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08 avril 2017

V1.5

LE MONDE DU SORCELEUR

Tome 3.1 : Résumé des livres

Rédigé par Daneel53


rdaneel53@gmail.com
Site de Daneel53
Mon but n’est pas de faire un résumé intégral des livres d’Andrzej Sapkowski mais de reconstituer l’histoire commune
de Geralt, Yennefer, Ciri et Triss. De ce fait, pour les recueils de nouvelles Le Dernier Vœu et L’Épée de la Providence,
ne sont évoquées ici que les nouvelles qui ont un lien avec la saga en cinq volumes qui les suit ou les jeux vidéo de CD
Projekt RED.

Nota : J’ai ajouté après le résumé un paragraphe spécifiquement dédié à la prophétie d’Ithlinne. En effet cette
prophétie, régulièrement évoquée dans les cinq romans de la Saga mais de façon disparate, est finalement la raison
majeure qui conduit les différents intervenants à rechercher activement Ciri.

Premier recueil de nouvelles : Le Dernier Vœu

Le Sorceleur

Pas de lien vraiment direct avec la suite des livres, mais on trouve ici la source de la vidéo d’introduction du jeu
Witcher 1 et la raison pour laquelle le roi Foltest a Geralt de Riv à la bonne dans les jeux.

Geralt de Riv se rend à Wyzima pour répondre à une annonce. Alors que tout le monde pensait qu’elle était morte,
Adda, la fille résultant de l’inceste du roi Foltest avec sa propre sœur nommée également Adda, est devenue à l’âge
de sept ans une strige qui sort régulièrement la nuit de son tombeau au fond des souterrains du palais pour
massacrer tous ceux qu’elle rencontre. Depuis six ans se sont écoulés, le vieux château a été abandonné, Foltest a
emménagé dans un château nouvellement construit mais la strige continue de battre la campagne la nuit et de
terroriser la population. Foltest a bien lancé une récompense de 3000 orins pour celui qui arriverait à désenvoûter sa
fille, mais jusqu’à présent personne n’y a jamais réussi. Foltest refuse de laisser quiconque tuer sa fille.
Pour que le sort soit levé, il faut que quelqu’un arrive à survivre à une nuit complète à proximité de la strige. Geralt
accepte le contrat et arrivera à désenvoûter la strige en réussissant à rester vivant au vieux château jusqu’à l’aube.
Pour ceux qui ont joué à Witcher 1, cet épisode est représenté par la vidéo d’introduction du jeu. Adda est devenue
une jeune fille de treize ans qui a tout à apprendre de l’existence humaine mais, avec les soins appropriés, elle
devrait pouvoir redevenir normale dans quelques années. Foltest restera éternellement reconnaissant envers Geralt
pour lui avoir rendu sa fille.

Une Question de Prix

Cette histoire d’enfant-surprise contient tous les éléments qui vont lier les destins de Geralt, Ciri et d’autres
personnes… même s’ils ne savent pas encore. Cette histoire trouvera son lointain épilogue dans le dernier volume de
la saga, La Dame du Lac.

Geralt est invité à Cintra par la reine Calanthe pour assister à un banquet donné en l’honneur des quinze ans de la
princesse Pavetta. Calanthe ne dit pas tout de suite à Geralt ce qu’elle attendait de ses talents de sorceleur. Par
ailleurs le mari de Calanthe, Roegner, vient de mourir et comme une femme ne peut gouverner Cintra il lui faudra
soit épouser quelqu’un d’autre qui deviendra roi, soit laisser le trône au futur mari de sa fille.

Durant ce banquet où sont réunis les prétendants de Pavetta, Calanthe veut choisir un prince de Skellige pour unir
Cintra à cette maison. Pavetta ressemblait beaucoup à sa mère : elle avait des cheveux du même gris cendré, des
yeux verts et sa beauté laissa les convives sans voix. Un chevalier inconnu se présenta en armure, le visage masqué.
Il dit s’appeler Hérisson d’Erlenwald et demande à rester le visage caché, soit disant suite à un vœu de chevalier.
Calanthe accepte. Hérisson explique que quinze ans auparavant il a sauvé la vie du roi Roegner qui était tombé au
fond d’un ravin et qu’il vient récupérer ce jour le prix de son sauvetage. Calanthe prend fort mal cette demande,
disant que demander un prix pour sauver un roi ne le rend guère sympathique, que Roegner n’est plus là pour
confirmer ses dires et qu’il a intérêt à bien choisir son prix s’il veut ressortir vivant du palais. Or le prix demandé par
Hérisson avait été le droit de surprise : ce qui attendait Roegner chez lui et qu’il ne connaissait pas. Hérisson venait
donc faire jouer son droit de surprise et emmener Pavetta, héritière de Cintra, vu que Roegner à l’époque ne savait
pas que Calanthe était enceinte de Pavetta.

Calanthe s’était arrangée pour tromper le Hérisson : suivant ses instructions, quelqu’un fit sonner les douze coups de
minuit avant l’heure réelle. L’homme en armure enleva son heaume et découvre… deux yeux noirs globuleux situés
de part et d’autre d’un groin allongé, aplati au bout, couvert de soies roussâtres et pourvu de vibrisses frémissantes ;
le sommet de la tête et la nuque sont hérissés d’une crête de piquants gris, courts et mobiles. Calanthe ordonne que
l’on s’empare du monstre, puis ce fut la mêlée générale. Finalement Hérisson reçoit un coup de dague. Geralt, qui
avait ressenti dans son médaillon la magie enfler dans la salle, se précipite sur l’agresseur du Hérisson et l’assomme
avant qu’il ne puisse lui donner un second coup mortel, car à ce moment :
— Dunyyyyy !!! glapit Pavetta en grimpant sur sa chaise.
Les cris stridents de Pavetta devenaient de moins en moins naturels, jusqu’à une apogée. Une sphère verte grossit
autour d’elle, et emporte tout sur son passage : la table se met à tournoyer, les chaises se fracassent contre les
murs, les hampes des lances se brisent, le trône avec Calanthe dessus est projeté contre un mur à travers la salle. La
reine s’affaisse, Eist Tuirsach se précipite pour la soutenir et la protéger.
Geralt rampe vers le druide Sac-à-Souris.
— C’est le pouvoir pur, le pouvoir primitif ! hurle le druide pour dominer le vacarme. Elle n’a aucune maîtrise dessus.
— Il faut l’arrêter ! Les murs commencent à se lézarder.
Tous deux essaient d’unir leurs forces magiques contre Pavetta mais rien n’y fait : Pavetta était toujours suspendue
dans les airs, à l’intérieur d’une sphère verte transparente. Elle les regarde et concentre son pouvoir vers eux.
Soudain un son retentit et couvre les hurlements de Pavetta : un son de cornemuse tellement horrible joué par l’un
des invités que Pavetta, effrayée, se tait. Geralt et Sac-à-Souris en profitent et réussissent à faire éclater la bulle de
pouvoir. Pavetta s’effondre lourdement sur le sol et fond en larmes.
Chacun essaya petit à petit de reprendre ses esprits. Eist Tuirsach embrassait Calanthe en lui disant « ma mie, ma
douce Calanthe ». Pavetta se redressa et rejoint Hérisson, blessé.
— La jeunesse d’aujourd’hui ! explosa Sac-à-souris en regardant de leur côté. Ils commencent tôt ! Ils n’ont que cette
idée en tête.
— Quelle idée ?
— Comment ça, sorceleur ! Tu ne sais pas que si Pavetta avait été vierge elle n’aurait pas pu utiliser le pouvoir ?
— Je me moque de sa virginité, marmonne Geralt. D’où tient-elle de telles capacités ? À ce que je sais, ni de Calanthe
ni de Roegner…
— Elle les a héritées en sautant une génération, ça ne fait aucun doute, dit le druide. Sa grand-mère, Adalia, levait un
pont-levis d’un froncement de sourcils.
A ce moment l’horrible gueule de Hérisson s’effaça, s’estompa, ses contours commencèrent à disparaître. Les
piquants et les soies ondoyèrent puis se métamorphosèrent en beaux cheveux bouclés brillants et en une barbe qui
encadrait un visage pâle aux traits virils, anguleux, orné d’un nez proéminent.
— C’est Duny, dit tendrement Pavetta.
— Minuit vient de sonner, dit le sorceleur.
Calanthe ordonna alors à Eist, Pavetta, Sac-à-souris, Geralt et Duny de la suivre dans son cabinet privé.

Duny raconte qu’il est un fils illégitime du roi Akerspaark de Maecht et qu’il est maudit depuis sa naissance : de
minuit à l’aube, il est un homme normal, le reste du temps il ressemble à un monstre. Il a fini par apprendre qu’il
pouvait être délivré de cette malédiction par un enfant-surprise. Quelque temps après, il rencontra Roegner et
profita de l’occasion. Puis il avoue à Calanthe qu’en réalité Pavetta et lui se voient depuis un an et qu’ils sont
amoureux. Calanthe accepte finalement de lui donner Pavetta mais il ne doit pas compter sur le trône : Calanthe a
décidé de continuer de gouverner encore un peu aux côtés du nouveau roi de Cintra, le noble Eist Tuirsach de
Skellige qu’elle va épouser. En acceptant de donner à Duny l’enfant surprise auquel il avait droit, Calanthe avait
rompu le sortilège qui frappait Duny : l’aube venue, Duny ne reprit pas son apparence de hérisson.

Calanthe propose une récompense à Geralt mais Duny intervient. Il dit que c’est lui qui est le débiteur du sorceleur
qui lui a sauvé la vie et demande à Geralt quel est son prix. Celui-ci fait alors lui aussi jouer le droit de surprise, seul
moyen par lequel les sorceleurs peuvent obtenir des enfants. « Duny ! Tu me donneras ce que tu possèdes déjà et
dont tu ignores encore l’existence. Je reviendrai à Cintra dans six ans pour vérifier que le destin s’est montré clément
envers moi. »
— Pavetta ! s’exclama Duny avec des yeux ronds. Tu n’es tout de même pas…
La princesse baissa les yeux en piquant un fard. Et puis elle répondit.

Le Dernier Vœu

La rencontre entre Geralt et Yennefer qui va sceller leur destin commun…


Alors que Geralt et Jaskier étaient en train de pêcher, le troubadour retira de l’eau une vieille amphore. En bon
poète, Jaskier prétendit avoir trouvé un vase enchanté à l’intérieur duquel se trouve un djinn qui va exaucer les trois
vœux qu’il va prononcer. Et passant outre les avertissements de Geralt vu que sur le sceau qui ferme le vase se
trouve un signe magique, Jaskier l’ouvrit. Une fumée rouge sort du vase et se transforme rapidement en une tête et
deux bras particulièrement agressifs. Jaskier, persuadé que le djinn va lui obéir, prononce rapidement deux vœux
mais il est étranglé par le Djinn avant de pouvoir dire le troisième. Geralt réussit à faire partir le génie en lançant une
formule d’exorcisme qu’une prêtresse lui avait un jour apprise. Mais Jaskier est blessé au cou et nécessite des soins.
Geralt l’emmène à la ville la plus proche, Rinde. Jaskier a des lésions de nature magique qui nécessitent un magicien
pour être soignées et Geralt apprend qu’une magicienne du nom de Yennefer de Vengerberg est en ville.

Geralt fit connaissance de Yennefer dans sa chambre à coucher : cheveux noirs bouclés, yeux violet, un médaillon
constitué de brillants d’obsidienne en forme d’étoile sur un velours noir autour du cou. Yennefer montra très vite
qu’elle avait du caractère et voulut absolument à s’emparer du djinn pour ses besoins personnels car un djinn
détient un très grand pouvoir. Petit à petit Geralt tomba sous le charme de cette magicienne au caractère bien
trempé et à la beauté singulière, mais le moins qu’on puisse dire est que dans un premier temps il ne fut pas payé de
retour : elle envouta Geralt et lui fit faire quelques actes répréhensibles pour laver quelques affronts qu’elle avait
subis dans la ville, actes qui conduisirent ce dernier en prison.

Pour qu’elle puisse s’emparer du djinn il fallait cependant que Jaskier le libère en prononçant son troisième vœu.
Pour cela elle s’empare de Jaskier, ouvre un portail magique et l’envoie auprès de Geralt en train d’être jugé pour
que Jaskier prononce les paroles suivantes : « Mon vœu est qu’on me croie quand je dis que le sorceleur n’est pas
responsable de ce qui s’est passé. Tel est mon vœu, pas autre chose. » En parallèle elle avait tendu un piège magique
pour attraper le génie avant qu’il ait eu le temps de se réfugier dans sa dimension. Seulement rien ne se passa
comme elle l’avait prévu. Le vœu prononcé par Jaskier n’eut aucun résultat. Le djinn était attaché par des fils
emmêlés provenant d’une lumière multicolore aveuglante, qui l’enserraient solidement et aboutissaient au toit de la
maison où résidait la magicienne, et en se débattant il détruisait tous les toits environnants. Si Yennefer n’était pas
arrivée déjà à le capturer, alors elle n’y arriverait jamais et le djinn l’écraserait avant de s’enfuir. Geralt, à la surprise
générale et à la sienne, décide d’emprunter les restes du portail pour aller sauver Yennefer.

Cette dernière, butée, lui dit qu’elle n’a pas besoin de son aide et de ficher le camp. Mais le djinn commence à ouvrir
un portail pour pénétrer dans la maison, alors Geralt se précipite pour la protéger. Furieuse, cette dernière envoie
valser Geralt à l’autre bout de la pièce en lui disant qu’il l’empêche de se concentrer. Geralt se décide alors à lui
avouer la vérité pour lui faire comprendre pourquoi elle n’arrive à rien. En réalité, comme c’est Geralt qui détient le
sceau du vase depuis le début, ce ne sont pas les vœux de Jaskier qui ont été pris en compte mais deux vœux que
Geralt a formulés sans savoir. Et comme le véritable troisième vœu n’a pas été prononcé, la capture du djinn est
impossible. Yennefer exhorte donc Geralt de prononcer son dernier vœu. Que désire-t-il ? La fortune, l’immortalité,
pouvoir être ce qu’il est et non ce qu’il doit en tant que sorceleur ? « Alors que désires-tu, sorceleur ? Quel est ton
rêve le plus intime ? Cherche en toi parce que, je le jure sur le pouvoir, tu n’auras pas de seconde chance ! » Geralt
est conscient que Yennefer est bien trop épuisée et que dès que le djinn sera libéré par le dernier vœu, il tuera
Yennefer pour se venger.

A ce moment Geralt comprend également qui est Yennefer : une ancienne bossue que la magie a progressivement
transformée. Il comprend aussi que, comme beaucoup avant lui, il est tombé amoureux fou de cette magicienne pas
facile mais pleine de charme. Il réalise que la seule façon d’éviter la mort de Yennefer consiste à lier son sort au sien
car le djinn ne peut s’en prendre à celui qui prononce les vœux. Il énonce donc son dernier vœu… qui surprendra
beaucoup Yennefer.

Le lecteur ne saura jamais quelle en fut la formulation exacte, mais il eut l’effet escompté : le djinn, libéré, détruit la
maison et s’enfuit, mais Geralt et Yennefer sont tous les deux vivants… pour le meilleur et pour le pire. On verra par
la suite que la vie commune de Geralt et Yennefer fut certes marquée de leur amour réciproque mais fut aussi pleine
de disputes et séparations.

Deuxième recueil de nouvelles : L’épée de la Providence

Les Limites du Possible


Les retrouvailles de Geralt et Yennefer après un an de vie commune suivi de quatre ans de séparation. L’occasion
aussi pour Geralt de rencontrer Borch Trois-Choucas et Yarpen Zigrin.

Geralt va se retrouver entraîné dans une épique chasse aux dragons. Il y rencontrera un noble, Borch Trois-Choucas,
accompagné de deux zerricanes, Téa et Véa, avec qui il aura de fort intéressantes et paillardes conversations. Dans le
long cortège de chasseurs se trouve aussi le nain Yarpen Zigrin, dont Geralt croisera de nouveau la route dans les
romans suivants. L'histoire développe également la relation entre la magicienne Yennefer et Geralt qui, après une
période de vie commune qui a suivi les évènements du Dernier Vœu, ne se sont plus vus depuis quatre ans.

Les chasseurs finiront par trouver le légendaire dragon doré, Villentretenmerth, mais la rencontre ne se déroulera
pas comme ils l'imaginaient. En effet Villentretenmerth éliminera sans coup férir tous les chasseurs qui essaieront de
l’attraper, jusqu’à ce que le reste de la troupe renonce à le chasser.

Devant Geralt et Yennefer médusés, Villentretenmerth, dragon doré polymorphe, prit à la fin de l’aventure la forme
humaine de… Borch Trois-Choucas. On découvrira après cela que Villentretenmerth était venu là à l’appel d’une
dragonne qui avait été empoisonnée par l’un de ses poursuivants et qu’elle a laissé en cadeau à Villentretenmerth,
pour l’avoir guérie, le dragonneau qu’elle avait mis au monde peu de temps auparavant. Une récompense un peu
équivalente au fameux Droit de surprise des sorceleurs, laissa sous-entendre le dragon. Avant de les quitter, il confia
à Geralt et Yennefer que s’ils sont de façon évidente faits l’un pour l’autre mais qu’il n’en ressortira rien, allusion à la
stérilité de Yennefer et Geralt. Yennefer lui répondit qu’elle le savait mais qu’elle préférait croire qu’il n’existe pas de
limite au possible.

L’épée de la providence

Où Geralt prend Ciri dans ses bras pour la première fois.

Geralt se rend à Brokilone pour porter un message à Eithné, reine des dryades, de la part du roi Venzlav de Brugge.
A la lisière de la forêt il trouve des cadavres ainsi qu’un homme blessé. Freixenet, bien que blessé, demande avant
tout à Geralt de retrouver « la princesse ». A ce moment des dryades apparaissent. Geralt arrive à les empêcher de
les tuer en leur disant qu’il s’appelle Gwynbleidd et qu’il vient voir Eithmé. Une dryade, Braenn, est chargée de l’y
emmener. Freixenet reste là.

Le lendemain, toujours en chemin vers Duén Canell, il entend un cri. Il se précipite et aperçoit une petite silhouette
sur le point de se faire dévorer par un scolopendromorphe. Geralt attaque le monstre mais ce n’est que grâce à
l’intervention de Braenn qu’il s’en tire. Contrairement à ce qu’il pensait, ce n’est pas une petite dryade qu’ils avaient
sauvé mais une petite fille. Geralt compris rapidement qu’il s’agissait de la princesse que cherchait Freixenet.
La petite fille aux cheveux cendrés et aux grands yeux verts ne devait pas avoir plus de dix ans. Elle dit s’appeler Ciri,
sans rien dire de plus sur son nom ou son origine, et fait très vite montre de beaucoup de caractère. Elle finit par
expliquer qu’elle s’était enfuie du château de Nastrog où elle était sensée épouser le jeune prince Kristin, fils du roi
Ervyll de Verden. Mais elle ne veut pas épouser ce garçon gros, stupide et laid, alors elle s’est enfuie avec un écuyer.
Son cheval s’est cassé une jambe, ils se sont perdus… et la voilà dans Brokilone. Geralt est obligé de l’emmener chez
Eithmé avec eux. Son destin est désormais de devenir une dryade.

Chemin faisant, Geralt la questionne. Ses parents sont morts noyés en mer quand elle était petite. Mais elle est une
princesse, pas une orpheline. Elle a une grand-mère qui est reine. Et sa grand-mère ne la punira pas de ne pas
vouloir se marier, parce que… c’est un secret… sa maman était une magicienne, son papa était ensorcelé et sa
nounou lui a dit qu’elle est prédestinée et que rien ne peut contrecarrer la prédestination. Deux jours plus tard, ils
arrivent enfin au cœur de Brokilone, Geralt les yeux bandés. Mais Ciri, elle, n’a pas eu les yeux bandés Au détour
d’une conversation Ciri entend dire que Geralt est un sorceleur… le célèbre Geralt de Riv… et cela semble la
tournebouler. Mais à ce moment Dame Eithné apparaît. Ciri comprend que puisqu’on ne lui a pas bandé les yeux,
elle ne ressortira jamais plus de Brokilone. Ses yeux brillent et ne quittent pas Geralt pendant que Braenn la fait
sortir. Geralt essaie de plaider la cause de la princesse, mais Eithné lui donne rendez-vous chez elle le soir.

Le soir venu, Geralt et Ciri retrouvent Eithné. Dans un premier temps Eithné confirme que Ciri doit rester chez les
dryades. Mais Ciri renâcle, disant que ce n’est pas possible parce qu’elle est destinée à Geralt et qu’on ne peut lutter
contre la destinée. Alors Eithné décide de faire passer à Ciri l’épreuve de « l’eau de Brokilone ». Geralt est dépité car
il sait que c’est comme ça que les jeunes filles humaines retenues à Brokilone voient la plupart de leurs souvenirs
effacés et deviennent semblables aux vraies dryades. Pourtant à sa grande surprise Ciri boit l’eau sans effet
apparent. Eithné l’interroge : « Enfant de Sang ancien, choisis. Préfères-tu rester à Brokilone ou suivre le chemin de
la providence ? » « Je veux suivre le chemin de la providence, » dit la petite fille. « Qu’il en soit ainsi », ordonne
Eithné.

Avant de quitter Eithné, Geralt la remercie pour ce qu’il pense avoir été un simulacre fait par Eithné pour lui faire
plaisir. « Tu ignores presque tout de la providence, répondit-elle amèrement. Tu en sais très peu, sorceleur. Voici
l’Eau de Brokilone, il en est resté un peu. Te laisseras-tu tenter ? » Geralt boit ce qu’il restait dans la coupe… et
sombre immédiatement. Il se revoit en rêve à Cintra, disant qu’il reviendra dans six ans… Il revoit une femme lui dire
de revenir si jamais il change d’avis… Il voit Yennefer lui dire qu’il faut quelque chose en plus une nuit de Belleteyn…
Il voit Calanthe en armure, ensanglantée, lui dire qu’il se moque de la providence mais que de ce fait ce sont ses
proches qui meurent… Puis il tombe dans l’obscurité.

Quand il reprend connaissance, Geralt est allongé, Ciri auprès de lui. Ils ont été déposés en lisière de la forêt de
Brokilone, libres. Geralt a enfin réalisé que la fillette est la fille de Pavetta. Malgré les protestations de Ciri, il dit qu’il
va la ramener chez elle. Mais il n’en a pas l’occasion car peu après ils croisent la route du druide Sac-à-souris qui, à la
demande de Calanthe, s’était aussi mis à la recherche de Ciri. Il dit à Ciri qu’il la ramène directement à Cintra car
Calanthe a changé d’avis et qu’elle a d’autres projets pour elle que le prince Kristin. Sac-à-souris dit à Geralt de les
accompagner parce que Ciri, dont il croise la route pour la troisième fois, lui est prédestinée. Geralt dit y renoncer,
de toute façon la providence s’est moquée de lui, il ne peut faire un sorceleur d’une petite fille. « Ta fuite est
illusoire, Geralt, lui répond le druide. Depuis la naissance de Ciri, ce que tu veux et planifies cesse d’être important,
de même que ce que tu refuses et ce à quoi tu renonces ». Mais Geralt est obstiné, il monte sur son cheval et s’en
va.

Alors qu’il s’éloigne, Ciri accourt et lui crie : « Tu ne t’en tireras pas aussi facilement ! N’y pense même pas ! Tu ne
t’enfuiras pas ! Je fais partie de ta destinée, tu entends ? » Il n’y a pas de providence, pense-t-il. Cela n’existe pas. La
seule chose qui nous soit prédestinée à tous, c’est la mort. L’épée de la destinée a deux tranchants. Le premier, c’est
moi. Le second, c’est la mort qui me suit pas à pas. Je ne peux pas, je n’ai pas le droit de t’exposer, Ciri.
Il talonne son cheval et s’enfonce dans la forêt humide.

Quelque chose en plus

Une nouvelle forte en émotions et en révélations…La rencontre décisive entre Geralt et Ciri.

L’histoire commence sur un pont, quelque part au sud de la Témérie entre les rivières Ina et Trava. Un marchand,
Yurga, essaie de débloquer son chariot plein de marchandises dont la roue s’est cassée et coincée sur un pont. Ses
serviteurs se sont enfuis car l’endroit se remplit de monstres impitoyables une fois la nuit tombée et le crépuscule
approche. Geralt arrive et essaie de le persuader de laisser son chariot et de partir très vite s’il veut sauver sa vie. Le
marchand refuse car le chariot contient le résultat de longues semaines de négoce et dit au sorceleur qu’il lui
donnera « ce qu’il voudra » s’il l’aide. Geralt le fait répéter, et comme le marchand répète son offre, le sorceleur lui
demande « ce qu’il ne s’attend pas à trouver chez lui en rentrant », les mots qui invoquent le Droit de surprise.

La nuit venue, le sorceleur combat les monstres et réussit à les éliminer jusqu’au dernier. Mais il est très gravement
blessé et s’évanouit à l’issue du combat. Yurga, reconnaissant, décide de ramener Geralt chez lui pour le soigner et
qu’il puisse se remettre. Tandis que le chariot de Yurga l’emmène vers sa maison en Haut Sodden, au sud de la
Iaruga, Geralt sombre dans l’inconscience et revit quelques épisodes de sa vie passée.

Son premier rêve est celui d’une rencontre fortuite qu’il a eue avec Yennefer une nuit de Belleteyn. Ils ne s’étaient
pas revus depuis un an et deux mois. Elle lui dit que leur histoire ne mène nulle part et qu’il y manque « quelque
chose en plus ». Ils passent la nuit ensemble et repartent chacun de leur côté au petit matin. Mais avant de partir
Yennefer lui dit « Va à Cintra. Vas-y et cette fois, ne renonce pas. Ne répète pas l’erreur de la dernière fois. Une
époque noire advient. Très noire. Tu dois arriver à temps… »
Geralt se réveille. Yurga lui dit qu’ils viennent de sortir de Témérie en franchissant la Trava et que maintenant ils sont
en Bas Sodden. Geralt se fait soigner par Yurga avec l’une de ses fioles de sorceleur puis sombre à nouveau dans ses
rêves.

Cette fois il se remémore le jour où il s’est présenté devant la reine Calanthe au château de Cintra six ans après la
naissance de l’enfant de Pavetta. Calanthe le reçoit assez mal car elle pense qu’il vient « exactement à la date
prévue » pour faire jouer son Droit de surprise sur l’enfant (voir la nouvelle « Une question de prix » dans le livre Le
Dernier Vœu) et l’emmener. Calanthe et Geralt ont une longue discussion, au cours de laquelle Geralt admet que pas
plus de 4 enfants sur 10 survivent à l’épreuve des herbes pour devenir sorceleur. Il dit aussi ne pas être lui-même,
contrairement à ce qu’on raconte, un enfant-surprise, car il a su par Vesemir que sa mère était magicienne et qu’elle
a fait le choix de l’abandonner. Après cette conversation, Geralt finit par lui dire qu’il vient au contraire lui annoncer
qu’il renonce « à ce garçon » car il ne croit pas en la providence. La providence seule ne suffit pas dit-il, il faut
« quelque chose en plus » et ce quelque chose il ne l’a pas trouvé. Calanthe lui demande s’il veut voir l’enfant auquel
il a renoncé, Geralt refuse. Il ne saura donc pas que, contrairement au jeune garçon qu’il imaginait, l’enfant était en
réalité la petite fille aux cheveux clairs qu’il avait vue jouer dans la cour avec les garçons. Avant qu’il ne parte,
Calanthe lui dit que elle, par contre, croit en la providence, qu’il ne fait pas bon lui tourner le dos, et que sa destinée
l’attendra encore quelque temps si jamais il change d’avis.

Un peu plus tard, Yurga s’est arrêté dans un village et a demandé à une magicienne de venir soigner Geralt. Le
hasard a fait que la magicienne soit en fait sa propre mère, Visenna, qui se trouvait là ce jour-là. Tous deux se
reconnaîtront mais Geralt n’aura pas le temps de lui poser la question qui le taraude : pourquoi l’a-t-elle
abandonné ? Durant sa conversation avec Visenna celle-ci lui a dit croire en la providence qui fait se rencontrer les
gens qui le doivent. Et lui confie avant qu’il ne s’endorme que c’est bien elle qui l’a prénommé Geralt et non
Vesemir, comme il le croyait.

Le voyage se poursuit et ils arrivent à proximité du lieu de la bataille du mont Sodden. Yurga lui explique qu’ici les
magiciens et donc les sorceleurs seront toujours les bienvenus car la population sait très bien ce qui leur est dû, leur
combat désintéressé ayant été exemplaire. Geralt dit qu’il n’a pas participé à la bataille car il était dans le Nord, mais
s’en trouve fort mal à l’aise. Yurga évoque les quatorze noms de magiciens écrits sur la stèle commémorative qu’il
dit connaître par cœur comme tous les enfants de Sodden car « vivre dans le souvenir, seigneur Geralt, c’est quelque
chose en plus ». Il commence à les citer mais parmi les premiers noms cités se trouve celui de Triss Merigold… Pâle
comme la mort, Geralt demande à Yurga de se taire. Pourtant durant la pause qui suit, Geralt, bien qu’encore très
affaibli, va escalader la colline pour aller voir de lui-même les quatorze noms. Il y rencontrera un spectre de jeune
femme, la Mort, qui lui dit que son heure n’est pas encore venue. Il reprend la lecture des quatorze noms, se
remémore ceux qu’il a connus mais, à bout de forces il s’évanouit au treizième. A son réveil il demande à Yurga le
quatorzième nom : ce n’est pas Yennefer de Vengerberg.

Peu avant la Iaruga, Yurga avoue à Geralt que, vu le prix qu’il a demandé, il sera déçu car sa femme, Chrysididae, ne
peut plus avoir d’enfant. Comme il s’estime toujours redevable envers Geralt de lui avoir sauvé la vie sur le pont, il
lui propose d’emmener l’un de ses deux fils pour en faire un sorceleur. Comme Geralt lui demande s’il ne trouve pas
ce métier un peu sot, Yurga lui répond : « Sauver la vie des gens, vous trouvez ça une mauvaise chose ? Ce que vous
faites-vous-même, c’est bien ou c’est mal ? » « Parfois j’ai des doutes, » répond Geralt. « Et alors, le doute, c’est
humain. Seul le mal, seigneur Geralt, en est dépourvu. Et nul n’échappe à son destin ». Geralt sombre à nouveau
dans ses pensées.

Il se souvient avoir rencontré Jaskier sur la rive sud de la Iaruga, un an auparavant, au début de l’automne. Ce
dernier lui raconte que les armées de Nilfgaard sont en route et qu’il faut se dépêcher de franchir la Iaruga et
remonter vers le nord car, au contraire des conflits frontaliers habituels, les armées cette fois dévastent tout et tout
le monde sur leur passage. Alors que Geralt lui dit qu’il ne va pas l’accompagner car il lui faut se rendre à Cintra,
Jaskier lui apprend que Cintra n’existe plus. Les nilfgaardiens ont dévasté Cintra, les nobles se sont auparavant
entretués plutôt que de tomber entre les mains des nilfgaardiens et la reine Calanthe s’est jetée seule du haut d’une
tour car personne n’avait accepté de la passer par le fil d’une épée. Sur une question de Geralt au sujet d’une fillette
de dix ou onze ans, Jaskier dit qu’il n’a jamais entendu parler de Ciri, la petite fille de Calanthe, mais que tous les
gens présents dans la forteresse ont été impitoyablement éliminés. Geralt comprend que rien ne le retient plus de ce
côté-là de la Iaruga, il accepte donc de traverser et suivre Jaskier dans le nord.
Enfin, la Iaruga franchie, Geralt et Yurga finissent par arriver au domicile de ce dernier. Chrysididae se précipite à son
cou tellement elle est heureuse de son retour. Elle a cependant une inquiétude : durant sa longue absence elle a
accepté de prendre avec elle une jeune orpheline que les druides avaient retrouvé dans les bois une fois la guerre
terminée et elle craint que son mari n’apprécie pas cette bouche supplémentaire à nourrir. Yurga se tourne vers le
sorceleur car cette orpheline représente ce qui l’attendait chez lui et qu’il ne savait pas et dit à sa femme que,
décidemment, la providence est quelque chose d’insaisissable qu’on ne comprendra jamais vraiment. A ce moment
une voix aigüe se fit entendre : « Geralt ! ». Une silhouette malingre avec des cheveux gris cendrés et des yeux verts
se précipite vers le sorceleur qui se met à genoux pour l’accueillir.
— Geralt ! Tu m’as retrouvée ! Je le savais ! Je l’ai toujours su ! Je savais que tu me retrouverais !
— Ciri, dit le sorceleur.
Yurga ne vit pas le visage de Geralt dissimulé sous les cheveux de cendre de la petite fille. Il ne vit que des mains
gantées de noir pressant le dos et les épaules de Ciri.
— Tu m’as finalement retrouvée ! Oh, Geralt ! J’ai attendu tout ce temps ! Ça a duré si longtemps… Nous resterons
ensemble, n’est-ce pas ? Maintenant, nous serons ensemble, hein ? Dis-le, Geralt ! Pour toujours ! Dis-le !
— Pour toujours, Ciri.
— C’est comme ils le prédisaient, Geralt ! Comme ils le prédisaient… Je suis ta providence ? Dis ! Je suis ta
providence ?
— Tu es plus que ça, Ciri. Plus que ça.

La Saga en cinq volumes


Le sang des elfes

Geralt emmène Ciri à Kaer Morhen et fait son éducation de sorceleuse. L’éducation de Ciri se poursuit ensuite au
temple de Melitele à Ellander, d’abord avec le mère Nenneke puis avec Yennefer qui lui enseigne la magie. Pendant
ce temps, beaucoup de monde commence à rechercher Geralt et la princesse de Cintra qui n’est peut-être pas morte
comme on le dit durant le massacre de Cintra.

Après avoir retrouvé Ciri chez Yurga, Geralt l’emmène à Kaer Morhen. Ils y arrivent à l’automne 1264, un an après le
massacre de Cintra. Là, Ciri va suivre un entraînement physique de sorceleur et, vu son jeune âge, un peu plus de 12
ans, va profiter à fond de l’enseignement que lui prodiguent Lambert, Vesemir et Geralt. L’année suivante Coën, un
jeune sorceleur, viendra lui aussi passer son premier hiver à Kaer Morhen. Ciri grandit bien, mais elle fait des
cauchemars liés à un guerrier habillé de noir avec un heaume ailé, et surtout entre deux ou trois fois entre en transe
spontanément et se met à prophétiser. Les sorceleurs comprennent qu’ils font face à un problème que seule une
magicienne peut traiter, aussi Geralt fait venir Triss Merigold à Kaer Morhen. Elle s’y présentera à l’entrée de l’hiver
1265.

Triss prend en charge Ciri et lui apporte l’aide féminine dont la jeune Ciri avait besoin. Elle s’assure aussi que les
sorceleurs n’ont pas entamé avec elle le processus de mutation nécessaire à a formation des sorceleurs, ils la
rassurent sur ce point. Accessoirement Triss essaie de mettre à nouveau Geralt dans son lit : elle avait un jour profité
d’un moment de solitude de Geralt au cours d’une de ses nombreuses séparations d’avec Yennefer et en était
tombée éperdument amoureuse. Mais Geralt ne se laissera pas faire et lui refusera toujours de recommencer
l’expérience.

Tandis que Triss passe l’hiver à Kaer Morhen, Jaskier donne des récitals où il chante des ballades sur le sorceleur, son
amour pour une magicienne… et sa rencontre avec une petite fille qui lui serait destinée. Licence poétique, assure-t-
il. Mais un jour un certain Rience, accent nilfgaardien, un peu magicien et aimant beaucoup la torture, le captura
pour savoir s’il sait si la princesse de Cintra a survécu à la prise de Cintra deux ans auparavant. Il sera sauvé de
justesse par Yennefer qui justement assistait discrètement à son récital ce soir-là. Rience réussit à se sauver grâce à
un portail magique qui s'est opportunément ouvert devant lui, non sans que Yennefer ne l’ait gravement brûlé au
visage. Yennefer conseille à Jaskier de laisser tomber définitivement sa balade sur le Lionceau de Cintra et d’aller se
réfugier en Rédanie auprès de Filippa Eilhart et Sigismund Dijkstra, chef des services secrets rédaniens, pour qui il
espionne un peu.
Si Triss et Ciri finiront par se considérer comme des sœurs, Triss comprends que Ciri est une Source et qu’elle ne
peut pas aider Ciri sur ce point : il faudrait une magicienne bien plus puissante qu’elle pour cela. « Tu vois de qui je
veux parler, Geralt ? Ravale ta fierté et appelle-la ! ». À la sortie de l’hiver, Geralt quitte Kaer Morhen avec Triss et
Ciri, dans l'intention de mener la fillette au Temple de Melitele à Ellander, où elle recevra une éducation "normale"
de la part de Nenneke. Sur le chemin, Triss tombe malade et ils se joignent à la compagnie des nains de Yarpen Zigrin
qui les accompagneront jusqu’à Ellander. Nous sommes au printemps 1266.

***

Les rois des royaumes du Nord (Demawend, Foltest, Henselt, Vizimir et la reine Meve) se réunissent en secret à
Hagge, sans leurs magiciens conseillers auxquels ils commencent à ne plus avoir confiance. Ils constatent que les
territoires du Nord sont minés par les Scoia’tael, les dryades et les prêcheurs de la fin inéluctable de leur civilisation.
L’élimination de la Scoia’tael devient pour eux une évidence. De l’autre côté de la Iaruga, Nilfgaard règne en maitre.
Les rois conviennent que la situation ne peut rester en l’état. Ils envisagent d’organiser une escarmouche à Dol
Angra pour ne pas paraître être les agresseurs puis passer la Iaruga à l’ouest avec ce qu’il reste des troupes de Cintra.
Avant d’en arriver là il faudra se préparer, construire des barques… Les nobles de Cintra cherchent toujours Ciri pour
mettre le sang de Cintra sur le trône, mais celle-ci a disparu depuis plus de deux ans. Les rois finissent par dire que
l’empereur de Nilfgaard, toujours célibataire, pourrait épouser Ciri s’il la retrouvait et devenir ainsi légalement le
maître de Cintra. Personne dans les royaumes du Nord n’étant en mesure de l’épouser, cette possibilité est jugée
trop dangereuse. Ils prennent donc la décision de rechercher Ciri et, si on la retrouve, de l’éliminer.

***

Plus tard, à Cintra, l’empereur de Nilfgaard et ses conseillers feront un débriefing de la réunion « secrète » de Hagge.
Menno Coohorn, actuel gouverneur de Cintra, va être envoyé à Dol Angra avec pour instruction formelle de ne pas
répondre aux provocations. Nilfgaard fera savoir aux magiciens du Nord qu’ils commencent à être mis sur la touche.
L’empereur demande d’envoyer un message par magicien à Rience : tuer le sorceleur et ne pas toucher à Yennefer.
Puis, en grand secret, Emhyr fait venir le chevalier noir, emprisonné suite à son échec pour capturer Ciri à Cintra, et
lui donne de nouvelles instructions… que nous ne connaitrons pas.

***

Quelque temps après, Terranova et Tissaia de Vries viennent chez Vilgefortz pour l’informer de la réunion de Hagge.
Tissaia pressent que Vilgefortz était déjà au courant, et elle se dit que Vilgefortz leur en impose à tous mais elle ne
sait pas ce qu’il a derrière la tête. Surtout qu’elle détecte des instruments de localisation dans son atelier : pour
localiser qui ou quoi ? Vilgefortz propose dans un premier temps de laisser faire les rois puis, comme on lui fait
remarquer que des massacres de non-humains ont commencé, Vilgefortz propose une assemblée générale des
magiciens, y compris les conseillers des rois, pour demander aux rois de se calmer.

***

Après avoir laissé Ciri à Ellander, Geralt est parti retrouver Jaskier, qui l’informe de l’existence de Rience et du but de
ses recherches. Geralt se lance alors à la recherche de Rience et son mystérieux employeur. Mais il n’arrive pas à
mettre la main dessus et ne fait que semer des cadavres sur son passage. Alors après de nombreux mois infructueux,
renonçant à le poursuivre, il va au contraire décider de l’attirer à lui en prenant un emploi fixe de garde sorceleur sur
un bateau qui fait la navette sur le delta du Pontar. Au lieu de Rience, c’est une étrange garde témérienne qui
essaiera de s’emparer de lui. Peu après, à Oxenfurt, avec l'aide de Jaskier et d’une jeune étudiante en médecine,
Shani, il arrive enfin à provoquer une confrontation avec Rience et quatre mercenaires, au cours de laquelle ils sont
tous les deux blessés. Le maître de Rience intervient à nouveau en ouvrant un portail pour son serviteur. Filippa
Eilhart, qui avait suivi Jaskier après une rencontre avec Dijkstra dans l’après-midi, empêche Geralt de poursuivre le
mage. Elle tue également le dernier survivant des Frères Michelet afin qu'il ne fournisse à Geralt aucune information
capable de révéler l'identité du mystérieux magicien.

***

Pendant tout ce temps le séjour de Ciri à Ellander est constamment hanté par des rêves troublants jusqu'à l'arrivée
de Yennefer, qui débute son éducation aux arcanes de la magie. Après d'un antagonisme initial, leur relation se
transformera petit à petit en un lien fort et profond, comme celui d'une mère et sa fille. Leur séjour à Ellander
durera environ un an. Progressivement les dons pour la magie de Ciri se révèlent. Elle devient capable de tirer la
Force de l’eau et de l’air, de sorts de télékinésie et autres sorts élémentaires. La seule chose que lui interdit Yennefer
est de tirer la Force du feu : « ne touche jamais au feu, Ciri, c’est trop difficile, je te l’interdit ! »

Au printemps 1267, le temps est venu pour Ciri de partir pour l’école de magie d’Aretuza, sur l’île de Thanedd, afin
d’y faire les études qui lui permettront de devenir pour de bon une magicienne. De leur conversation avant le départ
pour on comprend que si Ciri, au début, n’aimait pas Yennefer et ses manières un peu brusques, les choses ont
beaucoup changé. La magicienne et la jeune fille se mettent en route. Ciri vient d’avoir 15 ans.

Le Temps du Mépris

Alors que Yennefer, Ciri et Geralt viennent à peine de se retrouver près de Gors Velen, des évènements terribles se
déclenchent. Le 1er juillet 1267 un soulèvement de mages à la solde de Nilfgaard décapite la confrérie des mages sur
l’île de Thanedd, le roi Visimir est assassiné et Nilfgaard traverse une nouvelle fois la Iaruga. A la suite de ces
évènements nos trois amis seront brutalement séparés et disparaitront aux yeux du monde.

En juin 1267, Geralt se rend chez Codringher et Fenn à Dorian, un cabinet très spécial où on obtient tout ce qu’on
veut moyennant finances. Il vient prendre des renseignements qu’il a commandés auparavant par courrier. Il
apprend que Rience est tout à la fois au service de Nilfgaard et d’un magicien très puissant non identifié. Que les
agents témériens rencontrés sur le bateau travaillaient bien pour la Témérie qui elle aussi cherche Ciri. Que ceux-ci
étaient auparavant venus les voir pour des renseignements sur Ciri. Geralt étant leur client, Codringher a menti et
produit des témoins certifiant que la princesse était morte de diphtérie dans un camp, mais ils ne se font guère
d’illusion sur la pérennité de cette embrouille. Puis il dit à Geralt qu’ils ont trouvé une jeune fille ressemblant fort à
Ciri et lui propose de la jeter en pâture aux nilfgaardiens pour que la vraie Cirilla ait la paix. Bien entendu, Geralt
refuse. La conversation ayant glissé sur les parents de Ciri, Codringher et Fenn l’informent que Duny ne fait partie ni
des enfants naturels ni des bâtards connus de Akerspaark de Maecht. Pour finir ils disent à Geralt que les deux
femmes se rendent actuellement à l’assemblée des mages qui aura lieu début juillet et qu’il pourrait rattraper
Yennefer et Ciri à Anchor… mais elles sont suivies par trois spadassins. Geralt ne rejoindra pas les deux femmes mais
va rapidement éliminer les trois spadassins qui les suivaient.

***

Yennefer et Ciri arrivent peu avant l’assemblée des mages à Gors Velen, ville de bord de mer témérienne dans la baie
de laquelle se trouve l’île de Thanedd. L’île de Thanedd, masse rocheuse en forme de cône, est reliée à Gors Velen
par un pont. A la base de l’île se trouve le palais de Loxia, seul endroit où les visiteurs peuvent se rendre. Au-dessus
de Loxia est implantée l’école de magiciennes d’Aretuza. Le niveau supérieur est occupé par le palais de Garstang où
les magiciens et responsables de l’école se réunissent. Notons que Garstang présentait la particularité d’être protégé
par un sort très puissant contre toute magie dans ses murs car les discussions entre magiciens souvent houleuses
avaient parfois dégénéré par le passé. Enfin, le sommet de l’île est coiffé par une ancienne tour elfique, Tor Lara, la
Tour de la Mouette. La tour contient un portail de téléportation qui n’est plus utilisé depuis très longtemps car il est
devenu chaotique et mène n’importe où. Il est dit que ce portail était autrefois relié à une autre tour, Tor Zirael, la
Tour de l’Hirondelle, dont personne ne connaît plus l’emplacement, à tel point que l’existence même ce cette
deuxième tour est aujourd’hui considérée comme une légende.

Une fois arrivées à Gors Velen, Yennefer passe voir le banquier Giancardi. Elle laisse Ciri aller se promener dans la
ville avec le jeune neveu du banquier, Fabio Sachs. Mais Ciri déclenchera une belle pagaille sur la place du village et
se retrouvera avec Yennefer face à l'ancienne et l'actuelle directrice de l'académie, Tissaia de Vries et Margarita
Laux-Antille. Envoyée chercher des rafraîchissements, Ciri remarque une mercenaire qui ordonne à l'aubergiste de
lui ouvrir une porte dérobée — une porte qui mène directement aux remparts extérieurs de la ville, sans passer par
les portes et les gardiens habituels. Lors de son second voyage pour remplir la carafe, Ciri utilise ses nouvelles
connaissances et s'enfuit à cheval pour voir Geralt qu’elle n’a pas vu depuis très longtemps. En effet Giancardi avait
lâché dans sa conversation avec Yennefer que Geralt se trouvait actuellement avec Jaskier à Hirundum, non loin de
Gors Velen. Durant sa fuite Ciri est poursuivie par la Chasse Sauvage qui est apparue derrière elle. Yennefer,
heureusement, n'est pas loin derrière et réussit à faire disparaître les cavaliers spectraux. La fuite de Ciri fournit à
Geralt et Yennefer l'occasion de se retrouver et d'arranger les choses dans leur relation avant que tous trois ne
partent ensemble pour l'île de Thanedd.

***

Le 30 juin 1267, le soir précédant la réunion des mages, Yennefer entraine Geralt à la réception de bienvenue,
laissant Ciri dans sa chambre et s'assurant avec de la magie qu'elle ne puisse pas s’enfuir à nouveau. A la réception,
Geralt rencontre bon nombre de personnes intéressantes, à commencer par nombre de magiciennes comme Filippa
Eilhart et Sabrina Glevissig puis les responsables de la confrérie des mages. D’abord les cinq membres du Chapitre,
organe directeur de la confrérie : Gerhart d’Aelle (Hen Gedymdeith), le plus âgé des sorciers vivants ; Tissaia de
Vries, à peine quelques années de moins que Gerhart ; Francesca Findabair (Enid an Gleanna, la Pâquerette des
vallées) ; Vilgefortz de Roggeveen ; Artaud Terranova. Puis les membres du Conseil : Fercart de Cidaris, Radcliffe
d’Oxenfurt, Carduin de Lan Exeter. Les deux autres membres sont Filippa Eilhart et… Yennefer depuis la bataille du
mont Sodden, qui ne l’avait pas encore dit à Geralt.

Dijkstra aborde Geralt et essaie de lui tirer les vers du nez au sujet d’une certaine fillette. Geralt le rembarre
vertement. Puis Yennefer emmène Geralt rencontrer Vilgefortz, qui lui demande de le suivre pour une conversation
privée. Il essaie de mettre Geralt de son côté, l'encourageant Geralt à devenir un mage lui-même, mais le sorceleur
refuse. Vilgefortz répond de façon elliptique qu’un affrontement sans merci se prépare et que seuls ceux qui sont du
bon côté survivront. Il finit en sous-entendant que la seule façon de sauver une certaine enfant consiste à se mettre
de son côté, mais ne dit pas ce qu’il attend de Ciri. Il donne à Geralt la nuit pour réfléchir et met fin à la conversation.
Après la réception, Yennefer et Geralt se retirent dans leur chambre. Au petit matin Geralt va dans la cour répondre
à un besoin pressant qui va l’amener à être directement témoin de ce qui s’appellera le Soulèvement de Thanedd.

Des magiciens avaient appris que certains membres du Chapitre et du Conseil dont Vilgefortz, Terranova et
Francesca Findabair avaient été achetés par Nilfgaard et avaient prévu lors de l’assemblée du lendemain de prendre
le pouvoir dans la Confrérie au bénéfice de l’empire. Emmenés par Filippa Eilhart, les magiciens royalistes avaient
décidé d’anticiper le coup d’état et de faire arrêter dans la nuit les comploteurs par des gardes rédaniens aux ordres
de Dijkstra. Une fois les conjurés arrêtés et enchainés par des menottes de dymérite, la quinzaine de magiciens
présents dont l’intégralité du Chapitre, du Conseil et des conjurés se sont retirés au palais de Garstang pour décider
de la suite, emmenant Geralt, témoin malencontreux, avec eux. Mais Tissaia de Vries, qui n’avait pas été
préalablement mise dans la confidence, pensa de son côté que c’étaient Filippa Eilhart et ses amis qui faisaient un
coup de force. Pour en avoir le cœur net elle fait venir Ciri, mise en transes par Yennefer vu qu’un médium en transe
ne peut pas mentir. Et Ciri fait les annonces suivantes : « La nuit dernière les armées aux emblèmes de la Lyrie et
d’Aedirn ont attaqué Dol Angra à Glevitzingen. L’empereur Emhyr var Emreis a donné l’ordre de répondre coup pour
coup. Aujourd’hui à l’aube, les armées nilfgaardiennes sont entrées en Lyrie et à Aedirn ». Puis elle ajoute « Le roi
Vizimir a été assassiné dans la nuit d’hier par un terroriste. La Rédanie n’a plus de roi. »

Tissaia en conclut que tout cela a eu lieu sur l’ordre de Filippa qui cherche à obtenir le pouvoir absolu… met fin au
blocus magique d’une seule formule pour pouvoir lancer deux sortilèges : l’un pour libérer les enchaînés, l’autre
pour immobiliser Filippa Eilhart et ses complices. Tissaia de Vries comprendra très vite son erreur : Francesca
Findabair s’est immédiatement précipitée pour déverrouiller une porte qui donnait accès à un escalier provenant
des souterrains de l’île et aussitôt une troupe de Scoia’tael commandée par l’elfe Faoiltiarna qui attendait est entrée
dans Garstang, accompagnée de Rience et du cavalier noir. Tissaia libéra les royalistes et un combat acharné fit
rapidement trembler les murs du palais de Garstang. Quand Tissaia de Vries vit les cadavres, elle perdit la tête et se
sauva. Elle se suicidera seule chez elle un mois plus tard.

En se réveillant de sa transe, Ciri voit qu’elle est au milieu d’une bataille à côté de Yennefer. Celle-ci lui dit de
descendre tout en bas, où elle trouvera un cheval et se sauvera pour retrouver Margarita Laux-Antille à Loxia.
Yennefer doit rester… Ciri s’enfuit. Après avoir échappé à Rience, elle est finalement capturée par Terranova… qui
est abattu par Geralt guidé là par Filippa sous sa forme de chouette. Geralt donne à Ciri son épée, lui dit de courir
sans se retourner et reste en arrière pour les retenir. Mais Ciri est bientôt rattrapée par le cavalier noir, Cahir Mawr
Dyffryn aep Ceallach. Sa peur initiale se transforme finalement en fureur, elle utilise tout son savoir de sorceleuse et
prend le dessus. Geralt arrive peu après, est sur le point de tuer le cavalier noir qui la poursuit depuis si longtemps y
compris dans ses cauchemars… mais renonce parce que Cahir lui dit que c’est lui qui a sauvé Ciri de l’incendie lors du
massacre de Cintra.
Geralt voit Ciri se diriger vers la tour de la Mouette mais, alors qu’il allait y pénétrer à son tour, arrive Vilgefortz.
Geralt lui barre l’entrée de la tour. Vilgefortz essaie une nouvelle fois de mettre Geralt de son côté, avoue que c’est
lui qui a mis Rience à ses trousses sous les ordres de l’empereur mais que c’est lui qui se sert de l’empereur pour
atteindre son but et non l’inverse. Il lui annonce la mort de Codringher et Fenn mais dit que « leur subterfuge est
toujours valide ». Comme Geralt ne veut toujours rien savoir la lutte s’engage. Geralt comprend trop tard que le
magicien est beaucoup plus fort qu’il ne le pensait… Vilgefortz le blesse cruellement au bras et à la jambe mais le
laisse en vie. Geralt s’évanouit.

***

Quatre semaines plus tard Jaskier vient rejoindre Geralt à Brokilone où ce dernier avait été téléporté pendant qu’il
était évanoui par Triss Merigold pour y être soigné. Jaskier lui raconte tout ce qui s’est passé depuis Thanedd.
• Une puissante armée de Nilfgaard a attaqué la Lyrie ; les forteresses Spalla et Scalla sont tombées en trois jours.
Rivie n’a pas résisté sous la pression des marchands car promesse leur avait été faite que si la cité ouvrait ses
portes elle ne serait pas pillée… ce qui fut le cas de façon très surprenante.
• Les troupes de Nilfgaard ont avancé jusqu’à Aldersberg devant laquelle Meve et Demawend se sont décidés à
livrer bataille pour empêcher le blocus de la forteresse. Bien plus nombreux, les nilfgaardiens les ont écrasés.
• Ensuite les instructions spéciales de l’empereur ont été exécutées : démonter et emporter. Le bétail, les récoltes,
les produits de la mine… tout ! Et les populations capturées emmenées en esclavage à Nilfgaard. Ceci fait, tout
devait être brûlé et dévasté : le royaume d’Aedirn n’était plus qu’un gigantesque brasier.
• L’armée de Nilfgaard a poussé jusqu’à Vengerberg qui est tombée en une semaine. Les populations ont essayé
de franchir le col de Mahakam pour aller en Témérie, peu y sont parvenus, pourchassés et décimés par les
Scoia’tael. Les villes de Guletta et Eysenlaan ont suivi.
• Suite à l’assassinat de Vizimir la Rédanie est en plein chaos. La reine Hedwige a pris le pouvoir et Dijkstra s’est
lancé dans une chasse aux Scoia’tael sanglante. La Rédanie n’est pas en état d’aider Aedirn.
• Emhyr a envoyé un ambassadeur chez Foltest. Il l’a informé que le roi Ervyll de Verden s’est soumis à Nilfgaard et
que les trois forteresses de Verden sont maintenant aux mains de l’empire. Foltest constate donc que la dernière
forteresse d’Aedirn, Hagge, risque de bientôt tomber, ce qui libèrerait l’entrée des troupes de Nilfgaard au nord
de la Témérie, et que les états au sud de son territoire sont déjà aux mains de Nilfgaard. Il accepte donc de rester
neutre, en échange de quoi il a occupé et organisé le blocus de la forteresse de Hagge, les Nilfgaardiens ne sont
pas entrés par le col de Mahakam et n’ont pas traversé la Iaruga à Sodden ; ils n’ont pas attaqué Brugge.
• Quant à Henselt de Kaedwen… Il a donné l’ordre à ses troupes de « protéger fraternellement » la Basse Marchie,
leur ancien territoire qu’il reprend puisque Demawend n’a pas été fichu de garder son royaume. Les troupes de
Kaedwen sont donc allées jusqu’à la rivière Dyfna, où le margrave Mansfeld d’Ard Carraigh et Menno Coehoorn
de Nilfgaard se sont serrés la main, conformément aux accords passés entre Henselt et Emhyr qui se partagent
ainsi la dépouille d’Aedirn.
• Les magiciens ont été bannis de Témérie, ceux d’Aedirn se sont enfuis principalement dans les états neutres du
Nord comme Kovir ; Filippa Eilhart est en Rédanie auprès de la reine Hedwige, accompagnée de Triss Merigold.
Vilgefortz a disparu, lui et tous ses alliés encore en vie, sauf…
• Enid an Gleanna (Francesca Findabair), qui est devenue reine d’un état elfe qui se limite à Dol Blathanna… avec
pour condition expresse de l’empereur de ne pas rappeler à elle les Scoia’tael qui doivent continuer de
désorganiser les royaumes du Nord, alors même que Foltest et Henselt les traquent sans pitié. Autrement dit,
elle sacrifie les Scoia’tael contre l’existence de son petit royaume elfe. Sauront-ils lui pardonner ?

Jaskier raconte ensuite à Geralt les rumeurs sur Ciri. D’après un ambassadeur de Kovir, Ciri aurait été présentée à
l’empereur dans son palais de Loc Grim. Ce dernier lui aurait promis que son titre de princesse de Cintra lui serait
rendue ainsi que ses possessions sur Cintra, Sodden, Brugge et les îles Skellige. En attendant que la guerre soit finie,
elle est priée d’aller attendre au château de Darn Rowan des jours meilleurs. Certains pensent qu’il voudra ensuite
l’épouser.

***

A Nilfgaard, après la présentation publique de la princesse de Cintra, Emhyr convoque pour une réunion secrète
Vattier de Rideaux, vicomte d’Eiddon, chef de l’espionnage militaire, Stefan Skellen dit Chat-Huant, spécialiste des
questions spéciales, et le mage Xarthisius. A maître Xarthisius il demande de rechercher une certaine personne dont
il lui donnera la date et l’heure de naissance ainsi que des cheveux. Puis il dit à Xarthisius de prendre congé. À Vattier
de Rideaux, il demande qui a amené la jeune fille à Nastrog trois jours après les évènements de Thanedd. Constatant
que ce n’était ni Vilgefortz, ni Rience, ni Cahir qu’il avait pourtant mandatés tous trois pour le faire, il lui donne
l’ordre de retrouver Rience et Cahir avec l’aide des elfes de la Scoia’tael ou de la reine Enid. Une fois qu’ils seront
arrêtés il faudra les soumettre à la torture, il finira l’interrogatoire lui-même. A Skellen il dit qu’à son avis Xarthisius
ne trouvera rien et lui donne l’ordre de se lancer à la recherche de son « ancien allié et ami » Vilgefortz qui se terre
quelque part. Une fois trouvé, Skellen peut le tuer ainsi que tous les autres magiciens qui se trouveraient là. Par
contre il ne doit, bien entendu, pas toucher à un seul cheveu de la personne recherchée qui, vraisemblablement, se
trouvera là-bas. Il leur donne l’ordre formel de considérer cette conversation comme un secret d’État et, en
attendant la réussite des recherches, de continuer pour le reste du monde à considérer la jeune fille vue récemment
dans la salle du trône comme Cirilla, reine de Cintra et princesse de Rowan. Car, ajouta-t-il : « On m’a envoyé, à la
place de la véritable Cirilla de Cintra, une tocarde quelconque. Ces traîtres espéraient que je ne la reconnaîtrais pas.
Mais moi je reconnaîtrai la véritable Ciri. Je la reconnaîtrai n’importe où, au bout du monde comme dans les
ténèbres de l’enfer ».

***

Ciri se réveille en plein désert de pierres et de sable sous un soleil de plomb. Elle est blessée à la tête et
contusionnée comme si elle avait fait une forte chute. Elle se souvient être entrée dans le portail illuminé en haut de
la tour, avoir voyagé… pour finir par être éjectée dans les airs au-dessus de ce désert. Portail chaotique ! Personne
ne sait où elle est, il faut qu’elle se débrouille toute seule. Elle a un poignard. Ciri va errer longtemps dans le désert.
Elle y rencontrera un jour une licorne, perdue comme elle dans le désert. Ciri l’appellera Petit Cheval. A elles eux
elles arrivent péniblement à se nourrir de fourmis ou d’œufs de caméléon. Grâce à l’enseignement de Yennefer Ciri
est une magicienne, alors elle utilise ses pouvoirs et arrive parfois à tirer de sources souterraines l’énergie qui lui
permet de guérir ses contusions et de faire un peu de lumière la nuit. Mais ses forces déclinent. Un jour elles furent
attaquées par un monstre enfoui dans le sable. Elles arrivèrent à tuer celui-ci grâce à la dague de Ciri et la corne de la
licorne, mais la licorne fut blessée à la cuisse ; la blessure était empoisonnée. Ciri se dit qu’il faudrait travailler la
plaie avec sa dague pour extirper le pus mais elle ne savait comment faire. «On ne m’a pas appris à soigner, dit-elle
amèrement. On m’a appris à tuer, en m’expliquant que de cette façon je pourrai secourir. C’était un horrible
mensonge, Petit Cheval. On m’a menti ».

Elle se souvient : la magie ! Mais elle ne trouve pas de trace de source d’eau « Pas d’eau, pas de magie ! Et dire que
la magie devait se trouver partout ! Ça aussi, c’était un mensonge ! Tous m’ont menti, tous ! » Le feu ! Certes
Yennefer lui a interdit de toucher à l’énergie du feu, mais elle n’a pas le choix. Quelques brindilles, une incantation
simple… et le feu est là. Mais comment l’utiliser ? Elle le fixe longuement et finalement, sans savoir comment elle a
fait, l’énergie apparaît. Elle commence par soigner la licorne. Mais l’énergie continue d’augmenter, venant de la
pierre elle-même. Sa bouche prononce des incantations qu’elle n’a jamais apprises. Elle sent la Force, la puissance,
elle s’embrasait par le feu. Elle était le feu. Une silhouette surgit des flammes. Une jeune et grande femme aux longs
cheveux raides noir ébène « Tu es puissante ! dit-elle. Ceux qui t’ont blessée ne savaient pas à qui ils avaient affaire !
Venge-toi ! ». Et dans la fumée, derrière la femme, Ciri voit défiler des cadavres, des nilfgaardiens, Vilgefortz… mais
aussi Nenneke… Jarre… Fabio Sachs… « Non ! », hurle Ciri. « Oui ! cria la femme aux cheveux noirs, la mort pour tous,
venge-toi de tous ces traîtres, méprise-les ! » Viennent Yennefer entravée et pleine de sang, Jaskier, Vesemir, Eskel,
Geralt, lui aussi en sang. « Brûle, brûle, Falka ! Tu le désires ! Le désir et la soif bouillonnent en toi comme les
flammes, la volupté s’est emparée de ton corps ! La puissance, la force, le pouvoir ! C’est la plus exquise des voluptés
au monde ! » Mais Ciri résiste : « Non ! Je ne veux pas de cette force ! Je n’en veux pas ! J’y renonce ! » Elle tomba en
même temps qu’elle sentit les premières gouttes de pluie sur son visage.

Derrière le rideau de flammes, avant que Ciri ne renonce à la Force, de nombreuses licornes étaient apparues. « Il
faut ôter son existence à l’Être. On ne peut permettre qu’il existe. L’Être est dangereux… Non l’Être a convoqué la
Force pour sauver Ihuarraquax, pas pour lui. Et puis Il a renoncé à la Force. Totalement. La Force est partie. C’est très
étrange… Partons d’ici. Laissons l’Être en paix. Laissons-le à sa destinée. » Ciri resta allongée très longtemps,
desséchée, vide et indifférente. Elle ne pensait à rien. Elle était seule, anéantie. Elle resta immobile lorsqu’elle
entendit des sabots claquer autour d’elle. Plus rien n’avait d’importance. Pas même le fait que le chevalier qui
commandait ces hommes portait sur son heaume des ailes de rapace.

***
Les gardes discutent. Ils se nomment entre eux les Attrapeurs. Ciri serait arrivée par Korath, par le Fourneau, bien
que normalement personne ne peut y survivre. Ils se demandent pourquoi elle a tant d’importance pour Nilfgaard.
Là ils sont dans le lit de l’Aride, à l’ouest du Korath, puis petit à petit parviennent dans des vallées verdoyantes. Ciri
ne disait rien mais écoutait tout. Elle finit par comprendre qu’elle était aux mains des nilfgaardiens, dans une des
provinces impériales régies par des préfets, dans le Sud lointain. Les attrapeurs décident d’emmener la fille à
Amarillo pour toucher la prime promise par Nilfgaard depuis une semaine.

Ils arrivent au village de Glyswen. Là ils rencontrent à l’auberge des hommes du baron de Tyffa qui ont capturé un
jeune bandit du nom de Kayleigh, de la bande des Rats. Comme ils se connaissent un peu, ils mangent ensemble. Le
Rat est attaché mais pas Ciri qui semble faible et inoffensive. Ciri est envoyée faire manger Kayleigh en même temps
qu’elle-même. Elle comprend qu’après le repas les gardes vont lui faire sa fête… Kayleigh lui glisse que sa bande va
venir le délivrer, que tout le monde va mourir et qu’elle ferait mieux de l’aider si elle veut rester en vie. Alors Ciri
l’aide et coupe discrètement ses liens. Puis les Rats attaquent l’auberge, tuent tous les gardes et quittent le village à
cheval. Ciri est avec eux. Plus tard, comme elle les a aidés, ils lui proposent un cheval, une épée et de partir où bon
lui semble. Mais finalement Ciri restera avec eux : elle est seule, et seule en cette époque rongée par le Mépris, on
ne peut survivre. Maintenant ils sont sept : Giselher, Kayleigh, Reef, Étincelle, Mistle, Asse et… Falka, le nom que Ciri
que leur a donné.

Trois semaines plus tard, le préfet d’Amarillo sera bien surpris d’apprendre que les Rats sont maintenant sept. Un
convoi marchant le long de la Velda en direction de Thurn a été surpris et décimé, sauf un soldat attaqué par une
nouvelle fille inconnue et qui a survécu. La fille est jeune, elle a des cheveux clairs… Le préfet, en se tournant vers
son visiteur du jour, Stefan Skellen, se demande s’il ne faudrait vérifier si elle ne serait pas la jeune fille recherchée à
tout prix par l’empereur. « Non, non, monsieur le préfet. N’escomptez pas de dénouements trop faciles. Poursuivez
les recherches. Quant à cette bande, ajouta le coroner de l’empereur Emhyr, attrapez-les et pendez-les ». Et devant
l’insistance du préfet Chat-Huant ajoute en prenant garde que sa voix ne le trahisse pas : « Non, aucune exception,
pendez-les tous les sept. Nous ne voulons plus entendre prononcer un seul mot à leur sujet. »

C’est ainsi que visiblement Stefan Skellen est en train de trahir l’empereur qui lui avait expressément demandé de
préserver la jeune fille. Mais pour qui roule-t-il alors ? Pour Vilgefortz ? Nous ne sommes pas au bout de nos
surprises…

Résumons la situation : 4 ans après la précédente, Nilfgaard a enclenché la deuxième invasion des royaumes au nord
de la Iaruga. Le roi Vizimir de Rédanie a été assassiné, Aedirn a été envahie, Demawend et la reine Meve sont en
fuite, Henselt de Kaedwen a passé un marché avec Nilfgaard pour conserver le morceau d’Aedirn qu’il convoitait,
Foltest de Témérie a pactisé avec Nilfgaard pour limiter l’invasion du sud de son royaume et Francesca Findabair a
obtenu de Nilfgaard le royaume elfe qu’elle convoitait.
Après les évènements de Thanedd, les magiciens sont bannis des royaumes du Nord, la Confrérie des mages n’existe
plus.
Vu de l’extérieur, Geralt de Riv, Yennefer, Ciri et Vilgefortz ont totalement disparu depuis la nuit de Thanedd,
personne ne sait où ils sont et chacun d’entre eux ignore le sort des autres. Geralt est à Brokilone, Ciri a intégré la
bande des Rats dans la province de Geso au nord-est de l’empire de Nilfgaard, on ignore où sont Yennefer et
Vilgefortz. Ce dernier a fait semblant de rouler pour Nilfgaard mais en réalité il roule pour lui-même. Mais quel est
son but ?

Le Baptême du feu

Geralt et Jaskier quittent Brokilone et se mettent en route pour Nilfgaard afin d’essayer de retrouver Ciri. Mais la
guerre fait rage au nord de la Iaruga et le chemin est semé d’embûches. Petit à petit Geralt réunit à ses côtés de
nouveaux compagnons qui l’aideront dans sa quête.
De leur côté dix magiciennes rescapées du soulèvement de Thanedd mettent en place une Loge secrète pour la
sauvegarde de la magie. Elles espèrent bien compléter la Loge avec Yennefer et Ciri, mais encore faut-il les retrouver.
Ciri pendant ce temps-là apprend à tuer sans état d’âme sous le nom de Falka avec ses nouveaux amis.

Puisque c’est la seule piste dont il dispose sur le sort de Ciri, Geralt a décidé d’aller jusqu’à Nilfgaard pour la
reprendre des mains de l’empereur. Jaskier se fait un devoir de l’accompagner, il ne veut pas laisser seul son ami.
Pendant sa convalescence à Brokilone à la suite des blessures subies lors du Soulèvement de Thanedd, Geralt a
rencontré Milva, une chasseuse et archère experte qui lui a amené régulièrement des informations sur le monde
extérieur. Bien qu’elle trouve l’idée de Geralt stupide et vaine compte tenu de la guerre qui fait rage, elle se décide à
l’accompagner parce qu’il aura bien besoin d’une chasseuse pour se nourrir.

***

Dijkstra reçoit l’assurance de l’ambassadeur de Nilfgaard en Rédanie que ni Yennefer ni Vilgefortz ne sont à
Nilfgaard. Il apprend aussi que Cahir est recherché par Nilfgaard, ce qui le surprend puisque c’est ce dernier qui était
censé ramener Ciri à Nilfgaard. Il en prévient Filippa Eilhart.

Deux semaines après la trêve avec la Témérie, c’est-à-dire début août, l’armée de Nilfgaard traverse la Iaruga à
Sodden et à Brugge : la trêve est déjà rompue, la guerre reprend de plus belle.

***

Le 05 août 1267, huit magiciennes se réunissent. Étaient présentes à Montecalvo (résidence de Filippa Eilhart) ou en
projection magique : Filippa Eilhart de Rédanie, Margarita Laux-Antille, la rectrice de l’académie d’Aretuza, Triss
Merigold, de Maribor, Keira Metz, de Carreras, Sabrina Glevissig, d’Ard Carraigh, Sheala de Tancarville, de Kovir,
Francesca Findabair, connue sous le nom d’Enid an Gleanna, l’actuelle souveraine de la Vallée aux Fleurs Dol
Blathanna, et enfin Assire var Anahid de Vicovaro, de l’empire de Nilfgaard. Le but de la future loge secrète,
exclusivement féminine, servira à empêcher que la magie, nécessaire à l’ordre du monde, ne disparaisse. Ce sera son
seul but. En dehors de la loge, chaque magicienne continuera ses activités habituelles dans le camp politique de son
choix. Il faudrait que la loge compte douze magiciennes. Dame Assire dit qu’elle connait une candidate potentielle à
Nilfgaard, Enid en a deux… il reste une place. Filippa demande que toutes les personnes soient présentes en chair et
en os à la prochaine réunion qui aura lieu dans quatorze jours. À cette occasion, elle dira à qui elle pense pour la
douzième place.

***

Ce même 05 août, Geralt, Jaskier et Milva se mettent en route pour Nilfgaard et quittent la forêt de Brokilone via le
Drieschot, c’est-à-dire le Triangle (c’est là que se croisent les frontières de Verden, de Brugge et de Brokilone).
Constat une heure après : la guerre fait rage au nord, au sud et à l’ouest, les armées de Nilfgaard, Verden et les
Scoia‘tael dévastent la région. Milva dit qu’elle va les accompagner jusqu’à la Iaruga, mais par l’est qu’elle connaît
bien. Geralt explique qu’il fait des rêves, que Ciri n’est pas comme ils pensent dans des draps de soie à Nilfgaard mais
qu’il la voit à cheval avec d’autres, qu’elle a un sourire qu’il n’aime pas, qu’il sent qu’il se passe quelque chose.
Devant elle, il y a le feu, et derrière elle, la mort. Mais où est-elle ? Quelques jours après le début de leur périple, ils
rencontrent un groupe de nains menés par Zoltan Chivay. Comme ils suivent tous la même direction, vers l’est, le
groupe de Geralt rejoint celui des nains également composé de réfugiés femmes et enfants.

Deux fois ils croisent la route de Cahir qui dit vouloir les accompagner pour retrouver Ciri. A chaque fois Geralt le
rejette. Chemin faisant, dans un très vieux cimetière elfe à Fen Carn, ils trouvèrent un barbier herboriste de Dillingen
du nom de Emiel Régis qui prenait ses quartiers d’été dans une masure près de là pour cueillir des herbes, plantes et
racines. Régis les invite chez lui et toute la compagnie fait plus ample connaissance autour d’une liqueur de
mandragore particulièrement délicieuse… et trapue. La gnôle fait son effet. Régis apprend tout de la vie de Geralt et
de son but par Jaskier et Zoltan, il décide de les suivre puisque de toute façon rester là est impossible avec la guerre
tout autour. Plus tard Régis se révèlera être un vampire supérieur de 425 ans d’âge du nom de Emiel Régis Rohellec
Terzieff-Godefroy. Bien que qualifiable par certains de «monstre», il deviendra étonnamment un bon ami du
sorceleur, inestimable pour ses compétences médicales… et ses capacités très particulières de vampire.

***

Pendant ce temps, Ciri a rejoint le mode de vie des jeunes rebelles qui se font appeler eux-mêmes les "Rats". Elle
devient alors connue sous le nom de Falka. Avec les Rats, elle perpétue fréquemment des meurtres et établit des
liens très forts avec sa compagne, Mistle. Tuer devient une obsession pour l'ex-princesse qui n’aspire qu’à se venger
de ceux qui la pourchassent et ont essayé de la tuer.

***
Geralt et les nains finissent par arriver dans un camp de réfugiés où certaines des femmes et des enfants
retrouveront de la famille. C’est alors qu’arrive au galop une troupe de cavaliers de Nilfgaard qui emporte tout sur
son passage. Geralt est heurté par le sabot d’un cheval et s’évanouit. Lorsqu’il se réveille, lui et Jaskier sont
prisonniers des troupes de Cintra qui ont entretemps éliminé les cavaliers nilfgaardiens. Les cintrasiens sont
commandés par un certain Vissegerd qui était présent 15 ans auparavant le jour où Geralt a désenvouté Duny et
demandé Ciri comme enfant surprise. Vissegerd dit à Geralt qu’il a bien mal éduqué sa protégée qui aurait dû se
tuer au lieu de se vautrer sur le trône nilfgaardien. Et il conclut en disant qu’effectivement il y a quinze ans Ciri était
bien sa destinée, parce qu’à cause d’elle il va être pendu. Finalement ils seront sauvés par Régis, Milva et Cahir qui
avait entre-temps convaincu Milva de sa bonne foi. Cahir confirmera à Geralt que la vraie Ciri n’est pas à Nilfgaard
puisqu’il avait justement été envoyé à Thanedd pour la capturer et qu’il a échoué. Il lui confiera également qu’il fait
les mêmes rêves inquiétants que lui sur Ciri, mais que lui non plus ne sait pas où elle est.

***

Le 19 août, Francesca Findabair prend une statuette de jade en sa possession. La statuette de jade n’est autre que
Yennefer qui a été « compressée » par Francesca la nuit de Thanedd pour, dit-elle, lui sauver la vie, puisqu’un certain
Rience la recherchait pour lui faire la peau. Yennefer se fait raconter les évènements depuis sa compression et est
très fâchée de savoir que Vilgefortz a fortement blessé Geralt. Puis Francesca parle de la Loge et propose à Yennefer
d’en faire partie. Comme Yennefer s’étonne de ce choix, Francesca lâche du bout des lèvres que c’est pour le bien de
Ciri, et que si elle veut en savoir plus il faut qu’elle les accompagne par téléportation à la réunion de Montecalvo qui
débute très bientôt. Une fois à Montecalvo, Yennefer est reçue fraîchement par certaines participantes qui voient en
elle une partisane de Vilgefortz, ce que dément vigoureusement Yennefer. En plus de Yennefer, deux nouvelles
participantes sont présentes : Fringilla Vigo, de Nilfgaard, et dame Ida Emean aep Sivney, une Aen Saevherne des
monts Bleus. Elles sont désormais onze.

Filippa Eilhart évoque son projet de grand royaume du Nord unifié, un empire de force équivalente à Nilfgaard pour
contrebalancer celui-ci. Un empire gouverné par la magie qui serait porté au sommet en mariant l’héritier du trône
de Kovir à une magicienne : la douzième magicienne de la loge, qui ne peut être que la princesse de Cintra, seule
magicienne de sang royal et non stérile de surcroît. Une longue discussion suit qui permet de montrer comment un
gène spécial appelé Hen Ichaer, le Sang Ancien, a pu se transmettre à Ciri. Le gène remonte à une magicienne elfe de
nom Lara Dorren qui avait épousé sept générations auparavant un magicien humain, Cregennan de Lod. A coups de
mariages arrangés les magiciennes ont essayé de garder la trace du gène mais à un certain moment sa trace a été
perdue. Ce n’est que récemment que Filippa a réussi à trouver les éléments qui mènent à Ciri en passant par Adalia,
Calanthe et Pavetta. Triss se rend compte que Yennefer a trempé dans les manipulations par le passé mais que
maintenant que cela est retombé sur sa « fille » adoptive, ça la met très mal à l’aise. Malheur à elle si Geralt
l’apprend.

Filippa fait remarquer que Emhyr cherche Ciri depuis très longtemps, avant que cette histoire de Sang ancien ne soit
mise en évidence, probablement pour un simple mariage politique ; mais maintenant que Vilgefortz l’a mis au
courant, il n’est pas exclu qu’il veuille aussi insérer le gène recherché dans sa descendance. A ce moment Dame
Assire dit que ce n’est pas Ciri qui se trouve à Nilfgaard mais un sosie. Elles supposent donc que Ciri est aux mains de
Vilgefortz. Mais où ce cache ce dernier ? Sheala fait remarquer que rien ne prouve que Ciri soit entre les mains de
Vilgefortz et évoque le portail de Tor Lara. Sabrina Glevissig répond que pour ne serait-ce que voir le portail de la
tour il faudrait posséder les capacités d’une maîtresse suprême, alors une gamine de quinze ans…

Sur ce, durant une pause, Yennefer arrive à se téléporter loin de Montecalvo. Visiblement pour essayer de retrouver
Ciri avant la Loge.

***

Loin à l’est, Stephan Kellen mandate un tueur à gages, Bonhart, pour tuer Falka. Ce dernier répond que ça tombe
bien puisqu’on vient de lui demander de tuer tous les Rats. Il ajoutera la tête de Falka aux six autres. Il pense savoir
où ils vont, il va leur couper la route, c’est histoire d’une vingtaine de jours tout au plus

***
La compagnie de Geralt arrive à Angren. Les combats font rage, et ce dans tous les sens. Régis a dit à Geralt que le
mieux pour l’instant est de se rendre à la forêt de Caed Dhu où se trouvent des druides qu’il connait et qui
pourraient les aider à localiser Ciri. En chemin ils tombent à nouveau sur Zoltan Chivay, qui leur apprend qu’il semble
y avoir aussi la guerre au sud de la Iaruga : une certaine « Reine blanche » serait en train de porter le fer en
Nilfgaard. Ils comprendront peu après qu’un reste de détachements de Lyrie et Rivie est venu faire la guérilla dans le
dos des armées de Nilfgaard. Le lendemain encore, Zoltan dit à Geralt que leurs chemins se séparent là : la route
qu’ils croisent mène plein nord à Mahakam et ils vont aller s’y retirer pour un bon moment. Avant de se séparer,
Zoltan fait cadeau à Geralt de son sihill, une épée redoutable forgée par les nains. Geralt voit que la route de l’est qui
mène droit à Caed Dhu est définitivement trop dangereuse, il décide donc de traverser la Iaruga, longer la rive
gauche et retraverser au niveau de Caed Dhu.

Nous sommes le 31 août 1267, 25 jours après le départ de Brokilone. Pour traverser la Iaruga, ils s’emparent d’un
bac. Mais là encore les choses ne se déroulent pas comme prévu. En plein milieu de la rivière, ils sont obligés de
couper la corde du bac et se retrouvent à dériver vers l’aval, pris entre les feux des deux factions belligérantes, des
troupes du royaume du Nord emmenées par la reine Meve et des troupes de l’empire de Nilfgaard. Bien malgré eux
ils se retrouvent au cœur de la bataille pour un pont sur la Iaruga. Là, le groupe se révèle essentiel dans la victoire de
la reine Meve. Peu après la bataille, Geralt, qui avait caché son vrai nom, est anobli par la reine et devient
officiellement "chevalier Geralt de Rivie" parce qu’il a combattu aux côtés de l’armée de Rivie.

La Tour de l’Hirondelle

Où tout le monde cherche la vraie princesse de Cintra, chacun pour des raisons personnelles.
Où Ciri est capturée par un mercenaire impitoyable, Leo Bonhart.
Où Yennefer, l’empereur de Nilfgaard et la Loge des magiciennes veulent mettre la main sur Vilgefortz qui se terre
dans un lieu secret.
Où l’elfe Avallac’h, lui aussi à la recherche de Ciri, fait sa première apparition.
Tout ce petit monde va-t-il enfin se retrouver ?

Le 19 août au matin, une magicienne du nom de Yennefer de Vengerberg était tombée du ciel dans les filets d’une
pêcheuse de Skellige. Celle-ci la conduisit sur Ard Skellig chez Crach an Craite. Yennefer eut du mal à faire admettre à
Crach an Craite qu’elle n’avait pas trahi mais finit par le persuader de l’aider à retrouver Ciri. Yennefer trouve le
moyen de réaliser un mégascope et établit de nombreuses communications. Cela lui a permis de se procurer le
contenu du rapport Radcliffe sur les évènements de Thanedd. Il y fut établi que parmi toutes les téléportations de ce
soir là l’une l’a été vers les Abysses de Sedna. On a fini par supposer que ce fut Vilgefortz, probablement récupéré
par un bateau nilfgaardien, ce qui expliquerait que Ciri ait pu être présentée à Loc Grim dix jours après, le 10 juillet.
Le 27 août elle a une conversation avec Filippa et Triss. Elle demande aux deux femmes de la réhabiliter si elle
disparaît. Filippa refuse, d’abord par mesure de rétorsion parce que Yennefer veut récupérer Ciri pour qu’elle
échappe à la Loge, et ensuite parce qu’elle pense que Ciri sera plus facilement manipulable si Yennefer disparaît en
laissant l’image d’une traitresse. Idem vis-à-vis de Geralt, pour qu’il n’ait pas envie de venger sa mort. Triss reste du
côté de la Loge, Yennefer dit qu’elle ne lui pardonnera jamais. Le 28 août, Yennefer prend la mer avec deux drakkars,
le Tamara et l'Alcyone, dont les équipages étaient uniquement composés de volontaires. Trois jours plus tard, arrivés
aux Abysses de Sedna, les hommes du Tamara restés à l’écart à la demande de Yennefer voient, médusés et
épouvantés, l’Alcyone à bord duquel se trouvait Yennefer être pris dans un violent cyclone, être aspiré dans les airs
et disparaître.

***

Au sud, loin, très loin derrière les montagnes d’Amell, dans la province d’Ebbing, au cœur d’une contrée nommée
Pereplut, dans les vastes marécages traversés par les rivières Yelda, Leta et Arete, à une distance de huit cents miles
à vol de corneille de la ville d’Ellander et du temple de Melitele, le vieil anachorète Vysogota fut brutalement tiré du
sommeil à l’aube par un cauchemar. C’était le 27 septembre, cinq jours après l’équinoxe d’automne. En allant
relever ses pièges, il tombe par hasard sur un cheval moreau prisonnier, une jument, les rênes emmêlées. Et à ses
pieds, une fille avec un horrible masque de saleté, une vilaine cicatrice sur la joue gauche et du sang coagulé qui
recouvrait son visage. Elle vivait. Il la ramena à sa cabane, où personne ne pouvait les voir : la cabane de l’anachorète
Vysogota était bien cachée au milieu des marécages. Dans un endroit désert plongé éternellement dans le brouillard,
où personne n’osait s’aventurer.
Vysogota soigne la jeune fille dont il juge les blessures vieilles de dix heures tout au plus. Quelques jours s’écoulent.
Vysogota, qui va parfois au village le plus proche pour faire ses provisions, lui confirme qu’elle est recherchée. Le
temps passant, la confiance venant, Ciri et Vysogota en arrivent à raconter chacun leur histoire. Vysogota de Corvo
étais médecin. Chirurgien. Et aussi alchimiste, chercheur, historien, philosophe, moraliste. Il était professeur à
l’académie d’Oxenfurt quand il a dû s’enfuir pour une œuvre considérée comme impie. Alors il est parti en Nilfgaard.
Mais dix ans plus tard il a dû fuir cet endroit, également après la publication d’un certain traité. Alors il est devenu un
anachorète, là, dans la province d’Ebbing. La malchance voulut que Nilfgaard annexe Ebbing, aussi peu importe qui
règne à Nilfgaard : s’il vient à se savoir qu’il vit toujours sur le territoire impérial alors qu’il en a été banni, sa tête
tombera sur l’échafaud. Puis c’est à la jeune fille de raconter son histoire.

***

On reprend l’histoire de Ciri une quinzaine de jours avant l’équinoxe d’automne. Les Rats se sont emparés d’un relais
de poste et reçoivent la visite d’un complice, un certain Hotsporn. Il les informe que Bonhart est à leurs trousses, ce
qui refroidit un peu leur chef, Giselher, qui connait sa réputation. Hotsporn leur dit qu’ils ont un moyen d’y
échapper : l’empereur de Nilfgaard est sur le point de promulguer une amnistie envers ceux qui se rendent en raison
de son futur mariage avec la princesse Cirilla de Cintra. Il ajoute qu’une magicienne maléfique tenait ladite Cirilla
enfermée dans une tour magique, dans l’Extrême-Nord. Mais elle a réussi à se sauver pour demander asile à
l’Empire. « Balivernes, des inepties monstrueuses, du grand n’importe quoi ! » se déchaîne Ciri. Hotsporn les invite à
ne pas tarder : « Bonhart n’attendra pas l’amnistie. Il est à La Jalousie, à l’auberge Sous la Tête de la Chimère, à
quelque trente miles d’ici ». Giselher dit que c’est à peine à une journée, qu’il faut y aller et tuer ce salopard. Ciri
pour sa part prend une autre décision : elle quitte les Rats au petit matin du 9 septembre avec Hotsporn et lui
demande quel chemin suivre pour aller à Cintra. Chemin faisant ils sont attaqués par des bandits et Hotsporn est
blessé pendant leur fuite. Il demande à Ciri de l’emmener à Tégamo pour être soigné mais surtout pas à La Jalousie
pourtant plus proche qui serait pour elle « la mort assurée ». Il meurt peu après. Ciri prend son cheval moreau qui lui
avait tapé dans l’œil : « Tu es noire et agile comme un Kelpie marin. Tu es une enchanteresse, comme lui. Tu
t’appelleras donc Kelpie ». Puis, ayant compris qu’un piège mortel était tendu aux Rats à La Jalousie, se met en
devoir de les rattraper pour les prévenir.

Les Rats se présentent à l’auberge et font sortir Bonhart. « Où est Falka ? » furent ses premières paroles. Puis « Je
peux vous tuer avec bonté ou avec colère. Qu’est-ce que vous choisissez ? Vous préférez la colère. Vous voulez
danser, on va danser. En avant la musique !» Et les Rats tombèrent les uns après les autres. La dernière fut Mistle,
juste au moment où Ciri arrivait. Tuer Bonhart était pour elle une nécessité, le combat s’engagea mais il était inégal.
Bonhart, étonnamment, ne la tua pas. Il l’attacha à un poteau et, une par une, scia la tête des Rats devant ses yeux.
Puis il la battit, longuement, pour le plaisir.

***

Le tout nouveau chevalier Geralt de Rivie et sa compagnie suivirent dans un premier temps l’armée de la reine Meve
qui se dirigeait justement vers Cahed Dhu. Mais quand cinq jours plus tard l’armée dévia et fit route au nord vers
Mahakam, la compagnie de Geralt déserta au cours de la nuit du 5 au 6 septembre. Ils piquèrent au sud pour
repasser sur la rive gauche mais le pont était à nouveau occupé par les troupes de Nilfgaard qui traversaient vers le
nord. Il fallut attendre. Le 9 septembre Geralt bondit soudain sur ses pieds et dit que quelque part, là-bas, il se
passait des choses terribles. Le lendemain ils traversent la Iaruga.

***

L’empereur est très en colère que personne n’ait réussi à mettre la main sur Cahir. Vattier de Rideaux pour sa part se
demande pourquoi Stefan Skellen est encore à Geso puisque qu’il a lui-même affirmé que Ciri ne s’y trouve pas,
pourquoi constitue-t-il à Maecht une horde suspecte et pourquoi enfin a-t-il engagé fin août un mercenaire réputé ?
Rience se présente à lui sous forme de projection magique, l’assure que Vilgefortz est toujours du côté de Nilfgaard,
qu’une fausse Ciri valait mieux que pas de Ciri du tout ; en gage de bonne foi, il lui propose de lui livrer la tête de
Cahir en échange d’une information : où se trouve Stephan Skellen et ce qu’il mijote. Vattier lui dit où se trouve
Chat-Huant. De toute façon, il a un espion dans la hanse de Skellen…

***
Chat-huant effectivement vient de constituer une hanse au fort de Rocayne avec laquelle il se met en route pour
retrouver Bonhart : il a appris que ce dernier n’a pas exécuté Falka comme il s’y était engagé et veut lui demander
des comptes. La hanse est commandée par Dacre Silifant et ses deux lieutenants Nératine Ceka et Dufficey Criel ;
parmi d’autres soldats, on y trouve aussi un pisteur, Boreas Mun, et une psion, Kenna Selborne, douée pour écouter
dans les cerveaux. La hanse suit la piste de Bonhart, avec deux jours de retard sur celui-ci.

***

Bonhart, depuis La Jalousie, avait fait porter deux lettres, l’une pour maître Esterazy, armurier à Fano, et la deuxième
pour sieur Houvenagel, marchand à Claremont. Il attend et reçoit la visite des hommes du baron Casadei qui
réclament Falka que Bonhart avait promis de livrer vivante au baron, mais Bonhart dit qu’il a changé d’avis. Les
quatre hommes, furieux, n’osent pourtant pas essayer de reprendre Falka à Bonhart. Bonhart leur donne rendez-
vous à Claremont « où celui qui essaiera de prendre Falka pourra le faire ». Ensuite Bonhart se met en route avec
Falka et l’emmène à Fano, chez l’armurier. Bonhart lui avait demandé par courrier de préparer une épée pour une
jeune fille. Après lui en avoir présenté plusieurs, le choix final se fait pour un superbe gwyhyr gnome, sur la lame de
laquelle est gravée une tour frappée par la foudre, symbole du chaos, et une hirondelle, symbole d’espoir. « Zirael,
mon nom » pense Ciri. L’armurier, qui comprend vaguement qu’un grand enjeu se trouve derrière tout ça, offre
l’épée à la jeune fille « pour que s’accomplisse ce qui doit s’accomplir ».

Le 14 septembre, Bonhart amène Ciri toujours enchaînée à Claremont. L’idée de Bonhart était de faire combattre
Falka dans une arène appartenant au marchand Houvenagel. Elle refuse, mais Bonhart l’oblige à prendre du fistech,
et après ça Ciri n’a plus toute sa tête. Elle ne voulait pas tuer, mais refusait qu’on la touche. Un homme du baron en
fait les frais. Trois autres descendus ensemble dans l’arène subissent le même sort. Désespérée Ciri essaie de se
suicider… mais elle n’eut pas ce courage.

***

Geralt et sa troupe arrivent à Autre-Rive. Là les habitants leurs disent que les druides ont quitté Caed Dhu pour aller
aux Versants, au pied des monts Amell. Sans autre piste à suivre, ils partent vers le sud. Ils arrivent à Riedbrune le 17
septembre où ils apprennent que les druides seraient près du lac Monduirn à trente-cinq miles de là, vers l’ouest.
Mais peu après le préfet Fulko leur dit que les druides sont en réalité partis vers Toussaint par la vallée Sans Retour il
y a plus d’un mois. Il tient également d’une jeune fille emprisonnée, Angoulême, qu’un certain Rossignol et sa bande
l’attendent à Belhaven pour lui faire la peau, lui et ses compagnons, et que Belhaven est justement sur la route entre
le lac et la vallée, chemin qu’aurait pris le sorceleur pour rejoindre Toussaint après avoir constaté que les druides
n’étaient plus au lac. Visiblement, un piège leur est tendu à Belhaven… Geralt accepte de débarrasser le préfet de la
bande du Rossignol à la condition qu’il relâche Angoulême qu’il allait faire pendre. Le préfet accepte, Angoulême
rejoint la bande de Geralt. Geralt se demande quand même comment ils ont pu être suivis au point de leur organiser
un piège. Seul un scannage magique le permettrait mais il faut son empreinte psychique détaillée que seul un proche
peut connaître. Geralt n’en parle pas, mais il soupçonne Yennefer qu’il n’a jamais revue et dont il est sans nouvelles
depuis la nuit de Thanedd.

***

Le 23 septembre, jour de l’équinoxe, la hanse de Stefan Skellen, toujours à la poursuite de Bonhart, arrive à
Unicorne. La psion Kenna détecte qu’ils sont surveillés par un invisible. Ils lui tendent un piège, l’attrapent… c’est
Rience. Rience avoue rapidement qu’il travaille pour Vilgefortz qui, au contraire de Chat-Huant, veut Ciri vivante. Et
c’est à ce moment que Bonhart se présente avec Ciri enchaînée. Rience est libéré, Ciri est enchainée à un poteau
dans la cour sous la surveillance de Kenna et quelques complices, les tractations entre les trois hommes peuvent
commencer. Bonhart explique à Skellen que ce dernier voulait tellement voir la fille morte qu’il s’était demandé si
elle ne valait pas plus et avait donc décidé de la garder un moment. Maintenant que sous la torture, après l’épisode
de l’arène, la fille lui a avoué qui elle est, il ne veut pas prendre la responsabilité de tuer la future épouse de
l’empereur et future reine de Cintra, aussi il la lui ramène pour trouver un arrangement. A ce moment une voix sort
d’une boite attachée au cou de Rience : c’est Vilgefortz qui parle à distance via un dispositif magique.

Vilgefortz dit qu’il lui faut le Lionceau de Cintra, le Sang ancien, dont les descendants, selon la prophétie d’Itlina,
maîtriseront le monde dans les temps futurs mais qu’il n’a besoin que de son placenta. Si Chat-Huant refuse, il le
dénoncera, lui qui a trahi son souverain pour Ardal aep Dahy et Joachim de Wett, de vulgaires principions blessés
dans leur orgueil, outragés que l’empereur ait rejeté leurs filles pour le Lionceau de Cintra. Bonhart intervient et dit
que pour l’instant la fille est à lui et qu’il la vend au plus offrant. Vilgefortz propose dix fois la mise, 2000 florins, et le
plaisir de le laisser regarder dépecer la fille. Bonhart accepte aussitôt. Comme Skellen est furieux, Vilgefortz lui
promet de l’aider à l’avènement de la démocratie qu’en réalité il appelle de ses vœux. Il aura le poste de Vattier de
Rideaux, et en tant que chef des services secrets il pourra œuvrer dans l’ombre à la réalisation de son utopie. Tout le
monde semble donc s’être finalement mis d’accord.

Pendant ce temps Neratine Ceka, l’espion de Vattier de Rideaux parmi la hanse, vient voir Kenna et lui dit qu’elle
doit choisir son camp, quitter le traître Chat-Huant et travailler pour l’empire si elle veut s’en tirer. Kenna veut
auparavant savoir ce que la fille a dans la tête pour prendre une décision. Elle pénètre dans le cerveau de Ciri mais
celle-ci la repousse mentalement… et Kenna s’effondre : sans le savoir, elle a libéré les pouvoirs que Ciri avait enfouis
au plus profond d’elle dans le désert. Tandis que Neratine libère Ciri et va chercher les chevaux, Ciri élimine
mentalement les hommes proches présents dans la cour. Puis elle saute sur Kelpie et saisit son épée Hirondelle
accrochée à la selle. A ce moment l’alerte est donnée, Chat-Huant, Bonhart et Rience sortent dans la cour. Neratine
se sacrifie en retenant Bonhart quelques instants. Chat-Huant lance une étoile en acier qui atteint Ciri durement au
visage… Ciri bascule en arrière… se redresse… et presse sa monture vers la porte fermée de la ville haute de sept
pieds… Kelpie passe l’obstacle à la stupeur générale. La poursuite s’engage, menée par le pisteur Boreas Mun. Mais,
chose inouïe, Boreas perd la trace de la jument au bout de trois miles à peine. Sans avertissement, une tempête
s’était levée, des pisteurs racontèrent avoir vu une cavalcade d’esprits aux yeux de feu galopant dans les cieux sur
des chevaux-fantômes, emmenés par un terrible roi-squelette qui ordonnait à ses spectres-valets d'effacer de leurs
manteaux en lambeaux les traces des sabots de la jument noire. Quelle qu’en soit la raison, la piste de la jeune fille
avait disparu. La suite est connue : quatre jours plus tard, le 27 septembre, l’anachorète Vysogota la retrouvera,
blessée et inconsciente, dans les marécages de Pereplut.

***

Le 25 septembre, la troupe de Geralt se sépare : Milva, Jaskier et Régis partent vers Toussaint via la vallée de Sans-
Retour à la recherche des druides, Geralt, Cahir et Angoulême se dirigent vers Belhaven. La rencontre avec les
hommes du Rossignol et un demi-elfe du nom de Shirrù ne se passe pas bien et ils sont faits prisonniers. Shirrù
s’empare du médaillon de Geralt, lui dit qu’il a tué Codringher et Fenn juste après qu’il y soit allé sur les ordres de
son maître Vilgefortz, et qu’il va en faire de même avec lui. Une intervention inespérée de rebelles leur permettra de
s’enfuir, Cahir est blessé à la tête au passage. Ils se cachent dans une grotte où ils passent la nuit, laissant leurs
poursuivants de la bande du Rossignol les dépasser sans les voir. Cahir en profite pour raconter à Geralt sa version
de la nuit de Cintra, comment il avait sauvé Ciri tétanisée par la peur au milieu des flammes et comment elle lui avait
échappé durant son sommeil. Il dit la voir dans ses rêves non comme la fillette chétive qu’il a lavée mais comme une
belle jeune fille dont il est tombé amoureux : il veut la revoir au moins une fois. Cahir dit à Geralt que Ciri n’est pas
morte, qu’il a fait de nouveaux rêves, que certes il s’est passé quelque chose la nuit de l’équinoxe mais qu’elle n’est
pas morte. « Et toi ? Tu ne fais plus de rêves ? » demande Cahir. « Ça m’arrive, répond Geralt avec amertume. Mais
très rarement depuis que nous avons franchi la Iaruga. Et je n’arrive pas à m’en souvenir à mon réveil. Quelque
chose en moi s’est achevé, Cahir. Quelque chose s’est brisé... ». « Ça ne fait rien, Geralt. Je rêverai pour nous deux ».
Quelques jours après ils retrouvent Régis qui les attendait et arrivent près du bois de Myrkvid, au nord de Toussaint,
où se trouvent les druides.

Leur responsable dit à Geralt que quelqu’un l’attend dans une grotte ; Geralt s’y rend. Il y découvre un elfe blond en
train de peindre une fausse fresque préhistorique et qui lui dit s’appeler Crevan Espane aep Caomhan Macha,
Avallac’h par commodité. Il dit être un Aen Saevherne, un Erudit. Il fait apparaitre une porte dans la muraille qui
supporte la fresque et le fait pénétrer dans un lieu plein de statues elfiques. « Tir na Béa Arainne. Nous partirons
d’ici, mais un jour nous, les elfes, reviendrons. C’est la promesse d’Aen Ithlinnespeath, la prophétie d’Ithlinne Aegli
aep Aevenien » Il raconte à Geralt l’histoire du gène de Sang Ancien, gène résultant de plusieurs années de travail
elfe, implanté chez Lara Dorren aep Shiadhal, qui a aimé et fait un enfant avec un magicien humain, Cregennan de
Lod, ce qui a entrainé leurs mort à tous deux et déclenché la guerre entre elfes et humains qui dure encore. Alors
qu’à l’époque on crut que le gène gâché avec la semence d’un humain ne pouvait pas survivre, il s’est au contraire
renforcé en mutant. Avallac’h ajoute que sauver Ciri n’a plus aucun sens car un mécanisme est en marche : un, le
mal principal est déjà fait, Geralt n’est plus en mesure de sauver la jeune fille contre ce mal ; deux, l’Hirondelle s’en
sortira très bien toute seule, elle porte une trop grande puissance en elle pour craindre quiconque : trois, quelqu’un
d’autre à présent lui viendra en aide. Geralt répond qu’il ne croit pas en la prédiction, quitte l’elfe et se rend à Caed
Myrkvid.

Arrivés sur place il se rend compte que Shirrù et les sbires du Rossignol s’en sont pris à un groupe de pèlerins et de
druides. Mal leur en a pris : les troupes de Mme la duchesse Anna Henrietta de Toussaint arrivent. Les bandits sont
impitoyablement éliminés ; le Rossignol et Shirrù, pour leur part, ont été capturés par les druides, enfermés dans
une cage d’osier et brûlés. Impossible d’interroger Shirrù… et Angoulême fait remarquer à Geralt que comme Shirrù
avait toujours son médaillon de sorceleur, celui-ci venait de fondre dans la fournaise. « Tant pis, dit Geralt au bout
d'un instant. Je ne suis plus sorceleur. Depuis Brokilone j’ai cessé de l’être. Je vais donc devoir apprendre à me
passer de ce médaillon. »

Jaskier et les autres sortent de leur cachette. Un des chevaliers le reconnait : « Sur l’honneur, prononça-t-il
lentement. Ma vue ne me trompe pas ! C’est monsieur le vicomte Julian en personne. Ah ! Mme la duchesse sera
ravie ! » Et les chevaliers emmènent Jaskier vers Toussaint bien que celui-ci ait l’air très inquiet. Passé un petite
période de repos, le reste de la compagnie s’en va rejoindre Jaskier à Toussaint pour savoir ce qu’il lui est arrivé.

***

Ciri poursuit son rétablissement chez Vysogota. Celui-ci un jour évoque les tours. Il dit que la Tour de l’Hirondelle
fonctionne peut-être encore et que ça lui permettrait peut-être de retourner à Thanedd, loin de ceux qui la
pourchassent. En cherchant dans ses livres, il trouve un passage de Pérégrinations sur les routes et les endroits
magiques, de Buyvid Backhuysen. Il est à Assengard, dans une région appelée les cent lacs. Ciri lit « L'elfe Avallac’h
perçut notre admiration et dit : Voici Tor Zirael, la tour de l’Hirondelle. Voici les Barrières des Mondes et les Portes
du Temps. Réjouissez vos yeux, humains, car il n’est pas donné à tout un chacun de la voir apparaître. Et c’est bien
ainsi, ajouta-t-il, car la tour n’est là que pour les Erudits et quelques rares Élus pour qui les Portes du Temps sont
celles de l’espoir et de la renaissance. Pour les profanes elles sont les portes du cauchemar. » Vysogota dit à Ciri que
la région des cent lacs s’appelle aujourd’hui Mil Trachta, dans la partie nord de Mettina. Aujourd’hui Assengard
n’existe plus et la ville la plus proche est Neunreuth. De Pereplut, avec Kelpie, elle peut y être en deux semaines et
demie. Il lui dit être certain que si elle se présentait, la tour lui apparaitrait parce qu’il pense qu’elle est une élue.
Ceci parce qu’il avait compris une anomalie qui le turlupinait depuis longtemps : en examinant Ciri après l’avoir
retrouvée à l’aube du 27 septembre, il avait constaté une blessure vieille de 10 heures tout au plus. Or Ciri avait
toujours affirmé avoir échappé à ses gardiens la nuit de l’équinoxe, soit quatre jours plus tôt. Seule explication : sous
la pression elle s’était projetée dans le futur de quatre jours pour échapper à ses poursuivants… ce que seule une
élue peut faire.

Un jour d’octobre Ciri dit à Vysogota qu’elle va partir très bientôt, avant que l’hiver ne la piège dans les marais.
Vysogota, qui venait d’aller vendre des anguilles au village, répond qu’elle ne peut pas partir maintenant, sinon elle
va se faire attraper. Quatre gredins soit disant en train de rechercher une jeune fille se sont installés pour l’hiver à
Dun Dâre, à une demi-journée de là, et terrorisent la population, tuant ceux qui leur résistent. Ciri dit qu’elle est une
sorceleuse, et qu’elle est là pour tuer les monstres comme eux. Quelques jours plus tard, Ciri quitte Vysogota. Elle
s’est maquillée les yeux de cendre noire jusqu’aux oreilles. Vysogota lui rappelle une dernière fois la route pour Dun
Dâre puis les Cents Lacs. Il lui rappelle que la Tour de l’Hirondelle est une légende. « Je suis aussi une légende, depuis
ma naissance. L’enfant de la Destinée. L’enfant de Sang ancien. Prend soin de toi, Vysogota ».

Les quatre hommes tuent le temps à l’auberge. Ils évoquent la Falka, pensent que blessée comme elle l’a été par
Chat-Huant, elle doit être morte à l’heure qu’il est. Cinq semaines se sont écoulées depuis la nuit à Unicorne. C’est la
vigile de Saovine, la fin du mois d’octobre, la nuit des esprits et des grandes peurs. Un mendiant s’était invité à
l’auberge et leur racontait toutes les histoires relatives à cette nuit très spéciale, ce qui faisait bien rire les
malandrins… lorsqu’à l’extérieur un cheval hennit. C’est Falka ! Les quatre hommes pensent la prendre par surprise
dans l’auberge… mais elle n’est pas surprise. « Je ne suis pas Falka. Je suis Ciri de Kaer Morhen. Je suis une
sorceleuse. Je tue les monstres. Et je suis venue ici pour tuer ». Les quatre hommes n’eurent aucune chance.

Cette nuit-là, le cœur de Vysogota, après toutes ces années, le lâcha.

***
Le 19 novembre, le pêcheur Gosta tirait des perches de la glace sur l’un lacs gelés des Cents Lacs. Une fille au visage
défiguré par une affreuse cicatrice s’approcha de lui et lui demanda le chemin pour se rendre au lac Tarn Mira. Il le
lui indiqua. Puis la fille retourna vers sa jument morelle et repartit au galop le long du lac. Une heure plus tard, alors
que Gosta était reparti, la traque de 14 chevaux suivit. En effet, Vilgefortz avait indiqué à Rience, via la boite de
communication, la direction d’un emplacement magique. Suite au massacre de Dun Dâre, Boreas Mun avait retrouvé
la trace de Ciri et maintenant ils la suivaient. Rience se souvient de la raison pour laquelle il se trouvait là.

Lorsque Yennefer avait retrouvé ses esprits sur la terre ferme à côté des débris du drakkar Alcyone, ce fut pour se
faire battre sauvagement par Rience qui attendait cette vengeance depuis très longtemps. Puis il lui arracha l’étoile
qu’elle portait autour du cou et l’emmena dans un dédale de couloirs et de souterrains jusqu’à un laboratoire où elle
fut enchaînée à un fauteuil. Vilgefortz explique à Yennefer qu’il avait justement besoin d’une proche de Ciri pour
pouvoir la scanner, car la jeune fille n’est pas détectable par la magie. Il lui administre de puissants élixirs qui vont la
font énormément souffrir et lui demande de scanner Ciri. Mais Yennefer ne cède pas. Alors il appelle Rience et Shirrù
« Peut-être parfois les bonnes vieilles méthodes sont-elles plus efficaces. Occupez-vous d’elle ! ». Plus tard, en
regardant le corps inerte qui gisait sur le sol, il dit aux deux hommes « Il existe toujours un risque que l’un de vous
tombe entre les mains de mes ennemis et soit interrogé. J’aimerais croire que vous ferez montre alors d’autant de
force d’âme et de courage. Oui, j’aimerais le croire. Mais je n’y crois pas ». Finalement Yennefer n’aura lâché qu’une
vision de Geralt. « Voyons... Lequel de vous deux va se charger de ce problème ? » demanda Vilgefortz. Schirrù s'est
porté volontaire, se souvint Rience en se redressant sur ses étriers pour soulager un peu ses fesses meurtries par la
selle. Il s'est proposé pour tuer le sorceleur. Et moi, pauvre imbécile, je me réjouissais alors, certain d’avoir écopé
d’une mission bien plus facile et plus agréable.

Au moment de s’avancer vers le lac gelé, Kenna et trois hommes disent qu’ils n’iront pas plus loin car visiblement
cette poursuite n’a plus rien à voir avec le service de l’empereur. Les autres descendent lentement vers le lac Tar
Mira sur lequel un épaisse brume commence à planer. Boreas Mun suit les traces de Ciri le long du lac jusqu’au
moment où visiblement Ciri s’est engagée à pied sur la glace vers le milieu du lac. Les hommes descendent de cheval
et suivent à pied ses traces sur la glace, en plein brouillard… jusqu’à ce que les traces disparaissent. A ce moment un
crissement se fait entendre : Ciri est sur des patins qu’elle avait pris chez Vysogota… et la danse commence… un
homme… deux… trois… Cachée par le brouillard, Ciri arrive à toute vitesse et fait parler son épée. Quatre… Cinq...
Rience essaie de lancer un sort de feu mais tout ce qu’il arrive à faire c’est de casser la glace sous eux. Six… Rience
tombe dans l’eau, s’accroche à la glace, n’arrive pas à remonter… D’un passage rapide Ciri lui coupa net les doigts…
Rience disparut sous les flots. Des dix hommes, seuls restaient Chat-Huant, Boreas Mun… et Bonhart qui, ayant
pressenti le piège de Ciri, les avait quittés pour aller retrouver son cheval sur la rive.

Bonhart galope vers l’extrémité du lac, là où est sensée se trouver la tour. Il voit Ciri sur Kelpie qui l’attendait là, il se
précipite sur elle. Bonhart triomphe : il n’y a pas de tour, juste un monticule et un amas de pierres. La brume se met
à tourbillonner et une licorne apparaît. Bonhart continue son chemin. La brume tourbillonne à nouveau prenant des
formes étranges. C’étaient des cavaliers. Des silhouettes cauchemardesques de cavaliers fantômes. À la tête de la
cavalcade démoniaque galopait un cavalier armé, une couronne sur son heaume, un gorgerin sur sa poitrine qui
venait heurter son plastron rouillé. Des mots résonnent dans la tête de Bonhart : «Hors d’ici, mortel ! Elle n’est pas à
toi. Elle est à nous ! » Si Bonhart n’en fut pas effrayé, son cheval si : il se cabre, la glace se brise et Bonhart tombe à
l’eau. Il arrive à en sortir et à ce moment il n’en croit pas ses yeux.

Au-dessus de l’horizon une aurore boréale apparaît. Et sous celle-ci, une tour noire majestueuse et svelte était
apparue là où avant il n’y avait que des cailloux. Bonhart voit la jeune fille sur sa jument morelle, le visage tourné
vers lui. Il voit ses yeux brillants et sa joue tailladée d’une affreuse cicatrice. Puis la jeune fille talonne sa monture
jusqu'à la tour et, sans hâte, pénètre dans l’obscurité sombre sous l'arc de pierre de l'entrée. L’aurore boréale
explose, et quand il rouvre les yeux la tour avait disparu. Agenouillé sur la glace, il hurle, blasphème et maudit les
gens, les dieux et les démons. L’écho de son cri se répercute sur les flancs couverts de sapinières, le long de la
surface gelée du lac Tarn Mira.

L’intérieur de la tour rappelle instantanément Kaer Morhen à Ciri : le même corridor noir après l’arcade, la même
enfilade sans fin de colonnes ou de statues. Puis une longue série de portes à côté desquelles elle passe. A chaque
porte sa vision : Iola la première et Nenneke agenouillées, Triss sur le sommet du Mont. Des visages connus. Vesemir,
Eskel, Yarpen Zigrin, Mistle, Geralt… Yennefer enchainée… Vysogota : « Je savais que tu réussirais, ma vaillante
Hirondelle. T’en es-tu tirée sans dommages ? » « J’ai contenu ma vengeance, je ne les ai pas tous tués. Si nous
parlons, c’est que tu es mort ? » « Oui, mais ça n’a pas d’importance, car maintenant je sais tout, y compris comment
tu es entrée dans cette tour. Le Sang ancien qui coule dans tes veines te donne la maîtrise du temps. Et de l'espace.
Des dimensions et des sphères. Tu es maintenant la Dame des Mondes, Ciri. Tu possèdes une Force puissante. Ne
permets pas qu'on te l'enlève ou qu'on en profite à des fins personnelles criminelles et indignes... » « Je ne le
permettrai pas. Adieu. » Porte suivante… une clarté aveuglante, et une odeur persistante de fleurs.

Il faisait chaud, c’était le printemps. Ciri n’était pas étonnée. Dorénavant tout était possible, ici, c’était un autre
monde. Un étang, autour duquel broutent de nombreuses licornes. Elle poursuit sa route, guidée par Kelpie. Et au
détour d’un chemin elle découvre un elfe blond qui joue tranquillement de la flûte. Il lève les yeux vers elle, lui sourit
et lui dit : « Pourquoi as-tu tant tardé ? Qu'est-ce qui t'a retenue ? »

La Dame du Lac

Prisonnière dans le monde des elfes Aen Elle, le peuple des Aulnes, Ciri trouvera le moyen de s’échapper en sautant à
travers les mondes et le temps pour retrouver Yennefer prisonnière dans la cachette de Vilgefortz. Geralt et sa
compagnie, ayant appris par hasard à Toussaint où il se terre, se mettent en route dans la neige de l’hiver pour
trouver Vilgefortz. Tout le monde se retrouvera dans son château secret pour la confrontation finale.

Galaad de Caer Benic, chevalier du roi Arthur, le seigneur du château de Camelot, arrive près d’un lac. Là il voit une
jeune fille se baigner. Il la prend pour la Dame du Lac, en fait c’est Ciri. Cette dernière lui fait comprendre qu’elle
n’est pas une fée mais finit par accepter de lui raconter son histoire.

***

Dans une autre époque, bien longtemps après les évènements racontés dans ces livres, une apprentie « rêveuse »
particulièrement douée, Condwiramurs, est invitée par une magicienne renommée, Nimue, surnommée La Dame du
Lac, à venir rêver au sujet de la légende de Geralt le sorceleur et Ciri. En effet de nombreuses versions de la légende
existent mais de nombreuses zones d’ombre persistent, sans compter certains épisodes enjolivés de façon trop
évidente par les auteurs successifs. Le surnom de Nimue est justifié par le fait qu’elle habite dans une tour au pied
d’un lac. Et Nimue, de notoriété publique, est totalement obsédée par la légende de Geralt et Ciri. Pour quelle
raison ? Un évènement particulier qu’elle ne dévoile pas pour l’instant. Nimue demande à Condwiramurs de
s’appuyer sur les nombreux tableaux et tapisseries relatifs à la légende qu’elle possède dans sa tour pour déclencher
ses rêves. Les évènements qui suivent trouvent leur origine dans les rêves de Condwiramurs.

***

Yennefer est à table avec Vilgefortz, Chat-Huant et Bonhart. Des bracelets de dymérite à ses poignets l’empêchent
d’utiliser la magie. Ses mains étaient encore gauches après les sévices qu’elle avait subis mais au moins elle n’était
plus enchaînée dans le premier cachot. Vilgefortz lui dit que Ciri et Geralt étaient morts. Yennefer n’est pas dupe.
Plus tard, dans sa cellule, Bonhart lui raconte ce qu’il a fait endurer à Ciri et conclut par « Elle s’est sauvée dans un
autre monde. Mais je la retrouverai». Yennefer se moque de lui. De rage, Bonhart essaie de la violer, Yennefer lui
plante une fourchette dans la joue. Les gardiens viendront les séparer et faire sortir Bonhart.

***

Au château de Beauclair la compagnie retrouve Jaskier, ou plutôt le vicomte Julian de Lettenhove, devenu le
compagnon officiel de la princesse Anna Henrietta (dite Anarietta), celle-ci étant désormais veuve. Ils avaient été
amants bien des années auparavant pendant que son mari était absent, le mari était revenu… et Jaskier avait
prudemment quitté Toussaint. Les sentiments entre les deux amants avaient cependant perduré et dès leurs
retrouvailles tout était reparti, encore plus fort. Toussaint est une principauté d’opérette mais comme y sont
produits les meilleurs vins du continent, tout le monde laisse la principauté tranquille, y compris l’empereur de
Nilfgaard que la princesse appelle d’ailleurs « mon cousin ». Peu après être arrivé, le sorceleur reçoit rapidement des
propositions car les caves des châteaux et des vignobles, bâties sur de très anciennes carrières, sont truffées de
monstres que les propriétaires veulent faire éliminer. De façon surprenante, Geralt accepte un premier contrat, puis
un autre… et reprend finalement son métier de sorceleur. Comme il le dit lui-même : « Peut-être passerons-nous
quelques jours ici. Cahir et Milva ont besoin de soins, il se peut même que nous y restions quelques semaines.
S’assurer une indépendance financière pendant cette période ne peut pas faire de mal ». Et puis de toute façon il n’a
plus la moindre piste à suivre.

Geralt a également entamé une liaison amoureuse avec la magicienne Fringilla Vigo qui, il faut bien le dire, l’a
ouvertement dragué. Cette dernière ne lui a pas caché qu’elle sait tout se sa quête, lui confie que Fulko Artevelde, le
préfet de Riedbrune, pense que lui et ses compagnons ne sont plus en vie, les fugitifs de Caed Myrkvid l’ayant
informé que les druides les avaient tous brûlés vifs. Il n’est donc plus poursuivi. Et par ailleurs, lequel des quatre cols
qui permettent les entrées et sorties de Toussaint prendrait-il : il n’a plus aucune piste à suivre. Elle lui propose son
aide, l’accès à la bibliothèque très fournie de Toussaint et de lui expliquer qui est vraiment Ciri. Ce qu’elle fait en lui
expliquant tout sur la généalogie du Sang Ancien. Elle lui confectionne également un nouveau médaillon magique
pour l’aider dans ses activités de chasseur de monstres. En parallèle, Fringilla a régulièrement des téléconférences
secrètes avec les neuf autres magiciennes de la Loge. Elle leur dit qu’elle n’a détecté aucune tentative de scannage
sur Geralt et qu’elle essaiera de le retenir à Toussaint le plus longtemps possible, le temps que la Loge mette la main
la première sur Vilgefortz et Ciri.

Cependant début janvier Geralt sent qu’ils s’encroûtent et qu’il faut penser à partir, même si les cols qui permettent
d’entrer ou sortir de Toussaint sont fermés par la neige. Le 8 janvier Geralt se rend dans les vignobles de Pomerol en
compagnie de son régisseur, Alcides Fierabras pour un contrat qui va définitivement le pousser à partir. En
s’enfonçant dans les caves du château de Pomerol puis dans les mines dans lesquelles celles-ci sont construites, il
arrive devant un escalier et entend des voix, alors il monte l’escalier. Il surprend une conversation entre Stefan
Skellen, Joachim de Wett, le Grand Chancelier Ardai aep Dahy, le comte Broinne et le marchand Leuvaarden. Ils se
sont réunis là parce que c’est le seul endroit de l’empire où il n’y a pas d’espions de Vattier de Rideaux. Pour des
raisons diverses, ils sont déterminés à faire assassiner l’empereur. Comment ? Par une magicienne prisonnière de
Vilgefortz : Yennefer, envoûtée et hypnotisée, se chargera d’exécuter l’attentat comme un golem. Après quoi elle se
suicidera. Afin de sceller le pacte entre les nobles de Nilfgaard et Vilgefortz et en gage de bonne foi réciproque,
Stefan Skellen accepte de dire aux conjurés où se cache Vilgefortz. Geralt a tout entendu.

Dès le lendemain matin, le 9 janvier, Geralt et toute sa compagnie quittent le château de Beauclair. Fringilla
intercepte le sorceleur aux écuries avant son départ. Elle comprend qu’il a découvert la cachette de Vilgefortz. Elle se
dit prête à l’acheter, donnant donnant. Elle lui apprend que Yennefer n’a jamais été l’alliée de Vilgefortz, qu’elle a
pris un risque insensé et qu’elle est maintenant aux mains de Vilgefortz où elle a dû être torturée vu les scannages
qui ont permis de suivre la compagnie l’automne dernier. En retour, Geralt lui dit qu’il a confiance en elle et, après
l’avoir culbutée une dernière fois, lui confie le lieu où se cache Vilgefortz. En faisant ses adieux à Jaskier qui reste
auprès de sa « Petite Belette », Geralt lui confie une lettre à faire parvenir à Dijkstra au plus vite. Puis toute la
compagnie prend la route vers le col enneigé qui, une fois franchi, leur permettra après une très longue route
hivernale d’arriver à la cachette de Vilgefortz.

« La citadelle de Rhys-Rhun, à Nazair, près du lac de Muredach, acheva Fringilla Vigo d’un air triomphal devant ses
collègues de la Loge. Il ne pourra pas y être avant avril, nous nous en serons occupées bien avant ça. Il n’y trouvera
que des os et des cendres ». Quelques temps plus tard, un commando de magiciennes s’introduit de nuit dans le
château de Rhys-Rhun… mais n’y trouve que des ruines et des toiles d’araignées : le château est inoccupé depuis au
moins cinquante ans. « Je ne comprends vraiment pas… » se lamenta Fringilla Vigo. « Bah ! conclut Sheala de
Tancarville après un très long silence. Ce n’est pas très grave, mademoiselle Vigo. Nul n’est parfait. Nous avons
toutes connu ça, ajouta Sheala en faisant la lippe. Chacune d’entre nous a un jour ou l’autre été bernée, utilisée par
un homme, et exposée à la risée générale ».

***

L’empereur rend visite à Stella Congreve qui est chargée de l’éducation de la fausse Cirilla de Cintra. Il lui dit que
dans dix jours il recommencera son offensive contre le Nord. Puis demande à s’entretenir avec la jeune fille. Pris
d’une pitié qui l’étonne lui-même, il lui propose de d’accéder au souhait de son choix. Il espère pour elle qu’elle
demandera à rentrer chez elle, ce qu’il accepterait avec toutes les attentions nécessaires. Mais la jeune fille
demande simplement à « rester ici. À Darn Rowan. J’ai choisi Mme Stella, et toutes ces choses qui m’étaient
jusqu’alors si peu familières… Une maison, de la chaleur, de la bonté… Un cœur. On ne peut commettre d’erreur en
faisant ce choix-là ». L’empereur lui dit qu’il en sera fait suivant sa volonté et s’en va.
***

Voici huit jours que Ciri a pénétré dans le monde des elfes. Elle constate aux étoiles que ce n’est pas le sien et qu’elle
y est prisonnière car où qu’elle aille avec Kelpie elle retombe toujours sur le lac et la tour. Avallac’h revient la voir, lui
raconte l’histoire de ses origines, lui dit que les générations intermédiaires n’ont pas d’importance, qu’elle est la fille
de Lara Dorren avec un gène spécial et qu’elle leur doit l’enfant que sa mère leur a refusé en épousant Cregennan. Si
elle accepte, ils lui montreront que le temps n’a pas d’importance et la ramèneront dans son monde peu après son
départ. Si elle refuse, elle ne partira jamais et s’échapper est impossible.

Parfois des licornes apparaissent, mais disparaissent dès qu’on les approche. Un jour elle constate que les elfes
semblent avoir peur des licornes. Avallac’h ne donne pas d’explication. Avallac’h accompagne Ciri vers sa destination
finale, la cité de Tir ná Lia. En chemin il lui dit que l’elfe avec qui elle doit faire un enfant est Auberon Muircetach, le
roi des Aen Elle, le peuple des Aulnes, à ne pas confondre avec les Aen Seidhe qui sont les elfes du monde de Ciri, le
peuple des Collines. Arrivée au palais elle est accueillie par des elfettes habillées de gris qui l’intriguent car elle
pensait que tous les elfes étaient très grands. « Ce doit être une autre race, songea-t-elle, la race des servantes.
Même ici, dans ce monde féerique, il faut que quelqu’un trime pour les oisifs ».

Ciri s’est décidée. Elle fera cet enfant si c’est la seule solution pour partir de là. Elle rencontre donc Auberon une
première fois. Il lui explique que son peuple des Aulnes a quitté les hommes et ses cousins du monde de Ciri il y bien
longtemps car en ce temps-là, avec le talent nécessaire qu’elle connait désormais, on pouvait assez librement se
déplacer d’un monde à l’autre. Puis survint la Conjonction durant laquelle les Portes se sont refermées pour tous
sauf une poignée d’élus. Alors il faut rouvrir les Portes pour que les peuples entiers puissent à nouveau changer de
monde. Puis Auberon la renvoie. Avallac’h continue l’histoire. Lui dit que son monde est menacé par un grand
cataclysme, le Froid Blanc de la prophétie d’Itlina, durant lequel pratiquement tout le monde mourra. Rouvrir l’Ard
Gaeth, la Grande Porte éternelle, permettrait à tous de se sauver et pas seulement à quelques rares élus. Il pense
que le descendant de Lara possédera des pouvoirs mille fois plus puissants que ceux que les Érudits possèdent ainsi
qu’elle sous une forme rudimentaire. Il promet qu’ils veulent sauver tout le monde, pas seulement les Aen Seidhe
bloqués dans le monde de Ciri mais aussi les hommes. Sur ce dernier point, Ciri a un doute…

Les soirées chez Auberon se succèdent, sans succès. L’elfe est très vieux, il n’arrive pas à conclure avec une humaine.
Une nuit elle rêve de Vysogota : «Écoute-moi attentivement, Hirondelle. Le Sang ancien qui coule dans tes veines te
donne une grande puissance. Tu es la maîtresse de l’Espace et du Temps. Tu possèdes une grande Force. Ne permets
pas qu’on te l’enlève et que des criminels en profitent à des fins infâmes. Tu es la maîtresse de l’Espace et du Temps.
On ne peut t’emprisonner ». Il lui montre Yennefer enchainée, les mains ensanglantées, Geralt descendant un
escalier couvert de sang, lui montre une mer d’os, de tibias et de crânes. « Toi seule peux l’empêcher, petite fille aux
yeux couleur d’étoile. On ne peut pas t’emprisonner ».

Un jour elle décide d’aller faire un tour sur Kelpie. Alors que les servantes en gris préparent son cheval, elle se rend
compte avec effroi que ce ne sont pas des elfes mais des petites filles humaines. Que font-elles là ? Elle rencontre un
autre elfe, Érédine Bréacc Glas. Érédine explique à Ciri qu’elle ne peut pas s’enfuir car elle ne peut pas rompre Geas
Garadh, le sortilège de la Barrière. « Sache également que si par miracle tu parvenais à franchir la barrière, mes
Dearg Ruadhri, les Cavaliers rouges, seraient capables de te rattraper même au-delà du temps et de l’espace ». Si
elle veut pouvoir partir, il faut aider Auberon : il lui montre une fiole verte destinée, d’après lui, à décupler ses
ardeurs. Ciri craint un poison, pense qu’Érédine veut prendre le pouvoir et refuse.

Un autre jour elle se rend sur une colline au milieu de cromlechs. Là elle se retrouve entourée de licornes dont une
licorne toute blanche qu’elle reconnait : Petit cheval, de son vrai nom Ihuarraquax. Il lui dit que les Anciens vont
l’observer par son intermédiaire. Les Anciens parlent à Ciri « Nous voulons t’aider à t’enfuir, Œil étoilé. Ce n’est pas
ton monde, ici. Ce n’est pas un endroit pour toi. Nous ne voulons pas que tu restes. Tu es une menace, une arme
dangereuse. Nous ne pouvons permettre que tu tombes entre les mains du roi des Aulnes, du Renard et de l’Épervier.
Le Renard et l’Épervier ne peuvent obtenir le pouvoir sur Ard Gaeth, les Portes du Temps. Ils l’ont possédé jadis. Mais
ensuite ils l’ont perdu. À présent ils ne peuvent rien faire d’autre à part errer, vaguer à petits pas dans les mondes,
seuls, comme des fantômes, impuissants. Le Renard à Tir ná Béa Arainne, l’Épervier et ses cavaliers le long de la
Spirale. Ils ne peuvent aller plus loin, ils n’en ont pas la force. C’est pourquoi ils rêvent d’Ard Gaeth et du pouvoir.
Nous allons te montrer de quelle manière ils ont, une fois déjà, utilisé ce pouvoir ». Ciri accepte de leur faire
confiance, à la condition que Ihuarraquax vienne avec elle.
Ciri a pris sa décision : elle va essayer de s’enfuir. L’orage approchait. Ne voulant pas partir sans dire au revoir à
Auberon, elle le trouve agonisant, une fiole verte à la main. Auberon mourra dans ses bras. Le chemin de la fuite
passe par une rivière qu’elle descend en barque. Erédine surgit de nulle part et saute sur la barque pour l’empêcher
de s’enfuir mais Ciri arrive à s’en débarrasser. Un peu plus loin Ciri rejoint Kelpie et Petit Cheval qui l’attendaient.
Avant de partir, Petit Cheval doit monter à Ciri ce dont les Anciens lui avaient parlé : un gigantesque monceau d’os.
Des tibias, des bassins, des côtes, des fémurs. Des crânes portant distinctement la marque d’un coup de lame, avec
des incisives manifestement humaines. « Tu comprends à présent, dit la voix dans sa tête. Ce sont eux qui ont fait ça,
les Aen Elle. Le roi des Aulnes. Le Renard. L’Épervier. Ce monde n’était pas le leur. Il l’est devenu après qu’ils s’en sont
emparés. Lorsqu’ils ont ouvert l’Ard Gaeth, nous abusant et nous utilisant alors, comme ils tentent de le faire
aujourd’hui avec toi ». Elle se remit en selle, elle était poursuivie. Derrière elle, un cri. Les voix de la Traque. La
licorne Ihuarraquax lui parle : « Saute, Œil étoilé. Tu dois sauter. Vers un autre lieu, un autre temps ». Elle essaie de
toutes ses forces, elle se concentre. Un éclair. Suivi aussitôt des ténèbres. Ses oreilles bourdonnent.

Après le premier saut, Ciri reconnait les étoiles : elle est dans son monde se dit-elle ! « Non, Œil étoilé. Nous nous
sommes enfuis de l’autre monde. Mais ce n’est toujours pas le bon endroit, ni la bonne époque. Nous avons encore un
long chemin à parcourir ». Un bourdonnement dans ses oreilles. Un éclair, de la lumière. Puis les ténèbres.

***

Début mars : Jarre s’était enfui du temple de Melitele, il voulait s’enrôler à Wyzima pour combattre Nilfgaard.
Chaque nuit la comète traversait le ciel. En chemin il rencontre des lansquenets qui lui apprennent que désormais la
Témérie, la Rédanie, Aedirn, Kaedwen sont tous alliés, au service d’une même cause. Mayen vient d’être reprise. De
nombreuses forces armées se dirigent vers le sud, à coup sûr il va y avoir une grande guerre.

***

Retour chez Nimue. Condwiramurs et Nimue sont devant une série de toiles représentant Ciri et la licorne dans le
labyrinthe des mondes, Ciri et la licorne dans les limbes du temps… Condwiramurs dit que c’est le passage de la
légende le plus invraisemblable qui semble avoir inspiré les peintres. Mais Nimue répond « Ce dont j’ai parlé, je l’ai
vu en rêve, effectivement. Plusieurs fois. Et une fois, même, de mes propres yeux ».

Ciri saute de lieu et de temps, encore et encore.

Nimue a 18 ans. Elle est au bord du lac et se fait joyeusement lutiner par un beau jeune homme. Les oreilles de
Nimue se mirent à bourdonner violemment. C’est de la magie, songea-t-elle en détournant la tête. Elle vit près du
rivage, comme suspendue au-dessus de la surface du lac, une licorne blanche. Près d’elle, un cheval noir. Et sur le
cheval noir était assise… « Mais je connais cette légende ! L’histoire de la sorceleuse Ciri… qui avait une cicatrice sur
la joue… Sa jument noire Kelpie… La licorne… ». « Oups ! dit la jeune fille assise sur le cheval noir. Une nouvelle
erreur ! Je ne suis pas tombée au bon endroit ni à la bonne époque. Et manifestement, à un moment inopportun.
Pardon ! ». Nimue veut lui parler mais elle n’en a pas le temps : l’image s’estompa et se désagrégea, ne laissant
derrière elle qu’une opalescence scintillante qui disparut à son tour.
Ciri continue ses essais. Une fois elle faillit être rattrapée par Dearg Ruadhri, les Cavaliers rouges sortis du ciel, leurs
manteaux volant au vent, le chatoiement de leurs couleurs – vermillon, amarante et carmin – évoquant des lueurs
d’incendie dans un ciel embrasé par l’éclat du soleil couchant. Ils essayèrent d’encercler Ciri et de la prendre au lasso
mais Kelpie était bien trop rapide et ils furent distancés. Ciri visite toutes sortes d’endroits et d’époques : chaudes,
froides, désertes, puantes, tranquilles ou en guerre. Elle essaie de penser à des personnes pour arriver où elle le
désire mais cela semble ne pas marcher beaucoup mieux. Une fois pourtant elle atterrira dans une tempête de
neige, prise dans un vent cinglant. Elle ne sut jamais qu’elle était cette fois-là tout près de Geralt et ses compagnons
en train de franchir le col enneigé qui leur permettrait de quitter Toussaint.

Une fois enfin elle émergea au bord d’un lac, avec une île avec une tour sur laquelle se trouvaient deux femmes.
Condwiramurs ne put s’empêcher de pousser un cri de surprise. Nimue tendit tranquillement ses mains en avant,
scandant une formule magique. Condwiramurs, voyant une image se former et grandir dans l’air, se concentra à son
tour. L’image gagna aussitôt en netteté. Un portail. Une porte derrière laquelle on voyait… Un plateau couvert de
carcasses de bateaux. Un château encastré dans les rochers escarpés d’un ravin qui dominait un lac de montagne
aux sombres reflets. « Par là ! cria Nimue d’une voix perçante. Voilà la route que tu dois suivre, Ciri, fille de Pavetta !
Entre dans le portail, suis la route qui te mènera à la rencontre de ta destinée ! Dépêche-toi, hâte-toi d’aller aider tes
proches ! C’est la bonne direction, sorceleuse ! » La jeune fille écarta ses cheveux, et Condwiramurs vit l’affreuse
cicatrice sur sa joue. « Fais-moi confiance, Ciri ! cria Nimue. Tu me connais, n’est-ce pas ? Tu m’as déjà vue jadis ! »
« Je m’en souviens, dit-elle. Je te fais confiance. Merci. » Et elles virent la jument entrer d’un pas léger et dansant
dans la clarté du portail. Avant que l’image s’estompe et se disperse, elles virent la jeune fille aux cheveux gris qui
leur faisait un signe de la main, puis tout disparut et les eaux du lac redevinrent calmes. Retenant les larmes qui lui
montaient aux yeux, Condwiramurs serra très fort Nimue dans ses bras. Elles demeurèrent longtemps ainsi enlacées
sans un mot.

***

Mars 1268 : Bataille de Brenna, qui vit des dizaines de milliers de combattants s’affronter sauvagement. Et si les
armées des royaumes du Nord prirent l’avantage, il s’en fallut de très peu que l’inverse ne se produise : une petite
lâcheté par ici, un sacrifice fou par-là, le courage et la vaillance étaient de toute façon présents des deux côtes ce
jour-là. Qu’en retenir ?
• La cohorte carrée des nains de Mahakam parmi lesquels Yarpen Zigrin et Dennis Cranmer, ainsi que les
condottières de la Compagnie Libre emmenées par Julia Abatemarco dite Doux Étourneau eurent une conduite
exemplaire sur les rives de la Chotla.
• Jarre, piquier dans le régiment du voïvode Bronibor, soutint courageusement une charge de la cavalerie
nilfgaardienne. Il y perdit son bras gauche mais survécut, ce qui lui permit d’écrire un compte-rendu précis de la
bataille bien des années plus tard.
• Dans la foulée de la victoire à Brenna, les troupes du Nord menées par Jan Natalis et Foltest continuèrent sans
s’arrêter vers le sud ; en déroute, les armées de Nilfgaard retraversèrent la Iaruga. À Aedirn, la nouvelle de la
défaite de Nilfgaard à Brenna conduisit les rois Demawend et Henselt à se réconcilier et à combattre côte à côte
contre Nilfgaard. Les deux rois acculèrent Ardai aep Dahy jusqu’à Aldersberg où ils les massacrèrent dans une
rude bataille, en dépit de la supériorité numérique de Nilfgaard.

***

Le plateau s’étendait presque jusques aux montagnes lointaines. Les carcasses des bateaux, des dizaines de
carcasses, retenaient l’attention. Ciri amena Kelpie devant le château. Tous avaient le regard rivé sur elle. Ceux, peu
nombreux, qui la connaissaient déjà pour l’avoir vue auparavant, comme Boreas Mun et Dacre Silifant, ainsi que tous
ceux qui la connaissaient de réputation. Boreas Mun s’adresse à voix basse à Ciri : « Que viens-tu faire ici ? Tu n’y
trouveras que la mort ! ». Stefan Skellen fait son apparition. Il l’emmène au fond de la forteresse. Là elle retrouve
Bonhart et Vilgefortz. Ciri comprend qu’elle s’était leurrée en pensant pouvoir s’en sortir à la dernière minute
comme à chaque fois. Ciri dit qu’elle est venue de son plein gré en échange de la liberté pour Yennefer. Mais
Vilgefortz refuse : « Ton offre est pitoyable et grotesque, elle est de surcroît sans valeur. Je la rejette donc. Allez,
emmenez-la immédiatement au laboratoire ». Vilgeforz explique à Ciri ce qui l’attend : « On va te déshabiller et
t’installer dans ce fauteuil pour y être inséminée. Tu seras plongée pratiquement en permanence dans une demi-
inconscience. Mais tu ne mettras pas d’enfant au monde, la seule chose qui m’intéresse est le sang de ton placenta,
placenta que je t’enlèverai dès qu’il sera formé. La suite ne te concerne pas ».

Boreas Mun ne voulait pas entendre ce qu’il passait dans les étages. Il montait la garde près de l’entrée avec
d’autres, tout en regrettant d’être là avec Chat Huant, à la merci de la colère de l’empereur. Boreas Mun sentit
soudain une forte odeur de plantes. Un homme était apparu soudainement auprès d’eux et leur demanda d’ouvrir la
porte. Personne ne sut lui résister. Dans la cour s’engagèrent quatre cavaliers : l’un des cavaliers avait les cheveux
blancs comme la neige, le deuxième était une femme aux cheveux clairs qui gardait son arc tendu entre ses mains, le
troisième cavalier, une toute jeune fille, fendit d’un geste énergique la tempe de Nétroussé de son sabre tordu, le
quatrième était un guerrier dont le heaume était orné d’ailes de rapaces. Boreas Mun leur balbutia « Vous devez
prendre cet escalier… Il vous conduira aux étages supérieurs. Si c’est pour sauver la Dame du Lac… il faut vous
dépêcher ». Bientôt il n’y eut plus dans la cour que des cadavres. Seul Boreas Mun respirait encore, toujours appuyé
sur la hampe de sa lance, incapable de la lâcher tant ses jambes tremblaient.

Vilgefortz est prévenu que des hommes en armes arrivent. Il demande que l’on fasse enchainer Ciri avec de la
dymérite puis d’aller l’enfermer sous bonne garde dans une cellule, et il sort du laboratoire. Pendant ce temps Geralt
et ses compagnons commencent l’ascension. Les mercenaires s’en vont trouver Stefan Skellen pour lui dire qu’ils
font face à des démons, un monstre qui arrache la tête des gens, un revenant sensé être mort (Cahir) « Ce sont des
enchanteurs, des diables infernaux ! La force humaine ne peut rien contre eux… ». Chat-Huant répond que dans ce
cas ils vont laisser les démons et les sorciers combattre entre eux, pour leur part ils vont les attendre au bas des
escaliers, seul chemin de sortie possible. Boreas Mun, de son côté, était déjà tout à fait résolu.

La première à tomber fut Milva, qui se trouva face à face avec un archer aussi adroit et intrépide qu’elle : ils
tombèrent tous les deux. Régis, profitant de sa capacité à se mouvoir sans être vu, trouva Ciri dans le laboratoire
avant qu’elle ne fut enfermée et massacra tous les mercenaires présents. Ciri essaye de retrouver Yennefer mais se
trouve face à des troupes et Bonhart. Angoulême et Cahir tombèrent à leur tour, protégeant la fuite de Ciri. De son
côté Geralt libère Yennefer et tous deux finissent par se retrouver en mauvaise posture face à Vilgefortz. Régis
intervient à nouveau mais paiera de sa vie son attaque contre Vilgefortz : Vilgefortz réussit à s’emparer de Régis et à
le lacérer, le projette contre une colonne puis envoie vers lui des flammes ardentes surgies de ses mains. Régis
poussa un hurlement si puissant que le sorceleur se boucha les oreilles. Quant à la colonne, elle se mit tout
simplement à fondre, et le vampire avec elle, se répandant sur le sol en une masse informe.

Geralt se précipita contre Vilgefortz et ce dernier fit apparaître dans sa main un gourdin métallique : « Toi, sorceleur,
tu mérites de mourir autrement. Dans un combat ». Vilgefortz était très fort et très habile, il finit par acculer Geralt
contre un mur, à sa merci. Les deux coups qu’il porta ratèrent leur cible de façon incompréhensible. Quand il comprit
et prit son élan pour frapper une dernière fois il était trop tard, Geralt s’était détendu et l’avait transpercé au ventre.
Vilgefortz tomba à genou, Geralt l’acheva d’un vigoureux coup de sihill. « Je ne savais pas que tu connaissais le sort
illusoire. Capable qui plus est de tromper Vilgefortz… » dit Yennefer. « C’est mon médaillon » répondit Geralt en
montrant le médaillon que Fringilla Vigo lui avait confectionné à Toussaint.

De son côté Ciri finit par se retrouver à nouveau, seule, devant Bonhart. Le combat contre le mercenaire sanguinaire
était inévitable. Il fut terrible mais Ciri, forte de ses expériences passées, finit par l’emporter. Elle lui arracha les trois
médaillons de sorceleur qu’il portait autour du cou : le loup, le chat et le griffon.

Geralt, Yennefer et Ciri se retrouvèrent à un croisement de couloirs. Passées les effusions, il fallait partir. Ciri indiqua
à Geralt qu’il n’y avait personne d’autre à attendre. Ils arrivèrent devant un grand, un immense escalier. En bas, tout
en bas, les attendaient des hommes armés. « J’en ai assez des tueries » dit Ciri. « Moi aussi, répondit Geralt, mais il
n’y a pas d’autre issue que cet escalier ». Ciri sortit les médaillons qu’elle avait pris à Bonhart, passa autour de son
cou celui à la tête de chat, et donna le loup à Geralt. « Allons-y Geralt ». « Oui, tiens-toi près de moi ».

Chat-Huant envoya ses hommes par vagues successives. « Doucement, Ciri, ne te presse pas. » « Oui, Geralt. »
« Reste calme. Souviens-toi, sois sans colère et sans haine. Nous devons sortir et voir le ciel. Et ceux qui se mettront
sur notre route doivent mourir. N’hésite pas. » « Je n’hésiterai pas. Je veux voir le ciel. » Le scintillement des lames,
un cri, la mort attendait chaque sbire qui osa les attaquer. Un sang épais s’écoulait le long des marches de l’escalier,
goutte après goutte. Un palier, un deuxième. « Tuez-les ! hurla Skellen. Tuuuez-leeees ! ». Geralt regarda Ciri. Et il
manqua de hurler de rage lorsqu’il vit dans ses cheveux gris les mèches blanches scintillantes. L’éclair d’une épée, un
hurlement. Ils avançaient, rattrapant le sang qui coulait le long de l’escalier. Ils descendaient, une à une, les marches
du château de Stygg, à Ebbing. « Boreas Mun, cria Chat-Huant, où sont les balistes que je t’ai demandées ? ». Ce
qu’ignorait Chat-Huant, c’était que Boreas Mun se trouvait déjà loin. Plaqué contre la crinière de son cheval, il filait
droit vers l’est, tentant de pousser sa monture au maximum de ses capacités.

Le grondement de béliers enfonçant des portes précéda l’arrivée de soldats en armure noire. Les mercenaires de
Skellen jetèrent leurs armes. « Des renforts inespérés ? » marmonna Ciri. Geralt secoua la tête en signe de
dénégation : les arbalètes et les fers étaient pointés sur eux également. Alors ils déposèrent délicatement leur épée
sur les marches. Puis ils s’assirent, bientôt rejoints par Yennefer. Geralt sentit leur chaleur contre ses épaules.
Dommage que l’on ne puisse rester ainsi à jamais, songea-t-il. Mais il savait que c’était impossible. Un officier
supérieur arriva et dit à Skellen qu’il allait être jugé pour trahison. Puis il se tourna vers Geralt, Yennefer et Ciri. Il
s’adressa à Geralt : « Tu es parti du bout du monde pour venir jusqu’ici. Pour elle. Ne serait-ce qu’à ce titre, tu as
droit à quelque chose. Monsieur de Rideaux ! » « À vos ordres, Votre Grandeur Impériale ! » « Trouvez une pièce
discrète où je pourrai en toute tranquillité discuter avec M. Geralt de Riv. Pendant ce temps, je vous prie de veiller
au confort de ces deux dames, les maintenant sous bonne garde, cela va sans dire. »

***
« Tu as parcouru un long chemin » répéta l’empereur. « Moins que toi, Duny » répondit Geralt. « Tiens, tiens, tu
m’as reconnu ! dit l’empereur en souriant. Personne ne l’avais fait jusqu’à présent, alors que toi qui ne m’as
pourtant vu qu’une seule fois, et encore, il y a de cela plus de seize ans, tu ne t’y es pas trompé. » Puis Emhyr
raconte son histoire. Le Hérisson de Fer devait être un moyen pour contraindre son père, l’empereur, à collaborer
avec l’usurpateur. Son père ne se laissa pas briser, il fut assassiné. Lui fut lâché dans la forêt, il avait 13 ans. Un
astrologue un peu fou, Xarthisius avait lu dans les étoiles qu’il devait aller chercher dans le Nord, derrière les
marches de Marnadal, une aide contre le sortilège, ce qu’il fit. Vilgefortz lui a rendu visite en secret à Cintra, peu
après la naissance de Ciri. Il se proposait de l’aider à retrouver son trône contre de l’argent et des privilèges. Il lui fit
aussi prendre connaissance de la Prophétie, du sort du monde et de l’univers. Emhyr comprit ce qu’il devait faire. Il
devait rentrer à Nilfgaard en veillant à ce que personne ne puisse deviner qu’il était Duny et que Ciri était sa fille.
Vilgefortz lui a suggéré comment faire. Duny, Pavetta et leur fille devaient mourir : disparaître sans laisser de traces
dans un simulacre de catastrophe maritime. Malheureusement il avait sous-estimé Pavetta. Avant qu’on lève l’ancre,
elle avait envoyé l’enfant à terre et il s’en aperçut trop tard. Ils se disputèrent, dans la dispute Pavetta est passée
par-dessus bord et le bateau fut aspiré par Vilgefortz avant qu’il ne puisse la repêcher. La mort de pavetta était un
accident, il n’avait jamais souhaité sa mort. Plus tard, une fois devenu empereur, il décida de faire d’une pierre deux
coups. Récupérer d’un seul coup à la fois Cintra et Ciri. La suite est connue.

L’empereur dit à Geralt son intention de ramener Ciri à Nilfgaard et de l’épouser. Ciri n’apprendra jamais qui il est.
Ce secret sera enterré. En même temps que tous ceux qui le connaissent. Geralt lui rétorque qu’il a rompu son
contrat : il n’a pas attendu que Geralt vienne chercher l’enfant le jour de ses six ans, il a tenté de l’enlever avant, la
privant ainsi de sa famille. Et maintenant il veut lui faire des enfants incestueux ? Comment arrivera-t-il à se regarder
dans les yeux après ça ? Geralt ajoute qu’il sait que Emhyr ne peut le laisser en vie, ni Yennefer, car ils passeraient
sinon le reste de leur vie à essayer de lui reprendre Ciri. Geralt demande à voir Ciri une dernière fois en promettant
de ne rien lui dire sur Emhyr pour ne pas lui faire davantage de mal. Emhyr accepte et propose à Geralt et Yennefer
de mourir tranquillement et de façon honorable en s’ouvrant les veines dans un bain.

Après des adieux déchirants où Geralt et Yennefer disent à Ciri d’accepter sa destinée, aussi terrible soit-elle, Emhyr
var Emreis, l’empereur de Nilfgaard, accompagna Yennefer et Geralt jusqu’à la salle de bains. Il leur dit de ne pas se
presser. Yennefer l’interpelle calmement : « Je vous prie, dans la mesure du possible, de ne pas faire de mal à ma
petite fille. Je ne voudrais pas mourir avec l’idée qu’elle puisse être malheureuse. » Emhyr resta longtemps
silencieux. « Dame Yennefer, répondit-il enfin, une expression étrange sur le visage, vous pouvez être sûre que je ne
lui ferai pas de mal. J’ai marché sur des cadavres et dansé sur les tertres de mes ennemis. Et je pensais que je
pouvais tout faire. Mais ce dont vous me soupçonnez, madame, j’en serais tout bonnement incapable. Je le sais à
présent. Et c’est aussi grâce à vous deux. Adieu. »

Profitant de leurs derniers instants, Geralt et Yennefer se déshabillèrent et entreprirent de se prouver leur amour
mutuel. Lorsqu’ils furent enfin prêts, ils appelèrent pour qu’on leur apporte un couteau. Mais à leur grande surprise,
c’est Ciri qui apparut. « Ils sont tous partis. À part nous trois, il n’y a pas âme qui vive ici. Habillez-vous. Vous avez
l’air terriblement comiques, tout nus. » Ciri raconte qu’en réalisant qu’elle ne reverrait jamais plus Yennefer et
Geralt elle s’était mise à pleurer. Que l’empereur était venu arrêter les hommes qui l’emmenaient, c’était approché
d’elle, l’avait longuement regardée, effleuré ses cheveux blancs, sa cicatrice… Il l’avait étreinte alors qu’elle était
secouée de larmes. Puis elle l’a entendu murmurer avant de partir avec tous ses hommes : « C’est une chose étrange
que la destinée. Adieu, ma fille. » Ciri s’interrogea sur cette scène finale… « Ciri, ne réfléchit pas » la coupa Yennefer.

***

« Le château de Stygg », répéta Filippa Eilhart en regardant Fringilla Vigo à la dérobée. « La cachette de Vilgefortz se
trouvait dans le château de Stygg, confirma Assire var Anahid. À Ebbing, près d’un lac de montagne ». « À cet instant,
reprit Filippa, le sorceleur Geralt est quelque part à Ebbing. Avec Yennefer et Ciri, qu’il a libérées. Il va falloir réfléchir
au moyen de les retrouver. Quant au château… La légende, si tant est qu’elle voie le jour, ne doit comporter qu’une
seule version officielle. Sabrina, emmène Keira et Triss avec toi. Réglez cette affaire. De sorte qu’il ne reste aucune
trace ». L’onde de choc de la détonation fut ressentie jusqu’à Maecht ; les lueurs qui l’accompagnaient – l’explosion
eut lieu la nuit – furent visibles même à Metinna et à Geso. La série de secousses tectoniques qu’elle provoqua fut
perçue bien plus loin encore. En des coins vraiment très reculés du monde.

***
La paix de Cintra qui fit suite à la deuxième guerre entre Nilfgaard et les royaumes du Nord fut une nouvelle fois
l’occasion d’un grand marché. Les rois et le chef de la délégation nilfgaardienne, le baron Shilard Fitz-Oesterlen, se
sont rencontrés le 2 avril 1268. Cela fait cinq ans, se souvenait la reine Meve, cinq ans que sur le dallage de la cour a
explosé la cervelle de Calanthe, la Lionne de Cintra. Dijkstra était là aussi, représentant la Rédanie. De leur côté, dans
une pièce au-dessus, les magiciennes de la Loge suivaient toute la conversation via un communicateur
tridimentionnel. Demawend, roi d’Aedirn, reconnut l’autonomie de Dol Blathann, non pas en tant que royaume,
mais en tant que principauté. Henselt fut poussé à rendre à Demawend la partie d’Aedirn dont il s’était emparé. Les
« criminels de guerre » doivent être rendus aux Nordlings ou éliminés. Ceci inclut la brigade Vrihedd des elfes de la
Scoia’tael engagés officiellement dans l’armée de Nilfgaard dont le célèbre Isengrim Faoiltiarna, le Loup de Fer,
colonel au service de l’empereur. Les colons que Nilfgaard avait envoyés en Aedirn juste après l’invasion pour
occuper les terres conquises devaient rentrer en Nilfgaard. A l’ambassadeur Shilard Fitz-Oesterlen qui ne comprenait
pas toutes les concessions que l’empereur acceptait de faire, Berangar Levaarden, a priori nouveau conseiller de
l’empereur en remplacement de Stefan Skeller, lui répondit que les véritables vaincus sont ceux qui doivent acheter
leurs biens de consommation aux vainqueurs : « Ce n’est pas pour rien que nous avons détruit leur agriculture et
ruiné leur industrie, poursuivait Leuvaarden d’une voix impassible. Nous l’avons fait pour que, leurs propres produits
venant à manquer, ils soient contraints d’acheter les nôtres ».

Quant au sort de Cintra, il fut été scellé au château de Loc Grim où l’empereur Emhyr var Emreis épousa le Lionceau
de Cintra, la princesse Cirilla, faisant d’elle la reine de Cintra et l’impératrice de Nilfgaard. Très peu savaient qu’en
réalité ce n’était pas la vraie Ciri, mais la politique étant ce qu’elle est, ceux qui savaient ou s’en doutaient n’en ont
jamais rien dit.

Un grand défilé fut un peu plus tard organisé à Novigrad pour fêter la victoire du Nord. Durant le défilé, Dijkstra
glissa à l’oreille de Filippa qu’il avait appris que le demi-elfe qui avait assassiné Vizimir n’était pas fou du tout et qu’il
n’avait pas agi seul. Il demanda à Filippa quand il pourrait la voir seule à seule pour en parler. « Bientôt, Dijkstra » lui
répondit-elle. Peu après Dijkstra vint voir son vieil ami Ori Reuven. « Je suis venu te faire mes adieux, Ori. Vois-tu,
mon vieil ami, moi aussi je suis vieux, et il se révèle que je suis pareillement bête. J’ai dit un mot à une personne. Un
seul mot. À une seule personne. Mais c’était un mot de trop, que j’aurais dû garder pour moi. Tends l’oreille, Ori. Tu
les entends ? De tous les corridors. Les rats trottinent dans la cité de Novigrad, Ori. Ils sont ici. J’entends le
crissement de leurs petites pattes. » Quand les assassins arrivèrent dans la pièce où travaillait Ori Reuven, frère de
Sigismund Dijkstra, ce dernier avait disparu.

***

Les « criminels de guerre » furent capturés. La coque de la galère en provenance de Nilfgaard heurta les pilotis
couverts d’algues et de coquillages. « Fin du voyage, messieurs les elfes, annonça le chef du convoi nilfgaardien.
Nous sommes à Dillingen de Brugge. Terminus. » Visiblement, en lieu et place du procès équitable qui leur avait été
promis, c’est un marché aux esclaves qui les attendait… sauf pour trois officiers dont Isengrim Faoiltiarna, Le Loup de
Fer, qui fut reconnu grâce à son visage tailladé. Les deux premiers furent rapidement exécutés parce que « les
familles de ceux que vous avez assassinés, messieurs, ont payé. » Faoiltiarna n’attendit pas que sa sentence soit
exécutée. Se libérant des menottes dont il travaillait la serrure depuis deux jours, il sauta dans le fleuve et disparut.

Le hasard voulut que quatre mois plus tard trois hommes qui ne se connaissaient pas se retrouvent par hasard
autour d’un feu, au col d’Elskerdeg, se dirigeant vers Zerricane, voire vers Hakland. Ils discutèrent longtemps sur les
évènements de ces derniers mois. « Un long et dangereux chemin nous attend. Si nous devons voyager ensemble,
déclara Boreas Mun en regardant les flammes rubis du feu, mettons notre méfiance de côté. Je suis Boreas Mun ».
Le grand et lourd pèlerin au chapeau à larges bords se leva « Le monde a changé, dit le pèlerin. Quelque chose s’est
achevé. Je suis… Sigi Reuven ». « Quelque chose commence, dit l’elfe en esquissant de sa bouche tordue ce qui
devait être, sans doute, un sourire. Je suis… Wolf Isengrim ». Ils se serrèrent la main, rapidement, fort, avec rudesse
même. « Que les diables m’emportent ! dit Boreas Mun, un large sourire aux lèvres, si ce n’est pas là le début d’une
belle amitié ».

***

Ils filaient au grand galop, à une allure démentielle, au risque de se rompre le cou. Pendant des jours et des jours ils
filèrent ainsi tandis que s’éveillait le printemps. Des histoires commencèrent à circuler dans Ebbing, des histoires sur
les trois démons. Ils allèrent à La Jalousie où Ciri se recueillit longuement sur la tombe des Rats. Le 9 avril, peu après
minuit, les premiers habitants de Claremont furent réveillés par une clarté scintillante, un éclat rougeoyant qui
s’engouffra dans leur demeure à travers les fenêtres. L’amphithéâtre du marchand Houvenagel et la moitié de la ville
disparurent dans les flammes. « Et maintenant, où allons-nous ? demanda Geralt en regardant la colonne de fumée
qui s’étirait en un long ruban dans le ciel rougeoyant de l’aube. À qui veux-tu encore manifester ta reconnaissance,
Ciri ? » « D’abord à Unicorne où je veux qu’à la place de la licorne de paille qui veille sur l’endroit les habitants aient
un totem un peu plus raffiné. Puis à Pereplut où nous trouverons j’espère les restes d’un homme dans une cabane
au milieu des marécages. Je veux que ces restes reposent dans un cercueil convenable. Ensuite, poursuivit Ciri, nous
passerons dans le bourg de Dun Dâre. Sans doute l’auberge aura-t-elle été brûlée, je n’exclus pas qu’on ait assassiné
l’aubergiste. À cause de moi. J’ai été aveuglée par la haine et la vengeance. Je vais tâcher de me racheter auprès de
sa famille. J’espère que le souvenir de leurs regards m’empêchera de commettre la même erreur à l’avenir. Est-ce
que tu comprends ça, Geralt ? » Yennefer l’assura qu’ils comprenaient ça très bien tous les deux.

Le mois de mai survint. Belleteyn. Geralt et Yennefer profitaient de rares moments de solitude pour s’aimer comme
jamais. Une nuit Geralt rêva d’une assemblée de dix femmes. C’était la Loge qui exigeait le retour de Yennefer et Ciri
pour la prochaine réunion de la Loge le 1er juin. Yennefer partit dès le lendemain en gage de bonne volonté, histoire
de laisser encore un peu Ciri avec Geralt. Il fallait de toute façon régler cette affaire. Geralt emmena Ciri dans une
contrée qu’il voulait absolument qu’elle voie : un pays de contes de fées. Il dit à Ciri y connaître la Princesse et
qu’elle connaissait très bien le prince consort : un certain Jaskier. Mais en arrivant ils trouvèrent en fait Jaskier sur le
gibet de la place du village, sur le point d’avoir le cou tranché : le dénommé Julian Alfred Pankratz, vicomte de
Lettenhove, surnommé Jaskier, s’était commis dans une stupide histoire de pamphlet peu amène envers la
princesse. Au dernier moment sa « petite belette » le gracia et Jaskier quitta immédiatement Toussaint avec ses
deux amis.

Le 26 mai, ils traversèrent la Iaruga sur un pont tout neuf. Ciri dit à Geralt qu’elle devait rejoindre Yennefer à
Vengerberg. Elle promet à Geralt qu’elles reviendront toutes les deux et lui donne rendez-vous à Rivie quelques
jours plus tard. En route vers Rivie, Geralt et Jaskier virent des scènes d’horreur ordinaire. Des pendus ornaient les
arbres longeant les routes ; sur les bords des chemins, des miséreux, affamés, attendaient la mort. La nuit ils
voyaient l’horizon se couvrir à l’ouest des lumières rougeoyantes d’un incendie. Bon gré, mal gré, leur parvenaient
des cris de gens qu’on assassine, le hurlement d’une femme, le beuglement insolent et triomphal d’une bande. Plus
tard ils croisèrent des centaines de colons nilfgaardiens ramenés sans ménagement de l’autre côté de la Iaruga,
dépouillés de tout, les femmes visiblement violées. « Geralt, gémit Jaskier, ne fais rien, je t’en supplie… Ne t’en mêle
pas… » Le sorceleur se tourna vers lui. Il avait une expression que Jaskier ne lui avait encore jamais vue. « M’en
mêler ? Risquer ma vie pour de nobles principes ou pour des idées ? Oh ! non, Jaskier. C’est fini, tout ça ».

La réunion entre Yennefer, Ciri et les magiciennes de la Loge fut houleuse. La Loge notifia à Ciri, qui ne peut plus être
officiellement princesse de Cintra, que son avenir consistera à devenir la maîtresse du prince Tancrède, fils de
Esterad Thyssen de Kovir et de son épouse, la reine Zuleyka. La Loge s’assurera que son enfant soit bien traité et
qu’elle acquière progressivement le statut de princesse puis de reine. Plus tard elle deviendra membre à part entière
de la Loge et l’égale des magiciennes présentes. Ciri répond qu’elle doit prendre le temps de la réflexion et qu’avant
de donner sa réponse elle doit aller retrouver le sorceleur auquel elle a juré de revenir avec Yennefer. Qu’elle doit
essayer de lui faire admettre cet avenir que la Loge veut lui imposer. Que c’est important, pour lui, et même pour
elles. Sheala refuse catégoriquement qu’elle reparte. D’autres sont d’accord. Un vote est lancé et avec une voix
d’avance sa demande est acceptée. Triss va les accompagner.

***

Geralt et Jaskier arrivèrent à Rivie comme convenu le 7 juin. Rivie se trouvait à l’extrémité sud du lac Loc Eskalott. Ils
se rendirent très vite compte du racisme exacerbé qui régnait en ville. Devant le visage de plus en plus fermé du
sorceleur, Jaskier lui répétait souvent « Geralt, je t’en prie, ne fais pas de bêtises. » « Sois sans crainte, répondait-il,
je n’en ferai pas. » Arrivés à l’auberge Chez Wirsing ils y retrouvèrent Yarpen Zigrin et Zoltan Chivay avec qui ils
avaient pris rendez-vous bien des jours auparavant. Ils mangèrent, burent et discutèrent longtemps. Geralt dit que le
métier de sorceleur est terminé pour lui, que pisser contre le vent était stupide, que risquer sa peau pour quelqu’un
était stupide, que sa propre vie lui était soudain devenue particulièrement chère et qu’il en était arrivé à la
conclusion qu’il serait stupide de la risquer pour défendre un étranger. Ils étaient si absorbés par leur discussion
qu’ils ne prêtèrent pas attention au brouhaha qui montait de la ville et s’intensifiait, un bruit funeste de foule en
colère qui gagnait en puissance. Geralt dit aux nains de se cacher dans la cave. Les hurlements des gens qu’on
assassinait parvenaient jusqu’aux vitres colorées des fenêtres de l’auberge et vrillaient les oreilles. Geralt sentit ses
mains commencer à trembler. Une naine fut trucidée à coups de fourche et de lance ; l’enfant qu’elle avait protégé
jusqu’au bout, piétiné, écrasé à coups de talon. Geralt inspira profondément. Il se leva et prit son sihill de Mahakam.
« Geralt, » gémit le poète d’une voix déchirante. « C’est bon, dit le sorceleur en se dirigeant vers la sortie. Mais c’est
vraiment la dernière fois ! Que je sois damné si je mens ! »

Geralt s’enfonça dans la foule. D’un pas rapide, sans cesser de virevolter d’avant en arrière, l’œil constamment aux
aguets. Il donnait à dessein des coups larges, à l’aveuglette en apparence, sachant que de tels coups étaient plus
sanglants et plus spectaculaires. Il ne voulait pas tuer. Blesser simplement. Mais la foule était nombreuse, gênant ses
mouvements. L’espace d’un quart de seconde, il fut gêné par la foule. Il eut seulement le temps d’apercevoir les trois
dents acérées d’une fourche qui fondaient sur lui. Il s’affaissa sur le côté. Il vit Zoltan et Yarpen équipés d’une hache
qui écartaient la foule. Ne bougez pas ! voulut-il leur crier. Où allez-vous ? Laissez-moi seul pisser contre le vent. Mais
il ne put crier quoi que ce soit. Sa voix fut étouffée par un torrent de sang.

Lorsque les trois femmes arrivèrent en vue de Rivie elles comprirent tout de suite de quoi il retournait : une émeute.
« Geralt… gémit soudain Ciri en devenant blanche comme un rouleau de vélin. J’arrive, Geralt ! Je viens ! Je ne te
laisserai pas seul ! » Elle lança Kelpie au galop, Yennefer et Triss ne purent la suivre à cette allure. Elles essaient de se
frayer un chemin dans la foule, mais Yennefer est blessée. « Triss…, bafouilla Yennefer. Téléporte-nous loin d’ici ! Ils
vont nous tuer. » « Non, Yennefer. Je ne me sauverai pas. Je ne me cacherai pas derrière les jupes de la Loge. Et ne
crains rien, je ne m’évanouirai pas de peur comme à Sodden. Cette époque est révolue dorénavant, elle appartient
au passé. » Triss l’amena sur un monceau de déchets qui dominait la foule et commença à lancer des incantations.
« Aide-moi, Yennefer, nous allons lancer sur eux la Foudre d’Alzur ». Le ciel s’assombrit soudain, des nuages se
formèrent au-dessus de la ville qui fut plongée dans une obscurité de tous les diables. Un souffle froid envahit
l’atmosphère. « Ouh là ! gémit Yennefer. J’ai l’impression que nous n’avons pas fait les choses à moitié. » La grêle
tomba si fort qu’elle dispersa pour de bon tous les émeutiers qui ne pensèrent plus qu’à se mettre à l’abri. Bien des
années plus tard le sortilège fut appelé « La Grêle dévastatrice de Merigold ».

Le calme retomba sur Rivie. Sur le bord du lac se trouvait le sorceleur, gisant dans une mare de sang, auprès duquel
était agenouillée Ciri. Yennefer était à côté d’elle, tenant dans ses mains la tête inerte de Geralt, elle répétait d’une
voix déchirante des incantations. Il était trop tard. Les sortilèges de Yennefer ne faisaient que l’épuiser. Yennefer
s’interrompit au beau milieu d’une formule magique et s’affaissa sur le pavé à côté du sorceleur. La surface du lac se
mit à fumer comme un chaudron de sorcière, se voilant de brume. Et à la surprise générale, de la brume surgit une
licorne blanche. « Ihuarraquax, dit Ciri. J’espérais bien que tu viendrais. » Ciri toucha sa corne. Triss poussa un cri
sourd en voyant les yeux de la jeune fille étinceler d’un éclat opalescent, en voyant son corps tout entier entouré
d’une auréole ardente. De ses doigts jaillit un ruban de clarté scintillante et ardente comme la lave, qui flottait dans
les airs et allait vers Geralt. Cela dura longtemps. Puis la licorne disparut dans la brume, Ciri dit à Kelpie de la suivre.
Dans la brume, au bord du lac, une barque était visible. Ciri demanda aux autres de l’aider. Jaskier, Triss, Zoltan et
Yarpen l’aidèrent à mettre les deux corps dans la barque. « Excuse-moi auprès des dames de Montecalvo, Triss, dit
Ciri. Mais il ne peut en être autrement. Je ne peux pas rester quand Geralt et Yennefer s’en vont. Je ne peux tout
simplement pas. Elles devraient le comprendre. » Elle mit un pied dans la barque qui oscilla et commença aussitôt à
s’éloigner. Pendant encore un très court instant, ils distinguèrent la silhouette fine et floue de Ciri, ils la virent utiliser
une longue perche pour donner de l’élan et de la vitesse à la barque qui pourtant filait déjà à vive allure. Puis il n’y
eut plus que la brume. Le brouillard se dissipa rapidement.

***

Geralt ouvrit les yeux. Il vit un feuillage au-dessus de lui, sentit des doigts familiers effleurer délicatement sa tempe
et sa joue. Il avait également mal au ventre, à la poitrine, aux côtes, et le bandage qui lui enserrait le torse le
convainquit que la ville de Rivie et la fourche à trois dents n’étaient pas le fruit d’un mauvais rêve. « Où sommes-
nous, Yen ? » « Est-ce important ? Nous sommes ensemble. Toi et moi. » « Où est Ciri ? Nous étions sur cette
barque… » « Elle est partie. Reste allongé tranquillement, mon amour. Je suis auprès de toi. Ce n’est pas important,
ce qui s’est passé ; ce n’est pas important, où nous étions. Maintenant je suis là. Et je ne te quitterai plus jamais. »
« Néanmoins, j’aimerais savoir où nous sommes, » soupira-t-il. Yennefer resta silencieuse. « Moi aussi » dit-elle enfin
tout doucement.

***
Ciri termina son histoire. «Et c’est la fin de l’histoire ? » demanda Galaad au bout d’un instant. « Bien sûr que non !
protesta Ciri. Tu voudrais que l’histoire se termine ainsi ? Pas moi ! Après ils se marièrent et tous leurs amis étaient
là. C’est ainsi que ça se passe, dans les contes de fées, non ? » « Pourquoi pleures-tu, ô Dame du Lac ? » « Je ne
pleure pas. C’est à cause du vent, c’est tout ! » Le jeune chevalier lui demanda alors de l’accompagner à Camelot. Au
diable ! se dit-elle. Pourquoi pas ? Je parierais toute ma fortune que dans ce monde aussi il se trouvera du travail
pour une sorceleuse. Ils montèrent sur leur cheval et cheminèrent droit vers le soleil couchant, laissant derrière eux
le lac enchanté.
FIN
La prophétie d’Ithlinne (ou Itlina)

Régulièrement évoquée dans la saga du sorceleur, la prophétie d’Ithlinne est une des raisons qui font que Ciri est
activement recherchée par plusieurs personnes. Alors il est normal de lui consacrer un paragraphe dédié, même si je
ne puis dire si cette prophétie sera évoquée dans Witcher 3 ou pas.

La prophétie d’Ithlinne est une prophétie réalisée il y a fort longtemps par Ithlinne Aegli aep Aevenien, une érudite
elfe. Elle est assez difficile à appréhender parce que son texte intégral n’est pas dévoilé par Sapkowski. Plusieurs
extraits en sont cités par des intervenants divers avec certains ajouts non récurrents, chaque personnage en ayant
en fait une version différente et en retenant les éléments qui servent ses propres intérêts. La raison en serait que le
texte originel n’est connu que des elfes érudits qui n’en divulguent pas le contenu exact. Essayons de faire le tour
des différentes versions.

La citation la plus « brute » semble celle qui figure en introduction du Sang des Elfes :

« En vérité, je vous le dis, voici venir l’ère de l’épée et de la hache, l’ère de la terrible tourmente. Voici venir le
Temps du Froid blanc et de la Lumière blanche, le Temps de la Folie et du Mépris, Tedd Deireádh, le Temps de la Fin.
Le monde disparaîtra sous la glace et renaîtra avec le nouveau soleil. Il renaîtra par le Sang ancien, Hen Ichaer, la
graine semée. La graine qui ne germera point, mais fera jaillir la flamme.
Ess’tuath esse ! Cela se passera ainsi ! Scrutez les signes ! Quels seront-ils ? Je m’en vais vous le dire… Tout
d’abord, la terre sera noyée dans le sang Aen Seidhe, le sang des elfes… »

Aen Ithlinnespeath, La Prophétie d’Ithlinne


Aegli aep Aevenien.

On y trouve les éléments centraux de la prophétie : un âge glaciaire va s’abattre, avant lequel des combats sanglants
auront lieu, à la suite de quoi seuls quelques élus survivront grâce au Sang ancien afin que renaisse un monde
nouveau. Comme le résume de façon simple Tissia de Vries « La prophétie de la fin de la civilisation, l’annonce de
l’extermination, de la destruction et du retour à la barbarie qui devait se réaliser en même temps que descendraient
les blocs de glace flottants, depuis la frontière du glacier éternel ». Si on comprend bien ce que sera le Temps du
Froid Blanc (une ère glaciaire), ainsi que le Temps de la Folie et le Temps du mépris (des combats sanglants et
aveugles) auxquels seront mêlés les elfes, on ne sait pas ce que représente la Lumière Blanche et le Sang ancien.

L’elfe érudit Avallac’h donnera à Geralt une partie de la version elfique : « Celui qui est loin mourra de la peste; celui
qui est près tombera par l’épée; celui qui se cache mourra de faim; celui qui subsistera, celui-là le froid le perdra... Car
viendra Tedd Deireadh, le temps de la Fin, le temps de l’Epée et de la Hache, le temps du Mépris, le temps du Froid
blanc et de la Tourmente sauvage. » Version qu’il développe un peu plus tard avec Ciri : « Nous avons de sérieuses
raisons de supposer que ton monde est menacé de perdition. Un cataclysme climatique de grande envergure va se
produire. Étant donné ton érudition, tu as certainement entendu parler d’Aen Ithlinne Speath, la prophétie d’Itlina.
Dans cette prophétie, il est question du Froid blanc. Selon nous, il s’agit d’une vaste glaciation. Et puisque quatre-
vingt-dix pour cent des terres de ton monde se situent dans l’hémicycle Nord, la plupart des créatures vivantes
risquent de disparaître. Elles mourront de froid, tout simplement. Ceux qui survivront sombreront dans la barbarie, ils
se détruiront les uns les autres dans des luttes impitoyables pour la nourriture, ils deviendront la proie de pillards
devenus fous à cause de la faim. Rappelle-toi le texte de la prophétie : « Le temps du Mépris, le temps de la Hache, le
temps de la Tourmente sauvage. »

Jusque-là ça semble clair, mais que vient donc faire Ciri dans cette affaire ? Il faut maintenant s’intéresser à l’Hen
Ichaer, le Sang ancien.
On comprend en suivant la trame des livres que le Sang Ancien est une sorte de gène spécial que possédait l’elfe
magicienne et Érudite Lara Dorren aep Shiadhal. C’est ce que Avallac’h explique à Geralt : « Elle était porteuse d’un
gène à part. Le résultat de plusieurs années de travail. Unie à un elfe - cela va sans dire - porteur d’un autre gène, elle
devait mettre au monde un enfant encore plus spécial. En concevant son enfant avec la semence d’un humain, elle a
enterré cette chance, elle a gâché le résultat de centaines d’années de planifications et de préparations. C’est du
moins ce qu’on a pensé à l’époque. Personne ne croyait que le métis enfanté par Cregennan pouvait hériter des
caractéristiques exceptionnelles de sa mère. » Ce gène lui a été implanté pour que ses descendants puissent un jour
obtenir à nouveau le pouvoir d’ouvrir l’Ard Gaeth, la Grande Porte éternelle qui permettait de passer d’un monde à
l’autre, pouvoir que les elfes ont perdu lors de la Conjonction des sphères.

Or Lara Dorren, au lieu de procréer avec un autre elfe, est tombée amoureuse d’un mage humain, Cregennan de Lod
et c’est ce dernier qui lui fit un enfant. Indépendamment du fait que cette union a marqué le début des
affrontements entre les elfes et les hommes, les elfes, on l’a vu, ont cru que le Sang ancien allait être dilué et perdu
dans le sang humain de l’enfant de Lara. Ceci n’a pas empêché les elfes comme les magiciennes humaines d’essayer
de pister au fil des générations l’existence du Sang ancien dans les descendants de Lara et finalement de se rendre
compte que Ciri, lointaine descendante de Lara Dorren, non seulement en est pourvue mais que de plus il s’exprime
chez elle avec une vigueur extrême. Car comme le dit Avallac’h : « Il existe toujours, comme tu le sais sans doute
déjà. Et il s’est même renforcé. Malheureusement, il a muté. Oui, tu as bien entendu. Ta Ciri est une mutante ». Et
ceci est la raison pour laquelle les Aen Elle veulent la récupérer : ils savent qu’elle a désormais une partie des
capacités nécessaire pour changer de monde, d’où leur volonté de lui faire faire un enfant par Auberon afin
d’obtenir sur le long terme une descendance elfe ayant cette même capacité.

Cette capacité spéciale du gène de Ciri est également la raison pour laquelle Vilgefortz veut la capturer. Sauf que lui
en a une vision plus « scientifique ». Ce n’est pas un enfant de Ciri qui l’intéresse mais le gène. « Les mystiques
avaient escompté que le gène aux immenses pouvoirs continuerait d’évoluer, qu’il atteindrait sa maturité dans ton
enfant, ou dans l’enfant de ton enfant. […] Mais ô combien plus banale se révèle la vérité, ô combien plus prosaïque.
Je dirais même, organiquement prosaïque. Ce qui est important, ma merveilleuse, c’est ton sang. Mais au sens propre
du terme, nulle poésie là-dedans. Et maintenant, le plus important. Cela t’inquiétera peut-être, ou au contraire t’en
réjouiras-tu, mais sache que tu ne mettras pas d’enfant au monde. Qui sait, peut-être que ton rejeton aurait été un
grand élu aux capacités extraordinaires, qui aurait sauvé le monde et régné sur les peuples. Mais personne ne peut le
garantir et je n’ai pour ma part nulle intention d’attendre si longtemps. C’est de ton sang, moi, dont j’ai besoin. Plus
précisément, du sang de ton placenta. Je te l’enlèverai dès qu’il sera formé. » Le but non formulé de Vilgefortz, c’est
sans doute d’isoler le gène et de se l’implanter afin d’obtenir lui-même les pouvoirs de Ciri.

Terminons cet exposé avec l’allusion de Vilgefortz suivant laquelle l’enfant de Ciri ou l’un de ses descendants aurait
pu « sauver le monde ». C’est le dernier volet de la prophétie, qui ne figure dans l’extrait cité au début qu’en
filigrane sous les termes « le monde renaîtra avec le nouveau soleil ».

Certaines versions continuent après le Froid blanc et évoquent un sauveur nécessaire pour que le renouveau se
produise. Comme le dit Demawend à la réunion secrète des rois : « Dernièrement, le thème principal de leurs
sermons est : le Sauveur qui viendra du Sud. Du Sud, vous comprenez ? De l’autre côté de la Iaruga !
— La Flamme blanche, murmura Demawend. Viendra le Froid blanc, puis la Lumière blanche. Ensuite, le monde
renaîtra grâce à la Flamme blanche et à la Reine blanche… ». Dans cette version colportée par des prêcheurs, la
Flamme Blanche fait clairement allusion à Nilfgaard, qui devrait donc conquérir le monde pour assurer le
renouveau : « Nilfgaard, c’est le châtiment des dieux ! C’est le fouet avec lequel les Immortels vous châtient, vous les
pécheurs… ». Mais qui serait la Reine Blanche ?

Filippa Eilhart en a un texte différent et plus complet : « Qui pourrait donc devenir cette reine du Nord ? […]. Le Sang
ancien, la Flamme glacée du Nord, la Destructrice et la Rénovatrice, dont l’avènement est annoncé depuis des
dizaines d’années déjà. Ciri de Cintra, la reine du Nord. Et son sang, duquel naîtra la reine du Monde. » La Reine
Blanche serait donc tout à la fois la Destructrice et la Rénovatrice… Pour Filippa l’empereur de Nilfgaard a été mis au
courant de l’histoire : « Il ne fait aucun doute, observa Filippa, qu’Emhyr était depuis longtemps à la recherche de
Ciri. Tous songeaient à un mariage politique avec Cintra qui permettrait à l’empereur de s’emparer du fief constituant
le patrimoine légal de la jeune fille. On ne peut tout de même pas exclure qu’il soit ici question non pas de politique,
mais du gène de Sang ancien qu’Emhyr veut introduire dans la lignée impériale. Si Emhyr sait ce que nous savons, il
peut souhaiter que la prophétie s’accomplisse au sein de sa lignée, et que la future reine du Monde voie le jour à
Nilfgaard. »
Emhyr lui-même confirme qu’elle avait raison lors de sa discussion avec Geralt dans la cachette de Vilgefortz :
« Vilgefortz m’a rendu visite en secret à Cintra, peu après la naissance de Ciri. Il sortit alors des rouleaux attachés par
une peau de serpent et en recommanda le contenu à mon intention. C’est ainsi que je pris connaissance de la
prophétie. Du sort du monde et de l’univers. De ce que je devais faire. Et j’en suis arrivé à la conclusion que la fin
justifiait les moyens. Je devais donc rentrer chez moi. Toutefois, je n’oubliais pas la prophétie. Je devais rentrer avec
Ciri. […] L’amour que je n’exige pas du tout d’elle, Cirilla le reportera sur le fils que je lui donnerai. Un archiduc, qui
deviendra empereur. Un empereur qui engendrera un fils. Un fils qui sera le maître du monde et qui le sauvera de la
destruction. C’est ce qu’annonce la prophétie, dont je suis le seul à connaître le véritable contenu. La chose est claire,
poursuivit la Flamme blanche. » On voit que pour Emhyr c’est un homme qui sera maître du monde, l’un de ses
descendants, évidemment !

Et les elfes, me direz-vous ? Avallac’h donne sa version à Geralt : « Pour ce qui est de nous autres, les elfes, Itlina est
plus catégorique: seuls ceux qui suivront l’Hirondelle seront sauvés. L’Hirondelle, symbole du printemps, est celle qui
ouvrira la Porte interdite, indiquera la route du salut. Et permettra la renaissance du monde. L’Hirondelle. L’enfant de
Sang ancien. » Est-ce de Ciri dont il parle ? Pas vraiment, comme il l’explique lui-même à Ciri : « Nous avons des
raisons de supposer que le descendant de Lara, et le tien, bien entendu, possédera des pouvoirs mille fois plus
puissants que ceux que nous possédons, nous, les Érudits. Et que tu possèdes, toi aussi, dans une version
rudimentaire. Tu vois bien sûr de quoi je veux parler, n’est-ce pas ? […] je veux parler de la possibilité de voyager
entre les deux mondes, mais pas uniquement de se déplacer soi-même : après tout, chacun de nous pris isolément n’a
que peu d’importance. Je parle d’ouvrir l’Ard Gaeth, la Grande Porte éternelle qui permettrait à tous de passer. Nous
voulons évacuer du monde en péril les Aen Seidhe qui y vivent. Nos frères, que nous devons aider. Tu comprends à
présent à quel point tu es importante. Le sort du monde dépend de toi. » Pour Avallac’h, c’est une lointaine
descendante elfe de Ciri qui aura le pouvoir ultime : celui d’ouvrir la porte des mondes qui permettra aux elfes captifs
dans les royaumes du Nord de changer de monde et d’échapper ainsi à la grande glaciation. Sauf qu’il ne lui dit pas
qu’en réalité ce qu’il veut surtout c’est que sa propre tribu, les Aen Elle, puisse enfin partir du monde dans lequel ils
sont prisonniers !

Voilà. J’espère que vous avez désormais une idée un peu plus claire de cette prophétie dont les différentes versions
ont donné aux acteurs majeurs de ces romans une raison impérieuse de s’emparer de Ciri : le pouvoir pour soi-
même (Vilgefortz), pour des raisons politiques (la Loge et l’empereur de Nilfgaard) ou pour voyager de nouveau à
travers les mondes (les Aen Elle).

Copyright
Le présent document est relatif aux livres d’Andrzej Sapkowski sur le sorceleur : Le Dernier Vœu, L’Épée de la Providence, Le Sang des Elfes, Le
Temps du Mépris, Le Baptême du Feu, La Tour de l’Hirondelle, La Dame du Lac.
Tous les livres sont ©Andrzej Sapkowski.

Les jeux The Witcher ont été développés par CD Projekt RED : The Witcher, The Witcher 2: Assassins of Kings, The Witcher 3: Wild Hunt.
Les jeux et l’image de couverture de ce document sont ©CD Projekt RED

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