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This is crazy
ISBN : 9791038106826
Zara
— Alors, quels sont tes projets pour les vacances d’hiver ? me demande
ma sœur jumelle, Zoé.
Nous sommes en pleine discussion sur FaceTime. Je me laisse aller contre
le dossier de ma chaise et regarde les gouttes d’eau qui s’attardent sur la
vitre de la petite fenêtre de mon bureau à la maison. Nous vivons toutes les
deux à New York maintenant, mais elle habite à Soho, dans le loft de mon
beau-frère, Max, alors que je suis à Brooklyn, chez ma belle-sœur Karrie.
C’est sans surprise que nous nous sommes toutes deux retrouvées à New
York. Nos parents vivent à Long Island et mon frère, Matthew, est le
capitaine des Stingers de New York. Mon beau-frère, Max, est l’assistant de
l’équipe. Ces deux-là se détestaient à une époque, mais aujourd’hui, ils sont
toujours fourrés l’un avec l’autre.
— Je n’en ai aucune idée. Je dois demander à Ed, lui réponds-je, en
parlant de mon petit-ami.
Nous sortons ensemble depuis plus d’un an, maintenant ; je viens tout
juste de rencontrer ses parents et il a rencontré les miens.
— J’ai l’impression qu’il va se passer quelque chose d’énorme.
Elle écarquille les yeux.
— C’est pas vrai. Énorme dans quel genre ? Comme dans «
emménageons ensemble », ou plutôt « achetons un manoir et faisons-le
commissionner par ta sœur » ? plaisante-t-elle, et je me mets à rire.
Elle est un agent immobilier prometteur et elle est lentement en train de
devenir la meilleure dans son domaine.
— Je ne sais pas, lui avouai-je.
Je me redresse et croise les bras sur le bureau, penchée vers l’ordinateur.
Je travaille depuis chez moi, aujourd’hui, mais je vais devoir aller au bureau
demain matin. Et quand je dis bureau, je parle de Nordstrom. J’ai obtenu
l’emploi rêvé, en tant qu’assistante shopping. J’ai commencé tout au bas de
la chaîne – évidemment, ma famille est venue et je les ai tous habillés –,
mais j’ai fini par me faire un nom, quand Tyler Beckett est entré dans ma
boutique avec Jessica, sa fiancée de l’époque, et que je l’ai vêtue pour le
tapis rouge d’un événement durant lequel sa robe a été fichue en l’air. Ils
font presque partie de la royauté, à Hollywood, et je les ai habillés. C’était
un honneur, mais ce qu’il s’est passé ensuite était surréaliste. On dit qu’il
suffit d’une personne, et c’est la vérité. Depuis, les gens me demandent moi,
personnellement. Aujourd’hui, je me constitue peu à peu une clientèle pour
pouvoir ouvrir ma propre entreprise, que j’appellerai La Garde-Robe de
Zara. La bonne nouvelle, c’est que même les designers me contactent pour
me donner des échantillons. C’est un rêve devenu réalité.
— J’ai juste l’impression que quelque chose va se passer, mais je n’arrive
pas à mettre le doigt dessus.
— Eh bien, il va peut-être enfin te faire sa demande, dit-elle.
— Ne dis pas ça, lui réponds-je, les yeux écarquillés. Ça porte malheur.
Tu te souviens quand tu as parlé du bal de promo ?
Elle lève les yeux au ciel.
— Ce n’était pas si grave. On a toutes les deux récupéré les bizuts les
mieux cotés de l’année ! réplique-t-elle avec un sourire narquois. On a aussi
voyagé en limousine Hummer.
— Et nous n’avons pas perdu notre virginité, comme nous l’avions prévu,
me souvins-je. Ces bizuts ne voulaient même pas nous tenir la main.
— C’est parce que Matthew leur avait fait son sermon à propos du
coupage de bite avant qu’ils arrivent, me rappelle-t-elle.
Vu qu’il a dix-sept ans de plus que nous, notre frère nous garde toujours
éloignées des mecs.
— C’est bien ce que je dis, lâché-je.
— On s’est fait jeter deux jours avant le bal de promo, parce que tu as
décidé que ce serait une bonne idée de placer une puce sur son téléphone,
dit-elle en secouant la tête.
— J’ai fait ça car j’avais le pressentiment qu’il me trompait et j’avais
raison. Je le sentais dans mes tripes, insisté-je, en frappant le bureau du plat
de la main.
Je savais qu’il me trompait. Je l’avais senti, parce qu’il était devenu évasif
et qu’il était subitement toujours occupé.
— Tu as remplacé sa photo dans l’album de l’année par celle d’un
cochon, se remémore-t-elle.
Elle rit ouvertement, maintenant, et c’est tout sauf discret.
— Tu m’as aidée, rappelé-je. C’est toi qui t’es infiltrée dans le foyer
étudiant et qui as changé la photo.
Elle se contente de secouer la tête et j’entends alors la sonnette de la porte
retentir.
— Je dois y aller. Ed est rentré, je t’appelle demain.
— Sauf si tu te retrouves fiancée, auquel cas tu devras m’appeler
immédiatement, me dit-elle avant que je raccroche.
Je m’écarte du bureau, me lève et descends les marches jusqu’à la porte
d’entrée. La sonnette retentit à nouveau dès que j’arrive devant la porte et je
la déverrouille.
— Salut, lancé-je, en adressant un sourire à un Ed renfrogné.
— Il pleut dehors et il t’a fallu une éternité pour venir ouvrir.
Il ôte sa veste et m’asperge d’eau au passage.
— Eh bien, bonjour à toi aussi, marmonné-je.
Je ferme la porte derrière lui, alors qu’il retire ses chaussures.
— Je ne savais pas que tu arrivais, ajouté-je. Tu n’as pas envoyé de
message.
— Je passais dans le coin, m’explique-t-il. Je rendais visite à un client.
Je souris et m’avance vers lui. Avec mon mètre soixante-quinze, je fais la
même taille que lui. Quand je porte des talons, je suis plus grande – et il
déteste ça –, alors je n’en mets que quand il n’est pas là. Il porte un costume
taillé sur mesure ; je le sais, parce que c’est moi qui le lui ai fait. Il est
conseiller financier dans un gros cabinet de Wall Street, et il commence à se
faire un nom.
— Je me doutais que tu allais passer.
Il ne me regarde pas dans les yeux et mon estomac commence à se nouer.
— Tu as le temps de rester pour le déjeuner ou tu es juste là pour une
visite éclair ?
Je m’avance vers lui et pose la main sur son ventre, avant de glisser mon
bras autour de ses épaules.
— En fait, dit-il en s’écartant, allons nous asseoir sur le canapé pour
discuter.
Rien qu’à la façon dont il dit ça, je sais qu’il se passe quelque chose.
— Qu’est-ce qu’il y a ? lui demandé-je, immobile devant la porte. Tu te
comportes vraiment bizarrement.
Il enfonce les mains dans ses poches et je le scrute du regard.
— Écoute.
Je grimace. Quand quelqu’un commence sa phrase par « écoute », cela
n’annonce jamais rien de bon.
— Ça va trop vite entre nous, continue-t-il.
Je croise les bras sur ma poitrine.
— Je suis sous pression au boulot et, eh bien, je crois que j’ai juste besoin
de…
— Tu es en train de rompre avec moi ? l’interrogé-je.
Je ne suis même pas sûre d’avoir besoin de poser la question.
— Ce n’est pas vraiment une rupture, je veux juste prendre un peu de
recul, faire une pause.
Il parle d’une voix douce, et j’ai envie de pleurer, mais j’ai encore plus
envie de lui foncer dessus.
Je lève une main et pointe le doigt vers lui.
— Si tu me fais le coup du « ce n’est pas toi, c’est moi »…
Je m’interromps avant de le menacer.
— Je suis désolé, dit-il doucement.
Il récupère sa veste et s’avance vers moi ; je lève une main pour l’arrêter.
Il se contente de hocher la tête, avant de passer la porte. Je le regarde partir
à travers le verre dépoli, tandis qu’il monte dans sa voiture citadine. Je me
dirige vers l’escalier, me retourne et m’assieds sur les marches. Mon
téléphone bipe dans ma main et, quand je baisse les yeux, je vois que c’est
Zoé. J’aurais pu jurer que nous ressentions la douleur l’une de l’autre.
Je compose son numéro.
— Ne me dis pas, dit-elle d’un ton bas.
— Il a rompu avec moi, dis-je.
Je plaque une main sur ma bouche pour empêcher les sanglots de me
ravager.
— Je suis là dans dix minutes, répond-elle, avant de raccrocher.
Et je sais que, où qu’elle soit, elle sera là dans dix minutes.
DEUX
Zara
***
Le reste de la semaine s’est déroulé sans incident notable. J’ai été
débordée de travail, avec l’arrivée de la saison estivale et les gens qui
commencent déjà à composer leur garde-robe d’été.
Je suis penchée en avant pour remonter la fermeture de ma bottine à hauts
talons et en daim noir, quand la sonnette retentit, mais la porte s’ouvre
presque aussitôt après.
— Bonjour, entends-je chantonner en français, et je sais que c’est
Vivienne.
— On est là, crie Zoé devant l’escalier.
— J’arrive, lancé-je.
J’attrape ma veste en daim noir et l’enfile. Puis j’ôte mes cheveux de sous
la veste et je récupère mon écharpe en tricot grise pour l’enrouler autour de
mon cou. Je descends les marches et les cherche dans le salon, mais il est
vide. J’entends des gloussements, et je devine qu’elles sont très
probablement dans la cuisine. Quand j’entre dans la pièce, Vivienne est en
train de porter un toast avec son verre de vin.
— Seigneur, on a compris, lâche-t-elle. Tu es en deuil.
Je baisse les yeux sur ma tenue. OK, jean noir et T-shirt assorti.
Je rejette la tête en arrière et je ris.
— Je vous jure que je ne l’ai pas fait exprès, assuré-je, en pressant une
main sur mon ventre. Je vous le jure.
— Viens, portons un toast, dit Vivi.
Je m’avance vers le comptoir, tandis qu’elle me verse un verre de vin
blanc.
— À ton frère et à Max.
Je penche ma tête en arrière avec un gémissement.
— Combien de temps est-ce que ces toasts de départ à la retraite vont
durer ? demandé-je, avant d’engloutir mon verre.
— Ce n’est pas tous les jours qu’on prend sa retraite, réplique Zoé, et je la
fusille du regard.
— Ils ne sont même pas à la retraite. Ils prennent leur retraite…
J’avale un peu plus de vin avant de terminer :
— Dans trois mois. Nous leur portons des toasts depuis qu’ils l’ont
annoncé, en août.
— Ce n’est pas moi qui fais les règles, je ne fais que les suivre, dit Vivi,
en agitant les sourcils. Maintenant, allons-y avant de nous retrouver
coincées dans la circulation.
Je termine mon vin, puis pose les verres dans l’évier et cours les rejoindre
dans la voiture.
— Eh bien, voilà qui est surprenant, dis-je en entrant.
Cela me vaut un coup de poing dans le biceps de la part de Zoé.
— Aïe, m’exclamé-je, en me touchant le bras. Je remarquais juste qu’il
était surprenant qu’Ed travaille un samedi.
Elle lève de nouveau le poing et je recule d’un bond.
— Assez.
Nous roulons vers le stade, toutes les trois accaparées par nos téléphones,
plutôt que de nous parler.
— Tu suis encore Ed sur les réseaux ? me demande ma sœur.
Je me tourne vers elle.
— Non, réponds-je en secouant la tête. Je l’ai bloqué. Pourquoi ?
— Hum, dit-elle, et je lui prends son téléphone des mains.
Là, sur l’écran, est affichée une photo Instagram d’Ed en compagnie
d’une brune.
Je l’étudie et Vivi se penche devant Zoé pour voir.
— C’est peut-être une amie du boulot.
— Oui, répond Vivi. Qu’il baise.
J’ouvre la bouche, mais elle continue :
— Elle a une main posée sur son ventre et la sienne est sur son épaule.
Je baisse les yeux et vois qu’elle a raison.
— On ne pose comme ça qu’avec une personne face à qui on s’est
retrouvé tout nu.
— Non, c’est faux, dis-je.
Je tourne les yeux vers Zoé, pour chercher un peu de soutien, et elle
hausse les épaules.
— J’ai posé comme ça avec Justin un nombre incalculable de fois, assuré-
je, en parlant de notre petit frère.
Je regarde Vivi, qui arbore une grimace dégoûtée.
— Je ne crois pas que tu aies fait ça.
Je prends mon propre téléphone et fais défiler notre album à tous les deux.
Avec son mètre quatre-vingt-dix, mon frère est un monstre. Il a des cheveux
noir brillant et des yeux bleu clair, le clone parfait de mon père.
— OK, très bien, admets-je, une fois que j’ai regardé toutes les photos,
sans en trouver une seule qui soutienne ma cause.
Je prends le téléphone de Zoé et regarde les photos d’Ed ; il n’y en a
qu’une seule avec cette femme.
— Brenda.
— Elle a l’air horrible, remarque Zoé, en posant une main sur mon bras.
— Elle a l’air du genre à ne pas lui donner de sexe anal, ajoute Vivi, en
regardant son propre téléphone. Et il a l’air d’un type qui n’a plus reçu de
pipe digne de ce nom depuis que tu l’as quitté.
— Il n’aimait pas vraiment les préliminaires, réponds-je, presque dans un
murmure.
Vivi lève vivement la tête. Elle me regarde comme si je venais de lui dire
que le père Noël n’avait jamais existé.
— Quoi ? dit-elle à voix basse.
J’aurais pu jurer qu’elle était sur le point de pleurer.
— Je veux dire, on en faisait, mais chaque fois, c’était moi qui voulais.
Je regarde Zoé, qui se contente de secouer la tête pour me conseiller de ne
pas continuer, mais les mots sortent malgré moi de ma bouche :
— Il n’était pas intéressé.
Vivi plaque une main sur sa bouche.
— Tu es sûre que tu faisais ça bien ?
Je lève les mains au ciel et réplique :
— Oui, j’en suis sûre. J’ai même regardé un porno avant, pour m’assurer
de bien, tu sais…
Je fais un mouvement de la tête d’avant en arrière.
— Mais est-ce qu’il…
Elle baisse les yeux sur mon vagin, avant de relever la tête et de terminer :
— Tu sais ?
— Stop, lâche Zoé. Vous feriez mieux d’arrêter là.
— Une fois, lui dis-je, et il n’a pas vraiment aimé ça.
— Oh, mon Dieu, lance Vivienne, en donnant une tape sur la vitre.
Combien de fois vous couchiez ensemble, tous les deux ?
— Environ deux fois, lui réponds-je.
— Par semaine ? m’interroge-t-elle.
— Par mois, rectifié-je. Il était occupé et stressé.
Elle laisse aller sa tête en arrière et gémit.
— Mais pendant ces deux fois, ça durait des heures, n’est-ce pas ? Genre,
toute la nuit ?
C’est à mon tour d’être choquée et j’émets un hoquet.
— Non. Je veux dire, c’est difficile pour les hommes de la lever de
nouveau après…
Je mime l’action de grossir et de rétrécir avec mes mains.
— C’est encore pire que je le pensais, dit Vivi.
Zoé tourne alors les yeux vers elle et lance :
— Oh, fais-moi confiance, c’est même pire que ça.
Vivi reporte son regard sur moi.
— Il n’y avait de fin heureuse que pour l’un d’entre eux, explique Zoé.
— Tu te fiches de moi, s’écrie Vivienne à pleins poumons, alors que la
voiture s’arrête.
— J’ai eu des fins heureuses, rétorqué-je.
J’adresse un regard noir à Zoé, qui me le rend.
— Toute seule, ajouté-je.
Vivienne n’a pas l’occasion de répondre, parce que sa portière vient de
s’ouvrir et qu’elle doit sortir.
Je donne une tape sur le bras de Zoé et elle rit. Elle sort de la voiture et je
la suis.
— Ça explique pourquoi tu portes toujours du noir, remarque Vivienne.
Je tourne la tête vers elle.
— On peut éviter de parler de ça, s’il vous plaît ? demandé-je, et elle se
contente de hocher la tête.
— Mes lèvres sont scellées, mais, ma chérie, tu as besoin de tirer un coup.
Elle se détourne alors et s’avance vers l’entrée empruntée par les joueurs
et les membres de leur famille.
— Pour ce qui est de demain, en revanche, c’est une tout autre histoire.
— Oh, mon Dieu.
Je regarde le plafond bétonné et sens Zoé passer un bras autour de mon
épaule.
— Ça pourrait être pire, dit-elle, et je tourne la tête vers elle. Nous
pourrions être dans un club de strip-tease masculin, en ce moment, et tu
pourrais être couverte de lubrifiant.
Je ferme les yeux pour visualiser la scène.
— Ne garde pas les yeux fermés trop longtemps.
Je secoue la tête et entre dans le stade, sans trop savoir ce qui m’attend ce
soir.
Zara
Evan
Zara
Evan
Zara
Evan
Zara
Je sens son baiser s’attarder sur ma joue, alors que je ferme la porte
derrière lui. Mes mains tremblent tandis que je fais le tour de la maison,
pour éteindre les lumières. Je monte ensuite dans ma chambre. Je suis
épuisée et tendue. Tendue, parce que j’ai envie d’aller assister à son match
de hockey, mais que je sais que je ne pourrais pas faire ça sans que cela
revienne aux oreilles de mon frère. Tendue, parce que j’ai envie de
l’accompagner à cette soirée casino, et tendue, parce que je n’avais envie
que d’une chose : qu’il m’embrasse avant de partir.
Je me fais couler un bain, le temps de me déshabiller et d’allumer les
bougies. Je m’enfonce lentement dans l’eau chaude et attends que la tension
quitte mon corps. Généralement, je suis douée pour fermer mon esprit et
lâcher prise, mais pas ce soir. Ce soir, tout ce que je vois quand je ferme les
yeux, c’est lui. Il sourit, rit et me regarde droit dans les yeux. J’abandonne
l’idée de me détendre et sors du bain, puis m’enveloppe dans une immense
serviette blanche et moelleuse. Je me dirige vers ma chambre, me glisse
sous les draps et prends mon téléphone pour regarder mes messages. Je ne
peux pas m’occuper des messages de Zoé pour l’instant ni du fait qu’elle a
lancé une discussion de groupe. Au lieu de ça, je vais sur Instagram et vois
que j’ai laissé l’application ouverte sur la page d’Evan.
Je clique sur ma propre page et retourne à mes demandes d’amis ; le nom
d’Evan est tout en haut. Je ne sais pas si je devrais le faire ou pas, mais mon
doigt a d’autres projets, et je clique sur confirmer.
Je pose mon téléphone et éteins la lampe de chevet à côté de mon lit. Mon
appareil sonne et je vois qu’il s’agit d’Evan.
— Salut, dis-je doucement.
— Est-ce que ça veut dire qu’on a franchi un cap ? s’enquiert-il, et je le
vois sourire dans ma tête.
— Ne te réjouis pas trop vite. J’ai juste accepté pour l’instant, et demain,
je te bloquerai.
Je pince les lèvres pour retenir un sourire en l’entendant émettre un son
moqueur.
— Qu’est-ce que tu fais ? m’interroge-t-il, et je l’entends se déplacer.
— Je viens de sortir du bain, et maintenant je suis dans mon lit. Et toi ?
J’entends des sons laissant penser qu’il est en train de se coucher.
— Je sortais de la douche quand j’ai reçu la notification.
J’écoute sa voix et j’essaie d’imaginer ce qu’il porte pour dormir.
— Là, je suis en train de me mettre au lit. Je dois être sur la patinoire à
neuf heures pour l’entraînement.
— Tu devrais dormir, lui conseillé-je, en regardant le réveil.
— Tu y as réfléchi ? sussurre-t-il d’une voix onctueuse.
Je ferme les yeux et l’imagine à mes côtés.
— Viens me voir, douce Zara.
— Je vais y réfléchir, lui assuré-je, mais je vais te laisser tranquille pour
l’instant, pour que tu puisses dormir.
— Fais de beaux rêves, douce Zara, dit-il, sa voix est à peine plus forte
qu’un murmure.
— Bonne nuit, réponds-je.
Je raccroche avant de lui hurler que je viendrai au match et chez lui. Que
je lui donnerai tout ce qu’il veut. Qu’est-ce qui m’arrive, bon sang ? Je ne
suis jamais comme ça, jamais. Il m’a fallu cinq rencards avec Ed avant qu’il
me manque, ou que j’aie envie qu’il me manque, en tout cas. Je lève une
main et la plaque sur mon front. Je devrais peut-être appeler Denise, la sœur
de Max, pour lui demander de m’examiner et vérifier si je vais bien.
Je ferme les yeux et je passe toute la nuit à me tourner et me retourner
dans mon lit. Je fais des rêves bizarres, extrêmement réalistes : Evan est ici
avec moi ou bien je suis quelque part sur une immense pelouse. C’est
tellement étrange que, quand mon alarme sonne à huit heures, j’émets un
grognement avant de l’éteindre. Mais bientôt, l’odeur du café emplit l’air et
je me redresse dans le lit, les couvertures retombant de mon corps nu.
— Il y a quelqu’un ? crié-je.
— Sérieusement ? lance Zoé, en arrivant en haut des marches. Tu entends
un bruit et, plutôt que de te lever pour appeler le 911, tu hurles ?
Elle entre dans la chambre, deux tasses de café dans les mains. Elle porte
un pantalon de yoga et un T-shirt, et ses cheveux sont noués sur sa tête.
— Je ne connais pas beaucoup de voleurs qui entrent dans les maisons et
se font du café, répliqué-je.
Je m’assieds dans le lit et presse le drap contre ma poitrine.
— Donne, dis-je en tendant la main vers une tasse.
C’est alors que j’entends la porte s’ouvrir et se refermer en claquant.
— J’ai apporté des bagels ! s’écrie Vivienne, et je tourne les yeux vers
Zoé.
La porte s’ouvre de nouveau et, cette fois, je perçois d’autres voix.
— Tu viens d’arriver ?
Je regarde Zoé.
— Que se passe-t-il ? lui demandé-je.
J’entends des pieds se ruer dans l’escalier.
— Salut, lance Zoé quand Vivienne, Karrie et Allison entrent dans ma
chambre, vêtues à peu près de la même façon que Zoé.
— Je ne savais pas que les vêtements étaient optionnels, dans cette fête,
remarque Vivienne.
Je me contente de secouer la tête, tandis qu’Allison vient s’asseoir sur le
lit.
— Ce lit est confortable. Tu as remplacé le matelas ? me demande-t-elle,
et je tourne les yeux vers elle.
— Évidemment, réponds-je. Je ne savais pas si toi et Max aviez couché
sur l’autre.
— Non, me répond-elle. Il a toujours refusé d’entrer dans la maison, au
cas où Matthew aurait installé des caméras, rit-elle. Mais j’ai fait remplacer
celui de Karrie, quand elle vivait ici avec Matthew, parce que, eh bien, on
sait tous qu’ils jouaient au Twister tout nus dessus.
Nous regardons toutes Karrie, qui se contente de hausser les épaules.
— Il m’a menotté à ce lit, une fois, remarque-t-elle avec un sourire.
Pendant trois jours.
Elle vient s’asseoir près de moi à son tour.
— Mon Dieu, c’était le bon vieux temps, ajoute-t-elle.
Allison, Zara et moi faisons semblant de vomir en la voyant prendre un air
rêveur.
— Qu’est-ce que vous faites toutes ici ? finis-je par demander.
— Zoé a organisé une réunion d’urgence, explique Allison, en me prenant
la tasse de café des mains. On a dû se lever à six heures trente pour arriver
ici. Et j’ai juste entendu Max gémir, vu qu’ils ne sont rentrés qu’hier soir.
— OK, habille-toi, me dit Zoé. Pendant ce temps, on va préparer le petit
déjeuner.
— Pourquoi est-ce qu’on a une réunion d’urgence ? demandé-je.
Je n’aurais pas dû poser la question, vu que je sais ce que va répondre
Zoé.
— Evan est venu dîner hier soir, dit-elle, et tout le monde émet un hoquet
de surprise.
— Il a pris l’avion depuis Dallas pour dîner avec toi ? demande Allison.
Vivienne se met à parcourir la pièce des yeux.
— Il est encore là ? demande-t-elle, la bouche et les yeux grand ouverts.
Je l’ai reluqué. Il a l’air d’en avoir une grosse.
Elle place ses deux mains au niveau de son entrejambe pour être sûre de
bien se faire comprendre.
— Oh, mon Dieu, il est ici ? répète Allison.
Elle descend du lit et court jusqu’à la salle de bains, pendant que Karrie se
précipite à l’étage, là où se trouve mon bureau.
— Il n’est pas là, leur hurlé-je, avant de tourner les yeux vers Zoé. Meuf,
secret de jumelle.
— Désolée, répond-elle, en haussant les épaules. Je ne crois pas pouvoir
gérer ça toute seule.
— Sortez, dis-je en quittant mon lit, toute nue.
Allison se tourne vers moi et remarque :
— Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour avoir tes jambes.
— Je tuerais pour avoir ses fesses, ajoute Karrie.
Je m’avance jusqu’à la penderie, récupère un string, puis enfile un
pantalon de yoga et un corsage avec soutien-gorge intégré.
Quand je ressors, elles sont toujours là, à discuter de leur corps tout en se
tenant côte à côte.
— Je croyais que vous alliez préparer le petit déjeuner ?
— Oh merde, oui ! s’exclame Karrie. J’avais oublié.
Elle se retourne et sort de la chambre, mais nous la suivons toutes.
Juste au moment où elle arrive à la dernière marche, la sonnerie de la
porte retentit.
— Sérieusement, j’ai l’impression d’être à la gare Centrale, lâché-je, alors
que Karrie se dirige vers la porte.
Quand j’arrive au bas de l’escalier, je regarde au coin du couloir et émets
un hoquet de stupéfaction.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? demandé-je, alors qu’elle rentre dans la
maison avec le plus gros bouquet de fleurs que j’aie jamais vu de ma vie.
— Ce sont des fleurs de Vénus ? demande Vivienne.
Les fleurs sont dans une boîte en carton rouge, et les roses à la teinte pâle
forment comme un dôme au-dessus.
— Où est la carte ? demandé-je, et elles tournent toutes la tête vers moi.
Karrie se rend au salon et place les fleurs au centre de la table. Je
m’approche et récupère la carte blanche accrochée sur le côté.
Je l’ouvre et ne peux empêcher un sourire de s’étaler sur mon visage.
Passe une excellente journée, douce Zara.
E.
— Qu’est-ce que ça dit ? demande Zoé.
Vivienne passe aussitôt à l’action.
— Il nous faut un verre, dit-elle.
Elle court dans la cuisine, puis revient avec une bouteille de prosecco et
quatre verres.
Karrie s’avance jusqu’à la porte d’entrée et rapporte cinq boîtes de
nourriture.
— On s’est arrêtées pour les récupérer en chemin.
— On a des viennoiseries, des muffins, des scones, des croissants et des
donuts, dit Allison.
Elle prend une boîte et l’ouvre, puis fait la même chose avec toutes les
autres et les places autour de l’énorme bouquet.
— Il a payé plus de mille dollars pour ces fleurs, remarque Zoé.
Je la regarde, tandis qu’elle tourne son téléphone face à moi.
— Mille dollars.
— Oh merde, lance Vivienne, alors qu’elle est en train de remplir un
verre.
— Commençons par le début, propose Allison.
Elle prend un verre à Vivienne, puis se dirige vers le canapé et s’y assied.
— Et ne néglige aucun détail.
Je hausse les épaules.
— Il n’y a vraiment pas grand-chose à dire. Il est venu à Jersey pour son
match de ce soir, commencé-je.
Assise sur le tapis devant la cheminée, j’attends que les quatre filles soient
assises sur le canapé et m’accordent toutes leur attention.
— Il est arrivé à mon boulot et il a acheté deux costumes, et je ne suis
même pas sûre qu’il en ait besoin.
— Tu l’as fait payer ? demande Vivienne.
— Il a payé pour les costumes, réponds-je, et elle incline la tête de côté.
Mais je ne l’ai pas facturé pour mon temps.
— Tu fais payer le double à Matthew, me rappelle Karrie.
— C’est parce qu’il est horrible quand il fait du shopping. Il a retourné
cinq des costumes que je lui avais achetés, l’année dernière. Cinq, lui
rappelé-je en levant les mains au ciel.
— Bref, nous interrompt Allison. Continue.
— Donc, il se pointe, et ensuite il pète quasiment un plomb à cause de
Roman, repris-je, me remémorant ce détail.
— Qu’est-ce que tu veux dire, par péter un plomb ? demande Allison. Du
genre « mec, fais gaffe » ou « mec, tu as plutôt intérêt à dégager » ?
— Plutôt la deuxième proposition, réponds-je, et je vois ses yeux
s’arrondir. Bref, après ça il m’a tenu la portière ouverte et m’a aidée à
monter dans sa voiture. Ensuite, on est arrivés ici et il m’a dit de rester
assise pour qu’il puisse m’aider à descendre.
— Attends, quoi ? m’interroge Vivienne. Il t’a tenu la portière ouverte ?
— Quel connard, lance Zoé d’un ton sarcastique, et je la fusille du regard.
Je ne prends pas la peine de lui répondre. Au lieu de ça, je continue :
— Ensuite, on est rentrés, et il était là à me demander si je savais faire la
cuisine, et moi je lui ai rétorqué « tu peux construire une maison ? »
— Je suis arrivée, et je crois qu’ils étaient sur le point de s’embrasser, dit
Zoé avec ce qui ressemble à de la jubilation dans la voix.
— Tu rigoles, lâche Karrie, avant d’attraper la bouteille pour remplir son
verre.
— On parlait de ce qu’on allait manger, répliqué-je, et ce n’est pas un
mensonge.
— Il avait son bras passé autour de son épaule tout du long.
Je lève les yeux au ciel. Allison ricane.
— Et il m’a proposé de me joindre à eux pour le dîner.
Karrie se met à rire et se donne une tape sur la jambe.
— Attends, attends, la suite est encore meilleure, dit Zoé en riant. Il lui a
dit de s’asseoir et de manger.
Karrie et Allison se redressent toutes les deux.
— Il est carrément foutu.
— Il veut que j’aille assister au match de ce soir.
— Tu détestes le hockey, rappelle Zoé.
— Et il veut aussi que je lui rende visite et que je participe à la soirée
casino qu’organise son équipe, ajouté-je.
C’est à cet instant que la sonnerie retentit de nouveau. Je me lève et me
dirige vers la porte. Je la déverrouille et suis stupéfaite de voir deux
personnes à la porte, dont l’une tient un énorme panier de fruits dans les
bras.
— Oh, mon Dieu, dit quelqu’un derrière moi.
Je tends la main vers le panier de fruits, puis le donne à Zoé pour pouvoir
prendre la grosse boîte blanche qu’on me tend.
Je les remercie et referme la porte, avant de me rendre au salon.
— Si tu ne veux pas sortir avec lui, je le ferai, remarque Vivienne. Enfin,
je ne sortirai pas vraiment avec lui. Je coucherai avec lui pour toi.
Je sais qu’elle plaisante, parce que c’est son genre, mais ça me dérange.
Zoé dépose le panier de fruits et me tend la carte.
— Il n’y a plus de place pour quoi que ce soit sur cette table.
J’ouvre le mot, et tout fait un bond en moi : mon cœur, mon ventre, tout…
Pour ma douce Zara.
Je tends la message à Zoé, parce que je ne pense pas être capable de parler
sans avoir l’air tout étourdie. J’ouvre la boîte et laisse échapper un grand
éclat de rire. Il y a un maillot de Dallas, un T-shirt, un sweater et une
casquette de baseball. Il y a mon nom en haut du carton, et je sais qu’il a
écrit celle-là lui-même.
Juste au cas où tu t’aventurerais à sortir ce soir, voici quatre tickets
pour le match. Et ça risque de me porter la poisse si tu n’as pas mon
maillot ! E.
— Oh mince alors, dis-je à voix haute.
Je laisse la carte passer entre les mains des filles pendant que je vais
chercher mon téléphone à l’étage. J’affiche son nom, mais je ne sais pas si
je devrais l’appeler ou me contenter d’un texto, alors je redescends.
— Je devrais envoyer un message ou l’appeler ?
— Il t’a expédié des fleurs qui coûtent mille dollars, un panier de fruits et
pour sept cents dollars de produits dérivés, répond Vivienne. Tu dois aller le
voir et te mettre toute nue.
— NON, s’exclament Karrie et Allison à l’unisson.
— Je viendrai avec toi ce soir, dit Zoé, en s’avançant vers moi, et je sais
qu’elle essaie de me soutenir. Je pourrai travailler pendant le match.
— Et si Matthew et Max le découvrent ? demandé-je, en regardant Karrie
et Allison.
— Eh bien, la rumeur dit que vous sortez ensemble, alors nous n’aurons
qu’à dire ça. C’est une rumeur, déclare Allison, les yeux tournés vers
Karrie.
— Ouais, exactement, renchérit cette dernière. Mais si cela n’avait rien à
voir avec Matthew et Max ? Et si c’était juste un type normal qui t’avait
proposé un rencard ? Qu’est-ce que tu ferais ?
— J’irais, rétorqué-je en toute honnêteté.
Sans réfléchir, sans le moindre doute, j’irais.
— Dans ce cas, oublie ce qu’en diront les garçons, répond Allison.
— Officiellement, je suis à cent pour cent contre cette histoire de rencard,
intervient Vivienne. Officieusement, je pense que tu devrais le baiser,
jusqu’à ce que sa cervelle lui sorte par les oreilles.
— Appelle-le et dis-lui que tu seras là ce soir.
— Ou… ajoute Karrie, tu y vas et tu lui fais la surprise.
— C’est une excellente idée, lance Allison. Je me souviens de la première
fois où j’ai porté le maillot de Matt. Il a presque perdu la tête.
— Les filles, ce n’est pas un peu trop tôt pour tout ça ? demandé-je, en les
regardant tour à tour. Je veux dire, il y a seulement deux jours, j’ai envoyé
un tweet à cet homme pour rendre mon ex-jaloux.
— Non, répond Zoé. Tu lui as envoyé un tweet, parce que tu étais furieuse
qu’il t’ait menti.
J’y réfléchis un instant.
— Et tu t’es dit qu’il t’avait peut-être trompée.
Je regarde les femmes rassemblées dans la pièce et elles opinent toutes du
chef. J’ai la tête qui tourne tant il se passe de choses en même temps, mais
mon attention est fixée sur la boîte qui contient son maillot et mes tripes me
disent d’aller à ce match.
DIX
Evan
Zara
Je le regarde partir. Son costume noir moule tout son corps et son sac à
dos en cuir est passé sur son épaule.
— Je savais que je n’aurais pas dû venir ce soir, dis-je, en tournant les
yeux vers Zoé.
Je ne le vois plus, mais je peux encore sentir sa main sur mon visage.
Quand il est entré dans la pièce, j’ai su que j’étais fichue. Et même pas
d’une bonne manière. Son costume était parfait, ses cheveux encore
mouillés après sa douche et on voyait qu’il venait de passer les doigts
dedans. Mais ensuite, il a souri, et j’ai littéralement oublié jusqu’à mon
propre nom.
— Il n’y a rien de mal à avoir des sentiments pour lui, répond Zoé, en
récupérant la casquette de baseball pour la remettre sur ma tête.
— Je n’ai pas de sentiments pour lui. C’est juste un ami, mens-je.
Nous sortons et traversons le parking souterrain, où le chauffeur nous
attend. Il n’y a presque personne, ici. Je vois certains joueurs sortir avec
leur femme ou leur petite amie, mais je ne croise pas leurs regards. Le
chauffeur nous voit et sort de la voiture pour ouvrir la portière. Je monte en
premier, suivie de Zoé.
— Tu veux un peu de compagnie, ce soir ? me propose-t-elle, et je secoue
la tête.
— Non, je dois faire mes bagages pour Chicago, expliqué-je, avant de me
tourner vers la fenêtre.
Je ne prends pas la peine de regarder mon téléphone. Tout est embrouillé
dans ma tête et je ne comprends plus rien. J’en reviens à ma sœur.
— Je ne le connais que depuis trois jours.
Elle sait que c’est ma manière de mettre de l’ordre dans mes pensées. Je
parle toute seule et elle écoute.
— Trois jours. Je ne peux pas avoir des sentiments pour lui.
Je secoue la tête.
— C’est dingue. Trois jours. J’ai de la nourriture plus vieille que ça dans
mon frigo.
— Pourquoi ? finit-elle par demander. Si c’est dans le frigo depuis plus de
deux jours, jette-moi cette merde. Ça va commencer à sentir mauvais.
Elle grimace.
— Il vit sur un autre fuseau horaire, continué-je à énumérer. Dans un autre
État.
— Ça ne pourrait jamais marcher, dit-elle, avant de tourner les yeux vers
moi. J’ai une amie à Dallas. Je pourrais peut-être jouer les entremetteuses.
Je me retourne et la fusille du regard.
— Eh bien, voilà qui répond à ma question.
— Comment je peux savoir qu’il n’a pas une copine qui l’attend à Dallas
? suggéré-je. Ou des maîtresses dans tous les États-Unis ?
— N’oublie pas le Canada, ajoute-t-elle. Les États-Unis et le Canada.
— Ouais, là-bas aussi.
— Il a un superbe sourire, remarque-t-elle, et je tourne les yeux vers elle.
Je n’ai pas besoin d’acquiescer, parce que c’est évident.
— Il a un excellent sens du style, qu’il possédait avant de te rencontrer.
Je hoche la tête.
— Il t’ouvre les portières.
Je lève les yeux au ciel.
— Et il t’a envoyé cent roses.
— Il vit à cinq heures d’ici en avion, lui rappelé-je.
— Et si c’était moi ? m’interroge-t-elle. Et si j’étais dans ta situation ?
Qu’est-ce que tu me conseillerais de faire ?
Je croise les bras sur ma poitrine et ne réponds rien.
— Exactement. Tu me hurlerais « YOLO3, Zoé. »
— Je ne dirais pas ça, répliqué-je.
— Vraiment ? Et qu’en est-il de ce motard avec qui je suis sortie ? «
YOLO ? Zoé. Qui se soucie qu’il y ait un mandat d’arrêt à son nom, Zoé.
Fais comme si c’était Charlie Hunnam4. »
— Je ne t’ai pas demandé de l’épouser, remarqué-je. Et tu n’as pas pris du
bon temps, avec lui ?
— Je me suis réveillée pour découvrir que sa femme rentrait avec leurs
enfants, me rappelle-t-elle. Elle n’a même pas cillé en me trouvant nue dans
leur lit.
Je hausse les épaules.
— J’imagine que c’est une victoire.
— Et si tu arrêtais de trop réfléchir et que tu te contentais de foncer ?
Appelle-le ou bien ne l’appelle pas. Réponds à ses appels, ou envoie-lui des
messages quand tu en as envie, dit-elle. Mais ne te ferme pas à la possibilité
avant même que quoi que ce soit ait commencé. Au pire, tu auras une
excellente histoire à raconter à tes enfants.
Je regarde par la fenêtre et elle n’ajoute rien, tandis la voiture se gare
devant chez moi. J’embrasse ma sœur et lui dis que je l’appellerai demain.
Je monte les marches jusqu’à ma maison et déverrouille la porte. Mon
téléphone sonne. C’est Matthew.
— Bonjour, dis-je.
Je regarde l’horloge et vois qu’il est presque onze heures.
— Salut, dit-il.
J’entends alors la voix de Karrie en arrière-plan :
— Ne réponds à aucune question.
— Quelque chose ne va pas ? m’inquiété-je, pensant au pire.
— Je ne sais pas. Est-ce que tu es allée assister à un match de hockey, ce
soir ? m’interroge-t-il, et je me fige net. Tu vois, ma sœur déteste le hockey.
Elle déteste autant le hockey que moi le shopping.
— Je ne déteste pas le hockey, répliqué-je, tout en commençant à grimper
les marches. J’assiste à la plupart de vos matchs.
— Alors, imagine ma surprise quand j’ai allumé la télé pour regarder le
match de ce soir et que j’ai vu un petit merdeux tirer une pénalité.
J’essaie de ne pas rire à ce surnom.
— Ensuite, la caméra zoome sur cette femme, qui ressemble à ma sœur.
— Tu veux bien la laisser tranquille, Matthew, dit Karrie en arrière-plan.
— Bébé, siffle-t-il à son intention. Je parle à ma sœur.
Puis il reporte son attention sur moi et reprend :
— Je veux dire, elle ressemble à ma sœur, mais elle porte le maillot vert le
plus hideux que j’aie jamais vu de ma vie.
Je ris ouvertement, maintenant.
— Ne te marre pas, Zara. Qu’est-ce qu’il se passe, bon sang ?
— Rien. J’ai eu des tickets d’un ami.
— Un ami ? siffle-t-il. Tu sais qu’il vient en ville dans trois semaines,
n’est-ce pas ?
— Et alors ?
J’allume les lumières dans ma chambre et ôte mes chaussures.
— Et alors je vais lui botter les fesses.
— Tu ne feras rien du tout, rétorque Karrie.
— OK, très bien, je ne le ferai pas, mais je crois que Max a besoin d’un
petit séjour sur le banc de pénalité.
— Tu m’appelles juste pour ça ? lui demandé-je.
— Non. Je t’appelle aussi pour te dire que je ne l’aime pas.
— J’en prends bonne note, répliqué-je, en pinçant les lèvres pour
m’empêcher de rire.
— La rumeur selon laquelle vous sortez ensemble s’est répandue partout,
remarque-t-il doucement.
— N’écoute pas les rumeurs, Matthew, lui lancé-je. Elles affirmaient aussi
que tu étais trop vieux pour être toujours sur la glace.
Je sais qu’il déteste cette rumeur.
— Je ne suis pas trop vieux, bon sang, réplique-t-il en élevant la voix. Je
ne l’aime pas.
— Pourquoi ? l’interrogé-je. Pourquoi est-ce que tu ne l’aimes pas ?
— Parce qu’il est sournois et qu’il essaie de sortir avec ma sœur, répond-
il.
Je rejette la tête en arrière et je ris.
— Putain. Je dois y aller. Karrie me fait des clins d’œil.
— Dégoûtant, lancé-je, et il raccroche.
Je baisse les yeux sur mon téléphone et vois que j’ai été taguée sur une
photo sur Twitter. Je clique pour ouvrir l’application, et je la vois.
Moi, debout et en train d’applaudir après son but.
J’ai surpris @ZaraStone en train d’applaudir son mec
@EvanRichards.
Je souris, jusqu’à ce que je voie ce qu’Evan a répondu en commentaire :
@ZaraStone merci d’être venue. Peut-être que, la prochaine fois, on
pourra se rencontrer vraiment.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Je suis tellement tentée de lui répondre de ne
pas trop se flatter, mais je me réfrène. Au lieu de ça, je me comporte en
adulte et je prends une capture d’écran, avant de la lui envoyer par message.
Je ne sais même pas quoi écrire, alors je n’ajoute rien et me contente de
jeter mon téléphone de côté.
Je retire son maillot et le laisse tomber dans le panier à linge, en
m’assignant mentalement d’ajouter de la javel à la lessive, plus tard. Je sors
ma valise du placard du couloir et commence à la remplir. Je vais passer
trois jours à Chicago, quatre maximum, alors je la surcharge, et j’emporte
évidemment trop de choses, tout en songeant aux endroits où j’irai et en
sachant que je finirai probablement roulée en boule à la fin de la soirée.
Je me rends à Chicago pour rencontrer la princesse d’Hollywood, Kellie.
Elle sort un nouvel album dans deux mois et elle veut que je travaille avec
elle sur ses clips vidéo, et que je m’occupe de ses tenues pour les
interviews. J’adore travailler avec elle et le fait que son mari soit si agréable
à regarder aide pas mal aussi.
Je finis de faire mes bagages et dépose ma valise près de la porte. Elle
m’envoie son jet privé, pour éviter les files d’attente. La voiture sera là à
huit heures pour passer me prendre, je mets donc mon alarme à six heures
trente. J’ignore toutes les mentions Twitter et je mets mon téléphone en
mode avion pour que les notifications ne m’empêchent pas de dormir.
Je me glisse sous les draps après m’être démaquillée, puis j’éteins la
lumière. Le réveil m’indique qu’il est presque une heure du matin. La
journée de demain va être difficile.
***
— Bienvenue à bord, Mlle Stone. Nous décollons dans environ cinq
minutes, m’annonce l’hôtesse de l’air quand j’ai grimpé les cinq marches
menant à l’avion. Vous aurez accès au Wi-Fi dans l’avion, vous pouvez
donc vous connecter tout de suite.
— Parfait. Merci, lui réponds-je.
J’ôte ma veste Burberry et la place sur le siège derrière moi. Vu que je
vais me mettre directement au boulot dès que l’avion aura atterri, je suis
habillée pour l’occasion. Je porte un pantalon blanc serré et une chemise
beige à manches courtes au crochet. J’ai complété ma tenue avec de hauts
talons sanglés et dorés Jimmy Choo. Je pose mon sac à main Céline couleur
crème avec ma veste et sors mon téléphone de mon sac.
Je boucle ma ceinture, avant de rallumer enfin mon téléphone. Des
notifications commencent à arriver sans plus s’arrêter et je vois que j’ai
quinze appels manqués.
Je vois aussi qu’Evan m’a répondu et qu’il a simplement dit :
Evan : On se parle demain matin.
— Ah tiens, me dis-je. Ou pas.
Je lui réponds, avant de regarder les messages que j’ai reçus de Zoé.
Zoé : Où es-tu, bon sang ?
Zoé : Tu dois me rappeler aussi vite que possible.
Je lui envoie un message.
Moi : En plein vol. Désolée, mon téléphone était en mode avion.
Moins de trois secondes après que j’aie envoyé le message, l’écran du
téléphone s’illumine dans mes mains.
— Qu’est-ce que tu fous, bon sang ? siffle-t-elle. J’ai essayé de te
contacter toute la nuit et toute la matinée.
— Pourquoi ? demandé-je, alors que je sens l’avion commencer à
avancer.
— Hum, tu es allée sur Twitter récemment ?
Je la mets sur haut-parleur, puis ouvre mon application Twitter.
— Les gens deviennent dingues.
— Pourquoi ? l’interrogé-je tout en allant sur ma page.
J’ai plus d’une centaine de notifications.
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Je ne sais pas si tu as vu la photo d’hier soir, parce que tu n’as pas
commenté et, te connaissant, tu aurais été du genre à lui dire « Bye, Bye » à
cette remarque.
— Je l’ai vue, mais je lui ai simplement envoyé une photo, réponds-je.
— Eh bien, son commentaire a disparu et, à la place, il y en a un nouveau.
Je crois qu’il vient de te lancer un défi, dit-elle en ricanant.
Je retourne voir la photo.
Vous ne trouvez pas que ma copine @zarastone est sublime dans mon
maillot ?
— Oh, mon Dieu, lâché-je.
C’est alors que je vois que le post a été retweeté plus d’une centaine de
fois.
— Ouais, acquiesce Zoé. Bref, je dois y aller. Je suis au téléphone avec un
client, mais rappelle-moi.
Elle raccroche et je parcours les commentaires des yeux. L’un d’eux a
même mentionné Matthew et Max, et je plaque une main sur ma bouche en
voyant la réponse de Max.
@EvanRichards, qu’est-ce que tu entends par « ma copine. »
J’envoie un message à Allison.
Moi : Est-ce que Max va bien ?
Elle me répond aussitôt :
Allison : Matthew l’a appelé ce matin. Ils réfléchissent au meilleur
plan d’action pour quand Evan viendra en ville. C’est hilarant.
Moi : Ils ne vont pas vraiment lui faire du mal, n’est-ce pas ?
Je dois lui poser la question, parce que j’ai vraiment peur.
Allison : La bonne nouvelle, c’est qu’ils ont plusieurs matchs devant
eux pour se calmer.
Je scrute le message, avant d’ouvrir ceux que j’ai reçus d’Evan.
Evan : Tu peux me passer un coup de fil demain matin ? J’ai essayé
de te joindre et je tombe directement sur ta messagerie.
Evan : Douce Zara, appelle-moi s’il te plaît.
Evan : Je n’arrive pas à dormir.
Je suis sur le point de le contacter quand mon téléphone sonne, et je vois
que c’est lui.
— Allô, dis-je en regardant les nuages par la fenêtre.
— Salut, marmonne-t-il, et je peux entendre la fatigue dans sa voix. J’ai
essayé de t’avoir toute la nuit.
— J’avais mis mon portable en mode avion, lui expliqué-je.
Celui-ci émet un son indiquant un appel.
— Tu me proposes un FaceTime ?
— Oui, répond-il, et j’accepte la communication.
Le petit cercle tourne encore et encore, puis son visage emplit l’écran et je
vois qu’il est au lit. Il est sur le ventre et son appareil est devant lui. Je peux
voir sa tête.
— Merde, tu es si belle, dit-il, et je baisse les yeux. Je ne m’occupe pas de
mon compte Twitter.
Je relève les yeux sur lui, confuse.
— C’est ma sœur Candace qui le fait, et c’est elle qui a écrit ce
commentaire, m’explique-t-il.
J’entends un aboiement, puis le téléphone s’envole hors de sa main quand
un chien bondit sur le lit.
— Lilo, couché, dit-il, avant de ramasser le portable. Désolé, le chien a
sauté sur le lit.
Je ris et regarde le chien contempler la caméra, approchant sa truffe de
l’écran pour le renifler.
— Va-t’en, elle est à moi.
— C’est toi qui as écrit le commentaire selon lequel je serais ta copine ?
lui demandé-je. Ou est-ce que c’était ta sœur ?
— Non, répondit-il. Elle dormait. J’ai supprimé son commentaire et j’ai
ajouté le mien.
— Tu sais que Max a répondu, n’est-ce pas ? remarqué-je.
Il m’adresse un sourire narquois.
— D’après ce que m’a dit ma belle-sœur, il est gonflé à bloc.
Il se contente de hausser les épaules.
— Bref, dit-il. Où es-tu ?
— Je suis dans un avion en direction de Chicago, réponds-je. Je serai là-
bas pendant quatre jours.
— Tu rentres quand ?
— Samedi, et ensuite, je repars à L.A. dimanche.
Je le regarde. Il a l’air tellement fatigué.
— Et si tu retournais te coucher et que tu me rappelais plus tard ?
— Je dormirai mieux, sachant que tu vas bien, répond-il, avant d’essayer
de dissimuler un bâillement. Je te parle plus tard, douce Zara.
Je souris à ce surnom qu’il n’arrête pas de me répéter.
— À plus tard.
Je raccroche et l’hôtesse de l’air vient m’apporter mon petit déjeuner. Je
lui adresse un sourire, mange le fruit, puis passe en revue les concepts que
je vais montrer à Kellie. Mon téléphone sonne de nouveau et je baisse les
yeux, pour découvrir qu’il s’agit de ma mère.
— Salut, Maman, dis-je en mettant le téléphone sur haut-parleur, pendant
que je range tout.
— Salut, princesse, tu es sur haut-parleur. Je suis avec ton père, dit-elle,
avant de lancer : Cooper, tu as dit que tu serais sage.
— Oh, mon Dieu, dis-je. Je n’ai rien fait.
— Pourquoi est-ce qu’Evan t’appelle « sa copine » ? demande mon père.
Je l’imagine clairement se rapprocher de plus en plus du téléphone à
mesure qu’il pose cette question.
— Et pourquoi est-ce que tu portais ce maillot ?
— Oh, ça, dis-je, et j’entends ma mère rire. Il m’a invitée à regarder son
match.
— Combien il y a de minutes dans un match ? m’interroge mon père.
— Beaucoup ?
— Parker, siffle-t-il à l’attention de ma mère.
— Ma chérie, ton père vient de parler au téléphone avec ton frère et ils
sont un peu inquiets.
— Que je sois allée à un match de hockey ? J’y ai déjà survécu et ce sera
aussi le cas cette fois.
— Ce n’est pas un jeu, Zara, lance mon père. Il a dit que tu étais à lui. Tu
sais ce que ça signifie.
— Hum.
— Il existe certains hommes… commence mon père.
— Comme ton père, ajoute ma mère, et ton frère, et Max, et Zack.
— Parker, ce n’est pas drôle, dit-il, et je les imagine très bien. Ces
hommes. Une fois qu’ils disent que tu es à eux, tu es à eux.
— Papa, réponds-je. Je t’aime, vraiment, mais c’était une blague.
— On ne plaisante pas avec ce genre de choses, réplique-t-il.
— Papa, je dois y aller. On va atterrir. Maman, tu peux les calmer, lui et
les autres, s’il te plaît ?
— Je le ferai, ma chérie. Appelle-moi plus tard, dit-elle.
Je raccroche à la minute où les roues touchent le sol.
J’enfile ma veste et récupère mon sac à main, et quand je descends les
marches, je vois qu’une voiture m’attend. Le chauffeur place ma valise dans
le coffre.
— Bienvenue à Chicago, dit-il, avant de se diriger vers la portière à
l’arrière pour me l’ouvrir.
Je monte et vois un énorme bouquet de roses rouges.
— On vous les a livrées il y a cinq minutes, explique-t-il.
Je les regarde et prends la carte blanche.
Pour MA douce Zara.
E.
J’esquisse un sourire que je ne crois pas avoir jamais arboré. C’est un
sourire impossible à effacer. Un sourire impossible à dissimuler, même si
vous le vouliez. Un sourire qui vous gonfle le cœur, qui vous emplit de
chaleur et fait faire un petit salto à votre estomac.
— Papa avait raison, me dis-je à moi-même dès que le chauffeur est
monté dans la voiture.
3 « You live only once », expression qui signifie « on ne vit qu’une fois ».
4 Charlie Hunnam est un acteur rendu célèbre pour son rôle de biker dans la
série « Sons of Anarchy ».
DOUZE
Evan
Zara
Evan
Je laisse tomber mon sac et ne prends même pas la peine d’allumer les
lumières. Je sors les chiens et attends qu’ils reviennent, tout en ôtant mon
bonnet et ma veste. Quand les cabots grattent à la porte, je les laisse entrer
avant de verrouiller l’entrée.
Je me déshabille, amasse mes vêtements en tas au bout de mon lit et
gémis bruyamment en me glissant entre les draps, avant d’enfouir ma tête
dans l’oreiller. Je jette un œil au réveil : il est presque quatre heures du
matin.
Encore une fois, je me couche avec Zara à l’esprit. Je me couche en me
demandant si elle va venir à la soirée casino. Je me couche et elle me
manque. Cette semaine, alors que j’étais en déplacement et qu’elle
travaillait sur la côte Ouest, ça a été la galère pour essayer de rester en
contact, et j’étais plus que frustré. Je mets mon alarme à dix heures, pour
pouvoir l’appeler et savoir ce qu’elle fait. Demain, je trouverai le courage et
le cran de lui demander si elle va venir.
Chaque fois que son visage emplit l’écran, j’en ai le souffle coupé.
Chaque fois. Quand elle m’a dit qu’elle décollait bientôt, je lui ai enfin posé
la question que j’ai eu envie de lui demander toute la semaine, sans y
parvenir, parce que je ne voulais pas qu’elle pense que je lui mettais la
pression. Quand elle m’a dit qu’elle venait à Dallas et qu’elle atterrissait à
seize heures, j’ai failli perdre les pédales. J’étais si enthousiaste. Je suis
sorti du lit tout de suite et j’ai commencé à tout planifier.
Je suis allé dans la chambre d’amis et je me suis assuré que tout soit prêt
pour elle. Même si je ne suis pas sûr qu’elle va dormir ici, je veux que tout
soit parfait. La dernière personne qui a dormi dans cette chambre, c’était ma
mère, il y a deux mois. Le grand lit king size est au milieu de la pièce,
surmonté d’une tête de lit beige. La couette blanche est gonflée par six
oreillers alignés en deux rangées. Le plaid beige au bout du matelas repose
à moitié sur le banc juste devant.
Le lit fait face à deux fenêtres avec vue sur l’avant de la cour. J’entre dans
la salle de bains attenante et m’assure qu’il y a des serviettes propres. Je
suis tellement nerveux.
— Lilo, Stitch, appelé-je les chiens, quand quinze heures trente arrivent et
que je suis sur le point d’aller la chercher.
Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine.
— Je vais récupérer une amie, leur dis-je.
Ils s’asseyent tous les deux devant moi en agitant la queue.
— Souhaitez-moi bonne chance, ajouté-je, avant de prendre le bouquet de
roses que j’ai acheté un peu plus tôt.
Je monte dans la voiture et arrive en un temps record. Quand j’entre dans
la zone des bagages, mes paumes dégoulinent presque de sueur, tant je suis
anxieux. Mon cœur bat si vite et de manière si irrationnelle que je suis
surpris de ne pas faire de crise cardiaque. Je m’avance vers l’écran et
découvre que son avion vient tout juste d’atterrir. Je ne lui ai pas envoyé de
message pour lui dire que j’allais la récupérer. Je ne lui ai rien envoyé du
tout. Je parcours des yeux la zone de récupération des bagages et vois
environ sept personnes qui traînent dans le coin.
Debout devant l’escalator, je l’attends avec anxiété. Ma jambe se met à
trembler, tandis que je la cherche des yeux. Mes doigts tapotent les tiges des
roses que je tiens contre moi. Je repère ses chaussures avant tout le reste, et
lentement, comme si je déballais un cadeau magnifiquement emballé, elle
descend à mon niveau. Ses cheveux sont détachés et retombent dans son
dos, et je n’ai qu’une envie : enfouir mes mains dedans. Je me demande
s’ils sont aussi soyeux qu’ils en ont l’air. Je ne peux empêcher un sourire
d’étirer mes lèvres. Je ne peux empêcher mon cœur de s’emballer dans ma
poitrine, et je ne peux m’empêcher d’avoir la bouche sèche.
Nos regards se croisent et il n’existe plus personne à part elle. La pièce
pourrait être en feu que je n’aurais toujours d’yeux que pour elle. Je
m’approche lentement de l’escalator, sans jamais rompre le contact. Quand
elle en descend enfin et se retrouve devant moi, mon cœur, qui cognait à
tout rompre il y a une seconde, est désormais parfaitement calme. Je tends
la main pour lui donner les roses à longues tiges, et elle les voit finalement.
— Bienvenue, ma douce Zara.
Elle sourit timidement et prend les roses. Nos doigts se touchent et cela
provoque une nouvelle décharge, droit vers mon cœur. Elle baisse les yeux
sur les fleurs, avant de les relever vers moi, et soudain, je suis si proche
d’elle que je peux sentir son léger parfum d’agrumes. J’entends sa
respiration. Son regard croise de nouveau le mien et je n’ai qu’une seule
envie : l’embrasser.
Je me rapproche un peu plus, mais me réfrène. Je m’arrête, parce que, la
seule chose à laquelle je peux penser, c’est à la manière de me perdre dans
son baiser. Me perdre au point de la soulever dans mes bras et de partir sans
ses bagages. Au lieu de ça, je me penche et je suis certain d’entendre sa
respiration se bloquer un instant dans sa gorge, puis je l’embrasse
doucement sur la joue.
— Ma belle et douce Zara, lui murmuré-je.
J’ai envie de faire glisser mon nez contre sa joue et son cou, mais je m’en
empêche. Je plonge de nouveau mon regard dans le sien.
— Je n’arrive pas à croire que tu es ici, dis-je, et elle rit. Allons chercher
ton sac et partons d’ici.
Elle hoche la tête. Nous nous dirigeons vers le tapis roulant. Son sac est
déjà là.
— C’est le tien ? demandé-je en pointant le doigt vers la valise noire
Louis, avec une étiquette de priorité orange vif.
Elle acquiesce et je vais la récupérer avant de la faire rouler à côté de moi.
— Tu es prête ? l’interrogé-je, et elle opine de nouveau.
Nous nous dirigeons vers le parking souterrain et je la guide jusqu’à ma
BMW noire. Je déverrouille les portières et charge sa valise dans le coffre.
Elle reste à côté de moi tout du long. Je me retourne pour la regarder encore
une fois et je la vois frissonner.
— Tu as froid, douce Zara ? lui demandé-je, en lui frottant les bras de
haut en bas.
— Non, répond-elle à voix basse. Pas du tout.
Je souris de nouveau. J’ai l’impression d’être toujours en train de sourire,
face à elle. Je pose la main au bas de son dos et lui fais signe de marcher
devant moi. Quand nous arrivons devant la portière du côté passager, je
l’ouvre et attends qu’elle monte, avant de la claquer derrière elle. Lorsque
je prends le volant, elle est en train de tendre la main pour poser les fleurs
sur le siège arrière. Son T-shirt en soie blanche se moule contre sa poitrine
et j’ai un aperçu du soutien-gorge en satin qu’elle porte au-dessous. Mon
sexe se réveille soudain et je prends dix secondes complètes pour compter
dans ma tête avant de me retourner. Quand je le fais, heureusement, elle est
de nouveau assise bien droite, occupée à mettre sa ceinture.
— Alors, où est-ce que tu m’emmènes ? demande-t-elle, alors que je sors
de mon emplacement de parking.
— J’adorerais t’emmener chez moi pour te présenter à Lilo et Stitch, lui
réponds-je.
Elle les a déjà vus par FaceTime.
— Mais si tu n’es pas à l’aise avec ça, je comprendrai.
— Ça me va, répond-elle.
Je hoche la tête et prends la direction de chez moi.
— Tu vis ici depuis longtemps ? me demande-t-elle, en regardant par la
vitre.
— Depuis un an, mais avec mon contrat qui sera bientôt à renouveler, je
ne sais pas combien de temps encore je vais vivre ici.
Elle tourne la tête vers moi et appuie son dos contre la portière.
— Tu crois qu’ils pourraient ne pas le renouveler ?
— Oh, ils veulent que je signe le contrat immédiatement, lui avoué-je,
révélant une information que personne ne sait vraiment, mis à part mon
agent et moi. Mais je ne suis pas encore prêt.
— Je pense que tu devrais attendre, acquiesce-t-elle. Histoire de voir
comment tu finiras la saison.
Je ris à ces mots.
— Pour les journalistes, tu es le meilleur buteur de la ligue. Tu as un
excellent trucmuche, et tu es aussi bien placé aux classements des minutes
jouées.
— Trucmuche ? répété-je, et elle lève les yeux au ciel.
— C’est le mieux que je puisse faire, quand il s’agit de parler de sport,
répond-elle.
Je hoche la tête et continue de regarder par la fenêtre. Quand nous
arrivons finalement chez moi, j’éteins le moteur et je la vois tendre la main
vers la poignée.
— N’y pense même pas, lui lancé-je.
Puis je sors de la voiture, vais de son côté et lui ouvre la portière. Puis je
fais de même avec celle à l’arrière pour qu’elle puisse récupérer son sac à
main et ses fleurs. J’attends qu’elle ait tout pris, avant de fermer la portière
et de me diriger vers le coffre pour m’occuper de son bagage. Je fais rouler
la valise à côté de moi jusqu’à la porte d’entrée ; j’entends déjà les
aboiements.
— Ils sont tout aussi excités que moi de te voir ici, lui dis-je, et elle cogne
son épaule contre la mienne.
— C’est une remarque très délicate, M. Richards, rit-elle.
Elle tient son sac à main d’un côté et ses fleurs de l’autre, tandis que
j’ouvre la porte d’entrée.
— Assis, ordonné-je aux chiens, et ils obéissent.
Postés côte à côte, ils font claquer leur queue contre le sol en voyant qu’il
y a quelqu’un avec moi. Je me place devant elle au cas où ils lui sauteraient
dessus, mais ils ne bougent pas. Après avoir fermé la porte derrière elle, je
la laisse et m’approche des chiens, que je prends par le col.
— Voici Lilo, dis-je en lui caressant la tête. Et voici Stitch.
Je m’attendais à ce qu’elle reste où elle est et qu’elle leur dise bonjour ; ce
à quoi je ne m’attendais pas du tout, c’est à la voir poser son sac à main et
ses fleurs avant de s’approcher et de s’accroupir pour les caresser.
— Vous êtes les deux chiens les plus mignons du monde, n’est-ce pas ?
Après ça, rien ne va plus. Lilo lève la tête vers elle et lui lèche le visage,
tandis que Stitch essaie de se presser contre ses seins.
— OK, assez, dis-je, en entrant dans la maison. Dehors !
Ils obéissent et foncent tous deux dans la cour.
— Désolé, dis-je en la rejoignant. Laisse-moi te faire visiter.
Je la fais passer de pièce en pièce et lui montre tout, l’emmenant même à
l’étage pour lui montrer les deux autres chambres d’ami, la salle multimédia
et la salle de jeux.
— Mes nièces et mes neveux seraient carrément dingues dans cette pièce,
remarque-t-elle.
Je la ramène au rez-de-chaussée et lui montre la chambre d’amis, où
j’espère qu’elle dormira. Elle voit le gros vase de roses blanches sur la table
de chevet.
— C’est ici que dort ma mère quand elle passe me voir, expliqué-je. Je ne
savais pas si tu avais une réservation à l’hôtel.
Elle entre dans la pièce et hume les fleurs sur la table, avant d’aller
s’asseoir sur le lit.
— En fait, j’ai pris une chambre, oui, me dit-elle.
Puis elle retire ses chaussures et croise les jambes. Ses ongles de pieds
sont recouverts d’un vernis rose vif.
— J’ai réservé jusqu’à mardi.
Je m’appuie contre le chambranle, les mains croisées derrière mon dos
pour ne rien faire de stupide, comme l’attraper, l’étendre sur le lit et me
perdre en elle.
— Ça fait presque quatre jours.
— Ouais, répond-elle.
Son estomac gargouille et elle rit.
— J’imagine que je dois avoir faim.
— Qu’est-ce que tu as envie de manger ? lui demandé-je.
J’ai tellement peur de faire ou de dire quelque chose qui la fera fuir.
— Je suis prêt à te commander tout ce que tu veux, douce Zara.
Elle se lève, s’avance et s’arrête juste devant moi. Elle lève les mains vers
mon torse et je retiens ma respiration.
— Qu’est-ce que tu préfères, toi ? demande-t-elle.
C’est à mon tour de lui adresser un sourire espiègle.
— Je parle de nourriture, précise-t-elle en riant, sans ôter ses mains.
— Zara, murmuré-je en regardant ses mains sur mon torse. J’essaie de ne
rien faire qui risquerait de te faire fuir. J’essaie de faire en sorte que tu te
sentes à l’aise, ici, au point de ne pas vouloir aller à l’hôtel. Je fais tout ce
que je peux, là.
J’émets un sifflement, quand elle se rapproche d’un pas.
— Evan, dit-elle dans un murmure. Je n’irai nulle part.
Je lève les mains et les pose sur ses hanches.
— Je ne peux pas t’embrasser maintenant, lui avoué-je en toute honnêteté,
et elle a l’air presque triste. Je ne peux pas t’embrasser maintenant, parce
que je n’arriverai pas à m’arrêter.
J’effleure ses cheveux de mes mains, les enroule autour de mon doigt et
songe qu’ils sont plus doux que la soie.
— Je dois te nourrir.
Je regarde au fond de ses yeux verts et je vois qu’elle observe chacun de
mes mouvements.
— Je dois laisser rentrer les chiens, et ensuite, murmuré-je, ensuite, je
t’embrasserai, douce Zara.
Son regard se voile quand je prononce ces derniers mots.
— Après ça, la maison pourra bien s’écrouler autour de nous, les chiens
pourront manger le canapé et la fin du monde pourra arriver, la seule chose
que je ferai, ce sera t’embrasser.
— Je n’ai pas si faim que ça, remarque-t-elle, et je ris. Je peux manger
plus tard.
— Tu veux bien rester ici ? lui demandé-je, alors que les chiens se mettent
à aboyer. Chez moi ?
— Tu me promets que tu vas m’embrasser ? m’interroge-t-elle en tapotant
son index contre mon torse.
— Oui, réponds-je doucement.
— Alors oui, dit-elle. Je vais rester chez toi.
Elle a prononcé ces derniers mots dans un murmure.
— Maintenant, nourris-moi, pour qu’on puisse mettre ce baiser en route.
Sans avertissement, je rejette la tête en arrière et éclate de rire.
QUINZE
Zara
Je n’ai jamais eu autant envie de quelque chose que d’être embrassée par
Evan. J’adore le fait qu’il s’efforce de ne pas précipiter les choses et j’adore
sa façon de presque marcher sur des œufs avec moi. Mais je suis ici. Je suis
ici pour lui, et lui seul.
— Il est temps de te nourrir, dit-il, en laissant retomber la mèche de
cheveux qu’il était en train de triturer entre ses doigts.
Il me prend la main et m’emmène dans la cuisine. Je traverse sa maison
et, honnêtement, c’est une vraie garçonnière. Il entre dans le salon, traverse
un couloir et ferme la barrière qui s’y trouve.
— C’est ma chambre, explique-t-il, et je souris.
— Tu ne me l’as pas montrée, le taquiné-je.
Il s’avance jusqu’à la porte de derrière, où les chiens aboient comme des
fous.
— C’est la deuxième partie de la visite, rit-il, avant de passer derrière le
comptoir de sa cuisine.
La seule touche qui montre qu’il vit ici, c’est l’autre bouquet de fleurs
roses. Je veux dire, ne vous méprenez pas, il a tout ce dont il a besoin ici,
mais ce n’est pas un foyer. Il n’y a aucune touche personnelle accrochée au
frigo ; pas de courrier posé sur le comptoir. Pas de fleurs sur le bord de la
fenêtre au-dessus de l’évier. Il ouvre un tiroir à côté du frigo et dépose
quelques menus à apporter sur le comptoir.
— De quoi tu as envie ?
Je le regarde et je fais le plus grand premier pas que j’aie jamais fait de
ma vie. Je n’ai jamais couru après un garçon. Je n’ai jamais eu envie
d’embrasser un homme à ce point, jusqu’alors. Je me moquais souvent de
mes parents, parce qu’ils s’embrassaient tout le temps, mais je comprends,
maintenant. Le besoin de toucher l’autre, le désir de le sentir vous toucher.
Je contourne le comptoir et me place à ses côtés. Mes doigts effleurent les
siens, alors que je joue avec les menus. Sans même les regarder. Si vous me
demandiez de quel genre de menus il s’agit, la seule chose que je pourrais
dire, c’est qu’il s’agissait de nourriture. En général.
— Je ne sais pas.
Je fais semblant de les parcourir et enroule mon petit doigt autour du sien
quand nos mains sont côte à côte. Je ralentis mon mouvement une fois que
nous nous touchons. Mon estomac est agité d’un soubresaut, chaque fois
qu’il m’effleure. Il baisse les yeux sur nos doigts, lorsque je déplace de
nouveau la mienne pour attraper l’autre. Je pose ma paume à côté de la
sienne, et c’est à son tour de tendre les doigts vers elle. Il me caresse la
main du petit doigt, et je ne vois même pas les mots sur le menu.
Je laisse tomber le document sur le bar et me tourne vers lui. Il me regarde
et se met dos au comptoir. Finalement, je me place juste devant lui et il
plonge les yeux dans les miens.
— Cette dernière semaine, la seule chose qui me faisait avancer, c’était de
savoir que j’allais venir te voir, lui dis-je doucement. Nos différences de
fuseau horaire complètement dingues, sans parler de nos emplois du temps
professionnels.
Je place l’une de mes mains sur son torse et ouvre la paume à plat pour
sentir son cœur battre.
— Je savais qu’à partir de vendredi, je serais avec toi.
Je prends une profonde inspiration et j’aurais vraiment aimé boire
quelques shots de tequila avant de faire ça.
— Je me fichais d’où j’allais dormir, je me fichais de ce que j’allais
porter. La seule chose dont je me souciais, c’était de te voir, avoué-je,
prononçant les derniers mots, presque dans un murmure. La seule chose
dont j’avais envie, c’était de t’embrasser. Que tu m’embrasses.
Ma main remonte le long de son torse et caresse lentement son visage. Je
me penche légèrement en avant et il baisse la tête, alors que ses yeux verts
deviennent presque noirs. Je plonge le bout de mes doigts dans sa barbe de
trois jours et ignore la sensation de picotement. Il se penche en avant et nos
nez se touchent, quand il appuie son front contre le mien.
— Douce Zara, dit-il, et je peux sentir son souffle chaud sur ma peau.
L’une de ses mains se pose sur ma hanche pour m’attirer plus près, tandis
que l’autre se porte à mon cou. La chaleur de sa paume me fait frissonner et
je sais qu’il va m’embrasser. Je patiente, tandis qu’il me fait lever le visage
vers lui, puis le moment que j’ai attendu toute ma vie arrive. Ses lèvres
touchent doucement les miennes, sa lèvre inférieure se pressant contre ma
lèvre supérieure, alors qu’il s’efforce de ne pas précipiter les choses. Je lève
mon autre main et la referme autour de ses épaules, me mettant sur la pointe
des pieds devant lui. Enfin, sa bouche se presse contre la mienne. Je crois
que je soupire, alors que mes yeux se ferment, et sa langue s’avance
lentement dans ma bouche. Il ne retire pas ses mains de ma hanche ou de
mon cou lorsqu’il émet un grognement. Sa langue s’enroule lentement
autour de la mienne et le baiser est si lent que je peux le savourer.
Je me souviendrai de ce baiser toute ma vie. C’est celui dont j’ai toujours
espéré ; celui dont mes sœurs me parlaient et que je n’avais jamais connu,
celui que toutes les petites filles rêvent de connaître. Et même si j’avais
envie de leur en parler, aucun mot ne pourrait jamais rendre justice à ce
baiser. Je déplace lentement ma tête d’un côté et de l’autre, espérant
approfondir le baiser et profiter de lui au maximum. Il relâche mes lèvres,
quand nous sommes tous deux tellement à bout de souffle qu’on ne peut
plus respirer. Nos poitrines se soulèvent avec force. Il me lâche la hanche,
mais uniquement pour repousser les cheveux de devant mon visage.
Puis il prend ma joue en coupe dans sa main.
— C’est fichu, dit-il doucement.
Il se penche de nouveau et m’embrasse tendrement. Ses baisers sont si
doux.
— Si je ne m’éloigne pas de toi tout de suite, personne ne mangera.
Mes doigts jouent avec les cheveux sur sa nuque.
— Ce plan me convient très bien.
Je l’embrasse encore et sa main glisse jusqu’à mon dos, le caresse et se
perd dans mes cheveux. Mon estomac a d’autres projets, cependant, et
choisit ce moment pour gargouiller.
— Je vais tuer mon estomac, je ne plaisante pas, dis-je entre deux baisers.
Mes yeux demeurent fermés.
— Ma douce Zara, dit-il avec un petit rire.
J’ouvre les yeux pour le voir. La douceur de son visage me pousse à me
pencher en avant pour embrasser mon menton.
— Et si tu faisais sortir les chiens pendant que je nous commande à
manger ?
— Même si je dis non, mon estomac dira oui.
Je le relâche avec réticence et, quand je me retourne, je vois les deux
chiens assis près de ses pieds.
— Vous voulez sortir avec moi, les gars ? leur proposé-je.
Stitch se lève en premier et se met à tourner en rond en agitant la queue.
— Allons-y, lancé-je, avant de me retourner et de me diriger vers la porte.
Je l’ouvre et les laisse passer devant moi. Je regarde par-dessus mon
épaule et Evan est là, les yeux fixés sur moi.
— Commande à manger, pour qu’on puisse reprendre ces embrassades.
Il secoue la tête avec un sourire.
— On se dépêche, ajouté-je en claquant dans mes mains, avant de sortir
sur sa terrasse en ciment.
Sa cour est immense et les chiens courent au loin. Je me dirige vers le
hamac suspendu tout au bord de la terrasse couverte et m’y assieds
confortablement, sans ôter mes pieds du sol. Je me laisse aller en arrière
dans le hamac et regarde les chiens se courir après. Ma main effleure mes
lèvres, où la sensation de son baiser s’attarde encore.
— La nourriture devrait être là dans vingt minutes, dit-il derrière moi.
Les chiens se précipitent vers lui à toute vitesse. Il récupère leurs bols
argentés et les remplit d’eau.
— Tenez, dit-il, avant de lever les yeux vers moi. J’espère que tu aimes la
nourriture mexicaine.
— Oui.
Je me retourne sur le hamac pour le regarder.
— Parfait, parce que c’était ce qui prenait le moins de temps à être livré.
Il se rapproche, se penche en avant et embrasse doucement mes lèvres. Il
ne met pas la langue, c’est juste un baiser, juste comme ça. Il reste près du
hamac et les chiens viennent nous rejoindre une fois qu’ils ont fini de boire.
Je me lève, uniquement pour pouvoir lui tenir la main. Une fois ma paume
contre la sienne, il porte ma main à ses lèvres. Nous ne disons rien et, quand
son téléphone sonne dans sa poche, il m’annonce que la nourriture est
arrivée.
Je retourne dans la maison, me lave les mains et me rends dans la cuisine
pour y chercher des assiettes. Je finis par les trouver et les amène à la table
au moment même où il revient avec les gros sacs.
— Tu as commandé quelle quantité de nourriture ?
— Je ne savais pas ce que tu mangeais, alors je lui ai demandé d’apporter
un peu de tout, répond-il.
Il sort la nourriture, pendant que je pars à la recherche de couverts. Je
récupère aussi deux bouteilles d’eau dans le frigo.
— Ça sent trop bon, lui dis-je en m’asseyant et en voyant qu’il a ouvert
toutes les boîtes.
— Il y a des tacos au poulet, dit-il en me les montrant du doigt. Des tacos
au poisson…
Je l’écoute m’énumérer les différents plats qu’il a commandés, pendant
que je récupère une chips et la plonge dans le queso.
— Je n’écoute rien de ce que tu dis, lui avoué-je, et il rit.
Il s’assied devant moi.
— C’est le premier repas que nous prenons seul à seule, continué-je en
prenant un taco aux crevettes.
— C’est vrai, répond-il.
Il prend un taco et le recouvre de guacamole.
— Alors, qu’est-ce qu’on va dire à tout le monde, demain ? lui demandé-
je.
Il me regarde, sourcils froncés.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Je veux dire que les gens vont nous demander si on est ensemble,
réponds-je. Le monde entier est au courant. Et maintenant on a dépassé la
première étape embarrassante du baiser.
— Il n’y avait rien d’embarrassant dans notre premier baiser, réplique-t-il.
Si tu veux, je peux te le prouver tout de suite.
J’éclate de rire.
— Calme-toi, cow-boy. Je ne dis pas que ce n’était pas un bon baiser.
Je le taquine et il se contente de me fusiller du regard.
— C’était mieux que bon. Ce que je veux dire, c’est qu’il va y avoir des
gens, sûrement des représentants de la presse, alors qu’est-ce que tu crois
qu’on devrait leur dire ?
— Je me fiche de ce qu’on leur dit, ou qu’on leur dise quoi que ce soit,
répond-il entre deux bouchées. On fera comme tu veux.
— On pourrait minimiser les choses en expliquant que je rends visite à un
ami.
Il hausse un sourcil.
— Seigneur, du calme, lancé-je. Tu dois dompter tes hormones
masculines, s’il te plaît, et m’écouter.
— Je ne suis pas sûr d’avoir envie d’entendre ce que tu veux me dire.
— Je dis juste qu’on n’a pas besoin d’entrer là-dedans et de se mettre à
jouer au hockey avec nos langues, pendant que tout le monde nous prend en
photo. On peut arriver et expliquer que je suis de passage dans le coin, et
que j’ai décidé de passer te voir.
Il se met à rire.
— Jouer au hockey avec nos langues, répète-t-il entre deux rires, et je
secoue la tête. Douce, douce Zara.
— Oh, bon Dieu, lâché-je, agacée. Est-ce qu’on peut garder profil bas
jusqu’à ce que j’aie pu en parler à ma famille ? Je veux dire, on a passé
deux jours ensemble, tout au plus.
— Ça fait deux semaines, rétorque-t-il.
— Je veux dire qu’on a passé deux jours ensemble. Pas qu’on se connaît
depuis ce temps, précisé-je.
— Je ne vais pas cacher le fait que tu es à moi, dit-il, en me regardant
droit dans les yeux.
— Premièrement, je suis une personne indépendante, répliqué-je.
Deuxièmement, on ne cache rien du tout. On est discrets, c’est tout.
Je prends une autre chips et la plonge dans la sauce, en attendant qu’il
réponde.
— C’est toi qui m’as embrassé, remarque-t-il. Tu m’as embrassé. Tu t’es
donnée à moi par ce geste.
— Oh, pour l’amour du ciel, m’exclamé-je, les yeux levés au plafond.
C’est quoi, le problème avec les joueurs de hockey ?
J’entends sa chaise crisser et le regarde s’avancer vers moi, puis repousser
ma chaise.
— Tu as fini de manger ? me demande-t-il, les yeux rivés sur les miens.
— Quoi ? murmuré-je.
— Est-ce que tu as fini de manger ? répète-t-il, et je hoche la tête.
Il se penche et me soulève littéralement dans ses bras, avant de me jeter
sur son épaule.
— Qu’est-ce que tu fiches ?! m’exclamé-je.
Les chiens deviennent complètement fous, croyant qu’il s’agit d’un jeu.
— Je vais te montrer ma chambre, et ensuite, je vais te montrer que tu es à
moi, répond-il.
Puis il ouvre la barrière et la referme derrière lui.
— Allez vous coucher, ordonne-t-il aux chiens.
Je lève les yeux vers eux et les vois assis là, à nous regarder.
— Tu veux bien me reposer ? lui demandé-je.
Il me remet lentement sur mes pieds.
— Tu as perdu la tête ? soufflé-je d’un ton mécontent.
— Lorsqu’il s’agit de toi, ma douce Zara, je perds complètement les
pédales, me dit-il à voix basse, en repoussant mes cheveux de devant mon
visage. La seule chose à laquelle je peux songer, c’est combien de temps je
pourrais te garder pour moi tout seul.
Je passe mes mains dans ses cheveux.
— Tu m’as tout à toi jusqu’à mardi.
— Eh bien, ça devrait me laisser le temps de te prouver que tu es à moi,
répond-il.
Il penche la tête au moment même où j’incline la mienne vers le haut.
Quand nos lèvres se pressent l’une contre l’autre, ce baiser est différent du
précédent. Celui-ci est tout en mains ; la mienne dans ses cheveux, la sienne
enfouie dans les miens, tandis qu’il déplace ma tête d’un côté et de l’autre
pour approfondir le baiser. Il relâche mes lèvres et je suis certaine d’oublier
tout quand il me touche.
— Je ne t’ai pas amenée ici pour autre chose qu’un baiser.
— Juste un baiser, acquiescé-je. Juste un baiser.
J’embrasse ses lèvres et l’un des chiens aboie.
— Ça va aller, pour eux ?
Il se retourne et s’avance vers la porte, ce qui me donne enfin l’occasion
d’examiner sa chambre. Son lit king size est très masculin. Les couvertures
lui donnent un côté intime, mais on sent que cette chambre appartient à un
célibataire. Je me retourne pour regarder par la fenêtre et je vois les chiens
courir dans la cour, avant de les entendre revenir. Je me tourne vers lui.
— Tu veux sortir avec eux ?
— On n’est pas obligés, répond-il en entrant dans la chambre. Tu veux te
changer ?
— En fait, j’aimerais beaucoup prendre une douche, réponds-je.
Je baisse les yeux et vois qu’il est déjà presque neuf heures.
— OK, laisse-moi te montrer ta chambre.
Il me prend la main et m’y conduit, attrapant mon sac au passage.
— Il y a des serviettes propres, dit-il.
Puis il capture mon visage dans sa main et m’embrasse de nouveau.
— Envoie-moi un message quand tu seras sortie, demande-t-il, avant de
se retourner pour partir. Ou bien tu peux venir me retrouver sur le canapé.
Il ferme la porte derrière lui et je dois m’asseoir pour permettre à mon
cœur de se calmer, avant de me relever pour aller prendre une douche.
SEIZE
Evan
Zara
Evan
Zara
Je ne me lasserai jamais de ses baisers. Ils sont tout, pour moi. Il traverse
la maison et j’entends des aboiements.
— Les chiens, dis-je, presque en haletant.
— Il y a une trappe dans le garage, répond-il en enfouissant son visage
dans mon cou. Ils peuvent rentrer par là.
Il s’avance vers sa chambre et ferme la barrière derrière lui. Son menton
mal rasé frotte contre mon cou et me fait frissonner.
— Evan, gémis-je.
Il relâche son étreinte et je glisse sur mes pieds. Je porte les mains à sa
veste et la lui retire, la laissant tomber sur le sol à ses pieds. Mes mains
tremblent quand je les tends vers ses boutons. J’aimerais vraiment qu’on y
voie plus clair, dans sa chambre. La seule lumière provient de la lampe de
chevet et elle est faible.
— La première fois que je t’ai vu sans chemise, dis-je, pour calmer mes
nerfs, tout en retirant les boutons l’un après l’autre, j’ai dû faire demi-tour
et aller m’asseoir.
Je lève la tête vers lui : il a les yeux fixés sur mes doigts et observe le
moindre de mes mouvements. Je sors les pans de tissu de son pantalon et
termine de la déboutonner. J’effleure son torse, me penche en avant et
l’embrasse doucement tout en retirant sa chemise.
— Merde, siffle-t-il, quand mes mains se portent à sa ceinture.
Il enfouit les siennes dans mes cheveux et tire en arrière pour pouvoir
m’embrasser, sa langue se glissant dans ma bouche. Mes doigts s’agitent
frénétiquement pour déboucler sa ceinture, puis déboutonner son pantalon.
Nos halètements et nos gémissements couvrent le bruit de sa braguette.
L’une de ses mains quitte mes cheveux et descend jusqu’à mes seins. Mes
tétons deviennent douloureux, quand il les caresse à travers le tissu en
mailles.
— Evan, murmuré-je, et il penche la tête pour prendre un téton dans sa
bouche à travers le soutien-gorge.
Je dois fermer les yeux pour me concentrer sur cette nouvelle sensation.
Mon estomac est crispé, mes mains tremblent et mes doigts de pieds me
chatouillent.
— Evan, répété-je, quand il change de côté.
Je prends une profonde inspiration. Je glisse une main dans son pantalon
et je dois m’immobiliser, parce que je ne crois pas avoir déjà senti quelque
chose d’aussi dur. Mes mains s’activent sur l’élastique de son caleçon et,
quand je glisse les doigts dessous et qu’ils effleurent le bout de son sexe, il
émet un grognement. Un sexe dur, un sexe doux et un sexe que j’espère
vraiment être autorisée à sucer.
— Evan, insisté-je, et il lève les yeux vers moi. Nous n’avons jamais
vraiment discuté des préliminaires.
Il me sourit.
— Je ne pensais pas qu’on avait besoin d’en discuter, répond-il. Et puis,
c’est bien plus drôle de les faire que d’en parler.
Il m’embrasse le cou, avant de le mordiller et de le sucer.
— Beaucoup plus drôle, répète-t-il.
Il me fait reculer et l’arrière de mes genoux se cogne contre le lit.
— Tu n’es pas d’accord ?
— Si, réponds-je, excitée. C’est bien plus drôle de le faire.
Je me laisse alors tomber à genoux, mais il m’arrête et me relève.
— Evan, tu as dit qu’on pouvait le faire.
J’ai l’air d’une gamine à qui on vient d’annoncer qu’il n’y aurait pas de
goûter après l’école.
— Tu auras l’occasion de le faire, rit-il, mais je passe en premier.
Il me pousse et je tombe sur le lit, avant de me redresser en position
assise.
— Oh, ça me va aussi, dis-je.
Je regarde son sexe juste devant moi et le prends par les hanches.
— Moi d’abord, ajouté-je.
— Zara, n’y pense même pas, réplique-t-il, en écartant mes mains. Tu
passes en premier.
Il se met à genoux et j’ouvre les jambes pour lui.
— Tu passes toujours en premier.
Il lève sa main droite et suit les contours de mon sexe depuis l’extérieur.
— Couche-toi, m’ordonne-t-il, et je m’étends sur le lit, mais me maintiens
sur les coudes.
Je regarde ses yeux, tandis qu’il examine ma culotte assortie au soutien-
gorge en mailles roses transparentes et aux broderies dorées. La piste
d’atterrissage est clairement visible dessous. Il soulève l’une de mes jambes
sur son épaule, puis l’autre, et avec une lenteur douloureuse, me recouvre
de sa bouche. La chaleur et l’humidité de sa langue sur le tissu me font
rejeter la tête en arrière.
— À quel point est-ce que tu aimes cette culotte ?
Je le regarde, perplexe.
— Est-ce que je peux l’arracher ou est-ce que je dois la repousser de côté
?
La question me stupéfie, parce que je n’ai jamais été avec quelqu’un ayant
tellement envie de moi, qu’il a besoin de m’arracher ma culotte.
— OK, je vais la repousser sur le côté, mais à partir de maintenant, plus
de culotte au lit, plus jamais, dit-il.
Je peux entendre les mots et je peux les comprendre, mais rien n’a plus de
sens dans ma tête. La seule chose sur laquelle j’arrive encore à me
concentrer, ce sont ses doigts qui repoussent la culotte, puis son
grognement, juste avant que sa langue ne lèche ma fente de bas en haut.
— Putain, dit-il.
J’ouvre lentement les yeux et le regarde me dévorer comme un affamé.
Non seulement il me déguste, mais il adore ça, en plus. Il me mordille le
clitoris, puis l’aspire dans sa bouche, et mes cuisses se crispent autour de sa
tête.
— La chatte la plus douce du monde, dit-il, et je le sens insérer un doigt
en moi.
Lentement, tellement lentement que je peux tout ressentir, et c’est à mon
tour d’émettre un sifflement.
— Putain, lâché-je.
Il retire son doigt et le remplace par un autre. Il me baise comme ça en
même temps qu’il fait tourner sa langue autour de mon clitoris. Je lève les
mains et les enfouis dans ses cheveux, tandis que mes hanches se soulèvent
d’elles-mêmes.
— Je veux que tu jouisses sur ma langue, douce Zara, dit-il.
Son doigt se met à aller et venir de plus en plus vite et je mouille de plus
en plus. Je sens l’orgasme approcher, mon estomac se crispant, alors que
mon sexe commence à céder. Et soudain, exactement comme il le voulait, je
jouis sur sa langue.
— Je… gémis-je.
Je ne prends même pas la peine de finir ma phrase et chevauche la vague.
Son doigt va de plus en plus vite, alors que je commence à redescendre. Son
visage ne quitte pas mon sexe, avant que mes jambes deviennent molles sur
ses épaules. Il repose mes pieds au sol et se lève. Je le regarde ôter son
pantalon, une jambe à la fois, puis il se tient devant moi, uniquement vêtu
d’un caleçon noir Hugo Boss.
Le bout de son sexe dépasse de l’élastique et je me redresse pour le faire
s’approcher de moi. Je fais glisser son caleçon sur ses hanches et son sexe
est libéré. Je le regarde et, soudain, je me demande si un pénis peut être
qualifié de beau, parce que ce que j’ai sous les yeux est sublime. Je m’en
saisis et mes doigts ne se touchent pas. Je me penche en avant et lèche son
gland, avant de lever les yeux vers lui lorsqu’il gémit. Je place le bout de
son sexe dans ma bouche et enroule mes lèvres autour. Je le prends
profondément dans ma gorge, mes mains s’activent sur la partie que ma
bouche ne peut atteindre. Il enfonce les mains dans mes cheveux et
commence lentement à baiser ma bouche, et j’adore ça. Le pouvoir de lui
faire perdre la tête. C’est moi qui lui fais ça. Je l’avale jusqu’au fond de ma
gorge, avant de l’en laisser glisser et de lécher son membre. Tout du long,
ma main continue d’aller et venir de haut en bas.
— Ta queue est magnifique, finis-je par lui dire, en suçant son gland.
Longue.
— Je ne suis pas sûre d’apprécier que tu qualifies ma queue de
magnifique, plaisante-t-il.
J’essaie de l’engloutir en entier et échoue misérablement.
— Peut-être sexy ou virile…
Il arrête de parler, quand je forme un cercle sur le bout de son sexe avec
ma langue.
— Épaisse, continué-je, avant de l’avaler encore une fois, en prenant tout
mon temps.
Je commence à être de nouveau excitée et je suis prête à jouir une
deuxième fois. J’ai envie de fermer les jambes pour ajouter un peu de
friction. Je lève la tête vers lui et vois qu’il a les yeux fermés, alors je baisse
ma main libre et la glisse dans ma culotte. À la seconde où je touche mon
clitoris, j’émets un grognement et il ouvre les yeux.
— Ma douce Zara, dit-il, en voyant que je suis en train de me caresser.
Que se passe-t-il ?
Il retire alors sa main de mes cheveux et la porte à mes seins. Il abaisse le
bonnet de mon soutien-gorge, relève mon téton, et le pince. Je dois
m’immobiliser une seconde, avant de reprendre.
— Est-ce que tu serais la femme parfaite ? demande-t-il tout en faisant
rouler mes tétons entre son pouce et son index. Un visage parfait, des lèvres
parfaites, des seins parfaits, une chatte parfaite.
Mes mains remuent de plus en plus vite autour de son sexe et dans ma
culotte, à mesure que son sexe grossit dans ma bouche.
— Je vais jouir, dit-il.
Il essaie de retirer son sexe, mais je le serre plus fort pour l’en empêcher.
— J’y suis, lâche-t-il.
Il jouit sur ma langue et j’avale jusqu’à la moindre goutte. Il se retire et je
suis abasourdie, mais ce qu’il fait ensuite me stupéfie encore plus. Il
redescend au niveau de mon sexe.
— Je suis vraiment désolé pour ça, dit-il.
Puis il m’arrache ma culotte et me prend de nouveau dans sa bouche
jusqu’à ce que je jouisse sur sa langue pour la deuxième fois en une soirée.
Il vient ensuite se placer sur moi et sa bouche recouvre la mienne, puis il se
laisse tomber à côté de moi sur le lit. Je reste étendue là comme une nouille
toute molle.
— J’ai décroché le gros lot, annoncé-je au plafond, tandis qu’il est couché
à côté de moi, les yeux levés et une main sur le torse.
— Non, répond-il. C’est moi.
Je me tourne vers lui et il ajoute :
— Je te dois aussi une culotte.
— Tu te fiches de moi ? rétorqué-je.
Je me redresse et récupère la culotte rose déchirée.
— Je vais la faire encadrer.
Il se redresse sur un coude, le sexe à demi en berne et les abdos bandés et
parfaits. Je me dirige vers le lit, pose un genou sur le matelas, et soudain,
son sexe passe d’à moitié ramolli à complètement déchaîné.
— Tu es prêt à remettre ça ?
Il baisse les yeux sur son sexe et répond :
— Je crois que c’est un oui.
Il se lève et ajoute :
— Mais cette fois, faisons-le sous la douche.
Il n’a pas besoin de me le demander deux fois.
Lorsque nous en avons terminé, mes doigts sont fripés et je suis presque
un glaçon. Je m’enroule dans son immense peignoir en tissu-éponge et sors
de la pièce, quand je l’entends derrière moi.
— Où est-ce que tu vas, bon sang ?
Je me retourne et remarque son regard noir. Il a une serviette blanche
enroulée autour des hanches et j’aperçois les contours de son sexe, que je
viens tout juste de sucer. ENCORE. Mes yeux se fixent de nouveau sur lui
et je suis impatiente d’essayer d’autres choses.
— Zara ?
— Oui ? réponds-je en clignant des yeux.
— J’ai dit, où tu crois aller, comme ça ? répète-t-il.
Cette fois, il est juste devant moi.
— J’allais enfiler mon pyjama, réponds-je, en levant les doigts pour les
glisser le long de ses abdos.
J’ai effectué le même chemin avec ma langue il n’y a pas si longtemps.
— Non, rétorque-t-il, en dénouant la ceinture du peignoir. Tu dors nue.
Je ris.
— Et s’il y a un incendie ? lui demandé-je, alors qu’il ôte le peignoir de
mes épaules.
— On va laisser ça sur le lit.
Il le prend et le jette au bout du matelas. Puis il revient vers la tête de lit et
repousse les couvertures, avant de déposer un baiser sur mon cou.
— Monte, ma belle.
Je me glisse entre les draps et c’est comme s’enfoncer dans un nuage. Je
le regarde contourner le lit, ôter sa serviette et s’allonger près de moi. Il se
déplace au milieu du matelas et m’attire contre lui.
— Bonne nuit, douce Zara, dit-il.
Je me blottis entre ses bras et m’endors presque immédiatement.
VINGT
Evan
Je tiens sa main sur mes genoux, ses doigts sont entremêlés avec les
miens. Je la soulève, la porte à ma bouche et l’embrasse, puis je tourne la
tête vers elle et vois qu’elle sourit. Je la conduis jusqu’à l’aéroport, et je
déteste ça. Je voulais qu’elle reste plus longtemps, mais elle ne pouvait pas.
Ces quatre derniers jours ont été les plus heureux que j’aie jamais connus.
Nous nous sommes réveillés le dimanche en tendant la main l’un vers
l’autre. Putain, j’ai tout le temps envie d’elle, et on n’a même pas encore
couché ensemble. Je ne veux pas qu’elle croie que je lui ai demandé de
venir ici pour ça.
Nous nous sommes levés, avons nourri les chiens, puis je l’ai emmenée
acheter un canapé pour la cour de derrière. Elle était au paradis quand ils
l’ont livré, cet après-midi. Un canapé rond sur lequel vous pouvez vous
étendre, livré avec un demi-parasol. Je l’ai découverte assise dessus, les
chiens juste à côté d’elle, en rentrant de la patinoire le lundi.
Nous avons préparé le dîner côte à côte, avons regardé la télévision
ensemble et nous sommes endormis ensemble, et maintenant, tout ça est
terminé.
— À quelle heure est-ce que tu atterris ?
— À quinze heures trente. Zoé vient me récupérer, répond-elle.
Je vous jure que j’ai envie de faire demi-tour.
— À quelle heure est-ce que tu dois être sur la glace ?
— Dès que je t’aurai déposée.
Je prends la sortie en direction de l’aéroport et ajoute :
— Notre match est pour ce soir et, Dieu merci, nous restons à domicile
toute la semaine.
— J’ai une semaine de dingue, répond-elle.
Je tourne la tête vers elle et imprime de nouveau son image dans ma tête.
J’en ai déjà des millions. Elle porte un jean droit bleu et déchiré, ainsi qu’un
T-shirt blanc qui sera recouvert par sa veste en cuir noire. Elle a des
Converses aux pieds, ce qui lui donne une allure sportive et chic.
— Je dois faire des portfolios pour cinq clients.
— Tu travailles depuis chez toi ou tu as besoin d’aller au boulot ?
— Non, je travaille chez moi toute la semaine, répond-elle. Je devrai juste
y aller samedi pour ajuster les robes de soirée des filles pour le gala de
départ en retraite qu’elles organisent.
Je tourne dans le parking souterrain et elle émet un son mécontent à côté
de moi.
— Tu n’es pas obligé de m’accompagner à l’intérieur.
Je me gare, puis défais ma ceinture et me penche pour l’embrasser.
— Je n’écoute que la moitié de ce que tu me demandes de faire, avoué-je,
avant d’approcher de son oreille. Sauf si tu prononces les mots « fais-moi
encore jouir. »
Elle me repousse et je remarque que ses joues ont rougi.
— La ferme. Tu m’as dit la même chose juste avant qu’on parte.
Je ris, et songe à la manière dont elle a pris mon sexe dans sa bouche juste
avant notre départ.
— Une dernière pour la route, a-t-elle dit, avec une étincelle dans les
yeux.
Je sors de la voiture et me dirige vers son côté pour lui ouvrir la portière.
Quand elle sort, je l’étreins contre moi et elle passe ses bras autour de ma
taille.
— Je ne veux pas que tu partes.
— Moi non plus, avoue-t-elle contre mon cou.
Nous restons comme ça, aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que son
téléphone émette un bip annonçant une notification. Elle le récupère dans sa
poche.
— Mon vol est à l’heure.
Je lui adresse un signe de tête et me dirige vers le coffre pour récupérer sa
valise, pendant qu’elle prend son sac à main et sa veste sur le siège arrière.
Nous entrons dans l’aéroport en nous tenant la main, nos doigts entremêlés
lâchement. J’attends qu’elle ait fait enregistrer sa valise, puis j’avance avec
elle jusqu’à ne pas pouvoir aller plus loin. Elle se tourne vers moi et je
replace ses longs cheveux ondulés derrière ses oreilles.
— Ma douce et belle Zara.
Elle serre les mains autour de mes poignets, lorsque je prends son visage
en coupe et l’attire vers moi pour l’embrasser. Doucement, délicatement,
sur les lèvres, mais pas comme je le voudrais.
— Appelle-moi quand tu auras passé la sécurité, lui dis-je, et elle sourit.
— J’ai déjà pris l’avion, tu sais, plaisante-t-elle. Je t’appellerai quand
j’arriverai au portail d’embarquement.
— D’accord, concédé-je, avant de déposer un baiser dans son cou. Sois
sage, ma douce Zara.
Elle se détourne alors, pour s’éloigner de moi. Elle se place dans la file de
contrôle de sécurité, s’avance vers l’agent qui lui prend son billet et sa carte
d’identité. Il les scanne et, d’un coup, elle est partie. Je ressors, tête basse,
mes lèvres me picotant encore après son baiser et les mains encore chaudes
du contact de ses doigts.
Quand je reviens chez moi, les chiens aboient et me sautent dessus, et je
vois Lilo regarder derrière moi à la recherche de sa nouvelle meilleure
amie.
— Elle est partie, ma fille, lui dis-je, et je pourrais jurer qu’elle se met à
bouder.
Elle baisse la tête, puis sort de la cuisine. Zara m’appelle alors qu’elle est
en train d’embarquer et me dit qu’elle me rappellera un peu plus tard.
Je me force à faire une sieste avant le match et, quand je me lève à quinze
heures, je vois qu’elle m’a envoyé un message il y a vingt minutes pour
m’annoncer qu’elle avait atterri. Je me lève et enfile mon costume, avant de
me mettre en route pour la patinoire. J’entre dans le vestiaire et vois que
Denis est déjà là, ainsi que Corey.
— Salut, dis-je en jetant mes clefs sur l’étagère avec mon téléphone et
mon portefeuille.
— Tu es là plus tôt que d’habitude, remarque Corey.
Il porte ses vêtements d’entraînement et est en train de boire une boisson
protéinée.
— Ouais, je me suis dit que j’allais manger ici, réponds-je.
C’est alors que deux débutants entrent.
— Tu as amené ta copine à l’aéroport ? demande Corey, je me contente de
hocher la tête.
— C’est vraiment la sœur de Matthew Grant ? m’interroge Thomas, l’un
des petits nouveaux, tout en s’asseyant à sa place.
Corey essaie de dissimuler un sourire.
— Ouais, réponds-je, en ôtant ma veste.
— Mec, sans vouloir te vexer, putain ce qu’elle est sexy, continue-t-il, et
je le fusille du regard. Ses jambes ? Merde, elles sont interminables.
— Eh, Thomas, lancé-je.
Il lève les yeux vers moi tout en retirant sa cravate.
— Tu as combien de dents dans la bouche ?
— Quoi ? demande-t-il, confus. Je les ai toutes.
— Dans ce cas, à moins que tu veuilles que je te les fasse toutes cracher
par terre, je te suggère de changer de sujet.
Corey s’écroule de rire et Denis se contente de rire en silence.
— Je disais juste ça comme ça, s’empresse de préciser Thomas en levant
les mains. Ça ne voulait rien dire.
— Je comprends exactement ce que tu voulais dire, et maintenant, tu
comprends ce que, moi, je veux dire.
Je lui adresse un regard entendu et il se contente de hocher la tête, avant
de sortir de la pièce.
— Seigneur, j’ai cru qu’il allait se pisser dessus, remarque Corey. Tu
devrais y aller doucement avec lui. Il ne pensait pas à mal.
— Je me fiche de savoir à quoi il pensait, répliqué-je.
J’enfile mes vêtements d’entraînement et me dirige vers la cuisine. Mon
téléphone se met à sonner à la seconde où je m’assieds. Je regarde l’écran et
vois qu’il s’agit de Zara.
— Salut, dis-je, avec un énorme sourire sur le visage.
— Salut, répond-elle, à bout de souffle. Je viens de rentrer. La circulation
était horrible.
— Je suis à la patinoire, lui dis-je. Lilo boude et tu lui manques.
— Ooooh, ma pauvre fille.
Je peux voir clairement son sourire dans ma tête.
— Lilo est-elle la seule à qui je manque ?
— J’ai dormi sur ton oreiller durant ma sieste, avoué-je, en regardant
autour de moi pour m’assurer d’être seul.
— J’ai ramené ton T-shirt avec moi, dit-elle doucement. Celui que tu
portais hier.
Je me mets à rire.
— À quelle heure est le match de ce soir ?
— Tu n’es pas obligée de le regarder, Zara, lui assuré-je, sachant qu’elle
déteste le hockey.
J’ai mis un match à la télé, hier, quand New York jouait, et elle s’est
endormie au bout de trente secondes.
— Je sais que je ne suis pas obligée, mais je le mettrai quand même,
répond-elle.
J’entends alors Zoé hurler son nom en arrière-plan.
— OK, vas-y et entre dans la zone. Appelle-moi après le match.
— D’accord, réponds-je, avant de raccrocher.
Je pose mon téléphone et suis en train de manger, quand il émet de
nouveau un bip. Je baisse les yeux dessus. Elle m’a envoyé un message.
Zara : À chaque but que tu mettras, tu seras récompensé avec ma
bouche.
Zara : Autour de ta queue.
Je grogne intérieurement, parce que mon sexe croit que ça va arriver tout
de suite et commence à se réveiller.
Moi : Je vais devoir m’occuper de moi-même avant le match rien que
d’y penser.
Elle me répond aussitôt.
Zara : Eh bien, dans ce cas, on devrait avoir une discussion très
intéressante après le match. Tu me manques.
Je ne lui renvoie rien, parce que mon téléphone sonne et je vois que c’est
Candace.
— Allô, la salué-je. Tu es en vie ?
— Ah ah ah, balance-t-elle d’un ton sarcastique. Fais-moi confiance, si ce
n’était pas le cas, maman serait sur ton dos, en ce moment, pour te forcer à
venir me chercher.
— C’est très vrai, acquiesçé-je.
Je sais que ma mère ferait exactement ça.
— Tu viens de rentrer ? lui demandé-je, en terminant mon assiette.
— Ouais, confirme-t-elle. Je comptais venir voir le match ce soir et
amener une amie.
— D’accord. On se voit après, dis-je, avant de raccrocher.
Je m’échauffe un peu, avant de devoir m’équiper et monter sur la glace.
Quand j’arrive sur la patinoire, je vois deux fans qui m’attendent près de la
vitre et je leur jette un palet. Puis je tourne les yeux vers le capitaine de
l’autre côté de la patinoire.
— Ça va être une dure soirée, dit Corey. Ils sont sur une série de victoires
de six matchs.
— Eh bien, ça se termine ce soir, réponds-je.
Je prends un palet et le déplace d’avant en arrière avec ma crosse.
L’échauffement se termine et nous retournons dans le vestiaire. Le coach
entre et nous montre des photos de certaines actions qu’il voudrait qu’on
essaie. Je suis assis sur le banc avec ma boisson d’avant-match à la main,
tapotant la bouteille des doigts.
— Brisons cette série de victoires, les gars, lance-t-il, en frappant dans ses
mains.
Nous nous levons et nous mettons en ligne pour sortir. Nous patientons
dans le couloir, tandis que Corey nous délivre son discours habituel. Je
sautille sur mes patins, puis sangle mon casque et attends mon tour.
Je monte sur la glace et prends ma place sur la ligne bleue, puis je retire
mon casque pendant l’hymne. Après ça, je m’avance jusqu’au milieu de la
glace, tandis que les fans commencent à battre des pieds. Je patine en
cercle, ma crosse entre les mains, et entre dans la zone. Je repousse toutes
mes pensées dans un coin de ma tête et, quand l’arbitre approche avec le
palet, je me mets en position et attends qu’il le laisse tomber. Je remporte le
face-à-face et dégage la rondelle vers Denis, qui la fait remonter lentement,
tandis que nous fonçons tous les trois vers leur gardien. Il envoie le palet à
Jari et j’essaie de contourner la défense par la droite. J’arrive à rester
légèrement derrière et reviens vers la gauche, où je lui jette un regard pour
lui indiquer de me faire une passe. Dès que la rondelle frappe la lame de ma
crosse, je tire en direction du gardien. Je ne m’attends à rien, mais espère
donner à tout le monde l’occasion de faire une action de rebond. Sauf que le
palet s’envole derrière l’épaule du gardien et que d’un seul coup, après sept
secondes de jeu, ça fait un à zéro pour nous. Je patine derrière le filet et mes
coéquipiers se rassemblent autour de moi. Corey est le premier à me
rejoindre.
— On dirait que quelqu’un est gonflé à bloc, plaisante-t-il, puis nous
glissons jusqu’au banc.
Nous donnons une tape dans la main de tout le monde, puis effectuons un
changement.
Durant le restant de la période, nous nous accrochons à cette avance d’un
but, mais quand nous débutons la deuxième période, soit ils ont soif de
sang, soit c’est nous qui nous traînons les fesses, parce qu’il ne faut que
vingt-sept secondes avant qu’on se retrouve menés deux à un. Nous nous
retrouvons coincés dans notre zone plus souvent que nous le voudrions, et
éloigner le palet est aussi difficile que d’arracher une dent. Nous finissons
par réussir, mais ça ne suffit pas pour marquer le but d’égalisation.
Quand nous revenons au vestiaire, à la fin de la deuxième période, ils ont
eu vingt-et-une occasions et nous n’en avons eu que six.
— On doit se créer plus d’occasions, dit le coach. Vous devez arrêter de
vous retrouver coincés dans notre zone.
Mes équipiers se contentent de le regarder et, quand nous remontons sur
la glace pour la troisième période, le match prend un nouveau tournant.
Nous nous retrouvons coincés dans notre zone, comme d’habitude, mais,
cette fois, nous interceptons le palet et traînons nos fesses vers le gardien.
Corey entre dans la zone à deux contre un et je me lance, tirant au nez du
deuxième défenseur. Le coup rebondit sur le gardien, mais je suis juste sur
la droite, prêt pour le rebond, et je fais glisser le palet dans le coin vide du
filet.
— Un de plus, leur lancé-je, et nous patinons de nouveau vers le banc
pour le changement de ligne. Il faut qu’on en mette un de plus.
Je prends la bouteille de Gatorade et en verse dans ma bouche. En un
battement de cils, nous parvenons à marquer et prenons l’avance d’un but.
À la fin du match, nous avons mis fin à leur série de victoires. Je suis
acclamé par les spectateurs et effectue un tour de piste complet, tout en
lançant des palets dans la foule.
Je descends de la glace, j’entre dans le vestiaire dès que les journalistes
arrivent. Deux d’entre eux me posent des questions, après quoi je me
précipite sous la douche. Je regarde l’horloge et vois qu’il est presque dix
heures, une heure de plus chez elle. Je me demande si elle est couchée. Je
prends mon téléphone et lui envoie un message.
Moi : Tu es encore debout ?
Je pose mon portable et m’habille, quand elle me répond aussitôt.
Zara : Pas du tout.
Je reprends l’appareil et vais dans une pièce calme pour l’appeler. Elle
décroche tout de suite ; sa voix est endormie et, soudain, je me sens triste à
l’idée qu’elle ne sera pas chez moi à mon retour.
— Salut, superstar.
— Salut, ma belle, dis-je doucement, et je vois son sourire dans ma tête.
Tu es couché ?
Je l’imagine dans mon lit, les fois où je me suis réveillé et l’ai prise dans
mes bras.
— Oui, répond-elle, et j’entends un froissement de draps en arrière-plan.
J’ai mis une alarme au cas où je m’endormirais.
— Tu me manques, lui dis-je en toute sincérité. J’aimerais te retrouver à
mon retour chez moi ce soir.
Elle se met à rire, cela me détend.
— C’est uniquement parce que je te dois deux pipes.
— Oh, ne t’en fais pas, mon cœur. Je garde ça en tête pour la prochaine
fois.
Je l’entends bâiller et reprends :
— Et si tu allais te coucher ? Je te rappellerai demain en me levant.
— D’accord, Evan, répond-elle doucement. On se parle demain.
— Bonne nuit, ma belle, lui dis-je, avant de raccrocher.
Je retourne dans le vestiaire et vois qu’il est presque vide.
— Ta sœur te cherchait, me dit Corey tout en enfilant sa veste, et je lui
adresse un signe de tête.
Je mets mon téléphone dans ma poche et enfile ma veste à mon tour.
— Le voilà, lance ma sœur derrière moi. La star du match.
Je me retourne en souriant, mais mon sourire s’évanouit quand je vois qui
est son amie.
— Salut, lui dis-je, avant de tourner les yeux vers Sophia, mon ex-petite
amie.
Je savais qu’elles étaient copines, mais je ne savais pas qu’elles étaient si
proches.
— Salut, lance Sophia, et je hoche juste la tête.
— Tu as bien joué, dit ma sœur.
Je me contente de la regarder, en espérant qu’elle verra tout le dédain sur
mon visage.
— Merci, fis-je.
Je récupère mes clefs et demande :
— Où est-ce que vous allez, maintenant ?
Son regard passe de moi à Sophia.
— On espérait que tu nous emmènerais dîner, répond Candace, et je lui
souris.
— Désolé. Je suis crevé, je vais rentrer chez moi.
Je me retourne et sors de la pièce. Ma sœur et Sophia m’emboîtent le pas.
— Oh, allez, lance Candace.
Je me retourne et les regarde toutes les deux.
— Cand, je n’ai aucune idée de ce que tu essaies de faire, mais ça ne
marchera pas.
Non seulement je suis furieux qu’elle ait impliqué Sophia là-dedans, mais
je suis aussi en colère, parce qu’elle me met dans une situation
embarrassante.
— Sophia, c’était sympa de te revoir. Cand…
Je me tourne vers elle et finis :
— Tu peux m’appeler demain.
Sans prendre la peine d’attendre sa réponse, je me contente de tourner les
talons et de rentrer chez moi.
VINGT-ET-UN
Zara
***
J’essaie d’abattre autant de travail que possible durant la journée pour
faire en sorte que ça passe plus vite, mais ça ne fonctionne pas. Chaque jour
est pire que le précédent et, quand vient le vendredi soir, je n’arrive
quasiment pas à dormir. Je me tourne et me retourne dans mon lit, et quand
je m’endors enfin, je me réveille quarante minutes plus tard, pour voir qu’il
n’est même pas cinq heures du matin. À sept heures, j’abandonne et
descends au rez-de-chaussée. Je suis sur le point de me faire un café, quand
j’entends quelqu’un frapper. Je baisse les yeux et constate que je ne porte
que le T-shirt d’Evan, alors je récupère une serviette dans le panier à lingue
et l’enroule autour de la partie inférieure de mon corps, avant de me diriger
vers l’entrée. On toque de nouveau, un peu plus fort, cette fois.
— J’arrive, dis-je.
Je déverrouille la porte, l’ouvre en grand et, à ma grande surprise, me
retrouve face à lui.
— Bonjour, ma belle, dit-il.
Il tient un bouquet de roses à la main, mais je m’en fiche, et je saute dans
ses bras. Il a à peine le temps d’ôter les roses du chemin avant de me
rattraper. J’enroule mes jambes autour de sa taille et enfouis mon visage
dans son cou. Je suis certaine que je suis en train de l’étrangler, mais je n’en
ai rien à faire. Il est là, devant moi, et il me tient dans ses bras, alors rien, je
dis bien rien, ne pourra me déloger de là. Il entre dans la maison et ferme la
porte derrière lui.
— Mon cœur, dit-il doucement. Je vais avoir besoin de tes lèvres.
Je m’écarte dans ses bras, les jambes nouées aux chevilles. Il a une main
sous mes fesses et l’autre, qui tient toujours les fleurs, est passée autour de
ma taille.
— Te voilà, me dit-il, et son sourire est si large que le coin de ses yeux se
plisse. Tu m’as tellement manqué.
Je suis incapable de parler, parce que j’ai une boule énorme dans la gorge,
et je sais que si je dis quoi que ce soit, je vais sûrement sangloter, tellement
je suis heureuse. Je presse mon front contre le sien et mes mains contre ses
joues ; son menton est plus mal rasé que la dernière fois. Je me penche
lentement en avant et embrasse doucement ses lèvres, si doucement que
c’est presque comme si je n’étais pas là. Il se retourne pour poser les roses
sur la table basse.
— Où est-ce que tu veux faire ça ? me demande-t-il.
— Dans mon lit, réponds-je. À l’étage.
Il grimpe les marches et je descends finalement, mais pas avant que mes
mains ne se soient acharnées sur son T-shirt, jusqu’à le faire passer au-
dessus de sa tête.
— Quand est-ce que tu es arrivé ? lui demandé-je, mais il ne répond pas.
Tout ce qu’il fait, c’est prendre mon visage entre ses mains pour
m’embrasser. Il m’embrasse jusqu’à me rendre folle. Ces trois dernières
semaines me rattrapent soudain et je n’arrête pas de l’embrasser, jusqu’à ne
plus pouvoir respirer. Je ne m’arrête pas avant d’être haletante et de me
sentir au paradis.
— Je n’ai que quelques heures devant moi, avant de devoir me rendre à la
patinoire, m’explique-t-il entre deux baisers.
Ses lèvres se pressent contre les miennes, puis mon cou, et ses mains
glissent sous mon T-shirt pour prendre mes seins en coupe ; ils sont
douloureux depuis le moment où je me suis jetée sur lui.
— Tu m’as tellement manqué, dit-il.
Il prend l’un de mes tétons dans sa bouche, et je vous jure que ça suffit
presque à me faire jouir. Je suis tellement excitée. Je porte vivement la main
à sa ceinture et, avant même que nous ayons pris conscience de ce qu’il se
passe, je suis à genoux et son sexe est enfoncé au fond de ma gorge. Nous
émettons tous deux un grognement, je ne m’arrête pas, je ne peux pas
m’arrêter, et il jouit dans ma gorge dans un rugissement.
VINGT-DEUX
Evan
Zara
Evan
Zara
Je n’aurais jamais cru que le sexe pouvait être aussi drôle ni que le désir et
les envies pouvaient totalement prendre le contrôle de mon corps. Jamais,
au grand jamais, je n’aurais cru me retrouver à supplier pour ça. Pour ses
caresses, pour sa bouche, pour ses doigts et, plus important encore, pour son
sexe.
À mon réveil, mon corps est courbaturé à des endroits où je n’aurais
même pas cru ça possible, mais je repense alors à la nuit que nous venons
de vivre et au nombre de fois où je l’ai supplié. Une fois qu’il m’a laissé le
chevaucher, ce que j’ai fait avec enthousiasme, il m’a penchée en avant
dans la douche, les mains agrippées en poings dans mes cheveux, et j’ai joui
si fort que j’ai cru que mes jambes allaient céder sous moi. La nuit a été
remplie de mains et de bouches. À un moment, je me suis réveillée pour le
découvrir en train de se glisser en moi ; une autre fois, il s’est réveillé avec
son sexe dans ma bouche. Je tourne la tête vers le réveil et vois qu’il est
presque sept heures ; je sais qu’il doit être debout à huit heures.
Il est face à moi, les yeux fermés et une main posée sur son torse, qui se
soulève et s’abaisse doucement. Lentement, je plonge la main dans le tiroir
de la table de chevet et récupère un autre préservatif. J’ouvre le plastique et
prends son sexe dans ma main. Je l’entends émettre un grognement, mais
son membre est déjà en érection et prêt pour moi. J’enfile le préservatif et il
grogne de nouveau. Je n’attends pas qu’il ait ouvert les yeux avant de
passer une jambe par-dessus sa hanche et de me laisser glisser lentement sur
lui, jusqu’à le prendre en entier. Je presse les mains contre mes seins et me
pince les tétons. Il y a de petits suçons dessus, depuis la dernière fois où je
me suis retrouvée dans cette position. Il ouvre les paupières et baisse les
yeux, pour me voir me redresser, avant de m’accroupir de nouveau sur lui.
Il porte les mains à mes hanches.
— Magnifique, marmonne-t-il.
Il referme les yeux, mais, cette fois, ses pouces viennent trouver mon
clitoris.
— Tu es déjà si mouillée, dit-il, et ses paroles cochonnes ne font que
m’exciter encore plus.
Il le sait et je le sais.
— Tu veux chevaucher ma queue ? demande-t-il.
Je plaque mes mains sur son ventre et frotte mes hanches tout en les
faisant pivoter.
— Putain, lâche-t-il.
Je crispe mes parois autour de son sexe.
— Je voulais que tu te réveilles avec mon visage contre ta chatte, dit-il.
Je suis si près de l’orgasme, que je peux presque le toucher. Mon estomac
se contracte et mes doigts de pied se recourbent.
— Regarde-nous, dit-il en baissant les yeux sur mon sexe. Regarde
comme ta chatte prend ma queue.
J’observe la façon dont je le chevauche. Son sexe disparaît, et je me
dépêche de le faire réapparaître.
— Empale-toi sur mon sexe, ma belle.
Mes jambes me brûlent tandis que je m’accroupis au-dessus de lui. L’une
de mes mains rejoint son pouce et nous jouons tous deux avec mon clitoris.
Il lève son autre main et me pince le téton. Puis il écarte ma main de mon
clitoris et je gémis de frustration, parce que je suis à deux doigts de jouir. Il
presse et tord mon téton tout en pressant mon clitoris exactement en même
temps et en soulevant les hanches. Il me pince à nouveau le téton, mais,
cette fois, il le relâche, ainsi que mon clitoris. Je ne suis plus qu’une poupée
de chiffon. Il m’attrape alors par la taille, me retourne sur le dos et me baise
si fort. Quatre coups de reins suffisent ; je me soulève et lui mords le
pectoral, juste avant qu’il s’empale en moi et que nous jouissions ensemble.
— Putain de merde, siffle-t-il, et je ris. C’était tellement sexy.
Il se penche pour prendre l’un de mes tétons dans ma bouche. Il le suce un
peu et laisse une petite marque de morsure juste à côté.
— Arrête de me marquer, dis-je en le repoussant.
— Jamais, répond-il. Ça prouve que tu es à moi.
Je tourne les yeux vers lui, alors qu’il s’écarte de moi et se dirige vers les
toilettes. Puis je regarde le réveil et vois qu’il est presque sept heures et
demie, alors je sors du lit. Mes jambes me donnent l’impression que j’ai
passé quatre heures à la salle de sport.
Je me dirige vers ma valise et la vide par terre.
— Qu’est-ce que tu fais ?
Je reporte mon attention sur lui et vois qu’il est debout devant moi, nu et
le sexe à moitié en berne.
— Je récupère des vêtements, réponds-je, et il secoue la tête.
Il retourne dans sa penderie, avant de ressortir avec l’un de ses T-shirts.
— Tiens.
Il me tend le tissu gris avec le logo de son équipe sur le devant et son nom
dans le dos.
— Ça te dirait de te faire tatouer mon nom ? me demande-t-il, et je fais
signe que non.
— Ça te dirait d’aller chasser avec ma famille, déguisé en canard ?
répliqué-je, en attrapant le T-shirt pour l’enlever. Il me faut toujours une
culotte.
Ses yeux brillent d’amusement.
— Evan, les chiens vont me sauter dessus et je ne veux pas qu’ils mettent
leur bouche sur mon vagin.
— Très bien, concède-t-il tout en enfilant son short de sport. Mais assure-
toi d’en mettre une facile à arracher.
— On vient de coucher ensemble cinq fois en six heures, lui rappelé-je en
riant, puis j’enfile un shorty rose en dentelle.
— J’ai perdu le compte, répond-il. Il faut qu’on le refasse encore deux
fois d’ici à ce que je parte.
— Tu dois conserver ton énergie pour quand tu seras sur la glace,
rétorqué-je, avant de me lever et de sortir de la chambre.
Les chiens bondissent du canapé et s’avancent vers moi.
— Bonjour, mes amours, leur dis-je. Vous êtes prêts à sortir vous
promener ?
Stitch tourne sur lui-même, tandis que Lilo s’est hissée sur deux pattes
pour me lécher le visage.
— OK, dis-je.
Je vais vers la porte et leur ouvre pour qu’ils puissent se précipiter dehors.
— Laisse la porte ouverte pour qu’ils puissent rentrer, lance Evan, tout en
se dirigeant vers le garage, sûrement pour remplir leurs gamelles et faire du
café.
— Tu manges ici ou à la patinoire ? demandé-je, en élevant la voix, avant
de sursauter en voyant qu’il est déjà de retour. Seigneur.
— Je peux manger ici, répond-il.
Puis il me rejoint et passe les bras autour de moi.
— Bonjour, ma belle, dit-il en m’embrassant le cou.
— Bonjour, lui murmuré-je, et il m’embrasse sur les lèvres.
Je devrais appeler quelqu’un pour lui demander si c’est normal de
ressentir à ce point le besoin de l’escalader comme un arbre, parce que
laissez-moi vous dire que je pourrais le grimper pendant des heures. Je le
regarde s’avancer vers le frigo et en sortir quelques aliments, puis nous
préparons le petit déjeuner côte à côte. Enfin, je dois parfois me pencher
accidentellement vers lui, et il y a aussi des fois où il a besoin de glisser les
mains dans ma culotte pour insérer un doigt en moi.
— Sois sage, lui dis-je tout en battant des œufs. Pas de sexe jusqu’à ton
retour.
— C’est dans environ six heures, répond-il d’un air mécontent.
Je nous sers des œufs à tous les deux, en remplissant plus son assiette que
la mienne. Je coupe des avocats frais et lui prépare ses deux tranches de
pain grillé.
— Quel est le programme pour aujourd’hui ? lui demandé-je en posant
l’assiette sur la table quand je sens sa présence derrière moi.
— J’ai un entraînement de dix heures à midi et ensuite, je vais
généralement à la salle de sport jusqu’à treize heures trente, donc je devrais
être rentré à quatorze heures, m’explique-t-il, en s’asseyant à côté de moi.
— OK, parfait.
Je lève les yeux vers l’horloge et vois qu’il est un peu plus de neuf heures.
— J’aurai terminé mon boulot avant que tu sois rentré.
— Tu veux qu’on sorte manger quelque part, ce soir ? me propose-t-il, et
je secoue la tête.
— Non, réponds-je. Je veux qu’on s’étende tous les deux dehors, sur mon
canapé.
Il hoche la tête avec un grand sourire.
— Et après, je veux rentrer et prendre un bain, ajouté-je.
— Ça me paraît être un bon plan.
Il ramasse son assiette et la rince à l’évier avant de la placer dans le lave-
vaisselle.
— Laisse. Je nettoierai. Va te préparer, lui dis-je.
Il s’avance vers moi et se penche en avant. Il dépose un baiser sur mes
lèvres, puis se détourne pour aller se préparer, avant de sortir de la maison
en courant dix minutes plus tard. Me laissant presque haletante derrière lui.
— Ne te touche pas pendant mon absence, m’avertit-il avec un clin d’œil
avant de partir.
— Connard, lancé-je à la porte close.
Je nettoie la cuisine et vais récupérer mon téléphone. J’ouvre FaceTime et
décide qu’une discussion de groupe s’impose. Alors j’ouvre mon
application et commence à ajouter des gens. Zoé est la première à répondre.
— Salut, lui dis-je. J’ajoute quelques personnes à la conversation, vu que
je n’ai pas envie de répéter cette histoire sept fois.
Elle hoche la tête, et je la vois lire l’écran de l’ordinateur devant elle.
Karrie est la deuxième à répondre.
— Eh bien, eh bien, eh bien, dit-elle avec un sourire.
— Elle ajoute des gens, alors chante « tu es une sacrée traînée » quand
tout le monde aura décroché, dit Zoé avec un sourire narquois, tout en
soulevant son café.
— Vivienne et Allison sont ici, dit Karrie.
Elles répondent quand même sur leur propre téléphone et Karrie leur
demande :
— Pourquoi est-ce que vous répondez ?
— Parce que je veux voir à quel point elle a grimpé aux rideaux, répond
Vivienne, dont le visage emplit l’écran. Elle a pris du bon temps. Regardez-
moi ces joues.
Je plaque les mains sur les fautives.
— Ses yeux sont encore embrumés par les orgasmes, continue-t-elle.
— Bon sang, lance Allison. Elle a raison.
— OK, les interrompt sèchement Zoé. Laissez-la parler.
Tout le monde se tait et me regarde.
— Je crois que je suis nymphomane, lâché-je.
Zoé écarquille les yeux, Karrie ouvre grand la bouche, Allison pince les
lèvres pour retenir un sourire et Vivienne se contente de rejeter la tête en
arrière et d’éclater de rire.
— Elle est très bien baisée, dit-elle, en claquant sa paume sur la table.
— Je vous jure, on l’a fait cinq fois, et j’ai dû avoir dix orgasmes, leur
dis-je. Et dès qu’on avait terminé, j’en avais de nouveau envie.
— Mince alors, lâche Zoé. Est-ce qu’il a un frère ?
— Sérieux. Ce matin, je me suis réveillée et la première chose que j’ai
faite, c’est lui grimper dessus, dis-je, en secouant la tête. Il dormait, je lui ai
enfilé un préservatif et je l’ai chevauché.
— Seigneur, dit Zoé. Je crois que je n’en ai jamais eu autant envie.
— Dans ce cas, c’est qu’on ne s’occupe pas assez bien de toi, réplique
Allison, nous stupéfiant toutes. Max est toujours d’attaque.
Je grimace, alors que Zoé s’exclame :
— Beeeuurk.
— Quoi ? Elle a le droit de parler d’Evan et de ses virées à Pilon Ville,
mais pas moi ?
— Oui, parce qu’elle n’est pas mariée avec lui, réplique Zoé. Je n’ai pas à
m’asseoir à table à côté de lui en me demandant si tu l’as sauté avant notre
repas du dimanche.
— La réponse est oui, répond Allison en tirant la langue. Quand il est à la
maison, nous faisons l’amour au moins une fois par jour.
— Pareil, lance Karrie, et je lève une main pour les interrompre.
— Tu ne peux pas nous parler de ça, parce que c’est notre frère. Et, est-ce
qu’il n’approche pas de cet âge auquel il risque d’avoir une crise cardiaque
s’il le fait trop souvent ?
Karrie lève les yeux au ciel.
— Si seulement, putain.
Zoé, Allison et moi grimaçons, alors que Vivienne sourit.
— L’autre jour, je rentrais de la salle de sport, j’étais en sueur et je puais,
et il m’a regardée et a dit « Tu as envie ? ».
— Il y a forcément un âge limite, insisté-je.
— Pas ici, répond Allison. Loin de là, même.
— Bref, est-ce qu’on peut se concentrer sur moi, pour une fois ? repris-je.
Qu’est-ce que je fais ?
— Tu baises, répond Vivienne en riant. Tu le sautes et tu le sautes, encore
et encore et encore.
Elle nous regarde tour à tour et rappelle :
— Je n’ai plus eu de relation sexuelle depuis cinq mois.
C’est à notre tour de la dévisager, stupéfaites.
— J’étais occupée.
— Menteuse, lâche Karrie.
Vivienne la fusille du regard. Mais ce n’est pas d’elle qu’on parle.
— Et si tu te contentais de profiter ? propose Allison.
— Il dit que je n’ai pas le droit de me toucher s’il n’est pas là et il a laissé
tellement de marques sur moi que je vais devoir porter des cols roulés
pendant toute la semaine, leur avoué-je et elles se mettent toutes à rire.
— Je me souviens qu’une fois, j’ai laissé un suçon sur la bite de Max, et
que Matthew l’a vu, nous raconte Allison en riant. Il ne savait pas que
c’était moi et, quand il l’a découvert, il a vomi.
— Matthew n’a le droit d’en laisser qu’à des endroits où les enfants ne
peuvent les voir, explique Karrie. Donc, en bref, je ne peux pas me balader
seins nus.
— Pourquoi est-ce que tous ces hommes veulent absolument marquer
leurs femmes ? s’interroge Zoé. C’est un peu trop.
Le reste de la conversation se passe tranquillement. Je leur avoue que je
l’aime et Zoé est la seule à ne pas être surprise. Quand nous nous quittons
finalement, il est presque midi. Je retourne dans sa chambre et déballe mes
affaires. J’accroche ce qui doit l’être, mais laisse les vêtements pliés dans le
bagage près du mur. Je récupère un pantalon de yoga et un haut, puis je vais
prendre une douche. Je sors ensuite mon ordinateur portable et un bloc-
notes et fais de la table de la cuisine mon espace de travail.
Je suis tellement concentrée dans l’organisation de mon emploi du temps
et le fait de répondre à un tas d’e-mails que je n’entends même pas la porte
d’entrée s’ouvrir et se refermer. Je lève les yeux vers l’horloge et vois qu’il
n’est que treize heures trente. Je me lève, contourne le comptoir et me fige
et me retrouvant face à face avec une blonde. Les battements de mon cœur
accélèrent.
— Qu’est-ce que vous fichez ici, putain ? me demande-t-elle.
Je baisse les yeux de côté et vois que Lilo est assise à côté de moi.
— Je n’arrive pas à croire qu’il vous ait amenée ici.
— Excusez-moi, dis-je, une fois que j’ai enfin retrouvé l’usage de la
parole. Qui êtes-vous ?
— Moi, mon cœur ? réplique-t-elle d’un ton sarcastique. Je suis celle qui
est censée être ici, plutôt que toi.
Voilà donc ce que ça fait d’être quelqu’un de mature. De ne pas perdre son
sang-froid et de s’accorder une seconde pour réfléchir.
— Ça ne répond pas à ma question, réponds-je, en croisant les mains
devant ma poitrine. Qui êtes-vous ?
— Je suis Candace. La sœur d’Evan.
Elle lève les yeux au ciel et je me contente de la regarder.
— Je vous jure, il faut toujours qu’il pense avec sa queue.
Ces paroles, sortant de sa bouche, me font quelque chose. Je ne vais pas
mentir, elles font même vraiment mal.
— Maintenant que vous m’avez expliqué qui vous êtes, vous pourriez
peut-être me dire pourquoi vous êtes ici, reprends-je, avant de regarder
autour de moi. Ce n’est pas chez vous.
Elle m’adresse un regard meurtrier.
— Enfin, ajouté-je, à moins que vous ne soyez venue récupérer quelque
chose.
— C’est le jour de notre rendez-vous hebdomadaire, siffle-t-elle.
Seigneur, vous êtes vraiment une flèche, hein ?
Je commence à en avoir assez, mon dos se raidit, alors que je m’apprête à
jeter par la fenêtre le peu de maturité que je possède.
— J’imagine que vos rendez-vous hebdomadaires ne sont pas aussi
importants que vous le pensiez, vu qu’il ne m’a même pas dit que vous
passeriez.
Elle se met à rire.
— Tu ne crois pas vraiment qu’il t’apprécie, n’est-ce pas ? me demande-t-
elle, avant de continuer sans attendre ma réponse. Je veux dire, tout ça, c’est
juste de la publicité. Il mise sur un gros contrat et tu apportes cette touche
de douceur.
Je me trompais. Les mots qu’elle a prononcés tout à l’heure n’étaient rien
comparés à ceux-là, qui me font l’effet d’un coup de poignard. Je n’ai pas le
temps de dire quoi que ce soit, parce que c’est alors que la porte s’ouvre et
se referme. Evan apparaît et observe le spectacle devant lui. Son sourire
s’évanouit quand il voit l’expression de mon visage. Je suis à deux doigts
de jeter quelque chose à travers la pièce.
— Qu’est-ce qui se passe, bordel ? demande-t-il, son regard rivé au mien.
— J’étais juste en train de lui dire… commence Candace.
Mais j’en ai assez entendu, alors je l’interromps :
— Oui, elle était en train de m’expliquer que je ne suis pas très maligne,
que tu ne penses toujours qu’avec ta queue et, voyons voir, que cette
histoire entre nous…
Je nous pointe tour à tour du doigt, tout en continuant :
— Ce n’est qu’un coup de pub.
Je le regarde, puis tourne les yeux vers Candace, qui déglutit.
— Est-ce que j’ai oublié quelque chose ?
— Candace, siffle-t-il.
— Je vais sortir un peu, leur dis-je en secouant la tête.
Elle se contente de lever les yeux au ciel.
Je prends mon téléphone, ouvre la porte et les chiens me suivent dehors.
Je me dirige vers le canapé au milieu de la cour pour m’y asseoir, une
unique larme roulant sur ma joue. Lilo monte sur le canapé avec moi puis
pose sa tête sur mes jambes, tandis que Stitch s’assied devant le canapé,
face à la porte.
— Eh bien, c’était un moment sympa, me dis-je, parce que les chiens ne
peuvent pas me comprendre. Vous voyez, l’ancienne Zara lui aurait dit
d’aller se faire foutre et l’aurait jetée de la maison.
Lilo lève les yeux vers moi.
— Mais la Zara mature, qui l’aime et qui ne veut pas que sa famille me
déteste, vient de recevoir un coup dans le vagin.
Elle incline la tête de côté.
— Ouais, moi aussi, j’aimais bien l’ancienne Zara.
Je lui souris et lui caresse la tête.
— Elle aurait eu un plan B, juste au cas où, leur affirmé-je, avant d’ouvrir
mon application American Airlines.
VINGT-SIX
Evan
Je claque la porte derrière moi avec un sourire sur le visage, sachant que,
dans cinq secondes, mes lèvres seront collées aux siennes. C’est alors que je
vois la scène devant moi. Zara m’informe de ce dont elles viennent de
discuter, puis tourne les talons. Je la regarde sortir de la maison avec les
chiens, et je compte jusqu’à dix avant de me concentrer sur ma frangine.
Cette journée a commencé de manière incroyable, mais elle est rapidement
en train de se transformer en désastre. Je me tourne vers ma sœur, retire ma
casquette de baseball et la jette sur le canapé.
— Candace, lâché-je entre mes dents serrées. J’espère vraiment que ce
qu’elle vient de dire n’est pas vrai.
— Oh, je t’en prie, réplique Candace. Tu ne vas pas me dire que cette
histoire signifie vraiment quelque chose pour toi.
— Je vais oublier que tu as dit ça.
Je tourne enfin le dos à la fenêtre pour regarder ma sœur.
— Tu viens chez moi, lancé-je en élevant légèrement la voix, alors que je
perds ce qu’il me restait de patience. Et tu prononces des paroles ignobles
envers une femme que tu ne connais même pas.
— Oh, je connais les filles comme elle, rétorque-t-elle.
Elle voit alors l’expression de mon visage et s’interrompt.
— Les filles comme elle ? répété-je. Tu veux dire les femmes intelligentes
et indépendantes ?
— Je veux dire une groupie de patinoire. Dieu seul sait combien de
joueurs de hockey elle a déjà…
Je lève une main pour la faire taire.
— Il vaut mieux t’arrêter là, avant que tu dises quelque chose qui
tournerait très mal pour nous deux, m’exclamé-je. Si tu lui manques encore
de respect…
— Lui manquer de respect, répète-t-elle d’un ton railleur.
— Ne me force pas à choisir entre elle et toi, l’avertis-je en secouant la
tête. J’ai appelé maman aujourd’hui. Je lui ai dit qu’elle devait venir la
rencontrer ce week-end.
Elle ne répond rien, se contente de me regarder, bouche bée.
— Je l’aime, Can, lui avoué-je, répétant ce que j’ai dit à ma mère. Ça a
commencé complètement par hasard, mais je suis tombé amoureux d’elle.
— Tu ne peux pas être sérieux, finit-elle par dire.
— Si ce n’était pas complètement dingue, je lui demanderais de
m’épouser dès aujourd’hui. Si ce n’était pas complètement dingue, je la
supplierais de passer le restant de ses jours avec moi.
Je prends une profonde inspiration et ajoute :
— Je suis sérieux à ce point, Candace.
Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais ce n’était certainement pas à ce
qu’elle se détourne et sorte de la maison, avant de claquer la porte derrière
elle. Je sors mon téléphone et appelle ma mère, qui répond dès la première
sonnerie.
— Deux fois dans la même journée, lance-t-elle en riant.
— Je voulais te tenir au courant, dis-je.
Ma voix est plus sèche que je le voulais, et ma mère cesse de rire.
— Je viens de tomber sur une confrontation entre Candace et Zara.
— Oh Seigneur, lâche ma mère.
— Maman, si je dois choisir, je choisirai Zara. Candace est venue chez
nous et a dit des choses que je ne peux même pas te répéter.
— Je vais l’appeler, me dit-elle. Tu sais qu’elle essaie juste de te protéger.
— Je sais, réponds-je en me dirigeant vers la porte. Mais j’essaie juste de
protéger Zara.
— Va t’assurer qu’elle va bien, et ensuite rappelle-moi pour que je puisse
la rencontrer. Laisse-moi parler à Candace.
Je pose mon téléphone sur la table à côté des affaires de Zara et ne peux
m’empêcher de sourire, en les voyant mélangées aux miennes. J’ouvre la
porte et me dirige vers son canapé. Elle est sur son téléphone et, quand je
me rapproche, Stitch se redresse et me regarde. Je suis même certain
d’entendre Lilo me grogner dessus.
— Salut, dis-je.
Je m’approche, me penche et dépose un baiser sur ses lèvres. Elle me le
rend, ce qui est presque une victoire.
— Qu’est-ce que tu fais ? demandé-je, en m’asseyant à côté d’elle.
Je passe les bras autour d’elle et l’attire contre moi. Je regarde son
téléphone et vois qu’elle est sur l’application American Airlines.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?
— Je regardais juste les vols, répond-elle d’une voix douce, que je ne l’ai
jamais entendue employer.
Je me retourne sur le canapé, mais elle ne lève toujours pas la tête. Je
tends la main, lui soulève le visage et l’observe attentivement ; je
m’aperçois alors qu’elle pleure.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demandé-je en la serrant contre moi. Parle-moi.
Je m’écarte pour pouvoir fixer son regard, mais elle évite toujours de le
croiser.
— C’est stupide, dit-elle doucement tout en essuyant son nez avec son
pull.
— Rien n’est stupide, ma douce Zara.
Je lui relève à nouveau le menton et demande :
— S’il te plaît, dis-moi pourquoi tu pleures.
— Ce qu’elle a dit, Evan, commence-t-elle, clignant des yeux pour
balayer une larme. C’était dur et je suis restée là sans rien faire.
Elle hausse les épaules et reprend :
— L’ancienne Zara lui aurait donné un coup de poing dans la gorge, lui
aurait arraché son sac et serait partie. Après avoir démoli sa voiture en
reculant dedans cinq fois.
— Candace a dépassé les bornes, admets-je. À cent pour cent, et je lui ai
dit que c’était inacceptable.
— Je ne la connais même pas, dit-elle. Je ne l’ai jamais rencontrée de ma
vie. Elle a dit que j’étais un coup de pub.
— J’ai quitté l’entraînement avec trente minutes d’avance et la première
chose que j’ai faite, c’est appeler ma mère, lui avoué-je.
Elle écarquille un peu les yeux à ces mots.
— Ils prennent l’avion jusqu’ici vendredi soir pour assister au match.
— J’irai dormir à l’hôtel, dit-elle en se redressant.
— Il faudra me passer sur le corps. Tu dors là où je suis, répliqué-je. Je
l’ai appelée, parce que je veux qu’elle te rencontre.
Je prends son visage entre mes mains et continue :
— Je veux qu’elle voie à quel point tu es merveilleuse, et comme nous
sommes heureux ensemble. Je veux juste…
Je m’interromps, m’efforçant de trouver les bons mots.
— Je veux qu’elle te rencontre, parce que je suis éperdument amoureux
de toi, et que je veux que tout le monde le sache.
— Mais… commence-t-elle.
— Pas de mais, la coupé-je. Est-ce que tu m’aimes ?
Elle hoche la tête.
— Qu’est-ce que tu aurais fait si c’était à moi que c’était arrivé ?
— Qu’est-ce que tu veux dire ? demande-t-elle, en inclinant légèrement la
tête.
— Si tu étais entrée dans la pièce et avais vu Matthew ici, et qu’il avait dit
des trucs stupides sans savoir de quoi il parlait ?
— Je mettrais de la crème épilatoire dans son shampoing et de la poudre à
gratter dans ses patins, répond-elle sans hésitation.
— Seigneur, ris-je, sachant qu’elle en serait sûrement capable.
— Il y a trois ans, il m’a énervée à propos de je ne sais même plus quoi, et
on a mis de la super-glue sur sa crosse de hockey.
Je ris sans pouvoir m’arrêter.
— On a encore la crosse, avec les gants collés dessus.
— Je suis tellement désolé qu’elle t’ait fait du mal, lui dis-je, et elle se
contente de hausser les épaules. Je ne veux plus jamais être la source de tes
larmes. Je veux être celui qui les balaie.
Elle me sourit.
— Oh, tu es doué.
Je me penche en avant et dépose un baiser sur sa joue, là où coulent ses
larmes.
— Je suis désolée d’avoir douté de toi, murmure-t-elle, en levant les yeux
vers moi. Je suis désolée d’avoir douté de nous.
— J’aimerais vraiment me racheter auprès de toi.
Je descends du canapé et tends la main vers elle, avant de la soulever et de
la jeter sur mon épaule. Son rire emplit toute la cour et rend les chiens tout
excités.
— Ce n’est pas comme ça qu’on commence les préliminaires, rit-elle.
Je lui donne une tape sur les fesses.
— OK, c’est un bon début, dit-elle.
Je rentre dans la maison et les chiens me suivent. Je ferme la barrière
devant la chambre et Lilo émet un petit gémissement. J’entre dans la pièce
et vois que sa valise est ouverte près du mur.
Je la dépose sur ses pieds et elle repousse ses cheveux de devant son
visage.
— Pourquoi tu n’as pas encore déballé tes affaires ? lui demandé-je en me
dirigeant vers la valise.
— Je l’ai fait, me répond-elle. J’ai accroché ce qui avait besoin de l’être.
— Et ça, alors ? demandé-je en indiquant du doigt la valise.
Elle hausse les épaules.
— Je comptais les ranger dans la chambre d’ami, mais je ne savais pas si
je devais vider des affaires, explique-t-elle en s’asseyant sur le lit.
— La chambre d’ami ? répété-je, confus. Quoi ?
— Je peux les laisser là, ajoute-t-elle en pointant le doigt vers la valise, et
je déteste cette idée.
Je me dirige vers ma commode, ouvre un tiroir et le vide.
— C’est pour toi, dis-je, en emportant tous mes vêtements dans ma
penderie pour les laisser tomber au sol.
Je ressors et fais la même chose avec trois autres tiroirs.
— Il y a assez de place ?
— Tu es fou ? s’écrie-t-elle. Maintenant, je vais devoir plier tous tes
vêtements. Tu aurais pu simplement me demander de partager ta commode.
— Range tes vêtements dans les tiroirs, lui ordonné-je.
Je suis presque tenté de récupérer tout le contenu de sa valise pour le
fourrer là-dedans.
Elle se lève du lit et s’avance vers moi.
— Je croyais que tu avais l’intention de te racheter ? me rappelle-t-elle.
Elle passe son T-shirt par-dessus sa tête et reste là, en soutien-gorge.
— Je crois que tu as dit…
— Je sais ce que j’ai dit.
Je tends la main et l’attire à moi, avant de glisser ma langue contre la
sienne. Mon corps relâche toute la tension que j’ai ressentie quand je l’ai
vue pleurer, quand j’ai vu qu’elle essayait de partir.
— Tu m’as manqué, lui dis-je, en lui embrassant le cou, avant de déposer
des baisers jusqu’au renflement de ses seins.
Je vois mes petites marques rouges qui dépassent de sous le soutien-gorge
blanc et les effleure du doigt.
— Je ne sais pas pourquoi ça me plaît autant, dis-je, de voir ma marque
sur toi.
— Il faut qu’on en parle, répond-elle, et je lève les yeux vers elle. Tu ne
peux pas en laisser partout comme ça.
Je hausse les sourcils et la dévisage.
— Je travaille dans la mode, alors il va m’être difficile de ne pas porter
certaines tenues parce que je suis marquée.
— Quel genre de tenue est-ce que tu portes, pour que les suçons que je
fais sur toi soient visibles ? lui demandé-je. Et quelle importance ?
— C’est important pour moi, répond-elle. Et si on faisait un compromis ?
Je me penche et suce une autre partie de sa peau, jusqu’à ce qu’elle soit
rouge.
— Je t’écoute, lui dis-je, avant de me concentrer sur son autre sein pour y
laisser la même marque.
— Une par semaine, propose-t-elle.
Sa voix se fait plus grave quand je déplace le bonnet de son soutien-gorge
pour faire ressortir son téton, que je prends dans ma bouche.
— Une par semaine, répète-t-elle, avant de s’interrompre, et je sens ses
mains plonger dans mon pantalon et enserrer mon sexe.
Nous ne parlons plus, après ça, mais quand j’en ai finalement terminé
avec elle, elle arbore d’autres marques rouges, et je ne m’en repens même
pas.
Quand nous finissons par sortir du lit, il fait noir dehors et nous nous
levons uniquement parce que les chiens doivent manger. Je la regarde
ranger ses affaires, pendant que je commande de la nourriture sur mon iPad.
— Je vais aller nourrir les chiens, lui annoncé-je en m’avançant vers ma
penderie pour prendre un short.
Quand j’en sors, elle est pliée en deux devant sa valise.
— Quelle vue sublime, lui lancé-je.
Elle regarde par-dessus son épaule et ses cheveux tombent devant son
visage. Je vois une étincelle briller dans ses yeux et elle ouvre les jambes un
tout petit peu plus.
— Il faut que je mange, et ensuite je te prendrai exactement dans cette
position.
— Des promesses, toujours des promesses.
Elle rit alors que je sors, après lui avoir mordu la fesse.
— Allons vous chercher à manger, lancé-je aux chiens, couchés sur le
canapé.
Je prends mon téléphone et vois que j’ai raté deux messages de ma mère.
Maman : J’ai parlé à ta sœur.
Maman : J’espère qu’elle va m’écouter.
Il y en a aussi un de ma sœur :
Candace : Il faut qu’on discute du restant de la saison. Je ne ferai pas
ça chez toi si elle y est.
Je secoue la tête et réponds :
Moi : Ça veut dire que tu démissionnes ?
Je ne la laisserai pas se comporter comme une enfant pourrie gâtée.
Il ne lui faut pas longtemps pour répondre :
Candace : J’imagine que c’est à toi de décider de ça.
Moi : Candace, demain, chez moi à onze heures. Si tu n’es pas là, ça
voudra dire que tu ne veux plus travailler pour moi.
J’éteins le téléphone et me rends au garage. Les lumières et la télévision
sont allumées dans le salon.
— Il faut qu’on passe en revue certains détails, dit-elle en sortant de la
cuisine pour me rejoindre au salon.
Je vois qu’elle porte un short et l’un de mes T-shirts.
— Lesquels, ma belle ?
Je change de chaîne et m’arrête sur le match de New York.
— Il faut qu’on étudie nos emplois du temps, explique-t-elle. Je serai là
jusqu’à lundi, je pense, ou mardi, mais ensuite, je devrai retourner à
Chicago.
— Mais après Chicago, tu reviens ici, n’est-ce pas ?
Elle se contente de hausser les épaules.
— Je ne crois pas qu’il y ait vraiment de raison que je sois ici si tu n’y es
pas, répond-elle.
Elle s’assied sur le canapé et Lilo s’empresse de venir se coucher à côté
d’elle.
— Salut, ma belle, dit-elle en lui caressant la tête. Il faut qu’on te trouve
un collier un peu plus bling-bling.
Lilo agite la queue et donne des coups sourds sur le canapé.
— Alors, qu’est-ce que tu vas faire ? demandé-je, en venant m’asseoir à
côté d’elle.
— Eh bien, on peut étudier nos emplois du temps et voir ça, répond-elle
en me regardant. Je veux dire, la saison est presque terminée, je crois, n’est-
ce pas ?
— Dans deux semaines, réponds-je. Après ça, ce seront les finales.
— Je dois assister au gala de départ en retraite de Max et Matthew le deux
juillet, me dit-elle, un sourire étirant ses lèvres. Tu veux être mon rencard ?
Je hoche la tête, craignant de dire quelque chose qui la fera fuir.
— Mes parents leur offrent une escapade surprise dans leur maison de
Mexico.
— Dis-moi où et je nous réserverai une maison, dis-je en regardant la télé.
— C’est ridicule. On a déjà une maison.
— Ma belle, réponds-je. On ne s’installera pas dans la même maison que
tes parents.
— Et pourquoi pas ? réplique-t-elle avec colère.
— Parce qu’on couche ensemble, et pas qu’un peu, remarqué-je. Tout le
temps. Je n’ai pas l’intention que ça change.
Elle me fusille du regard.
— Si le sexe ordinaire avec toi est aussi fulgurant, tu imagines le sexe en
vacances ? demandé-je.
Je rejette la tête en arrière et ferme les yeux, alors que mon sexe s’éveille
enfin. Je sens un oreiller me heurter le visage.
— Qui a dit que nous coucherions encore ensemble d’ici là ? demande-t-
elle, avant de tourner la tête vers la télévision.
— Je dis qu’on couchera encore plus ensemble qu’en ce moment.
Elle semble sur le point de protester, mais c’est alors que la sonnette
retentit.
— Oh, la nourriture est arrivée.
— Votre papa se prend pour un petit malin, dit-elle aux chiens. Eh bien, il
n’aura pas de pipe ce soir.
Je rejette la tête en arrière et ris, sachant très bien qu’elle apprécie ça
autant que moi.
VINGT-SEPT
Zara
***
— À quelle heure est-ce que tes parents arrivent ? demandé-je à Evan,
lorsqu’il sort de la salle de bains.
Je suis assise au milieu du lit, dans mon caraco blanc et ma culotte
assortie. Mes cheveux sont humides après la douche que nous venons de
prendre ensemble. La serviette autour de sa taille laisse entrevoir son sexe à
demi en érection, qui était dans ma bouche il y a encore un instant.
— Pourquoi tu es habillée ? me demande-t-il, confus.
— Je ne suis pas habillée. Je suis en pyjama, réponds-je en baissant les
yeux.
— Tu connais les règles, me dit-il en montant sur le lit, nu. Pas de
vêtements quand nous dormons.
— Je ne dors pas nue dans la maison quand tes parents sont là, répliqué-
je. Et il n’y aura pas de sexe non plus.
Il hausse les sourcils.
— Pourquoi ?
— Parce qu’ils croient déjà qu’on couche ensemble, réponds-je en me
glissant sous les draps.
Il relève mon corsage et rétorque :
— Je suis sûr qu’ils savent que nous couchons ensemble, ils ne font pas
que le croire.
Il prend l’un de mes tétons dans sa bouche et mes pensées commencent à
s’embrouiller.
— C’est justement ce que je veux dire. Je ne veux pas qu’ils me regardent
et se demandent si je viens de sauter leur fils avant de m’asseoir à la table.
— C’est vrai que tu es rayonnante après que je t’ai sautée, remarque-t-il,
en prenant mon autre téton dans sa bouche. Je ne peux pas passer trois jours
sans t’avoir.
— Si, tu peux, répliqué-je.
Il me pousse sur le lit et j’ouvre les jambes sur lui.
— Enfin, il reste toujours la nuit.
— Ouais, répond-il avec un sourire narquois, en se baissant sur mon
corps.
— Je veux dire, si on fait l’amour avant d’aller se coucher, personne ne
verra mon visage.
Je réfléchis un peu, mais pas trop, parce que sa bouche se pose sur mon
sexe, que sa langue repousse ma culotte de côté pour pouvoir lécher mon
clitoris. Je gémis doucement.
— On devra être très, très silencieux, dis-je dans un murmure.
— Tu peux être silencieuse ? me demande-t-il.
Je baisse les yeux et le regarde me dévorer, regarde sa langue disparaître
en moi.
— On pourrait faire un essai maintenant, et on verra, proposé-je.
J’ouvre les jambes plus largement, porte la main à sa tête et essaie de
frotter mon sexe contre son visage. Nous couchons ensemble plusieurs fois
par jour, et parfois, je me réveille pour le trouver en train de se glisser en
moi au beau milieu de la nuit. Ou bien c’est lui qui se réveille pour me voir
soit lui tailler une pipe, soit le chevaucher. Quoi qu’il en soit, tout le monde
y est gagnant. Nous passons le restant de la nuit à découvrir à quel point
nous pouvons être silencieux.
VINGT-HUIT
Evan
Zara
C’est exactement comme quand je suis à la maison. Je suis assise dans les
gradins avec mes copines, mon père, qui observe la moindre petite action,
mais cette fois, Matthew et Max sont là aussi. Patrick et Cooper sont assis
côte à côte et discutent de je ne sais quoi, se cachant tous deux la bouche
derrière la main. Juste au cas où les caméras repéreraient mon père et
essaieraient de lire sur ses lèvres. C’est comme s’il possédait toutes sortes
de secrets. Ils l’ont vraiment montré sur le grand écran quand le match a
commencé, et tout le monde s’est retourné pour applaudir et se lever. Il a
été reconnu à la minute où on s’est dirigés vers la loge, tout comme
Matthew et Max. Mais rien n’est comparable à mon père.
— Que penses-tu qu’on devrait préparer, demain ? me demande Jackie, la
mère d’Evan, et je tourne la tête vers elle.
Je suis assise sur une chaise, Jackie d’un côté de moi et ma mère de
l’autre, sirotant le même verre de vin depuis qu’on est arrivés. Mes nerfs
sont à vif et, chaque fois que la porte s’ouvre, je m’attends à ce qu’il
s’agisse de sa sœur.
Zoé est assise derrière moi avec Karrie et Allison et elles sont en train de
se marrer.
J’imagine que si j’étais libérée de mes enfants pour le week-end, j’en
profiterais aussi. Karrie m’a dit qu’ils étaient avec Doug, et la sœur de Max,
Denise, s’occupe des siens.
— Je ne sais pas cuisiner, avoué-je d’une voix faible.
Zoé sent aussitôt ma nervosité et ma mère pose une main sur la mienne.
— Je ne sais pas faire la cuisine, répété-je en regardant Jackie. J’ai essayé
d’apprendre, vraiment, mais…
Je dois cligner des yeux pour repousser mes larmes.
— Et je sais que je ne suis pas la personne idéale que vous voudriez pour
votre fils.
— Oh, mon Dieu, c’est parti, lance Zoé derrière moi.
Allison et Karrie se penchent toutes deux vers moi et m’étreignent
l’épaule.
— Je peux apprendre, assuré-je, les yeux fixés sur mes mains.
Puis je relève les yeux vers Jackie et reprends :
— J’apprendrai pour lui et je prendrai soin de lui s’il tombe malade.
— C’est presque comme si elle avait une diarrhée par la bouche,
remarque Zoé, et je me retourne pour la fusiller du regard.
— Tu dois arrêter ça, me dit-elle, ou tu vas te rendre malade.
— Je l’aime, dis-je en tournant de nouveau les yeux vers Jackie. Genre, je
l’aime vraiment.
— Oh, ma chérie, dit ma mère en plaçant un bras autour de moi.
Je ne me suis jamais sentie aussi effrayée de toute ma vie, alors que
j’attends que Jackie dise quelque chose.
— Seras-tu là pour lui tenir la main dans les moments difficiles ? me
demande-t-elle, et je hoche la tête. Seras-tu prête à aller là où sa vie le
mènera ?
— Sans même un regard en arrière, réponds-je.
— Prendre soin de quelqu’un signifie plus que simplement lui faire la
cuisine, dit Jackie en prenant ma main dans la sienne. Je ne savais pas
vraiment cuisiner non plus quand on s’est mariés et, eh bien, il y a eu une
période d’apprentissage. Je me souviens qu’une fois, je me suis dit que ce
serait une bonne idée de faire un pain de viande et je l’ai fait griller plutôt
que de le cuire au four.
Elle secoue la tête en riant.
— C’était le bon vieux temps. L’important, c’est d’être là quand tout va
bien, mais aussi quand tout va mal et que tu dois mobiliser toute ta volonté
pour ne pas essayer de réparer la situation toi-même.
Elle se penche en avant et ajoute :
— Parce que les hommes ne comprennent pas toujours.
— C’est vrai, intervient Karrie derrière moi.
— Avant de le rencontrer, je sortais avec quelqu’un, commencé-je à
expliquer.
Je sais que je ne devrais pas en parler, mais elle doit le savoir.
— Je croyais l’aimer. Vraiment.
Je regarde ma mère, qui me sourit et m’encourage d’un signe de tête.
— Mais ensuite, il a rompu avec moi, et j’ai cru que c’était la fin du
monde. Je croyais que je n’arriverais jamais à aller de l’avant.
Je cligne des yeux pour balayer mes larmes et continue :
— Je sais, maintenant, que je ne l’aimais pas.
Une larme s’échappe de ma paupière et Zoé me passe un mouchoir en
papier, que ma mère me tient.
— La raison pour laquelle je le sais, c’est parce que je suis allée de
l’avant. Bien sûr, ça m’a fait mal, mais j’ai réussi à continuer de respirer.
J’ai réussi à continuer de vivre ma vie.
La foule émet un hoquet et je lève la tête pour voir que quelqu’un est à
terre sur la glace. Je ne sais pas qui c’est, je vois seulement qu’il porte du
vert. Je bondis de ma chaise et mon père tourne les yeux vers moi.
— Ce n’est pas lui, chérie, me dit-il avec un sourire.
Je me rassieds, rassemble mon courage et termine :
— Je le sais, parce qu’à chaque jour passé sans lui, j’ai senti une pression
grandir dans ma poitrine. Un poids que je n’arrivais pas à comprendre, et
puis, finalement, j’étais de nouveau dans ses bras et le poids avait disparu.
Je pouvais de nouveau respirer.
Je regarde ma mère et dis :
— Je comprends. Je comprends ce dont toi et papa parliez. La façon dont
papa boudait quand tu partais en week-end au spa entre filles.
— Je ne crois pas qu’il boudait, dit ma mère.
— Il lançait un chronomètre sur son téléphone en entrant l’heure à
laquelle tu devais rentrer, intervient Zoé derrière moi.
— Tu te souviens de la fois où il a fait un graphique des heures sur le
frigo, et qu’à chaque heure qui passait, il barrait un chiffre ? se remémore
Allison en riant.
— Je suis là, dit quelqu’un derrière moi.
Je tourne la tête et vois qu’il s’agit de Candace, accompagnée d’une autre
fille. Elle nous repère et ouvre grand la bouche en apercevant Zoé, Allison
et Karrie.
Matthew et Max se retournent, puis échangent un regard, avant de
remarquer la fille derrière Candace.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? entends-je dire Patrick, puis Jackie se
lève.
— Candace, lance cette dernière entre ses dents serrées. À quoi est-ce que
tu pensais, bon sang ?
— Je ne pensais pas… commence-t-elle, et je me lève.
— Tu ne pensais pas que j’aurais qui que ce soit pour m’épauler, dis-je
d’une voix douce. Tu croyais que je serais une cible facile.
Jackie me regarde, avant de tourner les yeux vers Patrick.
— Bonjour, ravie de vous rencontrer. Je suis Zara.
La blonde derrière elle tend la main et je l’examine de haut en bas. Nous
sommes le jour et la nuit, toutes les deux.
— Sophia, se présente-t-elle, et mon estomac se noue.
Elle tourne les yeux vers Candace, puis vers Jackie.
— Je crois que je vais y aller…
— Ce serait une bonne idée, répond Jackie.
Puis elle baisse les yeux sur moi et ajoute :
— Je suis désolée.
Je hausse les épaules.
— Vous n’avez aucune raison de l’être. C’est moi qui vais rentrer à la
maison avec lui, ce soir.
Je croise les bras sur ma poitrine et sens ma famille dans mon dos.
— En fait, j’aurais dû la remercier.
Puis je regarde tout le monde tour à tour et lance :
— Tout le monde, voici Candace. Et voici ma famille.
Je souris et elle se contente de leur adresser un signe de tête.
— Si vous voulez bien nous excuser, dit Jackie, j’ai besoin d’un moment
seule à seule avec ma fille.
Elle se retourne et lui prend le bras, puis elles sortent de la loge. Je suis
sur le point de dire quelque chose à Patrick, mais je n’en ai pas l’occasion,
parce que tout le stade devient dingue et que tout le monde bondit sur ses
pieds. Je regarde vers la glace et vois qu’Evan patine en cercles en levant sa
crosse en l’air.
— Wouhou ! lance Patrick en applaudissant.
Ils regardent tous le ralenti, et même Matthew et Max sont d’accord pour
dire que c’était une belle action.
— J’ai besoin d’un verre, dis-je aux filles autour de moi.
— Je crois que quelqu’un a besoin d’un bon coup de pied dans le vagin,
lance Zoé.
Je secoue la tête.
— C’est comme ça. Rien ne pourra arranger cette situation, leur dis-je.
Puis je me dirige vers le bar et me verse un shot de tequila.
Je le prends entre mes mains tremblantes et le vide, avant de le reposer sur
le comptoir. Je ferme les yeux et laisse le liquide me brûler.
— Ce qu’on ne ferait pas par amour, dit Jackie derrière moi, et je tourne la
tête vers elle.
Elle est en train d’essuyer une larme sous son œil.
— Je suis vraiment désolée qu’elle ait fait ça.
— Ce n’est pas votre faute, la rassuré-je.
— C’est vraiment quelqu’un de sympa, essaie-t-elle de me dire en se
tordant les mains.
— Je n’en doute pas, réponds-je.
Je n’ai pas l’intention de la placer au milieu de tout ça.
— Il ne lui pardonnera jamais ça, me dit Jackie. Elle marchait déjà sur la
corde raide.
— Dans ce cas, nous ne lui dirons pas, réponds-je en souriant. Il n’a pas
besoin de savoir que c’est arrivé.
— Tu l’aimes, dit Jackie. Ce que tu viens de faire. Prendre ta douleur et ta
contrariété et la repousser de côté pour qu’il n’ait pas à savoir.
Elle s’approche de moi et me serre dans ses bras.
— Cela prouve que tu es inestimable.
— Je l’espère vraiment, lui murmuré-je.
Puis je me tourne vers ma mère, qui me regarde, avec mon père juste
derrière elle.
— Quel est le plat préféré d’Evan ? lui demandé-je.
— Je crois que ce doit être le bœuf Stroganoff, répond-elle.
Je tourne les yeux vers ma mère.
— Vous voulez bien me montrer comment en faire un, pour que je puisse
en préparer pour lui ? demandé-je à Jackie, qui sourit. Je veux dire, je ne le
cuisinerai pas, mais je vous observerai et je prendrai des notes.
— Oh, Dieu merci, lance Zoé.
— Et si nous nous retrouvions tous chez Evan à midi, pour pouvoir tous
apporter notre aide ? propose ma mère.
Jackie hoche la tête.
— Ça m’a l’air d’être un excellent plan.
Le reste du match se passe sans incident notable. L’équipe finit par gagner
quatre à un, et nous restons tous dans la loge à bavarder. Puis la porte
s’ouvre, je lève les yeux et vois Evan entrer. Il a l’air tellement contrarié
que personne ne dit rien et que toutes les discussions s’arrêtent. Il parcourt
la pièce des yeux et les pose finalement sur moi.
— Tu vas bien ? demande-t-il, en venant se placer devant moi.
Je suis encore assise sur le siège.
— Quoi ? demandé-je, stupéfaite. Bien sûr que je vais bien.
Je lui souris, mais son expression reste sévère.
— Que se passe-t-il ?
— Candace m’a envoyé un message, explique-t-il, les dents serrées, avant
de se tourner vers ses parents. Elle n’aurait jamais dû faire ça.
— Eh, l’appelé-je, et il tourne la tête vers moi. Ce n’est pas si grave.
Je me lève et me place face à lui, avant d’ajouter :
— Et si nous emmenions notre buteur manger, maintenant ?
— Je meurs de faim, lance Matthew, avant de tourner les yeux vers Evan.
C’était un bon match.
— Merci, grommelle-t-il.
Tout le monde rassemble ses affaires, lorsqu’il ajoute :
— Partez devant. On vous rejoint.
Tout le monde sort et nous restons seuls. Il prend mon visage en coupe et
m’embrasse.
— Tu vas bien ?
— Oui, réponds-je, en m’efforçant de ne pas m’apitoyer sur moi-même.
D’accord, sa sœur me déteste, et alors ?
— Elle comptait te prendre par surprise, dit-il, et je baisse les yeux, ne me
faisant pas confiance pour rester impassible.
Je ne crois pas pouvoir masquer la blessure que je ressens.
— Elle a dit qu’elle n’avait pas réfléchi, ajoute-t-il.
— S’il te plaît, n’en fait pas toute une histoire, murmuré-je.
— C’est toute une histoire, réplique-t-il en haussant la voix. C’est une
histoire très grave. Tu étais nerveuse à l’idée de rencontrer ma mère et mon
père, et voilà qu’elle amène mon ex-petite amie.
Il baisse les yeux et ajoute :
— Je suis sorti avec elle un mois.
Je secoue la tête.
— Honnêtement, je m’en fiche. Sincèrement.
Je lui adresse alors un regard étonné et ajoute :
— Waouh, ce doit être ce qu’on ressent quand on est mature, et tout ça.
Je me mets à rire.
— Je veux dire, l’ancienne Zara aurait versé du sucre dans son réservoir
d’essence, dis-je en me tenant le ventre. Mais maintenant, je veux juste ne
pas perdre de temps avec ça.
— Je t’aime, me dit-il.
— Je sais, lui réponds-je. Tout le monde va venir demain et ta mère va
m’apprendre à cuisiner du bœuf Stroganoff.
Il sourit et je passe les mains autour de son cou.
— Je vais essayer d’apprendre.
Il enroule les bras autour de moi et m’attire contre lui, avant de poser son
front contre le mien.
— Je suis désolé qu’elle ait fait ça.
— Est-ce que tu m’aimes ? lui demandé-je.
— De tout mon cœur, répond-il.
— Dans ce cas, au final, c’est moi qui ai gagné, remarqué-je, avant d’aller
chercher mon manteau. Maintenant, est-ce qu’on peut aller manger, s’il te
plaît ? J’étais si nerveuse que je n’ai rien avalé et j’ai bu un shot de tequila.
Il me prend les mains et nous sortons de la loge pour rejoindre nos
familles qui nous attendent.
***
— Chut, murmure-t-il en se glissant en moi par-derrière.
Ses mains agrippent mes hanches pour les relever.
— Il est presque sept heures, ajoute-t-il Je garde les yeux clos
Une dernière fois, plaide-t-il.
J’enfouis mon visage dans l’oreiller pendant qu’il me baise.
Il va très lentement, et j’essaie de suivre le rythme de ses coups de reins,
mais il m’arrête.
— Pas encore, ma belle, me dit-il.
Je glisse une main sous moi. Ma poitrine est encore couchée sur le lit et
seules mes hanches sont surélevées ; mon doigt trouve mon clitoris, qui est
déjà mouillé. Je sais qu’il a joué avec moi avant de me pénétrer, je l’ai senti
légèrement.
— Es-tu en train de jouer avec ton clitoris, ma belle ? me demande-t-il,
toujours dans un murmure.
— Hmm, marmonné-je, tout en dessinant des cercles lents avec mon
doigt.
Nous avons déjà fait ça trois fois depuis notre retour à la maison. Nous
avons toujours besoin l’un de l’autre.
— Putain, siffle-t-il. Vas-y, ma belle.
Je connais ce ton ; il attend que je me lâche avant de faire pareil, alors je
me caresse plus vite.
— Tu y es, dit-il. Je sens ta chatte se resserrer.
Il n’a pas tort ; je ferme les yeux et j’y suis. Je lâche prise et lui aussi. Il
s’écroule à côté de moi.
— Je ne voulais pas te réveiller, dit-il. Mais tu as émis un son.
Je ris et lui demande :
— Quel son ?
— Un petit soupir.
Je le regarde se lever et entrer dans la salle de bains.
— Tu veux dire que j’ai respiré ? demandé-je en riant lorsqu’il ressort. Tu
sais que je prends la pilule, n’est-ce pas ?
Il m’attrape et m’attire à lui.
— On n’est pas vraiment obligés d’utiliser des préservatifs, ajouté-je.
— Ma belle, dit-il.
Nous entendons alors les chiens aboyer, puis la porte de derrière s’ouvre.
— J’imagine que ma mère est réveillée, me dit-il.
Je repense au dîner que nous avons partagé. Personne n’a abordé le sujet
de Candace. Mais c’était amusant de manger avec tout le monde, de
discuter et de rire, et Jackie nous a même raconté qu’Evan avait une carte à
collectionner à l’effigie de mon père. Il est devenu tout rouge.
Je rejette les couvertures et essaie de me lever, mais il m’attire de nouveau
à lui.
— Où est-ce que tu vas ?
— Ta mère est debout, lui dis-je d’un ton sifflant, tandis qu’il m’embrasse
dans le cou. Je vais me lever et aller voir si elle a besoin de quelque chose.
— Elle n’a besoin de rien, dit-il contre mon cou. Moi, j’ai besoin de
quelque chose.
Et il presse son sexe contre mon dos.
— Tu as eu ce dont tu avais besoin, et maintenant ta mère est réveillée,
alors les chances pour que tu l’obtiennes encore sont proches de zéro.
Je le repousse et vais dans la penderie pour enfiler un pantalon de yoga et
un haut.
— Et si tu te reposais et que je venais te réveiller un peu plus tard ?
— Je n’aime pas dormir sans toi, réplique-t-il d’un ton contrarié.
Je me penche et dépose un baiser sur ses lèvres.
— Ne sois pas puéril.
Je sors de la chambre, le laissant sur le lit, alors que ses yeux se referment.
— Bonjour, murmuré-je.
Je regarde dans la cuisine et y trouve Jackie, qui porte plus ou moins la
même chose que moi.
— Oh, je suis vraiment désolée. Je t’ai réveillée ? demande-t-elle en
souriant.
Je secoue la tête et me dirige vers la porte, que j’ouvre pour laisser enter
les chiens.
— Bonjour, ma fifille, dis-je en caressant Lilo. Tu as mangé ?
— J’allais justement m’en occuper, dit Jackie.
— Je vais le faire. Venez, tous les deux, allons vous chercher quelque
chose à manger.
Je vais dans le garage et remplis leur gamelle, avant de revenir dans la
cuisine.
— Je ne sais pas comment tu prends ton café, dit Jackie en me tendant une
tasse de café noir.
— Merci, lui dis-je avant d’aller au frigo pour prendre du lait. Pourquoi
êtes-vous levée si tôt ?
— Je comptais aller au supermarché avant que tout le monde ne soit
debout, m’explique-t-elle. Pour récupérer ce dont on aura besoin pour
aujourd’hui.
— Je vais venir avec vous, lui dis-je.
Elle sourit, pendant que j’écris une liste de course. Nous sortons de la
maison et revenons juste au moment où Zoé descend les marches.
— Comment vous faites pour être déjà levées ? dit-elle en se frottant les
yeux. Il est à peine dix heures.
— On est allées chercher la nourriture pour le déjeuner, expliqué-je, et
elle hausse les épaules. Il reste des sacs dans la voiture.
Je lui tends les sacs que je tiens dans ma main et retourne en chercher
d’autres.
— Evan va être furieux en apprenant que tu as porté un sac toute seule, dit
Zoé, tandis je pose le dernier sur le comptoir, au milieu de l’îlot. Et quand
on parle du loup…
Elle tourne la tête vers Evan, qui entre dans la cuisine en se frottant les
yeux.
— Evan, ta femme a soulevé ces sacs toute seule.
— Pourquoi tu ne m’as pas réveillé ? demande-t-il.
Il m’étreint par-derrière et enfouit son visage dans mon cou.
— J’aurais sorti les provisions de la voiture.
— Parce que tu dormais, réponds-je. Tu veux du café ?
— Ouais, murmure-t-il.
Je le lui apporte et son père entre dans la cuisine alors que nous sommes
en train de préparer les ingrédients. Je suis assise sur un tabouret et fais une
liste de ce la mère d’Evan prépare. Je suis tellement concentrée, que je ne
remarque même pas quand la porte d’entrée s’ouvre et se referme. Quand je
lève la tête, je vois Candace entrer dans la maison.
— Salut, lance-t-elle à tout le monde. Maman m’a dit que nous préparions
le déjeuner à midi.
Elle observe autour d’elle et je vois bien qu’elle est mal à l’aise.
— J’espère que ça ne dérange pas que je sois venue.
Zoé émet un « pff » derrière sa tasse de café et je lui adresse un regard,
mais Candace continue :
— Je peux te parler ?
Je tourne la tête vers Evan, qui la dévisage d’un air mauvais.
— Bien sûr, lui réponds-je. Et si on sortait ?
Je descends de mon tabouret et Zoé se lève aussi.
— Ça ira, lui dis-je, et elle se rassied.
Je sors et Candace me suit. Quand je jette un œil derrière elle, je vois
qu’Evan est là aussi.
— Tu n’as pas besoin de venir.
— Hors de question que je vous laisse seules toutes les deux, siffle-t-il.
Les chiens le suivent dehors.
— Alors, qu’est-ce que tu voulais dire, Cand ? lui demande-t-il.
— Je voulais m’excuser pour hier, répond-elle doucement, en se tordant
les mains. J’ai dépassé les bornes et je n’aurais jamais dû l’amener avec
moi.
— Ça, tu peux le dire, rétorque Evan, et je le regarde en secouant la tête.
— Evan, lui dis-je, et il tourne les yeux vers moi. Est-ce que tu veux bien
lui laisser une chance de s’expliquer ?
— Lui laisser une chance ? répète-t-il. Ça fait deux fois qu’elle te fait ça.
Il n’y en aura pas de troisième.
— Il a raison, dit Candace. Il n’y aura pas de troisième fois.
Elle regarde son frère, avant de tourner les yeux vers moi.
— Je ne sais pas ce qui m’a pris.
— Moi, si, lui dis-je. Tu étais la seule femme dans sa vie et tu t’es dit que
j’allais venir tout chambouler.
Je prends une profonde inspiration et continue :
— La garce en chef.
Elle se met à rire.
— Je ne veux pas prendre ta place ou te marcher sur les pieds, assuré-je.
— Fais-moi confiance, je le sais, finit-elle par dire. Tout le monde m’a
passé un savon, hier. Même Chloé, et elle est la plus calme de nous tous. Je
sais que je me suis comportée comme une vraie garce, mais je te jure…
— Tu t’es comportée comme une garce, c’est vrai, l’interromps-je. Et ce
que tu as fait était blessant.
Je déglutis, avant de continuer :
— Et je ne l’accepterai pas plus longtemps. Si tu n’es pas capable de te
retrouver dans la même pièce que moi sans te contenir, alors…
— Je peux me contenir, m’assure-t-elle, avant de tourner les yeux vers
Evan. Je te le jure, donne-moi une dernière chance.
— Il n’y en aura plus d’autres, après ça, l’avertis-je. Et si tu fais des
histoires aujourd’hui, alors que ma famille est présente, je ne réponds pas
de ce qu’il se passera.
— Marché conclu, accepte-t-elle. Une dernière chance.
— On devrait rentrer. Votre mère a les nerfs en pelote. Elle est venue à la
porte sept fois.
Je me tourne vers Candace et demande :
— Tu as déjà pris un café ?
— Pas encore. Je suis venue aussitôt levée, me rétorque-t-elle.
— Alors je vais t’en préparer un.
Et nous rentrons dans la maison. Je n’avais pas tort, quand j’ai dit que
Jackie avait les nerfs en pelote. Elle est assise devant l’îlot et Patrick se tient
à côté d’elle.
— Faisons un café à Candace.
TRENTE
Evan
Zara
Matthew