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Très prochainement, nous aurons l’honneur de vous accueillir sur notre territoire guyanais.
En notre qualité de Maires et de Présidents d’EPCI, nous sommes rigoureusement attachés à nous
positionner dans une démarche pragmatique de fonctionnement de nos collectivités locales, garante à la
fois d’une évolution harmonieuse de nos territoires et d’assurer le bien-être de nos concitoyens.
C’est ce juste équilibre que les Maires et les Présidents d’EPCI recherchent en permanence et qui nous
conduit aujourd’hui à vous adresser cette lettre afin de vous faire part des sujets qui nous paraissent
essentiels pour la Guyane, comme nous avons eu l’occasion de l’évoquer avec votre Ministre déléguée aux
Outre-Mer ce lundi 11 mars à Sinnamary.
Les Maires de Guyane et Présidents d’EPCI sont en première ligne, en particulier dans les zones
frontalières de la région qui sont particulièrement touchées par des activités illégales et qui
restent exacerbées par une insuffisance de contrôle et de surveillance.
De plus, l'orpaillage illégal représente une menace pour la sécurité environnementale et humaine,
contribuant à la déforestation, à la pollution des cours d'eau et à l'exploitation des travailleurs.
Pour nous, Maires de Guyane et Présidents d’EPCI, les effectifs supplémentaires ne devraient
pas consister uniquement en des « task force » envoyées quelques mois en renfort, mais
s’installer sur la durée afin de bien connaître les territoires, leurs acteurs et les problématiques
de terrain à résoudre.
Pour nous, Maires de Guyane et Présidents d’EPCI, des pistes peuvent être soit renforcées soit
explorées, en y consacrant des budgets dédiés, comme :
Ces solutions requièrent une approche holistique, collaborative et sur du long terme – il faut en
finir avec les programmes courts - impliquant tous les acteurs : pouvoirs publics, communautés
locales, entreprises, acteurs associatifs, … pour assurer une sécurité durable en Guyane.
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COLLER À LA RÉALITÉ DE NOTRE TERRITOIRE GUYANAIS
Les Maires de Guyane ont relevé ces derniers mois de très nombreuses incohérences entre la
réalité quotidienne et les chiffres délivrés par l'Institut national de la statistique et des études
économiques (INSEE). Nous avons déjà alerté l’INSEE afin qu’elle prenne conscience de ces
incongruités, comme :
▪ le nombre d’habitants en Guyane qui serait en baisse selon les derniers chiffres malgré une
forte croissance démographique.
▪ le doublement de la population de Régina, 1 716 habitants en 2024 contre 842 en 2023.
▪ la perte de 250 habitants de Macouria, 19 020 habitants en 2024 contre 19 252 en 2023.
Nous devons pouvoir nous appuyer sur des données fiables, nous permettant d’agir rapidement
et efficacement face aux crises sociales, sanitaires et économiques qui touchent de plein fouet les
Guyanais.
Comment développer des infrastructures publiques répondant aux besoins des habitants si les
données officielles ne témoignent en rien de notre réalité ? Comment construire et moderniser
nos écoles ? Comment bâtir nos logements ? Comment déployer nos réseaux énergétiques ?
Comment mettre en place nos réseaux de transport ? Comment garantir un accès aux soins
suffisant ?
Monsieur le Président de la République, faute d’un recensement rigoureux, savez-vous que dans
certaines de nos communes il existe des listes d’attente pour que les enfants puissent accéder à
des classes dans les écoles ?
Les Maires de Guyane souhaitent que l’INSEE modifie enfin sa méthode permettant de
considérer les spécificités de notre territoire :
▪ en mettant fin au décalage très problématique des 3 années qui séparent la prise de
référence statistique prise par l’INSEE et la publication des chiffres. Nous souhaitons que les
chiffres reflètent fidèlement la réalité statistique de notre territoire. La référence statistique
doit porter sur l’année N ou l’année N-1.
▪ en prenant en compte la réalité de l’habitat informel.
▪ en prenant en compte la présence d’orpailleurs et pêcheurs illégaux sur l’ensemble des
communes de Guyane.
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• La nécessité d’une meilleure péréquation pour prendre en compte les spécificités
du territoire guyanais.
Les communes guyanaises subissent une véritable injustice financière. Une injustice totalement
contraire au principe de péréquation qui vise, en théorie, à garantir une égalité entre les collectivités
locales au regard des charges auxquelles elles doivent faire face.
Avec 84 000 km2 de superficie, nous rappelons que la Guyane est le plus grand département
français !
Couplé à l’absence de fiabilité des données de l’INSEE sur lesquelles il se base, le mode de calcul
actuel de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) génère pour les communes guyanaises non
pas une garantie d’égalité mais une preuve d’injustice qui plombe le dynamisme local.
Les communes de Guyane font face à des défis uniques en matière d’infrastructures, de services
publics et de développement économique.
Aussi, les Maires de Guyane souhaitent que la future réforme de la DGF prenne en compte les
spécificités de notre territoire :
▪ en permettant une prise en compte de la superficie des communes guyanaises dans le
calcul de la DGF.
▪ en garantissant à toutes nos communes, même les plus éloignées et les moins peuplées, de
pouvoir bénéficier des ressources nécessaires pour assurer le bien-être de leurs habitants et
promouvoir un développement harmonieux sur l’ensemble du territoire guyanais.
▪ en associant pleinement les Maires de Guyane aux travaux du Comité des finances locales
qui œuvre actuellement à la forme de la DGF, telle que vous l’avez souhaitée, Monsieur le
Président de la République, en marge du dernier Congrès des Maires en novembre 2023.
D'abord, il est important de noter que l'octroi de mer a été conçu pour protéger l'industrie locale en
taxant davantage les produits importés.
Dans son rapport, la Cour des comptes a indiqué que l’octroi de mer avait un impact positif sur les
recettes des communes, représentant une part significative de leurs budgets de fonctionnement.
En revanche, toujours selon la Cour des comptes, l’octroi de mer n’améliorerait pas la compétitivité
de nos entreprises locales et entraînerait de la cherté pour les consommateurs locaux.
Le changement préconisé consisterait à remplacer l’octroi de mer par une nouvelle taxe, une « TVA
régionale ».
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Pour les Maires de Guyane, il est crucial :
▪ d'équilibrer les besoins des consommateurs, des collectivités locales et des
entreprises pour assurer un développement durable de la région.
▪ de prendre en compte l'impact sur l'industrie locale. Si l'octroi de mer est réduit, les
produits importés pourraient devenir plus compétitifs, ce qui pourrait menacer les
entreprises locales.
▪ de diligenter une étude d’impact approfondie dépassant le cadre de l’enquête
actuelle.
▪ de garantir une gestion régionale de cette potentielle nouvelle taxe, de la fixation
des différents taux, de ses exonérations le cas échéant, etc…
Pour les Maires de Guyane, il ne serait pas acceptable que des opérateurs ou bailleurs
puissent directement intervenir sur les territoires communaux sans que nous soyons
consultés et avisés ; il appartient aux Maires de veiller à la cohérence des plans locaux
d’urbanisme.
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• La question épineuse de l’emprise territoriale de l’Etat sur le foncier guyanais doit
être repensée.
À l’heure actuelle, lorsqu’une entreprise souhaite s’implanter sur un territoire de Guyane, ce
sont les opérateurs de l’Etat – l’ONF par exemple – qui fixeraient le montant du loyer ou de la
cession du terrain sur lequel l’entreprise va s’installer, sans consultation de la commune sur
laquelle l’opération s’effectue.
C’est également l’opérateur qui va – seul – encaisser le prix de cession ou de loyer, alors que
l’arrivée d’une entreprise coïncide le plus souvent avec de nouveaux salariés, des familles, et
donc des besoins en infrastructures publiques ; celles-ci étant à la charge des communes.
Pour les Maires de Guyane, il est essentiel que ce mode opératoire soit entièrement
repensé et que les communes puissent bénéficier de tout ou partie de ces sommes afin
d’améliorer et de contribuer à leurs budgets et de leur action territoriale tant en
investissements qu’en fonctionnement, au service des populations déjà présentes ou qui
viendraient à s’installer.
•••
Vous l’aurez compris, nous avons voulu être très concrets, en abordant certains sujets prégnants qui
impactent le quotidien immédiat et proche des guyanaises et des guyanais.
Mais nous attendons également de votre venue qu’elle coïncide avec un échange approfondi sur des
problématiques qui sont également essentielles pour la Guyane : celle du processus d’évolution
institutionnelle, celle du désenclavement et enfin celle du développement durable du secteur pêche et
aurifère.
Concernant le processus d’autonomie statutaire, vous comprendrez aisément qu’après les nombreux
travaux, rencontres, propositions qui ont déjà été faites, il est important que l’ensemble des élus
guyanais : Maires et Présidents d’EPCI, Conseillers Territoriaux, Parlementaires, … mais aussi les forces
vives de notre territoire, puissent vous entendre et puissent échanger avec vous.
Les Maires et Présidents d’EPCI sont mobilisés et attendent beaucoup des discussions que nous pourrons
avoir sur l’ensemble de ces sujets et des avancées concrètes qui seront susceptibles d’en découler.
Dans l’attente de vous rencontrer en Guyane, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la
République, l’assurance de notre haute considération.
Michel-Ange JEREMIE
Maire de Sinnamary