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P0SE1004
PHYSIQUE 1 - OPTIQUE GÉOMÉTRIQUE
Jérôme Degert
INTRODUCTION 1
i
ii TABLE DES MATIÈRES
4 L’Œil et la vision 33
I L’œil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
I.1 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
I.2 L’œil réduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
I.3 Accommodation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
I.4 Pouvoir séparateur, pouvoir de résolution . . . . . . . . . . . . . . . 36
II Quelques défauts de l’œil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
II.1 La myopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
II.2 L’hypermétropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
II.3 La presbytie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
II.4 L’astigmatisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
5 Instruments d’optique 41
I Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
I.1 Caractéristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
I.1.a Puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
I.1.b Grossissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
I.1.c Pouvoir de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
II La loupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
II.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
II.2 Puissance de la loupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
II.3 Grossissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
TABLE DES MATIÈRES iii
INTRODUCTION
L’objectif de ce cours est simple : en tant que biologistes ou géologues, vous allez être
amenés, que ce soit durant vos études ou ultérieurement, à observer des échantillons au
travers d’un microscope optique. Nous allons donc nous efforcer de comprendre au mieux le
fonctionnement de cet instrument afin que vous puissiez vous en servir de manière optimale.
(a) (b)
Fig. 1 – (a) Microscope optique (©2004 University of Victoria). (b) Zoom du schéma
précédent au niveau de l’échantillon (©2012 Olympus America Inc.).
image suffisamment “grossie” de ce dernier pour que notre œil puisse en résoudre les dé-
tails. Remarquons, au passage, que l’échantillon est en général placé entre une lame et une
lamelle de verre afin d’être manipulé aisément et d’éviter tout contact avec les optiques.
Ces lames ne sont pas que de simples “bouts” de verre, elles constituent également des
systèmes optiques pouvant affecter la qualité de l’image finale donnée par le microscope.
à l’autre extrémité du microscope, on trouve l’œil, lui aussi un système optique avec ses
caractéristiques propres variant d’un individu à l’autre, caractéristiques qui sont également
susceptibles d’affecter les performances du microscope. Pour finir, la lumière, de part sa
nature ondulatoire, introduit une limite ultime au pouvoir de séparation du microscope op-
tique : ce dernier ne peut être inférieur à la longueur d’onde de la lumière. Pour descendre
en deça de cette limite, il faut passer à des méthodes de microscopie électronique.
On voit donc qu’une bonne maîtrise des lois de l’optique dite géométrique est né-
cessaire pour bien appréhender le fonctionnement d’un microscope. Les phénomènes de
réflexion et de réfraction ainsi que les notions très importantes d’objet et d’image seront
vues aux chapitres 1 et 2. Puis nous aborderons l’étude des lentilles minces au chapitre 3.
Dans les deux derniers chapitres du cours, nous appliquerons les connaissances propres aux
lentilles tout d’abord à l’étude de l’œil et ses défauts (chapitre 4), et, une fois cette étude
complétée, nous pourrons enfin aborder le “Graal” de ce cours : le microscope.
Chapitre 1
I Généralités
I.1 Nature de la lumière
Suite aux travaux théoriques et expérimentaux de Maxwell et Hertz à la fin du XIXe
siècle, on sait que tous les phénomènes lumineux à notre échelle s’expliquent bien si l’on
considère que la lumière est une onde électromagnétique, c’est-à-dire un champ électrique
~ et un champ magnétique B
E ~ variant conjointement dans l’espace et dans le temps.
On sait également que la lumière peut se propager dans le vide (lumière provenant
du Soleil ou des étoiles), mais aussi dans certains milieux matériels dits transparents (le
verre par exemple). Dans ce cours, nous ne nous intéresserons qu’aux milieux transparents
homogènes et isotropes (MHTI), un milieu matériel étant :
– homogène si ses propriétés sont les mêmes en tout point ;
– isotrope si ses propriétés sont les mêmes dans toutes les directions.
La vitesse de propagation de la lumière, notée v, dépend de la nature du milieu de
propagation. Dans le vide :
v = c = 3 · 108 m · s−1 ,
tandis que dans tout autre milieu, l’expérience montre que v < c.
Il existe un type d’onde lumineuse particulièrement important : l’onde monochro-
matique correspondant à une couleur unique. Une telle onde a une évolution purement
sinusoïdale à la fois dans l’espace et dans le temps. Dans le vide, une telle onde est donc
caractérisée par :
– sa période (temporelle) T (en s) ou encore sa fréquence ν = 1/T (en Hz, avec
1 Hz = 1 s−1 ) ;
– sa période spatiale ou longueur d’onde dans le vide λ (en m).
4 Chapitre 1. Les lois de l’optique géométrique
Avec
c
λ = cT =
.
ν
En fait, la sensation de couleur est directement liée à la longueur d’onde dans le vide,
les ondes électromagnétiques monochromatiques auxquelles notre œil est sensible ayant
une couleur allant du violet au rouge en passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
L’ensemble de ces ondes électromagnétiques “visibles” constitue donc ce que l’on appelle
communément la lumière, elles ont une longueur d’onde dans le vide telle que :
(a) (b)
Fig. 1.1 – (a) Spectre de la lumière blanche. (b) Spectre de raies du sodium.
Diaphragme circulaire
de grand diamètre
O
O
Fig. 1.2 – Mise en évidence de la propaga-
Ecran tion rectiligne de la lumière.
Considérons une source lumineuse ponctuelle S isotrope, c’est-à-dire une source émet-
tant de la lumière dans toutes les directions (figure 1.2). Si on intercalle un diaphragme
b
Notons que, d’après ce qui précède, le vide n’est pas dispersif.
6 Chapitre 1. Les lois de l’optique géométrique
Fig. 1.3 – (a) Faisceau parallèle. (b) Faisceau convergent. (c) Faisceau divergent.
Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la notion de rayon lumineux n’est qu’une
modélisation bien pratique pour comprendre la propagation de la lumière, mais qui n’a
pas de réalité physique car on ne peut pas isoler un rayon unique. En effet, considérons
l’expérience suivante : on envoie sur un diaphragme circulaire, de diamètre a, un faisceau
parallèle de lumière monochromatique de longueur d’onde λ (le faisceau issu d’un laser
He-Ne par exemple), et on observe la lumière transmise sur un écran. En diminuant pro-
gressivement a, nous devrions finir par isoler un rayon lumineux que l’on peut voir comme
étant un faisceau parallèle infiniment fin. Lorsque a À λ (fig. 1.4a), on observe sur l’écran
une tache lumineuse circulaire de diamètre a conformément au principe de propagation
rectiligne des rayons lumineux ; si on diminue a, on constate que la tache, au lieu de dimi-
nuer en taille, s’élargit progressivement (fig. 1.4b) : c’est le phénomène de diffraction, lié
au caractère ondulatoire de la lumière, le faisceau divergeant d’un angle θ ' λ/a.
Cette expérience montre donc que l’on ne peut pas isoler un rayon lumineux. En outre,
on constate que les rayons lumineux ne se propagent plus en ligne droite lorsque la lumière
traverse des ouvertures de dimensions comparables à sa longueur d’onde. Par la suite,
nous supposerons que les dimensions des diaphragmes limitant les faisceaux
lumineux sont toujours grandes devant la longueur d’onde λ de la lumière, ce
III Les lois de l’optique géométrique 7
θ
a a
Ecran
Fig. 1.4 – Étalement d’un faisceau lumineux par un diaphragme de faible ouverture.
réfléchie par la surface de l’eau comme sur un miroir ; c’est le phénomène de réflexion de la
lumière. L’autre partie de la lumière est transmise dans l’eau en changeant de direction ;
c’est le phénomène de réfraction.
N
N
plan i1
d’incidence
r
rayon
rayon
i1 réfléchi
incident
milieu 1 milieu 1
(indice n1) (S ) I milieu 2
(S ) I rayon
réfracté
milieu 2
dioptre (indice n2) i2
(a) (b)
Considérons un rayon lumineux arrivant en un point I situé sur la surface (S) d’un
dioptre (fig. 1.6a) : ce rayon est appelé rayon incident ; le point I étant le point d’in-
cidence. Soit IN la normale en I à la surface. On appelle plan d’incidence le plan
défini par la normale au dioptre et le rayon incident. L’angle d’incidence i1 est
l’angle entre le rayon incident et la normale IN .
En I, le rayon incident donne naissance à un rayon réfléchi faisant un angle r (angle
de réflection) avec IN , et à un rayon transmis, appelé rayon réfracté, faisant un angle i2
(angle de réfraction) avec la normale au dioptre (cf. figure 1.6b).
Les lois de Snell-Descartes, valables que le dioptre soit plan ou non, sont les suivantes :
1. le rayon réfléchi et le rayon réfracté sont dans le plan d’incidence ;
2. l’angle de réflexion est égal à l’angle d’incidence (première loi) : r = i1 ;
3. l’angle d’incidence i1 et l’angle de réfraction i2 sont liés par la relation :
n1 sin i1 = n2 sin i2 (deuxième loi).
Remarque :
1. Si ce même rayon arrive sur un miroir, il est entièrement réfléchi, il n’y a pas de rayon
transmis.
2. Lorsque :
• i1 = 0◦ , on dit que le rayon incident est en incidence normale ;
• i1 = 90◦ , le rayon incident est dit en incidence rasante.
III Les lois de l’optique géométrique 9
3. La deuxième loi de Snell montre qu’un rayon en incidence normale traverse le dioptre
sans subir de déviation :
i1 = 0 =⇒ i2 = 0.
hypoténuse
côté opposé
θ
côté adjacent Fig. 1.7 – Triangle rectangle.
Comme les fonctions sinus, cosinus et tangente jouent un rôle central en optique géo-
métrique, nous allons brièvement rappeler quelques propriétés essentielles de ces fonctions.
Pour cela, considérons le triangle rectangle de la figure 1.7, on a :
Lorsque les angles sont très petits, on utilise la minute d’arc (symbole 0 ) pour mesurer les
angles, avec
1◦
10 = .
60
De toutes les unités que nous venons d’introduire, il en est une qui joue un rôle plus
important que les autres, c’est le radian. La raison en est la suivante : lorsque θ est petit
(θ ≤ 15◦ ' 0,262 rad), on montre que (approximation des petits angles)
sin i2 ' i2 . Dans ces conditions, la deuxième loi de Snell-Descartes prend la forme suivante
appelée loi de Kepler :
n1 i1 = n2 i2 .
Cette loi est tout aussi importante que la deuxième loi de Snell, car elle est à la base
de l’étude de tous les systèmes optiques dont les lentilles minces.
(a) N (b) N
i1
i1
n1 I n1
I n2 > n1 n2 > n1
i2 = ilim
i2
n1 > n2 =⇒ i1 < i2 .
i1 N ir N ir N
i1 i1
n1 n1 n1
n2 < n1 I n2 < n1 I n2 < n1 I
i2 = π/2
i2
(a) (b) (c)
L’angle de réfraction atteint sa valeur maximale (i2 = π/2 rad) pour un certain angle
d’incidence ir appelé angle d’incidence limite (figure 1.9b). ir est donc tel que :
π n2 indice du milieu le moins réfringent
n1 sin ir = n2 sin =⇒ sin ir = = .
2 n1 indice du milieu le plus réfringent
Comme le rayon réfracté ne peut former avec la normale un angle i2 > π/2 rad, il disparaît
lorsque i1 > ir . Toute la lumière se retrouve donc dans le rayon réfléchi : c’est le phénomène
de réflexion totale (figure 1.9c). Le dioptre se comporte alors comme un miroir.
Dans ce cas, le rayon réfracté n’existe que si i1 ≤ ir .
Pour finir, citons quelques applications utilisant la réflexion totale pour guider la
lumière :
– la fibre optique qui est utilisée en particulier dans le domaine des télécommunica-
tions (cf. TD) ;
– l’endoscope, qui permet d’observer, de photographier, voire même d’opérer à l’in-
térieur du corps (bronches, poumons, intestins, estomac, etc.). Il est constitué d’un
faisceau, de diamètre de l’ordre de quelques millimètres, de fibres optiques très
souples et de très faible diamètre d’une longueur de 2 m environ. Une partie des
fibres sert à guider la lumière jusqu’à la région à éclairer, tandis que l’autre partie
permet de visualiser la zone ainsi éclairée.
S
i1 +
cette direction. Il s’agit de l’angle de déviation. Avec l’orientation choisie sur la figure, cet
angle est négatif, et il est donné, en fonction des angles i1 et i2 , par la relation suivante :
D = −(i1 − i2 ).
i1 i1
n1 n1
n2 n2
Dans ce chapitre nous allons nous pencher sur le problème de la formation des images
en optique géométrique. Nous verrons en particulier dans quelles conditions un système
optique donne des images de bonnes qualités. Nous en profiterons aussi pour préciser les
notions d’objet et d’image. Toutes ces considérations seront introduites et discutées au
travers de l’étude de deux systèmes optiques simples : le miroir plan et les lentilles. Cette
étude sera également l’occasion pour nous d’appliquer les lois vues au chapitre 1.
Sens de la lumière
Système
Optique
(SO) image
source
(objet) FE FS FE FS
(a) (b)
Fig. 2.1 – (a) Système optique : face d’entrée et face de sortie. (b) Faces d’entrée et de
sortie d’une lentille biconvexe (©Wikipédia).
La finalité de tout instrument ou système optique est de fournir une reproduction, dé-
nommée image, d’une source lumineuse appelée objet (figure 2.1a). Il peut être constitué
d’un ensemble de dioptres (surfaces réfractantes) et de catadioptres (surfaces réfléchis-
sante). Quoiqu’il en soit, tout système optique comporte une face d’entrée FE et une face
14 Chapitre 2. Formations des images. Miroir plan
de sortie FS définies par le sens de propagation de la lumière (voir, par exemple, la figure
2.1b).
Notons également que l’image, au final, est toujours observée par l’œil qui est un
exemple de système optique.
Nous allons maintenant préciser un peu mieux les caractéristiques des notions d’objet
et d’image que nous venons d’introduire.
I.2 Objet
I.2.a Objet primaire ou secondaire
On classe les sources lumineuses ou objets en deux catégories :
1. Les objets primaires qui émettent spontanément de la lumière sans avoir besoin
d’être éclairées.
Exemples : Soleil, étoiles, lampe, écran de télévision...
2. Les objets secondaires qui ne produisent pas eux-mêmes la lumière qu’ils émettent.
Ce sont des objets diffusants, c’est-à-dire des objets qui renvoient dans toutes les
directions une partie de la lumière qu’ils reçoivent d’une source primaire.a Exemples :
feuille de papier, arbre, la Lune, les planètes...
B .
D
Fig. 2.2 – Bougie vue sous le diamètre
apparent α.
Fig. 2.3 – À gauche : un objet étendu peut être considéré comme étant constitué d’une
infinité de sources ponctuelles indépendantes les unes des autres. À droite : lorsque l’objet
est infiniment éloigné (D À L), les faisceaux issus, par exemple, des points A, B et C
peuvent être considérés comme étant parallèles.
en pratique) où AB ¿ D, tan α ¿ 1 =⇒
AB
tan α ' α = ,
D
ce qui montre bien que α diminue si D augmente.
Suite à la remarque faite à la fin de la section I.1, il est clair que le caractère ponctuel
ou étendu d’un objet est lié à notre œil. Nous admettrons que l’œil voit comme un point
toute source dont le diamètre apparent est inférieur à 10 (cf. chapitre 4).
D’une manière générale, les objets étendus peuvent être considérés comme étant
constitués d’une infinité d’objets ponctuels indépendants les uns des autres (figure 2.3).
Retenons également que le faisceau issu d’une source ponctuelle infiniment éloignée peut
être considéré comme étant un faisceau de lumière parallèle.
I.3 Image
L’image donnée par le système optique se forme en général sur une surface photosen-
sible (la rétine pour l’œil, la pellicule pour un appareil photo argentique, la matrice C.C.D.
pour un appareil photo numérique ou une caméra). Toutes ces surfaces photosensibles ont
un point en commun : elles ont une structure granulaire, la “taille” d’un grain étant de
l’ordre de 1 à 100 µm. Pour de tels récepteurs, toute image de dimension inférieure à celle
d’un grain est perçue comme un point lumineux.
Si malgré tout l’image donnée par le système optique est étendue, ici encore elle sera
considérée comme étant constituée de points images indépendants les uns des autres.
projecteur oeil
A (SO1) A (SO2) A
Si tout rayon lumineux issu d’un point objet A émerge du système optique en passant
toujours par le même point A0 , alors les points A et A0 sont dits conjugués : A0 est l’image
de A par le système optique, ce que l’on note de la manière suivante :
(SO)
A −−−→ A0 .
Tout système optique qui, à un point objet A, associe une image conjuguée A0 rigoureuse-
ment ponctuelle est dit stigmatique pour le couple (A, A0 )b .
Comme le montre la figure 2.4, la distinction entre objet et image est relative au
système optique considéré. Dans le cas présent, un projecteur de dispositives forme sur un
écran l’image A0 d’un point objet A. Cependant, du point de vue d’une personne regardant
l’écran, le point A0 est un objet dont l’œil va former une image A00 sur la rétine, ce que l’on
peut résumer en écrivant :
(SO1 ) (SO2 )
A −−−−→ A0 −−−−→ A00 .
Dans la suite de ce cours, nous ne considérerons que des systèmes optiques centrés,
c’est-à-dire des systèmes pour lesquels il existe un axe de symétrie de révolution appelé
axe optique. Cet axe possède la propriété suivante : tout rayon lumineux se propageant
le long de l’axe optique d’un système optique ne change pas de direction. Par exemple, sur
la figure 2.4, l’axe AA0 correspond à l’axe optique du projecteur.
sens de la lumière
incidente
+ B
B +
Système
A
Optique A
objet (SO) image
axe
optique
A0 B 0
γ= .
AB
Si γ > 0, l’image est de même sens que l’objet, elle est dite droite. Si γ < 0, image et objet
sont en sens opposé, l’image est dite renversée.
(a) (b)
A H A A H A
i i
i i
+ i I
+
E
I
S
Fig. 2.6 – Miroir plan : (a) objet réel-image virtuelle. (b) objet virtuel-image réelle.
18 Chapitre 2. Formations des images. Miroir plan
prolongements. L’examen de la figure 2.6a montre que le triangle AIA0 est isocèle, ce qui
implique que A0 est le symétrique de A par rapport au plan du miroir, et que
On constate que cette relation ne fait pas intervenir l’angle d’incidence i sur le miroir, ce
qui veut dire la position du point A0 est indépendante du rayon lumineux considéré. Ainsi,
tout rayon incident passant par A est réfléchi par le miroir en semblant provenir de A0
(fig. 2.6). Le miroir plan est donc rigoureusement stigmatique, et l’équation (2.1)
constitue sa relation de conjugaison.
Remarque : on constate que pour un miroir plan FE et FS sont confondues avec le plan
du miroir.
Si l’œil se tourne vers l’objet A, il peut le voir directement. Pour cette raison, on
qualifie un tel objet d’objet réel pour le miroir. On remarque également sur la figure
2.6a que les rayons issus d’un point objet réel forment un faisceau divergent. Pour l’œil,
qui n’est sensible qu’à la direction des rayons qui l’atteignent, les rayons réfléchis semblent
provenir d’un point source A0 situé de l’autre côté du miroir. Pour cette raison, on qualifie
d’image virtuelle le point A0 , on ne peut pas l’observer directement sur un écran. A0 est
donc virtuelle dans le sens où aucun rayon ne part réellement de ce point. Cependant, pour
l’œil, tout se passe comme si la lumière provenait réellement de A0 . On remarque également
que les rayons issus d’une image virtuelle forment un faisceau divergent.
Formons maintenant au moyen d’une lentille mince un faisceau focalisé en un point A
d’un écran E. Plaçons ensuite un miroir sur le trajet des rayons : on ne peut plus observer
A sur l’écran (figure 2.6b). Cependant, les rayons incidents sur le miroir convergent tout de
même vers le point A : on qualifie A d’objet virtuel pour le miroir car il n’y a aucun rayon
incident qui passe réellement par ce point. En ce qui concerne les rayons réfléchis par le
miroir, ils passent par un point A0 , symétrique de A par rapport au plan du miroir, que l’on
peut observer directement sur un écran : nous qualifierons de réelle cette image vis-à-vis
du miroir car les rayons émergents passent réellement par ce point. On remarque également
que les rayons émergents passant par l’image réelle forment un faisceau convergent.
A
A
(a ) o b je t ré e l (b ) o b je t v irtu e l
A ' A '
Fig. 2.7 – Objets ou images réels ou virtuels pour une système optique quelconque.
Remarque : sur les figures 2.6 et 2.7, les prolongements des rayons sont représentés en
pointillé tandis que les rayons sont des segments fléchés. Ces rayons en pointillé ne sont
pas “réellement” suivis par la lumière, ils portent le nom de rayons virtuels.
De même, on peut définir le caractère réel ou virtuel de l’image de A donnée par le
système optique (SO) :
– Si le faisceau émergeant de (SO) converge en un point A0 , alors A0 est une image
réelle (fig. 2.7c). Cette définition demeure vraie même si le faisceau est intercepté
avant qu’il n’arrive au point A0 .
– Enfin, si le faisceau émergent diverge en semblant provenir d’un point A0 situé en
avant de la face de sortie au point d’intersection des prolongements des rayons
émergents, alors A0 est une image virtuelle pour (SO) (fig. 2.7d).
B B
A A
axe optique
Fig. 2.8 – Image d’un objet réel étendu par un miroir plan : l’image est inversée
(gauche/droite) mais pas renversée (haut/bas). Ici, l’image A0 B 0 est virtuelle, elle est donc
représentée en pointillé.
20 Chapitre 2. Formations des images. Miroir plan
(a) (b)
A″ A′ A′
Rayon passant Diaphragme
par l’axe optique
Fig. 2.9 – Faisceau de lumière parallèle incident sur une lentille hémisphérique : (a) non
diaphragmée ; (b) diaphragmée (conditions de Gauss).
constatations si l’objet infiniment éloigné s’était trouvé sur un axe légèrement incliné par
rapport à l’axe optique. Dans ces conditions particulières d’utilisation :
– lentille diaphragmée,
– et objet voisin de l’axe optique,
la lentille peut donc être considérée comme étant stigmatique : elle donne d’un objet
ponctuel une image ponctuelle.
d
Les lentilles, comme nous venons de le voir, mais aussi les miroirs et dioptres sphériques, ainsi que
tout système optique constitué de ces éléments.
Chapitre 3
Les lentilles sphériques sont les éléments essentiels de presque tous les instruments
d’optique. Le but de ce chapitre est d’étudier uniquement les lentilles sphériques minces
dans l’approximation de Gauss. Les applications des lentilles minces à quelques systèmes
optiques seront vues dans les chapitres suivants.
I Généralités
I.1 Définitions
p la n d e la le n tille
a x e o p tiq u e
C 2 O S 2
C 1
S 1
F E F S
Fig. 3.1 – Plan de coupe d’une lentille mince biconvexe (R1 > 0, R2 < 0).
Une lentille sphérique est un milieu transparent, d’indice n, limité par deux dioptres
sphériques (repérés par leurs centres respectifs C1 et C2 , et leurs sommets respectifs S1 et
S2 ) ou par un dioptre sphérique et un dioptre plan (fig. 3.1).
L’axe passant par C1 et C2 est l’axe optique de la lentille (axe de symétrie de
révolution). R1 = S1 C1 est le rayon de courbure (algébrique) de la face d’entrée FE de la
lentille, tandis que R2 = S2 C2 est le rayon de courbure de sa face de sortie FS .
Une lentille mince est une lentille dont l’épaisseur e = S1 S2 est négligeable devant
les rayons de courbure des dioptres qui la constituent et devant la distance des centres des
24 Chapitre 3. Les lentilles minces sphériques dans l’approximation de Gauss
e ¿ C1 S1 , e ¿ C2 S2 et e ¿ C1 C2 .
Dans ces conditions les deux sommets S1 et S2 sont confondus en un point O appelé centre
optique de la lentille. Les faces d’entrée et de sortie sont alors confondues en un même
plan passant par O et perpendiculaire à l’axe optique que l’on appelle le plan de la lentille.
I.2 Classification
Les lentilles minces sont classées en deux catégories (fig. 3.2) :
1. Les lentilles à bord mince : elles sont limitées par deux sphères qui se coupent ou
une sphère et un plan sécant. On distingue les lentilles biconvexes, les lentilles plan
convexes et les ménisques à bord mince.
2. Les lentilles à bord épais, limitées par deux sphères ne se coupant pas. On dis-
tingue les lentilles biconcaves, les lentilles plan concaves et les ménisques à bord
épais.
b ic o n v e x e b ic o n c a v e
p la n c o n v e x e p la n c o n c a v e
m é n is q u e à m é n is q u e à
b o rd m in c e b o rd é p a is
re p ré s e n ta tio n
s y m b o liq u e
( a ) ( b )
Fig. 3.2 – (a) Lentilles à bord mince. (b) Lentilles à bord épais.
O O
(a ) (b )
Fig. 3.3 – Action des lentilles minces sur un faisceau de lumière parallèle : (a) cas d’une
lentille convergente ; (b) cas d’une lentille divergente.
O O
O F ' F O
(a ) (b )
Fig. 3.5 – (a) Foyer image d’une lentille convergente. (b) Foyer objet d’une lentille conver-
gente.
F ' O O F
(a ) (b )
Fig. 3.6 – (a) Foyer image d’une lentille divergente. (b) Foyer objet d’une lentille divergente.
Conséquence : tout rayon incident passant (ou semblant passer) par F émerge parallèlement
à l’axe optique (fig. 3.5b et 3.6b).
Nous admettrons que, quelle que soit la nature de la lentille mince, F et F 0 sont
symétriques par rapport au centre optique : OF = −OF 0 . Pour une lentille convergente,
F et F 0 sont réels, alors que pour une lentille divergente, ils sont virtuels.
p la n fo c a l
p la n fo c a l o b je t
o b je t a x e a x e
s e c o n d a ire F S s e c o n d a ire
F O O F
F S
(a ) (b )
p la n fo c a l p la n fo c a l
im a g e im a g e
F S¢
F '
O
F '
O
a x e a x e
s e c o n d a ire s e c o n d a ire F S¢
(c ) (d )
Fig. 3.7 – (a) Foyer secondaire objet d’une lentille convergente. (b) Foyer secondaire objet
d’une lentille divergente. (c) Foyer secondaire image d’une lentille convergente. (d) Foyer
secondaire image d’une lentille divergente.
De même, le plan focal image est le plan orthogonal à l’axe optique et passant par
le foyer image F 0 .
Définitions : tout point autre que F situé dans le plan focal objet d’une lentille est
appelé foyer secondaire objet. De même, tout point autre que F 0 situé dans le plan focal
image est appelé foyer secondaire image.
Propriétés :
– Un faisceau issu d’un foyer secondaire objet FS émerge parallèlement à l’axe secon-
daire FS O (fig. 3.7a et 3.7b). Soit encore : tout point lumineux FS du plan focal
objet a son image rejetée à l’infini dans la direction FS O.
– Un faisceau parallèle, incliné par rapport à l’axe optique, émerge en passant par le
foyer secondaire image FS0 , intersection du plan focal image et de l’axe secondaire
FS0 O parallèle au faisceau incident (fig. 3.7c et 3.7d). Soit encore : tout point FS0
du plan focal image est l’image d’un point situé à l’infini dans la direction FS0 O.
28 Chapitre 3. Les lentilles minces sphériques dans l’approximation de Gauss
B
I
F ' A '
O (a ) o b je t ré e l
A F
J
im a g e ré e lle
B '
B '
B
O (b ) o b je t ré e l
A ' F A F ' im a g e v irtu e lle
B '
F
(c ) o b je t v irtu e l
O A ' F ' A
im a g e ré e lle
B
B '
F '
(a ) o b je t ré e l
A A ' O F
im a g e v irtu e lle
B '
B
O (b ) o b je t v irtu e l
F ' A F A '
im a g e ré e lle
B
A ' F ' O (c ) o b je t v irtu e l
F A
im a g e v irtu e lle
B '
Nous avons représenté sur la figure 3.8 les constructions de l’image d’un objet par
une lentille convergente dans les trois principaux cas :
– si l’objet est réel, situé entre l’infini et le foyer objet (−∞ < OA < OF ), l’image
est réelle (fig. 3.8a) ;
– si l’objet est réel, situé entre le foyer objet et le centre optique (OF < OA < 0),
l’image est virtuelle (fig. 3.8b) ;
– si l’objet est virtuel (OA > 0), l’image est réelle (fig. 3.8c).
Pour une lentille divergente, on distingue aussi trois cas représentés sur la figure 3.9 :
– si l’objet est réel, situé entre l’infini et le centre optique (−∞ < OA < 0), l’image
est virtuelle (fig. 3.9a) ;
– si l’objet est virtuel, situé entre le centre optique et le foyer objet (0 < OA < OF ),
l’image est réelle (fig. 3.9b) ;
– si l’objet est virtuel, entre F et l’infini (OA > OF ), l’image est virtuelle (fig. 3.9c).
30 Chapitre 3. Les lentilles minces sphériques dans l’approximation de Gauss
L2
L1
L’ŒIL ET LA VISION
Avant d’aborder l’étude des instruments d’optique, nous allons nous intéresser briè-
vement à l’œil. Pourquoi l’œil ? Tout simplement parce que la majorité des instruments
d’optique nécessitent une observation par l’œil, ce qui a pour conséquence de faire dépendre
leurs performances des caractéristiques de ce dernier. Nous verrons d’ailleurs au chapitre
suivant que la définition des grandeurs permettant de classer les instruments selon leurs
performances fait explicitement référence à l’œil.
I L’œil
I.1 Description
Pupille
Humeur P oin t aveu gle
H u m eu r vitrée
aq u eu se
Iris N erf op tiq u e
Cristallin Sclérotique
L’œil se présente comme un globe de 25 mm de diamètre environ. Il est limité par une
membrane appelée la sclérotique (blanc de l’œil)(fig. 4.1). Celle-ci devient la cornée en
avant de l’œil. La cornée est transparente, d’épaisseur voisine de 1 mm, et d’indice 1,33771.
Ensuite, on rencontre la choroïde, une membrane opaque ne laissant passer aucune lumière
parasite pouvant venir de l’extérieur. Au fond de l’œil, on trouve la rétine, membrane
34 Chapitre 4. L’Œil et la vision
sensible aux radiations lumineuses et qui est l’épanouissement du nerf optique. La rétine a
une structure discontinue formée de cellules coniques, les cônes et de cellules cylindriques les
bâtonnets. Les cônes interviennent surtout dans la vision diurne, tandis que les bâtonnets
sont surtout stimulés en vision nocturne. La rétine est insensible au point d’arrivée du nerf
optique (point aveugle) et posséde une sensibilité maximale à la tache jaune d’environ
2 mm de diamètre, se trouvant à peu près sur l’axe optique de l’œil.
En avant de l’œil, soutenu par des muscles (muscles ciliaires), se trouve le cristallin,
lentille biconvexe élastique d’indice 1,42, de rayons de courbure antérieur et postérieur
10,2 mm et 6 mm. Devant le cristallin est un diaphragme diversement coloré, l’iris, dont
l’ouverture, appelée pupille, limite la quantité de lumière incidente à celle nécessaire à la
détection.
Entre cornée et cristallin on trouve l’humeur aqueuse, liquide transparent d’indice
1,3374. Et derrière le cristallin se trouve l’humeur vitrée, liquide gélatineux d’indice
1,336.
écran
17 m m
Fig. 4.2 – Œil réduit.
I.3 Accommodation
L’œil ne voit un objet nettement que si son image se forme sur la rétine. Dans le
modèle de l’œil réduit, la distance lentille-rétine étant fixe, il faut que la position des
foyers, et donc la distance focale f 0 de la lentille, change pour que l’image A0 B 0 se forme
I L’œil 35
rétine
BR BP
toujours sur la rétine quelle que soit la position de l’objet AB. Ceci est illustré sur la figure
4.3 où l’on a représenté les images données sur la rétine par un même objet situé près
(objet AP BP ) et loin (objet AR BR ) de l’œil. On constate que lorsque l’objet se rapproche
du point O le foyer image F 0 fait de même, ce qui veut dire que f 0 = OF 0 diminue (ou
encore que C = 1/f 0 augmente) : c’est le phénomène d’accommodation.
L’accommodation se fait par modification de la courbure des faces du cristallin sous
l’action des muscles ciliaires. Ces derniers, en appuyant sur le bord du cristallin, font que
celui-ci se bombe plus ou moins, modifiant ainsi la courbure de ses faces et donc sa vergence
(fig. 4.4), ce qui affecte également la vergence C de l’œil.
Muscles relâchés
Muscles contractés
Lorsque les muscles ciliaires sont relâchés, l’œil n’accommode pas et voit nettement
à une distance Dm appelée distance maximale de vision distincte. Le point correspondant
sur l’axe optique de l’œil est appelé le “punctum remotum” (PR).
Pour voir de plus près, les muscles se contractent, ce qui a pour effet d’augmenter la
vergence de l’œil. Lorsque l’œil accommode au maximum, il voit nettement à une distance
dm appelée distance minimale de vision distincte. Le point correspondant sur l’axe de l’œil
est appelé le “punctum proximum” (PP).
Ici, il faut bien faire attention au fait que les distances Dm et dm sont
des distances algébriques. Si on désigne par AR et AP des objets ponctuels situés
respectivement au PR et au PP de l’œil, alors : Dm = AR O et dm = AP O.
36 Chapitre 4. L’Œil et la vision
+
P R P P
z o n e
d 'a c c o m m o d a t i o n
d m
D m
a
La quantité 1/ε s’appelle l’acuité visuelle.
II Quelques défauts de l’œil 37
Pour que les points A et B soient résolus, c’est-à-dire pour qu’ils soient vus distinc-
tement par l’œil, il faut donc que :
AB
α' > ε, (4.1)
D
où α est la distance angulaire entre les points A et B vus depuis le cristallin (figure 4.6).
Pour un œil normal, ε = 10 = 3 · 10−4 rad, ce qui correspond à une pièce de un euro vue à
76 m. Cette valeur n’est qu’une moyenne, car elle dépend des conditions d’éclairage, de la
fatigue, de l’individu...
On appelle pouvoir de résolution la plus petite distance, notée ABmin , entre
deux points A et B d’un objet résolus par l’œil. D’après ce qui précède, la distance
AB est égale au pouvoir de résolution lorsque l’objet est vu au PP de l’œil, c’est-à-dire
pour D = dm , sous un angle α = ε. De l’équation (4.1), on tire donc que
ABmin = dm ε.
(œil) 0 0
AB
|{z} −−−−−−−−→ A B} .
| {z
∈
/ zone d’accommodation / rétine
∈
Pour corriger ces défauts, on utilise un verre correcteur Lc donnant de l’objet AB une
image A1 B1 située dans la zone d’accommodation de l’œil. Cette image intermédiaire A1 B1
sert alors d’objet pour l’œil qui en donne une image A0 B 0 se formant sur la rétine puisque
A1 B1 appartient à la zone de vision nette. Dans ces conditions, A1 B1 est vu nettement par
l’œil. Soit :
(Lc ) (œil) 0 0
AB
|{z} −−−−−−−−→ A 1 B1 −−−−−−−−→ A B} .
| {z
| {z }
∈
/ zone d’accommodation ∈ zone d’accommodation ∈ rétine
On voit donc que par le truchement du verre correcteur l’œil est capable de voir un objet
AB situé en dehors de la zone d’accommodation, même si, en toute rigueur, ce n’est pas
AB qu’il voit directement, mais sa reproduction A1 B1 .
Dans ce cours, nous supposerons que l’œil et son verre correcteur Lc sont accolés
(Oc ≡ O, où Oc est le centre optique de Lc ), de sorte que leurs vergences s’ajoutent.
38 Chapitre 4. L’Œil et la vision
(a )
A ¥
P R O
F ¢
L c
(b )
A ¥
A 1 ¥
P R O
Fig. 4.7 – (a) Œil myope n’accommodant pas. (b) Œil myope corrigé n’accommodant pas :
A1∞ est l’image du point objet A situé à l’infini par la lentille correctrice Lc .
II.1 La myopie
Elle correspond à un œil dont le cristallin est trop convergent : lorsqu’il est au
repos sa distance focale est inférieure à celle de l’œil normal. Donc, au repos, l’image d’un
objet à l’infini se forme en avant de la rétine. Ainsi, cet œil ne voit sans accommoder que
des objets déjà rapprochés : le PR n’est plus situé à l’infini, il se trouve parfois très près de
l’œil (fig. 4.7a). On constate aussi que le PP est plus près de l’œil que pour un œil normal.
Un œil fortement myope peut avoir une zone d’accommodation très peu étendue, de l’ordre
de quelques centimètres.
Pour corriger la trop grande vergence d’un œil myope, on lui associe une lentille
divergente dont la vergence est négative. Cette lentille est choisie de telle sorte qu’elle
donne d’un objet AB à l’infini une image virtuelle A1 B1 située au PR de l’œil myope (fig.
4.7b). Avec ce verre, un œil myope n’accommodant pas est donc capable de voir nettement
un objet infiniment éloigné, tout comme l’œil normal. On montre également que cette
lentille divergente ramène le PP de l’œil myope à une distance de 25 cm.
II.2 L’hypermétropie
Contrairement à l’œil myope, l’œil hypermétrope n’est pas assez convergent :
lorsqu’il n’accommode pas sa distance focale est supérieure à celle de l’œil normal. L’image
d’un objet à l’infini se forme donc en arrière de la rétine (figure 4.8a, rayons avec deux
flèches). L’hypermétrope doit donc accommoder pour voir à l’infini, et l’on constate que
son PP est en général plus éloigné que pour l’œil normal. Un œil hypermétrope voit donc
II Quelques défauts de l’œil 39
(a )
F ¢
A ¥
P R
O
L c
A ¥ P R
O A 1 ¥
(b )
Fig. 4.8 – (a) Œil hypermétrope n’accommodant pas. (b) Œil hypermétrope corrigé n’ac-
commodant pas.
nettement les objets éloignés, par contre les objets rapprochés seront vus flous.
On corrige ce défaut à l’aide d’une lentille convergente de façon à “augmenter” la
vergence de l’œil. Cette lentille est telle qu’elle donne d’un objet AB à l’infini une image
réelle A1 B1 située au PR de l’œil hypermétrope (figure 4.8b). Avec ce verre, un œil hyper-
métrope n’accommodant pas voit nettement à l’infini. Comme pour l’œil myope, on montre
que cette lentille convergente ramène le PP de l’œil hypermétrope à une distance de 25 cm.
Remarque : un œil hypermétrope est capable de voir, sans accommoder, un objet virtuel
puisque son PR est en arrière de l’œil (Dm < 0, voir fig. 4.8a, rayons avec une flèche). En
effet, pour qu’un objet A soit vu nettement sans accommodation, il faut que le faisceau
incident qui lui est associé soit déjà convergent afin de compenser la plus faible vergence
de l’œil hypermétrope, ce qui correspond bien à un objet A virtuel pour l’œil.
II.3 La presbytie
Il s’agit d’un défaut lié au vieillissement de l’œil. En vieillisant les muscles ciliaires
s’affaiblissent et le cristallin perd de son élasticité ce qui provoque une diminution de la fa-
culté d’accommodation : l’œil distingue mal les objets rapprochés (le PP s’éloigne) et mieux
les objets à l’infini (le PR reste pratiquement à l’infini). À 40 ans, l’amplitude dioptrique
d’accommodation vaut environ 4 δ que l’œil soit emmétrope, myope ou hypermétrope, tan-
dis que pour une personne atteinte de presbytie A < 4 δ. À 60 ans, A ne vaut plus que
1 δ.
40 Chapitre 4. L’Œil et la vision
II.4 L’astigmatisme
L’astigmatisme provient d’un défaut de symétrie de l’œil : la cornée n’est pas
parfaitement sphérique. La vergence de l’œil n’est pas la même dans le plan vertical et
le plan horizontal par exemple, ou dans deux autres plans perpendiculaires. L’image d’un
point sur l’axe optique n’est pas un point, mais une tache. On corrige ce défaut à l’aide de
lentilles astigmates.
Chapitre 5
INSTRUMENTS D’OPTIQUE
I Généralités
I.1 Caractéristiques
I.1.a Puissance
La puissance est définie par
α0
P = ,
AB
où α 0 est l’angle sous lequel est vue l’image A0 B 0 de l’objet à travers l’instrument et AB
la taille de l’objet (fig. 5.1b). Elle se mesure en dioptrie.
La puissance dépend généralement des conditions d’observations, d’où la nécessité
de définir un standard appelé puissance intrinsèque Pi , afin de pouvoir cataloguer les
instruments. Pi correspond à la puissance d’un instrument d’optique donnant
d’un objet une image à l’infini.
I.1.b Grossissement
Contrairement aux instruments objectifs (projecteur, appareil photo, caméra), un
instrument subjectif donne une image virtuelle, c’est-à-dire une image que l’on ne peut
42 Chapitre 5. Instruments d’optique
B
(a) B (b)
α B
A
α
d A A
instrument
Fig. 5.1 – (a) Objet vu à l’œil nu sous l’angle α. (b) Objet AB “vu” à travers le système
optique : ce que l’œil voit réellement est l’image A0 B 0 , donnée par l’instrument, de l’objet
AB. A0 B 0 est vue sous l’angle α 0 .
pas recueillir sur un écran. On ne peut donc pas mesurer la taille de A0 B 0 et calculer le
grandissement de cette image par rapport à l’objet AB, lui-même de très petite taille en
général, donc difficilement mesurable. Pour un instrument subjectif, il est plus pertinent de
considérer les angles sous lesquels on voit AB et A0 B 0 . On introduit alors le grossissement
de l’instrument, noté G, et défini par
α0
G= ,
α
où α 0 est l’angle sous lequel est vue l’image de l’objet à travers l’instrument et α l’angle
sous lequel l’objet est vu à l’œil nu (fig. 5.1a et b).
Le grossissement est un nombre positif sans unité ; tout comme la puissance, il dépend
des conditions d’observations, on définit donc un standard : le grossissement commercial
Gc . Gc est défini pour une image A0 B 0 vue au PR de l’œil et un objet AB vu au
PP à l’œil nu, l’œil de l’observateur étant considéré comme normal. On considère
donc que l’instrument est réglé pour donner une image à l’infini de l’objet observé.
II La loupe
II.1 Principe
Pour examiner un objet à l’œil nu, en observant le maximum de détail, il faut le
placer au PP. Il en résulte une fatigue importante de l’œil.
B '
B I
a ¢
A ' F A O
F '
B∞′
A .′ .′
F O F'
Comme nous l’avons dit à la section I.1.a, nous allons considérer la puissance intrin-
sèque correspondant à une observation à l’infini (donc sans accommodation pour un œil
normal), c’est-à-dire à un objet situé dans le plan focal objet de la loupe (fig. 5.3). Tous les
rayons issus de B émergent de la loupe parallèles entre eux et l’angle α 0 est indépendant
44 Chapitre 5. Instruments d’optique
1
Pi = = C.
f0
II.3 Grossissement
À partir de la définition de la section I.1.b, on montre que :
Pi
G=P ×d et Gc = .
4
III Le microscope
En pratique, il est difficile de fabriquer des loupes de grossissement supérieur à 25.
Pour construire un instrument réalisant la même fonction qu’une loupe, mais de grossis-
sement supérieur à celle-ci, il faut associer deux lentilles minces. C’est sur ce principe que
repose le microscope, un instrument permettant l’observation d’objets de très petite taille
situés à distance finie (distance de l’ordre du millimètre).
III.1 Principe
L1
B
F1′ F2 A1 O2 F2′
A F A′ O1 .′
1
B1
L2
B′
Fig. 5.4 – Schéma d’un microscope et marche des rayons lumineux. L’œil, placé en F20 , voit
l’image A0 B 0 sous l’angle α 0 .
Un microscope est constitué de deux systèmes optiques convergents que l’on peut
assimiler à des lentilles minces (fig. 5.4) :
– L’objectif L1 est une lentille de très courte distance focale (quelques millimètres).
Elle donne d’un objet AB très petit une image réelle A1 B1 renversée et très agran-
die.
– L’oculaire L2 qui fonctionne comme une loupe (focale de quelques centimètres)
et qui donne de A1 B1 une image virtuelle A0 B 0 examinée par l’observateur, A0 B 0
étant plus grande que A1 B1 et renversée par rapport à AB.
En résumé, on a :
(objectif) (oculaire)
AB −−−−−−−−→ A1 B1 −−−−−−−−→ A0 B 0 .
L’objectif et l’oculaire sont maintenus à distance constante par un tube métallique, la mise
au point se faisant en déplaçant l’ensemble des deux lentilles par rapport à l’objet.
46 Chapitre 5. Instruments d’optique
Nous noterons f10 la distance focale image de l’objectif, f20 celle de l’oculaire et ∆ =
F10 F2 la distance entre le foyer image F10 de l’objectif et le foyer objet F2 de l’oculaire,
distance que l’on appelle intervalle optique et qui est comprise entre 15 et 20 cm.
F2′
F2
cercle o cu laire
L1
L2
Le cercle oculaire est l’image de l’objectif donnée par l’oculaire. Sa construction re-
présentée sur la figure 5.5 montre qu’il est situé très près du plan focal image de l’oculaire
et que tous les rayons pénétrant dans l’objectif ressortent de l’instrument en passant par
le cercle oculaire. Le diamètre de la pupille de l’œil étant supérieur au diamètre du cercle
oculaire, si l’œil est placé au niveau de ce cercle il recevra un maximum de lumière. En
pratique ceci est réalisé grâce à l’œilleton de l’oculaire, qui permet à l’œil de s’y positionner.
III.3 Performances
III.3.a Puissance
On montre que :
P = |γ1 | × P2 , (5.1)
III Le microscope 47
L1
B I
F1′ F2 O2 F2′
AF O1 A1 .′ .′
1
B1
L2
B∞′
Fig. 5.6 – Microscope : marche des rayons lumineux pour une image à l’infini.
III.3.b Grossissement
On montre que :
G = |γ1 | G2 ,
où G2 = P2 × d est le grossissement de l’oculaire. Quant au grossissement commercial Gc ,
il est donné par
Pi
Gc = = |γ1 | G2c ,
4
où G2c = P2i /4 est le grossissement commercial de l’oculaire, P2i étant la puissance intrin-
sèque de l’oculaire.
Le microscope est donc caractérisé par le grandissement de son objectif et le grossissement
commercial de son oculaire. Les valeurs de |γ1 | et de G2c sont gravées sur les montures
de l’objectif et l’oculaire. Le grossissement commercial des microscopes usuels est compris
entre 20 et 1600.
48 Chapitre 5. Instruments d’optique
3 · 10−4 3 · 10−4
ABmin = = .
Pi 4Gc
I(X)/I(0)
1
0 1,22 λ d/D X
Fig. 5.7 – Figure de diffraction donnée par une ouverture circulaire (figure d’Airy).
1,22λ
AB ≥ .
2n sin u
III Le microscope 49
B (a)
A B
α (b)
A A B
microscope (c)
A B
Fig. 5.8 – Critère de Rayleigh. Les images A0 et B 0 sont : (a) résolues, (b) à la séparation
limite (critère de Rayleigh) et (c) non résolues. La courbe en tirets représente l’intensité
résultante IA0 + IB 0 .
B
u
A
n
o b je ctif