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CONNAIS-TOI
TOI MÊME
© by Editions d'Halluin et C° 1968

RAOUL REINNON
CONNAIS-TOI
TOI-MÊME
d 'Halluin & C° / Editeur.

5, rue Visconti, Paris-6
INTRODUCTION
Il nous paraît indiqué de parler, en intro-

duction à la connaissance de soi, des trois
grandes vertus théologales :
LA FOI
L'ESPERANCE
LA CHARITE
Aussi laisserons-nous la parole au Poète
dans les trois sonnets suivants.
Il importe en effet de les bien mettre en
évidence ces vertus, de leur rendre hommage
en faisant ressortir leur importance vitale.
Elles sont le Phare éclairant toute vie ; elles
ne peuvent que nous aider à nous connaître
nous-même.
LA FOI
Credo, je crois et malgré la raison

Qui demande une preuve avant qu'elle s'incline,
Je ne veux en mon cœur qu'un complet abandon
Aux motifs de la Foi que mon esprit décline.
Des savants, la science ignore alors le nom,
Et c'est en vain assi qu'ils cherchent la racine
De cet arbre Divin qui nous vaut le pardon,
L'espoir et le salut du monde qu'il domine.
Donc, pour moi, je m'incline et je ferme les yeux
Ma raison admettra sans chercher comprendre
Et rendra pour son Dieu ce qu'elle lui doit rendre.
C'est ainsi qu'il me faut regarder vers les cieux
Pour y voir ton éclat, ô ! lumière parfaite,
Reflet du Dieu vivant qui pour chacun t'a faite.
L'ESPERANCE
Lorsque, subitement, mon âme a dit : Je crois.

En s'inclinant devant le plus profond mystère,
Son regard, aussitôt se levant sur la Croix,
Rayonne d'espérance et ne voit plus la terre.
Le ciel seul qui reluit fait entendre sa voix,
Commandant doucement : Crois et surtout espère,
Je suis la récompense acquise de ton choix.
Ame qui me consacre un abandon sincère.
Et c'est ainsi par toi, magnifique Vertu,
Que le baume divin est sur toute souffrance
Par les anges de Dieu sans cesse répandu.
Répands-le donc ce baume, alors de plus en plus,
Qu'il assure ici-bas ton règne d'espérance.
Et fasse grandissant le nombre des élus.
LA CHARITE
Lorsque sur le chemin que tu suis ici-bas

Affermi par la Foi, guidé par l'Espérance,
Dans l'âme qui te croise alors à chaque pas.
Chrétien, vois aussitôt un être de souffrance.
A ce frère, en Jésus, qui ne te connaît pas,
Tends de suite la main, enseigne l'ignorance ;
Et, lui montrant du Christ le sublime trépas,
Qu'il ne soit plus qu'amour dans sa persévérance.
Si, même, il le fallait, rebrousse ton chemin
Pour l'amener ainsi dans le secret divin,
Que ton pas sur le sien se rythme et se cadence.
Jésus l'inondera dès lors de sa clarté.
Et cet acte d'amour aura sa récompense
Car le ciel est promis à notre charité.
PROLOGUE
Douloureusement ému au spectacle des

mœurs actuelles, que l'on voit se dégrader
chaque jour, nous avons voulu en rechercher
l'origine.
C'est ainsi que l'ignorance des principes,
nous est apparue, comme la grande cause de
cette dégradation.
Comptant alors sur l'indulgence du lecteur
pour absoudre notre témérité d'aborder un
sujet si vaste et si complexe, malgré les appa-
rences, nous nous sommes mis résolument,
non sans appréhension, à cette délicate beso-
gne de traiter de la connaisance de soi.
Plusieurs, déjà, dont Charles Blanc, s'étaient
intéressé à la question et en avaient parlé avec

autorité.
C'est en nous appuyant sur leurs écrits
que nous avons entrepris notre rédaction.
Puis nos constantes observations aidant,
nous avons raconté simplement ce que nous
voyions chaque jour dans les milieux les plus
divers de la vie commune.
Nous avons aussi porté notre attention sur
ce que nous étions, ce qui se passait de la
même manière chez les autres dont la tenue
et les réactions nous en donnaient la preuve.
C'est dans cet état d'esprit que nous nous
sommes mis au travail, pensant qu'il était pré-
férable de donner le jour à une chose, même
imparfaite, mais qui pourrait, telle qu'elle,
porter témoignage de son importance et sus-
citer, chez les esprits de bonne volonté, les
désirs précurseurs du renouveau.
PREAMBULE
LE VRAI
Michel-Ange a dit que la science du Dessein

est la source et l'essence même de la peinture,
de la sculpture, de l'architecture et de tout
genre de représentation, ainsi que la racine
de toutes les sciences ; et que, celui qui s'élè-
ve au point de s'en rendre maître possède un
grand trésor.
Il nous faut savoir que pour parler avec
cette autorité, Michel-Ange, poète italien était
peintre, sculpteur et architecte. Il est l'un des
plus grands artistes qui aient jamais existé.
Ses œuvres étonnent par leur diversité autant
que par leur caractère grandiose et sublime.
Mais pour en arriver là il faudra non seule-
ment apprendre :
mais à les réaliser dans la mesure de nos

moyens.
C'est donc par l'élément premier et prin-
cipal, puisque c'est de lui qu'émanent les
deux autres, que nous allons commencer.
Mais, nous nous devons, traitant du vrai,
pour rester dans la vérité, toujours en remon-
tant aux sources, ne faire usage que de mots
dans leur sens propre et le seul qui convien-
ne.
Les mots, (dit Ch. Blanc, p. 660) sont des
verres qu'il faut polir, sans quoi ils obscur-
ciraient les choses au lieu de les faire mieux
voir.
Loin de nous ces mots, au sens mal défini,
employés indifféremment.
Et aussi et surtout, ces qualificatifs, trop
nombreux et trompeurs multipliés à plaisir
pour l'effet de leur consonnance.
Ils alourdissent le discours ou l'écrit, le
rendant moins compréhensif.
Tel que Métaphysique, dont le dictionnaire
ne parvient pas à donner une claire définition,
soit connaissance des causes premières et
des premiers principes.
Puis : Théorie générale et abstraite !... Il
en est de même de DIALECTIQUE, et LOGIS-
TIQUE, etc... dont le dictionnaire donne une

même définition.
Ceux qui emploient ces mots ne veulent
sans doute pas s'adresser à tout le monde.
Ce n'est pas notre cas, nous voulons être
compris du plus grand nombre. Tout cela
n'est que source d'erreurs qui ruinent souvent
la cause que l'on prétend servir...
Au surplus. Métaphysique n'est pas un nom,
mais l'accouplement accidentel de deux mots
grecs, Méta : après, et Phusika : physique,
soit après la physique. Et cela parce que,
dans les œuvres d'Aristote, c'est après avoir
traité de la physique qu'il traita des cau-
ses premières et des premiers principes (Dieu,
l'âme, le monde). Ce qui a fait employer le
terme de métaphysique d'une manière abusi-
ve.
Si bien que les avis sont partagés à son
sujet : les uns lui déniant l'existence, les
autres, la considérant comme un prolonge-
ment de la science, tombent le plus souvent
dans l'abstraction et n'arrivent pas à se met-
tre d'accord entre eux. Ils s'empêtrent dans
leurs propres explications.
Nous aimons mieux nous en référer au bon
sans, cette logique naturelle de l'esprit, entre-
tenue et fortifiée par la pratique de la vie,
qui peut se passer de la logique artificielle de
l'école.
Les définitions que nous aurons à faire

seront essentiellement concrètes.
L'analyse nous permettra d'autant plus fa-
cilement de situer le rôle de la partie dans le
Tout que c'est par la synthèse, c'est-à-dire
l'ensemble, que nous aurons commencé.
On peut définir le Vrai : Tout ce qui existe.
C'est-à-dire, toute chose tombant sous nos
sens : que l'on voit, que l'on entend, que l'on
touche, que l'on sent, que l'on ressent, que
l'on aspire, que l'on respire, que l'on goûte,
que l'on absorbe, et tout ce qui se rapporte
à une action quel qu'en soit l'auteur.
C'est ainsi que nous voyons : le Dessinateur
dans son dessin, l'Horloger dans une horloge,
l'Ecrivain dans ses écrits, l'Architecte dans un
monument, etc... et par excellence DIEU dans
l'Univers et surtout dans l'homme, être pen-
sant qu'il a fait à son image.
Nous savons maintenant ce qu'est le Vrai.
C'est DIEU lui-même : le Vrai absolu.
De ce Vrai il ne peut émaner que le Bien ;
c'est ce que nous allons voir ci-après.
Achevé d'imprimer
en Août 1968
sur les presses de
l'imprimerie POIRIER-BOTTREAU
Aurillac
N° d'édition: 1.436
Dépôt légal 3e trimestre 1968
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La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections

de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
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