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ADEMESTRATÉGIE #64 SEPTEMBRE 2022

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L’ÉDITO “ L’Arcep et l’ADEME :
SOMMAIRE une collaboration
pour un numérique
DATA Laure de La Raudière, soutenable ”
Quels sont les impacts présidente de l’Arcep
du numérique ?
2
Alors que nous avons tous à l’esprit les montré que l’impact environnemen-
déplacements évités grâce aux outils tal du numérique devait tenir compte,
DOSSIER numériques, l’immatérialité d’In­ternet au-delà des émissions de gaz à effet
À quelles conditions agit comme un écran d’invisibilité sur de serre, de l’épuisement des
le numérique le coût environnemental que son ressources en minéraux et en métaux
usage représente. La croissance du nécessaires à la fabrication des équi-
peut-il favoriser trafic « entrant » de plus de 25 % par pements numériques. Elle confirme
la transition an, l’augmentation des capacités des que les terminaux (écrans et télévi-
écologique ? réseaux ou des centres de données, seurs majoritairement) sont les prin-
4 ou encore le renouvellement rapide cipaux contributeurs avec une part
et le faible recyclage des terminaux de 65 à 90 % de l’impact selon l’indi-
mobiles, écrans, ordinateurs ou télé- cateur environnemental considéré.
ZOOM viseurs sont des sujets préoccupants. Une démarche d’étude multicritère
Méthodologie de C’est pourquoi le gouvernement a et par cycle de vie des produits
l’étude sur l’évaluation confié à l’ADEME et à l’Arcep en 2021 s’avère donc adaptée, et les travaux
de l’impact une mission pour mesurer l’empreinte se poursuivent en ce sens.
environnemental environnementale du numérique en L’Arcep et l’ADEME sont aujourd’hui
du numérique France, afin de définir in fine des leviers pleinement mobilisées pour apporter
d’action pour une meilleure prise en aux acteurs et aux consommateurs
8 compte des enjeux environnemen- une connaissance fine des enjeux, les
taux par les acteurs du numérique. invitant ainsi à adopter à des compor-
Publiée en janvier 2022, l’étude a tements vertueux. •
DATA

QUELS SONT LES IMPACTS


DU NUMÉRIQUE ?

1 168  MILLIONS D’ÉQUIPEMENTS TERMINAUX


ET OBJETS COMMUNICANTS
dont 7
 0 MILLIONS DE SMARTPHONES,
35 MILLIONS DE TABLETTES,
106 MILLIONS D’ÉCRANS ET TV

→ 6,937 exaoctets → 16,9 Mt


transmis sur les réseaux fixes et mobiles
(1 exaoctet = 1 milliard de Go) équivalent CO2 soit 2,5 % des
émissions de GES nationaux répartis
entre :
• les terminaux (80 %)
→ La production sur l’ensemble
du cycle de vie de
• les datacenters (15 %)
• les réseaux (5 %)

20 MÉGATONNES
DE DÉCHETS
→ 2,5 %
→ 55 %
de l’empreinte carbone de la France est
concernent les usages liée au numérique. C’est un peu plus
grand public, 45 % les usages professionnels. que le secteur des déchets.

10 % DE LA CONSOMMATION
ÉLECTRIQUE ANNUELLE vient des services
numériques.

7/7 Cela représente pour chaque Français :

48,7 TWh → l’équivalent de la consommation électrique


d’un radiateur de 1000 W alimenté sans interruption
C’est la consommation
électrique annuelle des pendant 30 jours ;
équipements numériques
en France. → le même impact environnemental qu’un trajet
de 2 259 km parcouru en voiture.

Source : étude 2022 ADEME-Arcep sur l’impact du numérique en France.

02 AD E M E ST R AT ÉG I E
DATA

62,5
MILLIONS
DE TONNES
78 % DE L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL
DU NUMÉRIQUE sur les émissions de gaz à effet de serre est
DE RESSOURCES lié à l’étape fabrication. Celle-ci nécessite une extraction importante
sont utilisées par an pour de métaux stratégiques et est surtout effectuée dans des pays au mix
produire et utiliser les énergétique fortement carboné.
équipements numériques.

Un smartphone comprend environ 50


MÉTAUX DIFFÉRENTS,
et ON NE SAIT EN RECYCLER QUE 10 (si le smartphone est
collecté).

PART DES INDIVIDUS UTILISANT LES ÉQUIPEMENTS


ÉMERGENTS
66 % 88 %
76 %
ordinateur

73 % 84 %
smartphone 77 %
16 %
des Français possèdent
24 % 71 % au moins un objet connecté.
téléphone fixe 59 %

26 % 58 %
tablette 41 %

10 % 24 % 9 %
des Français possèdent
11 %
enceinte connectée une enceinte connectée
2019 2020 usage quotidien avec assistance vocale.

A DEMESTR ATÉG I E 03
DOSSIER

À QUELLES CONDITIONS
LE NUMÉRIQUE PEUT-IL FAVORISER
LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ?
La dernière décennie a vu l’essor du numérique : matériels, applications, services…
Or l’augmentation du numérique s’accompagne de l’augmentation significative des
pressions sur l’environnement et les ressources. À quelles conditions le numérique
peut-il favoriser la transition écologique ?

L e numérique représenterait en 2019 3 à 4 %


des émissions de gaz à effet de serre (GES)
dans le monde et 2,5 % de l’empreinte car-
40 kilotonnes de platine, soit environ 600 fois la demande
annuelle actuelle de l’UE.

bone au niveau national sur l’ensemble du cycle de vie ÉVALUER LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
des services numériques (de la fabrication, la distribution, DU NUMÉRIQUE
l’utilisation, jusqu’à la fin de vie, selon l’étude ­ADEME-Arcep Le gouvernement a confié, le 6 août 2020, la réalisation
de 2022). En outre, selon le rapport de la mission d’infor- d’une étude conjointe à l’ADEME et à l’Arcep sur l’évalua-
mation sur l’empreinte environnementale du numérique tion de l’impact environnemental du numérique en France.
du Sénat, l’empreinte carbone de celui-ci pourrait aug- L’étude a été réalisée par un consortium composé de
menter de manière significative si rien n’est fait pour la Deloitte, NegaOctet et IDATE. L’article page 8 détaille la
limiter (+ 60 % d’ici à 2040, soit 6,7 % de l’empreinte car- méthodologie utilisée pour la réalisation de cette étude.
bone nationale).
Au-delà des impacts environnementaux liés à la consom-
Par ailleurs, le numérique consomme beaucoup de ma- mation énergétique (incluant entre autres l’empreinte
tières premières : palladium, gallium, tantale, terres rares, carbone, les radiations ionisantes et l’épuisement des
dont d’autres secteurs vont aussi avoir de plus en plus ressources fossiles qui décrivent environ 64 % de l’impact)
besoin. La sobriété va donc être un facteur déterminant qui sont des impacts communs à de nombreux secteurs,
pour le numérique et ses applications dans l’avenir. l’épuisement des ressources naturelles (minéraux et mé-
taux) ressort comme un critère pertinent pour décrire (de
LA CONSOMMATION DE MATIÈRES PREMIÈRES l’ordre de 27 %) l’impact environnemental du numérique.
L’industrie des technologies numériques est dépendante
d’une gamme d’éléments de plus en plus large, permet- L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU NUMÉRIQUE
tant d’obtenir les propriétés électroniques, magnétiques, NE SE LIMITE PAS À SON EMPREINTE CARBONE
optiques ou mécaniques souhaitées pour les puces et les L’étude menée par l’ADEME et l’Arcep évalue l’impact en-
dispositifs, et qui dépendent de la disponibilité de cer- vironnemental du numérique en France pour la première
taines matières premières. fois via 12 indicateurs environnementaux : épuisement
La Commission européenne a publié un rapport sur les des ressources abiotiques (fossiles, minérales et métaux),
matières premières critiques1 pour les technologies et acidification, écotoxicité, empreinte carbone, dont GES,
secteurs stratégiques dans l’UE explicitant la sensibilité radiations ionisantes, émissions de particules fines, créa-
de plusieurs technologies, secteurs et chaînes d’approvi- tion d’ozone, matières premières, production de déchets,
sionnement à ces matières premières critiques. Cette consommation d’énergie primaire, consommation
étude montre que la consommation européenne de d’énergie finale.
nombreux métaux et terres rares va augmenter d’ici à
2035, en particulier palladium, gallium, dysprosium et L’étude se base sur trois « briques matérielles » que sont les
néodyme. Ainsi, la consommation de palladium pour les terminaux, les réseaux et les centres de données. Elle confirme
smartphones et les ordinateurs, qui représentait 12 % du que les terminaux sont à l’origine de l’essentiel des impacts
stock en 2015, devrait croître à 17 % en 2035. Quant à la environnementaux du numérique (de 65 à 90 %), pour tous
consommation de tantale, de 80 % de la consommation les indicateurs environnementaux, suivis des centres de don-
européenne pour ces mêmes usages, elle devrait nées (de 4 à 20 %) puis des réseaux (de 4 à 13 %).
atteindre 110 % en 2035. En outre, on peut estimer que le
stockage de la sphère de données mondiale prévue pour Les terminaux, qui regroupent de nombreux équipements
2025 nécessiterait jusqu’à 80 kilotonnes de néodyme, soit différents tels que les ordinateurs fixes et portables, les
environ 120 fois la demande annuelle actuelle de ce ma- tablettes, les smartphones, les téléphones fixes, écrans
tériau dans l’UE. L’utilisation de technologies émergentes d’ordinateurs, téléviseurs, rétroprojecteurs, Box TV,
telles que la RAM ferroélectrique2 nécessiterait jusqu’à consoles de jeux vidéo de salon et portables, représentent

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DOSSIER

Raw materials in digital technologies (Les matières premières dans les technologies numériques)
Disponible en anglais uniquement

Source : Critical Raw Materials for Strategic technologies and Sectors in the UE, 2018.

a minima 65 % des impacts et jusqu’à plus de 90 % pour services considérées. Cela confirme l’importance de po-
l’épuisement des ressources abiotiques naturelles (métaux litiques visant à allonger la durée d’usage des équipe-
et minéraux). La catégorie « écrans et matériel audiovisuel » ments numériques à travers la durabilité des produits, le
emportent la majorité des impacts pour tous les indica- réemploi, le reconditionnement, la mutualisation, la so-
teurs considérés (suivi de la catégorie « ordinateurs »). briété, l’économie de la fonctionnalité ou la réparation.
Suivant les indicateurs considérés, la phase d’utilisation
Concernant les centres de données, ce sont les serveurs peut aussi représenter le vecteur principal d’impact en-
en particulier, et le stockage dans une moindre mesure, vironnemental du numérique, majoritairement dû à la
qui génèrent le plus d’impact sur l’épuisement des res- source de production d’électricité (jusqu’à 80 % pour
sources abiotiques naturelles (métaux et minéraux) et l’épuisement des ressources abiotiques naturelles [fos-
l’empreinte carbone. siles] et les radiations ionisantes).
Enfin, les réseaux représentent, quant à eux, de l’ordre de
5 % des impacts environnementaux du numérique pour L’IMPACT DE PRODUITS RECONDITIONNÉS
l’empreinte carbone et l’épuisement des ressources abio- Face aux défis environnementaux posés par la numérisa-
tiques naturelles (minéraux et métaux) et un peu plus de tion croissante de la société, le réemploi des équipements
10 % pour l’épuisement des ressources fossiles et les ra- présente un réel intérêt.
diations ionisantes. Bien que ce marché soit plus réduit que celui du neuf, le
marché des équipements et principalement des smart-
Cette répartition d’impact ne doit pas occulter la dimen- phones reconditionnés est en forte croissance ces der-
sion écosystémique du numérique : l’interdépendance nières années.
entre terminaux, réseaux et centres de données créée par
les usages doit être prise en compte dans l’élaboration de 1. COM(2020) 474 final, « Résilience des matières premières
critiques : la voie à suivre pour un renforcement de la sécurité et
politiques publiques concernant le sujet de l’impact en- de la durabilité » (https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/
vironnemental du numérique dans son ensemble. Tous HTML/?uri=CELEX:52020DC0474&from=EN)
les acteurs de l’écosystème doivent prendre leur part 2. « La mémoire ferroélectrique à accès aléatoire (FRAM ou FeRAM) est
pour un numérique soutenable. un type spécialisé de support de stockage de données à l’état solide pour
les applications informatiques. Elle diffère de la RAM courante utilisée
par la plupart des ordinateurs personnels en ce qu’elle est non volatile,
L’étude met également en évidence que la fabrication c’est-à-dire qu’elle conserve les données qui y sont stockées lors de la
concentre souvent jusqu’à 100 % de l’impact environne- mise hors tension du périphérique, ce qui n’est pas le cas de la mémoire
mental de toutes les étapes du cycle de vie des biens et RAM dynamique standard (DRAM). » Source : www.netinbag.com

A DEMESTR ATÉG I E 05
DOSSIER

Le reconditionnement permet d’allonger la durée d’usage


des produits et de réduire ainsi les impacts environne-
mentaux.

L’étude sur l’évaluation de l’impact environnemental d’un


ensemble de produits reconditionnés, dont la synthèse
intermédiaire concerne le smartphone,3 évalue et analyse
les impacts environnementaux engendrés par le recondi-
tionnement de smartphones et évalue les gains environ-
nementaux associés à l’utilisation de produits recondi-
tionnés par rapport à des produits neufs.

En moyenne, faire l’acquisition d’un téléphone mobile


reconditionné plutôt que d’un neuf permet d’éviter 91 à
77 % d’impact annuel (hors radiations ionisantes expli-
quées par le mix nucléaire français). Cela revient à préve-
nir l’extraction de 82 kg de matières premières et l’émis-
sion de 25 kg de GES par année d’utilisation. En 2020, avec
des ventes estimées à 2,8 millions d’unités4, on atteint
approximativement des économies de 229 000 tonnes
de matières premières et 70 000 tonnes d’équivalent CO2,
ce qui correspond aux émissions annuelles de CO2 di-
rectes d’un parc d’environ 50 000 véhicules particuliers
(considérant 12 223 km par véhicule5 et des émissions
moyennes de 112 g CO2 eq./km6).

L’étude montre également que plus la durée de détention


est longue, plus cet avantage s’accroît. Dans le cas où un
téléphone neuf est conservé 3 ans et un reconditionné 3
ans, soit une durée de vie totale de l’appareil de 6 ans, la
réduction d’émissions de gaz à effet de serre atteint 80 kg
eqCO2.

Enfin, au sein de la filière, on observe des variations allant


d’un facteur 3 à 8. Les reconditionneurs se distinguent par
des pratiques très différentes entraînant des différences
d’impacts environnementaux significatives au sein même
de ce marché. Reconditionner au plus près de son marché
avec des produits issus du même marché (exemple : re-
conditionner en France des appareils vendus neufs initia-
lement en France, et revendus reconditionnés en France)
est une clé pour optimiser les gains environnementaux
de la filière. Malgré cela, et quels que soient la provenance
et le lieu de reconditionnement ou l’importance des ré-
parations effectuées, faire l’acquisition d’un matériel re-
conditionné est vertueux.

SENSIBILISER, METTRE EN PLACE


DE NOUVEAUX RÉFÉRENTIELS
La sobriété numérique est une démarche qui consiste,
dans le cadre d’une réflexion individuelle ou collective, à
concevoir, fabriquer et utiliser des équipements ou services
numériques pour répondre à des besoins individuels ou
collectifs en tenant compte des limites de la planète, et à
adopter de nouvelles pratiques de modération et de me-
sure dans la consommation, contribuant ainsi à une réduc-
tion de la consommation de ressources et de l’impact sur
l’environnement de l’individu ou du groupe concerné.

Les démarches de sobriété numérique impliquent notam-


ment de se réinterroger sur notre rapport au numérique

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DOSSIER

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(déjà réfléchir par exemple à la notion d’immédiateté que gers d’aborder et de mettre en œuvre la sobriété numé-
le numérique nous propose) et donc sur nos besoins en rique. Pour cela, il visera à les sensibiliser et les outiller
équipements et en services numériques ; de se doter de – que ce soit dans la sphère personnelle ou dans la sphère
connaissances sur leurs impacts environnementaux ; de professionnelle (organisations, entreprises, associations,
sensibiliser, former les usagers à la sobriété numérique et collectivités…) – pour leur permettre d’avoir des usages
adopter une vision stratégique territoriale (la loi REEN rend numériques plus sobres en électricité. Pour ce faire, le
cette stratégie obligatoire pour les collectivités locales de programme s’articule autour de trois axes :
plus de 50 000 habitants) afin de développer des offres de • le premier vise à accélérer la sensibilisation et la formation
services numériques. à la sobriété numérique au travers notamment de la création
d’une plateforme agrégeant un contenu de formation label-
Pour limiter les effets négatifs du numérique, des Français lisé, d’une communication sur les meilleurs usages et de l’ap-
ont déjà adopté quelques bonnes pratiques7, mais restent port d’un soutien aux actions collectives de formation ;
dans l’ensemble minoritaires : 49 % gardent leur smart- • le second axe, quant à lui, prévoit la construction d’un
phone jusqu’à ce qu’il ne fonctionne plus, 44 % éteignent cadre méthodologique destiné à mesurer et à piloter la
leurs appareils plutôt que de les laisser en veille, mais seu- sobriété numérique, en identifiant et partageant les don-
lement 22 % donnent une seconde vie à leurs vieux appa- nées et outils nécessaires à la mesure de performance
reils en les amenant chez un vendeur informatique ou dans électrique et environnementale de services numériques ;
des bornes de recyclage. Une grande partie des pratiques • le troisième et dernier axe, enfin, prévoit quant à lui de
sont encore laissées de côté, comme le fait d’acheter soutenir les actions de mise en œuvre de la sobriété nu-
du matériel avec un meilleur indice de réparabilité (9 %) ou mérique en intégrant la sobriété numérique dans les stra-
de baisser la résolution des vidéos sur smartphone ou ta- tégies des collectivités et des organisations.
blette (8 %).

PASSER DE L’INDIVIDUEL AU COLLECTIF 3. https://librairie.ademe.fr/dechets-economie-circulaire/5241-evaluation-de-


Cependant, l’enjeu d’un numérique sobre dépasse les l-impact-environnemental-d-un-ensemble-de-produits-reconditionnes.html
« bonnes pratiques » individuelles et c’est à l’échelle collec- 4. Baromètre du numérique, édition 2021 – Credoc pour le compte de
l’Arcep, du CGE et de l’ANCT
tive qu’il faut mettre en œuvre les solutions. 5. Bilan annuel des transports en 2019 : bilan de la circulation, 2020,
L’ADEME a candidaté à l’appel à programmes sur la sobriété ministère de la Transition écologique
électrique du numérique lancé par le ministère de la Tran- 6. carlabelling.ademe.fr/chiffrescles/r/evolutionTauxCo2
sition écologique dans le cadre de la 5e période des pro- 7. Baromètre des nouvelles technologies 2021. Synthèse : librairie.ademe.
fr/changement-climatique-et-energie/5215-barometre-les-francais-et-les-
grammes des certificats d’économie d’énergie8.
nouvelles-technologies-2021.html#/44-type_de_produit-format_electronique
Le programme sur la sobriété électrique du numérique 8. https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=rlq0ST1P-
de l’ADEME a pour objectif de permettre à tous les usa- m5DOunYLkEQQdoSRuAdkFvSJtWKJebKU24=

A DEMESTR ATÉG I E 07
ZOOM

MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE
SUR L’ÉVALUATION DE L’IMPACT
ENVIRONNEMENTAL DU NUMÉRIQUE
Cette étude, initiée en novembre 2020
et en cours d’achèvement, est de grande
ampleur tant par sa durée que par sa
méthodologie rigoureuse.

C omme l’explique Erwann Fangeat, coordinateur


du pôle Numérique et Durabilité à l’ADEME,
cette étude se distingue par ses trois phases
successives. La première phase préparatoire vise à réaliser
une étude bibliographique recensant toutes les métho-
dologies, référentiels et bases de données existants d’éva-
luation des impacts environnementaux du numérique. La
seconde porte sur l’analyse environnementale multi­
critère des impacts des services numériques en France à
l’aide de la méthode ACV (Analyse du cycle de vie, inté-
grant les impacts de la fabrication, distribution, utilisation
et fin de vie des équipements). Plus précisément, c’est
l’approche de l’ACV attributionnelle qui a été retenue.
Une approche multicritère (11 autres indicateurs environ-
nementaux ont ainsi été évalués, en plus des émissions

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de GES), et ce sur trois « briques » d’analyse : les équipe-
ments (smartphones, télévisions, ordinateurs, etc. ; les
data centers (centres de données) et les réseaux. Enfin, la
troisième phase réside sur une analyse prospective à ho-
rizon 2030 et 2050 et selon les 4 scénarios déjà élaborés
par l’ADEME (https://transitions2050.ademe.fr/). Le péri-
mètre de l’étude est le territoire français. Par ailleurs, cette tiel mis en place par l’ADEME en collaboration avec les
étude ACV a fait l’objet d’une revue critique conformément fournisseurs d’accès à Internet. Afin d’informer les consom-
aux normes en vigueur. mateurs sur la quantité de données consommées et leur
Ce travail a pu bénéficier de précédents travaux, permet- impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre (obli-
tant ainsi une agrégation et une consolidation de diffé- gation introduite par l’article 13 de la loi AGEC).
rentes données. Ainsi, sur la partie équipement, l’étude a Si cette étude est très poussée scientifiquement et repose
pu utiliser le référentiel précédemment développé par le sur le suivi de normes ACV (norme ISO 14040 et 14044
consortium NegaOctet à travers le projet de développe- ainsi que la norme ITU 1450), ses principales limites
ment d’une méthodologie ACV pour les services numé- concernent la disponibilité des données. Si la partie de
riques (lauréat de l’appel à projets PERFECTO). Ce projet a l’étude analysant les impacts environnementaux des équi-
ainsi permis de créer des bases de données d’Inventaire pements est particulièrement riche, c’est qu’elle a pu
du cycle de vie (ICV) pour la quasi-totalité des équipe- bénéficier comme nous l’avons expliqué de résultats de
ments numériques. Certaines de ces données sont dispo- recherche précédemment acquis, ce qui est moins le cas
nibles dans la Base IMPACTS® de l’ADEME, base amenée a pour les parties relatives aux réseaux ou aux data centers.
être largement enrichie de nouvelles données d’ICV dans De même, le périmètre français exclut les données fran-
le cadre de l’axe 2 du programme CEE sur la sobriété nu- çaises hébergées dans des data centers non français. En
mérique. De même, la partie Réseau a pu s’appuyer sur les revanche, les données étrangères transitant par des data
résultats des travaux en cours de réalisation sur le référen- centers français ont bien, elles, été prises en compte.

ADEMESTRATÉGIE
Directeur de la publication : Anne Varet – Rédactrice en chef : Stéphanie Guignard – Conception et réalisation : Citizen Press – www.citizen-press.fr –
ISSN 1954-3794 – Réf. 011702 – Septembre 2022. Retrouvez les lettres ADEME Stratégie sur infos.ademe.fr. Pour vous désabonner, envoyez un mail à
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