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La mélancolie de l'enfance
À travers le regard de Gabriel, le récit montre les mécanismes qui mène une
population à vouloir en détruire une autre.
Le roman évoque ainsi dès le prologue les tensions entre Hutus et Tutsis antérieures
au génocide, sans trop insister sur le rôle de la Belgique sur la construction de ces
crispations ethniques.
Il évoque aussi le ressentiment des Tutsis chassés du Rwanda, à travers la mère et
sa famille.
Gabriel montre surtout à quel point la guerre condamne chacun à prendre un parti,
de gré ou de force.
Gabriel est sommé par ceux qui l'entourent de prendre un parti, une décision, de
choisir avec qui il s'allie, de décider qui il combat.
La pression est exercée par Francis, rapidement rejoint par Gino, qui vont jusqu'à
forcer Gabriel à exécuter un inconnu peut-être innocent.
Petit pays retrace donc les étapes qui amène des individus en apparence paisibles
à devenir de plus en plus violents dans leurs discours puis dans leurs actes.
La migration et l'exil
Petit pays ne raconte pas seulement les massacres. Gabriel donne à voir les
mouvement de populations, qu'il s'agisse de migrations plus ou moins choisies ou
d'exils douloureusement volontaires.
Son père, tout comme Jacques ou Madame Economopoulos, sont des Européens
qui ont choisi de migrer en Afrique pour y mener leurs activités.
Ce statut de migrants privilégiés est critiqué par la mère, qui elle souhaiterait migrer
pour la France et le confort.
La mère, quant à elle, a connu l'exil, puisqu'avec une partie de sa famille, elle a dû
fuir le Rwanda pour le Burundi, où elle subit le racisme.
C'est de la douleur de cet exil que naît le ressentiment des Tutsis qui combattront
les Hutus génocidaires.
La situation initiale du récit, paisible en apparence, était donc déjà le fruit du
bouleversement de l'intime par l'histoire.
Gabriel, lui, connaît finalement l'exil, c'est-à-dire le départ forcé, puisqu'il doit fuir les
violences meurtrières du Burundi. Il quitte ainsi une terre natale qui n'est la terre ni
de son père ni de sa mère, mais à laquelle il est profondément attaché par ses
souvenirs.
Petit pays raconte donc ces mouvements, voulus ou subis, que les humains mènent
à travers les frontières. La migration comme l'exil sont représentés comme des
expériences douloureuses, sources de mélancolie. Seul le père semble faire
exception à ce principe.
Le tableau critique de l'Afrique post-coloniale
Dans le chaos de la guerre civile, Gabriel trouve une échappatoire grâce aux livres
que Madame Economopoulos lui prête.
Le jeune garçon se libère d'un quotidien angoissant et mortifère par l'évasion vers
des mondes imaginaires et idéaux.
Mais la littérature est également un miroir dans Petit pays. En effet, c'est sa propre
histoire que Gaël Faye raconte et romance. Il écrit pour mieux faire face à son
histoire.
La littérature agit comme un miroir réparateur pour l'auteur mélancolique et
traumatisé par les violences de l'histoire.