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Puis, une clameur s'éleva, où l'on distinguait les voix aiguës et les sauts de joie des enfants. Et il y eut
une rentrée triomphale : Gervaise portait l'oie, les bras raidis, la face suante, épanouie dans un large rire
silencieux ; les femmes marchaient derrière elle, riaient comme elle ; tandis que Nana, tout au bout, les
yeux démesurément ouverts, se haussait pour voir. Quand l'oie fut sur HYPERLINK
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table, énorme, dorée, ruisselante de jus, on ne l'attaqua pas tout de suite.
Tous les émigrants n'étaient pas obligés de passer par Ellis Island. Ceux qui avaient suffisamment
d'argent pour voyager en première ou en deuxième classe étaient rapidement inspectés à bord par
un médecin et un officier d'état civil et débarquaient sans problèmes. Le gouvernement fédéral
estimait que ces émigrants auraient de quoi subvenir à leurs besoins et ne risqueraient pas d'être à
la charge de l'Etat. Les émigrants qui devaient passer par Ellis étaient ceux qui voyageaient en
troisième classe [...] dans de grands dortoirs non seulement sans fenêtres mais pratiquement sans
aération et sans lumière, où deux mille passagers s'entassaient sur des paillasses superposées.
Ce sont de petits carrés de papier, misérables. Des feuilles mal venues, imprimées ou tapées à la
diable. [...] On fabrique comme on peut. [...] Mais le journal parait. Les articles suivent des
routes souterraines. Quelqu'un les rassemble, quelqu'un les agence en secret. Des équipes furtives
mettent en page. Les policiers, les mouchards, les espions, les dénonciateurs s'agitent, cherchent,
fouinent, flairent. Le journal part sur les chemins de France. Il n'est pas grand, il n'a pas bel
aspect. Il gonfle des valises usées, craquantes, disjointes. Mais chacune de ses lignes est comme
rayon d'or. Un rayon de la pensée libre.
J. Kessel L'Armée des ombres, 1943.
Un moustique s’approcha d’un lion et lui dit : "Je n’ai pas peur de toi, et tu n’es pas plus
puissant que moi. Si tu veux, je te provoque même au combat". Et, sonnant de la trompe, le
moustique fondit sur lui, mordant le museau dépourvu de poil autour des narines. Quant
au lion, il se déchirait de ses propres griffes, jusqu’à ce qu’il renonce au combat. Le
moustique, ayant vaincu le lion, sonna de la trompe, entonna un chant de victoire, et prit
son envol. Mais il s’empêtra dans une toile d’araignée : tandis qu’elle le dévorait, il se
lamentait d’être tué par un vulgaire animal, une araignée, lui qui avait combattu les plus
puissants animaux.
D’après Ésope, Fables, VIIe -VIe siècle avant J.-C