentes du Collège militaire royal du Canada. pensée du « taxi de combat », même si son expérience du combat et
L
les jeux de guerre inspirés de la Guerre froide sont venus remettre
’histoire de la mécanisation des armées s’intéresse en cause ce choix de doctrine. Le présent article traite de l’évolution
avant tout à l’évolution de la doctrine des chars et de l’infanterie mécanisée du Canada et témoigne de la prééminence
des blindés. L’évolution de l’infanterie, pourtant de la tradition sur la logique et l’innovation.
tout aussi importante, en est généralement exclue.
Une vérification rapide sur Amazon.ca produit Un mauvais départ : la doctrine de
plus de 20 000 résultats pour le mot tank, mais seulement 58 l’Armée britannique
pour le terme mechanized infrantry, dont des réimpressions de
manuels de campagne. Dans l’imaginaire populaire, l’infanterie
est passée du rôle de « reine du combat » à celui de Cendrillon.
Or, la façon de concevoir et de structurer l’infanterie – le noyau
A vant et pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Armée
canadienne fait partie de l’Armée impériale britannique
et n’a donc pas de doctrine propre. Son état-major n’est pas
même de l’armée – n’en demeure pas moins un facteur central suffisamment développé pour élaborer une doctrine nationale
dans la conception d’une force terrestre. et, de toute façon, celle-ci irait à l’encontre de l’objectif d’inté-
gration des troupes canadiennes aux Forces armées impériales.
De même, le rôle confié au véhicule d’infanterie constitue un Malheureusement, l’Armée britannique prend mauvaise décision
facteur central dans la conception de troupes d’infanterie mécanisée. sur mauvaise décision à l’égard de ses forces blindées et de la
Ainsi, deux grands axes d’évolution sont apparus : une infanterie mécanisation de son infanterie. En vérité, elle fait peu de cas
à pied doublée de véhicules de transport faisant figure de « taxi de de l’intégration des différentes forces de combat. En 1889, un
combat », ou une infanterie repensée en tant que force motorisée observateur allemand formule cette observation :
où les soldats et leur véhicule forme un tout parfaitement intégré.
Or, le rôle que jouera le véhicule d’infanterie est étroitement lié En vérité, les différentes forces de l’armée anglaise ne
au rapport censé exister entre l’infanterie et le char. Les troupes sont pas suffisamment unies. Il y règne un esprit de caste;
d’infanterie mènent-elles leur propre combat à l’aide de chars, elles ne rendent pas compte que l’une n’existe que pour
si les véhicules de
transport sont pro-
tégés par d’autres
véhicules, seules des
armes antichars et des
mines pourront freiner
leur progression.
Char d’assaut Sherman III de l’Armée canadienne après l’invasion et la libération de la Sicile en 1943.
Le VBL III à l’œuvre dans le district de Panjawii, dans la province de Kandahar, en Afghanistan, le 8 mai 2011.