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Soldats de France

Magazine d’histoire militaire de


l’armée de Terre

LA SECONDE GUERRE MONDIALE


N°8 - JUILLET 2018
SOMMAIRE
Témoignage : Le Miroir des limbes.................................................................................................3

Cas concret : Les spahis de 1940 à La Horgne : tactique et rapport des forces...4-6

Bataille : La bataille de Keren des Forces françaises libres (FFL)............................... 7-9

Combat : 1939-1940, la guerre des gaz n’aura pas lieu …...........................................10-11

Équipements : La francisation des tenues d’origine alliée au sein de l’armée

française libre................................................................................................................................. 12-13

Matériels : Le Char B 1 bis.......................................................................................................... 14-15

Symbolique : Le bonnet de police dans l’armée de Terre de 1891 à nos jours...16-17

Unité : Les groupes de reconnaissance de division d’infanterie............................18-22

Tradition : Les « vieux régiments » de Sa Majesté................................................................23

Chronique BD : Avec le Maréchal Leclerc......................................................................... 24-25

Portrait : Le sergent Charles Antoine : un des « Corps-francs »....................................26

Littérature : Le journal du Général Buat................................................................................... 27

Quiz : connaissez-vous nos OPEX ? « Serval » et « Tacaud »..........................................28

Directeur de la publication :
Général Dominique Cambournac
Rédacteur en chef :
Lieutenant-colonel Rémy Porte

Rédacteur en chef adjoint :


Lieutenant (R) Rémi Mazauric

Comité de rédaction :
Colonel Thierry Noulens,
Lieutenant-colonel Vincent Arbarétier,
Lieutenant-colonel Jean Bourcart,
Lieutenant-colonel Frédéric Jordan,
Lieutenant-colonel Rémi Scarpa,
Commandant Julien Monange.

Adresse mail :
emat-histoire.referent.fct@intradef.gouv.fr

En couverture : septembre 1939-10 mai 1940, un artilleur du 402e régiment


d’artillerie antiaérienne (RAAA) confectionne une maquette d'avion dans un En partenariat avec l'ECPAD
poste de combat, ECPAD.

Réalisation : SIRPA Terre/CPIT6 Saint-Maixent-l'École


2
Témoignage

Le Miroir des limbes


France, 1940
« Malgré le fracas des chenilles, il nous
sembla tout à coup retrouver le silence :
les chars venaient de quitter la route. Une
minute nous roulâmes ainsi, délivrés, entre
des vergers en fleurs et des bancs de brume.
Dans l’odeur d’huile de ricin et de caoutchouc
brulé, je tenais nerveusement mes ficelles ;
prêt à arrêter le char pour le tir : le tangage,
même dans ces champs apparemment unis,
était trop fort pour pointer en marche.
Depuis que nous avions quitté la route et que
les rares formes devinées pouvaient devenir
des buts, nous ressentions davantage notre
Mai 1940. Le char B1 bis Chambertin n° 378 de la 3e division cuirassée progresse dans une rue balancement d’anguleuses galères.
de Cauroy (Ardennes) pour s’opposer à l'avancée allemande, Cauroy, Ardenne. SCA.

Les nuages masquaient la lune. Nous entrions dans les blés. C’était la minute où la guerre
commence. Nous nous dirigions à la boussole, et ne distinguions que ce qui se découpait sur le ciel ;
poteaux télégraphiques, toits, cimes d’arbres ; les vergers à peine plus clairs que la brume avaient disparu,
les ténèbres semblaient massées au ras des champs qui nous balançaient ou nous secouaient ; qu’une
chenille cassa, nous serions morts ou prisonniers. (…) Que les furieuses vibrations fêlassent une des
tuyauteries d’essence, et le char attendrait les obus en tournant sur lui-même comme un chat épileptique.
Mais les chenilles martelaient toujours les champs et les pierres, et, par les fentes de visée de ma tourelle,
je regardais, au-delà de ce que je distinguais de blés courts, de brume, de vergers, monter et descendre sur
le ciel nocturne l’horizon qu’aucune flamme de canon ne rayait encore. Les positions allemandes étaient
devant nous ; de face, nos chars ne pouvaient être atteints efficacement qu’à la lunette de tir et au masque
du canon. Nous avions confiance en nos blindages.

L’ennemi n’était pas l’Allemand,


c’était la rupture de chenille, la mine ou la
fosse. Surtout la fosse. La mine, on en parlait
pas plus que de la mort ; on sautait ou on ne
sautait pas, ce n’était pas un sujet de
conversation. La fosse en était un : nous
avions écouté les histoires de l’autre guerre
et, à l’instruction, nous avions vu les fosses
modernes, leur fond oblique pour que le
char ne puisse relever sa proue, leurs 4
canons antichars déclenchés par la chute. Il
n’était pas un d’entre nous qui ne se fût
imaginé entre quatre antichars croisés, à
l’instant où ils allaient tirer sur lui ». » Un char B1 bis en Normandie en 1940, Conseil Régional de Basse-Normandie.
National Archives USA, domaine public.

Extrait de Le Miroir des limbes, André Malraux, éditions Gallimard, 1972.

3
Cas concret
Colonel ABC (er) Thierry Moné

Les spahis de 1940 à La Horgne :


tactique et rapport des forces

À la mi-mai 1940, se joue dans l’Ardenne française une phase cruciale du


plan d’attaque allemand contre la France. La Meuse est franchie et les divisions de
panzers chargées de l’effort au niveau opératif s’engagent avec tous leurs moyens
de combat… à première vue vers le sud-ouest, vers Reims et Paris. En fait, le
plan opératif allemand prévoit une conversion de 90 degrés vers le nord – le
coup de faucille – qui permet d’emporter un premier succès opératif en longeant
initialement la rive droite de la vallée de la Somme, puis en fonçant plein nord
jusqu’à la mer. Les meilleures unités françaises et britanniques engagées en Belgique
sont ainsi prises au piège et neutralisées.
Insigne du 2e RSA. Collection particulière.

Le général Guderian est l’un des principaux responsables du succès de cette


délicate conversion. Manœuvrant avec trois divisions de panzers au niveau de Sedan,
il se couvre avec l’une d’elles face à une éventuelle réaction offensive française dans le
secteur de Stonne et fonce vers l’ouest avec les deux autres pour enfoncer le dispositif
français entre Meuse et Somme. L’espace de manœuvre ainsi conquis permet la
conversion opérative vers le nord. Une grande vitesse d’exécution est impérative afin que
le dispositif français disloqué n’ait pas le temps de se rétablir. Au matin du 15 mai 1940, les
chefs de la 1re et de la 2e divisions de panzers sont bien conscients de l’enjeu et veulent aller au
plus vite border la Somme dans le secteur de Saint-Quentin. Insigne du 2 e
RSA.
Collection particulière.

À la 1re division de panzers, on manœuvre alors avec en tête deux groupements tactiques interarmes de
circonstance. L’un de ces groupements est commandé par le colonel Walter Krüger. C’est lui qui aborde le secteur
du petit village ardennais de La Horgne, le 15 mai 1940 au matin. Krüger a sous ses ordres le commandant
Max Richter pour l’infanterie mécanisée et le commandant Sauvant pour les chars. Dans le village, le colonel
Olivier Marc commande la 3e brigade de spahis (3e
BS) qui comprend le 2e régiment de spahis algériens
(RSA) du colonel Emmanuel Burnol et le 2e régiment
de spahis marocains (RSM) du colonel Émile Geoffroy.
Le lieutenant Dugué Mac Carthy, commandant le 3e
escadron du 2e RSM, résume ainsi la mission de la 3e
BS : « Une brèche importante s’étant ouverte entre les 2 e
et 9 e armées françaises après la percée du corps blindé
de Guderian à Sedan, le 13 mai 1940, la brigade reçoit
l’ordre, dans la nuit du 14 au 15, de gagner le village
de La Horgne (14 kilomètres au sud de Charleville), de
s’y installer défensivement et de barrer la route aussi
longtemps que possible aux blindés allemands, qui,
venant de Sedan (20 kilomètres à l’est), ne manqueront
pas de se présenter. À 9 heures, tout est en place. Ordre
du colonel Marc : tenir sans esprit de recul ».
Illustration Thierry Moné.

4
Cas concret

Précédée par quelques avant-postes temporaires à cheval, la position de résistance de La Horgne


(Cf. Fig. A - page 4 ) s’articule autour d’une ligne principale (LP), d’une ligne des soutiens (LS), et d’une
ligne d’arrêt (LA). La 3e BS ne dispose que d’un canon de 37 millimètres du modèle 1916 et de deux canons
antichars de 25 millimètres. Le village proprement dit de La Horgne constitue le centre de gravité des spahis
du 2e algériens sur la LP. Les spahis du 2e marocains occupent des lisières boisées en fond de tableau à
hauteur de la LA, ainsi que les deux positions antichars de la LS.

La première phase de l’attaque allemande


(Cf. Fig. B) se déroule entre 10h et 14h environ. La
13e compagnie est fixée à hauteur des premières
maisons. La 11e compagnie tente de déborder
à pied par la droite et est également fixée. La
14e compagnie met en oeuvre mitrailleuses et
mortiers. La 15e compagnie met en place au moins
deux de ses 3 pièces antichars de 37 millimètres
et ses deux obusiers légers de 75 millimètres qui
tirent un total de 216 obus en début d’après-midi.
La 12e compagnie rapproche ses véhicules pour
déborder à pied par la gauche quand les appuis
lourds et les chars seront en place. Le dernier lien
de la 3e BS avec l’extérieur, la station ER 26 ter,
est repris par l’échelon supérieur à midi.

Illustration Thierry Moné.


À partir de 16h30 (Cf. Fig. C ), les Allemands


engagent un bataillon de chars à 50 % de
son potentiel : 2 compagnies légères et 1
compagnie moyenne, soit environ 12 Pz.III
(3,7 centimètres) et 8 Pz.IV (7,5 centimètres).
Les deux compagnies légères combattent à front
renversé. Le soir du 15 mai 1940, défenseurs et
assaillants de La Horgne peuvent légitimement
annoncer « mission accomplie ». Les premiers
réussissent le tour de force de tenir la position de
La Horgne jusqu’en fin d’après-midi. Les seconds
réussissent à faire sauter le verrou de La Horgne.
Dans les deux cas, il s’agit de gagner du temps, les
défenseurs doivent mettre en place une contre-
attaque de niveau opératif qui n’a hélas pas lieu.
Les assaillants, quant à eux, doivent maintenir le
Illustration Thierry Moné. rythme de progression après le déclenchement
du « coup de faucille ».
5
Cas concret

La 3e BS compte exactement 50 hommes tués


(5 officiers, 6 sous-officiers et 39 spahis) et environ
150 blessés pour avoir interdit La Horgne pendant
la journée du 15 mai 1940. Les tués de La Horgne
représentent un peu moins de 2 % des quelques 2 600
hommes de la brigade. L’histoire est donc fort éloignée
d’une mémoire véhiculant la légende de 740 Spahis
tués, qui représentent plus de 28 % de l’effectif de la
brigade. Les Allemands de la 1re division de panzers
comptent 31 tués (2 officiers, 5 sous-officiers et 24
militaires du rang) et 102 blessés pour s’emparer de La
Horgne, un petit village ardennais placé bien malgré
lui sur l’axe principal d’effort opératif allemand.
Seule l’étude de l’évolution dans le temps
du rapport des forces permet de comprendre le
déroulement du combat (Cf. Fig. D ). Alors que le
dispositif des spahis est en place avec la totalité de
ses moyens et de ses capacités du début jusqu’à la
fin du combat, le dispositif allemand est en constant
renforcement au fil des heures, passant de une à dix
sections de Schützen. La bascule du rapport de forces
Illustration Thierry Moné.
se produit vers 14h30.

La comparaison prend pour étalon des unités à peu


près équivalentes en termes de capacités : le peloton de spahis
et la section de schützen, tous deux renforcés de mitrailleuses.
Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, on constate
que les pelotons de spahis sont en permanence plus nombreux
que les sections de schützen. Ce sont les appuis qui font toute
la différence.
Toute comparaison capacitaire entre une unité à
cheval et une unité blindée étant très difficile à réaliser, le
dénominateur commun est à rechercher, non pas au niveau de
l’unité élémentaire (compagnie ou escadron) mais au niveau
immédiatement inférieur de la section ou du peloton. La
pertinence de ce choix réside dans la nature même du combat
initial de La Horgne qui voit s’affronter des formations de
“fantassins” débarqués (les schützen) ou démontés (les spahis). Un spahi de la 3e BS (brigade de spahis) durant l'hiver 1940 dans les
Ardennes. Photographe inconnu, SCA – ECPAD.

Pour en savoir beaucoup plus, téléchargez gratuitement Visionnez le journal de guerre du 3 mars 1940 :
la thèse de doctorat sur La Horgne, soutenue en 2016
à la Sorbonne :

6
Bataille
Lieutenant-colonel Vincent Arbarétier

La bataille de Keren des Forces françaises libres [FFL]


Dès 1941, la guerre se déroule également en Afrique
et, au début de l’année, les Britanniques, renforcés par une
brigade de Français Libres, lancent l’assaut contre la colonie
italienne d’Érythrée. Durant deux mois, les Britanniques
et les Français tentent de s'emparer des positions tenues par
les Italiens sur les hauteurs autour de Keren. Les premières
attaques britanniques entre les 2 et 14 février 1941 sont
repoussées par les Italiens. Après un mois au cours duquel
les deux camps se réorganisent, les Britanniques lancent
une nouvelle offensive le 15 mars. Ils effectuent des gains
significatifs durant les jours suivants, tandis que les défenses
italiennes se désagrègent. Keren est prise le 27 mars.
Comme l’écrit cinquante ans plus tard le général
Saint-Hillier, alors chef d’état-major de la brigade française
d’Orient commandée par le colonel Monclar : « Ils devaient
triompher en Érythrée de conditions de vie particulièrement
pénibles pour remplir des missions périlleuses, face à un
ennemi courageux, dans un terrain difficile et par un
climat très rude… Il est regrettable qu’aujourd’hui encore,
la France ignore ce qu’elle doit à ces ouvriers de la première
Carte de l’Érythrée. Wikipédia.
heure ».
La brigade débarque à Port Soudan le 14 février après 39 jours de navire de transport depuis Freetown, la
capitale de la Sierra Leone britannique en Afrique Occidentale. Aussitôt débarquée, elle est transportée en trois
rames de chemin de fer jusqu’à Suakim. Saint-Hillier se souvient : « nous traversons un pays désolé à la végétation
rare. De temps en temps des plantes épineuses se dressent sur le sable attirant quelques chèvres faméliques ou des
dromadaires gris sales ».
Alors que deux divisions britanniques obligent les
forces italiennes à évacuer Kassala, le 21 janvier précédent, les
Italiens ayant créé de nombreux obstacles face à la progression
britannique, ces derniers disposent des meilleurs bataillons
(les 10e et 11e bataillons de grenadiers) sur les hauteurs
occidentales de Keren. Ils verrouillent ainsi les vallées que
suivent les routes et les pistes venant de Kassala. Des groupes
de cavalerie indigènes barrent les passages. Les positions
d’observation dont dispose l’artillerie italienne lui permette de
bombarder les réserves aussi bien que les positions avancées
alliées.

Après l’offensive manquée de fin janvier, les


Britanniques tentent l’encerclement par le nord. La 7e brigade
indienne est, pour ce faire, renforcée du 3e bataillon de marche
(BM) du commandant Garbay. Les chars du 4e Royal Tank Source : BROCHE François, CAÏTUCOLI Georges, MURACCIOLE Jean-
Regiment essaient de pénétrer dans la vallée du Dongolaas. François (Dir.). La France au combat, de l’Appel du 18 juin à la victoire,
Perrin 2007.

7
Bataille

Ils sont arrêtés par les éboulements provoqués par les Italiens qui ont miné le passage. Le commandant
Garbay réussit néanmoins à s’emparer du fortin de Kub-Kub qui barre au nord l’accès à Keren. Il y laisse 17 morts
et 39 blessés. Il s’agit, ce 22 février avant Koufra, dont la prise n’a lieu que le 2 mars, de la première victoire des
Forces françaises Libres.
Le capitaine Saint Hillier, rejoignant le 3e
BM à Kub-Kub 5 jours plus tard avec les éléments
précurseurs de la brigade d’Orient, prépare en
liaison avec le général Briggs commandant la 7e
brigade indienne, et lui-même très francophile,
la poursuite de l’action sur Keren. Grâce à la
récupération sur le terrain de renseignements
italiens (sous la forme de messages mal brûlés)
les Alliés comprennent qu’il faut poursuivre cette
action au plus vite étant donné les nombreuses
désertions indigènes du camp adverse. En outre
un renseignement important précise que la ville
de Keren n’est défendue que vers le nord et vers
l’ouest.
Carte de la région de Keren. Wikipédia.

Le 12 mars, une fois les compléments logistiques effectués, en particulier en eau et en carburant, la
brigade, et notamment le 14e bataillon de Légion étrangère, reprend sa progression de nuit à partir de 21h00 vers
le col situé à 3 kilomètres des monts d’Enghalat, jusqu’à un dépôt préalablement préparé, le dépôt B. Comme le
rapporte le compte-rendu de la brigade :
« Le 13 mars en début d’après-midi, des rafales de fusils mitrailleurs partent du grand Willy. Toute la
colonne est engagée dans cet oued aux parois abruptes ; la surprise est complète. Les unités prennent le dispositif
d’alerte ; des éléments du BM3 et de la Légion montent sur les pitons dominant l’oued. Quelques hommes agitent
leur coiffure, croyant avoir affaire à des Hindous de la colonne du 16 e Pundjab. Il n’en est rien ; ces rafales sont
bel et bien ennemies. Sur les crêtes avoisinantes
se détache la silhouette bien caractéristique des
ascaris, le fusil au travers du dos. À 18 heures la
Légion monte vers le col qu’elle atteint à minuit. Le
matériel est porté à dos, les chameaux ne pouvant
escalader les pentes… Les hommes peinent dans
la nuit, le brouillard et la brume les enveloppent  ;
la température devient glaciale contrastant
brutalement avec la chaleur moite de l’oued. Vers
minuit, la Légion attaque le Grand Willy dont
la position domine dangereusement le col. Les
hommes sont éreintés ; les unités se perdent dans la
nuit. Finalement, après un combat assez confus, les
éléments de tête de la 1re compagnie du capitaine
de la Bollardière et une section de la 3 e compagnie
arrivent au col. Les Italiens décrochent ; les pertes
de notre côté ont été de 2 tués et de 3 blessés ». Source : BROCHE François, CAÏTUCOLI Georges, MURACCIOLE Jean-François (Dir.).
La France au combat, de l’Appel du 18 juin à la victoire, Perrin 2007.

8
Bataille

Le chemin de Keren et la route de Massaouah, principal port d’Érythrée, sont


ouverts. Le 28 mars, à l’aube, l’avance est reprise. À Adrar, une cinquantaine d’Italiens
sont faits prisonniers par la Légion étrangère. Lorsqu’elle atteint la route à moins de
deux kilomètres de Keren, la colonne de légionnaires a plus que doublé ce nombre.
La résistance cesse ; Keren est prise et les Italiens se replient sur Asmara. En liaison
avec des troupes indiennes, la brigade française d’Orient, avec la 13e brigade de la
Légion étrangère, s’empare de la ville sans coup férir, après que la 5e division indienne,
venue par la route de Chelamet, se soit étonnée devant l’exploit physique accompli par les
légionnaires.

Insigne de la 1re DFL anciennement appelée


brigade française d’Orient.
Collection particulière.

Il faut souligner que
les FFL comme leurs alliés
britanniques et indiens sont
opposés durant cette campagne
à des soldats italiens dont le
comportement et la bravoure
sont à souligner. Comme l’écrit
plus tard l’historien, scénariste
et romancier britannique
Compton Mackkensie, l’un des
spécialistes de l’armée impériale
indienne :
Photo de la zone des combats. Wikipédia.

« Keren fut une des batailles les plus dures, et il doit être dit que jamais les Allemands ne combattirent
avec la même détermination que les bataillons italiens de troupes alpines, bersagliers et grenadiers de Savoie
le firent à Keren. Durant les cinq [premiers] jours de combat, les Italiens
perdirent près de 5 000 hommes, dont 1 135 tués. Lorenzini, le courageux et
jeune général italien, eut la tête explosée par un fusil britannique. C'était un
grand chef des troupes érythréennes… La propagande de guerre britannique
dépeignait les Italiens comme des soldats ridicules ; mais,
à l'exception des divisions parachutistes allemandes
en Italie et des Japonais en Birmanie, aucun ennemi
qu'affrontèrent les troupes britanniques et indiennes
ne se battit avec autant de courage que les bataillons
italo-savoyards à Keren. De plus, les troupes
coloniales, avant qu'elles ne cèdent à la toute fin de
la bataille, se battirent avec valeur et détermination,
et leur loyauté fut un témoignage de l'excellence
de l'administration italienne et de l'entraînement
Raoul Monclar, colonel à l’époque de la bataille de
militaire en Érythrée. »
Insigne de la 13e DBLE.
Keren, commandait la brigade française d'Orient.
Collection particulière.
www.ordredelaliberation.fr.

9
Combat
Colonel Olivier Lion

1939-1940, la guerre des gaz n’aura pas lieu …

L’héritage de la Grande Guerre et le spectre de la guerre des gaz.

La Grande Guerre amène les principales


puissances à redouter l’arme chimique. En 1925, le
Protocole de Genève prohibe le recours à la guerre
chimique mais pas sa préparation. La doctrine française
est très claire : « Respectueux des engagements
internationaux auxquels la France a souscrit, le
gouvernement français s’efforcera au début d’une guerre,
et d’accord avec les Alliés, d’obtenir des gouvernements
ennemis l’engagement de ne pas user de gaz de combat
comme arme de guerre. Si cet engagement n’est pas
obtenu, il se réservera d’agir suivant les circonstances ».
Durant l’entre-deux-guerres, l’armée française conserve
ses capacités de guerre chimique. La protection contre
les gaz représente une part importante de l’instruction
Carte de l’invasion de la France en 1940. des troupes. Parallèlement, les recherches scientifiques
US Military Academy.
se poursuivent afin de préparer une riposte éventuelle.
Si l’Espagne emploie l’arme chimique durant la guerre du Rif en 1925-1926, la France n’y a pas recours
même si des obus chargés en ypérite sont effectivement envoyés au Maroc à titre de précaution.

L’emploi de l’arme chimique semble inéluctable en cas de guerre en Europe. La menace aérochimique
amène la création de mesures spécifiques de défense passive avec notamment la distribution de masques
pour la population civile à la fin des années 1930. La construction des ouvrages fortifiés de la Ligne
Maginot voit la mise en place de systèmes de protection collective hautement sophistiqués et d’une efficacité
remarquable. La coopération franco-britannique en matière de guerre chimique est relancée à partir de 1938.

La guerre moderne n’est pas chimique. Et pourtant ….


Lorsque le second conflit mondial se déclenche, l’apocalypse chimique ne se
produit pas. Il y a toutefois des allégations d’emploi en Pologne et lors de l’offensive
de la Sarre en septembre 1939. Un renseignement évoquant l’emploi possible par
l’Allemagne de l’hydrogène arsénié crée une véritable crise à l’automne 1939. En effet,
ni les appareils de protection individuelle ni les filtres des ouvrages fortifiés n’assurent
une protection efficace. Les services chimiques français doivent donc improviser dans
l’urgence de nouvelles cartouches filtrantes, les fabriquer et les distribuer en quelques
mois. Une dotation de pélerines et de lunettes de protection contre les épandages
d’ypérite sont aussi en cours de réalisation au printemps 1940. L’effort d’armement
est considérable avec l’accélération de la construction de deux poudreries dédiées
à la fabrication de produits spéciaux (Boussens et Mauzac) ainsi que les travaux
pour réaliser des ateliers de chargements (Lannemezan et Cerdon). La France fait
alors reposer sa capacité de riposte chimique sur des bombes et grenades d’aviation Insigne de la 4e DCR.
spéciales délivrées par l’aviation et par des obus spéciaux tirés par l’artillerie. Collection particulière.

10
Combat

En décembre 1939, est créé à Bruyères, près de Laon, un groupe de fumigènes, rebaptisé 4e groupe
autonome d’artillerie (GAA) en mars 1940, afin de mettre en œuvre d’autres armes chimiques. De façon
inattendue, le 4e GAA est incorporé à la 4e division cuirassée (DCR) par le général de Gaulle lorsque celui-ci
arrive à Laon : « En fait de troupes françaises, il
n'y a dans la région, que quelques éléments épars
appartenant à la 3e division de cavalerie, une
poignée d'hommes qui tient la citadelle de Laon
et le 4e groupe autonome d'artillerie, chargé d'un
éventuel emploi d'engins chimiques, oublié là par
hasard. Je m'annexe ce groupe, formé de braves
gens qui n'ont d'armes que des mousquetons, et les
dispose, pour la sûreté, le long du canal de Sissonne.
Le soir même, les patrouilles ennemies prennent,
déjà, leur contact. » Le 4e GAA, combattant à pied,
est désengagé le 20 mai 1940 pour participer à
l’évacuation du stock d’ypérite de la batterie de
Carte des opérations au 12 juin 1940. Wikipédia, domaine public. Bruyères menacée par l’avancée allemande.

Il n’y a pas d’emploi avéré de l’arme chimique durant


la campagne de mai-juin 1940 bien qu’un certain nombre de
fausses alertes sont recensées. En revanche, les occupants des
ouvrages fortifiés doivent à plusieurs reprises combattre le
masque sur le visage pour se protéger des fumées dégagées
par les explosions alors que la ventilation est endommagée.
La garnison complète de l’ouvrage de La Ferté (106 hommes)
succombe ainsi à l’asphyxie le 18 mai 1940.

Cloche guetteur et fusil-mitrailleur.


Photo de Martial Bacquet, domaine public.


Le 3 juin 1940, le général Besson commandant
le groupe d’armées n° 3 demande au grand quartier
général d’étudier l’emploi de l’arme chimique, à titre de
riposte, pour tenter d’enrayer l’avance allemande. De leur
côté, les Allemands redoutent l’emploi des gaz par les
troupes françaises lors de l’assaut sur la ligne Weygand
début juin 1940. Redouté avant les hostilités, l’emploi de
l’arme chimique n’a finalement pas lieu mais la menace
chimique perdure tout au long du conflit et sur tous les
théâtres d’opérations.
L'ouvrage de La Ferté, ouvrage fortifié de la ligne Maginot.
Collection particulière.
11
Equipements
Capitaine Jean-Baptiste Pétrequin

La francisation des tenues d’origine alliée


au sein de l’armée française libre

Les approvisionnements en tenues


d’origine étrangère au sein des armées de la
Libération posent rapidement la question
de la reconnaissance du combattant
français en tant que tel. La nécessité de
se distinguer et la volonté américaine
notamment font adopter des insignes
spécifiques et conduisent à l’apparition
de nouveaux effets. La composante
terrestre des Forces françaises libres
conserve, jusqu’en 1942 pour sa majorité,
ses uniformes et équipements de l’avant-
guerre. Malgré les approvisionnements
alliés, le général Giraud souhaite conserver
le casque Adrian. Il se pose aussi la question
de l’adhésion des cadres et de la troupe à
Remise de décoration à des soldats français équipés à l’américaine arborant ces nouveaux uniformes.
des insignes de grades français. ECPAD.

Quoi de plus représentatif que la coiffure pour afficher son état : il est décidé que les coiffures des
unités de l’armée d’Afrique, chéchia et képi blanc, resteraient en usage dans le cadre de la tenue de sortie. Mais
que faire pour les autres formations ? Par commodité de réalisation mais surtout par esprit d’affirmation,
le bonnet de police de tradition fait son apparition
au sein de la 1re division française libre (DFL), et
au 1er bataillon d’infanterie de marine durant sa
constitution en Égypte. Ce-dernier choisit un bonnet
de police modèle 1918 aux couleurs du képi afin
de se distinguer des marsouins demeurés fidèles à
Vichy. À la même période, les spahis du 1er régiment
de spahis marocains (RSM) portent un modèle
entièrement rouge, taillé dans de vieux burnous, et
le 22e bataillon de marche nord-africain, une version
bleu ciel. Le passage des spahis à la 2e division blindée
(DB) accélère le processus et une note du 20 janvier
du général Giraud précise que chaque troupe [devra
être]dotée d’un calot à la couleur de son arme. Entrainement d’évacuation de blessé pour des soldats français équipés
de tenues et d’équipements américains avec un casque Adrian. ECPAD.

La Marine, comme la majorité des marines du monde, porte un uniforme particulièrement sobre, et ce
depuis la fin du Second Empire. Ainsi la porosité entre production de pays différents est aisée. Dans ce cadre,
il se rencontre parfois des boutons à l’ancre, mais aussi de l’armée de l’Air, fabriqués en Angleterre, voire en
Égypte. Un insigne vient en revanche affirmer le statut particulier de son propriétaire : le perchoir ou insigne
des forces navales françaises libres (FNFL).
12
Equipements

Au sein de l’armée de l’Air, la


question est un peu plus complexe.
Rapidement des pilotes tricolores
rejoignent les rangs de la Royal
Air Force. Dotés d’équipements et
d’uniformes britanniques, ces derniers
camouflent nos équipages sous des
titres d’épaule « CANADA » jusqu’en
1942. Il est à noter qu’en octobre
1940, certains aviateurs perçoivent le
perchoir, qui demeure l’apanage des
marins par la suite.

Soldats français avec la population française. ECPAD.


En parallèle, sont confectionnés les premiers insignes des


Forces aériennes françaises libres (FAFL) par le bijoutier Campbell,
puis les établissements GAUNT (aussi connu pour leurs boutons) pour
une production de masse. Une variante FAFC, force aérienne française
combattante, apparaît après novembre 1942 chez le personnel
stationné en AFN enrôlé. Fin 1940, il est commandé à un
industriel français installé en Angleterre, 500 exemplaires
d’un insigne de casque orné d’ailes et d’une croix de Lorraine
afin d’équiper des coiffures métalliques d’origine tricolore.
Une circulaire du 27 juillet 1943 entérine l’usage de tenues
américaines et les modifications sont les mêmes que pour
l’armée de Terre. Le principal marquant reste la casquette
modèle 1929 de couleur bleu Louise.

Il apparaît aussi un calot de coupe américaine dans


le même drap agrémenté d’un charognard métallique  :
le modèle actuel en est directement issu. Le groupe de
chasse Normandie-Niemen est naturellement doté d’effets
soviétiques à l’exception de la casquette et d’un blouson
du modèle britannique, confectionnés à Damas avant leur
départ pour la Russie. Cette période d’affirmation de la
présence française dans les rangs des alliés par l’uniforme
demeure toujours perceptible aujourd’hui. Après avoir
fortement marqué les tenues jusqu’à la fin de la guerre
d’Algérie, elle se perpétue avec le calot de tradition de l’armée
de Terre et celui de l’armée de l’Air.

Veste de cérémonie américaine montée avec des insignes


de sergent de la 1re DFL. Collection particulière.

13
Matériel
Lieutenant-colonel Pierre Garnier de Labareyre

Le Char B 1 bis

De tous les belligérants, le char B 1 bis est le char le plus lourd et le mieux armé de la campagne de France en 1940.

Une élaboration longue et laborieuse :

Sa genèse remonte au début des années 1920. Plusieurs études auprès de cinq constructeurs permettent
de définir le futur char B. Au début des années 1930, trois prototypes sont réalisés par différentes entreprises
industrielles dont Renault. Des expérimentations sont réalisées. Elles débouchent sur des aménagements
importants : nouveau canon de 75, une tourelle avec un canon de 47 et un moteur plus performant. La production,
lente, est confiée à plusieurs entreprises comme Renault, Schneider, Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM)
et les Ateliers de construction d'Issy-les-Moulineaux (AMX). En juin 1936, une trentaine de char B 1 est en service
dans les armées. À partir de 1937, le blindage est
renforcé, la tourelle est améliorée et dispose d’un
canon de 47 millimètres plus performant, la
capacité d’emport des munitions est augmentée.
Le poids de l’engin est alors de 31 tonnes. Cette
nouvelle version est dénommée B 1 bis. Il est équipé
d’un poste radio qui, suivant la version, transmet
les messages en morse ou en phonie. Jusqu’en
juin 1940, les industriels construisent environ
400 exemplaires de chars B 1 et B 1 bis. En effet,
malgré la mobilisation industrielle à partir de l’été
1939, la production de ce char est handicapée par sa
complexité de construction.
Poids : 31,5 tonne ; longueur : 6,37 mètre - Largeur : 2,46 mètre - Hauteur : 2,79 mètre  ; Equipage : 4 hommes
(chef de char, pilote, tireur, radio) ;Armement : un canon de 75 millimètres modèle 1929, un canon de 47 millimètres
modèle 35, deux mitrailleuses MAC 31 de 7,5 millimètres. Collection du musée des blindés.

Son utilisation au combat :


Ces chars sont en service dans des bataillons
de chars de combat, regroupés dans quatre divisions
cuirassées de réserve (DCR) créées à partir de janvier
1940. Ces divisions sont à la disposition du grand
quartier général (GQG) qui décide de leur emploi.
Elles ont théoriquement pour mission d’intervenir
de manière ponctuelle comme un « coup de poing »
bref mais puissant. Les chars B 1 bis en est le principal
armement. La 4e division cuirassée est en cours de
constitution au moment de l’attaque allemande du
10 mai 1940. Commandée par le colonel De Gaulle,
elle est la plus puissante de ces divisions ayant en plus
deux bataillons de chars D 2 et des unités de cavalerie
Char B1 bis Toulal (382) utilisé lors de la bataille de Stonne en mai 1940. motorisées (automitrailleuses Panhard, chars Somua
Collection particulière, domaine public.
et Hotchkiss).
14
Matériel


La première utilisation au combat
de ce char se déroule à Stonne où son
apparition sur le champ de bataille
crée une panique parmi les troupes
allemandes, appartenant pourtant à un
régiment d’élite de la Wehrmacht, le
régiment « Gross Deutchland ». Le B 1 bis
est quasi invulnérable face aux armes anti-
char classiques (canon de 37 millimètres)
et aux canons de panzers allemands. Seul
le canon de 88 millimètres anti-aérien,
utilisé comme arme anti-char, peut le
neutraliser efficacement.

Photo d’un char B1 bis des Forces françaises de l’Intérieur. Collection particulière.

Son principal handicap est sa faible autonomie. De plus, le dispositif hydrostatique Naëder, permettant
un pointage précis du canon de 75 millimètres en caisse, entraine une surconsommation. Aussi, ce char doit
souvent quitter la zone de combat pour aller se ravitailler et remplir son réservoir de 400 litres, laissant seul
l’infanterie sur le terrain ! De nombreux chars sont abandonnés à cause de pannes d’essence ! Enfin, utilisé
souvent dispersé, sans appui de l’infanterie, ce char de rupture ne peut donner sa pleine mesure dans une guerre
de mouvement pour lequel il n’est pas conçu.

Du fait de sa complexité
technique, le B 1 bis nécessite un
entretien régulier et un abondant
graissage. Dès l’été 1940, les Allemands
récupèrent un grand nombre de ces
chars qu’ils utilisent pendant tout le reste
de la guerre en les adaptant comme chars
lance-flammes ou en les transformant
en canons automoteurs. Plusieurs
sont récupérés lors de la libération en
1944 et, de nouveau, utilisés contre les
Allemands notamment lors des combats
de la poche de Royan. Ainsi, ce char,
d’une complexité technique importante,
ne joue pas le rôle que sa puissance lui
confère. Conçu pour une guerre d’usure,
il n’a pas sa place dans le nouveau type
de guerre imposé par les Allemands. Char B1 bis à la libération. Collection particulière.

Malgré ses défauts, il est apprécié des


équipages.

15
Symbolique
Capitaine Jean-Baptiste Pétrequin

Le bonnet de police dans l’armée de Terre de 1891 à nos jours

60 ans après la dernière description réglementaire, le bonnet de police, familièrement appelé calot, fait son
retour dans l’uniforme de l’armée de Terre. Remplacé par le béret au sortir des guerres coloniales, il demeure tapi
dans les traditions et la nostalgie de nos anciens. Avant toutes choses, redonnons au calot sa place sur le bonnet
de police :
Fond ou fesses :
Calot :
Bandeau :

Passepoil :




Ses origines sont à chercher dans la coiffure de repos ou de salle de
police (locaux d’arrêts) des soldats du XVIIIe siècle, taillée dans la jambe
d’un pantalon usagé et repliée sur la tête à la manière d’un bonnet de nuit.
Le règlement du 25 avril 1767 peut ainsi être considéré comme sa première
description réglementaire : il se porte la pointe soit pendante, soit repliée
dans les flancs. En 1791, le modèle dit à la dragonne des troupes à cheval est
généralisé au détriment du pokalem. Il demeure ainsi jusqu’à la révolution de
juillet 1830, où la pointe est coupée, le calot cousu en son sommet où y pend
une floche. Le képi de petite tenue l’évince en 1874. La décision du 22 juillet
1891 introduit une calotte de campagne et de corvée pour la cavalerie. Son
port est étendu à titre d’essai à tous les autres corps, le 31 décembre 1897. Ne
comportant aucun signe distinctif hormis le grade, il est courant d’y apposer
une patte de collet, une grenade ou un cor de chasse suivant son arme. Les
officiers et adjudants peuvent se faire confectionner cette coiffure, parfois
Calot modèle 1891 dans les années 1910. de forme Empire, en drap fin, agrémentée du passepoil et des galons à la
Collection particulière. Défense.gouv.fr.
couleur distinctive de la subdivision d’arme. Il est par la suite adopté par la
gendarmerie en 1895, puis l’infanterie de marine en 1899.

Durant les premiers mois de guerre, il est fabriqué en velours côtelé


marron, puis bleu horizon, le 28 mai 1915. Le 31 juillet 1915, il est provisoirement
abandonné au profit d’un béret alpin en drap bleu horizon. Les troupes coloniales
et d’Afrique, équipées en drap de nuance moutarde portent le modèle assorti. La
mode du calot Empire, initiée par les officiers avant le conflit se généralise : elle
conduit à l’adoption du modèle 1918, qui a aussi l’avantage d’être plus simple à
confectionner. Ce dernier est destiné à tout l’effectif ne portant pas le béret ou la
chéchia. La décision du 6 novembre 1921 met un terme au bleu horizon, mais
seulement après épuisement des stocks existants : à la mobilisation de 1939,
certains régiments en sont encore pourvus. Le kaki n’apparaît véritablement en
métropole qu’avec la fin des années 20 chez les officiers et adjudants.
Bonnet de police de style Empire durant la
Première Guerre mondiale.
Collection particulière.
16
Symbolique

Au même moment, les tailleurs militaires arrondissent les pointes et le calot adopte un profil moins
proéminent. Au sein des corps, il se pare du numéro du régiment, d’une patte de col usagée, d’une ancre de
marine ou d’un nœud hongrois. Un modèle bleu foncé à passepoil jonquille, souvent porteur d’un cor, devient
réglementaire au sein des chasseurs à pied à partir de 1936. La généralisation de l’usage des galons de combat
incite certains soldats à les coudre sur le côté gauche de leur calot devançant les mesures réglementaires de l’après-
guerre.
En juin 1940, le bonnet de police est la coiffure généralement conservée
par les prisonniers. L’armée d’armistice développe son modèle en 1941, inspiré
du modèle 1918 mais aux bords croisés sur la droite devant et derrière. Le
calot connaît aussi la clandestinité au sein des divers maquis et bataillons des
Forces françaises de l'intérieur (FFI), avant d’incorporer la 1re armée française
lors de l’amalgame de 1944. Auparavant utilisé au sein des Forces françaises
libres (1er bataillon d’infanterie de marine et 1er spahis) pour se distinguer de
l’armée d’armistice, puis au sein du corps expéditionnaire en Italie, le bonnet
de police aux couleurs de traditions apparaît en réaction à l’uniformité des
tenues fournies par les alliés, reprenant la forme du modèle 1918 fantaisie
en drap de couleur avec un soufflet au sommet et un passepoil distinctif.
L’Ordonnance américaine prévoit, quant à elle, d’équiper les troupes françaises
de calots américains avec des cocardes bleu blanc rouge. Voulant affirmer son
Bonnet de police modèle 1918 porté durant la indépendance, l’intendance crée une nouvelle tenue de combat et de sortie en
drôle de guerre, collection particulière.
1944. Le calot y adopte une forme banane très américaine en drap kaki orné
d’un passepoil distinctif.

Le bulletin officiel (BO) du 14 novembre 1946 décrit un bonnet de police


en drap aux couleurs de l’arme. Plusieurs insertions au BO et notices techniques
amendent ce règlement originel. Les troupes coloniales, disposant d’une intendance
propre, adoptent un modèle approchant dès 1947 (BO du 10 janvier 1949). Enfin,
le millésime 1957 officialise l’usage des calots de fantaisie de forme banane. En
1964, le béret bleu foncé le remplace officiellement. La gendarmerie pour sa part n’a
jamais abandonné le bonnet de police.
L’instruction n°10300 du 13 juin 2005 remet au goût du jour le calot en tant
que coiffure de tradition. Porté dans les corps de troupe dans le cadre d’activités
de cohésion, il comporte souvent le numéro ou le symbole du régiment et, parfois
deux boutons de képi ou de gilet d’arme sur le pli avant. Les troupes de marine
reprennent le modèle de leurs aînés de la 1re DFL qu’ils « pipotent ». Dans les faits,
les bonnets de police de traditions sont souvent affublés de divers pin’s : cette mode, Bonnet de police modèle 1949
née d’un mimétisme avec les faluches des écoles de médecine et autres écoles civiles, des troupes coloniales.
Collection particulière.
donne un résultat parfois discutable.

Dernièrement, le général chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) a décidé de réinstaurer le port
du bonnet de police dans le cadre du service intérieur pour les formations ne disposant pas de coiffure spécifique.
Une nouveauté majeure apparaît pour les généraux : un modèle noir et blanc en rupture avec le modèle kaki
d’autrefois. L’évolution de nos armées a conduit certains services ou corps à quitter la sphère d’influence de l’armée
de Terre et à adopter la tenue interarmées.
Pour approfondir ce sujet et découvrir le dossier complet
ainsi que la majorité des modèles décrits cliquez ici :

17
Unité
Unité
Colonel Thierry Noulens

Les groupes de reconnaissance de division d’infanterie

À la fin du XIXe siècle, avec le développement


de la puissance de feu sur le champ de bataille, la
cavalerie française se voit confier la triple mission
de renseigner, couvrir, combattre. Mais, au début
de la Première Guerre mondiale, la cavalerie, mal
employée par le haut commandement obnubilé
par la doctrine d’offensive à outrance, épuise ses
hommes et ses chevaux dans de vaines chevauchées.
Par la suite, la stabilisation du front supprime les
missions de couverture et le renseignement est
White-Laffly AM 50 du 6 groupe d’automitrailleuses. Collection particulière.
e pris en compte progressivement par l’aviation. La
cavalerie n’en commence pas moins sa motorisation
en juin 1916 lorsque les automitrailleuses lui sont attribuées. À la fin du conflit, elle peut encore donner le meilleur
d’elle-même dans les Balkans, avec notamment la chevauchée d’Uskub, ou au Moyen-Orient avec la prise de
Naplouse.
Ces actions d’envergure sont les dernières menées à
cheval tant le moteur s’impose alors sur le champ de bataille.
Cela fait dire à Paul Doumer devant la commission sénatoriale
de l’armée en septembre 1919 : « Dans la dernière guerre, la
cavalerie n’a pas joué le rôle qu’on avait prévu. Son emploi, en
tant que troupe montée, a été à peu près nul pendant la plus
grande partie de la campagne. » Ce jugement sévère et partisan
est partagé par bon nombre de détracteurs de la cavalerie.
Cependant, une arme se définit par ses missions et non par
le matériel qu’elle emploie. Si les jours de la cavalerie à cheval
semblent comptés, ses missions demeurent et doivent être
remplies avec d’autres moyens que le cheval, c’est-à-dire, Automitrailleuse Schneider P16. Collection particulière..
autant que faire se peut, des engins motorisés. La motorisation
de la cavalerie est ardemment souhaitée par les généraux Weygand et Flavigny, mais elle est entamée bien
tardivement pour des raisons essentiellement financières. En septembre 1939, elle est toujours en cours et lors
de la mobilisation, il est mis sur pied des unités de reconnaissance mixtes montées et motorisées.

Les régiments sont encore composés de 2


groupes d’escadrons (GE) à cheval. Chacun est affecté
à un corps d'armée (CA). Le premier GE forme un
groupe de reconnaissance du CA (GRCA), l’autre donne
un escadron à chaque division d’infanterie (DI) du CA
pour former les 2 groupes de reconnaissance de division
d’infanterie (GRDI). Les GR, en plus des escadrons
à cheval à 4 pelotons, doivent recevoir un escadron
cycliste à 3 pelotons, un groupe de mitrailleuses et un
AMD 35 Panhard 178. Collection particulière.
peloton de 4 automitrailleuses (AM).
18
Unité


Pour remplir ses missions, la cavalerie définit
alors trois types d’AM : les AM de combat (AMC), les
AM de reconnaissance (AMR) et les AM de découverte
(AMD). Entre 1923 et 1924, deux programmes sont
lancés pour équiper la cavalerie de nouveaux modèles
d’automitrailleuses. En attendant leur mise en service,
il est prévu d’équiper les GR d’AM « de circonstance »
réalisées avec des voitures Torpedo ou Rochet-Schneider
de réquisition équipées d’une mitrailleuse et de plaques de
blindage.
Trophée pris par le 18e GRDI dans un village allemand lors de l’offensive
de la Sarre. Photo personnelle de l’auteur.

En 1933, une nouvelle organisation est arrêtée pour les GRDI : ils sont composés d’un escadron à cheval,
d’un escadron de motocyclistes et d’un escadron de mitrailleuses et canons antichar (EMC). Seuls les 7 GRDI
entièrement motorisés, numérotés de 1 à 7, prévus alors pour les divisions d’infanterie motorisée doivent être
dotés d’AM. L’escadron à cheval y est remplacé par un escadron mixte de reconnaissance et de découverte à 4
pelotons : deux de 3 AMD et 2 de 5 AMR. Mais le manque d’AM disponibles lors de la mobilisation interdit que
tous les GRDI motorisés en soient équipés. Les 2e et 5e GRDI, formés en septembre 1939 sans AM, ne reçoivent
un escadron de Hotchkiss H 39 et un d’AMD Panhard 178 qu’en avril 1940. Ils sont les deux seuls GRDI équipés
de Hotchkiss H39.

La modernisation du parc d’AM est très lente après la fin de la guerre. En octobre 1918, la cavalerie se dote
de 230 AM White TBC, engins rapidement dépassés. Faute de crédits pour les remplacer, en 1932, une centaine de
ces AM sont remontées sur des châssis Laffly et prennent
l’appellation d’AMD White-Laffly AM50. À partir de
1935, elles sont remplacées progressivement par des
AMD 35 Panhard 178. Ce changement n’est totalement
accompli qu’en avril 1940. En 1930 l’automitrailleuse
semi-chenillée Schneider P16 commence à entrer en
service. Elle est d’abord classée comme AMC puis, en
1937, avec l’entrée en service de nouveaux types d’AMC,
devient une AMR destinée aux GRDI motorisés. Il est
prévu de la remplacer par des Hotchkiss H39 dans le
courant du mois de mai 1940. L’attaque allemande ne
permet pas de le faire et il faut rappeler en catastrophe
les équipages des P16 alors en stage de reconversion à
Embarquement du 1 escadron du 18 GRDI le 7 septembre 1939.
Fontevrault lorsque celle-ci est déclenchée le 10 mai.
er e

Photo personnelle de l’auteur.

Les régiments de cavalerie non endivisionnés doivent fournir le noyau actif des GRDI des DI de série A.
Une loi de 1928 en conserve 5 dont chaque escadron est déjà doté d’un groupement de mitrailleuses. Leur nombre
augmente progressivement. La transformation de deux divisions de cavalerie en division légère mécanique
libère en effet 4 autres régiments. Aux côtés des trois divisions de cavalerie restantes, les 9 régiments sont alors
partiellement motorisés : ils sont composés d’un GE à deux escadrons à cheval, d’un GE à deux escadrons mixtes
motorisés sur motos side-cars et d’un escadron de mitrailleuses et d’engins. Les escadrons d’automitrailleuses des
GRDI motorisés doivent être formés à partir des unités des 6e et 7e d’automitrailleuses.
19
Unité

En 1934, toutes ces unités, à l’exception des 20e et


30e RD, sont regroupées en trois groupements de cavalerie
organiques : le 1er groupement de cavalerie (3e régiment
de hussards, 9e régiment de dragons, 11e régiment de
chasseurs), le 2e groupement de cavalerie (2e régiment
de hussards, 9e régiment de cuirassiers, 10e régiment de
dragons) et le 3e groupement de cavalerie (7e régiment
de chasseurs, 6e groupe d’automitrailleuses, 7e groupe
d’automitrailleuses).

Les GRDI de DI série B sont formés à partir des


centres mobilisateurs de cavalerie. En Afrique du Nord et
Barricade montée par le 18 GRDI sur la Somme à Ham le 18 mai 1940.
e

Photo personnelle de l’auteur.


au Levant, les régiments de cavalerie doivent également
être transformés en 18 GRDI de type « outre-mer ». À
leur arrivée en France, les 7 qui y sont envoyés avec leur division passent sur le « type normal ». En tout, 105
GRDI sont mis sur pied entre septembre 1939 et avril 1940 dont 77 sont présents en France le 10 mai 1940 : 7
GRDI de type « motorisé » pour les divisions d’infanterie motorisée et 70 de type « normal ». En tout, les GRCA
et les GRDI représentent un volume d’environ 75 600 hommes. L’hiver 1939-1940 est particulièrement rigoureux.
Les chevaux de réquisition sont les premiers à en souffrir. Ceux-ci, provenant principalement des régions du
Nord et de l’Est, ne sont guère des chevaux de selle. Beaucoup sont des chevaux d’attelage qui, une fois montés,  
« refusaient le contact du mors à des cavaliers ayant perdu la main et l’assiette, excités par la marche en troupe,
lourds et maladroits à travers le pays, ruisselants de sueur sous leurs cuirs neuf et pas ajustés. » Peu habitués aux
fatigues et à la nourriture de la vie en campagne, beaucoup sont perdus par maladie ou épuisement avant le début
de la campagne. Les motos de réquisition ne valent parfois pas mieux que ces chevaux. Certaines, très usagées,
sont l’objet de bien des déboires. Les véhicules de transports, dont certains portent encore un nom de magasin
sur leur bâche, sont d’un modèle, d’un âge et d’un tonnage très différents, ce qui ne manque pas de poser des
problèmes de maintenance.
L’encadrement manque également d’homogénéité
dans les GRDI des DI de série B qui ne disposent pas de
noyau d’active issu d’un régiment dissous. Y sont affectés
dans chaque escadron un officier d’active (de cavalerie ou de
garde-mobile), trois sous-officiers d’active, deux brigadiers-
chefs d’active et 10 gardes mobiles. Ces unités doivent
donc, en plus des problèmes rencontrés avec les chevaux
et le matériel de réquisition, procéder à l’instruction et à la
cohésion du personnel. Or cette instruction se réalise alors
que la guerre est déjà déclarée et que la menace aérienne
pèse sur les unités. Cependant, avec la stratégie défensive
adoptée par la France, le commandement pense que les Le CES de La Quinitinie du 18e GRDI lors de la défense de la Somme à Ham le
unités ont le temps de monter en puissance au cours de 18 mai 1940. Il pose devant un Hotchkiss H39 qui n’appartient pas au GRDI.
Photo de l’auteur.
l’année 1940.

Les GRDI doivent assurer des missions de reconnaissance, de recherche du renseignement, de


jalonnement de l’ennemi, de couverture ou d’occupation de points. Mais la stratégie purement défensive adoptée
par le commandement français interdit à ces unités faites pour manœuvrer d’être employées comme il se doit. En
septembre 1939, des GRDI sont cependant engagés dans l’action offensive menée dans la Sarre au sein des douze
divisions d’infanterie qui y prennent part.
20
Unité

Les GRDI peuvent à cette occasion remplir


des missions de reconnaissance et de couverture
pour permettre à l’infanterie de se mettre en place.
Ensuite, ils assurent des missions de couverture et de
surveillance. Cette offensive ne donne aucun résultat
important et, à partir du 16 octobre, les unités
repassent la frontière face à un ennemi pourtant peu
mordant. Au cours de la longue période d’attente
de la « drôle de guerre », les GRDI sont employés à
défendre des points d’appui ou à exécuter des coups
de main en formant des corps francs. Les périodes
passées à l’arrière sont mises à profit pour parfaire
Le 18e GRDI subit la première attaque allemande à Ham le 19 mai 1940
l’instruction.
en début d’après-midi. Photo personnelle de l’auteur.

Mais cette longue attente dans des conditions météorologiques parfois très dures use le matériel et les
chevaux dont il faut improviser le remplacement. En outre, si, en avril 1940, huit escadrons sont équipés d’AMD
35 Panhard 178 neuves, les Hotchkiss H39 ne sont pas mis en service suffisamment tôt comme nous l’avons vu
précédemment. Le 10 mai 1940, sont présents en France : 3 GRCA motorisés, 20 GRCA de type normal, 7 GRDI
motorisés avec AM et 70 GRDI de type normal.

Lors de l’attaque allemande, les GRDI sont


employés de diverses façons. Dans les Ardennes, alors
que leurs DI défendent la Meuse de façon statique, ils
sont répartis dans les divisions légères de cavalerie, où
ils subissent le choc des divisions blindées allemandes.
En Belgique, une vingtaine de GRDI couvre la mise
en place de leur DI. Certains d’entre eux sont intégrés
dans les divisions légères mécaniques. Une dizaine
de GRDI pousse jusqu’aux Pays-Bas, dans le cadre
de la manœuvre « Dyle-Breda ». Des groupements
de cavalerie sont parfois formés avec plusieurs
GRDI ou GRCA dans lesquels les éléments montés
sont dissociés des éléments motorisés car ils ne
manœuvrent pas à la même vitesse. Premiers décorés du 18e GRDI après l’offensive de la Sarre.
Photo personnelle de l’auteur.

Le général Weygand résume l’action des GR au cours de la campagne de France de la façon suivante : « Isolés
des grandes formations de leur arme, répartis en enfants perdus, pour elle, de la mer du Nord à la Méditerranée, les
groupes de reconnaissance renseignaient et couvraient les divisions et les corps d’armée auxquels ils étaient attachés,
combattant avec eux et pour eux. En pointe d’avant-garde comme en extrême arrière-garde, ils furent toujours, les
premiers comme les derniers, au contact d’un adversaire plus puissamment armé. » Souvent, les GRDI ont à mener
des combats de front pour lesquels ils ne sont pas prévus. Ainsi, le 6e GRDI (motorisé) est envoyé à Stonne avec
la 3e division d'infanterie motorisée (DIM) où une contre-attaque contre Sedan doit être lancée avec la 3e DCR.
Elle ne l’est pas mais le 6e GRDI doit lutter de front contre les unités de Guderian avec notamment son escadron
équipé de vieilles Schneider P16.

21
Unité


Les GR doivent par la suite couvrir la retraite des
unités d’infanterie, non sans une certaine confusion tant
les moyens de transmission sont faibles. Ils s’installent en
défense de points de passage à un autre comme le 18e GRDI
à Ham. Pressés par les Allemands, toujours en arrière-
garde, certains escadrons à cheval tentent de se dégager
à cheval avec le sabre à la main, comme les cavaliers du
lieutenant Alain de Boissieu qui sont finalement fait
prisonniers.
Le 18e GRDI (23e DI) entre dans le village de Peppenkum en Allemagne lors de
l’offensive de la Sarre. Photo personnelle de l’auteur.

Les GRDI, conçus comme des unités de


découverte, de reconnaissance et de flanc-garde, jouent
donc plus le rôle d’unités de combat car ils manœuvrent
plus vite que l’infanterie. Dans la confusion qui se
développe petit à petit, changeant de subordination
fréquemment, leurs chefs, fidèles au principe de la
cavalerie selon lequel « seule l’inaction est infamante »,
doivent faire preuve d’initiative pour se porter là où leur
présence semble le plus nécessaire. En somme, comme
le souligne le général Touzet du Vigier, les GR, unités «
ayant la pratique des combats sur de vastes espaces, ainsi
que, par tradition, la vocation de se sacrifier au profit des
autres armes, ne se retrouvèrent nullement désorientées par
les missions qui leur furent confiées, même quand, après Le CES de La Quintinie du 18e GRDI devant son poste de
commandement avancé dans la région de Lauterbourg pendant l’hiver
avoir hésité à recourir à leurs services, le commandement 1939-1940. Photo personnelle de l’auteur.

supérieur leur en confia qui excédaient manifestement


leurs faibles moyens. »

Qu’elle soit à cheval ou blindée « la cavalerie est une arme qui ne s’improvise pas » et qui doit être employée
judicieusement pour donner le meilleur d’elle-même. Les GR de 1940, bien que mal outillés pour le combat
moderne, n’ont que plus de mérite à se battre aussi vaillamment. Les GRCA et les GRDI totalisent 39 citations
collectives dont 32 à l’ordre de l’armée, 6 à l’ordre du corps
d’armée et une à l’ordre de la division. Actuellement, au sein
de l’armée de Terre, trois régiments sont héritiers de leurs
traditions, mais seul le 1er régiment étranger de cavalerie
(REC) porte sur son étendard la décoration acquise par
le 97e GRDI qu’il met sur pied. L’étendard du 2e régiment
de hussards (RH), en revanche, ne porte pas la Croix de
guerre avec palme acquise par le 23e GRDI, alors que
son 7e escadron, créé en 2010, en relève les traditions.
L’étendard du 3e RH ne porte pas non plus les trois palmes
auxquelles il devrait avoir droit : celles acquises par le 15e
Les officiers du 18 GRDI à Châlus peu de jours avant la dissolution du
e

groupe le 21 juin 1940. Photo personnelle de l’auteur. GRCA, et les 16e et 32e GRDI.
22
Tradition
Commandant Julien Monange et Émile Pierres

Les « vieux régiments » de Sa Majesté

Henri IV entreprend, après la paix de Vervins en 1598, de réarticuler en profondeur son armée. En
particulier, tous les régiments d’infanterie sont dissous et réduits à leur compagnie Colonelle et leur compagnie
Mestre de camp en vue de leur transformation. Les seuls régiments maintenus sur l’ordre de bataille sont alors les
« Quatre Vieux » existant sous une forme régimentaire depuis 1558 et issus eux-mêmes des anciennes bandes de
Louis XI et des régiments d’Henri II, puis de François Ier : le régiment de Picardie, le régiment de Champagne,
le régiment de Navarre et le régiment de Piémont. Cependant, Henri IV rétablit et crée par la suite de nombreux
régiments jusqu’à son assassinat en 1610.

Louis XIII, qui lui succède, réforme lui aussi l’armée française en créant de
nouveaux régiments dont deux sont assimilés aux Grands Vieux : le régiment
de Normandie et le régiment de la Marine. Étape importante, le Roi érige une
hiérarchie interne qui fixe les rangs de ses régiments : les « Grands Vieux »,
comme à l’accoutumée, sont conservés en tête de l’ordre de bataille, tandis
que viennent ensuite d’autres régiments anciens eux-aussi, et réputés pour
leur valeur, à qui est donné le nom de « Petits Vieux ». Ces derniers sont au
nombre de cinq : le régiment de Béarn, le régiment de Bourbonnais, le régiment
d’Auvergne, le régiment de Flandre, le régiment de Guyenne, et prennent rang
avant les autres régiments d’infanterie, à la suite des Vieux corps. Ils disposent,
ainsi que le régiment du Roi qui leur est assimilé, d’autres privilèges : ils sont
les premiers à recevoir le drapeau blanc, emblème standardisé de la royauté ; ils
ne sont pas dissous après les campagnes, mais simplement réformés ; enfin, à
l’instar des Vieux corps, ils possèdent leur propre prévôt de justice.
Henri d'Harcourt, duc d’Harcourt, marquis de
Beuvron 1654-1718, colonel du régiment de
Picardie, Grand Vieux de l’armée du Roi. Huile sur
toile, 1697.

Sous le règne de Louis XIV, les Grands et Petits Vieux sont maintenus dans leurs privilèges et préséances.
Ces prébendes se font alors aussi connaître pour avoir provoqué, selon le général Louis Suzanne, des contestations
fréquentes entre Grands et Petits Vieux.

Par exemple, les régiments de Piémont et de Champagne se disputent plusieurs


fois le pas entre eux dans les prises d’armes comme à l’assaut, et le disputent même
aux Gardes françaises ; ils le cèdent en revanche toujours sans hésitation au « Grand
Vieux » Picardie, eu égard à sa réputation d’ancienneté quasi immémoriale pour les
soldats, et à sa qualité revendiquée, même au sein des « Grands Vieux », de bande-
mère : même un régiment fort ancien et chatouilleux sur le protocole comme le fier
régiment de Piémont, garde cette déférence constante à l’égard de Picardie.
Mais toutes ces contestations et rivalités se renouvèlent de façon incessante
jusqu’à ce que Louis XIV y remette l’ordre, en fixant définitivement les règlements :
uniformes établis dans leurs coupes et couleurs, mise en place des semestres (règlements
des permissions). Cette classification des régiments de l’armée royale en « Grands » et
« Petits Vieux » dure jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Affiche de recrutement.
Collection particulière.

23
Chronique BD
Capitaine Éva Renucci

Avec le Maréchal Leclerc

2017 marque les soixante-dix ans de la disparition de Philippe de


Hauteclocque. À cette occasion, la Fondation maréchal Leclerc de
Hauteclocque, associée à l’Association des anciens combattants de la
2e division blindée (DB), ont souhaité lui rendre un hommage via un
média accessible aux plus jeunes : une bande dessinée. La réalisation
est confiée aux Éditions du Triomphe, connues pour leurs portraits
de figures militaires (commandant Massoud, Vauban, Lyautey...) ou
des séries à succès concernant la Légion ou les troupes de marine par
exemple.
La glorieuse épopée de la 2e DB depuis la Seconde Guerre
mondiale jusqu’à nos jours est l’objet de plusieurs ouvrages dessinés
(Dynamic, Toni cyclone 15. La division Leclerc, Leclerc, La 2 e DB: Le
chemin de la liberté, Les marsouins de Leclerc, De Koufra à Kaboul
– 1941-2009, La Nueve, Lignes de front T9 Division Leclerc) et la vie
du maréchal elle-même fait le thème de divers ouvrages illustrés,
qu’il s’agisse d’un récit publié dans Le journal de Tintin, d’un buvard
publicitaire ou encore d’un tome de la série Biggles raconte centré sur
le tragique accident d’avion qui lui coûte la vie.

Au contraire de tous ces ouvrages qui


se focalisent essentiellement sur la Seconde
Guerre mondiale, celui-ci prend le parti de
s’étendre davantage sur le parcours et les choix
qui vont transformer un obscur capitaine
en « chevalier Bayard des temps modernes ».
Y sont aussi décrits son rôle après-guerre en
Indochine comme commandant supérieur
des troupes en Extrême-Orient et son ultime
mission d’inspecteur des forces terrestres,
maritimes et aériennes en Afrique du Nord.
L’approche scénaristique comme le dessin
sont somme toute classiques mais efficaces,
laissant la part belle aux anecdotes et à certains
épisodes moins connus tels que la mission que
le lieutenant Philippe de Hauteclocque mène
à l’été 1933 au Maroc, bien qu’officiellement
en permission ou encore ses évasions qui
le mènent de la France vaincue à la France
libre. Il permet tout à fait aux « enfants de
France, [de] rêve[r] d'être un jour des Leclerc,
[d’apprendre] ce que vaut une libre volonté
française » selon le mot du général de Gaulle.
P. 7 ©Editions du Triomphe.

24
Chronique BD

Du fait de la richesse des détails, le lecteur ne se trouve pas en terrain inconnu s’il poursuit son exploration
en lisant la biographie de Jean-Christophe Notin ou s’il se rend au Musée-Mémorial du XVe arrondissement de
Paris. Dans ce dernier cas, les cartes proposées dans l’espace d’exposition permanente permettent de mesurer
les distances réelles d’un périple que le récit dynamique proposé par la BD tend à effacer.

P. 16 © Éditions du Triomphe. Fonds du Musée du général Leclerc de Hauteclocque et


de la Libération de Paris. Musée Jean Moulin ©RNI

Par ailleurs, la lecture


en parallèle de Avec de Lattre de
Tassigny, commis par le même
duo de scénariste et d’illustrateur,
complète avantageusement le
propos de cet album en raison des
références explicites ou implicites
qui y sont faites. Elle permet en outre
de mieux appréhender les parcours
de deux chefs que tout oppose et
qui entretiennent des « rapports
personnels très médiocres » au point
que soit menée entre eux une lutte
farouche pour éviter l’intégration de
la 2e DB dans la 1re armée française en
septembre 1944.

P. 36 © Éditions du Triomphe.

Visionnez la vidéo « libération depuis l'afrique »:

25
Portrait
Lieutenant-colonel Olivier Lahaie

Le sergent Charles Antoine : un des « Corps-francs »

Charles Antoine naît à Nancy en 1893. Incorporé au 160e régiment d’infanterie (RI), il entre en campagne
en août 1914. En 1915, Antoine se bat en Picardie, puis en Champagne.

En 1916, son unité rejoint Verdun. En avril, Antoine est muté


au 29 RI et part en Lorraine. En mai, le voici aux Éparges. La
e

guerre de mines fait rage et il entend l’ennemi creuser une sape


: peu après la relève, une explosion dévastatrice se produit. Le 29e
remonte en ligne à l’extrémité de l’éperon des Éparges ; en juin 1916,
il le quitte pour Bar-le-Duc, puis Souville où les Allemands tentent une
ultime percée. Nommé caporal, Antoine connaît des moments pénibles,
tourmenté par la soif et des myriades de mouches à cadavres. Fleury
commande l’accès de la vallée de la Meuse et change 16 fois de mains. Les
Allemands renoncent le 12 juillet. Le 29e a perdu 30 % de son effectif. Il est
Insigne du 29e régiment
d’infanterie. envoyé en août vers Péronne pour l’offensive de la Somme; à l’approche Insigne du 160d’infanterie.
régiment
e

Collection particulière.
de l’hiver, il reçoit l’ordre de s’enterrer. Collection particulière.

En avril 1917, le 29e s’installe sur le mont Cornillet. L’armée traverse une crise morale ; la discipline se
resserre. Antoine demande une mutation dans les corps-francs. Suite à un coup de main, il fait un prisonnier et
ramène son fusil ; le tout est expédié à l’état-major pour en tirer des renseignements. Malheureusement, certaines
sorties occasionnent de lourdes pertes. En novembre, Antoine est blessé au visage et subit une opération sans
anesthésie. Après sa convalescence, il réintègre son régiment.

Début 1918, Antoine est nommé sergent « faisant fonction de chef de section ». En mars, le 29e rejoint la
Somme ; il s’agit d’assurer la jonction avec les Britanniques. Quelques jours plus tard, Antoine reçoit la Médaille
militaire ; il a aussi le privilège d’être décoré par le roi de Serbie qui visite le front. Passés les honneurs, la guerre
reprend ses droits... Au cours d’une attaque, Antoine parvient jusqu’à la troisième ligne de tranchées allemandes,
fait 15 prisonniers et ramène aussi un fusil « antitank ». En septembre, le 29e monte en ligne près de Montdidier en
vue de l’attaque de la ligne Hindenburg. Le 25, Antoine manque d’être tué par un obus qui, par chance, n’éclate
pas ; il fait encore 20 prisonniers. Blessé à la face par un shrapnell et contraint de redescendre vers l’arrière,
il s’arrête soigner un blessé isolé. Au nombre de
cadavres étendus, il constate amèrement que son
régiment a chèrement payé son avance. Antoine
est évacué sur l’hôpital américain de Neuilly.
Début octobre, il bénéficie d’une permission
à Nancy. En novembre, Antoine retrouve son
unité près de Laon. Les Allemands se rendent
en masse. L’armistice survient brusquement... Le
sergent Charles Antoine - qui estime n’avoir fait
que son devoir depuis 1914 et refuse donc qu’on le
qualifie de « héros » - est fait chevalier de la Légion
d’honneur. Il est démobilisé en septembre 1919,
Obus à Schrapnell. Photo collection particulière, libre de droit. après 72 mois de service actif, dont 52 de guerre.
26
Littérature
Capitaine Jean-Baptiste Pétrequin

Le journal du Général Buat

La parution chez Perrin du Journal du général Edmond Buat apporte un témoignage quotidien essentiel
des différents affectations ou postes qu’il occupe entre 1914 et 1923. Il se présente sous la forme de 12 cahiers,
débutant le 6 août 1914 pour se terminer le 23 décembre 1923, une semaine avant sa mort. Tous les soirs ou presque,
il s’astreint à consigner scrupuleusement ses journées, ses faits, mais aussi ses pensées et ses impressions. Le présent
ouvrage retranscrit fidèlement ses douze cahiers jusque-là détenus par sa famille.
Nous sommes en présence d’un document d’archive remarquable permettant
d’appréhender l’histoire de la Première Guerre mondiale et du début des années 20
au prisme d’un chef militaire de haut niveau. La préface de Georges-Henri Soutou
apporte un éclairage global permettant une immersion immédiate efficacement
appuyée par la présentation et les annotations du colonel Frédéric Guelton.
Fils d’officier du génie, le général Édmond Alphonse Léon Buat choisit
l’artillerie à sa sortie de Polytechnique en 1889. En avril 1895, il se classe major du
concours de l’École supérieure de guerre (ESG), dont il sort second, deux ans plus
tard. Après un court passage dans l’artillerie, il sert comme officier d’ordonnance du
général Bonnal (1900), du gouverneur militaire de Lyon (1904), du général Lacroix
(1906), puis sous-chef du cabinet du ministre en 1911. Avant la Première Guerre
mondiale, il occupe les fonctions de professeur adjoint au cours d’histoire militaire,
de stratégie et de tactique à l’ESG. Durant le conflit, il prend la tête de la 245e brigade
d’infanterie (BI), puis de la 7 e et de la 121e division d’infanterie (DI), des 2e et 7e
corps d’armée (CA) pour terminer par la 5e armée. Il accède au poste de chef d’état-
major de l’armée en janvier 1920 et ce, jusqu’à sa mort, le 30 décembre 1923. Au cours de ses affectations, il a côtoyé
de grands noms de l’histoire militaire de cette époque : Foch, Pétain, Churchill, Pershing, Millerand, Pilsudski... La
richesse de son parcours souffre de se voir réduite à de tels raccourcis.

Chaque carnet traite d’une affectation ou d’un poste qu’il tient alors. Après
un premier cahier réservé au mois d’août 1914, le deuxième parle de son passage au
cabinet du ministre de la guerre jusqu’à fin 1915. Les deux suivants sont ceux d’une
première phase de commandement opérationnel avec la 245e BI et la 121e DI. Puis
le cinquième le trouve à la réserve générale de l’artillerie où s’évertue à développer
une artillerie interalliée. Sa seconde période de commandement opérationnel à la
tête d’un corps d’armée puis de la 5e armée l’emmène en juin 1918 où il rejoint le
grand quartier général pour y finir la guerre dans un septième cahier. Le huitième
reste celui de l’incertitude de l’immédiat après-guerre et d’une certaine forme
de disgrâce. Les quatre derniers cahiers le suivent alors qu’il est à la tête de l’état-
major général de l’armée, auprès du ministre de la guerre, dont il voit la valse des
prétendants. De janvier 1920 à décembre 1923, il est partie prenante de toutes les Le général Buat. Wikipédia.
grandes décisions affectant les armées. Sa relation particulière avec Millerand lui Domaine public.

attire aussi des inimitiés.


En conclusion, cette sincérité journalière crée un témoignage qui par certains aspects confine au documentaire
de par sa précision, sa hauteur de vue et sa finesse d’analyse. Rares sont les sujets ou les avis émis qui sont contredits
par l’Histoire. Ceci doit toutefois être pondéré par la position du général Buat dans le jeu d’influence entre son état-
major, affilié au Conseil supérieur de guerre dont le vice-président est le maréchal Pétain, et celui du maréchal Foch
alors à la tête de l’état-major interallié à Versailles. Officier général d’exception, il a depuis trop longtemps vécu
dans l’ombre des grands généraux de la Première Guerre mondiale et mérite véritablement d’être redécouvert.
27
Quiz
Lieutenant (R) Rémi Mazauric

Connaissez-vous nos OPEX ?


« Serval » et « Tacaud »

Qu’est-ce qu’un serval ?


1. Un félin du désert ?
2. Une pièce automobile ?
Écusson de l’opération « Serval ».
3. Un type de nœud marin ?
Collection particulière.

Réponse : un serval est un félin de la sous-famille des félinés


vivant en Afrique intertropicale en particulier dans les savanes
et les forêts-galeries. Agile et possédant de grandes capacités
d’endurance, il se nourrit de rongeurs et de grenouilles.
L’opération Serval est menée à partir de janvier 2013 sur
demande des autorités maliennes pour stopper l'avancée de
groupes terroristes en direction de Bamako et les repousser vers
le Nord. Elle vise aussi à aider le Mali à retrouver son intégrité
territoriale et sa souveraineté. Un soldat de l’opération Serval se rafraichissant.
Crédit SIRPA TERRE IMAGE. O. DEBES.

Qu’est qu’un tacaud ?


1. Un jeu de cartes ?
2. Un type de poisson ?
3. Un personnage de Star Wars ?
Insigne de l’opération Tacaud avec la
particularité de ne pas avoir le tacaud
comme symbole.
Collection particulière.

Réponse : le tacaud est un poisson de la famille des gadidés se


déplaçant en petits bancs. Se nourrissant de crustacés, petits
poissons, mollusques et vers, il est reconnaissable à ses taches
noires situées sur la nageoire pelvienne. L’opération Tacaud
déclenchée en 1978 consiste en l’intervention de l’armée
française aux côtés de l’armée tchadienne pour contrer les
forces antigouvernementales du Frolinat (Front de Libération
national du Tchad) soutenues par la Libye.
Dans le cadre de l'opération Tacaud au Tchad, une patrouille
conjointe entre le 1er régiment étranger de cavalerie (REC) et la
gendarmerie tchadienne s'arrête dans un village de nomades.
Juin 1978, Roland Pellegrino. ECPAD.

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