Vous êtes sur la page 1sur 2

Université Pierre & Marie Curie Licence de mathématiques 3

Année 2009–10 UE LM365 Intégration 2

TD8. Théorème de Radon-Nikodym. Dualité 𝐿𝑝 -𝐿𝑞

Exercice 1 Soient 𝜇 et 𝜈 deux mesures sur un espace mesurable (𝑋, 𝒜), 𝜈 étant une mesure finie.
a) Montrer qu’il existe 𝑌 ∈ 𝒜 tel que

𝜇(𝑌 ) = 0 et 𝜈(𝑌 ) = sup 𝜈(𝐴).


𝐴∈𝒜
𝜇(𝐴)=0

b) Pour tout 𝐴 ∈ 𝒜, on pose :

𝜈𝑎 (𝐴) = 𝜈(𝐴∖𝑌 ) et 𝜈𝑒 (𝐴) = 𝜈(𝐴 ∩ 𝑌 ).

Montrer que 𝜈𝑎 et 𝜈𝑒 sont des mesures sur 𝒜 et que :

𝜈 = 𝜈𝑎 + 𝜈𝑒 .

c) Montrer que 𝜈𝑎 est absolument continue par rapport à 𝜇.


d) On dit qu’une mesure 𝑚 est “portée par une partie 𝐴” si 𝑚(𝑐𝐴) = 0. Montrer que les mesures 𝜈𝑒
et 𝜇 sont étrangères, c’est-à-dire qu’elles sont portées par des parties disjointes.

Exercice 2 Soit 𝑚 la mesure de comptage sur (ℝ, 𝒫(ℝ)), c’est-à-dire que 𝑚(𝐴) = 𝑐𝑎𝑟𝑑(𝐴) pour toute
partie 𝐴 de ℝ. On note 𝑚0 la restriction de 𝑚 à la tribu borélienne de ℝ.
a) Montrer que 𝜆 (la mesure de Lebesgue) est absolument continue par rapport à 𝑚0 .
b) Montrer qu’il n’existe pas de fonction mesurable 𝑓 : ℝ −→ ℝ+ telle que 𝜆 = 𝑓 ⋅ 𝑚0 , puis conclure.

Exercice 3 (Cours). L’objectif de cet exercice consiste à démontrer le théorème de dualité dont un
énoncé est le suivant : Soient (𝑋, 𝒜, 𝜇) un espace mesuré 𝜎-fini, 𝑝 ∈ [1, +∞[ et 𝑞 son exposant conjugué ;
soit 𝜙 : 𝐿𝑝ℝ (𝜇) −→ ℝ une forme linéaire, continue et positive au sens où, pour tout 𝑓 ∈ 𝐿𝑝ℝ+(𝜇),
𝜙(𝑓 ) ≥ 0. Alors, il existe un unique élément 𝑔 ∈ 𝐿𝑞ℝ (𝜇) tel que

∀𝑓 ∈ 𝐿𝑝ℝ (𝜇), 𝜙(𝑓 ) = 𝑓 𝑔 𝑑𝜇. (1)
𝑋

En outre ∥𝑔∥𝑞 = ∥𝜙∥ où ∥𝜙∥ désigne la norme d’opérateur de 𝜙.


a) Préliminaire : ∪
– Montrer qu’il existe une suite (𝐹𝑛 )𝑛∈ℕ ⊂ 𝒜 telle que 𝑋 = 𝐹𝑛 , ∀𝑛 ≥ 1 𝜇(𝐹𝑛 ) < ∞ et
𝑛≥1
∀𝑖 ∕= 𝑗 𝐹𝑖 ∩ 𝐹𝑗 = ∅.
b) Unicité :
– On suppose qu’il existe 𝑔, 𝑔 ′ ∈ 𝐿𝑝ℝ (𝜇) vérifiant (1). Montrer que 𝑔 = 𝑔 ′ 𝜇-𝑝.𝑝..
c) Construction de 𝑔 :
– Pour tout 𝑛 ≥ 1, pour tout 𝐴 ∈ 𝒜, on pose 𝜈𝑛 (𝐴) := 𝜙(1𝐴∩𝐹𝑛 ). Montrer que 𝜈𝑛 est une mesure
finie sur 𝒜.
– Montrer que 𝜈𝑛 est absolument continue par rapport à 𝜇. En déduire que pour tout 𝑛 ≥ 1, il
existe 𝑔𝑛 ∈ 𝐿1ℝ (𝜇) telle que

∀𝐴 ∈ 𝒜, 𝜈𝑛 (𝐴) = 𝑔𝑛 𝑑𝜇.
𝐴∩𝐹𝑛

1
– Montrer que pour tout 𝑓 ∈ 𝐿𝑝ℝ+(𝜇) on a 𝑓 1𝐹𝑛 −→ 𝑓 dans 𝐿𝑝ℝ (𝜇).

𝑛≥1 ∫
𝑔 1𝐹𝑛 . Montrer que pour tout 𝑓 ∈ 𝐿𝑝ℝ (𝜇)

– On pose 𝑔 := on a 𝜙(𝑓 ) = 𝑓 𝑔 𝑑𝜇.
𝑛≥1 𝑋

d) Isométrie :
– Cas où 𝑝 > 1.
𝑝
Pour tout (𝑚, 𝑛) ∈ ℕ2 , on pose 𝑓𝑚,𝑛 = sgn(𝑔)∣𝑔∣ 𝑞 1𝐸𝑛 ∩{𝑔≤𝑚} . Montrer que 𝑓𝑚,𝑛 ∈ 𝐿𝑝ℝ (𝜇) et
(∫ )1
∫ 𝑝

∣𝑔∣𝑞 𝑑𝜇 ≤ ∥𝜙∥ ∣𝑔∣𝑞 𝑑𝜇 .


𝐸𝑛 ∩{𝑔≤𝑚} 𝐸𝑛 ∩{𝑔≤𝑚}

En déduire que 𝑔 ∈ 𝐿𝑞ℝ (𝜇) et ∥𝑔∥𝑞 ≤ ∥𝜙∥.


– Cas où 𝑝 = 1.
En utilisant la continuité de la norme 𝐿𝑞 en 𝑞, montrer que 𝑔 ∈ 𝐿∞
ℝ (𝜇) et ∥𝑔∥∞ ≤ ∥𝜙∥.
– Montrer que pour tout 𝑝 ∈ [1, +∞[, pour tout 𝑓 ∈ 𝐿𝑝ℝ (𝜇) on a ∥𝜙∥ ≤ ∥𝑔∥𝑞 , puis conclure.

Exercice 4 Soit 𝜇 la mesure sur (ℝ, 𝒫(ℝ)) définie par 𝜇(𝐴) = 0 si 𝐴 est une partie finie ou dénombrable,
et 𝜇(𝐴) = +∞ sinon. On note 𝜇0 la restriction de 𝜇 à la tribu borélienne de ℝ.
a) Montrer que 𝜆 (la mesure de Lebesgue) est absolument continue par rapport à 𝜇0 .
b) Montrer qu’il n’existe pas de fonction mesurable 𝑓 : ℝ −→ ℝ+ telle que 𝜆 = 𝑓 ⋅ 𝜇0 , puis conclure.

Exercice 5 Soient 𝑋 := {𝑎, 𝑏} et 𝜇 la mesure sur (𝑋, 𝒫(𝑋)) définie par 𝜇({𝑎}) := 1 et 𝜇({𝑏}) := +∞
(donc 𝜇(𝑋) = +∞). Caractériser 𝐿∞ 1
𝕂 (𝜇) et le dual de 𝐿𝕂 (𝜇), puis conclure.

Exercice 6 (Cours). Soient 𝜇 et 𝜈 deux mesures sur l’espace mesurable (𝑋, 𝒜).
a) On suppose que

∀𝜖 > 0, ∃𝜂 > 0 tel que ∀𝐴 ∈ 𝒜, 𝜇(𝐴) ≤ 𝜂 =⇒ 𝜈(𝐴) ≤ 𝜖.

Montrer que 𝜈 est absolument continue par rapport à 𝜇.


b) Montrer que la réciproque est vraie lorsque 𝜈 est une mesure finie.

Exercice 7 On considère (𝑋, 𝒜, 𝜇) un espace mesuré quelconque et 𝜙 une forme linéaire continue sur
𝐿𝑝𝕂 (𝜇), 1 < 𝑝 < +∞.
a) Montrer que, pour tout 𝐴 ∈ 𝒜, de mesure finie, il existe une unique fonction 𝑔𝐴 ∈ 𝐿𝑝𝕂 (𝜇), nulle
sur 𝑐𝐴, telle que ∫
∀𝑓 ∈ 𝐿𝕂 (𝜇), 𝜙(𝑓 1𝐴 =
𝑝
𝑓 𝑔𝐴 𝑑𝜇 et ∥𝑔𝐴 ∥𝑞 ≤ ∥𝜙∥.
𝑋

b) Soient 𝐴, 𝐵 ∈ 𝒜 tels que 𝐴 ⊂ 𝐵. Montrer que


∫ ∫ ∫
𝑔𝐴 = 𝑔𝐵 1𝐴 et ∣𝑔𝐵 ∣𝑞 𝑑𝜇 = ∣𝑔𝐵 ∣𝑞 𝑑𝜇 − ∣𝑔𝐴 ∣𝑞 𝑑𝜇.
𝐵∖𝐴 𝑋 𝑋

c) Montrer qu’il existe une suite croissante (𝑋𝑛 )𝑛≥1 d’éléments de 𝒜 de mesure finie telle que
lim ∥𝑔𝑋𝑛 ∥𝑞 = sup ∥𝑔𝐴 ∥𝑞 et, qu’en outre, la suite (𝑔𝑋𝑛 )𝑛≥1 converge dans 𝐿𝑞𝕂 (𝜇) vers une
𝑛 𝜇(𝐴)<∞
fonction 𝑔.
d) Montrer que, pour tout 𝑓 ∈ 𝐿𝑝𝕂 (𝜇), 𝜙(𝑓 ) =

𝑋 𝑓 𝑔 𝑑𝜇.

Vous aimerez peut-être aussi