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Environnement & Technique adhère au Centre Français du droit de Copie (CFC)

LE DÉFI

© leonidkos - stock.adobe.com
Rendre les réseaux d’eau
« intelligents »
Les perspectives ouvertes par les smart sm art grids
grids –- ces réseaux «« intelligents »»
initialement développés pour le secteur de l’énergie l'énergie –- s’offrent
s'offrent aussi au secteur
de l’eau. Celui-ci se
l'eau, ~®Il!llillc©l digitalise
~® ~ Î ~® ~ à ~@ill'ù@®
grande mlt~®9
vitesse, ©lW®Cçavec ~à illill
la ccll®~
clef 'QIDID®
une @ill[füffl(Q)lf@l@@ITù
amélioration
des ~~(Q)~(Ç~
@~ performances @~lf@l@@ opérationnelles
ITùIT\l®llll~ et la lf~@(Q)IT\l
®Î illill réalisation @V~(Q)IT\l(Q)lffiîill~o
d’économies.
Et de nombreuses implications sur les métiers. métiers,
PAR FANNY BÉNARD

1 2 3
Au sommaire

ENJEUX RÉALISATIONS DATAS


La digitalisation permet Les gestionnaires La mise en place d’un
de réagir rapidement aux de réseau s’emparent réseau « intelligent »
anomalies et de compiler des nouvelles solutions génère une masse
de l’information pour apportées par l’IA, qui énorme de données qui,
une optimisation de plus se greffent sur les sans traitement, n’ont
long terme. outils existants. pas de réelle valeur.

■■
— Pages 24 à 27 — Pages 28 à 31
■■ ••
— Pages 32 et 33

n° 391 • Juillet-Août 2023 Environnement & Technique 23


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1
ENJEUX

Optimiser la gestion
de l’eau grâce à
la digitalisation
Mieux connaître les réseaux d’eau d'eau
pour
pour gérer la la ressource
ressource de de la la façon
façon
la plus efficace qui soit, cela devient
une nécessité au regard des évolutions
climatiques.
climatiques. La La digitalisation
digitalisation porte porte
cette promesse d’une d'une connaissance
beaucoup plus fine, et donc d’une d'une
gestion
gestion optimisée
optimisée desdes infrastructures.
infrastructures.
À oolThmim@lTh
/A condition @v®ibr® d’être (ral)l»rulliill@
capable @v~Il@nlt®rr
d’exploiter
d’énormes masses de données.
@vffi(Q)miiliJ,@;@ ~ @® @(Q)lThlffi~
Utilisés pour relever le débit ou la pression, les capteurs traditionnels
sont de plus en plus souvent complétés par d’autres instruments - capteurs
acoustiques, physico-chimiques, caméras, objets connectés, etc.

lors que des pressions de plus en plus importantes fuite. Ces capteurs acoustiques viennent en complément

A
s’exercent sur la ressource, optimiser la gestion de l’eau est d’autres capteurs plus traditionnels, utilisés pour relever le
devenu l’une des priorités des acteurs de la filière et du gou- débit, la pression, etc., et repérer d’éventuelles fuites.
vernement. Et les réseaux d’acheminement et de distribution En France, le taux de fuites des canalisations est de 20 %, un
d’eau potable sont en première ligne, avec des communes qui chiffre constant depuis 2012. « La gestion patrimoniale n’a
misent de plus en plus sur les « smart grids » de l’eau, ou donc pas permis de réduire significativement les fuites [depuis].
« smart water » : des réseaux d’eau intelligents, ou plutôt en Pour autant, ce taux de fuite n’est pas anormalement élevé »,
gestion intelligente. L’objectif est de digitaliser les réseaux et souligne la Fédération professionnelle des entreprises de
collecter des données en temps réel, afin de connaître l’état l’eau (FP2E), rappelant que l e rendement est meilleur quand
des infrastructures en instantané, et accélérer la prise de le service couvre une population importante : sous la barre
décision. Sur le long terme, ces données permettent de de 50 000 habitants desservis, ce rendement est souvent
mieux comprendre les réseaux, de les visualiser et d’optimi- inférieur à 70 %, ce qui est « insuffisant ». L’enjeu aujourd’hui
ser leur utilisation. Une telle gestion permet aussi de est donc de continuer d’abaisser le taux de fuites – l’objectif
répondre à d’autres enjeux auxquels fait face la filière : trai- de 0 % étant probablement irréaliste.
tement et qualité de l’eau, coûts énergétiques…
Obtenir des informations plus ciblées
Garantir l’intégrité des réseaux Les quatre causes principales de fuites sont :
et optimiser la gestion de l’eau • l’âge des canalisations (facteur aggravant mais pas toujours
Un réseau dit « smart water » répond à deux objectifs princi- déterminant) ;
paux : maintenir l’étanchéité et l’intégrité des réseaux, via le • le type de canalisations ;
renouvellement de ceux-ci et via la détection et la réparation • la corrosion : interne (par l’eau qui circule), et externe (par
rapides des fuites – le plus souvent par des capteurs acous- l’humidité du terrain) ;
tiques apposés sur les tuyaux. Plus la densité de ces capteurs • le vieillissement des joints d’étanchéité entre les canalisa-
est élevée, plus on peut quantifier et localiser précisément la tions ou sur les branchements.

24 Environnement & Technique n° 391 • Juillet-Août 2023


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Rendre les réseaux d’eau


« intelligents »

© nordroden - stock.adobe.com

© Inrae
Avant, on ne connaissait [les fuites]
qu’à l’échelle d’un réseau entier.
Avec les nouveaux procédés, on a
de l’information sur les différents
secteurs, sur des zones plus petites

Eddy Renaud, spécialiste de la gestion patrimoniale et de la lutte contre


les fuites à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation
et l’environnement (Inrae)

1. COLLECTE 2. TRANSPORT 3. VALORISATION


• Capteurs physiques • Réseaux de communication • Systèmes d’information interopérables
• Capteurs chimiques classiques (GSM ou Wifi) • Référentiels SIG
• Capteurs physico-chimiques • Nouveaux réseaux de • Big data et datamining
communication basés sur
• Caméra de détection l’Internet des objets du
• Intelligence artificielle
• Robot d’inspection type Lora ou Sigfox • Outils de supervision, de modélisation,
• Objets connectés • Cybersécurité de traitement, de simulation
• Maintenance prédictive
• Utilisation de la blockchain
• Cybersécurité
LE PARCOURS DE LA DONNÉE
DANS UN RÉSEAU D’EAU « INTELLIGENT »

La détection des fuites se fait principalement la nuit, lorsque l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).
la consommation est faible. En général, une mesure est réa- Évaluer l’état des réseaux repose majoritairement sur l’ins-
lisée tous les quarts d’heure par un capteur, et les données tallation de capteurs à l’intérieur ou autour des canalisations.
rapatriées sur les serveurs de l’exploitant tous les jours. Il y a deux grandes familles d’équipements. D’une part, les
« Avant, on ne connaissait [les fuites] qu’à l’échelle d’un réseau compteurs qui mesurent les volumes d’eau (posés chez les
entier. Avec les nouveaux procédés, on a de l’information sur particuliers, ou sectorisés par quartier, par ville…) et qui per-
les différents secteurs, sur des zones plus petites », explique mettent donc la détection de pertes. D’autre part, les cap-
Eddy Renaud, spécialiste de la gestion patrimoniale et de la teurs spécifiques et complémentaires, pour un usage plus
lutte contre les fuites à l’Institut national de recherche pour précis, comme les capteurs acoustiques ou de qualité de l’eau. tt>

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Rendre les réseaux intelligents


est un nouveau défi pour les services de l’eau,
qui doivent désormais gérer des données
en quantités et des étapes de traitement multiples.

Selon Jean-Baptiste Vieren, directeur data science chez


Birdz, la masse de capteurs et d’informations récupérées est
telle qu’elle constitue une intelligence « embarquée » ou
« décentralisée ». Les capteurs interprètent localement cer-
taines mesures et peuvent les remonter au système infor-
matique centralisé. Plus rarement, ils peuvent enclencher
une action. En somme, « on sait de plus en plus vite ce qui se
passe, sur des zones de plus en plus restreintes », résume
Eddy Renaud. Une gestion intelligente permet donc de
réduire l’échelle spatiale et temporelle de détection et de
résolution des problèmes. Avec à la clef un retour sur inves-
tissement en généralement quelques années.

Gérer un grand nombre de données


Rendre les réseaux intelligents est un nouveau défi pour les
services de l’eau, qui doivent désormais gérer des données en
quantités et des étapes de traitement multiples. Il faut dans
un premier temps déchiffrer les messages, sachant qu’un seul
correspond à des dizaines de données, puis les dédoublonner
(un même message peut arriver par plusieurs passerelles).
Viennent ensuite le typage, le décodage (les données étant
très compressées), et un premier stockage relativement brut
de données codifiées de la même manière, dans un premier
entrepôt ou « data lake ». La « seconde couche de gestion, plus (environnementale, économique, réglementaire), pour en
intelligente », explique Jean-Baptiste Vieren, consiste à se extraire des informations par différents calculs. Une fois les
servir dans les données brutes et à sélectionner les plus per- données à sa disposition, l’exploitant peut ajouter les connais-
tinentes, c’est-à-dire celles ayant le plus de valeur sances dont il dispose sur son territoire.

SUIVRE LES ÉVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES

es technologies disponibles les capteurs en grande quantité et à un détection, de réactivité, de latence de

■L évoluent tellement rapidement


qu’il est parfois nécessaire de modifier
coût bien inférieur à ce qu’il était il y a
dix ou quinze ans, ce qui les rend plus
remontée et de fiabilité. « S’assurer
de la fiabilité [des données] peut se
le projet en profondeur au cours de sa accessibles pour les collectivités. Le révéler très complexe », commente
mise en œuvre, relève l’association coût d’acquisition de certaines données le chercheur. D’autant que face à la
Think Smartgrids. Il y a eu en effet un aussi a baissé, notamment pour les masse de données récoltées, le risque
« saut technologique » ces dix dernières capteurs de performance des réseaux et de mal interpréter ou de rater des
années, selon Franco Novelli, expert ceux de qualité de l’eau. En milieu urbain, éléments importants est plus élevé : il
technique Cycle de l’eau à la FNCCR. « tous les verrous technologiques est donc primordial de comprendre une
Les capacités de communication et sont levés », estime Eddy Renaud. variabilité parfois importante. Le taux
l’autonomie des capteurs ont augmenté. Mais il y a toujours une marge de de performance d’un réseau est basé
L’accent a été mis sur la miniaturisation, progrès. Si la transmission des données en majorité sur la qualité des données,
la fiabilité, et l’optimisation énergétique, peut toujours être perfectionnée, le celle-ci dépendant de la précision et de
avec un envoi d’informations au moment principal axe d’amélioration porte sur la robustesse des capteurs. Il faut donc
le plus opportun, estimé par le capteur. la performance de la récupération aussi connaître en temps réel la moindre
Il est désormais possible de déployer de données, en matière de délai de défaillance qui pourrait les affecter.

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Rendre les réseaux d’eau


« intelligents »

''
La masse de capteurs
et d’informations récupérées
est telle qu’elle constitue
une intelligence embarquée
ou décentralisée
© Birdz
Jean-Baptitste Vieren,
''
directeur data science chez Birdz

aussi des contraintes et des fragilités ». Le risque existe aussi


de déconnexion technique et de perte de savoir-faire par
rapport à l’infrastructure et au terrain, selon le chercheur.
Un réseau intelligent est « un outil de connaissance mais il
ne fait pas le travail ». Les moyens humains et techniques
pour l’analyse de données – et la réparation des fuites –
doivent suivre. Et « il faut savoir déterminer quand le projet

est arrivé à maturité, et ainsi s’arrêter ».
© John Cockerill

Associer connaissance du terrain


et gestion de données
Quelques points de vigilance

E
Une fois les données analysées, vient leur archivage. « La n équivalent temps plein (ETP), la filière de l’eau représente
donnée n’a pas le même intérêt pour tout le monde », rap- 124 000 emplois en 2020 pour une centaine de métiers.
pelle Eddy Renaud : si les données historiques sont intéres- 500 postes sont non pourvus chaque année, et 13 000
santes pour les chercheurs, c’est rarement le cas pour les nouvelles embauches (ETP) seront nécessaires d’ici 2025,
régies. En outre, chaque service a des objectifs et donc des calcule la FP2E. Pour accélérer la numérisation du secteur, des
besoins différents. La durée de conservation dépend aussi compétences spécifiques et de nouveaux profils sont recherchés,
du type de données – ainsi que de certains aspects régle- tout particulièrement en gestion des données : codeurs, data
mentaires, comme les délais de rétention ou de contesta- scientists, data analysts, (big) data engineering, ingénieurs
tion – mais tourne en général autour de trois ans. Le qualification, intégrateurs de données… Dans ce contexte, les
stockage, qui concerne des « volumes énormes », engendre profils opérationnels et capables de comprendre les données dans
un coût matériel, mais surtout beaucoup d’organisation : il leur environnement, avec les enjeux associés, sont d’autant plus
faut « stocker intelligemment », et pour cela réfléchir à la recherchés. « Ce sont par ailleurs des métiers où, en permanence,
question le plus en amont de la mise en œuvre du projet. il faut se former aux évolutions technologiques », souligne
Au moment de classer les données, il y a aussi un choix à Jean-Baptiste Vieren, directeur data science chez Birdz. Pour
opérer : soit le résultat, c’est-à-dire la donnée traitée et figée, Franco Novelli, expert technique Cycle de l’eau à la FNCCR
est archivé ; soit le calcul est « rejoué » pour traiter la don- (Fédération nationale des collectivités concédantes et des régies),
née brute chaque fois que nécessaire. Une solution moins si le secteur reste assez attractif avec une certaine diversité de
gourmande en stockage, mais plus contraignante en métiers, les communes et les opérateurs ont du mal à recruter. Les
matière de vigilance sur la répétabilité. mêmes compétences de gestion de données sont en effet
Autre point de vigilance mis en avant par Eddy Renaud : le demandées dans d’autres secteurs (industrie, énergie) qui attirent
risque de suréquipement, surtout en capteurs acoustiques. davantage les jeunes diplômés. Les métiers de l’eau gagneraient
Un réseau est « très efficace pour cibler plus vite [les pro- donc à être valorisés. Même si « beaucoup de jeunes considèrent
blèmes], mais plus on les développe, plus on est obligé de qu’il n’y a pas de défi [dans ce secteur] » (les infrastructures ne
gérer des infrastructures et toute une logistique. [Les cap- sont pas visibles et sont donc méconnues), les enjeux montants de
teurs] rendent donc beaucoup de services mais ils génèrent sécheresse, de pollution ou encore de qualité de l’eau parviendront
peut-être à provoquer un regain d’intérêt.

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2
RÉALISATIONS

Gérer sur un vaste territoire


des usages multiples
de la ressource
Si les ouvrages de la Société du canal de SCP a depuis longtemps une tradition assez forte en la
matière, notamment pour ce qui est supervision, télégestion,
Provence (SCP) sont en gestion numérique et régulation dynamique », explique Frédéric Bonnadier,
depuis longtemps, ce n’estn'est pas le cas des points directeur du projet. Les ouvrages de transport (canal, stations
de distribution au client fi Un ]9llf@]@lt
nal. 1WIIB
final. projet o@vise de pompage, canalisations, réservoirs, barrages…) sont déjà
gérés à distance. En revanche, si la consommation est connue
à remédier à la situation, avec de nombreux
~ lf@TI@Ü@lf ~ Il.@ ~D:ti@@Iffi;, @lW®«; @@ Iffi@llml@lf@~
en tête des réseaux, ceux-ci étaient jusqu’à présent peu ins-
avantages ffi
@W@Iffi~~ en ]9l@lf~W®o
perspective. trumentés au niveau des 66 000 points de livraison au client
final. Il n’y avait donc pas de mesure en bout de chaîne,

L
a Société du canal de Provence (SCP) gère un réseau d’eau excepté des relevés annuels : la SCP avait ainsi une connais-
avec des cas d’usages variés – du domestique à l’irrigation sance très restreinte du fonctionnement et de l’usage du
en passant par l’industriel – et des besoins grandissants, réseau. Un des volets du projet Reimu est donc le déploie-
sur un territoire incluant une grande partie des quatre ment de compteurs communicants.
départements suivants : Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse,
Alpes-de-Haute-Provence. 100 000 compteurs en 10 ans
Au travers du programme Reimu – pour « Réseaux d’eau La phase pilote a débuté en 2020 et s’est terminée début
intelligents multiusages » –, la SCP compte s’appuyer sur le 2023 : « Le but était de se frotter aux nouvelles technologies,
numérique pour optimiser la gestion et la performance de de tester des solutions, d’expérimenter, d’installer des solu-
ses infrastructures de distribution. Le projet, soutenu par le tions intermédiaires, pour ensuite converger vers des solu-
Fonds européen de développement régional (Feder), coor- tions pérennes, les mettre en place, et enfin basculer vers
donne et met en cohérence différentes initiatives menées un déploiement à l’échelle de la concession. » La deuxième
au sein de la SCP : radio-relevés, relevés de compteurs com- phase vise donc l’installation, d’ici 10 ans, de 100 000 comp-
municants, services orientés vers l’agriculture… qui ont teurs communicants sur l’ensemble du périmètre couvert,
donc été rassemblés au sein de ce « macro-projet ». en urbain, périurbain et rural. Environ 8 500 boîtiers ont
« On ne part pas de rien en matière d’usage numérique : la pour le moment été installés.

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Rendre les réseaux d’eau


« intelligents »

© SCP
© Sebastien Xaxa
Avec des agronomes, la Société du canal
de Provence (SCP) conseille les agriculteurs
en matière d’irrigation : une maîtrise plus fine
de la consommation permettra de faire
évoluer les contrats.

LA SCP EN CHIFFRES

210 km d’ouvrages
de transport gérés,
dont le canal de Provence
10 centres
d’exploitation

5 600 km
50 000
clients desservis, dont
de canalisations gérées 6 000 exploitants agricoles,
37 000 particuliers,
2,7 milliards d’euros
de patrimoine
1 800 industries et entreprises,
et 170 collectivités représentant

83 stations
de pompage
près de 2 millions d’habitants
(environ 40 % de la population
en région Sud-Paca)

Pour les clients, ces compteurs riment avec nou- l’ancienneté diverse de nos réseaux, et des zones
© SCP

veaux services : suivi de la consommation, confi- plus fuyardes que d’autres, nous avons besoin
g u rat i o n p e r s o n n a l i s é e d ’a l e r t e s d e de données plus fréquentes pour un suivi plus
surconsommation selon un dépassement de rapproché et réactif », et d’une meilleure évalua-
seuil sur une période choisie par l’usager (jour, tion des besoins en renouvellement.
semaine, mois, etc.). De façon systématique, la
SCP signale également aux clients toute suspi- L’IA intégrée aux nouveaux outils
cion de fuite, tout en sensibilisant à la sobriété. Aidée d’un prestataire, la SCP a développé une
Un travail qui est aussi réalisé auprès des exploi- plateforme big data de données sur un cloud,
tants agricoles : avec des agronomes, la société nouveauté pour elle. « C’est le cœur numé-
qui gère le canal de Provence conseille les agri-
Le croisement une rique du projet », selon Frédéric Bonnadier. L’ob-
culteurs en matière d’irrigation – une maîtrise de données jectif : disposer d’une plateforme entièrement
plus fine de la consommation permettra de faire multidisciplinaires maîtrisable, sécurisée, évolutive, dans une
évoluer les contrats. optique de valorisation des données. « L’archi-
La SCP compte ainsi optimiser l’exploitation et nous apporte tecture data-centric de cette plateforme doit
le suivi de ses réseaux. Et les gains attendus beaucoup pouvoir suivre le déploiement et nous per-
sont nombreux : une performance opération-
nelle accrue ; une meilleure réactivité en cas
de détection d’anomalie ; ou encore une meil-
leure conception des réseaux (dimensionne-
Frédéric Bonnadier,
directeur
du projet Reimu
''
mettre de développer des services. »
Les nouveaux objets connectés – qui, outre les
compteurs communicants, se comptent en
quelques milliers à l’heure actuelle mais jusqu’à
ment des nouveaux ou extension de ceux existants). 70 000 à terme – complètent le patrimoine de données exis-
D’autres cas d’usage commencent à être mis en œuvre tant, qui est également corrélé avec les données extérieures,
comme un suivi plus fréquent des rendements, qui n’était comme celles d’observation et de prévision météorologique.
réalisé qu’une fois par an. Ces rendements sont déjà connus Le tout est « ingéré » par la plateforme et son intelligence arti-
en partie mais « compte tenu de l’ampleur du périmètre, de ficielle. À l’avenir, d’autres types de capteurs seront installés, tt>

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t:t> notamment pour détecter les fuites et suivre la qualité de reconstruction. Cela permet à la SCP de compenser les éven-
l’eau. Le projet se veut donc transversal : « Le croisement de tuels ratés des capteurs, dont la fiabilité n’est pas totale, et d’ex-
données multidisciplinaires nous apporte beaucoup », appuie trapoler les données manquantes. L’autre possibilité est de
Frédéric Bonnadier. reconstituer des profils de consommation probable sur des
Une modélisation analytique du réseau a été réalisée sous la réseaux non équipés de compteurs communicants. Enfin, cet
forme d’un jumeau numérique, outil peut faire du clustering,

© SCP
de façon à effectuer des simula- c’est-à-dire regrouper les postes
tions fines. Deux outils pré-opé- de livraison d’eau par similari-
rationnels ont de surcroît été tés de c omp ortements de
conçus. Le premier, Reimu Fore- consommation.
caster, est un outil de prévision Le projet se poursuit et la SCP
de la consommation, permet- se réserve une marge de pro-
tant d’améliorer la régulation grès : « Nous sommes bien
dynamique du canal de Pro- conscients que ce qui est mis
vence. Après des tests sur des en place devra évoluer, avec
zones ciblées et une phase d’ap- éventuellement d’autres
prentissage, il est désormais proto c oles. Les s olutions
exploitable de manière opéra- déployées ont été éprouvées,
tionnelle. mais nous restons ouverts
Le second outil, Reimu Explorer, pour suivre toute évolution
exploite les données fines issues technologique », affirme Frédé-
des compteurs communicants, ric Bonnadier.
les conjugue à d’autres données
(météorologiques, environne-
mentales, typologies de cultures Le projet Reimu prévoit l’installation
irrigué es) et effe ctue une de 100 000 compteurs sur 10 ans.

© SCP
L’ARCHITECTURE REIMU

Services
Gestionnaire
~ .. ;-·:-{ ; .- ■-
Plateforme de
SCP • ■_:. m11 m1u,11m1m11
1
données Cloud
;-,
Objets Re i mu
connectés

30 Environnement & Technique n° 391 • Juillet-Août 2023


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Rendre les réseaux d’eau


« intelligents »

2RÉALISATIONS

L’IA au service
de la supervision
Les
Les services
services d’eau
d'eau se tournent de
se tournent de plus
plus en
en
plus
plus vers
vers l’intelligence
l'intelligence artifi cielle (IA)
artificielle (IA) pour
pour
optimiser
optimiser la la gestion
gestion de de leur
leur réseau
réseau etet
anticiper
anticiper lesles problèmes.
problèmes"<CV~C’est Il@
le choix
oo@m%
de ll@:l
@® la rr~®
régie lli'@1lll
Eau @® de Valence pour ses
V@illmœ )y@m ~ Dans une salle de contrôle, les agents
réceptionnent et analysent les données © Saur France
stations
~iliî@m @® de )y@W~®o
pompage. remontées par les différents capteurs.

ans la Drôme (26), la régie Eau de Valence s’est dotée d’une longtemps, « tout en gardant une autonomie suffisante de plu-

D
intelligence artificielle (IA) afin d’optimiser le fonctionnement sieurs heures a minima en cas de rupture de conduite, avec le
de ses aires de pompage en fonction des heures creuses ou déclenchement de systèmes de secours d’interconnexion ».
pleines et, de cette façon, réaliser des économies. « Le pom- Le déploiement de l’IA est progressif et s’opère pour le moment
page était déjà plus ou moins optimisé selon les heures grâce à exclusivement en milieu urbain – là où la consommation est la
un système d’automatisme, mais il n’était pas adapté aux plus importante, l’intérêt étant minime en milieu rural. Le pre-
besoins journaliers et ne permettait pas de les anticiper », mier groupe usine de pompage-réservoir a été rendu opération-
explique Rémi Paulin, responsable Production, maintenance nel en novembre dernier, en une semaine, avec seulement
et informatique industrielle. Eau de Valence a donc fait le pari quelques modifications réalisées sur les télégestions connectées
de l’IA et en ressort satisfaite : les gains financiers depuis qu’elle aux capteurs déjà en place. Depuis, au rythme d’un par mois, ce
l’utilise sont d’environ 1 500 euros par semaine. « Le gain n’au- sont sept groupes qui ont été équipés d’un pilotage par l’IA,
rait pas été aussi conséquent sans l’explosion des factures sachant que cette dernière nécessite une courte phase d’appren-
d’énergie », nuance toutefois Rémi Paulin, qui parle même tissage avant d’être opérationnelle. À terme, Eau de Valence
d’économies plutôt que de véritables gains. La régie a égale- compte se doter de vannes d’interconnexion afin d’assurer la
ment calculé la nouvelle empreinte carbone du fonctionne-
ment en heures creuses. Résultat ? -136 kg de CO2 par semaine.
coordination entre les différents groupes.

Le réseau a son jumeau numérique
Un jumeau numérique a été modélisé afin de définir et d’anti-
ciper les besoins en eau dans le temps de chaque secteur. L’IA
est connectée via ADSL aux capteurs – le réseau est « assez bien

L
évolué » sur ce point, selon Rémi Paulin. Elle enregistre les don- a partie informatisée
nées transmises, sécurisées par un VPN, et peut ensuite les devient une grosse partie
analyser pour définir les besoins de pompage. Le tout est « cor- du métier » , explique
© DR

rélé avec des données externes (pluviométrie, température) qui Rémi Paulin, responsable Production,
ont de grandes conséquences » sur le réseau d’eau potable. maintenance et informatique industrielle chez Eau de
En cas d’anomalies, par exemple au démarrage des pompes, Valence. Et « le service est structuré autour de ces
l’IA stoppe sa supervision et le système retourne au fonction- nouvelles compétences ». Au début, le travail concernait
nement classique, en automatisme. Le même principe s’ap- principalement la maintenance mécanique ou
plique quand la communication entre l’automate et l’IA se électromécanique. Désormais, « on a besoin de former les
perd, au bout de trois minutes. L’IA peut aussi détecter des agents déjà là, ou bien de recruter de nouveaux agents avec
problèmes et enclencher une alarme, si elle repère une ano- des compétences en informatique et en automatisme, que
malie au niveau de la consommation d’eau, de la consomma- l’on n’avait pas du tout avant ». L’équipe de Rémi Paulin est
tion électrique sur une pompe, du débit, des niveaux, etc. ainsi formée notamment d’un agent en informatique
Ce nouvel outil s’inscrit également dans une optique d’amélio- industrielle/automatisme, d’un agent alternant en
ration de la qualité de l’eau : l’idée consiste en un renouvelle- informatique et cybersécurité, et de trois électromécaniciens..
ment plus fréquent dans le réservoir, où l’eau stagne moins

n° 391 • Juillet-Août 2023 Environnement & Technique 31


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LE DÉFI

3DATAS
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Gérer les données


des infrastructures
Face au volume de plus en plus conséquent de données à traiter, Eau 17,
qui assure les services d’eau s’est 1t@\lfilITIB@
d'eau en Charente-Maritime, i~ tourné ~ vers 1lfilffi
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e syndicat mixte Eau 17 gère l’eau potable (production, stoc- « Les données récoltées, de l’ordre de plusieurs dizaines de

L
kage et distribution) et l’assainissement de plus de 400 com- milliers par an, sont celles de suivi de niveau d’eau dans
munes en Charente-Maritime. Il y a une dizaine d’années, il les forages, de volume d’eau pompée sur captage, de qua-
a adopté une nouvelle solution de suivi de la ressource au lité de l’eau, et des données patrimoniales des installations,
niveau de ses infrastructures (ouvrages, forages, installa- dont certaines datent des années 1980 », explique Arnaud
tions de traitement et de stockage) grâce à un logiciel de la Bernard, responsable de la cellule suivi hydrogéologique et
société Aquasys. Les besoins étaient multiples : première- chef de projet PGSSE (Plan de gestion de la sécurité sanitaire
ment, centraliser toutes les données dans une base, car Eau des eaux). Ces données sont récupérées auprès de chaque
17 employait auparavant des solutions classiques de type fournisseur (exploitant, organisme de contrôle qualité,
fichier Excel, « pratiques mais pas communicants », aux dires laboratoire), et intégrées de manière automatique dans le
de Philippe Ardouin, Directeur des systèmes d’information logiciel. Celui-ci en optimise le stockage et aide à leur ex-
(DSI). Il fallait aussi confronter et analyser les données, ploitation. « On peut identifier les écarts, notamment par
établir des repères dans les historiques, et partager avec rapport à l’historique, et les manques de données. Le logiciel
d’autres utilisateurs en interne. a une fonctionnalité intégrée pour modifier les données

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© Aquasys – guteksk7 - stock.adobe.com

Le logiciel adopté par Eau 17 permet en premier lieu


de centraliser toutes les données du réseau dans une base.

32 Environnement & Technique n° 391 • Juillet-Août 2023


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CAPRON AGNES - EGIS SA
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Rendre les réseaux d’eau


« intelligents »

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Le point sur l’étude « Valorisation
des données de l’eau potable »
Hydreos, pôle de la filière Eau du Grand Est,
accompagne ses adhérents – entreprises,
laboratoires, collectivités, bureaux d’études
– sur le montage de projets innovants
dans le domaine de l’eau : recherche de
© Julien Eichinger - stock.adobe.com partenariats, de financements, réponse
aux appels à projets, etc.
Entretien avec Louise Poupeney,
© Hydreos

chargée de mission Eau & Numérique


et les consolider », détaille Arnaud Bernard. Autre avan- chez Hydreos
tage : tout est calqué sur la normalisation Sandre (Service

Q
d’administration nationale des données et référentiels sur uelle est l’origine de charge de 1 000 à 600 000 abonnés.
l’eau), un format d’échange avec les autres organismes qui cette étude ? La troisième et dernière partie
est normalisé, pour plus de fiabilité. Suite à un besoin commun de cette étude visait à réunir des
Les gains se situent donc au niveau du calcul de valeur et remonté par nos adhérents en acteurs de l’eau autour d’ateliers de
de l’optimisation des processus métiers. « Si c’était encore 2021, nous avons décidé de mener prospective, afin qu’ils échangent
fait manuellement, ce ne serait probablement plus envi- cette étude(1) qui porte sur la entre eux sur un sujet donné.
sageable », observe Philippe Ardouin. Le logiciel « facilite valorisation des données de l’eau
aussi considérablement la visibilité, et potentiellement potable au sein des collectivités. Quels sont les premiers résultats
même la prise de décision ». Selon Arnaud Bernard, une que vous en tirez ?
Des entreprises demandent aussi
telle supervision permet également de réduire la fré- Plusieurs objectifs poussent les
à mieux connaître les pratiques
quence des interventions, tout en offrant une « vision plus collectivités à collecter des données
des collectivités à ce sujet, afin
précise des choses sans se déplacer de manière régulière », sur leur réseau d’eau. Premièrement,
de proposer à ces dernières des
et en temps réel. elles le font dans une démarche
solutions répondant à leur besoin.
« Il y a des axes de consolidation assez récurrents et tant d’optimisation des opérations sur leurs
mieux, c’est de l’amélioration continue », admet Philippe infrastructures. Ensuite, il y a l’enjeu
En quoi consiste-t-elle ?
Ardouin. Ainsi, un des principaux défis est d’arriver à faci- du respect de la réglementation. Enfin,
Elle est divisée en trois parties. Une
liter l’interprétation d’un volume grandissant de données, elles souhaitent mieux comprendre le
première porte sur un état de l’art,
qu’il faut en outre analyser plus profondément et croiser fonctionnement de leur réseau.
c’est-à-dire des projets, des solutions,
avec d’autres types d’informations. Celles issues de l’open Les collectivités ont en effet de
et des retours d’expériences.
data sont ainsi consultées « à intervalles de temps réguliers multiples outils à leur disposition.
Une deuxième partie a consisté
pour avoir un regard plus large sur notre fonctionnement ». Pour une gestion plus facile de la
à mener des entretiens avec des
« C’est le chantier de demain », prévoit Philippe Ardouin. quantité de données fournies, ces
collectivités, auprès de 29 participants :
« Au-delà de l’opérationnel, [le défi] est d’être dans une outils doivent être interopérables.
capacité à monter d’un cran, et dans la prospective et 10 d’entre eux ont participé à des
entretiens semi-directifs, et les autres Or, actuellement un des freins à leur
l’anticipation », ajoute-t-il. Eau 17 travaille ainsi à l’amé- développement et à leur utilisation,
lioration de l’interface réseau et de son interconnexion ont répondu à un questionnaire en
ligne. Il s’agissait de savoir comment c’est que la gestion des données se
avec d’autres logiciels afin, notamment, d’acquérir plus fait beaucoup en silo : chaque service
s’opère la collecte de données (qualité,
de données.
• comptage, gestion patrimoniale, dispose des données nécessaires pour
son activité, mais celles-ci ne sont
recherche de fuites, clients), dans

''
Le logiciel facilite
considérablement
la visibilité, et
potentiellement même
quel but, dans le cadre de quels
projets, avec quelle(s) personne(s)
référente(s) et, le cas échéant, quelles
problématiques particulières. Les
collectivités participantes se trouvent
majoritairement dans la région Grand
pas croisées entre les services. Il y
a pourtant une réelle utilité : cela
permet de contextualiser la donnée
et donc de la valoriser. Il faut donc
mettre en avant les pratiques des
collectivités afin que les apporteurs
Est, mais pas uniquement : il y en de solutions se penchent sur leurs
la prise de décision problématiques – et c’est tout l’enjeu
Philippe Ardouin,
'' a de toute la France, réparties dans
10 régions. Elles fonctionnent selon
des modes de gestion différents (mixte,
de cette étude.

© Eau 17

Directeur des systèmes 1. L’étude complète est disponible à la


d’information (DSI) de Eau 17 en régie, en délégation), et ont à leur commande depuis le 30 juin 2023.

n° 391 • Juillet-Août 2023 Environnement & Technique 33

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