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Bulletin de liaison n°20 - juin 2008

Quelques chiffres sur les grands barrages en France


Il existe en France plus de 2 000 aménagements hydrauliques. Parmi eux, plus de 550 répondent au critère de la Commission
Internationale des Grands Barrages (hauteur supérieure à 15 mètres) : EDF en possède 260 et le reste appartient à des maîtres
d'ouvrages divers (SNCF, DDE, DDA, …).
Au sein de l'Unité de Production Alpes, on compte 24 grands barrages de plus de 20 m, 33 de plus de 15 m, et, 120 centrales pour
une puissance installée de 8 000 MW soit l'équivalent de 8 tranches nucléaires.
13 000 GWh sont produits chaque année, soit la consommation domestique de plus de 5 millions d'habitants.

DRIRE Rhône-Alpes - mars 2008


* PPI : Plan Particulier d’Intervention (cf. encart “Risques associés aux barrages et sécurité publique”)

Risques infos
est édité par
l’Institut des Risques Majeurs
Avec le soutien financier du :
9 rue Lesdiguières - Conseil Général de l’Isère
38 000 Grenoble
- Conseil Régional Rhône-Alpes
Directeur de Publication :
Henri de Choudens

Directeur de rédaction :
François Giannoccaro

Rédacteur en chef :
François Giannoccaro

Charte Graphique :
Sébastien Gominet

Réalisation :
Imprimerie Fagnola
38 110 La Tour-du-Pin Légende de la photo sur la
page de couverture :
Crédits photos : Le barrage de Monteynard
Institut des Risques Majeurs S. GOMINET - Photothèque IRMa
Sommaire
Risques Infos
N°20 - Juin 2008
4 Grands barrages et Petits barrages
Patrick LE DELLIOU
Bureau d'Étude Technique et de Contrôle des Grands Barrages
Edito
Les barrages constituent certainement le type d'ouvrage
7 La réglementation sur la sécurité existant au monde depuis les temps les plus anciens. Leur
des ouvrages hydrauliques utilisation est des plus diverses : réserve d'eau, irrigation,
Xavier MARTIN régulation de cours d'eau et principalement de nos jours,
Ingénieur général du génie rural, des eaux et des forêts source d'énergie renouvelable et non polluante. En France,
Membre de l'inspection générale de l'environnement près de 15 % de notre électricité et d'origine hydraulique.
10 Sécurité des barrages en France : Mais comme toute installation « industrielle » ce genre d'é-
qui fait quoi ? Nicolas MONIE quipement n'est pas exempt de risque pour son environne-
Bureau de la prévention des inondations et de la gestion ment. Les Alpes, dont l'Isère, possèdent 57 grands barrages
des rivières, dévolus à la production d'électricité.
Sous-direction des milieux aquatiques et de la gestion de
l'eau de la direction de l'eau La probabilité de rupture ou de submersion de tels ouvrages
Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement est certes très faible, comme le montre l'historique d'événe-
durable et de l'aménagement du territoire ments de ce type survenus dans le monde. Cependant cette
probabilité n'est pas nulle et comme pour tout risque majeur,
13 La sûreté hydraulique : les conséquences en seraient probablement, très importan-
une veille constante pour EDF tes. Suite à un rapport de mission de juillet 2004 confié à un
Joël HAUTIER, Bernard SOUDAN - EDF - Unité de Production Alpes groupe d'experts, une nouvelle réglementation est venue
clarifier et réactualiser les textes anciens régissant la sécu-
17 Le contrôle des barrages de concessions rité des barrages (loi 2006-1772 du 30 décembre 2006 et
décret 2007-1735 du 11 décembre 2007) et notre revue se
hydroélectriques par les DRIRE devait de traiter de ces problèmes dans un de ses numéros.
Elisabeth VERGEZ - DRIRE Rhône-Alpes
Division énergie, électricité et sous-sols C'est le sujet qui concerne celui-ci. Les articles qu'il contient
montrent entre autres, la nature du risque et surtout les
19 Les plans de secours mesures prises pour rendre la probabilité de l'aléa la plus
faible possible : études préalables à l'implantation, qualité
des grands barrages isérois - Guy SERREAU de la réalisation et surtout surveillance et maintenance de
Chef du bureau des risques naturels et courants
Préfecture de l’Isère l'ouvrage, points primordiaux pour lesquels une vigilance
Service Interministériel de Défense et de Protection Civile constante associée à des moyens suffisants sont nécessai-
res, ainsi que l'organisation existant au niveau de l'Etat pour
23 Sécurité et pathologie des petits barrages contrôler la sûreté des ouvrages à tous les stades de leur
vie.
de montagne : vers un guide technique
pour la conception, la réalisation, le suivi Ces mesures bien appliquées pour les grands barrages, ne
le sont pas forcément aussi bien pour les barrages de moin-
et la réhabilitation des retenues d’altitude dre importance, gérés par des organismes ou des proprié-
Laurent PEYRAS, Patrice MERIAUX, Didier RICHARD
Cemagref Aix-en-Provence - Cemagref Grenoble taires privés, barrages souvent anciens qui existent en
grand nombre sur notre territoire.
25 Barrages classés au titre de la Enfin, comme pour tout risque naturel ou technologique, l'in-
sécurité publique par la DDAF de l’Isère formation des populations concernées, imposée d'ailleurs
Joseph DE BENEDITIS par la réglementation, est un des éléments incontournable
Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt de l’Isère de la prévention. Plusieurs articles montrent comment cette
information est organisée. Au-delà de cette information insti-
27 La gestion au quotidien d’un petit barrage à tutionnelle, l'Institut des risques majeurs se doit d'y contri-
risques par une petite commune buer et ce numéro de Risques Infos est l'une des actions
Interview de Marcel BACHASSON, Conseiller général que nous menons dans ce sens. Il est certain que la deman-
Maire de Roybon (Isère) par François GIANNOCCARO, de en la matière des populations les plus concernées est
Directeur de l’Institut des Risques Majeurs grande et que de nouveaux moyens supplémentaires de
sensibilisation et d'information visant ce public seraient
29 La sûreté de l’exploitation peut-être à envisager.
Joël HAUTIER - EDF - Unité de production Alpes
Henri de CHOUDENS
30 Actions pour maîtriser les risques liés Président de l’Institut des Risques Majeurs
à l’exploitation
Joël HAUTIER - EDF - Unité de production Alpes
Grands barrages
Petits barrages
Patrick LE DELLIOU
Bureau d'Étude Technique et de Contrôle des Grands Barrages

Il n'existe pas d' « AOC » pour l'un ou caractérise la taille d'un barrage par la même trouver un classe de très grands
l'autre terme. Même le mot « barrage hauteur par rapport au point le plus barrages comme les grands barrages
» mérite qu'on s'y arrête. La définition bas des fondations ; comme le barrage ayant en outre un volume de retenue
du Petit Larousse définit le mot barra- est encastré dans le sol, la hauteur sur supérieur à 15 millions de m3 ; il s'agit
ge comme un ouvrage artificiel barrant fondations est supérieure à la hauteur des barrages soumis obligatoirement à
un cours d'eau. Le caractère artificiel au-dessus du terrain naturel. La hau- Plan Particulier d'Intervention. En
de l'ouvrage permet d'exclure les bar- teur du plus haut barrage français, deçà, on trouve des barrages de
rages naturels qui peuvent parfois se celui de Tignes, est ainsi de 160 m au- moyenne importance entre 10 et 20 m
former par exemple derrière une dessus du terrain naturel et de 180 m de hauteur. Pour des hauteurs inférieu-
moraine glacière ou qui peut se créer au-dessus des fondations. La res à 10 m, il s'agit de petits barrages.
après un effondrement d'un pan de Si la réglementation nou-
montagne venant obstruer une vallée ; velle fixe un plancher à 2
situé au Tadjikistan, le plus grand m, on trouve des barrages
ouvrage naturel du monde, d'environ encore plus petits mais
500 m de hauteur, résulte d'un tel phé- dont les enjeux en terme
nomène après un séisme. Ceci per- de risques deviennent
met aussi d'associer à chaque barrage négligeables.
un constructeur, propriétaire et donc
des responsabilités vis-à-vis de risques
Bien entendu, le risque
de toutes natures que peuvent géné-
associé à un barrage
rer les barrages. Cela demande parfois
dépend de sa hauteur,
de prendre conscience qu'un étang qui
mais aussi de la longueur
a l'air de faire partie du paysage depuis
de sa crête et surtout du
la nuit des temps résulte de la cons-
volume d'eau qui est stoc-
truction d'un barrage qu'il faut donc
ké derrière le parement
surveiller, entretenir…
amont du barrage.

Aux barrages barrant la rivière, on


2/ Les types de bar-
oppose les digues construites le long
rages
des berges et qui ont généralement un
rôle de protection contre les crues de
zones habitées. Les barrages forment
avec le terrain sur lequel
Coupe du barrage de Tignes ils sont construits un
Les barrages sont définis par des
ensemble indissociable : à
caractéristiques physiques (la hauteur, Commission Internationale des chaque site, un type de barrage, un
le volume de la retenue derrière le Grands Barrages (CIGB, ICOLD en dimensionnement adapté tant sur le
barrage), par un type de barrage selon anglais) maintient, pour l'ensemble des plan technique qu'économique. C'est
sa forme ou les matériaux qui le cons- pays, un registre des grands barrages ; pourquoi il n'existe pas de barrage
tituent, par une utilisation principale… pour la CIGB, un grand barrage com- type standard. De plus, certains sont
L'ensemble de ces critères donnent mence à partir d'une hauteur sur fon- formés par la juxtaposition de plu-
des clés d'entrée multiples pour clas- dations supérieure ou égale à 15 m. sieurs structures différentes justifiées
ser les ouvrages.
par des caractéristiques de sol de fon-
Pour les barrages français, il n'existe dation particulières et aussi par des
pas d'appellation normalisée. Si la choix économiques. En se contentant
1/ La taille des barrages réglementation introduite par le déc- de définir quelques grandes catégo-
ret du 11 décembre 2007 introduit ries, on peut commencer par classer
des classes de barrages en associant les barrages en fonction du matériau
Les ingénieurs français, la réglementa- qui les constitue. Aux barrages cons-
des critères de hauteur et de volumes
tion en vigueur font habituellement truits en matériaux durs (la maçonne-
de retenue, il est cependant d'usage de
référence à la hauteur du barrage par rie autrefois, aujourd'hui le béton), on
parler de grands barrages dès lors que
rapport au terrain naturel à l'aval. On oppose les barrages en matériaux
la hauteur au-dessus du terrain naturel
notera que dans de nombreux pays, on meubles (la terre, les enrochements).
est au moins égale à 20 m. On peut

4 Juin 2008 Risques Infos n°20


Les premiers, en maçonnerie ou les barrages à contreforts Les barrages en remblai peuvent être :
béton, autorisent des formes qui tien-

sont constitués d'une série de murs
nent compte de la qualité du sol de (les contreforts) construits dans la
fondation et de la forme de la vallée : vallée parallèlement à l'axe de la
• en terre homogène : le barra-
ge est réalisé en terre compactée
rivière, l'espace entre les contreforts suffisamment imperméable en elle-
les barrages-poids, de forme étant bouché par une dalle en béton, même, parfois complété par des
• une voûte… La partie rive droite du
massive et triangulaire, résistent à tapis, des cheminées ou de cor-
la poussée de l'eau grâce à leur barrage de Roselend dans le dons drainants. De nombreux
poids. Le barrage du Chambon est Beaufortin est constituée d'un barra- petits barrages retenant un étang
un barrage-poids ; ge à contreforts. sont construits en terre impermé-
able ;

Coupe d’un barrage en terre homogène

Barrage de Girrotes - BETCGB


• à masque amont étanche : le
Coupe type d’un barrage-poids barrage, souvent en enrochement,
est étanché à l'amont par un
• les barrages-voûtes, de forme masque étanche réalisé en béton
arquée, profitent de leur forme
pour reporter la poussée de l'eau
vers le rocher des rives. Le barrage
de Monteynard sur le Drac est un
grand barrage-voûte de l'Isère ;

Coupe d’un barrage à masque amont étanche

armé ou en béton bitumineux. Au-


Barrage à contreforts à dalles dessus d'Allemont, le barrage du
Verney est un barrage à masque en
béton bitumineux ;
• zonés, avec un noyau central
étanche réalisé en terre argileuse
et encadré par des remblais plus
perméables en enrochements. Le
Coupe type d’un barrage-voûte
plus bel exemple isérois de ce type
de barrage est le barrage de
Grand'Maison dans la vallée de
l'Eau d'Olle. Le barrage du Mont-
Cenis est également de ce type.

Barrage multivoûtes

Les barrages mobiles sont des barra-


ges-poids construits dans les parties
aval des rivières où les formes aplaties
des lits majeurs et l'importance des Coupe d’un barrage zoné
crues imposent la présence de vannes
de très grandes dimensions et des
dispositions spécifiques pour lutter Les organes d'évacuation des crues qui
contre les affouillements. Les barrages sont des organes de sécurité essen-
situés sur l'Isère à l'aval de Grenoble tiels permettent enfin de préciser le
Monteynard - BETCGB sont de ce type. type de barrages.

Juin 2008 5
Risques Infos n°20
3/ L'utilisation des barrages • alimenter en
eau les canaux,
Les barrages peuvent être construits surtout dans le
pour plusieurs objectifs : quart nord-est
de la France. Les
• produire de l'électricité à partir barrages desti-
d'une énergie renouvelable, celle nés à cet usage
de l'eau, avec des usines hydroélec- sont parmi les
triques accolées au barrage ou plus vieux de
situées plus bas dans la vallée et France (barrage
alimentées par des conduites for- de Saint Ferréol
cées. Dans certains cas, comme mis en eau en
à Grand'Maison, deux réservoirs 1675) ;
fonctionnent par échange avec Barrage du Mont Cenis - BETCGB
• maintenir dans les rivières un
pompage ou turbinage, selon les
débit minimum suffisant lors des complémentaires sur un même ouvra-
heures et les besoins du réseau en
étiages, pour assurer à la fois une ge. D'autres sont, a priori, opposés : il
électricité ;
qualité écologique satisfaisante des est, par exemple, impossible d'avoir en
• créer des réserves d'eau pour l'ali- rivières et permettre les prélève- même temps une retenue pleine pour
mentation en eau potable des villes. ments par pompage à l'aval (pour
L'eau peut également être nécessaire fournir une réserve d'eau potable mais
des besoins d'alimentation en eau, aussi un retenue vide pour limiter au
pour des besoins industriels ; d'irrigation…) ; maximum l'impact des crues.
• irriguer des zones agricoles ayant • réduire l'effet des crues en retar- Notamment, les barrages écrêteurs de
de gros besoins en eau lors des dant l'eau grâce au stockage dans la crue sont des ouvrages conçus spécia-
périodes sèches, même si cette uti- retenue qui se remplit pour la relâ- lement à cette fin avec des dispositions
lisation est bien plus fréquente cher après le passage de la crue. particulières de conception et d'ex-
dans le sud-ouest de la France
Certains de ces objectifs peuvent être ploitation. ■
qu'en Rhône-Alpes ;

Le Comité Technique Permanent des Barrages et Ouvrages Hydrauliques


Patrick LE DELLIOU
Bureau d'Étude Technique et de Contrôle des Grands Barrages
La catastrophe de Malpasset en 1959 a l'Environnement (DRIRE) pour les sier qui pourrait avoir une incidence
notamment mis en évidence la néces- barrages des concessions hydroélec- sur la sûreté de l'ouvrage.
sité de renforcer le contrôle exercé triques ou dans les services chargés de
par l'État pour s'assurer du niveau de la police de l'eau pour les barrages Les avis émis par le Comité consti-
sûreté des barrages. Parmi les mesures autorisés. tuent, de fait, des règles techniques de
mises en œuvre figure la création, par l'art, référence du monde profession-
le décret du 16 juin 1966, du Comité Il est systématiquement consulté sur nel français des barrages.
Technique Permanent des Barrages les avant-projets et projets des grands
(CTPB). barrages neufs, sur les projets de répa- Le décret du 11 décembre 2007 a
ration de ces ouvrages, sur les études étendu le champ d'intervention du
Ce comité est une structure intermi- techniques nécessaires à la prépara- Comité puisque aux barrages sont
nistérielle intervenant à la demande tion des plans particuliers d'interven- venues s'y ajouter les digues de pro-
des ministres. Il est composé de mem- tion (PPI) ainsi que sur tous les textes tection contre les inondations. Le nom
bres non fonctionnaires et fonction- à caractère réglementaire dans le du Comité a d'ailleurs été modifié en «
naires issus des ministères techniques domaine des barrages. Il peut égale- Comité Technique Permanent des
de l'État et ayant acquis une longue ment être saisi par un des ministres Barrages et Ouvrages Hydrauliques ».
expérience et une compétence dans le sur tout autre sujet dans ce domaine. Le nombre de ses membres s'est
domaine des barrages et il est présidé accru avec la possibilité de fonctionner
par un ingénieur du ministère chargé Pour chaque dossier qui lui est trans- en section. Enfin, le décret prévoit éga-
de l'énergie. Il est aidé par un secréta- mis, est nommé un rapporteur. Après lement que certains des dossiers qui
riat administratif et technique. Il cons- délibération, le cas échéant, après une seront élaborés dans le cadre des nou-
titue un élément d'expertise supplé- réunion sur le site de l'ouvrage, le velles dispositions qui entrent en
mentaire par rapport aux contrôles Comité émet un avis adressé au minis- vigueur feront l'objet d'un examen sys-
exercés par les services déconcentrés tre demandeur, éventuellement assorti tématique comme les études de dan-
de l'État que les Directions Régionales de demandes ou de recommandations gers des digues présentant les plus
de l'Industrie, la Recherche et de sur tel ou tel aspect technique du dos- forts enjeux.

6 Juin 2008 Risques Infos n°20


La réglementation sur la sécurité
des ouvrages hydrauliques
Xavier MARTIN1
Ingénieur général du génie rural, des eaux et des forêts
Membre de l'inspection générale de l'environnement

Introduction Ils demandaient d'examiner les régle- mentaires prévus par le projet de loi
mentations relatives à la sécurité des sur l'eau et les milieux aquatiques. Ce
barrages et des digues et de faire des groupe de travail animé par le prési-
Une mission sur la réglementation en propositions pour les améliorer en les dent du comité technique permanent
matière de sécurité des barrages a été harmonisant autant que possible. Une des barrages (CTPB), s'est réuni 9 fois
diligentée au début de l'année 2004 réflexion était également demandée entre décembre 2005 et novembre
par le chef du service de l'inspection sur l'organisation des services chargés 2006 où il a remis son rapport final
générale de l'environnement et le vice- du contrôle de ces ouvrages. aux commanditaires.
président du conseil général des
Le rapport a été remis aux ministres le
mines, à la demande du directeur de
8 juillet 20043 . Le législateur et les ministres ont
l'eau et du directeur général de l'éner-
gie et des matières premières. adopté les dispositions suggérées par
Dans un second temps, les directeurs ces travaux respectivement dans la loi
Ces directeurs constataient que les
concernés ont constitué un groupe de 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur
procédures relatives à la sécurité des
travail relatif à la réglementation tech- l'eau et les milieux aquatiques et dans
barrages différaient selon l'usage des
nique en matière de sécurité des bar- le décret 2007-1735 du 11 décembre
ouvrages et en particulier sur l'obliga-
rages et des ouvrages hydrauliques. 2007 relatif à la sécurité des ouvrages
tion de présenter une étude de dan-
Les réflexions demandées portaient hydrauliques et au comité technique
gers. Ils se référaient en particulier2 à
sur les grandes lignes de la réglemen- permanent des barrages et des ouvra-
la rupture des digues des bassins de
tation technique de contrôle à mettre ges hydrauliques (CTPBOH) et modi-
rétention de la Savoureuse (Territoire
en œuvre pour aboutir à des proposi- fiant le code de l'environnement.
de Belfort) destinées à la prévention
des inondations. tions de rédaction des textes régle-

Un regard sur les disposi-


tions antérieures au décret

Les textes
En matière de sécurité des barrages et
des digues, la réglementation s'appuie
sur des régimes d'ordre différent:
• La réglementation des ouvrages
hydroélectriques s'appuie principale-
ment sur la loi de 1919 relative à l'uti-
lisation de l'énergie hydraulique.
• Les bassins de décantation et de
stockage miniers relèvent du code
minier.
• Les bassins de décantation et de
stockage de certaines usines relèvent
de la législation des installations clas-
sées pour la protection de l'environne-
ment.
• Les autres ouvrages relèvent de la loi
Brèche sur une digue de la Savoureuse. 500 bâtiments endommagés.
1
Arrière petit-fils d'Emile Gueymard (1788 - 1869) dont une rue de Grenoble porte le nom. Ingénieur du corps des mines et doyen de la faculté des sciences de Grenoble,
il a, en particulier eu la responsabilité des endiguements et aménagements hydrauliques de protection contre les inondations à Grenoble.
(http://www.annales.org/archives/x/gueymard.html)
2
Le rapport de Paul Pierron du conseil général des ponts et chaussées, Maurice Meunier du conseil général du génie rural, des eaux et des forêts, Philippe Huet et Xavier
Martin de l'inspection générale de l'environnement est téléchargeable à l'adresse : http://www.ecologie.gouv.fr/Inspection-suite-aux-desordres-et.html
3
Le rapport de François Barthelemy pour le conseil général des mines et de Xavier Martin et Jean-Loïc Nicolazo pour l'inspection générale de l'environnement est télé-
chargeable à l'adresse suivante : http://www.ecologie.gouv.fr/Rapport-sur-la-reglementation-en.html

Juin 2008 7
Risques Infos n°20
sur l'eau (intégrée au code de l'envi- la hauteur en m (au-dessus des fonda- 1997 du ministre en charge l'industrie.
ronnement). tions ou du terrain naturel) et V est la
capacité de la retenue exprimée en
• Différence de niveau de 35 cm, pour
le débit moyen annuel de la ligne d'eau,
million de m3, est utilisé seulement en entre l'amont et l'aval de l'ouvrage
Par ailleurs, la loi du 22 juillet 1987
France dans la circulaire "industrie" du pour la rubrique 2 4 0 du décret
relative à l'organisation de la sécurité
23 mai 1997. "nomenclature" de la loi sur l'eau.
civile prévoit la réalisation de plans
particuliers d'intervention4 (PPI) pour les
barrages dont les caractéristiques dépas- Les textes nationaux disposent des Sur les dispositions adoptées
sent un certain seuil (voir ci-dessous). seuils suivants :
• 20 m au-dessus du terrain naturel est Il est assez exceptionnel, comme c'est
Les textes d'application de ces lois ne le seuil de consultation du comité tech-
le cas ici, que le corps législatif et les
se référent généralement pas à la nique permanent des barrages mais
services centraux de l'Etat suivent le
notion de danger, de risques, etc. aussi à la fois 10 m au-dessus du terrain
fond comme la quasi totalité de la
naturel, plus de 20 m au-dessus du
• Les textes d'application de la loi de point le plus bas des fondations et la
forme de toutes les suggestions faites
1919 sur l'utilisation de la force par des inspections générales et un
vulnérabilité des personnes et des
hydraulique se réfèrent à la puissance groupe de travail.
biens à l'aval.
d'armement de la chute. Dans un souci de lisibilité8, on a pris le
• Les mêmes seuils définissent les
• La réglementation minière est muet- ouvrages qui en cas de rupture mena-
parti de n'évoquer qu'un certain nom-
te. bre de points des nouvelles disposi-
ceraient des zones habitées ou des
tions qui apparaissent fondamentaux :
• Le seuil de la rubrique 2 4 0 du déc- voies de communication importantes
ret "nomenclature5" de la loi sur l'eau pour les "barrages intéressant la sécu- En préambule :
se réfère à la migration de certains
poissons6 ; la notion de "risque" est
rité publique". • Tous les ouvrages hydrauliques sui-
vent les dispositions du décret. Des
absente. • A la fois 20 m de hauteur au-dessus délais sont prévus pour mettre en
du terrain naturel et une retenue de
• Le seuil de la rubrique 2 7 0 du 15 millions de m3 pour le "seuil des conformité les ouvrages avec ces
même décret se réfère à la surface du plans particuliers d'intervention". dispositions.
plan d'eau, c'est à dire à la qualité phy-
sico-chimique de l'eau ; la notion de • Le seuil de 10 à 20 m de hauteur • Tous les barrages sont classées en 4
pour les barrages hydroélectriques « classes » de A à D selon leur « hau-
risque est aussi absente. teur » et la capacité de la retenue
pour lesquels H2 V1/2 dépasse 200 (H
• La nomenclature des installations au-dessus du point le plus bas du ter- d'eau qu'ils créent.
classées ne comporte pas de rubrique
particulière pour les barrages et/ou les
rain naturel et V en million de m3). Ce • Toutes les digues sont classées, elles
sont les "barrages de moyenne impor- aussi, en 4 classes de A à D selon leur «
digues. tance" objet de la circulaire du 23 mai hauteur » et le nombre de personnes

A coté de ces textes, la circulaire de


19707 qui concerne l'inspection "des
barrages intéressant la sécurité
publique" et celle du 6 août 2003 sur
les digues, sont censées s'appliquer à
tous les ouvrages quel que soit leur
statut juridique et en particulier leur
propriétaire. Or les circulaires sont
hors du domaine réglementaire.
Les seuils.
Au niveau international :
• Le seuil de 15 m de hauteur au-des-
sus des fondations est utilisé partout
dans le monde pour qualifier de
"grands" les barrages mais pas en
France.
• De même, le seuil de H V 2
où H est
1/2
Brèche sur une digue de la Savoureuse. 500 bâtiments endommagés.

4
Il s'agit d'un document de planification des alertes et des secours en cas de crise et/ou de catastrophe.
5
Les « nomenclatures » détaillent les « installations » dans des rubriques où sont indiqués des seuils selon lesquels s'appliquent des procédures, déclarations, autorisations
définis dans des décrets.
6
L'alose en particulier.
7
Les circulaires des ministres s'adressent aux préfets : Ce ne sont donc ni des documents législatifs ni réglementaires opposables aux citoyens.
8
Pour plus de détails il faut bien sûr se rapporter aux textes de la loi comme des règlements.

8 Juin 2008 Risques Infos n°20


qu'elles sont censées protéger9 . et à la sécurité des ouvrages hydrau- recadré ; il est développé dans un
liques, dans le cas des ouvrages rele- autre article de la revue. Cependant il
vant des articles L. 214-1 et L. 214-2 faut noter plus particulièrement que :
Ensuite, à chaque classe correspond un
du code de l'environnement ou auto-
certain nombre de prescriptions de
risés en application de la loi du 16
• Le maître d'ouvrage entretient et sur-
prévention que le maître de l'ouvrage veille son ouvrage. Les obligations du
octobre 1919 précitée. maître d'ouvrage sont à la charge finan-
doit suivre.
• Visites techniques approfondies : à cière du maître d'ouvrage.
périodicité variable selon les classes :
A titre d'exemple et pour les barrages10, de 1 an pour la classe A à 10 ans pour
• L'Etat contrôle la sécurité de l'ouvra-
ge, c'est à dire l'action du propriétaire : il
ces prescriptions sont les suivantes : les classes D. ne lui appartient pas de contrôler direc-
• L'examen par le comité technique Rapport de surveillance et rapport tement l'ouvrage.
permanent des barrages et des ouvra-

d'auscultation : pour tous les ouvrages
ges hydrauliques11 des projets de nou- de classe A à D exclue à périodicité Conclusion
veaux ouvrages et/ou des modifica- variable selon les classes.
tions de l'ouvrage appartenant à la
• Revue de sûreté : tous les 10 ans pour La mémoire de notre société vis à vis
classe A.
les ouvrages de la classe A et B. C'est « du risque d'inondation quelle que soit
Le CTPBOH est créé en remplace- l'ancienne visite décennale ». son origine et son impact est bien
ment du CTPB. Ce comité est présen- sélective. La perception du risque dû
té dans un autre article de la revue. • Déclaration de tous les « événe- aux ouvrages hydrauliques apparaît
ments » pour tous les ouvrages.
• La production d'une étude de dan- La définition des événements et l'orga-
bien faible : La catastrophe de
gers : la production d'une étude de Malpasset qui remonte au 2 décembre
nisation des déclarations doivent faire
dangers est obligatoire pour les barra- 1959, s'estompe dans les mémoires.
l'objet d'un arrêté.
ges des classes A et B. Celles des bar- Les catastrophes de Bouzet dans le
rages soumis à PPI sont soumises au département des Vosges en 1884 puis le
CTPBOH. Le maître d'ouvrage devra confier à des 25 avril 1895 ont fait plus de 100 morts.
« organismes » agréés l'exécution de Elles sont suffisamment absentes des
La définition du contenu de l'étude de
certaines tâches dès la parution au esprits pour que l'entretien d'un barrage
dangers doit faire l'objet d'un arrêté
Journal officiel de la première liste d'or- analogue d'une vallée voisine puisse
non encore publié au 10 février 2008.
ganismes agréés (cf. article 13 du décret avoir fait en 2004 l'objet de critiques.
• L'existence d'un dossier de l'ouvrage, du 11 décembre 2007).
d'un registre de l'ouvrage, de consignes Pour le risque industriel, des accidents
de diverse importance et, en dernier
lieu, celui d'AZF Toulouse viennent
rappeler les dangers potentiels ce qui
n'est heureusement pas le cas des rup-
tures d'ouvrages hydrauliques.

Le risque de rupture d'un grand barra-


ge est comparable à celui d'un acci-
dent nucléaire majeur.
Si les textes dont on vient de décrire
succinctement les dispositions, vien-
nent, maintenant, pallier la sensibilité
de l'opinion à ces risques, il n'en reste
pas moins que l'Etat devra dégager les
Surverse généralisée du barrage de la Rouvière sur le Crieulon (bassin du Vidourle dans le département du Gard) moyens de les faire appliquer :
en septembre 2002. Photo X. Par « chance », l'ouvrage n'a pas cédé. Plus de 1000 personnes travaillent

de surveillances pour tous les ouvrages L'arrêté concernant l'agrément des orga- en France12 au contrôle de la sécurité
de toutes les classes ; les consignes de nismes agissant pour le compte des nucléaire pour moins de 20 sites et
surveillance des ouvrages de classe A à responsables d'ouvrages n'est pas encore moins de 60 centrales ;
C sont approuvées par le préfet. publié. Cependant, l'exécution d'une tâche • Moins de 100 personnes travaillent
13

La définition du contenu de ces docu- correspondrait à un « type » d'agrément. en France au contrôle de la sécurité
ments fait partie du texte du décret de L'agrément serait donné en fonction des des ouvrages hydrauliques pour plus
2007 et de l'arrêté du 29 février fixant capacités techniques des organismes. de 700 barrages de plus de 10 m de
des prescriptions relatives à la sûreté Le rôle des différents acteurs a été haut (dont 300 « grands barrages »). ■

9
C'est la première fois que la notion de « vulnérabilité » est introduite dans un texte réglementaire en France.
10
Les digues ont des prescriptions analogues.
11
CTPBOH.
12
Affectées par exemple à l'IRSN, dans les services centraux et déconcentrés de l'Etat, etc.
13
Affectées par l'exemple au BETCGB, au CEMAGREF, dans des services déconcentrés de l'Etat, etc.

Juin 2008 9
Risques Infos n°20
Risques associés aux barrages et sécurité publique
Catherine GUENON
Bureau des risques majeurs
Direction de la défense et de la sécurité civiles
Ministère de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales
La loi du 22 juillet 1987, a prescrit la mité immédiate et l'obligation pour précisées par l'arrêté du 22 février
réalisation de plans de secours spéci- les communes concernées par toute 2002.
fiques dénommés Plan Particulier la zone d'application du plan, d'élabo- Quant à la démarche d'élaboration de
d'Intervention (PPI), pour les ouvra- rer un plan communal de sauvegarde ces PPI, leur contenu et les modalités
ges et installations fixes, faisant ainsi (PCS). d'information et de consultation des
évoluer les plans d'alerte relatifs aux Ce dispositif PPI - grands barrages différents acteurs, y compris de la
grands barrages créés au lendemain concerne, de manière obligatoire, 99 population, l'ensemble de ces disposi-
de la catastrophe de Malpasset, en ouvrages en France dont la hauteur tions, semblables quelque soit le
dispositif global de mise en sécurité est supérieure à 20 m et la capacité risque technologique majeur couvert
des populations. de retenue supérieure à 15 millions (installation seveso, centrale nucléai-
Ce dispositif de protection générale de m3. re, stockage souterrain de gaz, grand
des populations a été repris par la loi Il repose sur une analyse des risques barrage, ….), est précisé dans le déc-
de modernisation de la sécurité civile décrite dans le décret du 15 septem- ret du 13 septembre 2005 et les gui-
du 13 août 2004 au sein du plan bre 1992 qui fixe également les des et mémentos édités par la
ORSEC et renforcé, notamment, par modalités d'alerte des autorités et Direction de la Défense et de la
la consultation des populations sur le des populations ainsi que la définition Sécurité Civiles.
projet de PPI dans la zone de proxi- des différentes zones d'application

Sécurité des barrages en France :


qui fait quoi ?
Nicolas MONIE
Bureau de la prévention des inondations et de la gestion des rivières
Sous-direction des milieux aquatiques et de la gestion de l'eau de la
direction de l'eau
Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de
l'aménagement du territoire

La France a connu au XXème siècle Partage des responsabilités ou par le vice de sa construction »).
deux accidents majeurs : entre responsable de l'ouvra- La responsabilité des propriétaires,
• La rupture du barrage de Bouzey en ge et l'État exploitants ou concessionnaires d'ou-
avril 1895 dans le département des vrage consiste à éviter un dysfonction-
Vosges, il y eut environ une centaine de nement ou une ruine de leur ouvrage.
Plusieurs acteurs interviennent pour
morts ; Elle se décline concrètement par un
assurer la sécurité des barrages en
entretien et une surveillance de leur
• La rupture du barrage de Malpasset le France et notamment deux de façon
ouvrage et, le cas échéant, par le
2 décembre 1959 dans la vallée du incontournable : le responsable de l'ou-
Reyran qui a ravagé la ville de Fréjus : confortement ou la révision des orga-
vrage (qu'il soit propriétaire, exploitant
429 morts, plus d'une centaine d'im- nes de sécurité de leur ouvrage (déver-
ou concessionnaire) et l'État.
meubles détruits et environ un millier soirs, vannes, dispositif d'auscultation)
Le propriétaire, l'exploitant ou le et peut aller, dans certains cas, jusqu'à
d'hectares de terres agricoles sinis-
concessionnaire de l'ouvrage est le pre- un confortement général de l'ouvrage.
trées.
mier responsable de l'ouvrage et des
dommages susceptibles d'être causés
Ce dernier événement a marqué la en cas de défaillance de son ouvrage. Les barrages sont des ouvrages dont la
politique de sécurité des barrages en Cette responsabilité n'est pas particu- construction est réglementée par l'É-
France : constitution du Comité tech- lière au cas des barrages : c'est la tat, il a donc la responsabilité de s'assu-
nique permanent des barrages en juin responsabilité civile de tout propriétai- rer que les ouvrages dont il autorise
1966 (cf. encart CTPBOH de Patrick Le re d'ouvrage qui est posée par le Code l'existence ne menacent la sécurité civi-
Delliou) et réactualisation des mesures civil (Article 1386 : « Le propriétaire le et il a le devoir d'intervenir dans le
de surveillance des barrages intéres- d'un bâtiment est responsable du dom- cas contraire.
sant la sécurité publique par la circulai- mage causé par sa ruine, lorsqu'elle est Sa mission et sa responsabilité consis-
re 70-15 du 14 août 1970. arrivée par suite du défaut d'entretien tent à vérifier que le propriétaire

10 Juin 2008 Risques Infos n°20


répond à ses obligations et que le bar- ce des barrages intéressant la sécurité décret, les obligations des responsables
rage ne constitue pas un risque (inac- publique, aujourd'hui abrogée, compre- d'ouvrages sont clairement distinguées
ceptable) pour la sécurité civile. nait aussi bien des dispositions relatives des missions des services de contrôle.
L'État doit vérifier que le responsable à la surveillance des ouvrages par leur Ainsi, les dispositions législatives et
réalise ses obligations générales et propriétaire, exploitant ou concession- réglementaires définissent et précisent
périodiques de surveillance. Il vérifie la naire que des dispositions relatives aux les obligations des propriétaires et
validité des études et des rapports qui missions des services de contrôle de concessionnaires d'ouvrages sans abor-
lui sont remis, mais son rôle n'est pas l'État. der l'action de l'État. Les missions des
de surveiller l'ouvrage, ni de relever les Suite à un rapport d'inspection sur la services de l'État (préfets et services de
appareils de mesures, d'analyser l'évolu- sécurité des barrages de juillet 2004, de contrôle) sont précisées par voie de
tion des paramètres relevés, de calculer nouvelles dispositions législatives et circulaire afin d'expliciter la mission de
la stabilité du barrage ou le dimension- réglementaires ont été mises en place contrôle de la sécurité des barrages.
nement de l'évacuateur de crues. par la loi sur l'eau et les milieux aqua-
L'État ne contrôle pas directement tiques du 30 décembre 2006 (articles L.
l'ouvrage mais il s'assure que le 211-3 III du code de l'environnement), Le service de contrôle
responsable de l'ouvrage - le pro- par le décret 2007-1735 du 11 décem-
priétaire, l'exploitant ou le conces- bre 2007 et par l'arrêté du 29 février
2008 fixant des prescriptions relatives à Les missions des services de contrôle
sionnaire - remplit ses obligations
la sécurité et à la sûreté des ouvrages de l'État se définissent au regard des
d'entretien, et du niveau de sécuri-
hydrauliques en ce qui concerne les obligations réglementaires des respon-
té présenté par l'ouvrage.
ouvrages non concédés (cf. article de sables d'ouvrages. Ils doivent vérifier
Xavier Martin). que le propriétaire ou concessionnaire :
Missions du responsable de • tient à jour le dossier et le registre du
l'ouvrage et du service de barrage ;
Tel que l'a préconisé le groupe de tra-
contrôle de l'État vail interministériel présidé par M. • tient à jour les consignes écrites du
Philippe Cruchon, président du CTPB, barrage ;
La circulaire 70-15 du 14 août 1970 chargé d'élaborer les recommandations • adresse périodiquement le compte-
relative à l'inspection et à la surveillan- techniques préalables à la rédaction du rendu des visites techniques approfondies

Des dispositifs de contrôle intégrés à l’ouvrage

Lecture d’un pendule - EDF


Pendule télémesuré - EDF

Des visites de contrôle internes et externes régulières

Tournée d’inspection - EDF Mise à l’eau d’un robot subaquatique de contrôle - EDF

Juin 2008 11
Risques Infos n°20
Le responsable de l'ouvrage première mise en eau réglementée, dossier et registre du bar-
rage, consignes écrites) ou bien de façon différenciée en ce
Les obligations des propriétaires, exploitants ou concession- qui concerne la périodicité des obligations (rapport de sur-
naires de barrages définies par le décret 2007-1735 du 11 veillance, rapport d'auscultation, visites techniques approfon-
décembre 2007 s'organisent suivant quatre classes de barra- dies) ou bien encore certaines obligations ne concernent
ges. Certaines obligations concernent toutes les classes de qu'une ou deux classes de barrages (étude de dangers et
façon indifférenciée (maîtrise d'œuvre unique et réglementée, revue de sûreté).

Barrages

A B C D
H  20 H x 
2
V  200 H x 
2
V  20 H2
et H  10 et H  5

Etude de dangers Oui Oui Non Non


Maîtrise d'œuvre
Oui Oui Oui Oui
unique et réglementée
Obligatoire pour les A la demande du A la demande du A la demande du
avant-projets, projets ministre pour les ministre pour les ministre pour les
les modifications avant-projets, projets avant-projets, projets avant-projets, projets
substantielles et les les modifications les modifications les modifications
Avis du CTPBOH
révisions spéciales substantielles, l’étude substantielles et les substantielles et les
A la demande du de dangers et les révisions spéciales révisions spéciales
ministre pour l’étude révisions spéciales
de dangers
Première mise
Oui Oui Oui Oui
en eau réglementée
Dossier de l'ouvrage Oui Oui Oui Oui
Registre de l'ouvrage Oui Oui Oui Oui
Oui
Consignes écrites Oui Oui Oui Pas d'approbation
par le préfet
Non
Auscultation Oui Oui Oui
Sauf demande
de l'ouvrage sauf dérogation sauf dérogation sauf dérogation
particulière
Fréquence
1 an 5 ans 5 ans /
des rapports
Transmis au préfet Transmis au préfet Transmis au préfet
de surveillance
Fréquence
2 ans 5 ans 5 ans /
des rapports
Transmis au préfet Transmis au préfet Transmis au préfet
d'auscultation
Fréquence
1 an 2 ans 5 ans 10 ans
des visites
Compte-rendu Compte-rendu Compte-rendu Pas de transmission
techniques
transmis au préfet transmis au préfet transmis au préfet au préfet
approfondies
Revue de sûreté Tous les 10 ans Non Non Non
Révision spéciale possible possible possible possible

12 Juin 2008 Risques Infos n°20


des barrages de classe A à C ; chargé de vérifier le contenu des consi- Le service de contrôle intervient égale-
adresse périodiquement le rapport gnes écrites mises en place par les pro- ment dans le cadre des revues de sûre-
• priétaires ou concessionnaires de bar- té décennales des barrages de classe A :
de surveillance dans le cas des ouvra-
ges des barrages de classe A à C ; rage de classe A à C et d'en approuver
le contenu.
• vérification et approbation des moda-
adresse périodiquement le rapport lités de l'examen technique complet de
• l'ouvrage qui permet notamment l'exa-
d'auscultation dans le cas des barrages
des classes A à C ; Enfin, le service de contrôle réalise men du parement amont du barrage ;
périodiquement des visites d'inspection • vérification de la qualité des résultats
• réalise tous les 10 ans les revues de des barrages qui sont l'occasion d'un de cet examen ;
sûreté des barrages de classe A ;
bilan sur les actions demandées, réali-
• tient à jour l'étude de dangers des sées et en cours sur l'ouvrage et d'une
• bilan des dix années écoulées depuis
barrages de classe A et B. la dernière revue de sûreté, examen du
visite proprement dite du barrage afin rapport de la revue de sûreté et avis
de se rendre compte de visu de l'état de sur la nécessité d'engager des études,
Les vérifications portent tant sur le l'ouvrage et de l'efficacité des moyens de des travaux ou bien un diagnostic de
contenu que sur la périodicité des rendus. surveillance et d'entretien mis en place sûreté, aussi appelé révision spéciale. ■
par le propriétaire, l'exploitant ou le
Le service de contrôle est également concessionnaire de l'ouvrage.

Régimes juridiques,
parc d’ouvrages et services de contrôle

A l'exception de quelques ouvrages, le variés et souvent multiples : réserve Le contrôle de la sécurité des barra-
parc de barrages en France relève de pour l'alimentation en eau potable, l'ir- ges par l'État est de la responsabilité
deux régimes juridiques : la loi du 16 rigation, l'alimentation des voies navi- de chaque préfet de département. Il
octobre 1919 relative à l'utilisation de gables ou depuis peu la production de exerce ce contrôle suivant le régime
l'énergie hydraulique et le régime dit neige de culture ; mais aussi régulation juridique de l'ouvrage et par le biais
de la loi sur l'eau codifié dans le code des débits des cours d'eau pour lutter des services compétents :
de l'environnement (article L. 214-1 contre la sévérité des étiages ou au
et L. 214-2 du code de l'environne- contraire écrêter les crues.
• les directions régionales de l'in-
dustrie, de la recherche et de l'en-
ment). vironnement (DRIRE) dans le cas
Un récent inventaire du parc de barra- des ouvrages concédés en applica-
Si dans le cas des barrages inclus dans ges français a dénombré près de 750 tion de la loi du 16 octobre 1919 ;
une installation soumise à concession barrages de plus de 10 m de haut. Mais • les services de police de l'eau
en application de la loi du 16 octobre il faut ajouter plusieurs milliers d'ou- dans le cas des ouvrages soumis
1919, l'usage premier des barrages est vrages de moins de 10 m, notamment aux articles L. 214-1 et L 214-2 du
systématiquement la production d'hy- dans le sud-ouest de la France. code de l'environnement et les
droélectricité, dans le cas des barrages ouvrages autorisés en application
dits « loi sur l'eau » les usages sont de la loi du 16 octobre 1919.

La sûreté hydraulique :
une veille constante pour EDF
Joël HAUTIER, Bernard SOUDAN
EDF - Unité de production Alpes
Un barrage est un ouvrage d'art exploitation : lors de chacune de l'Économie, des Finances et de
important et complexe, cons- ces phases, toutes les précau- l'Emploi), qui impose des inspec-
truit pour durer. tions sont prises pour éviter tions avant, pendant et après
Il vit et « respire » selon le rem- tout incident majeur. EDF exer- leur construction.
plissage de la retenue et les sai- ce une surveillance rigoureuse
sons. La sûreté des ouvrages et permanente de ses installa- La sûreté liée à l’ouvrage
hydroélectriques est la préoccu- tions, confortée par le contrôle
pation majeure et permanente de la DARQSI (Direction de Dès la conception
d'EDF en vue d'assurer la pro- l'Action Régionale, de la Qualité Depuis 1966, la réglementation impo-
tection des personnes, des biens et de la Sécurité Industrielle qui se un examen systématique des
et de l'environnement. dépend de la Direction Générale avants-projets et des projets de barra-
Conception, construction, des Entreprises au Ministère de ges «intéressant la sécurité publique»

Juin 2008 13
Risques Infos n°20
la Tarentaise). Le barrage à contreforts surveillance accrue est portée sur les
en béton transmet la poussée de la réactions des différents éléments
retenue au terrain de fondation (ex. constitutifs de l'ouvrage, sur les ter-
barrage de Roselend - Beaufortain). Le rains d'appui et les rives du lac de rete-
barrage mobile ou « fil de l'eau » (St nue. En cas de détection d'une anoma-
Egrève en Isère)qui stocke une quanti- lie, des travaux complémentaires sont
té plus limitée d'eau se caractérise par entrepris jusqu'à ce que le comporte-
des vannes mobiles et se trouve sur ment réponde de façon satisfaisante
Barrage Bissorte - EDF
des rivières à fort débit. aux critères de sécurité fixés.
Il existe deux grandes familles de bar- Toutes les conditions sont donc réuni-
rages de par leur constitution : les bar- es pour conférer au barrage la résis-
par le Comité Technique Permanent
rages en matériaux meubles réalisés tance nécessaire. Durant les premières
des Barrages et des Ouvrages
en terre ou en enrochement années de vie d'un barrage, on vérifie
Hydrauliques(CTPBOH). Cet examen
(Grand'Maison en Isère) et les barra- que son comportement est bien
concerne toutes les mesures de sûre-
ges en maçonnerie ou en béton ( ex. conforme aux résultats attendus des
té, de la conception à l'exécution et à
Monteynard). études de conception.
la mise en service de l'ouvrage. Des
Des dispositifs de contrôle inté-
spécialistes de l'ingénierie hydraulique
grés à l'ouvrage
d'EDF et de bureaux d'études sont
Les barrages subissent en permanence
chargés de la réalisation des études
des mouvements réversibles dus aux
nécessaires à la construction des bar-
écarts de température ou à la varia-
rages.
tion de la pression de l'eau lors des
Forages, extraction d'échantillons,
variations de niveau de la retenue. De
mesures de perméabilité, percement
nombreux dispositifs de mesure dits
de galeries de reconnaissance permet-
« d'auscultation » (pendules, piézomè-
tent de connaître la structure et la sta- Barrage de Tignes - EDF tres, dispositifs de mesures de fuites et
bilité des terrains de
de déplacements) incorporés dans les
fondation. D'autres
ouvrages à la construction, permettent
études géologiques
de suivre l'évolution des déformations
sont également réali-
subies et de détecter d'éventuels
sées sur les rives du
mouvements irréversibles. Ces don-
futur lac, afin de véri-
nées permettent d'obtenir un suivi
fier que les variations
très précis de la tenue des ouvrages
de niveau des eaux ne Barrage de Roselend - EDF dans le temps. Au cours de la vie de
déclencheront pas de glissements ou
l'ouvrage, l'ensemble du dispositif de
d'éboulements. Des études hydrolo-
La 1ère mise en eau : une phase contrôle est, si nécessaire, complété et
giques sont réalisées sur le débit de la
importante de la vie d'un ouvrage adapté en fonction des besoins, de
rivière en vue de déterminer la crue
La première mise en eau d'un barrage, façon à permettre à tout moment de
maximale à prendre en compte pour
effectuée en liaison avec l'autorité de disposer des informations nécessaires
le dimensionnement des évacuateurs
sûreté, est réalisée de manière pro- à la surveillance.
de crue. Le risque sismique est égale-
gressive, par paliers successifs. Une Par ailleurs, des mesures hydrauliques
ment pris en compte à la construction
des ouvrages. Le résultat de toutes ces
études, auxquelles s'ajoute la prise en
compte de critères économiques,
détermine le type de barrage qui sera
choisi.

Des barrages adaptés à leur


milieu
Ces différentes études caractériseront
donc la typologie et la structure du
futur ouvrage.
Le barrage de type poids (exemple
barrage de Bissorte - Vallée de la
Maurienne)doté d'une base très large
présente l'avantage de très peu sollici-
ter la résistance des berges a contra-
rio du barrage voûte implanté dans les
vallées étroites dont l'appui porte sur
les rives (exemple de Tignes - Vallée de Barrage de Grand’Maison - EDF

14 Juin 2008 Risques Infos n°20


réalisées sur les barrages à la demande
du maître d'ouvrage.
En application de la circulaire 70-15
(cette circulaire, entre autres a été
remplacée par le décret 2007-1735 du
11 décembre 2007) relative aux
grands barrages, EDF effectue des visi-
tes décennales des grands barrages.
Les visites des parties habituellement
immergées sont réalisées soit avec
vidange de la retenue, soit avec utilisa-
tion de moyens subaquatiques per-
mettant d'éviter la vidange et donc
d'en limiter les impacts environnemen-
taux sur la rivière à l'aval du barrage.
Grâce aux évolutions technologiques,
le matériel subaquatique utilisé actuel-
lement permet d'obtenir une vue très
détaillée des parties immergées.
Barrage de St-Egrève - EDF
Les inspections décennales permet-
tent à EDF et aux pouvoirs publics d'a-
concernant les sous-pressions et les permettant de mettre en évidence les voir une vision précise de la bonne
fuites sont destinées à vérifier l'effica- éventuels comportements
cité du drainage et des dispositifs d'é- inhabituels des ouvrages.
tanchéité. Par ailleurs l'Administration,
via les DRIRE, procède à
Des visites de contrôle internes une visite annuelle complète
et externes régulières de la structure et des orga-
Les mesures d'auscultation sont soit nes touchant la sûreté des
réalisées manuellement par l'exploi- barrages ainsi qu'au contrô-
tant des barrages lors de tournées le de l'ensemble des docu-
d'inspection, soit lorsque les condi- ments s'y rapportant. Des
tions le requièrent (éloignement, nom- essais de fonctionnement
bre d'appareils important) mesurées des vannes de vidange sont
et enregistrées automatiquement à réalisés annuellement ; ce Station d’hydrométéorologie - EDF
distance par télémesure. Dans tous les sont ces vannes qui permet-
cas, elles sont transmises au centre de traient de faire baisser rapi- santé des ouvrages et de valider les
calcul EDF-DTG (Division Technique dement le niveau d'eau dans la rete- conditions de sûreté pour la décennie
Générale) spécialisé dans l'expertise nue, diminuant ainsi la pression qui suivante.
du comportement des ouvrages. Dès pèse sur le barrage.
réception des données, la DTG assure Tous les deux ans, EDF-DTG effectue Une maintenance adaptée pour
un second contrôle, au moyen de tests des rapports d'analyses des mesures chaque ouvrage

La vie d'un barrage est ponctuée d'o-


pérations de maintenance. Ces opéra-
tions ont pour but de maintenir ou de
renforcer la sûreté de l'ouvrage. Elles
sont décidées en fonction des résul-
tats, elles sont adaptées aux besoins
de chaque barrage. EDF s'appuie pour
la définition de cette maintenance sur
son service d'ingénierie, le CIH
(Centre d'Ingénierie Hydraulique), et
sur des prestataires externes. Les pro-
grammes de maintenance sont déter-
minés à différentes échelles de temps,
du programme annuel aux program-
mes à long terme.
Dans un passé récent, par exemple, le
barrage du Chambon, a été l'objet
Lecture d’un théodolite - EDF d'une maintenance lourde. Il s'agissait

Juin 2008 15
Risques Infos n°20
ment et de maintenance lourde sur risque lié à un séisme, EDF a passé une
l'ensemble des installations hydrau- convention avec le Laboratoire géo-
liques avec comme objectif de maintenir physique du globe de l'université
un niveau élevé de sûreté et de perfor- Louis-Pasteur de Strasbourg qui
mances techniques. Les ouvrages exploite le RENASS (réseau national
hydrauliques sont des ouvrages qui sont de surveillance sismique), composé de
conçus pour une durée de vie qui 117 stations de surveillance. Le labora-
dépasse le siècle, pour cela ils nécessi- toire avertit EDF de tout séisme de
tent périodiquement des opérations de magnitude supérieure à 4 dans un délai
Lecture d’un piézomètre (contrôle intégré à l’ouvrage) - EDF
maintenance. Aujourd'hui l'âge moyen inférieur à 90 minutes, et localise l'épi-
de réduire des contraintes internes des aménagements hydroélectriques centre. Dès qu'il est averti, l'exploitant
importantes dans l'ouvrage. Cette d'EDF n'est que de cinquante ans. se rend sur site pour procéder à une
campagne de maintenance a consisté, visite de contrôle.
entre autre, à réaliser des saignées
Actions pour maîtriser le risque
verticales dans le barrage. A la suite de
sismique
ce « sciage », les contrôles effectués De la Sûreté au Plan Particulier
Le risque sismique est pris en compte
en permanence ont montré que le d'Intervention (conclusion)
systématiquement lors de la construc-
comportement du barrage avait été L'ensemble des mesures de surveillan-
tion d'un barrage.
modifié du fait du relâchement des ce et de contrôle garantit un très haut
La résistance des barrages est calculée
pressions internes et que le barrage niveau de sûreté et permet de détec-
pour supporter les plus puissants séis-
avait en quelque sorte trouvé une ter tout comportement anormal du
mes.
seconde jeunesse. barrage dès son apparition en mettant
Cependant, afin de prévenir tout
La maintenance des barrages concerne en oeuvre les actions correctives.
aussi les vannes qui équi- Cependant, même si le risque
pent ces barrages, et d'accident est extrêmement
actuellement un program- faible, les pouvoirs publics, en
me de rénovation des van- liaison avec l'exploitant, doi-
nes des barrages de l'Isère vent être prêts à parer à
en aval de Grenoble est toute éventualité : c'est l'objet
engagé. Une des imposan- du Plan Particulier
tes vannes du barrage de d'Intervention « Barrages ».
Beaumont-Monteux a déjà Établi sous l'autorité du Préfet,
été rénovée et les autres le Plan Particulier
sont incluses dans un pro- d'Intervention « Barrages »
gramme pluriannuel. concerne les barrages de plus
Plus globalement, EDF a de 20 mètres de haut et d'une
lancé en 2006 un program- capacité de retenue supérieure
me important d'investisse- à 15 millions de m3 d'eau. ■
Inspection d’un barrage lors d’une vidange - EDF

La surveillance des barrages EDF


par sa Division Technique Générale
Les barrages font l'objet d'une sur- ouvrages. Près de 400 ouvrages sont auscultés
veillance de tous les instants par EDF. La DTG dont le siège est basé à en continu par DTG. Le traitement des
Cette surveillance permet de disposer Grenoble se déploie sur 8 sites à tra- mesures mobilise 5 personnes en
d'informations permettant d'orienter vers la France. Ce référent dispose permanence pour traiter près de
les actions de maintenance. d'outils adaptés à la mise en évidence 4 000 mesures par jour. Les mesures
Elle s'appuie sur la mesure et l'analyse de comportements singuliers. Le cala- sont collectées par l'intermédiaire de
en temps réel de données clés de l'ou- ge des modèles statistiques est en 90 000 capteurs et représentent dés-
vrage, comme ses déplacements, tas- permanence adapté aux évolutions ormais une base riche de 30 millions
sements, débits de fuites… récentes des phénomènes suivis. de données. DTG effectue ainsi le suivi
Cette phase de traitement garantit à d'un parc unique au monde, permet-
A EDF depuis 1946, c'est la Division
l'exploitant une base de données de tant la comparaison des comporte-
Technique Générale (DTG) qui assure
très bonne qualité (examen des séries ments d'ouvrages d'un même type
la mise en œuvre des dispositifs de
mesure, qui stocke les données, et chronologiques, absence de données
émet les diagnostics sur l'état des manquantes…)

16 Juin 2008 Risques Infos n°20


Le contrôle des barrages de concessions
hydroélectriques par les DRIRE
Elisabeth VERGEZ - DRIRE Rhône-Alpes
Division énergie, électricité et sous-sols

Les barrages faisant partie de conces- torité concédante le contrôle des D'autre règles spécifiques aux ouvra-
sions de force hydraulique sont soumis concessions en général est intervenu ges hydroélectriques ont été adoptées
au contrôle de l'Etat. Ce contrôle est très tôt dans le suivi des grands ouvra- par le ministère en charge de l’envi-
assuré au niveau des départements ges puisqu'une circulaire relative aux ronnement. En particulier pour les
par les DRIRE sous l'autorité des pré- barrages intéressant la sécurité barrages de plus petite taille, la circu-
fets et de la direction de l'action régio- publique est établie en 1927. La cata- laire du 23 mai 1997 relative à la sur-
nale, de la qualité et de la sûreté indus- strophe de MALPASSET en 1959 qui a veillance des barrages de moyenne
trielle (DARQSI) du ministère en char- provoqué 421 morts a conduit d'une importance, faisant partie de conces-
ge de l’environnement. Ce contrôle se part à la création du comité à caractè- sions de forces hydrauliques, définit les
fonde sur les textes généraux, notam- re interministériel dit CTPB pour obligations du concessionnaire et du
ment en matière de sécurité publique, "Comité Technique Permanent des service chargé du contrôle pour les
et sur le cahier des charges de conces- Barrages" en 1966, et d'autre part à l'a- ouvrages de taille moyenne définis par
sion spécifique à chaque aménage- doption en 1970 de la circulaire inter- le critère : carré de la hauteur x racine
ment. ministérielle relative à l'inspection et à du volume > 200 et hauteur supérieu-
re à 10 m.

Rôle et missions exercés


par les DRIRE pour le
contrôle intéressant la
sécurité publique
La circulaire de 1970 indique qu'il
incombe aux propriétaires des ouvra-
ges « de connaître aussitôt que possi-
ble tous les incidents qui l'affectent de
manière à parer à leurs conséquences
dangereuses, de découvrir tous les
symptômes d'affaiblissement de
manière à prévenir leur aggravation, de
vérifier le bon fonctionnement de tous
les organes essentiels d'exploitation et
de vidange afin de pouvoir compter
Visite décennale du barrage de Tignes par voie directe après vidange de la retenue - BETCGB sur eux au moment où on aura à s'en
servir.»

Contrôle actuel : renforcé la surveillance des barrages intéressant


Elle précise par ailleurs que lorsqu'il
la sécurité publique.
pour les barrages de plus s'agit d'une concession, le service de
l'Etat responsable du contrôle de l'ou-
de 20 m de haut
La circulaire de 1970 définit à la fois vrage doit s'assurer que cette mission
les obligations de l'exploitant, complé- est convenablement remplie par le
D'une manière générale, les conces- concessionnaire.
tant ainsi l'obligation de sécurité
sionnaires d'ouvrages hydroélec-
publique évoqué dans les cahiers des
triques concédés assurent la responsa- La mission de contrôle de la DRIRE
charges de la concession et celles du
bilité directe des barrages en place. Le est donc très clairement un contrôle
service chargé du contrôle.
cahier des charges (le contrat entre du contrôle autrement dit de contrô-
l'Etat et le concessionnaire) a prévu le de deuxième niveau.
dès 1920 l'obligation pour le conces- Les barrages concernés sont ceux de
sionnaire de se conformer "aux règle- plus de 20 m de haut ou le cas La DRIRE RHONE ALPES assure le
ments existants ou à intervenir " en échéant ceux de dimension inférieu- contrôle de 33 barrages de plus de 20 m
matière de "sécurité et de salubrité re dont les caractéristiques ou la de hauteur et de 28 barrages de
publique". localisation justifient une attention moyenne importance.
L'Etat qui avait instauré en tant qu'au- particulière. D'une manière courante, les missions

Juin 2008 17
Risques Infos n°20
de la DRIRE sont pour l'essentiel : trement de ces observations, elle reste Contrôle des Grands Barrages ».
souvent indispensable lorsque des tra-
• d'être le destinataire de l'ensemble vaux d'entretien sont nécessaires. La DRIRE de Rhône Alpes est certi-
des observations conduites par le
Une inspection de type subaquatique fiée ISO 9001 depuis novembre 2006.
concessionnaire de l'ouvrage
comme celle mise en œuvre, en 2002, Le processus d'inspection des moyens
• d'émettre un avis critique sur la pour les barrages du VERNEY, de et grands barrages a été retenu
manière dont ces informations sont GRAND MAISON ou de MONTEY- comme prioritaire du fait des enjeux. Il
recueillies, traitées, analysées et sur les NARD est possible après l'obtention est listé dans la cartographie des pro-
suites données par l'exploitant d'une dérogation délivrée par cessus clés retenus au manuel qualité
l'Administration Centrale du ministère de la DRIRE Rhône Alpes.
• de valider, sous l'autorité du Préfet en charge de l’environnement. Ce type
un certain nombre de consignes liées d'inspection est possible grâce aux
en particulier à l'auscultation de l'ou- progrès réalisés par EDF et ses sous Les nouvelles dispositions
vrage, aux passages des crues, à l'ex- traitants sur la qualité de cette inspec-
ploitation : vérifier leur mise en œuvre tion en particulier en terme de qualité relatives à la sécurité et à
et l'entretien global des ouvrages. de visualisation et de repérage des la sûreté des barrages :
défauts observés, ce qui a permis de
Ces contrôles en
bureau sont complé- Le contrôle des concessions
tés par une inspection hydroélectriques réalisé par les
sur place, sur un ryth- DRIRE est réaffirmé et renforcé
me au moins annuel, par la réforme des textes législatifs
pour les barrages de et réglementaires : décret n° 2007-
plus de 20 m de hau- 1735 du 11 décembre 2007 relatif
teur, permettant aux à la sécurité des ouvrages hydrau-
agents du service de liques et au Comité technique per-
contrôle de s'assurer manent des barrages et des ouvra-
in situ de la réalité ges hydrauliques. Ce décret pris en
des actions menées et application des articles 21,22 et 28
de faire procéder à de la loi n° 2006-1172 du 30
certains essais décembre 2006 sur l'eau et les
comme par exemple milieux aquatiques rénove en pro-
celui de l'ouverture fondeur les règles de sécurité et
des ouvrages de de sûreté des ouvrages hydrau-
vidange. Cette inspec- liques qu'il s'agisse de barrages
tion fait l'objet d'un hydroélectriques concédés, d'ou-
compte rendu écrit vrages hydrauliques autorisés ou
sous forme de pro- de digues de protection des popu-
cès-verbal. lations. Les nouvelles mesures
concernent en particulier :
La circulaire de 1970
prévoit par ailleurs • L'établissement d'une classifica-
qu'un point plus com- Robot subaquatique filoguidé permettant l’inspection par voie indirecte des parties tion (A, B, C, D) des ouvrages
plet de l'ouvrage soit immergées de la retenue - BETCGB hydrauliques basée, en ce qui
réalisé tous les 10 ans concerne les barrages, sur leurs
comportant notamment une observa- rendre l'Administration moins réticen- caractéristiques géométriques. La clas-
tion des parties habituellement noyées te à l'utilisation de cette technique. sification du barrage emportera des
de l'ouvrage. Cette inspection dite «
décennale » permet en particulier de obligations d'importance décroissante
L'organisation des DRIRE pour les concessionnaires ;
réaliser un bilan des observations
réalisées lors des inspections annuel- Le Comité Technique Permanent des • L'obligation, pour le concessionnaire,
les précédentes. Barrages, a en charge d'émettre un avis de présenter une étude de danger
sur les projets nouveaux ou les modi- pour les ouvrages les plus importants ;
Afin de réaliser l'inspection décennale, fications importantes d'ouvrage.
la vidange reste le moyen préconisé
• La délivrance par l'Etat, à terme, par
arrêté ministériel, d'un agrément pour
par l'Administration : elle est totale- Pour l'exercice de la mission de
contrôle des barrages, les DRIRE les organismes participant à certaines
ment efficace à la condition que l'ex-
ploitant mette en œuvre des moyens disposent de l'expertise d'un service tâches de conception et de surveillan-
importants en terme de nettoyage des technique central le BETCGB pour ce des barrages pour le compte des
ouvrages, d'observation et d'enregis- « Bureau d'Etude technique et de concessionnaires. ■

18 Juin 2008 Risques Infos n°20


Les plans de secours
des grands barrages isérois
Guy SERREAU
Préfecture de l’Isère - Chef du bureau des risques naturels et courants
Service interministériel de défense et de protection civile
Le département de l'Isère a la chance portant aux 15 000 grands barrages réglementaires, un important arrête
de compter 7 grands barrages hydro- existants dans le monde est d'une très interministériel, en date du 22 février
électriques, dont l'importance en ter- faible fréquence (de l'ordre de 1 pour 10 2002, a imposé, à titre complémentai-
mes de valeur économique et d'usage 000 / par an - Chine exclue). re, que l'étude des risques porte aussi
est incontestable : production d'élec- Il faut aussi savoir que 50 % de ces sur la sensibilité des barrages vis à vis
tricité mais aussi enjeux forts liés à rares accidents ont lieu lors de la mise des crues.
l'eau, au tourisme … en eau. Ce texte de 2002 a, enfin, modifié la
Ils sont exploités par EDF et tous Il convient, enfin, de retenir qu'une conception initiale, selon laquelle la
localisés dans la partie sud du départe- rupture de barrage est généralement zone de sécurité immédiate, à l'aval
ment. la phase ultime d'un comportement direct de l'ouvrage, était délimitée par
4 sur la chaîne du Drac (axe accidentel. Une telle rupture est donc la distance parcourue par le flot, en un
Grenoble Gap) généralement précédée de signes, d'indi- 1/4 d'heure.
- Monteynard (275,3 millions /m3) ces, d'informations que l'exploitant doit La définition nouvelle aboutit à un PPI
- Notre Dame de Commiers impérativement porter à la connaissance intégrant la définition, par le préfet, de
(34millions /m3) du représentant de l'Etat dans le dépar- 3 zones successives :
et tement, le préfet. • Zone de proximité immédiate (ZPI)
- Le Sautet (108 millions /m3) • Zone d’inondation spécifique (ZIS)
- Saint Pierre Cognet (27.53 • Zone d’inondation (ZI)
millions /m3) Approche législative et Enfin, une référence législative récente
3 situés sur le secteur de l'Oisans réglementaire a constitué une base importante pour
- Grand Maison - Vallée de l'Eau l'établissement des PPI : la loi de
d'Olle (137 millions /m3) Le législateur a estimé qu'en matière modernisation de sécurité civile du 13
- Le Verney - Vallée de l'Eau d'Olle de grands barrages, il y avait lieu de août 2004. Un décret en date du 13
(15.4 millions /m3) planifier, dans le cadre de plans d'ur- septembre 2005 pris en application de
et gence, des mesures d'évacuations pré- celle ci a actualisé le cadre procédural
- Le Chambon - sur La Romanche ventives des populations concernées, d'élaboration des PPI.
(51 millions /m3) même si leur probabilité de mise en Ajoutons encore qu'un tout récent
Nota : le département de l'Isère est oeuvre est très faible. décret, du 11 décembre 2007, vient
aussi concerné, de manière plus par- Au départ, c'est un décret du 6 mai encore d'enrichir la panoplie régle-
tielle, par l'existence de 5 autres 1988, relatif aux plans d'urgence, qui a mentaire relative à la sécurité des
grands barrages, 4 situés en Savoie : imposé en France la réalisation de ouvrages hydrauliques.
Tignes et Bissorte (sur l'Arc), Roseland plans particuliers d'intervention, pour
et Girotte (sur l'Arly), et 1 dans le les grands barrages : ceux de plus de
département du Jura, le barrage de 20 m de hauteur et formant une rete- La portée du plan et le
Vouglans (sur l'Ain) nue de capacité supérieure ou égale à cadre d’action des plans de
15 millions /m3. secours
Le maître d'ouvrage d'un barrage, en
Considérations générales application d'un autre décret, du 15 Le but général du plan
septembre 1992, est tenu d'établir et Le plan de secours, dénommé plan
Les ruptures de grands barrages sont de remettre au préfet, préalablement à particulier d'intervention (PPI) a pour
des événements d'une exceptionnelle l'établissement du PPI une étude des objet d'organiser, en temps utiles, la
rareté qu'il convient néanmoins de risques, portant sur le risque sismique mise à l'abri totale et ordonnée de la
prendre en compte, sans pour autant et le risque d'effondrement de terrain population, dans toute la mesure du
être alarmiste : les aspects sûreté et (étude incluant les limites et délais possible, dans le cas où l'intégrité phy-
sécurité font en effet l'objet d'atten- d'invasion du flot, en cas de rupture). sique d'un barrage serait menacée.
tions particulières de la part des Ladite étude est ensuite soumise à l'a- Il permet de définir les mesures de
exploitants et des services de l'Etat, vis conforme du comité technique sauvegarde à appliquer en vue
chargés du contrôle. permanent des barrages CTP, comité d'évacuer les populations avant que
Il convient de se rappeler que le nom- interministériel. le danger ne devienne imminent.
bre moyen d'accidents majeurs, se rap- Au titre des successives adaptations L'organisation d'une diffusion de l'aler-

Juin 2008 19
Risques Infos n°20
te, la plus rapide possible, est donc former la population locale sur la condui- l'analyse des risques, secteur où l'inon-
prise en compte dans ce plan ainsi que te à tenir, en situation de crise, et partici- dation est comparable à une inonda-
le cadre opérationnel définissant les pe à leur mise en sécurité. tion naturelle.
principes généraux liés à la mise en Une coordination des actions
sécurité desdites populations. (…mesures de sauvegarde, informa-
Le cadre d’action d’un PPI
Une montée en puissance du dispositif tion des populations, communication
opérationnel est ainsi prévue, à partir médias, …), à l'échelle interdéparte-
Plusieurs zones sont définies :
de différents stades de pré alerte et mentale (Isère Drôme Ardèche),et à
• Une Zone de proximité immé-
d'alerte, dans le but rappelé ci avant : l'échelle zonale (mobilisation de ren-
diate : la ZPI
prévenir et sauvegarder les popula- forts de proximité et à l'échelle natio-
La première zone aval du barrage
tions. Il s'agit des stades suivants : état nale), est mise en place pour les PPI
connaîtrait, suite à une rupture totale
de vigilance renforcée, état de préoccupa- barrages de l'Isère.
ou partielle de l'ouvrage, une submer-
tions sérieuses, état de péril imminent, der-
sion de nature à causer des dommages
nier stade avant celui de rupture constatée.
Un tel dispositif impose :
considérables. Les zonages retenus par le
Son étendue tient compte des temps Préfet
• d'une part, une transmission rapi- d'arrivée du flot et d'une prise en
de des informations vers la compte particulière de l'aspect alerte. Un travail important vise les mesures
Préfecture, les maires et la popula- L'exploitant a, en effet, l'obligation de sauvegarde à appliquer, en vue d'é-
tion, en situation de crise. d'assurer la diffusion de l'alerte aux vacuer les populations avant que le
• d'autre part, une implication de populations de cette zone, en situation danger ne devienne imminent ; cela à
tous les acteurs, publics et privés, d'urgence. partir d'une diffusion rapide des infor-
notamment de chaque maire • Une Zone d'inondation spéci- mations et de l'alerte.
concerné, lequel a la responsabilité fique : la ZIS Le cadre de l'alerte fixé par le préfet
de mettre en place et de tenir à Il s'agit de la zone située en aval de la en matière de barrages manifeste une
jour permanente son PLAN COM- zone de proximité immédiate. Les volonté marquée de l'Etat pour un
MUNAL DE SAUVEGARDE (ou dégâts y seraient aussi très importants. renforcement du cadre de sécurité
intercommunal) PCS. Elle s'arrête en un point où l'élévation publique : Le préfet a retenu, pour nos
Rappel : Le PCS est rendu obligatoire par du niveau des eaux est de l'ordre de barrages une alerte en masse et rapi-
la loi du 13 août 2004 de modernisation celui des plus fortes crues connues. de, par automate d'appels télépho-
de la sécurité civile, pour toutes les com- • Une dernière zone, dite Zone niques, au bénéfice de l'ensemble des
munes concernées territorialement par d'inondation, hors PPI : la ZI populations en zone de proximité
un PPI. Un tel plan prend en compte le Il s'agit de la zone en aval de la zone immédiate - ZPI (résidents, industriels,
PPI à l'échelon communal. Il permet d'in- d'inondation spécifique, couverte par écoles…)

Information préventive - Préfecture de l’Isère

20 Juin 2008 Risques Infos n°20


Cette alerte spécifique en ZPI relève secours relevant de l'Etat, des collecti- Les PPI barrages de l'Oisans,
de la responsabilité et d'une mise en vités locales et des établissements Grand Maison et Chambon ont
œuvre EDF. Nota : Les ''sirènes exploi- publics. En tant que de besoin, il mobi- été approuvés le 2 juillet 2007.
tant'' existantes sont aujourd'hui mainte- lise ou réquisitionne les moyens pri- La ZPI de Grand Maison va du barrage
nues pour participer à la redondance vés. S'il y a lieu, il mobilise les moyens jusqu'à Vizille et remonte sur Bourg
d'une alerte. ''ORSEC départemental'' et active d'Oisans, celle du Chambon s'arrête à
Sur l'ensemble des territoires concer- tous autres plans de secours. ''Rochetaillée'', sur la RD 1091, après
nés, tous les renforts en terme de Le Préfet de zone sud-est, dans une Bourg d'Oisans.
moyens d'alerte des pouvoirs publics situation dépassant les limites ou capa- Pour les PPI des barrages du Sautet
sont mobilisés : automate d'appels cités du département, peut être appe- et de Notre dame de Commiers
téléphoniques préfecture vers les mai- lé à mobiliser tous moyens de secours le préfet a, en ce début d'année 2008,
res (GALA), automates d'appels télé- et à prendre les mesures de coordina- porter à la connaissance d'EDF sa
phoniques des communes, sirènes des tion nécessaires à la conduite des opé- décision de délimiter la zone de proxi-
barrages, sirènes du réseau national rations.
mité immédiate pour chacun d'eux, entre
d'alerte, sirènes des communes, élé-
le barrage et la rocade sud grenobloise.
ments mobiles d'alerte….
Le point sur la réalisation La réalisation des 2 derniers PPI
Par ailleurs, les médias, télévision,
des PPI barrages en Isère concernera les plus petits ouvrages :
radio…seraient aussi utilisés par les
Saint Pierre Cognet et Le Verney
pouvoirs publics, pour diffuser l'alerte,
C'est en tenant compte de l'indispen- (lié à Grand Maison).
communiquer sur les mesures opéra-
sable évolution du cadre de sécurité Chacun des plans approuvés est
tionnelles et les consignes à appliquer
civile que la réalisation des plans isé- consultable en préfecture(s) et en mai-
par la population.
rois a été abordée. ries.
L'approche opérationnelle du plan se
Celle ci a été engagée sur la base de la Les différents acteurs, services et par-
veut simple. L'anticipation en constitue
la trame. Elle se justifie par le fait qu'une loi de modernisation de sécurité civile tenaires, collectivités locales… mais
rupture de barrage est généralement la du 13 août 2004, en étroite concerta- aussi les populations, devront s'appro-
phase ultime d'un comportement acci- tion avec les services du Ministre en prier ces plans de secours.
dentel.Au moindre doute, et si la situation charge de l'intérieur (Ministère de l'inté- Certains dossiers d'Information
le nécessitait, l'ouvrage serait mis, sans rieur, de l'outre mer et des collectivités Communaux sur les Risques Majeurs -
délai, sous surveillance renforcée. territoriales), plus particulièrement la DICRIM - ont déjà intégré le risque
L'objectif principal : que l'exploitant Direction de la défense et de la sécu- barrage (notamment la ville de
puisse activer et diriger les différentes rité civiles - Grenoble). Ce comportement devra
mesures d'urgence pour assurer la DDSC) et ceux du Préfet de Région, être généralisé, tout comme la décli-
sûreté de l'ouvrage et que le préfet, Préfet du Rhône, préfet de la zone naison desdits plans particuliers d'in-
dans une éventuelle situation de crise, sud-est. tervention dans les plans de commu-
puisse assurer, autant que faire se peut La démarche est également conduite naux de sauvegarde.
avec un maximum d'anticipation, les en étroite concertation, avec l'exploi- EDF en liaison avec les services de la
mesures d'information ou d'alerte, et tant EDF (son Directeur technique de l'u- préfecture vient d'élaborer des docu-
de sauvegarde des populations. nité de production Alpes) et avec le ser- ments d'information (brochures, pla-
Des mesures décisionnelles sont donc vice chargé du contrôle, la DRIRE
quettes…), lesquels sont destinés aux
définies sur la base d'une montée en Rhône Alpes, (division électricité et sous
collectivités locales et à leurs popula-
puissance du dispositif PPI : 2 stades de sol, à Grenoble).
tions.
pré alerte (vigilance renforcée et préoc- Les élus locaux et différents partenai-
Ces documents visent une information
cupations sérieuses) et de 2 stades d'a- res sont associés et consultés. Une
de tous sur les bons comportements à
lerte (péril imminent et rupture partielle consultation du public est aussi organi-
adopter face au risque. Ils seront diffu-
ou totale constatée). sée avant approbation des plans.
sés durant le 1er semestre 2008.
Le ''PPI Monteynard'' a été approu-
Enfin soulignons ici l'intérêt des exer-
vé le 14 mars 2006 par le préfet de
cices de sécurité civile : un premier
Le Préfet de l’Isère, direc- l'Isère et contresigné par le préfet de
exercice PPI barrage sera réalisé en
teur des opérations de Région, préfet du Rhône, préfet de la
secours zone sud-est et par les préfets de la Isère au cours de cette année 2008.
Drôme et de l'Ardèche. Nous sommes tous acteurs de la sécu-
Le Préfet de l'Isère, ''préfet pilote'' du La zone de proximité immédiate va du rité civile. La sécurité civile est l'affaire
PPI, assure la direction des opérations barrage jusqu'à la rocade sud de de tous. ■
de secours et mobilise les moyens de Grenoble.

Juin 2008 21
Risques Infos n°20
L’alerte téléphonique aux populations des zones de proximité immédiate des barrages PPI
Joël HAUTIER - EDF - Unité de production Alpes
Le décret n° 2005- 1158 du 13 septembre après accord ou demande du Préfet, l'ex- Proximité Immédiate du PPI du barrage de
2005 relatif aux plans particuliers d'inter- ploitant du barrage lance une alerte télé- Monteynard, au sud de Grenoble, est en
vention concernant notamment certains phonique vers la population de la Zone de service depuis 2006. En cas d'extrême
grands barrages indique que les exploitants Proximité Immédiate du PPI. Un automate urgence, les 80 000 personnes résidant ou
de ces ouvrages ont à leur charge la d'appel téléphonique compose tous les travaillant dans l'agglomération sud greno-
responsabilité d'alerter les populations. Le numéros téléphoniques d'une liste consti- bloise recevront, sous un délai maximum
dispositif d'alerte est constitué d'un réseau tuée des abonnés inscrits dans l'annuaire d'un quart d'heure un message téléphonique.
de sirènes fixes actionnables, à la demande universel et identifiés géographiquement
du préfet, par l'exploitant à partir des sur cette zone (numéros de l'opérateur De plus, l'efficacité et la fiabilité du système
locaux de surveillance des barrages. historique, des opérateurs alternatifs, des est testée trimestriellement : préfecture,
Dans le cadre de la mise en œuvre des PPI, numéros dégroupés voire des mobiles DRIRE et mairies des communes de la ZPI,
EDF et la préfecture de l'Isère ont réfléchi inscrits dans cet annuaire). Au décroché plus de 100 numéros sont appelés. Ces
conjointement aux moyens d'améliorer des combinés, l'automate délivre un mes- tests ont révélé un taux de réponse de
l'efficacité de cette alerte. sage de demande de mise en sécurité d'ur- 100% et une validation du message de plus
gence. Si l'appel n'aboutit pas (poste occu- de 87%.
L'installation de sirènes à chaque carrefour
pé ou répondeur) ou si le destinataire n'a Au vu de ces résultats, la préfecture a
n'étant pas envisageable en raison de l'aug-
pas compris le message, un deuxième donné son accord pour étendre ce dispo-
mentation globale du niveau sonore des
appel est effectué automatiquement. sitif sur les autres PPI du département de
activités humaines et parallèlement à l'amé-
lioration de la qualité d'insonorisation des Le système est également souple. La mise l'Isère. Il est opérationnel, depuis décemb-
logements, EDF a proposé de mettre en en œuvre du système est rapide. Les listes re 2007, en aval des barrages de
place un système novateur pour les PPI : l'a- des destinataires sont périodiquement Grand'Maison et du Chambon dans la val-
lerte téléphonique. La démultiplication de mises à jour, prenant en compte le change- lée de la Romanche et sera mis en œuvre
ce dispositif a également été proposée sur ment de domicile des habitants et les nou- sur les quatre derniers barrages PPI de ce
tous les sites PPI des centrales nucléaires. veaux abonnés. département : le Sautet, St-Pierre Cognet,
Notre Dame de Commiers et le Verney.
La téléalerte, La téléalerte PPI Barrage en Des réflexions ont également démarré
service depuis plus d'une année entre la préfecture de Savoie et EDF pour
un dispositif d'avenir
étudier l'adaptation et l'utilisation de ce
Le dispositif est simple, fiable et souple d'u- Avec l'impulsion de la préfecture de l'Isère,
dispositif.
tilisation. En cas de risque imminent, et la téléalerte des populations de la Zone de

Présentation Un dispositif qui s'intègre dans la


du dispositif chaîne d'alerte et d'information
de téléalerte Cette alerte de l'exploitant vers les popu-
lations en aval des barrages n'est pas le
seul moyen d'information. Il est intégré à
l'ensemble des dispositifs d'un plan parti-
culier d'intervention.
Ce dispositif d'alerte vient en complément
des informations transmises localement
dans le cadre de la mise en œuvre des
Plans Communaux de Sauvegarde, des
sirènes des communes ou des barrages et
du déploiement des messages préfecto-
raux délivrés par les organismes de
secours, le réseau national d'alerte, l'auto-
mate GALA ou les médias radiophoniques.
En amont de ces mesures, et suite à la vali-
dation des PPI, le public est informé par le
biais des dossiers PPI consultables en mai-
ries ou sur les sites internet (préfectures
ou communes). Des brochures éditées par
EDF sur la conduite à tenir en cas de mise
en œuvre d'un PPI barrage (cf encart sur
les affiches et brochures) sont également
disponibles en mairies.
EDF

22 Juin 2008 Risques Infos n°20


Sécurité et pathologie des petits barrages de montagne :
vers un guide technique pour la conception, la réalisation,
le suivi et la réhabilitation des retenues d’altitude
Laurent PEYRAS1, Patrice MERIAUX1, Didier RICHARD2
1
Cemagref Aix-en-Provence - 2Cemagref Grenoble

1-Introduction dans la zone de batillage. Lors des forts cadre du programme Risque Décision
et fréquents marnages du plan d'eau, la Territoire.
Dans les stations de sports d'hiver, la géomembrane est alors exposée direc-
construction de petits ou moyens barra- tement, sur de grandes surfaces, à des
ges destinés à stocker de l'eau pour l'ali- conditions d'environnement très diffici- 2-Enquête de retour d'expé-
mentation des installations de neige de les (cycles gel-dégel, actions des glaces,
culture se multiplie depuis une décennie, du vent, des UV, etc.) : ceci engendre fré- rience dans un département
sur l'ensemble des massifs français quemment des pathologies et des pro- de montagne
(Mériaux 2005). Les maîtres d'ouvrage cessus de dégradations rapides du DEG.
des installations sont, en général, des Dans le cadre du projet de recherche et
communes de montagne ou des sociétés S'appuyant sur une enquête de retour développement BARALTISUR, une
privées ou mixtes d'aménagement. d'expérience dans un département de enquête de retour d'expérience a été
montagne et sur l'étude de quelques cas conduite en été 2007 visant à faire un
Ces ouvrages, souvent dénommés loca- récents de désordre ou d'incident, cette état des lieux le plus complet possible
lement « retenues collinaires », sont communication présente les principaux du parc de barrages d'altitude en France.
sans conteste des barrages, tant sur le défauts de conception et quelques patho- Ce travail a été conduit par le Cemagref
plan réglementaire que technique. Ils logies rencontrés et présente les actions dans les massifs Alpins et Pyrénéens et a
sont implantés dans des zones d'altitude en cours pour améliorer la conception et permis de visiter et de faire une analyse
(cf. figure 1) et s'avèrent potentiellement la pérennité des aménagements. documentaire sur quelques 30 ouvrages,
exposés à des aléas naturels spécifiques auxquels s'ajoute la visite de 21 retenues
au milieu montagnard (avalanches, glisse- A ce titre, l'article présente le projet dans le seul département de la Savoie en
ments de terrain, débordements torren- BARALTISUR en cours de réalisation, été 2004 et l'analyse d'environ 40 dos-
tiels ou chutes de blocs). Par ailleurs, en qui vise à produire un guide pour la siers de projet de barrages d'altitude.
cas de rupture accidentelle du barrage conception, la réalisation, le suivi et la Pour fixer les idées, le parc de barrages
ou d'expulsion instantanée de tout ou réhabilitation des retenues d'altitude. Ce d'altitude en France est constitué d'envi-
partie de leur retenue, l'onde de sub- projet de recherche et développement ron 100 retenues de plus de 10 000 m3,
mersion engendrée pourrait déclencher, mobilise une équipe pluridisciplinaire sachant qu'il s'agit d'un parc en pleine
sur les pentes à l'aval, des phénomènes composée de chercheurs du Cemagref expansion (30 projets de barrages neufs
torrentiels catastrophiques tels que et d'ingénieurs de bureaux d'études. Il actuellement en cours d'instruction ou
laves torrentielles ou coulées boueuses. est financé par le Conseil Régional en projet).
PACA, la Délégation Interministérielle à
Sur le plan réglementaire, ces ouvrages l'Aménagement et à la Compétitivité 2.1. Description synoptique des
relèvent des dispositions de la loi sur des Territoires (DIACT) et par le aménagements
l'eau (régime de la déclaration ou de Ministère chargé de l'écologie dans le - altitude d'implantation : 1 200 à 1 800 m
l'autorisation) et, comme ils se trouvent
souvent à l'amont immédiat d'enjeux
majeurs, ils intéressent le plus souvent la
sécurité publique, en dépit de volumes
stockés relativement faibles.

Les sites d'implantation de ces barrages


révélant très généralement des fonda-
tions perméables ou à tout le moins
hétérogènes, les concepteurs retiennent
la solution de la création d'un dispositif
d'étanchéité artificiel par géomembrane
(DEG) pour assurer l'étanchéité à la fois
du remblai, qui ferme du côté aval la
retenue, et de l'ensemble de la cuvette
dont la partie amont est généralement
terrassée en déblai. Dans la majorité des
cas, la géomembrane ne dispose d'une
couverture de protection qu'en partie
haute des talus intérieurs de la cuvette, Barrage d’altitude sous protection paravalanche dominant une station de ski - Cemagref

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Risques Infos n°20
(moyenne : 1 500 m) sent pas d'équipement permettant d'ap- ou partiellement, pour définir les cahiers
- volume de retenue : 5 000 à 80 000 m3 précier leur comportement. des charges des différentes missions
(moyenne : 40 000 m3) d'ingénierie à engager pour réaliser un
- type de barrage : barrage en remblai et Ces constats montrent des insuffisances projet de barrage d'altitude ou encore
cuvette en déblai étanchés par géomem- au niveau de la conception, parfois de la pour compléter un dossier loi sur l'eau.
brane réalisation et de l'auscultation, dénotant A cette fin, une annexe du guide est des-
- hauteur maximale du remblai : 4 à 14 surtout une méconnaissance des spécifi- tinée principalement aux maîtres d'ou-
m par rapport au terrain naturel cités du domaine délicat qu'est la cons- vrage. Elle ne constitue toutefois pas un
(moyenne : 8 m) truction des barrages à étanchéité référentiel technique pour la concep-
- fruit du talus amont : 1,5 à 3 mince. tion, la réalisation et l'exploitation de ces
- fruit du talus aval : 1,5 à 3,5 barrages, qui est envisagé à moyen
- évacuateur de crues en général de type terme.
déversoir en enrochements bétonnés,
installé sur le remblai, avec un dissipa- 3. Actions réalisées ou proje- 3.2 Projet de guide technique de
teur d'énergie souvent absent ou rus- tées pour contribuer à l'amélio- recommandations
tique Les maîtres d'ouvrage, publics ou privés,
- dispositif d'auscultation : point de col-
ration du parc d'ouvrages
affichent un souci évident de faire cons-
lecte, en général unique, des débits de truire des barrages d'altitude capables
drainage Les actions entreprises par les services de durer dans le temps, sans présenter
- organe de vidange : conduite traversant de contrôle de l'Etat avec l'appui du de risques pour les populations en aval
le remblai ou sa fondation Cemagref ont d'ores et déjà conduit à (vis-à-vis de la rupture ou de la surverse
- statut administratif : autorisation ou une amélioration sensible de la sécurité du remblai) et pour les skieurs, prome-
déclaration. des ouvrages construits ces dernières neurs ou agents d'exploitation évoluant
années. Ces missions régaliennes sont à proximité des ouvrages (vis-à-vis des
2.2. Synthèse des résultats complétées par deux projets plus risques de chute et de noyade dans la
Les conclusions les plus marquantes de méthodologiques. retenue).
l'enquête peuvent se récapituler ainsi :
- la plupart des barrages (60 à 80%) inté- 3.1. Instruction des projets au titre Les gestionnaires au quotidien de ces
ressent - ou sont susceptibles d'intéres- de la loi sur l'eau barrages sont, dans bien des cas, les
ser (étude d'impact de la rupture à faire) Les projets de barrages d'altitude sont agents des services chargés de la sécuri-
la sécurité publique ; soumis à une simple déclaration ou à sation du domaine skiable (déclenche-
- une retenue d'altitude sur deux a été autorisation selon leur taille et sont ment préventif des avalanches, surveillan-
construite sur des sites soumis à des instruits par les services de police de ce et signalisation des pistes, secours aux
aléas avérés, contre lesquels il est diffici- l'eau, au nom du Préfet. Pour faciliter blessés, …). Très aguerris aux questions
le de se protéger : avalanches, risques l'instruction des dossiers d'autorisation de sécurité et «habitués » en quelque
géologiques, phénomènes torrentiels ; et de déclaration des projets de barra- sorte à surveiller des installations à
- les concepteurs et maîtres d'œuvre de ges d'altitude et afin de contribuer à l'a- risques, ils sont prêts à s'approprier des
ces ouvrages n'ont qu'une expérience mélioration des études techniques de consignes d'inspection et de surveillance
récente dans le domaine de la concep- ces ouvrages, les auteurs ont rédigé, à la du (ou des) barrage(s) dont ils ont la
tion de ce type d'ouvrages hydrauliques, demande du Ministère chargé de l'éco- charge sur leur station.
complexes malgré des tailles modestes ; logie, un guide technique « Guide pour
- les études géologiques et géotech- l'instruction des dossiers d'autorisation Ces deux catégories d'acteurs expri-
niques sont souvent restées à un niveau ou de déclaration des barrages d'altitu- ment donc un besoin fort de disposer
sommaire d'« avant-projet » ; de » (Cemagref-MEDD, 2006). Ce guide d'un référentiel technique spécifique
- ces ouvrages présentent souvent des a pour vocation à être diffusé à l'ensem- pour ce type particulier de barrages
défauts d'ordre géotechnique : fruits de ble des préfectures de département construits en montagne. A l'heure
talus aval raides (strictement inférieurs à ayant à traiter des dossiers de barrages actuelle, un tel ouvrage spécifique n'exis-
2) et ne garantissent probablement pas d'altitude. te pas en France, ni à l'étranger.
la stabilité du remblai avec un coefficient
de sécurité suffisant en cas de défaillan- Destiné aux services de police de l'eau, Aussi, le projet de recherche et dévelop-
ce de la géomembrane et/ou de satura- ce document rappelle les rôles et pement intitulé BARALTISUR vise, avec
tion du dispositif de drainage, dispositif responsabilités respectives des maîtres la participation d'un collège pluridiscipli-
de drainage insuffisant ; d'ouvrages et des services de police de naire d'experts, la production d'un guide
- les études hydrologiques sont souvent l'eau, propose un cadre de contrôle de technique de recommandations pour la
très sommaires et on rencontre des la complétude des dossiers et de leur conception, la réalisation, l'entretien et
ouvrages équipés d'évacuateurs de recevabilité technique, fixe les prescrip- la réhabilitation des barrages d'altitude.
crues sous-dimensionnés au regard des tions à porter dans l'arrêté d'autorisa- Ce guide s'appuie sur un retour d'expé-
règles de l'art actuelles ; tion et indique les actions de contrôle rience richement documenté, sur la
- la pathologie de l'endommagement du liées à la réception des ouvrages. bibliographie existante, et couvre un
dispositif d'étanchéité par géomembra- public allant des maîtres d'ouvrage aux
ne est omniprésente sur le parc, ame- Ce guide a également pour vocation d'ê- bureaux d'ingénierie. Ce guide en cours
nant des désordres parfois importants ; tre transmis aux maîtres d'ouvrage et à de rédaction devrait voir le jour avant la
- la plupart de ces ouvrages ne dispo- leurs bureaux de conseils, intégralement fin de l'année 2008. ■

24 Juin 2008 Risques Infos n°20


Barrages classés au titre de la sécurité
publique par la DDAF de l’Isère
Joseph DE BENEDITIS
Direction départementale de l’agriculture et de la fôret de l’Isère

En Isère, au vu de leurs principales


caractéristiques que sont la hauteur et
le volume, trois barrages sont de la
compétence de la police de l'eau pour
leur contrôle de leur sécurité, sous
l'autorité du MEEDDAT1. Compte tenu
des risques qu'ils font peser sur les Barrage de Roybon - DDAF Isère

enjeux situés à l'aval en cas de ruptu- importantes et incidents marquants, Le Barrage de ROYBON, propriété
re, ils ont été retenus comme intéres- de la commune, a été aménagé à des
sant la sécurité publique et font, de ce • inspection visuelle de l'ouvrage et fins touristiques en 1979 sur l'Aigue
notamment des parties non noyées,
fait, l'objet d'un classement préfecto- Noire, affluent de La Galaure. La plus
ral. • contrôle du bon fonctionnement des grande hauteur de la digue, construite
La DDAF2 , chargée de la police de organes de sécurité et des dispositifs en remblai, est de 9 m et le volume de
l'eau en Isère, a conduit la procédure de mesures mis en place, la retenue est de 200 000 m3. Il se
de classement de ces trois aménage- situe à l'amont immédiat de la commu-
• vérification de la bonne tenue des
ments, Roybon en 2001, La Balme de ne et intéresse donc de ce fait la sécu-
registres de connaissance et d'exploi-
Rencurel en 2003 et Auberives en rité publique. A ce titre, il a été classé
Royans en 2007. tation du barrage, par arrêté Préfectoral le 14 décembre
A ce titre, elle assure aujourd'hui leur • contrôle de la bonne exécution des 2001.
contrôle et notamment la mise en mesures du suivi réalisées par le ges-
œuvre des dispositions affichées dans tionnaire, Ce classement s'est traduit par la for-
les arrêtés préfectoraux de classe- malisation du suivi de l'ouvrage et par
ment de chaque barrage. • vérification de la sécurité des accès la réalisation d'un certain nombre d'é-
au barrage pour le personnel d'exploi- tudes hydrologiques, hydrauliques et
Cette mission s'appuie principalement tation et le public, géotechniques qui ont confirmé l'obli-
sur une visite annuelle de contrôle de gation de construire un évacuateur de
l'ouvrage, de préférence retenue plei-
• point sur la préparation de la visite
décennale. crue de plus grande capacité (l'évacua-
ne. Elle consiste à inspecter avec le teur existant ne répondant plus aux
gestionnaire ou le propriétaire, si ce règles de l'art actuelles), et la nécessi-
A l'issue de la visite un compte rendu
dernier en assure la gestion, l'ensem- té d'effectuer certains travaux sur la
est transmis au propriétaire ou éven-
ble des documents propres au suivi et digue et les organes de vidange.
tuellement au gestionnaire.
à l'aménagement. Cette visite, préala-
blement préparée par le service de Toutefois et afin de bien prendre en
contrôle, se fait dans un cadre bien Remarque : Si un phénomène remar- compte l'ensemble des contraintes
établi, similaire à celles des barrages de quable est constaté ou si une évolution liées aux risques, aux activités touris-
plus grande importance, de la compé- anormale des mesures apparaît dans le tiques et à l'environnement, la commu-
tence de la DRIRE3 telles que les cadre du suivi, le gestionnaire doit solli- ne souhaite réaliser les travaux dans le
concessions hydroélectriques : citer l'appui d'un expert des barrages. cadre de la requalification de la base
Le suivi et la gestion de l'ouvrage peu- de loisirs liée à cette retenue sur
• examen avec le gestionnaire des sui- vent en être notablement modifiés : laquelle elle travaille actuellement
tes données aux observations faites suivi renforcé, abaissement de la rete- (plage, camping, abords). Enfin une
par la DDAF au cours de la précéden- nue, voire la vidange totale si les désor- inspection générale de l'ouvrage avec
te visite, dres sont conséquents et, élaboration vidange de la retenue est envisagée en
d'un plan d'alerte et de secours. La 2009.
• point sur les difficultés rencontrées DDAF peut demander l'assistance du
pour l'application des dispositions de
PATOUH4 , service expert de l'Etat. Le barrage de LA BALME de
l'arrêté de classement,
RENCUREL est un barrage poids
• rappel des faits remarquables de l'an- Concernant les trois barrages contrô- déversant en béton légèrement arqué
née écoulée : travaux, manœuvres lés par la DDAF de l'Isère : dont la construction a abouti en 1912.
1
Ministère de l'Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire
2
Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt
3
Direction Régionale de l'industrie , de la Recherche et de l'Environnement
4
Pôle d’Appui Technique pour les OUvrages Hydrauliques

Juin 2008 25
Risques Infos n°20
C'est un ouvrage autorisé concessible, arrêté de classement est donc interdé- suivi et l'entretien des barrages, ces
géré par EDF et situé sur la Bourne en partemental et a été pris par les deux contraintes sont très difficiles à assu-
amont du barrage de Choranche. La Préfets le 3 mai 2007. mer pour une petite commune bien
production d'électricité demeure sa La mise en eau de ce barrage de type que dans notre cas l'aménagement
principale vocation. Il a été classé au poids en maçonnerie et d'une hauteur représente un atout majeur du patri-
titre de la sécurité publique le 15 sep- de 12m date de 1878. Par contre, il a moine touristique communal.
tembre 2003 par le Préfet de l'Isère subi des travaux de confortement en
1984 avec la mise en place de tirants Cette situation est encore plus délica-
d'ancrage qui le clouent à te pour les propriétaires d'étangs. En
la molasse, et l'installation effet, on compte environ 1600 étangs
de vérins pour faciliter la dans l'Isère. La DDAF a conduit une
manœuvre des vannes des étude du niveau de risque sur plus de
deux galeries de dériva- 1200 d'entre eux. Cette étude sera
tion. finalisée en 2008.
A ce jour, compte tenu de leurs
Les fonctions de cet amé- dimensions et des risques qu'ils font
nagement sont de deux peser sur les personnes et les biens en
types : cas de rupture, une soixantaine d'é-
- l'alimentation en eau du tangs est susceptible d'intéresser la
canal de la Bourne dont la sécurité publique. Cependant, une
vocation est l'irrigation et trentaine a déjà fait l'objet de travaux
Barrage de La Balme de Rencurel l'alimentation en eau pota- de mise aux normes.
ble pour partie de la ville Par contre, au regard du décret du 11
Remarque : Seule sa hauteur supérieure à de Valence, décembre 2007 sur la classification des
20m a entraîné son classement comme - la production d'électricité. barrages et des digues, certains étangs
intéressant la sécurité publique, le risque et barrages autorisés devront être
en cas de rupture étant très fortement En juin 2007, une rencontre entre le classés en C ou D au vu de leurs
réduit par la présence de la retenue du Syndicat intercommunal du canal de la caractéristiques et des risques qu'ils
barrage de Choranche, de volume 30 fois Bourne (SICB), concessionnaire, et les induisent. Les conséquences de ce
supérieur, entre le barrage de la Balme de deux DDAF de l'Isère et de la Drôme, classement seront significatives car, en
Rencurel et les premiers enjeux du village. a permis de faire le point sur les dispo- plus des travaux et des études que le
sitions de l'arrêté de classement et les propriétaire devra probablement réali-
L'application de l'arrêté de classement échéances attendues. ser, un suivi de l'ouvrage avec registre
a conduit l'exploitant, EDF, à modifier devra être mis en place et une visite
la fréquence et la nature des contrôles Conclusions technique approfondie de l'aménage-
qu'il effectuait jusqu'alors. Ces nouvel- ment sera obligatoire tous les 5 ou 10
les dispositions ont mis en évidence la Si certains concessionnaires, comme ans selon le niveau de la classe, C ou
nécessité de réaliser des travaux en EDF ou le SICB, peuvent s'appuyer sur D. ■
pied du parement aval du barrage et des services d'exploitation pour le
d'aménager au mieux les abords pour
la visite de l'aménagement. L'ensemble
des travaux a été exécuté rapidement.

Le service de contrôle constate que


l'exploitant porte une attention parti-
culière sur cet aménagement. En effet,
il a conduit en 2007 une étude de sta-
bilité du barrage avec possibilité de
confortement et une réflexion pour sa
mise aux normes en terme de dimen-
sionnement de l'évacuateur de crue
également sous-dimensionné au
regard de la réglementation actuelle.

Le Barrage d'AUBERIVES EN
ROYANS, aménagé sur la Bourne, est
implanté sur le territoire des commu-
nes d'Auberives en Royans en Isère et
de Sainte Eulalie en Royans dans la
Drôme. En cas de rupture, il menace
un camping situé 6km à l'aval. Son Barrage de Roybon - IRMa

26 Juin 2008 Risques Infos n°20


La gestion au quotidien d’un petit barrage
à risques par une petite commune
Interview de Marcel BACHASSON, Conseiller général - Maire de
Roybon (Isère) par François GIANNOCCARO
Directeur de l’Institut des Risques Majeurs

Interviewé par l'IRMa, Marcel Bachasson dimensionné. digue dans son ensemble lié à une crue
revient sur les difficultés que peut avoir exceptionnelle de l'Aigue Noire qui
une petite commune à gérer au quotidien On a là une première difficulté pour prend sa source à quelques kilomètres
un ouvrage qui intéresse directement la une toute petite commune comme la seulement en amont sachant que son
sécurité publique. notre, c'est concrètement d'assurer bassin versant n'est pas très important
nos responsabilités en tant que pro- non plus. Cependant, personne ne
Le barrage de l'Aigue-Noire, propriété de la priétaire de l'ouvrage d'une part sa nous dit que la digue ne pourrait pas
commune de Roybon (Isère) depuis les surveillance au quotidien (surtout ces être menacée. Dans ce cas, le fait que
années 1980, est situé sur la rivière de ce dernières semaines dans les relevés l'eau passe par-dessus la digue peut
nom. Sa construction lancée par la Société des piézomètres qu'on assure deux créer une érosion qui, en dehors de
d'aménagement du département de fois par jour) et d'autre part son tout état de la digue elle même, pour-
l'Isère, société d'économie mixte dissoute entretien tout au long de sa vie que ce rait très bien en occasionner la ruptu-
peu après cette réalisation, date de 1978. soit sur le génie civil ou les organes de re.
Implanté dans le lit de la rivière, il crée à sécurité périphériques types vannes
l'amont immédiat de la commune de mécaniques. Notre commune ne Il y a un instant vous m'indiquiez
Roybon une retenue à vocation touristique dispose pas d'un spécialiste dédié à ces que la DDAF prétextait la fragilité
et socio-économique (base de loisirs). missions. Aujourd'hui, typiquement de la digue pour vous mettre en
D'une capacité d'environ 200 000 m 3, il c'est le même personnel qui assure les conformité sur l'évacuateur de
intéresse directement la sécurité publique. sorties de l'école, le portage des repas, crue. Pour autant, vous admettez
le relevé des piézomètres, le rensei- que sur des phénomènes exception-
En juillet 2007 à la demande de la gnement du registre regroupant la sur- nels de crue il y a tout intérêt à
DDAF, vous avez fait procéder à un veillance... Récemment, on nous a recalibrer cet ouvrage…
diagnostic de l'état de robustesse demandé de mettre en place un place
de la digue par un cabinet d'expert, un plan préventif d'évacuation des Je l'admets tout à fait et je suis par-
quelles sont les résultats ? zones bâties menacées à l'aval du bar- tant… je suis tout à fait partant. La
rage au cas où… Aujourd'hui, on preuve, c'est qu'on a enclenché toutes
En fait on a un souci aujourd'hui sur ce compte beaucoup sur
qu'on appelle la résistance de la digue le soutien technique de
: il y a des légères fuites qui datent la DDAF, ses inspec-
d'ailleurs de la mise en eau du lac, il y tions régulières et ses
a presque 30 ans. Je dis bien dès l'ou- recommandations.
verture du Lac. Pour les experts, ces
fuites montreraient des anomalies du Il apparaît dans les
système d'étanchéité de l'ouvrage et recommandations du
donc des risques de renard notam- cabinet d'expert que
ment. Dès 2003 ou 2004, nous avons vous avez mandaté et
installé des piézomètres, au nombre de la DDAF, que le
de 7, pour surveiller le niveau d'eau risque de rupture par
dans le remblai de la digue. Au regard surverse est avéré sur
des dernières mesures effectuées, indi- la digue du fait de
quant une hausse du niveau d'eau, la l'insuffisance des
DDAF nous a recommandé d'abaisser capacités de l'éva-
le niveau du plan d'eau pour des rai- cuateur de crue.
sons de sécurité dans l'attente des tra- Qu'en est-il ?
vaux à engager… J'y vois là, de la part
de la DDAF, une raison de trouver que Depuis la création du
la digue est douteuse quant à sa résis- barrage jusqu'à aujour-
tance et à nous obliger à nous mettre d'hui, il n'a été constaté
aux normes par rapport à l'évacuateur aucun déversement de
de crue de notre retenue qui est sous- l'eau par-dessus la Marcel Bachasson, Conseiller général - Maire de Roybon - IRMa

Juin 2008 27
Risques Infos n°20
les procédures pour mettre en œuvre sécurité, ce n'est quand même pas plan d'évacuation, s'appuyant sur une
les travaux de correction. Mais je sou- rien. On impose des situations diffici- étude définissant les secteurs de la
lèverais à cet instant une autre difficul- les à gérer pour des petites communes commune pouvant être affectés par
té majeure pour notre petite commu- comme les nôtres, et en même une onde de submersion en cas de
ne. Le barrage a 28 ans et il y a trois temps… ruine de l'ouvrage, nous sommes en
ans que l'on nous a quasiment imposé Le budget communal annuel, c'est train d'élaborer ces procédures en
de construire un évacuateur de crue environ 1 300 000 € en fonctionne- concertation entre la gendarmerie,
complémentaire en capacité d'accep- ment et j'ai vu des scénarios de tra- les pompiers et les services de la
ter une crue millénale (voire plus vaux d'ensemble sur notre retenue commune. La difficulté ici sera de
aujourd'hui puisqu'on nous demande évalués à presque 700 000 € !... On définir différents niveaux d'alerte et
actuellement du cinquemillenale sinon serait plus autour de 300 000 € d'in- de surveillance pouvant déboucher,
du décamillénale !). Mais par contre, vestissement aujourd'hui sur les tra- en dernière étape, sur une évacuation
l'Etat ne donne pas de subventions vaux prioritaires. des zones. Le plan devra prévoir aussi
pour le faire. Donc on a ici une difficul- Revenons un instant sur la sécurité les moyens d'alerte locaux (télépho-
ne, porte à porte…), les consignes de
sécurité sur les conduites à tenir dans
les zones à risques. Quand le plan
sera finalisé, il sera publié (affichages
sur zones) et diffusé auprès des habi-
tants concernés.

Selon la DDAF de l'Isère, on compte


environ 1600 retenues de type «
étang » dans ce département dont
certaines présentent des signes de
fragilité. N'y a-t-il pas des petites
retenues privées, sur le bassin ver-
sant à l'amont de votre barrage, qui
Evacuateur de crues du barrage de Roybon - IRMa pourrait lui faire courir des risques ?

té cruciale d'ordre financier qui guide publique et le plan d'évacuation


un maire dans ses décisions, même s'il local que les autorités vous deman- Je vous confirme qu'au moment où la
est conscient - et il doit l'être - des de de mettre en place, quelles sont DDAF de l'Isère m'a informé de la
conséquences en terme de sécurité les difficultés que vous rencontrez à mise aux normes des digues et de la
que cela peut avoir un jour ou l'autre. ce niveau pour lancer la réflexion ? sécurité du barrage de ma commune,
Il n'aurait jamais fallu construire un je leur ai demandé d'inspecter tous les
évacuateur de crue il y a trente ans Parallèlement aux travaux de sécurité, étangs et les plans d'eau pouvant
d'une capacité seulement cinquanten- la commune est en train d'élaborer impacter notre retenue aux environs.
nale (A l'origine, l'ensemble de la base actuellement un plan communal de En effet, pourquoi la commune
de loisirs dont le barrage a été réalisé sauvegarde, comprenant une procédu- devrait-elle prendre des dispositions
par la Société d'aménagement du re d'alerte et un plan d'évacuation qui
de sécurité et pas les privés ? Et ce
département de l'Isère, dissoute permettrait, en cas de craintes de
qu'il faut savoir, c'est qu'on nous dit
aujourd'hui). Il aurait fallu prendre déjà débordement ou de rupture du barra-
que le maire est responsable des
les précautions. Pourquoi est-ce que ge, la mise en sécurité de la popula-
mesures à prendre en terme de sécu-
trente ans après on imagine qu'il y a tion. En même temps, nous commen-
rité sur les plans d'eau privés. J'ai donc
plus de risque pour la population ? çons également à assurer, via notam-
demandé à la DDAF de s'occuper de
C'est complètement incohérent quand ment notre bulletin municipal1 des
faire les enquêtes nécessaires parce
on prend du recul sur le dossier. J'ai informations sur l 'ensemble de la pro-
blématique sûreté et sécurité qu'on a, en amont de la retenue de
conscience que la loi sur l'eau a évo-
publique. La difficulté ici est de pouvoir Roybon, un étang privé (qui s'appelle
lué, je sais que le principe de précau-
tion ou le (sans jeu de mots…) para- communiquer sans affoler la popula- l'Etang de Cholat), qui fait à peu près
pluie, on l'utilise de plus en plus… Ce tion tout en se préoccupant de fournir 110 000 m3 (le notre en fait 200 000).
qui est pour moi paradoxal, c'est que des informations qui évoluent très A un moment donné il y avait des dou-
la sécurité prime dans les communes - régulièrement sur le dossier. Je dirais tes sur la résistance de sa digue.
et j'en suis bien conscient et je suis qu'on peut encore progresser dans Imaginez une pluie importante qui
très impliqué - mais que l'Etat ne pré- l'information, mais ça nécessite aussi occasionne une crue importante et
voit pas les aides indispensables. La des moyens très importants. Sur le que sa digue vienne à se rompre. ■

1
http://mairie.pagespro-orange.fr/mairie-roybon/bulletin.htm, bulletin de février 2008 par exemple

28 Juin 2008 Risques Infos n°20


La sûreté de l’exploitation

Joël HAUTIER
EDF - Unité de production - Alpes

Face aux phénomènes naturels, permettent le passage de débits extrê- trique, notamment en protégeant le
EDF a mis en place des procédu- mes sans mettre en cause la tenue des barrage.
res afin de minimiser, dans la ouvrages. Ils ont été dimensionnés
mesure du possible, les impacts pour résister à des crues de probabili- EDF essaie d'anticiper les crues
induits. té très faible : la crue millénale pour les La Division Technique Générale
barrages en béton et la crue décamillé- (DTG) d'EDF exploite un réseau auto-
Le “passage de crue” nale pour les barrages en remblais (plus matisé et télétransmis de stations de
sensibles au risque de submersion). mesure des précipitations et des
La crue est un phénomène naturel débits, installées sur la partie amont
Le débit sortant d'un barrage
Les crues sont des phénomènes natu- des cours d'eau. Ce dispositif qui com-
n'est jamais supérieur au débit
rels causés par la pluie, la fonte des nei- plète celui de Météo-France permet
entrant
ges ou la concomitance des deux. Lors d'estimer les débits de crue qui seront
Pour ne pas aggraver les conséquences
d'épisodes de crues en France, le débit atteints sur les tronçons aval et d'aler-
de la crue naturelle, ni mettre en péril
normal d'un cours d'eau peut être ter un peu à l'avance les exploitants de
la sûreté du barrage, les exploitants
décuplé en quelques heures (crues tor- barrage, afin que les mesures nécessai-
EDF sont tenus de respecter deux prin-
rentielles de type « cévénoles ») ou en res soient mises en oeuvre. Les règles
cipes d'exploitation fondamentaux :
quelques jours (crues de plaine ou flu- d'exploitation en cas de crues sont
viales) sur les principaux fleuves. • Le débit maximum sortant du barrage définies en concertation avec les pré-
ne doit jamais dépasser le débit maxi- fectures et les DRIRE.
mum atteint par la crue en amont ; en
Les barrages ont été dimension-
aucun cas EDF n'aggrave la crue natu- Rôle de l'exploitant en période de
nés pour résister aux crues
relle. crues
Comme le volume d'eau apporté par
une crue importante excède souvent • Le niveau de la retenue ne doit pas En crue l'exploitant gère l'ouvrage
la capacité de stockage des grands dépasser un niveau maximum pour conformément aux consignes approu-
réservoirs, les barrages ont été équi- éviter la submersion de l'ouvrage. vées par l'administration de contrôle
pés à la conception de dispositifs spé- Ainsi, face à une crue, EDF privilégie (DRIRE ou DDAF) pour le compte du
ciaux situés en sommet ou en fond de toujours la protection des personnes Préfet.
barrages, les évacuateurs de crues, qui et des biens sur la production élec- En début de crue, l'exploitant avertit

Les barrages ont été dimensionnés pour résister aux crues

Crue sur le Rhône - EDF

Déversement du barrage
de Choranche - EDF

Juin 2008 29
Risques Infos n°20
les autorités des déversements immi- Civile des préfectures (SPC), la DRIRE ouvrir totalement les vannes. Dans ce
nents du barrage en raison de l'aug- RA et la DDE ou DDAF, police de cas, l'écoulement de l'eau redevient
mentation naturelle des débits amont. l'eau, sont les destinataires principaux totalement libre et la rivière retrouve
En général, le Service de Prévision des de ces informations. son lit naturel. On dit que le barrage
Crues (Alpes du Nord, Grand Pour les ouvrages dits «au fil de l'eau», est effacé et l'exploitant n'a plus aucu-
Delta,…), les Services de Protection l'exploitant peut en crue être amené à ne action sur le débit de la rivière. ■

Présentation des Evénements importants pour le Sûreté Hydraulique (EISH)


Joël HAUTIER
EDF - Unité de production Alpes
Depuis septembre 2006, à l'instar de l'accident classé rouge en passant par nes sans entraîner de blessures graves
l'autorité de sûreté nucléaire, la l'incident grave de couleur orange. - ou conduit à des dégâts importants
DARQSI (Direction de l'Action aux biens ou aux ouvrages hydrau-
Régionale, de la Qualité et de la Les critères et les échelles de classifi- liques
Sécurité Industrielle) a mis en place cations sont :
- ou modifié de façon notable le lit ou
pour l'ensemble des exploitants d'a-
ménagements hydroélectriques
• Sont classés en « incidents » - les berges des cours d'eau à l'aval des
couleur jaune, les événements ouvrages ou les berges des retenues
concédés, un dispositif de détection ayant :
et d'information sur les événements
- conduit à des dégâts de faible • Sont classés en « accidents » -
importants pour la sûreté hydrau-
importance aux biens ou aux ouvra- couleur rouge, les événements
lique (EISH). Ces informations relati-
ges hydrauliques sans mise en danger ayant :
ves à des événements s d'exploita-
de la sécurité des personnes, - été accompagné de blessures aux
tion qui se produisent dans les riviè-
res à proximité des ouvrages hydro- - ou été susceptibles d'avoir des personnes ou de décès
électriques sont mises en ligne sur le conséquences potentielles importan- - ou conduit à des dégâts majeurs aux
site internet de la DARQSI tes sur la sûreté des personnes biens ou aux ouvrages hydrauliques
(www.drire.gouv.fr).
• Sont classés en « incidents gra- Les EISH sont déclarés à la DRIRE,
ves» - couleur orange, les événe- dès détection de l'événement.
Les EISH sont classés sur 3 niveaux
ments ayant :
de gravité des conséquences des évé-
nements : de l'incident classé jaune à - mis en difficulté notable des person-

Actions pour maîtriser les risques


liés à l’exploitation
Joël HAUTIER
EDF - Unité de production Alpes
La présence et le fonctionnement des installations en exploitation normale peuvent géné-
rer des risques pour les personnes, les biens ou l'environnement. Ces risques peuvent signi-
ficativement augmenter en cas de dysfonctionnement. Ils sont d'autant plus importants que
la fréquentation des rivières et des retenues s'intensifie au fil du temps.

Une surveillance perma- Ces consignes, véritables contrats un risque réel pour les personnes fré-
nente entre l'État et EDF, définissent les quentant leurs abords. Le rôle de l'hy-
Conformément à la circulaire intermi- règles d'exploitation des aménage- droélectricité dans le système élec-
nistérielle du 13 juillet 1999, des essais ments. Depuis quelques années, certai- trique français conduit à démarrer les
de lâchers d'eau en grandeur réelle nes conditions d'exploitation liées aux centrales en fonction de la demande
sont organisés sous l'autorité des pré- lâchers d'eau ont de ce fait été modi- d'électricité, donc irrégulièrement, pro-
fets. Il s'agit pour les pouvoirs publics fiées, comme par exemple la réalisa- voquant ainsi une montée du niveau
et EDF de mieux apprécier les réac- tion d'une vague d'alerte par lâchers d'eau. Il est donc dangereux de circuler
tions des cours d'eau lors de varia- d'eau progressifs. au milieu d'un cours d'eau situé en aval
tions de débit afin d'évaluer les risques d'une centrale ou d'un barrage.
pour les tiers. Ces essais de lâchers Des risques et des dangers
d'eau permettent à EDF de définir des méconnus par le public Une communication précise
consignes d'exploitation qui sont sou- et répétée
mises à l'approbation des préfets L'exploitation des aménagements
concernés. hydroélectriques peut donc présenter Tous les publics peuvent être concer-

30 Juin 2008 Risques Infos n°20


nés par les dangers liés à l'exploitation vacanciers français ou étrangers, groupe, cette animation permet d'ac-
des aménagements hydroélectriques. pêcheurs, sportifs et riverains. Ils sont quérir des connaissances complémen-
C'est pourquoi EDF multiplie, à leur en contact permanent avec les équipes taires, ancrées dans le réel, à partager
attention, les signalétiques visibles et techniques d'EDF et sont donc infor- avec son professeur et sa famille. Les
renouvelées, les diverses communica- més des particularités de chaque amé- enseignants déclarent apprécier l'ap-
tions de proximité sous la forme d'af- nagement et cours d'eau. Il font aussi proche concrète, et le fait que cette
fiches, de plaquettes d'informations, de régulièrement la tournée des profes- intervention corresponde aux thèmes
panneaux avec pictogrammes. Des sionnels du tourisme : offices de touris- de science abordés en classe. Au delà
campagnes de presse avec insertions me, mairies, campings, hôtels, centres de la sensibilisation aux risques liés à
publicitaires et communiqués de pres- de vacances jeunes et famille, clubs l'exploitation des ouvrages, les enfants
se complètent ce dispositif régulier sportifs.Ainsi, ils travaillent au plus près apprennent aussi à faire le lien avec le
d'annonces visant à la sensibilisation des acteurs touristiques locaux et peu- cycle de l'eau et à envisager les diffé-
aux risques et à leur prévention. vent apporter de précieux conseils. rents usages de cette ressource
Ces communications s'adressent aussi renouvelable.
bien au grand public promeneur occa- L'hydroélectricité expliquée
sionnel, vacanciers français ou étran- aux enfants Une attention particulière à
gers qu'aux publics usagers de l'eau et la prévention
informent du risque particulier qu'ils Depuis de nombreuses années, EDF va
encourent. à la rencontre des jeunes publics en EDF évalue de façon courante le
Chaque été, période particulièrement milieu scolaire. Dans le cadre de sa niveau de risques des sites hydrau-
sensible de par la fréquentation touris- convention avec l'Éducation Nationale liques qu'elle exploite.
tique des sites à risques, une campagne et de sa mission de service public, EDF De nombreux critères sont pris en
d'affichage est lancée afin d'informer et propose aux enseignants des écoles compte, tels que la topographie de la
de sensibiliser le public. primaires des conférences sur la pré- rivière et des alentours, les caractéris-
A cette saison, EDF recrute 200 étu- vention des risques liés à l'usage de l'é- tiques de production de l'usine hydro-
diants, dont une quarantaine pour lectricité. Pour 2008, EDF a confié à la électrique, la fréquentation des lieux, etc.
l'Isère et les deux Savoie. société Sertis l'organisation et l'anima- Cette évaluation annuelle peut donner
Ces "hydroguides" vont à la rencontre tion de 150 conférences sur l'ensem- lieu à des parades qui ont démontré
du public fréquentant les cours d'eau ble du territoire. Le module élaboré leur efficacité telles que des modifica-
et leurs abords. avec des enseignants a été conçu pour tions des conditions d'exploitation,
Ces anges-gardiens des rivières infor- les programmes des classes de CE2, limitations ou interdictions de fré-
ment et conseillent les promeneurs, CM1 et CM2. Dynamique pour le quentation, information du public. ■

Les visuels
de la campagne de
prévention

Les panneaux
signalétiques
Les hydrauguides EDF

Juin 2008 31
Risques Infos n°20

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