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Espèces Speciation 2013
Espèces Speciation 2013
Espèces et spéciation
Karl von Linné (1758) : « appartiennent à une même espèce tous les individus
conformes à un certain type ». Cette conception typologique de l’espèce est basée
sur des critères morphologiques. Sans aucune ironie, cette définition est
aujourd’hui valable pour les jardiniers.
Baron Cuvier (1817) : « c’est une collection de tous les organismes nés les uns des
autres ou de parents communs, et qui leur ressemble autant qu’ils se ressemblent
entre eux ». Cette conception est basée sur des critères mixologiques et
morphologiques. Cette définition peut parfois suffire (malheureusement !!) à
certains ingénieurs agronomes pour lesquels la population n’est entrevue qu’à
travers le prisme de la production.
Ernst Mayr (1942) : « les espèces sont des groupes de populations naturelles
interfécondes et qui sont reproductivement isolés d’autres groupes semblables ».
Cette conception exclue le critère morphologique, conserve le critère mixologique
et ajoute la notion de populations naturelles. Ce dernier point fait allusion à deux
éléments :
- la structuration géographique de l’espèce
- le pool génétique commun
1 Génétique évolutive
Chapitre : Espèces et spéciation
Cours de Mr Jean-Rémi PAPE (MCU Bordeaux 1)
L’espèce est représentée par un type La variation intraspécifique est une caractéristique
dont la définition est structurale fondamentale de l’espèce.
L’espèce polytypique est dimensionnelle
L’espèce est séparée de ses voisines par une (variation des individus dans l’espace) et
discontinuité morphologique. C’est un système peut inclure de nouvelles sous-espèces.
fermé. Elle constitue un système relativement ouvert,
du moins non fermé.
C’est la population ou plutôt un groupe de
La catégorie taxinomique de rang le plus bas populations (race géographique, sous-espèce).
est l’espèce. L’espèce est formée de la réunion de sous-espèces
interfécondes.
La nomenclature est binomiale. L’espèce est décrite par un système trinomial
Ex : Rana esculenta Ex : Parus major aphrodite
Les populations centrales d’une espèce sont plus polymorphes que les populations
périphériques. Au centre des populations, les conditions génétiques sont donc
optimales car il existe de véritables brassages génétiques. Le polymorphisme des
populations centrales est supérieur au polymorphisme des populations
périphériques.
1. La variation en cline
2 Génétique évolutive
Chapitre : Espèces et spéciation
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Notons que les clines peuvent être lisse (smooth) ou à paliers (stepped). Ainsi la
fitness d’un gène A peut progressivement diminuer ou augmenter sur l’aire
géographique d’étude ou, au contraire, présenter une rupture sèche de sa valeur.
Dans ce dernier cas, la variation abrupte (step) est liée à un écotone (zone de
transition entre deux écosystèmes.
Une partie de l’espèce se détache de son aire géographique. Autre cas, les sous-
espèces sont désormais séparées par une barrière (géographique, écologique,
éthologique). Selon le temps de séparation (court ou long), il peut survenir des
divergences sous l’action de la dérive génétique ou de la sélection. Ceci concerne
les espèces des iles, des montagnes et des vallées.
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Chapitre : Espèces et spéciation
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divergence génétique est telle que les extrêmes ne peuvent plus se croiser
(espèces en anneau ou ring species).
La zone encadrée de rouge est ici secondaire (retour après isolement).
Exemples célèbres :
les goélands argentés (Larus argentatus) et bruns (L. fuscus) avec une
répartition sur la zone [Iles britanniques-Canada-Sibérie orientale-
Sibérie Occidentale-Finlande-Suède-Iles Brittaniques]
les salamandres (Ensatina) de Central Valley en Californie,
les pouillots verdâtres (Phylloscopus trochiloides) de l’Himalaya.
Conclusion partielle :
Dans la pratique, une espèce ne constitue jamais un continuum biologique mais une
série de populations. La population est l’unité de base du monde vivant.
Si on veut définir une population par son étendue géographique, sa structure, son
pool génique, elle sera caractérisée par les échanges qu’elle effectue en
permanence avec les populations voisines. Ces échanges assurent la cohésion de
l’espèce et conditionnent l’essentiel de sa dynamique.
4 Génétique évolutive
Chapitre : Espèces et spéciation
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Chapitre : Espèces et spéciation
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contre sélection (IR postZ intrinsèque) des hybrides (charge parasitaire, stérilité
mâle et baisse de la fécondité des femelles).
Remarques générales:
Le gaspillage est plus grand avec les mécanismes postzygotiques.
L’isolement reproductif est acquis non par un mais par deux ou plusieurs
mécanismes différents. L’association de ces mécanismes est soit successive soit
simultanée. Certains mécanismes sont plus fréquents chez les végétaux : isolement
temporel. D’autres le sont chez les animaux, comme l’isolement sexuel ou
éthologique.
Expérience princeps
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1. La spéciation sympatrique
Cette spéciation se déroule sur un même territoire et peut être rattachée aux
phénomènes de sélective disruptive (exemple : insectes phytophages avec
plantes hôtes différentes voir Rhagoletis ci dessous) ou d’homogamie.
Il y aurait un déterminisme génétique liant les traits d’adaptation à la niche
écologique, du choix de la niche et du partenaire sexuel utilisant la même
niche. Cela pourrait être un gène pléiotrope qui contrôlerait ces différents
traits.
Observations
La mouche qui se reproduit dans les pommes appartient à une race distincte de
celle qui se reproduit dans le fruit de l'aubépine (cenelle).
Les mouches adultes émergent pour se reproduire avant que les fruits ne soient
mûrs.
La femelle dépose les oeufs fécondés dans le fruit mûr.
Des larves éclosent, se nourrissent du fruit et se transforment en nymphe/pupe
(Reissig, 1991).
Les pommes mûrissent environ un mois plus tôt que les cenelles, mais il y a
chevauchement entre la fin de la saison des pommes et le début de la saison
des cenelles (Belocher et Feder, 2002).
9 Génétique évolutive
Chapitre : Espèces et spéciation
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b. D’autres exemples
« Les preuves de la spéciation sans frontières. » P Capy. Les dossiers de la
Recherche, n°27, Mai 2007, 26-27
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Présentation du modèle
DIAPO Mettler et Cregg
Au niveau de l’espèce initiale A : il y a répartition sur l’ensemble du territoire.
Ensuite il y séparation par une barrière extrinsèque en 2 (ou plus) grandes
populations constituant autant de races géographiques. Les unités ainsi isolées vont
diverger génétiquement et ceci de façon graduelle. La croix rouge marque un
début d’isolement reproductif, une incompatibilité. Avec deux croix rouges, on
atteint un stade où l’isolement sexuel est complet. Ce modèle est dû à deux
botanistes : Mettler et Gregg.
11 Génétique évolutive
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Différence chromosomique
Comportement sexuel
Distribution géographique
Différence morphométrique
Phylogénie des enzymes (différence électrophorétique
entre 36 loci codant les enzymes)
I est l’identité génétique, c’est à dire la proportion de gènes identiques dans les
deux groupes de populations comparées (I varie de 0 à 1)
D est la distance génétique, c’est à dire une estimation du nombre de substitutions
alléliques par locus (D varie de 0[pas de changement génétique] à ∞ [chaque locus
peut subir plusieurs fois une substitution génétique]).
Niveau de comparaison I D
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Il n’y a plus d’unité sur le plan évolutif de l’organisme. L’ensemble des niveaux
donnent l’impression d’être autonomes (semi-dépendance). Il y a le problème du
passage du génotype au phénotype.
Les résultats du tableau concordent avec le diagramme. La première étape (A)
demande une quantité de changement génétique (23%). Un faible changement
génétique supplémentaire est nécessaire à la 2ème étape (B).
Commentaires :
Il s’agit d’un ensemble de travaux fondamentaux exécutés par les synthéticiens sur
les mécanismes de spéciation. Ce modèle de spéciation par races géographiques est
le plus connu. La spéciation est ici due à la sélection naturelle (étape B). Elle
n’explique cependant pas l’évolution en mozaïque, les différents niveaux se
transformant à des rythmes différents.
Même si ce modèle est sympathique et semble marcher réellement, peut-on
l’extrapoler à l’ensemble des êtres vivants ?
13 Génétique évolutive
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14 Génétique évolutive
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Ceci a été imaginé par un synthéticien et pourtant il a pris comme facteur moteur
la dérive génétique.
1. Réduction de la taille de la population
2. Coupure du flux génique entre population mère et
fondatrice
3. La spéciation paléogéographique
*L’ANAGENESE
C’est le mécanisme d’évolution phylétique cher aux paléontologues.
*La FUSION de deux espèces
L’exemple le plus célèbre est l’hybridation de deux espèces.
*La CLADOGENESE
Il s’en suit une multiplication des espèces. On peut parler de véritable spéciation.
15 Génétique évolutive
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démontré qu’il existe aussi de la spéciation sympatrique comme par exemple la polyploïdie
chez les végétaux.
Modèle de Simpson (1940) : L’évolution phylétique est une division graduelle des
populations dans le temps c’est à dire une anagenèse entrecoupée de crises de
cladogenèse, c’est à dire par des évènements de divergence de populations
phylétiques. (ex : Kosmoceras, ammonite du jurassique)
16 Génétique évolutive
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marginale. Les fossiles de chacun des milieux sont passés à l’examen minutieux des
spécialistes.
Reflexions diverses
La discontinuité est-elle due à des artéfacts ?
Serait-elle exclusivement contingente ou bien ne trahirait elle pas un aspect du
processus de la spéciation ? Gould retient ce dernier aspect. Dans sa théorie il
retient de longues périodes d’équilibre puis de brèves crises de spéciation
allopatrique. Un tel changement brutal peut être le fait d’une action conjointe de
la dérive génétique et de la migration.
Les facteurs moteurs décrits par Simpson peuvent être envisagés pendant ces
courtes périodes de crises. En effet, des isolats géographiques, une population
fondatrice, un flux génique coupé, un N faible, engendrent des transformations
instantanées à l’échelle géologique. Ce nouveau modèle est en rupture avec le
modèle phylétique graduel de Simpson et la lenteur des mécanismes avancés.
17 Génétique évolutive
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4. La spéciation stasipatrique
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