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Anton Parks
Les Agents
de l'Apocalypse
« Project Rising Nibiru »
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prévues par la loi du 11mars1957 et du 3 juillet 1985, sur la protection des droits
d'auteur, est sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
1re PARTIE:
LA MÉSOPOTAMIE ET LA JUDÉE,
TERRES HISTORIQUES DE TOUS LES POUVOIRS .......................... 17
1. Le pays de Sumer, la famille Rothschild
et les lignées royales de l'aigle et du lion ............................... 23
1. Lorsque la royauté descendit du Ciel ......................................... 24
2. Les Rothschild, leurs nobles protecteurs de la branche
maçonnique des illuminés «Chevaliers Bienfaisants
de la Cité Sainte» et la Révolution française ............................. 29
3. La famille Rothschild et son blason inspiré des symboles
de la lignée royale du dieu sumérien Enlfl ................................ 38
4. L'origine sumérienne de l' «Étoile de David»
et l'apparition des premiers rois historiques
lors de la «naissance de Vénus» ................................................... 44
II. Les ancêtres du Livre : de Babylone au Moyen Âge .............. 55
1. Le rôle de la prêtrise à Babylone ................................................. 56
2. Les raisons de la prospérité du peuple du Livre
de la diaspora babylonienne au Moyen Âge ............................ 61
III. Rothschild & archéologie : l'argent et le pouvoir
aux source de la haine et de la guerre
1. Napoléon Bonaparte : les origines orientales
de la franc-maçonnerie et la campagne d'Égypte .................... 67
2. La rivalité entre la France et la Grande-Bretagne : Napoléon
Bonaparte au cœur de l'échiquier des Rothschild .................... 74
3. Des routes en Égypte et en Mésopotamie
pour protéger les Indes britanniques ......................................... 82
4. L'intérêt pour la Mésopotamie
et les premières fouilles archéologiques .................................... 84
2°PARTIE:
LES COULISSES DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE -
QUI A PROFITÉ DU CRIME? ................................................................... 91
I. La guerre du pétrole
1. La Grande-Bretagne et son Élite secrète .................................... 93
2. John D. Rockefeller et la ruée vers l'or noir .............................. 96
3. Le gouvernement britannique n'est pas intéressé
par le pétrole contrairement aux familles Rockefeller,
Rothschild et Nobel ..................................................................... 98
4. La Grande-Bretagne face à la croissance massive
de l'Allemagne et de ses projets en Orient .............................. 101
5. La Serbie, pont nécessaire pour la liaison Berlin-Bagdad ..... 103
6. La Grande-Bretagne se réveille
et tisse sa toile avec les Alliés .................................................... 104
7. Pourquoi les puissantes compagnies pétrolières alliées
approvisionnent-elles toujours les Allemands
durant tout le conflit? .................................................................. 110
Il. Les accords secrets
1. La montée du sionisme: la Palestine ou rien! ......................... 117
2. Les déclarations Balfour et Cambon :
accords secrets entre vainqueurs et sionistes .......................... 122
3. Petits accords entre faux-amis :
à la conquête du pétrole en Orient ........................................... 130
4. Comment les firmes et banques américaines ont contribué
à l'accession d'Hitler au pouvoir et soutenu le III• Reich ...... 132
3°PARTIE:
LES AGENTS DE L'APOCALYPSE ......................................................... 139
1. Sur les traces de Zecharia Sitchin
et de ses futurs associés entre 1912 et 1945
1. Isaac Charchat, l'agent venu du froid ........................................ 141
2. Tel-Aviv, la Levant Fair et la progression
du futur agent Zecharia Sitchin ................................................. 149
3. Robert B. Anderson et !'Opération Lys d'or ........................... 160
4. L'or nazi : l'agent Isaac Charchat, mule
pour le compte des Alliés et transporteur d'or
de la Seconde Guerre mondiale ................................................. 167
II. Des millions de morts supplémentaires
pour «des raisons inavouables»
1. La capitulation de l'Allemagne torpillée
par Franklin D. Roosevelt dès 1943 .......................................... 177
2. Les bombardements de Dresden au phosphore
et les camps du Rhin ................................................................... 186
3. Le nombre de 6 millions de juifs en danger
dans le monde annoncé dans la Presse
bien avant la Seconde Guerre mondiale .................................. 194
4. L'Allemagne doit payer des milliards de dommages
sur plusieurs générations, mais pas les banques
de Wall Street et de Londres ...................................................... 205
III. La conquête de la Terre promise ............................................ 211
1. «Une terre sans peuple pour un peuple sans terre» .............. 212
2. Isaac Charchat et l'opération « Goshen » .................................. 215
3. L'agent Zecharia Sitchin est envoyé à New York en 1952 ..... 217
4. Les conflits du canal de Suez
et l'intervention de Robert B. Anderson .................................. 220
5. La nationalisation du canal de Suez
et les réactions extérieures ......................................................... 232
6. Zecharia Sitchin en 1957 ............................................................. 237
7. L'armement nucléaire secret d'Israël ........................................ 239
IV. Le dossier John F. Kennedy
1. John F. Kennedy et ses choix avant
et après son accession au pouvoir ............................................ 245
2. John F. Kennedy et la centrale nucléaire israélienne
«qui n'existe pas» ....................................................................... 251
3. Zecharia Sitchin et la construction du pavillon américano-
israélien de la New York World's Fair de 1964-1965 ................. 255
4. L'assassinat de John F. Kennedy,
le 22 novembre 1963 à Dallas .................................................... 258
V. Ne surtout laisser aucune trace
1. Robert B. Anderson : entre In terser et la CIA .......................... 277
2. Zecharia Sitchin dans la tourmente du conflit israélo-
palestinien: la New York World's Fair de 1964-1965 ................. 283
3. Les accords secrets entre la République
fédérale d'Allemagne et Israël ................................................. 298
4. L'intercontinental Trailsea Corporation
et la guerre des Six Jours ........................................................... 300
VI. Les principes, la foi, la gloire et l'argent
1. Isaac Charchat, entre fierté et loyauté ...................................... 307
2. Robert B. Anderson, la chute del' Aigle Noir .......................... 311
3. Zecharia Sitchin, sous la coupe
de la Fondation Rockefeller ....................................................... 317
4• PARTIE:
«PRO/ECT RISING NIBIRU » .................................................................. 325
1. Les preuves du mythe « Nibiru, planète des Anunna au
cycle de 3600 années» inventé par Zecharia Sitchin ........... 327
1. La thèse de Zecharia Sitchin ....................................................... 332
2. Liste des seules sources sur argile évoquant Nibiru ............... 333
3. Le cycle de 3600 années pour Nibiru imaginé par Sitchin ..... 334
4. Le CV de Zecharia Sitchin, fabriqué de toutes pièces ............ 339
5. Les sources invisibles de Zecharia Sitchin ............................... 342
6. Les prétendues traductions
de tablettes sumériennes de Sitchin .......................................... 344
7. Zecharia Sitchin et sa dernière mission .................................... 349
II. Annexe
1. Joseph-Henri Rosny aîné et Les Xipéhuz .................................. 357
Au fil des siècles, les récits bibliques des voyageurs de l' Antiquité
jusqu'au Moyen Âge ont pu révéler quelques noms fameux de lieux ou
personnages au monde occidental et, partant, exciter l'imaginaire des plus
profanes d'entre nous : le jardin d'Eden, Adam et Eve, les Anges de Yahvé,
le Serpent, le Tigre et !'Euphrate, Babylone et sa Tour, le Déluge, les Nephi-
lim responsables de l'infection de l'humanité ... La fragilité des vestiges
des grandes cités du Proche-Orient explique bien souvent cet oubli du
passé : les matériaux utilisés étaient constitués d'argile mélangée avec de
la paille et moulée sous forme de briques séchées au soleil. Bien souvent,
les Mésopotamiens reconstruisaient leurs bâtiments et ziggourats (pyra-
mides) au-dessus de vestiges effondrés. Ils nivelaient de cette manière ces
restes pour en faire des fondations et bâtissaient sur elles de nouveaux édi-
fices. Chaque souverain babylonien avait pour obligation institutionnelle
et morale de rénover ou reconstruire tout sanctuaire de ses prédécesseurs à
partir des pierres de fondation contenant le plan de l'édifice. En supposant
que ces cités prestigieuses du passé ne s'étaient pas décomposées avec le
temps, qu'elles n'avaient pas connu d'inondation ou brûlé lors d'incendies
ou de destructions volontaires, leurs reliquats se retrouvaient alors enfouis
sous des tonnes de sable et oubliés de tous depuis des millénaires.
Dans cette vaste région se trouvait la Tour de Babel, la fameuse zig-
gourat de Bel-Marduk, mais c'est également à Babylone que les Hébreux
furent retenus en captivité à partir de 597 av. J.-C. Le roi babylonien Nabu-
chodonosor s'était acharné sur la Judée qu'il avait débarrassée de la domi-
20 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
nation égyptienne en 605 av. J.-C. Attisé par sa soif de çonquête et par son
obligation millénaire d'assujettir les quatre régions de son royaume, Na-
buchodonosor revint en 587 av. J.-C pour ravager Jérusalem et son fameux
Temple ainsi que pour déporter davantage de captifs, particulièrement les
plus prospères. Albert Réville, théologien français, spécialiste d'exégèse
biblique et d'histoire religieuse (1826-1906 ), ajoute à ce sujet : «C'est une
erreur traditionnelle de croire que toute la population fat déportée par ordre du
vainqueur sur les bords de ['Euphrate. Un grand nombre, les plus pauvres, les
artisans, les simples laboureurs farent laissés sur le sol natal. Les uns, privés de
tout par la guerre s'adonnèrent au brigandage; les autres, qui se remirent à culti-
ver, farent en butte aux maraudeurs des pays voisins, vieux ennemis d'Israël. Le
fanatisme patriotique n'était pas entièrement éteint. La preuve en est que Gédalia,
partisan des Chaldéens [Babyloniens], que le vainqueur en partant avait préposé
à la garde de sa conquête, fat tué lui et ses soldats, surpris par une émeute. Cela
ne pouvait mener à rien; après cet accès de désespoir, la peur de Nabuchodonosor
chassa du pays ceux qui osaient encore prétendre à un semblant d'aristocratie,
ils se réfagièrent en Égypte, et il ne resta en Judée qu'un troupeau de misérables
accablés par la pauvreté et la terreur. Le roi de Babylone les laissa végéter sur
leur glèbe[ ... ]. On ne peut pas dire que l'autorité chaldéenne [babylonienne] ait
opprimé outre mesure ces vaincus sans patrie. On les laissa libres de s'organiser
entre eux comme ils l'entendaient. Les chefs de famille conservèrent leur autorité,
peut-être donna-t-on dès les premiers temps un patron indigène, le Resch Galutha
(prince des exilés), qui servit d'intermédiaire entre eux et la cour babylonienne. Ce
qui est certain, c'est que, tout en devant subir les vexations de détail et les inévi-
tables misères attachées à leur position de bannis au milieu d'un peuple ennemi,
ils purent se maintenir et même améliorer peu à peu leur position matérielle. C'est
de là qu'il faut partir pour comprendre comment ils parvinrent à s'élever à une
hauteur religieuse auparavant inconnue2. »
2. Albert Réville, «Le judaïsme depuis la captivité de Babylone», d'après les nouvelles
recherches d'un historien hollandais, in Revue des Deux Mondes, l" mars 1872, seconde
période, vol. 98, n° 1, p. 116-117.
LA MÉSOPOTAMIE ET LA JUDÉE, TERRES HISTORIQUES... 21
*
* *
3. Voir à ce sujet, Anton Parks, Eden, 2011, réédition complétée de 2021 aux éditions Nouvelle
Terre.
4. Cf. Anton Parks, Corpus Deae, 2017, réédition aux éditions Nouvelle Terre, 2020, p. 214.
5. Naeim Giladi, Ben Gurion's Scandais - How the Hagannah and The Mossad Eliminated /ews,
Tempe (Arizona), Dandelion Books Publication, 2003 - Internet edition, p. 59 et 60.
22 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
6. Cf. Benjamin de Tudèle, Sefer ha-Massa'ot (Le livre des voyages), Ms. British 27089.
7. Voyages autour du Monde (en Tartarie et en Chine), compilés par Vincent de Beauvais.
Impression par le gouvernement français à Paris, août 1830, p. 64.
8. Ibidem, p. 65-66.
1
Le pays de Sumer, la famille Rothschild
et les lignées royales de l'aigle
et du lion
9. En langue akkadienne du nord de la Mésopotamie, Sînu veut dire« lune, croissant lunaire»
et Arhu, «cycle, mois».
24 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
«Afin de creuser les canaux, de nettoyer les rigoles pour irriguer la vaste
[Edin], pour qu'une eau abondante se répande pour arroser prés et champs,
[les dieux] mirent à la disposition des Hommes pioches, bêches, le panier et
la charrue qui animent le pays. Alors les Hommes se mirent à faire croître
le grain».
BM 23103, Liste royale de Lagas, lignes 50 à 56
13. Voir à ce sujet: Anton Parks, Corpus Deae, éditions Pahana Books, 2017; réédition Nouvelle
Terre, 2020, p. 256-257.
14. Marie-Thérèse Barrelet, «Les déesses années et ailées», magazine Syria, tome 32,
fascicule 3-4, 1955, p. 238.
LE PAYS DE SUMER, LA FAMILLE ROTHSCHILD ... 29
4. Plaque votive en albâtre du roi Uman~ de Laga!!, représentant l'aigle léontocéphale Anzu,
symbole de la lignée royale du dieu sumérien Enlfl. L'aigle royal à tête de félin se trouve ici
sur deux lions. A07283 du musée du Louvre
L'oiseau Anzu est un aigle royal avec une tête de lion. L'aigle et le
lion se retrouvent aujourd'hui sur de nombreuses armoiries et blasons du
monde entier. Il est par contre plus rare de repérer ces deux animaux dans
un même blason, comme celui des Rothschild. Nous verrons cela en détail
dans le prochain chapitre.
Des auteurs comme Laurence Gardner (Genesis of the Grail Kings)
et David Icke (The Biggest Secret et The Children of the Matrix) expliquent
que les dieux sumériens Anunnaki créèrent des lignées consanguines pour
gouverner l'humanité en leur nom. Ces lignées formeraient des familles
puissantes et occultes qui contrôleraient le monde aujourd'hui encore. Da-
vid kke précise à ce sujet: «Les familles de la Fraternité [babylonienne] sont
obsédées par la souche consanguine et l'héritage génétique: elles s'unissent entre
elles sans égard pour l'amour. Les familles royales (famille!) et aristocratiques de
l'Europe et les familles du soi-disant establishment de l'Est américain en sont
des exemples flagrants . Elles sont de la même tribu et sont génétiquement appa-
30 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
rentées. C'est pourquoi les familles de la Fraternité ont toujours été obsédées par
les croisements consanguins, tout comme l'étaient les Anunnaki selon les tablettes
sumériennes. Ils ne se marient pas entre eux par snobisme, mais pour conserver
une structure génétique qui leur donne certaines habilités 15 [ ••• ]. » Icke ajoute
également dans un autre ouvrage : «Les Rothschild en constituent un exemple
patent. Ils descendent d'une lignée Anunnaki. Ils s'appelaient Bauer avant de
changer leur nom en Red Shield [«rot schild» en allemand] au moment de la
fondation de leur dynastie de banquiers à Francfort, en Allemagne. Et il était de
notoriété publique que la famille 'occulte' des Bauer remontait au Moyen Âge. Le
mot Roth donna naissance à diverses appellations telles Roads, Rhoads et Rhodes,
d'où sortit Cecil Rhodes, cette créature immonde qui apporta la dévastation et le
génocide Afrique du Sud 16• »
Nous évoquerons plus loin le cas de Cecil Rhodes. Même si l'auteur
David lcke est catalogué comme « complotiste », je retiens néanmoins ces
travaux dans le contexte de cette démarche d'analyse, car, par définition,
un complotiste est une personne qui réfute la version officielle d'un évé-
nement en cherchant à démontrer le raisonnement logique insoupçonné
qui pourrait appuyer l'articulation de certains faits, dont les origines sont
a priori négligées à travers des explications à l'emporte-pièce. Ceux qui
connaissent déjà mes nombreux travaux et lisent cet ouvrage seront sans
doute tentés me classer dans cette catégorie. Nul besoin de se lancer dans
ce genre de débat pour constater que le juif allemand Meyer Amschel Roth-
schild (1744-1812) est effectivement né Meyer Amschel Bauer en 174417 avant
de changer son nom de famille en Rothschild. Pour ceux qui ne le savent
pas, il s'agit du père de la finance internationale, le fondateur de la dynas-
tie banquière des Rothschild. En 1570, son ancêtre Isaac (Izaak) Elchanan
Bauer Bacharach18 avait déjà pris le patronyme du blason Zum Roten Schild,
«À l'écusson rouge», de la maison familiale qu'il avait fait construire, de-
meure située dans la partie sud et plus élégante de la Judengafle, «la rue aux
juifs» de Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Cette rue de trois cent trente
mètres de long regroupait la communauté juive la plus importante d' Al-
lemagne depuis au moins trois cents ans. La Judengafle comportait trois
portes de la ville qui étaient fermées la nuit et les dimanches, ainsi que les
jours fériés des chrétiens.
15. David Icke, The Biggest Secret. Édition française: Le plus grand secret (tome 1), Saint-Zénon
(Québec), Éditions Louise Courteau, 2001, p. 31.
16. David Icke, The Children of the Matrix. Édition française : Les enfants de la matrice (tome 2),
Saint-Zénon (Québec), Éditions Louise Courteau, p. 38.
17. Certaines biographies annoncent plutôt 1743.
18. Isaac Elchanan Bauer portait aussi le nom Bacharach-surnom familial utilisé sur plusieurs
générations-car leur ancêtre, Uri Feibesch Bacharach, né en 1475, portait Je nom de la ville de
Bacharach d'où il provenait et qui se trouve à 88 km de Francfort.
LE PAYS DE SUMER, LA FAMILLE ROTHSCHILD ... 31
5. La Judengafie
en forme d'arc (à
Francfort). D'après
une gravure de
Matthaus Marian
datant de 1628.
Domaine public
Des siècles de contraintes au niveau des lois auront forcé les juifs à se
lancer dans le commerce de l'argent et des marchandises. La ville de Franc-
fort-sur-le-Main, électorat des rois allemands depuis 1356, était devenue à
l'époque le berceau de la fortune des plus grands financiers d'Europe. La
Judengafle est une ruelle étroite, le ghetto des juifs de Francfort. La vie pour
les juifs y est austère malgré la présence de son centre d'études juives répu-
té dans toute l'Europe. La famille Bauer avait quitté la maison Zum Roten
Schild - «À l'écusson rouge» - en 1664 à cause du petit fils d'Isaac qui avait
dû vendre la demeure familiale, contraignant ainsi la famille à s'installer
au nord de la Judengafle, dans le Zur Hinterpfann, «derrière la casserole»,
humble logement situé derrière la maison dénommée Zur Pfanne, «À la
casserole». Pendant longtemps les numéros de rue n'existaient pas et les
demeures familiales se distinguaient uniquement entre elles par un écus-
son de couleur placé au-dessus des portes. Pourquoi la famille avait-elle
dû déménager et sans doute revendre la maison construite par Isaac? À
l'époque d'Isaac Elchanan, la famille Bauer devait prospérer, mais pour
une raison nullement mentionnée dans les archives, la famille connut un
déclin à partir du petit fils, Naftali Hirz.
officiel de «facteur de cour». Cela signifie que le jeune marchand juif, dé-
sormais âgé de 26 ans, devient« agent de la cour de Hesse-Hanau» et qu'il
peut inscrire sa nouvelle fonction sur l'enseigne de sa boutique francfor-
toise. Cette carte de visite lui permet alors de sortir enfin de son ghetto et
de se mettre en rapport avec d'autres princes pour réaliser de fructueuses
affaires. Meyer Amschel est ambitieux, il sillonne alors les routes pour pro-
poser ses collections de monnaies aux riches bourgeois dans l'intention
d'étancher leur soif d'argent. Tous ces nobles ont accès aux bourses prin-
cières; l'ayant bien compris, le jeune Rothschild fera tout pour se rendre
indispensable. Un an après, en août 1770, Meyer Amschel Rothschild se
marie avec Guttle Schnapper, la fille d'un riche négociant juif du ghetto,
lui-même facteur de cour. C'est un mariage arrangé, la jeune fille de 17 ans
lui apportant une dot de 2400 florins, chose qui témoigne de la position
importante qu'occupe déjà Meyer Amschel au sein du ghetto de Franc-
fort19.
6. La maison Zum
Grünen Schild des
Rothschild dans la
Judengafle de Francfort.
Domaine public
Les affaires allant bon train, le couple peut se payer une nouvelle
19. Tristan Gaston-Breton, La saga des Rothschild, Paris, Éditions Texto, 2019, p. 36.
34 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
*
* *
La Révolution française a anéanti notre flotte, nous a fait perdre nos colonies, et a
assuré à l'Angleterre l'empire des mers dont elle jouit depuis lors 22• »
*
* *
Les armoiries des Rothschild présentent encore deux bras dont les
mains tiennent cinq flèches ainsi qu'un bouclier situé au centre. Dans le
contexte héraldique, ces bras représentent la force et la puissance. Les
flèches sont des symboles de la puissance politique et militaire du roi :
elles figuraient le pouvoir monarchique dans l' Antiquité. Il s'agit d'un em-
blème fort provenant d'Orient que les Romains empruntèrent aux Perses.
Mais les Perses le tenaient de la Babylonie et des Sumériens. En Mésopo-
tamie, le guerrier et héros des dieux n'était autre que Ningfrsu-Ninurta,
fils d'Enlfl. Le texte cunéiforme «Le retour de Ninurta à Nippur » indique
par exemple des lignes 41 à 43 : «Je porte la tempête qui attaque les humains,
qui est mon arc et mon carquois. Je porte celui qui emporte les temples des terres
rebelles qui est mon bâton de jet et mon bouclier. » Les Romains pensaient que
le bouclier, ou ancile, était tombé du Ciel. Ils reliaient les boucliers sacrés
au culte. de Mars, donc à la guerre. Le bouclier symbolise la protection, la
guerre et la longévité (la durée dans le temps).
lignées nobles a toujours été l'objectif des dieux, des rois et des membres
de l'oligarchie et de l'aristocratie. Cette obsession se retrouve naturelle-
ment chez les Rothschild, car sur les dix-huit mariages contractés par les
petits-enfants de Meyer Amschel Bauer-Rothschild, seize l'ont été entre
cousins au premier degré! Vaincre ou posséder AN-ZU/IM-DUGUD,
c'est finalement détenir le secret de la connaissance et de l'immortalité de
la lignée royale sumérienne. Nous retrouvons ici une idée biblique très
connue : posséder la sagesse, la connaissance et l'immortalité peuvent
rendre l'homme égal à Dieu.
29. Marcus Eli Ravage, Grandeur et décadence de la Maison Rothschild, Paris, Albin Michel
éditeur, 1931, p. 13-14.
LE PAYS DE SUMER, LA FAMILLE ROTHSCHILD ... 43
30. Pour plus de détails : Ben Weintraub, The Holocaust Dogma of /udaism, published by Robert
L. Brock, 1995, p. 3-4.
31. Jean Baumgarten,« L'impression de livres yiddish à Francfort aux XVII' et XVIII• siècles»,
Bulletin du centre de recherche français de Jérusalem, décembre 2009.
44 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
32. L'abréviation M.É.A. renvoie au Manuel d'épigraphie akkadienne de René Labat & Florence
Malbran-Labbat, voir bibliographie.
LE PAYS DE SUMER, LA FAMILLE ROTHSCHILD ... 45
15. Le signe sumérien UB, sous ses formes les plus archaïques connues à ce jour, est ici présenté
dans des scènes où se trouvent végétation et formes géométriques. Cette étoile exprime des
«parties de l'univers» et des «régions». De gauche à droite : CBS 3116614 et U. 18399
Rentrons ici dans ce qu'évoque l'un des thèmes phares de cette en-
quête : dès sa retraite bien méritée en qualité d'ancien agent sioniste et du
Mossad ainsi que de lobbyiste pour le compte d'Israël, l'espion Zecharia
Sitchin repéra le signe sumérien UB dans son ouvrage de 1985, The War of
Gods and Men (traduit en français par: Les guerres des dieux et des hommes).
Son obsession a toujours été d'associer les traditions bibliques aux récits
mésopotamiens afin d'établir un lien de filiation entre le monde hébraïque
et les antiques Sumer et Akkad ainsi que la Babylonie. Pour atteindre
son objectif et celui de la famille Rockefeller pour le compte de laquelle il
œuvrait, Sitchin n'a jamais reculé devant l'utilisation parfois abusive de
traductions aux interprétations extrapolées ainsi que l'emploi de passages
décontextualisés. Ainsi, à la page 180 de son ouvrage précité (version an-
glophone), utilise-t-il le sceau CBS 3116614 (sans citer sa référence) pour
annoncer que le dieu sumérien du Soleil, UTU /Shamash, aurait pris place
dans la cité de SU-LIM (SHU-LIM) qu'il traduit par «le lieu suprême des
quatre régions (sic)» et qu'il associe à Jérusalem sous la forme Ur-Sulim 33 •
Bien entendu, Sitchin ne donne aucune information sur la tablette qu'il tra-
duit librement, ni son numéro de musée, ni même son lieu de découverte.
Une méthode qu'il utilisera tout au long de sa carrière littéraire et qui lui
permettra, dans nombre de cas, de faire obstacle à toute vérification ulté-
rieure. Sitchin se contente de donner un titre à cette archive deux pages au-
paravant; s'agit-il seulement du même document, Ising the Song of the Mo-
ther of the Gods, «Je chante le chant de la mère des dieux»? Une recherche
approfondie dans les documents en écriture cunéiforme ne donne aucun
résultat; ce titre n'est relié à aucun texte de l'ancienne Mésopotamie34 •
Afin de créditer ses propos, Sitchin utilise donc l'hexagramme
«Étoile de David» pour l'associer à Jérusalem et ainsi faire de cette localité
une ancienne cité antédiluvienne connue des Sumériens. SU-LIM ne veut
pas dire« lieu suprême des quatre régions» en sumérien, mais se traduirait
plutôt par «la puissance mille» ou «force millénaire». En conséquence,
SU-LIM n'a rien à voir avec «les quatre régions du monde» comme l' af-
firme Sitchin; la translittération en sumérien de ce titre royal s'écrit plutôt
UB-DA-LIMMU-BA, comme indiqué plus haut.
Plus sérieusement, la Bible prétend que le roi David unifia les douze
tribus d'Israël en un seul royaume à partir de Jérusalem. Certains assurent
que le nom divin de la sainte ville tirerait son origine du sumérien URU-
SILIM, «la ville de la bonne santé (ou de la paix)», mais il n'est pas ques-
tion de Sumériens dans cette localité sans cesse conquise par l'Égypte et
l'Assyrie, à une époque où le langage sumérien ne se pratiquait que par
33. Zecharia Sitchin, The War of Gods and Men, Rochester (Vermont), Bear & Co. Publishing,
1985, p. 180.
34. Une recherche plus approfondie me reverra sur la tablette du British Museum, BM 87535.
Le titre que donne Sitchin correspond simplement à la traduction de la première ligne de ce
document référencé sous le nom Hymne ta Belet-illi, «hymne de la mère des dieux». C'est
continuellement le même problème avec Sitchin : il prétend faire des révélations en ne
donnant jamais ou peu souvent la possibilité de vérifier ses propos.
48 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
*
* *
RAINFAU
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1000
800
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16. Les précipitations au
cours des 10 000 années
précédant notre ère dans la
--t---.---.-.........,...._.,__....,....~__,-.--..---'O vallée de !'Indus; d'après
10 9 7115 4321 0
Thou11nd1 of yeara 990 Lamb et Al., 1978.
son ancêtre Isaac qui avait déjà pris le patronyme du blason de la mai-
son familiale Zum Roten Schild, «Au bouclier rouge», à Francfort-sur-le-
Main en Allemagne. Comme nous l'avons relevé plus haut, ce symbole
provient de Babylonie et originellement de l'antique pays de Sumer. Il fut
probablement rapporté par des juifs babyloniens dont faisaient partie les
ancêtres des Rothschild. Les Bauer, ancêtres des Rothschild, provenaient
très probablement d'une de ces lignées judéennes nobles ayant connu la
diaspora babylonienne et l'étoile royale de la conquête des quatre régions
du monde.
37. Marianne Picard, Juifs et Judaïsme (de -700 à +70), Paris, Éditions Biblieurope, 2006, p. 69-
78.
56 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
Nous posions plus haut la question suivante : les ancêtres des Roth-
schild provenaient-ils d'une lignée ayant connu la diaspora babylonienne?
Les Bauer («paysan» en allemand), ancêtres des Rothschild - du sumérien
BA-U-ER, «apporter la nourriture et les rations» ou BA-U-EN, «le Grand
prêtre de la nourriture et des rations» - auraient-ils acquis la culture et le
sens des affaires de Babylonie? Leur nom se retrouve aussi en akkadien
- langue parlée en Babylonie lors de la diaspora - sous les formes Ba'û-
errêsu, «rencontrer le cultivateur», Ba'û-êribu, «rencontrer le commerçant»
ou encore Ba'û-erû, «rencontrer l'aigle». Cet aigle rappelle le symbole de la
royauté, de l'empire, de la majesté et de la victoire des anciens Sumériens.
Nous l'avons vu plus haut, l'aigle lagocéphale renvoie à l'JM-DUGUD su-
mérien dont le sens est «sang noble»; il s'agit du symbole royal du dieu
Enlil et de son fils Ningirsu-Ninurta.
L'auteur Fritz Springmeier, taxé de « conspirationniste », dit à pro-
pos des Rothschild : «Selon des témoins oculaires qui étaient assez bien placés
pour fréquenter une des demeures des Rothschild au Royaume-Uni, les Rothschild
adorent un autre dieu : Satan. Ils mettent à leur table un couvert pour lui. Cela fait
des générations que les Rothschild sont satanistes. [En effet], plusieurs satanistes
des hautes sphères, finalement arrachés au satanisme par la toute-puissance de
Dieu, ont dit avoir vu de leurs propres yeux Satan apparaître chez les Rothschild.
Ce qu'ils ont vu chez les Rothschild, c'est que Satan est apparu sous la forme d'un
homme extrêmement beau, à l'exception de ses sabots qui auraient été fendus. Il
portait un smoking noir pour parier et jouer aux cartes (les gains n'étaient pas de
l'argent, mais des victimes sexuelles), et un smoking blanc quand il ne venait que
pour fréquenter ses suppôts41 • »
Il serait pour n'importe qui d'entre nous difficile de se prononcer sur
la nature de ce témoignage: ce qui est certain c'est qu'il reprend les sym-
boles essentiels intimement liés à Satan. L'homme incarnant sous forme
humaine le Mal est décrit comme «beau» car, bien souvent, personne ne
commet jamais le mal ostensiblement. Se retrouvent également le thème
des sabots à la place des pieds (probable réminiscence de motifs païens), la
présence de jeu de hasard (proscrit par l'Église et intimement lié au monde
païen) ainsi que le thème classique de la promiscuité sexuelle. Dans ce
40. Yvonne Rosengarten, Le régime des offrandes dans la société sumérienne, CNRS/Paris,
Éditions E. de Boccard, 1960, p. 33-44, cité in Anton Parks, Adam Genisis, Lopérec, Éditions
Nouvelle Terre, 2020, note 113 de l'édition intégrale en français.
41. Fritz Springmeier, Livre jaune n ° 8 - les lignées Illuminati (extrait et sa note dans la traduction
française), Barcelone, Éditions Ethos, 2019, p. 248-249.
LES ANC~TRE DU LIVRE : DE BABYLONE AU MOYEN ÂGE 59
cas précis, ils' agit de« victimes» impliquant l'idée d'absence de consente-
ment; Satan étant celui qui se passe et se joue du consentement de quelque
autorité que ce soit, abusant même de la foi de ses propres disciples et
serviteurs selon les mythes et légendes. Ce témoignage puise dans une
iconographie qui dépasse les considérations théologiennes appuyant leur
réflexion sur la nécessité logique de l'existence du principe du Mal. Ici,
le principe est incarné dans le corps d'un gentlemen pervers et puissant,
loin des considérations abstraites, c'est un être qui pense, qui respire et
qui se trouve objectivement «au-dehors». L'auteur a-t-il tenté de désigner
quelqu'un ou quelque chose par périphrase, par métaphore? D'aucuns
penseraient à l'évident parallèle entre le personnage de Dracula du roman
de Bram Stocker comme allégorie de l'impérialisme britannique vivement
critiqué sous l'apparente innocence de la licence littéraire fantastique ...
Cette mention me fait tout de même penser à quelque chose que j'ai
découvert et commenté à de nombreuses reprises dans plusieurs de mes
ouvrages: le dieu Enlil, avec lequel les Bauer-Rothschild semblent connec-
tés, porte dans de nombreuses tablettes le nom de SATAM, lequel veut dire
en sumérien «administrateur»; «administrateur territorial» ou «chef de
contrée42 ». Une statue sumérienne du musée du Louvre, numérotée AO
5681, porte ce nom de SATAM. Elle représente l'un des petits-fils du roi
d'Uruket d'Ur, vers 2400 av. J.-C. Ce petit-fils du roi LUGAL-KISAL-SI était
très probablement l'administrateur en chef du royaume de son grand-père.
Du SATAM sumérien découle assurément le Satan biblique devenu
«l'adversaire» chez les Hébreux. Rappelons que chaque famille de Ju-
déens, tout au long de leur exil, eut à faire à un Satammu, «administrateur,
régisseur», nom tiré du SATAM sumérien ... Le dieu Enlû était lui-même
l'administrateur des domaines des dieux sumériens Anunnaki. Comme
indiqué plus haut, Enlil est le LUGAL-AN-UB-DA-LIMMU-BA, «roi des
quatre régions du monde», ce que deviendront les Rothschild à leur tour :
les rois de la finance mondiale, les SATAM, «administrateurs» des quatre
coins de la planète. Les Rothschild se trouveront géographiquement et pro-
fessionnellement dans divers camps en même temps, ce qui leur permettra
de manipuler plusieurs gouvernements et d'accroître leur fortune grâce
à de nombreuses entreprises opportunistes, notamment des financements
de projets liés à la guerre. J'ai beaucoup de peine à concevoir qu'il puisse
s'agir de simples coïncidences. Pourtant, ceci n'est que le commencement
d'une longue liste de nombreuses occurrences qui ne cesseront de nous
interpeler tout au long de cette enquête ...
42. Cf. M.É.A., n° 355. Le dieu Enlil porte ce nom à quatre reprises dans les tablettes suivantes
que j'ai traduites pour l'ouvrage Eden (2011); CBS 8383-a, colonne 3, ligne 10; CBS 8383-a,
colonne 4, ligne 3; CBS 11065-c, colonne 5, lignes 18 et 30. J'ai annoncé la découverte du
Satan sumérien dès mon premier ouvrage en 2005. Il est très étonnant qu'aucun assyriologue
n'ai relevé cela avant cette date. Cela démontre sans doute les vulgarisation et diffusion
défaillantes de certains domaines savants qui touchent à la religion et aux origines des
traditions bibliques.
60 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
18. Mayer Amschel Sauer-Rothschild et ses fils, les grands administrateurs du monde de la
finance, éparpillés aux quatre coins du monde. Ôsterreichische Nationalbibliothek, domaine
public
LES ANC~TRE DU LIVRE : DE BABYLONE AU MOYEN ÂGE 61
43. Ernest Axel Knauf, in Tomas Rêimer, Introduction à l'Ancient Testament, Genève, Éditions
Labor et Fides, 2004, p. 58.
62 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
*
* *
46. Parrot André, Babylone et l'Ancien Testament, Cahiers d'archéologie biblique n° 8, Paris,
Éditions Delachaux & Niestlé, 1956, p. 98-99.
47. Jacques Attali, interview d'Éric Conan, «Les juifs, les chrétiens et l'argent», L'Express,
n° 2636, semaine du 10 au 16 janvier 2002.
64 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
48. Nabil Khoury, «La condamnation de l'usure dans le Christianisme et dans l'Islam»,
Assurances et gestion des risques, Faculté des sciences de l'administration, Université Laval,
Volume 85, numéro 1-2, juin 2018, p. 4.
LES ANC~TRE DU LIVRE : DE BABYLONE AU MOYEN ÂGE 65
Le sujet peut donc être rapidement résumé ainsi : les activités pro-
fessionnelles hautement qualifiées vont donc intéresser le peuple juif par
nécessité et non par choix! On notera parmi elles la médecine qui demande
des études approfondies dont était dispensée la majorité des enfants du
tiers-état (le peuple) au Moyen Âge, envoyés rapidement aux champs dès
leur plus jeune âge! Guillaume de Chartres indique vers 1276 que nombre
de conseillers déclaraient au roi Saint Louis la chose suivante : «Le peuple
ne pouvait vivre sans prêt, ni les terres être cultivées, ni les métiers et commerces
être exercés et qu'il valait mieux que les juifs - déjà damnés - exercent l'office
de cette damnation, plutôt que certains chrétiens qui, ce faisant, opprimaient le
peuple d'usures encore plus lourdes.» Sur 132 cas liés aux juifs et relevés dans
les rapports du XIIIe siècle, conservés dans les registres des Archives natio-
nales, 69 % à 80 % (selon des expertises récentes) sont certainement des
prêteurs. Ils sont répartis à travers la Normandie, le Maine, l'Anjou, la
Touraine, le Poitou, l'Artois et le Bas LanguedoCXJ.
Le système du prêt et des banques est très bien étudié en Italie grâce
aux archives du Moyen Âge. Durant cette époque, c'est uniquement aux
Papes que revient le droit de concéder des banques de prêts aux juifs dans
les pays des États de l'Église, mais aussi dans d'autres États. Dès la Renais-
sance, les juifs jouissent de la possibilité de posséder des banques de prêts
sous les Papes Alexandre VI (1492-1503), Léon X (1513-1521), Clément VII
(1523-1534) et Paul III (1534-1549). En 1483, une sorte de concession pon-
tificale est par exemple attribuée aux juifs de Toscanella qui les exonère
de conséquences juridiques d'éventuelles transgressions qu'ils auraient pu
commettre dans l'exercice de leurs fonctions51 •••
Les facilités accordées aux prêteurs et banquiers juifs seront annu-
lées durant les fonctions des Papes Paul IV et Pie V, mais en grande par-
tie restituées par Sixte-Quint, qui ne refusait pas les conseils avisés des
capitalistes juifs, précise l'historien Ludovico Pastor dans sa Storia dei Papi
(1928, vol. X, 88). Cette décision favorable fait aussi suite au besoin pres-
sant et impérieux de crédit que le gouvernement pontifical n'était plus en
mesure de satisfaire. De fait, les mesures du Pape Sixte-Quint auront pré-
servé les États de l'Église d'une ruine financière comme celle qu'a connue
la domination espagnole. À cette époque charnière, la découverte de voies
maritimes vers les Indes diminuait le trafic et le commerce via l'Italie; les
49. Attali, «Les juifs, les chrétiens et l'argent», op. cit.
50. Gérard Nahon,« Le crédit et les juifs dans la France du XIII• siècle», in Annales. Économies,
sociétés, civilisations, 24• année, n° 5, 1969, p. 1123 et 1141.
51. Ermanno Loevinson, «La concession de banques de prêts aux Juifs par les Papes des
seizième et dix-septième siècles. Contribution à l'histoire des finances d'Italie», in Revue des
études juives, tome 92, n° 183, janvier-mars 1932, p. 2-3.
66 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
52. Loevinson, «La concession de banques de prêts aux Juifs par les Papes des seizième et
dix-septième siècles. Contribution à l'histoire des finances d'Italie», op. cit., p. 27-29.
53. Ibidem, p. 28-29.
III
Rothschild & archéologie :
argent et pouvoir
aux sources de la haine et de la guerre
54. «Napoléon, Empereur des francs-maçons», Historia, n° 676, avril 2003, p. 56 et 60.
55. Baron de Corneau, Souvenirs des guerres d'Allemagne pendant la Révolution et l'Empire, Paris,
Pion-Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, 1900, p. 194-195.
ROTHSCHILD & ARCHÉOLOGIE : ARGENT ET POUVOIR... 69
brute qui est en lui afin de lui permettre de lui donner la forme adéquate
à son insertion dans l'édification du «Temple parfait», image du Temple
de Salomon. De cette pierre brute, matière initiale de l'Œuvre - véritable
pierre philosophale - sortira la lumière et l'Étoile Flamboyante. En Égypte
ancienne, cette pierre est le Garâal, ~-0~é'.'.l , «la pierre de Lumière qui
fait ascensionner». Les Textes des Pyramides parlent du même concept,
mais avec des termes différents. Le Pharaon doit retrouver la pierre lu-
mineuse tombée du front du dieu Horus, à savoir sa force vitale perdue
pour la «reconstruire», la polir en vue de la maîtriser. Dans un prochain
ouvrage intitulé La Chute d'Eden, nous découvrirons que certains symboles
et concepts de la franc-maçonnerie proviennent également de l'ancienne
Mésopotamie.
*
* *
57. Collectif d'auteurs, La campagne d'Égypte, 1789-1801, Mythes et réalités, Actes du colloque
des 16et17 juin 1998 à !'Hôtel national des Invalides, Paris, Éditions In Forma/Maisonneuve
et Larose, 1998, p. 108-109.
72 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
*
* *
58. Jean Bouvier, Les Rothschild, Paris, Éditions Fayard, 1967, p. 25 et 28.
76 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
21. Caricature des frères Bonaparte où l'on voit la famille régner sur l'Europe. Napoléon
gouverne la France et la Belgique, Louis, la Hollande, Jérôme, une bonne partie del' Allemagne,
Eugène, Élisa et Murat, l'Italie, Joseph, l'Espagne, Marmont, une partie de la Yougoslavie, et
Junot, le Portugal. Les Bonaparte comme les Rothschild se partagent respectivement les terres
et les marchés monétaires comme le faisait les anciens Sumériens, lesquels usaient de la magie
avec leur UB, J), représentant les quatre régions du monde ou les quatre points cardinaux
à conquérir. Lithographie anonyme de 1808 montrant Napoléon et ses frères régnant aux
quatre coins de l'Europe et des pays soumis.
appels furent envoyés à ses fils dispersés, mais seulement deux, Amschel
et Kalman, arrivèrent à temps. Meyer Amschel s'éteignit tôt dans la soirée.
Il fut ensuite enterré dans l'ancien cimetière juif de sa ville natale, auprès
des sept générations de ses ancêtres63 •
Guttle Rothschild, la femme de Meyer Amschel, aura eu plus de
chance que son mari. Elle lui survivra 37 ans pour voir ses fils devenir les
hommes les plus puissants du monde. Mais elle restera tout au long de
sa vaste existence la même femme au foyer simple et modeste. Elle res-
tera à la Judengafle dans la demeure familiale, et ceci malgré la décision
du grand-duc de Francfort de supprimer l'obligation de résider dans le
ghetto - Meyer Amschel et elle y avaient passé tant d'années heureuses.
Ses fils lui enverront des bijoux et des foulards en dentelle des quatre coins
de l'Europe et elle acceptera avec plaisir tous leurs présents. Guttle Roth-
schild sera très fière de ses garçons. Quand, quelques années plus tard, une
pauvre femme viendra à elle en pleurant parce que son fils unique va être
envoyé à la guerre, Guttle la rassurera en lui disant; «N'ayez crainte, il n'y
aura pas de guerre[ ... ]. Je dirai à mes garçons de ne pas prêter leur argent64. » Sur
ce point, par contre, on ne peut pas dire qu'elle aura été entendue.
67. Enki Baptiste, «Moyen-Orient ou Proche-Orient, Middle East ou Near East? Retours
historiques sur l'invention d'un espace géographique», Les Clés du Moyen-Orient, novembre
2017, lesclesdumoyenorient.com ·
84 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
Cette voie ferrée de 1300 km doit traverser des terres s'étendant de la Mé-
diterranée au golfe Persique. L'objectif impérialiste de la Grande-Bretagne
est d'apporter avec elle les arts, les sciences et la civilisation de l'Occident
et d'assurer la protection des Indes britanniques. Il s'agit là d'un chemin
de fer à l'ambition «essentiellement commerciale» en dépit de sa portée
politique. Pourtant, ce projet n'aboutira pas non plus ...
plus de 3000 ans, précisément entre 3300 av. J.-C. et le début de l'ère chré-
tienne. Le dernier texte cunéiforme babylonien retrouvé à ce jour est un
almanach d'Uruk daté de 75 après J.-C, à l'époque des Parthes.
Entre 1847 et 1849, l'archéologue et historien britannique Henry
Layard met au jour près de 20 720 tablettes cunéiformes ainsi que des mil-
liers de fragments tirés de la bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal à
Ninive; toutes ces pièces appartiennent au British Museum.
23. Infime partie de la bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal exposée au British Museum.
Photographie de Gary Todd
24. Le monument
de Behistun en
Iran décrivant les
conquêtes du roi
Darius I"' en vieux
persan, en élamite et en
babylonien.
Domaine public
68. Jean Bottéro, Au commencement étaient les dieux, Paris, Éditions Tallandier, 2004, p. 38.
88 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
69. Brigitte Lion & Cécile Michel, Histoires de déchiffrements - Les écritures du Proche-Orient à
/'Égée, Paris, Éditions Errance, 2009, p. 29.
ROTHSCHILD & ARCHÉOLOGIE : ARGENT ET POUVOIR... 89
'
LES COULISSES DE LA PREMIERE
GUERRE MONDIALE
,
QUI A PROFITE DU CRIME?
1
La guerre du pétrole
«On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels. »
Anatole France dans l'Humanité du 18juillet1922
voyait la guerre comme une solution aux troubles sociaux, au chômage et au dé-
chaînement de discours révolutionnaires 71 • »
Mon éditeur, Pierre Mazé, évoque très bien les origines de la Grande
Guerre dans la vidéo promotionnelle pour l'édition française de l'ouvrage
Les origines secrètes de la Première Guerre mondiale de Gerry Docherty et Jim
McGregor, publiée en 2017 aux éditions Nouvelle Terre:
«Des hommes sans scrupules dont les racines et la culture étaient britan-
niques ont voulu une guerre pour écraser l'Allemagne et ont tout orchestré pour
organiser l'événement. Si 1914 est généralement considéré comme le point de
départ du désastre qui a suivi, les décisions qui ont concerné cette guerre ont été
prises bien auparavant.
71. Gerry Docherty & Jim McGregor, Les origines secrètes de la Première Guerre mondiale,
Lopérec, éditions Nouvelle Terre, 2017, p.350-351.
72. William Engdahl, A Century ofWar -Anglo-American Oil Politics and the New World Order,
Revised edition, Londres, Pluto Press, 2004, p. 35-36.
LA GUERRE DU PÉTROLE 95
En 1891, une société secrète sera créée à Londres par quelques individus
avec l'intention d'assoir son contrôle sur le monde. Ces personnages vont délibéré-
ment fomenter la guerre des Boers de 1898-1902 pour mettre la main sur les mines
d'or du Transvaal (Afrique du Sud). Ces hommes étaient animés d'une ambition
qui foulait littéralement l'humanité au pied. Même s'ils ont eux-mêmes délibé-
rément organisé la Première Guerre mondiale, on a soigneusement caché toutes
leurs actions alors que toute une génération avait disparu dans les tranchées de
1914 pour la soi-disant 'liberté de la civilisation'.
L'ouvrage [de Gerry Docherty & Jim McGregor] met en exergue la
façon dont ces banquiers internationaux et ces industriels ont, avec leurs agents
politiques, fructueusement utilisé la guerre pour, dans un premier temps, détruire
les Républiques boers d'Afrique du Sud, et dans un second mouvement détruire
l'Allemagne elle-même à travers le conflit de la Première Guerre mondiale et tout
cela sans jamais avoir à rendre de comptes.
Au cas où certains lecteurs seraient trop rapidement tentés d'en conclure
qu'on a affaire à une théorie du complot délirante, je ne saurai trop leur conseiller
de consulter les travaux du Professeur Carroll Quigley, l'un des historiens du
XX' siècle les plus respectés. On sait à partir des travaux de ce personnage que
Cecil Rhodes, le millionnaire du diamant, avait décidé de créer une société secrète
à la fin du XIX' siècle, avec pour ambition de renouer, d'une part, les liens entre
la Grande-Bretagne et les États-Unis, et d'autre part, diffuser dans le monde ce
qu'elle considérait comme valable et bon des traditions britanniques. Les indivi-
dus impliqués pensaient que l'individu blanc d'origine anglo-saxonne trônait au
sommet d'une supériorité raciale qui reposait finalement sur la supériorité dans
le domaine du commerce et de l'industrie et sur l'exploitation des autres races.
Pour eux le choix était grave : soit prendre des mesures drastiques pour étendre et
protéger l'Empire britannique, soit se résigner à ce que l'Allemagne finisse par les
rabaisser au rôle de figurants sur la scène internationale.
Les membres de cette Élite secrète n'étaient que trop conscients que l'Alle-
magne allait bientôt les dépasser dans toutes les branches de la technologie, de la
science, de l'industrie et du commerce. Ils voyaient également l'Allemagne comme
un coucou dans le nid de l'Empire britannique et s'inquiétaient de son influence
grandissante en Turquie, dans les Balkans et au Moyen-Orient. Ils vont donc en-
treprendre de se débarrasser de ce coucou en professant que leurs intentions étaient
pour le bien de la civilisation. Une civilisation qu'ils contrôleraient, approuve-
raient, dirigeraient et rendraient profitable.
Ils étaient pour cela prêts à faire tout ce qui serait nécessaire. Ils feraient
des guerres pour la civilisation. Ils massacreraient des millions de gens pour cette
dernière. Tout cela drapé dans la grande bannière de la civilisation allait donner
une société secrète sans précédent. Non seulement aurait-elle le privilège de la
fortune, mais elle se dissimulerait également derrière un voile d'altruisme comme
on peut encore le voir aujourd'hui. Ces hommes visaient à s'arroger le monde pour
le sauver de lui-même73 • »
Il faut revenir quelques années plus tôt, voire un peu plus encore,
pour entrapercevoir des débuts de réponses. Depuis longtemps déjà,
l'Empire turc historiquement connu sous le nom d' «Empire ottoman»
s'est retrouvé au centre d'interactions entre les mondes de l'Orient et de
l'Occident. Du )(le au XVIe siècle, l'Empire ottoman contrôlait une grande
partie de l'Europe du sud-est, des parties de l'Europe centrale, le Proche et
le Moyen-Orient (de Jérusalem à Bagdad), le Causase et de grandes parties
de l'Afrique du Nord (d'Alger jusqu'à l'Égypte). Vers la fin des années
1800, l'Empire ottoman a perdu nombre de ses territoires, mais il lui reste
tout de même une gigantesque superficie que lui envient les pays occiden-
taux, à savoir : la Turquie actuelle, la Syrie, Chypre, l' Anatolie, la Palestine,
le Liban et la vaste Mésopotamie. Ce territoire étendu aura créé de vives ri-
valités entre grandes les puissances comme la Russie, la Grande-Bretagne,
l'Allemagne et la France.
lisé dans les céréales, entend parler d'Edwin Drake et des champs pétroli-
fères de la Pennsylvanie. L'idée de se lancer dans ce secteur et d'exploiter
le pétrole le séduit progressivement, ainsi propose-t-il à son associé, Henry
Flagler, d'investir dans la société qu'il monte avec Samuel Andrews. Pla-
gier accepte à condition d'en devenir associé à hauteur de 25 % des actions
de la nouvelle entreprise Rockefeller, Andrews et Flagler. Le 10 janvier
1870, le partenariat entre Rockefeller et ses deux collaborateurs s'organise
en une nouvelle société par actions établie à Cleveland : la très célèbre
Standard Oil. Le nom «Standard» est choisi pour indiquer que le pétrole
livré sera garanti au meilleur niveau de qualité. En seulement deux ans, la
Standard Oil devient le leader de l'industrie américaine du raffinage du
pétrole en produisant 10000 barils par jour74 •
Comme l'a fait Rockefeller aux États-Unis avec les petits produc-
teurs de pétrole endettés à cause de son monopole, la dynastie Rothschild
relance rapidement son immense fortune en absorbant entreprises et
banques en faillite. Le contrôle par les frères Nobel d'une partie de l'in-
dustrie du pétrole à Bakou n'est qu'une façade qui masque en réalité les
intérêts des Rothschild. L'avantage que ces derniers trouvent en Russie se
situe aussi dans le fait qu'ils servent de banquiers au tsar. Les Rockefeller
et les Rothschild semblent se lancer dans une concurrence acharnée; pour-
tant de nombreux éléments démontrent que les deux familles s'entendent
en coulisses depuis 1892 pour maintenir les prix du marché à leur avan-
tage mutuel. C'est cette année-là que le baron français Alphonse de Roth-
schild accepte l'invitation de se rendre à New York au siège de la Standard
Oil pour discuter secrètement de certains arrangements. John Archbold, le
porte-parole en chef de la Standard Oil, rapportera à son patron Rockefel-
ler qu'ils étaient rapidement arrivés à un accord provisoire, en signalant
qu'on «estimait souhaitable d'un côté comme de l'autre que l'affaire demeurât
confidentielle». Alphonse de Rothschild était d'avis de maintenir les frères
Nobel hors de ces discussions, la rivalité opposant les familles Rockefeller
et Rothschild devant rester une façade bien pratique au moins jusqu'à la
Grande Guerre 77 •••
77. Jim McGregor & Gerry Docherty, 1914-1918 - Prolonger l'agonie, tome 2, Lopérec, Éditions
Nouvelle Terre, 2018, p. 62-63.
LA GUERRE DU PÉTROLE 101
78. Philippe Tristani, «L'iraq Petroleum Compagny de 1948 à 1975 - Stratégie et déclin d'un
consortium pétrolier occidental pour le contrôle des ressources pétrolières en Irak et au
Moyen-Orient», Thèse de doctorat, Paris, Université Paris-Sorbonne, 2014, p. 40.
79. Engdahl, A Century of War, op. cit., p. 22-23.
102 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
81. Jean Erdic, En Bulgarie et en Roumélie mai-juin 1884, Paris, Alphonse Lemerre éditeur, 1885,
p. 233.
104 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
82. Henry Jacolin, «L'établissement de la première voie ferrée entre l'Europe et la Turquie.
Chemins de fer et diplomatie dans les Balkans», Revue d'histoire des chemins de fer, n° 35, 2006,
p.9.
83. Ibidem, p. 15-16.
LA GUERRE DU PÉTROLE 105
29. Raffinerie n° 1 de la Standard Oil à Cleveland, dans l'Ohio, en 1899. Domaine public
86. McGregor & Docherty, 1914-1918- Prolonger l'agonie, tome 2, op. cit., p. 56-57.
87. Tristani, « L'iraq Petroleum Compagny de 1948 à 1975», op. cit., p. 41.
88. Les Sumériens et Akkadiens utilisaient pour leurs constructions le bitume tiré du pétrole.
La Bible évoque la Tour de Babel (Babylone) en précisant que «la brique leur servit de pierre
108 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
et le bitume leur servit de mortier» (Genèse 11:3). Ils utilisaient le bitume comme mortier
et pour l'étanchéité des toits, murs, salles de bains, toilettes, réserves, terrasses, conduits
d'eau, pour calfeutrer les bateaux, pour coller, comme mastic pour fixer les manches à outils,
pour faire brûler des torches, etc.; in Sylvie Lackenbacher, «Le bitume, un enjeu à l'époque
d'Hammurabi », Revue des ttudes anciennes, tome 94, 1992, p. 328.
89. Caroll Quigley, Tragedy and Hope - A History of the World in our Time, vol. 1-8, New York, The
Macmillan Compagny, 1966, p. 113-114.
LA GUERRE DU PÉTROLE 109
30. L'archiduc Franz-Ferdinand et son épouse Sophie, quelques heures avant leur assassinat.
Domaine public
90. Tristani, « L'iraq Petroleum Compagny de 1948 à 1975», op. cit., p. 41-42.
91. Ibidem, p. 43.
110 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
vaient avoir sur les gouvernements, quel que fût le côté où ces gouvernements
combattaient lors d'une guerre ou d'une autre 94 • »
Même si l'Allemagne dispose encore de quelque influence grâce à
la Deutsche Bank, une grande partie de l'actionnariat lié au pétrole rou-
main et russe est détenue par la dynastie Rothschild. Une mainmise aussi
implacable sur les approvisionnements en pétrole aurait dû signifier un
désastre pour l'Allemagne. Mais tel n'est pas le cas. La véritable question
que l'on est en droit de se poser est la suivante: pourquoi le gouvernement
britannique n'a-t-il pas forcé les multinationales du pétrole basées chez lui
- pratiquement toutes gérées par les Rothschild - à user de leur influence
pour empêcher l'Allemagne d'être approvisionnée95 ?
94. McGregor & Docherty, 1914-1918 - Prolonger l'agonie, tome 2, op. cit., p. 66.
95. Ibidem, p. 83.
96. Sylvestre Mauperthuis, «Les voies ferrées en Asie Mineure et la Bagdad-Bahn », in La
Science et la Vie, n° 25, mars 1916, p. 336.
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97. McGregor & Docherty, 1914-1918- Prolonger l'agonie, tome 2, op. cit., p. 89-91.
114 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
et facilité la guerre, le moment était mal choisi, car aucun de ses objectifs
n'était encore atteint. De fait, la cessation de la guerre serait un plus grand
désastre encore que l'immensité des pertes humaines dans ce conflit qui
doit perdurer pour écraser une fois pour toutes l'Allemagne! Le coût de la
paix ne méritait pas qu'on s'y penchât. Le matériel historique de première
main compilé et consigné par Jim McGregor et Gerry Docherty fait froid
dans le dos; j'invite tout lecteur intéressé par ces sujets à se reporter à leurs
ouvrages précités.
Une partie des juifs fuyant les pogroms de l'Est arriva sur le
continent américain alors que moins de 3 % choisirent d'émigrer vers
la Palestine ottomane. Ce flux de population aura pour conséquence de
favoriser la résurgence de l'hostilité sous-jacente existant traditionnel-
lement en Allemagne, pays qui aura servi de point de passage à cette
vague d'exode massive 102 •
Les juifs de cette époque ne fuyaient pas seulement l' antisémi-
tisme, mais aussi la misère. L'émigration en provenance de l'Est sus-
cita l'inquiétude en Europe centrale et occidentale. Les pays concernés
recherchèrent tous les moyens pour venir en aide à ces «étrangers» ou
encore pour s'en débarrasser. Alors que les communautés juives alle-
mandes les incitaient à rejoindre le port d'Hambourg pour poursuivre
leur voyage vers les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne tentèrent
d'autres pistes pour endiguer le flux de réfugiés. Environ 100 000 juifs
étaient déjà arrivés en Grande-Bretagne à cette époque. Pour répondre
à ce problème, le baron et financier Maurice de Hirsch fonda en 1891
la f ewish Colonisation Association pour soutenir l'émigration des juifs en
Argentine. Depuis 1882, le baron Edmond de Rothschild, fondateur de
la branche de Paris, achetait déjà des terres en Palestine pour accueillir
les immigrés et en faire de véritables colons.
104. Pierre Hillard, Sionisme et mondialisme - Le sionisme, de ses origines au Ill' Reich (1895-1941),
Lopérec, Éditions Nouvelle Terre, 2020, p. 114.
105. Theodor Herzl, Der Judenstaat, Leipzig und Wien, M. Breitenstein's Verlags-
Buchhandlung, 1896/Édition Projekt Gutenberg-DE, 2005, p. 42-43.
120 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
lations qui avaient le malheur de vivre sur la 'patrie perdue des juifs'? Herzl
lui-même évoqua comme solution leur 'transfert' dans un autre pays» nous
indique l'auteur Marc Rémy 106 •
106. Rémy, Proche-Orient, 1914-2010 - Les origines du conflit israélo-palestinien, op. cit., p. 11.
107. Shlomo Sand, Comment la terre d'Israël fut inventée, Paris, Éditions Flammarion, 2012,
p.127.
LES ACCORDS SECRETS 121
32. Photographie de
Theodor Herzl.
Domaine public
«On sait que, par la déclaration Balfour, les Anglais, sans doute à la suite d'engagements
pris, au moment des emprunts de guerre, vis-vis des financiers juifs internationaux,
avaient promis aux Juifs d'organiser en Palestine un 'fewish National Home'110.,,
Robert Laurent-Vibert,
Ce que j'ai vu en Orient, 1923-1924
111. Gerald Messadié, Histoire générale de l'antisémitisme, Paris, Éditions Jean-Claude Lattès,
1999, p. 383.
124 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
33. Arthur James Balfour (à gauche) et Lord Walter Rothschild. Domaine public
« Dear M. Balfour,
At last, I am able ta send you the formula you asked me for. If His Majesty's Gover-
ment will send me a message on the lines of this formula, if they and you approve
of it, I will hand it on ta the Zionist Federation and also announce it at a meeting
called for that purpose [... ].,,
«Cher M. Balfour,
Je suis enfin en mesure de vous envoyer la formule que vous m'aviez demandée. Si
112. McGregor & Docherty, 1914-1918 - Prolonger l'agonie, tome 2, op. cit., p. 241.
113. Ibidem, p. 242.
126 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
117. Martin Kramer, «The Forgotten Tru th about Balfour Declaration », Mosaic - Advancing /ewish
Thought, 5 juin 2017.
128 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
KonaielU' SOKOLOF
...
n8te1 J{eurice.
34. Première page de la lettre du 4 juin 1917 rédigée par Jules Cambon, le Secrétaire général
du quai d'Orsay, à l'attention de Nahum Sokolow, leader de l'Organisation sioniste mondiale.
LES ACCORDS SECRETS 129
«Monsieur,
Comme il a été convenu au cours de notre entretien le samedi 9 de ce mois, le
gouvernement de la République, en vue de préciser son attitude vis-à-vis des aspi-
rations sionistes, tendant à créer pour les Juifs de Palestine un Foyer national, a
publié un communiqué dans la presse [paru le 10 février 1918].
En vous communiquant ce texte, je saisis avec empressement l'occasion de vous
féliciter du généreux dévouement avec lequel vous poursuivez la réalisation des
vœux de vos coreligionnaires, et de vous remercier du zèle que vous apportez à leur
faire connaître les sentiments de sympathie que les efforts éveillent dans les pays
/'Entente et notamment en France 119 [ ••• ]. »
118. Ibidem
119. Déclaration Pichon dans les Archives du ministère des Affaires étrangères (AMAE) - La
Courneuve, Guerre 1914-1918, 1200.
130 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
120. Ministère des Affaires étrangères, Documents diplomatiques français, 1946, tome II (1" juillet
- 31 décembre), Berne, Éditions Peter Lang, 2004, p. 63.
LES ACCORDS SECRETS 131
ROYAUME
DU HEDJAZ
L'histoire est bien plus subtile et ses enjeux bien plus pragmatiques
qu'il n'y paraît. En décembre 1918, la France et la Grande-Bretagne se li-
vraient à un véritable marchandage sur le dos des Turcs. Nous l'avons
vu plus haut : deux ans plus tôt, suite aux accords secrets Sykes-Picot, les
deux puissances s'étaient déjà partagées les territoires de l'Empire otto-
man. La région de Mossoul, au nord de l'Irak actuel, était initialement pré-
121. Laurent-Vibert, Ce que j'ai vu en Orient, op. cit., p. 182-183.
132 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
vue pour la France. Mais le bruit courut que la région regorgeait de pétrole
et la Grande-Bretagne regretta très vite de ne pas avoir la main sur ce gise-
ment. Précisons que durant la Première Guerre mondiale, la France était
très en retard sur le sujet du pétrole contrairement aux États-Unis, à l' Alle-
magne et à la Grande-Bretagne. L'or noir joua un rôle fondamental lors
des batailles sur le terrain avec l'apparition des premiers aéroplanes et des
chars de combat «Mark!» et «Renault FT», auxquels on donna le nom de
tanks 122 («réservoirs»). À cette époque, 80 % du pétrole utilisé par les Alliés
provenait des Américains via Rockefeller. C'est justement leur pétrole qui
sauva Paris en 1916 et qui permit aux taxis de la Marne d'acheminer des
milliers de soldats vers le front. Le pétrole est aussi le grand responsable
de l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, suite à la guerre maritime à
outrance déclenchée par les sous-marins allemands. C'est dès cette époque
que l'accès à l'or noir fournit les clés de la victoire.
124. Anthony C. Sutton, Wall Street et l'ascension de Hitler, Paris, Éditions Le Retour aux
Sources, 2012, p. 26-30.
125. Ibidem, p. 192 et note de bas de page.
134 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
126. Anthony Samson, IIT, l'État souverain, Paris, Alain moreau, 1973, p. 46-47
127. Edwin Black, Nazi Nexus: America's Corporate Connections to Hitler's Holocaust, Washington,
DC, Dialog Press, 2009, p. 115.
128. New York Times du 4 juin 1938, p. 2.
LES ACCORDS SECRETS 135
129. Pierre Abramovici, historien, «Hitler financé par les firmes US», Historia, n° 669,
septembre 2002, p. 40-44.
136 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
133. Interview de Michel Collon (journaliste indépendant, spécialisé dans les stratégies de
guerre) par Frédéric Taddeï dans l'émission française «Ce soir ou jamais!» du vendredi
6 septembre 2013 sur France 2.
3e PARTIE
Isaac Charchat est le fils d'un riche homme d'affaires d'origine sué-
doise et de confession juive. Le 22 juillet 1912, le jeune Isaac est agressé
au château des Windsor à Londres. L'excursion fut l'idée de Gerald Bass,
142 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
134. Neuf ans dans le livre, Isaac Charchat aurait volontairement changé d'un an l'âge du
personnage qui incarne son propre rôle. Il est à noter que certains documents lui donnent
1903 comme année de naissance alors que d'autres mentionnent 1904 ...
135. Isaac Charchat, A Constant Reminder, New York, Shengold Publishers, Inc, 1984, p 3-4.
SUR LES TRACES DE ZECHARIA SITCHIN ... 143
surviendrait fatalement un jour et que leurs enfants seraient obligés d' ap-
prendre la pénible vérité : peu de gens considèrent les juifs comi;ne étant
le peuple choisi par Dieu! Les parents d'Isaac tentent alors d'expliquer
calmement à leur fils ce qu'est l'antisémitisme et le fait, pour un juif, de
vivre dans un monde chrétien. Il y a quelques années, précise le père, plus
d'un quart de million de réfugiés juifs de l'Europe de l'Est furent obligés
de venir en Angleterre. Ils ne sont pas comme les Anglais ou même comme
les juifs anglais. Ils sont différents. Ils s'accrochent aux traditions du vieux
pays et se regroupent dans les mêmes quartiers. Ils parlent mal l'anglais
ou pas du tout, ils semblent donc étranges et étrangers. Beaucoup d'entre
eux sont de simples couturiers, cordonniers ou des fabricants de meubles
contraints de fuir pour sauver leur vie à cause des Russes. Maintenant il
y a beaucoup de personnes en Angleterre qui n'ont plus de travail parce
que les temps sont devenus durs. Ils blâment les réfugiés en disant que les
juifs ont pris leur travail. Bien que cela soit faux, les gens cherchent tou-
jours un bouc émissaire lorsque les temps sont difficiles ... La mère d'Isaac
intervient alors pour dire à son fils qu'il est pour lui préférable d'accepter
ce genre de situation sans intervenir, et sans avoir à se battre ou riposter.
Cependant, le père ne le voit pas de la même façon et explique à Isaac qu'il
a bien fait de riposter, car si les gens peuvent le maltraiter une fois, ils le
referont certainement1 36 •
Après le décès d' Anschel, les ambitions sionistes d'Isaac sont réfré-
nées par ses proches qui n'apportent que peu de crédit à ce projet. Néan-
moins, poussé par ses convictions personnelles, et pour continuer d'ho-
norer la mémoire de son père, Isaac s'investit toujours dans des projets
sionistes, notamment en créant dans son université, à Dorpat, un groupe
d'étude sioniste baptisé la Zionist Society. Probablement en réponse à la
formation de ce groupe d'étude et d'influence, le parti communiste dépê-
chera l'un de ses agents pour infiltrer le ghetto juif de Dorpat. Une mise
en scène sera orchestrée par l'agent en question aux fins de discréditer la
communauté juive orthodoxe et à terme, de déclencher un pogrom139 •
Isaac Charchat est un idéaliste qui ne comprend pas encore les
implications pratiques et politiques du programme sioniste pour un État
d'Israël. Par la suite, il concrétise son projet de départ et d'établissement en
Palestine en reprenant les affaires familiales initialement menées par son
père, réclamant ainsi sa part d'héritage à son oncle paternel comme le veut
la tradition. Isaac rapporte régulièrement les liens financiers et politiques
qui unissent Ford et Hitler. Il s'agit, selon lui, d'une sinistre conspiration
ourdie par Henry Ford et Adolf Hitler, conspiration qui aurait pour finalité
de hisser la bannière du fascisme des deux côtés de l'Atlantique.
Dans le but d'enquêter plus avant pour établir précisément ce qui
relie Hitler et Ford, Isaac Charchat est dépêché en décembre 1924 à Ber-
lin par le mouvement sioniste afin d'y infiltrer le quartier général nazi. Il
s'introduit alors dans une école de formation nazie en se faisant passer
pour un étudiant. Il reconnaît dans cette école un visage familier, celui
d'Henry Ford! Il se trouve toujours à Berlin au moment où un homme po-
litique bavarois assez peu connu du nom d' Adolf Hitler sort de la prison
de Landsberg en Bavière, un an seulement après y avoir été condamné
à cinq ans d'emprisonnement. L'homme en question emporte avec lui
deux de ses biens les plus précieux : un manuscrit approximatif de Mein
140. Isaac Charchat in The Evening Sun (Baltimore, Maryland) du 22 août 1984, p. 18.
141. Charchat, A Constant Reminder, op. cit., prologue du livre, p. V & VI.
146 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
les problèmes auxquels ils faisaient face, sachant que leur propre vie ne différait
pas tant que ça de cette pièce de théâtre.» Il y a fort à parier que c'est Isaac
Charchat lui-même qui s'adresse ici aux lecteurs de son autobiographie.
À bien des égards, l'ouvrage rappelle le percutant roman français d'Hervé
Bazin, Vipère au poing.
40. Inauguration de
l'université hébraïque
de Jérusalem au
mont Scopus, le
1" avril 1925, devant
20 000 personnes.
Domaine public
«Les colonies juives ne se soutiennent que par l'apport d'argent étranger. La terre n'est
pas assez riche pour qu'on puisse y Jaire de l'argent, et elle ne saurait rémunérer
un capital. Les colons ne vivent que parce que le sol ne leur coûte rien 148• »
Robert Laurent-Vibert,
Ce que j'ai vu en Orient, 1923-1924
donc un État dans l'État, avec des Chefs, un petit Parlement, et des ministères
(éducation, immigration, commerce) qui doublent exactement les Départements
anglais, avec la pensée de se substituer à eux. D'autre part, il fallait songer à don-
ner à ces Juifs un statut légal international. La Palestine, pays soumis au mandat
britannique, n'existe pas comme nation. Les Anglais ont donc imaginé un 'Pales-
tinian Provisorial Citizenship' (citoyenneté palestinienne provisoire). Les juifs
de Palestine, surtout les immigrés, sont munis d'un papier dont le recto est en
anglais et le verso en hébreu; l'en-tête porte ces mots, 'Palestinian Provisorial
Citizenship', suit le signalement du porteur et sur une ligne se lit: 'Nationality
Renounced'. Or, le droit international n'a pas prévu cette situation singulière
d'un homme qui peut ainsi renoncer à une nationalité sans en adopter une autre.
Citizenship constitue un souvenir du monde antique, mais ne saurait conférer
un droit légal dans le monde moderne. De fait, les juifs de Palestine ne peuvent se
servir à l'étranger de ce certificat sans valeur151 • »
151. Robert Laurent-Vibert, L'Orient en mai 1923 - Notes de voyage, Lyon, imprimerie de
M. Audin, 1923, p. 16-17.
152 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
41. Trajet effectué par la famille Sitchin vers Tel-Aviv-Jaffa, entre la mi-septembre et le début
du mois d'octobre 1925. Le voyage en train démarre de Bakou vers Odessa pendant quatre
jours et ensuite d'Odessa vers la Palestine pendant douze jours à bord du paquebot SS Lenin,
de la mer Noire jusqu'à la Méditerranée.
effort pour aider les gens dans des cas de ce genre, ajoute le magazine The
Forward 153 •
42. Le SS Lenin,
paquebot avec lequel
la famille de Zecharia
Sitchin est arrivée
à Jaffa-Tel-Aviv le
4 octobre 1925.
Domaine public
*
* *
153. The Forward du dimanche Il octobre 1925, vol. XXVIII, n° 10, 97, p. 2.
SUR LES TRACES DE ZECHARIA SITCHIN ... 155
loin, son obsession sera d'associer les traditions bibliques aux récits méso-
potamiens afin de faire de la culture du peuple juif la digne héritière de
Sumer et de la Babylonie.
Entre 12 et 14 ans, Zecharia Sitchin se sent irrésistiblement attiré
par les intérêts de son pays et, à l'instar de ses parents, irrémédiablement
attaché à la cause sioniste. Comme beaucoup, Sitchin connaît peut-être
déjà le héros local, l'agent sioniste Isaac Charchat, spécialisé dans l' extrac-
tion, à partir del' Allemagne nazie, d'immigrés juifs clandestins démunis
de papiers vers la Palestine. Le jeune Zecharia ignore sans doute encore
qu'il sera un jour envoyé à New York comme agent actif pour son pays et
qu'il se trouvera dès 1967, avec Isaac Charchat, à la tête d'un consortium
de onze sociétés de commerce international spécialisées dans le courtage
et les services financiers, les opérations d'entrepôt, les remorques et les
conteneurs 154 •••
Zecharia Sitchin ne sait encore rien de ce qui l'attend, mais les sio-
nistes de Tel-Aviv espèrent beaucoup de sa personne. Probablement ont-
ils capté chez le jeune homme des aptitudes hors normes. Zecharia aime
l'histoire, celle de son pays, mais il apprécie également le commerce. Les
différentes foires du Levant de Tel-Aviv ne sont pas étrangères à cette
passion. Nous sommes en 1937, avec l'accord de la famille Sitchin, les sio-
nistes envoient Zecharia à la prestigieuse London School of Economies (LES).
154. L'information sur Zecharia Sitchin en qualité d'homme d'affaires à la tête d'un consor-
tium de onze sociétés de commerce international, se trouve dans The Courrier-Gazette du
24octobre1976, p. 11. Il s'agit d'un des rares documents où cette information reste disponible.
Dès fin 1976, donc peu après la sortie de son premier ouvrage, La 12ème Planète, la presse
ne mentionnera plus jamais le passé de Sitchin comme businessman international, mais se
concentrera sur un autre passé totalement inventé pour couvrir son parcours d'agent et busi-
nessman pour le compte d'Israël, celui «d'érudit spécialisé en langue sumérienne».
SUR LES TRACES DE ZECHARIA SITCHIN ... 157
45. Photographie prise en 1943, à l'ouest du désert égyptien. Soldats juifs appartenant à
la Haganah et servant les forces britanniques dans la VIII• armée britannique. D'après un
informateur, le jeune Zecharia Sitchin se trouverait debout, à l'extrême droite de l'image. Il a
à cette époque 23 ans. Domaine public
157. Georges Brandstatter, Combattants juifs dans les armées de la Libération (1939-1948), Rennes,
Éditions Ouest-France, 2015, p. 315-316.
160 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
*
* *
159. « Schmutziges Gold - Die CIA und die japanische Kriegsbeute » («L'or sale - la CIA et le trésor
de guerre japonais»), un reportage d'Egmont R. Koch, Egmont R. Koch Filmproduktion, avec la
participation de WDR & Arte, 2007.
164 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
Pour la première fois de leur histoire, les États-Unis font faire peser
des crimes de guerre sur le seul dos d'un général d'une nation vaincue. Le
procès est une mascarade, ni les pillages ni les trésors ne sont évoqués. La
principale accusation se rapporte au massacre de Manille par les troupes
placées sous le commandement de Yamashita. Pourtant, ce dernier avait
ordonné le retrait de ses soldats de la capitale des Philippines, estimant
qu'il était plus sage de défendre le Luzon et le trésor royal. Mais le contre-
amiral Sanji Iwabuchi décida de désobéir et obligea ses troupes à défendre
la capitale. Cernés lors de la progression des Américains, les Japonais se
livrèrent alors à des massacres dans la population civile, tuant hommes,
femmes et enfants. Certaines sources estiment le nombre de victimes à
près de 100000 individus. Bien que sa non responsabilité personnelle soit
reconnue par le tribunal militaire américain, Yamashita sera tout de même
condamné à la pendaison. Le faire disparaître semble une évidence : le
général japonais est un témoin gênant de l'opération« Lys d'Or». Il devra
mourir, mais seulement lorsque les Américains auront trouvé le trésor ...
Le gouvernement japonais déclare à cette époque détenir en tout et
pour tout 200 tonnes de réserves d'or, un chiffre invraisemblable si l'on
tient compte des trésors impériaux dissimulés par les troupes du géné-
ral Yamashita. En se basant sur un rapport des services secrets américains
daté du 7 novembre 1945, le Japon devrait détenir deux à trois fois plus de
métal précieux contrairement à ce qui a toujours été déclaré jusqu'à pré-
sent160. C'est une aubaine pour le g·ouvernement américain qui doit abso-
lument dissimuler la richesse du Japon pour pouvoir subtiliser les trésors
royaux restés aux Philippines.
160. Ibidem.
SUR LES TRACES DE ZECHARIA SITCHIN ... 165
161. Sterling & Peggy Seagrave, Opération Lys d'Or, Paris, Michalon éditeur, 2002, p. 11-12.
166 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
162. L'Axe est le nom donné pendant la Seconde Guerre mondiale aux ennemis des Alliés.
L'Axe regroupait principalement l'Allemagne, l'Italie et le Japon.
SUR LES TRACES DE ZECHARIA SITCHIN ... 167
4. L'or nazi : l'agent Isaac Charchat, mule pour le compte des Alliés
et transporteur d'or de la Seconde Guerre mondiale
163. Erick San Juan, Marcos Legacy Revisited: Raiders of the Lost Gold, Makati City, Raiders of the
Lost Gold Publication, 1998, p. 43.
164. Voir à ce sujet, l'excellent ouvrage de Pierre Jovanovic, Adolf Hitler ou la vengeance de la
planche à billets, Paris, éditions Le Jardin des Livres, 2017.
168 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
165. Pierre Hazan, «La Suisse aurait blanchi 85 % de l"or nazi' - Un rapport commandité par
le Congrès juif mondial relance la polémique», site www.liberationfr = https: / / www.liberatio
n.fr / planete / 1997/10 / 08/la-suisse-aurait-blanchi-85-de-l-or-nazi-un-rapport-commandite-
par-le-congres-juif-mondial-relanœ-1_218919 /
SUR LES TRACES DE ZECHARIA SITCHIN ... 169
48. Le général américain Dwight D. Eisenhower récupère de l'or nazi dans des mines de sel
allemandes à Merkers-Kieselbach en avril 1945. US National Archives, Domaine public
*
* *
166. Gordon Thomas, Histoire secrète du Mossad de 1951 à nos jours, Paris, Nouveau Monde
Éditions, p. 50.
170 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
51. George
Earle en 1939.
US Federal
Government,
Domaine public
vingt-dix pour cent du peuple allemand ne sait rien des atrocités de Da-
chau, ajoute George Earle171 • La vie et l'avenir de l'Allemagne et sans doute
de l'Europe entière étaient en jeu. Ce plan marquerait enfin la fin de toutes
ces souffrances et des effusions de sang. George Earle promet à Lersner de
faire de son mieux. Les deux hommes se séparent solennellement.
Nous sommes presque deux ans avant la fin de la guerre qui sur-
viendra en 1945 ! La nouvelle dépêche de George Earle part dans les douze
heures. Le diplomate américain ne veut prendre aucun risque. Pour s' assu-
rer que sa missive secrète arrive bien au président Roosevelt, Earle l'envoie
à la fois par la valise diplomatique du Département d'État, mais aussi par
les canaux de l'armée et de la marine. Tout est prévu. Franz von Papen a
un avion en attente sur un petit aérodrome privé à l'extérieur d'Istanbul.
Dès la réception de la réponse favorable de Franklin D. Roosevelt concer-
nant une forme de réédition honorable de l'Allemagne, George Earle doit
s'envoler vers un endroit secret en Allemagne, près de Berlin. Selon les
instructions de von Lersner, Earle devrait porter des vêtements civils ou
un uniforme d'officier nazi. Mais l'ambassadeur américain a insisté pour
porter son propre uniforme de capitaine de corvette de l'US Navy. Un
imperméable bleu marine est prévu par-dessus. Une housse de pluie en
caoutchouc doit aussi dissimuler l'écusson de sa casquette. Earle sait qu'il
ne reviendra peut-être jamais de sa mission. Ce vol risqué vers Berlin pren-
drait six heures. L'avion volerait au niveau du sol pour éviter les tirs anti-
aériens. Il sera prévu que Helldorf et Bismarck le retrouvent sur une piste
d'atterrissage secrète au nord de Berlin. Earle a promis une garantie écrite
des termes proposés, signée par le Président. C'est tout ce que les Alle-
mands demandent depuis des mois déjà.
George Earle explique son attente avec ses mots et son émotion : «En
quelques heures, la brigade de Boeselager se rapprocherait de la Wolfsschanze [le
quartier général d'Hitler]. La poudrière antihitlérienne exploserait. J'ai écrit des
lettres d'adieu à ma famille aux États-Unis. Je leur ai dit que si quelque chose
tournait mal et que les nazis nous détenaient, ce serait une bonne issue. Une seule
chose me faisait peur. Les bourreaux de la Gestapo pendaient généralement leurs
victimes. Je ne voulais pas être pendu. Les jours s'éternisaient. Lersner n'arrêtait
171. Contrairement à ce que racontent certains magazines ou intellectuels, cette information
relayée par George Earle est parfaitement exacte! Je suis personnellement franco-allemand. Je
me souviendrais toute ma vie avoir vu ma grand-mère allemande pleurer devant la télévision,
au tout début des années 1980, en regardant un reportage sur la Shoah et les atrocités des
nazis dans les camps de concentration. Elle a clairement dit : « Wir wuf3ten nichts ! » («Nous ne
savions pas! » ). C'est tellement facile et tellement plus commode d'imaginer que l'Allemagne
entière savait ce que les nazis réservaient aux juifs parqués dans les camps : construire
!'Histoire sur des clivages manichéens expéditifs est aisé ... Simone Veil, future ministre d'État
sous le président français François Mitterrand - elle-même déportée à Auschwitz en avril
1944, - dira dans son autobiographie publiée chez l'éditeur Stock en 2007: «/e n'ai jamais
entendu parler à Drancy de chambres à gaz, de fours crématoires ou de mesures d'extermination. Tout
le monde répétait que nous devions être acheminés en Allemagne pour y travailler 'très dur'. Mais
vers quelles destinations? Faute de savoir, on parlait de 'Pitchipoi', terme inconnu désignant une
destination imaginaire. Les familles espéraient ne pas être séparées, et c'est tout.»
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES ... 181
pas de s'informer. L'avion attendait. Tout était prêt. Nous devions agir. J'étais
assis là à mon bureau et j'étais, chaque jour, de plus en plus malade. Mes appels à
Washington sont restés sans réponse 172• »
dégoûté, George Earle ne peut pas en parler à Kurt von Lersner, il n'essaye
même pas. La suite de l'histoire ressemble à un cauchemar, expliquera
Earle.
Les mois ont passé. Notre homme s'envole vers Washington en mai
1944 ... Cela fait seize mois que l'amiral Wilhelm Canaris l'a contacté un
beau matin et cela fait presque autant de temps que la première missive
diplomatique a été envoyée à Franklin D. Roosevelt. Earle se retrouve
dans le hall de la Maison-Blanche à attendre de voir le Président. Il dis-
cute quelques instants avec le secrétaire de la Marine, James Forrestal et
lui explique ses craintes quant à la Russie. Forrestal sort de ses gonds et
répond, très surpris : «Mon Dieu, George, toi, moi et Bill Bullit sommes les
seules personnes autour du Président qui connaissons les dirigeants russes pour
ce qu'ils sont vraiment!»
Roosevelt reçoit Earle. Le Président fait comme si de rien n'était,
affichant une attitude détendue et pleine de confiance.
- Cessez de vous inquiéter, George. Nous nous préparons pour ce
débarquement de Normandie. Il ne peut pas échouer. L'Allemagne se ren-
dra dans quelques mois.
- Monsieur le Président, répond Earle, la vraie menace n'est pas
l'Allemagne. C'est la Russie!
Le Président sourit.
- George, la Russie est une nation de 180 millions d'habitants par-
lant 120 dialectes différents. Quand la guerre sera finie, elle volera en mor-
ceaux comme une centrifugeuse fissurée à grande vitesse.
lui annonce la mort d'Hitler. Se sachant sur écoute, Canaris fait semblant
d'ignorer le complot. Le 29 juillet 1944, Walter Schellenberg, accompagné
de deux hommes, vient l'arrêter à son domicile. On lui offre de se suicider,
mais Canaris décline la proposition et les suit. L'ancien chef de l' Abwehr
se retrouve à Berlin dans la prison de la Gestapo où il subit de nombreux
traitements humiliants. Il y reste sept mois. Il est ensuite emmené au camp
de concentration de Flossenbürg, en Bavière, le 3 février 1945. La Gestapo
n'arrivera pas à lui arracher le moindre aveu ...
George Earle poursuit son histoire. En février 1945, son service à Is-
tanbul touche à sa fin. Il demande son transfert. Le mois suivant, de retour
aux États-Unis, il est prêt à voyager à travers tout le pays pour révéler au
peuple américain la vérité sur la Russie. Earle souhaite mettre en garde
le monde libre contre la folie de tout traité ou accord avec les dirigeants
russes. Il le fait savoir au palais présidentiel de Washington via une lettre
datée du 21mars1945. Étrangement, les voies postales vont parfaitement
fonctionner. Le 24 mars, George Earle reçoit deux courriers de la Maison-
Blanche, un premier d' Anna Roosevelt Boettiger, la fille du Président, et
un second du Président lui-même. Le contenu des deux lettres fut publié
par le colonel Curtis B. Dall, le gendre du président américain Franklin O.
Roosevelt:
Votre lettre du 21 mars m'a beaucoup troublée, car il m'est extrêmement difficile de
croire que vous voulez faire connaître une opinion telle que vous l'avez exprimée,
alors qu'il est tout à fait évident que cette opinion apporterait une aide et un confort
à l'ennemi. Je ne comprends pas qu'un citoyen américain veuille faire cela. Alors
que nous approchons du stade critique de la guerre contre l'Allemagne, il semble
évident que toute action qui dérangerait nos relations amicales avec nos alliés ne
ferait qu'aider l'ennemi et, ce faisant, nous coûterait peut-être des milliers de vies.
Sur cette base, donc, je peux être certaine que mon père ne voudrait pas que vous
poursuiviez votre action [... ].
Anna Roosevelt Boettiger »
J'ai lu votre lettre du 21 mars à ma fille Anna et j'ai noté avec inquiétude votre
intention de faire connaître votre avis défavorable sur l'un de nos alliés au moment
même où une telle publication venant d'un de mes anciens émissaires pourrait cau-
ser un préjudice à notre effort. Comme vous le dites, vous avez occupé d'importants
postes de confiance sous votre gouvernement. Publier des informations obtenues à
ces postes sans autorisation appropriée serait une trahison d'autant plus grande.
Vous me dites que, sauf contrordre de ma part avant le 28 mars, vous publierez vos
propos. Non seulement je ne le souhaite pas, mais je vous interdis expressément de
publier toute information ou opinion que vous auriez pu acquérir sur un allié alors
que vous étiez en fonction ou au service de la marine américaine. Compte tenu de
votre souhait de poursuivre votre service actif, je retirerai toute entente antérieure
184 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
George Earl est resté en exil dans l'archipel des Samoa jusqu'à ce
qu'il soit rappelé par le président Truman quatre mois après son affec-
173. Curtis B. Dall, Franklin Delano Roosevelt - My Exploited Father-in-Law, Tulsa (Oklahoma),
Christian Crusade Publications, 1967, p. 157-159.
174. Earle, F.D.R. 's Tragic Mistake, op. cit., p. 9.
175. Ibidem, p. 9.
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES ... 185
176. Fabrizio Calvi & Steeve Baumann, «Pactes avec le Diable», Documentaire, Point du Jour,
Canal+, «Lundi Investigation» et Planète, 2000.
186 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
177. Ibidem.
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES ... 187
53. État de la ville de Dresden après le pilonnage des Alliés avec des bombes incendiaires
et au phosphore. La ville est totalement détruite. Difficile d'imaginer que, si l'on en croit le
dernier bilan, il n'y aurait eu que 25000 victimes. Deutsche Fotothek, Domaine public
*
* *
178. James Sacque, Morts pour raisons diverses - Enquête sur le traitement des prisonniers de
guerre allemands dans les camps américains et français à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Paris,
éditions Sand, 1990, p. 31.
179. Archives nationales des États-Unis, Washington, Procès-verbal de la conférence de Yalta,
4février1945, R.G. 443, «Conférences de la Seconde Guerre mondiale», section n° 3, p. 1.
180. Sacque, Morts pour raisons diverses, op. cit., p. 27-31.
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES ... 189
54. De gauche à droite: Winston Churchill, Franklin O. Roosevelt et Joseph Staline hilares à la
Conférence de Yalta (du 4 au 11 février 1945). Domaine public
yeux des médecins de l'armée des États-Unis. Le plus souvent les vivres
délivrés aux détenus n'atteignaient même pas 1000 calories185 •
Entre mai et juin 1945, la situation devient ahurissante : les camps
del' armée américaine en Europe détiennent un million d'hommes de plus
que ne veut l'admettre le Quartier général des forces alliées (S.H.A.E.F).
Le général Lee, responsable de la logistique pour le TEO (Théâtre euro-
péen des opérations), parle de 3878537 P.G. et F.E.D., alors que le même
jour, le 2 juin, le 3• bureau du S.H.A.E.F. publie son premier tableau de
chiffres, qui ne fait état que de 2 927 614 P. G. et F.E.D. «en main». L'inten-
dant général Robert Littlejohn déclare ne pas pouvoir nourrir les 4 mil-
lions de prisonniers «en main». Plusieurs centaines de milliers de détenus
sont alors clandestinement transférés sous le statut de Forces Ennemies
Désarmées (F.E.D.). En juin, les instances miliaires interdisent aux civils de
ravitailler les prisonniers allemands. Le Comité international de la Croix-
Rouge (C.I.C.R.) dépêche deux trains remplis de nourriture, mais ils lui
sont renvoyés dans la foulée par l'armée américaine. Le Premier ministre
du Canada, William LyonMackenzie King, proteste contre le fait que les
prisonniers ne sont plus protégés par la convention de Genève : le Foreign
Office britannique lui impose le silence186 !
senhower que plus d'un million et demi de prisonniers qui devraient recevoir des
rations del'armée américaine ne reçoivent rien. De son côté, le C.I.C.R. est forcé de
rendre les colis de nourriture aux donateurs, car on ne lui permet pas de les faire par-
venir aux Allemands. [... ] Eisenhower et son chef d'état-major, le général Smith,
nient toute responsabilité américaine dans la situation tragique des prisonniers 187• »
«Nous apprenons que, dans certains camps, une grande partie de la nour-
riture, en principe à peu près suffisante, affectée aux prisonniers de guerre,
est détournée de sa destination, que l'on y voit errer des squelettes vivants
presque semblables à ceux des camps allemands de déportés, et que les
morts par inanition y sont nombreuses; nous apprenons qu'il arrive à ces
prisonniers d'être frappés sauvagement et systématiquement; nous appre-
nons qu'on emploie certains de ces malheureux à des travaux de déminage
sans leur fournir d'appareils détecteurs, ce qui fait d'eux des condamnés à
mort à plus ou moins bref délai.
Il faut que ces pratiques cessent; il faut que ceux qui s'en rendraient cou-
pables soient frappés implacablement. [... ] Nous pourrions avancer l'ar-
gument de l'intérêt : ces hommes dont les muscles peuvent aider à notre
relèvement, nous nous faisons tort à nous-mêmes en leur cassant les côtes,
ou en les laissant mourir de faim. Mais cet argument devrait être inutile,
et il a quelque chose de honteux. Nous gagnerions quelque chose à traiter
humainement nos prisonniers, certes: mais nous n'en devrions pas moins
les traiter humainement, quand bien même nous y perdrions. [... ].
'Qu'il en meure le plus possible, disent les apôtres de la férocité: cela fera
toujours autant d'Allemands en moins'. Cet argument est plus qu'ignoble:
il est absurde. Puisque nous ne pouvons raisonnablement penser à faire
mourir quatre-vingts millions d'Allemands, à quoi peut-il servir d'en faire
mourir quatre-vingt mille, sinon à mettre en terre les semences de l'inex-
piable, les germes de ces épis de haine et de vengeance qui sont inévitable-
ment, tôt ou tard, moissonnés ?
Oui. L'on va nous objecter encore les tortures de la Gestapo, les chambres
à gaz, et ces montagnes humaines qui furent découvertes dans les camps
de déportés, où les mourants étaient mêlés aux cadavres. Mais ces hor-
reurs n'ont pas à faire l'objet d'une compétition sportive et, sur ce plan où
l'adversaire a porté le débat franco-allemand, il vaut mieux nous avouer
battus d'avance 188 [ ••• ]. »
03. Dessin caricatural de 1904 montrant la Standard Oil des Rockefeller sous forme de pieuvre aux tenta-
cules enroulées autour des industries de l'acier, du cuivre, du transport maritime, jusqu'au Capitole et la
Maison-Blanche. Domaine public
04. Photographie non datée du roi George V de Grande-Bretagne, du président français Raymond
Poincaré et du Maréchal Joseph Joffre sur le front lors de la Première Guerre mondiale (de gauche à
droite). Domaine public
05. Groupe d'ouvriers juifs ashkénazes préparant la construction de la rue Balfour à Tel Aviv en 1921.
Domaine public
06. Le SS Lenin, le paquebot avec lequel la famille de Zecharia Sitchin arriva à Jaffa-Tel-Aviv en octobre
1925. Domaine public
07. Zecharia Sitchin au début des années 1930. 08. Portrait de Robert B. Anderson réalisé en 1955
Sitchin devint un agent pour le compte d'Israël en par Elmer W. Greene. Anderson était un agent qui
1952. En 1967, avec l'aide des agents Anderson et avait travaillé de 1945 à 1973 pour les différents
Charchat, il fut à la tête d'un consortium de onze so- présidents américains. Il était spécialisé dans les
ciétés de commerce international spécialisées dans entreprises commerciales prospères et les opéra-
le courtage et les services financiers, les opérations tions secrètes pour le compte de la CIA. Navy Art
d'entrepôt, les remorques et les conteneurs; recons- Collection, Washington D.C., Domaine public
titution du visage basée sur des photos existantes.
© Hanael Parks
09. Le général Yamashita se rend aux Forces alliées dans les Philippines en octobre 1945. Il laisse derrière
lui un million de tonnes d'or que l'armée américaine va récupérer dans le plus grand secret ... Domaine
public
10. Immigrants débarqués par le bateau United Nations sur les rives de la Palestine sous le nez des forces
britanniques; photographie prise en janvier 1948. Domaine public
11. Le magazine Time du 23 novembre 1959 sur 12. Time du 25 mai 1962 sur Billie Sol Estes. Il s'agit
Robert B. Anderson en qualité de secrétaire du du numéro le plus vendu de l'histoire de ce maga-
Trésor. Cover Credit: Giro zine. Cover Credit: Boris Chaliapin
13. L'agent Isaac Charchat dans les années 1960. 14. Isaac Charchat dans les années 1970. Après
Charchat aurait été embauché par Robert B. une mission d'infiltration du quartier général nazi
Anderson en 1945 pour récupérer le million de à Berlin en 1924, !'agent Charchat s'est spécialisé
tonnes d'or des Japonais aux Philippines. Il s'asso- dans le transport d'immigrants vers la Palestine et
cia avec Anderson et Sitchin en 1967; reconstitution le transport de conteneurs; reconstitution du visage
du visage basée sur des photos existantes.© Hanael basée sur des photos existantes. © Hanael Parks
Parks
15. Malcom Everett Wallace, tueur du réseau mafieux de Lyndon Johnson. Photo du procès de 1952 où
Wallace fut jugé pour le meurtre de John Kinser, l'amant de la sœur de Lyndon Johnson, meurtre qu'il
a commis le 22 octobre 1951. Reconnu coupable par le jury, le juge Charles O. Betts le condamnera fina-
lement à cinq ans de prison avec sursis, lui permettant d'être libéré sur-le-champ. Wallace est présumé
avoir tiré sur JFK le 22 novembre 1963 à Dallas. Domaine public
19. Zecharia Sitchin dans les années 1980. Sitchin 20. Le Space Park de la New York World's Fair 1964-65
était un agent envoyé par David Ben Gourion, à aura nécessairement inspiré Sitchin dans l'élabora-
New York en 1952, pour faire alliance avec le sys- tion de sa thèse de dieux venus sur Terre à bord de
tème de l'économie et du commerce américain. fusées. Domaine public
Reconstitution du visage basée sur des photos exis-
tantes. © Hanael Parks
21. L'Unisphere de la New York World's Fair 1964-65 aura vraisemblablement été un déclencheur chez
Zecharia Sitchin lors de l'élaboration de sa future thèse sur sa planète Nibiru à l'orbite fortement ellip-
tique. L'agent Sitchin était soutenu par la Fondation Rockefeller et l'Institut Tavistock, spécialisés dans la
guerre psychologique pour le compte de la CIA. Photographie d' Avery A. Benson
22. Affiche de General Motors pour son Futurama, à la World's Fair de 1964-65 de New York. Il y avait en
son sein des dizaines de maquettes futuristes qui auront considérablement inspiré Zecharia Sitchin pour
son premier ouvrage de 1976.
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES ... 193
«À la fin de 1946, il reste très peu de prisonniers 'en main' américaine. Les
Français, qui en détiennent encore plusieurs centaines de milliers, ne libéreront
les derniers qu'en 1949. De 1947 aux années 1950: la plupart des dossiers relatifs
aux camps de détention américains sont détruits. Les Allemands constatent que
1700000 soldats, toujours en vie à la fin des hostilités, ne sont jamais rentrés
chez eux. Toutes les puissances alliées affirment ne rien savoir quant au sort de
ces hommes. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France accusent la Russie
d'avoir commis des atrocités dans leurs camps d'internement.
Des années 1960 à 1972 : le ministère des Affaires étrangères ouest-alle-
mand du gouvernement de Willy Brandt subventionne une collection de livres
qui dément les atrocités des camps alliés. Des sénateurs américains rejettent la
responsabilité sur les Russes, et gardent le silence sur leurs propres camps.
Années 1980 : Le C.I.C.R. refuse de divulguer certains documents rela-
tifs aux camps alliés, et affirme ne rien savoir de Jean-Pierre Pradervand, délégué
principal du Comité en France en 1945. En revanche, cette organisation auto-
rise des chercheurs à consulter les archives concernant les camps d'extermination
nazis• 191 [ ....] »
189. «The Secret Mines of Russia's Germany », magazine Life du 25 septembre 1950, p. 73.
190. Simon MacKenzie, «The Treatment of Prisoners of War in World War II», in The Journal of
Modern History, vol. 66, n° 3, septembre 1994, p. 487-520.
191. Bacque, Morts pour raisons diverses, op. cit., p. 16.
194 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
n'en aurait plus pour longtemps et surtout qu'il ne leur serait plus d'au-
cune utilité. Contrairement à des millions de ses compatriotes, il eut cette
chance de pouvoir rentrer chez lui et de dire au revoir à sa femme et à sa
fille - ma mère - avant de mourir de sa maladie.
«Il y a des calculs savants qui ne se trompent pas» diront les spécia-
listes. De 1839 à 1944, différents journaux de la planète vont alerter l'opi-
nion publique concernant le danger imminent que courent les communau-
tés juives du monde entier. Lorsque l'on fouille les archives et que l'on est
confronté à ces nombreux articles, on assiste froidement à un matraquage
médiatique s'étalant sur près d'une centaine d'années. Certains diront
qu'il s'agit là d'une véritable campagne de harcèlement des milieux juifs
internationaux protégés par le monopole qu'ils exercent sur la presse, la
radio, le cinéma, la littérature, etc. Pourquoi pas? Mais le fond du pro-
blème ne se trouve pas vraiment là, le fond du problème, c'est qu'il se pas-
sait clairement quelque chose qui n'a pas été identifié par la communauté
internationale. Il faudrait un ouvrage entier pour énumérer et citer tous ces
articles de presse. Voici donc quelques exemples parmi tant d'autres :
liser ce vœu pieux [souligné dans le texte d'origine]. Car avec l'élimination de
ses sujets juifs, la Russie perdrait un facteur d'importance dans la vie économique,
sociale, industrielle et commerciale du grand empire, qui n'a pas été évalué à sa
juste valeur. La pâte russe aura peine à monter, lorsqu'elle sera privée du levain
juif Les Juifs russes sont l'élément moteur qui est le plus recherché par l'esclave
indolent et paresseux, dont le sang coule mollement dans ses veines; sans lequel il
devra dégénérer 194 [ ••• ]. »
- Quelques années après, The Sun de New York dira le 10 octobre
1897 que : «[La veuve du Baron Maurice de Hirsch qui vient en aide aux
juifs de Russie] a récemment envoyé beaucoup d'argent en Russie, pour être uti-
lisé dans des domaines comme l'éducation, la science et l'industrie, comme pro-
messe d'aide au bénéfice des 6 millions de juifs qui vivent là-bas 195 • »
- Le 12 mai 1899, c'est au tour de The Jewish South de Richmond en
Virginie d'indiquer la chose suivante:« Trois millions de juifs vivent en Rus-
sie, où ils sont réduits au silence et traités méchamment. [... ] Un million cinq
cent mille juifs vivent dans l'Empire australien, où ils sont persécutés. Le maire
et le conseil municipal actuels de Vienne ont été élus pour la raison expresse de
tyranniser la communauté juive. La France possède 80 000 juifs, la Roumanie en
a 100000, l'Allemagne 700000, la Hollande 80000 et l'Italie 50000. La Grande-
Bretagne en a 80000, incluant beaucoup de nos plus remarquables et populaires
hommes publics. L'Europe a 6000000 de juifs, l'Amérique 350000, l'Afrique
500000, l'Asie 250000 et l'Australie 20000. Donc, en tout, il y en a 7120000
de cette nation, ce qui est assez favorable, considérant que 3000 ans plus tôt ils
se dénombraient à environ 3000000, et que le monde civilisé entier les a depuis
toujours massacrés et persécutés. Ils semblent être de loin la race la plus capable
sur Terre. Il n'y a pas un seul art, une seule industrie ou science dans lesquels ils
n'ont pas excellé196• »
- C'est ensuite au tour du magazine North American Review, initiale-
ment créé à Boston et tout juste rattaché à New York, de relayer en juin 1899
un article du sioniste Max Nordau - cofondateur de !'Organisation sioniste
mondiale avec Theodor Herzl : «Si la Palestine était peuplée à nouveau de
juifs; s'ils pouvaient en pratique détenir cette terre par et pour eux-mêmes (et
l'actuel recensement de Palestine dénombre 600000 habitants, ce nombre incluant
seulement 60000 Juifs, alors qu'il y a plus de 6000000 de juifs dans le monde,
qui retourneraient instantanément en Palestine si cela était rendu possible); alors
ils ne souffriraient plus de l'antisémitisme, ils pourraient s'y développer et jouir
de la vie, comme le font les autres nations 197• »
- Quelques jours plus tard, The Sun de New York remet le couvert
le 18 juin 1899 : «Les juifs, sous un gouvernement libre, feront de la Palestine
le centre commercial de l'Orient. Que 'les nombreux signes de commerçants juifs
prospères sur Broadway ne soient probablement pas éliminés de Jérusalem', que 'la
multitude de courtiers juifs à Wall Street ne quittera pas les téléscripteurs de cette
bourse financière pour monter une place boursière dans la Ville sainte', est logi-
quement évident : partout où les Juifs prospèrent, ils resteront, et ils prospèrent
et ne sont pas persécutés en Amérique et en Angleterre, nulle part ailleurs. [... ]
Ici en Amérique les juifs progressent et prospèrent, et seront bientôt totalement
identifiés à la population générale de ce pays. Mais 6 millions de juifs sont
persécutés aujourd'hui en Europe, et le sionisme offre le projet le plus rationnel
pour leur salut et leur régénération 198• »Le journal de Pennsylvanie, le Reading
Eagle du 29 avril 1900, reprendra en partie ce même article du Sun, insis-
tant lui aussi sur les« 6 millions de juifs persécutés en Europe».
- C'est maintenant au New York Times de lancer en juin 1900: «Il y
a 6 millions d'arguments vivants, saignants et souffrants en faveur du sio-
nisme» en évoquant les persécutions des juifs de Russie199 •
- En 1902, la 10• édition de l'Encyclopa?dia Britannica, indique dans
sa rubrique «Antisémitisme» que: «À l'heure où il y a plus de 6 millions de
juifs en Russie et en Roumanie qui sont systématiquement privés de digni-
té, et qui affluent massivement périodiquement par la frontière ouest, la question
juive continue à se poser en Europe200• »
- Le New York Times remet lui aussi le couvert en novembre 1902 avec
un article de Samuel W. Goldstein intitulé «Plaidoyer pour le sionisme»
où il est indiqué : « 6 millions de juifs en Russie, 300000 en Roumanie et
1 million en Galice2°1• »
- The Jewish Criterion de Pittsburgh, en Pennsylvanie, mentionne en
septembre 1903 une «grande guerre de de1ivrance au nom de ses 6 millions
de frères opprimés202 • »
- Au cas où personne .ne l'aurait pas encore bien compris, le New
York Times insiste une nouvelle fois sur les millions de juifs russes : « [... ]
une Russie libre et heureuse, avec ses 6 millions de juifs, signifierait proba-
blement la fin du sionisme, car l'abolition de l'autocratie éliminerait dans les faits
les causes qui ont porté l'existence du sionisme2°3• »
- Nous passons de nombreuses occurrences pour tomber sur un ar-
ticle de l'attaché politique et éditeur Paul Nathan dans le New York Times du
25 mars 1906, dans lequel il dit que : «l'état et la condition des 6 000 000 de
juifs russes ont fait l'objet de rapports saisissants le 12 mars à Berlin au mee-
ting annuel de la Central Jewish Relief League d'Allemagne.» Il indique plus
loin: «[ ... ]que le gouvernement russe a étudié une politique pour la 'solution' à
la question juive qui est l'extermination meurtrière systématique204 • »
198. The Sun du 13 juin 1899, vol. LXVI, n° 286, p. 6; l'article est signé «Judaicus» et daté du
12juin.
199. New York Times du 11juin1900, p. 7.
200. Encyclopa?dia Britannica, Londres, lCJ< Edition, 1902, p. 482.
201. New York Times du 27 novembre 1902, p. 8.
202. The Jewish Criterion du 18 septembre 1903, p. 6.
203. New York Times du 29 janvier 1905, p. 2.
204. New York Times, «Dr. Paul Nathan 's View of Russian Massacre», 25 mars 1906.
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES ... 197
205. 10" Congrès sioniste mondial de 1911, in Perfidy de Ben Hecht, New York, Julian Messner
Inc., 1961, p. 254.
206. New York Tribune du 11septembre1912, p. 9.
207. New York Times du 14janvier1915, p . 3.
198 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
juifs ont été assassinés 218 ? » Il s'agit là d'un sérieux délit de propagande :
six millions de juifs ne pouvaient avoir été assassinés en 1939 !
- Le Palm Beach Post du 25 juin 1940 met lui aussi les pieds dans le
plat bien avant que ne soient comptabilisés les victimes de la Shoah en
1945. Le magazine reprend les paroles de Nahum Goldman du Congrès
juif mondial : «Si les nazis remportaient la victoire finale, 6000000 de juifs
d'Europe seraient condamnés à la destruction 219. »
- Un autre exemple parmi tant d'autres, nous sommes seulement
en 1941: «Le rabbin Wise a averti que le monde ne doit pas se lasser d'entendre
parler du sort des juifs, ajoutant que si seulement 6000000 des 150000000 de
personnes captives d'Adolf Hitler sont des juifs, leurs souffrances doivent
préoccuper le monde en tier220 [ ••• ] • »
- Nous sommes en février 1943. Officiellement personne ne peut
connaître le nombre, même approximatif, de victimes du régime nazi. Des
milliers? Des millions? Alors que rien n'est certain, le Comité juif amé-
ricain publie dans le Contemporary /ewish Record : «Soudainement, durant
l'été 1942, l'opinion publique mondiale fat brusquement réveillée de sa léthargie
lorsqu'elle réalisa que les nazis avaient décrété l'extermination complète de
6 millions de /uifs 221 • »
- Pour finir, un autre exemple tiré du Cumberland Evening Times de
mars 1943: «Les nazis ont commencé au début à détruire des peuples entiers. Ils
s'attendaient à effacer de la Terre pas moins de 6000000 de juifs pour com-
mencer222. »
223. United States Holocaust Memorial Museum : «L'antisémitisme dans l'histoire : la Première
Guerre mondiale» = https: / / encyclopedia.ushmm.org /content/ fr/ article/ antisernitism-in-
202 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
*
* *
history-world-war-i
224. «Shoah, ceux qui savaient, ceux qui pouvaient, ceux qui taisaient», Historia, n° 902,
février 2022, p. 26.
225. Ibidem, p. 25.
226. The Daily Register du 27novembre1944, p. 4.
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES... 203
229. Rabbi Benjamin Blech, The Secrets of Hebrew Words, Lanham (Maryland), Jason Aronson
Book/Rowman & Littlefield Publishers, Inc., 1991, p. 214-215.
230. Boaz Evron, « Holocaust: The Uses of Disaster », in « Political uses of the Holocausl>>, Radical
America, vol. 17, n° 4, juillet-août 1983, p. 7et15.
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES ... 205
[... ]On prétend couramment que la solution finale était une extermination d'une
efficacité unique, à la chaîne, industrielle. Mais si des centaines de milliers de juifs
ont survécu, comme le suggèrent [les chiffres de] l'industrie de ['Holocauste, la
solution finale n'a pas dû être si efficace que cela. C'était plutôt affaire de circons-
tances, exactement comme le suggèrent les négateurs de ['Holocauste. Les extrêmes
se touchent. [... ]L'extorsion d'argent à la Suisse et à l'Allemagne n'a été qu'un
prélude au grand final, l'extorsion à l'Europe de l'Est. Avec l'effondrement du bloc
soviétique, des perspectives séduisantes se sont ouvertes dans l'ancien centre des
juifs d'Europe. Se drapant dans l'hypocrite manteau des 'victimes nécessiteuses
de ['Holocauste', l'industrie de ['Holocauste cherche à extorquer des milliards à
ces pays déjà appauvris. Comme elle poursuit son but sans le moindre ménage-
ment, elle est devenue la principale cause du développement de l'antisémitisme
en Europe. L'industrie de ['Holocauste s'est posée en seule plaignante légitime
pour tous les avoirs privés et collectifs de ceux qui ont péri pendant l'holocauste
nazi. 'Il a été convenu avec le gouvernement d'Israël', a dit Edgar Bronfman à la
Commission sur les Affaires bancaires de la Chambre des représentants, 'que les
avoirs tombés en déshérence iraient à l'Organisation mondiale juive de la restitu-
tion'. En vertu de ce 'mandat', l'industrie de l'Holocauste a demandé aux pays de
l'ancien bloc soviétique de rendre toutes les propriétés juives d'avant-guerre ou de
verser des indemnités financières [Séances de la Commission sur la Banque
et les Services financiers, Chambre des représentants, 11 décembre 1996).
Contrairement au cas de la Suisse et de l'Allemagne, cependant, elle a fait ces
demandes sans aucune publicité231• »
*
* *
La combine était simple: convertir en dollars l'argent volé aux juifs. Une
opération juteuse puisque sur chaque opération de change, la banque encaissait
une commission quinze fois supérieure à la normale. De 1936 à 1941, le régime
nazi et ses banques font un chiffre d'affaires de 20 millions de dollars de l'époque
au marché des changes des États-Unis. La commission que la Chase aura ramassée
s'élève à plus d'un demi-million de dollars. À ce titre, la Chase Manhattan est
complice d'un crime et d'un vol organisé. Oui, la Chase Manhattan s'est bien en-
richie avec l'argent des victimes de ['Holocauste, oui elle a signé en toute connais-
sance de cause un pacte avec le Diable240 !
Fin de l'année 2000, le président Bill Clinton exige qu'un accord soit trou-
vé avant la fin de son mandat présidentiel, donc avant la fusion prévue entre les
banques Chase Manhattan et /P Morgan. En décembre, un accord est finalement
signé pour solde de tout compte de restituer 22,5 millions de dollars aux familles
des victimes du nazisme. Une somme dérisoire comparée aux estimations établies
par le ministère des Finances américain à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Ces rapports d'enquêtes dévoilent que la /P Morgan avait enregistré des béné-
fices de 50 millions de dollars de l'époque, soit près de 400 millions de dollars
d'aujourd'hui. Pour la Chase Manhattan, le chiffre avoisine les 20 millions de
dollars de l'époque, soit 160 millions de dollars actuellement, note Marc Mazuro-
vosky241. »
240. Ibidem .
241. Ibidem.
DES MILLIONS DE MORTS SUPPLÉMENTAIRES ... 209
242. Docherty & McGregor, Les origines secrètes de la Première Guerre mondiale, op. cit., p. 16-
17.
III
La conquête de la Terre promise
243. Jérôme Bourdon & Antonio Wagner, «Israël - Palestine : !'emprise des images», partie 1 :
«Israël à l'avant-scène», reportage, Ina, 2008.
244. Rémy, Proche-Orient, 1914-2010, Les origines du conflit israélo-palestinien, op. cit., p. 43.
LA CONQU:ËTE DE LA TERRE PROMISE 213
59. Proclamation de
l'indépendance de
l'État d'Israël par
David Ben Gourion le
14 mai 1948.
Photographie
de Robert Capa,
domaine public
246. Yuval Achouch & Yoann Morvan, «Kibboutz et villes de développement en Israël :
Les utopies sionistes, des idéaux piégés par une histoire tourmentée», Justice spatiale, n° 5,
décembre 2012 - décembre 2013, p. 9.
247. Giladi, Ben Gurion's Scandais, op. cit., p. 10.
LA CONQUtTE DE LA TERRE PROMISE 215
60. Immigration
de jeunes
israéliens au
kibboutz Yasur.
Archives
nationales,
domaine public
Le nouvel État est né, mais il faut tout rebâtir dans un pays ravagé
par la guerre et par le départ de plusieurs centaines de milliers de Pales-
tiniens. Des dizaines, des centaines de villages ont été désertés et ensuite
détruits au bulldozer pour laisser la place à l'arrivée massive d'immi-
grants. Une loi sur les propriétaires absents permet de légaliser la situation
du point de vue israélien : les nouveaux colons ont désormais le droit de
détruire ou de réutiliser les biens inoccupés 248 •
Le rêve de David Ben Gourion a toujours été de faire fleurir le dé-
sert. Le leader d'Israël recommande l'installation sauvage sur les anciens
biens des Palestiniens. Les kibboutzim fleurissent partout dans le désert. Ce
sont quelques baraques isolées, comme implantées de force, souvent avec
l'aide de l'armée. À charge pour les colons de mettre le sol en culture et de
le rendre fertile et verdoyant. Le kibboutz («assemblée, ensemble») fascine
les Israéliens, il fait partie d'une époque de renouveau. Ben Gourion lui-
même possède un kibboutz dans lequel il finira sa vie. Les kibboutzim ne
sont plus réservés à de simples colons, mais aussi aux politiques et à la
jeune élite sociale d'Israël.
249 Isaac Charchat, «Will similar problems join Arabs and Israel?», The Rhode Island Herald du
11janvier1985, p. 7.
LA CONQU:ËTE DE LA TERRE PROMISE 217
250. Voir, au sujet del' Agence de voyages Grunberg, Uri Dan & Ben Porat, L'espion qui venait
d'Israël - L'affaire Eli Cohen, Paris, Éditions Fayard, 1967 /2020, p. 34.
218 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
Le 2 mars 1951, Ben Gourion convoque dans son bureau les chefs
des cinq agences secrètes du pays. Il leur annonce qu'il décide de regrou-
per toutes les activités d'espionnage d'Israël à l'étranger sous la tutelle
d'un nouveau service baptisé Ha Mossad le Teum («Institut de coordina-
tion») destiné à des missions spéciales. Ces missions spéciales seraient
désormais déclenchées avec son approbation et dirigées par des agents
appartenant aux services de renseignements existants251 • Le Mossad dé-
pend directement du Premier ministre, il constitue le service de rensei-
gnement et d'action à l'étranger. Dès sa création en 1951, le Mossad établit
des contacts constants et nécessaires avec la CIA grâce à l'antenne de la
CIA à Tel-Aviv. Le rôle du Mossad est justement comparable à celui de la
CIA.
D'après ce qu'il nous a été possible de savoir, le Mossad se com-
poserait de huit départements parmi lesquels se trouvent les divisions
administratives et celle des relations internationales. Au regard des élé-
ments dont nous disposons à présent, nous pouvons parfaitement envisa-
ger la présence de Zecharia Sitchin au sein de la division administrative.
Ses compétences concernant l'économie ne sont plus à prouver. À cette
époque, il est depuis deux ans déjà le secrétaire et directeur du dépar-
tement de !'Économie à la chambre de Commerce et d'industrie de Tel-
Aviv-Jaffa. Mais les ambitions de Sitchin ne s'arrêtent pas là. Ses activi-
tés au sein de la communauté sioniste et son implication dans le journal
Hamishar depuis 1939 font de lui un activiste de premier plan. Son départ
soudain de Tel-Aviv pour New York en 1952 laisse à penser que Sitchin
intégra rapidement le département des relations internationales du Mos-
sad. En effet, comme l'indique l'historien Jacques Borde, cette division du
Mossad s'occupe des relations internationales et des opérations conjointes
avec des pays amis. Dans les antennes les plus importantes des pays occi-
dentaux, le Mossad dispose d'un responsable affilié à la division de l'in-
formation ainsi qu'un responsable des Relations internationales252 •
D'une même manière, les agents d'opération du Mossad de la divi-
sion Tsomet (recherche clandestine du renseignement) sont, entre 1951 et
1952, les premiers à opérer en Occident dans des pays tels que les États-
Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. La division Tsomet
est la plus importante du Mossad. Elle gère la recherche clandestine du
251. Thomas, Histoire secrète du Mossad de 1951 à nos jours, op. cit., p. 56.
252. Jacques Bordes, Les services secrets israéliens - d'Eichmann à la guerre de Syrie, Paris, V.A.
Éditions, 2019, p. 66-67.
LA CONQU.ËTE DE LA TERRE PROMISE 219
renseignement par agents, via des postes officiels ou clandestins à l' étran-
ger. Elle recrute et manipule des sources à travers le monde grâce à des
officiers traitants appelés Katsa 253, nous indique Éric Denécé, directeur du
Centre français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).
253. Éric Denécé & David Elkaïm, Les services secrets israéliens - Aman, Mossad, et Shin Beth,
Paris, Éditions Tallandier, 2014, p. 160-161.
254. Seymour M. Hersh, Opération Samson : comment Israël a acquis la bombe atomique, Paris,
Éditions Olivier Orban, 1992, p. 31.
255. Ibidem, p 15.
220 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
256. Jacob Sloan, «Americain /ewish Community and Israel», in The American /ewish Year book,
The American /ewish Commitee, New York, Springer, vol. 55, 1954, p. 117.
257. Ibidem.
LA CONQlIBTE DE LA TERRE PROMISE 221
fluence pour finaliser« leur projet d'une ceinture qui viendra contrer les Russes
par le sud et maintenir leur contrôle sur les ressources pétrolières quitte à brû-
ler les puits en cas de sérieuses menaces» précise Hoda Nasser, fille aînée de
Gamal Abdel Nasser.« L'objectif des Britanniques est d'obtenir une couverture
légale qui leur permette de rester en Égypte, mais ils souhaitent également rallier
l'Égypte à la coalition occidentale contre l'URSS en l'intégrant dans un pacte
de défense collective du Moyen-Orient 260• » Pendant ce temps, Israël souhaite
être informé des différentes négociations avec l'Égypte et compte sur la
présence anglaise pour faire barrage à son ennemi millénaire. De son côté
la France considère la Compagnie de Suez comme sienne et regarde de
loin cette situation tout en se souciant de la sécurité du trafic maritime du
canal. L'acheminement du pétrole doit se poursuivre vers l'Occident!
Les Britanniques n'envisagent pas du tout de quitter leur base du
canal de Suez, il s'agit de la plus grosse base qu'ils possèdent dans le
monde, laquelle regroupe plus de 80 000 hommes et comporte de coûteuses
installations. Fin mai 1953, un blocus économique est imposé aux Britan-
niques dans la zone du canal et les fournisseurs cessent d'approvisionner
la base anglaise. Nasser précise que seuls les militaires sont indésirables,
les civils étrangers - même britanniques - demeurent sous la protection de
l'Égypte. Une guerre d'usure s'amorce; elle va progressivement dégrader
la situation. Face à la popularité de Nasser et de son nouveau régime, les
Britanniques sont impuissants et incapables de renverser le gouvernement
comme cela leur était possible jadis. Près d'un an après, fin juin 1954, le
commandement britannique est transféré à Chypre d'où est ordonnée la
destruction des installations de Suez. Le 10 juillet, les Anglais demandent à
rencontrer Nasser. Les pourparlers sont expéditifs. Le 27 juillet, les accords
sont ratifiés et Nasser peut annoncer à son peuple l'évacuation des forces
britanniques et «la fin de 72 ans d'amères souffrances». L'entente est signée le
19 octobre 1954. Les Britanniques ont vingt mois pour quitter le sol égyp-
tien. Ces derniers s'octroient le droit de revenir au cas où un État arabe
serait agressé par une puissance extérieure, mais promettent de quitter le
canal aussitôt les hostilités terminées. Les Anglais sortent ainsi grands per-
dants de cette entente261 •
260. Hoda Nasser, Nasser - Archives secrètes, Paris, Éditions Flammarion, 2020, p. 58.
261. Ibidem, p. 59-61.
LA CONQU~TE DE LA TERRE PROMISE 223
262. Hugh Wilford, America's Great Game - The CIA's Secret Arabists ans the Shaping of the
Modern Middle East, New York, Basic Books, 2017, p. 85.
224 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
*
* *
267. Hersh, Opération Samson : comment Israël a acquis la bombe atomique, op. cit., p. 48.
LA CONQUt:TE DE LA TERRE PROMISE 227
63. Le secrétaire à la Marine Robert B. Anderson à son bureau en 1953. US Federal Govern-
ment, Domaine public
de son projet Alpha. Les détails de la mission d' Anderson sont planifiés
dans le plus grand secret par Allen Dulles et son frère Foster. La CIA est
en charge de toute la logistique et non le Département d'État comme cela
devrait être le cas. James Jesus Angleton, un expert du contre-espionnage
de la CIA coordonne les préparatifs de la visite d' Anderson à Tel-Aviv avec
de nombreux contacts en Israël. L'agent spécial Kermit Roosevelt joue un
rôle similaire au Caire269 • Henry Byroade est exclu du projet Alpha sous
prétexte qu'il n'a pas su anticiper le contrat tchécoslovaque concernant
une livraison massive d'armes de guerre à destination de l'Égypte.
Le 11 janvier 1956, le président Eisenhower et le secrétaire d'État
rencontrent Anderson à la Maison-Blanche pour finaliser le projet Alpha.
Dulles a noté qu' «en ce qui concerne le problème immédiat entre Israël et les
États arabes, je [pense] que l'argent pourrait résoudre fondamentalement le pro-
blème des réfugiés». L'administration Eisenhower envisage de couvrir une
grande partie du coût de l'indemnisation et de la réinstallation des réfu-
giés palestiniens. Eisenhower et Dulles s'imaginent que certains des réfu-
giés seraient réinstallés en Israël, mais prévoient de réinstaller la majorité
d'entre eux dans les États arabes limitrophes d'Israël, ainsi qu'en Irak et en
Iran270 •
269. William J. Burns, Economie Aid and Americain Policy toward Egypt, 1955-1981, New York,
State University of New York Press, 1985, p. 59.
270. Ibidem, p. 60.
LA CONQU~TE DE LA TERRE PROMISE 229
demande. Les espoirs d' Anderson se réduisent peu à peu malgré ses nom-
breuses navettes entre Le Caire et Tel-Aviv. Robert B. Anderson finit par
retourner à Washington pour rapporter à Eisenhower et Poster Dulles
les maigres résultats de ses entretiens avec les dirigeants de l'Égypte et
d'Israël. L'idée d'une aide américaine pour le grand barrage d'Assouan
s'évapore progressivement au moment où le président Eisenhower et le se-
crétaire d'État Dulles comprennent qu'une paix israélo-égyptienne semble
sur le moment hors d'atteinte. La déception est énorme étant donné que
cela compromet de nombreux intérêts 273 •
64. Robert B.
Anderson
descendant d'un
avion officiel de
l'armée américaine.
US Federal Gvnmt,
Domaine public
276. Eisenhower Diary, «13mars1956», Eisenhower Library, Ann Withman File, DDE Diary
Series, Box 9.
232 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
[,'1\<DôMENlet.\ DEL~RRIERE
~_._..,.....__, AM1•MU.i'û.u~ - ,. _.. . "-- &. - - - 1
65. Couverture
du journal
hebdomadaire
italien La Domenica
del Corriere du
12 août 1956
annonçant la
nationalisation de
la compagnie du
canal de Suez.
tiens sont gelés dans les deux capitales. La France et l'Angleterre veulent
en découdre avec l'Égypte!
Les deux pays conçoivent le plan «Mousquetaire», une opération
sous commandement britannique dont l'objectif est de s'emparer du
canal et de gagner la capitale égyptienne. Londres rappelle 25 000 réser-
vistes et Paris rassemble son escadre à Toulon. Mais ce plan fait face à
l'opposition des États-Unis qui préfèrent tenter de négocier avec Nasser.
La situation aboutit à la conférence de Londres, à partir du 16 août, où
se réunissent vingt-deux puissances utilisatrices du canal. Deux proposi-
tions sont présentées à l'Égypte: la mise en place d'un conseil d'adminis-
tration international et la création d'une Association des usagers du canal
pour en assurer la gestion. Nasser refuse, quant à l'Union soviétique,
elle voit une volonté dissimulée de l'Occident à conserver son pouvoir
sur l'Égypte. Les Français et Anglais poursuivent leurs réunions secrètes
pour débarquer, mais ils sont systématiquement recentrés par Washing-
ton. Le 7 septembre 1956, les Français et Britanniques tentent de bloquer
et d'asphyxier le pays en ôtant tous leurs pilotes pour empêcher la navi-
gation sur le canal279 •
Habituellement, la navigation du canal de Suez nécessite 250 pi-
lotes. Après le départ franco-britannique, il ne reste que 26 pilotes égyp-
tiens totalement formés et 30 en cours de formation. Nasser se fait aussi
aider par quelques pilotes grecs. Les hommes travaillent soixante-douze
heures d' affilée : le canal reste ouvert sans aucun problème, prouvant au
monde entier la compétence de l'Égypte à gérer la navigation du canal et
faisant échouer la dernière objection possible de l'Occident.
279. Caroline Piquet, «Le canal de Suez : une route stratégique au cœur des conflits du
Moyen-Orient au XX• siècle», Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 262, 2016, p. 81.
LA CONQUËTE DE LA TERRE PROMISE 235
[quand même]. Mais sachez qu'en cas de refus, nous utiliserons nos bombes nu-
cléaires'.» Seymour M. Hersh ajoute que c'est probablement à ce moment-
là, à la mi-septembre 1956 et en pleine crise du canal de Suez, que l'État
hébreu a pu obtenir de la France une aide en matière nucléaire280 •
pour l'évacuation du Sinai~ mais ce n'est qu'en mars 1957 que le repli est effectif
et que les Égyptiens se repositionnent à Gaza281 • »
66. Bombardements
de Port-Saïd par
les Français, les 5 et
6novembre1956.
Domaine public
Plus de 20000 morts parsèment les rues des villes situées le long
du canal de Suez. Malgré ces lourdes pertes, Gamal Nasser sort grand
vainqueur de la guerre échafaudée par la France et la Grande-Bretagne.
Le canal sera inutilisable pendant plusieurs mois en raison des nombreux
bateaux coulés lors de l'attaque. Les conséquences s'en font ressentir à
Londres comme à Paris. Le ravitaillement en pétrole est durement tou-
ché. Par solidarité, les Syriens font sauter les pipe-lines de l'Irak Petroleum
Company qui traversent leur pays. La France doit mettre en place un sys-
tème de rationnement du carburant dès la fin novembre. Ces restrictions
ne prendront fin que 8 mois plus tard. À l'exception du Liban, les États
arabes suspendent leurs relations diplomatiques avec la France; Londres
n'a désormais plus le droit d'utiliser les bases égyptiennes. Suite à cette
guerre, la communauté juive (près de 75000 personnes) présente depuis
2500 ans doit quitter le pays avec une simple valise pour seul bagage. La
majorité trouvera refuge en Israël, au Brésil et en France. Cette attaque
signe le début du déclin de l'influence franco-britannique au Moyen-
Orient au profit des États-Unis et de l'URSS.
Peu après le fiasco de l'attaque anglo-franco-israélienne, l'URSS
offrira de financer le haut barrage d'Assouan. L'Union soviétique connaî-
tra la satisfaction de mettre le pied dans un pays jusque-là sous influence
occidentale. Le début des travaux aura lieu le 9 janvier 1960 pour finir à la
fin de l'année 1970. Le barrage qui en naît est construit à 6 km en amont
281. Piquet, «Le canal de Suez : une route stratégique au cœur des conflits du Moyen-Orient
au xx· siècle», op. cit., p. 82.
LA CONQUËTE DE LA TERRE PROMISE 237
282. Sloan, Americain /ewish Community and Israel, op. cil., p. 119.
238 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
*
* *
67. Cliché de la
centrale nucléaire
Dimona prise en
1968 par le satellite
américain KH-4
Corona.
Photographie
déclassifiée,
domaine public
chimiques». Le secret est tellement bien gardé que même les services de
renseignements français ne sont pas mis au courant. Une agence parallèle
de sécurité et de renseignements qui ne rend des comptes qu'au directeur
du CEA est spécialement mise en place. Elle travaille étroitement avec le
Mossad. Les nombreuses pièces françaises, souvent volumineuses, desti-
nées à la centrale israélienne sont toutes affublées de «vrais» faux docu-
ments douaniers. L'imposante cuve du réacteur ne fait pas exception: elle
sera expédiée de Saint-Nazaire lors d'un week-end afin de n'éveiller aucun
soupçon. Quant aux fûts d'eau lourde, ils seront transportés un samedi
au petit matin par des agents du CEA et du Mossad jusqu'à la zone mili-
taire de l'aéroport du Bourget. Le journaliste Jean-Jacques Allevi poursuit
ce descriptif rocambolesque et apporte davantage de précisions concer-
nant une affaire ultra-sensible : «Les Israéliens ne demeurent pas moins vigi-
lants. À Dimona, une unité spéciale de protection est créée pour veiller au secret.
Les agents de cet Office of Special Task quadrillent en permanence la zone et
éloignent les moindres curieux. Malgré ce luxe de précautions, des détails tra-
hissent la présence des Français. Certains ingénieurs circulent à bord de voitures
immatriculées dans ['Hexagone sur des routes où les panneaux indicateurs sont
en hébreu ... et en français. De même, les affiches placardées par les commerçants
des environs sont bilingues. À l'orée des fêtes de Noël, l'une d'elles annonce que
le café-restaurant Toni propose un réveillon 'de 23h à l'aube avec l'orchestre Trio
Jack'. Avec un menu pas vraiment casher : 'Charcuterie, dinde au vin blanc ... '.
Ces éléments n'échappent évidemment pas aux agents de la CIA dépêchés sur
place afin de confirmer ce que les photos prises par leurs avions espions 'U2' ont
révélé dès 1958 : la construction sur place d'un complexe nucléaire étrangement
similaire à celui de Marcoule 288 [ ••• ]. »
288. Jean-Jacques Allevi, «France-Israël : l'accord secret», in Géo Histoire, n° 38, avril-mai
2018.
244 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
289. Hersh, Opération Samson : comment Israël a acquis la bombe atomique, op. cit., p. 78-79.
IV
Le dossier John F. Kennedy
Le passé des Kennedy a toujours été quelque peu terni par Joseph, le
père de John et Robert Kennedy. Dans les années 1920, Joseph P. Kennedy
«faisait des affaires» avec Meyer Lansky, le patron de la «mafia juive» en
Amérique. Le père du futur 35e président des États-Unis n'était pas seule-
ment en affaire avec Lansky, mais également avec la pègre et le syndicat du
crime. Selon le mafieux Frank Costello, Joseph Kennedy aurait notamment
importé illégalement de l'alcool pendant la prohibition.
Lorsqu'en 1938, Joseph Kennedy était ambassadeur des États-Unis
au Royaume-Uni, il est de notoriété publique qu'il manifesta son admira-
tion pour Adolf Hitler. Joseph Kennedy était un antisémite avéré et s' oppo-
sa à l'entrée en guerre des États-Unis contre l'Allemagne nazie. Discrédité
à Londres comme à Washington, il démissionna de son poste en 1940 en
raison de ses positions et de la décision de Roosevelt d'impliquer à terme
les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Mais c'était sans compter
sur le patrimoine de Joseph Kennedy qui capitalisait tant en richesse fi-
nancière qu'en réseau d'influence. Une fois sorti du circuit de la politique,
Joseph Kennedy reporta ses ambitions sur ses fils: il entretenait un grand
nombre de relations qui allaient permettre à son fils John de réussir ...
bys voient leurs ambitions contrariées ... De la même façon, alors qu'il est
encore sénateur, John Kennedy propose un amendement en vue de réduire
l'aide économique del' Afrique et du Moyen-Orient de 175 à 140 millions
de dollars, malgré le fait que les sénateurs pro-israéliens aient déclaré que
cela serait préjudiciable à l'aide apportée à Israël290 •
John Kennedy est réellement poussé à croire à sa possible victoire
à la présidentielle lorsqu'il est réélu au Sénat en novembre 1958, avec
750000 voix de plus que son rival le républicain Vincent J. Celeste. Pour-
tant, les projets du sénateur Kennedy concernant Israël demeurent assez
vagues. Contrairement à Lyndon Johnson, JFK ne s'est pas précipité pour
défendre Israël lors de l'affaire du Canal de Suez. En réponse à la crise de
Suez, lors d'un discours à Baltimore en 1956, JFK avait juste soigneuse-
ment équilibré ses propos entre les préoccupations arabes et israéliennes
devant une organisation sioniste très attentive.
tique au Proche-Orient.' Kennedy fut cette fois indigné dans son amour-propre de
candidat à la présidence par la grossièreté avec laquelle ils s'étaient adressés à lui.
'Ils voulaient prendre le contrôle' affirma-t-il d'un ton furieux à Bartlett. Bartlett
déclara par la suite que Kennedy s'était bien promis que 's'il devenait Président, il
remédierait à ce problème'291 • »
En vue des présidentielles, John et son frère Robert vont devoir faire
le vide autour d'eux afin de couper net les relations qu'a pu avoir la famille
Kennedy avec la pègre. En particulier avec les groupes de pression voulant
gérer les campagnes électorales américaines et la politique étrangère par le
biais de contraintes financières et de leur influence politique. La politique
de JFK, appelée «Nouvelle Frontière», prévoit la relance de l'économie
étasunienne, des négociations pacifiques avec l'Union soviétique, l'envoi
de l'homme sur la Lune, la fin des inégalités et des clivages sociaux, mais
aussi la lutte contre le crime organisé. Depuis le début des années 1950,
Robert Kennedy - «Bobby» de son sobriquet - se charge déjà de contrer la
mafia en tant que conseiller juridique pour les commissions d'enquête du
Sénat à Washington. Sa lutte contre Jimmy Hoffa, le président du syndicat
des camionneurs est devenu légendaire.
Pourtant, Joseph Kennedy, le père de John et Robert, va secrètement
rendre visite à Sam Giancana, un mafieux de Chicago connu pour avoir
collaboré avec la CIA. Le père Kennedy l'avait déjà sollicité dès 1956 en
vue de faciliter l'investiture de son fils en tant que futur candidat à la Mai-
291. Hersh, Opération Samson : comment Israël a acquis la bombe atomique, op. cil., p. 107-108.
248 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
293. Robert Kennedy, Témoignages pour !'Histoire, Paris, Éditons Belfond, 1989, p. 46-47 et 49.
294. April S. Summitt, Perspectives on Power: John F. Kennedy and US-Middle East Relations,
Kalamazoo (Michigan), Western Michigan University, 2002, p. 33.
295. Ibidem.
250 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
299. Marc Levinson, The Box - Comment le conteneur a changé le monde, Paris, Éditions Max
Milo, 2011, p. 26-27.
252 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
ner son accord pour une inspection de Dimona par deux scientifiques
américains : 1.1. Rabi de l'université de Columbia et Eugene Wigner de
Princeton. Le réacteur étant toujours en construction, les deux hommes
mentionneront n'avoir rien décelé ressemblant à des travaux sur une quel-
conque bombe atomique. En avril de la même année, un fonctionnaire nor-
végien passera inspecter l'eau lourde vendue à Israël. Apparemment, les
conteneurs d'Isaac Charchat se trouvaient toujours stockés et non ouverts
près du réacteur en construction.
Après ces inspections, les deux hommes d'État finissent par se ren-
contrer en mai 1961 lors d'une visite de Ben Gourion aux États-Unis, préci-
sément entre le 20 mai et le 2 juin. Le Premier ministre israélien finira par
dire des années plus tard à son biographe qu'il avait trouvé la rencontre
décevante. Il ne prit pas Kennedy au sérieux, ce dernier lui donnant l'im-
pression qu'il était «comme un jeune homme de vingt-cinq ans».
71. Rencontre à
Washington entre John
F. Kennedy et David
Ben Gourion en mai
1961. Domaine public
Deux mois après cette réunion, David Ben Gourion et ses conseillers
assistent à grand renfort de publicité au lancement de la première fusée
israélienne nommée « Shavit Il» dans le désert du Néguev. Le monde en-
tier (particulièrement les États-Unis et les pays arabes) comprend le mes-
sage : il ne faudra à Israël encore qu'un peu plus d'argent et de temps pour
mettre au point des missiles nucléaires. Kennedy multiplie les pressions
sur Israël. Dans une nouvelle lettre destinée à la Maison-Blanche, Ben Gou-
rion continue d'ignorer la demande américaine d'une inspection «neutre»
et internationale de Dimona, comme l'avait demandé Kennedy en mai. Le
président américain reparle de ce problème avec son nouveau directeur
de la CIA, John McCone. Ce dernier suggère à Kennedy : «Envoyez-lui une
réponse sévère. Faites état des obligations des États-Unis envers le reste du monde
et de nos soupçons sur les Français. Mettez tout ceci noir sur blanc». La réponse
de Ben Gourion ne se fait pas attendre : «Fichez-moi la paix, tout ceci ne vous
concerne pas 302 ! »
Les nouvelles photos des avions de reconnaissance U2, bien qu'as-
sez bonnes, ne prouvent toujours pas la présence d'un arsenal nucléaire.
Ben Gourion passe une nouvelle fois par le lobbyiste Abraham Feinberg
qui avait rencontré JFK avec une vingtaine d'hommes d'affaires du lobby
juif avant les élections présidentielles. Malgré son manque de sympathie
pour cet homme arrogant et plein de pouvoir, JFK lui doit en partie son
élection : «J'ai mené la plus grande bataille de ma carrière pour leur éviter une
inspection minutieuse, racontera Feinberg plus tard. Je ne suis pas intervenu vio-
lemment une fois, mais une demi-douzaine de fois.» Il affirmera aussi n'avoir
jamais discuté de ce sujet directement avec Kennedy, mais le message ne
relevait d'aucune subtilité : insister sur une inspection à Dimona réduirait
l'aide à la future campagne présidentielle de 1964 ... Ce message aurait été
transmis sous la forme «Ne mettez plus votre nez là-dedans» au secrétaire
d'État, Robert McNamara, et au premier collaborateur du secrétaire à la
Défense américaine, Paul Nitze303 •
306. «Israel Should Be at World's Fair», National Jewish Post and Opinion du 16novembre1962,
p.2.
LE DOSSIER JOHN F. KENNEDY 257
pour le compte d'Israël et son journal Economie Horizons (revue sur les
banques, les marchés financiers, le marketing, les finances monétaires, la
comptabilité, etc.), Sitchin vas' occuper de la conception intégrale du projet
avant de la présenter à ses amis businessmen et autres hommes influents
en rapport avec la famille Rockefeller. Le pavillon sera financé par des
fonds privés et impliquera nécessairement des hommes d'affaires new-
yorkais. De ce fait, le pavillon portera la bannière américano-israélienne.
La seconde idée de Sitchin sera de présenter à la fois l'industrie d'Israël et
son histoire biblique. En sus seront également présents dans le pavillon
diverses productions et de l'art provenant d'Israël, le tout monnayable en
dollars. L'histoire et la culture juive seront mises en avant, le tout bien
entendu en relation avec la Terre Promise.
Au début de l'année 1963, Zecharia Sitchin s'entoure de Nathan
Straus III - businessman et président de la Chambre de Commerce améri-
cano-israélienne, fils du sénateur et administrateur de l'US Housing Autho-
rity sous le président Franklin D. Roosevelt-, et de Samuel E. Weitz, un
autre homme d'affaires influent. Les trois hommes contactent alors Harold
S. Caplin et lui demandent de financer le pavillon américano-israélien
comme un banquier d'affaires.
Le 23 juillet 1963, le contrat est signé pour un pavillon qui atteindra
le prix vertigineux de 2 millions de dollars, une somme considérable pour
l'époque. À l'issue des travaux, le pavillon américano-israélien s'élève
telle une spirale sur une hauteur de plus de douze mètres (quarante-deux
pieds) avec une façade en bois rouge de séquoia en provenance d'Afrique.
Son inauguration a lieu le 14 octobre 1963. Replaçons ici cet événement
dans le contexte de l'époque, à savoir trente-neuf jours avant l'assassinat
de Kennedy! Les entrées du pavillon sont décorées avec des pierres pro-
venant de Jérusalem et des mines du roi Salomon, le tout agrémenté des
symboles des Douze Tribus d'Israël. L'objectif de Zecharia Sitchin est éga-
lement de présenter «un voyage à travers les 4000 ans d'histoire juive»
précise la Newsletter n° 37 de l' exposition307 • Ce lieu est prévu comme un
forum pour éduquer les visiteurs à propos de la civilisation juive, parti-
culièrement en relation avec la Terre Sainte et l'Ancien Testament, thème
qui allait clairement trouver un écho dans l'ensemble du public308 et bien
entendu dans les futurs travaux de Zecharia Sitchin ...
307. New York 1964-1965 World's Fair Newsletter, n° 37 (5/64-R160), 29 mai 1964.
308. Dedication Ceremony at the New York World's Fair 1964-1965, American-Israel Pavilion,
14octobre1963, 6. NYPL, Box 275, File P0.3: «Israel-Brochures».
258 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
72. Photographie
de la brochure sur
l'inauguration du
pavillon américano-
israélien du 14 octobre
1963. Zecharia Sitchin
est en deuxième
position à partir de la
gauche.
309. Jean-François Bouchard, L'espion qui enterra Kennedy, Paris, Éditions Glyphe, 2021,
p. 273.
310. Interview d'Oliver Stone par Afshin Rattansi dans «La Grande Interview» (Rî France),
29 juillet 2021.
311. Interview d'Oliver Stone par Olivier O'Mahony, Paris Match du 31 juillet 2021.
LE DOSSIER JOHN F. KENNEDY 259
qui ne bouleversa pas seulement les États-Unis, mais le monde entier. Car
il ne faut pas perdre de vue que John F. Kennedy ne fut pas simplement
assassiné à Dallas, mais plutôt sacrifié en place publique! Je me base prin-
cipalement sur trois sources d'informations:
*
* *
63. Le couple présidentiel dans la Lincoln Continental quelques minutes avant le drame.
Domaine public
*
* *
L'un des premiers à avoir mené une contre-enquête sérieuse sur l'as-
sassinat de JFK est David Lifton. En 1966, sur la base d'un rapport du FBI,
il repère les observations de plusieurs médecins présents lors de la tenta-
tive pour sauver Kennedy et ensuite de l'autopsie de son corps. Le rapport
note une trachéotomie ainsi qu'une intervention chirurgicale sur le haut
du crâne. La trachéotomie était connue, mais pas la seconde opération. Se
basant sur les témoignages de ce rapport, Lifton conclut que pendant les
six heures écoulées entre la fusillade et l'autopsie de Kennedy à l'hôpital
Bethesda de Washington, le corps du Président aurait été intercepté pour
maquiller ses blessures. Lifton va produire des preuves indiscutables selon
lesquelles deux ambulances et deux cercueils ont été utilisés pour trans-
porter le corps de Kennedy jusqu'à Washington. D'après Lifton, le cercueil
en bronze chargé dans l'avion présidentiel, Air Force One, à destination
de Washington, était vide bien qu'il fût accompagné par Jackie Kennedy
et par Lyndon Johnson. À l'appui de cette thèse, le personnel de l'hôpital
Bethesda a confirmé que le corps du Président était arrivé dans un cer-
cueil en métal ordinaire. Suivant cette idée, Lifton pense qu'au plus haut
316. «C'est la CIAqui a tiré sur Kennedy», Interview d'O. Stone par O. O'Mahony, op. cit.
LE DOSSIER JOHN F. KENNEDY 265
niveau, il fut décidé de dérouter le corps vers un hôpital militaire pour lui
faire subir le maquillage de ses blessures. Le crâne a été «modifié» par des
chirurgiens afin de masquer le point d'entrée de la balle tirée de face qui fit
éclater le crâne du Président. La première balle (dans le cou) provenait de
derrière, mais le coup fatal fut tiré de devant. Le maquillage du corps de
JFK aura permis de déjouer l'implication de plusieurs tireurs, donc d'un
complot3 17 •
*
* *
temps ses collaborateurs; il les traite d'une manière épouvantable. Il est tout sim-
plement vache, d'une vacherie rare. [... ]Les rapports que j'ai eus avec lui depuis
m'ont montré qu'il passe son temps à mentir. Je vous assure, il ment continuelle-
ment. Dans chaque conversation que j'ai avec lui, il ment. Il ment même si ce n'est
pas u ti le320• »
322. Cette analyse sera contestée en 2013 par Robert Garrett et publiée dans l'ouvrage de Joan
Mellen, Faustian Bargains: Lyndon Johnson and Mac Wallace in the Robber Baron Culture of Texas,
New York, Bloomsbury Publishing, 2016. Cet ouvrage se donne bien du mal pour rejeter
la thèse de l'implication de Lyndon Johnson dans le meurtre de JFK, mais il a le mérite de
démontrer la corruption de Johnson depuis ses débuts en politique.
323. Reymond & Nicolas, «JFK, l'autopsie d'un complot», op. cit., et William Reymond &
Billie Sol Estes, JFK, le dernier témoin, Paris, Éditions Flammarion, 2003, pages centrales.
LE DOSSIER JOHN F. KENNEDY 269
*
* *
324. Robert A. Caro, The Years of Lyndon Johnson: The Passage of Power, New York, Alfred A.
Knop Publishing, 2012, p. 330.
270 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
digne d'un film d'Hitchcock. Le scénario est tellement bien huilé que c'est
à se demander si Johnson improvise ... Notre homme souhaite montrer à
la nation entière que son nouveau Président est entré en fonction. Pour
cela, il fait appeler la Presse et va demander au photographe de la Maison-
Blanche, Cecil Stoughton, d'immortaliser l'événement. Tel un véritable
metteur en scène, Johnson commande à Stoughton de faire rentrer le plus
de monde possible dans le cadre. Les agents du Secret Service, les conseil-
lers de Kennedy, les assistants et secrétaires de Lyndon Johnson - soit près
d'une trentaine de personnes - tous se retrouvent agglutinés autour de lui
dans un espace de vingt-cinq mètres carrés. Il ne doit manquer aucun dé-
tail. Il est important que des témoins du clan Kennedy apparaissent sur les
clichés. Johnson exige donc la présence des deux secrétaires de Jackie ainsi
que le conseiller militaire et la secrétaire de JFK. Il ne manque plus qu'une
seule personne : Jackie Kennedy que Johnson fait illico envoyer chercher
dans la cabine présidentielle. Elle se présentera à sa gauche, la femme de
Johnson, Lady Bird Johnson, étant à la droite de ce demier325 •
Jackie porte encore son tailleur rose, taché du sang de son mari,
qu'elle n'a pas voulu quitter : «Je veux qu'ils voient ce qu'ils ont fait à Jack3 26 »,
lancera-t-elle. L'équipe présidentielle vient de déplacer deux rangées de
sièges dans le compartiment arrière de l'avion présidentiel pour pouvoir
installer le cercueil. Dans le compartiment central d' Air Force One, Johnson
s'apprête à prêter serment, non pas sur une Bible, car aucune ne se trouve
dans l'avion, mais sur un missel trouvé dans l'un des tiroirs de Kennedy.
Johnson est investi par la juge fédérale Sarah T. Hugues, une amie à lui.
Johnson dira : «Je ferai tout mon possible pour préserver, pour protéger et dé-
fendre la Constitution des États-Unis. Que Dieu me vienne en aide.»
75. Lyndon B.
Johnson prête
serment dans Air
Force One à 14h38, à
peine plus de deux
heures après les
coups de feu qui ont
tué JFK. La mise en
scène voulue par
Johnson est parfaite!
Cecil Stoughton,
White House,
domaine public
76. Soulagement
après l'investiture.
Albert Thomas
(debout à gauche),
membre de la
Chambre des
représentants des
États-Unis du Texas
et membre du Comité
mixte sur l'énergie
atomique, reste pensif
et cherchera plusieurs
fois du regard son
ami Johnson.
Cecil Stoughton,
White House,
domaine public
77. Johnson et sa
femme Lady Bird
réconfortent Jackie
Kennedy. Le doute
le plus complet
plane dans la tête de
l'épouse de JFK. C'est
sans doute ici que
Lady Bird Johnson
dira en colère à
Jackie:« Vous savez
que nous ne voulions
pas devenir vice-
président ! »
Cecil Stoughton,
White House,
domaine public
272 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
Des années plus tard, Robert Kennedy dira à propos de ces événe-
ments et des jours qui suivirent:« Quatre ou cinq incidents se sont en effet pro-
duits durant la période du 22 novembre aux environs du 27, et qui m'ont inspiré
de l'amertume à l'égard de Lyndon Johnson, ou tout du moins, rendu malheureux.
Je pense par exemple à la façon dont ma belle-sœur Jackie a été traitée pendant
le voyage de retour à Washington par avion et à ce genre de choses. [... ] nous
avons subi l'épreuve de ce voyage de retour à Washington en la compagnie de ce
personnage, qui a recommencé à mentir, qui a traité ma belle-sœur d'une manière
abominable, qui a [le passage a été volontairement expurgé par les éditeurs]
[... ].Ensuite Johnson est venu à la Maison-Blanche le samedi matin à neuf heures
et il a commencé à faire enlever toutes les affaires de mon frère. Alors j'y suis allé
et je lui ai demandé d'attendre le lendemain ou le surlendemain. Puis Johnson a
tenu à prononcer le message sur l'état de l'Union le mardi, le lendemain des funé-
railles. Ensuite, il a demandé à me voir, car Sargent Shriver avait dit à Bill Moyers
que je n'étais pas content. Je suis donc passé le voir avant que Jackie ne quitte la
Maison-Blanche et je me suis entendu dire : 'Vos amis racontent des histoires sur
mon compte!' ou quelque chose de ce genre.[ ... ] Après le 22novembre1963, il n'a
327. Caro, The Years of Lyndon Johnson: The Passage of Power, op. cit., introduction, p. IX.
LE DOSSIER JOHN F. KENNEDY 273
Les liens de Johnson avec Israël sont très connus. Ils existaient bien
avant qu'il ne succède à JFK. Deux de ses plus proches conseillers, les
avocats Edward L. Weisl Sr. et Abraham Fortas - même s'ils ne sont pas
spécialement pratiquants -, remarque Seymour M. Hersh, se sentent pro-
fondément concernés par la sécurité d'Israël. Johnson possède des liens
affectifs avec Israël et il est persuadé que les armes soviétiques envoyées
en Égypte modifient les rapports de forces au Moyen-Orient. Dès sa nomi-
nation, Johnson sera le premier président américain à fournir des armes
offensives à l'État hébreu et le premier à s'engager officiellement pour la
défense d'Israël330 •
On se souvient qu'en 1948, l'ami et conseiller de Johnson, Abraham
Fortas, avait sorti Johnson d'une terrible pagaille puisqu'il était soup-
çonné d'avoir triché lors de sa nomination au Sénat. Ce même Fortas sera
contraint de démissionner de la Cour suprême des États-Unis en 1969
pour avoir accepté de recevoir une pension annuelle à vie de 20 000 dol-
328. R. Kennedy, Témoignages pour /'Histoire, op. cit., p. 122, 328 et 334.
329. Interview d'O. Stone par O. O'Mahony, op. cit.
330. Hersh, Opération Samson: comment Israël a acquis la bombe atomique, op. cit., p. 135 et 137.
274 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
lars de la part d'un de ses clients. Johnson connaît également très bien
Abraham Feinberg, le fameux homme d'affaires millionnaire qui, accom-
pagné d'une vingtaine de businessmen - dont Zecharia Sitchin - avait pro-
posé 500000 dollars à Kennedy s'il leur laissait le contrôle de la politique
au Proche-Orient. Feinberg n'est pas seulement réputé pour collecter des
fonds à destination d'Israël et pour avoir soudoyé JFK, il fait aussi partie
des millionnaires qui ont réuni de l'argent lors de la campagne fraudu-
leuse de Johnson pour entrer au Sénat en 1948 ...
L'auteur Victor Kuperminc met les pieds dans le plat dans un article
publié en 2016, où il relève un élément peu connu : «La question est posée.
Lyndon Baines Johnson était-il d'origine juive? On sait que ses aïeuls du côté ma-
ternel, les Huffman, des juifs allemands, émigrèrent vers le Maryland aux cours
du XIX' siècle. La grand-mère de Lyndon, Ruth Ament Huffman épousa Joseph
Baines. Leur fille, Rebecca Baines, épousa Samuel Johnson; et leur fils est Lyndon
B. Johnson. La filiation matrilinéaire de l'arbre généalogique des Johnson peut être
tracée depuis trois générations. En principe, d'après la Loi ancestrale, cela devrait
suffire pour affirmer que, oui, Lyndon Baines Johnson fut le premier président juif
des États-Unis - et le seul jusqu'à présent331• »
331. Victor Kuperminc, «Un président américain juif?», TJ lnfo, «La Tribune Juive»,
tribunejuive.info du 7 novembre 2016.
LE DOSSIER JOHN F. KENNEDY 275
Cliff déplore avoir vécu cette vie et d'avoir été obligé de couvrir Johnson
des années durant. Carter avait dû quitter le parti démocrate en 1966, rat-
trapé par ses méthodes de levée de fonds pour Johnson. Lui aussi fut lâché
par le successeur de Kennedy. Dans cet enregistrement, Carter exprime le
fait que Johnson devenait paranoïaque. Il dit regretter avoir aidé Johnson
pendant des années dans quantités de meurtres dont celui de JFK : ses mots
exacts sont «Lyndon n'aurait pas dû donner à Mac l'ordre de tuer le Président
[ ... ].»Cliff Carter va mourir 36 heures après cet enregistrement. Officielle-
ment d'une pneumonie foudroyante, d'après le clan Johnson qui aura pris
en charge ses funérailles. Pourtant la secrétaire de Carter contredira cette
version puisqu'elle affirmera que son corps avait été découvert sans vie
dans un motel minable de Virginie332 ••• Billie Sol Estes sera retrouvé mort
dans son sommeil chez lui à Grandbury, au Texas, le 14 mai 2013. Il était
âgé de 88 ans.
332. Reymond & Nicolas, «JFK, l'autopsie d'un complot», ap. cit., et Reymond & Sol Estes,
JFK, le dernier témoin, op. cit., p. 362-368.
333. Philip Shenon, « What's Missingfrom the New JFK Document Realease», Politico Magazine du
15 décembre 2021.
V
Ne surtout laisser aucune trace
*
* *
334. Anne E. Tazewell, A Good Spy Leaves No Trace, Chapitre 8: «Shifting Sands», Omaha
(Nebraska), WriteLife Publishing, 2021.
335. Ibidem.
336. Miles Copland, The Game of Nations - The Amorality of Power Poli tics, New York, Simon &
NE SURTOUT LAISSER AUCUNE TRACE 279
79. Robert B.
Anderson. US
Federal Government,
domaine public
80. Robert B. Anderson et son ami, le Président Lyndon Johnson, en pleine discussion. Avec
Johnson au pouvoir, les affaires reprennent! US Federal Government, domaine public
On peut le dire sans se tromper, cette période est l'âge d'or de Ro-
bert B. Anderson. Protégé par son ami Lyndon Johnson et la CIA, il connaît
toutes les ficelles pour multiplier les millions. L'ère Johnson ouvre la voie
à la très discrète expédition d'armes et de matériels militaires à destination
d'Israël. L'État hébreu devient la principale source de dépense américaine
à l'étranger.
À la même époque, Robert B. Anderson poursuit ses multiples af-
NE SURTOUT LAISSER AUCUNE TRACE 283
*
* *
344. Joseph Tirella, Tomorrow-Land: The 1964-65 World's Fair and the Transformation of America,
Washington, OC, Lyons Press, 2014.
NE SURTOUT LAISSER AUCUNE TRACE 285
l' American /ewish History345, l'écrivaine Emily Alice Katz rapporte que le
pavillon américano-Israélien de Zecharia Sitchin aura servi de portail pour
montrer au monde entier le glorieux passé juif et le triomphant Israël pré-
sent et futur, offrant ainsi aux visiteurs une expérience transformatrice346•
Emily Alice Katz précise que les organisateurs du pavillon adoptent
le double statut d'Israël en tant que Terre Sainte et État moderne, garant ac-
tuel de l'ancien lieu de naissance de la tradition judéo-chrétienne. Zecharia
Sitchin dira à propos du pavillon israélien qu'il a pour but de« montrer les
domaines dans lesquels Israël excelle aujourd'hui, ainsi que son héritage remon-
tant aux temps bibliques347 ». Ce double statut offre également la création
d'organisations de défense œcuménique et juive cherchant à faire échec à
l'antisémitisme et au fascisme en présentant le pluralisme américain et la
démocratie comme gardiens de la civilisation occidentale348•
Le pavillon américano-israélien n'est pas le seul à offrir cet héritage
spirituel aux visiteurs. Non loin de là, le pavillon du Royaume hachémite
de Jordanie est conçu comme lieu de naissance de la religion occidentale
et digne successeur des anciennes cultures349 • Le panneau à l'entrée du site
ne laisse aucun doute quant au message à faire passer : «Jordan - The Holy
Land». Alors que le pavillon américano-israélien de Sitchin montre une
colonne de la synagogue de Capharnaüm où Jésus aurait prêché et utilisé
un verset de la Bible, le pavillon jordanien possède un vitrail représen-
tant la Passion du Christ et affiche des fragments des Rouleaux de la mer
Morte. Tandis que le pavillon américano-israélien présente une maquette
du Temple de Salomon, le pavillon jordanien expose des bas-reliefs de
l'ancienne cité de Pétra ainsi qu'une maquette du dôme du Rocher de Jéru-
salem. Chaque pavillon juxtapose l'ancienne civilisation des origines avec
sa nation pour universaliser l'importance de son État, particulièrement à
destination des chrétiens américains350 •
Le pavillon américano-israélien sert de portail pour témoigner du
glorieux passé de la culture hébraïque, mais il tâche aussi de présenter un
futur idéalisé pour quiconque souhaiterait prendre part aux projets israé-
liens.
345. Emily Alice Katz, « It's the Real World After Ali: The American-Israel Pavilion-Jordan Pavilion
Controversy at the New York World's Fair, 1964-65 », American Jewish History, Vol. 91, n °1, The
Johns Hopkins University Press, mars 2003.
346. Ibidem, p. 131.
347. « We want to show the things that Israel exce/s in today, as well as its heritage going back to
biblical times », in « 50 Lands to Share Fair's Limelight for 50 Reasons », The New York Times du
29 mars 1964, section «F», p. 13.
348. Katz, « It's the Real World After Ali: The American-Israe/ Pavilion-Jordan Pavilion Controversy
at the New York World's Fair, 1964-65», op. cit., p. 135.
349. Ibidem, p. 137.
350. Ibidem, p. 138.
286 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
81. Empla-
cements des
pavillons jorda-
nien et israélien
à la New York
World's Fair
de 1964.
351. « War Through Misunderstanding - The jordan pavilion controversy», article publié par
Sharyn Elise Jackson sur le site commémoratif de la New York World's Fair de 1964.
352. Propos de Zecharia Sitchin rapportés dans un article de Tania Long, « Fight Breaks Out In
Dispute At Fair», New York Times du 1"' mai 1965.
353. Avant même l'ouverture de l'événement, le retrait de la candidature du Canada avait
suscité le courroux de!' organisateur de la foire, Robert Moses, qui avait appris le financement
du pavillon de !'Argentine par des fonds canadiens. De même, !'absence de représentant du
culte de la religion hébraïque avait suscité la colère de Moses, car ce dernier était en tractation
depuis 1962 avec !' American /ewish community ainsi que la Synagogue Concil of America qui
souhaitaient être présents au même titre que le Vatican dans l'aire réservée aux cultes. C'est
en avril 1963 que ce retrait de candidature sera annoncé, et il engendrera des représailles de la
part de Robert Moses à l'encontre du Premier ministre israélien, David Ben Gourion («Israel
Withdraws from 64-65 Fair; Cites Rise in Costs», The New York Times du 22 octobre1962, Caro,
1101).
NE SURTOUT LAISSER AUCUNE TRACE 287
Before you go, Have you a minute «Avant que vous ne partiez,
more to spare, To hear a word on Avez-vous encore une minute
Palestine And perhaps to help us à perdre, Pour entendre un mot
right a wrong? sur la Palestine Et peut-être pour
Ever since the birth of Christ nous aider à réparer un tort?
And later with the comîng of Depuis la naissance du Christ
Mohammed, Christians, /ews and Et plus tard avec la venue de
Moslems, believers in one Gad Mahomet, chrétiens, juifs et
Lived together there in peaceful musulmans, croyants en un seul
harmony. Dieu vivaient ici et ensemble
For centuries it was so, dans une paisible harmonie.
Until strangers from abroad, Il en fut ainsi pendant des
Professing one thing, but under- siècles, Jusqu'à ce que des étran-
neath, another, Began buying up gers venus d'ailleurs, Professant
land and stirring up the people. une chose, mais implicitement
Neighbors became enemies une autre, ont commencé à ache-
And fought against each other, ter des terres et à bousculer le
The strangers, once thought terror's peuple.
victims, Became terror's fierce prac- Les voisins sont devenus des
titioners. ennemis Et se sont battus les uns
Seeking peace at all costs, inclu- contre les autres, Les étrangers,
ding the cost of justice, The blinded autrefois considérés comme des
world, in solemn council, split the victimes de la terreur, sont deve-
land in two, Tossing to one side nus de féroces praticiens de la
The right of self-determination. terreur.
What followed then perhaps you Chercher la paix à tout prix, y
know, Seeking to redress the wrong, compris au prix de la justice
our nearby neighbors Tried to help [comprendre : « au mépris de la
us in our cause, And for reasons, Justice» (N.d. T.)],
not in their contrai, did not suc- Le monde aveuglé, en conseil
ceed. solennel, a divisé la terre en
Today, there are a million of us. deux, Opposant à l'une des
Sorne like us but many like my mo- parties Le droit à l' autodéter-
ther, Wasting lives in exiled misery mination. Ce qui a suivi alors,
Waiting to go home. peut-être que vous le savez,
288 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
But even now, to protect their gains Cherchant à réparer le tort, nos
ill-got, As if the land was theirs and voisins proches ont essayé de
had the right, They're threatening nous aider dans notre cause,
to disturb the /ordan's course And Et pour des raisons indépen-
make the desert bloom with war- dantes de leur volonté, ils n'ont
riors. pas réussi. Aujourd'hui, nous
And who's to stop them? sommes un million.
The world seems not to care or is Certains sont comme nous,
blinded still. That's why I'm glad mais beaucoup sont comme ma
you stopped And heard the story354• mère, perdant leur vie dans un
exil de misère En attendant de
rentrer à la maison. Mais même
maintenant, pour protéger leurs
gains mal acquis, Comme si la
terre leur appartenait et (qu'ils)
en avaient le droit, Ils menacent
de troubler le cours du Jourdain
Et de faire fleurir des guerriers
dans le désert.
Et qui doit les arrêter?
Le monde semble s'en moquer
ou est encore aveuglé. C'est
pourquoi je suis heureux que tu
te sois arrêté pour écouter cette
histoire.»
torts font un droit', a-t-il dit357• » Zecharia Sitchin va réagir comme un sol-
dat en fonction, état de fait qu'il prendra toujours soin de dissimuler par
la suite. En effet, le Daily News du 26 avril 1964 rapporte que ce même
Zecharia Sitchin «réaffirmant sa prétention que la peinture murale de Jordanie
était utilisée à des fins de propagande, il [Sitchin] a mis à l'affiche dans le pavillon
israélo-américain une arme de mortier, appelée Davidka. 'Cette arme avait été uti-
lisée pour effrayer les troupes jordaniennes grâce à son bruit puissant', a déclaré
Sitchin 358 ».
Il ne sera pas fait suite à cette demande. Les deux parties seront
invitées à cesser de faire de cette altercation un épisode qui risquerait d'en-
tacher la réputation de la foire, enjeu stratégique pour l'avenir des États-
Unis. L' Anti Defamation League prendra le relais en présentant le cas de ce
poème à la Cour Suprême de l'État de New York au motif que le poème
serait antisémite. L'organisation demandera purement et simplement la
fermeture du pavillon jordanien.
La situation ne cesse de s'envenimer au point que douze des
membres de l' American ]ewish Congress - dont le président est le chanteur
folk Theodore Bikel - sont arrêtés au cours du salon en raison de leur
conduite incitant à l'hostilité et au désordre359 • Enfin, un cap supplémen-
taire est atteint dans la nuit du 6 au 7 juin lorsque le drapeau flottant sur
le pavillon jordanien est volé par l'équipe de Zecharia Sitchin ou par des
prosionistes et remplacé par le drapeau israélien. La police remettra le dra-
peau israélien au pavillon de Sitchin dès le lendemain360 • L'ensemble des
participants sont poussés par des motifs diamétralement opposés et cet
incident est l'un des nombreux événements critiques d'envergure straté-
gique qui décidera de l'avenir de cette Foire de 1964 ...
*
* *
À l'image des espoirs déçus d'une foire qui devait redonner foi en
l'avenir au public et qui mêlera des échoppes vaudou361 et des attractions
se voulant prophétiques de l' Âge de l'Espace, une capsule temporelle
sera conçue dans l'ambitieux objectif d'être ouverte dans 5000 ans. Elle
357. «Zecharia Sitchin, president of the American Israel World's Fair Corp., said [ ... ] his pavillon
would not introduce cinteracting propaganda. 'We don't believe that two wrongs make a right', he
said.»
358. Article de Richard Mathieu, Dai/y News du 26 avril 1964.
359. Katz, «It's the Real World After Ali: The American-Israel Pavilion-/ordan Pavilion Controversy
at the New York World's Fair, 1964-65 »,op. cit., p. 142.
360. «lsraeli Flag Is Raised at ]ordan's Pavilion», New York Times du 9 juin 1964, p. 27.
361. Dans le pavillon «Bourbon Street» se trouvait un« quartier français» où se rencontraient
la culture afro-américaine et celle du «vieux continent». Le visiteur pouvait y admirer non
seulement des bars-restaurants, des spectacles - dont certains ont déclenchés des scandales
en raison de leurs dimensions antireligieuse et raciste-, mais aussi une boutique de poupées
et des échoppes vaudous.
290 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
pour construire cette sphère font également penser à cette idée de proto-
planète dénommée Tiamat si l'on en croit les propos de Sitchin publiés en
1976, une planète primitive qui aurait percuté l'ancêtre de la Terre il y a
des milliards d'années pour former en même temps notre globe terrestre.
Sitchin utilisera cette théorie revendiquée par William K. Hartmann et
Donald R. David en 1974362, une thèse déjà formulée par le géologue cana-
dien Reginald A. Daly en 1946. Cette théorie est communément acceptée
aujourd'hui par la communauté scientifique qui nomme cette protoplanète
Théia. Dans la mythologie grecque, la déesse primordiale Théia est une
Titanide qui donna naissance à la Lune Séléné.
83. I.:Unisphere du
New York World's
Fair 1964-65 aura
vraisemblablement
été un déclencheur
chez Sitchin lors
de l'élaboration de
sa future thèse sur
sa planète Nibiru à
l'orbite fortement
elliptique.
Photographie de
SamHowzit
362. William K. Hartmann & Donald R. David, Satelite-size planetesimals ans lunar origin,
Unternational Astronomical Union, Colloquium of Planetary Satelites, Ithaca, NY, Comell
University, 18-21août1974, et Icarus, vol. 24, avril 1975, p. 504-515.
292 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
365. Voir par exemple dans Corpus Deae d' Anton Parks, le chapitre intitulé «La Passion et la
Résurrection d'Horus, Fils de Dieu» où les Pharaons doivent prendre la place d'Horus pour
réécrire le passé.
366. C'est exactement le terme qu'avait employé Disney pour désigner les poupées animées
de son attraction phare, « It's a small world after ail», lancée dans la World's Fair de New York en
1964.
367. Ce« VIP lounge» située au 33 de la «Royal Street» fait partie des projets originellement
conçus en 1964-1965 par Disney lors de sa visite de la NY World's Fair alors qu'il travaillait avec
294 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
« It's A Small World After Ali», cette même croisière scénique iconique
des parcs Disney, a régulièrement fait l'objet de tentatives de décryptage.
C'est bien à l'occasion de cette foire de 1964-65 que la PespiCo est allée à la
rencontre de Walt Disney alors qu'elle sponsorisait à l'origine le pavillon
de l'UNICEF. Désireuse de réaliser une attraction qui symboliserait «la
Paix à travers la compréhension», selon les objectifs déterminés par les
organisateurs de la foire, PepsiCo n'offre que 9 mois à Disney pour réaliser
ce qui deviendra l'une de ses attractions les plus iconiques. Les références
au sein des dessins animés de la licence sont abondantes à propos de la
musique enivrante de cette attraction. À la différence de toutes les autres,
cette attraction ne cesse jamais de fonctionner, ses animatroniques pour-
suivent leur danse 24h sur 24, 7 jours sur /'368. Zecharia Sitchin fait-il partie
des acheteurs des dizaines de milliers de tickets vendus pour l'attraction
en question? S'est-il embarqué dans le «Club 33 » fondé par Disney au
décours de la New York World's Fair?
L'ambition de « Tommorowland » («À la poursuite de demain»)
(2015) est particulièrement vaste, sinon sulfureuse, au regard du nombre
incommensurable des «conspirations» centrées sur les œuvres produites
par Disney. Cette ambition se confirme à travers le jeu immersif «The Opti-
mist »organisé par Disney avant la sortie de ce film 369•
Dylan Connolly. La décoration, de style européen et« vintage »ou Art Nouveau selon certains
propos, est raffinée et parachevée par des innovations technologiques qui ne manqueront
pas de surprendre : des micros sont intégrés dans les chandeliers et un animatronique en
forme de vautour perché sur une pendule ancienne est censé divertir les convives par sa
conversation. L'adhésion à ce groupe fermé se faisait sur «invitation» jusqu'à une époque
récente. En 2007 la liste d'attente pour y adhérer était si longue qu'elle a été fermée jusqu'en
2012, puis réouverte. Le coût d'adhésion en 2022 s'élève actuellement à 70000 dollars pour
l'initiation plus une cotisation annuelle de 20000 dollars (informations issues de l'article
« Disneyland's Club 33 apens up waitlist » consulté sur abcl.com, daté du 4 mai 2012).
368. Selon les propos rapportés par Themouselets et repris par le site de divertissement Travel
and Leisure (www.travelandleisure.com). Statistiquement, cela fait de cette musique la plus jouée
du monde dans la mesure où elle est jouée chaque jour toute la journée à raison de 16 heures
consécutives sur les 5 parcs à thèmes possédant cette attraction. Selon les propos de Robert
B. Sherma, collaborateur de Disney, cette musique entêtante n'aurait donc jamais cessé de
retentir sur Terre depuis 1983. Autre fait notable: le bâtiment extérieur est couvert de feuilles
d'or 22 carats, «afin que les dorures ne s'oxydent pas trop rapidement». Sept enfants auraient
été invités à verser de l'eau des «sept mers» (de l'eau prélevé sur leurs lieux de résidence à
travers le monde) afin qu'elle se mêle à l'eau du canal de cette attraction. À titre d'élément
de comparaison pour la conceptualisation de cette «attraction», je constate des analogies
intéressantes concernant ses procédés techniques et mise en scène avec ceux reconstitués des
temples de l'antiquité gréco-romaine: si cette comparaison peu faire sourire les néophytes,
des archéologues et historiens ayant reconstitué des procédés «magiques» des temples
antiques conviendront du sérieux de cette proposition.
369. «The Optimist» (2013) est un jeu immersif de réalité alternative dans lequel le joueur est
invité à enquêter à l'aide d'éléments savants mis en scène pour inspirer la vraisemblance: le
joueur est guidé à travers les indices collectés par le personnage d' Amélia Moreau qui est sur
les traces de son grand-père Carlos Moreau, ancien collaborateur de Disney. Carlos est réputé
avoir appartenu aux «Plus Ultra», l'élite dont il est question dans le film « Tommorowland »
(2015). Carlos est le personnage présenté dans cet univers alternatif comme ayant rencontré
Disney à l'occasion de la World's Fair 1964, et il lui aurait vendu un récit appelé «Orbit's
Story». Les gagnants de cette chasse aux trésors devaient mener l'enquête de manière
NE SURTOUT LAISSER AUCUNE TRACE 295
collaborative pour apprendre toute la vérité sur la société secrète «Plus Ultra» et recevaient
un badge à la fin de leur quête ...
370. Il est intéressant de noter que dans ce film, ce sont également les enfants - extraterrestres
échoués sur Terre - qui sont« persécutés» par les adultes qui tentent de les enfermer dans des
mondes idéalisés dont le vernis trompeur n'est là que pour leur tendre un piège, les rendre
dociles et surtout leur extirper leur savoir, sinon leur innocence.
296 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
AM[IUCAN-ISllA[l
85. Affiche du
pavillon américa-
no-israélien dirigé
par Zecharia
Sitchin durant la
New York World's
Fair 1964-65.
pie a été faite de la déclaration finale originale et il l'a signée sur-le-champ[ ... ]. Ce
document de reconnaissance signé - le seul existant - a ensuite été affiché dans le
pavillon et est resté en ma possession371 • »
Sitchin prétend que la déclaration a été signée «sur-le-champ». Le
document est daté du 14 mai 1948 (date de rédaction) et signé le 27 janvier
1965. Cette date ne correspond pas aux dates d'ouvertures des mois d'avril
à octobre 1964 et avril-octobre 1965 de la World's Fair. Sitchin dit que cette
signature a été apposée lors de leur rencontre à la bibliothèque. Ils' agit cer-
tainement de la bibliothèque Truman qui possédait la déclaration de 1948
non signée. La rencontre entre les deux hommes aura donc probablement
été organisée dans la bibliothèque Truman en janvier 1965. Qui d'autre
qu'un homme aussi influent que Sitchin peut prétendre avoir réalisé un tel
tour de force. Pour rappel, cette bibliothèque fut inaugurée en juillet 1957
selon les rites maçonniques de dédicace. Faut-il préciser que Harry Truman,
Zecharia Sitchin et Robert B. Anderson étaient tous trois francs-maçons?
381. Akten zur Auswiirtigen Politik der Bundesrepublik Deutschland (AAPD), 1%5, Bd. Il, Doku-
ment 173, «Du secrétaire d'État Carstens au Député Birrenbàch, actuellement à Tel-Aviv, le
7 avril 1%5».
382. Wisbauer, «Les relations gennano-israéliennes », op. cit., p. 66 et 70.
NE SURTOUT LAISSER AUCUNE TRACE 301
Isaac Charchat est déjà dans le métier des conteneurs depuis long-
temps et son entreprise, l'United Cargo, existe depuis 1957. Alors pour-
quoi créer une société du même type, surtout avec Robert B. Anderson? Ce
dernier, on le sait, est un faiseur d'or. Jamais il ne se serait impliqué dans
383. Rappel: cette information sur Zecharia Sitchin en qualité d'homme d'affaires dirigeant
un consortium de onze sociétés de commerce international se trouve dans The Courier-gazette
du 24 octobre 1976, p. 11.
384. Selon le Mergent Moody's Transportation Manual, 1975, Moody's Investors Service, 1975,
p.19.
385. New York Times du 16 juin 1987, Section A, p. 1.
302 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
*
* *
387. William Rempel & Gaylord Shaw, «Documents Give Inside Look Into Arms Deals: Seized
Papers, Tapes Tell of U.S. Sting Operation That Uncovered Scheme to Sell Weapons to Iran», Los
Angeles Times du 29novembre1985.
304 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
L'Égypte est liée à la Syrie via l'URA. Nasser se voit reprocher son
inaction. Soucieux de fédérer le monde arabe, il envoie des colonnes ar-
mées dans le Sinaï en exigeant le retrait des troupes de l'ONU présentes
là-bas depuis 1956. Il ne souhaite pas la guerre, se doutant de la supério-
rité en armes des Israéliens. Le 22 mai, Nasser interdit le détroit de Tiran,
qui relie le golfe d' Aqaba la mer Rouge, à la navigation israélienne. Un
porte-conteneurs de l'intercontinental Trailsea Corporation est désormais
dans l'impossibilité de livrer des armes étasuniennes. Le 30 mai, Robert B.
Anderson est envoyé au Caire pour négocier avec Nasser.
Le président Nasser l'informe que l'URA est déterminée à se dé-
fendre contre toute agression «avec tous nos moyens et potentialités». Nas-
ser et Anderson souhaitent trouver la solution d'une sortie de crise. Le
président égyptien semble ouvert à un arbitrage du conflit concernant le
détroit de Tiran par la Cour internationale de Justice. Il entrevoit même la
possibilité d'un assouplissement du blocus qui autoriserait le transport du
pétrole durant la décision de la Cour. Anderson et Nasser se mettent au
point pour la visite du vice-président égyptien à Washington pour la fin de
la semaine en vue d'examiner la possibilité d'un règlement diplomatique 391 •
La réunion de Washington n'aura pas lieu. Israël attaque le 5 juin et
se lance dans une guerre-éclair sans précédent. S'ensuivent la destruction
quasi totale des troupes égyptiennes et syriennes et l'occupation de plu-
sieurs territoires importants. Seul le Sinaï sera restitué à l'Égypte grâce aux
accords de Camp David (1978): les deux tiers en 1979 et la dernière partie
en 1982. Rappelons que cette guerre des Six Jours aura permis à Israël de
s'approprier le plateau de Golan, Jérusalem-Est et une partie de la Cisjor-
danie. La guerre des Six Jours offrira également, comme prise de guerre,
le site de Qumrân (mer Morte) intégré au consortium des 'parcs nationaux
d'Israël. De la même façon, Israël gère depuis juin 1967 le fonds des collec-
tions du Musée archéologique de Palestine à Jérusalem-Est - à savoir tous
les textes de la mer Morte - comme propriétaire de fait. Le musée archéo-
logique de Palestine porte désormais le nom de «Musée Rockefeller» ... Il
est loin le temps où, deux ans auparavant, le pavillon jordanien de la New
York World's Fair exposait des fragments des Rouleaux de la mer Morte.
Un égyptien interviewé dans l'émission française «Zoom», datée
du 13 juin 1967, commente la situation: «Ce n'est pas une guerre raciale, ce
n'est pas une guerre raciste, ce n'est pas une guerre d'expulsion, ce n'est pas une
guerre bâtie sur la haine entre deux races ou entre deux religions ... L'opinion
française est abreuvée quotidiennement et à chaque minute d'allusions, d'insi-
nuations, si ce n'est des attaques très claires et très franches contre la position des
Arabes, pour la position - non pas des juifs, j'insiste - mais des sionistes392• »
391. «Crise du Moyen-Orient du 12 mai au 19 juin 1967», Volume 9, Appendice P, Natio-
nal Security Council Histories, NSF, Box 20, LB/ Presidential Library / Historical Studies Division,
Historical Office, Bureau of Public Affairs - Department of State, Projet de recherche n° 879, jan-
vier 1969, p. 88-89.
392. Bourdon & Wagner, reportage «Israël- Palestine: l'emprise des images», partie 1: «Is-
raël à l'avant-scène», op. cit.
306 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
393. «Archives polonaises des rencontres du 9 novembre 1967 à Moscou des leaders du
bloc soviétique», History and Public Policy Program Digital Archive, KC PZPR, XI A/13, AAN,
Varsovie.
VI
Les principes, la foi, la gloire et l'argent
395. Damon Stetson, «New Cargo Operation Is Initiated On a Hudson Pier for Containers», New
York Times du 14 janvier 1979, p. 42.
LES PRINCIPES, LA FOI, LA GLOIRE ET L'ARGENT 309
estimé à deux milliards de dollars, de quoi éveiller les pulsions les plus
secrètes d' Anderson. Étant suspecté d'évasion fiscale depuis 1981, Moon
avait besoin des services et conseils d' Anderson. Anderson travaillera
donc pour Moon comme lobbyiste et consultant.
Selon le New York Times et les archives judiciaires de 1984, l'Église de
l'Unification versait à Anderson un salaire annuel d'environ 240 000 dol-
lars, payait le loyer de son bureau de la Cinquième Avenue et lui donnait
un petit personnel pour faire fonctionner le Global Economie Action Institute
qui étudiait les questions économiques402 • Anderson avait lancé cette ins-
titution en 1984 à la suite de la conférence mondiale qu'il avait organisée
l'année précédente à Genève, entre les 21et26août1983.
Probablement à raison, le jury américain semblait vouloir s'acharner
sur le révérend Moon qui sera reconnu coupable de ne pas avoir payé envi-
ron 7500 dollars d'impôts sur des revenus d'intérêts. Condamné à 18 mois
de prison, il commencera à purger sa peine en juillet 1984 dans l'établisse-
ment correctionnel fédéral de Danbury403• Robert B. Anderson fera tout son
possible pour le faire sortir, allant jusqu'à rencontrer l'administration de
Donald Reagan, dont le vice-président Bush, dans le but d'amener la Cour
suprême à revoir sa condamnation. Mais Anderson n'était plus du tout
dans les petits souliers du gouvernement américain. À partir du moment
où il va commencer à faire du bruit autour de cette affaire, l'avenir finan-
cier d' Anderson va très vite connaître une chute vertigineuse ...
Robert B. Anderson aura été hospitalisé dix fois pour alcoolisme de-
puis 1981. Notre espion numéro un était très affecté depuis qu'il ne travail-
lait plus pour le gouvernement étasunien. Plus personne ne l'appelait de-
puis le milieu des années 1970, donc depuis l'échec de ses tentatives de né-
gociation avec le Panama. Il devait suivre un traitement pour lutter contre
l'alcoolisme. Sans doute aurait-il eu envie de crier un bon coup et de balan-
cer toute la vérité. Combien de secrets ultra-sensibles cet homme connais-
sait-il? S'il parlait, sa chute et celle de sa famille auraient été instantanées.
Souffrant d'un cancer de l'œsophage, Anderson rentrait à l'hôpital
de New York le 25 juillet 1989. Il décèdera le 14 août à la suite d'une in-
tervention chirurgicale. Il avait 79 ans. Robert B. Anderson fut enterré au
cimetière de Rose Hill à Cleburne, au Texas, sans aucune fanfare. Son asso-
cié, Isaac Charchat, n'était plus là pour lui rendre un dernier hommage,
mais Zecharia Sitchin, avec lequel Anderson était toujours en affaires via
l'intercontinental Trailsea Corporation, put lui rendre le dernier hommage
d'un soldat à un autre soldat.
*
* *
410. Matthieu Auzanneau «La guerre d'Irak était bien une guerre du pétrole (cette fois, c'est
prouvé!)», Le Monde du 14 juin 2011.
LES PRINCIPES, LA FOI, LA GLOIRE ET L'ARGENT 317
systématique sur le livre lorsqu'il était venu aux États-Unis 15 ans plus
tôt»). L'interview date de 1976, or 1976 -15 = 1961. Dès le départ, Zecharia
Sitchin ne souhaitait pas être associé à la World's Fair de 1964-65, probable-
ment l'une de ses sources d'inspiration initiales pour le commencement
de ses travaux. Il ne souhaitait pas non plus que l'année 1952-la véritable
date de sa venue aux États-Unis - fût connue, étant donné qu'elle corres-
pondait à l'envoi d'agents d'opération du Mossad de la division Tsomet,
spécialement mandatés en Occident pour occuper des postes officiels ou
clandestins. Nous avons indiqué plus haut que les agents envoyés entre
1951et1952 à New York et à Washington avaient pour tâche d'infiltrer les
missions diplomatiques de l'ONU ou de s'intégrer au système de l'écono-
mie et du commerce. C'est parfaitement le rôle octroyé à Zecharia Sitchin
lors de son arrivée à New York en 1952.
*
* *
89-90. Personnage ayant une forte ressemblance avec Zecharia Sitchin dans un film anonyme
visible sur Internet montrant des hauts gradés francs-maçons.
413. «Cosmic Disclosure» (saison 3, épisode 6), diffusé en février 2016: www.gaia.com/video/
inner-earth-library
414. David Icke, Revelations of a Mother Goddess - lllustrated screenplay, New Science Ideas,
2005, p. 41.
LES PRINCIPES, LA FOI, LA GLOIRE ET L'ARGENT 321
porte. Une fois arrivée au niveau en question, l'étage s'est avéré être par-
ticulièrement luxueux avec des bureaux qui devaient selon elle avoisiner
les 35 000 dollars de loyer mensuel. Linda Moulton Howe semble avoir
vu juste puisque nous avons précédemment mentionné que le loyer du
1, Rockefeller Plaza d' Anderson avait été estimé en 1987 à 21000 dollars
par mois par le New York Times.
L. Moulton Howe est entrée dans le bureau où se trouvait une secré-
taire assise derrière une vitre comportant une ouverture pour parler. Après
s'être présentée, elle a été dirigée dans le bureau de Sitchin qui dévoilait
une vue magnifique sur New York - à tomber par terre, précisera-t-elle.
Elle s'est ainsi demandée comment Sitchin pouvait se payer un tel bureau.
Alors qu'elle commençait à l'interviewer, ses premières questions ont tour-
né autour du bureau et du fait de savoir si Sitchin avait travaillé pour le
gouvernement américain. L'ayant longuement observée sans parler, il lui
fera alors la remarque selon laquelle une telle question ne devait pas être
posée415 •
Depuis quelque temps déjà, certains se posent la question de savoir
si Sitchin aurait été financé par la Fondation Rockefeller. Si c'est le cas,
pour quel programme? Sans exagérer, on pourrait envisager d'attribuer
à Zecharia Sitchin le titre de «prophète» de la pensée des Rockefeller.
Ces derniers pratiquent toujours l'influence idéologique à des fins straté-
giques, politiques et économiques, et leur investissement par le passé dans
le domaine des fouilles archéologiques ne semble pas anodin. Ce sont les
fonds de John D. Rockefeller Jr. et de l'université de Chicago qui permirent
la mise en place de l'Institut oriental de Chicago en 1919. Cet investisse-
ment «philanthropique» était, comme bien d'autres avant et après lui, un
investissement à long terme ... Des expéditions et des fouilles furent ainsi
financées par cet Institut oriental et John D. Rockefeller Jr. en Égypte, en
Irak, en Syrie et en Palestine. Le choix des artefacts archéologiques pas-
sait alors par plusieurs critères de sélection subjectifs, liés au contexte de
l'époque, comme leur implication dans la chronologie biblique, à savoir
que le monde avait été créé il y a environ 4000 ans. Certaines pièces sont
encore délibérément cachées au public en raison de leur incompatibilité
avec ce type d'exigence.
415. «Planet Nine, Climate Change, ans Strange Fog & Beings », Interview de Linda Moulton
Howe lors de !'émission américaine «Coast to Coast» du 25 octobre 2018.
322 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
91. Portrait de
Zecharia Sitchin
à la fin de sa vie.
Reconstitution
du visage basée
sur des photos
existantes.
© Hanael Parks
Cela fait au moins dix ans que j'attends patiemment qu'un auteur ou
un spécialiste du sumériens' attèle à ce type de débunkage. Ne voyant rien
venir, j'ai pris plusieurs semaines sur mon si précieux temps de recherche
pour réaliser ce qui aurait dû être fait depuis déjà longtemps. Je profite
de cet espace pour saluer au passage les efforts effectués par quelques
auteurs et chercheurs responsables de plusieurs découvertes concernant
Sitchin et sa thèse : Immanuel Freedman, le Dr Michael S. Heiser et Frank
Dornenburg.
Je m'intéresse au sumérien depuis l'année 2000 et je traduis cette
langue morte depuis 2005-2006. Étant un auteur indépendant, donc nulle-
ment rattaché à un institut de recherche ou une université, je peux donc me
consacrer à cette tâche en toute liberté.
Ce n'est pas l'auteur des Chroniques du Gfrkù qui se lance dans ce
travail. Mes Chroniques sont des récits basés sur des expériences person-
nelles. Ils' agit d'histoires que je considère comme véritables, rédigées sous
forme de «romans», mais pour lesquelles je ne peux apporter le même
crédit que pour mes essais. C'est plutôt l'auteur d'ouvrages de recherche et
traducteur de la langue sumérienne qui parle ici. Je travaille sur différents
langages et sur la mythologie en général, mais ma spécialité affichée de-
puis ma première publication (2005) est l'Orient ancien, plus précisément
la Mésopotamie et l'Égypte ancienne.
Mer Noire
Délimitation
du
croissant fertile
0
330 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
416. Interview d'Alain Cirou par Julien Arnaud lors du journal télévisé de LCI du 14 octobre
2010.
LES PREUVES DU MYTHE INVENTÉ PAR ZECHARIA SITCHIN... 331
1. Sceau VA 243
du Vorderasia-
tisches Museum
de Berlin à partir
duquel Sitchin a
inventé sa thèse
sur Nibiru.
417. Cf. en langue française, La 12ème Planète de Zecharia Sitchin, Saint-Zénon (Québec), Édi-
tions Louise Courteau, 2000.
418. Anton Moortgat, Vorderasiatische Rollsiegel: Ein Beitrag zur Geschichte des Steinschneide-
kunst, Berlin, Verlag Gebr. Mann, 1940.
LES PREUVES DU MYTHE INVENTÉ PAR ZECHARIA SITCHIN... 333
« lt's
clear to me that Zecharia Sitchin was confused by earlier translations420• »
moi clair que Zecharia Sitchin s'est embrouillé [ou 'perdu' (was
( « Il est pour
confused)] à la faveur de traductions antérieures.»)
Toute la thèse de Sitchin repose sur cette notion d'une planète er-
rante du Système Solaire, dont l'orbite fortement elliptique autour du so-
leil posséderait selon lui une période de 3600 années terrestres. En termes
clairs, cela veut dire que ce chiffre correspondrait au temps que mettrait
cycliquement cette hypothétique planète à rejoindre la Terre.
Aucun des textes précédemment évoqués (l'Enûma Elis et les ta-
blettes astronomiques MUL.APIN) ne fait le lien entre nombre 3600 et le
mot Nibiru. Alors pourquoi Zecharia Sitchin évoque-t-il ce nombre en l'as-
sociant au prétendu cycle de sa mystérieuse planète?
« While such an orbital period cannot be ruled out, the Mesopotamian and bibli-
cal sources present strong evidence that the orbital period of the Twelfth Planet
is 3,600 years. The number 3,600 was written in Sumerian as a large circle. The
epithet for the planet - shar ('supreme ruler') also meant 'a perfect circle,' a 'com-
pleted cycle.' It also meant the number 3,600. And the identity of the three terms
- planet/orbit/3,600 - could not be a mere coincidence422. [... ] Ten rulers reigned
a total of 120 shar's (432,000 years), and the reign of each one of them was also
measured in the 3,600-year shar units423 • [ ••• ]
When kingship was lowered from Heaven,
kingship was first in Eridu.
In Eridu,
A.LU.LIM became king; he ruled 28,800 years.
A.LAL.GAR ruled 36,000 years.
Two kings ruled it 64,800 years424• »
(«Bien qu'une telle période orbitale ne puisse être ignorée, en fait les
sources mésopotamiennes et bibliques présentent de fortes preuves pour
que la période orbitale de la Douzième Planète soit de 3600 ans. Le nombre
3600 était écrit en mésopotamien comme un grand cercle. L'épithète pour
planète - Sar ('souverain suprême')- signifiait également 'un cercle parfait',
'un cercle complet', et aussi le nombre 3600. Ainsi, l'identité des trois termes
- planète/orbite/3600 - ne peut pas être qu'une simple comcidence [... ].
Dix souverains régnèrent pendant un total de 120 Sar (432000 années), et le
règne de chacun d'eux était aussi mesuré en unité de 3600 années-Sar[ ... ].
Lorsque du Ciel la royauté fut descendue,
C'est à Eridou que la royauté s'installa.
A Eridou,
A.LU.LIM devint roi, il régna 28800 ans.
A.LAL.GAR régna 36000 ans.
Deux rois y régnèrent pendant 64 800 ans. »)
«The striking fact about the fantastic lengths of these rules is that, without excep-
tion, they are multiples of 3,600: »
(«Le fait étonnant de ces règnes d'une durée fantastique c'est que ce sont
sans exception des multiples de 3600 : »)
Ce qu'il ne précise pas non plus, c'est que le Sar est une unité de me-
sure de surface fréquemment utilisée par les Mésopotamiens, laquelle ap-
partient au système sexagésimal sumérien. Le Sar (Saru en akkadien) s'ins-
crit dans l'argile par l'intermédiaire du signe archaïque qu'est le cercle: O.
Sa définition équivaut à «totalité», «ensemble du monde», «tout», «nom-
breux», «innombrable». Les assyriologues traduisent souvent le Sar par
«myriade».
( « Zecharia Sitchin a
grandi en Palestine, où il a acquis une connaissance pro-
fonde de l'hébreu moderne et ancien, d'autres langues sémitiques et euro-
péennes, l'Ancien Testament et l'histoire et l'archéologie du Proche-Orient
[ ... ]. »)
gation spécialisé dans l' ufologie, nous donne quelques informations com-
plémentaires430 :
« Sitchin was a very private man who didn 't talk much about his persona[ back-
ground. [... ] However, having known him for many years, 1 was able to get a few
extra details about his life. He was born in Baku, the capital of Azerbaijan (now an
independent country, then a Soviet republic) in ]uly 1920. His parents emigrated
to British-controlled Palestine in the 1920s and he participated as a young man in
some archaeological digs in that rich area fu.ll of antiquities. He attended university
in En gland, studying at the prestigious London School of Economies and Political
Science, and graduated from the University of London with a major in economic
history in the late 1930s. He served during World War II at the Allied Command in
]erusalem and worked as a journalist and editor in the newly created state of Israel
for several years. He settled eventually in New York, where he worked in business
and continued his historical research on his spare time. »
« After his studies at the London School of Economies, he worked for many years as
a leàding journalist in Israel [... ]. »
431. La page anglaise de l'auteur Frank Domenburg concernant Sitchin = http:/ /pyramid-
mysteries.com / ?top=pyr_e&page=sitchin_e
432. La page allemande del' auteur Frank Domenburg et de son étude sur le CV de Zecharia
Sitchin = www.pyramidengeheimnisse.de/ ?top=pyr&page=sitchin
342 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
Depuis la fin des années 1970, alors que magazines spécialisés dans
«l'étrange» et ouvrages ésotériques continuent aveuglément d'entretenir
la thèse de Zecharia Sitchin, théorie selon laquelle Nibiru serait la planète
originelle des Anunnaki, plusieurs voix n'ont cessé de demander à Sitchin
la référence des tablettes d'argile où Nibiru serait clairement mentionnée
en tant que demeure des «divinités» mésopotamiennes. Lui furent égale-
ment réclamées les références comportant la mention d'un besoin d'or des
dieux sumériens afin de restaurer l'atmosphère d'une quelconque planète
433. Cf.= http:/ /www.sitchiniswrong.com/letter/letter.htm
LES PREUVES DU MYTHE INVENTÉ PAR ZECHARIA SITCHIN... 343
en perdition ... Aucune réponse n'a jamais pu être apportée étant donné
que ces textes n'existent tout simplement pas. La mythologie mésopota-
mienne est disponible dans divers ouvrages spécialisés. Ce genre de docu-
ments est consultable dans les meilleures bibliothèques des plus grandes
villes du monde. Chacun de nous peut le vérifier par lui-même ... Les
Sumériens et Akkadiens n'ont jamais rien écrit de ce genre: il s'agit d'un
mythe inventé de toutes pièces!
Jean Sider, auteur français de plusieurs ouvrages sur les ovnis et les
anciens dieux, évoque ce problème de transparence à propos des sources
de Zecharia Sitchin dans un dossier daté de 2006, intitulé «Les dieux créa-
teurs» : « [Zecharia Sitchin] cite rarement ses sources avec précision. Il ne cite
aucune référence directe, et se contente de publier une impressionnante liste biblio-
graphique en fin de chacun de ses livres, mais il est impossible de vérifier ses allé-
gations dans de pareilles conditions[ ... ]. Nous l'avons contacté par lettre en juillet
2003 pour qu'il nous précise sa source, mais nous n'avons jamais été honorés
d'une répons,;'34 [ ••• ]. »
De son côté, mon ami Gerry Zeitlin, ingénieur en énergie et astro-
physicien décédé en 2014, rapporte lui aussi le manque de transparence de
Zecharia Sitchin lors d'une de ses conférences:
« Zecharia Sitchin attribua, tout au long de ses livres et de ses discours publics,
la longévité remarquable des Anunnaki à leur demeure, la planète Nibiru, dont la
période orbitale est de 3600 années terrestres (selon ses dires). Ceci, dit-il, signifie
que chaque année de la vie d'un dieu Anunnaki équivaut à 3600 ans de vie humaine
sur Terre.
Que personne ne conteste Sitchin sur cette folle idée est un hommage à la qualité
cultuelle de ses partisans. Cependant, cela fut contesté une fois -par moi, lors d'une
apparition publique dans la région de la Baie [de San Francisco]. Je lui ai simple-
ment demandé comment il pouvait justifier l'affirmation selon laquelle la longévité
et le vieillissement seraient liés à la longueur de l'année d'une planète?
Je n'oublierai pas facilement ce sourire arrogant. Vous avez si je puis dire dans cet
échange la quintessence de la logique sitchinienne et d'un raisonnement méthodo-
logique435. »
434. Les Archives du Savoir Perdu, n° 5, janvier-février 2006. Il est bien dommage que Zecharia
Sitchin ne soit pas plus précis à propos de la documentation qu'il utilise, car cela ne fait que
rendre certaines parties de ses travaux plus douteuses.
435. Page originellement disponible sur le site de Gerry Zeitlin (zeitlin.net), désormais visible
sur= https: / / www.antonparks.net/ neb-heru-the-moming-star?fbclid=lw AR23qaCehWjf-2t
o4RR-JONH9deJf61DanSgzlafjf5BDicE5iZf_VlbAAw
344 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
«Avec Zecharia Sitchin, écrivain d'origine russe décédé en 2010 à l'âge de 90 ans,
on quitte les rivages de la science pour arriver dans le grand n'importe quoi. En
s'appuyant sur les tablettes cunéiformes de l'époque sumérienne - qu'il prétend
avoir traduites - Sitchin affirme que l'humanité aurait été créée par une race extra-
terrestre, les Anunnaki, révérés comme des dieux par les Sumériens.
Dans la cosmogonie de Zecharia Sitchin, la Terre a été formée par la collision de
deux planètes, Tiamat et de Nibiru. Tiamat a été détruite, mais Nibiru, manifes-
tement plus résistante, continue à rôder dans notre système solaire et revient tous
les 3600 ans pour, à l'instar de Némésis, déclencher de terribles cataclysmes. Dans
l'espèce de syncrétisme loufoque qui caractérise les théories apocalyptiques, c'est
d'ailleurs Nibiru qui, en 2012, aurait dû provoquer la fin du monde annoncée par
les Mayas.
Mais ce n'est sans doute que partie remise. Nibiru est si présente dans la culture
populaire qu'on ne compte plus, sur Internet, les photos et les vidéos de cette pla-
nète fantôme repérée par des prophètes à la petite semaine. Tous les sites et les blogs
consacrés à la menace Nibiru font leur 'une' sur l'annonce de la découverte de la
planète X sur l'air de 'on vous l'avait bien dit'436 [ ••• ]. »
«But there does exist an ancient chronicle dealing with an earlier landing in dra-
matic circumstances: when the deposed ruler of Nibiru escaped to Earth in his spa-
cecraft437 ! »
«The information is contained in a text whose Hittite version has been titled by
scholars Kingship in Heaven. 1t throws light on life at the royal court of Nibiru and
tells a tale of betrayal and usurpation worthy of a Shakespearean plot438 • »
(«L'information est contenue dans un texte dont la version hittite a été inti-
tulée par les savants 'La royauté du Ciel'. Il éclaire la vie à la cour royale
de Nibiru et raconte une histoire de trahison et d'usurpation digne d'un
complot shakespearien.»)
437. Zecharia Sitchin, The wars of the Gods and Men, New York, Avon Books, 1985, p. 83.
438. Ibidem, p. 83.
346 LES AGENTS DEL' APOCALYPSE
«The mutiny, and the events that had led to it and followed it, are Jully described
in a text called by scholars The Atra-Hasis Epics[ ... ]. The text informs us that after
Anu had gone back to Nibiru and Earth was divided between Enlil and Enki, the
Anunnaki toiled in the mines of the Abzu for 'forty counted periods' -forty orbits
of their planet, or 144,000 Earth-years439• »
(«La mutinerie, ainsi que les événements qui y avaient conduit et qui la sui-
virent, sont entièrement décrits dans un texte appelé par les savants 'L' épo-
pée d' Atra-Hasis' [... ].Le texte nous informe qu'après qu'Anu soit retourné
sur Nibiru et que la Terre ait été divisée entre Enlil et Enki, les Anunnaki
peinèrent dans les mines del' Abzu pendant' quarante périodes comptées' -
quarante orbites de leur planète, soit 144000 années terrestres.»)
L'épopée d' Atra-Hasis n'évoque pas une seule fois le mot Nibiru,
sinon, les assyriologues auraient parlé de ce terme bien avant Zecharia
Sitchin. Il s'agit une fois encore de subjuguer l'esprit des lecteurs pour leur
faire rentrer dans la tête des choses qui ne sont que dans celle de leur auteur.
« It was knowledge, the Sumerians asserted, that was given them by the Anunnaki
('Those Who from Heaven to Earth Came') who had corne to Earth from their pla-
net, Nibiru. Nibiru, they said, was the twelfth member of the Solar System 440 [ ••• ]. »
(«C'était la connaissance, affirmaient les Sumériens, qui leur avait été don-
née par les Anunnaki ('Ceux qui du ciel sur la Terre sont venus') qui étaient
venus sur Terre depuis leur planète, Nibiru. Nibiru, disaient-ils, était le
douzième membre du système solaire[ ... ].»)
«Sorne time early in the fourth millennium b.c., according to Sumerian texts, the
ruler of Nibiru, Anu, and his spouse An tu paid a visit to Earth441 • »
(«Au début du quatrième millénaire avant J. C., selon les textes sumériens,
le souverain de Nibiru, Anu, et son épouse Antu ont effectué une visite sur
Terre.»)
«The evidence at hand, we believe, indicates that the Near Eastern tales and beliefs,
including knowledge of the story of Nibiru and the Anunnaki who had corne from
there to Earth442 ... etc.»
(«Selon nous, les preuves disponibles indiquent que les contes et les
croyances du Proche-Orient, y compris la connaissance de l'histoire de Ni-
biru et des Anunnaki qui étaient venus de là sur Terre ... etc. »)
«On Nibiru, nature and technological usages had combined to thin out and damage
the planet's atmosphere, an atmosphere needed not only for breathing but that also
had acted to envelop the planet into a greenhouse, preventing its inner-generated
heat from dissipating. And only by suspending gold particles high above Nibiru,
its scientists concluded, could Nibiru be saved from becoming a frozen and lifeless
globe443• »
«The tale relates how Anu, the ruler of Nibiru, returned to that planet from a visit
to Earth after arranging a division of powers and terri tories on Earth between his
feuding sons 444 [ ... ]. »
Cette histoire n'existe nulle part sauf ici. Les textes sur argile ne
mentionnent pas une seule fois que le dieu suprême An proviendrait de
Nibiru ...
« Thereexisted as part of the secret knowledge kept in temples God Lists, in which
the Anunnaki 'gods' were listed in genealogical/generational succession. Sorne such
discovered lists named no fewer than twenty-three Divine Couples who were the
precursors of Anu (and thus of Enlil and Enki) on Nibiru 445 . »
C'est toujours le même procédé qui est utilisé chez Sitchin : aucune
liste royale ou généalogique des dieux Anunnaki ne parle de Nibiru !
«The Sumerian texts inform us, first ofall, that the 'seed of life' -the genetic alpha-
bet-was imparted to Earth by Nibiru during the Celestial Battle, some four billion
years ago446 • »
(«Les textes sumériens nous informent avant toute chose que la 'semence
de vie' -1' alphabet génétique - a été transmise à la Terre par Nibiru lors de
la bataille céleste, il y a environ quatre milliards d'années.»)
qui en est fait dans l'annexe. Quoi qu'il en soit, je ne doute pas que Zecha-
ria Sitchin ait consulté cet ouvrage.
S'il est reproché à Sitchin d'être trop libre dans son interprétation de
textes qui relèvent plus de la mythologie comparée que de l'investigation
linguistique, il reste qu'il n'en demeure pas moins l'initiateur d'un certain
mouvement de libération. Avant Sitchin, l'analyse des textes «sacrés» était
réservée à des élites, des cercles secrets, des clercs et autres initiés. Ce type
d'interprétation est désormais accessible aux autodidactes. Bien que cette
«théorie de Nibiru » propre à Sitchin soit sujette à vive controverse, il n'est
pas possible de réduire la démarche de notre agent secret à une entreprise
préméditée de fumisterie relevant des travaux d'un faussaire. Zecharia
Sitchin est l'homme qui a par son réseau et ses récits rendu possible la
diffusion dans le monde entier d'idées jalousement détenues par des élites
intellectuelles.
Pour cela, en espion qu'il était - pas encore en activité-, Sitchin
se mit vraisemblablement en quête d'un message crypté, un signe ou un
indice qui lui permettrait de concevoir un système de pensée novateur : le
culte d'anciens dieux extra-terrestre par le biais des textes de l'ancienne
Mésopotamie. Zecharia Sitchin pouvait piocher dans cette iconographie
et dans l' «esprit du siècle» très présent chez ses contemporains : une laï-
cisation profonde de la société du fait de religions en déficit de crédit, et
la perte de confiance en la science suite au développement d'armes qui
attisaient plus les guerres qu'elles n'apportaient la paix ... L'ensemble de
ces phénomènes sociaux contribuent au manque de Sens et à un désir de
retrouver une figure messianique et une explication universaliste qui en-
globerait toutes les problématiques : qui sommes-nous, d'où venons-nous,
où allons-nous? C'est ainsi dans les méandres de la fabrique de l'Histoire
que se créent les Agents de l' Apocalypse! Au regard de sa foi, Sitchin de-
vait également être entouré de coreligionnaires hébraïques attendant la
«venue du Messie». Le concept de «compte à rebours» lié au retour des
Anunnaki sur la Terre correspond assez bien à l'idée de l'imminence d'un
messie dans le contexte hébraïque.
actions sous la menace de révéler cette première faute, le plus souvent tota-
lement orchestrée par la hiérarchie qui a tendu le piège. Plus complexes,
des projets hypothétiques tels que « COINTELPRO » ouvrent des perspec-
tives abyssales comme livrer des demi-vérités pour mieux les discréditer.
Ainsi, des projets militaires en lien avec des aptitudes «extra sensorielles»
de l'être humain auraient sciemment été sabotés afin de discréditer le sujet
et de «couvrir» de véritables découvertes réalisées par l'armée au cours de
ces expériences ... Ce procédé porte un nom : c'est le gaslighting ou détour-
nement cognitif.
447. Paul Weindling, «The Rockefeller Foundation and German Biomedical Sciences, 1920-40: from
Educational Philanthropy to International Science Policy »,in Nicolaas A. Rupke (ss. la direct0 de),
Science, Politics and the Public Good: Essays in Honour of Margaret Gowing, Londres, Palgrave
Macmillan, 1988.
448. Alain Drouard, «Un cas d'eugénisme 'démocratique'», Revue La Recherche, n° 287,
1996.
449. «La syphilis inoculée à des cobayes au Guatemala : procès en vue aux États-Unis», RFI
du 5 janvier 2019.
LES PREUVES DU MYTHE INVENTÉ PAR ZECHARIA SITCHIN... 353
Dans une interview, Zecharia Sitchin insiste sur le fait que la des-
tinée est influencée par le libre arbitre : ce que nous pensons nous aide à
nous défaire de l'apparente fatalité d'événements qui s'enchaînent. C'est
justement ce point particulier que tient à maîtriser la fondation Rockefeller,
à savoir« ce que nous pensons». Dans cette même interview, Sitchin insiste
sur l'importance de la question de la survivance énergétique des Anunnaki
en répondant à la question pertinente d'un auditeur, «Comment survivent
les Anunnaki sans le Soleil lorsque leur planète se trouve hors de portée?»
C'est bien là l'une des problématiques qui font l'essence même de l'in-
croyable saga de la famille Rockefeller : l'énergie, le monopole du pétrole
et à présent le monopole des énergies vertes. Aussi, dans une interview
qu'il donna au sujet de son livre La fin des temps, en 2009 au cours d'un
échange avec Guido Hoogenboom (« Conscious Life Expo 2009 »), Sitchin ex-
plique à son interviewer que les effets du retour des dieux sur leur planète
Nibiru seraient notamment climatiques. Encore une fois, c'est bien le cli-
mat et son «dérèglement» sur lesquels se focalisent les entreprises Rocke-
feller. Les thèmes convergent une fois encore : une mouvance idéologique
à laquelle Sitchin a vraisemblablement été formé par la famille Rockefeller
semble à l'origine de ses ouvrages. La question n'est plus de savoir si ce
qu'il dit est juste ou correct au regard de ses «très libres» traductions du
sumérien dont nous avons largement examiné le contenu, mais plutôt de
savoir pourquoi et dans quel but Sitchin a tenu de tels propos ...
La question du but est essentielle. Revenons-en au sujet des Roc-
kefeller et de leurs divers domaines «philanthropiques»; notons à ce su-
jet les propos relevés dans le mémoire «La fondation Rockefeller & les
100 villes résilientes » : «Véritable galaxie tentaculaire à travers le monde, les
Rockefeller s'associent à d'autres fondations et Instituts les plus prestigieux au
gré des projets : la Clinton Global initiative, la Fondation Gates (FBMG), BRAC,
ACUMEN, pour ne citer que celles-ci, en vue de créer des synergies jusqu'au
plus obscur d'entre elles comme l'Institut TAVISTOCK, travaillant sur les mani-
pulations mentales455 • » Les Rockefeller auraient notamment le contrôle du
très confidentiel TIHR, le Tavistock Institute for Human Relations («Institut
Tavistock des Relations Humaines 456 ») par le biais de financements 457 • On
FA
- Fondation Rockefeller - 1
(Travaux en matière de stratégie et de guerre psychologique . . . . . . . .
'°"',,~pie'"' CIA) ~
d'abord comme une annexe[ ... ] plus tard [... ]elle a été intégrée dans !'Agence Nationale de Santé
(National Health Service) [... ] Un autre facteur important a été le soutien financier généreusement
accordé par la fondation Rockefeller, qui s'est maintenu tout au long des 11 premières année de la vie
de l'Institut. [... ]Mais nous n'aurions pas pu survivre sans le soutien des subventions Rockefeller»,
in «La psychanalyse à !'écoute du social» (ss. la direct0 de G. Amado et <l'E. Enriquez), Revue
internationale de Psychosociologie, p. 8, 10 et 17. Ce document met en évidence à quel point cette
structure est dépendante du financement des Rockefeller.
356 LES AGENTS DE L'APOCALYPSE
kefeller selon Jim Keith, qui rapporte à ce sujet, dans Mind Control, World
Control - The encyclopedia of Mind Control, cité par Alexandre Lebreton dans
MK - Abus Rituels et Contrôle Mental, que : «Les déclarations d'un chroniqueur
officiel du groupe Tavistock aurait été les suivantes : La Fondation Rockefeller,
avant de nous subventionner, avait besoin d'être rassurée, pas seulement à propos
de notre politique ... mais aussi pour les personnes qui y travaillent. L'ingérence
est patente, enracinée et les projets affichés par la TIRH ne font aucun doute sur
l'étendue de leurs actions: travaux sur la psychiatrie, mise en place d'institutions
militaires chargées d'œuvrer concrètement à la mise en œuvre des politiques psy-
chiatriques préconisées, innovation et création de communautés thérapeutiques458
[... ].»Récapitulant l'ambition des groupements financés par les Rockefel-
ler, Alexandre Lebreton nous la présente de manière assez lapidaire : «Ces
maîtres marionnettistes de la finance et de la politique ont utilisé la pop culture
pour manipuler le développement social459• »
L'influence des lobbies et des think tanks s'est fait sentir dès l'an-
née 1968, date d'émergence de théories New-Age, mais surtout de la dif-
fusion de paradigmes novateurs. Sitchin a vécu pleinement cette époque
étonnante. Rien de surprenant à ce que, animé par l'esprit de son temps,
Sitchin ait transposé «l'archétype du savant fou» - émaillant le monde de
la science-fiction - sur les Chaldéens, héritiers des Mésopotamiens dont la
civilisation commençait alors à peine à être révélée au public par le biais
de publications vulgarisées. En cela, Zecharia Sitchin ressemble étrange-
ment à une sorte de Magicien d'Oz, un homme qui se serait retrouvé aux
commandes d'un projet aux implications surpassant de loin ses propres
ambitions et compétences, progressivement livré à lui-même par ceux qui
avaient initialement commandité son œuvre ...
458. «a/ L'invention de la 'commande psychiatrique' comme rôle médico-social conduisant à la consta-
tation et à la reconnaissance des problèmes dans le domaine des relations humaines et de leur gestion."
b/ L'invention de la 'psychiatrie sociale' comme une science politique permettant d'intervenir pour la
prévention des problèmes à grande échelle.
cf La mise en place de toute une série d'institutions militaires qui mettront en œuvre concrètement les
politiques préconisées.
d/ L'invention de nouveaux types de communautés thérapeutiques.
e/ L'invention de la 'psychiatrie culturelle'» in Alexandre Lebreton, MK - Abus Rituels & Contrôle
Mental, Dublin, Omnia Veritas Ltd, 2016, p. 30, reprenant l'énoncé présenté par Jim Keith
dans Mind Control, World Control - The Encyclopedia of Mind Control, Kempton (Illinois), Ad-
ventures Unlimited Press, 1997.
459. Lebreton, MK - Abus rituels & Contrôle mental, op. cit., p. 32.
II
Annexe
Famille Rothschild :
Journaux et médias :
L'affaire JFK:
Reportages :