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Ursula et la petite sirène.

Il était une fois, au large du royaume des sirènes, Ursula la cruelle sorcière des abysses de la haute mer.
À la vue de sa pauvre demeure tordue et lugubre, peu se douteraient qu’elle fut un jour destinée au
trône. Toutefois, il y avait de cela fort longtemps, vous dirons les aïeux du royaume, une ombre aurait
étreint son cœur et l’aurait menée à se dévouée à la magie noire. Certains croient que la mort de sa
mère en serait la cause ; d’autres, qu’un être puissant et malveillant qu’elle aurait rencontrée lors de ses
escapades hors du palais l’aurait corrompue. Toujours est-il que, après que son père ait annoncé ses
intentions de se remarier, son humeur devint intraitable, frisant la paranoïa. À l’époque, on ne se doutait
de rien, si ce n’était que la princesse trouvait l’idée que sa défunte mère puisse être remplacée dans le
cœur de son père difficile à avaler. Peu avant la cérémonie, on découvrit son sombre secret et elle fut
soumise à une surveillance stricte le temps que le roi décide de son châtiment. Toutefois, la veille du
mariage, elle disparut, et, le lendemain, Ursula interrompit la noce et déchainant sa colère et son vil
pouvoirs interdits, ce qui résultat en l’assassinat de plusieurs invités, le monarque et sa nouvelle reine
inclut, avant que l’armée n’intervienne et mette l’héritière au trône en fuite. Ce jour-là, le cadet de la
famille royale, Triton, devint le nouveau roi, et exila Ursula des terres des sirènes sous quoi elle serait
exécutée…

Depuis ce jour fatidique, Ursula préparait sa vengeance cruelle, magistrale, à la hauteur de sa furie et de
son ambition... Après avoir impatiemment attendu pour mettre son plan à exécution, son temps étant
finalement venu. Ariel, fille unique de Triton et de feu Océane, avait obtenu ses 16 ans, âge à lequel elle
pourrait enfin explorer la surface.

Ariel était aventureuse et d’une curiosité sans limite. La surface, et les humains en particulier, la
fascinaient. Alors, le matin de son 16e anniversaire, elle eut tôt fait de souhaiter une bonne journée à son
père que déjà vers le ciel bleu elle filait à toute allure au chant de mouettes annonciatrices des côtes.
Bien loin de là, par l’entremise de sa perle de clairvoyance, Ursula observait sa nièce nageant avec une
joie insouciante en respirant l’air salin, et vers laquelle ses sortilèges de pauvres marins avaient guidé.
Ariel était excitée de finalement voir un humain pour la première fois et se mit à nager vers eux.

« Une femme à la mer ! …C’est une sirène ! Boucher vous les oreilles ! » s’écria un des marins. C’est qu’il
ignorait que celle-ci serait bientôt le moindre de ses soucis… Effectivement, dans le confort relatif de sa
chaumière, une sorcière dont les écailles avaient vu bien des printemps s’affairait à psalmodier des
incantations que nul mortel ne devrait jamais entendre. Tout à coup, Ariel vit le flash typique des éclairs
contrastant sur l’ombre menaçante que les nuages noirs, hérauts de tempêtes, projetaient à l’horizon
illuminer soudainement la scène Un vent violant se leva sur la scène tandis que les ordres étaient relayés
comme possible alors que de plus en plus réalisaient la gravité de la situation.
« Tempête à l’horizon, capitaine ! Elle avance anormalement vite, monsieur, et elle me semble accélérer,
même ! » fit un matelot avec empressement, une touche de panique perçant dans sa voix.
« Quoi ? Que dîtes vous ? Je n’entends rien, j’ai des bouchons dans les oreilles, matelot ! » lui répondit
l’homme à la barre.
Confusion s’ensuivit sur le bateau tandis que le fléau s’abattait sur lui. Seulement, ils se rendirent vite
compte que tout efforts étaient vains lorsque des vents qui semblaient chanter louanges à quelque
démon allégèrent le bâtiment de ses gréements. Pendant ce temps, des vagues titanesques et une pluie
d’éclairs se firent une joie d’en emporter l’équipage et de porter le coup fatal au navire en triomphant de
ses mats et de sa solide coque.

Dans le chaos l’entourant, Ariel, qui hésitait jusqu’alors à s’approcher des humains, voulu aller les sauver,
mais la panique et la peur la paralysaient. Lorsque le calme revint sur le funèbre spectacle, la tempête
n'avait finalement épargné qu’un seul survivant qui dérivait sur une planche à laquelle il s’accrochait tant
bien que mal. La princesse vint à son secours. Sous les rayons du soleil qui perçaient enfin les nuages,
Ariel put observer son visage ovale et au port digne même dans cette situation. Il n’était nul autre que le
fils cadet du royaume côtier voisin dénommé Eric. Elle reconnaissait ce visage qu’elle avait vu dans sur
les murs des couloirs de l’ambassade. Pendant que la jeune fille l’emmenait vers la côte, où les autres
humains pourraient prendre soin de lui, l’homme entre-ouvrit les yeux, d’un profond vert qui lui
rappelait les algues qui décoraient les jardins du palais.

« Hm...? Qu’est-ce qui s’est passé ? Suis-je au paradis ? » murmura-t-il d’une voix lourde de fatigue. «
Mademoiselle, êtes-vous un ange ? »

Ariel répondit d’un simple rire cristallin. Et poursuivit sa route. Lorsqu’elle parvint au rivage, elle le
déposa sur la plage vers ù marchait une damoiselle qui pourrait s’occuper de lui. Avant que celle-ci ne
puisse la remercier ou lui poser de questions, la sirène s’éclipsa vers les fonds marins.

À la suite de l’incident, Ariel raconta les événements à Triton mais omis de lui mentionner le prince. Alors
que le temps passait, le visage du prince ne lui sortait pas de la tête, et bien qu’elle n’en su jamais rien, la
magie d’Ursula y avait probablement son rôle. Ainsi, les jours passèrent et les charmes du jeune homme
conquirent son cœur. Lorsqu’elle effectua ses recherches, elle découvrit que sa seule chance serait de
faire un pacte avec un ou une mage. La seule personne qui vint lui vint alors à l’esprit fut sa tante, dont
son entourage semblait éviter de parler. Ou même de mentionner. À vrai dire, tout ce qu’on lui avait dit
se résumait au fait qu’elle avait été exilée pour avoir fait de mauvaises choses. Ariel, naïve comme elle
était, était convaincue que : « Si elle est bien la sœur de papa, tante Ursula ne peut être vraiment si
méchante… »

C’est ainsi que la princesse parti, seule, et sans préavis, guidée par une intuition que seule un sort aurait
pu induire, ainsi que par une passion brûlante lui permettant de supporter l’eau glaciale des fonds
marins au large du royaume. Quelques jours plus tard, Ariel arriva chez sa tante. Elle qui était depuis
toujours accoutumée à l’architecture du domaine royal fut surprise à la vue de la maison décrépie, aux
murs sales et en parti recouverts d’algues et de champignons. Sa charpente rappelait le dos courbé et les
épaules affaissées de celle qui occupait l’habitation.
Ariel cogna à la porte et sa tante l’accueillit avec toute l’hospitalité dont elle pouvait faire preuve. Alors
qu’ils discutaient, Ursula s’enquit de la raison de la visite de sa nièce. Celle-ci lui décrivit donc son
histoire d’amour et l’enchanteresse, qui savait avoir à présent acquis la confiance de sa nièce, lui dit :

« Si tu le veux, je peux transformer ta queue en une paire de jambes. Mais je dois t’avertir, chaque pas te
donnera l’impression de marcher sur des flammes, et ta magnifique voix ne sera plus jamais entendue. »

Mais elle connaissait déjà la réponse, elle l’avait prédit, elle l’avait prévu, et le destin lui prouva vraie.

Ariel accepta et, à l’insu de son père qui ne savait toujours pas où elle se trouvait, partit pour la surface,
une fois de plus.

Là, la chance sembla lui sourire, car, malgré ses difficultés initiales à s’adapter à ses nouvelles jambes et
à son handicap, elle parvint à rencontrer son amour, qui prit intérêt en son mignon visage et sa
magnifique crinière. Il ne semblait toutefois point se remémorer de son sauvetage par Ariel, mais cela ne
les empêcha pas de courtiser et de passer maintes soirées de qualité en compagnie l’un de l’autre,
faisant fis de l’avis du roi malade qui ne voyait pas d’un bon œil que son fils ne se soit enticher d’une
étrangère muette, aussi élégantes soient ses manières.

Ils vécurent heureux… Mais seulement pour un temps, après que la passion irraisonnable du coup de
foudre se fut quelque peu estompée, le prince commença à douter de la sagesse de son choix de
partenaire. Il serait difficile de vivre à la hauteur de ses rêves de grandeurs hors des grâces de ses
parents. Un mariage plus politique, avec l’enfant d’un baron ou d’autre seigneur lui serait plus profitable
sur ce plan. Et Ursula le savait. C’est pourquoi, une nuit Ursula apparut au prince Eric dans ses rêves.

« Salutations, prince Eric. » fit une voix éthérée.

« Qui parle ? » répondit celui-ci.

« Vous ne me connaissez pas, mais cela ne saurait attendre. Je suis une sorcière, et j’ai une offre à vous
faire. Je vous promets le trône de votre père mourant à la place de votre frère aîné que vous jalousez
tant à la condition que vous ne marriez pas Ariel. Nous savons tous les deux, de toute façon, qu’un
mariage politique vous serait bien plus profitable... Par exemple, un mariage politique avec la fille du duc
du Bois de Lys, la jeune dame qui vous a sauvé, et qui ne vous laisse pas indifférent, il faut le dire… »

« Qui êtes-vous pour assumer de ce qui est mieux pour moi ? Et pourquoi- » demanda Eric avant de se
faire interrompre.

« Oh, vous avez le temps d’y penser, mais d’ici la prochaine pleine lune, vous devrez avoir choisi, pensez-
y, prince Eric, pensez-y. Je vous connais mieux que bien d’autre, mieux que vous ne le croyez, mieux
peut-être même que vous… Oh, et avant de vous laisser, le nom est Ursula, rappelez-vous en… » fit la
voix avant de disparaître.
Pendant les deux semaines restantes avant la pleine lune, cette discussion ne quitta plus l’esprit du
prince. Et alors que les semaines passaient, il se rendait compte que la sorcière n’avait peut-être pas tort
sur son compte. Ariel tenta de le faire partager ses soucis avec elle, mais sans succès, à chaque fois, il ne
faisait que plus se refermer. Il finit par se décider, et déclara à Ariel qu’il en aimait une autre. Quelle
ironie du sort, il avait choisi celle qu’il croyait avoir sauvé sa vie plutôt que celle qui l’avait réellement
sauvé, et Ursula s’en délectait.

À cette annonce, confronté à un désarroi sans limite, incapable de dire à Eric qu’il se trompait, la jeune
femme se résolut à mettre fin à ses jours, sachant qu’elle ne pourrait retourner auprès des siens, pas
après avoir trahi son héritage de la sorte. Ainsi, après avoir été confrontée à la pire des peines, on
retrouva son corps gisant inerte devant la fenêtre de sa chambre, cinquante mètres plus pas.

Déjà, Ursula s’affairait à mettre à profit ses honoraires. Durant les quelques semaines qui suivirent son
échange avec Ariel, elle tourmenta Triton de visions de sa fille capturée par les humains, de ses cris et de
ses appels à l’aide désespérés. Il ne se doutait de rien et passa ses cauchemars incessants sur le dos de
son anxiété vis-à-vis de l’absence prolongée d’Ariel. Inlassablement, et de façon consistante, Ursula
approchait de son but final. Éventuellement, le roi mit sur pied une délégation politique sensée
retrouver la princesse. Toutefois, la tension et la méfiance déjà existante entre les humains et les sirènes
ne firent que s’envenimer l’irritabilité excessive de Triton et sa réaction agressive lorsqu’on lui répondit
que nul ne savait ou sa fille se trouvait. Les sirènes étaient convaincues que les humains mentaient, alors
que ces derniers considéraient simplement les sirènes comme une menace. Les frictions escaladèrent en
un court mais intense combat au cour duquel Triton perdu la vie.

C’était l’opportunité parfaite, pour laquelle Ursula avait passé tant de temps à préparer, à
méticuleusement planifier, à patienter, à attendre de pouvoir enfin monter au trône, étant la seule
héritière à présent. Alors que le royaume se préparait à la guerre, elle se donna l’image de héro en
négociant avec Eric, qui avait récemment été couronné, pour faire cesser les hostilités. Elle fit même
bâtir une statue en l’honneur de son frère, qui selon ses dires, était un héro de guerre.

Ursula avait enfin réalisé sa vengeance qu’elle attendait depuis toujours. Le royaume des sirènes était
finalement sien au grand dam de ceux assez vieux pour se rappeler de ses crimes. Sous son long, trop
long diront certaines braves âmes, règne de censure et de propagande, ses habitants vécurent sous une
dictature camouflée sous une illusion de prospérité.

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