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La gloire militaire

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Artillerie de la Grande Armée
sur le champ de bataille.
Aquarelle par Giuseppe Rava.
©Rava/Leemage.

La victoire de
l’artillerie
Auerstaedt 14 octobre 1806
À l’aube du 14 octobre 1806, le maréchal Davout donne l’ordre à
ses hommes de se diriger vers la ville d’Apolda. Le brouillard vient
de se lever. La 3e division du général Gudin, en tête du dispositif
français, franchit la Saale au pont de Kösen et atteint le village
d’Hassenhausen. Le terrain que le maréchal Davout a sous ses yeux
est limité à l’est et au sud par la Saale, rivière non guéable, à l’ouest
par les crêtes du Voksberg et au nord par une ligne de collines boi- Mustapha
sés: le Spielberg. Le plateau sur lequel il se trouve domine la dépres- Marouche
sion de Taugwitz où se situent les villages de Taugwitz, Poppel, Diplômé de l’université,
il est l’auteur d’un
Lissdorf, Zecchwär, etc. Au sud, se trouve le village de Rehehausen. master dirigé
Ce dernier est situé au sommet d’un promontoire, le Sonnenkuppe. par Bernard Gainot et
intitulé Le rôle de
l’artillerie française à
la bataille d’Auerstaedt
(14 octobre 1806).

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Le maréchal Davout à Auerstaedt vers 10 h
du matin. Au second plan, le 21e de ligne.
Aquarelle par Jack Girbal. Coll. part.
La gloire militaire
L’artillerie à Auerstaedt

À
6h30, les soldats de la 3e divi-
sion se heurtent à l’avant-
garde de l’armée prussienne :
600 cavaliers. Les 25e et 85e
régiments d’infanterie forment des carrés.
Deux canons de 8 livres sont disposés aux
cotés des hommes du 25e régiment. Les
Prussiens attaquent mais les artilleurs du
général Gudin interviennent. Les soldats
de Frédéric-Guillaume III se replient. Les
subordonnés du duc de Brunswick ne se
découragent pas. Ils disposent en effet de
huit canons (batterie montée Graumann):

Les tirs de mousquets


et de mitraille
occasionnèrent
la majorité des
blessures reçues. possession du village. Pendant ce temps, durant cette phase de la bataille est cer-
il donne l’ordre à ses artilleurs, situés près tain: les canonniers se trouvaient à envi-
ils donnent donc l’ordre à leurs canon- de la dépression de Taugwitz, d’ouvrir le ron cent mètres de leurs adversaires. Les
niers d’ouvrir le feu. Le 25e régiment feu sur les soldats du général Schmettau. rapports rédigés par les généraux français
d’infanterie doit reculer avant de contre- Impressionné par la puissance de feu des après la bataille indiquent en effet que ce
attaquer victorieusement. Cette manœu- six canons de 12 et des quatre pièces de 8, furent des tirs de mousquets et de mitraille
vre s’effectue en bon ordre grâce au sou- le subordonné du duc de Brunswick s’ar- qui occasionnèrent la majorité des bles-
tien des artilleurs. Le succès des soldats et rête : il décide d’attendre l’arrivée du sures reçues par les servants des pièces.
des canonniers napoléoniens s’explique général Wartensleblen – qui vient de Le fusil qui équipait les fantassins prus-
aisément. Lors de la campagne d’Égypte quitter les villages Taugwitz et de siens avait une portée effective de 150 m
(1798-1799), ces hommes se sont déjà Rehehausen – avant de contre-attaquer. environ. Les balles métalliques contenues
battu contre des cavaliers. L’engagement des artilleurs français dans les boîtes à mitraille avaient, quant à
Le général en chef de l’armée elles, une portée comprise entre
Prussienne, le duc de Brunswick, 30 et 100 m.
comprend à cet instant qu’il a sous-
estimé ses adversaires : les soldats LES COMBATS AU NORD
Français sont très nombreux. Il D’HASSENHAUSEN
donne l’ordre au général Schmettau Au nord d’Hassenhausen, 1200
de se mettre en ordre de bataille; il cavaliers accompagnés de
pourra ainsi acquérir un avantage pièces de canons (batterie mon-
certain. Le maréchal Davout est tée Merkatz) se dirigent vers le
conscient de la gravité de la situation. pont de Kösen. Si les Prussiens
S’il laisse à l’ennemi le temps de se réussissent à s’emparer de cet
déployer, il combattra dans des objectif, ils encercleront com-
conditions très défavorables. Le plus plètement les Français. S’il veut
jeune maréchal de la promotion résister, le maréchal doit conser-
1804 décide donc de prendre ver l’initiative. Le fils de Jean-
Hassenhausen pour gêner les François Davout lance donc
Prussiens: le 85e régiment d’infante-
rie ainsi que deux canons de 8 se Situation d’Auerstaedt.
dirigent vers ledit point et prennent Carte Jean-François Krause.

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du général Blücher s’enfuient vers Eckartsberg.
Le début de la campagne Charles-Etienne Gudin a repoussé la tentative
d’enveloppement. Le succès des Français
s’explique dans une large mesure par les disposi-
Le 26 septembre 1806, « le gouvernement prussien adresse un ultima-
tions prises par le maréchal Davout : quelques
tum. À moins que Napoléon ne retire ses forces au-delà du Rhin, la
jours avant la bataille, les artilleurs et les soldats
Prusse déclarera la guerre […]. L’armée prussienne est organisée en
de la 3e division s’étaient en effet entrainés à com-
trois armées […]. la première commandée par Brunswick (75 000
battre ensemble au sein de carrés. Réduire la com-
hommes), la seconde par Hohenlohe (42 000 hommes) […] la troi-
préhension de la victoire française aux seules
sième par les généraux Rüchel et Blücher (29 000 hommes) […]. Pour mesures prises par l’ancien pensionnaire de
détruire les forces prussiennes avant leur jonction avec les Russes l’école militaire d’Auxerre serait réducteur. Le
(toujours en guerre), la Grande Armée […] conduire un mouvement manque d’expérience des soldats de Frédéric-
vers le nord-est vers Gera, Leipzig puis Berlin […] en trois colonnes [… Guillaume III peut également être invoqué.
]. À l’est […] Soult suivi par Ney […] soit 50 000 hommes dont 10 000 Comme le souligne Robert Ouvrard « la Prusse
Bavarois. Bernadotte commande le centre, suivi par Davout, la est en paix depuis 1795 […] les cavaliers prus-
réserve de Cavalerie et la Garde impériale soit 70 000 hommes sur siens n’avaient aucune expérience d’une forma-
l’axe Kronach-Schleiz. Le 5e corps sous le commandement de Lannes tion entière se déplaçant au galop [ils] n’en
progresse à l’Ouest. Il est suivi par Augereau sur l’axe Coburg- avaientpasfaitl'apprentissage.»
Grafenthal-Saalfeld, soit 40 000 hommes […] le 9 octobre, Lannes bat
les Prussiens à Schleiz, à l’est de la Saale puis les engage le 10 à QUI PRENDRA LE VILLAGE DE SPIELBERG ?
Saalfeld […]. Napoléon donne le 13 l’ordre […] de […]. marcher sur À 8 h 30, le brouillard se dissipe. Davout donne
Iéna […]. Suite aux ordres de l’Empereur […] Davout donne les ordres l’ordre à la 2e division française du général Friant
à ses généraux pour se porter sur Apolda. » (François Chauvancy, La et aux 1 300 cavaliers du général Viallanes qui
gloire du 3e corps d’armée de Davout dans la campagne de prusse viennent de franchir la Saale de se placer à la
1806-1807 – www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/la- droite du général Gudin. Le village de Spielberg,
gloire-du-3e-corps-darmee-de-davout-dans-la-campagne-de-prusse- le bois bordant celui-ci et une hauteur avoisinant
de-1806-1807/). ce dernier sont les objectifs assignés à Louis
Friant. Bien que sa division ait seulement huit

dans la bataille d’autres composantes de la 3e divi-


sion : les 12e et 21e régiments de ligne, trois
canons de 8 livres, deux canons de 4 livres ainsi
qu’un obusier. Ces hommes devront former des
carrés. Les pièces d’artillerie jouent un rôle impor-
tant dans le dispositif imaginé par Louis-Nicolas
Davout. Elles permettront en effet aux soldats du
général Gudin de disposer d’une puissance de feu
importante. Le commandant du 3e corps a parti-
cipé à la bataille du bois de Bellin: il sait que «la
puissancedufeuestsupérieureauchoc.»
La stratégie de l’ancien pensionnaire de l’école
militaire de Paris fonctionne parfaitement. Les
soldats placés sous les ordres de Gebhard
Leberecht von Blücher multiplient en vain les
attaques. Les Français résistent. Le général
Prussien décide donc de changer de tactique et de
diviser ses forces: une partie de sa cavalerie char-
gera les canonniers. Un autre échelon attaquera
l’infanterie privée de soutien. Cette stratégie a
pour but de briser la coopération interarmes de la
3e division. Le Prussien sait en effet que l’effica-
cité de la défense française repose sur l’étroite col-
laboration entre l’infanterie et l’artillerie. À ce
moment, ses canonniers commettent une erreur et
se mettent à tirer sur les cavaliers engagés. Cette
mauvaise coordination se révèle fatale: les soldats

Artilleurs à pied.
Aquarelle par le capitaine Rozat de Mandres.
Coll. part.

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La gloire militaire
explique cet échec. Les généraux de Frédéric-
L’artillerie à Auerstaedt Guillaume III utilisaient en effet la tactique de «l’or-
dre oblique ». Dans la tactique « inventée » par
Frédéric II, les soldats se déplacent en ligne et lente-
ment. En d’autres termes, ils constituent une cible
facile pour l’artillerie française. Le maréchal Davout
canons, le général Français la divise en trois batte- connaît parfaitement cet état de fait ; il a en sa pos-
ries tactiques. La première commandée par le session les documents suivants : Dispostion zum
capitaine Chemin comprend deux canons de Manœuvreaufden18.September1800 et Zumers-
8 livres. La deuxième est commandée par le lieu- tenManöverbeyPotsdamden21.September1800.
tenant Jaulte et a deux canons de 4. La troisième Malgré cet échec, les généraux prussiens ne se
est composée de trois canons de 8 et un obusier. découragent pas: ils ordonnent une nouvelle charge.
Elle est commandée par le capitaine Jarry. En Les dragons de la brigade de cavalerie Irwing atta-
d’autres termes, le divisionnaire français place les quent donc les hommes du 85e régiment. Ces der-
pièces ayant un calibre plus important sous la niers sont trop épuisés : ils évacuent le village
conduite d’officiers expérimentés. Le capitaine d’Hassenhausen et
Chemin est en effet artilleur depuis plus de dix ans forment un carré
et le capitaine Jarry sert dans le 7e régiment d’ar- imparfait à trois Ces pièces constitueront
tillerie depuis 1779. Le subordonné du maréchal côtés ; deux pièces
Davout exécute les ordres de son supérieur. Les sont positionnées aux
des points d’appui autour
hommes du 33e, du 48e de ligne et du lieutenant angles. Ces pièces desquels les soldats
Jaulte se dirigent vers le bois de Spielberg. Les constitueront des
hommes du 108e, du 111e régiment, du capitaine points d’appui autour pourront se regrouper.
Chemin et du lieutenant Jarry, quant à eux, atta- desquels les
quent le village de Spielberg. soldats pourront se
Le duc de Brunswick n’est pas surpris par l’offen- regrouper. Ils pourront ainsi se battre plus efficace-
sive du général Friant. Il réorganise son dispositif ment contre les Prussiens. Le carré français n’est pas
et donne l’ordre à une partie des hommes du géné- statique. Malgré les charges des cavaliers, les soldats
ral Schmettau de se diriger au nord du champ du 85e régiment résistent. À 10 h 30, le général en
de bataille. Les soldats du général Wartens- chef de l’armée prussienne est atteint d’une balle.
leben, quant à eux, attaqueront le village Malgré son inexpérience militaire, le roi de Prusse
d’Hassenhausen où est retranché le 85e régiment. prend le commandement de son armée. Il ordonne
Le généraux Schmettau exécute les ordres de son aux grenadiers Hanstein de se retrancher dans le vil-
supérieur: il donne l’ordre à son artillerie d’ouvrir lage d’Hassenhausen. Des canons de 12 sont mis à
le feu sur les soldats napoléoniens. Les soldats du disposition de ces hommes.
général Friant parviennent cependant à s’emparer
du village de Spielberg. La coopération étroite
entre l’artillerie et l’infanterie françaises explique
le succès des Français. Les canonniers ont affaibli
en effet la résistance des Prussiens.
Une fois ses objectifs atteints, Louis Friant se
dirige vers le ruisseau du Zackwar mais face à la
contre-attaque du général Prussien, il doit se
replier. Malgré sa supériorité numérique, le fils de
Samuel Von Schmettau n’arrive pas à déborder les
Français: l’artillerie française, postée sur les hau-
teurs, l’en empêche.

QUI GARDERA CELUI


D’HASSENHAUSEN ?
L’attaque du général
Wartensleben, quant à elle,
échoue elle aussi. La stratégie
adoptée par les Prussiens

Canon de 4 avec son avant-


train, système Gribeauval.
Dessin par Victor Huen.
Coll. part.

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LA REPRISE DU VILLAGE repousser cette unité, il ordonne à son Canonnier d’artillerie
D’HASSENHAUSEN artillerie d’ouvrir le feu contre les forces à cheval prussien en tenue
Charles-Antoine Morand rejoint son du général ennemi. Gêné par la fumée de campagne en 1806.
supérieur à cet instant. Louis-Nicolas dégagée par les canons de la 1re divi- Aquarelle par A. Yégov.
Coll. part.
Davout donne l’ordre à son subordonné sion, le comte de Wartensleben
de reprendre le village d’Hassenhausen. donne l’ordre à ses hommes de se
Une partie des forces de la 1re division replier. Les Français sont sans doute
sous les ordres du général d’Honnières très nombreux.
(13e léger, deux canons de 4 livres) se met Les soldats du 3e corps
donc en marche et repousse les Prussiens. avancent ensuite en
Pendant ce temps, les autres composantes direction du village
de la division du général Morand se de Rehehausen et
déploient sur la gauche du général Gudin, du promontoire du
entre le village d’Hassenhausen et la Sonnenkuppe. À cet
Saale. L’artillerie est concentrée au centre instant, ils se heurtent
du dispositif Français. Paraître aux yeux aux chasseurs de
des Prussiens comme étant beaucoup plus Weimar et aux grena-
fort qu’il n’est en réalité: tel est l’objectif diers de la Garde. Les
de Charles-Antoine Morand. artilleurs tirent sur les
L’époux de Louise de Prusse n’est pas Prussiens qui reculent.
impressionné par ce déploiement. Il
donne l’ordre à l’infanterie du général OBJECTIF :
Wartensleben et à la cavalerie du Prince LE PROMONTOIRE
Guillaume de Prusse (hussards de DU SONNENKUPPE
Blücher et de Wurtemberg, etc.) de se Après avoir repoussé les
mettre en ordre de bataille et d’attaquer la chasseurs de Weimar et
1re division. Le prince Guillaume de les grenadiers de la garde,
Prusse ne suit pas ces instructions. Il n’at- le général de la 1re divi-
tend pas que le général Wartensleben l’ait sion se heurte au général
rejoint et attaque les Français seul. Kunheim. Malgré ses
Charles-Louis Morand ordonne immédia- efforts, Charles-Antoine
tement à ses hommes de former des car- Morand ne parvient pas
rés; les pièces d’artillerie seront placées à faire reculer son
aux angles. Les canons jouent un rôle adversaire. L’infanterie
important dans le dispositif mis en place et l’artillerie prussiennes
par le général de la 1re division. coopèrent en effet parfai-
Positionnés entre chaque carré, ils per- tement entre elles. Dans
mettront de multiplier les angles de tir. ses mémoires, le capitaine
Le plan du général Morand fonctionne d’artillerie Séruzier donne
parfaitement et ses hommes repoussent force détails sur cet épi-
les attaques des cavaliers ennemis les sode : « Je fais tirer à
unes après les autres. Le général Prussien volontémespiècespaires,
essaye certes de concentrer ses efforts etjemeporteparunmou-
vers les coins des carrés, le point faible du vement rapide avec mes
dispositif français, mais ses charges piècesimpairesjusquesur
échouent et il doit se replier. Le général le flanc gauche de l’en-
napoléonien ne peut exploiter son succès nemi.Cettemanœuvre(…)
à cause de l’arrivée sur le champ de nefutpointaperçuàcause
bataille de la division Wartensleben. Pour de la promptitude et de la
fumée qui s’élevait des
piècesquicontinuaientleur
Calibre et poids feu (…) je dirige ma
mitrailleetmesobussurles
Le calibre d’une pièce correspond au piècesennemies:tousleurs
poids – exprimé en livres – du projec- canonnierssonttués,avec
tile. Un canon de 8 tire un boulet de la presque totalité de
8 livres (environ 4 kg). Un canon de leurssoldatsdutrain.»
6 tire un boulet pesant 6 livres Peu de temps avant la
(environ 3 kg). bataille d’Auerstaedt,
le baron de Séruzier

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La gloire militaire
L’artillerie à Auerstaedt autour du village de Poppel et du 6 heures du matin. Les cavaliers du
promontoire du Sonnenkuppe canonnent général Viallanes, eux, sont trop peu
ses soldats stationnés dans la cuvette de nombreux. Pour transformer cette retraite
Taugwitz. Certes, les hommes de la bri- en déroute, le maréchal Davout donne
gade Lützow stationnés devant donc l’ordre aux artilleurs placés sous son
commandement direct et aux
L’organisation de canonniers du général Gudin
s’était entretenu avec le général d’artille- d’ouvrir le feu sur les
rie Sorbier. La succès Français ne doit l’artillerie du 3e corps Prussiens; seuls «desdébris
donc pas être attribué au seul capitaine de [de l’armée prussienne] […]
la 1re division. Grâce à l’intervention de a été peu orthodoxe mais parviennent à […] rallier
son subordonné, le général Morand peut
installer son artillerie au sommet du pro-
elle a « permis une flexibi- […] la chaussée de
Weimar ». La bataille
montoire du Sonnenkuppe et canonner lité tactique immense ». d’Auersatedt est gagnée à
les Prussiens. 16 h 30. Les pertes sont
Pendant ce temps, les hommes du général Hassenhausen ont réussi à briser la coo- lourdes pour les deux camps: le 3e corps a
Friant repoussent les soldats de pération interarmes des fantassins et des perdu environ 7 000 hommes. L’armée
Schmettau et prennent possession de artilleurs du général d’Honnières et à faire prussienne, quant à elle, a perdu environ
Poppel. Louis Friant installe immédiate- reculer ce dernier mais leur succès est 13 000 hommes (10 000 tués, blessés et
ment son artillerie autour du village. Il est relatif et ils doivent se replier. 3 000 prisonniers) et 115 canons.
13 heures. La situation est critique pour À Auerstaedt, l’organisation de l’artillerie
Frédéric-Guillaume III : l’artillerie des LA RETRAITE DES PRUSSIENS du 3e corps a été peu orthodoxe mais elle
généraux Friant et Morand déployés À 14 heures, le roi de Prusse donne l’or- a « permis une flexibilité tactique
dre à ses hommes de reculer mais en bon immense». Les batteries du général Gudin
Charge des hussards de Blücher
ordre. Les soldats du 3e corps ne peuvent ont été «manœuvrées par des sections à
à Auerstaedt (14 octobre 1806). poursuivre les Prussiens. Les fantassins deuxcanonsetattachéesoudétachéesà
Aquarelle par A. Yégov. Coll. part. sont épuisés : ils combattent depuis uneunitéaubesoin.»

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Davout et trois régiments de la division Gudin
résistant à la cavalerie de Blücher à Auerstaedt.
BIBLIO
Aquarelle par Alfred Paris.
Coll. part.
François-Guy HOURTOULLE, Iéna,
Auerstaedtletriomphedel’aigle, Histoire
et collections, Paris, 1998.
Robert OUVRARD, 14 octobre1806 :l’ar-
méeprussiennevoleenéclats.Lesraisons
d’une déroute http://www.histoire-empire.
org/1806/iena/armee_prussienne_1806.htm
Daniel REICHEL, Davout et l’art de la
guerre : recherches sur la formation, l’ac-
tionpendantlaRévolutionetlescomman-
dements du maréchal Davout, duc
d’Auerstaedt, prince d’Eckmühl (1770-
1823), Centre d’Histoire : Delachaux et
Niestlé, Paris, 1975.
Et plus particulièrement sur l’artillerie fran-
çaise à la bataille d’Auerstaedt :
Robert BURNHAM, French artillery of
the battle of Auersatedt, http ://marechal.
davout.
free.fr/Artillerie_Auerstaedt.htm (page
consultée le 15 avril 2009).
Mustapha MAROUCHE, Lerôledel’artil-
lerie française à la bataille d’Auerstaedt
(14 octobre1806), master 2, sous la direc-
tion de B. Gainot, 2009.
Jean-Théodore-Joseph SERUZIER, Mé-
moiresmilitairesdubaronSéruzier, Paris,
Garnier frères, 1823.

Louis Friant a utilisé ses pièces pour pallier son infé-


riorité numérique. L’artillerie du général Morand a
également joué un rôle important. Grâce aux feux de
leurs pièces, les artilleurs de la 1re division ont put
induire les subordonnés de Frédéric-Guillaume III
en erreur. Gênés par la fumée des canons, ils ont
éprouvé les plus grandes difficultés à évaluer le

Davout face à Brunswick nombre de Français leur faisant face. La réserve


d’artillerie, quant à elle, a permis de gagner un temps
précieux. Grâce à son intervention, les soldats de
Le 3e corps de la Grande Armée est commandé par le maréchal Louis- Louis Friant ont eu le temps de franchir la Saale et
Nicolas Davout. Les trois divisions de cette unité sont sous les ordres ont pu se battre aux côtés des hommes de Charles-
des généraux Morand, Friant et Gudin. Les commandants français Étienne Gudin.
ont sous leurs ordres environ 28 000 hommes. L’artillerie est forte de L’artillerie française a donc contribué, dans une
46 pièces : 40 canons et 6 obusiers. Le maréchal Davout a sous son large mesure, à la victoire du maréchal Davout.
commandement direct dix-sept pièces. Le général Morand dispose Pourtant, peu d’historiens – hormis Daniel Reichel
de treize pièces. Les généraux Friant et Gudin, quant à eux, dirigent et Robert Burnham – se sont intéressé au rôle de
chacun huit pièces. l’artillerie française. Philippe Pétain, François-
L’armée prussienne est sous les ordres du duc de Brunswick et du roi Guy Hourtoulle, Robert Ouvrard, ou bien encore
de Prusse, Frédéric-Guillaume III. Elle est composée de trois divisions Jacques Garnier ont privilégié dans leurs travaux
et d’un corps de réserve sous les ordres du Prince d’Orange, des les axes suivants pour expliquer la victoire napo-
généraux Wartensleben, Schmettau et Kalkreuth. Les commandants léonienne : le génie tactique du maréchal Davout,
Prussiens ont à leur disposition environ 60 000 hommes ainsi que la qualité intrinsèque de l’infanterie française ainsi
230 canons et obusiers. que le manque d’expérience et d’encadrement de
l’armée prussienne. N

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