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University of Ottawa
http://www.archive.org/details/pierrebaylesavieOOcaze
PIERRE RAYLE
J'ai consulte avec fruit, pour cette notice, La thèse
de Lenient (Etude sur Bayle, 1855); — ^' Deschainps
(Genèse du scepticisme e'rudit chez Bayle, 1878) ;
— Brune tière (Études critiques, V se'rie) ; — Sainte-
Beuve (Portraits littéraires, tome I) ; — /. Delvolve
(Communication au Congrès international de phi-
losophie, tome IV).
PIERRE RAYLE
SA VIE
SES IDÉES, SON INFLUENCE
SON ŒUVRE
PREFACES
DE
PARIS ^^^'e\,
DUJARRIC ET C^% Éditeurs^
50, Rue des 1Saints-Pères,
905 50
// a été tiré de cet ouvrage
DIX exemplaires sur papier de Hollande
au prix de DIX francs
no6
A Albert TOURNIER,
Député de l'Ariég-e.
Deluns-Montaud.
PREMIERE PARTIE
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^
II. — Caractère de Bayle.
que.
CARACTERE DE BAYLE 2S
chez lui, mais non celle du cœur. Tout son art est
critique : lire, s'enquérir, disserter, discuter et ap-
prendre, voilà ses passions et ses joies.
Son trait dominant, c'est la curiosité, une « curio-
sité affamée » comme il le dit lui-même. Il est à son
aise dans les recherches érudites; les antiquités,
l'histoire, la biographie, voilà son domaine. Il est
peu porté aux mathématiques, parce qu'elles absor-
bent et dispensent des livres ; il est tout aussi désin-
téressé dans l'éloquence et la poésie, ce qui le rend
plus fidèle dans son office de rapporteur de la répu-
blique des lettres. Il n'a pas de préférences : il met
le ballet de Psyché au niveau des Femmes savantes ;
pour lui, « l'Hippolyte de Racine et celui de M. Pra-
don sont deux tragédies très achevées. » Pour cet
homme avide de tout savoir, l'un des graves incon-
vénients du séjour du Caria, c'est le trop grand éloi-
gnement. 11 guettait au passage les livres nouveaux,
ce qui ne l'empêchait pas de dévorer les livres an-
ciens, le plus souvent la plume à la main, mais tou-
jours àbride abattue, emmagasinant sans cesse, sans
crainte de fatiguer sa prodigieuse mémoire. Cet
homme était né bibliothécaire.
Une seule chose peut-être était plus forte que sa
curiosité; c'est sa nature éristique, sa soif d'examen
et de discussion. Il excelle à voir le fort et le faible
d'une question, c'est en se jouant qu'il met un ad-
versaire dans l'embarras, qu'il le poursuit jusque
dans ses derniers retranchements, qu'il dresse de-
CARACTERE DE BAYLE
f
IV. — Idées de Bayle sur la Religion
et la Providence.
vj
p
V. — Bayle et l'idée de tolérance.
Bayle est un des premiers écrivains qui aient
posé avec netteté l'idée de tolérance. Sans doute, on
trouverait avant lui des philosophes qui paraissent
avoir revendiqué la liberté des opinions. Montaigne
avait déjà dit : « Est-ce raison d'assommer des sau-
vages, parce qu'ils ne portent pas de hauts-de-chaus
se? » Mais jamais avant lui ces idées n'avaient pour
ainsi dire pris corps et formé un tout. Jamais elles
n'avaient été aussi fortement exprimées. Bayle était
plus que personne qualifié pour se faire l'apôtre de
la tolérance, lui qui avait eu tant à souffrir de la ty-
rannie sous toutes ses formes.
Nous avons vu que Bayle s'est de bonne heure
persuadé qu'il était très difficile à l'esprit humain
d'arriver à une certitude quelconque. Si personne
n'est certain de rien, il en résulte nécessairement
que chacun est libre de penser sur n''importe quel
sujet tout ce que bon lui semblera. A plus forte
raison devra-t-on blâmer ceux qui voudront impo-
ser par la force une soi-disant certitude. Et ainsi
Bayle est conduit à l'idée de tolérance.
M. l'évêque de Pamiers, qui n'admet pas que Ton
ne pense pas comme lui, prétend que « la tolérance
à la façon de Bayle n'est autre chose que l'oppres-
sion déguisée de ceux qui pensent et de ceux qui
^2 BAYLE ET L IDÉE DE TOLÉRANCE
f
VII. — Influence de Bayle.
De tous les écrivains du dix-septième siècle, Bayle
est certainement celui qui a eu le plus d'influence
sur les écrivains du siècle suivant. D'après tout ce
que nous avons dit de lui, il est facile de se
rendre compte que tout le dix-huitième siècle, avec
son inquiétude d'esprit, son besoin de critique, sa
curiosité ardente, est déjà en germe dans ses ou-
vrages. Bayle ouvre dignement cette magnifique
période de libre discussion et de combat qui abou-
tira, en passant par Montesquieu, l'Encyclopédie,
Voltaire et Rousseau, au fécond bouleversement de
la Révolution. C'est chez Bayle que le dix-huitième
siècle apprendra à lire, à raisonner, à penser.
Bayle a connu avant Diderot et Voltaire les grands
succès de renommée bruyante, grossis par le scan-
dale et les rigueurs de l'autorité. Les Pensées sur la
Comète ont eu le très grand honneur d'être arrêtées
par la police ; la Critique de l'Histoire du Calvinisme
a été brûlée en place de Grève par la main du bour-
reau; nous avons vu aussi que le Dictionnaire avait
été frappé d'interdit. Rien n'est plus curieux, — rien
n'est plus triste aussi, à un autre point de vue — ,
que de lire dans les Œuvres complètes le texte des
Ordonnances signées de M. delà Reynie, lieutenant
de police, et où de très gros mots sont prononcés
^!fF'
INFLUENCE DE BAYLE
0
7 ce sage, le plus doux et le plus pacifique des
contre
hommes.
Retranché dans son cabinet de Rotterdam,
derrière ses livres, Bayle pendant plus de vingt ans
dresse ses batteries, en plein règne de Louis XIV,
tandis que les Pascal et les Bossuet, les Male-
branche, les Arnauld, les Leibniz, les Fénelon,
occupent le devant de la scène. Cet ami de la paix
met le feu aux quatre coins de l'Europe ; il s'attire
des querelles de tous côtés, à Paris, à Londres, à
Berlin ; lorsqu'il ne peut discuter avec les vivants,
il discute avec les morts; il fait parler Saint-Augus-
tin, les sociniens, Libanius, Grégoire de Nazianze,
Cicéron, Sénèque; il passe au crible de son impi-
toyable critique tous les livres, tous les systèmes,
anciens ou modernes, catholiques ou protestants,
français ou étrangers. C'est l'activité personnifiée.
Sous ce rapport, je ne vois que Diderot qui puisse lui
être comparé; encore Diderot n'avait-il ni sa pro-
fonde érudition ni sa noblesse de caractère. Mais il
reste vrai que Bayle et Diderot sont nos deux pre-
miers grands journalistes : ils ont tous deux cette
humeur combative et cosmopolite, cette soif du do-
cument etdu fait nouveau, qui favorisent la diffusion
des idées. Bayle a partout des correspondants, amis ou
adversaires, en Angleterre, en Allemagne, en Fran-
ce, en Suisse, en Hollande. Ses livres s'impriment
à Londres, à Genève, à La Haye, à Rotterdam. Les
consistoires et les académies, en s'acharnant contre
INFLUENCE DE BAYLE
L'ŒUVRE DE BAYLE
AVERTISSEMENT
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92 LE SCEPTICISME DE BAYLE
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LE SCEPTICISME DE BAYLE
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II
REIJGIOIV et MORALE
Examen critique d'un trait de la vie de David.
David, ayant demeuré quelque temps dans la
ville capitale du roi Akis, avec sa petite troupe de
600 braves aventuriers, craignit d'être à charge à
ce prince, et le pria de lui assigner une autre de-
meure. Akis lui marqua la ville de Siceley. David
s'y transporta avec ses braves, et ne laissa point
rouiller leurs épées. Il les menait souvent en parti,
et tuait sans miséricorde hommes et femmes : il ne
laissait en vie que les bestiaux; c'était le seul butin
avec quoi il s'en revenait : il avait peur que les
prisonniers ne découvrissent tout le mystère au roi
Akis; c'est pourquoi il n'en amenait aucun, il fai-
sait faire main basse sur l'un et sur l'autre sexe. Le
mystère, qu'il ne voulait point que l'on révélât, est
que ces ravages se faisaient, non pas sur les terres
des Israélites, comme il le faisait accroire au roi de
Gath, mais sur les terres des anciens peuples de la
Palestine.
Franchement, cette conduite était fort mauvaise;
pour couvrir une faute, on en commettait une plus
grande. On trompait un roi à qui l'on avait de l'o-
bligation; et on exerçait une cruauté prodigieuse,
afin de cacher cette tromperie. Si l'on avait demandé
à David : « De quelle autorite fais-tu ces choses »,
qu'eùt-il pu répondre? Un particulier comme lui,
1^0 RELIGION ET MORALE
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qui n'ait été bien purgée de cette tache par ses parents
ou par ses amis , et de peur de supercherie il
faut que cela se fasse en présence de témoins.
Observons en passant que Diodore de Sicile
attribue le même goût aux habitants des îles que
nous nommons aujourd'hui Majorque et Minorque.
Il assure que dans la célébration de leurs mariages,
l'époux ne jouissait de sa femme qu'après que tous
les parents et tous les amis, qui avaient été priés au
festin nuptial, avaient joui d'elle, chacun selon le
rang que l'âge lui donnait
Ce que Cieça observe à l'égard du crime contre
nature est affreux : on le pratiquait hautement et
publiquement. Il y avait même des temples où on
l'exerçait comme un acte de religion; abomination
qui ne s'est point vue dans le Paganisme de l'an-
cienne Grèce, quoique la prostitution des femmes
en l'honneur des Dieux y fût assez commune
Faut-il que l'homme soit sujet à des folies si
contradictoires !
Cité par l'abbé Marsy,
(t. I, p. 208 et suiv.)
Dame les
effacé eûtautres
acquis une telle réputation, qu'elle eût
II,
66 RELIGION ET MORALE
Sur la religion.
BAYLE ET LA TOLÉRANCE
Impossibilité d'arriver à découvrir la vérité absolue,
— Respect des droits de la conscience errante.
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BAYLE ET LA TOLÉRANCE I79
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IV
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Antiquités d'Ypres.
Lettre de Louis XIV à M. Arnauld.
[Esprit curieux et amoureux du détail pittoresque ou
piquant, Bayle s'arrête complaisamment sur tout ce qui
lui paraît de nature à intéresser le lecteur tout en délas-
sant son esprit. C'est ainsi, par exemple, que dans son
article sur Ypres, il s'empresse de nous mettre sous les
yeux une lettre supposée de Louis XIV à Arnauld,
très amusante et très spirituelle, que l'on attribuait à
M. Roze, secrétaire du cabinet.]
-^^'^ '"^ ^
HAYT.H CRITIQUE LITTHRAIRK 2J9
Lettre à M. Bay^e.
[Voici une lettre que Bayle adresse à sonamiBayze,
réfugié à Dublin, en Irlande, et où s'affirme énerg-ique-
ment l'indépendance de son caractère.]
Lettre à M. le Duchat.
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Cantate en l'honneur de Bayle
pour l'Inauguration de sa statue
par CLOVIS HUGUES
Pages
Une statue méritée (Camille Pelletan) VI
Pierre Bayle (Deluns-Montaud) xvii
PREMIÈRE PARTIE
Etude sur Bayle
I. — Vie de Pierre Bayle 3
II. — Caractère de Bayle. 23
III. — Le « Scepticisme » de Bayle 31
IV. — Idées de Bayle sur la Religion et la Provi-
dence 4ï
V. — Bayle et l'idée de tolérance 51
VI. — La Morale de Bayle 61
VIL — Influence de Bayle 69
DEUXIÈME PARTIE
L' Œuvre
x\vertissement 83
I. — Le Scepticisme de Bayle (Pensées sur la Co-
mète) 87
IL — Religion et Morale 127
III. — Bayle et la Tolérance I73
IV. — Bayle critique littéraire 205
V. — Quelques lettres de Bayle 245
Table des Matières 265
Univers//
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ÉCOLE PROFESSIONNELLE D'IMPRLMERIE
Noisy le-Grand (Seine-et-Oise)
La Bibliothèque t The Librar
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Université diQttawa Uni ver si ty of Ottawa
Echéance Date Due
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CE PQ 1714
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CGC CAZES» ALBER BAY
PIERRE
ACC# 1443743