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TRAVAILLEUR MÉDIATIQUE
Résister à la fabrication
du consentement
Massot Éditions
Septembre 2021
Alain Damasio
4. Antoine Peillon, Cœur de boxeur, Les Liens qui libèrent, Paris, avril 2019.
5. Marc Endeweld, Le Grand Manipulateur, Stock, Paris, 2019.
6. Maxime Renahy, Là où est l’argent, Les Arènes, Paris, 2019.
7. Marc Eichinger, L’homme qui en savait beaucoup trop, Massot, Paris, 2020.
8. Le sociologue Alain Accardo, in Médias et censure, éditions de l’université
de Liège, Liège, 2004.
Tout cela n’est possible que parce que nous ne sommes plus tout
à fait dans un État de droit. La garde des Sceaux, Mme Belloubet,
prend ses ordres à l’Élysée. Elle s’est opposée à Bruxelles par
exemple à la loi de protection des lanceurs d’alerte. Elle a fermé
les yeux quant à la nomination du procureur de la République
de Paris, Rémy Heitz, par Emmanuel Macron lui-même, contre
l’avis du Conseil supérieur de la magistrature. Ce même procureur,
dans l’affaire Benalla, avait classé sans suite les poursuites contre
le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, et
le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler. Deux grands servi-
teurs non pas de l’État mais de la macronie décomplexée. Celle
que l’ONU classe aujourd’hui au même rang que le Soudan et le
Zimbabwe en matière de violences policières.
J’habite à côté de Metz et, depuis que je suis tout petit, je lis
Le Républicain lorrain. D’abord pour les comptes rendus de foot
sur le FC Metz. Dans une autre vie, je me suis opposé à la patronne
de ce journal, Marguerite Puhl-Demange. J’en ai fait l’héroïne d’un
de mes documentaires. Elle était de droite, catholique, détestait
les communistes mais leur donnait la parole. Elle faisait quoti-
diennement un journal de droite, avec une âme, des opinions. Peu
après la mort de Marguerite, en 1999, sa famille a fini par céder
aux caprices et à l’argent du Crédit mutuel qui s’est mis à racheter
tous les journaux de l’est du pays et à devenir, avec six millions de
lecteurs, le plus important média de presse écrite de France. De
Vosges matin à L’Alsace, du Républicain lorrain au Progrès de Lyon,
de L’Est républicain au DNA : au début, les journaux ont gardé
leurs agences locales et leur rédaction éclatée, leurs pages France,
région, département, municipalités, sport… Et puis petit à petit, à
coups de compressions, de regroupements, le journal s’est norma-
lisé, a réduit ses coûts de production au rythme de la perte de ses
lecteurs. On a gardé les pages locales et les pages région en les
resserrant. On a surtout regroupé les infos générales pour les dix
journaux du groupe. On a nommé à la tête de ces infos générales
un rédacteur en chef… Tous les journaux du groupe ont publié les
mêmes infos et chacun fait sa une en concertation avec Paris.
Mais ce n’est pas fini, moi qui pensais avoir touché le fond
avec le groupe Ebra, qui vois-je arriver plein écran sur ce même
plateau ? Le rédacteur en chef des infos générales du groupe
Ebra. L’homme qui gère le flux et les choix rédactionnels en
infos générales et politiques de tout le groupe. Pascal Jalabert
est journaliste. Il débat à la télé, comme le font aujourd’hui un
Début août 2019, pendant que mes amis bronzent, que leurs
neurones se mettent en mode transat, que les plus fauchés se
demandent s’ils collent des rustines sur leur piscine ou s’ils en
achètent une neuve, où François Ruffin annonce de sa cuisine
qu’il a besoin de souffler, où notre bien-aimé président s’ap-
prête à recevoir Vladimir Poutine à Brégançon, où le cadavre
de Steve remonte à la surface de la Loire, Christophe Castaner
bâille en lisant le dernier rapport du préfet de Bousquet sur
« la stratégie nationale du renseignement ». On me l’a genti-
ment fait parvenir. Sa lecture me plonge dans des abîmes de
perplexité.
Soit plus de trois millions par mois. Soit cent mille euros par
jour.
des salariés à qui il faut payer les tickets resto et tout le reste »,
explique un ancien salarié.
Pas mal.
17. Serge Daney, L’Exercice a été profitable, Monsieur, POL, Paris, 1993.
20. Le papier a été publié dans un ouvrage reprenant mes articles sur l’affaire
de la Vologne : J’ai tué le fils du chef - Affaire Grégory, le roman de la Vologne,
1984-2018, Hugo doc, Paris, 2018.
Dans les montagnes, les glaciers fondent. Sur les plages, les
algues nourries aux pesticides et aux engrais pullulent. Et les
vaches, vous voulez qu’on parle des vaches ? Pas seulement
celles élevées en stabulation. Celles qu’on oblige à pisser du lait
parce qu’on a enlevé leurs veaux. Je déjeunais avec un copain
végane cette semaine. Je sais, personne n’est parfait. Il broyait
du noir et des petits piments avec du chou quand j’attaquais
sans angoisse un bœuf en daube, et nous avons abordé la ques-
tion du fromage. Je lui ai demandé pourquoi il ne mangeait pas
de fromage.
— Les vaches, on est bien obligé de les traire, j’ai fait.
Et j’ai appris à cet instant que non, on n’est pas obligé de les
traire, en tout cas pas à cette cadence-là. Avec cette cruauté-là.
Pour faire du fromage, au rythme où nous en consommons, il
faut enlever des milliers de petits veaux de sous leurs mères
pour qu’elles crachent du lait en pleurant leur bébé perdu.
beaucoup plus doux que les militaires. Ils lisent le Coran dans
tous les sens, ils pensent qu’il faut vivre comme au temps du
Prophète. Tous les salafistes ne sont pas djihadistes. Il y en a
très peu. Statistiquement. Mais ces questions nous dépassent
en ce moment où les invectives et les procès publics pleuvent.
Laissons vivre ces musulmans radicaux dans ce que d’autres,
dont moi, peuvent considérer comme une aliénation. Tant
qu’ils ne nous pompent pas l’air et qu’ils n’enfreignent pas les
lois de la République. Tout va bien. Vraiment.
Les pays, les États-nations, ont signé des accords, le Ceta par
exemple, qui nous obligent nous, citoyens, à ne plus pouvoir
disposer de l’eau, du ciel, de l’énergie, bientôt de l’éducation.
On n’est pas très loin du monde décrit par Alain Damasio dans
Les Furtifs21. Ce monde où même l’éducation est privatisée, où
les villes s’appellent Orange ou LVMH. Où pour survivre, nous
allons devoir entrer en clandestinité.
22. Écomouv’ est une société franco-italienne retenue par l’État français après
un Grenelle de l’environnement pour collecter, à l’aide de portiques placés
sur les autoroutes, les taxes de véhicules lourds et polluants sur l’hexagone.
Elle gérait aussi les autoroutes italiennes et autrichiennes et appartient au
groupe Benetton. Malgré de lourds investissements, le projet sera abandonné
par François Hollande suite aux manifestations de routiers.
Ma mémoire est floue sur ces années entre 1991 et 1993. Mes
boîtes à archives l’ont réveillée. J’étais sur la sellette à Libération
car mon statut de correspondant dans l’Est, qui faisait de plus
en plus de reportages en France et à l’étranger, déplaisait à
une partie de la rédaction. Ce que je peux comprendre. Le
problème est que je ne voulais pas vivre et déménager à Paris.
J’avais droit à un congé formation. Je l’ai pris en même temps
que j’ai repris mes études de psychologie où je les avais laissées
à l’université de Nancy II avec le même prof que j’avais dix ans
plus tôt : Alain Trognon qui m’accueille avec plaisir. Je m’ins-
cris en doctorat de Psychologie sociale et me lance dans un
DEA (Diplôme d’études approfondies) en psycholinguistique.
Mon kif, c’est l’analyse du discours médiatique.
23. Mort en 2019, à quatre-vingt-huit ans, les extraits cités ici sont issus de
« Les Médias pensent comme moi ! » Fragments du discours anonyme, op.cit..
L’info.
Ah, l’info.
Comment s’informe-t-on ? Qu’est-ce qu’on sait ? Qu’est-ce
qui reste après que la mer se soit retirée ?
J’ai mis du temps à l’intégrer tant vous nous avez bluffé avec
vos grands airs et cette manière de mettre la France à toutes
vos sauces. Si vous n’écoutez pas le peuple jaune, bien-aimé
président, écoutez au moins le grand Charles.
sur un film, pas sur toi. Personne ne pleure sur toi dans cette
République.
Nous si, Anas. Nous, on pleure avec toi et tes amis.
25. Deux ans plus tard, Anas Kournif, complètement défiguré, est toujours
vivant. Il est hospitalisé à Lyon.
Un matin, vous vous levez, vous avez derrière vous une belle
carrière et de belles promesses d’avenir. On vous invite à la télé-
vision et au club de la presse d’Europe 1. Dans le milieu vous
êtes craint et respecté. Il vous suffit de passer un ou deux coups
de téléphone et les procès-verbaux tombent dans votre boîte
aux lettres comme des prospectus publicitaires. Les avocats
vous invitent dans les meilleurs restaurants et commencent à
vous raconter leur vie, en sifflant des bordeaux à cent euros
la bouteille. Les juges vous font appeler par un ami commun,
puis vous appellent directement. Les flics font sauter vos PV.
On pense à vous pour une émission télé (« Un concept mêlant
culture et investigation, tu vois ? »). Votre mère est fière de vous
(« C’est dingue, même à la gym, la prof a parlé de toi »). Des
éditeurs vous draguent. Des filles aussi, mais moins. Et brutale-
ment, vous vous dites que ce cirque ne rime plus à rien. Ce n’est
pas un abandon de poste. C’est un éclair de lucidité. J’avais
le code d’accès au système, mais impossible de gagner l’étage
supérieur. Je n’étais peut-être pas suffisamment ambitieux.
Je n’avais pas envie de montrer ma tête à la télé. J’avais trop
lu de romanciers américains. Une distance s’était créée entre
moi et ce milieu. J’étais fatigué, j’avais envie de retrouver mes
L’heure est grave. Celles et ceux qui, depuis trois ans, sont
à la tête de ce pays et qui, sous les ordres d’un président dont
le cœur est un algorithme, ont formé un gouvernement et une
majorité au Parlement, ont montré leur visage grâce à cette crise
autour de la question de la privatisation des retraites. Cette
dernière transmutation de la politique macronienne – cette
histoire de rente à vie par capitalisation – n’est qu’un élément
supplémentaire montrant l’inféodation de notre nation aux
forces de l’argent.
26. François Cavanna, Crève, Ducon !, coll. « Blanche », Gallimard, Paris, 2020.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle
n’est pas seule ! Elle a un vaste empire avec elle et derrière elle.
L’empire de tous les vaincus de la terre et du système de retraite.
L’empire des victimes, des précaires, des zonards, des gueux,
des pauvres, des réfugiés, des femmes seules élevant pénible-
ment des enfants, des grévistes de Noël, des chanteurs d’opéra
dépressifs, des acteurs ratés, des joueurs blessés, des syndica-
listes fatigués, des footballeurs aux ligaments croisés décroisés.
Des branleurs. Des branlés. Des ébranlés. Nous pouvons faire
bloc avec les sardines italiennes, les calamars espagnols, les
barracudas allemands, les supporters de l’Ajax d’Amsterdam,
les perdants, les perdus, les amis chiliens, suisses, équatoriens.
Même les communistes luxembourgeois. Et oui, ça existe. Cette
Cette scène d’une révolte pour une cause juste – ici l’indé-
pendance de l’Italie face à l’envahisseur autrichien – est revigo-
rante. Elle montre une intelligence, une solidarité, une manière
de se révolter face à un envahisseur. J’ai souvent pensé au film
de Visconti ces derniers jours, d’abord quand j’ai vu la bouti-
quière sarkozyste de Radio France, Mme Sibyle Veil, devoir se
taire face au chœur des esclaves du Nabucco de Verdi. Puis
quand j’ai vu les avocats jeter leurs robes avec superbe et se faire
bousculer par les gendarmes au palais de justice. Tous les jours,
Il nous pousse vers le bas, dans le dark side, alors que tout
en haut du gratte-ciel, ses copains spéculateurs ont la retraite à
quarante ans. Et le golden parachute qui va avec, comme dans
Fortnite. Sauf qu’on n’est pas dans un jeu vidéo, on ne veut
pas crever, on veut se la couler douce après une vie de labeur.
Marche ou crève, c’est le message ultime de cette République
d’amateurs et de profiteurs. J’écris pour les grévistes, les
Je m’y suis mis sans calcul après notre enquête sur la mort
de Zineb Redouane, massacrée après un tir de grenade lacry-
mogène reçu en plein visage. Le tir d’un CRS de Saint-Étienne
couvert par sa hiérarchie, elle-même couverte par Christophe
Castaner. Le mensonge d’État est patent. J’écris, sans haine et
sans colère, la déconfiture en marche. Aussi étrange que cela
Simplement je réfléchis.
rendu visite à Macron pour régler ses petites affaires l’an passé.
On peut penser que YouTube France n’a pas grand intérêt non
plus à déplaire au pouvoir.
29. Juan Branco. J’ai écrit la préface de son livre : Crépuscule, Massot / Au
diable vauvert, Paris, 2019.
Juan Branco, Zoé Sagan : qu’est-ce que vous êtes allé foutre
avec Piotr Pavlenski et sa copine ? J’ai passé ma semaine à
oublier de rappeler tous les journalistes qui cherchaient à me
faire entrer dans la photo. Je résume. J’ai écrit la préface de
Crépuscule et aidé Juan Branco à éditer son livre qui deviendra
un best-seller. C’est un livre éclairant sur l’avènement d’Emma-
nuel Macron. À peu près au même moment, j’ai accepté comme
amie Zoé Sagan sur Facebook et lui ai proposé d’écrire sur le site
du Média. Jeudi 13 février, j’ai fait une conférence au théâtre
du Rond-Point avec Juan et l’écrivain de SF pré-insurrectionnel
Alain Damasio. Ensemble, et en présence de Marion Mazauric,
co-éditrice de Juan, et Zoé, on s’est bien amusés. Au repas qui a
suivi, entre la poire et le bordeaux, Juan nous a montré sur son
iPhone le site d’un artiste russe qui voulait mélanger pornogra-
phie et politique. Zoé avait partagé juste avant le message sur
Facebook. Je l’ai découvert le lendemain et, même si je n’ai pas
compris tout ce que Piotr racontait, j’ai vu que ça allait chauffer
pour le matricule du candidat macroniste à la mairie de Paris.
Bon sinon, depuis qu’il est élu, tout va bien. C’est notre Grand
Timonier. Il a créé un grand parti qui s’appelle « La République
en marche ». Il y a eu plein de députés qui ont été élus et qui ont
la majorité. Ils viennent de droite, de gauche et surtout du milieu.
Il y a des médecins, des profs, des chômeurs, des repris de justice,
des start-upers. Ce sont des types très jeunes qui veulent gagner
de l’argent très vite en souriant toute la journée. Je t’expliquerai,
Mamounette. C’est vraiment cool, tous ces nouveaux députés.
On ne se dispute plus dans l’hémicycle. Il y a bien eu quelques
manifestations de pauvres gens qu’on appelle « les Gilets jaunes »
mais notre bien-aimé président leur a donné dix milliards et ils
se sont calmés. Même si des gauchistes continuent à embêter les
commerçants les week-ends avec des manifestations sauvages,
tout est rentré dans l’ordre. Grâce à la police et aux gendarmes
qui font un boulot formidable.
Ils sont gentils, attentionnés. Ils font un peu peur avec leur
déguisement, mais rassure-toi, il y a des préfets et des contrôles
qui empêchent tous les excès. Pas de violence. Quelques petits
coups par-ci par-là. Mais on ne peut pas faire d’omelettes sans
casser des œufs hein…
Ils ont voté une loi pour qu’on travaille un peu plus en étant
payé un peu moins. Mais je vois pas comment on pourrait tenir
à ce rythme vu qu’on vit tous plus longtemps. Encore qu’avec le
coronavirus, ça risque de dégager sec. Mais bon, les députés et
les ministres ont vraiment beaucoup de travail pour nous expli-
quer comment ils vont faire. Mets-toi à leur place. Il y a cette
histoire de calcul de points à laquelle personne ne comprend
rien. Même pas les ministres. Qu’est-ce qu’on se marre…
Orwell, j’y pense souvent avec ces drones qui nous surveillent
et nous disent de rentrer chez nous quand on se promène en
forêt ou à la plage. Ou ces vieux qu’on verbalise parce qu’ils
n’ont pas « le papier » et font pisser leur chien.
Je me suis arrêté près des ruches de mon voisin que, dix ans
après, je ne connaissais toujours pas. Je me suis approché pour
écouter le bourdonnement des ouvrières occupées à faire bouffer
leur reine et le voisin est apparu, sortant de sa cabane de jardin
comme d’une boîte à surprise, craignant sans doute que je ne
maltraite ses abeilles. Nous avons parlé. Il m’a expliqué ses diffi-
cultés à implanter ses ruches de ce côté-ci de la colline en raison du
manque de soleil. Il m’a appris qu’il était sur un couloir d’abeilles
(ça ressemble à un couloir aérien et on peut y poser des ruches
vides qui se remplissent spontanément). Tous les trois ans, il
change ses reines et en « implante » de nouvelles qu’il achète à des
apiculteurs amis, mais il garde les vieilles reines trois jours, histoire
de voir si les nouvelles sont acceptées par la ruche. Il est arrivé que
la nouvelle reine se fasse éjecter. Dans ce cas, la vieille reprend du
service. Sinon, mon apiculteur de voisin l’écrase ou la décapite.
La nature est ainsi faite qu’elle se venge sur ceux qui pensent
pouvoir la dominer. C’est comme dans cette nouvelle de
Brautigan où la pelouse de sa mère se vengeait de tous ceux qui
l’avaient maltraitée. La Vengeance de la pelouse, c’est la nouvelle
qui donne son titre au recueil. Sous mon arbre, tel le Dormeur
du val de Rimbaud, je pense à Brautigan, à mon père, aux
fourmis, aux apprentis sorciers de la République en marche.
Et à Rimbaud :
Je pense à mon fils qui déteste lire et aux vieux qui meurent
dans les maisons pour vieux. J’ai chaud comme un soldat
vivant. Je fais des connexions, comme les banques entre elles.
Je pense à ce type qui vient nous faire la leçon tous les soirs
à la télé avec ses costards bien mis et sa tête d’entraîneur de
foot anglais. Attention, je n’ai rien contre les entraîneurs de foot
Salomon qui compte les morts tous les soirs. Et tous ces vieux
qui tombent comme des mouches autour de lui. Ça finit par le
rendre dingue. Il parle de ma mère, alors qu’il le faisait moins.
Je ne sais plus quoi lui dire. Et là aussi, je repense à Brautigan :
« Rien de ce qu’on peut dire ne rendra jamais heureux le type
qui se sent dans une merde noire parce qu’il a perdu celle qu’il
aime. »
37. Denis Robert, René Taesch, Portrait de groupe avant démolition, Stock,
Paris, 1997.
Rue des singes38 est un bijou d’histoire qui raconte avec une
sincérité totale et un souffle incroyable une vie de merde, mais une
39. René Taesch est mort après sa seconde dose de vaccin anti-Covid le
9 mars 2021. Il n’avait pas prévenu les infirmières qu’il était encore en
chimiothérapie. Deux jours avant de mourir, il publiait encore sur Facebook
des photos de ses plateaux-repas à l’hôpital où il fabriquait des yeux avec des
boulettes de viande et inscrivait des sourires plus ou moins prononcés dans ses
pâtes selon son humeur. Sa dernière assiette, signe sans doute prémonitoire,
tirait la gueule.
40. Noam Chomsky, Deux heures de lucidité. Entretiens avec Denis Robert et
Weronika Zarachowicz, Les Arènes, Paris, 2001.
rant. » Il me répond assez vite qu’il est partant pour tenter l’ex-
périence et qu’il est en Italie le mois suivant.
Rideau.
tu zappes très vite pour aller voir ailleurs. Donc Jef et moi on a
parlé du cosmos, de la Terre, des hommes et des animaux qui la
peuplent. D’habitude on se parle peu quand les semaines sont
normales. Lui donne ses cours à la fac. Je suis ailleurs. Jef est
mon ami. Chaque fois, c’est comme si on reprenait le fil d’une
longue conversation entamée trente ans plus tôt.
Noam Chomsky – quand nous l’interviewions à Sienne – m’avait
raconté qu’il avait un ami israélien avec qui il parlait une fois
par an environ. Chaque fois, ils reprenaient leur conversation à
l’endroit précis où ils l’avaient laissée. Ça se passait sans heurts.
Naturellement. Dans l’entretien que nous avons eu avec lui, je
retiens aussi ces mots qui sonnent toujours juste aujourd’hui : « À
bien des égards, la France est restée repliée sur elle-même depuis
la fin de la guerre. Les Français devraient s’en inquiéter. Prenez les
camps soviétiques. En 1950, tout le monde, du moins en Occident,
connaissait l’existence du goulag. Lorsque les livres de Soljenitsyne
sont arrivés, ce fut important, mais on n’a pas appris grand-chose
qu’on ne savait déjà. En France, au contraire, ce fut une révélation
dont les intellectuels parisiens se sont aussitôt attribué le mérite.
Ils n’avaient que trente ans de retard !… La France est le seul pays
où Eric Hobsbawm a eu autant de difficultés à être traduit [pour
L’Âge des extrêmes]. La France est restée relativement isolée en
philosophie, en littérature et dans certains domaines scientifiques.
C’est un pays très replié sur lui-même, où un certain nombre d’in-
tellectuels se préoccupent peu de ce qui se passe dans le reste du
monde. Je ne parle bien entendu que d’une poignée d’intellectuels
parisiens. Mais ce groupe est très influent. Ils créent leurs propres
mythes sur tout et sur rien, le tiers-monde, le maoïsme, etc. En tout
cas, c’est du dogmatisme, sans prise sur le monde réel. »
J’évoque Chomsky car il revient ces derniers jours hirsute,
barbu, lucide et confiné dans un formidable entretien avec
41. David Lapoujade, Deleuze, les mouvements aberrants, Minuit, Paris, 2014.
des éditos, on est toujours seul contre tous. Sinon, ça n’en vaut
pas la peine. Quelle est l’utilité de bêler avec le troupeau ?
Cette semaine, sur les réseaux, j’ai vu une des premières chan-
sons de Christophe remaniée à la sauce en marche. J’ai trouvé
cette reprise triste et amusante. J’ai lu dans le Canard enchaîné
une information qui confirmait en tout point celle de mon dernier
édito. Sous le titre « Les vieux ont-ils été privés de réa ? » le
Canard confirme que les agences régionales de santé ont demandé
aux hôpitaux de « limiter fortement » l’admission en réanima-
tion des « personnes les plus fragiles ». Cette semaine, la palme
de la plus grosse connerie du PAF est décernée à Christophe
Barbier qui a lâché que les grosses n’étaient pas corona-
compatibles à la télévision… Celle du plus magnifique triple
salto de retournement de veste à l’inénarrable garçon boucher
du PAF, j’ai nommé Jérôme Salomon, le directeur général de la
santé. Pendant ce temps, on a appris que la prime de mille euros
qu’on avait promis aux petites mains de la grande distribution
allait être sérieusement revue à la baisse. Au même moment,
Bruno Le Maire annonçait que les sociétés qui font des transac-
tions avec les paradis fiscaux ne seraient pas aidées. On lève un
œil, on se dit, tiens, un progrès ! Mais non, c’était une blague que
les députés de la REM ont aussitôt rectifiée…
mère, une femme mariée qui plus est. Tout cela s’est noué dans
une ville bien provinciale et traditionnelle – Amiens. Macron,
c’est un petit garçon jamais sorti du jardin de sa maman. À faire
du théâtre, du piano et bien apprendre ses leçons. Parfois aller
skier à Bagnères chez ses grands-parents. »
— Même Mélenchon ?
— Bien sûr.
— Il est toujours énervé quand il parle à la télé.
— Faut dire, ils sont un peu énervants avec lui, non ?
— Allez, on arrête de parler de politique, ça me fout le
cafard.
48. Pour en savoir plus : Denis Robert, Larry et moi, Massot, Paris, 2020.
une affaire qui tourne. Ils ont acheté des masques, payé des frais
de douane, des agrafeuses (vingt), des ciseaux (trois cents), des
bladder scanners (cinq), des surblouses (trente-sept mille deux
cents), des frites de piscine (quatre cent huit), des machines à
café, des respirateurs, des kits de test, des milliers de plateaux-
repas. Rien que des choses très concrètes et utiles (sauf les
frites de piscine). Brigitte Macron a appelé plusieurs stars dont
Nabilla et Patrick Bruel pour les remercier. Gérald Darmanin
est très content. Lui aussi a fait la promo d’une cagnotte pour
venir en aide aux entrepreneurs.
Quand je vous disais que ma semaine avait été rude. J’ai revu
un vieux Sergio Leone qui m’a filé le bourdon. Il était une fois la
révolution… La révolution, je ne sais pas si on va la faire, mais
depuis plus d’un mois, nous sommes un petit groupe à travailler
à inventer notre manière de résister et de désobéir. De quoi
demain sera fait ? Peut-on rêver d’un monde meilleur ? Rien
que poser la question me déprime. Si on n’entreprend rien de
fort, de collectif, ce sera pire. Malgré la liste impressionnante de
ses erreurs, de ses reculades, de ses manipulations, ce pouvoir
ne lâchera rien et va poursuivre son travail de sape et d’écra-
sement. Macron a déclaré que nous étions en guerre. Nous
l’avons pris au mot et décidé de nous défendre et de résister à
la connerie ambiante et à la technosurveillance. À Singapour,
des robots surveillent les parcs et vont bientôt balancer un gaz
paralysant sur les mauvais citoyens. Bientôt, ce modèle spon-
sorisé par BlackRock et la République en marche sera dans
nos jardins, nos rues, nos forêts. Faites risette. Black Mirror is
watching you.
Merci Oxfam pour ces stats qu’on a peu vues sur BFM.
droite extrême. Vous les avez vus bicher aux JT et dans les talk-
shows. Ils avaient enfin devant leurs yeux humides la preuve
que la France devait être d’urgence reprise en main. C’est ce
discours qu’on entend partout. Les sondeurs nous le rappellent.
Ce sera Macron ou Le Pen. La Droite sauvage et cosmopolite
ou la Droite disciplinaire et nationale.
Où est la douceur ? Où est la tolérance ? Où sont les contra-
dicteurs ? Où se cache l’espoir ? Quand est-ce qu’on rigole un
peu ?
fais gaffe avec les blagues, tout le monde ne comprend pas ton
humour… Fais gaffe avec les souverainistes, ils ne sont pas tous
anti-européens. Fais attention quand tu parles d’argent. C’est un
sujet tabou. Fais gaffe avec Jadot, Montebourg et Mélenchon.
Ah non, pas Xavier Bertrand… Fais gaffe avec les juifs et les
antisémites. Fais gaffe avec les islamistes, les djihadistes, les
macronistes… Non, pas les macronistes quand même… Si,
fais très attention, tu n’as pas vu la une de Siné mensuel ? Solé
dessine un Macron ricanant avec une bagouse et un pif un peu
pointu et bingo, Bernard-Henri Lévy et Raphaël Enthoven
sortent la MPD, la machine à poncifs dégueulasses. Et Solé,
l’ami de Gotlib, l’irréprochable Solé, devient la réincarnation
de Je suis partout. Le journal nazi qui dénonçait les juifs. Ces
deux cuistres accusent le journal de Siné dirigé par la très résis-
tante et impeccable Catherine Weil Sinet de cette ignominie. Je
pourrais en faire des caisses sur ce sujet, mais je préfère arrêter
là, même s’il y a des bourre-pifs qui se perdent…
54. Bénédicte Litzler secondait Michel Zaoui et l’a remplacé car Michel a été
victime d’un AVC en 2009.
55. Tout Clearstream, Les Arènes, Paris, 2011, est édité à cette occasion. Il
reprend mes trois livres-enquêtes : Révélation$, La Boîte noire et Clearstream,
l’enquête, Les Arènes, publiés respectivement en 2001, 2002 et 2006.
de revoir les huissiers débarquer chez moi. Mais c’est aussi parce
que j’ai l’expérience de la multiplicité des procédures bâillons
que j’ai fini par publier l’enquête de Bernard et Thierry. Je n’ai
pas agi légèrement. Je les ai beaucoup interrogés. J’ai retravaillé
avec eux la forme des articles. Trois sont parus à ce jour et un
quatrième est sous presse. Puis un cinquième. À l’origine de
toutes les affaires de ce type, il y a une source. Et la source peut
trahir ou avoir été trahie. Mon hésitation portait sur cela. Notre
source passe par un intermédiaire que nous connaissons et en
qui nous avons toute confiance. J’ai identifié la source et compris
ses motivations. Cette source possède ces documents depuis
plusieurs années. C’est sur notre insistance que les premiers sont
sortis. Pour des raisons de géographie et de confidentialité, les
documents sont des photographies. Notre source n’a aucune
animosité, ni rapport avec les personnalités françaises citées dans
les documents. Elle est en revanche en opposition – j’allais dire
en guerre – contre l’émir du Qatar et sa politique internationale
et nationale. Elle prend de gros risques à fournir ces informations.
À réception des documents, nous les avons fait traduire et
analyser par une traductrice qui a vécu au Qatar et travaillé
dans un cadre proche de celui du ministère de l’Économie.
C’est la première qui nous a dit que les documents étaient
correctement rédigés, dûment signés et similaires aux lettres à
en-tête officiel qu’elle avait pu voir quand elle vivait à Doha.
Nous les avons ensuite donnés à un de nos amis, un agent,
appelons-le l’agent X. Il a longtemps travaillé pour un service
de renseignements. Il a confié nos documents à trois experts
différents. Tous liés à des agences de renseignements de trois
pays différents. Les expertises sont revenues positives. Rien ne
permettait de mettre en cause l’authenticité des lettres. De plus,
les dates correspondaient à la présence des uns et des autres au
57. Le procès a eu lieu le 16 juin 2021 au TGI de Paris. Nous nous sommes
défendus, aidés par Julien Kahn, notre impeccable avocat. BHL ne s’est pas
présenté à l’audience, prétextant un « fâcheux contretemps ». Son défenseur,
Alain Jakubowicz, a lu une lettre où le philosophe dit son traumatisme. Le
22 septembre 2021, le tribunal a rendu son jugement et a débouté BHL,
le condamnant à nous verser trois mille euros de dommages et intérêts. Ce
dernier a fait appel.
« Bonsoir,
Je me permets de vous contacter car je pense que vous êtes
un homme intègre et juste. Je vous suivais sur Le Média et main-
tenant sur Blast, vous avez dénoncé et vous continuez toujours
de dénoncer le mal qui ronge notre société.
D’habitude je prends les choses avec une certaine philoso-
phie et une distance mais aujourd’hui je suis très en colère et
j’ai peur pour ma fille et je pense que le racisme jusque-là larvé,
caché, commence à sortir et à s’exprimer.
Ma fille a été invitée cet après-midi à l’anniversaire d’une
camarade de sa classe, elle arrive et une des convives l’a agressée
c’est Cavanna le père. C’est quand même lui qui a forcé la presse
à s’ouvrir, à être un peu moins bête.” » Delfeil poursuit : « On
s’est arrangé avec la vérité. Cavanna était notre inventeur, notre
maître vénéré, notre inspirateur. Sans lui, nous ne serions pas
là. Personne ne serait là… Mais Val ne l’entendait pas de cette
oreille. Dans sa nouvelle société, les parts n’appartenaient pas à
Cavanna. Il y avait donc un journal, Charlie Hebdo, où Cavanna
n’était rien. » Après une hésitation, Delfeil ajoute : « Il n’est
rien mais il aura finalement droit à un pourcentage sur le chiffre
d’affaires… Et ça lui rapportait… C’est un scoop, ce que je te
dis là, mais je peux te le dire puisque Cavanna est mort et qu’il
ne m’en voudra pas… c’est 0,44 %. C’est un chiffre ridicule,
mais c’est un chiffre qui lui permettait d’assurer le minimum. »
Cavanna n’avait que la retraite de la Sécurité sociale et aucune
complémentaire. « Val et Malka lui donnaient un pourcentage
tellement faible que ça lui faisait pas assez d’argent pour vivre,
donc il fallait qu’il écrive. Comme il n’y avait pas de débouchés
dans la presse pour lui, il n’y avait que Charlie Hebdo. Donc
il y a écrit toutes les semaines. En additionnant les piges de
Charlie Hebdo et son pourcentage, son loyer pour le titre, il a
vécu normalement, il ne s’est pas enrichi, il vivait très modeste-
ment, Cavanna… » Et Delfeil de conclure : « Ça leur permet-
tait de tenir Cavanna. Il ne pouvait pas trop les mettre en cause
publiquement. Il avait quand même besoin de ces revenus pour
vivre. »
Cavanna, l’inventeur de Charlie Hebdo, touchait autour de
deux mille cinq cents euros par mois, en écrivant toutes les
semaines une chronique, jusqu’à plus de quatre-vingt-dix ans.
Pendant que Philippe Val en gagnait quinze fois plus en ayant
pris sa place. Dans Mohicans, je raconte comment Charlie Hebdo,
grâce essentiellement aux caricatures de Mahomet, a rapporté
Pendant qu’un enfant sur dix trime, que les saumons crèvent,
les revenus des milliardaires ont augmenté d’une manière verti-
gineuse. Surtout les milliardaires français. Pendant ce temps
donc, BHL nage et boit de l’hibiscus… C’est une fleur qui a de
nombreuses vertus. Elle réduit le cholestérol et les triglycérides,
aseptise les voies urinaires, facilite le transit. Le secret de BHL
tient peut-être dans cette infusion. Je continue ma lecture de l’in-
vraisemblable papier de Match : « Debout tous les matins à cinq
heures, ayant banni de sa vie toute musique hormis celle de son
épouse, l’artiste Arielle Dombasle, il travaille. “Une mécanique
et une intelligence somptueuses”, confie son éternel ami Jean-
Paul Enthoven. » Oui, le monde est petit, c’est le père de Raphi,
celui qui a peur des bolcheviques… La journaliste est aussi allée
interviewer Alain Minc (dit le plagiaire), celui qui s’est toujours
trompé dans ses prévisions macroéconomiques. Minc explique
que BHL est « un intellectuel incroyablement laborieux et doué
d’une grâce rare ». Laborieux, ça veut dire que le mec n’a pas
une intelligence naturelle. Il bosse beaucoup pour paraître intel-
ligent. Mais comme il a la grâce… Moi, si dans un papier un de
mes potes balance ce genre de conneries, je deviens fou. Je lui
dis arrête, ils vont tous se payer ma tête. Mais là non, ça passe
comme du beurre. Ou de la crème. Fouettée. La fille suit donc
62. Catherine Le Gall, Denis Robert, Les Prédateurs. Des milliardaires contre
les États, Le Cherche-Midi, Paris, 2018.
63. La Caisse centrale d’activités sociales est l’organisme qui gère les activités
sociales dont les séjours de vacances, les assurances et la restauration
d’entreprise des agents des industries électriques et gazières en France.
64. https://www.standaard.be/cnt/dmf20210704_97453778
d’Adrexo nous ont parlé. L’affaire est autrement plus grave que
ce que le pouvoir ou les médias dominants en disent. Ou plutôt
taisent. D’abord, on le sait aujourd’hui, ce ne sont pas vingt et
un mille prospectus, comme le soufflait Marlène Schiappa, qui
n’ont pas été distribués, mais pas loin de vingt millions si l’on
prend en compte les professions de foi des départementales et
des régionales. Sept régions et plus de cinquante départements
sont affectés par la gabegie Adrexo.
Le Figaro l’annonce : onze millions d’électeurs français au
minimum ont été affectés. Onze millions sur quarante-huit
millions. Vingt-trois pour cent du corps électoral. Ce n’est pas
une mince affaire. C’est un sabotage. Le pire, dans cette halluci-
nante saga naissante, ce sont les dénégations des emmarcheurs
au plus haut sommet de l’État. Ils ont délibérément choisi cette
société bancale pour organiser le scrutin. Et – c’est un fait
majeur – ils ont fait ce choix sciemment.
65. Nina et Denis Robert, Une vie d’Annette, Citizen films, France 3, 2018.
66. Nina et Denis Robert, Yves Lespagnard, Ennemis publics, Citizen films,
France 3, 2019.
67. Ils sont cités dans un documentaire d’Arte de Sylvie Gilman et Thierry de
Lestrade diffusé en 2017 : Demain, tous crétins.
Je suis désolé, j’ai été plus long que prévu. C’est souvent
comme ça avec les livres. On sait comment ils partent. On
ne sait pas bien où ils arrivent. J’ai été plus long que prévu.
Je suis désolé pour mes proches, Nell, Sylvie, mon père qui
attend depuis un mois que je lui installe Amazon prime pour
ses matchs de foot. Mais il fallait que j’aille au bout de mon
intuition. J’ai tout laissé en plan pour y arriver, à commencer
par mes boîtes à archives et ces fameux manques à combler que
me réclame la caisse de retraite. Si je n’avais pas eu ce boulot
en cours, je ne me serais pas penché, comme je l’ai fait, sur ce
passé. Je n’ai aucune nostalgie. Je me suis bien marré. Si, si…
Je vous assure. Et je ne suis qu’à la moitié de ma vie (en gros).
Allez, salut.