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2 Convolution et régularisation 9
2.1 Notations fq et τx fq . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Dénition de la convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.3 Stabilité par convolution : L1 pRq ˚ Lp pRq Ă Lp pRq pour 1ďpď8 . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.4 Dérivation et convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.5 Stabilité de L1loc pRq par convolution bornée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.6 Régularisation par convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.6.1 Régularisation d'une fonction L1loc pRq . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.6.2 Suite régularisante ou approximation de l'identité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.6.3 C 8 des fonctions 1ra,8s et 1ra,bs . . .
Régularisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.7 DpRq est dense dans Lp pRq pour 1 ď p ă 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
p
2.7.1 Convergence L et convergence p.p. des régularisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.7.2 DpRq est dense dans Lp pRq pour 1 ď p ă 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.8 Lemme de Lebesgue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.9 Partition de l'unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.9.1 1R comme somme de régularisées (partition de l'unité de R) . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.9.2 Partition de l'unité dans Rn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.10 Lploc pRq et résultat de projection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2
3
9 Transformée de Fourier 61
9.1 Série de Fourier de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
9.1.1 Présentation des séries de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
9.1.2 Passage intuitif de la série de Fourier à la transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . 62
9.1.3 Remarque : électronique et traitement du signal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
9.2 Transformée de Fourier des fonctions de L1 pRq . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
9.2.1 Notation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
9.2.2 Parité de la transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
9.2.3 Premières propriétés de la transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
9.2.4 Notation F . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
9.2.5 Remarque et lemme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
9.2.6 Dérivation et produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
9.3 Étalement et concentration par Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
9.3.1 Étalement (changement d'échelle sur l'axe des x) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
9.3.2 Concentration à masse constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
9.4 Les gaussiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
9.4.1 Conservation des gaussiennes par Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
9.4.2 Convergence des gaussiennes au sens des distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
9.5 Échange du produit simple et du produit de convolution pour les fonctions . . . . . . . . . . . . 70
11 Distributions tempérées 79
11.1 Espace S1 des distributions tempérées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
11.1.1 Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
11.1.2 Stabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
11.1.3 Convergence dans S1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
11.2 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
11.2.1 Les distributions régulières Lp sont tempérées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
11.2.2 Distribution tempérée dénissant la transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
11.2.3 Exemple : fonction à croissance lente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
11.2.4 Exemple : masse de Dirac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
11.2.5 Exemple : distribution à support compact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
11.3 Cas des distributions à support compact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3
4
4
5
5
6
déf
Notation : f :“ g signie : g étant donnée, on déni f par f “ g ; encore noté f “ g.
6
7 1.2. Support d'une fonction
déf
supppf q “ tf ‰ 0u p“ adhérence de tf ‰ 0uq, (1.10)
i.e., le plus petit fermé sur lequel f pxq ‰ 0. Et on note supppf q “ suppf .
Exemple 1.6 Dans R, la fonction de Heaviside H0 “ 1r0,8r (unit step function) a pour support R` . Et la
fonction 1s0,8r a même support.
Proposition 1.7 On a :
˚
suppf “ t~x P Rn : Dp~xn qN˚ P tf ‰ 0uN t.q. ~xn ÝÑ ~xu.
n→8
˚
Montrons ñ. Soit ~x P suppf , soit p~xn qN˚ P tf ‰ 0uN t.q. ~xn ÝÑ ~x : donc pour ε ą 0, il existe ~xn P Bp~x, εq :
n→8
on prend ~y “ ~xn .
Montrons ð. Soit ~ x P Rn et soit ε “ n1 , où n P N˚ , et soit ~xn P tf ‰ 0u t.q. ~xn P Bp~x, n1 q : on a construit
une suite p~xn qN˚ dans tf ‰ 0u qui converge vers ~x, donc ~x P tf ‰ 0u “ suppf .
Proposition 1.8 On a :
i.e. si ~x R suppf ssi f est nulle dans tout un voisinage ouvert de ~x (inutile d'étudier f sur Rn ´ suppf ).
Réponse
Ş . Il est équivalent de montrer suppgqC Ă psupppf gqqC . Soit x P psuppf suppgqC , i.e. x R
psuppf
Ş Ş
suppf suppg , i.e. x R suppf et x R suppg . Donc, avec (1.12), Dε1 , ε2 ą 0 t.q. @y P Bpx, ε1 q, f pyq “ 0, et @y P Bpx, ε2 q,
gpyq “ 0. Donc, posant ε “ minpε1 , ε2 q ą 0, @y P Bpx, ε2 q, on a f pyqgpyq “ 0 “ pf gqpyq, donc x R supppf gq, cf. (1.12)
C
donc x P psupppf gqq .
Ş
Soit f “ 1R˚ et g “ 1R´ : on a suppf “ R` et suppg “ R´ , donc suppf suppg “ t0u. Avec f g “ 0 et donc
`
supppf gq “ H : ici l'inclusion est stricte.
7
8 1.3. L'espace DpΩq des fonctions C 8 pΩq à support compact
(On rappelle que le support suppϕ est, par dénition, toujours fermé.)
DpΩq est aussi appelé l'espace des fonctions inniment lisses à support compact (appellation anglophone
`innitly smooth').
Lemme 1.11 Soit KĂΩ avec K compact. On a dpK, ∂Ωq ą 0, i.e. (notant ε “ dpK, ∂Ωq par exemple) :
Dε ą 0, K ` Bp~0, εq Ă Ω. (1.15)
K ` Bp~0, εq “ ~xPK ~x ` Bp~0, εq “ ~xPK Bp~x, εq. Donc si (1.15) est faux, alors
Ť Ť
Preuve. On a
@ε ą 0, D~x P K t.q. Bp~x, εq Ć Ω. En particulier :
1
prenant ε “
n ą 0, il existe ~ xn P K t.q. Bp~xn , n1 q R Ω.
Comme K est compact, quitte à extraire une sous-suite, on a p~ xn q convergente dans K . Soit ~x8 P K la
limite. En particulier ~
x8 P Ω (car K Ă Ω).
Puis notons ~yn P Bp~xn , n1 q t.q. ~yn R Ω : alors ~yn converge aussi vers ~x8 car ||~yn ´ ~x8 || ď ||~yn ´ ~xn || ` ||~xn ´
1
~x8 || ď n ` ||~xn ´ ~x8 ||. Comme Rn ´ Ω est fermé (complémentaire d'un ouvert) p~yn q converge dans Rn ´ Ω.
Donc ~x8 P Rn ´ Ω. Donc ~x8 R Ω, avec ~x8 P Ω : absurde. Donc (1.15) est vrai.
i.e. ϕ Ω dans toute une bande de largeur ε le long de ∂Ω. Faire un dessin dans R2 .
est nulle dans
N.B. : on dit que ϕ est nulle dans un voisinage de l'inni quand ϕ est nulle sauf sur un borné. Donc si Ω
est non borné, on dit aussi que ϕ P DpΩq est nulle au voisinage du bord (exemple, pour ϕ P DpRq, on dit que ϕ
est nulle dans un voisinage de l'inni).
Preuve. On applique le lemme 1.11 : ici supppϕq est un compact dans Ω ouvert. D'où (1.16).
ϕ P DpΩq, notons ϕ̃
Pour la fonction prolongeant ϕ par 0 sur Rn ´ Ω . la proposition précédente donne
n
immédiatement : ϕ̃ P DpR q.
Notation : prolongement par 0 sur Rn ´Ω. Pour ϕ P DpΩq, on note ϕ̃ “noté ϕ P DpRn q.
Exemple 1.13 L'espace DpRq n'est pas vide (on va même voir qu'il est dense dans Lp pRn q, voir la suite). Par
exemple la fonction (faire un dessin) :
dont le support est r´1, 1s appartient à DpRq. Et pour tout polynôme P, on a P ζ P DpRq. On a également
ζ P Dps ´ 1 ´ ε, 1 ` εrq pour tout ε ą 0.
& expp 1 p 1 ´ 1 q,
$
@x Psa, br,
ζab pxq “ 2 x´b x´a (1.19)
0, @x Rsa, br,
%
fonctions C 8 pRq dont le support est ra, bs et qui appartiennent à Dpsa´ε, b`εrq pour tout ε ą 0. Ou encore la
x
fonction ξab pxq “ τ a`b ζp b´a q.
2
2
8
9 1.4. DpRq Ă Lp pRq Ă Lploc pRq
puisque les fonctions de C 8 pKq C 8 et à support compact. On ne considèrera pas souvent ce cas :
sont on
verra qu'on devra souvent considérer DpΩq avec Ω ouvert pour ne pas avoir de problème avec le bord de Ω, les
fonctions de DpΩq étant identiquement nulles dans un voisinage ouvert du bord de Ω, cf. proposition 1.12.
et on note alors : ż
1 noté
||f ||Lp “ p |f pxq|p dxq p “ ||f ||p . (1.23)
Ω
Et, pour p“8 :
L8 pΩq “ tf : Ω → R mesurable t.q. sup |f pxq| ă 8u, (1.24)
xPΩ
et on note alors :
noté
||f ||L8 “ sup |f pxq| “ ||f ||8 . (1.25)
xPΩ
Et, pour p P r1, 8s, pLp pΩq, ||.||Lp q est un espace de Banach (espace vectoriel normé complet, voir cours
d'intégration).
On rappelle que, pour 1 ď p ă 8, les fonctions de Lploc pΩq (les fonctions localement Lp sur Ω) sont les
fonctions f :Ω→R qui sont mesurables et intégrables sur tout compact de Ω :
ż
Lploc pΩq “ tf : Ω → R mesurable t.q. @K Ă Ω, K compact, |f pxq|p dx ă 8u.
K
şPreuve.p Inclusions
ş : Si 1 ď p ă 8, si ϕ P DpRq, si K “ suppϕ alors ϕ est continu sur le compact K et donc
p
ş
R
|ϕpxq| dx “ K
|ϕpxq| dx ď || |ϕ|p ||8 p K dxq ă 8. Et si p “ 8 c'est immédiat : les fonctions continues sur
un compact sont bornées.
Densité : voir suivant, théorème 2.32.
2 Convolution et régularisation
2.1 Notations fq et τx fq
Dénition 2.1 Pour f : R → R, on dénit fq : R → R par :
9
10 2.2. Dénition de la convolution
Autrement dit, les opérateurs q et τc ne commutent pas pour c ‰ 0 : pq˝ τc qpf q “ pτ´c ˝qqpf q.
Réponse . c f pxq “ τc f p´xq “ f p´x ´ cq “ f px ` cq “ τ´c f pxq.
τ} q q
supppfqq Ă r´b, ´as, supppτc f q Ă ra`c, b`cs, supppτc fqq Ă r´b`c, ´a`cs. (2.5)
Preuve. Pour fq : on a tx : fqpxq ‰ 0u “ tx : f p´xq ‰ 0u “ t´y : f pyq ‰ 0u, d'où, en prenant l'adhérence,
suppfq “ ´suppf .
Pour τc f : on a tx : τc f pxq ‰ 0u “ tx : f px ´ cq ‰ 0u “ ty ` c : f pyq ‰ 0u, d'où, en prenant l'adhérence,
suppτc f “ suppf ` c.
1
ş 2k
Exemple 2.7 Si f P L1 pRq et g “ Πk “ k1r 1 , 1 s , on a pf ˚ gqpxq “ k ´ 1 f px´tq dt “ la valeur moyenne
2k 2k 2k
1
de f à travers une fenêtre de largeur
k centrée en x. Dessin.
La mesure d'une fonction f à travers un appareil d'une certaine précision est une application de type
Mk : f → Mk pf q “ f ˚ Πk , avec donc Mk pf qpxq approchant f pxq, approximation d'autant meilleure que k est
grand, i.e. que l'appareil est précis. L'appareil idéal (de précision parfaite) est M8 : f → M8 pf q “ f pxq, soit
M8 “ δ 0 , voir plus loin.
Proposition 2.8 Quand elle est dénie, l'opération ˚ est distributive et commutative :
g ˚ f “ f ˚ g, f ˚ pg1 ` λ g2 q “ f ˚ g1 ` λ f ˚ g2 , (2.7)
f~
˚ g “ fq ˚ gq, et τa pf ˚ gq “ pτa f q ˚ g “ f ˚ pτa gq. (2.8)
Et : #
pf et g paires) ou pf et g impairesq ñ f ˚g paire,
(2.9)
pf paire et g impaire) ou pf impaire et g paire) ñ f ˚g impaire.
10
11 2.3. Stabilité par convolution : L1 pRq ˚ Lp pRq Ă Lp pRq pour 1ďpď8
ş ş
Preuve. pf ˚ gqpxq “ R
f ptqgpx ´ tq dt “ R
f px ´ uqgpuq du “ pg ˚ f qpxq donne la commutativité. Et la
distributivité résulte de la distributivité de la multiplication de R et de la linéarité de l'intégrale.
ş ş
Puis pfq ˚ gqqpxq “ R f p´tqgp´x ` tqşdt “ R f puqgp´x ´ uq şdu “ pf ˚ gqp´xq.
Puis τa pf ˚ gqpxq “ pf ˚ gqpx ´ aq “ f ptqgpx ´ a ´ tq dt “ R f ptqτa gpx
ş R ş ´ tq dt “ pf ˚ τa gqpxq
ş et f ˚ g “ g ˚ f .
Puis pf ˚gqp´xq “
R
f ptqgp´x´tq dt : si g est paire, alors pf ˚gqp´xq “
R
f ptqgpx`tq dt “ R
f p´uqgpx´uq dt,
d'où si f est paire alors pf ˚gqp´xq “ pf ˚gqpxq, et si f est impaire alors pf ˚gqp´xq “ ´pf ˚gqpxq ; et f ˚g “ g˚f .
ż ż
Preuve. On a pf ˚ gqpxq “ f ptqgpx ´ tq dt “ Ş
f ptqτx gqptq dt.
tPR tPsuppf suppτx g
q
Cas simple : suppf “ ra, bs et suppg “ rc, ds, avec a ď b et c
ď d, donc suppf ` suppg
Ş Ş “ ra`c, b`ds. Et
suppτx gq “ r´d`x, ´c`xs, donc suppf suppτx gq “ ra, bs X r´d`x, ´c`xs Ş , donne suppf suppτx gq “ H ssi
soit a ą ´c`x soit b ă ´d`x, i.e. ssi x ă a`c ou x ą b`d. Donc suppf suppτx gq “ H dès que x R ra`c, b`ds,
donc supppf ˚ gq Ă suppf ` suppg .
Ş Ş
Cas général : on a pf ˚ gqpxq “ 0 dès que suppf suppτx gq “ H. Et Dt P suppf suppτx gq ssi Dt P suppf
et t P x ´ suppg , i.e. ssi Dt P suppf et x P t ` suppg (Ă suppf ` suppg ). Donc si x R suppf ` suppg alors
Ş
suppf suppτx gq “ H donc pf ˚ gqpxq “ 0. Donc tx : pf ˚ gqpxq ‰ 0u Ă suppf ` suppg . D'où (2.10).
Remarque 2.10 Rappel : la somme de deux fermés n'est pas nécessairement un fermé : prendre F “ N˚ “
1 1
˚ ˚ ˚
Ť
tn, n P N u Ť
et G “ t´k ` , k P N u qui donne F ` G “ tn ´ k ` , k, n P N u. Ici R ´ F “
k k nPN˚ s ´ n, n`1r
1 1
et R ´ G “ kPN˚ s ´ k ` k , ´k`1 ` k´1 r sont des ouverts (union d'ouverts), donc F et G sont fermés, mais
F ` G contient la suite p k1 qkPN˚ qui converge vers 0 dans R, avec 0 R F ` G, donc F ` G n'est pas fermé.
K compact et G fermé, soit pzn q une suite
Rappel : la somme d'un compact et d'un fermé est un fermé : soit
dans K `G z dans R. Montrons que z P K ` G. On a zn “ kn ` gn , et quitte à extraire une
qui converge vers
sous-suite, on a kn → k dans K . Donc gn “ zn ´kn P G converge vers z ´k , avec G fermé, donc g “
déf z ´k P G,
donc z “ k ` g P K ` G, donc K ` G est fermé.
Preuve. On a, si ça a un sens :
ż ż ż
||f ˚ g||L1 “ |pf ˚ gqpxq| dx “ | f px ´ tqgptq dt| dx.
żxPR ż xPR tPR
ż (2.12)
ď p |f px ´ tq| |gptq| dtqdx “ p|f | ˚ |g|qpxq dx.
xPR tPR xPR
1
Comme f et g sont dans L pRq la fonction f b g : px, yq → f pxqgpyq (fonction à variables séparées) est
dans L1 pR2 q. Et on peut appliquer Fubini :
ż ż
8 ą ||f ||L1 ||g||L1 “ |f pyq| |gptq| dtdy “ |f px ´ tq| |gptq| dtdx,
py,tqPR2 px,tqPR2
ˆ ˙
x “ F1 py, tq “ y`t
où on a utilisé le changement de variable F : py, tq P R2 → F py, tq “ , diéomorphisme
t “ F2 py, tq “ t
ˆ ∂F1 ∂F1 ˙ ˆ ˙
2 ∂y ∂t 1 1
de R dans lui-même, de jacobien det ∂F2 ∂F2 py, tq “ det “ 1 qui donne pdtdyq “ |1| pdtdxq “
∂y ∂t
0 1
pdtdxq. D'où ||f ˚ g||L1 ď ||f ||L1 ||g||L1 ă 8, i.e. (2.11).
Exercice 2.12 Montrer (2.11) à l'aide du théorème d'intégration de Tonelli (cours d'intégration).
11
12 2.3. Stabilité par convolution : L1 pRq ˚ Lp pRq Ă Lp pRq pour 1ďpď8
Proposition 2.16 Soit p P r1, 8s. Soit f P L1 pRq et g P Lp pRq. Alors f ˚ g P Lp pRq, autrement dit L1 pRq ˚
p p
L pRq Ă L pRq, et on a :
||f ˚ g||p ď ||f ||1 ||g||p . (2.16)
ş
Preuve. Le cas p “ 1 vient d'être traité, et le cas p“8 est immédiat car alors |pf ˚ gqpxq| ď ||g||8 R
|f ptq| dt.
Supposons donc 1 ă p ă 8.
1 1
On va utiliser l'inégalité de Hölder : soit q l'exposant conjugué de p, donné par p ` q “ 1; quand α P Lq et
p 1
βPL alors αβ P L pRq et ||αβ||1 ď ||α||q ||β||p (voir cours d'intégration). On a :
ż ż
1 1
|f |ptq|g|px´tq dt “ |f | q ptq|f | p ptq|g|px´tq dt (2.17)
tPR tPR
1
On pose α “ |f | q P Lq pRq, donc αq “ |f | P L1 pRq.
1 ş ş
p p
À x xé, on pose βx ptq “ |f ptq| p ||g|px´tq, donc βx ptq “ |f ptq||g| px´tq. Et β ptqp dt “ tPR |f |ptq |g|p px´tq dt “
tPR x
p|f | ˚ |g|p qpxq est bien déni car |f | P L1 pRq, |g|p P L1 pRq, cf. (2.11). Donc βx P Lp pRq. Donc (Hölder) :
ż ż ż
1 1 1 1
|f | q ptq|f | p ptq|g|px´tq dt ď p |f |ptq dtq q p |f |ptq|g|p px´tq dtq p
tPR tPR tPR (2.18)
1 1
q p
“ ||f ||1 p|f | ˚ |g| qpxq . p
p
Comme 1` q “ p, on a (2.16). (Démonstration similaire dans Rn .)
12
13 2.4. Dérivation et convolution
pf ˚ gq1 “ f ˚ g 1 . (2.21)
şβ şb
Preuve. Pour tout αăβ on veut f ˚ g P L1 prα, βsq, i.e.
x“α
p t“a
|gptqf px ´ tq| dtq dx ă 8. On a :
żβ żβ żb
|pf ˚ gqpxq| dx ď p |gptqf px ´ tq| dtq dx (2.22)
x“α x“α t“a
1- g à support compact, donc il existe a, b P R t.q. supppgq Ă ra, bs et g P L1 pRq. Pour inverser l'ordre des
intégrations dans (2.22), appliquons le théorème de FubiniTonelli.
şβ şβ şβ´t
À t xé,
x“α
|gptqf px ´ tq| dx “ |gptq| |f px ´ tq| dx “ |gptq| x“α´t |f pyq| dy ă 8 car f P L1loc pRq. Et
x“α
şβ´t şβ´a
t P ra, bs on a α ´ t ě α ´ b et
pour β ´ t ď β ´ a, donc x“α´t |f pyq| dy ď x“α´b |f pyq| dy . Donc
żb żβ żb ż β´a żb ż β´a
|gptqf px ´ tq| dxdt ď |gptq| |f pyq| dy dt “ |gptq| dt |f pyq| dy ă 8 car f, g P
t“a x“α t“a x“α´b t“a x“α´b
L1loc pRq. Donc on peut échanger l'ordre des intégrations dans (2.22) :
żβ żb żβ żb ż β´t
|pf ˚ gqpxq| dx ď |gptq|p |f px ´ tq| dxq dt “ |gptq| |f pyq| dy dt
x“α t“a x“α t“a y“α´t
żb ż β´a ż β´a
ď |gptq| |f pyq| dy dt ď ||g||L1 |f pyq| dy ă 8.
t“a y“α´b y“α´b
ni car f et g sont L1loc pRq. Idem pour supports limités à droite.
ş
3- On prend f ptq “ e sur R ´t
et gptq “ e´t 1R` ptq donc g P L1 pRq ; alors pf ˚ gqpxq “ R
gptqf px´tq dt “
ş8 ş8
0
e´t e´px´tq dt “ 0 e´x dt “ 8.
13
14 2.6. Régularisation par convolution
ş
Preuve. pf ˚ ϕqpxq “f ptqϕpx ´ tq dt est une intégrale qui dépend du paramètre x. Appliquons le théorème
tPR
de convergence dominée : notons hpx, tq “ f ptqϕpx ´ tq. À t xé, l'intégrant hpt, xq est C k en x puisque ϕ l'est,
∂k h
de dérivée k -ième en x vériant |
∂xk
pt, xq| “ |f ptq| |ϕpkq px ´ tq| ď Ck |f ptq| où Ck “ ||ϕpkq ||8 .
1 ∂k h
1- Cas f P L pRq (plus simple à rédiger) : | pt, xq| est bornée indépendamment de x par la fonction
∂xk
Ck f P L1 pRq, d'où f ˚ ϕ est C k pour tout k (et on peut dériver sous le signe somme).
2- Casf P L1loc pRq. Ici f R L1 pRq. Soit x0 P R. Montrons que f ˚ ϕ est C 8 en x0 . Soit le voisinage
pf ˚ϕqpx0 `hq“pf ˚ϕqpx0 q
ouvert Ix0 “sx0 ´1, x0 `1r de x0 (on s'intéresse à limh→0 ). Et on s'intéresse à l'intégrale
h
8
F pxq “ pf ˚ ϕqpxq pour x P Ix0 : montrons que F est C sur Ix0 .
Comme ϕ est à support compact, Da, b P R t.q. supppϕq Ă ra, bs, donc, pour x P R, supppτx ϕq q Ă
r´b`x, ´a`xs. Donc pour tout x P Ix0 “sx0 ´1, x0 `1r (voisinage ouvert de x0 ) :
noté
supppτx ϕq
q Ă r´b`x0 ´1, ´a`x0 `1s “ K.
Notons Ck “ ||ϕpkq ||8 . Pour tout tPR et x P Ix0 on a :
k
∂ h
| pt, xq| ď Ck |f ptq1K ptq|,
∂xk
majoration indépendante de x P Ix0 , et avec f 1K P L1 pRq car f P L1loc pRq et K est compact. D'où f ˚ϕ P C k pIx0 q,
en particulier en x0 , ce pour tout x0 et tout k .
Et si suppf est borné, alors supppf ˚ ϕq est borné, cf. (2.10), donc f ˚ ϕ P DpRq.
Exercice 2.20 Montrer que si f P L1loc pRq, si g P C 8 pRq, si suppf et suppg sont tous deux limités à gauche
8
(ou tous deux limités à droite), alors f ˚ g P C pRq.
& expp´ 1 q,
$
@x Ps ´ 1, 1r,
ζpxq “ 1 ´ x2 (2.24)
0, @x Rs ´ 1, 1r.
%
On pose :
ζpxq
γ1 pxq “ , puis γk pxq “ k γ1 pkxq, k ě 1. (2.25)
||ζ||L1
14
15 2.6. Régularisation par convolution
Preuve. Comme ζ ě 0, on a γ1 ě 0. ş ş
Comme
ş ζ ě 0 et ζ non identiquement nulle, on a ||ζ||L1 “
ş R
|ζpxq| dx “ R ζpxq dx ą 0.
Donc γ1 pxq dx “ ||ζ||1 1 R ζpxq dx “ ||ζ||1 1 ||ζ||L1 “ 1.
şR ş L ş L
Donc γ pxq dx “ R k γ1 pkxq dx “ R γ1 pyq dy “ 1.
R k
Comme γ1 ą 0 et k ě 0 on a γk ě 0.
1 1
Et γ1 pxq ‰ 0 ssi k Ps ´ 1, 1r. Donc γk pxq ‰ 0 ssi kx Ps ´ 1, 1r. D'où supppγk q “ r´ , s.
k k
Preuve. Cas ra, bs (exercice pour ra, 8r et intervalles ouverts et semi-fermés). On a ϕ “ 1ra,bs ˚ ϕk P DpRq, cf.
1 1
prop. 2.19. On a suppτx p1~ ra,bs q “ rx´b, x´as et suppϕk “ r´ k , k s, donc :
ż ż
ϕpxq “ ϕk ptqτx p1~
ra,bs qptq dt “ ϕk ptq dt, (2.28)
1 1
Ş
tPR tPrx´b,x´as r´ k ,ks
ş
et la fonction ϕk est positive d'intégrale R ϕk “ 1. şD'où 0 ď ϕ ď 1.
1 1 1 1
Et si x ´ b ą
k ou si x ´ a ă ´ k , alors ϕpxq “ H ... “ 0, d'où supppϕq P ra ´ k , b ` k s.
1 1 1 1
Et si x ´ b ă ´
k et si x ´ a ą k , alors rx ´ b,şx ´ as Ă r´ k , k s, donc ϕpxq “ş 1. 1
Cas particulier pϕk q “ pγk q : on a ϕpaq “ 1 1 γk puq du “ γk puq du “
uPr ´1 2 , dès que
Ş
uPra´b,0s r´ k ,ks k ,0s
1
ş
k ă b ´ a, car γk est paire et uPr ´1 , 1 s γk puq du “ 1. Idem : ϕpbq “ 12 .
k k
n
Exercice dans R .
1
Exercice 2.25 Soit f : x Ps0, 8r→ f pxq “ x P R. Donner une fonction g P C 8 pr0, 8r→ R telle que gp0q “ 0
et gpxq “ f pxq pour x ě 1. Dessin.
Réponse . Troncature régulière de f : on pose g “ ψf avec gp0q “ 0 où ψpxq “ ϕ 1 ˚ 1r 1 ,8s
4 2
(régularisée C8 de 1r 1 ,8s ,
2
3
la fonction ψ valant 1 sur r 4 , 8r).
Exercice 2.26 Donner une fonction f P DpRq telle que f “ exp sur r´1, 1s et 0 ď f ď exp sur R, où
exp : x → ex P C 8 pRq est la fonction exponentielle.
Réponse . On tronque de manière régulière la fonction exp : on pose g “ 1r´2,2s ˚ ϕ1 . Avec (2.27) on a g P DpRq et
gpxq “ 1 sur r´1, 1s et 0 ď gpxq ď 1. Cette fonction g est notre fonction de troncature régulière. On pose f pxq “
exppxqgpxq : la fonction f convient, car produit de deux fonctions C 8 pRq, donc est C 8 pRq, et suppg est borné, et
trivialement suppf Ă suppg , donc f P DpRq.
15
16 2.7. DpRq est dense dans Lp pRq pour 1ďpă8
Corollaire 2.27 Soit a ă b P R, soit c ă d P R. Si rc, ds Ăsa, br alors il existe une fonction ϕ P Dpsa, brq qui
vaut 1 sur rc, ds, et telle que 0 ď ϕ ď 1. (Dessin).
n n
Dans R : si Ω est un ouvert de R et K un compact tel que K Ă Ω, alors il existe une fonction ϕ P DpΩq
qui vaut 1 sur K et telle que 0 ď ϕ ď 1.
Preuve. Soit pγk q une suite régularisante. Soit ε “ 12 minpc´a, b´dq (dessin), soit e “ c´ε et f “ d`ε. Soit k
1 f ´e 1
t.q.
k ď 2 et k ă ε. La fonction ϕ “ 1re,f s ˚ ϕk convient, cf. proposition précédente.
n n n ε
Dans R : soit K “ suppϕ et soit ε “ dpK, R ´Ωq ą 0 la distance de K à R ´Ω. Soit Kε “ K ` Bp0, q...
2
on continue comme précédemment avec la fonction ϕ “ 1Kε ˚ γk .
déf
fr,k “ f p1sx0 ´r,x0 `rr ˚ ϕk q, (2.29)
est dans DpRq et est égale à f dans un voisinage de x0 . Plus précisément on a fr,k “ f sur sx0 ´r` k1 , x0 `r´ k1 r
1 1
avec suppfr,k Ăsx0 ´r´ , x0 `r` r.
k k
De plus, si f est bornée, alors ||f ´ fr,k ||8 ď ||f ||8 .
8 ˚
2- Plus généralement, soit ε ą 0, et soit f P C prx0 ´ε, x0 `εsq. Alors pour r P R et k P N t.q. 0 ă
ε 1
r ă 2 et k ă r, on a fr,k P DpRq et fr,k “ f dans un voisinage de x0 . Plus précisément on a fr,k “ f sur
sx0 ´r` k1 , x0 `r´ k1 r avec suppfr,k Ăsx0 ´r´ k1 , x0 `r` k1 r.
3- De plus, si f est bornée, alors ||fr,k ||L8 psx0 ´ε,x0 `εrq ď ||f ||L8 psx0 ´ε,x0 `εrq .
Ainsi que ||f ´ fr,k ||L8 psx0 ´ε,x0 `εrq ď ||f ||L8 psx0 ´ε,x0 `εrq
Preuve. 1- Soit ψr,k “ 1sx0 ´r,x0 `rr ˚ ϕk . On a ψr,k P C 8 pRq, donc fr,k P C 8 pRq.. Soit I´ “sx0 ´r` k1 , x0 `r´ k1 r
1 1
et soit I` “sx0 ´r´ , x0 `r` r. On a ψr,k “ 1 dans I´ , donc fr,k “ f dans I´ et ψr,k “ 0 dans I` , donc
k k
fr,k “ 0 dans R ´ I` . D'où 2-.
3- Et 0 ď 1sx0 ´r,x0 `rr ˚ ϕk ď 1, donc 0 ď |fr,k pxq| ď |f pxq| et |f pxq ´ fr,k pxq| ď |f pxq|.
Exercice 2.29 Soit f en escalier avec suppf borné. Soit pϕk qN˚ une suite régularisante. Alors pour k assez
grand on a f ˚ ϕk P DpRq avec ||f ˚ ϕk ||8 ď ||f ||8 et ||f ´ f ˚ ϕk ||8 ď ||f ||8 .
Réponse . Ici Dn P N˚ , Da1 , ..., an , c1 , ..., cn P R avec a1 ă ... ă an , f “
řn´1
i“1 ci 1rai ,ai`1 s . 1
On prend k ď mini p
ai`1 ´ai
2
q.
Et f ˚ ϕk vérie les propriétés demandées (démarche de la prop. 2.24).
16
17 2.7. DpRq est dense dans Lp pRq pour 1ďpă8
Cas p “ 8. Comme ϕk ˚ g P C 0 pRq, on a ||ϕk ˚ ϕ||8 “ supxPR |pϕk ˚ ϕqpxq|. Prenons la suite régularisante
1 1 1
ϕk “ γk , cf. (2.25). Soit k ą 2pb´aq . On a pϕk ˚ 1ra,bs qpbq “ , cf. (2.28). Donc |1ra,bs pbq ´ pϕk ˚ 1ra,bs qpbq| “ ,
2 2
8
donc ||1ra,bs ´ ϕk ˚ 1ra,bs ||8 ne tend pas vers 0 quand k → 8. On ne converge pas dans L pRq.
1
2- Soit x P R´ta, bu, et dpxq “ minpdpx, aq, dpx, bqq ą 0, faire un dessin. Soit k ą
dpxq . On a pϕk ˚1ra,bs qpxq “
1ra,bs pxq, cf. proposition 2.24, donc |ϕk ˚ 1ra,bs qpxq ´ 1ra,bs pxq| ÝÑk→8 0. D'où (2.31).
3- Une fonction en escalier est une somme nie de fonctions indicatrices d'intervalles.
2-
si f P Lp pRq X L8 pRq, 1 ď p ă 8 alors ϕk ˚ f ÝÑ f presque partout, (2.33)
k→8
1
et le résultat est conservé si tf “8u ensemble ni de points et f P Lp pRq (exemple L1 pRq et f pxq “ |x|´ 2 ).
Preuve. 1) Soit f P Lp pRq. Donc il existe une suite croissante pgn qN˚ de fonctions en escaliers qui converge vers f
dans Lp pRq. Soit ε ą 0. Soit Nε t.q. ||f ´ gNε ||Lp ă ε. Et soit Kε t.q., pour tout k ě Kε , ||gNε ´ ϕk ˚ gNε ||Lp ă ε,
cf. (2.30). On a :
||f ´ ϕk ˚ f ||Lp ď ||f ´ gNε ||Lp ` ||gNε ´ ϕk ˚ gNε ||Lp ` ||ϕk ˚ gNε ´ ϕk ˚ f ||Lp ,
et (2.16) :
||ϕk ˚ f ´ ϕk ˚ gNε ||Lp “ ||ϕk ˚ pf ´ gNε q||Lp ď ||ϕk ||L1 ||f ´ gNε ||Lp “ ||f ´ gNε ||Lp ă ε,
puisque ||ϕk ||L1 “ 1. Donc pour k ě Kε on a ||f ´ ϕk ˚ f ||Lp ă ε ` ε ` ε “ 3ε, d'où (2.32).
2) Soit pgn qN˚ une suite de fonctions en escaliers qui converge p.p. vers f . Soit x P Rn . On a :
Autrement dit, toute fonction f P Lp pRq peut être approchée aussi près que souhaité dans Lp pRq par une
fonction de DpRq.
En particulier, si pϕk qkPN est une suite régularisante, notant ψk “ ϕk ˚ pf 1r´k,ks q (régularisée de la fonction
tronquée f 1r´k,ks ), alors la suite pψk qkPN˚ converge vers f dans Lp pRq.
Preuve. (Par troncature et régularisation.) Soit f P Lp pRq, soit θk “ 1r´k,ks . Considérons f θk (la fonction
f tronquée), puis la régularisée ψk “ ϕk ˚ pf θk q où pϕk qN est une suite régularisante. Montrons que ψk → f
dans Lp pRq.
On a supppf θk q Ă r´k, ks, et on a |f θk | ď |f | sur R et f P Lp pRq, donc f θk P Lp pRq.
17
18 2.8. Lemme de Lebesgue
On a ψk P DpRq, cf. prop. 2.19, avec supppψk q Ă suppϕk ` supppf θk q Ă r´k´ k1 , k` k1 s cf. (2.10). Et :
f ´ ψk “ f ´ ϕk ˚ pf θk q “ pf ´ ϕk ˚ f q ` pϕk ˚ f ´ ϕk ˚ pf θk qq.
On a ϕk ˚ f → f dans Lp pRq, cf. (2.32), et on a :
ż
||ϕk ˚ pf ´ f θk q||Lp ď ||ϕk ||L1 ||f ´ f θk ||Lp “ ||f ´ f θk ||Lp “ |f pxq|p dx,
1 1
xRr´k´ k ,k` k s
car ||ϕk ||L1 “ 1, et le membre de droite est le reste de l'intégrale convergente, donc tend vers 0 quand k → 8.
Donc ||f ´ ψk ||Lp ÝÑk→8 0.
ş
Preuve. (Ici, à x xé, gx ptq “ f pxq sinptxq ne converge pas quand t→8 : passer à la limite sous le signe n'a
pas de sens.)
żb
cosptxq b cosptaq ´ cosptbq
1- Pour f “ 1ra,bs , où a ă b, on a sinptxq dx “ r´ sx“a “ ÝÑ 0.
ż a t t t→8
2- Donc pour g en escalier on a gpxq sinptxq dx ÝÑ 0, comme somme nie d'intégrales convergeant vers 0.
xPR t→8
ż
Donc @ε ą 0, DTε ą 0, @t ą Tε , gpxq sinptxq dx ă ε.
xPR
3- Soit f P DpRq (donc en particulier continue). Donc, pour
ż ε ą 0, Dg en escalier t.q. ||f ´ g||L1 ă ε. Le 2-
indique qu'il existe Tε t.q. pour tout t ě Tε on a | gpxq sinptxq dx| ă ε. D'où, pour tout t ą Tε :
xPR
ż ż ż
| f pxq sinptxq dx| ď |f pxq ´ gpxq| dx ` | gpxq sinptxq dx|
xPR xPR xPR
ď ||f ´ g||L1 ` ε ď 2ε.
4- Puis DpRq est dense dans L1 pRq, d'où le résultat en reprenant la démarche du 3-.
ϕ “ γn ˚ 1ra,bs , (2.35)
1 1 1 1
la régularisée de 1ra,bs . En particulier ϕ “ 1 sur ra` , b´ s et suppϕ “ ra´ , b` s.
n n n n
Soit d “ b´a (distance de a à b = largeur de l'intervalle ra, bs). On a :
1 1 1 1
$
& ϕ ` τd ϕ “ 1
’ ra` , b`d´ s, et supppϕ ` τd ϕq “ ra´ , b`d` s,
sur
n n n n (2.36)
% τ´d ϕ ` ϕ “ 1 sur ra´d` 1 , b´ 1 s, et supppτ´d ϕ ` ϕq “ ra´d´ 1 , b` 1 s,
’
n n n n
Faire un dessin. Et de même, pour tout k, ` P N où k ă ` :
1 1
τkd ϕ ` τpk`1qd ϕ ` ... ` τp`´1qd ϕ ` τ`d ϕ “ 1 sur ra`kd` , b``d´ s, (2.37)
n n
1 1
et de support ra`kd´ , b``d` s. Et donc :
n n
ÿ
τkd ϕ “ 1R , (2.38)
kPZ
18
19 2.9. Partition de l'unité
Et d ą 0, donc : ż č 1 1
ϕpxq ` τd ϕpxq “ γn ptq dt, Jx “ rx´b´d, x´as r´ , s.
Jx n n
1 1
1- Si x´a ď ´ , soit x ď a´ , alors ϕpxq ` τd ϕpxq “ 0.
n n
1 1
1'- Si x´b´d ě
n , soit x ě b`d` n , alors ϕpxq ` τd ϕpxq “ 0.
1 1 1 1
2- Si r´ , s Ă rx´b´d, x´as, soit ´
n n n ě x´b´d et n ď x´a, soit x P ra` n1 , b`d´ n1 s alors ϕpxq`τd ϕpxq “ 1
3- Et dans les autres cas 0 ď ϕpxq ` τd ϕpxq ď 1.
D'où (2.36)1 . Puis de même (2.36)2 . D'où (2.37) par récurrence, d'où (2.38).
Ť
Preuve. Pour x P K , soit jx P r1, msN t.q. x P Ωjx , et soit rjx t.q. Bpx, 2rjx q Ă Ωjx . Comme K Ă xPK Bpx, rjx q
Ť` Ť
et K compact, il existe un sous recouvrement ni K Ă k“1 Bpxk , rjxk q. On pose Kj “ k“1,...,` Bpxk , rjx q,
xk PΩj k
Ťm Ť
réunion nie de compacts donc compact, et K Ă j“1 K̊j , avec Kj Ă k“1,...,` Bpxk , 2rjx q Ă Ωj .
k xk PΩj
Lemme 2.36 Soit Ω un ouvert et soit un compact K Ă Ω. Soit f P C 0 pΩq t.q. f|K “ 1. Alors f est strictement
positive dans un voisinage ouvert de K : Dε ą 0, @x P K ` Bp0, εq, f pxq ą 0.
Exercice 2.37 Montrer à l'aide des suites que si K est compact dans Ω ouvert, alors il existe ε ą 0 t.q.
K ` Bp0, εq Ă Ω (donc que K est à plus d'une distance ε du bord de Ω).
Réponse 1 1 n
. Sinon, pour tout ε, en particulier ε “ m , on a pK`Bp0, m qq X pR ´Ωq ‰ H. Donc il existe xm P K et
zm P Bp0, m q t.q. xm ` zm P pR ´Ωq. On a construit une suite pzm qmPN˚ dans Rn qui converge vers 0. Et on a construit
1 n
une suite pxm qmPN˚ dans K , et comme K est compact, la suite pxm qmPN˚ a une sous-suite convergente pxmk qkPN˚ dans K ;
notons x8 “ limk→8 xmk P K . Donc la suite pxmk ` zmk qN˚ converge vers x8 ` 0 “ x8 ; et pxmk ` zmk qN˚ est une suite
dans le fermé pRn ´Ωq (complémentaire d'un ouvert), donc sa limite x8 P Rn ´Ω. Avec x8 P Ω : absurde.
En particulier x8 P Ω (car K Ă Ω).
Preuve. D'après le lemme précédent, il existe r ą 0 t.q le compact K ` Bp0, rq “ Kr est tout entier dans Ω noté
1
˚ 1 1
. Soit N P N t.q. ă r . Supposons le lemme faux, i.e. @ε “ où n ą N , Dxn P K ` Bp0, q t.q. f pxn q “ 0.
N n n
On a construit une suite pxn qnąN telle que f pxn q “ 0 pour tout n. Et pxn qN˚ appartient au compact Kr , donc
on peut extraire une sous suite convergente dans Kr , soit x8 P Kr la limite. Mieux, x8 P K car K est fermé :
sinon x8 P Rn ´ K ouvert, donc Dε ą 0 t.q. Bpx8 , εq Ă Rn ´ K , donc dpx8 , Kq ě ε, absurde par construction
de la suite pxn q. Et comme f est continue et xn → x8 , on a f px8 q “ 0. Et comme x8 P K on a f px8 q “ 1.
Absurde car x8 P K Ă Ω : donc le lemme est vrai.
Ťm
Preuve. On applique le lemme 2.35 : soit m compacts K j Ă Ωj
j“1 K̊j .
t.q. KĂ
Soit alors ψ
řm j P DpΩ j q une fonction qui vaut 1 sur Kj (une telle fonction existe d'après le corollaire 2.27). En
8
particulier i“1 ψi est une fonction C strictement positive dans un voisinage ouvert de de K . On pose dans
Rn :
ψj pxq
χj pxq “ řm . (2.40)
i“1 ψi pxq
On vérie immédiatement que les χj conviennent.
19
20 2.10. Lploc pRq et résultat de projection
ż
hypothèse : @ϕ P DpRq, f pxqϕpxq dx “ 0. (2.41)
R
1 1
Alors, avec q le conjugué de p déni par
p ` q “1 quand 1ăpă8 :
$ ż
’
’
’ p“1: @ψ P L8 pRq t.q. suppψ compact, f pxqψpxq dx “ 0,
’
’
’
& żR
conclusion : p Ps1, 8r : @ψ P Lq pRq t.q. suppψ compact, f pxqψpxq dx “ 0, (2.42)
żR
’
’
’
’
@ψ P L1 pRq
’
’
% p“8: t.q. suppψ compact, f pxqψpxq dx “ 0.
R
Preuve. Cas př“ 1. Soit ψ en escalier avec suppψ borné, i.e. Dk P N, Da1 , ..., ak , c1 , ..., ck P R, a1 ă a2 ă
... ă ak , ψ “ i“1 ci 1rai ,ai`1 s . Soit pγn q une suite régularisante et soit ψn “déf ψ ˚ γn . On a ψn P DpRq et
k´1
ψn pxq ÝÑn→8 ψpxq p.p., avec ||ψ ´ ψn ||8 ď ||ψ||8 , cf. exercice 2.29. Donc :
ż ż
f pxqpψpxq ´ ψn pxqq dx “ f pxq1ra1 ,ak s pxqpψpxq ´ ψn pxqq dx ÝÑ 0,
R R n→8
grâce au théorème de convergence dominée : notant gpn, xq “ pf 1ra1 ,ak s qpxqpψpxq ´ ψn pxqq l'intégrant, à x xé
ψpxq ´ ψn pxq → 0 p.p. donne gpn, xq → 0, avec |gpn, xq| ď ||ψ||8 |pf 1ra1 ,ak s qpxq| majoration indépendante de n
par une fonction intégrable. Donc (2.42)1 est vraie pour les fonctions en escalier.
Soit ψ P L8 pRq pen qN une suite de fonctions en escalier qui converge p.p. vers ψ , avec
à support borné. Soit
pen pxqqN ψpxq ě 0 et pen pxqqN décroissante négative si ψpxq ď 0 (voir cours d'intégration).
croissante positive si
Donc on a ||en ||8 ď ||ϕ||8 ă 8 pour tout n.
Comme Da ą 0 t.q. suppψ Ă r´a, as, quitte à remplacer les en par en 1r´a,as , on peut considérer les pen q
toutes à support dans r´a, as. Et on a :
ż ż
f pxqpψpxq ´ en pxqq dx “ f pxq1r´a,as pxqpψpxq ´ en pxqq dx ÝÑ 0,
R R n→8
grâce au théorème de convergence dominée : à x xé ψpxq ´ en pxq → 0 p.p., et |f pxqpψpxq ´ en pxqq| ď
||ψ||8 ||f 1r´a,as ||L1 pRq majoration indépendante de n par une fonction intégrable. Donc (2.42)1 est vraie pour les
fonctions bornées à support borné.
ψn ||L1 → 0.
1
Soit ψ P L pRq à support borné. Même suite pen q que précédemment...
ż
@ϕ P DpRq, f pxqϕpxq dx “ 0 ðñ f “0 p.p.. (2.43)
R
20
21
pour x Ps ´ k, kr et 0 ailleurs. Donc ψ P Lq pRq. Avec f 1r´k,ks P Lp pRq. Donc pf 1r´k,ks qψ P L1 pRq avec
pf 1r´k,ks qψ “ |f |p 1r´k,ks ě 0 d'intégrale nulle, donc f “ 0 sur r´k, ks, vrai pour tout k .
Cas p “ 8 : dual du cas p “ 1. On prend ψpxq “ 0 quand x Rs ´ k, kr et quand f pxq “ 0, et sinon ψpxq “ 1
1
ş
si f pxq ą 0 et ψpxq “ ´1 si f pxq ă 0. Comme r´k, ks est borné et ψ borné, ψ P L pRq. Donc f 1r´k,ks ψ “ 0,
R
avec f 1r´k,ks ψ “ |f |1r´k,ks ě 0, donc |f |1r´k,ks “ 0 p.p., donc f “ 0 sur r´k, ks, vrai pour tout k .
Dénition 3.1 Soit ϕ P DpΩq. On dit qu'une suite pϕn qnPN de DpΩq converge vers ϕ, et on note :
ssi : #
1q DK Ă Ω, K compact, tel que @n P N, supppϕn q Ă K,
(3.2)
2q @k P N, ||ϕpkq
n ´ϕ pkq
||8 ÝÑ 0.
nÑ8
Donc les ϕn ont toutes un support inclus dans un même compact K, et convergent uniformément ainsi que
toutes leurs dérivées.
Dénition 3.2 Soit ϕ P DpΩq. On dit qu'une suite pϕn qnPN de DpΩq converge vers ϕ, et on note :
ssi : $
& 1q DK Ă Ω, K
’ compact, tel que @n P N, supppϕn q Ă K,
n ∂ |k| ϕn ∂ |k| ϕ (3.4)
% 2q @k “ pk1 , ..., kn q P N ,
’ || k1 kn
´ ||8 ÝÑ 0.
∂x1 ...∂xn ∂x1 ...∂xknn
k1 nÑ8
Donc les ϕn ont toutes un support inclus dans un même compact K, et convergent uniformément ainsi que
toutes leurs dérivées.
Dans la suite, pour simplier les écritures, on regardera essentiellement le cas Rn “ R (le cas 1-D), donc la
convergence donnée en (3.2).
Proposition 3.3 Soit pϕn qnPN une suite de DpΩq qui converge vers ϕ P DpΩq. Soit K le compact dans (3.2).
Alors suppϕ Ă K .
Preuve. On a ||ϕ ´ ϕn ||8 ÝÑn→8 0 : soit ε ą 0 et soit N P N t.q. @n ą N , ||ϕ ´ ϕn ||8 ă ε, donc pour tout
xPR on a |ϕpxq ´ ϕn pxq| ă ε. En particulier, pour tout x P R´K , comme alors ϕn pxq “ 0, on a |ϕpxq| ă ε.
Vrai pour tout ε. Donc pour tout x P R´K on a ϕpxq “ 0. Donc tx : ϕpxq ‰ 0u Ă K , donc suppϕ Ă K “ K .
Remarque 3.4 Cette notion de convergence sera susante un `certain temps' : elle donnera la continuité des
distributions comme limite : si ϕj ÝÑ ϕ dans DpΩq, cf. (3.2), alors T : DpΩq Ñ R sera un opérateur continu si
jÑ8
T pϕj q ÝÑ T pϕq dans R.
jÑ8
En revanche, en particulier pour certaines propriétés des distributions à support compact, on aura besoin de
regarder la topologie de DpΩq (ses ouverts). Cette topologie est celle d'un espace métrique complet non normé
(il n'y a pas de norme sur DpΩq qui le rende complet), et sera rapidement décrite plus loin.
21
22 3.2. L'espace D1 pΩq
Dénition 3.5 Une forme linéaire continue sur DpΩq est appelée une distribution sur Ω.
L'ensemble des distributions sur Ω est noté D1 pΩq :
déf
D1 pΩq “ Lcont pDpΩq, Rq. (3.5)
C'est l'ensemble des formes linéaires continues sur DpΩq (dual topologique de DpΩq).
# +
DpΩq → R
T : vérie :
ϕ ÞÑ T pϕq
2. continuité : pour tout ϕ P DpΩq, T est continue en ϕ; i.e. pour toute suite pϕn qnPN de fonctions de DpΩq
qui converge vers ϕ dansDpΩq, cf. (3.2), la suite de réels pT pϕn qqnPN converge vers le réel T pϕq dans R:
N.B. : une distribution est un instrument de mesure des fonctions : pour une fonction ϕ on obtient la valeur
réelle T pϕq.
Remarque 3.6 La continuité (3.7) est la dénition usuelle de la continuité en un point : une fonction F est
continue en un point X ssi quelle que soit la suite pXn q qui tend vers X on a F pXn q ÝÑn→8 F pXq, autrement
dit ssi limn→8 F pXn q “ F pXq “ F plimn→8 Xn q.
Ici les notations sont F “ T , X “ ϕ et Xn “ ϕn , et la notion ϕn tend vers ϕ est la notion de convergence
dénie en (3.2) (ou en (3.4)).
Donc par dénition d'une distribution (plus précisément le fait qu'une distribution soit continue par déni-
tion), on peut donc passer à la limite sous la distribution T, cf. (3.7) :
dès que pϕn q est une suite de DpΩq qui converge vers ϕ P DpΩq, au sens de DpΩq, cf. (3.2).
Attention : cette notation intégrale peut s'avérer dangereuse (voir plus loin la masse de Dirac
ş δa dénie par
δa pϕq “ ϕpaq et qui ne s'écrit pas comme une intégrale δa ϕ ).
Donc par dénition de la continuité des distributions T on peut passer à la limite sous le crochet : quand
pϕn q → ϕ dans DpΩq, cf. (3.2) :
ż ż ż
lim T ϕn “ T lim ϕn p“ T ϕq. (3.12)
nÑ8 nÑ8
22
23 3.2. L'espace D1 pΩq
Dénition 3.7 Soit f P L1loc pΩq. On appelle distribution régulière associée à f : la fonctionnelle T “noté Tf :
Ω→R dénie par : ż
déf
@ϕ P DpΩq hTf , ϕi “ f pxqϕpxq dx. (3.13)
Ω
ş ş
Preuve. Soit ϕ P DpΩq. On a Ω f pxqϕpxq dx “ Ω f pxqϕpxq1suppϕ pxq dx. La fonction f ϕ1suppϕ est dominée par
1
la fonction intégrable ||ϕ||8 f 1suppϕ (car f P Lloc pΩq et suppϕ est compact dans Ω). Donc (3.13) est bien déni.
La linéarité est triviale cf. (3.6) (c'est celle de l'intégrale).
Continuité de ϕ P DpΩq et soit pϕn qN une şsuite de DpΩq convergeantş vers ϕ P DpΩq, cf. (3.2).
Tf : soit
On a, avec le compact
ş K de (3.2) : |T pϕq ´ T pϕn q| “ |
Ω
f pxqpϕ ´ ϕn qpxqqdx| “ | K f pxqpϕ ´ ϕn qpxqqdx| ď
||ϕ ´ ϕn ||8 K |f pxq|dx ÝÑn→8 0, car ||ϕ ´ ϕn ||8 → 0 et f P L1 pKq. Donc Tf est continue en ϕ. Vrai pour tout
ϕ P DpΩq.
Dénition 3.9 Généralisation : si f P Lploc pΩq avec1 ď p ď 8, on appelle distribution régulière Tf la distri-
bution donnée par (3.13). (En particulier vrai pour f P L2loc pΩq.)
Proposition 3.10 Pour f P Lploc pΩq où 1 ď p ď 8, la fonctionnelle Tf dénie en (3.13) est bien une distribution.
ş ş
Preuve. Pour ϕ P DpΩq, K “ suppϕ et q P r1, 8s, on a Ω |ϕ|q “ K |ϕ|q ď ||ϕq ||8 |K| ă 8, donc ϕ P Lq pΩq.
p
Soit f P Lloc pΩq et ϕ P DpΩq. Le cas p “ 1 a été traité dans la proposition précédente.
1 1 p p
Cas 1 ă p ă 8. Soit q de conjugué de p, donné par
p ` q “ 1. Comme f P Lloc pΩq on a f P L pKq ; et pour
ϕ P DpΩq on a ϕ P Lq pKq, donc f ϕ P L1 pKq, donc Tf pϕq est bien déni par (3.13). Et la linéarité de Tf est
immédiate. Soit pϕn q une suite de DpΩq qui converge vers ϕ dans DpΩq, avec K compact t.q. K Ą supppϕn q
pϕ ´ ϕn qq pxq dx ď ||ϕ ´ ϕn ||q8 |K| ÝÑn→8 0. Donc, avec Hölder :
q
ş
pour tout n. Alors ||ϕ ´ ϕn ||q “
K
ż
|hTf , ϕ ´ ϕn i| ď |f ϕ| ď ||f ||Lp pKq ||ϕ ´ ϕn ||Lq ÝÑ 0,
K n→8
Notation abusive. Quand f P Lploc pΩq, on note abusivement (pour alléger l'écriture), pour tout ϕ P DpΩq :
ż ż
noté noté noté
hTf , ϕiD1 ,D “ hTf , ϕi “ hf, ϕi “ fϕ pdonc “ f pxqϕpxq dxq. (3.14)
Ω
On note donc abusivement Tf “ f au sens des distributions... et on dit qu'on identie la distribution Tf à la
fonction f ...
Attention à cette identication : dans la notation hf, ϕi, l'objet f n'est pas considéré comme une fonction
mais comme la distribution Tf régulière associée.
Exemple 3.11 La fonction constante f “ż 1R P L1loc pRq dénit une distribution régulière qui à une fonction ϕ
noté
associe son aire sous la courbe : T1R pϕq “ ϕpxq dx “ h1R , ϕi.
R
Exemple 3.12 La fonction échelon unité (= troncature à gauche en 0 = unit step function) appelée fonction
de Heaviside H0 : #
1 si x>0,
H0 pxq “ (3.15)
0 si x<0,
dénit une distribution régulière sur R. Elle n'a pas été dénie en x “ 0 (donc dénie uniquement presque
partout), ce qui n'a aucune importance quand on s'intéresse à son caractère On note alors H0 pxq “ L1loc pRq.
1R` pxq H0 pxq “ 1R˚ .
ou
`
Considérer H0 comme distribution régulière, c'est considérer la distribution régulière TH0 , i.e. c'est considérer
ż
noté
l'instrument de mesure TH0 : ϕ → TH0 pϕq “ ϕpxq dx “ hH0 , ϕi.
R`
23
24 3.2. L'espace D1 pΩq
déf noté
δa pϕq “ ϕpaq “ hδa , ϕi. (3.17)
Plus généralement, la masse de Dirac en a est dénie sur toutes les fonctions continues en a, la valeur de
ϕpaq étant alors parfaitement dénie (ce qui n'est pas le cas d'une fonction dénie presque partout en général).
Proposition 3.15 δa est une distribution, mais n'est pas une distribution régulière.
Preuve. La linéarité est immédiate. Continuité : soit ϕ P DpRq et soit pϕn q → ϕ dans DpRq. En particulier
||ϕ ´ ϕn ||8 → 0, supxPR |ϕn pxq ´ ϕpxq| → 0, en particulier ϕn paq Ñ ϕpaq. Donc δa pϕn q → δa pϕq, donc δa
soit
est continue au point ϕ P DpRq. Vrai pour tout ϕ P DpRq. Donc δa est une distribution.
1
ş
ş R f pxqϕpxq dx pour tout ϕ P DpRq. En particulier pour tout
Supposons qu'il existe f P Lloc pRq telle δa pϕq “
ϕ P DpR ´ tauq on aurait δa pϕq “ ϕpaq “ 0 “ R f pxqϕpxq dx. Et donc f “ 0 presque partout sur sa, brĂ R˚
´1
pour la mesure de Lebesgue, cf. proposition 3.13, donc sur R. D'où δa “ 0. C'est faux, puisque δa pζq “ e ‰0
(avec ζ donné en (1.18)). Donc δa n'est pas régulière.
ř
Exemple 3.16 Le peigne de Dirac kPZ δk P D1 pRq dénit une distribution. Le vérier. Mais ce n'est pas une
distribution régulière.
Dénition 3.17 La dérivée de la masse de Dirac δa1 est dénie sur DpRq par :
noté
δa1 pϕq “ ´ϕ1 paq “ hδa1 , ϕi. (3.18)
pkq
Et les dérivées successives de la masse de Dirac δa sont dénies sur DpRq par, pour kPN :
déf noté
δapkq pϕq “ p´1qk ϕpkq paq “ hδapkq , ϕi. (3.19)
pkq
Exercice 3.18 Vérier que les δa sont des distributions mais ne sont pas régulières.
ř8 pkq
Exemple 3.20 La fonctionnelle T “ k“1 δ0 ne dénit pas une distribution : considérer une fonction ϕ P
ř8 pkq ř8
DpRq qui vaut e´x au voisinage de 0, cf. example 2.26, pour laquelle h k“1 δ0 , ϕi “ 1 1 “ 8 R R.
ş 2
Exemple 3.21 Si T n'est pas linéaire (exemple T pϕq “ R ϕ pxq dx) alors ce n'est pas une distribution.
ř8 pkq
Exemple 3.22 la fonctionnelle k“0 δk dénit une distribution. Le vérier.
Exemple 3.23 Dans Rn la masse de Dirac au point ~a P Rn est dénie par δ~a pϕq “ ϕp~aq. On vérie que c'est
n
bien une distribution sur DpR q.
Exemple 3.24 La fonction x Ñ x1 ne dénit pas une distribution sur R. Mais sa restriction à s0, 8r dénit une
distribution régulière dans D1 ps0, 8rq.
Exemple 3.25 Le produit de deux distributions n'est pas déni : en particulier la masse de Dirac au carré
n'est pas une distribution (d'ailleurs on ne sait pas dénir la masse de Dirac au carré).
1
Cas des distributions régulières : exemple : la fonction x → |x|´ 2 dénit une distribution sur R (elle est
dans L1loc pRq) alors que son produit par elle-même ne dénit pas une distribution sur R.
24
25 3.3. L'espace vectoriel D1 pΩq
Exemple 3.26 Dans Rn , le moment d'inertie par rapport à ~x0 d'une distribution à support compact est déni
par :
Ip~x0 q “ hT, ||~x ´ ~x0 ||2 i. (3.20)
Si T “ Tf est une distribution associée à une fonction f à support borné K, le moment d'inertie par rapport
à ~x0 vaut : ż
Ip~x0 q “ f p~xq ||~x ´ ~x0 ||2 dΩ. (3.21)
K
Et si T “ δ~a , alors Ip~x0 q “ ||~a ´ ~x0 ||2 , moment d'inertie par rapport à ~x0 d'une masse unité ponctuelle en ~a.
Exemple 3.27 Si T “ Tf est une distribution régulière avec f P L1 pRn q de support excluant ~0, i.e. f “0 dans
un voisinage ouvert de ~
0, le potentiel Newtonien est déni au point ~x0 par :
ż
1 f p~xq
U p~x0 q “ hTf , i“ dΩ. (3.22)
||~x0 ´ ~x|| ~xPRn x
||~ 0 ´~ x||
Et pour la masse de Dirac δ~a et ~x0 ‰ ~a, il est déni par :
1 1
U p~x0 q “ hδ~a , i“ , (3.23)
||~x0 ´ ~x|| ||~x0 ´ ~a||
inverse de la distance de ~a à ~x0 .
3.2.5 Restriction
Dénition 3.28 Soit T P DpΩq et soit ω un ouvert de Rn tel que ω Ă Ω. La restriction T|ω est la distribution
1
de D pωq dénie par :
hT|ω , ϕi “ hT, ϕi, @ϕ P Dpωq. (3.24)
Il est immédiat de vérier que T|ω est bien une distribution sur ω (linéaire et continue).
Mais attention, ce n'est qu'une notation formelle. En particulier T pxq ne veut rien dire puisque un point x P Ω
n'appartient pas au domaine de dénition de T : le domaine de dénition de T est l'ensemble des fonctions
de DpΩq, et uniquement T pϕq a un sens pour ϕ P DpΩq.
Par exemple, δ0 pxq n'a aucun sens pour x P R, puisque δ0 n'est pas une fonction sur R (mais sur DpRq).
C'est δ0 pϕq qui a un sens, et vaut δ0 pϕq “ ϕp0q, pour une fonction ϕ.
Cependant l'écriture abusive δ0 pxq sera utilisée dans l'expression hδ0 pxq, ϕpxqi, et permettra d'alléger les
notations lorsque ϕ sera une fonction de plusieurs variables : on écrira :
déf
hδ0 pxq, ϕpx, yqi “ δ0 pϕy q “ ϕy p0q “ ϕp0, yq “ ϕpx, yq|x“0 , (3.26)
où ϕy : x → ϕy pxq “ ϕpx, yq. Et de même hδ0 pyq, ϕpx, yqi “déf ϕpx, yq|y“0 “ ϕpx, 0q.
déf
Pour être rigoureux, on doit d'abord dénir à y xé la fonction ϕ1 : x Ñ ϕ1 pxq “ ϕpx, yq et à x xé la fonction
déf
ϕ2 : y Ñ ϕ2 pyq “ ϕpx, yq et écrire hδ0 , ϕ1 i “ ϕ1 p0q “ ϕp0, yq dans le premier cas, et hδ0 , ϕ2 i “ ϕ2 p0q “ ϕpx, 0q
dans le second cas.
Autrement dit (3.26) est une écriture abusive mais pratique (de même que (3.25)).
En cas de doute, on n'abuse pas des notations.
25
26 3.4. Convergence dans D1 pΩq (convergence faible)
Proposition 3.29 L'espace D1 pΩq muni des opérations ` (addition interne) et . (multiplication externe) est
1 1
un espace vectoriel. Il est noté pD pΩq, `, .q, ou simplement D pΩq.
Preuve. C'est un sous-espace vectoriel de l'espace vectoriel pFpDpΩq; Rq, `, .q des fonctions de DpΩq dans R : on
vérie facilement que les fonctionnelles pS ` T q et pλT q ainsi dénies sont bien linéaires et continues sur DpΩq.
noté
pTn qN converge ðñ @ϕ P DpΩq, Dr P R, lim hTn , ϕi “ r “ T pϕq. (3.29)
nÑ8
Cela dénit alors la fonctionnelle T : DpΩq → R appelée limite de la suite pTn q dans D1 pΩq, et noté
T “noté limn→8 Tn .
Théorème 3.32 Soit pTn qnPN une suite dans D 1 pΩq qui converge au sens (3.29). Alors la limite T défnie en (3.29)
est une distribution sur Ω.
déf
hT, ϕ ` λψi “ lim hTn , ϕ ` λψi “ lim phTn , ϕi ` λhTn , ψiq
n→8 n→8
“ lim hTn , ϕi ` λ lim hTn , ψi “ hT, ϕi ` λhT, ψi,
n→8 n→8
d'où la linéarité.
Continuité : soit ϕ P DpΩq. Soit pϕk q une suite de DpΩq convergeant vers ϕ P DpΩq. On a limk hT, ϕk i “
limk limn hTn , ϕk i. On admet qu'on peut inverser les signes limites (voir théorème de BanachSteinhaus dans les
espaces métriques complet).
D'où limk hT, ϕk i “ limn limk hTn , ϕk i “ limn hTn , limk ϕk i “ limn hTn , ϕi “ hT, ϕi.
On note alors (convergence faible) :
Exemple 3.35 Soit pfj qN˚ une suite de fonctions dans L1loc pRq qui converge presque partout vers une fonction
1
f . On suppose de plus la suite dominée : il existe g P Lloc pRq t.q. |fj pxq| ď gpxq presque partout. Montrer que
f P L1loc pRq et que fj á f au sens des distributions.
Réponse . Les fonction fj et f ne sont pas des distributions. Donc ce qu'il faut comprendre est :
1- On considère les distributions régulières Tfj et Tf . ż ż
1
2- Et il s'agit de montrer que Tfj á Tf dans D pRq, f pxqϕpxq dx pour tout ϕ P DpRq.
i.e. que fj pxqϕpxq dx ÝÑ
R j→8 R
Soit ϕ P DpRq xé et K son support (compact). On applique le théorème de convergence dominée de Lebesgue
1
puisque |fj pxqϕpxq1K pxq| ď ||ϕ||8 |gpxq|1K pxq et g1K P L pKq.
26
27 3.5. Convergence vers la masse de Dirac
Exemple 3.36 Montrez que γn á δ0 dans D1 pRq, où γn est déni en (2.25) (approximation de δ0 ).
Réponse . γn
est une fonction et n'est pas une distribution. Donc ce qu'il faut comprendre est :
1- Comme les γn sont des fonctions L1 pRq, on considère les distributions régulières Tn “ Tγn associées.
1
ş
2- Et il s'agit de montrer que Tγn á δ0 dans D pRq, i.e. (3.31), i.e. γ pxqϕpxq dx → ϕp0q. Le faire ; réponse :
R n
voir suivant.
1 1
$
& n
’ pour x Ps ´ , r,
Πn pxq “ n 1s´ 2n
1 1 pxq “
2n 2n (3.32)
, 2n r 1
’
% 0 pour |x| ě ,
2n
ş ş1
à dessiner. Ce sont des fonctions L1 pRq positives de masse 1 : Π pxq dx “ 1 (“ ´2n1 n dx).
R n 2n
Cette suite de fonctions ne converge pas vers une fonction dans L1 pRq 0
: cette fonction limite vaudrait
sur R˚ , et donc nulle presque partout, mais avec une masse égale à 1. (On remarque que
ş pΠ n q N˚ n'est pas une
suite de Cauchy dans L1 pRq puisque ||Πn ´ Π2n ||L1 “ R |Πn pxq ´ Π2n pxq| dx “ 1 → 0, donc pΠn qN˚ ne converge
1
pas dans L pRq.)
ż
Preuve. hTΠn , ϕi ÝÑ ϕp0q ssi @ε ą 0, DNε P N t.q. @n ě Nε , | Πn pxqϕpxq dx ´ ϕp0q| ă ε, soit :
n→8 R
ż
@ε ą 0, DNε P N t.q. @n ě Nε , | Πn pxqpϕpxq ´ ϕp0qq dx| ă ε, (3.35)
R
ş
car Πn “ 1. Soit ε ą 0, et montrons l'existence d'un Nε .
R
ϕ P DpRq on a ϕ continue en 0, donc,
Pour
şηεpour ε ą 0 on a : Dηε ą 0 t.q. @x Ps´ηε , ηε r on a |ϕpxq´ϕp0q| ď ε.
Donc pour ε xé et ηε correspondant, on a |ϕpxq ´ ϕp0q| dx ď 2ηε ε.
´ηε
1 1 1
On prend Nε P N t.q. ă 2η α . Donc @n ě Nε on a 2n ă ηε , et @x Ps ´1
2n , 2n r on a |ϕpxq ´ ϕp0q| ď α “ ε.
şNε ş
Donc, Πn étant positive, Π pxq|ϕpxq ´ ϕp0q| dx ď ε R Πn pxq dx “ ε dès que n ě Nε : d'où (3.35).
R n
ż ż
notation symbolique : δ0 “ 1 p“ Πn q, (3.36)
R R
bien que δ0 ne soit pas une fonction, et on dit que δ0 a une masse qui vaut 1.
Remarque 3.38 On aurait aussi bien pu utiliser les fonctions portes non centrées Πn pxq “ n 1s0, n1 r au lieu des
fonctions portes centrées (3.32) : même démarche et même résultat, écrit tout aussi abusivement :
27
28 3.5. Convergence vers la masse de Dirac
Exercice 3.40 Montrer que δ0 est limite de la suite pfn q des fonctions anes par morceaux données par
fn pxq “ n2 px ` n1 q1s ´1 ,0r pxq ´ n2 px ´ n1 q1s0, n1 r pxq (fonction chapeau : dessin).
n
ş0 ş1 1
On a n2 ´1 px` n1 qϕp0q dx ´ n2 0n px´ n1 qϕp0q dx “ n2 ϕp0qp 21 rpx` n1 q2 s0´1 ´ 1
2
rpx´ n1 q2 s0n “ ϕp0q, et avec ϕ P DpRq
n n
on a ϕ continue en 0, donc, pour εą0 on a : Dηε ą 0 t.q. @x Ps ´ ηε , ηε r
|ϕpxq ´ ϕp0q| ď ε. Donc pour ε et le ηε
on a
ş0 ş1
correspondant, on prend Nε t.q. N
1
ε
ă ηε , et pour tout n ě Nε on a |hTfn , ϕi´ϕp0q| ď εn2 p ´1 px` n1 q dx´ 0n px´ n1 q dxq “
n
1
εn2 p 21 rpx` n1 q2 s0´1 ´ 21 rpx´ n1 q2 s0n q “ ε. Donc |hTfn , ϕi ´ ϕp0q| ÝÑn→8 0.
n
3.5.3 Convergence vers δa d'une fonction L1 pRq de masse unité qu'on concentre
Pour f :R→R et λ ą 0, on note :
fλ pxq “ λ f pλxq. (3.39)
ş ş
En particulier fλ pxq dx “ R f pxq dx pour tout λ ą 0 (on conserve la masse), immédiat.
R
Exemple : si supppf q Ă r´B, Bs alors supppfλ q Ă r´ B B
λ , λ s car fλ pxq “ 0 dès que λx R r´B, Bs, i.e. dès que
x R r´ B B
λ , λ s : le support de fλ se concentre en 0 quand λ ą 1.
Proposition 3.41 Si : ż
1
f P L pRq et f pxq dx “ 1 (masse unité), (3.40)
R
alors :
fλ á δ0 dans D1 pRq. (3.41)
λ→8
28
29 3.6. Dénitions d'opérations élémentaires sur les distributions
déf
hτa T, ϕi “ hT, τ´a ϕi, @ϕ P DpRq. (3.44)
On vérie immédiatement qu'eectivement τa T P D1 pRq (est une distribution). Et, avec des notations abu-
sives, voir (3.25), on note :
déf
hT px ´ aq, ϕpxqi “ hT pxq, ϕpx ` aqi, @ϕ P DpRq. (3.45)
car pour ϕ P DpΩq, : hτa δ0 , ϕi “ hδ0 , τ´a ϕi “ τ´a ϕp0q “ ϕp0 ` aq “ ϕpaq, soit encore avec des notations très
abusives : δa pxq “ δ0 px ´ aq. Donc :
hδa , ϕi “noté hδa pxq, ϕpxqi “ hδ0 px ´ aq, ϕpxqi “ hδ0 pxq, ϕpx ` aqi “ ϕpx ` aq|x“0 “ ϕpaq.
On retrouve bien hδa , ϕi “
noté hδ pxq, ϕpxqi “ ϕpxq
a |x“a “ ϕpaq.
déf
hTq, ϕi “ hT, ϕi,
q @ϕ P DpRq. (3.49)
Réponse . 11- On veut montrer que hpTf q_ , ϕi “ hTşf , ϕi, i.e. hpTf q, ϕi
ş ş
qş “ hTf , ϕi, i.e. R f şpxqϕp´xq dx “ R f pxqϕpxq dx,
ce pour tout ϕ P DpRq. Comme f est paire, on a R f pxqϕpxq dx “ R f p´xqϕpxq dx “ R f pxqϕp´xq dx, ce pour tout
ϕ P DpRq, ce qu'il fallait vérier
ş ş
12- On veut montrer que hpTf q_ , ϕi “ ´hTf , ϕi, i.e. hpTf q, ϕi
q “ ´hTf , ϕi, i.e. R f pxqϕp´xq dx “ ´ R f pxqϕpxq dx,
ş ş ş
ce pour tout ϕ P DpRq. Comme f est impaire, on a f pxqϕpxq dx “ R ´f p´xqϕpxq dx “ ´ R f pxqϕp´xq dx, ce pour
R
tout ϕ P DpRq, ce qu'il fallait vérier
Dénition 3.46 Et on appelle `distribution paire' une distribution T P D1 pRq qui satisfait telle que Tq “ T .
(Et on note alors très abusivement T p´xq “ T pxq.)
Et on appelle `distribution impaire' une distribution T P D1 pRq qui satisfait telle que Tq “ ´T . (Et on note
alors très abusivement T p´xq “ T pxq.)
29
30 3.6. Dénitions d'opérations élémentaires sur les distributions
Exemple : on s'intéresse au prix d'une masse m. Exprimons m soit en lb = libra = pound, soit en kg =
kilogramme. On a 1 kg “ λ lb, où λ » 2, 2. Notons f le prix au lb et g le prix au kg, donc f pλq “ gp1q, et plus
généralement : f pλxq “ gpxq “ prix en euros de m “ x kg. Le passage de f à g est un changement d'unité (sur
l'espace de départ = ensemble de dénition).
Soit f P L1loc pRq, λ P R˚ et ϕ P DpRq. On a par changement de variables :
ż8 ż8
x 1
f pλxqϕpxq dx “ f pxqϕp q dx. (3.50)
´8 ´8 λ |λ|
1 x
hf pλxq, ϕpxqi “ hf pxq, ϕp qi. (3.51)
|λ| λ
Sans abus de notation pour une fonction générique f :R→R : posons :
Dénition 3.47 Soit T P D1 pRq une distribution et soit λ P R˚ . On dénit la distribution S par, pour tout
ϕ P DpRq :
déf 1 noté 1 x
hS, ϕi “ hT, ϕ1 i p “ hT pxq, ϕp qiq. (3.54)
|λ| λ |λ| λ
(On vérie immédiatement que S est bien une distribution sur R.)
déf 1 x
hT pλxq, ϕpxqi “ hT pxq, ϕp qi, (3.55)
|λ| λ
notation abusive ou implicitement x est le nom de la variable d'intégration.
1
Exemple 3.48 Pour λ ‰ 0 : pour a P R et ϕ P DpRq on a hδa pλxq, ϕpxqi “ hδa pxq, |λ| ϕp λx qi “ 1 a
|λ| ϕp λ q, et
donc :
1
δa pλxq “ δ a pxq. (3.56)
|λ| λ
1
Donc hδa pλxq, ϕpxqi “ |λ| ϕp λa q.
1 x 1 1
En particulier hδ0 pλxq, ϕpxqi “ hδ0 pxq,
|λ| ϕp λ qi “ |λ| ϕp0q. Donc δ0 pλxq “ |λ| δ0 pxq.
et ce avec ψϕ P DpRq (car supppψϕq Ă suppϕ et le produit de deux fonctions C8 est une fonction C 8 ). Soit
au sens de D1 pRq :
hf ψ, ϕi “ hf, ψϕi, @ϕ P DpRq. (3.58)
Dénition 3.49 Pour une distribution T P D1 pΩq, dès que ψ P C 8 pΩq on dénit la distribution pψT q “ pT ψq P
1
D pΩq par :
déf
hT ψ, ϕi “ hT, ψϕi, @ϕ P DpΩq. (3.59)
30
31 3.6. Dénitions d'opérations élémentaires sur les distributions
2
Exercice 3.51 1-Montrer : la masse
ş de Dirac au carré δ0 n'a pas de sens.
2- Que veut dire la notation
xPR
δpx ´ yqδpx ´ zq dx “ δy´z utilisée en mécanique quantique ?
Π2n “ n 1r´ 1 , 1 s est bien dénie (au sens TΠ2n est bien dénie car Πn P L pRq). Et on a hΠ2n , ϕi » n2 ϕp0q ÝÑr→8 8
2 2 1
2n 2n
2 2 1
quand ϕp0q ‰ 0. Autrement dit pΠn qN˚ “ pn 1r´ 1 , 1 s qN˚ ne converge pas dans D pRq. On ne peut donc pas dénir une
2n 2n
2 2
distribution δ0 comme limite de la suite pΠn qN˚ .
1
De même la distribution Πn δ0 est bien dénie dans D ps ´ 1, 1rq : hΠn δ0 , ϕi “ hδ0 , Πn ϕi “ pΠn ϕqp0q “ nϕp0q pour
tout ϕ P Dps ´ 1, 1rq. Donc pour ϕ P DpRq telle que ϕp0q ‰ 0 on a hΠn δ0 , ϕi → 8 R R : on ne peut donc pas dénir une
distribution δ02 comme limite de la suite pΠn δ0 qN˚ de 1
ş D ps ´ 1, 1rq.
2- Mécanique quantique : on note F py, zq “ δpx ´ yqδpx ´ zq dx. Le sens est donné par δpxq » Πn pxq et
xPR
δz pxq » Πn px ´ zq pour n grand (n ě 10ş15 car n1 ă 10´15 “ taille des plus petites particules élémentaires).
Donc on s'intéresse réellement à Fn py, zq “ Π px´yqΠn px´zq dx. L'intégrant est fn pxq “ Πn px´yqΠn px´zq “
xPR n
n2 1sy´ 1 ,y` 1 r pxq1sz´ 1 ,z` 1 r pxq “ n2 1sy´ 1 ,y` 1 rXsz´ 1 ,z` 1 r pxq, donc fn pxq “ 0 si |z´y| ą n1 . Et si y ď z ď n1 alors
2n 2n 2n 2n 2n 2n 2n 2n
fn pxq “ n2 1sz´ 1 ,y` 1 r et Fn py, zq “ n2 py ` 2n
1 1
´pz´ 2n qq “ n2 py ´z ` n1 q. Et si z ď y ď n1 alors Fn py, zq “ n2 pz ´y ` n1 q.
2n 2n
Donc Fn py, zq ÝÑn→8 δy´z au sens des distributions, cf. exercice (3.40). Donc hFn py, zq, ϕi ÝÑn→8 ϕpy ´ zq.
ş
Donc en mécanique quantique
xPR
δpx ´ yqδpx ´ zq dx est la notation de la distribution δy´z .
Exercice 3.52 Prove : xδa “ aδa , and more generally f δa “ f paqδa (if f P C 0 ).
Réponse . hxδa , ϕi “ hδa , xϕi “ aϕpaq, and haδa , ϕi “ ahδa , ϕi “ aϕpaq.
et donc :
ψδa “ ψpaqδa dans D1 pRq. (3.61)
On voit ici le caractère absorbant de la masse de Dirac δa : la distribution ψδa est nulle là où δa l'est, et
dans la distribution ψδa , seule la valeur de ψ en a intervient.
ż ż
f pxqgpxq dx “ f pxqgpxq dx (3.62)
Ω Ω
ş
(Et dans L2 pR; Cq, le produit scalaire est pf, gqL2 “ Ω
f pxqgpxq dx, forme sesquilinéaire hermitienne dénie
positive.)
Cette formule est conservée pour les distributions :
Dénition 3.53 Pour T P D1 pΩ; Cq, la distribution conjuguée T P D1 pΩ; Cq est dénie par :
déf
@ϕ P DpΩ; Cq, hT , ϕi “ hT, ϕi, (3.63)
déf
où ϕ : x → ϕpxq “ ϕpxq.
Exercice 3.54 Soit ξPR xé, fξ pxq “ e´ixξ , et Tfξ la distribution régulière associée. Montrer : Tfξ “ Tfξ .
Réponse . hTfξ , ϕi “déf hTfξ , ϕi “ ?12π R e´ixξ ϕpxq dx “ ?12π R ϕpxqe`ixξ dx “ ϕp´ξq
ş
ş
ş
ş
p , transformée de Fourier en ´ξ .
Et hTfξ , ϕi “ ?12π R fξ pxqϕpxq dx “ ?12π R e`ixξ ϕpxq dx “ ϕp´ξq
p .
31
32
Dénition 4.1 Une fonction f : R → R présente une discontinuité de première espèce en un point a P R ssi
elle n'est pas continue en a mais admet des limites nies f pa´q et f pa`q (à gauche et à droite de a). On appelle
alors saut de f en a le réel rf spaq “ f pa`q ´ f pa´q.
4.3 Dénition
Soit a, b P R avec a ă b.
Une fonction ϕ P Dpsa, brq, vériant suppϕ Ăsa, br, est également considérée comme une fonction ϕ P DpRq
1
(prolongement par 0 sur R ´ ra, bs). Ainsi, si f P C pra, bsq, une intégration par parties donne :
żb żb
f 1 pxqϕpxq dx “ ´ f pxqϕ1 pxq dx, @ϕ P Dpsa, brq, (4.1)
a a
puisque ϕ est nulle en a et b (le suppϕ est compact dans sa, br), et donc rf ϕsba “ 0 .
Au sens des distributions cela s'écrit :
déf
hT 1 , ϕi “ ´ hT, ϕ1 i, @ϕ P DpΩq. (4.3)
pmq m pmq
hT , ϕi “ p´1q hT, ϕ i, @ϕ P DpΩq, (4.4)
Proposition 4.5 Si T P D1 pΩq, alors T 1 P D1 pΩq (est une distribution), ainsi que T pmq pour tout m P N.
Autrement dit, une distribution est dérivable à tout ordre.
∂T
Dénition 4.6 Dans Rn : soit Ω un ouvert de Rn et T P D1 pΩq. On dénit sa i-ème dérivée partielle
∂xi par,
pour i “ 1, ..., n :
∂T déf ∂ϕ
h , ϕi “ ´ hT, i, @ϕ P DpΩq. (4.6)
∂xi ∂xi
∂T
Et on vérie immédiatement que cela fait bien de
∂xi une distribution pour tout i et que T est inniment
dérivable.
2
∂2T
Exercice 4.7 Montrer que la formule de Schwarz ∂x∂ ∂x
T
“ ∂xj ∂xi est toujours vraie au sens des distributions.
i j
Réponse
∂T ∂ϕ ∂ϕ
∂ ∂x ∂ ∂x ∂ ∂x
ϕ
. h ∂xj
i ∂T
, ϕi “ ´h ∂xi
, ∂xj
i “ hT, ∂xi
j
i “ hT, ∂xj
i
i, car ϕ P DpΩq, donc ϕ P C2.
32
33 4.4. Linéarité de la dérivation et passage à la limite
pS ` λT q1 “ S 1 ` λT 1 , (4.7)
Tn á T ùñ Tn1 á T 1 . (4.8)
n→8 n→8
4.5 Exemples
4.5.1 Exemple Ha1 “ δa
Exercice 4.9 Soit Ha “ 1ra,8s la fonction de Heaviside en a (unit-step function at a). Montrer que :
déf
ż8
hpTHa q1 , ϕi “ ´ hTHa , ϕ1 i “ ´ ϕ1 pxq “ ´rϕpxqs8
a “ ´p0 ´ ϕpaqq “ ϕpaq “ hδa , ϕi
a
(Attention au signe.)
Réponse . hpτa δ0 q , ϕi “ ´hτa δ0 , ϕ i “ ´hδ0 , τ´a ϕ1 i “ ´pτ´a ϕ1 qp0q “ ´ϕ1 p0 ´ p´aqq “ ´ϕ1 paq.
1 1
Réponse . La fonction f n'est pas dérivable (en a). Cette fonction est L1loc pRq ; soit Tf la distribution régulière associée.
Le sens de (4.13) est pTf q1 “ T1sa,8r . Calculons pTf q1 : pour ϕ P DpRq on a :
ż ż8
hpTf q1 , ϕi “ ´ hTf , ϕ1 i “ ´ f pxqϕ1 pxq dx “ ` px ´ aqϕ1 pxq dx
R a
ż8
“ ϕpxq dx ´ rpx ´ aqϕpxqs8 a “ hT1sa,8r , ϕi ´ 0,
a
car ϕpxq “ 0 pour x assez grand (à l'extérieur du support compact de ϕ. Vrai pour tout ϕ P DpRq, donc pTf q1 “ T1sa,8r ,
i.e. (4.13). Dessin : là où elle est dénie classiquement la dérivée vaut 0 sur s ´ 8, ar et `1 sur sa, 8r.
33
34 4.6. Dérivation de la masse de Dirac comme limite de fonctions
Exercice 4.13 La fonction g : x Ñ |x| n'est pas dérivable en 0 au sens classique (au sens des fonctions). On
noter g “ |x|. Montrer qu'elle est dérivable au sens des distributions, et que sa dérivée vaut :
p|x|q1 “ ´H0 p´xq ` H0 pxq “ ´1R´ pxq ` 1R` pxq dans D1 pRq. (4.14)
Réponse . La fonction g : x → |x| n'est pas dérivable (en 0). Cette fonction
1
est L1loc pRq ; soit Tg la distribution régulière
associée. Le sens de (4.14) est pTg q “ ´T1R ` T1R . Pour ϕ P DpRq on a :
´ `
ż ż0 ż8
hpT|x| q1 , ϕi “ ´ hT|x| , ϕ1 i “ ´ |x|ϕ1 pxq dx “ ` xϕ1 pxq dx ´ xϕ1 pxq dx
R ´8 0
ż0 ż8
“ ´ ϕpxq dx ` rxϕpxqs0´8 ` ϕpxq dx ´ rxϕpxqs8
0 “ h´T1R´ ` T1R` , ϕi ` 0,
´8 0
comme souhaité. Dessin : là où elle est dénie classiquement la dérivée vaut ´1 sur R˚
´ et `1 sur R˚
`.
x2
Remarque 4.14 La fonction |x| est elle-même la dérivée de la fonction signepxq
2 (qui est dans C 1 pRq) qui
2 2 2
´x ´ x ` x 2
vaut
2 sur R et
2 sur R , et signepxq
2 n'est donc pas C pRq.
q 1 “ ´pϕ
pϕq } 1 q. (4.15)
pTq q1 “ ´pT
}1 q. (4.16)
1 1
En particulier si T est paire, alors T est impaire ; et si T est impaire, alors T est paire.
Réponse . ϕpxq
q “ ϕp´xq donne q 1 pxq “ ´ϕ1 p´xq “ ´pϕ
pϕq } 1 qpxq, soit donc q 1 “ ´pϕ
pϕq } 1 q, i.e. (4.15).
D'où :
hpT
}1 q, ϕi “ hT 1 , ϕi
q “ ´hT, pϕqq 1 i “ ´hT, ´pϕ
} 1 qi “ hT, pϕ
} q, ϕ1 i “ h´pTqq1 , ϕi, i.e. (4.16).
1 qi “ hT
1 1 1
}1 q “ ´pTq q “ ´pT q “ ´T ; et T impaire : pT }1 q “ ´pTq q1 “ ´p´T q1 “ T 1 .
Donc T paire : pT
34
35 4.6. Dérivation de la masse de Dirac comme limite de fonctions
ϕphq ´ ϕp´hq
hpTΠn q1 , ϕi “ ´ ÝÑ ´ϕ1 p0q. (4.21)
2h hÑ0
1 1
Preuve. hδa`h ´ δa , ϕi “ pϕpa ` hq ´ ϕpaqq ÝÑ ϕ1 paq “ h´δa1 , ϕi, pour toute ϕ P DpRq, et donc
h h h→0
δa`h ´ δa
á ´δa1 dans D1 pRq. Idem pour la seconde égalité.
h h→0
Remarque 4.21 En électrostatique, T “ ´δ01 représente un doublet, i.e. l'eet que donne les deux charges
ponctuelles unitaires `δ´ h et ´δ h de signes opposés et distantes de h. Le doublet unité des électriciens est en
2 2
fait orienté, par convention, de la charge ´ vers la charge ` et vaut donc ´δ01 et non δ01 .
On a : ż ż
gn pxq dx “ 0 et x gn pxq dx “ ´1. (4.24)
R R
ş n1
La première égalité est triviale (gn est impaire), et pour la seconde x → x gn pxq est paire et
0
xp´n2 q dx “
2 1
´n2 r x2 s0 “ ´ 12 .
n
Proposition 4.22 On a :
gn á δ01 dans D1 pRq, (4.25)
ş n1 ş n1 ş n1 2 1 ş0
β
avec |n2 0
x εpxq dx| ď n2 0
x |εpxq| dx ď n2 0
x β dx ď n2 βr x2 s0n ď 2 , même traitement pour 1
´n
....
35
36 4.7. Formule de Leibniz
D'où |hTgn , ϕi ` ϕ1 p0q ď β dès que n est assez grand, d'où hTgn , ϕi ` ϕ1 p0q ÝÑ 0.
n→8
‚ 2ème démonstration. On applique l'exercice 3.40 : on a pTfn q1 “ Tgn (et on dit que fn1 “ gn au sens des
1
distributions), avec Tfn á δ0 , donc pTfn q á δ01 cf. (4.8).
au sens pTγn q1 á δ01 . Et les γn étant dans DpRq, il en est de même des γn1 .
Preuve. hδa1 ψ, ϕi “ hδa1 , ψϕi “ ´hδa , pψϕq1 i “ ´pψϕq1 paq “ ´ψ 1 paqϕpaq ´ ψpaqϕ1 paq “ ´ψ 1 paqhδa , ϕi `
ψpaqhδa1 , ϕi “ h´ψ 1 paqδa ` ψpaqδa1 , ϕi, pour tout ϕ P DpRq.
Proposition 4.25 Pour T P D1 pΩq et ψ P C 8 pΩq la distribution pT ψq1 est donnée par :
Preuve. Soit ϕ P DpΩq, donc ϕ1 P DpΩq. Et hpT ψq1 , ϕi “ ´hT ψ, ϕ1 i “ ´hT, ψϕ1 i “ ´hT, pψϕq1 ´ ϕψ 1 i “
´hT, pψϕq i ` hT, ϕψ 1 i “ hT 1 , ψϕi ` hT ψ 1 , ϕi.
1
36
37 4.8. Dérivation successives d'une fonction Ck tronquée
On rappelle que, pour les fonctions f et g dans C k pΩq, le produit fg est dans C k pΩq et que sa dérivée à
l'ordre k est donnée par :
k
ÿ
pf gqpkq “ Ckj f pjq g pk´jq , (4.31)
j“0
Ckj “ k!
`k ˘
où
j!pk´jq! “ j . Par exemple pf gq2 “ f 2 g ` 2f 1 g 1 ` f g 2 .
k
ÿ
pψT qpkq “ Ckj T pjq ψ pk´jq dans D1 pRq. (4.32)
j“0
Proposition 4.28 Si f P C 1 pRq, alors f Ha est dérivable au sens des distributions avec :
et on note :
pf Ha q1 “ f 1 Ha ` f paqδa . (4.34)
pTf Ha qpjq “ Tf pjq Ha ` f pj´1q paqδa ` f pj´2q paqδa1 ` ... ` f paqδapj´1q , (4.35)
řj´1 pjq
(“ Tf pjq Ha ` i“0 f pj´iq paqδa ), et on note :
pi´1q 1
soit (4.33). Puis récurrence : pTf Ha qpi`1q “ pTf piq Ha ` f pi´1q paqδa ` f pi´2q paqδa1 ` ... ` f paqδa q ...
Exercice 4.29 Montrer qu'au sens des distributions, quand f P C 1 pRq, la fonction f 1ra,bs pour aăb (fonction
1
f tronquée à gauche en a et à droite en b) se dérive dans D pRq comme :
Faire un dessin.
37
38 4.9. Applications
Dénition 4.30 Le terme f paqδa , résultant de la dérivation d'ordre 1, est appelé couche d'ordre 1 de densité
f paq.
Remarque 4.31 Cette dénition prend tout son sens dans Rn pour ně2 : si Ω est un domaine borné de Rn
de bord Γ, on obtient quand ni est la i-ème composante du vecteur normal unitaire sortant :
∂pf 1Ω q ∂f
“ 1Ω ´ f ni δΓ dans D1 pΩq, (4.38)
∂xi ∂xi
à comparer avec (4.37) (le signe correspond à la normale sortante de Ω, ce qui dans le cas (4.37) est un signe
´ en a). Et f ni exprime le saut de f 1Ω en traversant Γ hf ni δΓ , ϕiRn “ hf ni , ϕiΓ
(formule des sauts), le terme
(couche d'ordre 1) mesurant le saut de la dérivation (d'ordre 1) de f 1Ω . Donc pour ϕ P DpRn q on obtient :
ż ż
∂pf 1Ω q ∂f
h , ϕi “ p~xqϕp~xq dΩ ´ f p~xqni p~xqϕp~xq dΓ,
∂xi Ω ∂xi Γ
Remarque 4.34 On peut également appliquer la formule de Leibniz, en faisant attention à son écriture au
sens des distributions. Par exemple, on a au sens des distributions :
avec 2f 1 δa “ 2f 1 paqδa et avec f δa1 “ ´f 1 paqδa ` f paqδa1 , cf. (4.27). Et on retrouve bien (4.36) :
La formule de Leibniz est ici trop lourde étant donné que δa est `absorbant' et qu'on obtient directe-
ment (4.36).
4.9 Applications
On note (abusivement) I “x la fonction C 8 pR; Rq dénie par I : x Ñ Ipxq “ x (identité). (Sous-entend
que le nom de la variable est x.)
Et on note xf “déf If la fonction x → xf pxq. Et comme I P C 8 pRq, pour T P D1 pRq, le produit IT “noté xT
est une distribution, cf (3.59).
noté
pTf q1 “ Tpf 1 q “ f 1 dans D1 pRq,
(ne pas oublier d'écrire dans D1 pRq ) i.e. la dérivée de la distribution régulière est la distribution régulière
associée à la dérivée.
38
39 4.9. Applications
I est la fonction identité Ipxq “ x). Cette fonction est trivialement continue sur R, C 1 sur R˚`
faire un dessin (ici
˚ 1
et sur R´ . Cette fonction n'est pas dérivable en 0 (au sens classique), mais est Lloc pRq, donc dérivable au sens
des distributions.
Proposition 4.37 On a :
pxH0 q1 “ H0 dans D1 pRq, (4.43)
Preuve. La formule de Leibniz donne pIH0 q1 “ I 1 H0 ` Iδ0 “ H0 ` 0 car Ip0q “ 0. Ou encore, calcul direct :
pour tout ϕ P DpRq :
ż ż8 ż8
hpTxH0 q1 , ϕi “ ´ xH0 pxqϕ1 pxq dx “ ´ xϕ1 pxq dx “ ϕpxq dx ´ 0 “ hH0 , ϕi. (4.44)
R 0 0
Exercice 4.38 Montrer que |x|1 “ ´H0 p´xq ` H0 pxq “ ´1R´ ` 1R` dans D1 pRq.
Réponse . Se servir de la linéarité de la dérivée et écrire |x| “ xH0 pxq ´ xH0 p´xq.
` ˘1
px ´ aqHa “ Ha dans D1 pRq. (4.45)
faire un dessin, où les réels σi représentent les sauts de pente de f aux points xi :
déf noté
σi “ f 1 pxi `q ´ f 1 pxi ´q “ rf 1 spxi q, (4.47)
n
ÿ
f 1 “ f11 ` σi Hxi dans D1 pRq, (4.48)
i“1
1
d'écrire dans D pRq (égalité qui ne peut
şoù 1on n'oublie
ş pas ř être utilisée qu'au sens faible, i.e. sous la forme
f ϕ “déf f11 ϕ ` i“1 σi Hxi ϕ, pour ϕ P DpΩq).
n ş
39
40 4.10. Résolution de T1 “ 0
n
ÿ n
ÿ
f 1 “ f11 ` σi Hxi ` σ̃i δxi dans D1 pRq, (4.50)
i“1 i“1
où on n'oublie pas d'écrire dans D1 pRq : ce n'est pas une égalité fonctionnelle (entre fonctions), mais une
égalité entre distributions.
Preuve. Linéarité.
Pour f une fonction C1 par morceaux de la forme (4.49), on note f1 “ tf u la partie C 1 pRq de f :
n
ÿ n
ÿ
f “ tf u ` g, g“ σi px ´ xi qHxi pxq ` σ̃i Hxi pxq, (4.51)
i“1 i“1
qui signie donc pTf q1 “ Tf11 ` pTg q1 dans D1 pRq, noté abusivement f 1 “ f11 ` g 1 dans D1 pRq. Notation généralisé
qui donne :
f pkq “ tf pkq u ` g pkq dans D1 pRq. (4.54)
4.10 Résolution de T1 “ 0
Soit T P D1 pRq. Supposons qu'on sache a priori que T 1 “ 0. Peut-on en déduire T ?
Il est immédiat que si T “ c constante (au sens T “ Tc1R ), alors T 1 “ 0 : en eet, pour tout ϕ P DpRq
(sachant ϕ nulle au voisinage de l'inni car à support compact) :
ż
hT 1 , ϕi “ ´hT, ϕ1 i “ ´ cϕ1 pxq dx “ ´rcϕpxqs8
´8 “ 0 ´ 0 “ 0.
R
8
(Rappel : rϕpxqs0 “
déf lim X
“ limX→8 pϕpXqq ´ ϕp0q, “ 0 ´ ϕp0q
X→8 rϕpxqs0 , donc donc ici.)
La réciproque est vraie :
Proposition 4.42 Si T P D1 pRq vérie T1 “ 0 alors T est une distribution constante, i.e. il existe cPR tel que
T “ Tc1R “noté c1R “noté c (dite distribution constante c). ş
Et c “ hT, γi pour toute fonction γ P DpRq de masse unité (telle que γpxq dx “ 1).
Ω
40
41 4.10. Résolution de T1 “ 0
Pour une fonction ϕ donnée, exprimons ϕ en fonction d'une dérivée ψ 1 . Supposons qu'il existe une fonction ψ P
1
DpRq telle que ϕ “ ψ . Ayant ψp´8q “ 0, on a donc :
żx
ψpxq “ ϕptq dt,
´8
ş8
mais alors ψp8q “ ´8
ϕpxq dx ‰ 0 en général (prendre une fonction ϕ ě 0) : c'est impossible puisque ψ P DpRq.
ş
Corrigeons cette approche : donnons-nous une fonction γ P DpRq telle que R γpxq dx “ 1 (par exemple γ “ γ1 ,
cf. (2.25)), et on pose, pour ϕ P DpRq :
żx ż żx
ψpxq “ ϕptq dt ´ p ϕpxq dxq γptq dt. (4.55)
´8 R ´8
ş8
On a enlever la masse
´8
ϕpxq dx qui posait problème en `8, et on n'a pas toucher au voisinage de ´8 car
γ P DpRq. On a bien ψ P DpRq : le caractère C 8 est immédiat (combinaison linéaire de fonctions C 8 ), et il
existe a, b P R t.q. suppϕ Y suppγ Ă ra, bs (car suppϕ et suppγ sont compacts), et on a immédiatement ψpxq “ 0
pour x ď a et x ě b, donc suppψ Ă ra, bs.
(4.55) donne :
ż
1
ψ pxq “ ϕpxq ´ p ϕpxq dxqγpxq. (4.56)
R
ż
0 “ hT, ψ 1 i “ hT, ϕi ´ p ϕpxq dxqhT, γi, (4.57)
R
Corollaire 4.43 Toute distribution admet une primitive qui est unique à une constante près.
Et on dénit S par :
déf
hS, ϕi “ ´ hT, ψpϕqi,
r @ϕ P DpRq.
1
şx ş şx
Si S ainsi déni est une distribution, comme ψpϕ
r qpxq “
´8
ϕ1 ptq dt ´ p R ϕ1 pxq dxq ´8 γptq dt “ ϕpxq ´
p0qγpxq “ ϕpxq, on a :
hS, ϕ1 i “ ´hT, ϕi,
Comme souhaité.
Vérions que S est bien une distribution. Linéarité : car ψ est une fonction linéaire de ϕ, immédiat. Conti-
nuité : soit pϕn q une suite dans DpRq qui tend vers ϕ dans DpRq ; alors pψn q est une suite dans DpRq (par
41
42 4.11. Valeur principale de Cauchy et dérivation de Log|x|
construction) qui tend vers ψ donnée par (4.59). Et on asuppψn Ă K ` suppγ où K est un support commun à
toutes les ϕn , cf. (3.2). Et on a, notons |K| K :
la mesure de
żx ż żx
|ψpxq ´ ψn pxq| ď |ϕptq ´ ϕn ptq| dt ` p |ϕpxq ´ ϕn pxq| dxq |γptq| dt
´8 R ´8
ż8
ď ||ϕ ´ ϕn ||8 |K| ` ||ϕ ´ ϕn ||8 |K| |γptq| dt ÝÑ 0,
´8 n→8
pkq
car ||ϕ ´ ϕn ||8 ÝÑn→8 0. Idem avec |ψ pkq pxq ´ ψn pxq. Donc S est linéaire continue, cf. (3.2) : c'est une
distribution.
Unicité. Soit S2 une autre primitive, i.e. hS21 , ϕi “ hT, ϕi “ hS 1 , ϕi pour tout ϕ P DpRq. Donc hS21 ´
1
S , ϕi “ 0 pour tout ϕ P DpRq, soit pS2 ´ Sq “ 0 dans D1 pRq, d'où S2 ´ S est une distribution constante, cf.
1
proposition 4.42.
żx
1
$
’
’ pour x ą 0, gpxq “ Logpxq “ dt,
1 t
&
ż ´x żx (4.61)
’ dt du
% pour x ă 0, gpxq “ Logp´xq “
’ “ .
1 t ´1 u
1
C'est une primitive de la fonction impaire x→
sur R` et sur R´ . En eet, par dénition de Log dans R˚`
x
1 1 ˚ 1 1 1 1
on a Log pxq “ , et dans R´ on a pLog|x|q “ pLogp´xqq “
x ´x p´1q “ x .
˚
La fonction g “ Log|.| est localement intégrable dans R : en eet, une primitive est, sur R :
vérication immédiate. (Et G est une fonction continue sur R : on a prolongé par continuité en 0.)
Soient a ă c ă b. Si f est une fonction intégrable sur sa, c´ηr et sur sc`ε, br pour tout η, ε ą 0 t.q. a ă c´η
et c`ε ă b, alors f intégrable sur sa, br ssi :
ż c´η żb
lim f pxq dx ă 8 et lim f pxq dx ă 8. (4.62)
ηÑ0 a εÑ0 c`ε
şb
Et alors
a
f pxq dx est la somme de ces deux limites. Et dans ce cas f P L1loc psa, brq.
1
Ce n'est pas le cas de la fonction
x pour a ă 0 ă b (cas c “ 0) : problème en 0.
42
43 4.11. Valeur principale de Cauchy et dérivation de Log|x|
Il se peut que dans (4.62) les limites n'existent pas, mais que la limite symétrique suivante existe (quand
on prend η “ ε) :
´ż c´ε żb ¯
lim f pxq dx ` f pxq dx ă 8. (4.63)
εÑ0 a c`ε
şb
est appelée partie nie de l'intégrale divergente
a
f pxq dx.
żb
hv.p.pf q, ϕi “ p.f.p f pxqϕpxq dxq, (4.65)
a
Proposition 4.46 Pour tout a, b P R, sous l'hypothèse (4.63), T “ v.p.pf q est bien une distribution de
D1 psa, brq.
Preuve. Exercice.
żb
1 |b|
p.f. dx “ Log , (4.66)
a x |a|
Et on note v.p.p x1 q la distribution v.p.pf q de D1 pRq. Ainsi la distribution associée est donnée par, pour tout
ϕ P DpRq :
ż8 ´ż ´ε ϕpxq ż8
1 ϕpxq ϕpxq ¯
hv.p.p q, ϕi “ p.f. dx p“ lim dx ` dx q. (4.67)
x ´8 x εÑ0 ´8 x ε x
1
C'est une fonction très utilisée en physique où x→ x représente un potentiel.
ż
1 1
hpTLog|x| q , ϕi “ ´hLog|x|, ϕ i “ ´ Log|x|ϕ1 pxq dx. (4.68)
R
(L'intégrale est convergente car Log|.| P L1loc pRq et ϕ1 P DpRq.) On approche l'intégrale convergente de (4.68)
par les termes (symétriques) :
ż ż0 ż8
Log|x|ϕ1 pxq dx “ Logp´xq ϕ1 pxq dx ` Logpxq ϕ1 pxq dx
R ´8 0
´ż ´ε ż8 ¯ (4.69)
“ lim
εÑ0
Logp´xq ϕ1 pxq dx ` Logpxq ϕ1 pxq dx .
εą0 ´8 ε
ż ´ ż ´ε ϕpxq ż8
ϕpxq ¯
1
Log|x|ϕ pxq dx “ lim ´ dx ´ dx ` Logpεqϕp´εq ´ Logpεqϕpεq . (4.70)
R
εÑ0
εą0 ´8 x ε x
43
44
Et ϕpεq ´ ϕp´εq “ 2εϕ1 p0q ` opεq, donc Logpεqpϕpεq ´ ϕp´εqq ÝÑε→0 0. Il reste :
´ż ´ε ϕpxq ż8
ϕpxq ¯
hLog1 |x|, ϕi “ ` lim dx ` dx . (4.71)
εÑ0
εą0 ´8 x ε x
Soit Ω et U deux ouverts de Rn tels que Ω Ă U. Faire des dessins (exemple avec U “ Rn ), et tout sera clair.
Dénition 5.1 On dit que la distribution T P D1 pU q est nulle sur l'ouvert Ω ssi T est nulle sur DpΩq.
Donc :
T nulle sur Ω ðñ @ϕ P DpΩq on a hT, ϕi “ 0, (5.1)
Et donc :
T non nulle sur Ω ðñ Dϕ P DpΩq t.q. hT, ϕi ‰ 0. (5.2)
Exemple 5.2 La masse de Dirac δ0 P D1 pRq est nulle sur R˚ (et sur tout ouvert Ω Ă R˚ ).
En eet, ici U “ R, et si ϕ P DpR˚ q, alors ϕp0q “ 0, d'où δ0 pϕq “ 0.
Et la masse de Dirac est non nulle sur tout ouvert Ω contenant 0 : un tel ouvert contient un intervalle
s ´ ε, εr où ε ą 0, et la fonction donnée par γk en (2.25) pour k assez grand vérie γk P Dps ´ ε, εrq et
δ0 pγk q “ γk p0q ‰ 0.
Exercice 5.3 Montrer que δ01 est nulle sur R˚ , et est non nulle sur tout ouvert contenant 0.
Réponse . 1- Soit
˚
ϕ P DpR q. En particulier ϕ est à support compact dans R , donc est nulle (constante) ˚
dans un
voisinage ouvert de 0. Donc ϕ1 est nulle dans ce voisinage ouvert de 0, donc ϕ1 p0q “ 0, donc δ01 pϕq “ 0, donc δ01 est nulle
˚
sur R .
2- Et avec γk donnée en (2.25), avec ε ą 0 et avec k assez grand, la fonction xγk est dans Dps ´ ε, εrq (vérication
1 1 1
facile) et vérie pxγk q p0q “ γk p0q ` 0 “ γk p0q ‰ 0 : donc hδ0 , xγk i ‰ 0, donc δ0 est non nulle sur Dps ´ ε, εrq, vrai pour
1
tout ε, donc δ0 est non nulle sur tout ouvert contenant 0.
Exemple
ş 5.4 Soit
ş f P L1loc pRq. Alors la distribution régulière associée Tf est nulle sur R ´ supppf q, car
R
f pxqϕpxq dx “ suppf Xsuppϕ f pxqϕpxq dx est nulle pour tout ϕ P DpR ´ supppf qq.
Ťm
Proposition 5.5 Si T P D1 pU q est nulle sur m ouverts Ω1 ,...,Ωm , alors T est nulle sur i“1 Ωi .
Ťm Ťm
Preuve. Soit ϕ P Dp i“1 Ωi q : notant K “ suppϕ, on a KĂ i“1 Ωi . řm
On applique le théorème 2.38 de partition de l'unité : il existe m fonctions χi P DpΩi q telles que i“1 χi pxq “
8
řmtout x P K . Notons ϕi “ χi ϕ P DpΩi q (car produit de
1 pour fonctions C et de support dans suppχi ), et donc
ϕ “ i“1 ϕi sur Kř, donc sur Ω.
m Ťm
D'où hT, ϕi “ i“1 hT, ϕi i “ 0, car T est nulle sur les Ωi , et T est bien nulle sur i“1 Ωi .
Dénition 5.6 Les distributions S et T P D1 pU q sont dites égales sur Ω ssi S “ T sur DpΩq, i.e. ssi hS, ϕi “
hT, ϕi pour tout ϕ P DpΩq, et on écrit (abusivement) S“T sur Ω (on devrait dire S “ T sur DpΩq).
44
45 5.1. Support d'une distribution, distribution à support compact
ď
Ωmax pT q “ Ω. (5.3)
Proposition 5.8 On a x P Ωmax pT q ssi il existe εą0 tel que T est nulle sur Bpx, εq :
Ou de manière équivalente :
déf
supppT q “ R ´ Ωmax pT q. (5.6)
Par dénition, supppT q est donc fermé (complémentaire d'un ouvert), et, cf. (5.5) :
Dénition 5.10 La distribution T P D1 pΩq est dite à support compact dans Ω ssi suppT est compact dans Ω,
i.e. ssi suppT est borné (puisque toujours suppT est toujours fermé).
Proposition 5.13 Si f P L1loc pRq alors supppf q “ supppTf q où Tf est la distribution régulière associée à f.
Et on utilisera la notation suppf dans les deux cas (que f soit considérée comme une fonction ou comme la
distribution régulière associée).
Ť
Lemme 5.14 Si S, T P D1 pRq alors supppS ` T q Ă supppSq supppT q.
Ş
Preuve. Il s'agit de montrer que Ωmax pS `T q Ą Ωmax pSq Ωmax pT q. Soit x P Ωmax pSqXΩmax pT q (si x n'existe
pas, i.e. si l'intersection est vide, alors le résultat est trivial). Donc Dε1 , ε2 ą 0 t.q. @ϕ P Bpx, ε1 q X Bpx, ε2 q on a
hS, ϕi “ 0 “ hT, ϕi ; donc, avec ε “ minpε1 , ε2 q, @ϕ P Bpx, εq, on a hS ` T, ϕi “ 0, donc x P Ωmax pS ` T q.
45
46 5.2. Dual de C 8 pΩq : E 1 pΩq
Preuve. Si T P D1 pΩq alors pour λ P R on a supppλT q “ supppT q (car hλT, ϕi “ λhT, ϕi), donc si T P E 1 pΩq
1
alors λT P E pΩq.
1
Ť
Soit S, T P E pΩq. On a supppS ` T q Ă supppSq supppT q, cf. lemme précédent, somme de deux compacts,
1
donc compact, donc S ` T P E pΩq.
Dénition 5.17 On appelle support singulier d'une distribution T, et on note suppsingpT q le sous ensemble
de suppT sur lequel T n'est pas distribution régulière.
Ω “ Rn ´ suppsingpT q la distribution
Donc sur
ş T est régulière, i.e. il existe f P L1loc pRq telle que pour tout
n
ϕ P DpR ´ suppsingpT qq on a hT, ϕi “ Rn f pxqϕpxq dx.
Exemple 5.20 On a suppsingpδa q “ tau “ supppδa q. En eet, on a suppsing Ă suppδa “ tau et suppsingδa ‰
H car δa n'est pas une distribution régulière.
ř
Et pour le peigne de Dirac T “ kPZ δk P D1 pRq, le support singulier est Z.
46
47 5.3. Application : xT “ 0 implique T “ cδ0
Proposition 5.22 et dénition Si T P E 1 pΩq (avec donc suppT compact dans Ω), si ψ P C 8 pΩq alors, pour
toute fonction α P DpΩq telle que α “ 1 dans un voisinage ouvert de suppT , on a αψ P DpΩq et la quantité
hT, αψi est indépendante de α. Et on pose par dénition :
déf
@T P E 1 pΩq, @ψ P C 8 pΩq, hT, ψi “ hT, αψi. (5.10)
Preuve. Tout d'abord, une telle fonction α P DpΩq αψ est bien dans
existe (cf. (2.27)), et de plus le produit
DpΩq, et donc, si T P D1 pΩq alors hT, αψi T P E 1 pΩq Ă D1 pΩq.
a bien un sens, en particulier vrai pour
Soit β P DpΩq une autre fonction telle que βpxq “ 1 pour tout x dans un voisinage ouvert de suppT . Alors
pα ´ βqpxq “ 0 dans un voisinage ouvert (comme intersection de deux ouverts) de suppT . Et donc α ´ β “ 0
8
dans Ωmax pT q. Et donc pour tout ψ P C pΩq on a pα ´ βqψ “ 0 dans Ωmax pT q, et donc :
i.e.hT, αψi “ hT, βψi, ce pour toutes les fonctions α, β P DpΩq qui valent 1 dans un voisinage ouvert du
compact suppT . D'où la notation non ambigüe hT, αψi “ hT, ψi dans (5.10).
8
Puis avec f P C pΩq, pour tout ϕ P DpΩq t.q. ϕ P DpΩmax pT qq on a f ϕ P DpΩmax pT qq (immédiat), et donc
déf
hf T, ϕi “ hT, f ϕi “ 0. Donc supppf T q Ă supppT q.
Remarque 5.23 Il n'est pas susant dans la propriété ci-dessus de considérer des fonctions α et β DpΩq qui
de
valent 1 sur suppT : il faut avoir 1 dans un ouvert qui contient le compact suppT α ” 1 dans
(i.e. il faut avoir
un voisinage ouvert de suppT ). Sinon on n'a pas pα ´ βq P DpΩ ´ suppT q, mais uniquement pα ´ βq|suppT “ 0
ce qui est insusant pour conclure. Un exemple est donné par la distribution
m
´ÿ 1 ¯
T : ϕ P DpRq Ñ T pϕq “ lim ϕp q ´ mϕp0q ´ logpmqϕ1 p0q , (5.12)
mÑ8
j“1
j
t1, 12 , ..., m
1
Ť
dont le support est , ...u t0u, et le problème est, entre autres, que 0 est un point d'accumulation
dans le support. Voir par exemple Zuily [14], exercice 10 page 29, pour les calculs.
Proposition 5.24 Le dual de C 8 pΩq au sens des distributions (pour la continuité dénie par la conver-
gence (3.2)) est l'ensemble E pΩq “ Lcont pC 8 pΩq, Rq des distributions à support compact.
1
17 (annexe). Soit K compact, t.q. supppT q Ă K̊ Ă Ω (on dit que K est un voisinage compact de supppT q).
8 8
Pour toute suite pϕn qN d'éléments de C pΩq convergeant vers ϕ dans C pΩq au sens des normes pK,m , on a
hT, ϕ ´ ϕn i Ñ 0 (continuité).
i.e. T est proportionnelle à la masse de Dirac δ0 . Et on a C “ hT, 1R i (a un sens car T “ Cδ0 est à support
compact et 1R P C 8 pRq).
47
48 5.4. Généralisation de la dénition : supports compatibles
Preuve. T “ 0 est trivialement solution. Soit T ‰ 0 t.q. xT “ 0 dans D1 pRq. On veut montrer que : DC P R,
@ϕ P DpΩq, hT, ϕi “ Cϕp0q.
˚ ϕ
1- Montrons : suppT est borné et mieux “ t0u. Soit ϕ P DpR q. Posons ψ “
x : comme ϕ est nulle dans
8
un voisinage ouvert de 0, on a ψ P C pRq, donc ψ P DpRq car suppψ Ă suppϕ. Et xT “ 0 donne hxT, ψi “
h0, ψi “ 0 ; et donc hxT, ϕx i “ 0 “ hT, x ϕx i “ hT, ϕi “ 0. Vrai pour tout ϕ P DpR˚ q, donc Ωmax pT q Ą R˚ , donc
suppT Ă t0u, donc suppT “ t0u car T ‰ 0.
T étant à support compact, on peut travailler avec les fonctions C 8 pRq, cf. prop. 5.22.
8
2- Calcul : on connaît hT, xϕi (qui vaut hxT, ϕi “ 0) pour tout ϕ P C pRq et on veut connaître hT, ψi pour
8
tout ψ P C pRq.
8
Si pour toute fonction ψ P C pRq il existait une fonction ϕ P DpRq telle que ψ “ xϕ, on aurait hT, ψi “
hxT, ϕi “ 0 (et donc T “ 0). Mais, à ψ donné, cela imposerait ϕ “ ψx , et ϕ ne serait pas dénie au voisinage
de 0 dès que ψp0q ‰ 0 : à ψ donné, on ne peut donc pas dénir ϕ aussi brutalement.
8 8
On corrige : soit ψ P C pRq donnée ; on considère la fonction ϕ P C pRq dénie sur R par :
ż1
ψpxq ´ ψp0q
ϕpxq “ p“ ψ 1 puxq duq.
x u“0
Remarque 5.26 Dans la démontration précédente, même si ψ P DpRq, la fonction ϕ construite n'est pas à
ψp0q 1 8
support compact à cause de qui ne s'annule pas à l'inni, d'où l'utilisation de la dualité E pRqC pRq.
x
Remarque 5.27 Dans la démonstration précédente, il n'était pas nécessaire de considérer la dualité entre
E 1 pRq et C 8 pRq : on pouvait résoudre cet exercice au paragraphe 3.6.4 : il aurait sut de considérer la fonction
ϕpxq “ ψpxq´αpxqψp0q
x où α P DpRq avec αp0q “ 1, la fonction ϕ étant maintenant dans DpRq dès que ψ P DpRq.
Exercice.
T P D1 pRn q et ψ P C 8 pRn q
Ş
Dénition 5.29 Si sont tels que K “ suppT suppψ est compact, on dit que les
supports de T et de ψ sont compatibles.
1 n 8 n
Lemme 5.30 Soit
ŞT P D pR q et ψ P C pR q.
Si K “ suppT suppψ est compact (les supports de T et de ψ sont compatibles), alors ψT est une distri-
bution à support compact avec supppψT q Ă K .
48
49
Remarque 5.32 On introduira lorsque Ω “ R, une autre dualité sans condition de support, mais avec condi-
tions de décroissance à l'inni (distributions à croissance lente, et fonctions C8 à décroissance rapide). Elle
sera introduite avec la transformation de Fourier.
Remarque 6.1 Les abus de notation “noté dans (6.1) permettent de ne pas introduire de notations supplé-
mentaires : on voit la variable d'intégration (iciy ) et le paramètre (ici x).
ϕx pyq “ ϕpx, yq et ϕy pxq “ ϕpx, yq ; la dualité hT, ϕx i est une dualité où ϕx est une
Insistons : notons
fonction (et non la valeur ϕx pyq de la fonction ϕx au point y ), et la notation hT pyq, ϕx pyqi “ hT pyq, ϕx pyqidy
ne sert qu'à imposer le nom de la variable (ici y ) quand on utilisera la fonction ϕx , bien que T pyq n'ait aucun
sens : le domaine de dénition de T est DpΩq, et T pϕq “
noté hT, ϕi a un sens, mais pas T pyq, à moins de ne s'en
servir que comme une notation, celle dénie dans (6.1).
Proposition 6.4 Pour ϕ P C 8 pRn`m ; Rq on noteŞK1 Ă Rn et K2 Ă Rm des sous-ensembles tels que suppϕ Ă
1 m
K1 ˆK2 . Soit T P D pR q. On suppose que suppT K2 est compact (compatibilité des supports de T et de ϕ~x ).
Alors :
(i) la fonction θ : Rn → R dénie par (6.1), à savoir :
noté
θp~xq “ hT, ϕ~x i “ hT p~y q, ϕp~x, ~y qidy (6.2)
∂θ ∂ ∂ϕ
p p~xq “q phT p~y q, ϕp~x, ~y qidy q “ hT p~y q, p~x, ~y qidy , (6.3)
∂xi ∂xi ∂xi
i.e. on peut dériver sous le signe somme (notation abusive) :
ż ¯ ż
∂ ´ ´ ∂ϕ ¯
T p~y q ϕp~x, ~y q dΩy “ T p~y q p~x, ~y q dΩy .
∂xi ~yPΩ ~
y PΩ ∂xi
49
50
Preuve. On se place pour simplier les notations dans le cas n “ m “ 1 et ϕ P DpR2 q, et on peut donc choisir
K1 K2 compacts. Autres cas en exercice.
et
x xé (quelconque), on a ϕx P C 8 pRq avec supppϕx q Ă K2 , Ayant supposé suppT X sup ϕx compact, la
À
quantité hT, ϕx i a bien un sens : θ est bien dénie en tout x P R.
Montrons que θ est continue sur R. Soit x0 P R et ϕx0 pyq “ ϕpx0 , yq, soit h P R et ϕhx0 “ ϕpx0 `h, yq ; on a :
θpx0 ` hq ´ θpx0 q “ hT pyq, ϕpx0 `h, yq ´ ϕpx0 , yqi “ hT pyq, ϕhx0 pyq ´ ϕx0 pyqi.
Il est immédiat que ϕhx0 P DpR2 q, donc :
car pϕh qx0 ´ ϕx0 ÝÑ 0 (fonction nulle) au sens de DpRq, cf. dénition 3.2 : en eet, en se limitant aux |h| ď 1
hÑ0
(on s'intéresse au cas h → 0) :
1- notant L2 “ K2 ` r´1, 1s, les pϕhx0 (et ϕx0 ) ont toutes leur support dans le compact L2 (pour h ď 1).
k
pkq k pkq
∂k ϕ ∂∂ kϕ
2- Pour k P “ ∂ ∂y
ϕ
N, on a ϕhx0 pyq ∂y
k px0 `h, yq “ ∂y k px0 , yq ` h ∂x px1 , yq où x1 est entre x0 et x0 `h
∂k ϕ 1 pkq
(théorème des accroissements nis), car est C . Et donc si on note L1 “ rx0 ´1, x0 `1s, on a |ϕhx pyq ´
∂y k 0
pkq k`1
ϕx0 pyq| ď h C , quand h ď 1, où C “ suppx,yqPL1 ˆL2 | ∂∂x∂yϕk px, yq| (le sup sur un compact est atteint pour les
pkq pkq
fonctions continues). Et donc |ϕhx pyq ´ ϕx0 pyq| ÝÑh→0 0. D'où (6.5).
0
Comme ϕ P C 8 pR2 q, on a Φ P C 8 pR2 q, et suppΦ Ă suppϕ Ă K1 ˆ K2 compact, donc Φ P DpR2 q. Par dérivation
sous le crochet (6.3) (qui vient d'être établie), il vient :
∂Φ
θ1 pxq “ hT pyq, px, yqidy “ hT pyq, ϕpx, yqi, (6.6)
∂x
şx
d'où θpxq “ a
hT pyq, ϕpt, yqi dt, d'où (6.4)
Exercice 6.5 Quand T “ Tf est une distribution régulière associée à f P L1loc pRq, démontrer (6.3) à l'aide du
théorème de convergence dominée.
Réponse 2 1
1
. Noter qu'on utilisera de manière essentielle le fait que ϕ est C (et est C
∂h
8
si on veut continuer à dériver).
∂ϕ
1- Cas ϕ P DpR q : l'intégrant hpx, yq “ f pyqϕpx, yq est C en x, avec ∂x px, yq “ f pyq ∂x px, yq est borné indépen-
∂ϕ 1
damment de x par || ∂x ||C 8 pR2 q |f | P L pRq.
8 2 1
2- Cas ϕ P C pR q. Soit x0 P R. On s'intéresse à θ px0 q. Soit x P I0 “sx0 ´ 1, x0 ` 1r, soit L “ suppT X K2 compact
∂h
par hypothèse (compatibilité des supports). Soit h comme dans le cas 1, alors | ∂x px, yq| est borné indépendamment de
∂ϕ 1
x P I0 par || ∂x ||C 8 pI0 ˆLq |f | P L pRq.
50
51
ş
Remarque 6.6 Attention, le fait qu'on puisse toujours dériver sous le signe au sens des distributions ne remet
ş
pas en cause le théorème de convergence dominée de Lebesgue : on ne peut dériver sous le signe que parce
que ϕ est inniment régulière.
Exercice 6.7 Soit θpxq “ hδ0 pyq, ϕpx, yqi pour ϕ P C 8 pR2 ; Rq. Vérier la formule de dérivation sous le crochet.
Réponse . On a θpxq “ hδ0 , ϕx i “ ϕx p0q “ ϕpx, 0q. Donc on a θ1 pxq “ ∂ϕ
∂x
px, 0q.
1 ∂ϕ ∂ϕ
Et par dérivation sous le crochet, on a θ pxq “ hδ0 pyq, ∂x px, yqi “ ∂x px, 0q.
Exercice 6.8 Soit f P L1 pRq à support compact, et soit sa transformée de Fourier dénie sur R par fppξq “
fppξq “ hT, Ψξ i “noté hT pxq, ψpx, ξqi.
ş
?1 f pxqe´ixξ
dx. Mettre fp sous la forme Vérier que pf q1 pξq “
p
2π şxPR
?1 p´ixqf pxqe´ixξ dx.
2π xPR
Réponse T “ Tf , ici T P E 1 pRq, donc hT, ϕi a un sens pour tout ϕ P C 8 pRq (compatibilité des supports). Soit ψ
. Soit
donnée par ψpx, ξq “ ?
1
2π
e´ixξ . On a ψ P C 8 pR2 q, et ψξ P C 8 pRq, donc hTf , Ψξ i est un réel (a un sens) et fppξq “ hTf , Ψξ i.
∂ψ
ş
Et px, ξq “ ´ix ?1 e´ixξ . D'où, dérivée sous h., .i : pfpq1 pξq “ hTf pxq, ?
∂ξ 2π
´ix ´ixξ
e idx “ ?´i xf pxqe´ixξ dx.
2π 2π xPR
h “ f bg est donc une fonction à variables séparées sur Rm`n “ Rm ˆ Rn . Elle est également notée
abusivement :
noté déf
hp~x, ~y q “ f p~xq b gp~y q p “ pf b gqp~x, ~y qq. (7.2)
1 m 1 n 1 m`n
Si f P Lloc pR q et g P Lloc pR q, alors f b g P Lloc pR q (théorème de Fubini sur les compacts K Ă Rm`n
1 m`n
car f b g P Lloc pKq), et on peut étendre le produit tensoriel aux distributions régulières : si Φ P DpR q est
m n
à variables séparées, i.e. Φ “ u b v avec u P DpR q et v P DpR q, alors :
ż
hTf bg , u b vi “ f pxqgpyqupxqvpyq dxdy
Rm`n
ż ż
(7.3)
“ f pxqupxq dx gpyqvpyq dy
Rm Rn
“ hTf , ui hTg , vi.
Et si Φ n'est pas à variables séparées, alors on applique le théorème de Fubini :
ż ż
` ˘
hTf bg , Φi “ f pxq gpyqΦpx, yq dy dx
Rm Rn (7.4)
noté
“ Tf pxq , hTg pyq, Φpx, yqidy dx
“ Tg pyq , hTf pxq, Φpx, yqidx dy
ce qui est toujours licite quand Φ P DpRm`n q puisque qu'alors l'intégrant px, yq Ñ f pxqgpyqΦpx, yq est dans
1 m`n
L pR q. Et on note :
déf
Tf b Tg “ Tf bg . (7.5)
m`n
On a ainsi déni le produit tensoriel sur les distributions régulières : pour Φ P DpR q, on a :
déf noté
hTf b Tg , Φi “ hTf bg , Φi “ hf b g, Φi. (7.6)
51
52 7.2. Théorème de Fubini
m`n
Preuve. Admis. Idées : on veut dénir hW, Φi pour tout
m`n
ř8Φ P DpR q. On doit admettre en particulier que
toute fonction Φ P DpR q est de la forme Φpx, yq “ i“1 ui pxqvi pyq, où ui P DpRm q et vi P DpRn q, et ainsi
DpRm q ˆ DpRn q est dense dans DpRm`n q.
Puis on vérie que W “ S b T est bien une distribution, et la densité donne l'unicité.
Exemple 7.2 Soit ~a P Rn . La masse de Dirac δ~a pour ~a “ pa1 , . . . , an q est dénie par :
C'est donc la distribution de support réduit à t~au et dont l'action a un sens sur toute fonction f : Rn → R
continue en ~a : on a dans ce cas hδ~a , f i “ f p~aq.
Remarque 7.3 Les indices des crochets de dualité sont implicites dans (7.7) qui s'écrit aussi :
hW, u b viD1 pRm`n q,DpRm`n q “ hS, uiD1 pRm q,DpRm q hT, viD1 pRn q,DpRn q .
(On n'a pas le choix.)
ou encore : żż ż ż
SpxqT pyqupxqvpyq dxdy “ Spxqupxq dx T pyqvpyq dy.
vérie θ P DpRm q.
Théorème 7.4 (Fubini) Soient S P D1 pRm q et T P D1 pRn q. Pour Φ P DpRm`n q (non a priori à variables
séparées), les réels
hSpxq b T pyq, Φpx, yqidxdy “déf hS b T, ΦiD1 pR2 q,DpR2 q ,
hS, θi “ Spxq, hT pyq, Φpx, yqidy dx , et
T pyq, hSpxq, Φpx, yqidx dy
sont bien dénis, et on a :
noté żż ż ż ż ż
SpxqT pyqΦpx, yq dxdy “ Spxqp T pyqΦpx, yq dyq dx “ T pyq SpxqΦpx, yq dxq dy. (7.13)
∂k ∂kS ∂k ∂kT
pS b T q “ b T, pS b T q “ S b , (7.14)
∂xki ∂xki ∂yjk ∂yjk
∂k ∂k
k
pSpxq b T pyqq “ p k Spxqq b T pyq, (7.15)
∂xi ∂xi
idem pour la dérivation en yj .
52
53 7.3. Généralisation de SbT : compatibilité des supports
Preuve. Avec le Théorème de Fubini on obtient (notations abusives), pour tout Φ P DpR2 q :
∂k ∂k
h k
pSpxq b T pyqq , Φpx, yqidxdy “ p´1qk hpSpxq b T pyqq, k Φpx, yqidxdy
∂xi ∂xi
∂k ∂k
“ p´1qk hT pyq, hSpxq, Φpx, yqiidxdy “ hT pyq, h Spxq, Φpx, yqiidxdy .
∂xki ∂xki
Remarque 7.6 Avec le théorème de Fubini, on retrouve les dérivations et intégrations sous le crochet. En eet,
on veut (6.3), i.e. :
∂ ∂
phT pyq, Φpx, yqidy q , ψpxq dx
“ hT pyq, Φpx, yqidy , ψpxq dx
, @ψ P DpRm q. (7.16)
∂xi ∂xi
Vérication à partir du membre de gauche de (7.16) qui vaut :
∂ψ ∂ψ
“ ´ hT pyq, Φpx, yqidy , pxq dx
“ ´ T pyq, hΦpx, yq, pxqidx dy
∂xi ∂xi
∂Φ ∂
“ ` T pyq, h px, yq, ψpxqidx dy
“ hT pyq, Φpx, yqidy , ψpxq dx
.
∂xi ∂xi
Et pour l'intégration (6.4) :
ż
hT pyq, Φpx, yqidy dx “ 1R pxq, hT pyq, Φpx, yqi dx
“ T pyq, h1R pxq, Φpx, yqidx dy
xPR
ż
“ hT pyq, Φpx, yq dxi
R
comme souhaité.
Réponse
şş
. Exemple : αpxq “ x et βpxq “ x 2
. On a pα b βqpx, yq “ xy 2 et pβ b αqpx, yq “ x2 y . Et
şş
xy 2 ϕpx, yq dxdy ‰
2
x yϕpx, yq dxdy en général.
Exercice 7.8 Soit la fonction de Heaviside de n variables H~a “ Ha1 b . . . b Han . Montrer que :
∂H~a ∂ n H~a
“ δa1 b Ha1 b . . . b Han et “ δ~a . (7.17)
∂x1 ∂x1 . . . ∂xn
Réponse 2
. Soit on applique (7.14), soit calcul direct : écrivons le résultat dans R pour simplier les écritures. Et notons
THz la distribution régulière associée à Hz . Alors, pour tout Φ P DpR2 q, avec le théorème de Fubini :
hDx pTHa b THb q, Φi “ ´ hpTHa pxq b THb pyqq, Dx Φpx, yqi “ ´hTHb pyq, hTHa pxq, Dx Φpx, yqii
“ ` hTHb pyq, hDx THa pxq, Φpx, yqii “ `hTHb pyq, hδa pxq, Φpx, yqii “ hδa b THb , Φi.
Preuve. Soit W “ S b T . Montrons que suppW Ă suppS ˆ suppT . Soit px, yq R suppS ˆ suppT . Supposons
par exemple x R suppS (sinon nécessairement y R suppT et on échange les rôles de x et y ). Soit alors ε ą 0 t.q.
Bpx, εq Ă R ´ suppS (qui est ouvert).
Comme toute boule (ronde) Bppx, yq, εq est incluse dans le produit cartésien (carré) Bpx, εq ˆ Bpy, εq,
si Φ P DpBppx, yq, εqq, alors Φ P DpBpx, εq ˆ Bpy, εqq (prolongement par 0), et donc Φy P DpBpx, εqq (où
Φy : x → Φy pxq “ Φpx, yq). Faire un dessin.
53
54
Proposition 7.10 Le produit tensoriel SbT a un sens sur une fonction Φ P C 8 pRm ˆ Rn q dès que :
č
EΦ “ psuppS ˆ suppT q suppΦ (7.18)
est borné. Et pour une telle fonction Φ on peut appliquer le théorème de Fubini :
hSpxq b T pyq, Φpx, yqi “ Spxq, hT pyq, Φpx, yqi “ T pyq, hSpxq, Φpx, yqi . (7.19)
Preuve. (i) Si Φ est à support compact, aucune condition n'est requise sur le support de S et T : c'est la
dénition des distributions, dualité entre DpRk q et D1 pRk q pour k P N.
(ii) Cas général : grâce à la dénition généralisée (voir la proposition 5.31). Soit Φ P C 8 pRm`n q donnée et
m`n
soitα P DpR q avec α “ 1 dans un voisinage ouvert Uα de EΦ . La fonction αΦ est dans DpRm`n q, et donc
hS b T, αΦi P R est bien déni, et on a le théorème de Fubini :
hSpxq b T pyq, αpx, yqΦpx, yqi “ Spxq, hT pyq, αpx, yqΦpx, yqi “ T pyq, hSpxq, αpx, yqΦpx, yqi .
Soit β est une fonction qui vaut également
Ş 1 dans un voisinage ouvert Uβ de EΦ . Donc α ´ β est
nulle dans le voisinage ouvert Uα Uβ de EΦ et donc hSpxq b T pyq, pαpx, yq ´ βpx, yqqΦpx, yqi “ 0, i.e.
hSpxq b T pyq, αpx, yqΦpx, yqi “ hSpxq b T pyq, βpx, yqΦpx, yqi : (7.19) a un sens est indépendant de α.
Exemple 7.11 Rappel : une fonction w : px, yq → wpx, yq x si elle est de la forme
est indépendante de
wpx, yq “ f pyq, autrement dit si c'est la fonction à variables séparées w “ 1R b f .
m`n
De même, on dira qu'une distribution W de DpR q est indépendante de x si elle est de la forme W “ 1R bT
m`n
(variables séparées). On a alors, pour tout Φ P DpR q:
ż ż
h1R pxq b T pyq, Φpx, yqi “ h1R pxq, hT pyq, Φpx, yqii “ hT pyq, Φpx, yqi dx “ hT pyq, Φpx, yq dxi.
xPR xPR
Ş
Et plus généralement cela a un sens quand EΦ “ psupp1R ˆ suppT q suppΦ est borné.
Donc f ˚ δ0 “ f , une fois qu'on aura déni le produit de convolution de distributions... Ce qu'on va faire
maintenant.
54
55 8.2. Dénition de S˚T
eiν¨
ż
1 noté 1 noté 1
hpxq “ pf ˚ ? qpxq “ f ptq ? eiνpx´tq dt “ ? pf ptq ˚ eiνt qpxq “ ? pf ˚ eiνt qpxq...
2π tPR 2π 2π 2π
ż ż ż
hf ˚ g, ϕi :“ hTf ˚g , ϕi “ pf ˚ gqptqϕptq dt “ f pt ´ yqgpyqϕptq dy dt, (8.4)
tPRn tPRn yPRn
Et on notera (abusivement) :
noté déf
hf ˚ g, ϕi “ hf pxq b gpyq, ϕpx ` yqi p “ hf b g, hiq. (8.6)
Dénition 8.2 On dénit alors le produit de convolution de deux distributions S, T P D1 pRq par, pour ϕP
n
DpR q :
déf déf
hS ˚ T, ϕi “ hS b T, hi, où hpx, yq “ ϕpx ` yq (8.7)
Il est immédiat que si S ˚T a un sens alors S ˚T “ T ˚S (commutativité), car hpx, yq “ hpy, xq. Et on note
abusivement, quand ϕ P DpRn q :
Un des outils principaux pour l'étude de ce produit de convolution sera le théorème de Fubini, proposition 7.4.
Exercice 8.4 Montrer formellement (de fait pour f, g P L1 pRq et ϕ P DpRq voir la suite = régularisation) :
55
56 8.2. Dénition de S˚T
ϕ P DpRq est non nulle, alors ϕ est bien à support borné, mais la fonction hpx, yq “ ϕpx ` yq n'est jamais à
Si
support borné. En eet, si a P suppϕ, alors le sous ensemble x ` y “ a (droite de pente ´1 dans R2 ) appartient
au support de h, et donc le support de h n'est pas borné : h R DpR ˆ Rq. Faire un dessin : le support de h est
2 2
la bande oblique dans R (de pente -1) qui passe par supppϕq ˆ t0u Ă R ; et le graphe de h est une surface
réglée, h étant d'altitude constante “ ϕpaq le long des droites x ` y “ a.
Proposition 8.5 et dénition. Soit S, T P D1 pΩq deux distributions. Soit ϕ P DpRq et soit h P C 8 pR2n q
donnée en (8.7), i.e. hpx, yq “ ϕpx ` yq. Pour que le produit de convolution S ˚ T ait un sens dans D1 pΩq, i.e.
pour que hS ˚ T, ϕi ait un sens, il sut que l'ensemble Eϕ suivant soit compact (i.e. borné puisqu'il est toujours
fermé) :
č
Eϕ “ psuppS ˆ suppT q suppphq
2n
“ tpx, yq P R : x P suppS, y P suppT, x ` y P suppϕu
č (8.10)
“ psuppS ˆ suppT q tpx, yq P R2n : x ` y P suppϕu
č
“ psuppS ˆ suppT q tpx, yq P R2n : Da P suppϕ, x ` y “ au.
(L'ensemble Eϕ dépend de ϕ, et chaque Eϕ doit être borné).
On dit alors que les supports de S et T (ou simplement que S et T) sont convolables.
C'est en particulier le cas si les distributions S et T vérient :
č
@a P R, supppSq supppτa Tqq est compact (8.11)
1. suppS ou suppT est borné (l'une des deux distributions est à support borné),
2. suppS et suppT sont limités tous deux à gauche (ou limités tous deux à droite).
Faire un dessin.
Le cas général est donné au paragraphe suivant : Eϕ est borné dès que (8.11) est vériée pour tout a P R.
Preuve. Pour que hSx b Ty , hpx, yqi ait un sens il sut que l'inersection supppSx b Ty q X suppphq soit bornée,
cf. proposition 7.10 ou propositiondénition 5.31.
Et les 2 cas présentés impliquent que, quelque soit ϕ P DpRq, Eϕ est borné.
Remarque 8.6 Le cas 1. de la proposition 8.5 est intéressant dans l'étude des équations aux dérivées partielles
avec conditions aux limites, et le cas 2. dans l'étude des équations diérentielles avec conditions initiales.
Preuve. Dans (8.7), hpx, yq “ hpy, xq, et on a Fubini (7.12), quand les supports sont compatibles. Donc, avec
abus de notations :
hS b T, hi “ hSpxq, hT pyq, hpx, yqidy idx “ hSpxq, hT pyq, hpy, xqidy idx
“ hT pyq, hSpxq, hpy, xqidx idy “ hT pyq b Spxq, hpy, xqidydx “ hT b S, hi.
56
57 8.3. Convolution de fonctions L1loc pRq
Lemme 8.8 Soient f P L1loc pRq et g P L1loc pRq deux fonctions localement sommables, Tf et Tg les distributions
régulières associées. On suppose les supports de Tf et Tg convolables (proposition 8.5). Alors :
noté
f ˚ g P L1loc pRq et Tf ˚ Tg “ Tf ˚g “ f ˚ g. (8.12)
ż
hTf ˚ Tg , ϕi “ hTf pxq b Tg pyq, ϕpx ` yqi “ f pxqgpyqϕpx ` yq dxdy. (8.13)
R2
Cela a bien un sens grâce à l'hypothèse sur les supports de f et g : la fonction px, yq → f pxqgpyqϕpx`yq est
localement sommable dans R2 de support borné et est donc sommable.
On peut donc appliquer le théorème de Fubini, ce qui donne :
ż ż ż ż
` ˘ ` ˘
hTf ˚ Tg , ϕi “ f pxqgpyqϕpx ` yq dx dy “ f pz ´ yqgpyqϕpzq dz dy
yPR xPR yPR zPR
ż ż ż
` ˘
“ f pz ´ yqgpyq dy ϕpzq dz “ pf ˚ gqpzqϕpzq dz.
zPR yPR yPR
noté
Tf ˚ T “ f ˚ T, (8.14)
δ0 ˚ T “ T “ T ˚ δ0 . (8.15)
1
Et δ0 est la dérivation pour le produit de convolution. En particulier, pour fP L1loc pRq :
Preuve. Comme δ01 est à support compact, T et δ01 sont convolables. Et pour ϕ P DpRq :
hT ˚ δ01 , ϕi “ hT pxq b δ01 pyq, ϕpx`yqi “ hT pxq, hδ01 pyq, ϕpx`yqii “ hT pxq, ´ϕ1 pxqi “ `hT 1 , ϕi
grâce au théorème de Fubini.
57
58 8.5. Fonctions de Heaviside et H0 eλx
δa ˚ T “ τa T, ou encore τa δ0 ˚ T “ τa T p“ δ0 ˚ τa T q. (8.19)
Preuve. hδa ˚ T, ϕi “ hTy , ϕpy ` aqi “ hT, τ´a ϕi “ hτa T, ϕi pour tout ϕ P DpRn q.
pnq xn´1
Hpλq pxq “ H0 pxqeλx , (8.20)
pn ´ 1q!
n´1
x
fonction eλx pn´1q! tronquée en 0. Alors on a :
En eet : żx
pnq pmq px ´ tqn´1 tm´1
pHpλq ˚ Hpλq qpxq “ eλpx´tq eλt dt
0 pn ´ 1q! pm ´ 1q!
ż1 (8.22)
eλx xn`m´1
“ p1 ´ uqn´1 um´1 du
pn ´ 1q! pm ´ 1q! 0
pn´1q! pm´1q!
après avoir posé t “ xu. Et l'intégrale vaut
pn`m´1q! (exercice).
8.6 Remarques
Ne pas confondre supports compatibles au sens de la proposition 5.31 (relative à la dualité hT, ϕi) et supports
convolables (relative à l'opération de convolution T ˚ S) :
Ş
Exercice 8.12 Soient S P D1 pRq et ψ P C 8 pRq t.q. leurs supports soient compatibles, i.e. t.q. suppS suppψ
est compact (propositiondénition 5.31).
Donner un exemple où les supports de S et de Tψ ne sont pas forcément convolables.
Réponse . Soit S “ 1R´ et ψ “ 1r´1,8r ˚ γ1 avec donc suppψ “ r´2, 8r, voir (1.18) et (2.27) : ici suppS “s ´ 8, 0s
est limité à droite et suppψ “ r´2, 8r est limité à gauche, et suppS X suppψ Ă r´2, 0s : les supports sont compatibles
(hS, ψi est bien déni).
Ş
Mais suppTq “s ´ 8, 2s, donc suppS ˆ suppT| ψ “ r´8, 0s r´2, 8 “ r´8, 0s n'est pas compact. Et choisissant ψ “ γ1
on a hSpxq b T pyq, γ1 px ` yqi “ 8 : Donc S et ψ ne sont pas convolables.
Exercice 8.13 Montrer que si les distributions S et T sont convolables alors on n'a pas forcément suppS et
suppT compatibles.
Réponse . On se met dans le cas 2. de la proposition 8.5 avec ψ “ 1R` ˚ γ1 P C 8 pRq et S “ T “ Tψ . Alors S et T sont
convolables (supports limités à gauche), mais hS, ψi “ 8.
Remarque 8.14 La proposition 8.5 a pour hypothèse que pour chaque ϕ, l'ensemble Eϕ est borné. Cela ne
Ť
veut pas dire que p ϕPDpRq Eϕ q est bornée : d'ailleurs cette union n'est jamais bornée quand S et T sont non
nuls.
Par exemple, si suppT est borné et S “ 1R (on est dans le cas 1. de la proposition), l'ensemble Eϕ est
contenu dans la bande oblique (de pente ´1) qui coupe l'axe des x sur le support de ϕ, et qui se situe dans la
bande horizontale délimitée par
Ť suppT . Les ψn dénis par ψn pxq “ ϕpx ´ nq sont bien sûr dans DpRq, et Eψn
est borné, mais l'union nPN Eψn n'est pas bornée.
Remarque 8.15 La proposition 8.5 ne donne que des conditions susantes (il sut que) pour que S ˚ T ait
un sens, pas des conditions nécessaires. Par exemple, si f et g sont des fonctions L1 pRq alors leurs supports ne
1
sont pas convolables, alors que f ˚g a un sens, (et f ˚g P L pRq, voir proposition 2.18), et donc que Tf ˚Tg “ Tf ˚g
a un sens, cf. exercice 8.3.
58
59 8.7. Régularisation C8 des distributions
Proposition 8.16 et dénition. Soit T P D1 pΩq, ψ P C 8 pΩq, et Tψ P D1 pΩq la distribution régulière associée.
Si T et Tψ sont convolables (voir proposition 8.5), alors :
où :
q noté
γpxq :“ hT, τx ψi “ hT ptq, ψpx ´ tqidt
(8.24)
ż
noté noté
“ pT ˚ ψqpxq “ T ptqψpx ´ tq dt,
t
et on dit que T ˚ψ “ γ est la régularisée C8 de T par ψ, et que la convolution par une fonction C8 est une
régularisation.
En particulier, si T P E 1 pΩq (est une distribution à support compact), alors pour toute fonction ψ P C 8 pRq,
la distribution T ˚ Tψ “
noté T ˚ ψ , donnée en (8.23), est (identiée à) la fonction C 8 pRq donnée par (8.24).
1 1
De plus, si pTj q est une suite de D pRq qui tend vers T dans D pRq, alors :
Preuve. T ˚ Tψ a un sens car les supports sont supposés convolables. Soit x P Ω ; τx ψq P C 8 pΩq (trivial), et les
supports de T et de τx ψ q “noté γpxq P R est bien déni, ce qui
q sont compatibles, cf. (8.11). Donc le réel hT, τx ψi
dénit la fonction γ sur R.
8
De plus γ est C grâce au théorème de dérivation sous le crochet (proposition 6.4) puisque px, tq → ψpx ´ tq
8 2n 8 n 1
est trivialement C pR q quand ψ P C pR q. En particulier γ P Lloc pΩq dénit la distribution régulière Tγ .
Montrons (8.23), i.e. hT ˚ Tψ , ϕi “ hTγ , ϕi pour tout ϕ P DpΩq. Fubini (7.12) donne, pour tout ϕ P DpΩq :
hT ˚ Tψ , ϕi “ hT pxq b Tψ pyq, ϕpx ` yqidxdy “ hT pxq, hTψ pyq, ϕpx ` yqidy idx
ż ż
“ hT pxq, ψpyqϕpx ` yq dyidx “ hT pxq, ψpz ´ xqϕpzq dzidx
yPRn zPRn
(8.26)
“ hT pxq, hTϕ pzq, ψpz ´ xqidz idx “ hTϕ pzq, hT pxq, ψpz ´ xqidx idz
ż
“ hTϕ pzq, γpzqidz “ ϕpzqγpzq dz “ hTγ , ϕi.
zPRn
Exemple 8.18 Si f P L1 pRq alors la formule (8.24) redonne, pour ψ P C 8 pRq et f et ψ convolables :
ż
pf ˚ ψqpxq “ hf ptq, ψpx ´ tqi “ f ptqψpx ´ tq dt, (8.28)
tPR
59
60 8.7. Régularisation C8 des distributions
2- Si S P E 1 pRq (à support compact) et si pTj q est une suite de D1 pRq qui converge vers T P D1 pRq, alors la
suite S ˚ Tj converge vers S ˚ T P D1 pRq :
S P E 1 pRq et Tj á T P D1 pRq ùñ S ˚ Tj á S ˚ T P D1 pRq. (8.30)
j→8
3- Si pγk qN˚ est une suite régularisante, cf. (2.23), et T P D1 pRq alors :
hT ˚ S, ϕi “ hT pxq b Spyq, ϕpx ` yqi “ hT pxq, hSpyq, ϕpx ` yqidy idx “ hT, Sq ˚ ϕi.
2- Pour x xé on a pTj ˚ ϕqpxq “ hTj , τx ϕi
q ÝÑj→8 hT, τx ϕi
q “ pT ˚ ϕqpxq. D'où :
3- supppγk q est compact, donc T et Tγk sont convolables. Soit ϕ P DpRq. Alors :
Proposition 8.21 Toute distribution T P D1 pΩq est limite dans D1 pΩq d'une suite pαk qN˚ de fonctions de DpΩq :
1
pour T P D pΩq, il existe une suite pαk qkPN˚ dans DpΩq telle que :
αk á T dans D1 pΩq, (8.33)
k→8
au sens Tαk ák→8 T dans D1 pΩq. On dit que DpΩq est dense dans D1 pΩq.
Preuve. (Par régularisation et troncature.) Cas Ω“R tout entier (ou Rn ). Soit T P D1 pRq. Soit pϕk qN˚ une
8
suite régularisante. Donc ϕk ˚ T P C pRq (régularisées).
Soit λk “ ϕ1 ˚ 1r´k´1,k`1s P DpRq qui vaut 1 sur r´k, `ks et 0 sur r´k´2, k`2s, voir proposition 2.24, et
soit αk “ λk pϕk ˚ T q (troncature régulière de ϕk ˚ T ). Il est immédiat que αk P DpRq.
Pour ϕ P DpRq, soit k (assez grand) t.q. supppϕq Ă r´k, ks. Donc λk ϕ “ ϕ, d'où :
60
61 8.8. Convolution d'une fonction polynôme par une distribution à support compact
8.8 Convolution d'une fonction polynôme par une distribution à support compact
On dispose de (8.24), et donc pour une distribution T à support borné, la convolée T ˚ 1R a un sens (au
sens des distributions car les supports sont convolables) : c'est la fonction constante hT, 1R i1R (la distribution
régulière hT, 1R iT1R ) :
pT ˚ 1R qpxq “ hT ptq, 1R px ´ tqi “ hT, 1R i “ cste.
De même, pour l'application linéaire ψpxq “ x, on a :
Plus généralement, si P est un polynôme de degré n il est donné par son développement limité au voisinage
řn k
d'un point z par P pz ` hq “ k“0 hk! ψ pkq pzq. Et donc :
n
ÿ xk pkq
τx Pqptq “ P p´t ` xq “ P p´tq,
k“0
k!
son développement de Taylor au voisinage de ´t. D'où T ˚P est aussi un polynôme de degré n donné par (on
suppose toujours T à support borné) :
n n
ÿ xk ÿ ck k
pT ˚ P qpxq “ hT ptq, P px ´ tqi “ hT ptq, P pkq p´tqi “ x (8.35)
k“0
k! k“0
k!
AlorsS ˚ T est bien déni : en eet, si ~x “ px1 , x2 , x3 , x4 q et ~y “ py1 , y2 , y3 , y4 q, alors supposant ~x ` ~y borné, par
exemple, maxi pxi ` yi q ď C , implique x4 ` y4 ď C . Et comme x4 ě 0 et y4 ě 0 on en déduit que x4 et y4 sont
2 2 2 2
bornés. Puis comme x4 ě x1 ` x2 ` x3 , on déduit que les xi sont bornés, donc que les yi sont aussi bornés.
9 Transformée de Fourier
9.1 Série de Fourier de fonctions
Voir polycopié Séries de Fourier pour les détails.
Plaçons-nous dans L2 pr´ T2 , T2 s; Cq “noté L2 pr´ T2 , T2 sq. On rappelle que le produit scalaire usuel dans
L2
pr´ T2 T
, s; Cq
2 et sa norme associée sont donnés par :
ż T ż T
2 2 1
pf, gqL2 “ f ptqgptq dt, ||f ||L2 “ p |f ptq|2 dtq 2 . (9.1)
´ T2 ´ T2
61
62 9.1. Série de Fourier de fonctions
Dénition 9.1 La fréquence fondamentale ν1 et les fréquences harmoniques d'ordre kě2 sont :
1 k
ν1 “ , νk “ kν1 “ . (9.4)
T T
La pulsation fondamentale ω1 et les pulsations d'ordre kě2 sont :
2π 2πk
ω1 “ 2πν1 “ , ωk “ kω1 “ . (9.5)
T T
T
Soit f P L2 ps ´ 2 , T2 rq. On note T ck ses composantes sur la base de Fourier (non normée) pek qZ :
ż T
1 1 2
ck “ pf, ek qL2 “ f ptq e´ikω1 t dt. (9.6)
T T ´ T2
?
Donc les T ck sont les composantes de f sur la b.o.n. p ?1T ek qZ , donc :
Dénition 9.2 La série de Fourier de f est la fonction Sf : r´ T2 , T2 s → C donnée par, pour tout t P r´ T2 , T2 s :
8
ÿ 8
ÿ
Sf ptq “ ck ek ptq “ ck eikω1 t , (9.7)
k“´8 k“´8
où donc les ck sont les composantes de Sf sur la base de Fourier (non normée) pek qZ .
T T
En particulier : si f P L2 ps ´ 2 , rq,
2 alors :
Donc si on connaît les ck données par (9.6), dites composantes fréquentielles de f, on obtient la fonction f
p.p. à l'aide de (9.7). On a ainsi récupérer f p.p. à l'aide de ses composantes fréquentielles : application directe
au traitement du signal.
Remarque 9.3 Les composantes fréquentielles ck ne font intervenir aucune valeur ponctuelle de f , uniquement
eiωk t dt
ş T2 eiωk t dt
des valeurs moyennes de f pour la mesure
T : on a ck “ ´ T2
f ptq T . En particulier, pour une fonction
1 f px`q`f px´q
C par morceaux, la série de Fourier Sf vérie pSf qpxq “ 2 et n'est donc égale à f qu'aux points où
f est continue.
Remarque 9.4 Cas particulier f à valeurs réelles, f P L2 pr´ T2 , T2 s; Rq : on a :
8
ÿ 8
ÿ
f ptq “ a0 ` ak cospkω1 tq ` bk sinpkω1 tq p.p., (9.9)
k“1 k“1
où :
ak “ ck ` c´k , bk “ ipck ´ c´k q. (9.10)
Vérication immédiate.
2π
∆ω “ ωk`1 ´ ωk “ p“ ω1 q,
T
l'écart entre deux pulsations consécutives. Quand T → 8, ∆ω → 0, et on ne peut plus diérencier deux
pulsations (on a un continuum). On pose alors par exemple :
ż T
T 1 2
apωk q “ ? ck , i.e. apωk q “ ? f ptq e´iωk t dt, (9.11)
2π 2π ´ T2
et (9.7) s'écrit :
ÿ apωk q
Sf ptq “ ? eiωk t ∆ω. (9.12)
ωk :kPZ
2π
Et lorsque T tend vers 8, ∆ω Ñ 0, et on obtient heuristiquement :
ż8 ż8
1 noté p 1
apωq “ ? f ptq e ´iωt
dt “ f pωq et Sf ptq “ ? apωq eiωt dω. (9.13)
2π t“´8 2π ω“´8
62
63 9.1. Série de Fourier de fonctions
Dénition 9.5 La transformée de Fourier de f :R→C est la fonction Fpf q “ fp : R Ñ C donnée par (quand
elle existe) :
ż8
déf 1
Fpf qpωq “ fppωq “ ? f ptq e´iωt dt. (9.14)
2π t“´8
1
(La présence du facteur ? dépend des auteurs. Voir aussi 9.1.3.)
2π
Quand elle a un sens la linéarité de F est évidente : Fpf `λgq “ Fpf q ` λFpgq par linéarité de l'intégrale,
soit f{ g.
`λg “ fp ` λp
En particulier quand f P L1 pRq, cette dénition a bien un sens : théorème de convergence dominée : fppωq
´iωt
est une intégrale dépendant du paramètre ω, et la fonction t Ñ f ptq e est intégrable puisque majorée par
|f ptq| avec f P L1 pRq.
2
Et pour f P L pRq on verra que fp est également bien dénie et est dans L2 pRq.
Puis (formellement) on reconstituera f à l'aide des ses composantes : formellement on considère la somme,
pour presque tout tPR : ż
1
f ptq “ ? fppωqe`iωt dω p“ fpp´tqq,
p
(9.15)
2π ωPR
à comparer avec (9.14). Autrement dit, on verra que, quand cela aura un sens (par exemple f P L1 pRq et
1
fp “ g P L pRq) :
ż8
1 noté
F ´1 pgqptq “ ? gpωq e`i2πωt dt “ Fpgqp´tq p “ Fpgqptqq, (9.16)
2π ω“´8
Un des buts de ce cours est de prouver cette formule d'inversion pour l'intégrale de Fourier dans le cas où cela
a un sens (pour la série de Fourier, c'est l'expression de la fonction f sur la base de Fourier, cf. (9.7)).
Notation abusive :
noté
fppωq “ fyptqpωq “ Fpf ptqqpωq, (9.17)
Exercice 9.6 Pour aą0 et f ptq “ e´at 1R` ptq, montrer que :
1 1 noté
fppωq “ ? p “ e´at
{ 1R` pωqq. (9.18)
2π a ` iω
Et montrer que :
c c
2 a ´a|t| 2 ´iω
´a|t| pωq “
ez , et Fpsgnptqe qpωq “ , (9.19)
π a ` ω2
2 π a2 ` ω 2
où sgn est la fonction signe (sgnptq “1 si tą0 et “ ´1 si t ă 0).
Réponse . fppωq “ ?1
02π
e
ş8 ´at´iωt ´at´iωt
dt “ ?12π r e ´a´iω s8 1
0 “ ?2π a`iω .
1
at 1 1 eat´iωt 0 1 1 ´a|t|
De même, e{ R´ pωq “ ?2π r a´iω s´8 “ ?2π a´iω “ e 1R´ pωq.
{
´a|t| ´at at ´a|t| ´a|t| .
e “ e 1R` ` e 1R´ . D'où par sommation e { et par diérence sgnptqe
{
sin ax sin x
Exercice 9.7 Soit sinca pxq “ pour a ą 0, et sincpxq “ sinc1 pxq “ . Faire un dessin.
ax x
1
1- Montrer que sinc R L pRq.
2- Montrer que sinc est intégrable sur R au sens de Riemann (intégrale impropre).
3- Montrer que :
c c
2 2 sin T ω
1{
r´T,T s pωq “ T sincT pωq p“ q, (9.20)
π π ω
et, pour aăb :
c c
2 b´a a`b 2 sinp b´a
2 ωq ´i a`b
1z
ra,bs pωq “ sinc b´a pωq e´i 2 ω p“ e 2 ω q. (9.21)
π 2 2 π ω
Réponse . Soit k ě 0.
63
64 9.2. Transformée de Fourier des fonctions de L1 pRq
avec ω “ 2πν , expressions soit en fréquence (avec Fe ), soit en pulsation (avec F ). Soit :
?
Fe pf q “ 2πFpf q ˝ h, (9.24)
où h : ν → hpνq “ 2πν “ ω est l'homothétie de rapport 2π qui donne la pulsation (changement d'unité sur
l'axe des x). On passe donc sans dicultés de F à Fe .
Les notations choisies pour la suite seront les notations de Schwartz : x pour f, et ξ pour fp. Ainsi :
ż
1
Fpf qpξq “ fppξq “ ? f pxqe´ixξ dx. (9.25)
2π xPR
Les notations f ptq et fppνq sont plutôt utilisées pour l'électronique et Fe , cf. (9.23).
Proposition 9.9 La transformée de Fourier conserve la parité : si f est paire alors fp est paire, et si f est
impaire alors fp est impaire. Et :
fp “ fq.
q p
(9.26)
#
ş ş fppξq si f est paire
Preuve. fpp´ξq “ ?1 f pxqe `ixξ
dx “ ?1 f p´yqe ´iyξ
dy “ .
2π R 2π R
´ fppξq si f est impaire
ş ş
fppξq “ fpp´ξq “ ?1 f pxqeixξ dx “ ?1 f p´yqe´iyξ dx “ fqpξq.
q p
Et
2π R 2π R
64
65 9.2. Transformée de Fourier des fonctions de L1 pRq
est linéaire et continue de pL1 pRq, ||.||1 q dans pL8 pRq, ||.||8 q, avec pour f P L1 pRq :
1
||fp||8 ď ? ||f ||1 . (9.28)
2π
Preuve. Dans (9.27) la linéarité de F est évidente : Fpf ` λgq “ Fpf q ` λFpgq dès que f et g sont dans L1 pRq
et λPR par linéarité de l'intégrale.
ş ş
Puis | ?12π xPR
f pxqe´ixξ dx| ď ?1
2π R
|f pxq| dx “ ?1 ||f ||1 pour tout
2π
ξ P R. Donc si f P L1 pRq alors
fp : R → R est bien dénie, avec supR |fppξq| ď ?1 ||f ||1 , d'où (9.28).
2π
F étant linéaire, F est continue sur L1 pRq ssi DC ą 0 t.q. @f P L1 pRq on a ||fp||8 ď C||f ||1 . Et C “ ?1
2π
convient, cf. (9.28).
Preuve. Soit ϕ P DpRq. Donc ϕ1 P DpRq. Par intégration par parties il vient :
e´iξx
ż
1 1 1 x1
ϕpξq
p “ ´? ϕ1 pxq dx ` 0 “ ? ϕ pξq ÝÑ 0, (9.29)
2π R ´iξ 2π iξ ξÑ8
Preuve. fp est continue : on applique le théorème de la convergence dominée de Lebesgue : l'intégrant f pxq e´iξx
1
est une fonction continue de ξ qui est dominé indépendamment de ξ par |f pxq|, avec f P L pRq.
Remarque 9.13 Dire que la fonctionnelle F est continue en un point (ici une fonction) f0 signie Fpf q ÝÑ Fpf0 q.
||f ´f0 ||L1 →0
Cela ne veut pas dire que la fonction Fpf q “ fp est continue, i.e. fp est continue sur R : pour ω0 P R on a
Fpf qpωq ÝÑ Fpf qpω0 ).
ω→ω0
Les propositions 9.10 et 9.12 indiquent que c'est vrai si f0 P L1 pRq et F est restreinte (son domaine de
1
dénition) à L pRq.
Remarque 9.14 Une fonction f peut admettre une transformée de Fourier, avec
c fp non continue : exemple
π
f pxq “ sincpxq : on verra que sincpξq
y “ 1 pξq à l'aide de Fourier inverse pour les distributions et
2 r´1,1s
de (9.20). (On a sinc R L1 pRq, cf. exercice 9.7.)
65
66 9.2. Transformée de Fourier des fonctions de L1 pRq
9.2.4 Notation F
On note : ż8
1
Fpf qpξq “ ? f pxq e`iξx dξ “ fpp´ξq p“ fppξq “ Fpf qp´ξqq,
q
(9.31)
2π x“´8
g “q Fpgq “ Fpq
pp gq gqq,
p“ p et pp g q “ Fpgq
gq “q Fpq p“ gpq. (9.32)
Puis :
gq “q Fpq
pp g q “ Fpgq p“ gpq, et g “q Fpgq “ Fpq
pp gq gqq.
p“ p (9.33)
Réponse . On a pour
ş8
ξPR :
ş8
Fpq
g qpξq “ ?1 gp´xq e´iξx dx “ ?1 gpxq eiξx dx “ Fpgqpξq. D'où Fpgq “ Fpqgqq “ gq “ gp.
p
q Puis
2π ´8 2π ´8
ş8 ş 8 ş8
Fpq
g qpξq “ ?1 gqpxq e ´iξx
dx “ ?1 gqpxq e `iξx 1
dx “ 2π ´8 gpyq e
? ´iξy dy “ Fpgq.
2π ´8 2π ´8
ş8
Preuve. Comme f 1 P L1 pRq, on a : @ε ą 0, DAε P R, |f 1 pxq| dx ă ε, et donc
Aε
:
żx
@ε ą 0, DAε P R, @x ą Aε , |f 1 ptq| dt ă ε.
Aε
şx ˇ
Donc, à ε xé, et Aε xé en conséquence, on en déduit | Aε f 1 ptq dt| ă ε, i.e. |f pxq ´ f pAε q| ă ε donc ˇ|f pxq| ´
ˇ
|f pAε q|ˇ ă ε, donc |f pAε q| ` ε ą |f pxq| ą |f pAε q| ´ ε, pour tout x ą Aε . Donc |f pAε q| ď ε : sinon |f pAε q| ´ ε “
ş8 ş8 ş8
c ą 0 et ||f ||L1 pRq ě Aε |f pxq| dx ě A p|f pAε q| ´ εq dx ě A c dx “ 8, faux pour f P L1 pRq. Et donc que
|f pxq| ă 2ε, ce @x ą Aε . Et donc f pxq ÝÑx→8 0.
Si I : x P R → Ipxq “ x P R est la fonction identité sur R, alors, si x est le nom donné à la variable, on note
If “noté xf : donc xf est la fonction xf : x Ñ pIf qpxq “ xf pxq, notation qui sous entend que x est le nom de
la variable.
On a vu que si f P L1 pRq alors fp P C 0 pRq, cf. proposition 9.12.
Proposition 9.17 (i) Dérivée de la transformée de Fourier : si f P L1 pRq est telle que xf P L1 pRq, alors fp est
1
C pRq et on a :
´ ¯1 ´ ¯1
fp “ ´i pxf
zq i.e. fp pξq “ ´ipxf
zqpξq, @ξ P R. (9.34)
´ ¯1
Ou encore xf “ i fp
y : la transformée de Fourier transforme l'expression algébrique xf en l'expression dérivée
´ ¯1
i fp .
(ii) Transformée de Fourier de la dérivée : si f P L1 pRq est telle que f est dérivable et f 1 P L1 pRq, alors :
f 1 “ iξ fp
x i.e. f 1 pξq “ iξ fppξq,
x @ξ P R, (9.35)
66
67 9.3. Étalement et concentration par Fourier
Preuve. C'est immédiat avec le théorème de la convergence dominée pour (i) et par intégration par parties
pour (ii) :
ż ż
1 1
f 1 pξq “ ?
x f 1 pxqe´ixξ dx “ ´ ? p f pxqp´iξqe´ixξ dx ` rf pxqe´ixξ s8
´8 q “ iξ f pξq ` 0,
p
2π R 2π R
et de même : ż
1
τa fppξq “ fppξ ´ aq “ ? f pxq e´ixpξ´aq dx “ Fpf pxq eixa qpξq (9.38)
2π R
d'où le résultat.
et fa conserve l'altitude de f en 0. Autrement dit c'est un changement d'échelle sur l'axe des x, et la valeur
fa pxq de fa en x est égale à la valeur de f en z “ ax.
Exemple x “ échelle en pieds, et 1 ft = 0,3048 m. On pose a “ 0, 3048, et y “ ax “ échelle en mètre. Ainsi
fa pxq “ f pyq : la fonction f donne l'altitude au point y “ ax repéré en mètre, alors que fa donne l'altitude au
point x repéré en pieds.
Etalement : si le support de f est dans r´b, bs, alors le support de fa est dans r´ ab , ab s (car fa pxq “ 0 dès
que ax R r´b, bs). Donc :
Pour a ă 1, la fonction fa étale la fonction f (le support est plus grand).
Pour a ą 1, la fonction fa concentre la fonction f (le support est plus petit).
au sens Tfa áa→0 f p0qT1R dans D1 pRq, et fa étale à la limite f quand a → 0. Faire un dessin.
Preuve. Si f étant continue en 0, on a f pyq ÝÑ f p0q, et donc à x xé f paxq ÝÑ f p0q, d'où (9.41).
y→0 a→0
1
Montrons (9.42), i.e. Tfa áa→0 Tf p0q 1R dans D pRq. Soit ϕ P DpRq et βą0 t.q. suppϕ Ă r´β, βs. On a :
żβ
hfa , ϕi “ f paxqϕpxq dx
x“´β
On applique le théorème de convergence dominée : soit gpa, xq “ f paxqϕpxq (l'intégrant). À x xé, g est continu
en a“0 car f l'est. Et |gpa, xq| ď p sup |f paxq|q|ϕpxq| ď p sup |f pyq|q|ϕpxq|. Et f étant continue en 0, il
xPr´β,βs yPr´aβ,aβs
67
68 9.4. Les gaussiennes
existe η ą 0, t.q. pour tout |y| ă η , on a |f pyq´f p0q| ă 1. Et donc pour les a t.q. aβ ă η , on a sup |f pyq| ď
yPr´aβ,aβs
|f p0q| ` 1, et donc |gpa, xq| “ p|f p0q| ` 1q|ϕpxq|. Donc ϕ étant L1 pRq, g est
ż dominée par une fonction intégrable
ż
η
ş
indépendante de a P r0, β s. On peut donc passer à la limite sous le signe : f paxqϕpxq dx ÝÑ f p0qϕpxq dx.
R aÑ0 R
ż ż
1 p
pf a q “ pf q a avec pfa q pξq dξ “ fppξq dξ. (9.43)
z 1
z
a R R
Et donc pour a ă 1, la fonction fa étale f, et est transformée par Fourier en une fonction qui concentre fp
en augmentant sa hauteur et en conservant sa masse. Dessin.
Et pour a ą 1, la fonction fa concentre f, et est transformée par Fourier en une fonction qui étale fp en
diminuant sa hauteur et en conservant sa masse. Dessin.
Preuve. On a : ż ż
1 1 yξ 1 ξ
fx
a pξq “ ? f paxqe´ixξ dx “ ? f pyqe´i a dy “ fpp q. (9.44)
2π R a 2π R a a
pξ
ş 1
ş ş
D'où pfa q pξq dξ “ a ξPR f p a q dξ “ uPR f puq du.
z p
ξPR
ż ż
Fλ pxq “ λ f pλxq, où donc Fλ pxq dx “ f pyq dy “ m, (9.45)
R R
et Fλ conserve la masse de f.
Pour λ ą 1, la fonction Fλ concentre et rehausse la fonction f (on a Fλ p0q “ λf p0q) tout en conservant la
masse. Faire un dessin. Par exemple si le support de f est dans r´b, bs, alors le support de fn est dans r´ nb , nb s
(car fn pxq “ 0 dès que nx R r´b, bs).
ş
Proposition 9.21 Soit f P L1 pRq. On note m“ R
f pxq dx (masse de f quand f ě 0). Alors :
ϕ P DpRq et Jpλq “ ξPR Fλ pxqϕpxq dx, donc Jpλq “ ξPR f pyqϕp λy q dy . Notons gpλ, yq “ f pyqϕp λy q
ş ş
Preuve. Soit
l'intégrant. À y xé g est continu en λ (pour λ ą 0) et gpλ, yq ÝÑλ→8 “ f pyqϕp0q. Avec |gpλ, yq| ď ||ϕ||8 |f pyq|,
1
ş
domination indépendante de λ avec f P L pRq. Donc Jpλq ÝÑλ→8 f pyqϕp0q dy “ mϕp0q “ mδ0 pϕq.
ξPR
Les Gaussiennes sont les fonctions χa,c : R → R positives, dénies pour aą0 et c P R˚ par :
2 2
χa,c pxq “ c e´ax , et on notera χa pxq “ χa,1 pxq “ e´ax . (9.47)
68
69 9.4. Les gaussiennes
Proposition 9.22 Soit a ą 0. Par Fourier, une gaussienne est transformée en une gaussienne :
´ax2 pξq “ ?
1 ´ ξ2
χy
a,1 pξq “ χ 4a
1 ?1 pξq,
, soit e{ e 4a . (9.49)
2a 2a
En particulier : ?
χa ||L1 “
||x 2π, (9.50)
x2 ξ2 x2 F ξ2
e´ 2 pξq “ e´ 2 , e´ e´
z
ou encore 2 ÝÑ 2 . (9.51)
avec : ż
1 2 1
χ
pa pξq “ ? e´ax e´ixξ dx qui donne pa p0q “ ? ,
χ (9.54)
2π R 2a
cf.(9.48). D'où :
1 1 1
ξχ χa q pξq `
pa pξq “ 0,
pp χ
pa p0q “ ? (9.55)
2a 2a
Et χ
pa satisfaisant le même type d'équations que χa , cf. (9.52), on en déduit que (unicité de la solution pour une
équation diérentielle Lipschitzienne avec condition initiale) :
1 ξ2 1
pa pξq “ ? e´ 4a “ ? χ 4a
χ 1 . (9.56)
2a 2a
1
D'où (9.49). Et a“ 2 donne χx12 pξq “ χ 12 pξq : la gaussienne réduite est conservée.
On retrouve bien sûr dans ce cas la propriété d'étalement concentration par Fourier, cf. (9.43).
? 1 ? ξ2
χ
xε á 2π δ0 dans D1 pRq, noté ? e´ 4ε á 2π δ0 dans D1 pRq, (9.58)
ε→0 2ε ε→0
?
concentration à la limite vers la masse de Dirac avec le facteur multiplicatif 2π (masse de χ
xε ).
Preuve. Pour (9.57), il s'agit de montrer Tχε áε→0 T1R . On applique (9.42), ou démonstration directe : soit
ş 2
ϕ P DpRq et soit Ipεq “ R e´εx ϕpxq dx l'intégrale qui dépend du paramètre ε ě 0. L'intégrant est gpε, xq “
2
e´εx ϕpxq qui, à x xé, est continu en ε pour ε ě 0, et qui est borné
ş par |ϕpxq| indépendamment de ε, avec
ş
ϕ P DpRq Ă L1 pRq. On peut donc passer à la limite sous le signe , et Ipεq ÝÑε→0 Ip0q “ R ϕpxq dx “ h1R , ϕi.
?
Pour (9.58), il s'agit de montrer Tχ
x áε→0 2πδ0 . On applique (9.46), cf. (3.41), ou démonstration directe :
ş 1 ´ x2 ε
soit ϕ P DpRq et F pεq “ ? e 4ε ϕpxq dx. Dans ce cas, le théorème de Lebesgue n'est pas applicable :
R 2ε
x 2
l'intégrant f pε, xq “ ?1 e´ 4ε ϕpxq n'est pas dominée par une fonction h P L1 . On fait le changement de
2ε ?
variable y“ ?x , donc dx “ 2ε dy :
2ε
ż
y2 ?
F pεq “ e´ 2 ϕp 2εyq dy.
yPR
? y2
Et là on peut appliquer le théorème de convergence dominée de Lebesgue : e´
ϕp 2εyq 2 est continu en ε et
2
´ y2
2
´ y2
? y2 ?
ÝÑε→0 e ϕp0q, et |e ϕp 2εyq| ď ||ϕ||8 e´ 2 . D'où F pεq ÝÑε→0 F p0q “ ϕp0q 2π .
69
70 9.5. Échange du produit simple et du produit de convolution pour les fonctions
x “ ?1 ϕ
ϕψ p ˚ ψ,
p soit
1
Fpϕψq “ ? Fpϕq ˚ Fpψq. (9.60)
2π 2π
Idem avec F.
Preuve. La relation (9.59) n'est autre que l'intégrable double d'une fonction à variables séparées :
ż ż
1
ϕz
˚ ψpξq “ ? ϕpyq ψpx ´ yq dy e´ixξ dx
2π xPR yPR
(9.61)
1
ż ż ?
“ ? p e´iyξ ϕpyq dyqp e´izξ ψpzq dzq “ 2π ϕpξq
p ψpξq
p
2π yPR zPR
le théorème de Fubini étant applicable la fonction pz, yq Ñ e´ipy`zqξ ϕpyq ψpzq étant dans L1 pR2 q. Calcul similaire
si on remplace F par F.
On en déduira, avec les hypothèses supplémentaires données, une fois qu'on aura vu la transformée de Fourier
inverse F ´1 “ F , cf. proposition 10.18 :
? ?
Fpϕ
p ˚ ψq
p “ 2πFpϕqFp
p ψq
p “ 2πϕψ (9.62)
?
d'où en appliquant F : ϕ
p ˚ ψp “ 2πFpϕψq.
Ck`
@` P N, @k P N, DCk` ą 0 : @x P R˚ , |ϕp`q pxq| ă . (10.1)
|xk |
Exercice 10.2 Montrer que ϕ P C 8 pRq est dans S ssi :
i.e. ssi :
@k, ` P N, DCk` ą 0, sup |xk ϕp`q pxq| ă Ck` , (10.3)
xPR
i.e. ssi :
@k, ` P N, DCk` ą 0, ||xk ϕp`q ||8 ă Ck` , (10.4)
i.e. ssi :
@k, ` P N, ||xk ϕp`q ||8 ă 8. (10.5)
i.e. ssi :
a k
@k, ` P N, DCk` ą 0, @x P R, | 1 ` x2 ϕp`q pxq| ă Ck` , (10.6)
i.e. ssi :
Ck`
@k, ` P N, DCk` ą 0, @x P R, |ϕp`q pxq| ă ? , (10.7)
p 1 ` x2 q k
Réponse . Exercice facile ; 1 ` x2k ď p1 ` x2 qk
70
71 10.2. Premiers exemples
Exemple 10.5 La fonction γ1 ˚ e´|x| (régularisée de la fonction à décroissance exponentielle) est dans S.
1
Exemple 10.6 La fonction f : x → f pxq “
1`x2 n'appartient pas à S (décroissance trop lente à l'inni). En
1
eet, supR |x3 p1`x 2q | “ 8, cf. (10.3). De même, aucune fonction rationnelle (non nulle) n'appartient à S , de
2
même que les polynômes non nuls et ex .
Et dénition équivalente de S est, cf. (10.1) : S est l'ensemble des fonctions C 8 pRq t.q. :
Réponse . On sait que ||.||8 est une norme sur L8 pRq, et on a S Ă L8 pRq (car ||ϕ||8 “ p0,0 pϕq ă 8 pour ϕ P S ). Donc
||.||8 est une norme sur S . D'où :
p̃k,` pϕq ě 0 pour ϕ P S : immédiat.
p̃k,` pλϕq “ |λ|pk,` pϕq pour ϕ P S : immédiat.
p̃k,` pϕ ` ψq ď pk,` pϕq ` pk,` pψq pour ϕ P S : immédiat.
On peut montrer qu'il n'existe pas de norme qui rende S complet. Mais il y a un distance qui le fait : on
munit S de la distance :
ÿ 1
dpϕ, ψq “ minp1, p̃k,` pψ ´ ϕqq. (10.10)
k,`
2k``
71
72 10.3. * Métrique sur S et densités
L'utilisation de cette distance n'est pas très pratique, pour les propriétés de convergence ou de continuité,
et on utilise en fait les semi-normes p̃k,` . Par exemple pϕn q est une suite de S qui converge dans S vers ϕPS
s'écrit dpϕn , ϕq ÝÑn→8 0, ou de manière équivalente :
La topologie induite par ppk,` q0ďk,`ă8 est la même que celle induite par pp̃k,` q0ďk,`ă8 (les mêmes ouverts).
Exercice 10.10 Vérier que les pk,` dénissent bien des normes.
Réponse . Les pk,` sont des semi-normes : immédiat car somme de semi-normes. Et pk,` pϕq “ 0 implique en particulier
p̃0,0 pϕq “ 0, soit||ϕ||8 “ 0, donc ϕ “ 0.
Exercice 10.11 Pour ϕ P S, montrer : pk,` pxϕq ď pk`1,` pϕq et pk,` pϕ1 q “ pk,``1 pϕq.
Réponse . Immédiat.
Preuve. Par troncature et régularisation. Soit ϕPS donnée, et soit θ1 “ 1r´1,1s ˚ γ1 , voir proposition 2.24,
fonction de DpRq qui vaut 1 sur r´1, 1s et à support dans r´2, 2s et telle que0 ď θ1 pxq ď 1. On construit la
suite pθj q de DpRq qui vaut 1 sur r´j, js :
x
θj pxq “ θ1 p q, @x P R. (10.14)
j
En particulierθi “ 1 sur r´j, js. Soit la suite ϕj “ ϕθj . On a trivialement ϕj P DpRq pour tout j . Montrons
ϕj → ϕ S , i.e. pour k, ` P N montrons ||xk pϕ ´ ϕj qp`q ||8 Ñ 0 quand j Ñ 8.
dans
On a ϕpxq ´ ϕj pxq “ 0 sur r´j, js (par construction) et ϕpxq ´ ϕj pxq “ ϕpxq pour x à l'extérieur de r´2j, 2js,
x
donc ϕ ´ ϕj est à décroissance rapide. On a pϕ ´ ϕj qpxq “ ϕpxqp1 ´ θ1 p qq, et la formule de Leibniz donne :
j
` ˆ ˙
p`q
ÿ ` p`´γq x
pϕ ´ ϕj q pxq “ ϕ pxq p1 ´ θ1 p qqpγq
γ“0
γ j
` ˆ ˙
p`q x ÿ ` p`´γq 1 pγq x
“ ϕ pxqp1 ´ θ1 p qq ´ ϕ pxq γ θ1 p q (10.15)
j γ“1
γ j j
` ˆ ˙
1 ÿ ` p`´γq 1 pγq x
“ ϕp`q pxqp1 ´ θj pxqq ´ ϕ pxq γ´1 θ1 p q
j γ“1 γ j j
D'où on déduit que (après multiplication par xk et avec 0 ď 1 ´ θj ď 1 et 1 ´ θj “ 0 sur r´j, js) :
`
1 ÿ k p`´γq
||xk pϕ ´ ϕj qp`q ||8 ď max |xk ϕp`q | ` Cp ||x ϕ ||8 q ÝÑ 0, (10.16)
|x|ěj j γ“1 j→8
``˘ pγq
où C ą 0 qui contient lesγ et les ||θ1 ||8 pour 1 ď γ ď `. Et pour k, ` P N, pk,` est une somme nie de termes
qui tendent vers 0 et tend donc vers 0.
72
73 10.4. Transformée de Fourier dans S : on a F pSq Ă S
Preuve. Soit k, ` P N. ϕ P DpRq, donc xk ϕp`q P DpRq (produit de fonctions C 8 toutes à support inclus
Soit
k p`q k p`q
dans suppϕ). En particulier x ϕ est continue dans R à support compact Ă suppϕ, donc ||x ϕ ||8 ă 8,
et (10.4) est vériée. Donc ϕ P S .
8 |ϕpxq|ďC2`
Et si ϕ P S alors |ϕpxq| ď C0` cf. (10.1), d'où ϕ P L pRq, et pour tout x ‰ 0, cf. (10.7), d'où
1`x2
p
ϕ P L pRq pour tout p P r1, 8r.
Preuve. On a DpRq Ă S Ă Lp pRq pour 1 ď p ă 8 (exercice 10.8). Et DpRq est dense dans Lp pRq, voir
p p
corollaire 2.32, donc S est dense dans L pRq. En eet, si f P L pRq et ε ą 0, alors :
Proposition 10.15 Si ϕ P S alors xk ϕp`q P L1 pRq pour tout k, ` P N, et on a pour tout ξPR :
$
’ x1 pξq “ iξ ϕpξq,
ϕ p ϕyp`q pξq “ piξq` ϕpξq,
p
’
’
’
1 pkq
pξq “ p´iqk xy
’
& pϕq k ϕpξq,
p pξq “ ´ixϕpξq,
x pϕq
p
(10.17)
´iaξ
’
’
’ τy
a ϕpξq “ e ϕpξq,
p
’
’
iax
%
τa ϕpξq
p “ e ϕpξq.
{
Preuve. Les relations (10.17) ont été démontrées dans la proposition 9.17 dans les cas k “ ` “ 1. Puis récurrence
immédiate.
|ξ k ϕ
pp`q | “ |ξ k xy
` ϕ| “ |px{
` ϕqpkq | (10.18)
(la dérivation est devenue puissance polynomiale et réciproquement.) Et ψ “ px` ϕqpkq P S Ă L1 pRq, donc
k
Fpψq “ ψp P L8 pRq, donc |ξ ϕ
p |p`q
borné. Vrai pour tout k, ` P N, donc p P S.
ϕ
e´iξx
ż
1
pFϕqpξq “ h ? , ϕpxqi p“ ? e´iξx ϕpxq dxq, (10.19)
2π 2π R
notation des distributions régulières qui est trivialement dénie par l'intégrale usuelle de Lebesgue pour ϕ P S.
On verra l'extension de la notion des distributions dénies sur S avec les distributions tempérées.
73
74 10.5. Transformée inverse dans S
Proposition 10.18 La transformée de Fourier est bijective de S dans S d'inverse donné par, pour ϕPS :
ż
1
pF ´1 ϕqpxq “ ? ϕpξq e`ixξ dξ “ pFϕqp´xq p“ ϕp´xq
p “ ϕpxq
qp “ ϕpxqq,
pq (10.20)
2π ξPR
soit encore :
noté
F ´1 “ F ˝ q “q ˝ F “ F, (10.21)
soit encore :
F ´1 pϕq “ Fpϕq
q “ϕ
pq “ ϕ,
qp (10.22)
soit encore :
ϕ “ FpFpϕqq,
q et q “ FpFpϕqq “ ϕ,
ϕ pp (10.23)
soit encore : ż
1
ϕpxq “ ϕp´xq
pp “? p e`ixξ dξ.
ϕpξq (10.24)
2π ξPR
Preuve. Soit ϕ P L1 pRq t.q. Fpϕq “ ϕp P L1 pRq, donc Fpϕq p “ FpFpϕqq est bien déni.
Montrons que pF ˝ Fqpϕqp´xq “ ϕpxq, i.e. Fpϕqp´xqp “ ϕpxq. On a :
ż ż ´ż
1 1 ¯
Fpϕp qp´xq “ ? p e`ixξ dξ “
ϕpξq ϕpyq e´iyξ dy e`ixξ dξ. (10.25)
2π ξPR 2π ξPR yPR
ş ş
Mais on ne peut pas inverser les signes , car
ξPR
e`ipx´yqξ dξ n'est pas dénie.
`ixξ `ixξ
On raisonne comme pour les distributions : on remplace la fonction ξ → e par la fonction ξ → e χε pξq
où χε est la gaussienne :
2
χε pξq “ e´εξ , (10.26)
car Ipx, εq est continue en ε au voisinage de 0 : application immédiate du théorème de convergence dominée de
`ixξ
Lebesgue, l'intégrant pξ, εq → ϕpξqχ
p ε pξq e étant continu en ε et dominé par |ϕpξq|
p indépendamment de ε,
avec p P L1 pRq
ϕ (hypothèse).
Mais aussi, grâce à Fubini qu'on peut maintenant appliquer, quand εą0 :
ż ´ż
1 ¯
Ipx, εq “ ϕpyq e´iyξ dy χε pξq e`ixξ dξ
2π ξPR yPR
ż ´ż
1 ¯
“ ϕpyq χε pξq e´ipy´xqξ dξ dy
2π yPR ξPR
ż ż (10.29)
1 1
“ ? χ
xε py´xq ϕpyq dy “ ? χ
xε pzq ϕpz`xq dz
2π yPR 2π zPR
1
“ ? hx χε pzq, ϕpz ` xqidz ÝÑ ϕpxq,
2π ε→0
?
car χ
xε á 2πδ0 , cf. (9.58), à condition que ϕ soit continue en x. D'où :
ε→0
74
75 10.5. Transformée inverse dans S
En particulier, si ϕ, ψ P S alors :
pϕ, ψq
p L2 “ pϕ,
p ψqL2 . (10.32)
Preuve. (10.31) est une égalité entre intégrales doubles : il faut montrer :
ż ż ż ż
1 1
ϕpxqp ? ψpξqe´ixξ dξq dx “ p? ϕpxqe´ixξ dxqψpξq dξ.
xPR 2π ξPR ξPR 2π xPR
Et l'intégrantpx, ξq → ϕpxqψpξqe´ixξ est majoré par la fonction à variables séparées px, ξq → |ϕpxqψpξq|, avec
ϕ, ψ P L pRq, donc ϕ b ψ P L1 pR2 q : on peut appliquer le théorème de Fubini, d'où (10.31). Et S Ă L2 pRq,
1
d'où (10.32).
Théorème 10.20 On a l'égalité de Parseval : conservation du produit scalaire de L2 pRq par Fourier : pour
tout ϕ, ψ P S : ż ż
pϕ, ψqL2 “ pϕ,
p ψq
p L2 , i.e. ϕpxq ψpxq dx “ ϕpξq
p ψpξq
p dξ. (10.33)
xPR ξPR
ż ż
||ϕ||L2 pRq “ ||ϕ||
p L2 pRq , i.e. |ϕpxq|2 dx “ |ϕpξq|
p 2
dξ. (10.34)
xPR ξPR
Preuve. Soit g “ F ´1 pψq où donc gp “ ψ et ψp “ p gp “ gq. On a g P S car ψ P S. Montrer (10.33) est alors
équivalent à montrer que pϕ, g
pqL2 “ pϕ,
p gqqL2 . Vrai car :
ż ż ż
pϕ,
p gqqL2 “ ϕpxqq
p g pxq dx “ ϕpxqp gqpxq dx “ ϕpxqp
g pxq dx “ pϕ, gpqL2 .
R cf. p10.31q R cf. p9.33q R
En mécanique quantique, ce sont les mesures de l'énergie Wx0 pf q et Wξ0 pfpq qui permettent de situer la
2
particule (probabilité de présence |f | en x0 ) ou de connaître sa quantité de mouvement (probabilité de présence
|fp|2 en ξ0 ), où :
ş
pξ´ξ0 q2 |fppξq|2 dξ
ş
2 px´x0 q2 |f pxq|2 dx
xPR ş 2 ξPR
Wx0 pf q “ et donc Wξ0 pfpq “ . (10.35)
|f pxq|2 dx
ş
xPR | ppξq|2 dξ
f
ξPR
En d'autres termes, Wx0 pf q2 est une mesure de la dispersion d'énergie de f en espace au voisinage de x0 , et
2
Wξ0 pf q est une mesure de la dispersion d'énergie de f en quantité de mouvement au voisinage de ξ0 . Si x0
p
2 2 2 2
et ξ0 sont les centres de gravité de |f | et de |fp| , alors Wx0 et Wξ0 sont les écarts types de |f | et de |fp| . (On
ş
rappelle que le centre de gravité d'une fonction g est le réel x0 tel que px´x0 qgpxq dx “ 0.)
R
Remarque 10.21 En traitement du signal x“t est le temps et ξ“ω est une fréquence. Et on obtient une
relation entre la dispersion en temps et en fréquence. Et Wx0 correspond à un décalage en temps, alors que W ξ0
correspond à un décalage en fréquence.
75
76 10.6. Transformée inverse pour f P L1 pRq telle que fp P L1 pRq
1
Wx0 pf qWξ0 pfpq ě . (10.36)
2
Et ce résultat est conservé dès que f vérie f P L2 pRq et xf P L2 pRq.
(C'est un résultat de étalement-concentration par Fourier : si Wx0 pf q est concentré, alors Wξ0 pfpq est étalé,
et si Wx0 pf q est étalé, alors Wξ0 pfpq est concentré, et on mesure le minimum du produit Wx0 pf qWξ0 pfpq “ une
énergie minimale.)
Preuve. f P S , donc f, xf P L2 pRq. On pose gpxq “ e´iξ0 x f pxq, avec donc g P S et |gpxq| “ |f pxq|, et avec
soit (10.36).
Lemme 10.23 Pour f P L1 pRq telle que fp P L1 pRq et pour g P S, on a, pour tout xPR :
ż ?
pf ˚ gqpxq “ g pξqeixξ dξ
fppξqp p“ 2πFpfpgpqp´xqq. (10.42)
ξPR
b
1 x2 2
En particulier, avec ϕε “ 4πε e´ 4ε xε pξq “ ?12π e´εξ , cf. (9.49), pour tout x P R
ϕ
et donc :
ż
1 2
pf ˚ ϕε qpxq “ ? fppξqe´εξ eixξ dξ ÝÑ Fpfpqp´xq. (10.43)
2π ξPR ε→0
(Ici ϕε á δ0 mais f n'est pas supposée C 0, et f pxq n'a pas de sens partout.)
car on a (10.24).
76
77 10.6. Transformée inverse pour f P L1 pRq telle que fp P L1 pRq
b
1 x2
2 ş 2
Puis soit gpxq “ ϕε pxq “ ?1 e´εξ , cf. (9.49). D'où
e´ 4ε , donc gppξq “ pf ˚ϕε qpxq “ fppξq ?12π e´εξ eixξ dξ ÝÑε→
4πε 2π ξPR
1
grâce au théorème de convergence dominée puisque fp P L pRq. D'où (10.43).
# +
1
R → L1 pRq
Lemme 10.24 Pour f P L pRq, l'application Af “ A : est continue, avec, pour yPR :
y → Apyq “ τy f
Preuve. Soit y0 P R . On a :
ż
||Apy0 `hq ´ Apy0 q||L1 “ ||τy0 `h f ´ τy0 f ||L1 “ |f px´y0 ´hq ´ f px´y0 q| dx
xPR
ż
“ |f pz´hq ´ f pzq| dz “ ||Aphq ´ Ap0q||L1 ,
zPR
||Aphq ´ Ap0q||L1 “ ||τh f ´ f ||L1 ď ||τh f ´ τh ϕn ||L1 ` ||τh ϕn ´ ϕn ||L1 ` ||ϕn ´ f ||L1
ď ||τh ϕn ´ ϕn ||L1 ` 2||f ´ ϕn ||L1 ÝÑ 0,
h→0
car ||τh f ´ τh ϕn ||L1 “ ||f ´ ϕn ||L1 (invariance de l'intégrale de Lebesgue par translation). D'où A est continue
en 0, d'où A est continue sur R.
Lemme 10.25 Soit f P L1 pRq. Si pϕε qεPR˚ est une famille de fonctions de S t.q. :
`
ż
ϕε ě 0, ϕε pxq dx “ 1, ϕ ε á δ0 dans D1 pRq, (10.45)
R ε→0
convergence en moyenne (pas ponctuelle : f n'est pas continue en générale alors que f ˚ ϕε l'est).
ż ż
pf ˚ ϕε qpxq ´ f pxq “ pf px´tq ´ f pxqqϕε ptq dt. “ pτt f ´ f qpxqϕε ptq dt.
tPR tPR
ż ż ż
||f ˚ ϕε ´ f ||L1 ď p |τt f pxq ´ f pxq| dxq ϕε ptq dt ď ||Aptq ´ Ap0q||L1 ϕε ptq dt,
tPR xPR tPR
i.e. (10.46).
77
78 10.7. F :SÑS est continue
C 0 pRq L1 pRq.
Ş
Preuve. Voir polycopié intégrale de Lebesgue, Convergence dans
ż
1
f pxq “ ? fppξqe`ixξ dξ p.p., soit F ˝F “I dans L1 pRq, (10.47)
2π ξPR
ż
1
pf ˚ ϕε qpxq “ ? fppξq χε pξq e`ixξ dξ ÝÑ Fpfpqp´xq “ Fpfpqpxq, (10.48)
2π ξPR ε→0
Proposition 10.28 La transformée de Fourier F :S ÑS est une application linéaire qui est continue de S
dans lui-même (toute image est bornée par un antécédent) : ici on a :
Preuve. On a F linéaire sur S puisque S Ă L1 pRq et F linéaire sur L1 pRq, et pour montrer la continuité (hors
programme) il faut montrer que `toute image est bornée par un antécédent' (avec les semi-normes adéquat),
i.e. :
@k, ` P N, Dk 1 , `1 P N, DC ą 0, @ϕ P S, pk,` pFpϕqq ď C pk1 ,`1 pϕq. (10.50)
On a |ξ k ϕ
pp`q pξq| “ |ξ k xy
` ϕpξq| “ |px
{ ` ϕqpkq pξq|, cf. (10.17), et :
ż
` ϕqpkq pξq| “ ?
1 ´ 1 2 ` pkq ´ixξ
¯
|px{ | 2
p1 ` x qpx ϕq e dx |
2π R 1`x
ż (10.51)
1 1
ď ? ||p1 ` x2 q px` ϕqpkq ||8 dx,
2π R 1 ` x2
ş 1
d'où, avec
R 1`x2
dx “ rarctans8
´8 “ π ą 0, avec (10.18) et avec Leibniz :
?
π ÿ
||ξ k ϕ
pp`q ||8 ď ? Cαβ ||xα ϕpβq ||8 , (10.52)
2 αď``2, βďk
où les Cαβ sont donnés par Leibniz. Et donc pour la norme (10.8) :
pk,` pϕq
p ď C p``2,k pϕq, (10.53)
78
79
11 Distributions tempérées
11.1 Espace S1 des distributions tempérées
11.1.1 Dénition
ÿ
Les semi-normes pk,` , données par pk,` pϕq “ ||xα ϕpβq ||8 , cf. (10.8), dénissent une topologie sur S,
αďk,βď`
donc sur DpRq. On munit DpRq de cette topologie.
Dénition 11.1 Une distribution T P D1 pRq est dite tempérée ssi T est également continue sur DpRq muni de
la topologie induite par S, i.e. ssi la distribution T P D1 pRq vérie (image bornée par un antécédent) :
Exemple 11.2 Toute fonction polynôme dénit une distribution tempérée : hxk , ϕi ď pk,0 pϕq pour ϕ P S.
Théorème 11.4 (Extension de la dualité) Si T : DpRq Ñ R est une distribution tempérée, alors T se prolonge
de manière unique à S : il existe une unique application linéaire Tr : S → R telle que Trpϕq “ T pϕq pour tout
ϕ P DpRq et telle que (image bornée par un antécédent) :
Et on note alors simplement Tr “ T . Et ainsi S1 dénit le dual topologique de S (l'ensemble des formes linéaires
et continues sur S ).
Preuve. Admis. La démonstration est basée sur la densité de DpRq dans S, voir 10.3.2, et le prolongement
par continuité.
11.1.2 Stabilité
Proposition 11.6 Si T P S 1, alors toutes les distributions xk T p`q appartiennent à S1 pour tout k, ` P N.
Dénition 11.7 On dit que la suite pTj qN P S N (suite de distributions tempérées) converge vers T dans S1 si :
Et on note :
Tj á T dans S 1. (11.5)
j→8
79
80 11.2. Exemples
On a alors :
p`q
Proposition 11.8 Si pTj qjPN est une suite de S1 telle que Tj á T dans S1 alors pour tout k, ` P N, xk Tj á
xk T p`q dans S 1.
Preuve. Et pour pTj q suite de S 1 qui converge faiblement vers T P S 1 , on a hTj1 , ϕi “ ´hTj , ϕ1 i pour tout ϕ P S ,
qui converge vers ´hT, ϕ1 i “ hT 1 , ϕi. Et donc Tj1 á T 1 dans S 1 . Idem pour xTj . Puis, par récurrence sur k, `.
11.2 Exemples
11.2.1 Les distributions régulières Lp sont tempérées
Lemme 11.9 Pour tout q P r1, 8s :
Corollaire 11.10 Soit p P r1, 8s. Si f P Lp pRq, alors Tf est une distribution tempérée :
avec C indépendant de ϕ.
1 1
Preuve. Soitp Ps1, 8r et q t.q. p ` q “ 1. Comme f P Lp pRq et ϕ P S Ă Lq pRq, l'inégalité de Hölder
(CauchySchwarz pour p “ q “ 2) indique que :
ż
|hTf , ϕi| “ | f pxqϕpxq dx| ď ||f ||Lp pRq ||ϕ||Lq pRq ,
R
8
Cas p “ 8 : f P L pRq. Pour ϕ P S :
ż ż
|hTf , ϕi| “ | f pxq ϕpxq dx| ď ||f ||8 p |ϕpxq| dxq “ ||f ||8 ||ϕ||L1 pRq ď ||f ||8 C1 p2,0 pϕq,
R R
avec (11.6).
ξ P R, la fonction complexe αξ : x P R Ñ αξ pxq “ ?12π e´iξx qui dépend du paramètre ξ est dans L8 pRq
Pour
1
(majorée en module par la fonction constante ? 1 ) et dénit donc une distribution tempérée Tαξ : c'est la
2π R
distribution tempérée qui dénit la transformée de Fourier :
ż
1 1
@ϕ P S, ϕpξq
p “ hαξ , ϕi “ ? he´iξx , ϕpxqidx “ ? ϕpxqe´iξx dx. (11.8)
2π 2π xPR
80
81 11.2. Exemples
Dénition 11.11 On appelle fonction à croissance lente, une fonction ϕ P C 8 pRq bornée par un polynôme, de
8
même que toutes ses dérivées : ϕ P C pRq et
Proposition 11.14 Toute fonction à croissance lente dénit une distribution tempérée.
Preuve. Soit f à croissante lente. Donc (11.9) est vraie en particulier pour ` “ 0, donc, pour ϕPS :
ż ż
1
| f pxqϕpxq dx| ď C0 p1 ` |x|qm0 |ϕpxq|p1 ` x2 q dx
R R 1 ` x2
ż
1
ď C pm0 `2,0 pϕq dx,
R 1 ` x2
où C est indépendant de ϕ, d'où le résultat.
Remarque 11.15 Une distribution peut être tempérée tout en étant à croissance exponentielle, comme c'est
ş ř8 ř8 1
le cas de certaines fonctions f P L1 pRq : soit f“ n“1 en 1rn,n`e´n 1
s : on a R
|f pxq| dx “ n“1 n2 ă 8, donc
n2
f P L1 pRq, et on a vu que toute fonction de L1 pRq dénissait une distribution tempérée, voir exemple 11.7.
Mais ici la largeur de l'intervalle d'intégration décroît de manière exponentielle avec n.
Néanmoins, dans la pratique ingénieur, on a tendance à dire que les distributions tempérées sont à croissance
au plus polynomiale, sous-entendu on exclut les cas pathologiques comme la fonction f de cette remarque :
c'est le cas quand f est croissante au voisinage de l'inni.
Proposition 11.18 Toute distribution à support compact dénit une distribution tempérée.
Preuve. Toute distribution à support compact est d'ordre ni, voir annexe 17, (17.18) page 136 : soit T P E 1 pRq
alors il existe mPN (son ordre), t.q. : DC ą 0, @ϕ P DpRq on a |hT, ϕi| ď Cp0,m pϕq.
Proposition 11.19 Soit a P R. Si T P E 1 pRq est telle que suppT “ tau, alors il existe m`1 constantes
řm pjq
pcj qj“0,...,m telles que T “ j“0 cj δa (combinaison linéaire de la masse de Dirac en a et de ses dérivées).
81
82 11.3. Cas des distributions à support compact
Preuve. (Par troncature et régularisation.) Soit T P S 1 et soit θj “ 1r´j,js ˚ γ1 P DpRq où γ1 est donnée
par (2.25). Alors la suite Tj “ θj T est une suite de E 1 pRq. Et on a pour ϕ P S :
où C, k et ` ne dépendent que de T P S 1. Et pk,` pp1 ´ θj qϕq ÝÑj→8 0, voir par exemple 10.3.2, d'où le
résultat.
1 1 1
Et si T PS et si pTj q est une suite de E pRq telle que Tj á T dans S , comme pour ϕPS et ψ P DpRq on a :
hTj ˚ ϕ, ψi “ hTj , ϕ
q ˚ ψi ÝÑ hT, ϕ
q ˚ ψi,
j→8
car qPS
ϕ (car ϕ P S) et ψ P L1 pRq (car ψ P DpRq) donnent q ˚ ψ P S,
ϕ cf. exercice 10.7, et hT, ϕ
q ˚ ψi est bien
déni.
i.e. par : ż
noté noté
pT ˚ ϕqpxq “ hT pyq, ϕpx ´ yqidy “ T pyqϕpx ´ yq dy. (11.13)
yPR
p ψi “ hϕ, ψi,
hϕ, p @ϕ, ψ P S. (12.1)
Dénition 12.1 Pour T P S1 distribution tempérée, on dénit sa transformée de Fourier par dualité :
déf
@ϕ P S, hTp, ϕi “ hT, ϕi
p (12.2)
82
83 12.2. Stabilité F pS 1 q Ă S 1
Exemple 12.2 Si f P L1 pRq alors f est tempérée (i.e. Tf distribution régulière associée à f est tempérée), et
On peut en eet appliquer le théorème de Fubini puisque la fonction px, ξq Ñ ϕpxqf pξq e´ixξ est dans L1 pR2 q
1 ´ixξ
car ϕ et f sont dans L pRq et |e | “ 1.
Exercice 12.3 Montrer que si T est paire (resp. impaire) alors Tp est paire (resp. impaire) :
Tp “ Tq.
q p
(12.4)
Proposition 12.4 La transformée de Fourier d'une distribution tempérée est une distribution tempérée, i.e.,
FpS 1 q Ă S 1 .
Preuve. On sait que F est un isomorphisme de S dans S, et donc, pour T P S 1 on a Tp qui est une application
linéaire et continue sur S, cf. (12.2). La linéarité est triviale, et sachant pk,` pϕq
p ď C p``2,k pϕq où C ą 0 (voir
proposition 10.28 et équation (10.53)), la continuité de Tp sur S1 est immédiate.
Remarque 12.5 Les distributions à support compact sont tempérées (cf. proposition 11.18) et ont donc leurs
transformées de Fourier qui est également tempérée (cf. proposition 12.4). Cela peut être établi sans l'aide de
la proposition 12.25 :
Sachant T à support compact, T est une distribution d'ordre nie pPN (voir annexe) :
˝
où K est un compact tel que K Ą supppT q. Et donc ici, pour tout α, β P N et tout ξPR :
|hT pxq, p´ixqα e´ixξ idx | ď C sup |pxα e´ixξ qpβq |. (12.6)
xPK,βďp
Et Tppξq “?1 hT pxq, e´ixξ i, car T est à support compact, d'où T ppαq pξq “ ?1 hT pxq, p´ixqα e´ixξ i par dérivation
2π 2π
α ´ixξ α´1
sous le crochet de dualité. Posant fξ pxq “ x e
1
, on a f pxq “ px ´iξxα qe´ixξ , et par récurrence immédiate
f pβq pxq “ Pβ px, ξqe´ixξ où Pβ px, ξq est un polynôme de degré β en ξ et un polynôme en x. Comme on prend le
sup pour xPK compact et β ď p, on obtient :
dα p
| T pξq| ď C 1 p1 ` |ξ|qp , (12.7)
dξ α
avec C1 ą 0 indépendant de ξ. Et Tp est bien à croissance lente ainsi que toutes ses dérivées.
f P L1 pRq
Si et Tf est la distribution régulière associée, alors on a vu que T
xf “ T p,
f et on note abusivement
T
xf “ fp.
83
84 12.3. Premiers exemples
1 1
δp0 “ ? 1R , et δpa pxq “ ? e´iax (12.8)
2π 2π
(Donc si δ0 est approchée par une fonction inniment concentrée en 0 alors sa transformée de Fourier est une
fonction constante, donc inniment étalée sur R.) Et :
i i
1
δx
0 pxq “ ? x, et 1
δx
a pxq “ ? xe´iax . (12.9)
2π 2π
Et :
pkq ik pkq ik
δ0 pxq “ ? xk , δa pxq “ ? xk e´iax .
y y
et (12.10)
2π 2π
ypkq
Ainsi δ0 est un monôme de degré k.
Preuve. δ0 n'est pas une fonction, mais c'est une distribution tempérée, cf. exemple 11.16. (12.2) donne, pour
ϕPS : ż
1 1
hδpa , ϕi “ hδa , ϕi
p “ ϕpaq
p “? ϕpxq e´iax dx “ h ? e´iax , ϕpxqidx , (12.11)
2π R 2π
1
donc δpa est la distribution régulière identiée à la fonction ?
2π
e´iax . D'où (12.8). Puis avec (10.17) :
1 1
hδx
a , ϕi “ hδa , ϕi
1 p1 paq “ ixϕ
p “ ´ϕ x “ ihδpa , xϕi “ ihxδpa , ϕi “ ihx ? e´iax , ϕi,
x paq “ ihδa , xϕi
2π
´iax
1 ixe
d'où δx
a est la distribution régulière identiée à la fonction ?
2π
. Et récurrence immédiate.
Remarque 12.7 Comme d'habitude on a abusé des notations : on aurait dû dénir la fonction f sur R par
f pxq “ ?1 e´iax , et écrire δpa “ Tf distribution régulière associée à f . Pour alléger l'exposé, on a non seulement
2π
utilisé Tf “noté f , mais pire, on a utilisé la notation très abusive Tf pxq. Le contexte lève les ambiguïtés : on n'a
pas le choix pour que (12.8) ait un sens.
Une distribution à support compact est en particulier tempérée, cf. proposition 11.18. Sa transformée de
Fourier est donc bien dénie : hTp, ϕi “ hT, ϕi
p pour tout ϕ P S.
Proposition 12.9 Si T P E 1 pRq sa transformée de Fourier est la distribution tempérée régulière C8 donnée
par, pour ξPR :
1
Tppξq “ hT pxq, ? e´iξx idx . (12.12)
2π
(Sans abus de notation, Tp “ Tg où gpξq “ hT pxq, ?12π e´iξx idx .)
Et mieux : Tp est développable en série entière de rayon inni : pour tout ξPR :
8
1 ÿ p´iqn αn n
pgpξq “q Tppξq “ ? ξ , où αn “ hT pxq, xn i. (12.13)
2π n“0 n!
84
85 12.3. Premiers exemples
Preuve. La fonction f : pξ, xq → f pξ, xq “ ?1 e´iξx est C 8. Et T est à support compact, donc la fonction g
2π
suivante est bien dénie :
ż
noté
1 noté 1
gpξq “ hT, fξ i “ hT pxq, ? e´iξx idx “ ? T pxq e´ixξ dx. (12.14)
2π 2π
8
ÿ xn
e´iξx “ p´iξqn .
n“0
n!
8
1 ÿ p´iqn hT, xn i n
Avec (12.12) et Fubini on obtient gpξq “ ? ξ , i.e. (12.13).
2π n“0 n!
Exemple 12.10 On retrouve en particulier le cas des masses de Dirac et de ses dérivées : pour δa par exemple,
8
1 ÿ p´iaξqn 1
δpa pξq “ ? “ ? e´iax .
2π n“0 n! 2π
1 p ξ
T{
pλxqpξq “ T p q. (12.16)
|λ| λ
y dy 1 p ξ
ş ş
Preuve. Posons fλ pxq “ f pλxq. fx ?1 f pλxqe´ixξ dx “ ?1 f pyqe´i λ ξ
On a λ pξq “ 2π xPR 2π yPR |λ| “ |λ| f p λ q “
1 p
|λ| pf q λ pξq, donc :
1
1 p
fx
λ “ pf q λ1 . (12.17)
|λ|
D'où (12.15), vrai en particulier vraie pour tout f P S.
Soit T P S1 ; posons ST,λ pxq “ T pλxq au sens (3.54) et (3.55), i.e., pour ϕPS :
déf 1 noté 1 x
phST,λ pxq, ϕpxqi “q hST,λ , ϕi “ hT, ϕ1 i p “ hT pxq, ϕp qidx q. (12.18)
|λ| λ |λ| λ
Il est immédiat que ST,λ P S 1 pour tout λ P R˚ . Et ST, λ1 est déni par :
85
86 12.4. Premières propriétés
On a alors :
Proposition 12.12 Si pTj qjPN est une suite de S1 qui tend vers T P S 1, alors T
xj tend vers Tp dans S1 :
Tj á T dans S1 ùñ T
xj á Tp dans S1 (12.20)
Preuve. On a Tj P S 1 donc xj P S 1 ,
T pour tout ϕPS on a p P S,
ϕ donc (12.2) et (11.4) donnent :
hT
xj , ϕi “ hTj , ϕi p “ hTp, ϕi
p ÝÑ hT, ϕi (12.21)
jÑ8
D'où le résultat.
Preuve. La distribution T “ T1R “noté 1R (fonction constante = 1) n'est pas dans L1 pRq et n'a pas de trans-
formée de Fourier au sens des fonctions. Mais c'est une distribution tempérée, et on sait que, avec (9.57), quand
εÑ0 :
2
e´εx á 1R dans S 1, (12.23)
ε→0
2
au sens Tχε áε→0 T1R dans S 1, où χε pxq “ e´εx . Par ailleurs on sait que, avec (9.58), quand εÑ0 :
1 ´ ? ξ2
´εx2 “ ?
e{ e 4ε á 2π δ0 dans S 1, (12.24)
2ε ε→0
?
au sens T
yχε áε→0 2π δ0 dans S 1. On en déduit (12.22) avec (12.20).
déf 1 déf 1
hT{
1 pxq pξq, ϕpξqi
dξ “ hT pxq, ϕpξq pxqidx “ ´ hT pxq, ϕpξq pxqidx “ ´hT pxq, ´iξϕpξqpxqidξ
z z {
déf z
ihT pxq, ξϕpξqpxqidx “ ihT pxqpξq, ξϕpξqidξ “ ihT pξq, ξϕpξqidξ “ hiξ T pξq, ϕpξqidξ
{ p p
D'où le premier résultat. On a écrit toutes les variables `muettes' d'intégration, bien que ce soit une notation
ş
abusive. On peut commencer par écrire cette démonstration pour T “ f P L1 pRq et en utilisant le signe qui
fait apparaître les variables d'intégration (`muettes') plutôt que le signe h., .i.
86
87 12.4. Premières propriétés
?
Exercice 12.16 Montrer : x 1
p “ i 2π δx
0. On notera f pxq “ x.
Réponse . 1- Avec (12.26) et (12.22) : fp “ x p “ x1 yR “ `ip1x 1
? 1
R q “ `ip 2πδ0 q . Equivalent à hf pξq, ϕpξqidξ “
p
?
1 1
hf?
pxq, ϕpxqi
p dx “ h1R pxq, f pxqϕpxqi
p dx “ h1R pxq, xϕpxqi
p dx “ h1R pxq, ´iϕ pxqidx “ ´ih1
x 1 xR pξq, ϕ pξqidξ “ ´ih 2πδ0 pξq, ϕ pξqidξ “
ih 2πδ01 , ϕi pour ϕ P S .
p1 i
2- En prenant un peu d'avance (Fourier inverse donné par (12.40)). (12.9) donne δp0 “ ? p, avec δp01 “ δq01 (Fourier
x
p
2π
1 1
inverse) “ ´δ0 (car δ0 est impaire cf. (4.16)).
1
? ?
3- f pxq “ x donne f “ 1R , d'où fp1 “ 2πδ0 , d'où iξ fppξq “ 2πδ0 pξq, et les solutions T P D1 pRq de ξT “ δ0
?
1 1
sont les T “ ´δ0 ` cδ0 , cf. exercice 5.28. Donc fppξq “ ´i 2πp´δ0 ` cδ0 q. Et T ppxq “ ´ ?i x ` c ?1 1R pxq, donc
2π 2π
?
fppxq “ ´i 2πp´ ?i2π x ` c ?12π 1R pxqq “ ´x ´ ci1R pxq, avec fppxq “ fqpxq “ ´x, donc c “ 0.
p p
? ?
`iax “ e`iax
ez 1R “ τa 1x 2π δa , ´iax “
ez 2π δ´a , (12.27)
R “
{
c c
π { “ ´i π pδa ´ δ´a q,
cospaxq
{ “ pδa ` δ´a q, sinpaxq (12.28)
2 2
Réponse ? . Soitfa pxq “ e`iax , soit ga pxq “ cospaxq et soit ha pxq “ sinpaxq.
aπ aπ
Alors :
T
yfa “ 2π δa , T yga “ 2
pδa ` δ´a q, T y ha “ ´i 2
pδa ´ δ´a q.
Dénition 12.19 Une distribution d'ordre 0 sur R est une distribution T P D1 pRq telle que :
@K compact Ă R, DCK ą 0 t.q. @ϕ P DpRq t.q. supppϕq Ă K : |hT, ϕi| ď CK ||ϕ||8 . (12.29)
Dénition 12.20 Une mesure positive est une distribution T “noté µ d'ordre 0 qui est positive, i.e. telle que :
Remarque 12.21 On peut étendre l'ensemble de dénition DpRq d'une distribution d'ordre 0 à Cc0 pRq l'en-
0
semble des application continues à support compact dans R, puisque seule la norme ||.||8 de C est utilisée.
2
Dénition 12.22 Pour ε ą 0, soit χε : x P R → χε pxq “ e´εx . Une mesure positive bornée est une mesure
positive telle que :
Dc P R, @ε ą 0 hµ, χε i ă c. (12.31)
Comme χε s'étale vers la fonction 1R quand ε → 0, cf. (9.57), cela s'interprète presque comme :
hµ, 1R i ă c, (12.32)
sauf que 1R n'est pas à support compact, et que hµ, 1R i n'a pas de sens... on a besoin de la remarque sui-
vante 12.23.
87
88 12.5. Transformée inverse dans S1
Remarque 12.23 On peut étendre l'ensemble de dénition Cc0 pRq d'une mesure positive bornée à C 0 pRq X
8 0
L pRq “ tf P C pΩq : ||f ||8 ă 8u l'ensemble des application continues et bornées. Et on a alors la dénition
équivalente : une mesure positive est bornée ssi :
Dc P R, hµ, 1R i ă c. (12.33)
Proposition 12.24 Si µ est une mesure bornée sur R (c'est en particulier le cas d'une probabilité), alors µ
p une
distribution régulière, à savoir :
µ
p “ Tp , (12.34)
noté
µ
ppξq “ ppξq, (12.36)
car on peut appliquer Fubini : ici la mesure est dx b µ, l'intégrant est g : px, ξq → ?12π ϕpxqe´ixξ , il vérie
|gpx, ξq| ď ?12π |ϕpxq| |1R pξq|, et ϕ b 1R P L1 pR2 , dx b µq car ϕ P DpRq et µ mesure bornée. D'où (12.37).
´ixξ
Puis avec le théorème de convergence dominée, p est une fonction continue car x → e est µ-intégrable
´ixξ ´ixξ
(µ étant bornée), ξ → e est continue, et px, ξq → e est dominée indépendamment de ξ par la fonction
µ-intégrable 1R . ş
De plus p est borné par ?1 dµ “ ?1 µpRq. Donc p P C 0 pRq X L8 pRq.
xPR 2π 2π
ia 2 ia
Puis, avec |1 ´ e | “ p1 ´ e qp1 ´ e
´ia
q “ 2 ´ 2 cos a, la fonction
? βpaq “ 2 ´? 2 cos a ´ a2 étant négative
ia
sur R (faire le tableau de variation), on obtient |1 ´ e | ď minp 2, |a|q (puisque ď 2 est immédiat).
Et donc |e
´ixξ
´ e´iyξ | “ |e´ixξ p1 ´ eiξpx´yq q| ď minp2, |ξpx´yq|q, et donc, pour |x ´ y| ď η :
ż ż
1 1
|ppxq ´ ppyq| ď | ? pe´ixξ ´ e´iyξ q dµpξq| ď ? minp2, |ξ|ηq dµpξq.
ξPR 2π 2π ξPR
L'intégrant
ş → minp2, |ξ|ηq est borné par
pξ, ηq ş 2 indépendamment de η , donc le théorème de convergence
dominée donne
ξPR
minp2, |ξ|ηq dµpξq ÝÑη→0 ξPR minp2, 0q dµpξq “ 0. Donc, pour tout ε ą 0, il existe η ą 0
t.q. |x ´ y| ď η entraine |ppxq ´ ppyq| ď ε : la fonction p est uniformément continue.
´1 1
Comme pour ϕPS on a Fϕ “ F ϕ P S , et que F PS (distribution tempérée) la fonctionnelle FT : S → R
est bien une distribution tempérée : F P S 1.
88
89 12.6. Transformée de Fourier : isométrie dans L2
F ´1 pT q “ FpT q, (12.39)
soit :
pF ˝ FqpT q “ Tq. (12.40)
D'où FFT “ T et de même FFT “ T . On en déduit que F est inversible dans S1 et que F ´1 “ F . Et
p “ hT, ϕi
hpF ˝ FqpT q, ϕi “ hTp, ϕi pp “ hT, ϕi
q “ hTq, ϕi.
? ?
Exemple 12.26 On sait que 2π δp0 “ 1R , au sens 2π δp0 “ T1R dans S 1 , calcul direct immédiat, voir (12.11)
? p ? ? ?
et (12.8). On en déduit que 1x
R “ 2π δp0 “ 2π δq0 “ 2π δ0 dans S 1 (puisque δ0 “ δq0 ), au sens Tx
1R “ 2π δ0 :
? ?
2π δp0 “ 1R ùñ 1x
R “ 2π δ0 pdans S 1 q. (12.42)
b
2
Avec αą0 on a vu (calcul direct (9.20)) que 1{
r´α,αs “ π αsincα , d'où avec (12.39) :
c
π1
sinc
zα “ 1 . (12.43)
2 α r´α,αs
c
π
En particulier sinc
y“ 1 .
2 r´1,1s
Réponse
b
. 1{
r´α,αs “
2
π
αsincα est une égalité entre fonctions. La fonction sincα n'est pas L1 pRq, et sa transformée
de Fourier n'est pas dénie a priori. Mais sincα P L1loc pRq : soit
la distribution régulière associée. Comme sincα
Tsinα b
2
est bornée, Tsinα P S 1 , S 1 . L'égalité fonctionnelle 1{
et sa transformée de Fourier est dénie dans r´α,αs “ π
αsincα
b b
2 2
donne l'égalité T{
1r´α,αs “ π
αTsincα dans S 1 . D'où FpT{
1r´α,αs q “ π
αFpTsincα q dans S 1 . Comme 1r´α,αs est paire,
b b
2 1 2
on obtient T1r´α,αs “ sincα dans S . Donc Tsincα est une distribution régulière, et on note 1r´α,αs “
αT{ αsinc
{ zα ,
π π
soit (12.43).
Proposition 12.28 La transformée de Fourier est une isométrie de L2 pRq, i.e. F : L2 pRq→L2 pRq est linéaire
´1 2
bijective, d'inverse F “ F, et vérie l'égalité de Parseval : pour tout f, g P L pRq :
En particulier, l'énergie est conservée par transformée de Fourier : pour tout f P L2 pRq :
89
90 12.7. Échange du produit simple et du produit de convolution pour les distributions
Preuve. S est dense dans L2 pRq car DpRq l'est et DpRq Ă S , cf. théorème 2.32.
2 2
Soit f P L pRq. Soit pϕj qN suite de S tend vers f dans L pRq : ||f ´ ϕj ||L2 ÝÑj→8 0.
1- Montrons que pϕ pj qN (qui est une suite de S ) est convergente dans L2 pRq : la suite pϕj qN étant convergente
2 2
dans L pRq, c'est une suite de Cauchy dans L pRq. Donc, avec le théorème 10.20 (Parseval dans S ), ||ϕ pi ´ϕ
pj ||L2 “
||ϕi ´ ϕj ||L2 ÝÑi,j→8 0. Donc pϕ pj q est une suite de Cauchy dans pL2 pRq, ||.||L2 q espace complet. Donc pϕ pj qN
2
converge dans L pRq. Notons h “ limj→8 pϕ pj q P L2 pRq.
2
2- La fonction f étant dans L pRq, la distribution régulière associée Tf est tempérée, et donc admet une
hT
xf ´ Th , ϕi “ hT
xf ´ T
yϕj , ϕi ` hTϕj ´ Th , ϕi
y
ż ż
p ` hTϕxj ´ Th , ϕi “
“ hTf ´ Tϕj , ϕi pf pxq ´ ϕj pxqqϕpxq
p dx ` ϕj pxq ´ hpxqqϕpxq
px p dx
R R
ď ||f ´ ϕj ||L2 ||ϕ|| ϕj ´ h||L2 ||ϕ||L2 ÝÑ 0 ` 0 “ 0.
p L2 ` ||x
j→8
Donc la distribution T
xf xf “ Th “noté h “ limj→8 pϕ
T
est une distribution régulière : pj q “noté fp (après identi-
2
cation d'une distribution régulière et de la fonction associée) : toute fonction f P L pRq admet une transformée
2
de Fourier fp P L pRq.
´1
Et l'inverse F est donné par les distributions tempérées.
2
Enn (12.44) est vériée par continuité du produit scalaire dans L pRq : si pϕi q → f et pψj q → g , alors
pϕi , ψj qL2 “ pϕpi , ψpj qL2 donne, en faisant i → 8, pf, ψj qL2 “ pfp, ψpj qL2 , qui donne, en faisant j → 8, pf, gqL2 “
pf , gpqL2 .
p
Lemme 12.29 Si S P E 1 pRq (à support compact) et si T P S1 (tempérée) alors S˚T est tempérée.
Preuve. Si T est tempérée alors Tq est tempérée (immédiat), d'où pour ϕPS on a Tq ˚ ϕ est bien déni, cf.
dénition 11.21, et avec (8.24) :
d'où |pTq ˚ ϕiqpxq| ď Cpk,` pτ´x ϕq “ Cpk,` pϕq, où C, k, ` dépendent de T , cf. (11.3).
D'où |hS ˚ T, ϕi| “ hS, Tq ˚ ϕi ď Cpk,` pϕqhS, 1R i ď D pk,` pϕq avec D “ ChS, 1R i : S ˚ T est tempérée.
Proposition 12.30 1- Si T P S1 (distribution tempérée) et si f est une fonction C 8 pRq à croissance lente alors
1
fT est tempérée et on conserve (9.60) au sens de S :
1
T “ ? fp ˚ Tp
fy dans S 1, (12.46)
2π
soit Fpf T q “ ?1 Fpf q ˚ FpT q. Et de même :
2π
1
F ´1 pf T q “ ? F ´1 pf q ˚ F ´1 pT q. (12.47)
2π
2- Si S, T P S 1 et si Sp est une fonction C8 à croissante lente, alors on conserve les relations (9.59) au sens
1
de S : ?
S
{ ˚T “ 2π Sp Tp, (12.48)
?
i.e., FpS ˚ T q “ 2π FpSqFpT q. Et de même :
?
F ´1 pS ˚ T q “ 2π F ´1 pSqF ´1 pT q. (12.49)
3- Pour T P S1 (tempérée) et S P E1 (à support compact), alors S˚T est tempérée, et on conserve (12.48).
90
91 12.7. Échange du produit simple et du produit de convolution pour les distributions
hfx
T , ϕi “ hf T, ϕi
p “ hT, f ϕi
p (12.50)
1 1
fϕ p “ ? FpFf ˚ Fpϕqq
p “ FpFpf ϕqq p “ ? Fpfp ˚ ϕq
q
(12.51)
2π 2π
D'où avec (8.29) :
1 1 1
hfx
T , ϕi “ ? hT, Fpfp ˚ ϕqi “ ? hTp, fp ˚ ϕi “ ? hTp ˚ fp, ϕi
q q
(12.52)
2π 2π 2π
ceci étant vrai pour tout ϕ P S , on a obtenu (12.46).
2- Dans ce cas SpTp est une distribution tempérée, et (12.47) donne dans S1 :
1 p ˚ F ´1 pTpq “ ?1 S ˚ T.
F ´1 pSpTpq “ ? F ´1 pSq
2π 2π
D'où, en appliquant F, on obtient (12.48) dans S 1.
3- Si S P E1 alors Sp est une fonction C8 à croissance lente, cf. proposition 12.9, et donc si T P S 1, alors SpTp
a bien un sens. On procède à l'aide des étapes suivantes :
(i) Si S et T sont dans E 1 pRq alors S b T P E 1 pR2 q (à support compact, de support le produit cartésien des
supports). D'où, l'exponentielle étant C 8 pRq :
1 1
S
{ ˚ T pξq “ ? hpS ˚ T qpxq, e´ixξ idx “ ? hSpxq b T pyq, e´ipx`yqξ idxdy
2π 2π
(12.53)
1 ?
“ hSpxq, ? hT pyq, e´ipx`yqξ idy idx “ hSpxq, e´ixξ Tppξqidx “ 2π Spξq
p Tppξq
2π
et le cas des distributions à support compact est traité.
(ii) Supposons encore S P E 1 pRq, avec maintenant T P S 1 . On sait, avec le lemme 11.20, qu'il existe une suite
1 1
Tj P E pRq qui converge faiblement vers T dans S . Et, à l'aide de (8.30), on a :
?
T 1 “ δ01 ˚ T d'où
1
x1 “ δ{
T 0˚T “
1 p
2π δx
0 T “ iξ T,
p (12.57)
puisque δa P E 1 pRq et donc Fpδa q “ ?1 hδa pxq, e´ixξ i “ ?1 e´iaξ . Et la quatrième relation s'en déduit, voir la
2π 2π
proposition 12.15.
91
92
En traitement du signal, on utilise la transformée de Fourier donnée en (9.23), qui sera notée ici simplement
Fe “ F :
ż8
Fpf qpνq “ fppνq “ f ptq e´i2πνt dt, (13.1)
´8
´2iπξm p
τy
m f pξq “ e f pξq. (13.4)
le terme de bord s'annulant car f et f 1 dans L1 donnent f s'annule en ˘8, cf. lemme 9.16 page 66.
ş ´2iπξx
ş
Puis τy
m f pξq “ xPR e f px ´ mq dx “ yPR f pyqe´2iπξpy`mq dy , d'où (13.4).
x2
Exercice 13.2 Montrer : la transformée de Fourier de la gaussienne gσ pxq “ e´ 2σ2 est la gaussienne :
?
´2π 2
σ 2 x2
?
gx
σ pξq “ σ 2π e “ σ 2π g πσ
2 pξq. (13.5)
2 2
gπ pxq “ e´πx ðñ gx
π pξq “ e
´πξ
. (13.6)
px´mq2 2
π2 ξ2
gm,σ pxq “ e´ 2σ 2 ðñ gpm,σ pξq “ πσ e´2iπmξ e´2σ . (13.7)
92
93 13.1. Transformée de Fourier utilisée
Ici : ż8
´1
F pf qpνq “ Fpf qpνq “ f ptq e`i2πνt dt “ Fpf qp´νq, (13.8)
´8
13.1.3 Parseval
13.1.5 Translatée
´2iπc. p 2iπc. T .
τy
cT “ e T, τc Tp “ e{ (13.13)
ş
En eet hτyc T ptq, ϕptqidt “ hτc T pνq, ϕpνqi
p dν “ hT pνq, τ´c ϕpνqi
p dν , avec τ´c ϕpνq
p “ ϕpν`cq
p “ R ϕptqe´2iπtpν`cq dt “
´2iπtc ´2iπtc
e p , d'où hτy
ϕpνq c T ptq, ϕptqidt “ he Tpptq, ϕptqidt . Et
ş ´2iπtν
ş
hτc T , ϕi “ hT , τ´c ϕi “ hT, τz
p p ´c ϕi, avec τz´c ϕipνq “ R ϕpt ` cqe dt “ R ϕpsqe´2iπνps´cq ds “ e{
2iπc. ϕpνq,
2iπc.
d'où hτc Tp, ϕi “ hTp, e ϕi.
13.1.6 Convolée
1
On le vérie pour les fonction
ş ş L pRq : pour
ş la ş première : ´2iπps`uq
´2iπt
p
tPR uPR
f puqgpt ´ uq duqe dt “ sPR uPR
f puqgpsqe dudt.
On en déduit fp ˚ g
p “ fppgp “ fqgq, d'où fp ˚ gpp´tq “ pf gqptq, d'où pfp ˚ gpqpνq “ fxgpνq.
z p z
Et dans le cas des distributions compatibles, voir paragraphes précédents.
´2iπaν
et on note δpa pνq “ e , soit, pour tout ϕPS :
ż
noté
hδpa , ϕi “ hδpa pνq, ϕpνqidν “ e´2iπνa ϕpνq dν. (13.16)
νPR
93
94 13.2. Le sinus cardinal
Proposition 13.4
`i2πa. “ δ ,
e{ 1R “ δ0 , (13.17)
a
p
sinpaxq
@x ‰ 0, sinca pxq “ et sinca p0q “ 1. (13.19)
ax
Deux fonctions sinus cardinal se déduisent l'une de l'autre par changement d'échelle :
Proposition 13.5
sinp2πatq
1{
r´a,as ptq “ “ 2a sinc2πa ptq et 1{
r´ 21 , 21 s ptq “ sincπ ptq, (13.20)
πt
avec 1r´ 21 , 12 s la porte centrée de largeur 1. Et :
1
sinc
{ 2πa pνq “ 1 pνq et sinc
zπ pxq “ 1r´ 1 , 1 s pxq (13.21)
2a r´a,as 2 2
Preuve. La fonction 1r´a,as est dans L1 pRq, et donc admet une transformée de Fourier dans L8 pRq. 1{
r´a,as ptq “
şa ´2iπνt 2iπat
´e´2iπat sinp2πatq
ν“´a
e´2iπνt dν “ r e´2iπt saν“´a “ e
2iπt “ πt “ 2a sinc2πa ptq, d'où (13.20).
Puis sinc2πa dénie une distribution tempérée (fonction bornée), et donc admet une transformée de Fourier
1
dans S . Avec (13.9) : Fpsinc2πa q “ FpFp1r´a,as qq “ q
1r´a,as “ 1r´a,as car 1r´a,as est paire. D'où (13.21).
1
Fpτc sinc2πa qpνq “ e´2iπcν 1 pνq. (13.23)
2a r´a,as
Fpe`2iπcν 2a sinc2πa pνqqptq “ 1rc´a,c`as
{ ptq, (13.24)
94
95 13.2. Le sinus cardinal
ż ż ż ż
1 ´1 ´1 sin 2t
sin2 ptq dt “ ´ 2 cos t sin t dx ` r sin2 ptqs8
´8 “ dt “ 2 sinc2 ptq dt “ π.
R t2 R t t R t R
Remarque 13.8 (Manipulation de la convolution.) La fonction sinc est intégrable au sens de Riemann, cf.
exercice 9.7. La convolution par la fonction constante “ 1R donne l'aire sous la courbe :
ż ż
psinc2πa ˚ 1R qpxq “ sinc2πa ptq1R px ´ tq dt “ sinc2πa ptq dt “ c.
tPR tPR
Donc sinc2πa ˚ 1R “ c1R dénie une distribution tempérée, et donc admet une transformée de Fourier dans S 1,
et :
Fpsinc2πa ˚ 1R q “ Fpc1R q “ cδ0 .
D'autre part, avec (12.48) et (13.21), on a :
1 1
Fpsinc2πa ˚ 1R q “ Fpsinc2πa qFp1R q “ 1r´a,as δ0 “ δ0 ,
2a 2a
car 1r´a,as p0q “ 1 et δ0 est absorbant.
1 1
D'où c1R “ sinc2πa ˚ 1R “ F̄pFpsinc2πa ˚ 1R qq “ 2a F̄pδ0 q “ 2a 1R , i.e.(13.25) première égalité.
ż ż
b sincb ptq dt “ π “ b sinc2b ptq dt. (13.28)
R R
Les fonctions b sincb et b sinc2b ont une masse constante “π (indépendante de b).
Proposition 13.9 On a :
b sincb á πδ0 dans D1 , (13.29)
b→8
Par contre la suite p π1 n sincn qnPN˚ n'est pas considérée comme une approximation de l'identité (une suite
régularisante) : elle n'est ni à support borné, ni positive, bien que de masse unité.
Et la suite p nπ sinc2n qnPN˚ n'est pas considérée comme une approximation de l'identité (une suite régulari-
sante) : elle n'est pas à support borné, bien que positive et de masse unité.
95
96 13.3. Peigne de Dirac
sinp2πaxq
Preuve. 1x
R “ δ0 , avec 1r´a,as á 1R dans S1 et 1{
r´a,as “ 2asinc2πa , d'où 2a á δ0 dans S 1, donc
a→8 2πax a→8
b sinpbxq
á δ0 dans S 1.
π bx b→8 2
1 sin ptq
Et voir proposition 3.41 page 28 pour b sinc2b : on pose f ptq “ π1 sinc21 ptq “ π t2 , on a f P L1 pRq avec
2
b sin pbtq b
“ sinc2b ptq á δ0 dans S 1 .
ş
f ptq dt “ 1, et fb ptq “ bf pbtq “
R π b2 t 2 π b→8
b τA sincb á πδA ,
b→8
b τA sinc2b á πδA ,
b→8
(13.31)
τA sincb τA sinca á 0,
b→8
a τA sinca τB sincb á 0.
a→8
Preuve. τA f pxq “ f px´Aq donne a τA f pxq “ af px´Aq “ τA pabf qpxq, et τA δ0 “ δA , d'où les deux premières
relations avec la proposition précédente.
Sachant sinca tempérée, on a aτA sinca tempérée. Et comme sincb P C 8 pRq est bornée, on a τB sincb bornée,
et si ϕ P S on a τB sincb ϕ P S . D'où , avec (13.29) et (13.31)1 :
haτA sinca τB sincb , ϕi “ haτA sinca , τB sincb ϕi ÝÑ hπδA , τB sincb ϕi “ π τB sincb pAqϕpAq,
a→8
Pour ϕ P DpRq le membre de droite de (13.33) est une somme nie (car ϕ est à support compact), et ∆a est
une distribution (immédiat).
ÿ ÿ 1 ÿ 1
| ϕpkq| “ | p1`k 2 qϕpkq 2
| ď psup |p1`x2 qϕpxq|q ,
kPZ kPZ
1`k xPR kPZ
1 ` k2
1
ř
et donc h∆1 , ϕi ď C p20 pϕq où C“ kPZ 1`k2 : ∆1 est tempérée. Même démarche pour ∆a .
π2
ř8 1
Remarque 13.14 Preuve alternative. Rappel : n“1 n2 “ 6 . Et donc
2
2
ϕpkqq k12 ď p2,0 pϕq p1 ` π3 q.
ř ř
kPZ ϕpkq “ ϕp0q ` kPZ˚ pk
96
97 13.3. Peigne de Dirac
Soit a ą 0.
ÿ ÿż noté
h∆
xa , ϕi “ ϕpkaq
p “ ϕpνqe´2ikπaν dν “ h∆
xa pνq, ϕpνqidν .
kPZ kPZ ωPR
Preuve. On a δ
pka pνq “ e´2ikπaν dans S 1 . Et la transformée de Fourier F est linéaire continue de S1 dans S 1,
ř
d'où (13.35). Et h∆
xa , ϕi “ h∆a , ϕi
p “ kPZ ϕpkaq
p .
xa “ 1 ∆ 1 ,
∆ (13.36)
a a
Soit, pour tout ϕPS :
ÿ 1 ÿ k
ϕpakq
p “ ϕp q. (13.37)
k
a kPZ a
En particulier :
∆
x1 “ ∆1 , (13.38)
ř ř ř
Preuve. Etablissons (13.38). On a kPZ e´2ikπν “ kPZ e´2ipk`1qπν “ e´2iπν kPZ e´2ikπν , d'où par diérence :
p1 ´ e´2iπν q∆
x1 “ 0, dans S 1. (13.39)
´2iπν
Posons gpνq “ 1´e ν : le développement limité à tout ordre de l'exponentielle e
´2iπν
au voisinage des ν “ k P Z
8 8 8
indique que g est C au voisinage des entiers, et comme g est trivialement C ailleurs, on a g P C pRq. Donc
´2iπν
1´e “ νgpνq et (13.39) donnent, pour tout ϕ P DpRq :
hνg ∆
x1 pνq, ϕpνqi “ 0 “ hν ∆
x1 pνq, gpνqϕpνqi.
e´2iπpν`hq ´ e´2iπν
De plus g ne s'annule pas sur s ´ 1, 1r : pe´2iπν q1 pνq “ ´2iπe´2iπν “ lim et donc gp0q “
h→0 h
2iπ ‰ 0, et pour ν Ps ´ 1, 1r la seule solution de e´2iπν “ 1 est ν “ 0. Donc toute fonction ψ P Dps ´ 1, 1rq est
de la forme gϕ où ϕ P DpRq : onc, pour tout ψ P Dps ´ 1, 1rq :
hν ∆
x1 , ψi “ 0.
Donc :
ν∆
x1 “ 0 dans D1 ps ´ 1, 1rq,
donc, cf. (5.13) :
Dc0 , ∆
x1 “ c0 δ0 dans D1 ps ´ 1, 1rq.
Même démarche dans D1 ps0, 2rq et dans tous les D1 pspk´1q, pk`1qrq : nalement :
ÿ
1
Dpck qkPZ , ∆
x1 “ ck δk dans D pRq. (13.40)
kPZ
Puis on considère la fonction porte 1sk´ 12 ,k` 12 r : cette fonction n'est pas dans DpRq, mais peut-être régularisée :
on pourra refaire tous les calculs qui suivent avec la régularisée par convolution avec γ1 , ce qui ici n'est pas
97
98 13.3. Peigne de Dirac
nécessaire car pour la masse de Dirac δk il sut de considérer des fonctions continues en k. On a avec (13.40) :
ÿ
h∆
x1 , 1sk´ 1 ,k` 1 r i “
2 2
cm hδm , 1sk´ 12 ,k` 12 r i “ hck δk , 1sk´ 21 ,k` 12 r i “ ck ,
mPZ
ÿ ÿ
avec cm δm “ cm`k δm`k et donc, pour tout k, on a h∆
x1 , 1sk´ 1 ,k` 1 r i “ c0 “ ck ,
2 2
et donc :
mPZ m`kPZ
ÿ
∆
x1 “ c0 δk dans D1 pRq. (13.41)
kPZ
Puis : ÿ ÿ
h∆
x1 , 1s´ 1 , 1 r i “ h∆1 , 1{
2 2 s´ 21 , 12 r i “ h s´ 21 , 12 r i “
δk , 1{ 1{
s´ 12 , 12 r pkq,
k k
sin πt
avec 1{
s´ 21 , 12 r ptq “ sincπ ptq “ πt donne 1{
s´ 12 , 12 r p0q “ 1 et 1{
s´ 12 , 12 r pkq “ 0, d'où :
h∆
x1 , 1s´ 1 , 1 r i “ 1,
2 2
et donc c0 “ 1 et : ÿ
∆
x1 “ δk “ ∆ 1 . (13.42)
kPZ
Puis : ÿ ÿ
h∆a , ϕi
p “ ϕpkaq
p “ ψpkq
p “ h∆1 , ψi
p “ h∆
p 1 , ψi “ h∆1 , ψi,
k k
où on a posé :
1 t
ψpνq
p “ ϕpaνq
p et donc ψptq “ ϕp q.
a a
D'où :
ÿ1 k 1ÿ
h∆
p a , ϕi “ h∆1 , ψi “ ϕp q “ hδ k , ϕi,
k
a a a k a
1 ÿ p k 2i k πt
pS ˚ ∆a qptq “ Sp q e a . (13.43)
a kPZ a
1
Preuve. Avec Sp P C 8 pRq (car S à support compact), posant b “ a , sachant que δkb est absorbant et que
2iπkb.
Fpe q “ δkb , on a :
ÿ ÿ ÿ
2iπkb. 2ikπb.
FpS ˚ ∆a q “ Sp ∆
xa “ b Sp ∆b “ b Spkbqδ
p kb “ b SpkωqFpe
p q “ Fpb Spkbqe
p q,
kPZ kPZ kPZ
Dénition 13.18 Une distribution T P D1 pRq est dite périodique ssi il existe aě0 telle que τa T “ T .
Et on dit alors que T est périodique de période a quand a est le plus petit réel vériant τa T “ T .
(On exclut souvent le cas T “ constante, i.e. on parle de distribution périodique quand a ą 0.)
98
99 13.3. Peigne de Dirac
Exemple 13.20 Soit Tf “noté f la distribution régulière associée à une fonction périodique f P L1loc pRq de
période a. Montrons :
f “ f 1r0,as ˚ ∆a . (13.44)
Pour ϕPS on a :
ż ÿ ż pk`1qa ÿża
hf, ϕi “ f pxq ϕpxq dx “ f pxq ϕpxq dx “ f py`kaq ϕpy`kaq dy
R kPZ ka kPZ 0
ÿża ża ÿ
“ f pyq ϕpy`kaq dy “ f pyq p ϕpy`kaqq dx
kPZ 0 0 kPZ
ża ÿ ża ÿ
“ f pyq p pδka ˚ ϕqpyqq dy “ f pyq pp δka q ˚ ϕqpyq dy,
0 kPZ 0 kPZ
et donc :
hf, ϕi “ hf 1r0,as , ∆a ˚ ϕi “ hf 1r0,as ˚ ∆a , ϕi,
car ∆
q a “ ∆a et f 1r0,as étant à support compact le produit tensoriel est bien déni.
Théorème 13.21 Soit T est une distribution périodique. Si sa période est a ą 0, alors pour tout ε ą 0, il
existe S P E1 (distribution à support compact) t.q. supppSq Ă r´ε, a ` εs et t.q. :
T “ S ˚ ∆a , (13.45)
Preuve. Contrairement à l'exemple 13.20, on ne peut pas tronquer brutalement par 1r0,as (la fonction 1r0,as
n'est pas C8 T 1r0,1s n'a pas de sens).
et le produit
On commence par régulariser 1r0,as en posant ϕ “ γn ˚ 1r0,as où γn est l'approximation de l'identité δ0 (pour
1 a
le produit de convolution) donnée par (2.25), avec n assez grand pour que
n ă 2 . On a ϕ P DpRq et ϕT a un
1 1
sens, avec supppϕT q Ă r´ , a ` s. Montrons que :
n n
Exemple 13.22 T “ ∆a est périodique, et ∆a “ δ 0 ˚ ∆a , donc S “ δ0 convient, ainsi que S “ δka pour tout
k P Z.
Corollaire 13.23 Si T est périodique non nulle, alors sa transformée de Fourier Tp P S 1 n'est jamais une
fonction, mais est de la forme :
1 ÿ p k
Tp “ Sp qδ k , (13.46)
a kPZ a a
où S est donnée dans le théorème précédent.
99
100 13.4. Distributions à support borné et théorème de Shannon
le sous-ensemble des fonctions de L2 pRq dont la transformée de Fourier est à support borné dans r´B, Bs : on
dit que f est à largeur de bande limité en fréquence, ici largeur de bande 2B , et de largeur de demi-bande B.
1
Exemple 13.24 La fonction f “ sinc2πB est dans VB est dans VB car Fpsinc2πB qpνq “ 2B 1r´B,Bs pνq,
cf. (13.21) : le support de fp est borné.
´2iπcν 1 ´2iπcν
Et Fpτs f qpνq “ Fpτs sinc2πB qpνq “ e Fpsinc2πB qpνq “ 2B e 1r´B,Bs pνq, cf. (13.13). Donc τy
s f P VB
et τs f a même support que f .
y p
Lemme 13.25 Toutes les fonctions de VB sont C 8 pRq à croissance lente (croissance au plus polynomiale). Et
si f P VB alors toutes ses translatées vérient τs f P VB , pour tout sPR :
supppτy
s f q “ supppf q.
p (13.48)
wk “ τ k w0 , (13.50)
2B
i.e. :
? k ? sinp2πBt´kπq
wk ptq “ 2B sinc2πB pt´ q p“ 2B q, (13.51)
2B 2πBt´kπ
k
? `
donc telles que wk p 2B q“ 2B et wk p 2B q“0 pour tout k ‰ `.
k
Exercice 13.26 Montrer : w
x0 “ ?1 1r´2B,2Bs et w
xk “ ?1 e´iπ B 1r´2B,2Bs .
2B 2B
? 1
Preuve. On a, avec (13.20), 1{
r´B,Bs pxq “ 2B sinc2πB pxq “ 2B w0 pxq. Donc pw0 ˚ w0 q “ 2B p1r´B,Bs
{ ˚
1 1 1
1{
r´B,Bs q “ 2B Fp1r´B,Bs r´B,Bs “ 2B Fp1r´B,Bs q “ ?2B w0 .
.1 q
100
101 13.4. Distributions à support borné et théorème de Shannon
On a : ż
k `
pwk , w` qL2 “ 2B sinc2πB pt´
qsinc2πB pt´ q dt
2B 2B
żtPR
`´k
“ 2B sinc2πB pxqsinc2πB px´ q dx “ pw0 , w`´k qL2 .
xPR 2B
Et comme w0 est paire (w0 p´xq “ w0 pxq) on a :
ż ż
m m m 1 m
pw0 , wm qL2 “ w0 ptqw0 pt´ q dt “ w0 ptqw0 p ´tq dt “ pw0 ˚ w0 qp q“ ? w0 p q.
R 2B R 2B 2B 2B 2B
D'où si m “ 0
2
alors ||wm ||L2
“ “ ?12B w0 p0q “ 1, et si m ‰
||w0 ||2L2 0, alors pwk , w` qL2 “ 0 car
m
w0 p 2B q“0
2
pour m ‰ 0. Et la famille pwk qkPZ est bien orthonormale dans L pRq.
ÿ k k ÿ k sinp2πBt´πkq
f ptq “ fp q sinc2πB pt´ q p“ fp q q, (13.53)
kPZ
2B 2B kPZ
2B 2πBt´πk
k
et les f p 2B q sont les composantes de f sur la base orthogonale pτ k sinc2πB qkPZ (base non normée). Et ainsi
2B
f (et f en appliquant Fourier à (13.53)) est entièrement déterminée par un nombre dénombrable de réels, les
p
k 1
pf p 2B qqkPZ , son échantillonage sur la grille 2B Z.
2
Ou encore, en considérant Fourier inverse, si g P L pr´B, Bs; Rq, alors sa transformée de Fourier g p P VB est
1 k
entièrement déterminée par son échantillonage sur la grille Z (par ses valeurs ponctuelles g p q , k P Z).
2B p 2B
2
Et la décomposition sur la b.o.n. pwk qZ donne la norme L : pour f P VB , on a, pour t P R :
1 ÿ k 1 ÿ 2 k
f ptq “ ? fp q wk ptq, avec ||f ||2L2 “ f p q, (13.54)
2B kPZ 2B 2B kPZ 2B
1 k
et les ?
2B
f p 2B q sont les composantes de f sur la base orthonormale pwk qkPZ .
Et en appliquant la transformée de Fourier, fp est donnée par :
ÿ 1 k πk
@ν P r´B, Bs, fppνq “ f p´ q ei B ν , (13.55)
kPZ
2B 2B
soit :
ÿ 1 k πk
@ν P R, fppνq “ f p´ q ei B ν 1r´B,Bs pνq. (13.56)
kPZ
2B 2B
Et on a ainsi un isomorphisme :
$
& BV ÐÑ `2
k (13.57)
% f ÞÑ pf p qqkPZ .
2B
(Et même l'isométrie f ÞÑ ?1 pf p k qqkPZ .)
2B 2B
Preuve. Disposant du lemme de Shannon, il s'agit de montrer que la famille pwk qZ est génératrice dans VB .
Pour ce, il sut de montrer que (13.54) est vraie pour toute fonction f P VB . Comme f P L2 pRq, on a fp P L2 pRq.
Comme supppfpq P r´B, Bs, on a fp P L2 pr´B, Bsq et on dispose du développement en série de Fourier, cf. (9.7) :
pour (presque tout) ν P r´B, Bs (intervalle de longueur 2B ) :
1 B p
ż
ÿ 2ikπ ´2ikπ
fppνq “ ck e 2B ν , où ck “ f pνqe 2B ν dν. (13.58)
kPZ
2B ´B
101
102 13.4. Distributions à support borné et théorème de Shannon
iπk 2iπk
Fpe B . 1r´B,Bs qptq “ pFpe 2B . q ˚ Fp1r´B,Bs qqptq
“ pδ k ˚ 2B sinc2πB qptq “ 2B τ πk sinc2πB ptq
? 2B ? B
“ 2B τ πk w0 ptq “ 2B wk ptq.
B
Et donc :
ÿ 1 k ? 1 ÿ k
f p´tq “ fpptq “ f p´ q 2B wk ptq “ ? f p´ q wk ptq,
p
kPZ
2B 2B 2B kPZ
2B
et donc :
1 ÿ k
f ptq “ ? fp q w´k p´tq,
2B kPZ 2B
kπ kπ
avec w´k p´tq “ w0 p´t ` B q “ w0 pt ´ B q “ wk ptq puisque w0 est paire. D'où (13.54).
ÿ k k
@C ě B, f ptq “ fp q τ k sinc2πC pt´ q (13.60)
kPZ
2C 2C 2C
Remarque 13.30 Théorème de PaleyWiener : une fonction f est dans VB ssi c'est la restriction à l'axe réel
´ş ¯ 21
d'une fonction entière F pzq telle que
R
|F ps ` iτ q|2 ds ď CeBτ pour tout τ P R, C étant une constante
indépendant de τ. On ne s'en servira pas ici.
Théorème 13.31 Soit eB ptq “ e2iπBt . Si C ą |B|, alors pour tout tPR on a :
ÿ k k
eB ptq “ eB p q sinc2πC pt ´ q, (13.61)
kPZ
2C 2C
i.e. à condition de prendre C ą |B|, la fonction eB “ e2iπBt est décomposable sur les fonctions pt → sinc2πC pt ´
k
2C qqkPZ . řN
Et, par linéarité, si f“ k“´N ck e2iπBk t (somme nie), où les Bk , ck sont des réels, on a :
ÿ k k
si C ą max |Bk | alors f ptq “ fp q sinc2πC pt ´ q, (13.62)
k“´N,N
kPZ
2C 2C
pour tout t P R.
Preuve. Soit g “ eB 1s´C,Cr la fonction tronquée. Cette fonction est dans L2 pr´C, Csq et a donc pour série de
Fourier, au sens presque partout dans s ´ C, Cr :
car :
żC żC k k
1 k 1 k 1 e2iπpB´ 2C qC ´ e´2iπpB´ 2C qC
ck “ gptqe´2iπ 2C t dt “ e2iπpB´ 2C qt dt “ k
.
2C ´C 2C ´C 2C 2iπpB ´ 2C q
102
103 13.4. Distributions à support borné et théorème de Shannon
Et la fonction g étant C1 dans s ´ C, Cr, gptq est égal à sa série de Fourier : pour tout t Ps ´ C, Cr :
Et ceci est vrai quel que soit B P R. Donc, en inversant les notations tØB :
ÿ k k
T ptq “ Tp q ψpt´ q, (13.64)
kPZ
2C 2C
1
où n vérie
n ď minpB, C´Bq (à comparer avec (13.60)).
Preuve. Pour C ą B on prend n t.q. n1 ă C´B : donc r´C` n1 , C´ n1 s Ą r´B, Bs, et donc ϕ “ γn ˚ 1r´C,Cs
1 1
est une fonction de DpRq qui vaut 1 sur r´B, Bs (et qui est nulle sur R ´ r´C´ , C` s).
n n
Montrons que Tp est la fonction de DpRq donnée par :
Comme τc pf gq “ pτc f qpτc gq car τc pf gqpxq “ f px´cqgpx´cq “ τc f pxqτc gpxq, et comme ∆2C “ ∆
q 2C on a,
pour tout ζPS :
ÿ
hϕpTp ˚ ∆2C q, ζi “ hTp ˚ ∆2C , ϕζi “ hTp, ∆2C ˚ pϕζqi “ hTp, τ2Ck pϕζqi
kPZ
ÿ ÿ
“ hTp, τ2Ck pϕζqi “ hpτ2Ck ϕqTp, τ2Ck ζi,
kPZ kPZ
1 ÿ pp k 2ikπν 1 ÿ pp k 2ikπν
hT, ζi “ Tp q he 2C , ϕpνqζpνqi Tp q hFpe 2C ϕpνqqptq, ζptqi
q dt .
pq
dν “
2C kPZ 2C 2C kPZ 2C
103
104 13.5. Densité spectrale d'énergie
2ikπ.
Et avec Fpe ϕq “ τ ϕ
p et avec Tp “ Tq,
p
2C k on déduit :
2C
1 ÿ pp k q dt “ 1
ÿ k
hT, ζi “ Tp q hτ k ϕptq,
p ζptqi T p´ q hτ k ϕp´tq,
p ζptqidt
2C kPZ 2C 2C 2C kPZ 2C 2C
d'où :
1 ÿ k 1 ÿ k k
T ptq “ T p` qτ ´k ϕp´tq
p “ Tp qϕp´t
p ` q.
2C kPZ 2C 2C 2C kPZ 2C 2C
Remarque 13.33 En général la formule est fausse en prenant C “ B . Exemple avec fp “ δπ ´δ´π de période 2π ,
cas B “ π : c'est la transformée de Fourier de f ptq “ ?2i sinpπtq qui s'annule en tout k . En particulier
2π
f p kπ
B q “ f pkq “ 0 pour tout k, et (13.64) et visiblement faux quand on prend C “ B.
On en déduit :
Théorème 13.34 On conserve la formule de Shannon (13.60) dans le cas particulier, toujours supposant T P S 1,
suppTp Ă r´B, Bs et C ą B, sous la condition supplémentaire :
ÿ k
|f p q| ă 8, (13.66)
kPZ
2C
Preuve. Il s'agit de montrer, sous condition, que dans (13.64) on peut remplacer ψ par sincC . I.e. on veut
remplacer ϕ “ pγn ˚ 1r´C,Cs q par p1r´C,Cs q. On regarde donc :
ÿ k kπ ÿ kπ kπ
Dn “ | fp
q ψpt´ q ´ f p q sincC pt´ q|
kPZ
2C C kPZ
C C
´ÿ k ¯
ď ||Fpγn ˚ 1r´C,Cs q ´ Fp1r´C,Cs q||8 |f p q| .
kPZ
2C
g ||8
Mais ||p ď ||g||L1 pRq donne :
avec :
ż ´C` n1 ż C` n1
4
||γn ˚ 1r´C,Cs q ´ 1r´C,Cs ||L1 pRq ď dx ` dx ď ÝÑ 0.
1
´C´ n 1
C´ n n n→8
k
ř
D'où, dès que kPZ |f p 2C q| ă 8, on a Dn ÝÑn→8 0.
Pour f P L2 pRq, on a :
ż ż
f ptq “ fppνqe2iπνt dν où fppνq “ f ptqe2iπνt dt.
R R
Dénition 13.35 Le densité spectrale d'énergie (ou densité d'énergie en fréquence) est :
Φf “ |fp|2 , (13.67)
104
105 13.5. Densité spectrale d'énergie
ż
||f ||2L2 “ ||fp||2L2 “ Φf pνq dν, (13.69)
R
Exemple 13.36 Soit fB ptq “ sinp2πatq1r´B,Bs ptq (la fonction sinus tronquée). On a donc :
Remarque 13.37 Dans l'exemple précédent, sachant BsincB á πδ0 , et Bτa sincB á πδa , on obtient :
B→8 B→8
δa ´ δ´a
pFpsinp2πa.q1r´B,Bs q “q fx
B á p“ Fpsinp2πa.qqq dans S 1, (13.71)
B→8 2i
au sens, pour tout ϕPS :
ϕpaq ´ ϕp´aq
hfx
B , ϕi ÝÑ .
B→8 2i
Les ingénieurs ont tendance à noter :
Et à la limite B → 8, alors fx
B devient la distribution donnée par ses valeurs hfx
B , ϕi pour ϕPS dont le
2
calcul se fait en commençant par le calcul de |fx
B pνq| à B donné, avec (13.70) :
´ ¯
2 2 2 2
|fx
B pνq| “ B pτ a sinc 2πB pνqq ` pτ´a sinc 2πB pνqq ´ 2τ a sinc 2πB pνqτ´a sinc 2πB pνq ,
2 1
h|fx
B pνq| , ϕi ÝÑ pϕpaq ´ ϕp´aqq.
B→8 4
D'où :
2 1
|fx
B pνq| á |δa pνq ´ δ´a pνq|, dans S 1, (13.74)
B→8 4
ce qui a un sens, contrairement à (13.73) qui n'en a pas.
2
Interprétation : pour B grand, alors |fx
B pνq| est concentrée en a et en ´a, le graphe de fx
B ressemblant
π
à une courbe en double cloche, l'aire sous chaque cloche valant » 2.
Dénition 13.38 On dénit la fonction d'autocorrélation d'une fonction f :R→C par (avec s un décalage
en temps) :
ż8
Rf0 psq “ f ps ` tqf ptq dt “ pτ´s f, f qL2 . (13.75)
t“´8
105
106 13.6. Densité spectrale de puissance
Théorème 13.39 Pour f P L2 pRq, la fonction d'autocorrélation est la transformée de Fourier de la densité
spectrale d'énergie :
Rf0 “ FpΦf q. (13.76)
Preuve. Comme f P L2 pRq, on a |f |2 P L1 pRq et donc Fp|f |2 q “ FpΦf q est bien déni. Puis f ptq “
ş
?1 p fppωqe`iωt dω , d'où :
2π ωPR
ż8 ż ż
1 1
Rf0 psq “ ? p fppωqe`iωpt`sq dωq ? p fppνqe´iνt dνq dt
t“´8 2π ωPR 2π νPR
ż ż ż
1 1
“ ? fppωqfppνqeiνs p ? e`ipω´νqt dtq dωdν
2π ω ν 2π t
ż ż
1
“ ? fppωqfppνqeiνs δpω ´ νq dωdν
2π ω ν
ż
1
“ ? fppωqfppωqeiωs dω “ FpΦf qpsq,
2π ω
1
ş `ipω´νqt
comme annoncé, avec le calcul formel ?
2π t
e dt “ Fpe`ipω´νqt q “ δpω ´ νq au sens des distributions
(dans D1 pRq).
N.B. : pour faire le calcul sans abuser du caractère formel, on peut par exemple multiplier e`ipω´νqt par une
fonction d'approximation de 1R , i.e. on pose :
ż8 ?
Ipf, nq “ γn ptq dt,
f ps ` tqf ptq 2πx
t“´8
? ?
qui d'une part donne h 2πxγn , pτ´s f q f i ÝÑn→8 h 2π δp0 , pτ´s f q f i “ h1R , pτ´s f q f i “ Rf0 psq, et qui d'autre part
donne
1
ż ż
1
ż ?
Ipf, nq “ ? fppωqfppνqeiνs p ? e`ipω´νqt 2πx γn ptq dtq dωdν
2π ω ν 2π t
1
ż ż ? |
“ ? fppωqfppνqeiνs 2π γxxn pω´νq dωdν
2π ω ν
1
ż ż ?
“ ? fppωqfppνqeiνs 2πγn pω´νq dωdν
2π ω ν
1
ż ż ?
“ ? fppνqeiνs p fppµ`νq 2πγn pµq dµqdν
2π ν µ
1
ż ?
ÝÑ ? fppνqeiνs fppνq 2πdν “ Rf0 psq.
n→8 2π ν
La fonction d'autocorrélation dénie en (13.75) n'a pas de sens pour les fonctions f de type constante, sinus
ou cosinus (qui ne sont pas dans L2 pRq). On s'intéresse alors dans ce cas aux valeurs moyennes :
Dénition 13.40 Le coecient d'autocorrélation est la fonctionnelle R : f → Rpf q “noté Rf dénie sur R par
(quand ça a un sens) :
ż λ
1 2
Rf psq “ lim f pt`sqf ptq dt. (13.77)
λ→8 λ t“´ λ
2
ż λ ż λ
1 2 1 2
Rf psq “ lim eias dt “ eias lim dt “ eias ,
λ→8 λ t“´ λ λ→8 λ t“´ λ
2 2
soit donc Rf psq “ f psq : le coecient d'autocorrélation de f “ eia¨ est f elle-même. Autrement dit, la fonction-
nelle R : f → Rpf q “ Rf conserve les eiat pour tout a P R.
106
107 13.6. Densité spectrale de puissance
ż λ
1 2
V “ tf : R → C mesurable t.q. lim |f ptq|2 dt ă 8u. (13.78)
λ→8 λ ´λ
2
1 2
şλ şλ
1 2 ´s
Il est immédiat que si f P V , alors τs f P V pour tout s P R, puisque λ t“´ λ |f pt´sq|2 dt “ λ u“´ λ |f puq|2 du ď
2 2 ´s
ş µ2 µ
Cpλ, sq µ1 u“´ µ |f puq|2 du où on a posé µ “ maxp λ2 ´ |s|, λ2 ` |s|q et Cpλ, sq “ λ (on a µěλą0 et Cpλ, sq » 1
2
quand λ → 8).
On dénit un semi-produit scalaire sur V par :
ż λ
1 2
pf, gqV “ lim f ptqgptq dt, (13.79)
λ→8 λ ´λ
2
et la semi-norme associée :
λ
´ 1
ż 2 ¯ 12
||f ||V “ lim |f ptq|2 dt . (13.80)
λ→8 λ ´λ
2
Proposition 13.42 Toute fonction périodique de période T qui est de carré intégrable sur une période est
dans V, avec :
T
´1 ż 2 ¯ 21 ´ 1 ż a`T ¯ 21
||f ||V “ |f ptq|2 dt p“ |f ptq|2 dt , @aq, (13.81)
T T
2
T a
şT şT `a
Preuve. Soit λ ą 0 et soit k entier tel que λ P kT `s0, T s “skT, pk`1qT s. Sachant t“0 |f ptq|2 dt “ a |f ptq|2 dt
şT `a şT şT `a şT şa
pour tout a puisque a “ a` T “ a ` 0 pour les fonctions périodiques de période T , on a :
ż λ żλ ż t“kT żλ
2
2 2 2
|f ptq| dt “ |f ptq| dt “ |f ptq| dt ` |f ptq|2 dt
´λ
2 0 0 kT
żT żT
2
“k |f ptq| dt ` θ |f ptq|2 dt,
0 0
1 1 1 1
où θ P r0, 1s. D'où le résultat en multipliant par
λ avec kT `T ď λ ď kT et en faisant k → 8.
Remarque 13.43 L'espace V est un espace pré-hilbertien non séparable : par exemple la famille non dénom-
brable peiax qaPR est orthonormée :
żT
1
peiax , eibx qV “ lim eipa´bqt dt “ δab ,
T →8 2T ´T
(oùδab est ici le symbole de Kronecker) puisque, si b ‰ a la fonction eipa´bqt est périodique de moyenne nulle et
iax ibx
donc pe , e qV “ 0, et si a “ b on a ||eiax 2
ř ||V “ 1 la valeur moyenne.
iax
qaPR est donc libre (si aPR ca eiax “ 0 alors p aPR ca eiax , eibx qV “ cb “ 0 pour tout b),
ř
La famille pe et
donc une base de V contient au moins un nombre non dénombrable d'éléments.
107
108
dm dm´1 d
P1 “ m
` a1 m´1 ` . . . ` am´1 ` am . (14.1)
dt dt dt
Pour f : R → R, on veut résoudre l'E.D.O. (équation diérentielle ordinaire) de degré m avec m C.I. (conditions
initiales) : trouver u : R → R t.q.
Remarque 14.1 Rappel de la démarche classique de résolution, sachant : si f P C 0 pR; Rq, alors le théorème
m
de CauchyLipschitz donne l'existence et l'unicité d'une solution u P C pRq.
1- On considère l'équation diérentielle (14.1) homogène (i.e. pour f “ 0) sans condition aux limites :
Et on cherche les solutions de type t → uptq “ ert : on obtient, notant P : R → R le polynôme de degré m déni
par
P prq “ rm ` a1 rm´1 ` ... ` am´1 r ` am : (14.4)
les r doivent donc vérier P prq “ 0. On cherche donc les racines r de P. Si r est racine simple alors ert est
rt rt k´1 rt
solution, et si r est racine multiple d'ordre k alors
řm e , te , ..., t e sont solutions. On obtient m solutions
indépendantes ui , et toute combinaison linéaires i“1 c i u i de ces solutions est solution de (14.3).
2- Puis on cherche une solution particulière up à l'aide de la méthode de variation des constantes,
řm
3- Et la solution de (14.2) est de la forme u “ i“1 ci ui ` up (somme d'une solution homogène générique et
de la solution particulière trouvée), et on utilise les conditions initiales pour trouver les ci . (Voir cours de 1ère
année Equations diérentielles https://perso.isima.fr/~gileborg/Isimath1ereannee/ed_cours.pdf.)
But : résoudre (14.2) à l'aide du calcul symbolique (calcul algébrique), i.e. en donnant une formule formelle,
les conditions initiales étant utilisées a priori lors de la résolution (et non a posteriori comme dans la démarche
classique où les conditions initiales sont les constantes d'intégration). Pour ce, on va remplacer l'équation
diérentielle (14.2) par une équation algébrique (de type A ˚ x “ b, i.e. produit A fois x égal b) dans une bonne
algèbre, et on pourra inverser A pour obtenir x “ A´1 ˚ b :
pkq
Ayant δ0 ˚ A “ Apkq pour toute
1
distribution A P D pRq, on pose
pmq pm´1q
A “ P2 pδ0 q “ δ0 ` a1 δ0 ` . . . ` am´1 δ01 ` am δ0 P D1 pRq, (14.5)
qui donne A ˚ u “ upmq ` a1 upm´1q ` . . . ` am´1 u1 ` am u p“ P1 puqq, et on réécrit (14.2) sous la forme de
l'équation de convolution (un produit)
A ˚ u “ f. (14.6)
(En toute rigueur on utilise les distributions régulières T “ Tα associées aux fonctions α, et on écrit A˚Tu “ Tf .)
Remarque : il est clair qu'on ne peut pas obtenir directement u “ A´1 ˚ f (solution de (14.2)) puisque les
C.I. ne sont pas prise en compte. De fait D1 pRq est trop grand pour être une algèbre, et, dans D1 pRq, A n'a pas
un unique inverse.
Remarque 14.2 (Fourier). Une première méthode de résolution de (14.6) consiste à transformer le produit de
convolution en produit simple dans le cas particulier f P S 1 : la transformée de Fourier étant un isomorphisme
de S1 dans S 1, le problème est de trouver u P S 1 telle que, ayant A P E 1 ,
?
2π Apξq
p u ppξq “ fppξq, (14.7)
1 fppξq
u
ppξq “ ? dès que @ξ P R, Apξq
p ‰ 0. (14.8)
2π Apξq
p
Et il sut d'appliquer la transformée de Fourier inverse pour trouver u (mais le sut n'est pas simple...).
108
109 14.2. Algèbres de convolution
Exemple :
´u2 ` u “ f ðñ A ˚ u “ f où A “ ´δ02 ` δ0 , (14.9)
?
et p “ ?1 pξ 2 ` 1q, avec A
Apξq z pu, d'où d'où pξ 2 ` 1qp
˚ u “ 2π Ap upξq “ fppξq, d'où
2π
fppξq
u
ppξq “ . (14.10)
ξ2 ` 1
Et par transformée de Fourier inverse on en déduit u. Le Laplacien ∆ est la dérivée seconde dans R, et cette
égalité est conservée dans Rn sous la forme ~ 2 qp
p1 ` |ξ| ~ “ fppξq
upξq ~.
Nous n'utiliserons pas cette approche ici pour les équations diérentielles : on calculera directement l'inverse
A´1 de A pour le produit de convolution dans l'algèbre D1 pRq` , et on en déduira u.
p0 “q 1R ˚ δ01 q ˚ H0 ‰ 1R ˚ p δloomoon
p loomoon 1
0 ˚ H0 q p“ 1R q. (14.11)
Soient trois distributions R, S et T de D1 pRn q. On dénit formellement leur produit de convolution par :
(Les supports sont convolutifs.) Et dans ces cas le produit est associatif :
pR ˚ Sq ˚ T “ R ˚ pS ˚ T q. (14.14)
(Autre cas correspondant aux EDP : toutes les distributions, sauf une au plus, ont leur support borné, les
supports étant également convolutifs.)
Une loi interne ` sur un ensemble E est une application ` : pf, gq P E ˆ E → f ` g P E , i.e. une application
telle que si f PE g P E alors f ` g P E (stabilité).
et
Un groupe pE, `q est un ensemble E muni d'une loi interne ` (appelé addition quand un groupe sera complété
par une structure d'anneau) qui
(i) est associative, i.e. pf `gq`h “ f `pg`hq pour tout f, g, h P E ,
109
110 14.2. Algèbres de convolution
(ii) admet un élément neutre e P E, i.e. De P E t.q. e`f “ f `e “ f pour tout f PE (appelé élément nul
quand ` est l'addition),
(iii) tout élément f PE admet un opposé (ou inverse) dans E , i.e. il existe g P E tel que f `g “ g`f “ e.
Et cet inverse est alors unique : si h est un autre inverse, alors g “ ph`f q`g “ h`pf `gq “ h.
Et le groupe est commutatif (ou abélien) si f `g “ g`f pour tout f et g dans E .
Un anneau pE, `, ˚q est un groupe commutatif pE, `q muni d'une loi interne ˚ : pf, gq P E ˆ E → f ˚ g P E
(appelé un produit) qui
(i) est associative, i.e.pf ˚ gq ˚ h “ f ˚ pg ˚ hq pour tout f, g, h P E ,
(ii) admet un élément neutre δ , i.e. Dδ P E t.q. δ ˚ f “ f ˚ δ “ f pour tout f P E , appelé élément unité,
(iii) est distributive par rapport à `, i.e. pf ` gq ˚ h “ f ˚ h ` g ˚ h pour tout f, g, h P E .
Et un anneau est commutatif si f ˚ g “ g ˚ f pour tout f, g P E . Et dans un anneau, si l'inverse existe, il est
unique (même preuve que pour un groupe).
Un corps est un anneau t.q. tout élément ‰ e (élément neutre de `) admet un inverse pour la loi ˚ : @f P E ´teu,
Dg P E t.q. f ˚ g “ g ˚ f “ δ. Et un corps est commutatif si c'est en particulier un anneau commutatif (noter
qu'on dénit parfois un corps comme étant un corps commutatif ).
Une loi externe . sur un ensemble E relatif à un corps K est une application . : pλ, f q P K ˆ E → λ.f P E , i.e.
une application telle que si λPK et f PE alors λ.f P E (stabilité).
Un espace vectoriel pE, `, .q sur un corps K est un groupe commutatif pE, `q muni d'une loi externe . telle
que, si on note 1 l'élément unité du corps K :
1.f “ f , pour tout f P E ,
(i)
λ.pf ` gq “ λ.f ` λ.g , pour tout λ P K et tous f, g P E ,
(ii)
(iii) pλ ` µq.f “ λ.f ` µ.f , pour tous λ, µ P K et tout f P E ,
(iv) pλµq.f “ λ.pµ.f q, pour tous λ, µ P K et tout f P E .
Ces 4 lois impliquent également que, si on note 0 l'élément nul du corps K :
(v) 0.f “ 0 pour tout f P E , et
(vi) λ.e “ e pour tout λ P K , où e est l'élément nul de pE, `q, et généralement également noté e “ 0.
Une algèbre A “ pE, `, ˚, .q sur un corps K est
(i) un anneau pE, `, ˚q,
(ii) un espace vectoriel pE, `, .q sur K , et
(iii) λ.pf ˚ gq “ pλ.f q ˚ g “ f ˚ pλ.gq, pour tout λ P K et f, g P E (compatibilité . et ˚).
Et que cette algèbre est commutative si pE, `, ˚q est un anneau commutatif.
2
Exemple 14.5 Algèbre pRn , `, ˆ, .q des matrices carrées n˚n réelles est une algèbre non commutative sur le
corps K“R des réels.
δ0 ˚ T “ T ˚ δ0 “ T. (14.15)
On note
D1 pRq` “ tT P D1 pRq : supppT q Ă r0, 8ru. (14.16)
En particulier δ0 P D1 pRq` . On vérie immédiatement, à l'aide de la proposition 14.3, que pD1 pRq` , `, ˚, .q
est une algèbre, dite algèbre de convolution. C'est l'algèbre utile pour les équations diérentielles et le calcul
symbolique. (Application également à la transformée de Laplace).
pmq pm´1q
Dans la suite, comme A “ δ0 ` a1 δ0 ` . . . ` am´1 δ01 ` am δ0 P D1 pRq` , on va transformer (14.6) en :
1
pour g P D pRq` , trouver v P D1 pRq` t.q.
A ˚ v “ g. (14.17)
1 ´1
Donc, si A est inversible dans l'algèbre D pRq` , alors v existe et est unique et vaut v“A ˚ g.
Remarque 14.6 A “ E 1 pRn q est l'algèbre de convolution des distributions de Rn à support compact : permet
de traiter les équations aux dérivées partielles avec conditions aux limites.
Remarque 14.7 Dans R4 , on a l'algèbre de convolution des distributions à support dans le cône d'avenir t ě 0,
2 2 2 2
t ěx `y `z .
110
111 14.3. Équations de convolution et solution élémentaire
Dénition 14.8 Si APA est inversible dans A, son inverse A´1 “noté E est appelé la solution élémentaire de
équation de convolution (14.18) dans A, où donc EPA et
noté
A ˚ E “ δ0 , et E “ A´1 . (14.19)
(On note également E “ A˚´1 pour insister sur le fait que c'est l'inverse relativement à la loi ˚.) Autrement
dit v“E est solution de (14.18) dans le cas g “ δ0 .
Proposition 14.9 Si (14.18) admet une solution élémentaire E P A (si A admet un inverse dans A noté
A´1 “ E ), alors l'équation de convolution (14.18) admet une unique solution v dans A donnée par :
Preuve. On suppose donc que A admet une solution élémentaire E “ A´1 P A. On multiplie (convolution)
(14.18) à gauche par E, et on obtient :
E ˚ pA ˚ vq “ E ˚ g. (14.20)
1
On connaît une solution élémentaire E “ ´ 4πr (ou donc ∆δ0 ˚ E “ ∆E “ δ0 ), mais il n'y a aucune raison
1
pour que la solution soit unique (ici E R E 1 pRq) : si f est à support borné, u “ ´ 4πr ˚ f est solution particulière
et la solution générale est :
1
u“´ ˚ f ` distribution harmonique (14.22)
4πr
une distribution harmonique étant une distribution uh solution de ´∆uh “ 0 (équation de Laplace dont la
solution dépend des conditions aux limites, voir cours éléments nis).
(On rappelle que, dans R2 , toute partie réelle d'une fonction C→C dérivable (fonction holomorphe) est
une fonction harmonique.)
Remarque 14.11 Il n'existe pas toujours de solution élémentaire. Par exemple si A “ ϕ P DpRq alors A˚E “
ϕ˚E est dans C 8 pRq (régularisée), et donc ne peut pas être égale à δ0 : il n'y a pas de solution élémentaire.
Par contre, un théorème de Malgrange et Ehrenpreis assure que toute équation aux dérivées partielles à
coecients constants possède une solution élémentaire (et même une innité).
m m´1
d d d
associée à l'opérateur diérentiel P1 “ dt m ` a1 dtm´1 ` . . . ` am´1 dt ` am , cf. (14.1). Pour rester dans l'algèbre
1
D pRq` , au lieu de (14.6) où f P D pRq, on ne considère que les g P D1 pRq` , et on cherche v P D1 pRq` t.q.
1
111
112 14.4. Résolution de l'équation diérentielle dans D1 pRq`
Proposition 14.12 A est inversible dans l'algèbre de convolution D1 pRq` , et son inverse A´1 “noté E P D1 pRq`
1
(solution élémentaire dans l'algèbre D pRq` ) est
E “ H0 w, (14.25)
#
P1 pwq “ 0,
(14.26)
wp0q “ 0 “ w1 p0q “ . . . “ wpm´2q p0q, et wpm´1q p0q “ 1.
(toutes les conditions initiales sont nulles sauf la dernière qui vaut 1). Donc E est la fonction w tronquée en 0,
ou plus précisément est la distribution régulière associée à cette fonction tronquée.
A ˚ pH0 wq “ δ0 .
Les dérivées de la fonction H0 w au sens des distributions se calculent séquentiellement, en tenant compte des
conditions initiales (on rappelle que H01 “ δ0 et que δ0 est absorbant : wδ0 “ δ0 w “ wp0qδ0 dans D1 pRq) :
$ 1
’
’ δ0 ˚ w “ pH0 wq1 “ H01 w ` H0 w1 “ wp0qδ0 ` H0 w1 “ 0 ` H0 w1 ,
’
δ 2 ˚ w “ δ01 ˚ pδ01 ˚ wq “ H01 w1 ` H0 w2 “ w1 p0qδ0 ` H0 w2 “ 0 ` H0 w2 ,
’
’
& 0
’
’
... (14.27)
’ pm´1q
’
’ δ ˚ w “ wpm´2q p0qδ0 ` H0 wpm´1q “ 0 ` H0 wpm´1q ,
’ 0
’
’
% pmq
’
δ0 ˚ w “ wpm´1q p0qδ0 ` H0 wpmq “ δ0 ` H0 wpmq .
soit żt
@t ą 0, vptq “ wpt ´ τ qgpτ q dτ. (14.30)
τ “0
Preuve. On a E ˚ pA ˚ vq “ E ˚ g dans D1 pRq` qui est une algèbre, donc ˚ est associative
ż ici, avec E ˚ A “ δ0 et
δ0 ˚ v “ v ; d'où v “ E ˚ g, et (14.25) donne (14.29). D'où vptq “ ppH0 wq ˚ gqptq “ H0 pt ´ τ qvpt ´ τ qgpτ q dτ
τ PR
1
avec H0 pt ´ τ q “ 0 si t ´ τ ă 0, i.e. si τ ą t, et gpτ q “ 0 si τ ă0 (car gPD pRq` ) d'où (14.30).
Le problème (14.24) se résume ainsi : pour g P D1 pRq` ,
# + # +
trouver v P D1 pRq` t.q. trouver w solution de (14.26)
ðñ (14.31)
A ˚ v “ g, pour obtenir v “ H0 w ˚ g.
Exercice 14.14 Soit g : R → R une fonction L1 pRq de support inclus dans R` . À l'aide de la convolution,
résoudre v ` λv “ g dans D1 pRq` (résolution de (14.24)).
1
112
113 14.5. Résolution de l'équation diérentielle au sens des fonctions
dw
“ 0, wp0q “ 1 : donc wptq “ 1R ptq. (14.32)
dt
Donc solution élémentaire E P D1 pRq` :
Eptq “ H0 ptq. (14.33)
ş
Donc, dans D1 pRq` , l'inverse de la dérivée δ01 de δ0 est la primitive H0 “ δ0 de δ0 (on a H01 “ δ0 ).
v “ H0 u. (14.35)
Proposition 14.15 Si u est solution de (14.2) (EDO avec CI), alors v “ H0 u est solution de :
m´1
ÿ pkq
A ˚ v “ g, où g “ H0 f ` ek δ 0 P D1 pRq` , (14.36)
k“0
i.e.,
e0 am´1 am´2 ... a1 1 u0
¨ ˛ ¨ ˛¨ ˛
˚ e1 ‹ ˚ am´2 ... a1 1 0 ‹ ˚ u1 ‹
˚ . ‹ ˚ . .
‹˚ .
. ‹˚
‹
˚ . ‹ ˚ . .. . .
˚ . ‹“˚ . .
‹
. ‹˚ ‹. (14.38)
˚ ‹ ˚ ‹˚ ‹
˚ ‹ ˚ ‹˚ ‹
˝e ‚˝ u
a1 1 ...
‚ ˝ ‚
m´2 m´2
em´1 1 0 ... 0 um´1
(Donc les conditions initiales de (14.2) ont été mises dans le membre de droite g .)
Preuve. On reprend les calculs faits en (14.27) avec les nouvelles conditions initiales up0q, ..., upm´1q p0q :
$
’
’ pH0 uq1 “ H0 u1 ` up0qδ0 ,
’
& pH0 uq2 “ H0 u2 ` u1 p0qδ0 ` up0qδ01 ,
’
(14.39)
’
’ ...
’
’ pm´1q
pH0 uqm “ H0 upmq ` upm´1q p0qδ0 ` ... ` up0qδ0 .
%
“noté g ,
pm´1q
D'où A ˚ pH0 uq “ H0 P puq ` e0 δ0 ` . . . ` em´1 δ0 où les ei son donnés en (14.38).
113
114 14.5. Résolution de l'équation diérentielle au sens des fonctions
m´1
ÿ m´1
ÿ
pkq pkq
v “ E ˚ g “ H0 w ˚ g “ H0 w ˚ pH0 f ` e k δ 0 q “ H0 w ˚ H0 f ` ek δ0 ˚ H0 w, (14.40)
k“0 k“0
donc, ayant H0 u “ v ,
żt m´1
ÿ
@t ą 0, uptq “ wpt´τ qf pτ q dτ ` ek wpkq ptq. (14.41)
τ “0 k“0
pkq
Preuve. On applique (14.36), et on applique (14.27) : δ0 ˚ H0 w “ H0 wpkq pour k ď m´1.
Exemple 14.17 En particulier, résoudre l'équation diérentielle P1 puq “ f avec up0q “ ... “ upm´1q p0q “ 0
şt
donne uptq “ τ “0
wpt´τ qf pτ q dτ pour tout tą0 (solution particulière).
Exemple 14.18 En particulier, l'équation diérentielle homogène P1 puq “ 0 avec conditions initiales up0q, . . .,
řm´1
upm´1q p0q donnés, a pour solution uptq “ k“0 ek wpkq ptq pour tout t ą 0 (solution homogène avec C.I.).
żt
@t ą 0, uptq “ pH0 ˚ H0 f qptq ` e0 H0 ptq, i.e. uptq “ f pτ q dτ ` u0 ,
0
Opérateur de convolution associé : A “ pδ01 ´ λδ0 q ˚ pδ01 ´ λδ0 q “ δ02 ´ 2λδ01 ` λ2 δ0 . Ici λ est racine double du
polynôme associé P prq “ pr ´ λq “ r2 ´ 2λr ` λ2 .
2
114
115 14.5. Résolution de l'équation diérentielle au sens des fonctions
Solution homogène uh (solution de P1 uh “ 0) : combinaison linéaire des solutions indépendantes eλt et teλt ,
λt
donc uh ptq “ ae ` bteλt . Et la solution homogène qui nous intéresse a pour conditions initiales wp0q “ 0 et
w1 p0q “ 1, et donc :
wptq “ teλt .
Donc l'équation diérentielle :
ˆ ˙2
d
´ λ puq “ f avec up0q “ u0 , . . . , upm´1q p0q “ um´1 (14.45)
dt
a pour solution, sachant w1 ptq “ p1 ` tqeλt , e0 “ a1 u0 ` u1 et e1 “ u0 :
żt
@t ą 0, uptq “ pt ´ τ qeλpt´τ q f pτ q dτ ` ppa1 ` 1qu0 ` u1 qeλt ` u0 teλt , (14.46)
0
car e0 wptq`e1 w1 ptq “ pa1 u0 `u1 qeλt `u0 p1`tqeλt . On retrouve la somme d'une solution particulière (l'intégrale)
λt λt
et de la solution homogène (combinaison linéaire de e et de te ) avec C.I..
Exemple 14.23 Cas d'un polynôme qui a une racine multiple d'ordre m = cas de l'opérateur diérentiel
ˆ ˙m
d d noté d
P1 “ p ´ λIq ˝ . . . ˝ p ´ λIq “ ´λ (14.47)
dt dt dt
(où la puissance m dénote donc la composition des opérateurs). La solution élémentaire est
tm´1
E “ H0 w où wptq “ eλt , (14.48)
pm ´ 1q!
cf. (8.21). D'où
żt m´1
pt ´ τ qm´1 λpt´τ q ÿ
@t ą 0, uptq “ e f pτ q dτ ` ek wpkq ptq.
0 pm ´ 1q! k“0
d d d2 u du
P1 puq “ p ´ λ1 q ˝ p ´ λ2 q “ 2 ` a1 ` a2 u.
dt dt dt dt
Opérateur de convolution associé : A “ pδ01 ´ λ1 δ0 q ˚ pδ01 ´ λ2 δ0 q “ δ02 ` a1 δ01 ` a2 δ0 . Polynôme associé :
2
P prq “ pr ´ λ1 qpr ´ λ2 q “ r ` a1 r ` a2 .
1 1
Solution élémentaire E “ H0 w dans D pRq` est donné par H0 w t.q. P1 pwq “ 0, wp0q “ 0 et w p0q “ 1. Donc
λ1 t λ2 t 1 1
wptq “ c1 e ` c2 e avec c1 ` c2 “ 0 et λ1 c1 ` λ2 c2 “ 1, et donc c1 “
λ1 ´λ2 , c2 “ λ2 ´λ1 :
eλ1 t ´ eλ2 t
wptq “ .
λ1 ´ λ2
λ1 t λ2 t
Et avec e0 “ a1 u0 ` u1 et e1 “ u0 et w1 ptq “ λ1 e λ1 ´λ
´λ2
2e
on obtient :
ż t λ1 pt´τ q
e ´ eλ2 pt´τ q
@t ą 0, uptq “ f pτ q dτ ` e0 wptq ` e1 w1 ptq.
0 λ1 ´ λ2
(On retrouve le résultat connu).
d d d2 u
P1 puq “ p ´ iωq ˝ p ` iωq “ 2 ` ω 2 u.
dt dt dt
Opérateur de convolution associé : A “ pδ01 ´ iωδ0 q ˚ pδ01 ` iωδ0 q “ δ02 ` ω 2 δ0 . Polynôme associé : P prq “
2 2
pr ´ iωqpr ` iωq “ r ` ω . D'où
sinpωtq
wptq “ , @t P R. (14.49)
ω
şt
sinpωpt´τ qq
D'où, pour tout t ą 0, uptq “0 ω f pτ q dτ ` e0 wptq ` e1 w1 ptq. (On retrouve le résultat connu).
Cette équation est obtenue par transformation de Fourier partielle de l'équation des ondes (la transformée
de Fourier partielle permet dans ce cas de transformer une équation aux dérivées partielles en temps et en
espace en une équation diérentielle en temps).
115
116 14.6. Exemple générique
Lemme 14.26 Si deux distributions B P D1 pRq` et C P D1 pRq` sont inversibles dans D1 pRq` , alors B˚C est
inversible dans D1 pRq` d'inverse :
pB ˚ Cq´1 “ C ´1 ˚ B ´1 p“ B ´1 ˚ C ´1 q. (14.50)
Preuve. En eet, dans l'algèbre de convolution, le produit de convolution est associatif et il vient :
pB ˚ Cq ˚ pC ´1 ˚ B ´1 q “ B ˚ pC ˚ C ´1 q ˚ B ´1 “ B ˚ δ0 ˚ B ´1 “ B ˚ B ´1 “ δ0 , (14.51)
a pour solution
v “ B ´1 ˚ C ´1 ˚ g. (14.53)
Exemple 14.28 Soit A “ δ02 `ω 2 δ0 “ pδ01 `iωδ0 q˚pδ01 ´iωδ0 q “ B ˚C (avec ω ‰ 0). On a B ´1 “ pδ01 `iωδ0 q´1 “
´iωx
H0 pxqe dans D pRq` et on déduit que la solution élémentaire de A (dans l'algèbre D1 pRq` ) satisfait :
1
noté
@t ą 0, Eptq “ pδ02 ` ω 2 δ0 q´1 ptq “ pB ´1 ˚ C ´1 qptq “ H0 ptqeiωt ˚ H0 ptqe´iωt
żt żt (14.54)
sinpωtq
“ eiωpt´τ q eiωτ dτ “ eiωt e´2iωτ dτ “ ,
0 0 ω
d d d
(Associé à P1 “ p dt ´ z1 q ˝ p dt ´ z2 q ˝ . . . ˝ p dt ´ zm q.) D'où :
En particulier, notant pδ01 ´ z1 δ0 qk le produit de convolution pδ01 ´ z1 δ0 q ˚ . . . ˚ pδ01 ´ z1 δ0 q (k -fois), et pδ01 ´ z1 δ0 q´k
son inverse, on a :
cf. (8.21).
116
117 14.7. Calcul symbolique
2. On note ki la multiplicité de
śs zi , on note d le nombre de racines distinctes, et on décompose la fraction
1 1
rationnelle “ i“1 pz´zi qki en éléments simples (rappel générique = voir remarque 14.33),
P ppq
3. On en déduit w, d'où E “ H0 w,
4. On en déduit u, cf. (14.41) (écriture donnée par un programme comme Maple).
1 α β
“ `
pp ´ z1 qpp ´ z2 q p ´ z1 p ´ z2
1 1
avec α “z1 ´z2 (équation ci-dessus multipliée par p ´ z1 et valeur prise en p “ z1 ) et β “ z2 ´z1 (équation
ci-dessus multipliée par p ´ z2 et valeur prise en p “ z2 ). D'où
α β
w“ ` , i.e. wptq “ αez1 t ` βez2 t .
p ´ z1 p ´ z2
2- si z1 “ z2 , alors
1
w“ , i.e. wptq “ tez1 t .
pp ´ z1 q2
şt
Et, pour t ą 0, uptq “ τ “0
wpt ´ τ qf pτ q dτ ` e0 wpxq ` e1 w1 pxq où e1 “ u0 et e0 “ u1 ` a1 u0 .
d d d
Exemple 14.31 On veut résoudre p dt ´ z1 q ˝ p dt ´ z1 q ˝ p dt ´ z2 qu “ f pour des C.I. up0q “ u0 , u1 p0q “ u1 et
2 2
u p0q “ u2 , quand z1 ‰ z2 . Ici P pzq “ pz ´ z1 q pz ´ z2 q. D'où
1 α β γ
w“ “ ` ` , i.e. wptq “ αez1 t ` βtez1 t ` γez2 t . (14.59)
pp ´ z1 q2 pp ´ z2 q p ´ z1 pp ´ z1 q2 p ´ z2
1
Pour trouver γ on multiplie (14.59) par p ´ z2 puis on prend la valeur pour p “ z2 : γ “ pz2 ´z 1q
2 . Pour
2 1
trouver β on multiplie (14.59) par pp ´ z1 q puis on prend la valeur pour p “ z1 : β “ z1 ´z2 . Pour trouver α on
1
multiplie (14.59) par p et on fait tendre p vers 8 : α “ ´γ “ ´
pz2 ´z1 q2 .
şt
t ą 0, uptq “ 0 pαez1 pt´τ q ` βtez1 pt´τ q ` γez2 pt´τ q qf pτ q dτ ` e0 wptq ` e1 w1 ptq ` e2 w2 ptq.,
Et, pour où e0 “
u2 ` a1 u1 ` a2 u0 , e1 “ u1 ` a1 u0 et e2 “ u0 .
117
118 14.7. Calcul symbolique
Calcul général :
d
ź
P pzq “ pz ´ z1 qk1 pz ´ z2 qk2 . . . pz ´ zd qkd “ pz ´ zj qkj , où k1 ` ... ` kd “ m. (14.60)
j“1
1
On décompose
P pzq en éléments simples :
d ˆ ˙ ÿ d
1 ÿ cj,kj cj,1 ` ˘
“ ` . . . ` “ cj,kj pz ´ zj q´kj ` . . . ` cj,1 pz ´ zj q´1 (14.61)
P pzq j“1 pz ´ zj qkj pz ´ zj q j“1
D'où :
d ˆ
tkj ´1
ÿ ˙
wptq “ cj,kj ezj t ` . . . ` cj,1 ezj t . (14.62)
j“1
pkj ´ 1q!
Exemple 14.32 Voici un autre exemple d'application du calcul symbolique. Soit l'équation à l'inconnue u :
żx
cospx ´ tquptq dt “ gpxq. (14.63)
0
On a cos x “ 21 peix ` e´ix q et H0 pxqeix “ pδ01 ´ iδ0 q´1 dans D1 pRq` , et l'équation s'écrit :
1 1 1
ppδ ´ iδ0 q´1 ` pδ01 ` iδ0 q´1 q ˚ H0 u “ H0 g.
2 0 2
Soit avec la notation symbolique :
1 1 1
p ` qH0 u “ H0 g,
2 p´i p`i
1 1 1 p
d'où, puisque
2 p p´i ` p`i q “ p2 `1 :
p2 ` 1 1
H0 u “ H0 g “ pp ` qH0 g “ pδ01 ` H0 q ˚ H0 g.
p p
D'où la solution : żx
1
@x ą 0, upxq “ g pxq ` gptq dt. (14.64)
0
Ne pas oublier de considérer H0 g et non simplement g puisque qu'on doit travailler dans l'algèbre D1 pRq` .
1
Remarque 14.33 On rappelle que dans C les éléments simples sont les fractions rationnelles
pz´zi qj . Ainsi la
décomposition en éléments simples dans C est pour tout polynôme P de la forme :
si leszi sont les racines complexes de multiplicité ki (et zi ‰ zj quand i ‰ j ). (On appelle résidu les constantes
ai1
ai1 P C correspondant aux coecients z´z i
.)
1 αx`β
Par contre si on cherche les racines réelles, alors les éléments simples sont les
px´xi qj et les px2 `ax`bqj quand
x2 ` ax ` b n'a pas de racines réelles. Pour le calcul symbolique, on se place toujours dans C, et si le polynôme
est un polynôme réelle alors les racines complexes sont 2 à 2 conjuguées.
118
119 14.7. Calcul symbolique
Soit A et B deux polynômes. La division euclidienne de A par B est : recherche des polynômes Q (quotient)
et R (reste) t.q. :
A “ BQ ` R, où degpRq ă degpBq. (14.65)
Donc
A R
“Q` , où degpRq ă degpBq. (14.66)
B B
R
La décomposition en éléments simple se fait sur la fraction rationnelle F “ .
B
Soit zi les racines de B, 2 à 2 distinctes de multiplicité mi , au nombre de k (les pôles de F) :
k
ź
Bpzq “ pz ´ z1 qm1 ...pz ´ zk qmk “ pz ´ zj qmj . (14.67)
j“1
k ´
Rpzq ÿ cj,1 cj,mj ¯
F pzq “ “ ` ... ` . (14.68)
Bpzq j“1 pz ´ zj q pz ´ zj qmj
k
Rpzq ´ c1,1 c1,m1 ¯ ÿ ´ cj,1 cj,mj ¯
“ ` ... ` ` ` . . . ` . (14.69)
Bpzq pz ´ z1 q pz ´ z1 qm1 j“2
pz ´ zj q pz ´ zj qmj
Donc :
Rpzq Rpzq
pz ´ z1 qm1 “ śk “ c1,1 pz ´ z1 qm1 ´1 ` . . . ` c1,m1 ´1 pz ´ z1 q ` c1,m1
Bpzq j“2 pz ´ zj qmj
k ´ (14.70)
m1
ÿ cj,1 cj,mj ¯
` pz ´ z1 q ` ... ` .
j“2
pz ´ zj q pz ´ zj qmj
Donc avec z “ z1 on a :
Rpz1 q
c1,m1 “ śk . (14.71)
j“2 pz1 ´ zj qmj
Puis en dérivant (14.70) en z :
d Rpzq ´ ¯
p śk q “ c1,2 ` pz ´ z1 q ... , donne c1,2 avec z “ z1 . (14.72)
dz j“2 pz ´ zj q
kj
Et on continue à dériver en z.
Rpzq
Exemple 14.34 F pzq “ Bpzq oùRpzq “ az ` b et Bpzq “ pz ´ z1 q2 pz ´ z2 q.
c1,2 c1,1 c2,1
Donc F pzq “ pz´zaz`b2
1 q pz´z2 q
“ pz´z 1q
2 ` z´z ` z´z .
1 2
az`b c1,2 c1,1
Donc
pz´z1 q2 “ pz ´ z2 qp pz´z1 q2 ` z´z1 q ` c2,1 .
Donc z “ z2 donne pzaz 2 `b
2 ´z1 q
2 “ c2,1
az`b 2 c2,1
Puis
z´z2 “ c1,2 ` c1,1 pz ´ z1 q ` pz ´ z1 q z´z2 .
az1 `b
Donc z “ z1 donne
z1 ´z2 “ c1,2 . Puis :
119
120
15 Transformée de Laplace
Ce paragraphe est une introduction à la transformée de Laplace qui permet de justier le calcul symbolique
de manière plus simple a posteriori que la transformée de Fourier.
15.1 Dénitions
15.1.1 Cas des fonctions
Proposition 15.1 Si f P L1loc pRq est telle que pour α “ α0 P R la fonction |f ptqe´α0 t | est intégrable, alors
pour tout pPC tel que Reppq ě α0 la transformée de Laplace Lpf qppq est bien dénie.
Preuve. On a |f ptqe´pt | ď |f ptqe´Reppqt | ď |f ptqe´α0 t | sur R` : la domination par une fonction intégrable
donne bien f ptqe´pt P L1 pRq.
Dénition 15.2 Pour f P L1loc pRq donné, le plus petit α0 vériant la propriété précédente est appelé l'abscisse
de sommabilité (ou de convergence absolue) de l'intégrale de Laplace. Et le domaine (demi-plan) tp P C :
Reppq ą α0 u, où α0 est l'abscisse de sommabilité, est appelé domaine de sommabilité de l'intégrale de Laplace.
Exemple 15.3 Pour f “ polynôme non nul, l'abscisse de sommabilité est α0 “ 0 et le domaine de sommabilité
est le demi-plan de partie réelle strictement positive.
Pour f ptq “ et , l'abscisse de sommabilité est α0 “ 1 et le domaine de sommabilité est le demi-plan de partie
réelle strictement supérieur à 1.
2
Pour f ptq “ et , l'abscisse de sommabilité est α0 “ 8 (la transformée de Laplace n'existe pas).
2
Pour f ptq “ e´t , l'abscisse de sommabilité est α0 “ ´8 et le domaine de sommabilité est l'espace C tout
entier.
Dans tous les cas, pour déterminer l'abscisse de sommabilité, plutôt que f, on considère en fait les fonctions
tronquées H0 f , puisqu'on ne considère que l'intégrale sur R` .
Proposition 15.4 La transformée de Laplace d'une fonction f est une fonction C 8 pΩq où Ω est le domaine de
sommabilité. Donc Lpf q est une fonction holomorphe dans Ω et donc analytique dans Ω (développable en série
entière au voisinage de tout point de Ω).
Exemple 15.5 Pour la fonction de Heaviside H0 “ 1R` , son domaine de sommabilité est Ω “ R˚` ˆ R Ă C, et
sa transformée de Laplace est donnée par :
1
@p P Ω, LpH0 qppq “ , (15.2)
p
fonction qui est bien analytique dans Ω.
S “ SpCq l'espace des fonctions ϕ : t P R Ñ ϕptq P C telles que |ϕ| : t P R Ñ |ϕptq| P R est à
On note
décroissance rapide :|ϕ| P S .
´α0 t
1
Et dans ce cas, si T P D pRq` avec de plus e T P S 1 (on a donc e´α0 t T P D1 pRq` et est tempérée) on
pose pour p P C t.q. Reppq ą α0 :
déf
LpT qppq “ he´α0 t Tt , e´pp´α0 qt i (15.3)
120
121 15.2. Dérivées et translations, exemples
déf
LpT qppq “ hTt , e´pt i @p P C tel que Reppq ą α0
(15.5)
ż8
noté
“ T ptqe´pt dt.
t“0
On appelle abscisse de sommabilité (ou de convergence absolue) le plus petit α0 tel que e´α0 t T P S 1 . Et le
domaine (demi-plan) tp P C : Reppq ą α0 u, où α0 est l'abscisse de sommabilité, est le domaine de sommabilité
de l'intégrale de Laplace.
Preuve. Si α1 ´ α0 ą 0, alors, pour tout ϕ P S , on a e´pα1 ´α0 qt ϕ est C 8 pRq à décroissance rapide en `8 et
donc, pour T distribution à support dans R` :
toutes les quantités ci-dessus étant bien déni. On en déduit que e´α1 t Tt P S 1 . Puis avec ϕptq “ e´pp´α1 qt où
Reppq ě α1 (le support de T étant dans R` ) :
Proposition 15.7 Les transformées de Laplace des distributions de D1 pRq` sont holomorphes, et donc analy-
tiques, dans le domaine de sommabilité.
Preuve. C'est la propriété de dérivation sous le signe h., .i, proposition 6.4.
Proposition 15.8 Si pPC est dans le domaine de sommabilité de T P D1 pRq` , pour lPN et pour aPR :
En particulier, on retrouve le fait qu'une dérivation est transformée en expression polynomiale par Laplace.
121
122 15.3. Inversion de la Transformée de Laplace
1
LpH0 ptqeiωt qppq “ τiω LpH0 ptqqppq “
p ´ iω
1
LpH0 ptqe´iωt qppq “
p ` iω (15.11)
p
LpH0 ptq cospωtqqppq “ 2
p ` ω2
ω
LpH0 ptq sinpωtqqppq “ 2
p ` ω2
n
Exemple 15.11 Pour la fonction H0 ptq tn! :
tn 1 1 dn 1 1
LpH0 ptq qppq “ p´1qn`1 LpH0 qpnq ppq “ p´1qn`1 p q “ n`1 (15.12)
n! n! n! dpn p p
n
Et pour la fonction H0 ptqeλt tn! , dès que Reppq ą Repλq :
n
t tn 1
LpH0 ptqeλt qppq “ τλ LpH0 ptq qppq “ (15.13)
n! n! pp ´ λqn`1
122
123 15.4. Transformée de Laplace et convolution
On sait que la transformée de Laplace est une fonction holomorphe. Il s'agit donc de savoir sous quelles
conditions une fonction holomorphe Lppq est la transformée de Laplace d'une distribution.
Proposition 15.12 Pour qu'une fonction holomorphe p Ñ Lppq soit la transformée de Laplace d'une distribu-
tion de D1 pRq` , il faut et il sut qu'il existe un demi-plan α ą α0 (domaine de sommabilité) dans lequel Lppq
soit tempérée.
Preuve. Admis.
Proposition 15.13 Soit S P D1 pRq` , resp. T P D1 pRq` , ayant une transformée de Laplace pour p tel que
Reppq ą α1 , resp. tel que Reppq ą α2 , avec α1 , α2 P R.
Alors, pour tout p P C tel que Reppq ą maxpα1 , α2 q, on a :
LpS ˚ T qppq “ hpS ˚ T qt , e´pt i “ hSx b Ty , e´ppx`yq i “ hSx , e´px ihTy , e´py i (15.19)
Corollaire 15.14 Si T P D1 pRq` a une transformée de Laplace pour p dans le domaine de sommabilité Reppq ą
α0 , alors dans le domaine de sommabilité :
plq plq
Preuve. En eet, T plq “ δ0 ˚ T , d'où LpT plq qppq “ Lpδ0 qLpT q “ pl LpT q.
1
Lpδ0 qppq “ LpH01 qppq “ Lpδ01 ˚ H0 qppq “ Lpδ01 qppq LpH0 qppq “ p “1 (15.21)
p
1 1
Lpδ0 qppq “ 1, Lpδ01 qppq “ p, LpH0 qppq “ , LpH0 eλ. qppq “ . (15.22)
p p´λ
Puis grâce à la transformée de Laplace d'un produit de convolution :
123
124
d'inverse :
1 1 ´1 1
“ p ` q (15.27)
P ppq 2iω p ` iω p ´ iω
Et il vient :
1 ´1 1
Lpuqppq “ p ` qLpf qppq (15.28)
2iω p ` iω p ´ iω
D'où par transformée inverse (qui ne donne que u sur R` ) :
1 sinpωtq
pH0 uqptq “ p´H0 e´iωt ` H0 eiωt q ˚ H0 f ptq “ ˚ H0 f ptq (15.29)
2iω ω
résultat déjà vu. Ne pas oublier de considérer H0 f et non simplement f puisque la transformée de Laplace
inverse ne donne que la fonction tronquée H0 f (et non f ).
On notera Rn “ Rn´1 ˆ R “ t~x “ px1 , xn q P Rn´1 ˆ Ru, ce qui donnera l'écriture générique d'une fonction
n´1
ϕ:R Ñ R de graphe tpx1 , ϕpx1 qq : x1 P Rn´1 u Ă Rn . b
Et on notera x1 “ px1 , ..., xn´1 q P Rn´1 , ainsi que |x1 | “ x21 ` ... ` x2n´1 .
Bn´1 Ă Rn´1 et un intervalle ran , bn s dénissent le `cylindre' Bn´1 ˆran , bn s, et une fonction
Ainsi, une boule
ϕ : Bn´1 Ñ R avec ϕ P C 8 pBn´1 , Rq dénira une `surface' régulière (i.e., son graphe tpx1 , ϕpx1 qq : x1 P Bn´1 u
n
est une `surface inniment lisse' de R ).
Dénition 16.1 On dit que Ω ouvert borné de Rn est une domaine régulier si localement Ω est l'ensemble des
points situés au dessus du graphe d'une fonction C 8 pRn´1 , Rq, i.e. :
1. Ω est un ouvert borné connexe de Rn . On note ∂Ω sa frontière.
1
2. Pour tout ~a “ pa , an q P ∂Ω, il existe un repère orthonormé Ra (dit adapté), il existe ε ą 0 et η ą 0, et il
existe une fonction ϕa P C 8 pRn´1 , Rq tels que : dans le repère Ra on ait ~a “ p0, ..., 0q (origine dans Rn )
et : č
Ω tpx1 , xn q : |x1 | ă ε, |xn | ă ηu “ tpx1 , xn q : |x1 | ă ε, |xn | ă η et xn ą ϕa px1 qu (16.1)
On se donne un domaine régulier Ω et un point ~a “ pa1 , an q P ∂Ω. Avec ϕa déni ci-dessus dansŞun voisinage
Va de ~a, on dénit le vecteur normal unitaire extérieur (ou sortant) à ∂Ω en ~x “ px1 , xn q P Va ∂Ω comme
étant le vecteur normal unitaire au graphe de ϕa en ~ x déni par :
∂ϕa px1 q
¨ ˛
˚ ∂x1 ‹ ¨
´ ¯
˛
˚ ‹
1 ˚ ... ‹ 1 ˚ ∇ϕa px1 q ‹
~np~xq “ a ˚ 1 ‹“ a
‹ (16.2)
1 ` |∇ϕa px1 q|2 ˚ ∂ϕa px q ‹
˝ ‚
˚ 1 ` |∇ϕa px1 q|2
˝ ∂xn´1 ‚ ´1
´1
1 1
où ∇ϕa px1 q “ p ∂ϕ∂x
a px q
1
, ..., ∂ϕ a px q t 1 1
∂xn´1 q est le vecteur gradient de ϕa en x “ px1 , ..., xn´1 q, et |∇ϕa px q| sa norme
n´1
dans R . Noter que Ω étant (localement) au dessus du graphe de ϕa , la dernière composante de ~ np~xq est bien
dénie par un signe `´' pour avoir la normale extérieure (ou sortante). Pour mémoire :
124
125 16.1. Formules de Stokes et de Green
Dénition 16.2 On appelle i-ème cosinus directeur de la normale ~np~xq la projection du vecteur normal ~np~xq
dans la i-ème direction : cos θi “ p~np~xq, ~ei qRn “ ni p~xq.
Puis on dénit localement (au voisinage de ~a) l'élément de surface comme étant la mesure sur Rn´1 dénie
au voisinage de ~a par : a
dσa “ 1 ` |∇ϕa px1 q|2 dx1 (16.3)
1
où on a noté dx “ dx1 ...dxn´1 . On montre que cette mesure est indépendante du choix du repère Ra (exercice).
? 1
Et n'est autre que la jacobien de la transformation en x, voir cours d'intégration sur des surfaces
1`|∇ϕa px1 q|2
paramétrées.
Donc localement, i.e. pour ψ P Dpωq où ω ~a, on a déni dσa
est un `petit' voisinage de par :
ż a ż
hdσa , ψi “ ψpx1 q 1 ` |∇ϕa px1 q|2 dx1 “ ψ dσa .
Puis, à partir des propriétés locales, on passe aux propriétés globales : on recouvre K “Ω (compact) par
un nombre ni d'ouverts `cylindriques'. Quitte à considérer des unions de tels ouverts, on note ce recouvrement
Ť Ťm Ş
Ω0 p j“1 Ωj q, où on a noté Ω0 l'ouvert d'intersection vide avec ∂K et où Ωj ∂K ‰ H pour 1 ď j ď m. On
se donne alors une partition de l'unité χ0 ` χ1 ` ... ` χm relative à ce recouvrement, et on dénit l'élément de
surface au voisinage de ~x P ∂K par :
m
ÿ
dσ “ χi px1 qdσai (16.4)
i“1
On a ainsi une mesure globale sur ∂Ω (on fait la somme nie des mesures locales dans leurs repères adaptées).
Puis on dénit l'intégrale de surface d'une fonction continue f par :
ż
hdσ, f i “ f p~xq dσp~xq (16.5)
∂Ω
C'est la dérivée def dans la direction ~n. Attention, ici f est une fonction des n variables `px1 , xn q' et a un sens
n
dans tout l'espace R et non seulement sur la surface ∂Ω (variété d'ordre n ´ 1). Alors que la surface ∂Ω est
1
dénie (localement) comme une fonction ϕ des n ´ 1 variables x .
On note Rn` le demi-espace Rn´1 ˆ R` . On commence par une propriété locale grâce aux fonctions à support
compact, et on regarde le cas d'une frontière `plane'.
Preuve. On applique le théorème de Fubini en posant gpx1 , tq “ f px1 , t ` ϕpx1 qq qui est C8 et qui donne :
ż8 ż
∂g 1
px , tq dx1 ...dxn´1 dt “ 0 (16.9)
t“0 x1 PRn´1 ∂x1
125
126 16.1. Formules de Stokes et de Green
Et on a :
∂g 1 ∂f 1 ∂f 1 ∂ϕ 1
px , tq “ px , t ` ϕpx1 qq ` px , t ` ϕpx1 qq px q (16.10)
∂x1 ∂x1 ∂xn ∂x1
Il vient donc :
ż ż8 ż ż8
∂f 1 ∂f 1 ∂ϕ 1
px , t ` ϕpx1 qq dx1 dt “ ´ px , t ` ϕpx1 qq px q dx1 dt (16.11)
Rn´1 0 ∂x1 Rn´1 0 ∂xn ∂x1
Et ϕ étant indépendant de xn on a :
ż ż8 ż
∂f 1 ∂ϕ 1 ” ı8
px , t ` ϕpx1 qq dx1 dt “ ´ px q f px1 , t ` ϕpx1 qq dx1 (16.12)
Rn´1 0 ∂x1 Rn´1 ∂x1 t“0
d'où (16.7) pour i“1f étant à support compact. Et même calcul pour i ď n ´ 1.
Pour i “ n, on a directement, ϕ ne dépendant pas de xn :
ż ż ż
∂f 1 “ ‰8
px , t ` ϕpx1 qq dx1 dt “ f px1 , t ` ϕpx1 qq t“0
dx1 (16.13)
Rn
`
∂xn Rn´1
On en déduit :
Théorème 16.4 (Formule de Stokes) Pour un domaine régulier Ω Ă Rn et f P C 1 pΩ̃q où Ω̃ est un voisinage
de Ω, on a, pour i “ 1, ..., n : ż
ż
∂f
p~xq dx “ f p~xq ni dσp~xq (16.14)
Ω ∂xi ∂Ω
où ~n “ pn1 , ..., nn q est le vecteur unitaire extérieur à Ω.
Et donc, pour tout champ de vecteur X ~ : Rn Ñ Rn qui est C 1 dans un voisinage de Ω :
ż ż
~
divpXq dx “ ~ n dσp~xq
X.~ (16.15)
Ω ∂Ω
(formule de Stokes.)
¨ ˛
X1 px1 , ..., xn q
~ : px1 , ..., xn q Ñ ˚ . ~ “
X . C1 divpXq
‹
(On rappelle que pour ˝ . ‚ un champ de vecteur donné, on a
Xn px1 , ..., xn q
∂X1 ∂Xn
∂x1 ` ... ` ∂xn .)
m m
ÿ ÿ déf
f“ f χj “ fj , fj “ f χj
j“0 j“0
∂ϕpx1 q 1
ż ż
∂fj 1
px , t ` ϕpx1 qq dx “ fj px1 , ϕpx1 qq dx .
Rn
`
∂xi Rn´1 ∂xi
∂ m
ř
∂fj j“1 fj
řm ∂f
Puis comme j“0 ∂xi “ “ ∂x , on en déduit (16.14) pour tout 1 ď i ď n ´ 1.
∂xi i
Le cas i “ n est immédiat avec le lemme précédent et la dénition de ~n donnée en (16.2) ainsi que de
l'élément de surface dσ déni en (16.3). D'où la formule (16.14) pour tout 1 ď i ď n.
Et la formule de Stokes (16.15) s'en déduit puisque :
ż n ż n ż ż
~ dx “
ÿ ∂Xi ÿ
~ n dσ
divpXq p~xq dx “ Xi ni dσ “ X.~ (16.16)
Ω i“1 Ω ∂xi i“1 ∂Ω ∂Ω
126
127 16.2. Formule des sauts dans l'espace et formule de Rankine-Hugoniot
Théorème 16.5 (Intégration par parties) Si f et g sont deux fonctions C1 dans un voisinage d'un ouvert
n
régulier Ω de R , on a, pour tout i “ 1, ..., n :
ż ż ż
∂g ∂f
f dx “ ´ g dx ` f g ni dσ (16.17)
Ω ∂xi Ω ∂xi ∂Ω
Théorème 16.6 (Formule de Green) Si f et g sont deux fonctions C2 dans un voisinage d'un ouvert régulier
n
Ω de R , on a, pour tout i “ 1, ..., n :
ż ż
∂g ∂f
pf ∆g ´ ∆g f q dx “ pf ´ gq dσ (16.18)
Ω ∂Ω ∂n ∂n
C'est la contrepartie du cas 1-D, paragraphe 4.9.3, pour une fonction C 1 et C 0 par morceaux sur Rn .
n
Soit Ω un ouvert régulier de bord ∂Ω, et soit f une fonction dénie sur R supposée régulière par morceaux :
1 1 n
on suppose f P C pΩq et f P C pR ´ Ωq avec de plus f prolongeable au bord : d'une part en une fonction
fint P C 1 pΩq (intérieure), et d'autre part en une autre fonction fext P C 1 pRn ´ Ωq (extérieure).
On applique alors le résultat du cas 1-D, paragraphe 4.9.3, où maintenant l'élément de surface orthogonal à
la direction x1 a pour mesure n1 dσ :
Proposition 16.7 Pour la fonction f C1 par morceaux dénie ci-dessus, on a au sens des distributions, pour
tout i “ 1, ..., n : " *
∂f ∂f ` ˘
“ ` fext ´ fint ni dσ, au sens de D1 pRn q (16.19)
∂xi ∂xi
" *
∂f
où est la dérivée usuelle de f.
∂xi
ż ż
∂f déf ∂ϕ ∂ϕ ∂ϕ
h , ϕi “ ´ hf, i“´ f p~xq p~xq dΩ “ ´ f p~xq p~xq dΩ (16.20)
∂xi ∂xi Rn ∂xi ΩYpRn ´Ωq ∂xi
On applique la formule d'intégration par parties (16.17) sur chaque morceaux (f y est C 1) :
$ ż ż ż
∂ϕ ∂f
’
’ f x
p~ q x
p~ q dΩ “ ´ x
p~ q ϕp~
x q dΩ ` fint p~xq ϕp~xq ni dσ
& ∂xi Ω ∂xi
żΩ ż ∂Ω
ż (16.21)
’ ∂ϕ ∂f
’
% f p~xq p~xq dΩ “ ´ p~xq ϕp~xq dΩ ` fext p~xq ϕp~xq p´ni q dσ
Rn ´Ω ∂xi Rn ´Ω ∂xi ∂Ω
(~
n est la normale extérieure pour Ω et ´~n est la normale extérieure pour Rn ´ Ω.) On en déduit :
ż ż
∂f ∂f
h , ϕi “ p~xq ϕp~xq dΩ ` pfext ´ fint qp~xq ϕp~xq ni dσ (16.22)
∂xi ΩYpRn ´Ωq ∂xi ∂Ω
127
128 16.3. Équations aux dérivées partielles
Remarque 16.8 La formule des sauts (16.19) est aussi notée, dans D1 pRn q :
" * " *
∂f ∂f ` ˘ ∂f “ ‰
p~xq “ p~xq ` f p~x ` 0~nq ´ f p~x ´ 0~nq ni dσ “ p~xq ` f ni dσ (16.23)
∂xi ∂xi ∂xi
“ ‰
où f dénote le saut de f à travers ∂Ω. Et si ~x R ∂Ω, alors f est dérivable en ~x, et la dérivée au sens des
distributions est identiable à la dérivée usuelle : la mesure dσ à son support dans ∂Ω et si ϕ P DpRn q est nulle
sur ∂Ω, on a hdσ, ϕi “ 0.
Remarque 16.9 Une fonction d'une seule variable x1 , cas traité au paragraphe 4.9.3, se comporte comme le cas
n-D où Ω est un cylindre d'axe x1 , la normale sortante en `entrée' (à gauche) du cylindre valant ~np´1, 0, ..., 0q.
On retrouve alors : (i) σ0 “ f p~x ` 0q ´ f p~x ´ 0q “ ´f p~x ` 0~nq ` f p~x ´ 0~nq et (ii) n1 dσ “ ´1 σ0 δ0 . Et on retrouve
(
f 1 “ f 1 ` σ0 δ0 , au sens de D1 pRq (16.24)
La formule n-D peut s'en déduire heuristiquement en notant que la dérivée dans la direction 1 ne dépend pas des
f dans la direction 1 ne dépend pas de l'inclinaison
autres directions, et en particulier, le taux de variation de
de la surface par rapport sur l'axe x1 (qui dépend des autres directions) mais uniquement de l'aire de la surface
projeté, i.e., de n1 dσ .
pt, ~xq P RˆRn “ Rn`1 . Un choc (type `onde de choc') est décrit par la discontinuité
On considère les variable
n`1
d'une fonction u : R Ñ R notée upt, ~xq le long d'une surface Σ de Rn`1 . Le problème est alors de décrire les
lois de conservations sur Σ, surface supposée régulière. La normale à la frontière Σ est notée ~
n “ pn0 , n1 , ..., nn q P
Rn`1 .
Une loi de conservation de upt, ~ xq est décrite par :
n
∂upt, ~xq ∂upt, ~xq ÿ ∂ `
` divpf~pupt, ~xqq “ 0 “
˘
` fi pupt, ~xqq (16.25)
∂t ∂t i“1
∂xi
¨ ˛
f1 pvq
.
f~ : R Ñ Rn f~pvq “ ˝ . C 1 pR, Rn q.
˚ ‹
au sens des distributions, la fonction notée . ‚ étant une fonction qui est
fn pvq
On déduit de la formule des sauts que la densité par rapport à dσ vaut :
n
ÿ
“ ‰ “ ‰
upx ` 0~nq ´ upx ´ 0~nq n0 ` fi pupx ` 0~nq ´ fi pupx ´ 0~nq ni “ 0 (16.26)
i“1
C'est la formule de RankineHugoniot qui permet la description du choc (de la dérivée de la discontinuité de u
au sens des distribution).
A˚u“f (16.28)
∂ |α|
f P D1 pRn q.
ř
pour Dans le cas où |α|ďm cα ∂xα δ0 est une combinaison linéaire de masse de Dirac et de ses
A“
dérivées, l'équation de convolution est l'équation aux dérivées partielles :
ÿ ∂ |α| u
“f (16.29)
∂xα
|α|ďm
128
129 16.3. Équations aux dérivées partielles
Preuve. Ayant au moins deux des distributions ayant des supports compacts, à savoir A et f, le produit de
convolution est associatif et :
A ˚ pE ˚ f q “ pA ˚ Eq ˚ f “ δ0 ˚ f “ f (16.30)
d'où u “ E ˚f est solution. De plus, si on suppose u à support compact, alors le produit de convolution suivant
est associatif et donne :
u “ pE ˚ Aq ˚ u “ E ˚ pA ˚ uq “ E ˚ f (16.31)
et donc u s'il existe est unique. Et si A a un inverse dans l'algèbre E 1 pRn q, i.e. si A´1 existe, A´1 P E 1 pRn q et
A ´1
˚ f P E 1 pRn q, alors u “ A´1 ˚ f est bien solution dans E 1 pRn q.
Les fonctions solutions de cette équation sont appelées fonctions harmoniques, et dans R2 , ce sont les parties
réelles de fonctions holomorphes (voir par exemple Rudin [9] chapitre 11).
1 1
Proposition 16.12 La fonction ~r “ px, y, zq P R3 Ñ r|
|~ “ px2 ` y 2 ` z 2 q´ 2 P R est une fonction harmonique
3
dans R ´ t0u.
Preuve. En eet :
∂ 1r x ∂ 2 1r 1 3x2 1
@~r ‰ 0, “ ´ 3, 2
“´ 3 ` 5 , ∆ “0 (16.33)
x r x r r r
1 1
Il reste donc à voir ce qui se passe en 0. Noter que E“
4π r est une fonction localement intégrable de R3
et dénit une distribution régulière. Par contre, ce n'est pas une distribution à support compact.
1 1
E“´ (16.34)
4π r
a
où r “ |~r| “ x2 ` y 2 ` z 2 si ~r “ px, y, zq est le rayon vecteur.
1
$
’
& rěε
fε p~rq “ r (16.35)
% 1 rďε
’
ε
(faire le dessin.) Un calcul direct montre que ∆fε “ 0 dans R3 ´ Sε : fε est harmonique dans R3 ´ Sε . Et comme
fε converge presque partout vers 1r quand ε Ñ 0, on en déduit que fε á 1r dans D1 pR3 q. Et donc :
1
∆ “ lim ∆fε (16.36)
r εÑ0
(continuité de la dérivée dans D1 .)
129
130 16.3. Équations aux dérivées partielles
D'autre part, la fonction fε est continue sur Sε , et la formule des sauts donne au sens des distributions :
$
∂fε
"
∂fε
*
` ˘
"
∂fε
* & ´x , r ą ε
p~xq “ p~xq ` fε p~x ` 0~nq ´ fε p~x ´ 0~nq n1 dσ “ p~xq “ r3 (16.37)
∂x ∂xi ∂xi %
0, r ă ε
∂fε
On applique la formule des sauts à xq et il vient :
∂x p~
∂ 2 fε p~rq ∂ 2 fε p~rq
" *
∂fε ∂fε
“ `r p~r ` 0.~nq ´ p~r ´ 0.~nqs n1 dσε
∂x2 ∂x 2 ∂x ∂x
" 2 * (16.38)
∂ fε p~rq x
“ 2
´ 3 n1 dσε
∂x r
D'où :
~r.~n 1
∆fε “ 0 ´ dσε “ ´ 2 dσε (16.39)
r3 ε
~
r
puisque sur la sphère ~n “ r . D'où, pour tout ϕ P DpR3 q :
ż
1 1
h∆fε , ϕi “ ´ ϕp~rq dσε ÝÑ ´ ϕp0q4πε2 “ ´4πhδ0 , ϕi (16.40)
ε2 Sε εÑ0 ε2
D'où ∆ 1r “ ´4πδ0 , et
1
E “ ´ 4π 1
r est une solution élémentaire.
∆u “ f (16.41)
1 1
u“E˚f “´ ˚f (16.42)
4π r
Cette solution est C 8 pR3 ´ supppf qq et tend vers 0 à l'inni.
(Il y a d'autres solutions, à savoir u ` v où v est harmonique. Par contre on montrera que u “ E ˚ f est la
seule solution qui tend vers 0 à l'innie. f P E 1 représente une distribution de charge en électricité par exemple.)
Preuve. Puisque f P E 1 pRn q, la proposition 16.10 nous dit qu'eectivement E ˚ f est solution.
Maintenant, f étant à support compact, pour ~r xé, si ~r R supppf q, alors pour tout ~x P supppf q on a ~r ´~x ‰ 0
et : ż
pE ˚ f qp~rq “ hf p~xq, Ep~r ´ ~xqi “ f p~xq Ep~r ´ ~xq d~x (16.43)
~
xPsupppf q
(Écriture intégrale abusive si f n'est pas une fonction.) Et E˚f est bien C8 au voisinage de ~r puisque
8
~x Ñ Ep~r ´ ~xq est C sur un voisinage de supppf q (dérivation sous le crochet).
Il reste à montrer que u “ E˚f tend vers 0 à l'inni : f est une distribution à support compact donc
d'ordre ni (proposition 17.8). Soit m l'ordre de f. On a, l'existence d'une constante Cą0 telle que, si K est
un voisinage de suppf et si ~
rRK :
1 1
Toutes les dérivées de
r étant des fractions rationnelles d'ordre r k pour kě1 tendent vers 0 quand r Ñ 8. Et
on obtient pf ˚ Eq Ñ 0 quand r Ñ 8.
Corollaire 16.15 Si Ω Ă R3 et si u P D1 pΩq est harmonique, i.e. ∆u “ 0, alors u est une fonctionC 8 pΩq.
8
Autrement dit, les seules distributions harmoniques sont les fonctions harmoniques et celles-ci sont C pΩq.
130
131 16.3. Équations aux dérivées partielles
Preuve. Il s'agit de montrer qu'en ~r P Ω donné, u est C 8 . On se ramène à une distribution à support compact
v “ ϕu où ϕ P DpΩq vaut 1 dans un voisinage ω Ă Ω de ~r. Dans ce cas :
le produit de convolution étant associatif puisque deux des trois distributions sont à support compact. Et d'après
la proposition précédente, avec ici f “ ∆v , si ~r R suppp∆vq, alors E ˚ ∆v est C8 au voisinage de ~r, donc v est
8
C au voisinage de ~r.
Mais dans le voisinage ω , ϕ étant constante, ∆v “ ∆uϕ`2∇u.∇ϕ`u∆ϕ “ 0`0`0 “ 0. Donc ~r R suppp∆vq
et v “ uϕ est C8 en ~r. Donc u “ v{ϕ est C 8 au voisinage de ~r.
Il reste à voir qu'une fonction harmonique ne tend pas vers 0 à l'inni.
Proposition 16.16 (Propriété de la moyenne.) Soit Ω un ouvert de Rn et u une fonction harmonique dans Ω.
Alors si Bp~r0 , Rq Ă Ω, où Bp~r0 , Rq est une boule de centre ~r0 de rayon R de frontière SR , on a :
ż
1
up~r0 q “ up~rq dσR (16.46)
4πR2 SR
Autrement dit, pour u harmonique, la valeur de u en ~r0 est complètement déterminée par les valeurs de u au
bord SR .
1
h4πδ0 , ui “ h dσR , ui (16.47)
R2
On considère la fonction continue gR sur R3 :
$
& 1 ´ 1 , si r ě R
gR p~rq “ r R (16.48)
0, si r ă R
%
1
∆gR “ dσR ´ 4πδ0 (16.49)
R2
On en déduit (16.47).
Corollaire 16.17 (Principe du maximum) Une fonction harmonique non constante dans Ω atteint ses maxi-
mum et minimum au bord ∂Ω.
Preuve. Soit uM “ up~rM q le maximum de u atteint en ~rM . La fonction v “ u ´ uM vérie vp~rM q “ 0, elle est
harmonique et C 8 , et si elle n'est pas identiquement nulle on a vp~rM q ă 0 dans une boule de centre ~rM d'après
la propriété de la moyenne. Absurde, donc u “ cste “ uM .
Corollaire 16.18 Si u est une fonction harmonique qui tend vers 0 à l'inni dans R3 , alors u“0 dans R3 .
Preuve. Soit εą0 et R tel que |up~rq| ď ε pour r ą R. Et pour ~ r0 donné, ~r0 est centre de la boule de rayon
1
|~r0 | ` R, et l'inégalité de la moyenne donne up~r0 q ď 4π ε, et ce pour tout ε ą 0. Donc up~r0 q “ 0.
Remarque 16.19 Démonstration alternative du principe du maximum. Soit Ω un ouvert borné de Rn sim-
2
plement connexe de frontière Γ, soit u P C pΩ̄; Rq t.q. ∆u “ 0, soit m “ sup~xPΓ up~xq, soit M “ sup~xPΩ̄ up~xq.
131
132
Comme Ω̄ est compact, le sup est atteint dans Ω̄. Supposons M atteint dans Ω : on a M ą m et il existe ~x0 P Ω
tel que M “ up~x0 q. Soit d “ sup~x,~yPRn ||~x ´ ~y ||Rn le diamètre de Ω, et soit v : Ω̄ → R donnée par :
M ´m
vp~xq “ up~xq ` ||~x ´ ~x0 ||2Rn . (16.50)
2d2
Comme ||~x ´ ~x0 ||Rn ď d2 et ~x0 donne le sup de u on a :
$
& @~x P Γ : vp~xq ď m ` M ´ m d2 “ M ` m ă M,
2d2 2 (16.51)
vp~x0 q “ up~x0 q “ M.
%
Comme v est continu (car u et la norme le sont), v atteint donc son maximum dans Ω (pas sur Γ) en un point
~x1 P Ω. Comme v est C 2 (car u l'est et ||~x ´ x0 ||2 est un polynôme du second ordre en ~x) en le maximum ~x1 on a
∂2v
řn
dvp~x1 q “ 0 et nécessairement ∂px x1 q ď 0 pour tout i, donc ∆vp~x1 q ď 0. Comme ||~x ´~x0 ||2Rn “ i“1 pxi ´xi0 q2 ,
i q2 p~
∆u “ f (16.53)
Preuve. Si ∆u “ f alors ∆pu ´ E ˚ f q “ 0, et donc u´E˚f est une fonction harmonique. Et si elle s'annule
à l'inni, elle est identiquement nulle d'après le corollaire précédent.
On rappelle qu'une fonction est continue sur Ω si elle est continue en tout point xPΩ :
1
Par exemple, la fonction f pxq “ x est continue sur s0, 8r.
On rappelle qu'une fonction est uniformément continue sur Ω si :
Par exemple, la fonction f pxq “ x1 n'est pas uniformément continue sur s0, 8r : il existe ε ą 0, on prend ε “ 1
par exemple, tel que pour un η quelconque, on peut trouver (il existe) x et y , et on prend y “ 2x tels que
|x ´ y| ă η et | x1 ´ y1 | “ | y´x 1 1
xy | “ | 2x | ě 1 : prendre x ă η avec x ď 2 .
Puis on rappelle que toute fonction continue sur un compact K y est uniformément continue et atteint son
sup et son inf. Et on note alors :
noté
||f ||K,8 “ sup |f pxq| “ pK,0 pf q. (17.3)
xPK
On désigne par C m pΩq l'espace des fonctions dénies et m-fois continûment dérivables dans l'ouvert Ω.
132
133 17.1. topologie de DpΩq
En particulier, pK,0 “ supxPK |f pxq| “ ||f ||8 est la norme de la convergence uniforme sur C 0 pKq, et C 0 pKq
muni de cette norme est normé et complet : c'est un espace de Banach (normé et complet). De même, les
pC m pKq, pK,m q sont des espaces de Banach.
Lemme 17.1 Soit K compact, soit εą0 et soit Kε “ tx P Rn : dpx, Kq ď εu (voisinage compact de K ). Alors
0
si ϕ P C pKε q alors :
||ϕ||Kε ,8 ď ||ϕ||K,8 ` ε||ϕ1 ||Kε ,8 . (17.5)
Preuve. Pour x P Kε et x0 P K t.q. x0 P Bpx, εq (toujours possible par dénition de Kε ), il existe c P rx0 , xs
t.q. (théorème des accroissements nis) :
ÿ 1
dpf, gq “ minp1, pK,m pf ´ gqq, (17.6)
mPN
2m
mais C 8 pKq n'est pas un espace normé complet : il n'existe pas de norme qui le rende complet (complet
uniquement pour des distances).
Plus
simplement, si pKk qkPN est une suite croissante exhaustive de compact de Ω (telle que Kk Ă Kk`1
Ť
K déf p
et kPN k “ Ω), on considère les pk,m “ Kk ,m , et on dispose ainsi d'une famille de normes ppk,m qkPN
m m
dans C pΩq. D'où la distance sur C pΩq (comme en (17.6)) :
ÿ 1
dpf, gq “ minp1, pk,m pf ´ gqq. (17.8)
kPN
2k
133
134 17.2. Dénition des distributions
Et C 8 pΩq a ainsi une structure d'espace métrique complet (mais il n'y a pas de norme qui le rende complet),
voir par exemple l'annexe Espaces de Fréchet dans Bony [2] ou voir Zuily [14] chapitre 1).
Plus simplement pour C 8 pΩq, si pKk qkPN est une suite croissante exhaustive de compact de Ω, on considère
lespk,m “déf pKk ,m , et on dispose ainsi sur C 8 pΩq d'une famille de normes ppk,m qk,mPN . Et quitte à prendre
k “ m, on pose pm “déf pm,m , et on déduit une distance sur C 8 pΩq comme en (17.6) :
ÿ 1
dpf, gq “ minp1, pm pf ´ gqq. (17.10)
mPN
2m
ď
DpΩq “ C 8 pKq, (17.11)
K compact ĂΩ
cf. (17.9).
Dénition 17.2 On appelle distribution T tout élément de LpDpΩq, Rq “ D1 pΩq ensemble des formes linéaires
continues sur pDpΩq, ppK,m q K compact ĂΩ q. I.e. :
mPN
T pϕq ÝÑ 0. (17.14)
ϕ→0 dans DpΩq
134
135 17.3. Ordre d'une distribution
Exemple 17.4 Une fonction şf P L1 pRq dénit une distribution Tf d'ordre 0 puisque pour tout compact K et
toute fonction ϕ P DpRq on a
K
f pxq ϕpxq dx ď ||f ||L1 pK,0 pϕq.
Exemple 17.5 Puisque hδ0 , ϕi “ ϕp0q ď 1 pK,0 pϕq, la masse de Dirac dénit une distribution d'ordre 0 .
Et la dérivée de la masse de Dirac dénit une distribution d'ordre 1.
ř pkq
Et la distribution δ0 est d'ordre m.
řkďm pkq
Et la distribution kPN δk est d'ordre inni.
ř pkq
(Noter que la quantité kPN δ0 ne dénit pas une distribution : prendre une fonction qui au voisinage de 0
x
ř pkq ř
vaut ϕpxq “ e et pour laquelle h kPN δ0 , ϕi “ kPN 1 “ 8. C'est également une conséquence de la proposition
suivante.)
Proposition 17.6 La somme d'une distribution d'ordre m et d'une distribution d'ordre n est une distribution
d'ordre ď maxpm, nq.
Si T P D1 pΩq est d'ordre m alors T1 est d'ordre ď m ` 1.
Preuve. Soit S d'ordre m et T d'ordre n, avec m ď n. Comme pK,m pϕq ď pK,n pϕq on déduit |hS, ϕi|`|hT, ϕi| ď
CpK,n pϕq (détails à écrire).
1 1 1 1
Soit T d'ordre k . On a |hT , ϕi| “ |hT, ϕ i| ď CK pK,m pϕ q “ |hT, ϕ i| ď CK pK,m`1 pϕq (détails à écrire).
1 1
Si T “ Tf avec f P C alors Tf est d'ordre 0 et pTf q “ Tpf 1 q est aussi d'ordre 0 : l'inégalité n'est pas stricte.
1
Si T “ δ0 , distribution d'ordre 0, alors T “ δ0 , distribution d'ordre 1 : l'inégalité est optimale.
Exemple 17.7 Soit f P C 1 pRq. Soit Ha “ 1ra,8r la fonction de Heaviside en a. Alors la distribution
α
ÿ
||pχε ϕqpαq ||A,8 ď Cαj ||χpjq
ε ||8 ||ϕ
pα´jq
||A,8 ď Dε,α pA,α pϕq,
j“0
pjq
où Dε,α est une constante qui fait intervenir les coecients binoniaux et les ||χε ||8 pour j ď α. Et donc,
135
136 RÉFÉRENCES
m
ÿA
|hT, ϕi| “ |hT, χϕi| ď Eε,mA pA,mA pϕq, où Eε,mA “ Dε,α .
α“0
Et donc :
@ϕ P DpΩq, |hT, ϕi| ď Eε,mA pA,mA pϕq. (17.18)
puisque (17.18) est vrai sans hypothèse sur suppϕ. Donc T est au plus d'ordre mA .
pαq
si ϕ P DpΩq est t.q. @α ď m, ϕ|suppT “ 0, alors hT, ϕi “ 0. (17.20)
(Si ϕ et ses dérivées ϕpαq pour αďm sont nulles sur suppT , alors hT, ϕi “ 0.) (Vérication immédiate pour les
masses de Dirac et leurs dérivées.)
Le cas particulier des distributions à support réduit à un point est donné par :
Proposition 17.10 Les distributions ayant leur support réduit à un point tau sont des combinaisons linéaires
(somme nie) de dérivées de δa .
řk pjq
Preuve. Une telle combinaison linéaire s'écrit j“0 cj δa (somme nie) et à son support réduit à tau. Réci-
1
proquement, soit T P D pRq avec suppT “ tau. Alors T est d'ordre ni car T est à support compact. Soit m
son ordre.
On considère le développement de Taylor de ϕ à l'ordre m au voisinage de a :
m
ÿ px ´ aqj pjq
ϕpxq “ ϕ paq ` rpxq (17.21)
j“0
j!
où r P DpRq s'annule en a ainsi que toutes dérivées jusqu'à l'ordre m et donc hT, ri “ 0 d'après le corollaire
précédent. On en déduit que, pour ϕ P DpRq :
m
ÿ px ´ aqj
hT, ϕi “ ϕpjq paqhT, i ` 0, (17.22)
j“0
j!
soit :
k
ÿ px ´ aqj
hT, ϕi “ cj hδapjq , ϕi où cj “ p´1qj hT, i. (17.23)
j“0
j!
Références
[1] Artola M. : Distributions et équations aux dérivées partielles, Traité généralités, A1230a. Techniques de
l'Ingénieur.
[4] Guichardet A. : Calcul intégral, maîtrise de mathématiques C2. Collection U, Armand Colin.
[6] Lachand-Robert T. : Analyse harmonique, distributions, convolution, Traité généralités, A142. Techniques
de l'Ingénieur.
˝
[7] Meyer Y. : Le traitement du signal et l'analyse mathématique. Annales de l'Institut Fourier. Tome 50, n 2
(2000), pp.593-632.
136
137 RÉFÉRENCES
[12] Spiegel M.R. : Analyse de Fourier et application aux problèmes de valeurs aux limites. Mc Graw Hill, Série
Schaum.
[13] Trèves F. : Topological Vector Spaces, Distributions and Kernel. Academic Press.
[15] http://wims.unice.fr/wims/
[16] http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Math%C3%A9matiques
137