Vous êtes sur la page 1sur 12

L’interaction ciment/superplastifiant

Cas des polysulfonates

Pierre-Claude AÏTCIN
Professeur
Département de Génie civil

Shipping JIANG*
Stagiaire postdoctoral

Byung-GI KIM**
Doctorant

Pierre-Claver NKINAMUBANZI***
Chargé de projet
RÉSUMÉ
N. PÉTROV
Cet article présente une synthèse de plu- Directeur des opérations du groupe de recherche sur le béton
sieurs travaux de recherche effectués ces
Université de Sherbrooke, Québec, Canada
dernières années à l'université de Sher-
brooke dans le cadre d'études sur le phéno-
mène de compatibilité entre les ciments
Portland et les superplastifiants à base de
polysulfonates.
Ces recherches ont mis en évidence
l'importance cruciale de la vitesse de disso-
lution des différents sulfates que l'on
retrouve dans un ciment Portland lorsqu'il
s'agit de maintenir l'affaissement des
Introduction
bétons superplastifiés. Chaque fois que la
solution interstitielle du béton frais présente La redécouverte vers la fin des années 1960 des propriétés
un déficit en ions SO 42– des molécules de dispersantes exceptionnelles des polynaphtalènes sulfo-
polysulfonate vont neutraliser des sites
actifs du C3A et c'est cette consommation nates [1, 2] et la découverte de celles des polymélamines
de molécules de polysulfonate qui occa- sulfonates [3] ont permis à la technologie du béton de faire
sionne alors une perte d'affaissement. un pas de géant [4, 5] : il est devenu possible de fabriquer
La teneur en sulfates alcalins du clinker qui des bétons fluides, même avec moins d'eau qu'il n'en faut
a servi à fabriquer le ciment devient donc pour hydrater le ciment, donc de fabriquer des bétons de
un facteur clé dans cette compétition entre
les ions SO 42– et les terminaisons SO 3– très faible rapport eau/ciment faciles à mettre en place.
des polysulfonates lorsqu'il s'agit de neutra-
liser les sites actifs du C3A. En effet, les sul- Grâce au superplastifiant, d'une part l'eau n'est plus le seul
fates alcalins sont beaucoup plus rapide-
ment solubles que les différentes formes de ingrédient du béton permettant de contrôler sa rhéologie
sulfate de calcium que l'on a rajouté au clin- et, d'autre part, il devient possible de rapprocher considé-
ker dans les broyeurs et, en général, ils se rablement les grains de ciments au moment du malaxage
situent très près du C3A sur les grains de
ciment.
de la pâte de ciment hydraté. En rapprochant les grains de
ciment on peut donc fabriquer des bétons où, d'une part,
L'importance de la teneur en sulfates alca-
lins explique aussi pourquoi ce sont les on n'a plus besoin de développer beaucoup de C-S-H pour
ciments à très faible teneur en alcalins et obtenir rapidement de très fortes résistances et où, d'autre
les ciments blancs, qui contiennent très peu part, on obtient une matrice cimentaire très dense et très
d’alcalins en général, qui sont les ciments
les moins compatibles avec les superplasti- imperméable qui présente une résistance à la pénétration
fiants à base de polysulfonates. des agents agressifs sans commune mesure avec celle des
Dès le moment où l’on connaît une des cau- bétons ordinaires.
ses principales de la perte d’affaissement
de certains bétons superplastifiés, il devient
très facile de corriger ces cas d'incompati- Actuellement :
bilité : il suffit de rajouter une quantité adé- * Shipping JIANG est chargé de recherches à la Direction Dévelop-
quate de sulfate alcalin rapidement soluble pement de la compagnie Ciment d’Obourg-Origny en Belgique.
dans le béton au moment de son gâchage. ** Byung-Gi KIM travaille pour Kyunggi Chemicals à Séoul en
Corée.
DOMAINE : Ouvrages d’art. *** Pierre-Claver NKINAMUBANZI est chercheur scientifique au
Centre international pour le développement durable du ciment et du
béton (ICON) CANMET au Canada.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98 87
En outre, la combinaison des superplastifiants et ciment. Cet effort de recherche a finalement abouti
des ajouts cimentaires permet aussi de favoriser au développement d'une nouvelle science des adju-
une meilleure utilisation et une utilisation en plus vants qui permet déjà de mieux contrôler les pro-
grande quantité d’additions minérales hydrauli- priétés des bétons superplastifiés [10, 11, 12, 13].
ques ou pouzzolaniques en diminuant la quantité
Parallèlement à cet effort de recherche, et selon
de C-S-H nécessaire pour développer les premiers
leur approche traditionnelle du marché des adju-
liens qui donnent la résistance au jeune âge du
vants, les compagnies d'adjuvants se sont mises à
béton. D'une certaine façon, les superplastifiants
développer un certain nombre de « cocktails »
contribuent à améliorer la performance écologi-
obtenus par essais et erreurs pour essayer de régler
que des ciments à base de ciment Portland, des
les problèmes de compatibilité auxquels elles
liants hydrauliques et du béton.
avaient à faire face. On a pu ainsi rajouter des
L'utilisation des superplastifiants gagne du terrain : lignosulfonates, des accélérateurs, des retarda-
les superplastifiants sont des composés essentiels teurs à des polynaphtalènes sulfonates (PNS) ou
des bétons à haute performance, des bétons auto- des polymélamines sulfonates PMS, et même
plaçants, des bétons coulés sous l'eau, des bétons mettre au point des combinaisons complexes de
renforcés de fibres, des bétons à haute teneur en plusieurs de ces adjuvants d'appoint, avec pour
cendres volantes et des bétons de poudres réacti- résultat final que le nombre de superplastifiants
ves entre autres. Cependant, on peut déplorer que commerciaux a augmenté considérablement, ce
l'acceptation des superplastifiants par l'industrie qui a eu pour conséquence d'augmenter la confu-
du béton soit lente, ce qui n'est pas très surprenant sion régnant dans le domaine plutôt que de résou-
de la part d'une industrie qui n'a jamais été très dre les vrais problèmes. Une autre conséquence de
portée sur l'innovation et qui ne maîtrise pas tou- cette multiplication des superplastifiants commer-
jours très bien sa propre technologie. ciaux est que maintenant les producteurs de béton
doivent tester beaucoup de superplastifiants avant
Il faut admettre aussi que les premières généra-
de trouver celui qui est le plus efficace avec le
tions de superplastifiants présentaient trop sou-
ciment qu'ils utilisent.
vent quelques faiblesses, spécialement au niveau
du contrôle de l'affaissement [6, 7]. Trop souvent,
l'utilisation de superplastifiants se traduisait par
des pertes d'affaissement rapides, si bien qu'il était Les polysulfonates
nécessaire de rajouter une ou plusieurs fois du La grande majorité des superplastifiants actuelle-
superplastifiant sur les chantiers, là où il est assez ment utilisés dans l'industrie du béton sont des
souvent difficile de bien contrôler ce que l'on fait. polynaphtalènes sulfonates (PNS) ou des polymé-
lamines sulfonates (PMS) dont le mode d’action
est essentiellement la répulsion électrostatique (8).
Situation actuelle On commence aussi à voir apparaître des polycar-
boxylates dont le mode d’action est au contraire la
À l'heure actuelle la qualité générale des super-
répulsion stérique (12). Dans cet article, nous nous
plastifiants s'est bien améliorée [8, 9, 10], mais, au
intéresserons uniquement aux polysulfonates.
fil des ans, on en est venu à constater que certaines
combinaisons ciment/superplastifiant permet- On connaît bien maintenant les caractéristiques
taient de fabriquer des bétons ayant un grand que doivent avoir les polymères à la base des
affaissement initial et de conserver cet affaisse- superplastifiants, par exemple, dans le cas des
ment dans le temps (on parle alors de combinaison polynaphtalènes sulfonates on sait que le groupe
compatible) alors que dans d'autres cas l'affaisse- sulfonate SO 3– doit se situer en position β sur
ment initial élevé obtenu avec le superplastifiant l'anneau benzénique et non en position α (fig. 1).
se perdait très rapidement (on parle alors de com- On sait aussi qu'il est préférable que le degré de
binaison incompatible). sulfonation soit le plus élevé possible, et que le
degré de polymérisation optimal moyen soit de 9
Au fur et à mesure que le potentiel technologique
à 10. Dans ce cas, la chaîne polymérique ne pré-
et économique des superplastifiants s'est affirmé,
sente pas trop de réticulation [8].
on a pu voir se développer un effort de recherche
soutenu pour essayer de mieux comprendre les À l'heure actuelle, les processus de polymérisation
mécanismes d'interaction ciment/superplastifiant des PNS et des PMS sont bien connus et bien con-
de façon à développer des superplastifiants plus trôlés si bien qu'en règle générale on peut dire que
puissants, plus efficaces, plus économiques, qui les molécules de base utilisées dans la fabrication
soient compatibles avec le plus grand nombre de des superplastifiants commerciaux sont de bonne

88 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98
Fig. 1 - Positions α et β
du groupe sulfonique.
Acide α -naphtalène H
sulfonique
O
Sulfonation O S O

Midi

2 heures

Acide β -naphtalène
sulfonique
O H
O
S
Naphtalène (monomère) O

qualité. Par exemple, dans un bon PNS, le degré relativement trop éloignés les uns des autres pour
de sulfonation est de l'ordre de 90 % et plus de influencer réellement la rhéologie de la pâte et il
85 % de ces groupes sulfonates se retrouvent en faut attendre un certain temps pour que les pre-
position β ; en outre le pourcentage de mono, di et miers produits d'hydratation commencent à inter-
trimères ne compte plus que pour 30 % du total férer avec le libre mouvement des grains de
(en masse). On sait aussi contrôler le degré de réti- ciment. En outre, comme ces mortiers ne contien-
culation pour conserver aux polymères le maxi- nent aucun adjuvant, il est impossible de voir si les
mum de flexibilité et de pouvoir couvrant. Mais molécules de cet adjuvant vont modifier le com-
malheureusement, il y a encore quelques excep- portement rhéologique et les propriétés mécani-
tions à la règle générale. ques au jeune âge du mortier ; par conséquent, on
en est réduit à devoir tester les superplastifiants
avec les ciments de façon séparée.
Influence des polysulfonates
sur la rhéologie des coulis et des bétons
Comment tester les superplastifiants
On pourrait penser que tous les ciments Portland
qui satisfont aux mêmes normes d'acceptation Plusieurs méthodes ont été proposées pour étudier
devraient présenter le même comportement rhéo- l'interaction ciment/superplastifiant. Une première
logique quand on les teste avec le même super- tentative a consisté à essayer d'étendre les normes
plastifiant. L'expérience démontre que ce n'est pas sur les réducteurs d’eau au cas des superplasti-
toujours vrai, spécialement quand le rapport eau/ fiants pour finalement s'apercevoir que cela n’était
liant du béton est compris entre 0,30 et 0,40 ; en pas toujours adéquat. Quelques organismes de
effet, le nombre de cas d'incompatibilité augmente normalisation ont aussi décidé d'utiliser un ciment
au fur et à mesure que le rapport eau/liant décroît. particulier à titre de ciment de référence, tandis
que d'autres organismes ont proposé d'utiliser un
Une telle situation est due, à l’heure actuelle, au
mélange de plusieurs ciments. Ces deux méthodes
fait que la composition chimique et minéralogique
conviennent quand on veut tester un superplasti-
et la teneur en sulfate de calcium d'un ciment par-
fiant particulier, mais ne peuvent résoudre les pro-
ticulier sont ajustées dans des conditions expéri-
blèmes d'un producteur de béton qui utilise un
mentales fort différentes de celles que l'on
ciment qui n'est pas le ciment de référence. En
retrouve dans des bétons qui ont de très faibles
outre, l'utilisation d'un mélange de trois ciments ne
rapports eau/liant où l’on utilise surtout des super-
présente aucun intérêt pratique. Par conséquent, il
plastifiants. Les normes d'acceptation actuelles
faut tester directement un superplastifiant donné
des ciments mettent en jeu des mortiers qui ont un
avec le ciment que l'on veut utiliser.
rapport eau/liant de l'ordre de 0,50 et la rhéologie
de tels mortiers est surtout contrôlée par l'eau. Étant donné que les essais sur béton sont parti-
Dans de tels mortiers, les grains de ciment sont culièrement exigeants en termes de matériaux,

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98 89
d'énergie, de temps et d'espace, les chercheurs ont ciments à faible teneur en alcalins [10, 27] qui, en
développé des essais sur coulis plus simples et règle générale, sont ceux qui présentent le plus de
plus rapides à mettre en œuvre. Les deux essais les problème d'incompatibilité avec les polysulfo-
plus utilisés sont l'essai du minicône et l'essai nates [10, 19, 28].
d'écoulement au cône de Marsh. Ces deux essais
permettent d'évaluer l'évolution de la fluidité d'un Finalement, des études au microscope électroni-
coulis pendant 1 h à 1 h 30, le laps de temps qui que ont montré que les polysulfonates semblaient
correspond en règle générale à la durée de livrai- modifier la morphologie des cristaux d'ettringite
son du béton sur les chantiers. et que les molécules de superplastifiant et la phase
interstitielle du ciment (C3A + C4AF) formaient
Ces deux essais permettent de mettre en évidence un composé organominéral ressemblant à de
l'existence d'un dosage critique en superplastifiant l'ettringite [29, 30].
au-delà duquel toute addition de superplastifiant
n'améliore plus la rhéologie du coulis. Ce dosage Les essais sur coulis ont donc permis de mieux
particulier est appelé dosage au point de saturation évaluer l'influence de ces nombreux paramètres
[14]. Au-delà d'un tel dosage, on voit très rapide- sur la rhéologie des combinaisons ciment/super-
ment se développer de la ségrégation, du ressuage plastifiant mais la question fondamentale qu'il
et un retard de durcissement. faut se poser est : peut-on transposer des résultats
obtenus sur coulis à des bétons ?
Quand on analyse les résultats de ces deux essais
sur coulis, on s'aperçoit que certaines combinai- En effet, il ne faut pas oublier que, dans un béton,
sons ciment/superplastifiant présentent une rhéo- le mortier doit avoir une consistance telle qu'il
logie stable pendant 1 h à 1 h 30 avec un dosage puisse maintenir les gros granulats en suspension
en polysulfonate de 0,6 à 0,8 % alors que, dans et que, dans un mortier, la pâte de ciment doit
d'autres cas, la fluidité originale du coulis est par- avoir une consistance telle qu'elle puisse mainte-
fois perdue en 15 min. Ces essais ont aussi mis en nir les grains de sable en suspension, et qu'il faut
évidence la complexité de l’interaction ciment en outre que les grains de ciment forment une sus-
polysulfonate qui met en jeu : pension stable dans l'eau. Quand une de ces trois
➢ les caractéristiques physiques des ciments tel- conditions, ou les trois ensemble, ne sont pas
les que la surface spécifique [15, 16] ; remplies, le béton ressue, et/où l'on voit apparaî-
➢ les caractéristiques chimiques du ciment telles tre un phénomène de ségrégation, des phénomè-
que sa composition minéralogique et la disponi- nes qui ne peuvent évidemment pas être mis en
bilité d'ions SO 42– rapidement solubles [15, 16, évidence quand on fait des essais sur coulis où
17, 18] ; seule intervient la stabilité de la suspension des
➢ la morphologie des grains de ciment et plus grains de ciment dans l'eau. Ainsi un coulis peut
particulièrement leur structure externe, par exem- être stable, alors qu'un béton de même rapport
ple la quantité de C3A superficielle [19, 20] ; eau/liant ayant le même dosage en superplasti-
➢ la quantité d'alcalins solubles que l'on retrouve fiant pourra présenter un phénomène de ségréga-
dans le ciment [10, 19] ; tion et de ressuage et un retard de durcissement
inacceptable.
➢ la quantité de clinker substitué par une addi-
tion minérale réactive dans un ciment composé En règle générale, on trouve que les points de
[21, 22] ; saturation obtenus sur coulis dépassent au maxi-
➢ les caractéristiques du superplastifiant telles mum de 20 à 25 % les dosages efficaces sur béton,
que son degré de sulfonation et le nombre de ce dépassement est évidemment fonction des
sites β sulfonés [23] ; énergies de malaxage utilisées lors du malaxage
➢ la morphologie du superplastifiant, en particu- du coulis et du béton.
lier la taille moyenne des polymères et leur répar-
tition massique [19, 24], et la nature du contre-ion Mais alors pourquoi continuer à tester des ciments
[25] ; sur coulis ?
➢ des aspects technologiques tels que l'intensité
En fait, les essais sur coulis présentent beaucoup
du malaxage et la séquence d'introduction des
d'intérêt dans la mesure où ils permettent, d’une
adjuvants [26].
part, de se rendre très rapidement compte si la
Grâce à ces essais sur coulis, on a récemment combinaison ciment/superplastifiant sera compa-
trouvé qu'une faible addition de sulfate de sodium tible ou non et, d’autre part, de réduire considéra-
améliorait de façon spectaculaire le comporte- blement le nombre d'essais qu’il faudra effectuer
ment rhéologique de coulis fabriqués avec des sur béton.

90 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98
Développements récents ➢ G3 est une particule ayant une surface essen-
dans les études de compatibilité tiellement composée de C3S avec un tout petit peu
de C3A et C4AF,
ciment/superplastifiant
➢ G4 et G5 sont des grains de ciment qui ont la
même morphologie mais dont les teneurs en C3A
Importance de la morphologie des grains et C4AF sont inversées. En particulier, le grain de
de ciment sur leur réactivité rhéologique ciment G4 sera plus réactif que le grain de ciment
G5 parce que la quantité de C3A qui se retrouve en
Jusqu'à présent, on avait porté assez peu d'atten- surface est deux fois plus élevée que celle que l’on
tion à cet aspect de la nature de la surface des retrouve à la surface du grain G5.
grains de ciment. L'interaction ciment/superplasti- En plus de ces différences de morphologie, dans
fiant est un phénomène de surface, c'est donc dire un ciment, le C3A peut se présenter sous deux for-
que la morphologie de la surface des grains de mes cristallines (cubique ou orthorhombique), qui
ciment est fort importante puisqu'elle conditionne n’ont pas la même réactivité vis-à-vis de l’eau ; en
la nature et la quantité des phases que l'on retrouve outre la répartition massique des polymères que
à la surface des grains de ciment, la phase intersti- l'on retrouve dans un superplastifiant commercial
tielle étant riche en charges positives et la phase a une influence non négligeable sur l'efficacité du
silicate riche en sites négatifs. superplastifiant. On comprend donc que l'interac-
tion ciment/superplastifiant est un phénomène
Examinons les cinq particules théoriques de
physicochimique fort complexe. À la limite, on
ciment qui sont représentées sur la figure 2. Elles
pourrait même en conclure que les polysulfonates
ont toutes la même proportion de phase intersti-
constituent le meilleur moyen de tester la réacti-
tielle et de phase silicatée (20 % dans ce cas parti-
vité rhéologique d'un ciment Portland.
culier). Par contre, pour une molécule de polysul-
fonate située à leur proximité, ces cinq grains de
ciment sont totalement différents : Compatibilité et robustesse
Jusqu'à présent, on a toujours utilisé les expres-
➢ G1 présente une surface uniquement compo-
sions compatibles et non compatibles pour décrire
sée de C3S,
l'interaction des ciments et des superplastifiants.
➢ G2, une surface uniquement composée de C3A Une combinaison ciment/superplastifiant est dite
et C4AF, non compatible quand un béton superplastifié perd

Fig. 2 - Représentation
schématique de
G1 G2 G3 particules de ciment
théoriques.

Phase silicate Phase interstitielle

G4 G5

Phase silicate C3A C 4 AF

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98 91
très rapidement son affaissement initial. Dans cer- De façon générale, on dit qu'un processus indus-
tains cas, des bétons peuvent perdre leur affaisse- triel est robuste si une grande variation ∆V d'une
ment initial en moins de 15 min, tandis que dans variable V entraîne une faible variation ∆P d'une
d'autres cas des bétons peuvent conserver un propriété P ; au contraire, un processus industriel
affaissement supérieur à 200 mm pendant 1 h ou n'est pas robuste quand une petite variation ∆V de
même 1 h 30, sans phénomène de ressuage, de la variable V entraîne une forte variation ∆P d'une
ségrégation et sans perte de résistance à 24 heures. propriété P (fig. 3). Évidemment, dans l'industrie
on recherche systématiquement des combinaisons
Dans le cadre d'une recherche effectuée pour le
d'autant plus robustes que l'on a peu de contrôles,
compte de l'ATILH sur la compatibilité de
ou que l'on ne veut pas exercer beaucoup de con-
ciments Portland français avec un superplastifiant
trôles sur la qualité des matières premières ou sur
à base de polynaphtalène sulfonate, on a pu
les paramètres mis en jeu dans le processus indus-
démontrer [20] que la vitesse de mise en solution
triel. Les industriels sont donc à la recherche de
des sulfates contenus dans un ciment Portland
processus efficaces mais robustes qui résultent
jouait un rôle clef dans le maintien de l'affaisse-
toujours d'un compromis.
ment, mais aussi que les expressions compatibles
et non compatibles n'étaient peut être pas les plus Dans le cas de l'efficacité des combinaisons
appropriées pour décrire le comportement rhéolo- ciment/superplastifiant, la variable V est habituel-
gique des combinaisons ciment/superplastifiant, lement le dosage en superplastifiant, ou la teneur
et qu'il vaudrait mieux discuter du comportement en eau du sable, et la propriété P est l'affaissement
rhéologique des combinaisons ciment/superplasti- ou la résistance initiale du béton.
fiant en terme de robustesse.
En fait, on s'aperçoit que dans le cas des combinai- Étude de cas
sons non compatibles il est presque toujours pos- Dans les paragraphes qui suivent nous allons exa-
sible de trouver une combinaison ciment/super- miner deux études particulières sur le comporte-
plastifiant qui présente un taux de ressuage ment rhéologique de coulis et de béton qui ont
acceptable, qui est à la limite de la ségrégation et permis d'expliquer le comportement rhéologique
qui ne présente pas trop de retard de durcissement de deux ciments industriels, l'un réputé compati-
pour que l’on puisse quand même décoffrer le ble, l'autre absolument pas.
béton à 24 heures. Par contre, une très faible
variation du dosage en superplastifiant, quelque-
fois aussi faible que ± 0,05 %, ou une légère varia- Évolution du comportement rhéologique
tion de la teneur en eau du sable, peuvent entraîner d'un ciment canadien de type 10
pendant trois ans
soit une perte d'affaissement très rapide, soit de la
ségrégation et un retard de prise inacceptable. Un ciment canadien de type 10 est un ciment Port-
Industriellement parlant, on dira plutôt qu'un tel land semblable au ciment de type 1 ASTM et au
comportement est caractéristique d'une combinai- ciment européen CEM I mais qui peut contenir
son non robuste. jusqu'à 5 % de filler calcaire à titre de constituant

Fig. 3 - Robustesse
d'un processus industriel.
Propriété P Propriété

Variable V Variable
Combinaison robuste

92 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98
secondaire. Le comportement rhéologique de ce étalement (cm)
ciment compatible a été étudié à quatre reprises 18
entre 1997 et 2000. Chaque fois, on a vérifié la 16
composition chimique des lots de ciment reçus et C1
14
calculé leur composition potentielle de Bogue,
mesuré leur quantité d'alcalins solubles ainsi que 12
C4
l’étalement au minicône d'un coulis de rapport 10
C2
eau/ciment égal à 0,35. 8

Le tableau I montre que les ciments C1, C2 et C3 6 C3


ont des compositions chimiques et de Bogue très 4
semblables, mais que leur teneur en alcalins solu- 2
bles (surtout sous forme de sulfates) a eu tendance
0
à diminuer dans le temps avec une légère dégrada-
0 30 60 90 120
tion de la rhéologie comme on peut le voir sur la Temps (min)
figure 4.
Fig. 4 - Variation de l'étalement
pour les ciments 1, 2, 3 et 4 (essai au minicône).
Sur la figure 5, on a reporté les résultats obtenus
sur ces trois ciments sur un graphe teneur en SO3
soluble / C3A en fonction de la teneur en Na2O SO3sol / C3A [(mmol/l)/%]
totale [19, 31]. On peut voir sur ce graphique 50
qu'une baisse de la teneur en alcalins, donc en
SO 42– rapidement solubles, conduit à une baisse 40
C1
de la compatibilité et de la robustesse. Compatible et
robuste
Quant au ciment C4, le tableau I nous indique 30 C4 C2
que ses teneurs en C3A et C4AF ont été inversées
par rapport à celles des ciments C1, C2 et C3 et 20 Compatibilité C3
et robustesse moyenne
que sa rhéologie est nettement moins bonne que
celle du ciment C1. Pour améliorer le comporte- 10 Incompatible
ment rhéologique de ce ciment, il faudrait légère- A et non robuste
ment augmenter sa teneur en sulfates alcalins 0
solubles. 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
NaOéq. total (%)

Fig. 5 - Compatibilité et robustesse des combinaisons étudiées.


TABLEAU I
Composition chimique et minéralogique
des ciments 1, 2, 3 et 4
Ciment 1 2 3 4 Cas d'un ciment à très faible teneur en alcalins

SiO2 21,0 20,4 20,5 20,4 Cette fois-ci c'est un ciment ASTM de type 1 dont
la compatibilité a été testée avec le même super-
Al2O3 4,2 4,4 4,3 4,9
plastifiant. Dans le tableau II, on pourra trouver la
Fe2O3 3,1 3,0 3,0 2,3 composition chimique et la composition de Bogue
CaO 61,5 62,1 62,0 62,3 de ce ciment qui a été produit par voie humide. Ce
ciment a une faible teneur en Na2O équiv. de
MgO 2,6 2,7 2,7 2,8
0,20 % et une teneur en C3A de 7 %. Étant donné
SO3 3,4 3,2 3,2 3,3 sa très faible teneur en Na2O, on peut penser que
K2 O 0,8 1,0 0,9 0,9 le C3A de ce ciment est surtout cubique, donc très
Na2O 0,2 0,2 0,2 0,2
réactif ; c'est ce qu'a confirmé un spectre de dif-
fraction des rayons X effectué sur un échantillon
Na2O équiv. 0,74 0,78 0,71 0,77
traité à l'acide salicylique.
Alcalis solubles 0,72 0,52 0,49 0,58
L'étude de l'écoulement de ce ciment au cône de
C3 S 51 55 55 53 Marsh a démontré que cette combinaison ciment/
C2 S 20 17 17 19 superplastifiant était incompatible : cinq minutes
après le malaxage du coulis, plus de 80 % des
C3 A 6 7 6 9
molécules de superplastifiant ont disparu de la
C4AF 9 9 9 7 solution interstitielle.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98 93
Le comportement rhéologique d'un tel ciment a Cependant, 30 min après son malaxage, le béton
été testé sur quatre bétons ayant un rapport eau/ qui ne contient que 0,9 % de superplastifiant a
ciment égal à 0,30 contenant 0,9 ; 1,0 ; 1,1 et perdu presque tout son affaissement initial, à
1,2 % de superplastifiant (le dosage en superplas-
tifiant représente la masse des solides contenus
dans le superplastifiant par rapport à la masse de Affaissement (mm) 0,9 + 0,2% NaOéquiv.
ciment exprimée en pourcentage). 300 (léger ressuage)

On a mesuré l'affaissement de ces quatre bétons 250 1,2 (ressuage)


à 10, 30, 60 et 90 min après le contact eau/ciment,
ainsi que la résistance en compression à 24 h. Les 200

caractéristiques de ces quatre bétons sont présen-


150
tées dans le tableau III.
1,1 (léger ressuage)
Sur la figure 6, on peut voir que, sur la plage étu- 100
1,0
diée, le dosage en superplastifiant a assez peu 50
d'influence sur l'affaissement initial, c’est-à-dire 0,9
que l’on a atteint le point de saturation. On peut 0
cependant noter que les dosages en superplasti- 0 20 40 60 80 100
fiant de 1,1 et 1,2 % entraînent l'apparition d'un Temps (min)
léger ressuage. Fig. 6 - Perte d'affaissement dans le temps.

TABLEAU II
Composition chimique et minéralogique du ciment A
Na2O Alcalis
SiO2 Al2O3 Fe2O3 CaO MgO SO3 K2 O Na2O
équiv. solubles

21,6 5,1 4,1 67,1 1,3 0,21 0,16 0,10 0,20 0,03

C3 S C2 S C3 A C4AF

69 5 7 10

TABLEAU III
Composition et caractéristiques des cinq bétons fabriqués avec le ciment A
Dosage en superplastifiant 0,9 1,0 1,1 1,2 0,9 + 0,2 NaOéquiv. %

Eau 135 134 134 133 135


Ciment 470 470 470 470 470
kg/m3
Gros 1050 1050 1050 1050 1050
Granulat
Fin 820 820 820 820 820
Dosage en superplastifiant 8,9 10,0 11,1 12,2 8,9 l/m3

10 min 240 240 230 225 225


30 min 55 225 250 245 225
Affaissement mm
60 min - 45 225 230 220
90 min - - 140 230 195

14 h 8,3 6,7 2,1 0 1,1


Résistance
24 h 31,2 32,4 28,9 19,2 25,1 MPa
à la compression
28 d 64,8 70,5 62,6 56,7 56,9

94 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98
60 min c'est le béton qui contient 1,0 % de super- variation de 1 % de la teneur en eau du sable se
plastifiant qui a perdu son affaissement, tandis traduit par une variation de 8 l d'eau sur la quantité
qu'à 90 min le béton qui contient 1,1 % de super- d'eau de malaxage dans le cas des bétons étudiés ;
plastifiant a encore un affaissement de 140 mm et une telle variation de la quantité d'eau de
celui qui contient 1,2 % de superplastifiant a malaxage a des répercussions très sensibles sur la
encore un affaissement de 230 millimètres. rhéologie du béton.
Si l'on examine maintenant les résistances en On pourrait aussi argumenter que le ciment consi-
compression de ces bétons, on constate que la déré dans cette étude n'est pas très souvent, ou ne
résistance à 14 h des bétons dosés à 1,1 et 1,2 % sera pas très souvent, utilisé pour fabriquer des
de superplastifiant est très faible, tandis que celle bétons ayant un rapport eau/ciment aussi faible,
des bétons dosés à 0,9 et 1,0 % de superplastifiant mais ce rapport eau/ciment très faible employé
est acceptable. À 24 h, le béton dosé à 1,2 % de dans cette étude a été choisi intentionnellement
superplastifiant a une résistance en compression pour bien mettre en évidence le manque de robus-
nettement plus faible que celle des trois autres tesse de cette combinaison ciment/superplastifiant
bétons : 18,5 MPa contre 30 MPa. Par contre à particulière.
28 j, les quatre bétons ont pratiquement la même
résistance (fig. 7). En outre, étant donné que les bétons de très faible
rapport eau/ciment ont beaucoup plus d'avenir que
les bétons de 20 MPa, cette étude a l'avantage de
Résistance à la compression (MPa) montrer le genre de problèmes auxquels les utili-
80 sateurs de ce ciment auront à faire face à l'avenir
quand ils abaisseront leur rapport eau/liant et de
28 jours
montrer comment le cimentier pourrait corriger
60 facilement le comportement de son ciment.
Dans le but d'améliorer le comportement rhéolo-
gique de ce ciment, un cinquième béton a été
40
fabriqué, cette fois-ci avec un dosage en super-
plastifiant de 0,9 % et un ajout de 0,2 % de Na2O
24 h équiv. sous forme de sulfate de sodium, pour évi-
20
ter que le C3A consomme trop de molécules de
superplastifiant comme dans les cas précédents
14 h par suite du déficit prononcé en ions SO 42– rapi-
0 dement solubles. Sur la figure 6, on peut voir que
0,9 % + 0,2% 0,9% 1% 1,1% 1,2% l'addition de cette très faible quantité de sulfate de
NaOequiv.
Dosage en superplastifiant sodium a éliminé le problème de perte d'affaisse-
Fig. 7 - Résistance à la compression en fonction du temps.
ment tout en diminuant le dosage en superplasti-
fiant nécessaire à l’obtention de l’affaissement
initial. Cependant, dans ce cas, la résistance en
Par conséquent, d'un point de vue pratique le compression au jeune âge de ce béton est encore
dosage optimal de ce ciment en superplastifiant trop faible et il aurait fallu diminuer encore plus le
est de 1,1 %, mais une variation aussi faible que dosage en superplastifiant, ce qui aurait été encore
0,1 % se traduit soit par une forte perte d'affaisse- plus avantageux d'un point de vue économique.
ment, soit par une forte baisse de la résistance ini- On peut aussi remarquer qu'en dépit d'une addi-
tiale. Une telle combinaison que l'on aurait classée tion de 0,2 % de Na2O équiv. le système cimen-
comme incompatible est plutôt peu robuste. De taire a encore une teneur en Na2O équiv. bien infé-
façon pratique, dans le cas du béton considéré, une rieure à la limite de 0,6 % admise pour qu'un
différence de 0,1 % du dosage en superplastifiant ciment puisse être encore qualifié de ciment à fai-
correspond à une différence de dosage en super- ble teneur en alcalins.
plastifiant de 1 l, ce qui est quand même assez
important. Les systèmes dispensateurs modernes
d'adjuvant sont beaucoup plus précis que cela,
Conclusion
donc ce manque de robustesse pourrait n’être
qu’un faux problème. Cependant il ne faut pas Il semble qu'un des paramètres clés qui gouverne
oublier que le dosage en superplastifiant n'est pas le comportement rhéologique des combinaisons
le seul facteur qui contrôle la rhéologie d'un béton, ciment/polysulfonates est l'équilibre qui existe
il y a aussi la quantité d'eau de gâchage. Or, une entre le nombre de sites actifs de la phase intersti-

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98 95
tielle et la quantité d'ions SO 42– rapidement solu- fois compatibles et robustes (on s'est référé à la
bles. S'il y a un bon équilibre entre ces deux teneur en alcalins solubles pour bien mettre en
valeurs, ou un excès d'ions SO 42– , la combinaison évidence le rôle crucial des sulfates alcalins qui
ciment/superplastifiant sera compatible et robuste sont les sulfates les plus rapidement solubles).
puisque finalement assez peu de polymères seront Un des futurs défis de l'industrie cimentière sera
consommés par réaction de sa terminaison sulfo- donc de fabriquer des ciments compatibles et
nate avec le C3A. Quand la concentration en ions robustes avec des superplastifiants à base de poly-
SO 42– est insuffisante, on voit alors de nombreu- sulfonates puisque la durabilité des bétons est une
ses molécules de polysulfonate disparaître de la fonction inverse de leur rapport eau/ciment et que
solution interstitielle et se combiner avec le C3A. l'on ne peut abaisser le rapport eau/liant d’un
La compatibilité et la robustesse de la combinai- béton qu'en utilisant un superplastifiant.
son ciment/superplastifiant est alors fonction de la
valeur de ce déficit et de son évolution dans le Pour qu'un ciment Portland soit compatible avec
temps ; plus ce déficit est grand, plus la combinai- des polysulfonates, les superplastifiants les plus
son est incompatible et non robuste. efficaces en termes de rapport coût/performance à
l'heure actuelle, il faut que la teneur en ions SO 42–
Un moyen simple de remédier à ce type d'incom- rapidement solubles du ciment soit bien ajustée à
patibilité et de robustesse est de rajouter une quan- la réactivité du C3A, ce qui n'est pas garanti avec
tité adéquate de sulfates très rapidement solubles, les essais d'acceptation actuels des ciments Port-
du sulfate de sodium par exemple pour rétablir un land. Il serait très regrettable que les cimentiers ne
léger excès d'ions SO 42– dans la solution intersti- prennent pas en compte un tel paramètre de fabri-
tielle. cation lorsqu'ils élaborent leur ciment, car cela
L'expérience montre que, pour des teneurs en C3A pourrait retarder l'utilisation des bétons à haute
comprises entre 6 et 10 %, une teneur en alcalins performance qui représentent beaucoup plus le
solubles de 0,40 à 0,50 % permet d'obtenir des futur du béton que les bétons traditionnels de
combinaisons ciment/polysulfonate qui sont à la 20 MPa.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] TUCKER G.R., Concrete and Hydraulic [9] KIM B.-G., JIANG S., JOLICŒUR C., AÏTCIN
Cement, US Patent 2141569, 1938, 5 pages. P.-C., The Adsorption Behavior of PNS Super-
[2] HATTORI K., Experience with Mighty Super- plasticizer and its Relation to Fluidity of Cement
plasticizer in Japan, ACI SP-62, 1978, pp. 37-66. Paste, Cement and Concrete Research, 30, 2000,
pp. 887-893.
[3] MEYER A., Experience in the Use of Superplas-
ticizer in Germany, ACI SP-62, 1978, pp. 21-36. [10] FLATT, R.J., HOUST, Y.F., A Simplified View
on Chemical Effects Perturbing the Action of
[4] AÏTCIN P.-C., High Performance Concrete, E & Superplasticizers, Cement and Concrete
FN SPON, London, 1998, 591 pages. Research, 31, 2001, pp. 1169-1176.
[5] KHAYAT K.H., Workability, Testing and Per-
formance of Self-Consolidating Concretes, ACI [11] UCHIKAWA H., Hydration of Cement and
Materials Journal, 96, 3, mai-juin 1999, pp. 346- Structure Formation and properties of Cement
353. Paste in the Presence of Organic Admixtures,
Conference in Tribute to Micheline Moranville
[6] MALHOTRA V.M., Effect of Repeated Dosages Regourd, Publié par Béton Canada, Faculté de
of Superplasticizers on Workability, Strength and Génie de l’université de Sherbrooke, Sherbrooke,
Durability, First international symposium on Québec, Canada, J1K 2R1, 1994.
superplasticizers in concrete, Ottawa, Canada,
1978, 34 pages. [12] UCHIKAWA H., HANEHARA S., SAWAK D.,
[7] YOUNG J.F., Slump Loss and Retempering of The Role of Steric Repulsive Force in the Disper-
Superplasticized Concrete, Final Report, Civil sion of Cement Particles in Fresh Paste Prepared
Engineering Studies, Illinois Cooperative with Organic Admixtures, Cement and Concrete
Highway and Transportation, Series 200 UILU – Research, 27, 1, 1997, pp. 37-50.
ENG.83-2006, ISSN 0069-4, 1983, University of
[13] JOLICŒUR C., NKINAMUBANZI P.-C.,
Illinois at Urbana, Champaign, Urbana, Illinois.
SIMARD M.A., PIOTTE M., Progress in Under-
[8] RAMACHANDRAN V.S., MALHOTRA V.M., standing the Functional properties of Superplas-
JOLICŒUR S., SPIRATOS N., Superplastici- ticizers in Fresh Concrete, Proceedings of the
zers : Properties and Applications in Concrete, 4th CANMET/ACI International conference on
CANMET, Ottawa, Canada, 1998, 404 pages. superplasticizers and other chemical admixtures

96 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98
in concrete, Montreal, Malhotra V.M. (Ed.), ACI rent alkali contents, Compte-rendus de la Confé-
SP-148, 1994, pp. 63-87. rence internationale RILEM, Monterrey, Mexi-
que, 1999, pp. 97-111.
[14] de LARRARD F., Formulation et propriétés des
bétons à très hautes performances, Thèse de doc- [25] PIOTTE M, Caractérisation d'un polynaphtalène
torat de l'École nationale des Ponts et Chaussées, sulfonate. Influence de son contre-ion et de sa
publiée en rapport de recherche des LPC, 149, masse moléculaire sur l'interaction avec le
1987. ciment, Thèse de doctorat, 794, Université de
[15] HANNA E., La rhéologie des bétons à haute per- Sherbrooke, 1983, 206 pages.
formance, Mémoire de maîtrise, 579, Université [26] BAALBAKI M., Influence des interactions du
de Sherbrooke, 1990, 128 pages. couple ciment/adjuvant dispersant sur les pro-
[16] STOÏCA O., La production d'éléments fabriqués priétés des bétons. Importance du mode d'intro-
en béton de poudres réactives, Mémoire de maî- duction des adjuvants, Thèse de doctorat, 1039,
trise, 998, Université de Sherbrooke, 1996, Université de Sherbrooke, 1998, 166 pages.
109 pages. [27] JIANG S., KIM B.-G., AÏTCIN P.-C., A Practi-
[17] OSTIGUY M., Compatibilité ciment/superplasti- cal Method to solve Slump Loss Problems in PNS
fiant – Influence du type de ciment et de super- Superplasticized High-performance Concrete,
plastifiant, Mémoire de maîtrise, 772, Université Cement, Concrete and Aggregate, 22, {|gras|}1,
de Sherbrooke, 1994, 92 pages. 2000, pp. 10-15.
[18] KHALIFÉ M., Contribution à l'étude de la com- [28] JIANG S., KIM B.-G., AÏTCIN P.-C., Impor-
patibilité ciment/superplastifiant, Mémoire de tance of Adequate Soluble Alkali Content to
maîtrise, 645, Université de Sherbrooke, 1991, Ensure Cement/Superplasticizer Compatibility,
124 pages. Cement and Concrete Research, 29, 1, 1999,
pp. 71-78.
[19] KIM B.-G., Compatibility between cements and
superplasticizers in high-performance concrete : [29] BAUSSANT J.-B., Nouvelle méthode d'étude de
Influence of alkali content in cement and of the la formation d'hydrates des ciments. Application
molecular weight of PNS on the properties of à l'analyse de l'effet d'adjuvants organiques,
cement pastes and concretes, Thèse de doctorat, Thèse de doctorat, 156, Université de Franche-
1205, Université de Sherbrooke, 2000, Comté, 1990, 194 pages.
237 pages. [30] FERNON V., Caractérisation des produits
[20] NKINAMUBANZI P.-C., AÏTCIN P.-C., Projet d'interaction adjuvants/hydrates du ciment, Jour-
P98-06 (ATILH) : Compatibilité ciment/adjuvant nées techniques adjuvants, Technodes, Guerville,
(phase II), 2000, 71 pages. France, 1994, 14 pages.
[21] BÉDARD C, Thèse de doctorat en cours. [31] NKINAMUBANZI P.-C., KIM B.-G., AÏTCIN
P.-C., Some key cement factors that control the
[22] SARIC-CORIC, Thèse de doctorat en cours. compatibility between naphtalene-based super-
[23] NKINAMUBANZI P.-C., Influence des disper- plasticizers and ordinary portland cement,
sants polymériques (superplastifiants) sur les 6e Conférence international ACI/CANMET sur
suspensions concentrées et les pâtes de ciment, les superplastifiants et autres adjuvants chimi-
Thèse de doctorat, 853, Université de Sher- ques dans le béton, Nice, 2000, pp. 33-54.
brooke, 1993.
[32] KIM B.-G., JIANG S., AÏTCIN P.-C., Slump
[24] KIM B.-G., JIANG S.P., AÏTCIN P.-C., Influence Improvement of Alkalies in PNS superplasticized
of molecular weight of PNS superplasticizers on cement paste, Materials and Structures, 33, 230,
the properties of cement pastes containing ciffe- 2000, pp. 363-639.

Remerciements. Les auteurs aimeraient remercier toutes les compagnies qui ont
supporté ces recherches sur l'interaction ciment/superplastifiant, et plus particuliè-
rement, les compagnies : Les Produits Chimiques Handy (Canada), Kyunggi Corpo-
ration (Corée) et l'ATILH pour leur support financier qui a permis de mener à bien
le programme expérimental de l'université de Sherbrooke, ainsi que les nombreux
étudiants et stagiaires postdoctoraux qui ont accumulé de nombreux résultats expé-
rimentaux.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98 97
ABSTRACT
Cement/superplasticizer interaction : The case of polysulfonates
P.-C. AÏTCIN, S. JIANG, B.-G. KIM, P.-C. NKINAMUBANZI, N. PÉTROV
This article summarizes the results of a number of research efforts undertaken over the past several years at
the University of Sherbrooke within the framework of studies conducted on the compatibility phenomenon
between Portland cements and polysulfonate-based superplasticizers.
These efforts have highlighted the critical importance of dissolution speed among the various sulfates present
in a Portland cement, in the aim of maintaining the slump of superplasticized concretes. Each time the inters-
2-
titial solution of the fresh concrete displays a deficit of S0 4 ions, polysulfonate molecules neutralize the
active C3A sites ; this consumption of polysulfonate molecules thereby generates a slump loss.
The alkali sulfate content of the clinker used when producing the cement thus becomes a key factor in this
2- -
competition between S0 4 ions and S0 3 terminations of the polysulfonates during the neutralization of
active C3A sites. The alkali sulfates in fact dissolve much more rapidly than all of the forms of calcium sulfate
added to the clinker during its grinding. Moreover alkali sulfates are located for the most part very close to the
C3A on the cement grains.
This need of a high alkali sulfate content also explains why cements with very low alkaline content as well as
white cements, which generally contain very small amounts of alkaline, are the least compatible with polysul-
fonate-based superplasticizers.
Once one of the predominant causes of settlement loss in certain superplasticized concretes has been iden-
tified, it then becomes quite straightforward to correct these cases of incompatibility : merely add an appro-
priate quantity of quickly-soluble alkaline sulfate into the concrete at the time of mixing.

98 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 233 - JUILLET-AOÛT 2001 - RÉF. 4373 - PP. 87-98

Vous aimerez peut-être aussi