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ISBN: 978-2-36549-452-6
ISBN ebook: 978-2-36549-453-3
Dépôt légal: 3e trimestre 2020
INTRODUCTION
Je tiens à remercier Sophie Rolland, mon 2e cerveau et mon bras droit, sans qui le présent ouvrage n’aurait sans doute pas pu voir le jour, tant le travail fut
colossal. Je souhaite «définitivement» que cette première collaboration-bombe se perpétue dans le temps. Juste au cas… mieux vaut attacher ta tuque avec d’la
broche!:-)
Sophie Rolland est directrice clinique de la Clinique Reversa. En tant que neuroscientifique, elle est passionnée de sciences.
Elle est titulaire d’une maîtrise en neurosciences de la faculté de médecine de l’Université de Montréal et d’une certification de l’American Nutrition Association
sur les fondements de l’alimentation cétogène. Elle termine actuellement un microprogramme de troisième cycle en gestion de la douleur chronique. Elle est
également la fière maman de quatre enfants. Sa famille a adopté l’alimentation cétogène en 2018, ce qui a amélioré de façon notable son anxiété chronique et le
trouble du déficit de l’attention (TDAH) de ses trois garçons.
PRÉFACE
J e n’ai rencontré Èvelyne qu’une seule fois, brièvement, lors d’une conférence sur l’alimentation faible en glucides aux États-Unis. Et pourtant, j’ai
pleuré avec elle des larmes de tristesse et des larmes de joie. Nous étions tous les deux submergés par l’émotion, car nous ressentions cette même
frustration face à un système qui tentait de nous empêcher de faire ce que nous croyions être le mieux pour nos patients et notre collectivité.
En tant que médecins, nous devons offrir à nos malades des soins médicaux à la pointe des connaissances, mais également être des enseignants et des défenseurs
passionnés de la santé publique. Nous ne nous attendions pas à être punis pour de telles activités. Malheureusement, aller à l’encontre du paradigme culturel qui
prévaut actuellement en médecine peut mettre en péril notre droit de pratique.
Par un concours de circonstances étranges, Èvelyne s’est retrouvée sur le «pas de ma porte» virtuelle en 2017. Elle dispensait des soins de santé préventive qui
allaient à l’encontre des recommandations officielles «non scientifiques» en matière de nutrition. Des nutritionnistes venaient de déposer une plainte contre elle
au Collège des médecins du Québec, comme l’avaient fait avant eux d’autres nutritionnistes ailleurs dans le monde, envers d’autres médecins, dont je fus. Sous
surveillance, elle préparait sa défense.
Mon expérience similaire en Australie m’a permis de la soutenir dans cette épreuve alors que sa licence médicale était en jeu. Nous avons discuté par Skype et
échangé plusieurs courriels. Heureusement, le Collège a décrété qu’elle pouvait continuer à exercer la médecine et à dispenser ses conseils nutritionnels. Je me
souviens encore de notre joie commune lorsqu’elle m’a annoncé la bonne nouvelle.
Les professionnels de santé qui proposent l’alimentation faible en glucides et riche en bons gras (LCHF a/cétogène) à leurs patients ont subi, et subissent encore,
beaucoup de pression de la part de l’industrie agroalimentaire et de ses affidés. En effet, ces compagnies qui vendent de la «nourriture» dans des boîtes en carton
ou des sacs en plastique voient leurs profits diminuer et réalisent qu’avec de tels conseils nutritionnels, leur part de marché risque de se réduire. Lorsque l’on sait
que ces industries contribuent à l’élaboration des recommandations en matière de nutrition partout dans le monde, et ce depuis des décennies, on peut
comprendre qu’ils défendent ardemment leur territoire.
Èvelyne, moi-même et plusieurs autres médecins, nous sommes retrouvés pris au milieu de ces tirs croisés. Mais grâce à Internet, nous avons pu nous trouver et
fonder une communauté sans cesse grandissante de personnes et professionnels de la santé’’ qui reconnaissent les bienfaits de l’alimentation faible en glucides. Et
lorsque l’on voit ces bienfaits, on ne peut pas les ignorer. Voilà, en résumé, le «crime» que nous avons commis.
Mon cœur s’emballe lorsque j’entends mon propre message dans une autre langue tout en sachant que notre communauté LCHF s’étend maintenant à travers le
monde. Ma plus grande joie, en médecine, est que mon enseignement rayonne bien au-delà de mes propres frontières.
Nous voulons tous trouver le chemin qui nous mène vers la santé, ce livre vous aidera à y parvenir.
Dr Gary Fettke
Chirurgien orthopédique, M.B., B.S. (University NSW),
F.R.A.C.S. (chirurgie orthopédique), F.A.Orth.A.
Tasmanie, Australie.
a. LCHF est l’acronyme de Low Carb High Fat: alimentation faible en glucides, riche en gras.
INTRODUCTION
J e suis devenue médecin de famille en 2015, à l’âge de 37 ans. À cette époque, je croyais bien naïvement pouvoir enfin aider les gens à retrouver et à
conserver la santé, et que j’allais faire une différence dans leur vie. Je pensais que c’était ce que faisaient les médecins. J’allais être amèrement
déçue.
J’ai commencé à pratiquer la médecine, au sein de la Coopérative de solidarité santéa de Contrecœur, au Québec, qui est une clinique médicale à but non lucratif.
J’étais enceinte de mon deuxième enfant et complètement épuisée par les neuf années de faculté de médecine et de résidence en médecine familiale. Je me
demandais chaque jour comment j’allais être capable de me connecter avec l’humain qui était assis devant moi et qui me demandait de l’aide. Il me semblait que
je n’avais plus rien à donner, ni empathie ni bienveillance…
Les études de médecine avaient été pour moi très pénibles et humiliantes. J’avais été incapable de rentrer dans le moule, mais j’avais dû malgré tout apprendre à
me conformer et à faire ce qu’on attendait de moi. Par ailleurs, la médecine qu’on m’avait apprise était axée sur les médicaments et les chirurgies et valorisait la
rapidité et l’efficacité. Je n’ai eu aucun enseignement sur la nutrition humaine, la physiologie du sport, l’importance du sommeil et de la gestion du stress, entre
autres, alors que ce sont des aspects fondamentaux de la santé chez les humains. Ce n’était pas important pour mes professeurs.
Je survécus à ces années en espérant pouvoir pratiquer une médecine qui me ressemblerait, le jour où je serais diplômée. Je ne mesurais pas à quel point ces
études avaient été usantes ni toutes les compromissions que j’avais dû accepter pour les mener à bien. Pour être honnête, j’avais cru pendant un certain temps que
je n’en sortirais pas vivante.
La déception la plus violente a été de constater que mon rôle de médecin de famille en clinique publique se limitait principalement à écouter aussi rapidement
que possible les doléances de mes patients, pour conclure l’entretien par la prescription d’un ou de plusieurs médicaments. Dans le système de santé québécois,
les médecins sont payés à l’acte, ce qui signifie que nous sommes payés principalement en fonction du nombre de patients que nous voyons pendant la journée.
Plus nous recevons de patients, et donc moins de temps nous passons avec chacun d’entre eux, et plus nous sommes payés. Avec cette façon de pratiquer la
médecine, on tend tout naturellement à éviter ce qui est chronophage et compliqué, comme discuter des habitudes de vie de nos patients, leur parler de nutrition,
ou chercher à comprendre la cause réelle d’une nouvelle insomnie, par exemple.
D’ailleurs, j’avais été formée à prescrire des médicaments, à combiner des molécules, à contrer les effets secondaires des uns avec d’autres, et à augmenter les
doses progressivement. Avec le recul, je réalise que l’on ne nous avait jamais appris à déprescrire des médicaments. Et pourquoi l’aurait-on fait? Les patients
n’ont pas tendance à aller mieux avec le temps, bien au contraire. Les principales maladies qui affligent les gens de nos jours, comme le diabète de type 2 et les
maladies cardio-vasculaires, sont considérées comme chroniques et progressives. On ne s’attend pas à ce que les patients aillent mieux. Notre objectif est de
ralentir la progression de la maladie et de ses complications.
Je prescrivais donc des médicaments ainsi, et j’écoutais un peu trop mes patients (je n’arrivais pas à raccourcir les échanges et à enchaîner les consultations à un
rythme élevé) pendant mes premiers mois à la coopérative, en attendant mon congé de maternité. Je n’aimais pas ce que je faisais et les journées drainaient toute
mon énergie. Le doute s’immisçait en moi: venais-je de commettre la plus grosse erreur de ma vie en passant les neuf dernières années à devenir médecin? Moi
qui voulais aider les gens à retrouver la santé, me voilà en train de prescrire des pilules qui ne semblent pas les aider réellement.
Pendant mon congé de maternité, je rencontrai virtuellement des femmes médecins qui allaient changer mon destin et qui allaient me redonner foi en ma
profession de médecin. Nous étions quelques-unes, dans un groupe virtuel, à discuter de choses anodines, de perte de poids en post-partum, etc., quand l’une
d’elles, la Dre Hala Lahlou, mentionna l’alimentation faible en glucides, l’alimentation cétogène et le jeûne intermittent. Je n’avais jamais entendu parler de cela,
mais ma curiosité fut piquée, surtout lorsqu’elle me dit qu’il y avait beaucoup de données probantes et d’études scientifiques qui soutenaient cette façon de
s’alimenter.
Je sautai donc dans le terrier du lapin blanc d’Alice au Pays des merveilles: je lus le livre Code obésité, du Dr Jason Fung, médecin néphrologue de Toronto
(Canada). Dire que je fus étonnée par ce que j’y avais lu serait sans doute un euphémisme, et affirmer que je ressentis également de la colère ne serait pas
exagéré. Ce qui était présenté dans le livre m’apparaissait comme logique et physiologique. Et donc pourquoi ce livre de 402 pages venait de m’en apprendre
davantage sur l’obésité et le diabète, entre autres, que j’en avais appris pendant mes études en médecine? Pourquoi est-ce qu’on y expliquait un traitement tout
simple, basé sur l’alimentation, alors que cela ne m’avait jamais été enseigné?
Peut-être était-ce faux. En effet si c’était vrai, si l’on pouvait effectivement «renverser»b l’obésité et le diabète de type 2 simplement avec l’alimentation et le
jeûne, ça se saurait, non? Mes professeurs nous en auraient immanquablement parlé, mes superviseurs de stages dans les hôpitaux en auraient discuté avec les
patients devant nous, assurément. L’alimentation comme premier traitement serait le point de départ de chaque ligne directrice, chaque algorithme de traitement
des maladies chroniques liées au style de vie, indubitablement.
Profitant du fait que mon mari partait en stage à l’étranger, je décidai de tester l’alimentation faible en glucides sur moi-même. Je dormais très peu à l’époque,
puisque j’allaitais mon nouveau-né toutes les deux heures, jour et nuit. Je n’avais aucune énergie alors et je tentais de compenser l’extraordinaire manque de
sommeil en mangeant, surtout du pain et des produits céréaliers à base de farine de blé. Je prenais de plus en plus de poids et j’approchais le poids que je pesais
juste avant mon accouchement. Mon humeur était en dents de scie, mais j’attribuais cela aux fluctuations hormonales post-accouchement et au manque de
sommeil. Je sais maintenant que mon taux de sucre dans le sang faisait d’incroyables montagnes russes, lesquelles contribuaient à drainer encore davantage mon
énergie et me rendaient irritable et impatiente.
Je me souviens d’avoir eu une faim de loup et des fringales de sucre pendant les premiers jours. Je commençais la journée avec quatre œufs cuits dans du beurre,
six tranches de bacon, un demi-avocat et deux cafés avec de la crème fraîche à 35%. Deux ou trois heures plus tard, j’avais déjà faim! J’avais des envies de
desserts, de chocolat, de gâteau au sirop d’érable, alors qu’habituellement, je n’ai pas la dent très sucrée. J’étais aussi un peu étourdie, à l’occasion, ne
connaissant pas encore l’importance du sodium dans l’alimentation faible en glucides.
Malgré tout, à ce moment, en ne changeant absolument rien d’autre dans ma vie que mon alimentation, je commençai à me sentir mieux. J’avais plus d’énergie
sans dormir plus. J’avais moins de sautes d’humeur et je me sentais plus calme. Mon poids commença à baisser, tout doucement, sans autre effort. Encouragée, je
me mis à lire tout ce que je pouvais trouver comme articles scientifiques et livres sur le sujet de l’alimentation faible en glucides, l’alimentation cétogène et le
jeûne intermittent.
J’ignorais, à ce moment, à quel point le terrier du lapin blanc regorgeait de découvertes. J’avais l’impression de commencer à apercevoir une matrice de laquelle
j’allais vraisemblablement devoir m’extirper pour continuer à être médecin.
L’une des choses qui me frappa le plus quand je commençai à manger moins de sucre et plus de gras, fut la profonde satiété que je ressentais à la fin de mes
repas, et à quel point ceux-ci étaient savoureux. Plus étonnant encore, je mangeais beaucoup de gras et je maigrissais! Cela était contraire à tout ce que je
«savais» sur la nutrition et la perte de poids. En réalité, je ne savais rien sur la perte de poids et les hormones en jeu. Mais j’appréciais la sensation d’être
pleinement rassasiée après chaque repas, et plusieurs heures durant. Je ne pensais plus à la nourriture pendant mes journées. Je pouvais occuper mes pensées à
autre chose qu’à la nourriture, aux calories, à maigrir en faisant preuve de beaucoup de volonté tout en ayant faim… Je me nourrissais, tout simplement, et je
pouvais vaquer à d’autres occupations. La nourriture perdait sa place centrale dans ma vie et dans ma tête, et l’oscillation entre l’envie de manger et la culpabilité
d’avoir mangé commençait tout doucement à disparaître, sans aucun effort de ma part, sans thérapie, sans exercices de gestion des émotions, sans pleine
conscience. C’était libérateur. Plus j’adhérais à l’alimentation cétogène, plus mon cerveau devenait zen et moins la nourriture avait d’emprise sur moi. C’était
inespéré.
L’une des choses qui me frappa le plus quand je commençai à manger moins de sucre et plus de gras, fut la
profonde satiété que je ressentais à la fin de mes repas, et à quel point ceux-ci étaient savoureux.
Après quelques semaines et beaucoup de lecture (je ne dormais toujours pas et j’allaitais toujours autant, ce qui me laissait amplement le temps de lire), j’en vins
à me dire que les principes de base étaient logiques et que les résultats commençaient à être au rendez-vous pour moi. Donc, cela pourrait potentiellement être
bénéfique aussi pour mes patients. Mais encore fallait-il que j’apprenne à pratiquer cette médecine adéquatement, de manière sûre et efficace. À cette époque,
aucune clinique médicale au Québec ne proposait officiellement cette approche. J’ai donc écrit au Dr Jason Fung et à la directrice de sa clinique Intensive Dietary
Management (IDM), Megan Ramos, en leur demandant un stage d’observation. J’ai été accueillie à bras ouverts quelques mois plus tard, avec d’autres médecins
venus d’un peu partout dans le monde.
Si l’on pouvait renverser l’obésité et le diabète de type 2 simplement avec l’alimentation et le jeûne, ça se saurait… Mais qui aurait intérêt à ce que cela se
sache? Qui financerait de grosses études et investirait dans de la publicité et du marketing pour que cela soit popularisé? On aimerait que cela soit le rôle du
gouvernement. Mais cela n’est pas si simple et si facile que cela. Ce n’est pas qu’une question de logique et de physiologie humaine, et ce n’est certainement pas
une question de souffrance humaine, de complications et de décès qui pourraient être évités. Cela semble être plutôt une question de politique, de lobbyisme, de
corruption, d’allégeances, de philosophie, d’ego et même de religion, autant au sein des instances gouvernementales qu’au sein des universités et des autres
organismes qui font de la recherche ou ont un lien avec le système de santé. Mais tout cela dépasse le cadre de mes propos ici. Je préfère me concentrer sur
l’homme que sur ses hommeries.
En repartant de la clinique IDM, je me trouvai devant une impasse. Je ne pouvais pas, en mon âme et conscience, continuer à pratiquer mon «ancienne»
médecine, celle qui est considérée comme standard et qui est basée sur ce que je venais d’apprendre à la faculté de médecine. Je ne pouvais pas prétendre ne pas
savoir qu’il existait une alternative aux médicaments, pour les diabétiques de type 2 et les personnes atteintes d’obésité (entre autres), et que leur maladie n’était
pas forcément chronique et progressive, avec, inévitablement un jour ou l’autre, des complications. Je ne pouvais pas «dé-voir» ce que j’avais vu ni
«désapprendre» ce que j’avais appris. Je devais, coûte que coûte, offrir cette médecine à mes patients et à toutes les personnes au Québec qui voudraient essayer
cette méthode plutôt que le traitement standard.
«Si vous pensez que c’est possible, me dit-elle, je vous suis. La retraite peut attendre, pas le rêve d’une vie!»
Ainsi naquît l’ambitieux projet de mettre sur pied un programme médical de renversement du diabète de type 2, du surpoids et du syndrome métabolique au
Québec. Nous étions alors en automne 2016, et, à cette époque, le grand public et la majorité des professionnels de la santé n’avaient jamais entendu parler de
l’alimentation cétogène. Nous étions pleines d’espoir, passionnées… et dans l’ignorance totale de la résistance, des obstacles et des coups bas qui allaient
jalonner notre parcours. Nous croyions être en train de hisser les voiles pour voguer paisiblement dans une direction idyllique. C’était plutôt une mer traîtresse et
furieuse qui nous attendait.
Sylvie l’infirmière et moi créâmes ainsi un programme, la Clinique Reversa, au sein même de la coopérative, en nous basant sur le fonctionnement de la clinique
du Dr Fung. Le nom Reversa fait allusion au fait que nous proposions une méthode pour renverser les maladies chroniques liées au style de vie. Je me rappelle
qu’à cette époque, je travaillais à temps plein comme médecin de famille, puis je rentrais à la maison m’occuper de mes deux jeunes enfants. Quand ils étaient
enfin couchés, je planchais sur le programme, créant des formulaires, traduisant des documents, élaborant des procédures, faisant des recherches, lisant d’autres
articles scientifiques, etc. Je me permettais d’aller au lit quand mon cerveau n’en pouvait plus et que mes paupières se fermaient seules. Les nuits étaient
difficiles, car mon fils n’était pas un bon dormeur. Il ne l’est toujours pas d’ailleurs, mais pendant cette période, il se réveillait pratiquement toutes les deux
heures chaque nuit. Si je n’avais pas été aussi déterminée à faire cette médecine, j’aurais abandonné d’épuisement.
Lorsque tout nous a semblé prêt, nous avons eu l’idée de lancer la clinique en organisant une grande conférence gratuite, pour le grand public, sur l’alimentation
faible en glucides et cétogène. Ambitieuses, nous avions loué une salle de 300 places assises et avions fait le plus de publicité possible, avec un budget total de…
zéro dollar. Nous avions choisi un mardi soir de janvier, dans la petite ville de Contrecœur, qui ne contient guère plus de 6 000 habitants. L’hiver au Québec est
rarement clément et souvent imprévisible. Il faisait froid et le vent soufflait en grosses rafales, ce qui signifiait que plusieurs personnes risquaient de ne pas se
présenter à notre conférence, pour ne pas s’aventurer sur les routes. Quarante-cinq personnes vinrent malgré tout. Et de ces valeureux participants, 11 décidèrent
de nous accorder leur confiance et s’inscrivirent à la toute première cohorte de la Clinique Reversa.
La première cohorte et les suivantes se déroulèrent bien. Les résultats, bien que très variables d’un participant à l’autre, étaient positifs et encourageants. La
majorité perdait du poids, et ceux qui étaient diabétiques voyaient leurs glycémies se stabiliser, puis commencer à baisser progressivement. C’est alors que je pus
faire ce que peu de mes collègues ont la chance de faire: je déprescrivis des médicaments hypoglycémiants, parce que mes patients n’en avaient plus besoin. Ils
allaient mieux. Ma propre infirmière, Sylvie, cessa d’avoir besoin de prendre toute insuline pendant cette période, après quasiment trente ans à se piquer plusieurs
fois par jour.
Rapidement, notre liste d’attente s’allongea simplement par le bouche-à-oreille, puisque notre budget publicitaire demeurait très modeste, pour ne pas dire
inexistant. C’étaient les résultats de nos premiers patients qui motivaient leur entourage à s’inscrire au programme et à essayer cette nouvelle approche. Nos
patients provenaient et proviennent encore des quatre coins de la province, faisant parfois plus de dix heures de route pour venir à leur premier rendez-vous
médical. Depuis, nous avons instauré des suivis à distance, selon les besoins des patients.
L’après-midi, ils sont réunis dans une salle de classe et je leur donne un cours théorique sur les glucides et leurs effets physiologiques, l’origine du surpoids qui
n’est pas une question de calories mais bien d’hormones, les rôles de l’insuline dans le corps humain, l’absurdité de l’alimentation dite «standard», la période
d’adaptation ou de sevrage du sucre, les principaux effets secondaires (temporaires) et leurs remèdes, et les mythes. Une infirmière donne ensuite un cours
davantage orienté vers la pratique, pour expliquer quels glucides diminuer ou éliminer, quels bons gras choisir, les proportions des macronutriments que nous
suggérons, par quoi remplacer certains aliments, etc. Ils quittent la clinique en fin de journée avec un plan de repas, des recettes, un cartable avec de la
documentation, ainsi que des ordonnances pour des prises de sang et une échographie du foie.
Par la suite, les patients ont trois rendez-vous de suivi espacés de deux semaines, puis quatre espacés de quatre semaines, pour un total de sept suivis. Ces suivis
peuvent se faire en petits groupes de quatre patients sur place, à notre clinique, pendant une heure, ou se faire au téléphone individuellement, lorsque les patients
habitent trop loin ou ont un emploi du temps trop chargé, pendant vingt minutes. À mi-chemin dans leur parcours de soin, ils rencontrent l’un de nos
kinésiologues, dont la mission est de les aider à bouger davantage, non pas pour perdre du poids (puisque cet effet est généralement très modeste), mais pour tous
les autres bienfaits de l’activité physique sur la santé. Les patients atteints de sarcopéniec ou dont la résistance à l’insuline est très sévère peuvent avoir des
conseils différents, plus ciblés et stratégiques.
Pendant le programme, notre psychologue peut rencontrer les patients qui en font la demande ou qui semblent avoir des résultats médiocres en dépit de
l’application des principes de l’alimentation faible en glucides. Les patients peuvent joindre leur assistante médicale par courriel à tout moment, en cas de besoin.
S’ils sont diabétiques sous insuline, ils ont l’obligation de nous faire parvenir par courriel leurs glycémies et unités d’insuline chaque jour, pour que je puisse
ajuster à la baisse leur insuline lorsque c’est nécessaire, et cela peut parfois aller vite: j’ai déjà dû réduire l’insuline d’un patient de 216 unités à zéro, en 10 jours
(voir le témoignage de Denis, page 118)!
Je ne vois habituellement les patients qu’au début de leur parcours, lors de l’évaluation médicale. Le reste du programme repose sur le travail de l’équipe
multidisciplinaire, en particulier les infirmières et assistantes médicales. Cependant, je gère toutes les déprescriptions, à distance, et la conduite à tenir en cas
d’anomalie de l’imagerie médicale ou des analyses de sang. Ces analyses sanguines sont d’ailleurs répétées après 3 et 6 mois, et l’échographie du foie est à
refaire au bout de 6 mois si une stéatose hépatique a été diagnostiquée lors de la première échographie.
Les résultats que les patients obtiennent diffèrent en fonction de leurs pathologies de base, de leur génétique, des troubles associés, du nombre de régimes
amaigrissants qu’ils ont faits dans le passé, de leur capacité à réellement adhérer aux principes de l’alimentation faible en glucides, de leurs autres habitudes de
vie, de leur relation avec la nourriture, de facteurs liés à la santé mentale, comme l’anxiété, etc. Cependant, nos statistiques indiquent que la très grande majorité
connait une perte de poids, une amélioration des glycémies, une réduction de la tension artérielle, une diminution significative des douleurs chroniques, une
réduction notable de la fatigue chronique, une amélioration voire la disparition des symptômes de reflux gastro-œsophagien ou de côlon irritable, une
amélioration de la stéatose hépatique (rares sont les patients qui n’en ont pas, au début du programme), une diminution ou la disparition des migraines, davantage
de clarté mentale, une humeur plus stable et, surtout, une nouvelle confiance en leurs propres capacités d’influer concrètement et activement sur leur santé et non
plus de subir la maladie et ses conséquences.
C’est sans doute cet aspect qui me fait le plus plaisir: quand je vois dans les yeux du patient devant moi qu’il sent qu’il a repris le contrôle de sa santé, qu’il a un
rôle actif à jouer, et qu’il ne dépend plus de médicaments et de médecins pour gérer sa maladie. Qu’il y a une alternative et que celle-ci fonctionne, est sûre et est
fondée sur la science, en traitement de première ligne ou en adjuvant. Ce patient n’est pas nécessairement tiré d’affaire à cet instant, et je ne souhaite
certainement pas insinuer qu’il n’aura plus besoin de médecin ni de médecine moderne. Mais il a compris qu’il peut et doit être un acteur dans sa propre santé et
qu’il a désormais entre ses mains les moyens et les outils pour y parvenir.
L’alimentation faible en glucides recommandée par l’Association européenne pour l’étude du diabète et par
Diabète Canada
L’Association européenne pour l’étude du diabète a publié, en octobre 2018, un énoncé de position avec l’American Diabetes Association concernant
l’alimentation faible en glucides, la reconnaissant dorénavant comme une thérapie nutritionnelle. En mai 2020, Diabète Canada a également publié un énoncé
favorable, indiquant que cette alimentation pouvait avoir une efficacité supérieure à l’alimentation standard pour le contrôle de la glycémie et qu’elle
constituait désormais une option thérapeutique à part entière.
Le témoignage de
Nicole
Avant
Après
J ’ai 67 ans, j’ai été obèse toute ma vie. Je me souviens d’une photo de moi à 5 ans, assise sur le perron de la maison d’une de mes tantes, aux
côtés de mes soeurs et mes cousins. Sur cette photo, on voyait clairement que j’étais déjà obèse. À 14 ans, je pesais 95 kg (210 livres).
Inutile de vous dire qu’à l’école on m’appelait la grosse, et à quel point cela me faisait de la peine. À 17 ans, je suis allée voir une diététicienne, qui m’a
aidée à atteindre un poids de 66 kg (145 livres), que j’ai conservé jusqu’à mon mariage, à l’âge de 22 ans.
Un an après notre mariage, mon mari est parti travailler à la Baie James (dans le Nord québécois), pendant une période de six ans. Il venait pour dix jours
de vacances tous les deux mois, et l’hiver il était à la maison de décembre à mars. C’est à ce moment-là que j’ai recommencé à prendre du poids. À 24 ans,
je pesais 100 kg (220 livres) et j’attribuais ma reprise de poids au fait que je mangeais mes émotions puisque je vivais seule la majorité de l’année. Je me
sentais coupable d’avoir pris tout ce poids. Puis, j’ai eu deux grossesses d’elles. Je n’ai pris que 9 kg (20 livres) pendant chacune, mais entre les deux et
après, j’ai continué à prendre du poids. Mon poids a joué au yo-yo durant toutes ces années, et je me suis retrouvée à 145 kg (320 livres) à l’âge de 58 ans.
Par la suite, en 2010, j’ai perdu 45 kg (100 livres) avec l’aide d’une naturopathe que je voyais toutes les semaines. Je suivais une diète protéinée (barres,
biscuits, boissons fouettées). Je prenais un repas par jour et le reste de la journée, je consommais ces produits hyperprotéinés et artificiels, que j’ai fini par ne
plus être capable d’avaler. J’ai donc repris 27 kg (60 livres) durant les deux années qui ont suivi. Depuis ce temps, je maigris, j’engraisse, je maigris et
j’engraisse à nouveau.
Ayant été obèse toute ma vie, je suis une personne plutôt gênée et renfermée sur moi-même. Malgré tout, j’ai très bien réussi ma vie professionnelle
d’adjointe administrative pour le directeur d’une grosse compagnie. Je travaillais dur pour être la meilleure afin d’être appréciée de mes collègues de travail,
mais je me sentais inférieure aux autres, même si je savais que j’étais qualifiée pour mon travail. Dans ma tête, en raison de mon poids, je sentais que les
autres adjointes administratives étaient toujours meilleures que moi.
Je me rends compte maintenant, avec le recul, que j’ai passé toute ma vie dans un état de dépression légère. J’avais des crises d’hyperphagied le soir,
chez moi, plusieurs fois par semaine, après lesquelles j’étais envahie de culpabilité. Je savais que je me détruisais, et je ne comprenais pas pourquoi j’étais
incapable de m’en empêcher. J’ai eu deux beaux enfants, tous deux diabétiques de type 1. Quand ils étaient jeunes, je pouvais difficilement jouer avec eux,
car je n’étais pas capable de m’asseoir par terre pour participer à leurs jeux, courir à leurs côtés ni jouer dehors en leur compagnie.
J’étais triste de passer à côté de tant de choses, et je me disais que je ne vivrais pas vieille avec toutes les maladies chroniques dont j’étais affligée. En
effet, je faisais de l’hypertension, du cholestérol, de l’asthme, de l’apnée du sommeil et surtout du diabète de type 2, qui était traité par 4 injections
d’insuline quotidiennes, depuis 33 ans.
Je me suis inscrite à la Clinique Reversa et j’ai commencé l’alimentation cétogène le 27 octobre 2018. Je pesais alors 113 kg (248 livres). Depuis, mon
humeur s’est beaucoup améliorée. J’envoyais mes glycémies et ma pression artérielle tous les matins à l’infirmier de Reversa et il me disait de baisser mes
doses d’insuline. Une semaine après avoir commencé l’alimentation cétogène, je ne prenais plus d’insuline, seulement de la metformine. Un mois après, j’ai
arrêté d’avoir quotidiennement besoin de mes pompes pour l’asthme.
Compte rendu de l’échographie abdominale de Nicole réalisée sept mois après le démarrage du programme Reversa.
Après sept mois, j’ai pu cesser la metformine. Je ne prends donc plus aucun médicament pour le diabète et je n’ai plus de résistance à l’insuline. Je ne
prends plus aucun médicament pour l’hypertension artérielle non plus, puisqu’elle s’est normalisée. Après six mois, tous mes résultats de prise de sang se
sont améliorés, dont le cholestérol. Je ne souffrais plus non plus de constipation, alors que cela avait été le cas toute ma vie.
L’échographie abdominale que j’avais passée au début du programme avait révélé une stéatose hépatique sévère. Sept mois plus tard, elle montrait une
stéatose légère.
Je suis mariée depuis 45 ans et mon mari ne m’a jamais fait de reproches concernant mon obésité, même au moment où je pesais 145 kg (320 livres). Il
me félicitait lorsque je perdais du poids mais ne disait rien lorsque j’en reprenais.
Aujourd’hui, je vois malgré tout dans ses yeux qu’il est fier de moi et il me le dit. Il voit à quel point je suis plus joyeuse, comme libérée. En effet, je me
compare à un alcoolique qui a une dépendance à l’alcool. J’avais une dépendance aux glucides et aux sucres. Cela me rendait malade et malheureuse, mais
c’est maintenant chose du passé.
En sept mois, j’ai perdu 40 kg (87 livres) et je ne prends plus de médicament. J’ai maintenant davantage confiance en moi, j’ai le goût de sortir et je suis
plus à l’aise de jaser avec les gens. Je me lève en forme le matin, et j’ai le goût de vivre en santé et pour le reste de mes jours, afin de voir grandir mes
enfants et mes petits-enfants, et de vieillir auprès de mon mari.
Nicole,
67 ans et en pleine forme
a. Au Québec, les coopératives de santé sont des associations à but non lucratif qui offrent des services de santé curatifs et préventifs pour des collectivités. Il existe 52 établissements de ce type qui desservent
185 000 patients.
b. b. Au Québec, on parle de renverser une maladie, c’est d’ailleurs ce qui a inspiré le nom de la Clinique Reversa. En France, on parlera plutôt d’inverser une maladie.
c. La sarcopénie résulte d’une perte importante de la masse et de la force musculaires. Elle est liée au vieillissement.
d. Surconsommation alimentaire incontrôlée et impulsive.
CHAPITRE 1
L’insuline
de l’excès à la résistance
L’ insuline est une hormone sécrétée par les cellules bêta du pancréas, dès que l’on consomme des aliments sous forme solide ou liquide. Les
macronutriments ont un effet différent sur la sécrétion de l’insuline: les glucides engendrent une sécrétion relativement importante d’insuline, en
particulier s’ils sont raffinés, alors que les protéines engendrent une sécrétion plutôt modérée. Quant aux lipides, leur effet sur l’insuline est minimal.
L’un des principaux rôles de l’insuline est de réguler la glycémie dans l’organisme. En effet, l’insuline permet au glucose qui circule dans le sang de pénétrer à
l’intérieur des cellules du corps humain pour y être converti en énergie. Toutes les cellules peuvent utiliser du glucose comme carburant, mais toutes ne
requièrent pas nécessairement la présence de l’insuline. Une minorité d’entre elles, comme certaines cellules des muscles1, 2, peuvent absorber du glucose
d’elles-mêmes, dans certaines circonstances.
L’insuline a également un effet sur plusieurs autres hormones. Citons, entre autres, le glucagon, qui est sécrété par les cellules alpha du pancréas et qui joue un
rôle opposé à celui de l’insuline. Quand les niveaux circulants d’insuline sont bas et/ou que la glycémie est trop basse, le glucagon est sécrété afin de permettre
l’augmentation du taux de glucose dans le sang.
Il est également probable que l’insuline interfère avec l’activité de la leptine3, une hormone produite par les cellules adipeuses pour signaler la satiété et la
suffisance des réserves énergétiques dans le corps. Normalement, la leptine augmente lorsqu’il commence à y avoir suffisamment de réserves énergétiques dans
le corps (kilos de graisse corporelle). Elle signale ainsi au cerveau, plus précisément à l’hypothalamus, qu’il faut réduire les apports en nutriments (manger
moins), afin que le poids du corps revienne à la normale. Elle signale également qu’il faut bouger davantage pour brûler les surplus d’énergie.
Il devrait en résulter une diminution de l’appétit et une augmentation de l’activité spontanée. Le problème survient lorsqu’il y a beaucoup d’insuline dans les
parages. L’insuline envoie un signal contraire, elle ordonne de continuer à stocker des graisses. Il semble donc que l’insuline réussisse à inhiber le message de la
leptine, mais les mécanismes exacts par lesquels cela survient ne sont pas encore entièrement connus4, 5. Le cerveau devient résistant à la leptine et les réserves
de graisse continuent à s’accumuler, pouvant aller bien au-delà de ce qui est souhaitable pour la survie et pour un bon fonctionnement de l’organisme.
Le corps a deux principales façons de stocker l’énergie: le glycogène et la graisse. Le glycogène est un glucide complexe et les réserves de glycogène du corps
sont plutôt limitées (environ 500 g 6), contrairement aux réserves de graisse qui, elles, sont pratiquement illimitées chez la majorité des gens. Prenons un
exemple: si vous mangez une assiette de spaghettis avec de la sauce marinara, un repas essentiellement composé de glucides, votre système digestif découpera
ces aliments en petites molécules de glucose, principalement, mais aussi en molécules de fructose, dans une moindre mesure dans cet exemple. Nous reviendrons
plus tard sur le rôle du fructose dans les maladies chroniques liées au style de vie. Votre pancréas sécrétera de l’insuline pour gérer cet afflux de molécules de
glucose afin qu’elles ne demeurent pas trop longtemps dans la circulation sanguine et que la glycémie ne s’élève pas trop. En effet, un taux trop élevé de glucose
dans le sang est dommageable pour le corps, en particulier pour l’endothéliuma des vaisseaux sanguins 7, 8, 9 et les reins 10, 11. Cet effet néfaste d’un glucose
sanguin trop élevé est appelé glucotoxicité.
Les actions de l’insuline
L’insuline favorise le stockage de l’énergie. Elle stimule l’entrée du glucose dans les cellules, en particulier dans les cellules graisseuses, les adipocytes. Au sein
de ces cellules, elle stimule la transformation du glucose en graisse et empêche cette graisse d’être brûlée.
Lorsque l’insuline est sécrétée, le corps comprend qu’il y a abondance de carburant en circulation sous forme de glucose et, donc, qu’il est inutile de brûler les
graisses qu’il a en réserve. Il est aussi peu utile, métaboliquement, de brûler les graisses qui ont été consommées avec le repas, puisque leur énergie n’est pas
immédiatement nécessaire. Ainsi, plus la sécrétion d’insuline est importante, en quantité et en fréquence, plus le corps carburera exclusivement au glucose et
évitera de puiser dans ses réserves de graisse. Il sera plus difficile de brûler les kilos de graisse en trop. C’est, à la base, une question d’hormones.
Chez une personne en bonne santé métabolique, la sécrétion d’insuline est proportionnelle à l’élévation de la glycémie. Celle-ci est principalement influencée par
le nombre de grammes de glucides et de protéines consommés. Cependant, d’autres facteurs peuvent influencer la quantité d’insuline qui est sécrétée pendant et
après un repas, en particulier la présence d’une résistance à l’insuline. Si les cellules du corps sont résistantes à l’insuline, le taux d’insuline en circulation dans le
sang mettra du temps à redescendre après un repas et, souvent, n’aura pas le temps de diminuer suffisamment pour permettre le brûlage des graisses que le
prochain repas sera déjà arrivé, lequel engendrera une autre sécrétion d’insuline.
C’est ce qui se produit chez les personnes qui ont une alimentation très riche en glucides et/ou chez celles qui mangent plusieurs repas par jour, par exemple plus
de trois. C’est également le cas chez les personnes obèses, qui peuvent sécréter jusqu’à 20% d’insuline en plus que les personnes minces et en santé pour gérer
les mêmes calories et les mêmes quantités de macronutriments 12.
Exemples de courbes de glycémie et d’insulinémie chez deux personnes ayant mangé le même repas.
Chez une personne en bonne santé métabolique, le taux d’insuline augmente proportionnellement à la glycémie après un repas riche en glucides.
Chez une personne résistante à l’insuline, le taux d’insuline et la glycémie augmentent fortement. Et malgré un taux d’insuline très élevé, la glycémie baisse
lentement.
C NCEPT à retenir
L’insuline est une hormone sécrétée principalement lorsque l’on consomme des glucides. Elle gère le stockage et le déstockage des graisses. Plus elle est sécrétée
souvent et en grande quantité, plus elle favorise le stockage des graisses, c’est-à-dire plus elle vous fait grossir, et plus elle inhibe le déstockage des graisses, c’est-à-
dire qu’elle vous empêche de maigrir. Grossir ou maigrir est d’abord une question d’hormones et non pas de calories.
La résistance à l’insuline
Lorsque l’insuline est sécrétée trop fréquemment – par exemple, chez les personnes dont l’alimentation est composée majoritairement de glucides comme le
Programme national nutrition santé (PNNS) en France ou le Guide alimentaire canadien le recommandent 13 et chez les gens qui mangent plusieurs repas par
jour, par exemple un petit déjeuner, une collation, un déjeuner, une collation et un dîner, avec parfois une collation de fin de soirée – il est possible et probable
qu’avec le temps, une résistance à l’insuline se développe.
La résistance à l’insuline survient lorsque les cellules du corps, constamment bombardées d’insuline et de glucose, commencent à moins bien répondre au
message de l’insuline qui leur dicte d’ouvrir leurs canaux pour que le glucose puisse pénétrer à l’intérieur et quitter la circulation sanguine. Surmenées, elles
désactivent des récepteurs à leur surface 14, principalement parce qu’elles sont déjà pleines et qu’un excès de glucose pourrait menacer leur intégrité et engendrer
un dysfonctionnement.
La cellule répond de moins en moins bien et ne permet plus au glucose de pénétrer.
Puisque toutes les cellules n’acceptent pas tout le glucose en circulation, il en reste dans le sang et cela n’est pas souhaitable. Le pancréas réagit en augmentant
toujours plus sa production d’insuline. Parallèlement, le foie va transformer une partie de ce surplus de glucose en graisses. Il va stocker une partie des graisses
dans ses propres cellules et enverra le reste dans la cavité abdominale et dans les viscères, mais aussi en périphérie, dans le reste du corps. Le foie deviendra gras
et l’obésité se développera.
Il faut également comprendre que la résistance à l’insuline et l’hyperinsulinémie ne sont pas binaires, c’est-à-dire qu’on n’est pas soit résistant soit sensible à
l’insuline. C’est plutôt un continuum de santé, et chacun d’entre nous se trouve quelque part entre «très en santé/très sensible à l’insuline» et en «très mauvaise
santé/très résistant à l’insuline».
De plus, tout cela n’a pas forcément à voir avec le poids. En effet, le poids est un mauvais indicateur de santé. Il existe des gens en surpoids qui sont
métaboliquement sains, alors que plusieurs personnes qui semblent très minces sont, à l’intérieur, très malades et très résistantes à l’insuline, avec, souvent, une
infiltration graisseuse significative des organes internes.
C NCEPT à retenir
Lorsque la résistance à l’insuline est installée, plusieurs maladies peuvent commencer à se manifester, comme l’hypertension artérielle, le surpoids et la difficulté à
perdre du poids, le syndrome métabolique, le diabète de type 2, la fatigue chronique, etc.
Ce qui n’est pas logique, c’est de traiter le diabète de type 2 principalement avec des agents qui stimulent davantage la production d’insuline, comme les
sulfonylurées, une classe de médicaments antidiabétiques, ou encore directement avec de l’insuline, tout comme il n’est pas logique de prescrire une diète faible
en gras (et donc riche en glucides) à quelqu’un qui souffre d’obésité secondaire à une résistance à l’insuline. On comprend que, dans les deux cas,
l’hyperinsulinémie et la résistance à l’insuline vont empirer, ce qui n’aidera pas la personne. Ces méthodes traitent en réalité les symptômes mais ne traitent pas
l’origine de la maladie. Pire encore, elles l’entretiennent et l’aggravent.
Dans le cas du diabète de type 2, les glycémies seront temporairement améliorées grâce à l’injection d’insuline exogène, certes, mais cela s’accompagnera
vraisemblablement d’un gain de poids et d’une aggravation de la résistance à l’insuline. À moyen et long termes, il faudra augmenter encore davantage le nombre
d’unités d’insuline nécessaires au contrôle de la glycémie. Tous les diabétiques de type 2 prenant de l’insuline et tous les médecins qui prescrivent de l’insuline à
leurs patients diabétiques de type 2 savent que l’état de santé se dégrade avec le temps, malgré des glycémies jugées «acceptables» selon les standards. Ils le
savent d’expérience et cela a aussi été confirmé par des publications scientifiques.
Plusieurs études 28, 29, 30 ont en effet démontré que l’obtention de glycémies relativement parfaites grâce à un traitement intensif par insuline et autres
hypoglycémiants (excluant les nouveaux inhibiteurs du SGLT2), chez les diabétiques de type 2, ne prévenait pas les complications du diabète et n’améliorait pas
leur santé. En fait, cela pouvait même aggraver l’état des patients. L’étude ACCORD (Action to Control Cardiovascular Disease in Diabetes), par exemple, a dû
être cessée prématurément en raison de la hausse des décès par maladie cardio-vasculaire parmi les patients qui avaient été assignés au groupe de traitement
intensif (257 décès), comparé aux participants assignés au groupe «traitement moins intensif» (203).
Les épisodes d’hypoglycémie qui nécessitaient une intervention et les gains de poids moyen de plus de 10 kg étaient également plus fréquents dans le groupe de
traitement intensif 31. Les chercheurs en avaient conclu que la réduction trop importante des glycémies pouvait être délétère pour les patients. Or, il aurait été
plus logique de conclure que c’était la méthode de réduction des glycémies (les médicaments) qui était délétère. Ceci paraît évident puisque le problème n’était
pas réglé à sa source. En traitant l’hyperglycémie, on traite le principal symptôme, on n’améliore pas la cause: l’hyperinsulinémie. Or, toutes deux sont toxiques
pour le corps et participent aux nombreuses et désastreuses complications du diabète.
Pour reprendre une image que Dr Jason Fung utilise souvent, c’est comme si vous aviez une pneumonie qui vous causait de la fièvre, que je vous donnais du
paracétamol (ou acétaminophène) pour la faire baisser et qu’une fois celle-ci normalisée, je déclarais la situation bien contrôlée! Or, je n’aurais absolument rien
fait pour votre pneumonie, à part l’ignorer, je ne me serais occupée que du principal symptôme de votre maladie: la fièvre. Quand on ne s’intéresse qu’aux
glycémies des diabétiques, c’est comme si on ne s’intéressait qu’à un symptôme de la maladie, en ignorant complètement les causes. On n’est donc pas en train
de la traiter ni de l’inverser, on est simplement en train d’essayer de contrôler l’un de ses symptômes. Or, il vaut mieux, selon moi, inverser les maladies
chroniques liées au style de vie que d’essayer de les gérer avec la prise de médicaments à vie. Dans le premier cas, on s’attaque aux causes réelles de la maladie
et on tente de les corriger. Dans le second, on ne fait que ralentir leur inexorable progression et leurs complications.
Si l’alimentation est la pierre angulaire de l’inversion des maladies chroniques liées au style de vie comme le diabète de type 2 et l’obésité, elle n’est cependant
pas la seule habitude de vie qui ait de l’importance. En effet, l’exercice physique, la gestion du stress, le sommeil, les relations sociales, l’exposition au soleil,
entre autres, peuvent avoir un impact significatif sur la santé, en particulier sur l’hyperinsulinémie et la résistance à l’insuline. Nous reviendrons plus loin sur ces
facteurs.
C NCEPT à retenir
Combattre avec des médicaments les manifestations pathologiques chroniques de la résistance à l’insuline, comme l’hypertension artérielle et le diabète de type 2, ne
permet pas de s’attaquer à la source du problème et, donc, ne permet pas de viser une inversion de ces pathologies, seulement une gestion de celles-ci. De ce fait,
elles perdureront et s’aggraveront dans le temps.
a. L’endothélium est la couche de cellules qui tapisse l’ensemble des vaisseaux.
CHAPITRE 2
L’
alimentation faible en glucides peut se décliner de plusieurs façons: elle peut être par exemple méditerranéenne, biologique, locale, végétarienne,
sans produits laitiers, sans lectine b, hypotoxique, sans porc, sans noix, carnivore, et même végane.
En fait, l’alimentation faible en glucides se définit surtout par ce qu’elle exclut ou limite, à savoir les aliments transformés et ultratransformés, comme la plupart
des produits qui ont des listes d’ingrédients interminables et qui sont vendus dans les allées centrales des supermarchés, les aliments riches en glucides, comme
les féculents, la plupart des fruits (en particulier les fruits tropicaux), et les huiles extraites de graines qui sont obtenues par des procédés industriels (huile de
canola) et qui sont riches en oméga-6, comme l’huile de pépin de raisin, de soya, tournesol, maïs, carthame c…
B N à savoir
Au Canada, l’huile de canola (colza en Europe) est une huile ultraraffinée donc ultratransformée. Nous la déconseillons fortement. En Europe, à côté de l’huile de
colza raffinée, on trouve très fréquemment de l’huile de colza bio. Cette huile est vierge, pressée à froid, avec un bon rapport oméga-6/oméga-3. Les Européens
peuvent consommer cette huile à condition de la conserver au réfrigérateur. [NDE]
L’alimentation faible en glucides apporte moins de 100 g de glucides netsd par jour.
Les glucides consommés dans l’alimentation faible en glucides proviennent d’aliments denses en nutriments, comme des légumes verts, des baies, des noix et des
produits laitiers. En effet, pour une même quantité de glucides, ces aliments contiennent plus de vitamines, de minéraux, oligoéléments et de fibres que les
féculents et les céréales couramment consommés dans l’alimentation standard. Par ailleurs, ils occupent souvent un plus grand volume dans l’estomac et sont
digérés plus lentement, sans créer des pics de glycémie, ce qui contribue à augmenter et prolonger l’état de satiété.
En effet, le tube digestif de certaines personnes ne semble pas bien tolérer les produits contenant du gluten ou du sucre de table: elles sont ballonnées, ont des
crampes abdominales, produisent des gaz, se sentent fatiguées, deviennent constipées ou ont au contraire de la diarrhée, des migraines, etc. Plusieurs de nos
patients à la Clinique ont lu le livre Ces glucides qui menacent votre cerveau, du Dr Perlmutter (Marabout), et évitent toute source de gluten, en particulier du blé
cultivé en Amérique du Nord. Elles s’inquiètent de la possible nature inflammatoire du gluten et de l’impact que cette protéine pourrait avoir sur leur microbiote
intestinal.
Pour d’autres, le simple fait de prendre une bouchée de gâteau peut déclencher une crise d’hyperphagie ou de boulimie caractérisée par une perte de contrôle et
une consommation rapide et massive d’aliments sucrés. Il ne faut pas voir là le résultat logique d’une privation chronique d’aliments sucrés, mais bien une
rechute vers une dépendance. À l’instar des alcooliques sobres qui doivent s’abstenir de toute consommation d’alcool sous peine de sombrer à nouveau dans
l’alcoolisme, les personnes qui ont une véritable dépendance aux sucres et aux aliments raffinés doivent s’empêcher complètement de consommer ce type
d’aliments déclencheurs. Autrement dit, les personnes qui ne peuvent pas avoir des comportements modérés face à certains aliments doivent se garder
complètement d’en manger.
De manière un peu similaire, la consommation de sucres et de produits raffinés, même en petites quantités, peut déclencher chez certaines personnes une
augmentation de la faim quelques heures après. En effet, les sucres rapides vont générer une hausse du taux de sucre sanguin, qui sera maîtrisée par une hausse de
la sécrétion d’insuline. L’insuline abaissera la glycémie, ce qui finira par déclencher la sensation de faim. Cette faim pourrait, à son tour, déclencher une fringale
de nourriture, voire plusieurs épisodes successifs de fringales dans les jours qui suivront. Plusieurs patients nous ont rapporté une nette diminution de leur
capacité de concentration et de leur énergie pendant la journée lorsque cela survient.
Pour d’autres encore, comme les diabétiques (type 1 et 2), même une faible quantité de glucides raffinés peut avoir un impact significatif sur la glycémie, c’est-à-
dire qu’elle peut monter en flèche et demeurer élevée pendant plusieurs heures. Les personnes qui visent la cétose nutrition-nelle, dont nous allons parler au
paragraphe suivant, n’ont guère plus de latitude, car une toute petite quantité de sucre raffiné peut inhiber la cétose pendant plusieurs heures, voire quelques
jours, ce que, bien souvent, elles ne veulent pas risquer.
L’alimentation cétogène
L’alimentation cétogène fait partie de la famille des alimentations faibles en glucides, simplement elle est la plus restrictive d’entre elles, c’est-à-dire qu’elle
admet très peu de glucides nets par jour, de l’ordre de 20 g.
Cette limite de 20 g n’a qu’une valeur indicative, car elle est en réalité variable selon le métabolisme de chacun. L’objectif visé est de permettre au foie de
produire des corps cétoniques, qui deviendront le principal carburant de l’organisme. Lorsque le corps tire principalement son énergie des corps cétoniques, on
dit qu’il est en cétose nutritionnelle. Les personnes très actives, comme les athlètes et celles qui ont un travail physique très exigeant, peuvent être en cétose
malgré une consommation quotidienne de glucides de 40 ou 50 g par exemple. Il s’agit là d’une variabilité interindividuelle.
On a longtemps cru que les corps cétoniques étaient des déchets du corps humain ou qu’ils étaient potentiellement dangereux parce qu’ils étaient associés à
l’acidocétose diabétique. L’acidocétose diabétique est un état pathologique aigu pouvant survenir chez des diabétiques de type 1 qui se retrouvent avec des taux
de sucre et de corps cétoniques très élevés dans le sang et une acidose métabolique en même temps, principalement par insuffisance d’insuline. L’acidocétose
diabétique menace rarement les diabétiques de type 2. Toutefois, si leur pancréas ne fabrique plus suffisamment d’insuline ou s’ils prennent un hypoglycémiant
de la famille des inhibiteurs du SGLT2, en particulier s’ils sont malades ou déshydratés, cela peut survenir. Si l’on est diabétique, il est de ce fait primordial de
discuter avec son médecin traitant avant d’adopter l’alimentation faible en glucides ou cétogène ou de jeûner, afin d’ajuster les doses de médicaments si
nécessaire, et de prévoir des ajustements ultérieurs.
En réalité, les corps cétoniques ne sont pas dangereux, ils sont un supercarburant 33 qui produit moins d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) 34, et donne
naissance à des médiateurs importants 35 dans plusieurs cascades métaboliques et fonctions du corps humain 36. On sait également qu’ils sont anti-
inflammatoires 37, 38.
1 Les apports en glucides doivent être faibles, environ 20 g nets par jour, parfois un peu plus.
3 L’objectif est d’abord et avant tout l’amélioration de la santé métabolique (ce n’est pas une diète amaigrissante!).
4 Il ne s’agit pas d’une alimentation hypocalorique: il faut manger à sa faim et délaisser le calcul des calories.
5 Elle a des indications thérapeutiques, dont certaines sont connues depuis plus de cent ans, par exemple pour soigner l’épilepsie réfractaire aux
médicaments, ou plus récemment, pour le syndrome de déficit en GLUT-1 (maladie génétique rare) ou le déficit en pyruvate déshydrogénase.
6 Elle a un potentiel thérapeutique pour plusieurs maladies liées à l’hyperinsulinémie, en raison de ses mécanismes physiologiques (études en
cours), par exemple avec le syndrome des ovaires polykystiques et l’Alzheimer.
7 Utilisée sous supervision médicale, elle permet d’améliorer ou d’inverser certaines maladies chroniques liées au style de vie, comme le
syndrome métabolique, le diabète de type 2 et l’obésité.
8 Plusieurs peuples sur la Terre ont vécu en cétose nutritionnelle depuis la nuit des temps, de manière pratiquement continue ou intermittente,
comme par exemple les Inuits du Grand Nord canadien.
9 L’alimentation cétogène est contre-indiquée dans peu de maladies ou problèmes de santé (voir les contre-indications page 50).
10 Un individu ayant des problèmes de santé et prenant des médicaments devrait consulter son médecin ou un professionnel de la santé avant
d’adopter une alimentation cétogène pour vérifier qu’il n’y a pas de contre-indication et pour planifier les rendez-vous de suivi nécessaires, par
exemple pour la déprescription de médicaments hypoglycémiants ou hypotenseurs.
À la Clinique Reversa, nous n’imposons pas aux patients d’adopter l’alimentation cétogène et d’être en cétose nutritionnelle, mais nous la leur suggérons
fortement puisque le programme est relativement court (environ 6 mois) et que nos patients sont souvent très malades. De ce fait, il nous semble opportun
d’obtenir un début de résultats rapidement et de maximiser ces résultats durant le programme. Nous croyons que cela incitera davantage les patients à poursuivre
l’alimentation cétogène ou faible en glucides sur le long terme et à l’adopter comme nouvelle hygiène de vie, ce qui sera essentiel pour maintenir les bienfaits
qu’ils auront obtenus en termes de santé et de bien-être.
Les patients nous demandent souvent s’ils devront suivre ce «régime» jusqu’à la fin de leurs jours. Nous leur répondons que ce n’est pas un régime ou une diète à
court terme, mais bien un mode de vie, une façon différente de s’alimenter. S’ils recouvrent la santé grâce à l’alimentation faible en glucides ou cétogène et
qu’ensuite ils retournent à leurs anciennes habitudes alimentaires, celles qui les ont rendus malades et en surpoids, ils redeviendront immanquablement malades
et reprendront du poids.
Personnellement, j’ai adopté l’alimentation cétogène en mai 2016. C’est devenu mon alimentation normale et habituelle et mes repas sont pratiquement toujours
cétogènes. Ma santé et mon bien-être se sont améliorés, je ne m’en porte que mieux, je ne vois pas pourquoi je retournerais en arrière.
Pour renverser un surpoids ou un diabète de type 2, l’adoption d’une alimentation faible en glucides ou cétogène
doit être un aller sans retour.
Troubles métaboliques: défauts d’oxydation-B, porphyries, déficit en carnitine (primaire), déficit en carnitine palmitoyltransférase (CPT) I ou II, déficit en
carnitine translocase, déficit en acyl-CoA-déshydrogénase des acides gras à chaînes moyennes (MCAD), déficit en acyl-CoA-déshydrogénase des acides gras à
chaînes longues (LCAD), déficit en acyl-CoA-déshydrogénase des acides gras à chaînes courtes (SCAD), déficit en 3-hydroxyacyl-CoA déshydrogénase des
acides gras à chaînes longues ou moyennes, et déficit en pyruvate carboxylase.
Autres contre-indications: le refus d’adopter cette alimentation et l’incapacité logistique à le faire (par exemple si la personne est hospitalisée ou habite dans un
établissement de soins de longue durée qui refuse de fournir des repas faibles en glucides).
C NCEPT à retenir
Puisque l’insuline est principalement sécrétée suite à l’ingestion de glucides (et de protéines dans une moindre mesure), l’une des solutions les plus efficaces pour
inverser une résistance à l’insuline est d’adopter une alimentation faible en glucides ou cétogène, en consommant moins de 100 g de glucides nets par jour.
Les autres piliers de la santé métabolique
Les maladies chroniques liées au style de vie, comme l’obésité, le diabète de type 2 et le syndrome métabolique, ont habituellement comme origine principale,
l’hypersécrétion d’insuline et la résistance à l’insuline. La meilleure façon de s’attaquer à la source de cette problématique est d’améliorer son alimentation, en
réduisant les apports en glucides, en particulier les sucres et produits raffinés. Cependant, ce n’est pas la seule habitude de vie qui ait de l’importance. En effet, la
gestion du stress, le sommeil, l’activité physique, l’exposition au soleil, la communauté et le réseau social, entre autres, contribuent de manière significative au
bon fonctionnement du corps humain et à la réduction de la résistance à l’insuline.
La gestion du stress
Lorsque le corps vit un stress, qu’il soit physique ou psychologique, il produit, entre autres, du cortisol, sa principale hormone de défense. Le cortisol est
responsable de la mobilisation de l’énergie pour la fuite ou le combat: il nous a permis de survivre face aux menaces de notre environnement. Lorsque cette
hormone est sécrétée, elle intime l’ordre d’augmenter l’approvisionnement en sucre (pour pouvoir fuir ou combattre) et, donc, élève le taux de glucose dans le
sang. Elle déstocke de l’énergie contrairement à l’insuline qui, elle, est l’hormone du stockage. Le corps est en état d’alerte et ralentit les processus
physiologiques qui ne sont pas prioritaires dans l’immédiat, comme la digestion. Lorsque le stress est ponctuel et de courte durée, l’impact est minimal et le corps
retrouve rapidement son équilibre et son fonctionnement normal une fois le stress passé.
Cependant, lorsque le stress devient chronique ou qu’il n’est pas correctement géré, la glycémie peut demeurer élevée, ce que le corps voudra corriger en
sécrétant plus d’insuline. Autrement dit, des glycémies chroniquement élevées secondaires au stress engendreront une insulinémie chroniquement élevée 40.
Cela, bien évidemment, pourra mener à une résistance à l’insuline, et donc à un gain de poids, puisque l’insuline est l’hormone du stockage des graisses. Tout
cela a été confirmé par des études qui ont montré une association entre un cortisol chroniquement élevé et une augmentation de l’indice de masse corporelle
(IMC), du tour de taille et du rapport taille/hanches 41.
La réduction du stress et sa saine gestion ne sont pas des processus passifs. Contrairement à la croyance populaire, on ne peut pas simplement s’installer
confortablement devant le téléviseur, un bol de maïs soufflé à portée de main, et écouter une bonne émission, pour se défaire du stress accumulé pendant la
journée. Il faut entreprendre une action, comme pratiquer une activité physique (aller marcher après le souper avec son chien, suivre un cours de danse latine),
pratiquer des techniques de respiration ou d’imagerie mentale, faire de la méditation (libre ou guidée avec une application pour téléphone intelligent), du yoga ou
une activité artistique (scrapbooking, tricot, photographie), de la massothérapie, etc.
La clé du succès est d’en faire une habitude et d’utiliser une ou plusieurs méthodes de réduction du stress sur une base régulière. Il est fort probable que vous
améliorerez ainsi votre sommeil, votre humeur, votre niveau d’énergie, votre poids, votre taux de cortisol et, donc, votre taux d’insuline en circulation, et que
vous vous sentirez mieux globalement. Lorsque vous vivrez une période de stress plus intense, indépendante de votre volonté, par exemple la perte de votre
emploi ou le décès d’un proche, vous serez sans doute tenté de délaisser vos bonnes habitudes de gestion du stress. Rappelez-vous que si vous ne pouvez rien
contre ce qui vous arrive, vous pouvez au moins contrôler la façon dont vous gérez le stress de cette situation et c’est justement dans ces moments-là qu’il est
essentiel que vous le fassiez de manière active.
Le sommeil
Un sommeil de durée et de qualité adéquates est primordial pour la santé et le bien-être. On recommande aux adultes de dormir environ huit heures par nuit.
Même si cela varie un peu selon les individus, la majorité des adultes occidentaux reconnaissent ne pas dormir suffisamment. Au moins un tiers des Français
rapportent avoir des nuits trop courtes 42. Or, un sommeil insuffisant est associé à une prise de poids, une augmentation du cortisol, des difficultés de
concentration, un affaiblissement du système immunitaire, un accroissement des risques de démence, une perturbation de la glycémie, une augmentation des
risques de maladies cardio-vasculaires et de certains cancers, une exacerbation de plusieurs maladies mentales, dont l’anxiété et la dépression, une augmentation
de la production de ghréline, une hormone de faim, et d’autres signaux hormonaux de faim, une diminution de la sécrétion de leptine, une hormone de la satiété,
et d’autres signaux hormonaux de satiété 43…
Le manque de sommeil chronique est fortement associé au surpoids. Une étude québécoise, l’étude des familles de Québec (QFS) 44, a même montré une
augmentation de 27% du risque d’embonpoint chez les gens en manque chronique de sommeil, alors qu’une autre étude 45 a montré que plus la carence était
importante, plus ce risque semblait augmenter, allant jusqu’à 91% pour les gens qui dorment régulièrement moins de 5 heures par nuit. Une méta-analyse de 696
études datant d’une dizaine d’années a montré que le risque d’obésité augmentait de 55% chez les adultes et de 89% chez les enfants qui ne dormaient pas assez.
Pour chaque heure de carence en sommeil, l’indice de masse corporelle augmentait de 0,35 kg/m2 46.
Le manque de sommeil est un important stresseur pour le corps. Comme c’est le cas pour tous les stresseurs, il entraîne la sécrétion de cortisol, lequel, en retour,
fait augmenter le glucose sanguin et le taux d’insuline. Le corps désire ainsi nous maintenir en état d’alerte et nous donner l’énergie nécessaire pour réagir
physiquement face au stresseur. Le cerveau moderne peut difficilement distinguer un stress physique (un tigre vous pourchasse) d’un stress mental (des
problèmes conjugaux). Étant le fruit de l’évolution, le corps emploie les mêmes mécanismes de défense ancestraux et croit qu’une action physiquement exigeante
devra être entreprise. Il sécrète donc du cortisol pour stimuler le système et donner du glucose aux muscles, afin que ceux-ci aient l’énergie nécessaire pour fuir
ou combattre. En contrepartie, il y a moins d’énergie disponible pour les fonctions cognitives, ce qui contribue au brouillard mental que l’on peut ressentir après
une nuit trop courte. Cela peut aussi potentiellement aggraver les comportements de dépendance à la nourriture ou à d’autres substances psychoactives 47: il est
en effet plus difficile de faire des choix alimentaires sains lorsque l’on est carencé en sommeil. Une seule nuit trop courte peut provoquer une augmentation du
cortisol de 100% 48. Lorsque l’insuffisance de sommeil se chronicise, les effets sur la glycémie et l’insulinémie sont désastreux et peuvent contribuer au
développement d’une résistance à l’insuline 49, voire d’un diabète de type 2 50, entre autres.
Prévoyez environ 8 heures de sommeil par nuit (entre 7 et 9 heures pour la très grande majorité des adultes).
Ne regardez pas d’écrans dans les heures qui précèdent votre coucher, en particulier les écrans de tablette et de téléphone intelligent. Si vous devez
absolument le faire, munissez-vous de lunettes qui bloquent la lumière bleue.
N’ayez pas de télévision ou d’autres écrans dans votre chambre. La chambre à coucher ne devrait pas être une pièce multifonction ou multiusage, mais
plutôt un lieu dédié, propice au sommeil, au repos et à l’intimité.
Ne buvez aucune boisson contenant de la caféine l’après-midi et limitez les liquides plusieurs heures avant d’aller vous coucher, afin d’éviter de devoir
uriner pendant la nuit.
Veillez à ce que le confort de votre oreiller et celui de votre matelas soient optimaux.
Portez des vêtements confortables et, au besoin, un masque sur vos yeux.
Essayez d’éviter les somnifères. Ceux-ci, tout comme l’alcool et les drogues récréatives, perturbent l’architecture du sommeil (les phases de sommeil,
leur durée et leur profondeur). Le sommeil est donc de moins bonne qualité et est moins réparateur.
La méditation de pleine conscience et certaines techniques de respiration ou d’imagerie mentale peuvent aider dans les cas d’insomnie, tout comme une
psychothérapie, s’il y a présence d’anxiété.
Si vous avez une sensation de somnolence en journée malgré une durée de sommeil adéquate, songez à faire un test de dépistage de l’apnée du
sommeil.
Les suppléments de magnésium, qui sont habituellement recommandés avec l’alimentation faible en glucides ou cétogène, peuvent aider à mieux
dormir (voir le protocole de la Clinique Reversa à ce sujet page 156).
L’activité physique
Même si la perte de poids est principalement médiée par l’alimentation, l’activité physique fait partie d’une stratégie globale pour optimiser la santé, le poids, le
stress, le sommeil et la sensibilité à l’insuline. L’exercice permet de sécréter des endorphines, lesquelles améliorent l’humeur et réduisent les symptômes
anxiodépressifs. Il accroît l’acuité cognitive et la clarté mentale (moins de brouillard cérébral) 51. Il peut aider à augmenter la densité osseuse 52, 53, à améliorer
la composition corporelle (proportions de graisse et de muscles du corps) et à accroître la masse maigre (les muscles), ce qui se traduit par une augmentation du
métabolisme de base. Plus le métabolisme de base est élevé et plus on brûle de calories pendant la journée.
L’exercice physique aide également à diminuer la résistance à l’insuline 54, 55, 56 et à brûler le glucose en circulation dans le sang que le stress de la journée
pourrait avoir fait affluer. Il améliore l’efficacité du système immunitaire 57, 58, réduit les risques de certains cancers 59 et peut contribuer à améliorer la
composition du microbiote intestinal 60.
Les autorités de santé canadiennes recommandent de pratiquer une activité aérobie d’intensité modérée à élevée pendant au moins 150 minutes par semaine, et de
compléter cela par des activités de renforcement musculaire au moins deux fois par semaine. À la Clinique Reversa, nous ne conseillons pas à nos patients
inactifs ou sédentaires de commencer à suivre ces recommandations dans les premiers temps. Nous préférons nous concentrer sur leur réadaptation alimentaire en
les initiant à l’alimentation faible en glucides et cétogène et leur donner le temps de s’adapter physiquement et psychologiquement à ce nouveau mode de vie.
Par ailleurs, nous croyons que si nos patients essayent de tout changer en même temps, les risques qu’ils se découragent et abandonnent le programme seront plus
élevés. Nous préférons procéder par étapes, très progressivement. Après trois mois d’alimentation faible en glucides ou cétogène, avec ou sans l’intégration du
jeûne intermittent, nous leur proposons une rencontre avec l’un de nos kinésiologues, dont le rôle est d’évaluer individuellement chaque patient et de lui proposer
des activités physiques qui lui conviennent, c’est-à-dire qui vont tenir compte de ses limites physiques, de ses contraintes logistiques et qu’il va trouver agréables.
Nous n’avons pas d’objectif de performance ni de durée, nous souhaitons simplement que nos patients se remettent à bouger, deviennent plus actifs et retrouvent
du plaisir et du bien-être à pratiquer une activité physique, quelle qu’elle soit et quelle qu’en soit la durée. Il y a ainsi plus de chances qu’ils poursuivent ces
activités sur le long terme.
L’exposition au soleil
Il existe évidemment plusieurs autres facteurs qui améliorent la santé métabolique, comme l’exposition régulière au soleil. L’exposition au soleil est un sujet
controversé, car une surexposition peut augmenter les risques de développer des cancers de la peau. Parmi les bienfaits d’une exposition raisonnable (sans coup
de soleil) et régulière, figure en premier lieu l’augmentation du taux de vitamine D, laquelle est associée à la réduction du risque de développer une multitude de
maladies, une diminution de la mortalité (toutes causes confondues), une réduction de l’incidence des maladies cardio-vasculaires, de la démence d’Alzheimer,
du diabète et de la sclérose en plaques 61. Une sous-exposition au soleil peut perturber le cycle circadien et la production de mélatonine, ce qui peut entraîner un
gain de poids et de l’insomnie 62. Il est recommandé de s’exposer régulièrement sans provoquer de coup de soleil, de manière à obtenir un taux de vitamine D
sérique d’au moins 30 ng/mL ou 75 nmol/L 63. En hiver, une supplémentation doit souvent être envisagée.
Par ailleurs, lorsque l’on est dans un processus de changement des habitudes de vie, en particulier si l’on adopte une alimentation ou un mode de vie qui est
controversé ou peu connu, comme peuvent l’être l’alimentation faible en glucides, l’alimentation cétogène et le jeûne intermittent, il est d’autant plus important
de ne pas se sentir seul à nager contre le courant. Cela peut devenir lourd et mener à l’abandon. À la Clinique Reversa, nous avons créé un groupe Facebook
privé, réservé aux patients qui suivent ou ont suivi notre programme et ce groupe est modéré par notre équipe multidisciplinaire sur une base quotidienne. Nous
croyons que l’esprit de communauté et la collégialité qui s’y sont développés contribuent à maintenir la motivation de nos patients.
Comme nous recevions beaucoup de demandes d’adhésion de personnes vivant à l’étranger et qui n’étaient donc pas des patients de la clinique, nous avons
décidé de créer un groupe de soutien ouvert et gratuit pour tous les francophones qui s’intéressent à l’alimentation faible en glucides, l’alimentation cétogène et le
jeûne intermittent. Plusieurs membres de notre équipe professionnelle s’occupent de répondre aux questions qui y sont posées et soumettent des articles
intéressants. Certes, on trouve tout et son contraire sur Internet et Facebook, mais nous veillons à ce que nos réponses et échanges soient toujours fiables et basés
sur la science. Vous pouvez devenir membre de ce groupe en tapant Keto Experts Qc: groupe modéré par Reversa et Céto solutions dans la barre de recherche de
Facebook.
C NCEPT à retenir
Plusieurs facteurs jouent un rôle important dans le renversement de la résistance à l’insuline et la perte de poids, comme le sommeil, l’exercice physique, la gestion
du stress, l’exposition au soleil et le réseau social. Pour optimiser ses résultats et sa santé métabolique, mieux vaut leur accorder l’importance qu’ils méritent.
b. Les lectines sont des glycoprotéines très répandues dans les végétaux, qui se fixent à des résidus glucidiques sur nos cellules et peuvent perturber leur fonctionnement et celui des organes. Il y en a surtout
dans les céréales et les légumes secs. On en trouve aussi dans certains fruits (banane, raisin, melon, baies…),
c. Au Canada, ces huiles sont souvent vendues sous la simple appellation «huile végétale» (vegetable oil en anglais).
d. Au Canada, les glucides nets se calculent en soustrayant les fibres de la quantité totale de glucides (glucides – fibres = glucides nets). En Europe, les fibres ne sont pas comptabilisées parmi les glucides. La
teneur en glucides des aliments correspond donc toujours aux glucides nets.
e. Quota.
CHAPITRE 3
L’
orsqu’une personne désire participer à notre programme de six mois, elle est invitée à se rendre sur notre site Internet et remplir un formulaire
d’inscription qui contient tous les renseignements nécessaires à l’étude préliminaire de son dossier: sexe, âge, problèmes de santé connus,
médicaments et objectifs principaux.
Nous refusons actuellement les patients qui présentent une contre-indication absolue à l’alimentation cétogène (voir page 50 de la partie 1), de même que les
patients qui ont une insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique modérée ou sévère, les enfants de moins de 18 ans, les personnes qui souffrent d’anorexie active,
de même que les personnes qui nous disent très clairement douter de la méthode ou être peu motivées.
L’insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique, de même que l’âge, ne sont pas des contre-indications absolues. Certains médecins ailleurs dans le monde
acceptent de tels patients. Cependant, ces médecins sont habituellement des spécialistes, par exemple en médecine interne, endocrinologie pédiatrique ou
psychiatrie. Ils sont donc plus chevronnés et mieux outillés que nous pour gérer des cas complexes ou délicats.
Le médecin rencontre ensuite chaque patient individuellement pour clarifier certains aspects du dossier médical. Il vérifie les symptômes de maladie métabolique
présents, explique les spécificités des pathologies pour lesquelles le patient consulte. Il détermine avec lui ses principaux objectifs de santé, ajoute ou interrompt
un traitement médicamenteux si cela est nécessaire (voir page 96, la déprescription des médicaments), donne quelques consignes particulières le cas échéant. Il
explique également en détail l’analyse de sa composition corporelle: le taux de graisse actuel et celui visé, la quantité de masse maigre à viser ou bien, s’il y a
présence de sarcopénie, le poids corporel approximatif à viser, tout cela non pas en fonction de sa taille, mais bien de sa masse maigre actuelle. Finalement, il
répond à toute question ou inquiétude de nature médicale que le patient pourrait avoir.
Le médecin lui remet ensuite la première ordonnance d’une série de trois prises de sang: la première analyse à faire dans les jours qui suivent, la deuxième au
bout de trois mois et la dernière au terme des six mois du programme. Il lui remet également une ordonnance pour aller passer une échographie abdominale afin
de voir s’il a une stéatose hépatique et, le cas échéant, la quantifier (légère, modérée, sévère, début de cirrhose, etc.).
Si la première échographie révèle une stéatose hépatique, une deuxième ordonnance lui sera remise au terme de six mois d’alimentation faible en glucides, ceci
afin de voir si elle est toujours présente.
Nous parlerons plus longuement de la stéatose hépatique dans la partie 3. Sa prévalence est en augmentation constante et la plupart des gens ignorent en être
affligés. Dans chaque cohorte de 15 à 20 personnes qui consultent à la Clinique Reversa, habituellement une seule n’a pas le foie gras à l’échographie.
Les patients reçoivent aussi une ordonnance pour une lipodensitométrie-ostéodensitométrie (scan DEXA) pour valider leur taux de graisse corporelle et vérifier
la densité osseuse. Le pourcentage de graisse corporelle est plus fiable avec cette technologie qu’avec la bio-impédancemétrie, mais elle est plus difficile d’accès
et ses détails sont plus difficiles à interpréter. Par ailleurs, il nous apparaît important de dépister l’ostéopénie et l’ostéoporose, puisque la santé des os fait partie
de la santé métabolique et que des os solides et sains entrent en ligne de compte dans une composition corporelle optimale (lire l’encadré page 66).
Par la suite, les patients lisent et signent un formulaire de consentement signifiant ainsi qu’ils sont d’accord pour participer au programme. Ils ont parfois le
temps d’aller se chercher un dîner rapide dans un restaurant à proximité (plusieurs offrent des options cétogènes à nos patients) et se retrouvent dans une salle de
classe en début d’après-midi.
Les patients ont ensuite une courte pause. Nous leur offrons un café crème et une petite collation faible en glucides, sachant que la plupart d’entre eux sont
habitués à manger entre les repas et pourraient se sentir en panne d’énergie.
Ensuite, durant la deuxième moitié de l’après-midi, nous passons à la pratique. Nous enseignons les bases de l’alimentation faible en glucides et de l’alimentation
cétogène. Il est important que les patients sachent où sont les glucides, comment lire les étiquettes des produits alimentaires, comment calculer les glucides nets,
quels glucides sont à privilégier ou à éviter et pourquoi, quelles matières grasses favoriser, comment faire le ménage dans son garde-manger et son réfrigérateur,
comment initier une alimentation faible en glucides ou cétogène, etc. Deux semaines de menus leur sont offertes avec les recettes correspondantes mais les
patients ne sont pas obligés de suivre ces menus, c’est une simple suggestion.
Les patients qui ont des restrictions alimentaires complexes peuvent obtenir une consultation avec une nutritionniste qui collabore avec la clinique. Il s’agit des
patients qui ont des allergies alimentaires multiples ou qui veulent adopter une alimentation cétogène végétarienne, par exemple.
À l’issue de cette première journée, les patients reçoivent un cartable qui renferme plusieurs outils et ressources, dont le contenu du cours théorique, pour qu’ils
puissent le relire à tête reposée au besoin. Dans ce cartable se trouvent aussi une prescription de magnésium et de vitamine D, de même qu’une prescription pour
un lecteur de glycémie-cétonémie avec des bandelettes.
Lors de cette première journée, nous n’enseignons pas comment utiliser le lecteur de cétonémie ni comment interpréter la cétonémie et nous n’abordons pas non
plus le sujet du jeûne intermittent, car cela fait déjà beaucoup d’informations pour les patients. Pour couvrir tous ces sujets que nous n’avons pas le temps
d’évoquer pendant le cours, nous avons tourné de petites capsules vidéo que les patients peuvent aller voir sur notre site Internet sécurisé.
Pour finir, nous fixons à chacun son premier rendez-vous de suivi, qui aura lieu deux semaines plus tard.
Les suivis à la clinique se font en petits groupes de quatre personnes, durent une heure et sont assurés par une infirmière ou une assistante médicale certifiéea par
la Clinique Reversa. Les personnes qui habitent trop loin ou qui n’ont pas d’horaires de travail souples peuvent faire leurs suivis à distance par téléphone ou par
Skype. Ces suivis sont alors individuels et durent habituellement 20 minutes.
Les patients ont droit à environ 7 rendez-vous de suivi (selon le type de cohorte à laquelle ils sont inscrits): un toutes les deux semaines au début puis un tous les
mois. À tout moment, pendant les suivis, l’infirmière ou l’assistante médicale a la possibilité de communiquer avec le médecin pour discuter des progrès de
chaque patient, évaluer les glycémies, analyser les résultats des prises de sang et de l’imagerie et ajuster les médicaments au besoin, sans que le médecin n’ait à
rencontrer à nouveau les patients. Si des tests complémentaires sont nécessaires, l’ordonnance est envoyée par la poste ou par courriel au patient ou à l’hôpital de
sa localité. Si des médicaments sont prescrits ou déprescrits, une ordonnance est envoyée par télécopieur directement à la pharmacie du patient (les cabinets de
médecins et les pharmacies du Québec communiquent encore énormément par télécopieur, même si cette technologie est considérée comme plutôt désuète de nos
jours).
En effet, nous expliquons aux patients que le programme dure six mois, non pas parce que tous vont atteindre leurs objectifs de santé pendant cette période, mais
bien parce que nous croyons qu’avec six mois d’accompagnement, de coaching, de suivi des glycémies et bilans sanguins, les patients maîtriseront la gestion de
leur maladie. Ils auront compris quand, comment et quoi manger pour optimiser leur santé et leur composition corporelle; ils disposeront de tous les outils
nécessaires dans leur coffre à outils. Ils auront fait des essais-erreurs et auront pu constater ce qui fonctionnait pour eux et ce qui ne convenait pas. Ils auront
perdu certaines mauvaises habitudes de vie et en auront acquis de nouvelles, plus saines.
Nous croyons qu’à la fin du programme, les patients ont acquis les connaissances et l’expérience nécessaires pour
poursuivre leur cheminement vers une meilleure santé.
Nous croyons qu’à la fin du programme, les patients ont acquis les connaissances et l’expérience nécessaires pour poursuivre tout simplement leur cheminement
vers une meilleure santé et une meilleure composition corporelle. Nous leur avons appris à piloter leur propre bateau et leur avons montré le cap; à eux de
reprendre le gouvernail et de continuer à voguer dans la même direction.
Évidemment, tous les patients ne décident pas forcément de poursuivre leur voyage dans la bonne direction. Certains décrochent, abandonnent, se découragent.
D’autres n’avaient pas réellement saisi l’importance de maintenir leurs bonnes habitudes de vie s’ils voulaient en conserver les bienfaits. Ils avaient considéré
l’alimentation faible en glucides ou cétogène comme un régime à court terme, un mode alimentaire transitoire pour perdre quelques livres ou stopper quelques
médicaments, qu’ils pourraient délaisser après avoir obtenu les résultats voulus.
Or, il s’agit réellement d’un mode de vie qu’il est souhaitable d’adopter pour de bon. J’ai adopté l’alimentation cétogène il y a maintenant quatre ans. J’adore ce
que je mange, je me sens pleine d’énergie, mes prises de sang sont impeccables, mon foie n’a aucune trace de stéatose hépatique et mon poids se maintient sans
effort. Je ne vois pas pourquoi je retournerais à une alimentation qui, anciennement, m’avait fait prendre du poids et rendue fatiguée de manière chronique!
Je suis absolument contre cette vision des choses. Premièrement, aucun traitement ne fonctionne chez 100% des patients, que ce soit un médicament, un produit
naturel, une chirurgie ou autre. Deuxièmement, notre travail comme médecins ou professionnels de la santé consiste à offrir et bien expliquer toutes les options
thérapeutiques aux patients et à les accompagner dans les choix qu’ils feront subséquemment. Ce n’est pas à nous de décider de manière paternaliste quels
patients pourront soutenir un changement d’alimentation à long terme et quels patients n’en auront pas la force. Il s’agit là d’une décision qui revient aux
patients. De ce fait, tous les patients méritent de se voir offrir toutes les options possibles, incluant l’alimentation, et que leur choix soit respecté.
Troisièmement, chaque fois qu’un de mes patients abandonne l’alimentation faible en glucides ou cétogène après avoir connu de beaux succès, je me dis que les
parcours sans obstacles sont plutôt rares dans la vie. Il arrive que l’on tombe. Il arrive qu’il faille du temps pour se relever. Il arrive que l’on dévie du droit
chemin et que l’on se perde dans le brouillard pendant longtemps. Mais la graine est semée. De tels patients savent désormais que leur vie et leurs maladies
pourraient être tout autres. Ils ont des outils dans leur coffre à outils, qui attendent tranquillement le jour où ils décideront de les utiliser à nouveau. Personne ne
peut prédire si, ni même quand, la graine se remettra à pousser et fleurira à nouveau.
Quatrièmement, je considère l’alimentation comme le meilleur premier traitement pour les maladies chroniques de la vie moderne et je la crois supérieure à bien
des médicaments. Il est vrai, de mon humble avis, que plusieurs médicaments, tels les hypoglycémiants pour les diabétiques de type 2, aident à gérer la maladie,
mais ils ne permettent pas la rémission. Ils ne permettent pas de la renverser. En tant que médecin, je souhaite offrir à mes patients le meilleur traitement possible,
celui qui sera le plus à même de les aider à retrouver la santé et à la maintenir.
Même si parler d’alimentation prend plus de temps que de prescrire une pilule, il s’agit d’une bien meilleure
médecine avec des résultats nettement supérieurs.
Hippocrate invitait à la plus grande prudence en médecine; sa première préoccupation était de ne pas nuire. Je pense que les médecins qui n’offrent pas à leurs
patients l’alimentation comme option thérapeutique nuisent grandement à ceux-ci.
a. Les infirmières et assistantes médicales qui travaillent au sein de la Clinique Reversa doivent suivre une formation d’une soixantaine d’heures que nous avons mise sur pied et qui est accréditée par la
Sofeduc, un organisme à but non lucratif dont la mission est de promouvoir, reconnaître et évaluer la qualité de l’offre de formation continue des organisations publiques et privées du Québec dans le respect
des dix normes de qualité.
CHAPITRE 4
L
ors de leur suivi par la Clinique Reversa, tous les patients vont recevoir des recommandations nutritionnelles précises, pour leur permettre
d’adopter facilement l’alimentation faible en glucides ou cétogène. Des bilans sanguins seront réalisés durant tout le suivi afin de permettre de voir
l’évolution de leur pathologie.
Il est également utile de peser les protéines pendant quelques jours pour s’assurer d’en avoir suffisamment et pour se fixer des repères.
Quant aux lipides, ils n’ont habituellement pas besoin d’être pesés.
L’idéal est d’y aller ensuite à l’œil et de voir comment les choses évoluent. En cas de problème, par exemple une cétonémie qui demeure à zéro b, la perte de
poids qui atteint un plateau, des glycémies qui ne diminuent pas ou une sensation de faim omniprésente, il est souvent nécessaire de recommencer à peser les
aliments et de tout consigner dans une application. C’est fréquemment de cette façon que nos infirmières ou assistantes médicales découvrent la source du
problème.
Plus le ratio est élevé, plus l’alimentation est cétogène donc restrictive en glucides.
Glucides
Nous recommandons à tous nos patients d’adopter une alimentation faible en glucides, c’est-à-dire une alimentation qui ne contient pas plus de 100 grammes de
glucides nets par jour, et nous allons même plus loin puisque nous leur suggérons fortement d’opter pour une alimentation cétogène. Quoique plus restrictive et
nécessitant une adaptation plus importante, elle est aussi très souvent plus puissante et plus rapide. Pour certains patients, en raison des pathologies qui les
affligent, la marge de manœuvre est plus étroite; nous leur recommandons d’emblée la cétose nutritionnelle, c’est-à-dire de se limiter à environ 20 grammes de
glucides nets par jour voire moins.
Protéines
Nous recommandons aux patients d’avoir des apports modérés en protéines, soit environ 1 gramme de protéine par kilogramme de poids idéal par jour ou 0,8
gramme de protéine par kilogramme de poids réel (il existe plusieurs formules acceptées), davantage s’ils font de la musculation, s’ils ont plus de 65 ans, ou
encore s’ils récupèrent d’une chirurgie ou d’une autre maladie importante. Pour simplifier, nous leur suggérons souvent de consommer chaque jour un morceau
de viande ou de poisson de la taille de leur main (et non la paume de la main), en particulier s’ils ne mangent pas trois repas par jour.
Bien des adeptes de l’alimentation faible en glucides ou cétogène craignent qu’un excès de protéines se transforme en glucose dans le sang et pensent de ce fait
qu’il vaut mieux limiter les apports en protéines. Cette crainte est injustifiée selon nous. Hormis chez les personnes dont le métabolisme est vraiment très malade
et qui ont une alimentation à la fois riche en sucres et riche en lipides, un léger excès de protéines ne semble pas problématique. Par ailleurs, les protéines sont le
macronutriment qui stimule le plus les hormones de satiété pendant les repas et entre ceux-ci 1. Nous ne redoutons pas outre mesure que nos patients aient des
apports en protéines un peu trop élevés. Et si nous leur demandons de peser leurs aliments protéiques, ça n’est pas pour les limiter, mais au contraire pour veiller
à ce qu’ils en aient une quantité suffisante chaque jour.
Des glucides en faibles quantités… Des protéines en apports modérés…
Des lipides naturels et de bonne qualité…
Lipides
Nous recommandons des lipides de bonne qualité, naturels, et qui ne comportent pas d’oméga-6 en excès. Nous conseillons donc les huiles d’avocat, d’olive, de
coco, de cameline, de TCM (triglycérides à chaînes moyennes), ainsi que le beurre, le ghee, le lard, le saindoux, le suif, le gras de canard et d’oie, etc. Nous
demandons aux patients d’éviter les huiles extraites de graines, comme les huiles de pépins de raisin, de carthame, de canola (lire page 42), de soya, de maïs, de
tournesol, etc., de même que les sources de gras trans et hydrogénés.
Les lipides n’ont habituellement pas besoin d’être pesés ou mesurés, sauf si l’on soupçonne que la personne limite ses apports et n’en consomme pas assez. En
effet, il est fréquent que nos patients comprennent qu’ils doivent réduire la part des glucides, mais qu’ils conservent la peur de grossir ou d’aggraver leur bilan de
cholestérol en mangeant de la graisse. Cela les conduit à adopter une alimentation faible en glucides ET faible en lipides, avec un apport modéré en protéines.
Ces patients ont faim et rapportent des symptômes de fatigue, des sensations de froid, des pertes de cheveux, des idées obsessives concernant la nourriture, une
résistance à la perte de poids, etc.
Lorsque cela survient, nous demandons à nos patients de comptabiliser leurs apports en lipides afin de voir s’ils sont suffisants, c’est-à-dire s’ils parviennent à un
ratio d’environ 2 g de lipides pour 1 g de glucides + protéines ou si l’apport de lipides couvre environ 75 à 80% des calories de la journée. Il s’agit là d’un ratio
(ou d’un pourcentage) habituellement favorable à la perte de poids. Dès que possible, les patients cessent de mesurer leurs apports en lipides et apprennent à se
fier à leur satiété. Nous leur suggérons de manger des lipides à chaque repas jusqu’à atteindre la satiété et suffisamment pour maintenir la satiété entre les repas.
Ils ne doivent pas avoir besoin de collation entre les repas après la période d’adaptation et doivent avoir une faim raisonnable au repas suivant. Nous leur
apprenons à se reconnecter avec leurs signaux de satiété et à ne plus manger simplement parce que l’horloge indique qu’il est l’heure.
S’ils ont besoin d’une collation entre les repas, c’est possiblement que le repas précédent, s’il contenait suffisamment de protéines, ne contenait en revanche pas
assez de lipides. Il faut ajuster à la hausse. Si, au contraire, ils n’ont aucun appétit au repas suivant, mieux vaut sauter ce repas (ce qui équivaut à un jeûne
intermittent) et conclure qu’il y avait possiblement trop de lipides au dernier repas. Il faut donc ajuster à la baisse. C’est donc plutôt par essais et erreurs que les
patients ajustent eux-mêmes leurs apports en lipides.
Si on a besoin d’une collation entre les repas, c’est parce qu’il manquait des protéines et/ou des lipides au repas
précédent.
Il est important de souligner que plus les patients se rapprochent de leur composition corporelle santé, plus il est probable que leurs apports en lipides doivent
augmenter étant donné que le corps va de moins en moins puiser dans ses réserves de graisse. Par ailleurs, certains ont tendance à réduire progressivement leurs
apports en lipides avec le temps, sans s’en rendre compte.
Quand les fringales (cravings en anglais), la faim, les pensées envahissantes sur la nourriture, l’envie de manger des glucides ou la fatigue sont soudainement de
retour, alors que rien d’autre dans la vie des patients ne semble avoir changé, il est indiqué de vérifier à nouveau les apports quotidiens en lipides et de veiller à ce
qu’ils soient suffisants.
Si le corps n’a pas assez de lipides en mode cétogène, il criera famine et se mettra en économie d’énergie, ce qui
n’est pas souhaitable.
Ensuite, chaque patient peut poser des questions ou parler d’une situation difficile qu’il a vécue et échanger avec l’assistante. Certains patients recherchent
surtout de l’enseignement, alors que d’autres ont besoin principalement d’encouragement et de se sentir soutenus. L’infirmière ou l’assistante médicale conclut
avec des conseils spécifiques à chaque patient et, parfois, avec des devoirs ou des défis à relever pour les prochaines semaines. Certains patients ont besoin d’un
but pour se mobiliser. Les interventions sont adaptées en fonction du profil de chaque patient.
Il arrive parfois que nos patients n’obtiennent que très peu de résultats malgré le respect des principes de l’alimentation faible en glucides ou cétogène. Dans
certains cas, il arrive que l’on découvre un trouble du comportement alimentaire, une dépendance à la nourriture, de la boulimie ou des crises d’hyperphagie.
Dans d’autres cas, le niveau de stress est trop élevé ou le sommeil est trop insuffisant ou de trop mauvaise qualité pour permettre une perte de poids ou une
amélioration des glycémies. Si nous ne sommes pas capables de trouver des solutions avec les patients, nous les adressons à la psychologue de l’équipe qui
procède à une évaluation initiale et dirige le patient vers les ressources appropriées.
Or, la population générale est de plus en plus malade d’un point de vue métabolique, ce qui fait que plusieurs éventails de référence ont augmenté récemment. Il
faut garder en tête par conséquent que les valeurs de référence qui figurent sur votre bilan sanguin ne correspondent pas forcément aux valeurs optimales pour la
santé. Les éventails de référence indiqués correspondent seulement aux intervalles à l’intérieur desquels se trouvent 95% de la population générale.
Notez bien que tous les tests qui suivent ne sont absolument pas essentiels, et d’autres professionnels de la santé qui traitent des patients avec l’alimentation
faible en glucides ou cétogène peuvent demander des analyses de sang différentes et aussi interpréter différemment les résultats. La quasi-totalité des tests
suivants sert à établir un bilan de la situation au départ et à suivre les progrès effectués. Je tiens à le préciser: ces dosages sanguins ne sont pas pratiqués parce
qu’il serait dangereux de réduire ses apports en glucides et qu’il vaut mieux surveiller étroitement ce qui se passe dans le sang par crainte de problèmes. Après
avoir suivi plus de 1 500 patients en les soumettant à trois séries de prises de sang sur six mois, j’ai suffisamment d’expérience à présent pour pouvoir prédire
pratiquement ce qui va changer pour chaque test sanguin et chaque patient! Et les fois où j’ai découvert des problèmes ou des paramètres sanguins qui s’étaient
aggravés anormalement sont très rares.
Les valeurs de référence des laboratoires qui figurent sur votre bilan sanguin ne correspondent pas forcément aux
valeurs optimales pour la santé.
Tests sanguins du protocole Reversa
ALT
GGT
Ferritine
Glycémie à jeun
HBA1c
Créatinine
Microalbuminurie urinaire
Bilan lipidique complet, incluant ApoA et ApoB
Formule sanguine complète (FSC)
Insulinémie
Protéine C-réactive (CRP)
Acide urique
TSH (glande thyroïde) avec T4 au besoin
Vitamine D
Vitamine B12 c (si prise de metformine ou d’un inhibiteur de la pompe à protons depuis plusieurs années)
Électrolytes (si prise de diurétiques)
Testostérone (si homme avec symptômes d’hypogonadisme secondaire ou si important surpoids)
Cortisol urinaire et salivaire (si long plateau sans perte de poids ou sans amélioration des glycémies sans autre cause apparente)
Voyons en détail en quoi consiste chaque test, comment l’interpréter et quelles sont les valeurs cibles.
ALT
L’alanine transaminase (ALT), également appelée alanine aminotransférase (ALAT), est une enzyme principalement associée au foie. Le dosage de l’ALT fait
partie du bilan hépatique. Elle est un marqueur de dommage hépatocellulaire (il est normal d’avoir un peu de destruction cellulaire). Un taux d’ALT normal ne
signifie pas que le foie n’est pas atteint de stéatose. Il semble y avoir peu de corrélation entre les deux quand le taux est normal.
Le taux d’ALT devrait normalement baisser significativement chez les patients ayant une alimentation faible en glucides ou cétogène et dont la consommation
d’alcool est faible à modérée.
B N à savoir
Le taux d’ALT peut parfois augmenter dans les premiers mois suivant une alimentation faible en glucides, même si ce n’est pas la norme. Si c’est le cas, il vaut
mieux contrôler ce taux à nouveau trois mois plus tard.
GGT
La γ-glutamyl transférase (GGT) est une enzyme présente dans plusieurs parties du corps, mais on l’associe habituellement au foie. Un taux de GGT élevé est un
marqueur diagnostique de maladies hépatiques et pancréatiques, mais c’est également un marqueur de maladie métabolique globale, incluant la stéatose
hépatique, la résistance à l’insuline et certains cancers. C’est aussi un marqueur d’augmentation du stress oxydatif et d’inflammation des vaisseaux sanguins 2, 3,
4.
Deux choses font réellement augmenter les GGT: l’alcool et les glucides en excès. Le taux de GGT devrait s’améliorer grandement et rapidement chez les
patients ayant une alimentation faible en glucides ou cétogène, dont la consommation d’alcool est faible à modérée.
FERRITINE
Le dosage de la ferritine permet de mesurer de la quantité de fer en réserve dans le corps. Cependant, la ferritine est également un marqueur d’inflammation et est
souvent augmentée avec le syndrome métabolique, le diabète de type 2 et certaines maladies comme le lupus ou l’arthrite 5.
Nous dosons la ferritine car il arrive parfois que les réserves de fer soient trop basses dans le corps, même en absence d’anémie, et que cela se traduise par de la
fatigue, entre autres. Comme la fatigue chronique est une cause fréquente de consultation à notre clinique, nous vérifions systématiquement les causes organiques
habituelles.
Nous considérons également la ferritine comme un marqueur indirect de résistance à l’insuline et, donc, nous suivons son amélioration. Logiquement, en
adoptant une alimentation faible en glucides, la ferritine devrait baisser avec le temps si elle n’est pas due à une surcharge en fer ni à des excès d’alcool.
CIBLES: < 200 ug/L6 (si > 300 ET saturation de la transferrine > 0,45 à jeun, il y a risque de surcharge en fer)
GLYCÉMIE À JEUN
Il s’agit du taux de sucre dans le sang à jeun le matin du prélèvement. Chez les diabétiques, c’est souvent l’une des dernières valeurs qui s’améliorent, en raison
du phénomène de l’aube. Le phénomène de l’aube est un processus naturel qui se produit vers la fin de la nuit. Le corps libère à ce moment-là des hormones,
telles que le cortisol, l’adrénaline et l’hormone de croissance, qui agissent dans le but, entre autres, de préparer le corps au réveil. Ces hormones favorisent la
sécrétion de glucose par le foie et en même temps gênent l’action de l’insuline, ce qui peut faire augmenter la glycémie 7.
À noter que les six dernières semaines sont davantage représentées dans le calcul de l’hémoglobine glyquée.
Interprétation
- Entre 5,6% et 6,4% = prédiabète (À partir de 5,6, les risques néphro-pathiques, cardio-vasculaires et neuropathiques, incluant la rétinopathie, augmentent en
flèche. C’est pourquoi il est préférable de considérer le prédiabète à partir de cette valeur 8.)
Une fois le diagnostic posé, la cible thérapeutique visée avec un traitement pharmacologique est autour de 7% (en raison d’études comme ACCORD, qui ont
montré qu’un traitement pharmacologique trop intensif visant des glycémies le plus près de la normale possible augmentait la mortalité toutes causes confondues,
augmentait de 35% la mortalité cardio-vasculaire, augmentait les risques de faire des hypoglycémies et entraînait un gain de poids moyen de 10 kg, en
comparaison avec le traitement standard 9), un peu plus chez les personnes âgées fragiles et possiblement un peu moins chez les jeunes qui ne sont pas traités
avec des médicaments pouvant causer des hypoglycémies.
CIBLES: < 5,6% chez tous, y compris chez les diabétiques sevrés de leurs hypoglycémiants
B N à savoir
L’hémoglobine glyquée peut augmenter pendant le processus de sevrage de l’insuline et des autres hypoglycémiants. Si c’est le cas, il vaut mieux la contrôler à
nouveau tous les trois mois, jusqu’à ce qu’elle retourne à la normale.
CRÉATININE
C’est l’un des marqueurs de la fonction rénale. La créatinine sert à estimer le débit de filtration glomérulaire (débit de filtration des reins).
CIBLES: celles des laboratoires sont habituellement fiables, cependant il faut noter qu’une valeur augmentée peut être un signe de déshydratation (fréquent chez
les personnes en période d’adaptation à l’alimentation faible en glucides), de début de néphropathie diabétique ou de début d’insuffisance rénale, mais aussi
d’hypothyroïdie, entre autres. Une valeur abaissée peut être un signe de perte de masse musculaire, entre autres. Il est important de noter qu’une valeur normale
ne signifie pas que tout va bien du côté des reins.
Nous vérifions le bilan de cholestérol au début du programme Reversa, à trois mois et à six mois, mais dans un contexte de médecine familiale, avec mes propres
patients, j’ai plutôt tendance à le vérifier tous les six à douze mois après l’initiation d’un changement d’alimentation, et environ six mois après que le poids est
devenu stable, chez les patients qui sont dans un processus de perte de poids.
Les LDL peuvent augmenter, souvent de 7 à 10% (sans changement des ApoB), mais tendent à retourner à la normale après environ 12 mois 10, 11. Cependant,
les LDL ne figurent pas parmi les meilleurs prédicteurs de risque de maladie cardio-vasculaire. Les personnes qui s’intéressent à ce sujet pourraient lire les
travaux du cardiologue Michel de Lorgeril et consulter, entre autres, le rapport du Dr William Peter Castelli, expert en cardiologie et en analyse de données et
directeur de l’étude Framing Heart Study 12, dans lequel il explique que «à moins que les LDL soient très élevés, soit de 7,8 mmol/L ou plus, ils n’ont aucune
valeur, pris isolément, pour prédire quels individus sont à risque de maladie cardio-vasculaire».
B N à savoir
Le bilan lipidique peut être assez volatile et dynamique dans les premiers mois suivant l’adoption d’une alimentation faible en glucides, en particulier s’il y a une
perte de poids. Il ne serait pas opportun de prendre une décision médicale concernant le cholestérol dans les six premiers mois, surtout en période de perte de poids.
CIBLES:
Cholestérol total: aucune en particulier
HDL-C: > 1,0 mmol/L, voire > 1,5 mmol/L (voir ratios)
LDL-C: < 5 mmol/L (ou 3,5 selon les facteurs de risque, ou 2,0 si prise de statine)
Triglycérides (TG): < 1,1 mmol/L, voire < 0,8 mmol/L (voir ratio)
ApoB: < 1,2 g/L
ApoA: > 1,1 g/L (voir ratio)
Ratios importants
Au-delà des valeurs unitaires de chaque élément du bilan lipidique, des ratios précis tendent à être de meilleurs indicateurs de santé cardio-vasculaire 13.
Cible du ratio ApoB/ApoA: < 0,6 (ce ratio serait un meilleur prédicteur de risque de maladie cardio-vasculaire/d’infarctus que le cholestérol LDL ou le
cholestérol total selon l’étude AMORIS 14)
Cible du ratio TG/HDL: < 0,5 (ce ratio est l’un des meilleurs indices de risque de maladie cardio-vasculaire, largement supérieur au taux de cholestérol LDL) 15
Cible du ratio cholestérol total/HDL: < 5 idéalement < 4
B N à savoir
Pour effectuer un bilan de cholestérol plus fiable, il faut avoir jeûné entre 12 et 16 h, ni plus ni moins. Un meilleur bilan ne sera pas obtenu en jeûnant plus
longtemps, au contraire, il pourrait être pire. En effet, le jeûne prolongé favorise la mobilisation des triglycérides, qui seront temporairement augmentés dans la
circulation sanguine, ce qui pourrait fausser le bilan lipidique.
INSULINÉMIE
L’insuline est une hormone sécrétée par le pancréas lorsque l’on consomme des glucides, mais aussi, dans une moindre mesure, des protéines. L’une de ses
principales fonctions est de réguler le stockage et le déstockage de l’énergie.
Nous demandons à nos patients de jeûner (eau et sel seulement) 14 heures avant le dosage de l’insulinémie. À noter que l’insulinémie ne permet pas de poser un
diagnostic de résistance à l’insuline, mais permet d’avoir une idée de l’ampleur de cette résistance, s’il y en a une. Il faut interpréter le résultat avec le tableau
d’ensemble: le poids et la distribution de ce poids chez les patients, les glycémies, les ALT et GGT, les taux de triglycérides et de HDL, la tension artérielle, la
présence de stéatose hépatique, etc.
Test de Kraft
Pour diagnostiquer une résistance à l’insuline ou une véritable insuffisance en insuline, il faudrait faire un test de Kraft. Ce test consiste à provoquer une
hyperglycémie par l’ingestion de 100 g de glucose et à mesurer l’insuline en même temps que la glycémie aux temps 0, 30 min, 1 h, 2 h, 3 h, 4 h et 5 h après
l’ingestion.
L’insulinémie est très sensible au stress, entre autres, et baisse beaucoup plus lentement que la glycémie et l’hémoglobine glyquée, les ALT, les triglycérides et
les GGT.
CIBLES: idéalement < 20 pmol/L (2,87 μUI/mL), mais < 30 pmol/L (4,32 μUI/mL) est acceptable
B N à savoir
Les personnes qui ont adopté une alimentation faible en glucides depuis un certain temps pourraient avoir un résultat faussement positif au test de Kraft. Pour
augmenter la fiabilité du résultat, mieux vaux consommer au moins 150 g de glucides par jour pendant au moins deux semaines avant de passer le test de Kraft.
PROTÉINE C-RÉACTIVE (CRP)
Cette protéine est produite par le foie dans le cadre d’une réponse inflammatoire. Une CRP élevée est un facteur de risque de maladie cardio-vasculaire. Il existe
une association entre l’obésité et l’élévation de la CRP. On peut considérer que c’est l’un des marqueurs de la santé métabolique 17.
Si, chez un patient, elle est augmentée sans cause apparente ou connue et ne s’améliore pas au contrôle suivant, nous soupçonnons parfois une réaction à quelque
chose dans son alimentation, par exemple au gluten ou aux huiles végétales. Nous nous intéressons alors davantage à la santé du tube digestif et recommandons
parfois des aliments fermentés ou des probiotiques. Une visite chez le dentiste pourrait être suggérée, pour vérifier qu’il n’y a pas d’infection gengivo-dentaire
chronique.
ACIDE URIQUE
L’acide urique est un produit de dégradation des purines et se retrouve dans l’urine. Des niveaux élevés d’acide urique peuvent causer de la goutte ou des calculs
rénaux. Les niveaux sont affectés par l’alimentation et la fonction rénale et peuvent être un facteur de risque indépendant de diabète. Mesurer l’acide urique
permet d’obtenir un tableau plus global du syndrome métabolique.
Les patients qui ont déjà fait une crise de goutte dans le passé ont plus de risque d’en faire une autre dans les six premières semaines suivant l’adoption d’une
alimentation faible en glucides, mais nous ne leur donnons pas de traitement préventif si elles n’en ont pas déjà, puisque cela demeure très rare. Il est primordial
de maintenir un niveau d’hydratation optimal pour réduire les risques de faire une crise de goutte ou de calculs rénaux.
B N à savoir
L’acide urique peut augmenter à court terme avec une alimentation faible en glucides, mais il redescend généralement avec le temps et se retrouve à des niveaux plus
bas qu’avant l’initiation du changement d’alimentation.
CIBLES: celles du laboratoire sont habituellement fiables, mais certains patients prenant un médicament pour traiter l’hypothyroïdie se sentiront mieux à
certaines valeurs normales plutôt qu’à d’autres. Il est à noter que nous remarquons souvent des valeurs soudainement anormales de la TSH chez nos patients,
alors que la T4 libre demeure normale, et que cela rentre dans l’ordre spontanément au contrôle suivant.
VITAMINE D
La vitamine D est liposoluble et nécessaire à l’absorption de certains minéraux comme le calcium, le magnésium, le phosphate et le zinc. Elle est nécessaire aussi
pour le bon fonctionnement du métabolisme en général. Le corps convertit le cholestérol en vitamine D dans la peau lorsque celle-ci est exposée au soleil.
L’absorption de la vitamine D en comprimés ou dans la nourriture nécessite la sécrétion de bile. Il faut donc prendre les suppléments de vitamine D avec des
lipides.
La plupart des personnes vivant dans l’hémisphère Nord sont carencées en vitamine D 18. L’expérience clinique nous montre que bien souvent cette carence est
encore plus marquée chez les personnes qui ont un diabète de type 2 et/ou de l’obésité 19. La douleur et la fatigue chroniques sont également associées aux
carences en vitamine D.
B N à savoir
Pour renverser une carence en vitamine D, il peut être nécessaire de donner 50 UI/kg/jour, voire plus, de supplément de vitamine D, avec des lipides. Chaque
augmentation de 1 000 UI quotidienne se traduira par une augmentation du taux sanguin d’environ 25 nmol/L sur environ trois mois 20.
Chez un patient diabétique de type 2 sous insuline que l’on réussit à sevrer d’insuline, on peut s’attendre à ce que le taux de peptide C remonte. Cela signifie une
reprise de l’activité du pancréas.
CIBLES: > 0,26-0,62 nmol/L (> 0,78-1,89 mg/mL) chez les diabétiques de type 2
B N à savoir
Des valeurs inférieures à la normale chez une personne qui n’est pas diabétique ne sont pas problématiques. Chez une personne diabétique de type 2 qui ne prend pas
d’insuline exogène, un taux de peptide C bas pourrait être un signe d’épuisement du pancréas, ou un LADAf ou MODY g diagnostiqué à tort comme un type 2,
surtout dans un contexte de glycémies élevées. Des valeurs supérieures à la normale sont un signe d’hyperinsulinémie et donc un indicateur probable de résistance à
l’insuline.
VITAMINE B12 (cobalamine)
Cette vitamine hydrosoluble joue un rôle clé dans le fonctionnement normal du cerveau et plus largement du système nerveux central, ainsi que dans la formation
des globules rouges. Normalement impliquée dans le métabolisme de chaque cellule du corps humain, elle affecte en particulier la synthèse et la régulation de
l’ADN, mais également la synthèse des acides gras et la production de l’énergie. Les principaux symptômes d’une carence en vitamine B12 sont la fatigue et le
brouillard mental, mais aussi certains symptômes neurologiques qui pourraient être confondus avec ceux de la neuropathie diabétique.
Nous dosons la vitamine B12 chez les patients ayant eu une résection intestinale (notamment une chirurgie bariatrique), prenant certains médicaments dont les
inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) très couramment prescrits en cas de reflux acide, de la metformine ou la pilule contraceptive, ayant une maladie
inflammatoire de l’intestin ou ayant une alimentation végétarienne ou végane.
B N à savoir
Il serait plus fiable de doser l’acide méthylmalonique (AMM), qui est un composé produit en petite quantité pendant le métabolisme des acides aminés. Une synthèse
accrue d’AMM est un marqueur sensible et précoce d’une carence en vitamine B12. On pense que le dosage de l’AMM est plus fiable que celui de la B12 sérique
parce qu’une proportion assez élevée de vitamine B12 sanguine est liée aux protéines et donc ne serait pas disponible pour réagir dans les processus biochimiques 21.
Le potassium est un cation qui se trouve principalement dans le liquide intracellulaire. Il a de multiples fonctions; il intervient dans la contraction musculaire, la
transmission de l’influx nerveux et l’équilibre acido-basique.
L’équilibre électrolytique, c’est-à-dire l’équilibre entre l’eau et les électrolytes de l’organisme, peut être perturbé lors de l’initiation de l’alimentation faible en
glucides ou cétogène, cependant cela est habituellement de très courte durée. Nous les dosons chez les patients prenant des diurétiques ou autres hypotenseurs,
par prudence. Nous retrouvons régulièrement des niveaux de potassium légèrement augmentés, qui reviennent à la normale rapidement. Des valeurs de sodium
ou de potassium qui sont anormales et qui le demeurent après un contrôle nécessitent une investigation plus poussée.
TESTOSTÉRONE
La testostérone est fréquemment abaissée chez les hommes atteints de diabète de type 2 ou de surpoids 22.
b. Ce qui signifie que l’organisme n’est pas en cétose, le foie ne fabrique pas de corps cétoniques.
c. Idéalement, nous obtiendrions aussi l’acide méthylmalonique, pour avoir une idée plus fiable du véritable niveau de B12 dans le corps, mais ce test est plus difficile d’accès au Québec.
d. À noter que chez les patients qui ont une cétonémie élevée, la glycémie peut descendre beaucoup plus bas que la limite inférieure habituelle, sans que cela ne pose nécessairement de problème ni de
symptôme. Nos patients non-diabétiques nous rapportent fréquemment des périodes où leurs glycémies se situent autour de 2,7-3,7 mmol/L où ils se sentent très bien, et cela correspond également avec mon
expérience personnelle.
e. Les apolipoprotéines A et B (ApoA et ApoB) sont des lipoprotéines fabriquées par le foie, intervenant dans le métabolisme des lipides.
f. Le LADA est une forme de diabète auto-immun (voir page 101).
g. Le MODY est une forme de diabète qui survient chez les adolescents ou les jeunes adultes de moins de 25 ans (voir page 102).
CHAPITRE 5
Le protocole de déprescription
L
a plupart des médecins sont bien formés à la prescription de médicaments et la gestion de leurs effets secondaires. En matière de diabète, par
exemple, on leur enseigne comment commencer le traitement, augmenter les doses, ajouter d’autres médicaments et en augmenter les doses
progressivement. Rares sont ceux qui ont reçu les instructions inverses, c’est-à-dire à qui l’on a appris à réduire progressivement et en toute sécurité des
médicaments chez les patients qui vont de mieux en mieux. En effet, lorsqu’il est question de maladies chroniques, on s’attend habituellement à ce que
les choses se détériorent avec le temps, et non qu’elles s’améliorent. On ne s’attend pas à déprescrire des médicaments. Or, nous allons voir que c’est
tout à fait possible.
Ce chapitre s’adresse principalement aux médecins et aux professionnels de la santé qui sont habilités à prescrire et déprescrire des médicaments.
ATTENTION: il est fortement déconseillé aux patients de s’automédicamenter et de gérer eux-mêmes la réduction progressive de leurs médicaments. Avant
d’entreprendre une démarche de renversement h d’une maladie chronique liée au style de vie, il est impératif d’en informer un médecin ou un professionnel de la
santé et d’être suivi par celui-ci pendant toute la durée du processus.
ATTENTION: les médicaments pour l’hypertension artérielle, l’hypothyroïdie, la douleur chronique et les troubles psychiatriques devront sans doute être
réévalués régulièrement eux aussi.
Inhibiteurs du SGLT2
Dès l’évaluation médicale, au début du programme, nous interrompons le traitement par inhibiteurs du SGLT2 d’emblée, pour éviter tout risque d’acidocétose
diabétique, même si ces médicaments ont un effet cardioprotecteur, aident à réduire la résistance à l’insuline et peuvent engendrer une perte de poids. En effet, il
nous semble inutile de faire courir le risque d’une acidocétose diabétique m à nos patients, même si ce risque est relativement faible, puisque cela pourrait mettre
leur vie en danger, les décourager de poursuivre leurs efforts de renversement du diabète de type 2 avec l’alimentation, et porter préjudice au programme de notre
clinique. Dire aux diabétiques de manger moins de sucre est déjà controversé, s’il fallait en plus faire courir le bruit que nous envoyons nos patients aux soins
intensifs avec notre méthode, ce serait pire.
Ce n’est pas l’alimentation faible en glucides qui peut causer l’acidocétose diabétique chez les diabétiques de type
2 qui prennent un inhibiteur du SGLT2: n’importe quelle alimentation pourrait le faire.
En effet, n’importe quelle alimentation peut conduire à l’acidocétose diabétique chez les personnes diabétiques de type 2 sous traitement inhibiteur du SGLT2 qui
ne produisent plus assez d’insuline, en particulier lorsqu’il y a un contexte de maladie et de déshydratation.
La plupart des médecins qui enseignent l’alimentation faible en glucides, l’alimentation cétogène et le jeûne intermittent à leurs patients diabétiques cessent
également l’inhibiteur du SGLT2 d’emblée, surtout dans un contexte de médecine de première ligne n et non en médecine hospitalière. Si on décide de poursuivre
ce médicament, pour les bénéfices qu’il peut apporter contre les maladies cardio-vasculaires, il faut absolument enseigner aux patients les signes d’une
acidocétose diabétique et leur indiquer qu’ils doivent se rendre d’urgence à l’hôpital s’ils présentent certains des symptômes ou au moindre doute. Ils devraient
s’abstenir de prendre ce médicament s’ils sont malades, déshydratés, ont de la fièvre, des diarrhées et vomissements, etc.
Insuline
Le deuxième médicament que nous déprescrivons est l’insuline à longue durée d’action. Il y a plusieurs façons de procéder pour amorcer le sevrage. Certains
médecins réduisent d’emblée la dose de 30 à 50% dès le premier jour de l’alimentation faible en glucides. Une réduction de 30% ou moins serait davantage
appropriée chez un patient dont l’hémoglobine glyquée (HBA1c) est nettement au-dessus des normes ou qui est diabétique depuis plusieurs décennies, alors
qu’une réduction plus drastique serait sans doute souhaitable chez les personnes nouvellement diagnostiquées et celles dont la HBA1c et les glycémies
quotidiennes sont déjà relativement optimales.
Les patients qui prennent de l’insuline et/ou des sulfonylurées (médicaments pouvant causer des hypoglycémies), doivent accepter d’envoyer systématiquement
leurs glycémies à jeun le matin et deux heures après chaque repas, tous les jours, par courriel, à une de nos infirmières, s’ils n’ont pas de capteur de glycémie en
continu (Freestyle Libre) relié à notre ordinateur. L’infirmière ou assistante médicale surveille les glycémies et avise le médecin lorsque les doses d’insuline
doivent être ajustées. Comme nous effectuons une surveillance quotidienne, nous ne réduisons pas les doses d’insuline d’emblée. Nous voulons éviter que les
glycémies augmentent en flèche et fassent peur aux patients (ou à leurs proches).
Nous commençons par réduire l’insuline à longue durée d’action car elle est plus difficile à ajuster. En effet, si un patient a des glycémies très variables pendant
la journée, il sera plus facile et plus sûr de baisser l’insuline à longue durée d’action et ensuite de réguler la glycémie en ajustant la dose d’insuline à courte durée
d’action lors de chaque repas, au besoin. Il arrive toutefois assez souvent que l’on doive réduire les deux types d’insuline en même temps, c’est-à-dire la «longue
action» pour un effet global et la «courte action» de certains repas seulement.
En processus de sevrage de l’insuline, on vise des glycémies entre 8 et 12 mmol/L. Au-delà de 12, il faut donner plus d’insuline. Quand les glycémies sont
fréquemment au-dessous de 8 (par exemple plusieurs fois à 7, quelquefois à 6, quelquefois à 8), il faut réduire à nouveau les unités d’insuline et viser un retour
temporaire à des glycémies de 8-12. On attend que les glycémies moyennes redescendent et on réduit à nouveau les unités d’insuline. On réduit d’abord
l’insuline à longue durée d’action, et on ajuste l’insuline à courte durée d’action selon les tendances de chaque repas. Pour certains patients, ce seront des
réductions de 2 unités à la fois, alors que pour d’autres, ce sera davantage. On ne peut pas réellement fixer un nombre d’unités ou un pourcentage.
On s’attend à ce que la HBA1c ne soit pas optimale pendant le sevrage de l’insuline et durant les mois qui suivront l’arrêt complet de l’insuline. Il est primordial
de l’expliquer aux patients. Normalement, les glycémies devraient continuer à baisser et à se normaliser, ce qui finira par se traduire par une HBA1c dans les
cibles officielles des diabétiques, puis dans la fourchette prédiabétique, puis normale. Il faut également expliquer aux patients que leurs glycémies peuvent être
anormalement élevées dans certains contextes, même s’ils consomment très peu de glucides et considèrent n’avoir rien changé de leur alimentation et habitudes
de vie. En effet, le stress, la maladie, une nuit d’insomnie, la douleur aiguë, une infiltration de cortisone, entre autres, peuvent faire temporairement augmenter les
glycémies, indépendamment des apports en glucides.
Point très important, il faut savoir que certaines personnes vont réagir très rapidement à la réduction des apports en glucides, alors que pour d’autres, le processus
sera beaucoup plus long. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte: la durée de la maladie, l’excès de poids, la sévérité de la stéatose hépatique (qui
accompagne pratiquement toujours le diabète de type 2), le nombre d’unités d’insuline prises avant la prise en charge à la clinique, les habitudes de vie (activité
physique, sommeil, niveau de stress, consommation d’alcool) et alimentaires des patients avant qu’ils ne commencent le protocole et réduisent les glucides, etc.
Si une surveillance quotidienne n’est pas possible par le professionnel de la santé, je recommande de réduire l’insuline de 30 à 50% d’emblée et de donner une
échelle d’ajustement des unités d’insuline aux patients, pour qu’ils gèrent eux-mêmes leur insuline. Les patients qui jeûnent peuvent se passer de la dose
d’insuline de chaque repas sauté.
Mon expérience
J’ai eu un patient qui prenait 216 unités d’insuline pendant sa journée lorsque je l’ai rencontré. Avant même son premier suivi avec mon infirmière, soit en
moins de 10 jours, nous avions complètement cessé toute insuline, via des échanges rapides de courriels quotidiennement. À l’inverse, j’ai des patients à qui il a
fallu plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant de se sevrer complètement de leur insuline. Comme on ne peut pas aisément deviner avec précision qui
répondra rapidement et qui répondra plus lentement, il vaut mieux faire preuve de prudence et surveiller étroitement les glycémies.
Le LADA est une forme de diabète auto-immune qui progresse lentement et qui est habituellement diagnostiqué après l’âge de 30 ans. Comme dans le cas du
diabète de type 1, le LADA survient parce que les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas ne produisent plus suffisamment d’insuline. Cependant,
contrairement aux diabétiques de type 1, les patients atteints de LADA n’ont souvent pas besoin d’insuline pendant plusieurs mois, voire plusieurs années après
leur diagnostic; au début, ils peuvent réussir à normaliser leurs glycémies avec une alimentation faible en glucides ou cétogène et de l’exercice physique.
On peut soupçonner un LADA chez les personnes qui ont plus de 30 ans au moment du diagnostic de diabète, ont des taux de peptide C anormalement bas (alors
que les diabétiques de type 2 ont des niveaux normaux à élevés), ne présentent pas les caractéristiques typiques d’un diabète de type 2, n’ont pas d’histoire
familiale de début précoce de diabète de type 2 et ne sont pas obèses. Chez ces personnes, on retrouve fréquemment des auto-anticorps typiques du diabète de
type 1, comme les auto-anticorps anti-glutamate décarboxylase (anti-GAD), les auto-anticorps anti-cellules des îlots de Langerhans pancréatique ou anti-ICA, et
les auto-anticorps anti-insuline.
Ces patients n’ont habituellement pas besoin de recourir à l’insuline pendant au moins les six premiers mois, mais par la suite cela peut changer. On estime
qu’environ 25% des diabétiques de type 2 non obèses et n’ayant pas beaucoup de gras intra-abdominal périviscéral seraient en réalité des LADA 27.
Le MODY, quant à lui, survient chez les adolescents ou les jeunes adultes (moins de 25 ans) et peut être subdivisé en plusieurs sous-groupes. Il est causé par
des mutations génétiques monogéniques hétérozygotes et auto-somiques dominantes qui affectent la capacité des cellules bêta à produire de l’insuline. C’est un
défaut primaire de sécrétion d’insuline. La plupart des MODY ne sont pas obèses, ont un foie plutôt normal, ne font pas d’hypertension, n’ont pas les autres
caractéristiques du syndrome métabolique ou de la résistance à l’insuline et ne se présentent pas initialement par un épisode d’acidocétose diabétique comme le
font les diabétiques de type 1. Typiquement, plusieurs membres de la famille sur deux ou trois générations sont affectés par le diabète, mais personne ne présente
d’auto-anticorps pancréatiques. Le MODY est cependant plutôt rare. On estime qu’environ 1 à 3% des diabétiques américains ont un MODY 28.
Les personnes ayant un MODY ont habituellement des glycémies légèrement élevées et plutôt stables et celles-ci vont s’aggraver très lentement. Certains types
de MODY (1 et 3 en particulier) vont répondre initialement aux sulfonylurées, mais seulement pendant un certain laps de temps, alors que d’autres formes de
MODY ne répondront pas du tout à cette classe de médicaments. En général, leurs glycémies se normalisent avec une alimentation faible en glucides ou cétogène
et des hypoglycémiants oraux pendant des années, voire des décennies.
En résumé…
Mes préconisations en cas de LADA ou MODY
Les patients ayant reçu un diagnostic de diabète de type 2 qui a rapidement progressé vers un diabète insulinodépendant et qui n’ont pas les autres troubles et
caractéristiques habituels du vrai diabète de type 2, comme le surpoids, l’hypertension et la stéatose hépatique, peuvent avoir en réalité un LADA ou un MODY. Dans ce
cas, malgré une alimentation très faible en glucides (souvent 20 g et moins de glucides nets par jour) et des jeûnes intermittents fréquents (24 h ou 36 h, 2 ou 3 fois par
semaine), les glycémies ne s’améliorent pas assez pour que l’on puisse sevrer complètement l’insuline. Nous sommes souvent capables de réduire les doses d’insuline de
manière significative, et les glycémies deviennent plutôt stables et évoluent moins en montagnes russes, mais elles atteignent un point où elles refusent de descendre
davantage et demeurent anormalement élevées.
De tels patients devraient conserver leurs hypoglycémiants oraux, sauf les sulfonylurées et les thiazolidinédiones, et utiliser la plus petite dose efficace d’insuline à
longue durée d’action, avec, si besoin, un peu d’insuline à courte durée d’action. Ils ont tout intérêt à réduire le plus possible leurs apports en glucides pour réduire leurs
besoins en insuline et réduire la sollicitation du pancréas. Ils doivent aussi pratiquer le jeûne intermittent assidûment, et éviter les hyperglycémies qui sont toxiques pour
les cellules bêta encore fonctionnelles. Il pourrait être opportun de les adresser à un diabétologue spécialiste pour confirmer le diagnostic.
Sulfonylurées et méglitinides
Une fois le sevrage des insulines à longue durée d’action et à courte durée d’action accompli, il est souhaitable de sevrer les patients des sulfonylurées et
méglitinides. En effet, ce sont des médicaments qui stimulent la production d’insuline par le pancréas et donc aggravent la résistance à l’insuline,
l’hyperinsulinémie et la prise de poids. Ils peuvent même augmenter les risques de maladie cardio-vasculaire 29, 30 même s’ils abaissent les glycémies, car ils
contribuent à augmenter l’insulinotoxicité.
Thiazolidinédiones
Les thiazolidinédiones, qui amplifient les effets de l’insuline au niveau des cellules graisseuses, abaissent les glycémies sans augmenter le taux d’insuline en
circulation dans le sang. Cependant, ces médicaments font prendre du poids et augmentent la rétention d’eau. La rosiglitazone est également associée à une
augmentation de 25% des risques de crise cardiaque 31, alors que la pioglitazone est associée à une augmentation du risque de cancer de la vessie 32. Même si
plusieurs pays les ont bannis, ils sont encore prescrits dans certains pays comme les États-Unis par exemple. La prise de ces médicaments peut être cessée d’un
coup, sans réduction progressive de la dose.
Inhibiteurs de la DPP4
Les médicaments que nous déprescrivons par la suite sont les inhibiteurs de la DPP4. Ces médicaments réduisent la glycémie en bloquant la dégradation
d’incrétines, qui sont des hormones gastro-intestinales ayant pour effet d’augmenter la sécrétion d’insuline lors de l’ingestion de nourriture, pendant une courte
période. Ils ne causent habituellement pas d’hypoglycémie ni de gain de poids. Ils ont moins d’effet sur la glycémie et sur l’appétit que les agonistes du GLP-1
(voir ci-après), mais ont des mécanismes connexes, ce qui fait que les deux types de médicaments ne sont habituellement pas prescrits chez un même patient.
Nous interrompons les traitements lorsque les glycémies sont la majorité du temps dans les normales, même s’il peut y avoir quelques petits pics ici et là.
Agonistes du GLP-1
Les agonistes du GLP-1 miment les effets des hormones incrétines en stimulant la sécrétion d’insuline pendant une courte période en réponse à l’ingestion de
nourriture et en ralentissant la vidange gastrique. Cela a pour effet d’augmenter la satiété et peut aider à perdre du poids. D’ailleurs, le liraglutine à haute dose est
un médicament anti-obésité, commercialisé sous le nom de Saxenda. Les agonistes du GLP-1 sont plus puissants que les inhibiteurs de la DPP4, mais ont des
mécanismes connexes, comme cela est noté dans le paragraphe précédent. Nous réduisons les doses et interrompons les traitements quand les glycémies sont
dans les normales la plupart du temps et lorsque leurs effets sur la perte de poids ne sont plus nécessaires.
Biguanides
Le dernier médicament dont nous réduisons les doses progressivement et que nous interrompons éventuellement, lorsque cela est possible, est la metformine. Ce
médicament bloque la gluconéogenèse et donc empêche le foie de produire du glucose. Comme la sécrétion d’insuline ou ses effets ne sont pas augmentés, les
risques d’hypoglycémie sont faibles, et il n’y a habituellement pas de gain de poids. C’est même un médicament qui est utilisé en médecine de l’obésité, mais ses
résultats, pour la perte de poids, sont modestes. Il est également fréquemment prescrit chez les femmes qui ont le syndrome des ovaires polykystiques et les
personnes qui prennent des médicaments de la famille des antipsychotiques, pour atténuer leurs effets sur le poids et tenter d’éviter qu’ils ne causent un syndrome
métabolique.
Pour pouvoir commencer à réduire les doses de metformine, les glycémies doivent être normales, c’est-à-dire principalement de l’ordre de 4 à 5 mmol/L, même
le matin à jeun. Certains patients conserveront une petite dose de metformine à long terme, alors que d’autres seront capables de s’en débarrasser complètement.
Les symptômes de l’hypotension sont: sensation de tête légère, étourdissements et troubles visuels de quelques secondes, en particulier aux changements de
position, fatigue et nausée légère, parfois même syncope.
La démarche de déprescription des hypotenseurs décrite ici est inspirée et adaptée du protocole du Dr Eric C. Westman du département de médecine du Duke
University Medical Center 33.
Il faut absolument commencer à réduire les doses lorsque la tension systolique est de 110 mmHg et moins en moyenne. Cela étant dit, on peut même le faire à
partir de 120 et moins de tension systolique, et 70 et moins de diastolique. Il est toutefois impératif de savoir si les hypotenseurs ne sont pris que pour le contrôle
de la tension artérielle ou s’il s’agit de prévenir en même temps un problème cardiaque. La démarche de déprescription suivante ne concerne que les cas où les
médicaments ont été prescrits dans le seul but de contrôler la tension artérielle.
Le premier hypotenseur à diminuer ou à cesser est le diurétique, entre autres parce qu’il complique l’équilibre des électrolytes et de l’hydratation, qui est déjà
perturbé dans les premiers temps lorsqu’on adopte une alimentation cétogène. S’il y a de l’œdème, mieux vaut réduire les doses plus progressivement et se
donner du temps pour laisser l’œdème se résorber.
Par la suite, il est recommandé de déprescrire le bêtabloqueur. Les bêtabloqueurs ralentissent le métabolisme, peuvent causer de la fatigue et un assèchement des
muqueuses, rendre les pieds et les mains froids, causer de l’essoufflement, de l’insomnie et même des symptômes dépressifs, en plus d’avoir tendance à faire
prendre du poids.
Le bloqueur des canaux calciques est l’hypotenseur suivant à interrompre. Selon la dose prescrite, les bloqueurs des canaux calciques peuvent entraîner de
l’œdème, en particulier aux membres inférieurs, augmenter l’appétit, donner des symptômes de reflux œsophagien et des palpitations, causer de la constipation,
provoquer des maux de tête et des étourdissements, et ralentir le cœur.
Tant que les patients ne deviennent pas hypotendus, il est préférable de conserver au moins une petite dose d’inhibiteur de l’enzyme de conversion de
l’angiotensine (IECA) ou de bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine (BRA) pour leurs effets néphroprotecteurs, ceci tant que la microalbuminurie n’est pas
résolue (voir page 85) et que les glycémies ne sont pas normales. S’il n’y a plus d’albumine dans les urines, que les glycémies sont pratiquement toujours
normales et que la tension artérielle systolique continue d’être sous la barre des 110 mmHg, mieux vaut réduire ou cesser l’IECA ou le BRA. Si la tension est
normale avec une petite dose d’IECA ou BRA, il peut être adéquat de conserver ce médicament.
Cette section a été rédigée d’après le blog Diagnosis Diet et des articles publiés sur Psychology Today, de la célèbre psychiatre américaine Georgia Ede 34, 35
avec son aimable autorisation.
Les patients qui prennent des médicaments psychiatriques et qui décident d’adopter une alimentation cétogène pour améliorer leurs problèmes de santé mentale
doivent consulter leur médecin de famille ou leur psychiatre afin d’en discuter et de prévoir un suivi adéquat, en particulier durant les quatre à six premières
semaines suivant le changement d’alimentation.
En effet, selon la Dre Georgia Ede, il ne faut pas réduire ou cesser les médicaments psychiatriques pendant les premières semaines car le corps a besoin d’un
certain temps pour utiliser efficacement les corps cétoniques comme carburant.
Après six semaines de cétose nutritionnelle constante, la réduction des doses d’un médicament psychiatrique peut être envisagée mais cela doit faire l’objet d’une
discussion avec le médecin. Pour certains patients, mieux vaut attendre au moins trois mois et s’assurer de ne pas être dans une période de stress, de gros
changements professionnels ou personnels, d’insomnie, de précarité ou autres instabilités.
B N à savoir
Attention: Il ne faut jamais cesser un médicament psychiatrique abruptement. Il est essentiel de réduire progressivement et très lentement les doses et de le faire sous
la supervision de son médecin.
Prenons un exemple. Un patient qui prenait du Zoloft, décide d’en réduire progressivement les doses. Il prend sa dernière dose au début du mois de mai. Il ne
pourra connaître les effets du sevrage qu’à la fin du mois de juin. S’il commence à se sevrer d’un deuxième médicament entre temps, à la mi-mai par exemple, et
que des symptômes dépressifs réapparaissent, il ne pourra pas savoir si cela est dû au sevrage du Zoloft ou à celui de l’autre médicament.
La période d’adaptation est très variable. De seulement quelques jours pour certains patients, elle peut durer plusieurs semaines pour d’autres. Un manque de
régularité dans la réduction des glucides, une consommation insuffisante de lipides ou encore un déséquilibre des électrolytes (en particulier le sodium) sont des
facteurs qui peuvent ralentir l’adaptation.
Certains patients tolèrent mal l’alimentation cétogène et peuvent connaître des épisodes d’anxiété. Ils peuvent se sentir en danger, en perte de contrôle, en état de
panique, etc. Lorsque cela est le cas, il est suggéré de reprendre l’alimentation habituelle et d’apporter des changements plus graduels, par exemple en
commençant par retirer tout aliment transformé ou ultratransformé, puis les sources de sucre ajouté et les boissons qui contiennent des calories, comme les jus de
fruits et les boissons gazeuses, ensuite les huiles végétales ultratransformées trop riches en oméga-6 comme l’huile de soya, de carthame, de pépins de raisin, de
maïs et de les remplacer par des huiles vierges comme l’huile d’olive ou d’avocat, l’huile de coco et du lard.
L’étape suivante pourrait être de consommer des protéines d’origine animale sur une base régulière, pour maximiser les apports en vitamines B et K2, en EPA et
DHA, en fer et en zinc, puis de réduire la consommation d’alcool et possiblement de caféine aussi, surtout dans les cas d’anxiété associée à de l’insomnie.
Il peut être utile de rechercher s’il y a une carence en fer et en B12 o. Le fer est essentiel à la production de neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine et
noradrénaline), la fabrication d’énergie dans le cerveau 36, le bon fonctionnement de l’hippocampe 37 (siège de la mémoire) et la signalisation cellulaire. La
vitamine B12 est essentielle à la synthèse d’ADN, d’ARN, de globules rouges et de myéline (la substance qui protège et isole les neurones dans le cerveau), et
une carence peut causer des symptômes psychiatriques, comme la dépression, la psychose, des troubles de la mémoire, des épisodes de manie et des changements
de comportement ou de personnalité.
Médicaments psychiatriques et alimentation cétogène: les interactions à connaître
Nous suggérons aux patients de vérifier auprès de leur pharmacien ou médecin que les médicaments psychiatriques qu’ils prennent font partie de la catégorie des
antipsychotiques et, le cas échéant, demander s’il est possible de les remplacer par un médicament appartenant à une autre famille. Si c’est le cas, un sevrage
progressif pourrait être amorcé, toujours en étroite collaboration avec le médecin.
Les symptômes d’une lithémie trop élevée sont une soif excessive, de la difficulté à se concentrer, de la léthargie, des tremblements et une mauvaise
coordination. Dans ce cas, il peut être nécessaire de diminuer la dose de lithium et de la recontrôler subséquemment.
MON CONSEIL: je recommande fortement de doser la lithémie avant d’adopter une alimentation cétogène, de veiller à consommer suffisamment d’eau et de
sodium, en particulier pendant la période d’adaptation, et d’être à l’affût de tout symptôme de surdosage de lithium, afin que le médecin puisse ajuster la dose
rapidement.
L’acide valproïque est un acide gras qui peut servir de carburant aux cellules, lorsque l’on est en cétose et que les cellules sont en mode «brûlage de graisse». Il
est donc possible que le taux d’acide valproïque baisse et donc que son efficacité diminue. Il peut être nécessaire d’augmenter la dose d’acide valproïque
temporairement, le temps que le corps s’ajuste à l’alimentation cétogène. Pour cette raison, il est important que le médecin fasse doser l’acide valproïque avant
que son patient adopte une alimentation cétogène et systématiquement lorsque le patient sent que le médicament ne fait plus effet comme avant.
Le zonisamide et le topiramate sont des médicaments assez similaires. Ils changent la façon dont les reins gèrent certains électrolytes et font augmenter
légèrement l’acidité du pH sanguin, ce qui peut augmenter les risques de faire des lithiases rénales (calculs dans les reins). L’alimentation cétogène a des effets
similaires sur la gestion rénale des électrolytes et peut rendre le sang légèrement plus acide puisque les corps cétoniques sont acidifiants. L’alimentation cétogène
peut donc augmenter légèrement les risques de calculs rénaux chez certaines personnes qui prennent cette famille de médicaments. Les personnes qui prennent
l’un ou l’autre de ces médicaments doivent rester bien hydratées en tout temps, pour minimiser les risques de calculs rénaux, et doivent discuter de tout cela au
préalable avec leur médecin.
Lorsque cela survient, il peut être nécessaire de consommer davantage d’eau et de sodium, de consulter un médecin pour réduire la dose du médicament ou le
remplacer par un autre qui n’a pas d’effet sur la pression artérielle. D’autres médicaments psychiatriques peuvent également faire baisser la pression artérielle,
incluant tous les médicaments antipsychotiques et les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Il est donc essentiel que les
patients prennent leur pression artérielle régulièrement durant les premières semaines suivant l’adoption d’une alimentation cétogène.
La restriction des apports en vitamine K (à ne pas confondre avec le potassium) peut être maintenue chez les personnes qui prennent un anticoagulant antagoniste
de la vitamine K. Un suivi plus fréquent des taux de vitamine K pourrait être nécessaire si les patients augmentent leurs apports en légumes feuillus verts et
autres aliments contenant de la vitamine K en adoptant l’alimentation cétogène.
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont des médicaments antiacides ou antireflux fréquemment prescrits et souvent pris de manière chronique par bien
des patients. Les IPP peuvent causer des carences en vitamine B12 à long terme. Cependant, il est très fréquent que l’alimentation faible en glucides et
l’alimentation cétogène résolvent le reflux gastro-œsophagien. Il est donc conseillé de tenter un sevrage progressif des IPP après quelques mois d’alimentation
faible en glucides.
Les médicaments contre la douleur, incluant ceux pour la neuropathie diabétique, peuvent aussi souvent être diminués ou même cessés. En effet, la douleur
chronique tend à s’améliorer avec l’alimentation faible en glucides ou cétogène et le retour à des glycémies normales chez les diabétiques peut parfois renverser
une partie de la neuropathie diabétique, à long terme.
Antihistaminiques Loratadine
Bénadryl, hydroxyzine, cétrizine, fexofénadine
Le témoignage de Denis
Avant
Après
J ’ai eu une enfance bien normale de Québécois d’origine modeste. Enfant, j’étais considéré «rondouillet» (enveloppé), mais adolescent je suis
devenu très sportif, et j’ai par la suite continué à faire beaucoup d’exercice physique pendant mes études.
L’âge adulte apporta son lot de contraintes et de stress. Avec la naissance de mes trois filles, j’ai connu une diminution de mes activités sportives et j’ai
commencé une lente prise de poids entrecoupée de régimes amaigrissants de toutes les sortes, aussi décevants les uns que les autres. J’arrivais à atteindre
mon objectif de perte de poids, certes, mais je reprenais immanquablement le poids perdu. Je devenais de plus en plus gros même si je passais la moitié de
ma vie à me priver. À un certain moment, j’étais tellement frustré envers les régimes amaigrissants que je me suis juré de ne plus jamais en refaire.
Pourtant mon énergie générale a toujours été très bonne. Retour aux études, promotions, déménagements, je n’ai jamais manqué de projets. Mais le grand
tourbillon de la vie a fait en sorte que j’ai traversé une période très difficile, qui s’est soldée en faillite.
C’est à ce moment-là que ma santé a commencé à se détériorer de manière notable, d’abord avec un diagnostic d’hypertension artérielle puis,
catastrophe, de diabète de type 2.
J’ai alors suivi rigoureusement toutes les recommandations médicales qu’on m’a faites. Malgré cela, ma médication était toujours de plus en plus lourde:
metformine, gliclazide, aspirine, amlodipine, lisinopril, atorvastatine, Onglyza, Forxiga, Toujéo, soit neuf médicaments! Je perdais espoir de guérir, ou
même simplement de limiter les complications du diabète.
Mon médecin, à l’époque, m’expliquait que c’était une fatalité: mon remède causait ma perte, j’étais condamné à grossir. Je découvrais alors un des
effets néfastes de cette insuline que je m’injectais pour me soigner. J’étais aussi très frustré de réaliser que je ne viendrais jamais à bout de cette maladie.
Ma conjointe a ensuite découvert l’alimentation cétogène, grâce à une merveilleuse amie française. Son énergie a rapidement changé et sa santé s’est
transformée. Puis nous avons reçu nos amis français qui étaient déjà adeptes de cette alimentation. Cette rencontre fut pour moi une source d’étonnement.
Curieux, mais tout de même un peu dérouté, j’ai entrepris la lecture des livres Code obésité et Code diabète du Dr Jason Fung. J’ai alors compris beaucoup
de choses et comment j’en étais arrivé là. Quand j’ai compris ce qu’était réellement le diabète, j’ai pu faire la paix avec moi-même: c’était normal que je
mange trop, car toute cette insuline m’affamait!
Le jour où j’ai commencé l’alimentation cétogène, je prenais 216 unités d’insuline par jour. En moins de dix jours, je m’étais complètement sevré de
mon insuline, car ma glycémie descendait trop bas et je faisais des hypoglycémies. Neuf mois plus tard, je ne prenais plus aucun médicament. Mon foie est
passé d’une «importante hépatomégaliep associée à une stéatose diffuse modérée à importante et une lipomatose du pancréas» à «une amélioration très
significative où les phénomènes de stéatose ont presque complètement disparu» (voir les rapports d’échographie page 120). Mon insulinémie à jeun est
passée de 250 à 43 pmol/L et j’ai perdu 84 livres (environ 38 kg) et 10 pouces (25 cm) de tour de taille (je suis passé de la taille 46 à du 36), tout cela sans
jamais avoir souffert de la faim.
La décision de plonger dans l’alimentation cétogène s’était imposée à moi. Mais la mise en œuvre ne fut pas facile… Cette approche est à contre-courant
de ce qu’on nous inculque depuis notre enfance, soit que le gras est mauvais et que les glucides, du moins les complexes, sont nos alliés. Il faut réapprendre
à manger, à ne plus toujours avoir faim, à apprivoiser les périodes sans manger, à ne plus avoir peur des hypoglycémies en faisant de l’exercice et à
apprécier les nutriments autrefois diabolisés.
Compte rendu de l’échographie abdominale de Denis réalisée après 9 mois d’alimentation cétogène.
Il fut primordial pour moi d’avoir un but précis, soit celui de renverser mon diabète et d’éliminer tous mes médicaments. La connaissance du
fonctionnement du métabolisme est aussi une clé incroyable: quand j’ai compris que ce n’était pas moi qui décidais de mon poids, mais mon corps, ça m’a
convaincu de ne lui donner que ce qui l’aiderait à faire son travail, c’est-à-dire très peu de glucides et des jeûnes intermittents.
Je tiens à remercier ma conjointe et partenaire qui a mis ses extraordinaires talents de cuisinière au service des nouveaux ingrédients de l’alimentation
cétogène. Ses conseils et ses connaissances (avec son réseau) furent précieux et indispensables.
Récemment, je suis retourné voir mon nouveau médecin de famille, qui, après avoir regardé mon dernier bilan sanguin et constaté ma perte de poids, m’a
dit «Mais vous êtes en santé maintenant, je n’ai plus besoin de vous voir avant un an». Pour moi qui étais habitué à voir mon médecin tous les trois mois
depuis 30 ans, en raison de mes problèmes de santé, ce fut une belle récompense… Et le début d’une nouvelle vie!
Denis,
67 ans et en pleine forme
P.-S.: Tout n’est jamais parfait… Il reste un peu d’hypertension artérielle à traiter jusqu’à ce que mon corps finisse de se réparer complètement…
h. d’inversion.
i. Inhibiteurs des cotrans-porteurs 2 sodium-glucose.
j Toutes les molécules de la classe des inhibiteurs des SGLT2 ont une appellation qui se termine par le suffixeflozine.
k. Inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase 4.
l. Glucagon Like-Peptide 1.
m. L’acidocétose est un état pathologique caractérisé par une hyperglycémie (souvent > 20 mmol/L) et une hypercétonémie (souvent > 15 mmol/L). Lorsque l’on adopte une alimentation cétogène, la cétonémie
(taux de corps cétoniques dans le sang) est nettement plus basse (entre 0,5 et 7,0 mmol/L) et est jumelée à une glycémie normale, voire basse.
n. En France, on parle de médecine de ville.
o. Pour vérifier s’il y a une carence en B12, il est préférable de doser la B12 sérique ET l’acide méthylmalonique.
p. Foie de grande taille.
CHAPITRE 6
L
e protocole de la Clinique Reversa peut aider à améliorer et «renverser» de nombreuses pathologies. La plupart de nos patients perdent du poids,
améliorent leurs glycémies, voient leurs douleurs et leur fatigue s’estomper voire disparaître et se sentent globalement beaucoup mieux. Le premier
objectif de ce protocole est d’abord et avant tout de permettre à la personne de reprendre le contrôle de sa santé et ne plus subir sa maladie.
Le syndrome métabolique
Dans le domaine médical, on nomme «syndrome» un ensemble de manifestations ou de symptômes qu’un patient peut présenter s’il est atteint d’une maladie
particulière. Le syndrome métabolique se définit par un ensemble de paramètres métaboliques anormaux; il s’agit de la tension artérielle, de la glycémie, du tour
de taille, du taux de triglycérides et du taux de cholestérol HDL. Non traité, ce syndrome peut augmenter grandement le risque de plusieurs maladies chroniques,
comme le diabète, l’hypertension chronique, la maladie rénale et la dyslipidémie 1.
Sur une période de dix ans, l’incidence du diabète est deux fois et demie plus élevée chez les patients ayant un syndrome métabolique comparativement à ceux
qui ne l’ont pas (18% versus 7,1%), tandis que le risque moyen d’un accident cardio-vasculaire entraînant la mort est cinq fois plus élevé (4,1% versus 0,8%) 2.
Il faut 3 critères sur 5 pour que l’on pose le diagnostic de syndrome métabolique:
Plusieurs chercheurs et organismes, y compris Syndrome Métabolique Canada (SMetC) a, ont proposé que le taux d’insuline à jeun élevé (hyperinsulinémie)
fasse partie des critères diagnostiques, mais cela n’a toujours pas été entériné par les autorités médicales. Il serait souhaitable pourtant que l’hyperinsulinémie
devienne un des critères diagnostiques. Cela encouragerait les médecins à vérifier et suivre le taux d’insuline de leurs patients et inciterait les professionnels de la
santé à proposer des conseils pour réduire l’hyperinsulinémie qui, probablement, seraient axés sur l’amélioration des habitudes de vie et en particulier de
l’alimentation. Il n’existe en effet pas de médicament qui permette de réduire le taux d’insuline dans la circulation sanguine. On ne peut y parvenir qu’en
optimisant ses habitudes de vie.
L’hyperinsulinémie est étroitement liée à l’hypertension artérielle. En effet, un excès d’insuline dans le sang va entraîner la rétention d’eau et de sodium par
les reins, ce qui conduit à une élévation de la pression sanguine. Par ailleurs, une partie du glucose présent dans la circulation sanguine sert à constituer les
réserves de glycogène dans le foie et les muscles. Chaque molécule de glycogène est stockée avec 3 ou 4 molécules d’eau 3. Ainsi, lorsque l’on réduit ses apports
en glucides et que l’on réussit à vider une partie de ses réserves de glycogène, il y a une réduction de la rétention d’eau dans le corps, ce qui peut faire baisser la
pression artérielle.
Un taux de triglycérides élevé. Les triglycérides représentent l’une des formes sous laquelle les graisses circulent dans le sang. Ils sont étroitement associés à la
quantité de glucides et d’alcool qui est consommée. Paradoxalement, plus l’alimentation est riche en glucides (généralement elle tend alors à être pauvre en
lipides) et plus les triglycérides augmentent dans le sang 4.
Un taux de cholestérol HDL bas. Le HDL, aussi appelé «bon cholestérol», évolue de façon inverse aux triglycérides. Plus le taux de triglycérides est élevé – ce
qui survient habituellement lorsque l’on mange beaucoup de glucides –, plus le taux de bon cholestérol aura tendance à être bas, chez la plupart des gens 5.
Une glycémie élevée. Le taux de sucre dans le sang est évidemment lié à la quantité de glucides qui est consommée et à l’insulinémie. Les complications du
diabète de type 2 sont bien connues et redoutées, mais ce que l’on sait moins c’est que ces complications peuvent débuter sournoisement chez les personnes
prédiabétiques dont le taux de sucre dans le sang est plus élevé que la normale, mais pas au point d’être diagnostiquées diabétiques de type 2.
Un tour de taille élevé est le signe d’une obésité abdominale et d’une possible infiltration graisseuse péri- et intraviscérale, qui sont principalement associées à la
résistance à l’insuline. En effet, les personnes qui présentent une résistance à l’insuline ont tendance à stocker davantage de graisses dans la cavité abdominale
plutôt qu’en sous-cutané. De plus, la présence de graisse dans cette cavité et dans les organes, en particulier dans le foie, a tendance à aggraver la résistance à
l’insuline.
Selon plusieurs études, le tour de taille serait un meilleur facteur prédictif de certains problèmes de santé que l’indice de masse corporelle (IMC). Les personnes
de poids normal ou d’IMC normal qui présentent un tour de taille élevé (102 cm et plus chez les hommes, 88 cm et plus chez les femmes) ont autant de risque
que les personnes obèses de développer une maladie cardio-vasculaire 6.
Selon une récente étude menée par l’Institut national de santé publique du Québec, 40% des Québécois âgés de 18 à 74 ans présentent maintenant un tour de
taille considéré comme à risque selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé. Des données agrégées tirées de l’Enquête canadienne sur les mesures de
santé (ECMS) de Statistique Canada, et de l’Étude québécoise sur la santé cardio-vasculaire (EQSCV) démontrent que l’obésité abdominale a plus que doublé
depuis 1990. Chez les femmes, son incidence est passée de 21% à 48% et chez les hommes, de 14% à 32% 7.
LE PROTOCOLE REVERSA
À la Clinique Reversa, nous considérons que les patients qui présentent un syndrome métabolique sont en mauvaise santé métabolique. Ils présentent un risque
très élevé de développer un diabète de type 2 et des maladies cardio-vasculaires. Leurs paramètres métaboliques sont mesurés et suivis de près. Cela inclut le tour
de taille et la tension artérielle, qui sont consignés à chaque suivi.
Nous les encourageons habituellement à réduire leurs apports journaliers en glucides nets à 20-50 g et à intégrer rapidement le jeûne intermittent de manière
régulière à leur routine. La plupart de ces patients ont un foie gras. Nous leur conseillons donc de réduire le plus possible leurs apports en fructose et de limiter
leur consommation d’alcool.
Le témoignage de
Marc-André
Avant
Après
«Je sais maintenant que je vais dans la bonne direction!»
E n 2010, j’ai fait une dépression, pour laquelle on m’a prescrit un antidépresseur. Depuis ce temps, un malaise général interne est apparu chez
moi, accompagné de quelques symptômes: nausée le matin, migraines, étourdissements, fatigue chronique, problème d’asthme aux
changements de saison, etc.
Mon poids et mon appétit n’ont fait qu’augmenter. Entre 2017 et août 2018, j’ai passé plusieurs tests médicaux (mononucléose, diabète, glande thyroïde,
apnée du sommeil), qui se sont avérés normaux, à part un marqueur d’inflammation du foie (ALT), qui était à 54 UI/L, et un taux de triglycérides à 3,25
mmol/L (élevé). J’avais les critères du syndrome métabolique.
Mon médecin m’a alors dit que si je n’arrivais pas à baisser mon taux de triglycérides, il allait être obligé de me prescrire des statines (médicament
réduisant principalement le taux de cholestérol LDL dans le sang). Je ne savais pas quoi faire de plus: j’avais déjà arrêté toutes les matières grasses, comme
on m’avait dit de faire, je prenais du lait écrémé, du yogourt allégé, je ne mangeais plus de viande rouge, etc. J’avais constamment faim, je mangeais sans
arrêt, sans jamais être rassasié. J’avais des migraines de plus en plus fréquentes et même des brûlures d’estomac, ce que je n’avais jamais eu de ma vie. J’ai
également atteint mon poids record, soit 218 livres (99 kilos). Dix ans auparavant, je pesais 170 livres (77 kilos).
J’ai donc décidé de faire des recherches sur Internet et je suis tombé sur le site américain de Jimmy Moore, Livin’ la vida low-carb. J’ai également lu Le
Guide complet du jeûne, qu’il a coécrit avec le Dr Jason Fung, et j’ai fait mon premier jeûne de 52 heures le 22 septembre 2018. Pendant ce jeûne, j’ai
beaucoup lu sur le sujet et je suis tombé sur le livre Code obésité, également du Dr Fung. J’ai poursuivi mes lectures sur l’alimentation cétogène sur le site
Diet Doctor. Cependant, il y a tellement d’informations sur Internet que je ne parvenais plus à démêler le vrai du faux.
Vers la fin du mois d’octobre, j’avais perdu plus de 10 livres (4 kilos et demi) et je me sentais globalement beaucoup mieux. Par contre, je souhaitais
apprendre comment faire encore mieux, car je me trouvais trop strict et je ne pensais qu’à cela tout le temps, au détriment de ma famille. Je me suis dit que
je devais mieux comprendre, pour m’inquiéter moins et en faire un style de vie plutôt qu’une diète contraignante. J’ai alors vu qu’il existait une clinique au
Québec qui pouvait m’aider dans mon parcours, en plus de pouvoir vérifier l’évolution de mes marqueurs de santé.
J’ai donc commencé mon aventure avec la Clinique Reversa le 10 décembre 2018. Mon poids était alors de 192 livres (87 kilos), avec une proportion de
masse grasse de 23,5%. En janvier, j’ai obtenu mes résultats médicaux: mon taux de triglycérides était de retour dans la zone normale (2,30), mon taux
d’inflammation du foie était descendu à 40 et mon échographie abdominale révélait une stéatose hépatique légère (foie gras). À ce moment, j’étais quand
même heureux du chemin parcouru. Trois mois plus tard, à mon deuxième bilan sanguin, mon taux de triglycérides était à 1,05 (l’objectif était donc atteint,
puisque le taux visé est inférieur à 1,1) et mon poids était à 175 livres (79 kilos). Mes enzymes du foie étaient légèrement plus élevés, à 48, mais on m’a
expliqué que je n’avais rien à craindre et que ça allait rentrer dans l’ordre spontanément. Je me sentais alors suffisamment bien pour tenter un sevrage de
mes antidépresseurs, que je prenais depuis 2010.
Trois mois se sont écoulés. Je viens de faire mon bilan final avec la Clinique Reversa. Mes triglycérides sont à 1,04 et mes enzymes hépatiques sont à 33
(dans la norme). Mon échographie révèle que je n’ai plus de stéatose hépatique.
Je considère avoir encore du chemin à faire, mais je sais que maintenant je vais dans la bonne direction!
Le surpoids et l’obésité
Encore aujourd’hui, le surpoids et l’obésité sont expliqués par un déséquilibre énergétique, c’est-à-dire un déséquilibre entre les calories absorbées (surplus) et
les calories dépensées (activité physique insuffisante). Cette théorie est basée sur le principe de la thermodynamique qui stipule que les calories consommées
doivent être inférieures aux calories dépensées si l’on veut éviter de prendre du poids. Or, cette vision est plutôt simpliste.
En réalité, l’obésité n’est pas le résultat d’une équation mathématique, mais bien d’un ensemble de facteurs qui interagissent de manière complexe. Plusieurs
hormones et peptides, dont les hormones de la faim, de la satiété et du stockage des graisses, y jouent un rôle prépondérant. Pourquoi les personnes en surpoids
continuent-elles d’avoir faim et de vouloir manger? Pourquoi leur corps, au lieu de les encourager à manger, ne puiserait-il pas directement dans les réserves de
graisse, jusqu’au retour d’un poids normal? On croit, à tort, que c’est une question de manque de volonté. Or, c’est principalement une question d’hormones.
Lorsque l’on prend du poids, il y a une augmentation du tissu graisseux dans le corps. Les adipocytes, qui sont des cellules spécialisées dans l’emmagasinage des
triglycérides (des graisses), sont parmi les plus sensibles au message de l’insuline. Lors d’un repas, la nature des aliments ingérés aura une influence directe sur la
hausse de la glycémie et, par conséquent, sur la quantité d’insuline sécrétée. Nous l’avons vu dans la partie 1, l’insuline joue trois grands rôles dans le
métabolisme après un repas. D’abord, elle favorise la synthèse d’acides gras. Il s’agit de la lipogenèse. Ainsi, les surplus énergétiques, même ceux de nature
glucidique, sont transformés en acides gras destinés à être stockés dans les adipocytes. Ensuite, elle empêche les tissus d’utiliser les acides gras en circulation
comme forme d’énergie alternative pour les cellules. Finalement, elle empêche la lipolyse, c’est-à-dire qu’elle bloque l’accès aux réserves adipeuses que nous
transportons sur nos hanches, notre ventre et nos cuisses, entre autres (voir figure page 32).
Lors d’un repas, la glycémie augmente. Le pancréas doit alors sécréter de l’insuline, pour gérer l’afflux de glucose. L’insuline permet aux cellules d’utiliser le
glucose en circulation, pour en faire de l’énergie. Puisque le glucose entre dans les cellules, il diminue dans la circulation sanguine: la glycémie (taux de glucose
dans le sang) retourne à la normale, c’est-à-dire comme avant le repas. Parfois, elle descend même plus bas. La baisse progressive du taux de sucre dans le sang
déclenche inévitablement des signaux de faim, lesquels nous poussent à manger à nouveau, ce qui fera remonter la glycémie.
Or, lorsque nous consommons plusieurs repas par jour (3 repas et 2 ou 3 collations) et que ces repas sont majoritairement composés de glucides (environ 60% et
plus, comme les autorités sanitaires le recommandent), l’insuline est sécrétée en grande quantité et en trop grande fréquence. À la longue, les cellules deviennent
de moins en moins réceptives à ses directives. C’est ce que l’on appelle la résistance à l’insuline. Le pancréas doit travailler plus fort, plus souvent. L’insuline en
circulation dans le sang n’a plus le temps de retourner à la normale et demeure continuellement élevée. C’est ce que l’on appelle l’hyperinsulinémie. Mais
l’insuline est loin d’être la seule hormone en jeu dans la prise de poids 8.
La leptine et la ghréline
La leptine est une hormone spécifique sécrétée par les adipocytes qui, dans un contexte physiologique, envoie un message au cerveau l’informant que les réserves
de graisse corporelles sont pleines et qu’il est inutile de continuer à stocker des graisses. C’est une hormone de satiété. La ghréline, quant à elle, est un peptide
digestif qui signale la faim. Ces deux hormones antagonistes sont cependant sous la gouverne de l’insuline. Cette dernière a la capacité d’agir directement sur le
système nerveux central et de moduler leur expression 9. Par conséquent, l’insuline peut modifier la perception des signaux de faim et de satiété.
Plusieurs autres hormones, peptides et facteurs influent sur la prise de poids ou la difficulté à en perdre. Citons, par exemple, le fait d’avoir deux parents obèses
10, le stress chronique, le manque de sommeil, l’âge, le sexe, la masse musculaire, la prise de certains médicaments, l’environnement, le microbiome, etc.
LE PROTOCOLE REVERSA
Les patients qui nous consultent à la Clinique Reversa pour une perte de poids sont invités à adopter une alimentation cétogène dans la mesure du possible, en
particulier pour bénéficier de l’effet coupe-faim des corps cétoniques et pour limiter au maximum les apports en glucides déclencheurs de fringales et d’envies de
sucreries.
De plus, nous les initions rapidement au jeûne. Pour la perte de poids, la clé du succès du jeûne est la constance. En effet, mieux vaut faire plusieurs jeûnes de 24
ou 36 heures par semaine, toutes les semaines, que d’en faire un de trois jours une fois de temps en temps.
On rencontre cependant des patients qui ne sont pas à l’aise avec le jeûne, d’un point de vue psychologique. Les jeûnes, même courts, peuvent déclencher chez
eux une crise d’hyperphagie ou de boulimie compensatoire. Lorsque l’on constate cela chez un patient, on lui suggère de cesser les jeûnes de plus de 16 heures,
voire de manger trois repas cétogènes par jour. Nous lui conseillons aussi de manger des lipides à satiété et non à volonté, tout en respectant les ratios d’une
alimentation cétogène (environ 60 à 80% de l’énergie provenant des lipides, soit un ratio 3: 1 ou 4: 1 [lire page 73]).
Les personnes en surpoids ont parfois de la difficulté à jeûner dans les premiers temps, en raison de leur résistance à l’insuline élevée, laquelle empêche l’accès
aux réserves de graisse corporelle. Nous travaillons progressivement chez ces personnes, par exemple en les incitant à boire un ou deux cafés gras le matin et en
matinée au besoin, pour qu’elles s’habituent à ne pas manger au petit déjeuner. Si elles ont trop faim avant midi, elles peuvent manger. Les jours suivants, elles
repoussent de plus en plus l’heure du déjeuner, pour en arriver à jeûner au moins 16 heures entre le dîner de la veille et le premier repas de la journée.
Le jeûne est un puissant outil thérapeutique et, à l’instar d’un muscle, il se renforce avec le temps et la pratique. Nous constatons souvent une réticence et une
crainte face au jeûne, en particulier chez nos patients en surpoids. Ces personnes ont souvent des signaux de faim et de satiété déréglés. La plupart d’entre eux
ont fait plusieurs régimes amaigrissants qui les affamaient et craignent de ralentir encore leur métabolisme. Nous faisons donc beaucoup de conseil à ce sujet.
Le témoignage de
Lily
Avant
Après
E n novembre 2017, j’étais obèse morbide, je pesais 115 kilos et mon tour de taille mesurait 114 cm. J’étais également prédiabétique. J’ai
rencontré un médecin, pour mon examen triennal. Elle m’a dit, après avoir constaté que mon tour de taille et mon poids avaient augmenté:
«Tu sais, quand on a essayé tous les régimes et que rien n’a fonctionné, il reste la chirurgie bariatrique!». Ce fut la bombe qui changea ma vie!
Je me battais contre mon poids depuis la fin de l’adolescence. J’enchaînais les régimes comme Weight Watchers, Ideal Protéine, et Minçavi… C’est vrai! Je
les ai tous essayés! Et même plusieurs fois! Et à chaque fois, c’était la même chose. Pleine de bonnes intentions, je diminuais mon apport calorique, je me
motivais à bouger plus, puis je perdais du poids, mais ensuite venait le plateau… Je diminuais alors encore les calories et je bougeais encore plus… Pour
finir affamée, démotivée… et craquer! Je me sentais alors honteuse, lâche, grosse, laide, sans cœur, sans volonté. C’était un cercle vicieux. À chaque fois, je
reprenais le poids que j’avais perdu et même un peu plus.
J’étais mûre pour la chirurgie bariatrique. Je voulais maigrir et ne plus souffrir de la faim. Cela faisait un moment que j’y pensais. Ma conjointe me
retenait, pour des raisons que j’ignorais, elle ne voulait pas me voir subir cette opération.
J’ai fait mes propres recherches. J’ai analysé le Guide d’alimentation de chirurgie bariatrique de l’hôpital Sacré-Cœur, en pensant m’alimenter de cette
façon sans faire la chirurgie. C’était impensable! Quitte à manger des céréales molles et boire du jus de raisin, autant arrêter de manger, me suis-je dit! Et
voilà comment l’idée du jeûne a fait son chemin! En décembre 2017, entre Noël et le jour de l’An, ma conjointe et moi faisions nos premiers jeûnes, qui ont
été pour ma part assez difficiles. Il ne s’est pas passé beaucoup de temps entre nos premiers jeûnes et la découverte de l’alimentation cétogène.
Sur des groupes Facebook dédiés au thème du jeûne, les internautes parlaient de Jason Fung et de son livre, Code Obésité, que je me suis empressée de
lire! En moins de deux semaines, nous sommes passées des jeûnes sans changement d’alimentation, à une alimentation LCHF et puis cétogène stricte
(moins de 20 g de glucides par jour) avec des jeûnes intermittents.
Ensuite j’ai découvert le site Internet Diet Doctor. C’est sur ce site que j’ai appris qu’il y avait un médecin au Québec spécialiste du régime cétogène et
du jeûne intermittent: La docteure Bourdua-Roy! Après les vacances de Noël, je me suis inscrite sur la liste d’attente pour un rendez-vous. En attendant de
la rencontrer, le soutien dans les groupes Facebook a été pour moi très important. Par contre, il a fallu faire attention, parce qu’on peut y trouver tout et
n’importe quoi en termes de conseils!
Lorsque j’ai rencontré pour la première fois la docteure Bourdua-Roy en février 2018, ma perte de poids était bien entamée et j’ai été vraiment rassurée
d’avoir fait le bon choix.
Au-delà de ma perte de poids (100 livres, soit 45 kilos à ce jour) et de tous les bienfaits qu’elle a eus sur ma santé, l’alimentation cétogène m’a apporté
surtout une incroyable énergie! Je me réveille le matin avec les idées claires. Un bon café crème et j’entame mes journées avec un entrain incroyable!
J’ai toujours été une personne active, malgré mon surpoids. Mais je ne me suis jamais considérée comme sportive. Tout cela a changé! En novembre
2018, j’ai commencé un entraînement intensif dans le but de réaliser le rêve de ma vie: en juin 2019, l’année de mes 50 ans, j’ai participé au Grand défi
Pierre Lavoie! Le 1 000 km en équipe! Au début de mon aventure céto, jamais je n’aurais cru cela possible!
Quand on me demande si je pense que l’alimentation cétogène est soutenable sur le long terme? Je réponds que je ne vois pas ma vie autrement!
Le jeûne est aussi un excellent outil lorsque la perte de poids s’arrête brusquement et que l’on ne parvient pas à la réenclencher alors que les patients sont encore
loin d’avoir atteint leur poids santé. Il est souvent nécessaire de changer de protocole de jeûne, pour déstabiliser le corps et susciter une adaptation.
Le diabète de type 2 11
Le diabète de type 2 est une maladie qui affecte tous les organes du corps humain (cerveau, yeux, cœur, reins, vaisseaux sanguins, peau, etc.) et qui est
caractérisée par des glycémies élevées et un excès d’insuline. L’insuline est une hormone qui est sécrétée par le pancréas principalement lorsque l’on consomme
des glucides (mais aussi des protéines, dans une moindre mesure). En effet, les glucides, quelle que soit leur nature, se transforment en molécules de sucre
(glucose, fructose, galactose) lors de la digestion. Le fructose s’en va directement au foie (voir la section sur la stéatose hépatique page 141), alors que le glucose
va dans la circulation sanguine et, grâce à l’action de l’insuline, peut servir de source d’énergie.
Lorsqu’il y a des apports de glucides trop fréquents, comme c’est le cas lorsque l’on fait 3 repas et 2 ou 3 collations par jour, et trop importants, comme c’est le
cas avec des repas «standards» dont 60 à 65% des calories proviennent de glucides (féculents, légumes, produits laitiers, etc.), le pancréas est forcé de sécréter de
plus en plus d’insuline pour gérer ces importants afflux de glucose, qui ne sont pas toujours nécessaires, en particulier chez les personnes sédentaires.
Au fil du temps, cette hyperinsulinémie entraîne une résistance de la part des cellules, qui deviennent de moins en moins sensibles au signal de l’insuline. Cela va
avoir pour conséquence une augmentation progressive du taux de sucre dans le sang. Avec le temps, ce taux devient anormal (anomalie de la glycémie à jeun,
intolérance au glucose) et peut progresser jusqu’aux valeurs diagnostiques du diabète de type 2 12.
Personne ne devient diabétique du jour au lendemain. Il faut plusieurs années pour que l’hyperinsulinémie et la résistance à l’insuline dans tout le corps et en
particulier dans le foie deviennent si avancées que les glycémies commencent à augmenter. Ce processus est cependant en accélération constante aujourd’hui; les
nouveaux cas de diabète de type 2 ont doublé ces trente dernières années et sont diagnostiqués de plus en plus jeunes 13. Le diabète de type 2 est maintenant une
préoccupation pédiatrique, avec des milliers de cas rapportés par les médecins, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, ces dernières années 14.
Parmi mes patientes, je compte plusieurs anciennes infirmières qui sont maintenant à la retraite. Elles me disent qu’à leur époque, on appelait le diabète de type 2
le «diabète de vieux» parce que cela ne se voyait que chez les septuagénaires ou octogénaires, et c’était rare. Aujourd’hui, mes patients sont parfois âgés de 20
ans, et souvent trentenaires ou quarantenaires lorsque je leur annonce qu’ils sont diabétiques de type 2. Certains sont même encore adolescents. Ce n’est pas
normal.
LE PROTOCOLE REVERSA
Les patients diabétiques suivis à la Clinique Reversa doivent, lorsqu’ils ne disposent pas de lecteur de glycémie en continu relié à notre ordinateur, nous faire
parvenir par courriel leurs glycémies, chaque jour s’ils prennent de l’insuline ou tout autre médicament pouvant causer des hypoglycémies, ou une fois par
semaine s’ils ne prennent pas de médicament pouvant causer des hypoglycémies. Nous nous intéressons aux glycémies à jeun et deux heures après les repas. En
effet, les ajustements aux médicaments doivent parfois se faire rapidement entre les suivis. Les patients ayant des complications du diabète de type 2, comme une
atteinte rénale (protéinurie), de la neuropathie ou une plaie qui guérit mal, sont encouragés à manger le moins de glucides possible, soit 20 g nets par jour au
maximum. Il est en effet urgent d’agir, donc les patients doivent avoir un régime le plus strict possible et faire le moins d’écarts possible. Nous leur conseillons
également d’intégrer rapidement le jeûne intermittent à leur routine.
Le témoignage de
Christian
Avant
Après
T out a débuté en février 2017 quand mon médecin de famille a pris sa retraite après m’avoir suivi pendant 10 ans. Je prenais alors de
nombreux médicaments pour le diabète de type 2, la tension, la dépression, le cholestérol et tutti quanti. J’ai eu la grande chance de tomber sur
la docteure Èvelyne Bourdua-Roy, qui devint mon nouveau médecin de famille et qui m’orienta vers l’alimentation faible en glucides et cétogène
comme option de traitement.
Je ne savais pas ce dont il était question, je n’en avais jamais entendu parler. À cette époque, j’étais aussi suivi par une spécialiste du diabète, qui me
disait le contraire et me demandait de m’en tenir à prendre les médicaments prescrits par mon ancien médecin.
Confus, je décidai tout de même de m’en remettre entièrement aux judicieux conseils de la docteure Èvelyne Bourdua-Roy et, en quelques mois de suivi
et d’analyses régulières, je perdis 15 kg, et mes glycémies passèrent de 15, en moyenne, à 5 mmol/L (normales).
Après six mois, ma pression, mon taux de cholestérol et tout mon organisme s’étaient rétablis.
Aujourd’hui, en 2020, mon nouveau poids reste stable et tous mes problèmes de santé physique et mentale sont résolus. J’ai repris goût à la vie, retrouvé
mon sourire légendaire et ne prends plus AUCUN médicament.
Actuellement, j’ai beaucoup d’énergie, j’ai retrouvé la joie de vivre et j’ai pu reprendre mon activité d’artisan que j’avais abandonnée dix ans plus tôt
suite à ma dépression. En effet, cuisinier et boulanger de formation, je suis devenu chef cétogène à domicile lors de mon séjour à Alexandrie, en Égypte, et
j’ai fait profiter à de nombreux amis et clients de cette fabuleuse découverte. J’entreprends actuellement une nouvelle carrière de chef et boulanger expert en
plats prêts à livrer en lançant Les Life Saveurs, produits de @SainesGourmandisesKeto. Je dois avouer qu’en tant qu’artisan boulanger et amoureux du pain,
ce qui me manquait le plus avec ma nouvelle alimentation, c’était le pain, d’où mon désir de fabrication de BONS pains et pâtisseries cétogènes. Dès lors, je
suis devenu le plus grand défenseur, propagateur et cuisinier «quasi mondial» de cette fabuleuse diète… beaucoup d’énergie, de rêves réalisés en projets
concrets grâce au cétogène!
Mon slogan:
«Céto ou tard… vous vous y mettrez!»
Les patients qui ont un diagnostic relativement récent de diabète de type 2 (moins de six ans) et/ou qui ne prennent que de la metformine peuvent choisir de
manger 100 g de glucides nets par jour. On leur explique, cependant, qu’il est possible que le renversement de leur diabète soit plus lent.
L’important, à nos yeux, est que les patients qui ont recours à l’alimentation faible en glucides et riche en graisses pour gérer, traiter ou renverser leur diabète de
type 2 aient une perspective à long terme, c’est-à-dire qu’ils doivent considérer que cette alimentation sera dorénavant la leur pour le restant de leurs jours, afin
de maintenir le renversement de leur maladie. De ce fait, nous préférons encourager les patients à choisir la quantité de glucides qu’ils pourront maintenir sur le
long terme. S’ils se sentent bien avec un apport de 20 g de glucides par jour, c’est l’idéal, surtout dans la phase de renversement. Mais s’ils trouvent cette quantité
trop difficile à respecter ou s’ils ressentent trop de privation, mieux vaut alors qu’ils augmentent légèrement leurs apports quotidiens en glucides et les respectent.
Nous conseillons parfois à nos patients diabétiques qui ne tolèrent pas bien la metformine d’essayer la berbérine, une plante vendue sous forme de complément
alimentaire qui peut avoir des effets similaires sur la glycémie. Les autres suppléments, comme la cannelle et le vinaigre de cidre, ont des effets très modestes.
Nous suggérons aussi à nos patients diabétiques de faire de l’exercice pour améliorer leur sensibilité à l’insuline (et non pour perdre du poids). Il peut être
intéressant de faire du cardio le matin dès que l’on constate que la glycémie matinale est trop élevée (effet de l’aube, voir page 83) et de la musculation quelques
fois par semaine.
Nous discutons aussi des effets du stress et de la qualité du sommeil avec nos patients diabétiques, puisque cela peut avoir un impact négatif significatif sur leurs
glycémies. C’est ce que nous constatons fréquemment chez nos patients qui consomment réellement 20 g de glucides nets voire moins par jour, mais qui malgré
tout ont des glycémies qui montrent peu d’amélioration.
La stéatose hépatique
La stéatose hépatique non alcoolique (ou maladie du foie gras) ou NASH (non alcoholic steatohepatitis en anglais) n’est pas simple à définir puisqu’elle est
multifactorielle. Ce problème de santé hépatique, qui est caractérisé par l’accumulation progressive d’amas de triglycérides entre les hépatocytes (les cellules du
foie), affecte la santé métabolique du foie. Le foie n’est pas un tissu destiné au stockage de gras. Au début, la NASH est légère, mais elle peut rapidement
progresser vers une atteinte modérée, puis sévère. Par la suite, si rien n’est fait, elle risque d’évoluer en stéatohépatite, qui est une inflammation du tissu
hépatique, puis donner une fibrose. Cela peut ensuite progresser vers une cirrhose et, ultimement, vers un carcinome hépatocellulaire (cancer du foie) 15.
Ce problème de santé est fréquemment causé par une alimentation trop riche en glucides, en particulier en fructose. En effet, le fructose est un sucre naturel que
l’on retrouve dans les fruits, mais également dans tous les produits qui contiennent du sucre et, surtout, dans les produits transformés qui contiennent du sirop de
maïs à haute teneur en fructose.
Le fructose n’est pas une source d’énergie pour les cellules du corps humain, contrairement au glucose. Il est dirigé vers le foie, car c’est le seul organe qui
produit de la fructokinase, une enzyme qui permet de le métaboliser. On estime que le foie n’est capable de métaboliser qu’une petite quantité de fructose à la
fois. Certes, des variabilités interindividuelles existent, mais il semble que le foie n’arrive à métaboliser qu’entre 5 et 50 g de fructose à la fois 16. Les excédents
ont tendance à être stockés en graisse, dans le tissu hépatique 17.
Malheureusement, la plupart des gens qui souffrent d’une stéatose hépatique ne le savent pas. C’est une maladie insidieuse, silencieuse, qui ne donne pas de
symptôme franc, jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que le problème soit devenu irréversible. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il est très difficile de
connaître la véritable prévalence du foie gras dans la population adulte et chez les enfants.
La stéatose hépatique contribue à aggraver la résistance à l’insuline et la résistance à l’insuline, en retour, aggrave la stéatose hépatique. C’est un cercle vicieux
qui s’installe et qui engendre gain de poids, inflammation, augmentation des glycémies sanguines et autres problèmes métaboliques 18. Heureusement, la stéatose
hépatique peut être renversée si elle n’est pas rendue au stade de cirrhose. Il faut pour cela modifier son alimentation et ses habitudes de vie.
LE PROTOCOLE REVERSA
Tous les patients de la Clinique Reversa subissent une échographie abdominale au début du programme pour objectiver la présence d’une éventuelle stéatose
hépatique et, le cas échéant, en quantifier la sévérité. L’expérience clinique nous montre que dans chaque cohorte de 15-20 patients, seules 1 à 2 personnes n’ont
pas de stéatose hépatique au début de programme. Chez tous ceux qui avaient une stéatose hépatique au départ, nous faisons un contrôle échographique six mois
plus tard. Et pour la très grande majorité d’entre eux, nous notons une amélioration significative.
Nous mesurons également le taux des enzymes hépatiques dans le sang, mais il nous apparaît maintenant clair que le taux d’ALT par exemple (une enzyme assez
spécifique au foie) n’est pas un marqueur fiable: très souvent ce taux est normal alors que d’après l’échographie, on est en présence d’une stéatose hépatique
modérée à sévère. Il est important de savoir toutefois que le dosage des enzymes hépatiques de même que l’imagerie médicale (échographie, scan ou résonance
magnétique) ne permettent pas de confirmer avec certitude un diagnostic de stéatose, NASH, stéatohépatite ou cirrhose. Il est nécessaire pour cela de procéder à
une biopsie, ce que l’on ne fait que rarement.
Nous conseillons à nos patients qui ont un foie gras modéré à sévère, avec ou sans hépatomégalie (augmentation de la taille du foie), de réduire leur
consommation d’alcool, de limiter toutes les sources de fructose et de faire des jeûnes plus longs (plus de 24 h) de manière plus fréquente (une à 3 fois par
semaine, toutes les semaines).
La réduction significative des apports en alcool, en glucides et, surtout, en fructose est sans doute la meilleure façon d’arrêter d’endommager le foie, alors que le
jeûne et la perte de poids sont les meilleurs moyens de renverser les dommages occasionnés.
Le témoignage de
Lisette
«Grâce au cétogène, j’ai fait la paix avec mon corps»
C ela faisait des années que je savais que j’avais une stéatose hépatique. Je l’ai appris par hasard, à la suite d’une hernie discale dans le milieu
du dos. Alors, dans ma tête, ça voulait dire que je mangeais trop gras. L’idée de diminuer les aliments gras ne me dérangeait pas puisque de
toute façon, j’étais plutôt un bec sucré. Et de toute façon la stéatose hépatique était le moindre de mes soucis étant donné que j’avais d’autres
problèmes de santé. Le mal de dos me donnait du fil à retordre, si je puis dire! Alors l’idée d’avoir un foie gras m’est complètement sortie de la tête,
surtout que je ne ressentais aucun désagrément physique lié à cela.
Puis, le diabète m’est tombé dessus sans crier gare. Avec le recul (parce que j’ai un calendrier où je note toutes mes souff rances), je peux presque jurer que
c’est une statine qui m’a rendue diabétique. Ne me croyez pas sur parole, mais allez voir le site de Santé Canada de janvier 2013 en cherchant «statine et
diabète».
Bon, une autre tuile qui me tombe sur la tête! Désormais c’en était trop. Juste trop! Mal de dos, stéatose hépatique et diabète. L’idée de me laisser mourir
m’apaisait. J’en étais rendue là.
Par un concours de circonstances, j’ai vu qu’une clinique cétogène avait ouvert ses portes. Pour moi, manger du gras afin de retrouver la santé était la
plus grande fumisterie jamais entendue. Je dois donc me remémorer ce que je pensais de l’alimentation cétogène à cette époque afin de garder mon cœur
ouvert pour ceux qui n’y croient pas.
Après six mois de cétogène strict, le diabète était en rémission, le foie gras s’était déchargé de sa stéatose, mais le cadeau inestimable que j’ai reçu de
l’alimentation cétogène a été une rencontre avec moi-même.
J’ai compris que les glucides étaient une sorte de doudou psychologique pour moi. Que de réconfort ai-je obtenu grâce à mes meilleurs amis les glucides!
J’avais de la peine? Gâteau avec glaçage et confiture! J’étais en colère? Paquet de chips! Je n’aurais jamais cru être capable d’abandonner mes bons amis si
fidèles, si disponibles et si accueillants avec moi. Jamais je ne me suis sentie jugée par eux.
Comme bien des femmes, m’affirmer me semblait l’équivalent d’être chicanière, alors j’ai appris à sourire malgré les peines, les colères et les injustices
que j’ai subies. Je crois même que sans mes amis les glucides, je serais morte. Alors les laisser de côté équivalait pour moi à les trahir.
C’est ce qui a été le déclencheur du reste: comment puis-je me sentir traître en délaissant des glucides qui n’ont aucune vie? J’ai réalisé que je me sentais
responsable du bien-être des autres et que rechercher leur assentiment était capital pour me faire accepter.
Ne pas déranger était mon leitmotiv. Était-ce ce qui me définissait réellement? Je n’en avais plus la certitude. C’est fou d’observer à quel point l’arrêt des
(glucides m’a fait prendre conscience du fait que j’étais sincèrement loin de moi. Comment ai-je pu me cacher derrière mes sourires remplis de tristesse?
Après cette découverte sans cesse renouvelée, je peux dire que j’aime mon foie dégraissé, qu’il m’a pardonné et que nous sommes partenaires. J’ai fait la
paix avec mon corps que j’ai tant malmené pendant une grande partie de ma vie.
C’est avec une grande fierté que je porte l’alimentation cétogène dans mon cœur.
La goutte
La goutte est une maladie causée par un excès d’acide urique dans le sang qui favorise la précipitation des surplus en cristaux d’urate. Ces derniers ont tendance à
s’accumuler autour et à l’intérieur des articulations, causant des douleurs intenses et aiguës et pouvant évoluer en arthrite chronique. La première crise de goutte
touche généralement l’articulation du gros orteil (articulation métatarso-phalangienne). On reconnaît les symptômes de la goutte par une douleur vive et
incapacitante à l’articulation, accompagnée très souvent de rougeur, chaleur et inflammation.
Accumulation de cristaux d’acide urique dans l’articulation du gros orteil d’une personne atteinte de goutte
Plusieurs problèmes de santé de type rhumatoïde sont associés au syndrome métabolique et la goutte n’y échappe pas. L’hyperinsulinémie et une diminution de la
sensibilité à la leptine entravent le processus d’élimination de l’acide urique par les reins. Cela a pour conséquence d’augmenter le risque de souffrir d’une crise
de goutte 19, 20.
On recommande souvent aux personnes qui ont des crises de goutte d’éviter les aliments contenant des purines, comme: anchois, abats, crevettes et autres fruits
de mer, harengs, sardines, maquereaux, foie, viandes rouges, asperges, champignons, chou-fleur, épinards, poissons, bouillon de viande, et volaille. On
recommande aussi de réduire la consommation de graisses saturées (produits d’origine animale, huile de coco ou de palme, etc.), d’éviter le fructose (surtout dans
les produits transformés contenant du sirop à haute teneur en fructose) et de réduire les apports en glucides raffinés, comme les pâtisseries et viennoiseries, les
confitures, les gâteaux et biscuits, les yaourts aux fruits, etc. 21.
Or, l’alimentation faible en glucides contient habituellement plusieurs aliments à teneur élevée ou modérée en purines, ainsi que des graisses saturées. Malgré
cela, la plupart des personnes qui l’adoptent cessent de faire des crises de goutte. Il est donc probable que la résistance à l’insuline, l’hyperinsulinémie et le
fructose soient davantage à la base de la physiopathologie de la goutte que la teneur en purines de l’alimentation.
Il est à noter que le taux d’acide urique peut augmenter temporairement pendant les six premières semaines qui suivent l’adoption d’une alimentation cétogène
22, non pas en raison de l’augmentation de la production d’acide urique, mais plutôt en raison de la diminution de l’excrétion de cet acide – les reins étant
occupés à gérer les changements électrolytiques – et de l’augmentation de la diurèse causée par la baisse de l’insuline en circulation. Des études ont montré que
le taux d’acide urique n’était pas plus élevé après quelques mois ou quelques années chez des personnes ayant une alimentation faible en glucides, en
comparaison avec des personnes ayant une alimentation standard 23, 24.
LE PROTOCOLE REVERSA
À la Clinique Reversa, nous n’offrons pas d’emblée une stratégie de prévention à nos patients ayant des antécédents de goutte ni à ceux qui ont un niveau élevé
d’acide urique sans antécédent de crise de goutte.
Le témoignage de
Patrick
Avant
Après
P atrick est l’un de mes patients et il est dans la quarantaine. Il est devenu mon patient en novembre 2016. À cette époque, il faisait de
l’hypertension artérielle, du diabète de type 2 et de la goutte, il avait le foie gras et était en surpoids.
Il a fait sa première crise de goutte à l’âge de 29 ans et cet épisode avait duré un mois. Par la suite, il a continué à faire une crise de goutte environ trois fois
par an. Il était traité avec des anti-inflammatoires, qui fonctionnaient bien.
Au printemps 2017, il a eu de nouveau une crise de goutte. C’est à ce moment que je lui ai suggéré de lire le livre Code obésité du Dr Jason Fung et de
revenir me voir pour discuter de l’alimentation faible en glucides si cela l’intéressait. Ce fut sa dernière crise de goutte.
Il a lu le livre et a aussitôt adopté l’alimentation faible en glucides. Dans les mois qui ont suivi, je déprescrivais son hypotenseur combiné et ses deux
médicaments hypoglycémiants (contre le diabète).
Évolution du poids de Patrick
Aujourd’hui, Patrick ne prend plus aucun médicament, n’a plus aucune crise de goutte et a perdu 16 kilos. Ses glycémies sont celles d’une personne non
diabétique et sa tension artérielle est normale.
Patrick le raconte lui-même: «J’ai lu le Code obésité et j’ai trouvé ça plein de bon sens. C’était logique. Puis, je me suis rendu compte que cette alimentation
était facile. Et j’aime la simplicité. Je mange des œufs pour le petit déjeuner et de la viande et des légumes avec du beurre ou de l’huile d’olive au souper. Le
midi, je ne sais jamais trop quoi faire, alors j’ai décidé de jeûner. Il n’y a rien de plus simple que de ne pas manger. Mon énergie est excellente et je ne
prends plus aucun médicament. Je ne retournerai jamais en arrière!»
Pour minimiser les risques de crise de goutte, nous leur rappelons de réduire au minimum leurs apports en sucre ainsi que leur consommation d’alcool, en
particulier la bière et les boissons alcoolisées riches en sucre.
Les patients à risque peuvent ajouter 1 ou 2 cuillères à thé (ou cuillères à café en Europe) de jus de citron vert dans leur eau pendant la journée, tous les jours
pendant les six à huit premières semaines de l’alimentation cétogène. L’acide citrique contenu dans le jus de citron vert agit un peu comme un solvant pour
l’acide urique et peut aider à réduire son taux dans le sang. Cela sera peu utile en cas de crise aiguë.
Les patients qui ont une insuffisance rénale et qui ne peuvent plus prendre de médicaments antigoutte, comme l’allopurinol, en raison de leur fonction rénale trop
diminuée, peuvent prendre de l’extrait de cerise noire en prévention pour éviter une crise de goutte dans les six à huit premières semaines. Cela dit, nous
n’acceptons pas de patient en insuffisance rénale sévère dans notre programme, puisque nous n’avons pas de néphrologue au sein de notre équipe. Nous n’avons
donc pas d’expérience clinique avec l’extrait de cerise noire.
Nous ne limitons pas les aliments contenant des purines chez nos patients, à part les sucres, les produits raffinés et l’alcool, qui peut être consommé avec
modération s’il est faible en glucides et sucres résiduels. À ce jour, aucun de nos patients n’a fait de crise de goutte pendant son suivi à la clinique.
La douleur chronique, quant à elle, se définit comme une douleur qui persiste au-delà de la guérison des tissus atteints, soit environ douze semaines. Elle peut
être de sources et natures multiples: arthrose, arthrite et autres maladies articulaires inflammatoires, fibromyalgie, etc. Elle est habituellement accompagnée
d’inflammation et d’une certaine baisse d’énergie allant d’une baisse de la tolérance à l’effort à une fatigue débilitante sévère. La douleur chronique est une cause
fréquente de consultation. On estime qu’elle correspondrait à environ une visite sur trois chez les médecins de famille.
En cas de douleur chronique et de fatigue chronique, nous recommandons une alimentation cétogène stricte.
Il y a peu d’études qui se sont intéressées à l’alimentation cétogène dans un contexte de fatigue chronique 28 ou de douleur chronique 29. Nous soupçonnons
cependant que les mécanismes physiopatho-logiques de la douleur chronique et de la fatigue chronique se chevauchent avec ceux de l’épilepsie puisque plusieurs
médicaments antiépileptiques sont utilisés contre la douleur chronique avec une certaine efficacité et qu’à la base, il peut y avoir, en cas de douleur neuropathique
comme en cas d’épilepsie, une hyperexcitabilité neuronale anormale et une perte des signaux inhibiteurs au niveau de la communication neuronale.
Par quels mécanismes l’alimentation cétogène va agir?
Nous savons également que les personnes atteintes d’un syndrome métabolique 30 ou d’obésité ont une incidence plus élevée de douleur chronique 31. Il est donc
naturel de soupçonner que l’insuline et la graisse péri- et intraviscérale sont impliquées dans le processus.
Nous pensons que les mécanismes par lesquels l’alimentation cétogène semble aider les personnes atteintes de fatigue ou douleur chronique pourraient être
d’ordre mécanique, anti-inflammatoire, secondaires aux propriétés des corps cétoniques ou se faire via l’amélioration de la fonction mitochondriale et la
réduction des carences nutritionnelles.
Action mécanique: la perte de poids que peut engendrer l’alimentation cétogène permet certainement aux articulations de supporter moins de poids et à la
lordose lombaire liée à l’obésité abdominale de s’atténuer, ce qui peut diminuer les douleurs associées.
Action anti-inflammatoire: l’hyperinsulinémie est associée à une augmentation du niveau d’inflammation dans le corps. L’obésité abdominale est également
associée à une augmentation des marqueurs inflammatoires en raison de la sécrétion d’adipokines et de cytokines. L’alimentation cétogène, en réduisant
l’hyperinsulinémie et la graisse viscérale, abaisse sans doute le niveau d’inflammation générale.
La présence d’AGE (Advanced Glycation End-products) exogènes et endogènes est également impliquée dans l’inflammation, tout comme la dysbiose intestinale
(déséquilibre du microbiote intestinal). En adoptant une alimentation cétogène, on a beaucoup moins d’AGE dans le corps que lorsqu’on a une alimentation standard riche
en glucides.
De plus, le déséquilibre entre les acides gras oméga-6 (pro-inflammatoires) et les oméga-3 (anti-inflammatoires), habituellement très marqué dans l’alimentation standard,
tend à s’améliorer avec l’alimentation cétogène.
Et pour finir, lorsque l’on mange des repas riches en glucides, il y a habituellement un pic de glucose dans le sang dans les minutes et heures qui suivent l’ingestion de ces
repas. Ces pics sont inflammatoires. En adoptant une alimentation cétogène, le corps ne subit plus ces pics.
Propriétés des corps cétoniques: les corps cétoniques sont reconnus pour leurs propriétés anti-inflammatoires32 et anticonvulsives. On sait également qu’ils
peuvent aider à améliorer le fonctionnement des mitochondries33.
Amélioration de la fonction mitochondriale: au niveau cellulaire, lorsque les mitochondries ont des corps cétoniques à leur disposition, donc lorsque le corps
est en cétose nutritionnelle, celles-ci deviennent plus efficaces et la production d’énergie (la production d’ATP) augmente jusqu’à 60%. Cette production
d’énergie génère moins d’espèces réactives de l’oxygène (ERO ou ROS en anglais), lesquelles sont impliquées dans l’inflammation et les dommages
tissulaires. La cétose nutritionnelle stimule également la synthèse de nouvelles mitochondries 34.
Des études ont été faites sur des patients ayant un syndrome de douleur myofasciale (similaire à la fibromyalgie), dans le cadre desquelles des biopsies
musculaires ont été effectuées. Certaines études 35 ont révélé un dysfonctionnement et une altération de la structure des mitochondries, alors que d’autres n’ont
pas pu mettre cela en évidence 36. Il est possible que les mitochondries des personnes atteintes de douleurs myofasciales soient moins efficientes dans
l’oxydation du glucose et que leurs cellules produisent davantage d’acide lactique et d’espèces réactives de l’oxygène lorsqu’elles utilisent le glucose comme
carburant. Cela causerait de l’inflammation, de la douleur et une intolérance à l’exercice 37. Bref, s’il y a un dysfonctionnement au niveau des mitochondries à la
base, il est probable que lorsque les mitochondries fonctionnent mieux (ce qui semble être le cas avec l’alimentation cétogène), la douleur et la fatigue
s’atténuent.
La vitamine D
L’une des vitamines les plus importantes lorsqu’il est question des muscles, des os et des nerfs est la vitamine D. Elle joue un rôle dans les voies nociceptives,
c’est-à-dire dans la transmission du message de douleur, par l’entremise dans la modulation de neurotransmetteurs comme le GABA et aussi via des récepteurs
neuronaux tels que les NMDA 38. Des concentrations adéquates de vitamine D tendent à limiter la réponse inflammatoire, d’abord en limitant la prolifération des
lymphocytes T, très impliqués dans la réponse immunitaire secondaire, ensuite en modulant à la baisse la production de protéine C réactive (CRP) et de cytokines
proinflammatoires comme les interleukines 1 et 8 (IL1-IL8) 39.
Plusieurs études ont montré un lien entre la carence en vitamine D et les douleurs musculaires et osseuses 40. Il est, de plus, bien connu que la carence en
vitamine D tend à être endémique chez les patients en surpoids ou obèses 41, en particulier dans les pays où l’exposition au soleil est limitée 42.
Les doses recommandées sont de 50 à 75 UI par kilogramme de poids corporel et par jour, ce qui représente environ 4 000 UI par jour pour une personne de
poids moyen. Des doses de 10 000 UI par jour ont été décrites dans la littérature et ne semblent pas causer de toxicité pendant une certaine période 43, sauf dans
de rares cas d’exposition chronique à de telles doses. Le taux sanguin auquel une toxicité pourrait survenir semble se situer entre 250 et 500 nmol/L c.
L’alimentation faible en glucides et l’alimentation cétogène, avec leurs apports plus élevés en bons gras, favorisent une meilleure absorption des vitamines
liposolubles, comme la vitamine D, mais également d’autres facteurs importants pour la santé des os comme la vitamine K.
Le magnésium
Le magnésium est l’un des minéraux les plus abondants dans le corps humain et il joue un rôle fondamental dans divers processus physiologiques. Il n’est pas
surprenant que cet élément clé agisse comme cofacteur dans plus de 300 réactions enzymatiques complexes telles que la contraction musculaire, la gestion de la
glycémie, la synthèse de la vitamine D et même la régulation de la tension artérielle 44. Dans le système nerveux, il joue un rôle tout aussi important, que ce soit
dans la transmission neuronale ou dans tout ce qui concerne l’équilibre de l’humeur et l’acuité cognitive 45. Dans un contexte de douleur chronique, il faut savoir
que les récepteurs neuronaux NMDA sont des contributeurs actifs de la transmission du message de douleur 46. Le magnésium bloque les récepteurs NMDA, ce
qui les empêche de transmettre le message de douleur. Ainsi, il semble que la carence en magnésium favorise une suractivation des récepteurs NMDA et donc
une augmentation de la perception de douleur 47. Le magnésium est donc un autre supplément important en cas de douleur chronique.
Les carences en magnésium sont fréquentes dans la population occidentale, en général. À titre d’exemple, la moitié de la population américaine a des apports
quotidiens insuffisants et près du quart n’obtient même pas la moitié des apports quotidiens recommandés 48.
Le magnésium doit faire l’objet d’une attention particulière lorsque l’on adopte une alimentation faible en glucides ou cétogène, et ce surtout dans les premiers
temps. En effet, une réduction des apports en glucides entraîne une réduction de la sécrétion d’insuline, ce qui peut amener les reins à excréter plus de
magnésium dans l’urine. De plus, des apports insuffisants en sodium peuvent augmenter davantage l’excrétion urinaire de magnésium. Cela met fréquemment en
évidence une carence en magnésium qui était déjà présente, mais souvent peu symptomatique.
D’ailleurs, la carence en magnésium n’est plus quelque chose de populaire en médecine au Québec. Je n’ai pas appris les symptômes d’une carence en
magnésium à la faculté de médecine ni son importance dans le corps humain pour une multitude de cascades métaboliques. Ce n’est qu’en observant des
médecins adeptes de l’alimentation faible en glucides que j’ai appris tout cela, incluant le fait que le dosage sanguin du magnésium (magnésémie) est peu utile,
puisque le magnésium sanguin représente un très minime pourcentage de tout le magnésium présent et utile dans le corps humain. Il vaudrait mieux doser le
magnésium intracellulaire, mais il s’agit d’un test auquel je n’ai pas accès dans ma pratique régulière.
LE PROTOCOLE REVERSA
À la Clinique Reversa, en plus de leur recommander d’adopter une alimentation cétogène, nous conseillons donc à tous nos patients de prendre des suppléments
nutritionnels, a minima de la vitamine D et du magnésium. Nous pensons que ce sont les suppléments qui ont l’impact le plus significatif sur la douleur et que la
plupart de nos patients ayant un syndrome métabolique ou de l’obésité, mais également la plupart des adultes nord-américains, sont carencés en vitamine D et en
magnésium.
Pour la vitamine D, nous prescrivons 2 000 UI par jour pour commencer, à prendre en même temps que des graisses, pour augmenter l’absorption. Nous dosons
cette vitamine systématiquement chez tous nos patients au début du programme et vérifions trois à six mois plus tard si ce taux a répondu à la supplémentation.
L’expérience clinique nous a montré que la très grande majorité de nos patients n’a pas un niveau optimal de vitamine D sanguine. De plus, certains patients
semblent absorber moins bien la vitamine D car leur taux sérique n’augmente que très peu malgré des apports adéquats. Dans ce cas, nous donnons des doses
quotidiennes supérieures à 2 000 UI/jour et contrôlons le taux sérique au bout de trois mois.
Il existe plusieurs types de magnésium, mais le bisglycinate et le citrate de magnésium sont parmi ceux qui sont le mieux absorbés.
Nous conseillons aux patients atteints de douleur chronique de prendre un supplément de magnésium sous forme de bisglycinate, qui semble être supérieur au
citrate dans la réduction de la douleur. Nous pouvons ajouter, au besoin, un peu de citrate de magnésium s’ils souffrent de constipation. Nous leur prescrivons de
300 à 450 mg de magnésium chaque jour pour commencer et ajustons la dose selon la présence persistante de symptômes ou la consistance des selles. Si les
selles sont trop molles et mal formées, nous réduisons la dose de magnésium. Les personnes qui souffrent de migraine devraient essayer de prendre au moins 600
mg de magnésium quotidiennement selon l’Association canadienne de la céphalée.
Il arrive parfois que les patients aient des selles trop molles, mais souffrent encore de crampes aux mollets la nuit. Dans ce cas, nous pouvons diviser la dose en
deux (matin et soir) ou nous leur suggérons d’augmenter leurs apports en sodium et en eau. Un déséquilibre des électrolytes peut également occasionner des
crampes musculaires.
Il existe d’autres suppléments qui semblent aider en cas de douleur chronique, mais nous les suggérons peu. Citons les oméga-3 (doses de 2,5 g de EPA/DHA
pouvant aller jusqu’à 7,5 g/jour) 49, la riboflavine (vitamine B2) (400 mg/j) chez les patients ayant des migraines, la CoQ10 (100 mg, 3 fois par jour) chez les
personnes ayant des migraines ou de la fibromyalgie, du curcuma (1 000 mg/jour) chez les patients qui ont de l’arthrite, le sulfate de glucosamine (1 500 mg/jour
pendant plusieurs années) chez les patients ayant des douleurs articulaires ou osseuses, et les probiotiques (types et doses idéaux non connus en douleur
chronique).
Nous suivons également le score de douleur des patients. Au début du programme et à chaque visite, nous leur demandons d’évaluer le niveau de leur douleur sur
une échelle de 0 à 10 et nous notons l’évolution.
Le témoignage de
Jocelyne
Avant
Après
E n avril 2018, ma vie a changé. J’avais lu les livres Le Guide complet du jeûne et Code Obésité du Dr Jason Fung. Tout ce qui était écrit me
parlait, c’était du gros bon sens!
J’ai travaillé toute ma vie énormément pour combattre la prise de poids, pour maigrir ou pour maintenir mon poids. Weight Watchers, Minçavi, Belle et
Mince… j’ai fait une multitude de diètes amaigrissantes. Je perdais du poids… et j’en reprenais.
À 45 ans je me suis dit qu’il fallait que ça change une bonne fois pour toutes. Ce n’était plus seulement une question de «perdre du poids», mais je
voulais reprendre le contrôle de ma santé. Je viens d’une famille avec une hérédité de diabète de type 2, problème cardiaque, cancer. La cinquantaine
approchait et je voulais éviter tout ça. J’ai alors réussi à perdre 48 livres (environ 21 kilos) sans changer mes habitudes alimentaires, et j’ai réussi à maintenir
cette perte de poids pendant presque un an. Mon poids a ensuite commencé à remonter sur la balance.
J’ai décidé de consulter mon médecin de famille. Je suis sortie de son bureau complètement défaite! Tout était de ma faute, je devais me prendre en main,
travailler plus fort et perdre du poids! À la sortie de son bureau, j’ai eu une prescription pour rencontrer une nutritionniste parce que je ne savais pas lire les
étiquettes des produits alimentaires (pour moi c’était une insulte totale, car je ne faisais que ça et je sélectionnais mes produits: moins de gras, moins de
calories, aliments naturels, etc.). J’avais également une prescription pour consulter un kinésiologue.
Je me sentais trop insultée pour avoir envie d’aller consulter la nutritionniste, j’ai donc appelé le kinésiologue. Puis, j’ai fini par céder et prendre rendez-
vous avec la nutritionniste. J’ai complété religieusement le journal alimentaire avant la première rencontre. Après l’avoir consultée, la nutritionniste m’a dit
que mon alimentation était impeccable. Elle voulait travailler avec moi pour améliorer mon «image corporelle», mais n’avait rien à me proposer pour ma
santé.
La clinique m’a ensuite affecté une nouvelle nutritionniste. Celle-ci m’a recommandé d’ajouter des céréales à mon alimentation. Elle voulait que j’ajoute
1/4 de tasse d’orge par jour. Je lui ai dit que je ne pouvais absolument pas faire une telle chose puisque j’allais immanquablement prendre du poids! Elle m’a
tout de même demandé de le faire pendant deux semaines et de retourner la voir. Une semaine plus tard et 5 livres de plus (2 kilos), j’ai pris la décision de ne
plus la revoir. Je consultais toujours le kinésiologue, qui n’arrêtait pas de me parler de jeûne et des livres du Dr Fung. Finalement, je me suis décidée à
commander ces fameux livres. Et là, ma vie a changé! J’ai lu avidement les livres et je me suis reconnue dans cette lecture. J’ai versé plusieurs larmes et j’ai
enfin entrevu la possibilité d’améliorer ma santé.
J’ai commencé à faire des jeûnes intermittents et je me suis mise à faire des recherches sur Internet à chaque instant de libre. C’est ma nouvelle passion.
J’ai ainsi découvert le site web Diet Doctor, entre autres, mais également une vidéo de la Dre Bourdua-Roy où elle décrit que ses patients améliorent leurs
douleurs chroniques. Un bonus inespéré pour moi. J’ai alors changé d’objectif de santé: je ne visais plus tant la perte de poids que la réduction ou
l’élimination de tous mes médicaments pour la fibromyalgie et la fatigue chronique. J’avais fixé comme ultimatum la fin du mois de décembre 2018. En
janvier 2019, mon rêve s’est réalisé: je ne prenais plus aucun médicament, je dormais bien et je n’avais plus de douleurs chroniques! En mars 2019, j’ai
commencé à faire de l’entraînement musculaire à haute intensité (HIT).
Un an après avoir adopté le mode de vie cétogène et le jeûne, je ne prends plus de médicaments, j’ai perdu environ 8 kg, mon tour de taille a baissé de
12,5 cm et je ne crains plus le diabète. J’ai également eu une surprise: mes règles sont redevenues parfaitement régulières. Je n’avais jamais eu un cycle
menstruel régulier de toute ma vie. C’est dans la vingtaine que j’avais eu mes deux filles. Nous voulions d’autres enfants, mais après plusieurs visites
médicales et examens, on m’avait dit que c’était déjà un miracle d’en avoir eu deux! Presque dès le début de mon nouveau mode de vie (cétogène et jeûne),
mes règles sont devenues régulières. Je crois sincèrement que si j’avais connu ce mode de vie auparavant, j’aurais pu avoir d’autres enfants.
Je ne retournerai jamais à mon ancienne alimentation. Je souhaite poursuivre l’acquisition des connaissances du mode de vie cétogène ainsi que les
bienfaits du jeûne. Je souhaite ardemment que mon expérience puisse aider les autres.
Nous remarquons que chez une très grande majorité de patients, la douleur, peu importe son origine, incluant les migraines 50, tend à s’atténuer avec
l’alimentation cétogène, et ce, de manière assez rapide.
Nous suggérons à nos patients atteints de douleur chronique d’opter pour l’alimentation cétogène et de viser une cétonémie modérée (1,5 à 3 mmol/L). Parfois, si
la douleur demeure toujours significative, nous leur proposons d’éliminer les produits laitiers, souvent inflammatoires chez les personnes ayant des douleurs
chroniques. Il peut même arriver que nous leur proposions de faire une diète d’élimination (type carnivore, par exemple) ou une diète hypotoxique d cétogène.
L’hypertension artérielle
Quand le sang exerce une pression anormalement forte sur les parois artérielles en absence de stress ou d’un effort physique, les médecins font le diagnostic
d’hypertension artérielle (HTA) et c’est souvent asymptomatique chez les patients. Les personnes hypertendues ont une pression artérielle au repos supérieure à
130/80 mmHg, ce qui est préoccupant puisque l’hypertension artérielle est un facteur de risque cardio-vasculaire tout comme le tabagisme, la sédentarité, le
surpoids et le diabète. Il s’agit même d’un des premiers, sinon le premier facteur de risque cardio-vasculaire.
Une étude en particulier suggère que chaque augmentation de la pression systolique de 20 mmHg et de la pression diastolique de 10 mmHg double le risque de
maladie cardio-vasculaire telle que l’infarctus 51. Les raisons pour lesquelles les patients développent une hypertension artérielle ne sont pas encore
complètement comprises, cependant elles semblent multifactorielles et comprennent la prédisposition génétique et le contexte environnemental, entre autres,
mais surtout un certain dommage occasionné à l’endothélium des artères e. Une étude suggère même que l’hypertension artérielle peut précéder de 14 ans le
risque de faire un infarctus 52.
L’obésité, la résistance à l’insuline, l’hypertension artérielle et le diabète de type 2 sont des problèmes de santé qui affectent souvent en concomitance un même
patient. Ces multiples conditions partagent un point en commun: l’hyperinsulinémie. Il a été démontré que l’hyperinsulinémie prédispose au développement de
l’hypertension artérielle 53 et qu’adopter une alimentation faible en glucides ou cétogène diminuait la pression sanguine 54.
L’épidémie d’obésité est d’autant plus préoccupante qu’elle touche maintenant les enfants et les prédispose à l’hypertension de façon précoce. Déjà en 2010, une
équipe de chercheurs et pédiatres italiens sonnait l’alarme en montrant que la résistance à l’insuline était le principal facteur de risque, pour les enfants souffrant
d’obésité, de développer une hypertension artérielle 55.
LE PROTOCOLE REVERSA
À la Clinique Reversa, nous suivons de près la tension artérielle de nos patients. Nous la mesurons lors de chaque rendez-vous de suivi à la clinique. De plus,
nous demandons à ceux qui prennent un ou plusieurs hypotenseurs de nous faire parvenir leurs valeurs de tension artérielle régulièrement, par courriel, en
particulier s’ils suivent le programme à distance.
La majorité de nos patients hypertendus sont inquiets quand nous leur suggérons de prendre environ 2 cuillères à thé de sel, soit environ 12 g, chaque jour (voir la
période d’adaptation page 184 pour plus d’information). On leur dit depuis si longtemps qu’ils doivent réduire ou éliminer complètement le sel de leur
alimentation en raison de leur hypertension artérielle, qu’ils ont de la difficulté à accepter cette consigne.
En réalité, la plupart des hypertensions artérielles sont peu ou pas sensibles au sel et malgré la prise régulière de sel, nos patients voient leur hypertension se
normaliser si bien que nous devons fréquemment déprescrire leurs hypotenseurs.
Le témoignage de
Pierre
J e suis un homme de 48 ans et j’ai toujours été sportif. J’avais un petit surplus de poids, mais cela ne se voyait pas trop. Toutefois, j’avais un
gros problème d’hypertension et de cholestérol.
Mon père, dont le bilan de cholestérol était aussi anormal, avait fait deux crises cardiaques avant l’âge de 50 ans et ma mère faisait de l’hypertension. J’avais
hérité de la génétique de mes parents. Comme je suis le principal soutien financier d’une famille de cinq enfants âgés entre 8 et 12 ans, je considérais mes
problèmes de santé comme une épée de Damoclès qui planait sur le bien-être de toute la famille. J’avais l’intention de voir grandir mes enfants et les enfants
de mes enfants.
J’étais traité pour mon cholestérol depuis plus de 25 ans et ma tension était toujours trop haute malgré les 4 médicaments que je prenais pour tenter de la
contrôler. Mon médecin de famille, impuissant devant cette situation, m’avait envoyé vers un néphrologue. J’en étais rendu à prendre des médicaments au
lever, à midi, à 16 h et en me couchant. Malgré cela, ma tension avoisinait toujours 150/100. Lors de mes visites chez le néphrologue, les deux seules
recommandations que je recevais étaient de diminuer le sel et de faire de l’exercice.
C’est alors que j’ai entendu parler de l’alimentation cétogène et commencé à faire mes propres recherches. Je ne voulais pas faire cette transition sans
savoir ce que je faisais. J’ai commencé l’alimentation cétogène en avril 2018. J’ai suivi la formation à la Clinique Reversa le 13 avril 2018. Dès la fin du
premier mois, ma tension était devenue si correcte que j’ai commencé à éliminer mes médicaments tranquillement. Les trois premiers furent éliminés dans
les trois semaines suivantes. Il me fallut ensuite trois mois de plus d’alimentation cétogène stricte pour éliminer mon dernier médicament.
Aujourd’hui, ma tension est normale (120/80). Je n’avais jamais eu de si beaux chiffres. Je demeure à ce jour surpris qu’on ne m’ait jamais suggéré que
changer mes habitudes alimentaires pourrait avoir un aussi grand rôle sur ma pression et sur mon cholestérol. Je sens maintenant que je pourrai suivre mes
enfants encore longtemps. Je crois avoir mis toutes les chances de mon côté.
Cependant, il arrive dans quelques cas que la pression artérielle augmente avec la prise de sel. Nous rappelons alors à ces patients qu’il est essentiel que le sel soit
consommé avec un grand verre d’eau, pour ne pas concentrer le sodium dans le sang, ce qui ferait vraisemblablement augmenter la pression. Si cela n’aide pas,
nous leur suggérons de ne pas ajouter de sel à leur alimentation et de ne pas suivre les consignes générales du protocole Reversa concernant le sel, du moins tant
que leur pression demeure élevée ou médicamentée.
L’utilisation de l’alimentation faible en glucides ou cétogène dans un contexte médical est une réalité depuis fort longtemps. Vers la fin du XIXe siècle, on
l’utilisait afin de prolonger la vie des enfants diabétiques de type 1. Au tout début du XXe siècle, certains neurologues français, dont Pierre Marie, traitaient
l’épilepsie par le jeûne. La diminution de la fréquence et de l’intensité des crises d’épilepsie chez les patients qui pratiquaient le jeûne a inspiré le Dr Russel
Wilder de la clinique Mayo, aux États-Unis, qui émit alors la possibilité de pouvoir traiter l’épilepsie avec des méthodes alternatives ou complémentaires aux
médicaments, c’est-à-dire en changeant leur alimentation.
En effet, le docteur Wilder était convaincu que les corps cétoniques eux-mêmes étaient l’agent efficace. Il a donc commencé à proposer un régime riche en
lipides et faible en glucides pour le traitement de l’épilepsie chez ses jeunes patients 56. Selon le docteur Wilder, ce type d’alimentation imitait l’état de jeûne.
Depuis, les recherches sur le sujet abondent et il suffit de consulter PubMed avec les mots clés «epilepsy and ketogenic diet» pour constater que près de 1 500
travaux ont été présentés à la communauté scientifique depuis les années 1970, et qu’il y a plus de 100 nouveaux articles publiés par année depuis 2015.
L’épilepsie est un problème de santé très spécifique et particulier, mais le rôle thérapeutique que peuvent jouer les corps cétoniques dans ce contexte nous incite à
nous questionner quant à leur éventuelle utilisation thérapeutique dans d’autres pathologies qui touchent le système nerveux.
La pathophysiologie des troubles du système nerveux (c’est-à-dire la façon dont la maladie s’installe et se développe) n’est pas simple ni entièrement élucidée.
L’une des raisons qui complexifient la compréhension est que les symptômes d’une maladie apparaissent après de nombreux mois, voire de nombreuses années
de compensation par tout le corps. Certes, les traitements de pharmacologie sont, de nos jours, nombreux – de nouvelles molécules pharmacologiques font leur
apparition régulièrement –, cependant, il arrive souvent que leur action soit limitée et que leurs effets secondaires soient nombreux ou difficiles à tolérer. En règle
générale, toutes les atteintes du système nerveux ont une origine multifactorielle et les médicaments ont tendance à ne s’occuper que d’un aspect très précis du
trouble. Il faut donc souvent faire usage de plusieurs médicaments qui se veulent complémentaires, mais qui, au final, ne règlent qu’une partie des symptômes de
la maladie.
C’est le cas des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. À l’heure actuelle, notre compréhension de la genèse de ces maladies demeure
limitée. Il faut savoir que seul un faible pourcentage, soit environ 10% des cas, est de nature «familiale», c’est-à-dire qu’il y a une prédisposition transmise
génétiquement qui favorise le développement de la maladie, et cela vaut pour pratiquement toutes les maladies neurodégénératives. Donc, dans la presque totalité
des cas, c’est-à-dire 90%, les personnes atteintes n’ont pas un ou des gènes qui les prédisposent à développer une maladie neurologique. On parle de formes
sporadiques. Les raisons pour lesquelles ces gens développent la maladie sont inconnues, mais les scientifiques sont d’accord sur un point: cela est multifactoriel.
Citons, parmi les facteurs probablement contributifs: les habitudes de vie, l’environnement, l’exposition à une toxine…. La pharmacopée, quant à elle, ne permet
malheureusement que d’atténuer certains des inconforts des symptômes et, dans le meilleur des cas, de ralentir la progression de la maladie 57. Étant donné les
limites des traitements pharmacologiques, le recours à des méthodes alternatives efficaces s’avère nécessaire en vue d’une amélioration de la qualité de vie. Dans
de nombreux cas, un changement de l’alimentation peut être envisagé afin de cibler certains des symptômes de la pathologie sous-jacente.
Dans cette section, nous explorerons ce que la science rapporte concernant l’efficacité de l’alimentation faible en glucides ou cétogène dans une variété de
pathologies médicales qui touchent le système nerveux.
La maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer (MA) est la maladie neurodégénérative progressive la plus répandue et la principale cause de démence chez les personnes âgées. Les
symptômes de la maladie d’Alzheimer sont principalement d’ordre cognitif, impliquant des changements de personnalité notables ainsi que des pertes de
mémoire caractéristiques progressives et invalidantes 58. En 2016, près de 44 millions de personnes à travers le monde ont reçu un diagnostic de démence 59.
Des études d’imagerie cérébrale du néocortex et des formations hippocampiques des patients atteints de la maladie d’Alzheimer montrent deux caractéristiques
clés: des enchevêtrements neurofibrillaires de la protéine Tau et des plaques bêta-amyloïdes, ayant pour conséquence une atrophie corticale, c’est-à-dire une perte
de la densité neuronale 60, 61, 62. Tout cela paraît bien compliqué, mais en réalité, cela signifie que des amas complexes de protéines s’accumulent dans des zones
spécifiques du cerveau, là où siègent les processus de mémoire (hippocampe) et là où les comportements et la personnalité sont gérés (cortex cérébral). Ces amas
ne sont pas compatibles avec un fonctionnement optimal des cellules du cerveau et ces dernières finissent par mourir.
Différences anatomiques entre le cerveau d’une personne saine et celui d’une personne atteinte d’Alzheimer
Les thérapies médicamenteuses actuelles visent à traiter et améliorer les symptômes comportementaux et ne ciblent pas le problème dans son ensemble.
Malheureusement, il n’est pas encore possible de prévenir, modifier ou arrêter la progression de la maladie d’Alzheimer par traitement pharmacologique, d’où
l’importance d’envisager une approche multimodale, alternative et préventive au sein de laquelle se trouve l’alimentation faible en glucides.
Un diabète de type 3?
La prévalence de la maladie d’Alzheimer, c’est-à-dire le nombre de personnes touchées dans une population donnée, étant en hausse constante chez les
diabétiques de type 2, les chercheurs se questionnent sur le rôle d’une glycémie anormalement élevée de façon récurrente et chronique (glucotoxicité) et de la
résistance à l’insuline dans le développement de la maladie. Comme le diabète de type 2 augmente très significativement le risque de développer toute forme de
démence, incluant la maladie d’Alzheimer 63, plusieurs scientifiques et professionnels de la santé en sont venus à nommer la maladie d’Alzheimer «le diabète de
type 3 64».
Le lien entre la résistance à l’insuline et la propension à développer la maladie d’Alzheimer est soutenu par le fait que l’expression de la protéine Tau est médiée
par l’insuline, entre autres 65.
Une autre particularité de la maladie d’Alzheimer plaide en faveur d’un lien avec la résistance à l’insuline: les neurones malades semblent être en déficit
d’énergie. En clair, les cellules nerveuses manquent de carburant. Le cerveau est fragile et, par conséquent, il est protégé de différentes façons. La barrière
hémato-encéphalique est l’une de ces protections et elle agit comme un filtre. Les membranes de toutes les cellules du cerveau, tout comme celles de la barrière
hémato-encéphalique, sont imperméables au glucose, c’est pourquoi des protéines de transport spécifiques, les transporteurs GLUT, sont nécessaires pour faire
passer le glucose à travers les membranes de façon à fournir un substrat énergétique aux cellules 66.
On retrouve dix protéines de transport GLUT différentes dans le cerveau. Parmi celles-ci, les GLUT1 et GLUT3 sont les plus nombreuses 67 (voir illustration).
Chez les patients atteints d’Alzheimer, le nombre de GLUT1 et GLUT3 est réduit 68. Cela cause ce que les chercheurs appellent un hypométabolisme du glucose,
c’est-à-dire un déficit énergétique. Ce défaut dans le métabolisme énergétique semble être la conséquence de la résistance à l’insuline des cellules cérébrales 69.
Passage du glucose de la circulation sanguine vers le cerveau, via les transporteurs GLUT1 et GLUT3
Si la maladie d’Alzheimer est bel et bien un diabète de type 3 comme le pensent certains chercheurs, si la résistance à l’insuline favorise la dégénérescence des
neurones, on peut supposer que la réduction drastique des apports en glucides, en améliorant la sensibilité à l’insuline, puisse améliorer la cognition, ralentir la
progression de la maladie et, si cette mesure est prise assez tôt, qu’elle puisse prévenir la dégénérescence neuronale. On a longtemps pensé que le glucose était la
seule source d’énergie des cellules nerveuses. Cette croyance est battue en brèche aujourd’hui. En effet, dans le système nerveux, seule une poignée de cellules
neuronales sont dépendantes du glucose. La très grande majorité des cellules du cerveau peut, voire préfère, utiliser les corps cétoniques comme carburant
énergétique 70, 71. Cette capacité des cellules nerveuses à utiliser les corps cétoniques offre une source d’énergie alternative de choix pour les cellules nerveuses
qui, dans la maladie d’Alzheimer, ont perdu leur capacité à utiliser le glucose comme carburant 72. Au lieu de mourir d’inanition, elles peuvent survivre grâce à
la présence de ce substrat énergétique. De ce fait, l’alimentation cétogène peut être une alternative thérapeutique qui ralentit la progression de la maladie.
C NCEPT à retenir
L’alimentation faible en glucides protège le cerveau. L’alimentation cétogène pourrait même ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer.
L’insuline, une hormone produite par les cellules bêta du pancréas, veille à la stabilisation d’une glycémie dans les normes nécessaires au maintien de l’intégrité
des organes et du cerveau. Cependant, l’alimentation occidentale moderne est riche en glucides et nécessite une sécrétion importante, constante et récurrente
d’insuline par le pancréas pour limiter les effets de la glucotoxicité. Insidieusement, la résistance à l’insuline s’installe avec le temps et crée un terrain fertile pour
de nombreuses pathologies métaboliques. Dans le cerveau, ce n’est que des dizaines d’années plus tard que les symptômes apparaîtront. De nombreuses données
scientifiques probantes pointent du doigt la résistance à l’insuline cérébrale comme un contributeur majeur au développement de la maladie d’Alzheimer 73, 74.
Ainsi, limiter sa consommation de glucides protège le cerveau. Mieux vaut commencer à le protéger tôt dans la vie.
Le trouble de déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH)
Le TDAH est le désordre neurodéveloppemental le plus commun chez l’enfant 75, mais il est aussi de plus en plus diagnostiqué chez les adultes. Mondialement,
la prévalence chez l’enfant (le pourcentage d’une population touchée par ce problème) est de 2 à 7%, avec une médiane de 5% 76. Les enfants TDAH sont
caractérisés par des comportements inappropriés d’impulsivité ou d’inattention. Une portion de ces jeunes patients est aussi affectée par une hyperactivité
motrice les empêchant de rester immobiles ou assis en classe 77. Ce qui préoccupe les soignants, c’est que le TDAH s’accompagne souvent de troubles tels que
l’anxiété, la dépression et la propension aux abus de drogues 78.
Le traitement pharmacologique du TDAH consiste à donner des psychostimulants. Ces médicaments visent, par différents mécanismes, à augmenter la présence
de neurotransmetteurs tels que la dopamine et/ou la noradrénaline dans l’espace de communication entre les neurones, la fente synaptique 79. L’utilisation de
psychostimulants s’est avérée fort efficace pour réduire les symptômes d’inattention ou d’hyperactivité. Cependant, ils peuvent causer des effets secondaires non
négligeables, notamment une augmentation de l’anxiété, des troubles du sommeil et une perte d’appétit causant des retards de croissance 80.
Malheureusement, les modèles animaux qui expriment bien les symptômes du TDAH ne sont pas nombreux, par conséquent cela limite notre compréhension des
mécanismes sous-jacents. Le manque de modèles animaux appropriés pour étudier les symptômes du TDAH rendent les recherches précliniques laborieuses et
trop souvent inefficaces, surtout en ce qui concerne l’influence de l’alimentation sur l’inattention, par exemple.
Une équipe de chercheurs a cependant eu l’idée de prendre le problème à l’envers en étudiant, chez des enfants en bonne santé, l’impact d’une consommation
importante de glucides au petit déjeuner sur leur comportement en classe. Ces chercheurs ont comparé l’attention et la mémoire à court et moyen termes des
enfants. Ils les ont divisés en trois groupes: ceux du premier groupe ne prenaient pas de petit déjeuner, ceux du deuxième groupe prenaient un petit déjeuner
équilibré et les enfants du troisième groupe ne prenaient qu’une boisson concentrée en glucose. Les enfants des premier et troisième groupes ont montré des
capacités cognitives et une capacité d’attention significativement moindres à ceux du deuxième groupe 81. Bien entendu, il ne s’agissait pas de cohortes d’enfants
souffrant du TDAH, mais les chercheurs ont noté que la consommation de glucose rendait les enfants clairement moins attentifs. Une autre explication possible a
été avancée par une équipe du département de neurologie pédiatrique du Children’s Memorial Hospital à Chicago qui soulignait que les enfants étaient plus
vulnérables que les adultes aux hypoglycémies.
Il faut comprendre que la consommation d’une importante quantité de glucides entraîne une forte sécrétion d’insuline par le pancréas, ce qui se solde peu de
temps après par une baisse marquée de la glycémie et donc d’une relative hypoglycémie réactionnelle 82. Les chercheurs citent des expériences qui démontrent
qu’une hypoglycémie chez des adolescents affecte leurs capacités cognitives 83. Ils citent également des travaux qui tendent à montrer que l’hypoglycémie
provoque un dysfonctionnement de l’activité électrique du cerveau, ayant pour conséquence de perturber les capacités d’apprentissage 84.
Certes, les études sur les humains ne sont pas nombreuses. Cependant, les quelques résultats dont nous disposons sont prometteurs et tendent à montrer que
l’alimentation faible en glucides ou cétogène peut atténuer les symptômes du TDAH, aussi bien chez les enfants que chez les adultes, puisqu’elle permet d’éviter
les hyperglycémies et les hypoglycémies réactionnelles.
L’histoire des
petits Gagnon
S ophie Rolland est neuroscientifique. Elle fait partie de l’équipe de la Clinique Reversa. À l’automne 2018, son mari et elle ont décidé de sauter
le pas et d’adopter l’alimentation cétogène en famille.
Parmi leurs quatre enfants, trois sont de jeunes garçons atteints d’un trouble du déficit de l’attention (TDAH), et étaient traités avec des psychostimulants.
Sophie et son mari leur ont expliqué les motivations derrière ce changement d’alimentation et ont décidé d’en faire un défi, d’une durée d’un mois, à titre
d’expérience.
Fini les jus de fruits, les barres granola commerciales, les petits sachets de collations de toutes sortes et autres glucides raffinés auxquels sont habitués les
enfants. Place à des pains maison à base de farines de noix de coco et d’amande, des morceaux de fromage, des œufs à la coque, des noix, des yaourts
nature, des baies, des avocats, des olives, des viandes grillées et des légumes verts braisés à l’huile d’olive.
Très rapidement, les parents ont observé un important changement de comportement chez leurs trois garçons. Dès la deuxième semaine, ils se levaient
calmes et reposés le matin. Ils avaient moins de difficulté à se concentrer et à effectuer leur routine matinale. Ils «fonctionnaient» si bien avec leur nouvelle
alimentation que leur pédiatre a décidé de réduire leur dose de médicament après seulement un mois.
Vous découvrirez de plus amples détails sur l’expérience de la famille Gagnon dans le chapitre 8 «Comment adopter l’alimentation céto en famille» (voir
page 208).
Les troubles de l’humeur constituent une atteinte très hétérogène (c’est-à-dire qu’ils peuvent être très différents d’une personne à l’autre) et touchent, selon la
littérature scientifique, de 5 à 20% de la population adulte. Ainsi, de nombreux adultes risquent de vivre au cours de leur vie un ou plusieurs épisodes dépressifs
ou encore de souffrir d’anxiété. Lors d’un diagnostic de troubles de l’humeur, l’intervention de première ligne est habituellement la prescription d’un ou plusieurs
médicaments antidépresseurs. Cependant, pour un tiers des patients environ, la pharmacopée offerte sera inefficace et échouera à soulager leurs symptômes
invalidants 85. Les études tendent à démontrer que, bien souvent, les symptômes dépressifs subsistent même après l’essai de plusieurs classes de médicaments
psychiatriques à des doses adéquates et pendant une période appropriée 86. Évidemment en cas d’échec thérapeutique, il est pertinent de s’intéresser aux
traitements alternatifs et adjuvants.
Pendant longtemps, on a cru que les troubles de l’humeur étaient la manifestation d’une atteinte de type comportemental et émotionnel. On a depuis découvert
qu’il pourrait aussi s’agir d’atteintes de type systémique, c’est-à-dire impliquant un système complexe où les troubles métaboliques, l’obésité et les troubles de
l’humeur sont intrinsèquement liés 87, 88. Quel est le trouble déclencheur? Est-ce l’obésité et le syndrome métabolique qui engendrent les troubles de l’humeur
ou, plutôt, les troubles de l’humeur qui mènent à la dégradation des habitudes de vie au point de favoriser l’obésité et le syndrome métabolique? Les spécialistes
pensent plutôt que les troubles de l’humeur sont partie prenante et intrinsèque d’un syndrome multisystémique affectant à la fois les systèmes nerveux,
endocrinien et même immunitaire 89.
Dans ce contexte, l’alimentation faible en glucides ou cétogène revêt un intérêt tout particulier puisqu’elle améliore la santé métabolique. Ainsi, de plus en plus
de recherches tendent à montrer que cette alimentation favorise un meilleur contrôle de l’humeur et de l’anxiété 90, 91, 92.
Il est cependant à noter que la plupart des études qui ont montré une amélioration des manifestations dépressives et anxieuses par l’adoption d’une alimentation
limitant drastiquement la consommation de glucides ont été menées sur des modèles animaux. Nous ne croyons pas que l’utilisation de modèles animaux invalide
complètement les résultats prometteurs de cette intervention nutritionnelle, cependant ces résultats doivent être considérés avec une certaine réserve. Il semble
évident que nous avons des capacités cognitives et affectives largement plus évoluées que les rongeurs, par exemple.
Toutefois, ces modèles sont extrêmement bien connus et sont étudiés et utilisés depuis des décennies. Les tests comportementaux sont robustes et ont été utilisés
à chaque phase d’études précliniques visant la mise sur le marché d’une nouvelle molécule antidépressive ou anxiolytique 93, 94. Par ailleurs, l’intervention
proposée ici consiste simplement en une modification de la répartition des macronutriments dans l’alimentation afin de diminuer la sécrétion d’insuline et
d’abaisser le niveau d’inflammation. Qu’aurait à perdre une personne souffrant d’anxiété, par exemple, à essayer de réduire les glucides de son alimentation?
Rien, mis à part quelques kilos. Elle aurait à gagner en revanche une augmentation de son niveau d’énergie, une clarté mentale et, sans doute, une meilleure
gestion de ses émotions!
Il serait regrettable de ne pas tenter l’expérience. C’est aussi la conclusion d’une étude prometteuse: l’étude SMILE. En 2017, un regroupement de 15 chercheurs
et médecins australiens publiait les résultats d’une étude randomisée contrôlée portant sur 67 personnes souffrant de dépression modérée à sévère 95. D’une durée
de 12 semaines, l’étude SMILE voulait évaluer l’impact de l’alimentation sur la dépression. Les 67 participants ont été séparés en deux cohortes. Un groupe
contrôle recevait du soutien de type «social» alors que le groupe étudié (groupe «diète») s’est vu proposer un coaching alimentaire afin d’adopter une
alimentation méditerranéenne.
Premier constat, seules 75% des personnes du groupe contrôle ont complété l’étude en totalité, alors qu’elles étaient 93% dans le groupe «diète». Deuxième et
remarquable constat, le groupe «diète» a montré des améliorations significatives aux tests MDRS et HADS, deux échelles de qualification pour la dépression et
l’anxiété. Les chercheurs ont conclu que leurs résultats indiquaient que l’amélioration de l’alimentation pouvait fournir une stratégie de traitement efficace et
accessible pour la prise en charge de la dépression. Il s’agit de la seule étude sur les effets de l’alimentation sur la dépression et l’anxiété qui a été menée sur des
humains à notre connaissance.
Quelles sont les autres études et données scientifiques dont nous disposons? Les données les plus fiables et acceptées par la communauté scientifique concernant
l’effet de l’alimentation cétogène sur les maladies neuropsychiatriques sont celles qui portent sur l’épilepsie. Ce consensus souligne une évidence: si
l’alimentation cétogène est efficace pour réduire le nombre de convulsions, cela montre que changer son alimentation peut avoir un effet direct sur la chimie du
cerveau 96. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les corps cétoniques ont la capacité de traverser la barrière protectrice du cerveau, la barrière hémato-
encéphalique, ce qui a un effet positif sur le métabolisme énergétique des cellules nerveuses.
Les gens qui sont affectés par la dépression et/ou par des troubles anxieux, présentent des niveaux altérés de dopamine, de sérotonine et de noradrénaline, qui
sont des neurotransmetteurs impliqués dans la gestion de l’humeur, entre autres. Sans avoir de lien direct avec les troubles de l’humeur, ces trois mêmes
neurotransmetteurs sont impliqués dans le développement des convulsions chez les personnes épileptiques.
C’est dans ce contexte de recherche que l’on peut trouver des études qui démontrent que l’alimentation cétogène tend à moduler les concentrations disponibles de
ces neurotransmetteurs 97, 98. Ce n’est certes pas une démonstration probante que l’alimentation faible en glucides ou cétogène peut guérir les troubles de
l’humeur, mais il est manifestement possible de considérer que si cette alimentation a la capacité de moduler l’expression de ces trois neurotransmetteurs dans un
contexte d’épilepsie, elle le peut tout autant dans un autre contexte.
Finalement, une autre piste d’explication des effets positifs de l’alimentation faible en glucides serait que cette alimentation pallie les effets néfastes sur le
métabolisme nerveux des carences nutritionnelles engendrées par les recommandations alimentaires des autorités sanitaires. En effet, les grandes lignes
directrices en matière d’alimentation des pays occidentaux recommandent depuis quelques décennies que la majorité des calories provienne des glucides et que
les apports en gras soient réduits. Cette distribution des macronutriments, nouvelle dans l’évolution de l’espèce humaine, n’est pas sans impact sur la santé
métabolique.
Cette guerre n’est pas sans risque car il faut savoir que le cholestérol est essentiel à la vie. Le foie fabrique près de 80% du cholestérol nécessaire au bon
fonctionnement du corps et cette synthèse est complexe. Plus de 30 réactions enzymatiques successives sont nécessaires pour fournir une molécule de cholestérol
99. C’est sur l’une ou l’autre de ces étapes de synthèse que l’industrie pharmaceutique a travaillé d’arrache-pied pour trouver une façon d’inhiber la voie de
synthèse du cholestérol dans le corps humain. De nombreuses molécules ont été testées depuis les années 1950-1960, mais elles ont rapidement été rejetées en
raison des dangereux effets secondaires qu’elles provoquaient, tels que la dystrophie musculaire ou encore le cancer 100.
La première statine approuvée par la FDA (Food and Drug Administration) fut commercialisée par Merck en 1987 101. Les statines sont une classe de
médicaments qui font baisser les taux de cholestérol LDL (lipoprotéines de faible densité, celui qu’on appelle le «mauvais cholestérol»). Rien qu’aux États-Unis,
entre 2002 et 2013, les prescriptions de statines ont fait un bond de 79,8% chez les adultes de 40 ans et plus 102. Imaginez ces chiffres à l’échelle de la planète ou,
pire encore, les statistiques actuelles! Mais abaisser artificiellement les LDL avec un médicament n’est pas sans effets collatéraux. La question des effets
secondaires des statines sort du cadre de cet ouvrage 103, aussi, nous nous limiterons à rappeler trois points essentiels.
La réduction du taux de cholestérol dans le sang du fait de la prise d’un hypocholestérolémiant (statine) entraîne une augmentation de la production de
cholestérol par le foie, lequel est déjà bien sollicité pour une multitude d’autres fonctions métaboliques, qui sont tout aussi nécessaires et critiques.
Des études de plus en plus nombreuses suggèrent que plus on abaisse le taux de cholestérol dans le sang, plus le risque de troubles de l’humeur, de
dépression et même d’apparition d’idées suicidaires augmente 104, 105, 106, 107.
Enfin, une alimentation faible en gras, comme cela est conseillé par les autorités de santé, limite l’absorption des vitamines liposolubles que sont les
vitamines A, D, E et K. En effet, pour être métabolisées et récupérées par l’intestin, ces vitamines ont besoin de sels biliaires. Or, ces sels ne sont sécrétés
qu’en présence de gras 108. L’importance de la vitamine D a déjà été discutée précédemment, mais ajoutons à la longue liste des bénéfices d’une
concentration sérique optimale son importance dans les troubles de l’humeur. Les mécanismes exacts par lesquels la vitamine D contribue à une santé
mentale optimale ne sont pas encore tous élucidés, mais notons que de nombreux récepteurs de vitamine D sont concentrés dans le cortex préfrontal, la
substance noire et également dans l’hippocampe. Ce sont là trois des régions du cerveau impliquées dans la gestion des émotions, de l’anxiété et des
comportements adaptés 109. Notons de plus que la vitamine D modulerait la synthèse de la sérotonine, un neurotransmetteur critique dans la gestion de
l’humeur 110.
Le témoignage de
Sophie
Avant
Après
P arfois la vie nous apporte des épreuves et nous n’avons d’autres choix que de rebondir sans savoir où cela nous mènera. J’étais enceinte de 5
mois de mon quatrième enfant quand j’ai été licenciée lors d’une restructuration. Le moment idéal pour un retour aux études? Clairement
pas, avec un bébé à naître et trois autres enfants de 13, 3 et 2 ans! Mais c’est quand même en prenant cette direction que j’ai rebondi!
Dix ans d’études parsemées de défis, de contraintes, parfois de découragement et surtout d’épreuves. Cela demandait une organisation en béton et un moral
d’acier! Nous avons même déménagé la famille à 300 km pour augmenter mes chances d’être sélectionnée dans le programme universitaire que je voulais.
Puis, alors que je semblais sur le point d’atteindre mon but, le cancer a emporté ma mère. Nous avons déménagé à nouveau la famille, cette fois dans notre
ville d’attache. À chaque visite chez mon médecin, celui-ci s’inquiétait de l’ampleur du stress qui pesait sur moi… Je lui répondais alors que j’étais encore
vivante, donc que ça allait bien.
Puis, à un mois de tout terminer, j’ai frappé un mur. Toute la pression, le stress, la peine, les déceptions que j’avais refoulés au fil des dernières années
avaient refait surface et m’avaient frappée de plein fouet. En mai 2017, mon médecin m’a prescrit des antidépresseurs. Tranquillement, je me suis mise à
remonter la pente et à retrouver un peu d’énergie pour terminer ma maîtrise et arriver à être une maman «acceptable» à la maison. J’étais irritable, épuisée,
impatiente et déçue de moi-même parce que je n’étais pas une maman «disponible» pour mes enfants.
En mars 2018, j’avais terminé la partie recherche de ma maîtrise et il me restait un mois et demi pour rédiger mon mémoire. J’étais euphorique et
j’anticipais la fin de mes études avec l’espoir et la certitude que j’arriverais enfin à un des moments les plus heureux de ma vie. Je pensais pouvoir réduire la
dose de mon médicament, car je me sentais plus solide et apte à affronter cette nouvelle vie qui, enfin, s’offrait à moi.
Le 1er mai 2018, je fus libérée, mon mémoire était déposé et accepté! Mais, au lieu d’être pleine d’énergie, positive et optimiste à l’idée de la nouvelle
vie qui s’ouvrait devant moi, je me suis enlisée de plus en plus. Je n’avais plus d’énergie, je n’avais plus le moral et j’étais incapable d’entreprendre quoi
que ce soit. Je culpabilisais d’être aussi impatiente avec mes enfants, mais le pire c’est que je ne comprenais pas pourquoi j’étais si faible et incapable de me
reprendre en main… J’étais enfin libre, en vacances, disponible, mais complètement apathique.
J’ai pris rendez-vous avec mon médecin pour qu’il change de molécule, persuadée que les antidépresseurs que je prenais ne faisaient plus effet. Nous
étions en juillet 2018 et, lors d’une fête de famille, mon beau-frère me reparla pour la énième fois de l’alimentation cétogène, qui allait selon lui m’aider à
retrouver mon énergie et ma concentration. Cette fois-là, j’étais plus ouverte et je décidai au moins de lire sur le sujet. Je fis des recherches sur la diète
cétogène et les états dépressifs et l’anxiété, un problème avec lequel je vivais depuis mon enfance. Je trouvai quelques articles qui disaient que c’était
efficace et je me suis dit que c’était simplement une façon différente de s’alimenter et que je n’avais rien à perdre. La première semaine d’août fut mon
grand démarrage! Rapidement, je retrouvai mon énergie et, progressivement, le moral revenait. L’anxiété qui m’habitait depuis toujours s’est dissipée peu à
peu. J’avais le goût d’entreprendre des projets et je ne pleurais plus chaque matin en cachette. Avec l’accord de mon médecin, en septembre 2018, j’ai pu
diminuer la dose de mon médicament et, le 27 octobre, j’étais complètement sevrée. Ma nourriture est maintenant mon médicament!
L’alimentation seule ne peut pas, dans tous les cas, remplacer une médication adaptée aux différentes conditions neuropathologiques de chacun, mais les choix
alimentaires peuvent en améliorer certains aspects et même agir en synergie.
LE PROTOCOLE REVERSA
La plupart des patients qui viennent nous consulter à la Clinique Reversa le font principalement pour résoudre des problèmes de santé physique, mais il arrive
que certains présentent également des problèmes de santé mentale ou cognitive, comme de l’anxiété, de la dépression, un brouillard mental ou un trouble cognitif
léger (début de démence).
S’ils prennent des médicaments antidépresseurs ou anxiolytiques obésogènes, comme par exemple le Paxil (paroxétine) ou le Seroquel (quétiapine), nous les
avertissons de cet effet secondaire sur le poids. Cependant, comme ces patients ne sont pas les miens et que je ne connais pas leurs antécédents de santé mentale
ou cognitive, incluant les essais thérapeutiques préalables, et que je ne peux pas assurer un suivi longitudinal au-delà des six mois du programme, je n’apporte
aucun changement à leurs traitements. Je les invite plutôt à en discuter avec leur médecin de famille, au besoin. Pour certains, un sevrage pourrait être indiqué,
alors que pour d’autres, une substitution serait davantage souhaitable. Pour d’autres encore, il vaut mieux ne pas chambouler l’équilibre actuel.
Certains patients craignent que la prise d’un antidépresseur obésogène les empêche de perdre du poids. Notre expérience clinique semble indiquer que la plupart
du temps, les médicaments ayant des effets obé-sogènes peuvent entraîner un gain pondéral, mais ils n’empêchent pas la perte de poids. Au fil du programme,
nous observons également que l’humeur se stabilise ou s’améliore chez la majorité de nos patients, que leur anxiété diminue et que le brouillard cognitif se
dissipe. Et on entend souvent nos patients dire: «Ne serait-ce que pour la clarté mentale que cette alimentation m’apporte, je ne retournerai jamais en arrière!»
Lorsque mes propres patients qui ont adopté une alimentation faible en glucides et prennent un antidépresseur me consultent pour un éventuel sevrage, je me
réfère aux consignes émises par la Dre Georgia Ede, psychiatre américaine spécialiste de l’alimentation faible en glucides (voir page 110). Un sevrage n’est
envisageable que si leur état est stable depuis longtemps, ainsi que leur alimentation. C’est donc du cas par cas. Il me fait toujours plaisir de tenter un sevrage de
médicament si cela est la volonté du patient et que cela me semble opportun et sans danger. Le patient est maître de son corps et de sa santé. C’est à lui ou elle
que revient la décision finale. Mon rôle est d’abord et avant tout de conseiller et d’accompagner, pas de décider unilatéralement de ce qui est bon pour chacun.
a. Syndrome Métabolique Canada (SMetC) est une organisation à but non lucratif dirigée par une équipe pluridisciplinaire qui s’est donné pour mission d’améliorer la santé des Canadiens au moyen d’un
programme de modification des habitudes alimentaires et d’activité physique.
b. Les mitochondries sont les centrales énergétiques de nos cellules.
c. 250 nmol/L = 100 ng/mL
d. La diète hypotoxique est l’alimentation préconisée par le Dr Jean Seignalet, popularisée par Jacqueline Lagacé. Elle est sans gluten et sans lait, sans produits industriels transformés. Les aliments sont cuits à
basse température.
e. L’endothélium est la couche de cellules qui tapissent l’intérieur des artères. Ces cellules sécrètent deux types de substances: des substances qui agissent sur la dilatation ou la contraction de l’artère et des
substances qui agissent sur la coagulation ou la fluidification du sang. L’endothélium a donc un rôle central en santé cardio-vasculaire.
CHAPITRE 7
La période d’adaptation
T
out changement alimentaire significatif, quel qu’il soit, nécessite une période de familiarisation. L’alimentation faible en glucides et l’alimentation
cétogène n’y échappent pas. En effet, lorsque le principal carburant du corps cesse d’être les glucides et devient les lipides, ou même lorsque l’on
réduit considérablement ses apports en glucides de manière subite, il faut prévoir un laps de temps durant lequel on peut ressentir des effets
indésirables. C’est ce que l’on appelle la période d’adaptation. Celle-ci peut durer de quelques jours à une ou deux semaines. Pendant cette période, il
est fréquent de ressentir certains symptômes, comme des maux de tête, de la fatigue physique ou mentale, des étourdissements légers, des nausées et de
l’irritabilité.
Ces symptômes sont principalement causés par un déséquilibre électrolytique du corps, accompagné d’une certaine déshydratation. En effet, lorsque l’on réduit
les apports en glucides, on sécrète moins d’insuline et on stocke moins de glycogène. Cela entraîne une certaine diurèse (augmentation de la production d’urine),
qui s’accompagne d’une élimination accrue de sodium et d’autres électrolytes par les reins.
De plus, pendant cette période, on réduit le carburant que le corps est habitué à utiliser, le glucose, et on le remplace par un carburant que le corps n’utilise pas
souvent, le gras. Ce changement de carburant explique que l’on puisse manquer un peu d’énergie et ressentir de l’irritabilité, le temps que le corps devienne apte
à brûler de la graisse.
Les personnes qui n’aiment pas le goût du sel et peinent à en consommer suffisamment peuvent boire du bouillon d’os salé, fait à la maison. Évitez le bouillon
commercial, qui contient souvent des glucides, parfois du sucre, ainsi que des agents de conservation.
Il est nécessaire de rappeler qu’une alimentation riche en glucides et en produits transformés est habituellement déjà riche en sel ajouté et ne nécessite nullement
d’en bonifier les apports. Cependant, dans un contexte d’alimentation faible en glucides ou cétogène, le sel est essentiel et n’aura pas la même incidence sur la
tension artérielle.
Tous nos patients, même s’ils prennent des médicaments pour traiter leur hypertension artérielle, doivent consommer au moins 2 cuillères à thé de sel iodé par
jour dans les premiers temps. Nous leur demandons de surveiller leur tension artérielle quotidiennement et de se donner du temps pour s’adapter. L’hypertension
artérielle finit souvent par se normaliser, même avec l’ajout de sel. À ce sujet, voir la section sur l’hypertension artérielle page 161.
Durant les premières semaines de votre changement alimentaire, veillez à ne pas souffrir de la faim. Consommez suffisamment de graisses à chaque repas pour
vous sentir rassasié et plein d’énergie et, au besoin, prévoyez des collations faibles en glucides. Il faudra quelques semaines à votre corps pour devenir bien
adapté à votre nouvelle alimentation et pour brûler les graisses aisément.
Lorsque votre corps se sera habitué à utiliser les graisses comme principal carburant, il sera considéré comme «céto-adapté». C’est à partir de ce moment que
vous pourrez commencer à renverser votre résistance à l’insuline et à brûler les kilos en trop.
ATTENTION
Si après une à deux semaines, votre période d’adaptation ne semble pas finir, ou si pendant votre adaptation, vous vous sentez trop mal pour fonctionner, il peut
être nécessaire de réaugmenter vos apports en glucides temporairement (par exemple remonter à 100 g de glucides nets par jour pendant quelques jours) et de
baisser plus progressivement, pour atteindre les 20 g, si c’est votre objectif.
Il est à noter aussi que la céto-adaptation chez les athlètes est plus longue. En effet, elle peut prendre de six semaines à plus de six mois, selon le contexte. À ce
sujet, nous vous suggérons l’excellent livre The art and science of low carbohydrate performance, de Jeff Volek et Stephen Phinney (en anglais seulement).
Grippe céto
L’effet secondaire le plus fréquent est la «grippe» d’induction ou de la période d’adaptation appelée aussi Keto flu. Les premiers symptômes se font ressentir dans
les deux à quatre premiers jours et peuvent durer d’une à deux semaines. Pendant cette période, les patients rapportent souvent qu’ils se sentent comme s’ils
avaient attrapé la grippe. En effet, ils souffrent de maux de tête, d’étourdissements, de nausées, de grande fatigue, voire de confusion ou brouillard mental et sont
souvent irritables.
Que faire?
1. Buvez plus d’eau et consommez plus de sel. Si vos symptômes s’améliorent 30 à 60 minutes après avoir pris un grand verre d’eau avec du sel, cela confirme
la cause des symptômes.
Comment faire?
Boire un bouillon d’os et y ajouter du sel au goût.
Mélanger ¼ à ½ c. à thé de sel dans une grande bouteille d’eau, à boire tout au long de la journée (il faut éviter de consommer la quantité de sel
recommandée en une seule prise, pour éviter les nausées et la diarrhée).
Placer le sel directement sur la langue ou croquer des cristaux de sel (maximum ¼ à ½ c. à thé de sel à la fois, et espacer les doses pendant la journée).
2. Mangez du gras. La fatigue et la léthargie sont parfois dues à une insuffisance en lipides. En effet, la plupart des patients comprennent qu’il faut diminuer les
glucides, mais certains ont peur d’augmenter les graisses pour compenser la baisse énergétique. Ils se retrouvent à manger très peu de glucides et peu de graisses.
Ils sont alors en panne sèche. S’ils consomment un peu plus de graisses, ils se sentent très rapidement beaucoup mieux, avec plus de clarté mentale et de satiété à
la fin des repas et de même qu’entre les repas.
ATTENTION
Attention à l’huile TCM (triglycérides à chaînes moyennes) car elle se digère rapidement et peut causer de la diarrhée, surtout si elle est prise en grande
quantité. Il vaut mieux commencer par de petites doses (une demi-cuillère à une cuillère à thé par jour, avec un repas) et augmenter progressivement au besoin.
Malgré tout, si l’huile TCM continue de vous donner de la diarrhée ou des selles trop molles, mieux vaut opter pour l’huile de coco.
Que faire?
1. Buvez beaucoup d’eau et consommez suffisamment de sel. Si vous avez l’impression que votre bouche est sèche, il est possible que vous ayez moins de
salive et que cela entraîne une augmentation de bactéries dans votre bouche, ce qui peut causer de la mauvaise haleine. Demeurez hydraté.
2. Ayez une hygiène orale impeccable. Brossez-vous les dents régulièrement et utilisez un fil dentaire. Cela n’empêchera pas l’haleine d’acétone, mais au moins
il n’y aura pas d’autres odeurs ajoutées.
4. Patientez encore une ou deux semaines, en espérant que cela ne soit que temporaire (ce qui est habituellement le cas).
5. Réduisez le degré de votre cétose nutritionnelle. Si votre haleine ne s’améliore pas après quelques semaines et que cela vous cause de réels désagréments,
vous pouvez toujours opter pour une augmentation légère de vos apports en glucides, soit autour de 50-70 grammes par jour. Cela aura cependant pour effet de
réduire l’efficacité de l’alimentation faible en glucides dans la perte de poids et l’amélioration des glycémies, entre autres.
6. Essayez les bains de bouche 2 ou 3 fois par semaine. Cela ne changera pas l’haleine, mais nettoiera la bouche en profondeur et diminuera la quantité de
bactéries présentes.
Bain de bouche à l’huile
1. Prenez 1 c. à soupe d’huile de coco ou d’huile d’olive dans votre bouche. Si c’est de l’huile de coco, vous devrez sans doute attendre une minute pour
qu’elle fonde et devienne liquide.
2. Faites passer l’huile entre vos dents et partout dans votre bouche, pendant environ 20 minutes. Faites attention de ne pas boire cette huile.
3. Astuce: faites votre bain de bouche pendant que vous prenez votre douche ou lavez la vaisselle. Le temps vous paraîtra moins long.
4. Recrachez l’huile dans un contenant et placez celui-ci dans votre poubelle (pour éviter de boucher le drain de votre évier).
5. Rincez votre bouche avec de l’eau salée puis brossez-vous les dents.
Que faire?
1. Consommez suffisamment d’eau et de sel. Si vos réserves de sodium deviennent trop basses, votre corps sacrifiera le magnésium, puis le potassium, afin de
préserver son sodium. Il faut donc veiller à ne pas manquer de sodium.
2. Prenez des suppléments de magnésium. La plupart des gens sont déjà carencés en magnésium. La meilleure prévention est de commencer à prendre des
suppléments de magnésium immédiatement, dès l’adoption d’une alimentation faible en glucides.
Recommandations
Bisglycinate de magnésium, entre 300 et 400 mg une fois par jour pour commencer, habituellement au souper ou au coucher, chez les patients qui ont
tendance à avoir des selles molles ou qui ont de la douleur chronique.
Citrate de magnésium, entre 300 et 400 mg, chez les patients qui ont tendance à avoir de la constipation.
Si le magnésium par voie orale n’est pas bien toléré, il est possible de le remplacer par un bain de sels d’Epson/sulfate de magnésium: 1 à 2 tasses dans
une baignoire ou une tasse dans un bain de pieds, pendant 15-20 minutes tous les jours, pendant les trois premières semaines qui suivent l’adoption
d’une alimentation faible en glucides.
Constipation
La constipation est également un effet secondaire possible, en particulier durant les premières semaines.
Que faire?
1. Consommez suffisamment d’eau et de sel. La cause la plus fréquente de constipation chez les personnes ayant adopté une alimentation faible en glucides est
la déshydratation, qui résulte de la perte d’eau secondaire à l’utilisation des réserves de glycogène et la réduction du taux d’insuline en circulation.
2. Prenez des suppléments de magnésium sous forme de citrate ou de lait de magnésie. La plupart des gens sont carencés en magnésium de toute façon et ont
besoin de supplément, même sans constipation.
3. Consommez plus de légumes non féculents et autres sources de fibres. Certaines personnes ont besoin d’avoir d’importants apports en fibres afin de
faciliter leur transit intestinal et réduire les risques de constipation. Si c’est votre cas, misez sur les légumes qui poussent au-dessus de la terre, les graines de chia,
le psyllium ou les graines de lin moulues dans un verre d’eau.
Recommandations
Versez 1 à 2 c. à soupe de chia, psyllium ou graines de lin moulues dans un grand verre d’eau. Laissez reposer 15 à 30 minutes puis buvez, une ou deux fois par jour. Il ne
faut pas oublier que si vous augmentez vos apports en fibres, vous devez absolument augmenter vos apports en eau.
Diarrhée
La diarrhée est un effet secondaire fréquent lorsque l’on passe d’une alimentation standard à une alimentation faible en glucides ou cétogène. Elle survient
habituellement pendant les deux à quatre premiers jours et persiste rarement au-delà de la première semaine.
Que faire?
1. Ajoutez plus de fibres à votre alimentation.
Les fibres ajoutent de la matière aux selles et peuvent aider à rendre des selles liquides plus solides. Il est conseillé de manger des légumes qui poussent au-
dessus de la terre et de boire suffisamment d’eau.
Que faire?
La perte de cheveux temporaire peut survenir pendant les deux à six premiers mois, en particulier s’il y a une perte significative de masse grasse corporelle. Il
s’agit d’un phénomène temporaire, qui cessera de lui-même après trois mois environ, lorsque le poids se stabilisera.
Les personnes qui sont très inquiètes de voir leurs cheveux tomber peuvent augmenter leurs apports quotidiens en protéines de 10 à 20 g, prendre des
suppléments de biotine (vitamine B8) et, éventuellement, utiliser un shampoing comme le Nioxin. Cependant, lorsqu’une perte de cheveux a débuté, il n’y a
habituellement pas grand-chose qui puisse la freiner de manière significative.
Classiquement, une alimentation faible en glucides ou cétogène entraînera une légère augmentation du cholestérol total, en partie en raison de l’augmentation du
cholestérol HDL, et une diminution significative des triglycérides. Quant au cholestérol LDL, il peut augmenter, mais cette augmentation est souvent d’environ 7
à 10% et tend à rentrer dans l’ordre d’elle-même avec le temps.
De plus, les transporteurs de cholestérol, les lipoprotéines, ont tendance à devenir gros et floconneux et, donc, non athérogènes, contrairement aux particules
petites et denses que l’on voit typiquement chez les personnes ayant une alimentation riche en glucides et en huiles raffinées produites industriellement.
Que faire?
Si votre bilan lipidique est très perturbé depuis que vous avez adopté l’alimentation faible en glucides ou cétogène, voici certaines mesures à prendre, par ordre
de priorité:
1. Arrêtez de boire du café gras (du café contenant du beurre, de l’huile de coco ou de l’huile TCM). Évitez de boire des lipides, en fait. Cela est souvent
suffisant pour normaliser le bilan lipidique.
2. Ne mangez que lorsque vous avez faim et songez à jeûner de manière intermittente.
3. Consommez moins de graisses saturées et plus de graisses insaturées, comme de l’huile d’olive, des poissons gras et des avocats. On ne sait pas si cela
améliorera votre santé, mais cela permettra sans doute à votre cholestérol de baisser.
4. Si les étapes 1, 2 et 3 ne fonctionnent pas. Augmentez vos apports en glucides non raffinés autour de 50 à 100 grammes par jour, à moins qu’il y ait une
indication thérapeutique importante pour maintenir la cétose.
En général, quelqu’un qui a un risque élevé de maladie cardio-vasculaire et qui prend une statine tous les jours pendant cinq ans peut voir son risque se réduire
d’environ 1%, ce qui se traduit par une prolongation de sa vie d’environ 3 jours111.
Mieux vaut discuter de la prise d’une statine avec votre médecin de famille, pour bien en peser les bénéfices et les risques dans votre cas personnel. Une chose
demeure certaine, cependant: l’amélioration des habitudes de vie, notamment l’adoption d’une alimentation faible en glucides, peut avoir un impact beaucoup
plus important sur le risque de maladie cardio-vasculaire que ne pourrait l’avoir une statine.
Palpitations cardiaques
Il est fréquent de ressentir une augmentation de la fréquence cardiaque pendant les premières semaines suivant l’adoption d’une alimentation faible en glucides.
Il est également fréquent d’observer que le cœur bat plus fort que d’habitude. Cela n’est pas grave d’un point de vue médical, mais cela peut générer de
l’inquiétude chez les patients.
Que faire?
1. Demeurez hydraté et consommez suffisamment de sel.
Il est important de maintenir un taux normal de sodium afin que le corps puisse préserver ses taux de magnésium et de potassium.
Recommandations
Bisglycinate de magnésium, entre 300 et 400 mg une fois par jour pour commencer, habituellement au souper ou au coucher, chez les patients qui ont
tendance à avoir des selles molles ou qui ont de la douleur chronique.
Citrate de magnésium, entre 300 et 400 mg, chez les patients qui ont tendance à avoir de la constipation.
Si l’augmentation des apports en eau et en sel ainsi que la supplémentation en magnésium ne règlent pas le problème complètement, il peut alors s’agir
de palpitations secondaires au cortisol. En effet, pour aider à maintenir un taux de sucre normal dans le sang, le corps peut sécréter plus de cortisol, qui
est une hormone de stress et qui peut causer une augmentation de la fréquence cardiaque. Cela est temporaire et devrait se résoudre naturellement après
une ou deux semaines.
Il peut également être nécessaire de réduire les doses des hypotenseurs chez les personnes faisant de l’hypertension artérielle. Si vous prenez des
hypotenseurs et que votre pression est souvent basse, ou simplement en cas de doute, parlez-en avec votre médecin ou pharmacien. Le premier
traitement hypotenseur à diminuer ou à interrompre est le diurétique (voir le chapitre 5 sur la déprescription, page 96).
Si les palpitations persistent et qu’aucune autre cause médicale n’a été mise en évidence (comme de la fibrillation auriculaire de novo ou autres), il est
suggéré d’augmenter les apports en glucides d’environ 10 à 20 g par jour, d’attendre que les palpitations cessent, puis de réduire les glucides
progressivement, 5 g à la fois, toutes les deux semaines.
Cette éruption cutanée est prurigineuse et les lésions se trouvent habituellement sur le dos, aux aisselles, autour du cou et des épaules, sur la poitrine et autour des
seins. Il peut arriver que l’éruption soit aussi localisée sur les bras et les jambes, mais c’est plus rare. L’éruption est pratiquement toujours symétrique: elle
survient des deux côtés du corps.
Lorsque l’on est en cétose nutritionnelle, notre transpiration peut contenir de l’acétone, l’un des trois corps cétoniques fabriqués par le foie. L’acétone peut être
irritante à fortes concentrations. Il est donc possible que le keto rash soit causé par une transpiration contenant des corps cétoniques.
Que faire?
1. Adaptez vos vêtements. Portez des vêtements confortables et adaptés aux conditions météorologiques afin de ne pas intensifier la transpiration.
3. Changez d’entraînement temporairement. Si l’éruption vous dérange beaucoup, changez votre entraînement ou le type d’activité physique pratiquée ou ne
faites pas de sport pendant quelques jours, le temps que votre corps s’adapte à la cétose nutritionnelle.
4. Sortez de la cétose, attendez que les symptômes disparaissent et retournez-y progressivement. Augmentez d’environ 20 g vos apports quotidiens en glucides,
puis baissez progressivement de 5 g toutes les deux semaines. Vous pouvez compenser cet apport accru en glucides en pratiquant plus souvent le jeûne
intermittent.
5. Autres traitements: il n’est pas utile de prendre des antibiotiques, des antihistaminiques ou des crèmes de cortisone ou antifungiques.
Voici le remède que Megan Ramos, codirectrice du programme The Fasting Method avec le Dr Jason Fung (l’auteur du livre Code obésité), recommande à ses patients.
En deux à cinq jours habituellement, l’éruption disparaît et les patients peuvent repasser en cétose en moins de deux semaines.
1. Vinaigre de cidre de pomme brut et non filtré (avec la mère)
Usage interne: ajoutez 2 c. à soupe de vinaigre à 250 ml d’eau et buvez. Répétez 3 fois par jour au total, pendant deux semaines, puis diminuez la dose
à 1 c. à soupe de vinaigre 3 fois par jour pendant deux autres semaines.
Usage externe: mélangez en parts égales du vinaigre avec de l’eau et appliquez la solution sur les régions affectées, deux fois par jour. Laissez poser de
15 à 30 minutes avant de rincer.
2. Consommez des baies: fraises, framboises, mûres
Consommez une tasse de baies par jour pendant une semaine.
Réduisez à ½ tasse par jour pendant encore une semaine, puis cessez.
Ne consommez plus de baies, mais continuez avec le vinaigre de cidre de pomme par voie locale et par voie orale.
3. Prenez un probiotique de bonne qualité.
Goutte/hyperuricémie
Il est possible que le taux d’acide urique augmente temporairement dans le sang pendant les six à huit premières semaines suivant l’adoption d’une alimentation
faible en glucides. Par la suite, le taux tend à retourner à la normale, voire à descendre plus bas qu’au départ. Si vous avez déjà fait un ou plusieurs épisodes de
goutte par le passé, vous risquez d’y être confronté à nouveau pendant les deux premiers mois. Nous vous conseillons de discuter des mesures de prévention à
envisager avec votre médecin ou pharmacien.
Les patients qui n’ont jamais fait de goutte auparavant n’en feront probablement pas lors de l’adoption d’une alimentation faible en glucides, même si leur taux
d’acide urique augmente temporairement.
Que faire?
1. Si vous avez déjà fait au moins un épisode de goutte, prenez vos médicaments en respectant la prescription de votre médecin.
3. Réduisez vos apports en alcool, particulièrement en bière et autres boissons riches en glucides.
4. Ajoutez 1 à 2 c. à soupe de jus de citron vert à votre eau et buvez-en toute la journée. L’acide citrique contenu dans le jus de citron vert agit comme un
solvant de l’acide urique et peut aider à en réduire le taux. À prendre en prévention pendant les huit premières semaines, puis à cesser ensuite.
5. Prenez de l’extrait de cerise noire. Cela peut aider à réduire votre taux d’acide urique dans le sang. C’est un produit connu des néphrologues, qu’ils
recommandent parfois aux patients dont les reins ne fonctionnent plus suffisamment bien pour prendre des médicaments hypo-uricémiants. L’extrait de cerise
noire doit être pris de manière préventive par les patients à risque élevé pendant les huit premières semaines suivant l’adoption d’une alimentation faible en
glucides.
Reflux d’acide
Le reflux d’acide peut augmenter durant les deux premières semaines suivant l’adoption d’une alimentation faible en glucides. Il est rare que cela survienne chez
des personnes qui n’ont jamais fait de reflux d’acide auparavant.
Que faire?
1. Prenez vos médicaments antiacides en suivant les prescriptions, même les jours où vous jeûnez.
3. Ajoutez du jus de citron dans votre eau. Le jus de citron est alcalinisant pour le tube digestif et peut aider à neutraliser l’acide gastrique. Prenez 1 à 2 c. à
soupe de jus de citron dans un grand verre d’eau pendant la journée, à titre préventif ou curatif.
Troubles du sommeil
Occasionnellement, les patients rapportent des difficultés à dormir lorsqu’ils font des jeûnes intermittents ou qu’ils entrent en cétose les premières fois. Cela peut
durer de 2 à 4 semaines et être frustrant puisque le manque de sommeil peut avoir un impact significatif sur toutes les sphères de la vie, incluant le contrôle de
l’appétit, des glycémies et du poids.
Que faire?
1. Jeûnez régulièrement. Cela va permettre à votre corps de s’adapter.
2. Soyez patient. Le problème devrait disparaître de lui-même au cours des deux premières semaines. Si possible, commencez à jeûner pendant des périodes peu
stressantes.
3. Prenez un supplément de magnésium 3 à 4 heures avant de dormir. Le magnésium a l’effet contraire de l’adrénaline sur les cellules. Le bisglycinate de
magnésium est indiqué pour les personnes qui ont tendance à avoir des selles molles, alors que le citrate de magnésium convient mieux aux personnes qui ont
tendance à avoir des selles dures. Prenez de 300 à 400 mg et ajustez au besoin.
Une personne ayant déjà des lithiases et qui adopte une alimentation faible en glucides ou cétogène, peut ressentir une douleur sous les côtes, à droite. Cette
douleur est causée par la vésicule biliaire qui essaye de se contracter pour faire sortir la bile afin de digérer le gras qui vient d’être ingéré, mais qui doit lutter
contre un calcul. En règle générale, les lithiases biliaires préexistantes ne disparaissent pas. La situation s’aggrave avec le temps, jusqu’au jour où l’ablation de la
vésicule biliaire devient inévitable.
Lorsqu’une crise survient, les conseils d’usage sont de manger peu gras et de prendre des analgésiques. Si la crise perdure ou si une infection débute, l’opération
chirurgicale s’impose: on retire la vésicule biliaire. Par la suite, cependant, il est possible que l’absorption des graisses et des nutriments qui les accompagnent
tels que les vitamines liposolubles (A, D, E, K) soit diminuée. Il peut aussi arriver que l’on ait des selles plus molles lorsque l’on consomme une grande quantité
de graisses en un seul repas.
L’absence de vésicule biliaire n’est pas une contre-indication à l’adoption d’une alimentation faible en glucides ou cétogène et la plupart de nos patients qui n’ont
plus de vésicule biliaire n’ont aucun problème avec l’alimentation cétogène.
ATTENTION
Une perte de poids significative et rapide peut entraîner la formation de calculs dans la vésicule biliaire, chez tout individu, pas uniquement chez les personnes
qui ont adopté une alimentation faible en glucides ou cétogène.
ATTENTION
Le topiramate, un médicament utilisé en psychiatrie, dans le cadre de l’obésité et dans le traitement des migraines, peut augmenter le risque de faire des
lithiases rénales chez les personnes qui ont adopté une alimentation cétogène et qui sont en cétose.
B
on nombre de nos patients sont également des parents et il est fréquent qu’au cours de la journée de formation, la question surgisse: que faire avec
nos enfants? Doivent-ils adopter l’alimentation faible en glucides eux aussi? D’emblée, au moins une mère de famille s’exclame qu’elle n’a
aucunement envie de faire deux plats différents à chaque repas, et une autre personne nous demande si les enfants sont à risque de carences
nutritionnelles s’ils réduisent leurs apports en glucides. La question de l’alimentation des enfants suscitant beaucoup d’interrogations chez nos patients,
il nous a semblé pertinent d’aborder le sujet dans ce livre.
Tout d’abord, nous sommes d’avis que les enfants consomment aujourd’hui beaucoup trop de sucre quotidiennement et que cela s’est largement banalisé. Cette
observation vaut pour le Québec comme pour la France. On incite les enfants à manger des collations entre les repas, particulièrement à l’école, et ces collations
sont habituellement des glucides: une barre tendre, un fruit ou un biscuit. Il est également fréquent que les enfants accompagnent cette collation d’un jus de fruit
et qu’ils mangent un dessert après le repas du midi et celui du soir. Il est aussi tout à fait habituel de récompenser les enfants à l’école, à la maison ou dans le
cadre d’une activité parascolaire, avec des sucreries.
On semble ne pas remarquer que les enfants ne sont plus aussi minces que les générations précédentes. En effet, actuellement au Québec, un enfant sur trois âgé
de 2 à 19 ans est en surpoids ou obèse 1. On ne semble pas remarquer non plus que le diabète de type 2, pour ne citer que cet exemple, est de plus en plus
fréquent dans notre société et qu’il est diagnostiqué de plus en plus tôt chez les adultes, mais également chez les adolescents et parfois même chez les enfants.
Au Canada, les données de 2006 à 2008 nous permettent d’estimer l’incidence à 1,5 cas sur 100 000 jeunes par année 2, mais ces données datent d’il y a plus de
dix ans. D’après cette même étude, l’âge médian des enfants canadiens chez qui on diagnostique un diabète de type 2 est de 13 ans et 95% des enfants qui
reçoivent ce diagnostic sont obèses. On reconnaît que l’obésité est associée au développement d’une résistance à l’insuline, un facteur clé dans la
pathophysiologie du diabète de type 2.
Par ailleurs, les études montrent que les enfants obèses, comparativement aux adultes, évoluent plus rapidement du stade de prédiabète (caractérisé par une
anomalie de la glycémie à jeun ou par une intolérance au glucose) au diabète de type 2 3.
Bref, la santé métabolique de la population générale est de moins en moins bonne et nos enfants ne sont pas
épargnés. Cela est hautement inquiétant.
Puisque l’obésité, la résistance à l’insuline et le diabète de type 2 sont principalement causés par l’alimentation et d’autres habitudes de vie délétères, il y a lieu
de croire que l’amélioration de l’alimentation et des autres habitudes de vie pourrait aider à renverser ces problèmes ou à les prévenir chez les enfants qui n’en
sont pas encore atteints.
De ce fait, je trouve qu’il est tout à fait souhaitable que les enfants de mes patients réduisent leurs apports en sucre, en particulier en sucre liquide, comme les jus
et les boissons gazeuses sucrées, mais aussi en glucides raffinés et transformés. Doivent-ils adopter une alimentation faible en glucides pour autant? Pour la très
grande majorité des enfants, la réponse est non, à mon avis. Mais cela dépend avant tout de leurs problèmes de santé et de leurs choix personnels et familiaux.
Un enfant qui a un poids normal ou un léger surpoids, par exemple, bénéficierait sans doute d’une réduction globale de ses apports en sucre et glucides, d’une
augmentation de l’activité physique et d’un sommeil de quantité et de qualité adéquates pour son âge, dans un premier temps. Un enfant obèse, avec ou sans
comorbidités, pourrait vouloir être plus strict dans ses apports en glucides, allant même jusqu’à adopter une alimentation cétogène, laquelle fait partie des options
envisagées pour les enfants, dans les protocoles de médecine de l’obésité 4 qui m’ont été enseignés dans le cadre de ma certification en médecine de l’obésité par
l’American Board of Obesity Medicine. De mon point de vue, il est nettement préférable d’essayer cette alimentation chez les enfants obèses avant de les
envoyer en chirurgie bariatrique, dont l’âge minimal est de 13 ans.
Cependant, il n’y a pas que les enfants en surpoids, obèses ou diabétiques de type 2 qui peuvent bénéficier de l’adoption d’une alimentation faible en glucides,
voire cétogène. Cette alimentation peut avoir des indications thérapeutiques, par exemple dans les cas d’épilepsie réfractaire aux médicaments (ou non réfractaire
mais dont les parents préfèrent essayer une approche plus naturelle, avec moins d’effets secondaires), comme le préconisent l’hôpital Sainte-Justine au Québec et
l’hôpital Johns-Hopkins aux États-Unis.
Les parents redoutent souvent que la réduction des glucides entraîne des carences nutritionnelles chez leurs enfants. Je leur fais remarquer alors qu’une
proportion non négligeable des apports en glucides de leurs enfants, actuellement, sont très pauvres en nutriments, comme par exemple les boissons gazeuses et
le riz blanc. De plus, je leur rappelle que parmi les nutriments essentiels, c’est-à-dire les nutriments qui doivent être fournis absolument par notre alimentation
parce que notre corps ne sait pas les fabriquer, il n’existe aucun glucide. Notre corps a besoin de protéines pour se procurer des acides aminés essentiels; il a
besoin de lipides pour se procurer des acides gras essentiels mais il n’a pas un besoin indispensable de glucides. J’insiste également sur le fait qu’en adoptant une
alimentation faible en glucides, une partie des glucides de l’alimentation de leurs enfants sera remplacée par des aliments non transformés et sains, comme des
légumes, des noix, des produits laitiers entiers, de la viande non transformée, de bonnes huiles, etc. Par ailleurs, l’alimentation standard actuelle, riche en
glucides, est souvent elle-même carencée en vitamines liposolubles (A, D, E et K), en oméga-3, en fibres et autres micronutriments et oligoéléments.
Cela étant dit, il serait malhonnête de ma part de laisser croire aux lecteurs que l’adoption en famille d’une alimentation différente est toujours chose facile,
simplement parce que vous êtes les parents et croyez pouvoir décider pour vos enfants! C’est en réalité un parcours semé d’embûches où l’on doit parfois
négocier, faire deux pas en avant et un en arrière, ajuster, choisir ses batailles, essayer diverses stratégies, réaligner le tir au fur et à mesure, recruter des alliés,
garder son calme, relativiser, s’armer de patience et, surtout, viser la progression et non la perfection.
Les enfants, peu importe leur âge, mais en particulier s’ils vont à l’école, ne vivent pas dans une bulle contrôlée à 100% par les parents. Toute la société veut
donner du sucre aux enfants, y compris les papis et mamies à qui l’on rend visite un beau dimanche après-midi ainsi que les enseignants à l’école! Vous pourrez
difficilement contrôler tout ce que vos enfants mangeront. On a tendance à nettement sous-estimer l’ampleur et la fréquence avec laquelle le sucre croise le
chemin de ses enfants. En effet, les «occasions spéciales» sont de plus en plus nombreuses et banales dans la vie moderne.
Pour vous aider à adopter l’alimentation cétogène (ou simplement faible en glucides) en famille, voici quelques conseils, rédigés avec la collaboration spéciale de
Sophie Rolland (voir aussi pages 171 et 173).
Décider de changer
Peu importe le type de changement que nous voulons apporter à notre vie, par exemple modifier son alimentation, les chances que ce changement perdure ou non
dépendent de différents principes d’ancrage. Les changements durables sont possibles à la condition intrinsèque que leur motivation reste fondée, bien intégrée et
surtout personnelle. Si l’on amorce un changement, quel qu’il soit, pour faire plaisir à quelqu’un, les chances qu’il perdure au-delà d’un certain temps sont
minces.
D’un point de vue médical, on distingue l’observance de l’adhésion thérapeutique 5. L’observance se caractérise par l’ensemble des comportements qu’une
personne s’engage à adopter dans le but de favoriser la réussite d’un traitement ou d’un changement d’hygiène de vie donné 6. Autrement dit, l’observance
mesure la capacité d’une personne à respecter le traitement ou le régime alimentaire prescrit. L’adhésion, quant à elle, se définit par les attitudes et la motivation
de la personne à suivre le traitement ou le changement proposé. Il s’agit plutôt ici d’évaluer le degré d’acceptation du traitement ou du régime alimentaire
proposé 7.
Tout cela est bien, en théorie, mais lorsque la famille amorce un changement parce que les parents sont convaincus qu’il s’agit d’une amélioration fondée et
nécessaire, il n’en reste pas moins que ce ne sont pas les enfants eux-mêmes qui ont fait ce choix. Par conséquent, l’observance et l’adhésion peuvent être plus
difficiles à obtenir. Il est toutefois possible de favoriser l’ouverture des enfants de façon à développer leur motivation et leur adhésion. Il est évidemment possible
d’obtenir l’observance, sans l’adhésion, en particulier si l’enfant est jeune. L’observance est alors obtenue par la contrainte, par un changement imposé.
Cependant, c’est en favorisant l’adhésion, c’est-à-dire en amenant les enfants à y croire eux-mêmes, que les résultats sont optimaux.
L’éducation
Jadis, l’observance thérapeutique était considérée comme l’obligation de suivre les consignes du médecin ou du thérapeute en acceptant de prendre un
médicament par exemple ou d’effectuer une série de gestes afin de guérir. Cela positionnait le patient dans un mode passif où il devait essentiellement «obéir». Il
ne prenait pas part «concrètement» à son traitement puisqu’il ne prenait pas part au processus décisionnel qui conduit au traitement. Au fil du temps, ce type
«d’obéissance passive» ne donne généralement pas de bons résultats. Les oublis deviennent de plus en plus fréquents et, par conséquent, les traitements
deviennent moins efficaces.
Au contraire, si au lieu «d’obéir», le patient «décide» d’entreprendre sa thérapie et de choisir le changement, les résultats sont souvent supérieurs, plus constants
et surtout plus soutenus. Le patient devient l’acteur de son propre succès. Un changement alimentaire n’est pas différent de la prise d’un médicament et
n’échappe pas à ce principe d’observance et d’adhésion. La compréhension des principes du changement, du fondement du changement ainsi que du plan
d’action pour y arriver est reconnue comme étant un important facteur de réussite: elle contribue grandement à améliorer l’observance et l’adhésion.
Ainsi, un premier pas efficace pour engager ses enfants dans un changement alimentaire est celui de l’éducation 8. On fait leur éducation en discutant avec eux,
en prenant le temps de leur expliquer les fondements de notre choix. Il ne faut pas sous-estimer leur intelligence. Les enfants ont soif de savoir et il existe une
multitude de ressources, dont la lecture, les vidéoreportages, les pictogrammes, pour faire de l’enseignement. Le temps consacré sera un bon investissement.
Voici quelques sujets de discussion fondamentaux à aborder avec vos enfants. Ce sont des facteurs qui favorisent l’observance et l’adhésion.
1. La compréhension des conséquences de la consommation à outrance de glucides. Les enfants doivent comprendre la mécanique biologique et l’impact des
glucides sur le métabolisme, les sécrétions importantes et fréquentes d’insuline suite à l’ingestion de glucides, le rôle de l’insuline dans le corps humain et,
surtout, les raisons pour lesquelles il n’est pas bon pour la santé d’en sécréter beaucoup et souvent.
2. La peur d’être différent ou marginalisé. Les enfants veulent faire partie du groupe et ne pas être mis à l’écart. Le moment du déjeuner à l’école est crucial! Il
faut leur faire des lunchs colorés, avec des aliments qu’ils apprécient et leur demander de participer à la préparation de leur repas. Cela peut aider à favoriser
l’adhésion et à ce qu’ils ne se sentent pas trop différents.
3. Être à l’écoute et ne pas oublier que ce sont des enfants. D’abord, il faut savoir que la très grande majorité des enfants a une flexibilité métabolique bien
supérieure à celle des adultes. Souvent, il est suffisant pour eux de suivre les règles d’une alimentation faible en glucides souple (non cétogène). En tant que
parents, nous devons nous montrer attentifs et empathiques. Apprendre à dialoguer avec nos enfants et à entendre leurs déceptions, doutes et incompréhensions.
Ainsi, il est possible de les rassurer, de valoriser leurs choix alimentaires et de les encourager. On leur rappelle le message essentiel: réduire le sucre (les glucides)
de leur alimentation. On leur explique régulièrement la pertinence des choix qu’il faut faire, dans un contexte personnalisé qui les engage, pour qu’ils aient le
sentiment de faire partie du processus décisionnel 9. Rappelons-nous que les écarts font partie de la normalité, dans une certaine mesure évidemment. Il est plus
important que vos enfants aient le goût de revenir vers leur nouvelle alimentation suite à un écart, que d’être sans faille et de ne rêver que d’en sortir! Il faut
également être à l’écoute de leurs déceptions de ne pouvoir manger toutes les sucreries que leurs camarades mangent tous les jours, tout en leur rappelant les
raisons pour lesquelles ce changement a été fait.
Il faut trouver une source de motivation alternative, transitoire et externe, le temps que les enfants ressentent les effets positifs de l’alimentation cétogène et
qu’elle devienne une nouvelle habitude acquise. Une fois la période d’adaptation passée, les parents doivent objectiver les changements positifs et les mentionner
à leurs enfants. Par exemple, si les comportements d’opposition ont diminué ou disparu, que les conflits à l’école sont moindres et que les résultats scolaires se
sont améliorés, il est important de le souligner. Afin de motiver les enfants, il est important de faire ressortir ces différences, car elles représentent le fruit concret
de leur travail. Il faut amener les enfants à reconnaître que le «nouveau toi» est préférable à l’ancien.
Un outil supplémentaire auquel il peut être utile d’avoir recours chez les enfants qui présentent un problème de santé particulier que l’on désire traiter avec
l’alimentation faible en glucides ou cétogène est l’ajout d’une «triche» hebdomadaire. Si l’on désire que nos enfants adhèrent à l’alimentation faible en glucides
durant les jours d’école, on peut proposer un aliment «triche» le vendredi, à l’heure du dîner. De cette façon, l’enfant limite sa consommation de glucides durant
la période critique des jours de classe et il a le week-end pour éliminer le surplus de glucides du vendredi.
La rééducation
Les papilles gustatives ont comme fonction de détecter les saveurs. La langue humaine peut distinguer cinq goûts différents: le sucré, le salé, l’amer, l’acide et
l’umami (le goût du glutamate) 13. Cependant, de nouvelles données parlent de détecteurs de lipides, qui permettraient à la langue de distinguer le goût du gras
14. De plus, il y a des récepteurs nerveux liés au goût sucré qui se trouvent à plusieurs autres endroits du système digestif, et même dans le cerveau au niveau de
l’hypothalamus 15, 16. Cette répartition des récepteurs de goût sucré à travers le corps joue un rôle de premier plan dans la régulation de l’appétit, la perception
de la satiété et la vitesse à laquelle l’estomac livre son bol alimentaire à l’intestin 17, 18. Des études récentes semblent montrer que les récepteurs de goût sucré
influencent même des faisceaux de neurones spécifiques dans l’hypothalamus, jouant un rôle clé dans l’homéostasie énergétique en inhibant le message de satiété
19, ce qui peut nous amener à vouloir manger davantage.
La mise en place
Voici des idées pratiques pour s’organiser afin de réussir l’adoption de l’alimentation cétogène en famille.
a. Télécommande
CHAPITRE 9
O
n lit parfois tout et son contraire sur la nutrition et sur l’alimentation cétogène en particulier. Voici ici démontées douze des fausses croyances les
plus répandues à son sujet.
Le glucose nécessaire pour ces quelques cellules glucodépendantes n’a pas besoin d’être ingéré: il peut être fabriqué par le corps lui-même. C’est l’une des tâches
du foie: faire de la gluconéogenèse, c’est-à-dire fabriquer du nouveau glucose. Il est important de se rappeler qu’il existe des acides gras b et des acides aminés c
essentiels, c’est-à-dire qu’ils doivent nous être fournis par l’alimentation car le corps est incapable d’en faire la synthèse. Cependant, il n’existe aucun glucide
essentiel.
Lorsqu’on adopte une alimentation cétogène (< 20 g de glucides/jour) donc très restrictive en glucides, le cerveau peut puiser son énergie dans les graisses. Les
graisses corporelles et les graisses alimentaires sont converties par le foie en corps cétoniques qui servent de source d’énergie au cerveau et aux autres organes.
C’est un processus physiologique naturel et efficace.
Le saviez-vous?
Une femme en fin de grossesse peut avoir une cétonémie d’environ 1 mmol/L, tout naturellement, sans même s’en rendre compte, et sa cétonémie peut monter
jusqu’à 4 voire 6 mmol/L si elle jeûne 48 h. Les enfants naissent habituellement en cétose légère, soit avec une cétonémie située entre 0,2 et 0,5 les deux premiers
jours, puis entre 0,7 et 1,0 mmol/L pendant les dix jours suivants20, 21. L’état de cétose correspond donc à un état naturel, un état qui permet au corps de
fonctionner normalement.
Par ailleurs, le cholestérol ainsi que les acides gras et les vitamines liposolubles doivent utiliser un transporteur pour circuler dans le sang. Ce sont les
lipoprotéines qui assurent cette fonction et elles sont caractérisées par leur taille et leur densité (lire encadré ci-contre). Dans un contexte d’alimentation faible en
glucides ou cétogène, la taille des lipoprotéines a tendance à augmenter et la densité diminuer, de façon à être moins menaçante pour la santé cardio-vasculaire.
Les apolipoprotéines B (ApoB) sont ces protéines de transport petites et denses qui sont considérées comme athérogènes (elles participent à la formation et à
l’accumulation de la plaque dans les vaisseaux sanguins). Les apolipoprotéines A1 (ApoA1), quant à elles, sont des particules larges et floconneuses qui, par leur
physionomie, ne semblent pas participer à la formation d’athéromes. L’alimentation faible en glucides et cétogène permet habituellement de diminuer la quantité
des ApoB et d’augmenter le nombre des ApoA, réduisant par conséquent le risque athérogène.
Si votre bilan de cholestérol est anormal depuis que vous avez adopté l’alimentation faible en glucides et cétogène, nous vous suggérons de refaire un contrôle
dans douze mois. Si les problèmes demeurent, appliquez les conseils décrits dans la section des remèdes pratiques (voir page 195).
Le cholestérol est une toute petite molécule de graisse qui ne peut pas circuler toute seule dans le sang (milieu aqueux). Le cholestérol a besoin de transporteurs. Cette
fonction de taxi est assurée par de très grosses molécules qu’on appelle des lipoprotéines.
Les lipoprotéines LDL et VLDL acheminent le cholestérol aux différents organes qui en ont besoin (glandes surrénales, organes génitaux…).
Les lipoprotéines HDL ramènent le cholestérol dont les cellules n’ont plus besoin vers le foie pour qu’il y soit éliminé ou recyclé. Ainsi, il n’existe pas
deux molécules différentes de cholestérol. Il n’y en a qu’une, simplement elle dispose de taxis différents.
Les LDL et les VLDL sont des lipoprotéines de faible et très faible densité. On les assimile au «mauvais cholestérol».
Les HDL sont des lipoprotéines de densité élevée. On les assimile au «bon cholestérol». Au plan biochimique, les lipoprotéines sont d’énormes
ensembles multimoléculaires comprenant des lipides comme leur nom l’indique mais aussi de volumineuses protéines: l’apolipoprotéine B (ApoB) dans
les LDL et l’apolipoprotéine A1 (ApoA1) dans les HDL.
Les graisses saturées sont nocives pour la santé
Les graisses saturées sont naturellement présentes dans les aliments que nous consommons depuis des millénaires et qui nous ont permis d’évoluer en tant
qu’espèce. Quand on pense aux graisses saturées, on pense souvent à la viande et aux produits animaux, mais saviez-vous que dans les poissons gras, les noix et
l’huile d’olive, il y a respectivement 1,5 fois, 3 fois et 7 fois plus de graisses saturées que dans le bifteck d’aloyau 22? Saviez-vous que le lait maternel contient
également une bonne proportion de graisses saturées?
Qu’un nutriment que nous consommons depuis la nuit des temps devienne soudainement, en l’espace de quelques décennies, l’ennemi public numéro un de notre
santé cardio-vasculaire est une aberration totale. Heureusement, au cours des dernières années, de plus en plus d’experts et d’organismes se sont rendu compte
que les graisses saturées naturelles provenant d’aliments bruts, non transformés, sont tout à fait saines.
Depuis ces dix dernières années, de nombreuses revues de la littérature scientifique en sont venues à la conclusion qu’il n’existe absolument aucun lien de
causalité entre les graisses saturées et les maladies du cœur, en particulier chez les personnes qui consomment peu de glucides. Elles ont montré que la réduction
des graisses saturées dans l’alimentation ne réduit pas le risque de développer des maladies cardio-vasculaires23. Cela demeure cependant un des sujets les plus
controversés dans le domaine de la nutrition à l’heure actuelle.
Si les graisses saturées naturelles peuvent être consommées sans crainte, il n’en demeure pas moins qu’il est important de varier ses sources de gras et de
consommer suffisamment d’oméga-3. Il importe aussi de se procurer des sources de lipides de bonne qualité, non oxydés (non rances).
Les pâtes, le riz blanc, la farine de blé raffinée et les autres glucides transformés et ultratransformés de l’alimentation standard sont pauvres en nutriments.
Lorsqu’on adopte une alimentation faible en glucides, on remplace ces aliments par des légumes, des noix, des produits laitiers entiers, etc. Ces aliments sont
non-transformés et riches en nutriments.
Les fruits contiennent peu de nutriments spécifiques à part la vitamine C. Ce sont les «bonbons» de la nature. Ils doivent être consommés avec modération. Les
jus de fruits en revanche sont à proscrire en raison de leur teneur élevée en sucre, en particulier en fructose, et de leur faible teneur en fibres.
Les aliments typiquement consommés dans le cadre d’une alimentation faible en glucides ou cétogène sont souvent riches en vitamines liposolubles (A, D, E et
K). Il est probable que les nombreuses personnes qui fuient le gras pensant bien agir pour leur santé soient en réalité carencées en vitamines liposolubles. Or, ces
vitamines jouent un rôle essentiel pour la santé comme nous l’avons expliqué pages 92 et 154.
Enfin, en consommant moins d’huiles riches en oméga-6, on aide le corps à avoir un meilleur équilibre (ou ratio) entre les oméga-3 et les oméga-6, ce qui est
bénéfique en particulier pour contenir l’inflammation.
Voici un tableau comparatif des micronutriments contenus dans des aliments usuels. On peut y voir que le riz blanc, le quinoa et l’orange ne sont pas très riches
en nutriments, contrairement aux épinards, au bœuf et au foie de bœuf. Dans un repas faible en glucides, la portion de féculents (riz ou quinoa, par exemple) est
remplacée par des légumes pauvres en amidon, des produits laitiers entiers, des noix, des graisses saines, etc. Les gras fournissent de l’énergie sans stimuler la
sécrétion d’insuline et sans faire augmenter le taux de sucre dans le sang.
Si vous souffrez d’hypothyroïdie, il est important d’en faire le suivi, car il est probable que votre dose de médicament doive être ajustée à la baisse, en particulier
si vous perdez beaucoup de poids. Lorsqu’on suit régulièrement la TSH d des patients qui sont traités pour une hypothyroïdie, on observe parfois des petits pics
anormalement élevés qui tendent à se replacer d’eux-mêmes dans les normes en peu de temps.
L’une des façons d’aider sa thyroïde à rester en bonne santé est de veiller à remplacer les glucides par de bonnes graisses naturelles en quantité suffisante, afin de
ne pas se retrouver en état de famine ou d’hypocalorie. L’alimentation faible en glucides et l’alimentation cétogène ne sont pas des diètes hypocaloriques. En
effet, les diètes hypocaloriques dites «de famine» suivies au long cours pourraient mener à l’hypothyroïdie à long terme. Ces diètes génèrent une faim constante
et abaissent le métabolisme de base.
Par ailleurs, pour optimiser le fonctionnement de la thyroïde, il est nécessaire d’absorber suffisamment d’iode. Il est donc préférable de consommer du sel iodé et
des fruits de mer.
Ce qui est vraiment dangereux pour les reins en revanche, c’est l’hyperglycémie. Une élévation chronique du taux de sucre dans le sang, par exemple chez les
diabétiques, est toxique pour tous les organes en général, mais particulièrement pour le tissu rénal auquel elle peut causer des dommages permanents. En effet, la
néphropathie est une des complications bien connues du diabète de type 2.
Une fois la période de transition terminée, l’alimentation faible en glucides a plutôt l’effet opposé de la dépression: l’acuité mentale et l’énergie augmentent, les
symptômes anxio-dépressifs diminuent, voire disparaissent et l’humeur devient plus stable.
Certains patients souffrant de dépression ou d’anxiété qui ont adopté un régime faible en glucides ou cétogène se sentent suffisamment mieux pour demander à
leur médecin de tenter un sevrage progressif de leurs médicaments antidépresseurs ou anxiolytiques. Cela peut être envisagé en effet mais il est généralement
conseillé d’être en cétose nutritionnelle depuis au moins six mois. Ce sujet est plus amplement discuté dans la partie 2 (voir page 110).
Les personnes qui ont une dépendance aux glucides raffinés peuvent se sentir déprimées en arrêtant de consommer ces aliments. Certains décrivent la perte d’un
«ami» qui les aidait à gérer leurs émotions et leur stress. Pour ces personnes, la transition vers une alimentation faible en glucides s’apparente à un véritable
sevrage, mais les symptômes de manque sont habituellement de courte durée.
Pendant cette période d’adaptation, les performances seront sans doute diminuées. Il ne faut pas s’en inquiéter. Une fois céto-adaptés, les athlètes rapportent, en
général, soit une performance équivalente, mais avec une meilleure composition corporelle (un pourcentage de masse adipeuse plus faible), soit une performance
accrue, surtout dans les sports d’endurance.
Il n’est pas surprenant de constater que de plus en plus d’athlètes de haut niveau, dont certains cyclistes du Tour de France, «carburent» dorénavant aux corps
cétoniques.
Comparons avec les pâtes alimentaires (2,5 g pour 1 tasse de cheveux d’ange blancs), le riz brun (3,2 g pour 1 tasse) et le pain de blé entier f (2,2 g pour 1
tranche).
Il est vrai que n’importe quel changement alimentaire peut causer de la constipation, ou l’inverse, de la diarrhée. Le système digestif et la flore intestinale doivent
s’adapter à ce changement, et l’alimentation faible en glucides n’y fait pas exception. Si l’hydratation et les apports en sodium sont adéquats et que l’alimentation
contient une variété d’aliments riches en fibres, le transit intestinal devrait se normaliser rapidement.
L’acidocétose diabétique survient quand le corps se met à produire des corps cétoniques, qui sont acides, sans pouvoir s’arrêter. La cétonémie atteint 15-20
mmol/L voire plus et l’acidité augmente dans le sang. La glycémie s’élève également fortement puisqu’il n’y a pas assez d’insuline en circulation.
L’acidocétose est un problème médical rare et grave qui survient principalement chez les diabétiques de type 1 lorsqu’ils ne prennent pas leur insuline pendant
quelques jours ou encore chez les diabétiques de type 2 qui prennent un médicament particulier appelé inhibiteur du SGLT2. Dans ce cas, l’acidocétose peut
survenir même si les glycémies demeurent relativement normales.
L’acidocétose diabétique peut également survenir chez les diabétiques de type 2 insulinopéniques g qui souffrent d’une infection grave ou qui sont très
déshydratés.
Pour prévenir l’acidocétose, si vous êtes diabétique et que vous prenez des médicaments contre le diabète, il est impératif de discuter avec votre médecin ou votre
pharmacien avant d’entreprendre des changements alimentaires.
La cétose nutritionnelle, en revanche, est 100% naturelle et sans danger. Elle reste sous le contrôle du corps et ne dépasse jamais un certain seuil, soit environ 7
mmol/L, fort loin du seuil dangereux. En outre, elle survient dans un contexte où la glycémie est basse ou très basse et elle est caractérisée par une sensation de
bien-être et d’énergie. Le pancréas module la concentration et la production des corps cétoniques en sécrétant, au besoin, insuline ou glucagon, afin de contrôler
la glycémie et la cétonémie.
La cétose nutritionnelle ayant plusieurs bienfaits pour la santé et plusieurs indications médicales, comme l’épilepsie, la douleur chronique et la dysrégulation de
l’appétit, nombre de nos patients la recherchent et tentent de la maximiser comme nous l’avons vu tout au long de la partie 3.
On peut entrer en cétose nutritionnelle en consommant peu de glucides quotidiennement (20 g de glucides nets par jour mais cela peut varier d’une personne à
l’autre) et/ou en jeûnant. Dans des circonstances normales (c’est-à-dire hormis les situations à risque décrites précédemment), il est impossible qu’une
alimentation faible en glucides entraîne une acidocétose diabétique. Elle pourra entraîner en revanche une cétose nutritionnelle, c’est-à-dire un état dans lequel le
corps devient une machine à brûler des graisses.
En premier lieu, l’alimentation faible en glucides, qu’elle soit libérale ou stricte (cétogène), n’est pas une alimentation hyperprotéinée. Les apports en protéines
sont en effet modérés, probablement équivalents à ce que la plupart des gens consomment habituellement avec une alimentation standard. D’ailleurs, il est tout à
fait possible d’avoir une alimentation faible en glucides en étant végétarien.
L’élevage est en réalité un secteur mineur d’émission de gaz à effet de serre. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) 24,
dont le mandat est d’étudier les activités humaines responsables des changements climatiques, estime que les émissions directes en provenance de l’élevage
représentent 5% de toutes les émissions provenant de l’activité humaine avec 2,3 gigatonnes d’équivalent CO2 25. L’industrie du transport, en comparaison,
génère 6,9 gigatonnes d’équivalent CO2 26, soit 14% des émissions totales. Au Québec, c’est également l’industrie du transport qui trône en haut du
palmarès des industries les plus polluantes, avec environ 43% 27 des GES, alors que l’agriculture en générerait environ 9% et l’élevage 2% 28.
Les terres utilisées pour l’élevage peuvent être des terres non arables. Ces terres permettent de séquestrer du carbone, alors que le labourage des terres
agricoles libère le carbone stocké dans les puits à long terme, en plus d’accélérer l’érosion des sols, le ruissellement et l’épuisement des nutriments contenus
dans le sol, ce qui n’a rien d’écologique. Les ruminants peuvent même aider à revitaliser d’anciennes terres agricoles érodées et appauvries et augmenter la
biodiversité 29.
Cela dit, l’impact réel de la production animale sur l’environnement varie selon le type d’élevage. Une exploitation d’élevage industrielle est bien plus polluante
que celle d’une ferme qui pratique la polyculture et élève des animaux de façon écologique. Acheter des produits locaux, et en particulier de la viande issue de
l’agriculture biologique, d’animaux nourris sans pesticides, élevés et abattus localement, et acheter des produits pas ou peu transformés, permet de réduire
sensiblement son empreinte écologique.
Bien souvent, en matière environnementale, seule la viande est pointée du doigt mais que dire des fruits que l’on importe des quatre coins du globe? Que dire des
monocultures de produits à haute teneur en glucides, comme le blé, le soja et le maïs qui ne sont pas meilleures pour l’environnement, contrairement à la
croyance populaire? L’usage lourd de pesticides et d’autres produits chimiques de contrôle contribue à réduire la biodiversité et à accroître la pollution
environnementale, surtout en comparaison avec une ferme de viande bovine locale qui pratique la biodynamie.
Par ailleurs, les personnes qui mangent moins de glucides et plus de graisses ont souvent moins faim, en raison de la satiété que procurent les lipides et les corps
cétoniques en circulation dans le sang. Ces personnes finissent, avec le temps, par manger moins en quantité et moins souvent en fréquence. Cela est sans aucun
doute bénéfique pour l’environnement.
La véritable empreinte environnementale de notre alimentation dépend donc des choix de chacun. Elle ne peut, en aucun cas, être attribuée uniquement à l’impact
de la consommation de viandes.
Si vous n’avez pas particulièrement faim le matin au réveil, vous pouvez commencer votre journée avec une ou deux tasses de café chaud auxquelles vous ajouterez, si
vous le souhaitez, de la crème fraîche. Cependant, si vous avez faim, surtout dans les premiers jours de votre nouvelle alimentation, vous pouvez faire cuire quelques
œufs dans du beurre. Il n’y a pas de limite au nombre d’œufs que l’on peut manger par semaine.
Si c’est la première fois que vous essayez l’alimentation faible en glucides ou cétogène, il se peut que vous éprouviez des effets secondaires temporaires, également
connus sous le nom de grippe céto. À ce sujet, lire le chapitre sur la période d’adaptation en page 187.
Lorsque vous aurez compris les grands principes de l’alimentation faible en glucides et cétogène, vous pourrez adapter ces recettes selon vos goûts, en trouver de
nouvelles sur Internet ou dans des livres de recettes cétogènes et ainsi créer vos propres menus. Au début, cela vous demandera un peu d’effort, ainsi que de la vigilance
avec les ingrédients, qui contiennent souvent plus de sucre qu’on ne le pense, mais avec le temps, cette alimentation deviendra intuitive et facile à préparer.
Note: une cuillère à thé (c. à t.) correspond à une cuillère à café soit 5 ml.
Menu cétogène pour 4 personnes/pour 1 semaine
LUNDI
Petit déjeuner
Café crème
glucides nets: 2 g
Déjeuner
Beignets de courgettes et saumon
glucides nets: 3 g
Dîner
Poulet frit aux légumes rôtis tricolores
glucides nets: 9 g
MARDI
Petit déjeuner
Café crème
glucides nets: 2 g
Déjeuner
Poulet frit aux légumes rôtis tricolors
glucides nets: 9 g
Dîner
Salade d’avocat, bacon et fromage de chèvre
glucides nets: 9 g
MERCREDI
Petit déjeuner
Café crème
glucides nets: 2 g
Déjeuner
Salade d’avocat, bacon et fromage de chèvre
glucides nets: 9 g
Dîner
Casserole de poisson aux champignons et à la moutarde de Dijon
glucides nets: 9 g
JEUDI
Petit déjeuner
Café crème
glucides nets: 2 g
Déjeuner
Casserole de poisson aux champignons et à la moutarde de Dijon
glucides nets: 9 g
Dîner
Quiche française
glucides nets: 5 g
VENDREDI
Petit déjeuner
Café crème
glucides nets: 2 g
Déjeuner
Quiche française
glucides nets: 5 g
Dîner
Côtelettes de porc avec sauce crémeuse au fromage bleu
glucides nets: 4 g
SAMEDI
Petit déjeuner
Sandwich petit déjeuner sans pain
glucides nets: 4 g
Déjeuner
Côtelettes de porc avec sauce crémeuse au fromage bleu
glucides nets: 4 g
Dîner
Poulet rôti à la provençale
glucides nets: 5 g
DIMANCHE
Petit déjeuner
Sandwich petit déjeuner sans pain
glucides nets: 4 g
Déjeuner
Poulet rôti à la provençale
glucides nets: 5 g
Dîner
Steak savoureux à la sauce béarnaise
glucides nets: 3 g
Liste de courses
pour 4 personnes/pour 1 semaine
PRODUITS LAITIERS
ŒUFS 33
CAFÉ 5l
GRAISSES ET HUILES
Beurre 1,7 kg
Huile d’olive 600 ml
LÉGUMES
Roquette 350 g
Avocats 4
Brocolis 900 g
Choux de Bruxelles 900 g
Tomates cerises 1 kg
Haricots verts frais 400 g
Citrons 2
Laitues 2
Champignons 1,1 kg
Tomates 4
Courgette verte moyenne 1
Raifort (en pot ou une racine fraîche)
PROTÉINES
Bacon 475 g
Pilons de poulet 1,8 kg
Jambon fumé 120 g
Poitrine de porc fumée 400 g
Poisson blanc 900 g
Saumon 425 g
Blancs de poulet 8
Côtelettes de porc 2,2 kg
Steaks de faux-filet 1,6 kg
Oignon jaune 1
Oignon blanc 1
Oignons verts 2
Gousses d’ail 10
Olives 225 g
Estragon frais
Persil frais
Aneth frais
Origan séché
Romarin séché
Thym séché
Ail en poudre
Sel de mer
Poivre noir moulu
Oignon en poudre
Poudre de paprika
Moutarde de Dijon
Mayonnaise
Tabasco (facultatif)
Vinaigre de vin blanc
Vinaigre de cidre
Cornichons à l’aneth
Graines de sésame 50 g
Noix de Grenoble 230 g
Poudre d’amande 200 g
Psyllium 20 g
CAFÉ CRÈME
700 ml de café (infusé selon vos goûts), 250 ml de crème fraîche entière
OPTIONNEL: saupoudrer d’un peu de cacao non sucré ou ajouter de l’extrait de vanille à la crème.
206 kcal
BEIGNETS
de courgettes et saumon
Pour les beignets: 425 g de saumon en conserve égoutté, 1 courgette moyenne râpée et égouttée, 2 c. à s. d’oignons blancs hachés
finement, 1 c. à s. de psyllium (8 g), 1 œuf, 1 c. à t. de sel, ½ c. à t. de poivre, 125 g de beurre (pour la cuisson)
Pour la sauce tartare: 1 c. à s. de mayonnaise, 1 c. à s. de yaourt à la grecque entier nature, ½ c. à s. de crème fouettée épaisse, 2 c. à t. de
raifort frais, 1 cornichon à l’aneth haché, 1 c. à s. d’oignons verts hachés finement, ½ c. à s. d’aneth frais émincé (facultatif), 2 c. à t. de
vinaigre de cidre, sel et poivre
• Émietter le saumon. Dans un grand bol, combiner tous les ingrédients pour les beignets de courgettes, à l’exception du beurre.
• Bien mélanger avec une cuillère en bois jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène. Réserver quelques minutes pendant la préparation de la sauce tartare.
• Verser tous les ingrédients pour la sauce tartare dans un petit récipient et bien mélanger. Réserver au frais.
• Chauffer ensuite une poêle à feu moyen. Faire fondre le beurre et, avec une cuillère en bois, y déposer une portion de la préparation pour beignets. Presser le
beignet à plat avec la cuillère et tapoter les bords pour obtenir un contour rond et lisse. Cuire jusqu’à ce que le premier côté soit doré puis retourner et cuire de
l’autre côté.
• Faire cuire d’autres beignets, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pâte.
• Lorsque les beignets sont bien cuits des deux côtés, les mettre au four pour les garder au chaud.
• Servir avec la sauce tartare et une salade d’accompagnement ou des bâtonnets de légumes.
DÉJEUNER DE LUNDI
Pour les légumes rôtis: 900 g de choux de Bruxelles, 450 g de tomates cerises, 450 g de champignons, 2 c. à t. de sel de mer, 1 c. à t. de
poivre noir moulu, 2 c. à t. de romarin séché, 225 ml d’huile d’olive
Pour le poulet frit: 8 blancs de poulet, 50 g de beurre (ou 45 ml d’huile d’olive) pour la cuisson, 225 g de beurre aux herbes pour servir
(voir recette page 266), sel et poivre
• Préchauffer le four à 200 °C. Placer les légumes entiers dans un plat allant au four.
• Ajouter le sel, le poivre et le romarin. Verser l’huile d’olive sur le dessus et mélanger pour bien enrober les légumes.
• Cuire au four pendant 20 minutes ou jusqu’à ce que les légumes soient légèrement caramélisés.
• Pendant ce temps, faites frire le poulet dans le beurre (ou de l’huile d’olive), saler et poivrer. Cuire jusqu’à ce qu’un thermomètre à viande inséré dans la plus
grande pièce indique 74 °C.
Pour la salade: 450 g de fromage de chèvre, 450 g de bacon, 4 avocats, 225 g de roquette, 225 g de noix
Pour la vinaigrette: 2 c. à s. de jus de citron, 225 ml de mayonnaise, 225 ml d’huile d’olive, 4 c. à s. de crème fraîche épaisse, sel et
poivre
• Préchauffer le four à 200 °C et placer du papier sulfurisé dans un plat allant au four.
• Couper le fromage de chèvre en tranches d’environ 1 cm et les placer sur le plat de cuisson. Enfourner sur la grille supérieure et laisser cuire jusqu’à ce
qu’elles soient dorées.
• À l’aide d’un mélangeur à immersion, préparer la vinaigrette avec le jus de citron, la mayonnaise, l’huile d’olive et la crème. Saler et poivrer au goût.
• Pour les salades qui seront mangées immédiatement: déposer 1/8 de la roquette dans 4 bols.
• Couper 4 avocats en morceaux et les déposer sur la roquette.
• Verser 1/8 de la vinaigrette sur chacune des quatre salades. Servir et déguster immédiatement.
• Pour les salades du lendemain, il est suggéré de garder les ingrédients préparés séparément, dans des contenants distincts, jusqu’au moment de servir. Si
possible, faire réchauffer le bacon et le fromage de chèvre avant d’assembler les salades.
1 251 kcal
CASSEROLE DE POISSON
aux champignons et à la moutarde de Dijon
600 g de champignons, 125 g de beurre, 1 c. à t. et demie de sel, poivre, 3 c. à s. de persil frais haché, 650 ml de crème fraîche entière, 2 à
3 c. à s. de moutarde de Dijon, 300 g de fromage râpé, 900 g de poisson blanc (par exemple de la morue), 900 g de brocoli ou de chou-
fleur, 125 g de beurre ou d’huile d’olive
• Couper les champignons en quartiers. Les faire frire dans le beurre jusqu’à ce qu’ils aient ramolli, environ 5 minutes. Ajouter le sel, le poivre et le persil.
• Verser la crème et la moutarde puis baisser le feu. Laisser mijoter 5 à 10 minutes pour réduire un peu la sauce.
• Saler et poivrer le poisson puis le placer dans un plat à four graissé. Saupoudrer 3/4 du fromage et verser ensuite les champignons à la crème. Couvrir avec le
reste du fromage.
• Cuire au four environ 30 à 40 minutes si le poisson est congelé ou 25 à 30 minutes s’il est frais. Vérifier la cuisson du poisson à l’aide d’un couteau tranchant
après 20 minutes; le poisson est cuit s’il se défait facilement à la fourchette. (Le poisson continuera à cuire pendant un certain temps après sa sortie du four.)
• Pendant la cuisson du poisson, préparer le plat d’accompagnement: couper le brocoli ou le chou-fleur (ou pourquoi pas un mélange des deux!) en fleurons.
Faire bouillir dans de l’eau légèrement salée pendant quelques minutes. Égoutter puis ajouter de l’huile d’olive ou du beurre.
Pour la pâte: 200 g de farine d’amande, 50 g de graines de sésame, 10 g de psyllium, 1 c. à t. de sel, 1 gros œuf, 75 g de beurre
Pour la garniture: 40 g de beurre, 400 g de bacon, pancetta ou poitrine de porc fumée, 1 oignon jaune, 1 c. à t. et demie de thym séché, 1
c. à t. de sel, 1 c. à t. et demie de poivre noir moulu, 325 ml de crème fraîche entière, 300 g de fromage râpé, 7 œufs
• Dans un robot culinaire (ou à la main dans un grand bol), mélanger tous les ingrédients pour la pâte à tarte jusqu’à ce que la consistance soit ferme.
• Placer du papier parchemin sur le fond d’un moule à charnière pour aider au démoulage. Étaler la pâte, avec des mains bien huilées ou une spatule, dans le
moule.
• Fouetter ensemble le reste des ingrédients et verser dans le moule, sur le bacon et l’oignon.
• Cuire à mi-hauteur pendant 45 à 55 minutes ou jusqu’à ce que la tarte ait pris une belle couleur dorée. Piquer la tarte avec un couteau pour s’assurer que le
mélange à base d’œufs soit suffisamment solide.
275 g de fromage bleu, choisi selon vos goûts, 350 ml de crème fraîche entière, 8 côtelettes de porc, sel et poivre, 400 g de haricots verts
frais, 4 c. à s. de beurre pour la cuisson, thym frais (facultatif)
• Émietter le fromage dans une petite casserole sur feu moyen. Ajuster la chaleur si nécessaire pour laisser fondre doucement. Attention à ne pas brûler le
fromage.
• Une fois le fromage fondu, ajouter la crème, remuer et augmenter un peu le feu. Laisser mijoter quelques minutes.
• Les cuire dans une poêle à feu moyen-fort pendant 2 à 3 minutes avant de les retourner. Les côtelettes sont cuites lorsque la température interne est comprise
entre 63 et 71 °C. Réserver et couvrir de papier d’aluminium pendant 2 à 3 minutes.
• Verser le jus de cuisson dans la sauce au fromage. Remuer et, si nécessaire, réchauffer à nouveau.
• Comme le fromage bleu est souvent assez salé, il est préférable de goûter la sauce avant d’ajouter du sel.
• Couper et rincer les haricots verts. Les faire cuire au beurre quelques minutes à feu moyen.
4 c. à s. de beurre, 8 œufs, sel et poivre, 50 g de jambon fumé, 10 g de fromage (cheddar, provolone ou edam) coupés en tranches épaisses,
quelques gouttes de Tabasco ou de sauce Worcestershire (facultatif)
Les instructions sont données pour 4 portions. Refaire la recette le lendemain matin.
• Déposer 2 c. à s. de beurre dans une grande poêle et la placer sur feu moyen.
• Casser 4 œufs et les faire cuire des deux côtés, sans les mélanger. Saler et poivrer selon le goût.
• Déposer enfin un 2e œuf au plat. Laisser les sandwichs dans la poêle, à feu doux, pour faire fondre le fromage.
• Verser quelques gouttes de sauce Tabasco ou Worcestershire sur chaque sandwich si désiré et servir immédiatement.
1,8 kg de pilons de poulet ou de cuisses de poulet, 450 g de tomates, 225 ml d’olives noires dénoyautées, 125 ml d’huile d’olive, 10
gousses d’ail émincées, 2 c. à s. d’origan séché, sel et poivre
Accompagnement: 400 g de laitue, 475 ml de mayonnaise, le zeste d’½ citron, 2 c. à t. de poudre de paprika, sel et poivre
• Arroser d’une quantité généreuse d’huile d’olive. Saupoudrer d’origan, saler et poivrer.
• Cuire au four jusqu’à ce que le poulet soit complètement cuit. Cela devrait prendre environ 45 à 60 minutes, selon la taille des pièces. En cas de doute, vérifier
la température interne avec un thermomètre à viande. Le poulet est cuit lorsque la température atteint 75 °C.
Pour la sauce béarnaise: 8 jaunes d’œufs à température ambiante, 4 c. à t. de vinaigre de vin blanc, 1 c. à t. d’oignon en poudre, 4 c. à s.
d’estragon frais haché finement, 550 g de beurre, sel et poivre
Pour les steaks: 8 steaks de faux-filet à température ambiante, 4 c. à s. de beurre (ou plus selon votre goût!), sel et poivre
Pour la salade: 110 g de roquette, 110 g de laitue, 450 g de tomates cerises coupées en quatre
Préparation de la sauce:
• Séparer les jaunes des blancs d’œufs et placer les jaunes dans un petit bol résistant à la chaleur. (Réserver les blancs pour un autre usage.)
• Mélanger le vinaigre, l’oignon en poudre et l’estragon dans un autre petit bol puis réserver.
• Fouetter les jaunes avec un batteur jusqu’à obtenir une consistance lisse.
• Faire fondre doucement le beurre dans une casserole. Ne pas le laisser devenir trop chaud. Vous devriez pouvoir y mettre votre doigt sans vous brûler.
• Ajouter le beurre avec précaution dans les jaunes tout en continuant de fouetter. Augmenter la vitesse lorsque la sauce commence à s’épaissir. Éviter
d’incorporer dans la sauce les protéines de lait blanches provenant du beurre fondu.
• Saler et poivrer selon le goût. Garder la sauce au chaud (voir notre conseil ci-contre).
Préparation du steak:
DÎNER DE DIMANCHE
CONSEIL: pour garder la sauce béarnaise chaude, amener un peu d’eau à ébullition dans une petite casserole. Retirer du feu et déposer le bol contenant la sauce
béarnaise sur la casserole. Le bol ne doit pas toucher l’eau bouillante mais doit en recevoir la vapeur.
BEURRE
aux fines herbes
275 g de beurre à température ambiante, 2 gousses d’ail pressées, 1 c. à s. d’ail en poudre, 8 c. à s. de persil frais haché finement, 2 c. à t.
de jus de citron, 1 c. à t. de sel
• Laisser reposer 15 minutes ou plus pour que les saveurs se développent avant de servir.
CONSEIL: si vous préparez à l’avance le beurre aux fines herbes, placez-le au réfrigérateur. Il se conserve plusieurs mois au congélateur.
L
orsque j’ai commencé à écrire ce livre, au printemps de 2019, je désirais surtout parler des maladies chroniques liées au style de vie qui sont de
plus en plus prévalentes dans notre société moderne, expliquer leurs racines communes et démontrer le rôle que pouvaient jouer l’alimentation et
le jeûne dans leur amélioration, leur maîtrise voire même leur renversement. Je ne savais pas, à cette époque, à quel point ces maladies allaient frapper
de plein fouet et décimer une forte proportion des personnes qui en sont atteintes, dans la pandémie qui se préparait.
Quiconque travaille dans le domaine de la santé est confronté quotidiennement aux maladies chroniques liées au mode de vie moderne et à tous les effets pervers
et secondaires qu’elles peuvent engendrer. Nous voyons de plus en plus de patients être toujours plus malades et prendre toujours plus de médicaments, sans que
ceux-ci ne parviennent à les soulager et encore moins à les guérir. C’est à croire que nous ne travaillons pas dans le domaine de la santé mais dans celui de la
maladie. Et c’est à croire, aussi, que personne ne veut que cela change… Les maladies chroniques sont «rentables» lorsqu’elles sont traitées de manière
conventionnelle, avec un lot de médicaments à la clé. Elles ne le sont plus si elles sont traitées avec bon sens, c’est-à-dire tout simplement en agissant sur
l’amélioration des habitudes de vie. Mais le système de santé ne s’y intéresse pas. Il préfère le statu quo, étant soutenu par de puissantes tierces parties qui y ont
d’importants intérêts financiers.
Pourtant, l’urgence de s’attaquer aux racines des maladies chroniques liées au style de vie, en particulier liées à l’alimentation, est devenue encore plus évidente
au début de l’an 2020, avec la propagation du coronavirus SARS-CoV-2, qui a entraîné la pandémie de Covid-19. En effet, des données émergentes en
provenance de divers pays comme la Chine, l’Italie, l’Espagne et les États-Unis, permettent à l’heure actuelle de mieux comprendre qui sont les personnes les
plus à risque de décéder de la Covid-19 ou de devoir être hospitalisées à l’unité de soins intensifs.
Parmi les principaux facteurs de risque qui ont été identifiés jusqu’à maintenant, citons l’âge avancé (surtout s’il est supérieur à 70 ans), l’obésité, le diabète de
type 2, l’hypertension artérielle et la carence en vitamine D. À part l’âge, qui mériterait une analyse plus poussée (est-ce seulement l’âge ou le fait qu’en
Occident, plus on vieillit et plus on a tendance à être en mauvaise santé métabolique, sédentaire et en piètre forme physique?), les autres facteurs font partie des
problèmes de santé métabolique liés, entre autres, à l’alimentation.
Il est donc évident qu’il est plus que jamais primordial d’améliorer sa santé métabolique, à court et à long termes. La Covid-19 nous montre très clairement que le
surpoids, le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle sont des tueurs, des problèmes de santé qui rendent le système immunitaire dysfonctionnel et qui
précipitent les complications et le décès. Nous le savions déjà, mais nous avions tendance à accepter la chronicité de ces problèmes et le fait que les
complications allaient survenir tôt ou tard. Cela causait sans doute une certaine inertie, autant chez les patients que chez les professionnels de la santé, qui
espéraient peut-être tous que «quelque chose» change, un jour.
Les maladies métaboliques liées au style de vie vous tuent à petit feu, la Covid-19 le fait plus rapidement, mais
souvent pour les mêmes raisons.
Votre santé métabolique ne va pas changer si vous attendez des actions du gouvernement, des compagnies pharmaceutiques ou agroalimentaires, la prochaine
pilule miracle… ou la prochaine pandémie. Les maladies métaboliques liées au style de vie vous tuent à petit feu, la Covid-19 le fait plus rapidement, mais
souvent pour les mêmes raisons. N’attendez pas que la maladie décide de votre futur et de votre future qualité de vie. Vous n’êtes pas condamné à subir ces
maladies pour le reste de vos jours. Vous pouvez choisir de reprendre le contrôle de votre santé.
Ce livre, je l’espère, vous guidera et vous inspirera. Il a été écrit, d’abord et avant tout, pour vous donner les connaissances nécessaires pour comprendre ce qui
ne va pas actuellement et ce que vous pouvez faire pour commencer à cheminer dans la direction opposée de la maladie. Reprenez le gouvernail en main et
changez le cap. Vous seul pouvez faire ce choix. Et dans la vie, tout commence par un choix, avec lequel on renoue à chaque instant, à chaque repas. J’espère de
tout mon cœur de docteur que vous choisirez la santé, car c’est le meilleur choix qui soit!
RESSOURCES
De la même autrice
Perdre du poids en mangeant du gras montre comment le régime cétogène permet une perte de poids durable et sans fringales par son action sur la régulation des
taux d’insuline. Il explique les grands principes de l’alimentation faible en glucides et riche en bonnes graisses et démonte les mythes qui l’entourent. Il propose
aussi de nombreuses recettes savoureuses faciles à cuisiner ainsi que de nombreux trucs et astuces pour bien réussir son changement d’alimentation. Perdre du
poids n’aura jamais eu si bon goût!
Ce livre a été traduit en anglais, sous le nom de Eat fat to lose weight with the keto and low-carb diet
Après le succès du livre Perdre du poids en mangeant du gras, le tome 2 constitue une suite et un complément pour vivre facilement le céto au quotidien, avec
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contiennent moins de 10 g de glucides nets par portion. Au menu: viandes, poissons et fruits de mer, mais aussi soupes et salades gourmandes, plats végétariens,
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Les sites Internet indispensables
www.cliniquereversa.com
C’est le site de notre clinique et il contient beaucoup d’informations utiles. Nous y ajoutons périodiquement des articles d’intérêt. Les patients qui veulent
s’inscrire à notre programme de six mois doivent le faire à partir de notre site.
Depuis l’apparition de la Covid-19, nous offrons un programme entièrement en ligne, accessible à tous, sans restriction par rapport au pays de résidence (en
français seulement), mais avec certaines adaptations et différences. N’hésitez pas à consulter notre site ou à nous écrire à info@cliniquereversa.com pour de plus
amples renseignements.
Cette chaîne YouTube a été créée par une de mes collègues, Dre Hala Lahlou. Elle l’a conçue pour ses propres patients, afin de raccourcir un peu la durée de leurs
visites médicales.
Dre Lahlou est médecin de famille et pratique la médecine familiale et la médecine métabolique à Montréal.
www.dietdoctor.com
(utilisez un traducteur automatique dans votre navigateur pour lire en français)
Ce site est le plus complet et le plus fiable de tous les sites sur l’alimentation faible en glucides et l’alimentation cétogène, à mon avis. Il contient d’innombrables
recettes, de nombreux articles scientifiques, des vidéos et beaucoup d’autres infos. Pour l’instant, le site est publié en suédois, anglais et espagnol, mais il est
possible qu’il soit traduit en français prochainement. Les menus et les recettes du livre que vous avez entre les mains proviennent de Diet Doctor, avec leur
permission.
Les applications utiles en français pour calculer et suivre ses macros
Il peut être utile lors de la transition vers une alimentation céto ou bien lorsque la perte de poids atteint un plateau, de peser tout ce que l’on mange pour ensuite
entrer ces informations dans une application. Il sera ensuite possible de visualiser notamment la distribution des macronutriments, afin de savoir si votre
alimentation est véritablement faible en glucides ou cétogène. On peut aussi connaître la quantité de fibres et de micronutriments (vitamines et minéraux)
consommés, pour traquer d’éventuelles carences.
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Keto Mojo est une entreprise qui fabrique d’excellents lecteurs de glycémie-cétonémie qui peuvent être utiles dans un contexte d’alimentation cétogène et que je
n’hésite pas à recommander étant donné leur qualité, leur fiabilité et leur coût intéressant. Vous pouvez commander un appareil et des bandelettes directement sur
leur site Internet.
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