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Risques et pollutions

industriels

L’ARGUS
des accidents technologiques

Gaz inflammables
En mai et juin 2009, la base de données ARIA du ministère du développe-
ment durable répertorie 174 accidents ou incidents, dont 13 concernent des
gaz inflammables comprimés ou liquéfiés.
L’accident le plus meurtrier avec 24 victimes et une cinquantaine de bles-

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sés implique un transport de gaz de pétrole liquéfié (GPL) par rail en Italie
(ARIA 36464) pour lequel le mauvais état des essieux des wagons est mis
en exergue.
Un autre accident de GPL mérite également d’être signalé avec une fuite
enflammée spectaculaire sur canalisation dans un dépôt lors de travaux
(ARIA 36310). L’ouverture accidentelle d’une vanne insuffisamment
protégée pourrait être à l’origine de l’évènement. La base de données ARIA recense de
Équipements sous pression, les bouteilles de GPL peuvent aussi être à nombreux accidents impliquant les gaz
l’origine d’accidents, comme l’explosion d’une bouteille de propane et son
inflammables. Parmi eux, les principaux
« survol » d’habitations (ARIA 36245). Ces équipements mobiles méri-
tent d’autant plus d’attention qu’ils sont notamment utilisés par des accidents GPL font l’objet d’une fiche
particuliers. détaillée. Cf. ARIA 948, 10330, 21859, 22112,
La rupture d’un gazoduc à Moscou (ARIA 36414) génère une explosion et 27415, 28500, 28504, 28530,
28550, 30004, 33085…
un important incendie qui nécessite 15 heures d’intervention des secours.
La défectuosité de la protection et le vieillissement de la canalisation sont
évoqués. aria.developpement-durable.gouv.fr
Bien que les causes de ces événements soient à des degrés variables d’éluci-
dation, il apparaît que, pour trois d’entre eux, les modalités d’entretien font
clairement partie des hypothèses d’enquête.
Ces accidents rappellent que les potentiels d’énergie accumulés dans ces
équipements sont très importants au regard de leurs dimensions respecti-
ves et que toute négligence dans leur contrôle, leur suivi ou leur entretien
peut se payer au prix fort.

Isabelle Hubert
Chargée de mission au BARPI
Ministère de l’écologie, de l’énergie,
du développement durable et de la mer
Direction générale de la prévention des risques

Septembre-octobre 2009 - N° 107 - Préventique Sécurité 73


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GAZ INFLAMMABLES
59 - JEUMONT ouvert complètement le robinet de la
bouteille d’azote et, constatant à nou-
47.11 - Commerce de détail en magasin non
veau que le manomètre restait à zéro,
spécialisé à prédominance alimentaire allait fermer le robinet de la bouteille de
7/05/2009 des poursuites soient engagées pour gaz lorsqu’elle a explosé.
Une bouteille de négligence et infraction aux règles de Au cours de son enquête, la DRIRE souli-
propane de 35 kg entre- sécurité. gne notamment l’absence de soupape
posée sur un chantier Le vieillissement de la canalisation est sur l’installation de mise sous pression
d’un supermarché également évoqué, d’autres accidents qui constitue un équipement sous
explose vers 17 h 30, après la journée de ce type affectant régulièrement de pression, le manomètre permettant de
de travail de l’entreprise sous-traitante. gazoducs ou oléoducs en Asie centrale, vérifier la pression de remplissage de la
Projetée à une centaine de mètres, elle mais cet incendie est le plus important bouteille est un manomètre de main-
passe au-dessus d’une habitation avant survenu depuis 20 ans au cœur de la tenance non-étalonné, des essais de
de terminer sa course contre un trottoir ; capitale. traction sur éprouvettes normalisées,
aucun blessé n’est à déplorer. Selon les de rupture sous pression hydrauliques
premiers constats, la bouteille cons-
truite en 1971 était pleine lors de l’acci-
67 - BISCHWILLER (Prupture = 80–85 bar) et de fatigue
sur des bouteilles identiques à celle
dent (opercule de sécurité en place) et 25.29 - Fabrication d’autres réservoirs,
accidentée avaient été effectuées la
la protection du robinet était en posi- citernes et conteneurs métalliques semaine précédente sans révéler aucun
tion. La bouteille présente au centre de 25/05/2009 résultat anormal, la bouteille s’est
la virole, une déchirure sur Dans une entreprise de rompue dans la zone affectée thermi-
le tiers de sa hauteur ini- fabrication de bouteilles quement (ZAT) de la soudure de la col-
tiée au contact de la zone de GPL « grand public », lerette supérieure (comme les bouteilles
affectée thermiquement une bouteille de gaz du même lot utilisées pour les essais
(ZAT) de la soudure longi- (cap. en eau = 20,6 l, poids = 10 kg, PE = de la semaine précédente). L’origine la
tudinale ; une déformation 30 bar) se rompt vers 15 h 30 durant sa plus probable de la rupture est une sur-
plastique de la robe est visi- mise sous pression d’azote (N2) lors de pression d’azote (P > 80 bar) lors de la
ble au niveau de l’amorce sa préparation pour des essais de résis- mise sous pression à 25 bar ; l’indication
probable de la rupture. Les tance aux chocs dans le cadre d’une « 0 bar » du manomètre peut être due à
autres déformations et éra- homologation de type ; 2 employés un non-fonctionnement de celui-ci ou
flures sont la conséquence sont blessés dont un gravement (main à une mauvaise lecture (l’aiguille ayant
de l’impact avec différents arrachée). La bouteille est constituée fait un tour complet).
obstacles. La bouteille sinis- de 2 « demi-gelules » formées à froid, La 1re bouteille qui était prête pour les
Photo DRIRE

trée est expertisée dans un soudées entre elles, et d’une collerette essais est exceptionnellement neutrali-
laboratoire de métallurgie. soudée sur la partie supérieure permet- sée par le service de déminage le len-
tant le vissage du robinet ; la résistance demain dans l’après-midi, compte tenu
RUSSIE - Moscou à la rupture de la tôle est supérieure du choc émotionnel du personnel. Une
49.50 - Transports par conduites à 600 Mpa, résistance qui atteint une enquête judiciaire est diligentée et la
valeur d’environ 800 Mpa au niveau de bouteille sinistrée et les éclats sont mis
10/05/2009 la virole après l’écrouissage induit par le sous scellée.
Un gazoduc explose à formage à froid. Pour réaliser les essais
0 h 30 dans Moscou et aux chocs prévus par la norme euro-
provoque un incendie 80 - BARLEUX
péenne NF EN 14140+A1 de mars 2007,
générant des flammes les bouteilles doivent être remplies de 01 - Culture et production animale, chasse et
de 200 m de hauteur. Les secours éva- 10 l d’eau (pour simuler le poids de la services annexes
cuent les riverains et interrompent la charge maximale en gaz) et d’azote à 26/05/2009
circulation. Ils éteignent le feu après 25 bar pour le volume restant. La mise Une fuite de gaz se pro-
15 h d’intervention. en pression s’effectue à partir d’une ins- duit vers 1 h 30 sur une
5 personnes sont blessées dont une tallation se composant d’une bouteille citerne de 35 000 l de
brûlée à 35 %, une centaine de voitures d’azote (PS = 100 bar) et d’un flexible gaz combustible liqué-
et 4 immeubles sont endommagés ainsi muni à son extrémité d’un « T » permet- fié (GPL) alimentant l’installation de
que plusieurs câbles du réseau télépho- tant le raccord d’un manomètre (échelle chauffage des serres d’une exploitation
nique privant ainsi 80 000 usagés de 0 à 40 bar) et de la bouteille de gaz à agricole. Une nappe de gaz recouvre le
téléphone. L’alimentation en gaz de la remplir. Une 1re bouteille avait été mise sol sur environ 20 m2. Un transforma-
ville n’est en revanche pas perturbée. en pression à 25 bar et une seconde était teur électrique se trouve à 100 m de la
Selon le Parquet, l’explosion serait en phase de mise sous pression lorsque citerne. Les secours établissent un péri-
consécutive à une rupture d’un tube l’accident s’est produit ; l’opérateur qui mètre de sécurité de 200 m et utilisent
constituant le gazoduc, en un point avait constaté que le manomètre indi- une lance à eau en protection. Les servi-
où sa protection était défectueuse. Le quait toujours zéro après l’ouverture ces de l’électricité coupent l’alimentation
bureau du procureur demande que puis la fermeture de la bouteille d’N2 a d’une ligne électrique à haute tension se

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trouvant à proximité. Les circonstances travaux de peinture sur les tuyauteries ITALIE - Viareggio
atmosphériques compliquent l’inter- de la pompe impliquée. Cette prépara- 49.20 - Transports ferroviaires de fret
vention. Un binôme de pompiers effec- tion comporte 2 phases : la protection
tue une reconnaissance sous appareils avec une bâche plastique des éléments 30/06/2009
respiratoires isolants (ARI) pour trouver ne devant pas être peints (pompe, Un train composé de
un point de coupure de la fuite. Elle est détecteur de flamme situé au-dessus de 14 wagons contenant
stoppée vers 6 h. la pompe, bouton d’arrêt d’urgence…) du gaz de pétrole liqué-
et le nettoyage des surfaces à peindre fié (GPL) déraille vers
23 h 45 et 5 citernes se couchent sur
11 - PORT-LA-NOUVELLE par soufflage avec un tuyau souple rac-
le côté. D’après les secours, du GPL se
46.71 - Commerce de gros de combustibles et cordé à un compresseur d’air. Un sous-
traitant, sans respecter la consigne de serait répandu dans les habitations voi-
de produits annexes sines avant d’exploser provoquant un
travail en hauteur, monte et se déplace
25/06/2009 incendie dont les flammes atteignent
sur la tuyauterie d’alimentation de la
Dans un dépôt de GPL 200 m de haut. Deux
pompe pour « souffler » des poussiè-
de 1 250 m3, une fuite des wagons explo-
res en hauteur. Il heurte avec le pied la
de propane se produit sent également. Un
vanne de purge 1⁄4 de tour installée
vers 14 h 45 sur une témoin indique qu’il
sur un piquage 1⁄2 pouce, orientée
vanne de purge d’une pompe d’un des a entendu 3 explo-
vers le haut, provoquant la fuite qui
3 réservoirs sous talus (2 x 500 m3 + sions : une première
s’enflamme ; la vanne pouvait être faci-
1 x 250 m3) mis en service début juin en violente et 2 autres
lement ouverte, sans redondance de
remplacement de 3 sphères aériennes ; peu de temps après.
sécurité. Une décharge électrostatique
le jet vertical de gaz (7 bar), de 6 à 8 m, L’état d’urgence
est vraisemblablement à l’origine de
s’enflamme en moins de 5 secondes. Le est déclaré dans la
l’inflammation du gaz ; le plastique de
chef de centre aperçoit le feu depuis région. Plus de 300
protection n’était pas compatible pour
son bureau et active un arrêt d’urgence pompiers intervien-
une utilisation en zone ATEX. L’inspec-
qui ferme le clapet de fond des réser- nent et évacuent 1
tion propose un arrêté d’urgence subor-
voirs et les vannes d’isolement. Le POI millier de personnes.
donnant la reprise d’activité à la remise
est déclenché et les secours publics Ils éteignent l’incen-
au préfet d’un rapport d’accident (chro-
die puis refroidissent

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sont alertés à 14 h 50 ; le protocole
nologie, circonstances, causes, consé-
d’entraide est activé avec les entrepri- les citernes. Plusieurs
quences…) et à la mise en œuvre de unités chimiques
ses pétrolières voisines qui mettent à
mesures de prévention pour réduire se relaient le lende-
disposition du matériel incendie. Le
la probabilité de renouvellement d’un main pour vidanger
personnel du dépôt, puis les pompiers,
tel accident. L’exploitant ajoute une les wagons qui sont
arrivés 10 min après l’alerte, refroidis-
sent les installations voisines (nappe vanne à rappel automatique et modi- ensuite évacués avec
de tuyauteries et pomperie) avec des fie ses procédures de travaux (qualifi- une grue. Au final, 27 personnes sont
canons et des lances. La fuite enflam- cation des sous-traitants, amélioration tuées, certaines plusieurs jours après
mée perdure 35 min, temps nécessaire des plans de prévention, surveillance, l’accident, et une cinquantaine est
pour brûler le propane présent réception des équipements...). blessée dont une vingtaine gravement
dans la canalisation de 250 mm brûlées. Une villa et 2 immeubles sont
de diamètre et de 20 m de long détruits et 4 autres sont endommagés
entre la vanne de sectionnement dans un rayon de 300 m : 100 personnes
en soutirage du réservoir et le doivent être relogées. Plusieurs véhicu-
point de fuite. Après extinction, les sont brûlés et les rails sont déformés
la vanne de purge est refermée par la chaleur.
manuellement ; le POI est levé La rupture d’un axe du chariot du 1er wa-
à 15 h 40. Aucun blessé n’est à gon du train pourrait être à l’origine de
déplorer ; les eaux de refroidis- l’affaissement de sa structure et de son
sement ont été confinées sur le déraillement. Le manque d’entretien
site. La fuite de gaz est estimée à des wagons est mis en cause par les 1ers
350 kg. observateurs : les essieux des wagons
L’inspection des installations seraient rongés par la rouille. Les citer-
classées effectue une enquête le nes mobiles avaient été inspectées en
jour même. Peu de temps avant mars 2009 et devaient être révisées en
l’accident, la pompe avait été décembre. La direction des chemins de
utilisée une dizaine de minutes fer publie un communiqué de presse
pour le chargement d’un camion mentionnant que tous les contrôles
petit vrac. Dans la même zone, avaient été réalisés. Une enquête est
effectuée. Le train venait du port de La
Photo DRIRE

3 salariés d’un sous-traitant sur


site depuis avril, préparent des Spezia et se dirigeait vers Pise.

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INCENDIES ET EXPLOSIONS
84 - SORGUES sinistre » du site, vers la fin de la mati-
née, celui-ci est plein et des effluents
20.51 - Fabrication de produits explosifs
contenant des traces résiduelles de
5/05/2009 cumène sont envoyés directement
Une explosion se pro- depuis vendredi en raison du pont de la au Rhône, le rejet général du site est
duit vers 11 h 20 dans un Pentecôte. La gendarmerie effectue une équipé de barrage permettant de rete-
établissement pyrotech- enquête pour déterminer les causes de nir les hydrocarbures. Les secours cons-
nique, lors de la phase l’accident. tatent vers 7 h 50, lorsque l’arrosage en
de malaxage d’une pâte pour la fabri- eau est diminué, une fuite de cumène
cation d’objets pyrotechniques. Le POI 38 - ROUSSILLON au 4e étage de la structure. Les secours
est déclenché et les services de secours installent un barrage sur le canal du
20.14 - Fabrication d’autres produits
de l’établissement interviennent. L’opé- Rhône supplémentaire au barrage
rateur conduisant les opérations à dis-
chimiques organiques de base
absorbant de la plateforme. Le POI est
tance (50 m) est indemne mais choqué. 26/06/2009 levé à 11 h 30.
Un employé circulant à vélo à 100 m Un feu se déclare vers L’exploitant publie un communiqué
souffre de troubles auditifs. Tous 2 sont 1 h 30 dans l’atelier phé- de presse ; la préfecture, un élu et
transportés à l’hôpital pour examen et nol d’une usine chimique l’inspection des installations classées
sont rentrés à 16 h. L’exploitant publie et se propage aux 4 éta- se rendent sur place. La production
un communiqué de presse. ges du bâtiment ; un épais nuage noir se est réduite à 40 % ; la centaine d’em-
Le bâtiment de 100 m2 abritant l’atelier dégage. Le POI est déclenché à 2 h 15 et ployés de l’atelier est maintenue à son
est entièrement détruit et les toitures les pompiers du site interviennent rapi- poste pour assurer le fonctionnement
et ouvertures des bâtiments situés de dement aidés des secours extérieurs des unités en service, pour remettre
50 à 100 m sont endommagées. Une qui travaillent sous ARI. L’intervention en état et surveiller les travaux de la
enquête est en cours pour déterminer consiste à protéger les appareils conte- zone endommagée. L’activité d’un des
l’origine du sinistre. L’analyse de la taille nant du cumène et l’hydroperoxyde de exploitants voisins sur la plateforme
et de l’aspect des débris est en cours. La cumène à proximité de l’incendie ainsi chimique est interrompue jusqu’au
zone qu’occupait la cuve de malaxée ne que des wagons vides non dégazés, à lendemain.
présente aucune trace de combustion : refroidir les installations et établir des Lors de l’orientation des eaux d’incen-
l’origine de l’explosion ne serait pas due rideaux d’eau. L’exploitant rencontrent die, les eaux de refroidissement des
à une prise en feu. Quelques plateaux des difficultés pour la mise en sécurité unités voisines sont également diri-
contenant des granulés de produit finis de l’installation ; les employés doivent gées vers le bassin grand sinistre qui
auraient brûlé par effet induit. manœuvrer en local car les remontées sera plein après 8 h de détournement
d’information du système de con- comme prévu par son dimensionne-
duite ne fonctionnent plus (câblage
16 - ROULLET-ST-ESTÈPHE impacté par l’incendie ?). Les pompiers
ment (15 000 m3). L’arrêt de l’unité
voisine a été demandé pour conserver
46.73 - Commerce de gros de bois, de matériaux éteignent l’incendie vers 4 h 50 avec une marge de sécurité concernant le
de construction et d’appareils sanitaires 4 lances canon à eau et de la mousse. remplissage du bassin de rétention.
1/06/2009 Un employé a reçu sur les pieds et les Les eaux ainsi retenues ont été traitées
Un feu se déclare vers jambes une projection de cumène et dans la station d’épuration de la plate-
11 h dans un entrepôt d’hydroperoxyde de cumène à 90 °C forme les jours suivants. Le bassin était
contenant du matériel de sans conséquence, car traité immédia- à 50 % disponible 36 h après le début
salle de bain de 7 000 m2; tement par les équipes médicales et de de l’incendie, totalement disponible
une épaisse fumée noire se dégage. sécurité du site, deux pompiers sont dès le 3e jour.
Une dizaine de bouteilles de gaz sur la incommodés par les fumées et un autre L’inflammation d’une fuite d’un
trentaine stockée explose. Les pompiers a une contusion au genou. mélange d’hydroperoxyde de cumène
rencontrent des difficultés d’alimenta- Les eaux d’extinction sont dirigées et de cumène au niveau d’une pompe
tion en eau. Ils maîtrisent l’incendie vers vers le bassin de rétention dit « grand pourrait être à l’origine du sinistre.
16 h 30 avec 8 lances à débit variable Roussillon
dont 2 sur échelle et 3 lances canon ;
2 pompiers souffrent d’une inflamma-
tion du tympan et 1 autre nécessite
des points de suture. Les secours étei-
gnent les foyers résiduels, déblaient les
lieux et quittent le site le lendemain à
16 h 50 ; ils surveillent les lieux jusqu’au
3/06. Sur les 80 employés, 26 sont en
chômage technique. Le stock est brûlé
et 5 000 m2 de bâtiment sont détruits.
Photo SDIS 38

L’inspection des installations classées se


rend sur place. L’entreprise était fermée

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REJETS DE MATIÈRES DANGEREUSES


76 - MONTVILLE
46.75 - Commerce de gros de produits chimiques
12/05/2009
Une fuite d’hypochlorite 33 - LUGOS pénétrant dans le champ ?). Un mauvais
de sodium provenant entretien de cette remorque est sus-
49.41 - Transports routiers de fret
d’une société de stockage pecté ; cette dernière est ramenée à son
4/06/2009 propriétaire, la coopérative concernée.
et de conditionnement
de produits chimiques, établissement Attelée à un tracteur,
une citerne transportant
classé Seveso, pollue le Cailly, affluent
2 t d’ammoniac agri-
59 - MERVILLE
de la Seine. Les secours constatent une
cole (NH3) se renverse 13.30 - Ennoblissement textile
destruction de la faune et de la flore sur
10 km. La nappe phréatique et l’appro- à 7 h 15 au bord d’une route départe- 5/06/2009
visionnement en eau potable des rive- mentale longeant un champ de maïs. Les employés d’une usine
rains, en revanche, ne sont pas impactés. De l’NH3 liquide fuit du réservoir après de textile constatent vers
Une réunion est réalisée entre les maires rupture d’une vanne sur un piquage, la 16 h une fuite sur une
des communes et les services de l’État citerne se vide et un nuage de 800 m3 cuve de fioul de 30 m3
concernés. La préfecture interdit par de gaz toxique et corrosif se forme. située dans une rétention ; ils vidangent
arrêté préfectoral la pêche, le ramassage En l’absence de vent, le nuage stagne la cuve dans la nuit et colmatent la fuite.
et la consommation de poissons sur la 30 min avant de se dissiper ; la végé- Le 7/06, les pompiers constatent une iri-
zone atteinte et publie un communiqué tation sera brulée sur 8 ha (300 m). La sation de la Lys sur 10 km et 1,50 m de
de presse. L’inspection des installations gendarmerie et les pompiers établissent large. Ils épandent du dispersant et de
classées demandent à l’exploitant de un périmètre de sécurité d’un rayon de l’absorbant et mettent en place un bar-
stopper ses rejets d’effluents. Les ser- 500 m. Travaillant pour le compte de la rage hydrophobe de 12 m le lendemain.
vices de l’assainissement prennent en coopérative et chargé de l’épandage, un Une usine située 3 km en aval ne peut
charge les eaux contaminées stockées automobiliste qui suivait le tracteur est plus pomper l’eau de la rivière pour ses
dans un bassin tampon de 400 m3 qui est intoxiqué et hospitalisé. Le gérant d’un besoins industriels et fonctionne sur une
susceptible de déborder avec les pluies camping proche et sa cliente unique sont réserve de 48 h d’eau potable. La muni-
annoncées. évacués. Le fournisseur d’ammoniac éva- cipalité et l’inspection des installations
cue la citerne. Après mesure des concen- classées sont informées.
Une enquête de la gendarmerie est en
trations, la zone ne présentant plus aucun La cuvette de rétention présente plu-
cours. Cette pollution du milieu naturel
risque vers 10 h, le périmètre de sécurité sieurs fissures. Le fioul restant dans la
résulte d’erreurs de manipulation à la
est levé et les riverains peuvent regagner cuvette se serait déversé par d’ancien-
suite d’une livraison d’eau de javel par
leur domicile. Le Samu prendra en charge nes canalisations n’apparaissant pas sur
camion-citerne.
une trentaine de personnes, souffrant les plans et se jetant dans la Lys située
L’exploitant mettra en place une décon-
essentiellement de gêne respiratoire à 5 m. Les secours tentent de stopper
nexion physique entre la sortie des
(toux, irritations), restées confinées quel- la fuite avec un coussin vetter mais
bassins de rétention et les exutoires
ques heures dans 2 lotissements situés à l’obturation est partielle en raison de
vers le milieu, asservie à des systèmes
500 m du lieu de l’accident. Un élu et un la vétusté de l’installation. Une société
de détection de pollutions (PH-mètre,
représentant de la préfecture se sont ren- spécialisée cure la cuvette de rétention.
sonde Redox). Il renforce les disposi-
dus sur les lieux. La préfecture diffuse un L’inspection des installations classées
tifs de détection et d’asservissement
communiqué de presse. demande à l’exploitant de rédiger un
automatique au niveau de la station
La remorque transportant la citerne rapport d’accident et de ne pas remet-
de neutralisation des effluents. Le bâti-
s’est détachée du tracteur (secousse en tre en service la cuve avant d’avoir fait
ment est entièrement mis sous réten-
tion. Le marquage des canalisations est réaliser un diagnostic et une remise
Photos SDIS 33

amélioré pour éviter toute confusion. en état de cette dernière. Un arrêté


Les dispositifs d’interconnexion entre d’urgence est proposé au préfet.
aires de dépotage seront supprimés.
L’exploitant améliore les opérations de Lugos
dépotage : mise en place de détrom-
peurs spécifiques à chaque produit
sur les vannes d’empotage des cuves,
de coups de poing d’arrêt d’urgence,
présence permanente de personnel
formé… Les détrompeurs sont conser-
vés par le laboratoire qui les délivre aux
dépoteurs suivant les résultats des tests
d’échantillonnage.

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ORAGE ET FOUDRE
10 - SAINT-MARTIN- de styrène et de divinylbenzène, pour
DE-BOSSENAY fabriquer des billes de polystyrène des-
tinées à être transformées ensuite en
06.10 - Extraction de pétrole brut résines échangeuses d’ions.
13/05/2009
L’incident n’a provoqué aucune émis-
Vers 13 h 45, suite à un pour permettre le pompage d’un
sion atmosphérique. L’exploitant publie
violent orage accompa- maximum de produits liquides ;
un communiqué de presse.
gné de fortes précipi- • pompe les effluents souillés à
tations (de 20 à 24 mm l’intérieur du site près de la pomperie
d’eau en 5 minutes), une coulée d’eau (sur 600 m2) ; 07 - LE CHEYLARD
et de boue en provenance de champs • répare et renforce le merlon de 42.11 - Construction de routes et autoroutes
situés en amont traverse les installations rétention de la pomperie ; 9/06/2009
d’un site d’extraction et de stockage de • remet en état le fossé de canalisation
Dans une entreprise de
pétrole brut, entraînant le débordement des eaux pluviales autour du
construction de route,
du « bourbier-décanteur » de la station « bourbier-décanteur » ;
une pompe de dépo-
de traitement des eaux huileuses. Cette • nettoie « l’aquadrain » en partie haute
tage se déclenche à
cuve, d’une capacité de 100 m3 envi- du site ;
la suite des orages de la nuit ; 4 t de
ron, collecte des effluents huileux qui, • vidange partiellement le contenu de
produit bitumeux se déversent dans
après décantation et séparation par la cuve qui est envoyé vers un centre
la cour et dans l’Eyrieux. La rivière est
gravité, libèrent un surnageant consti- d’incinération.
polluée sur 500 m2 et ses berges sur
tué d’une fine pellicule de pétrole brut Dès le lendemain, il procède au déca- 2 000 m2. L’entreprise prend en charge
récupérée et recyclée en bout de ligne page des terres souillées près de la la dépollution.
de production. pomperie, à leur stockage dans une
fosse étanche avant envoi vers un
Une camionnette de la société circulant
centre d’élimination.
51 - VERT-TOULON
à ce moment-là sur une route au-des-
06.10 - Extraction de pétrole brut
sus des installations est emportée par Plusieurs mesures complémentaires
la coulée sur quelques mètres sans faire sont envisagées dont le remplacement 25/06/2009
de victime. du merlon en terre par un muret en Vers 21 h 20, sur un site d’extraction de
Riche en terre et en débris végétaux, béton, la construction d’un dispositif de pétrole (2 puits) comprenant 3 bacs de
cette coulée colmate rapidement rétention autour du « bourbier-décan- stockage du pétrole brut (2 de 90 m3 et
« l’aquadrain » de protection situé en teur » et l’aménagement de la zone 1 de 100 m3), la foudre enflamme les gaz
amont du site. Après débordement située en amont de cet équipement. chauds sortant de l’un des évents du
du « bourbier-décanteur », les eaux bac central de 90 m3. Un riverain donne
l’alerte. Le personnel de permanence
souillées par environ 1 m3 de pétrole 02 - CHAUNY stoppe la production du puits qui a pour
brut (selon l’exploitant) se sont accumu-
20.59 - Fabrication d’autres produits conséquence l’arrêt de la production
lées au point bas du site où le merlon
de protection en terre de la pomperie a
chimiques n.c.a. de gaz au niveau des évents du bac et
permis d’en retenir une partie. Cepen- 26/05/2009 l’extinction des flammes, vers 21 h 50,
dant, une brèche s’est ouverte pro- Une coupure d’électri- sans utilisation d’eau. Les secours et la
bablement sous l’effet de la pression cité suite à un orage gendarmerie se rendent sur place et
dynamique (« effet de vague ») occa- provoque, vers 1 h 30, l’inspection des installations classées
sionnant le déversement d’effluents une perte d’agitation est informée.
dans les champs en contrebas sur une et de refroidissement sur un réacteur Le site est équipé d’un paratonnerre
surface d’environ 3600 m2. de polymérisation d’une usine chimi- installé sur le mât d’éclairage (plus haut
Le jour même, l’exploitant : que classée Seveso ; la pression monte que les bacs). Chaque réservoir est doté
• bâtit un merlon de rétention alors jusqu’à 2 bars. Les sécurités en de pare-flammes et les évents dépas-
ceinturant les terres agricoles place sur le réacteur se déclenchent et sent de 2 m au-dessus du toit pour
souillées pour éviter l’extension de la le disque de rupture éclate, permettant limiter le risque d’échauffement et de
zone impactée en cas de nouvelles de récupérer le produit dans la cuve propagation au bac en cas d’incendie.
précipitations ; de rétention. Le POI est déclenché et L’inspection des installations classées
• creuse une fosse au point bas le service d’astreinte, appelé en ren- demande une analyse de l’incident à
de la partie du champ souillé fort, redémarre progressivement les l’exploitant qui envisage par ailleurs
installations. de renforcer le dispositif de protection
Malgré tout le soin apporté à la réalisation de cette synthèse, il est Au moment de la coupure électrique, contre la foudre. Le paratonnerre, les
possible que des inexactitudes persistent dans les éléments présentés. une réaction de polymérisation en sus- évents et les pare-flammes feront l’objet
Merci au lecteur de bien vouloir signaler toute anomalie éventuelle avec pension dans l’eau était en cours. Cette d’une inspection avant le redémarrage
mention des sources d’information au BARPI, 2 rue Antoine-Charial, réaction met en œuvre un mélange de l’installation. ■
69426 Lyon cedex 03, mél : sei.barpi@industrie.gouv.fr

78 Préventique Sécurité - N° 107 - Septembre-octobre 2009

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