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Législation et
réglementation
en matière d’archives et
de gestion des documents .
.
Eric Ketelaar
Ketelaar Eric
Législation et réglementation en matière d'archives et de gestion des
documents : une étude RAMP accompagnée de principes directeurs/par
Eric Ketelaar /Tour le/ Programme général d'information et UNISIST.
- Paris : Unesco, 1986. - iii, 83 p. ; 30 cm. - (PGI-85/WS/9).
0 Unesco, 1986
TABLE DES MATIERES
Page
INTRODUCTION ....................................................... 1
1. COMPETENCEET ORGANISATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
4. SANCTIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
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PREFACE
Afin de mieux répondre aux besoins des Etats membres, et plus particulièrement
des pays en développement, dans ce domaine spécialisé qu'est celui de la gestion des
documents et de l'administration des archives, la Division du Programme géneral
d'information de 1'Unesco a mis au point un programme à long terme coordonné, le
Programme de gestion des documents et des archives (Records and Archives Management
Prograrrme, RAMP).
Le RAMP reflète dans ses éléments essentiels les grands thèmes du Programme
général d'information lui-même. Il comprend ainsi des projets, des études et d'autres
activités destinés à :
La présente étude, établie aux termes d'un contrat passé avec le Conseil inter-
national des archives (CIA), est destinée à aider les spécialistes de la politique
et de la planification de l'information, les responsables auxquels il incombe de
proposer, de rédiger et de réviser les lois et les règlements administratifs, et
plus particulièrement les archivistes et les spécialistes de la gestion des
documents à créer et à mettre au point des systèmes et des services modernes
d'archives et de gestion des documents courants, au sein de l'administration
publique, notamment. A partir d'une analyse des lois et règlements en vigueur dans
près de 120 pays, l'auteur propose un ensemble de directives concernant l'élabo-
ration ou la révision des textes légaux et administratifs sans lesquels il ne
saurait y avoir de systèmes et services d'archives viables.
INTRODUCTION
4. Un nouveau pas a été fait vers l'harmonisation des législations sur les archives
avec la publication par l'Unesco, en 1972, du Projet de loi d'archives type, de
S. Carbone et R. Guêze. Toutefois, cet ouvrage, trop inspiré de la législation archi-
vistique latine et plus précisément italienne, n'est pas d'un intérêt direct pour les
pays dont l'expérience est différente (4).
7. Toutes les études précitées ne font référence aux textes de lois publiés dans
Archivum ou ailleurs que de façon très générale. Pour une meilleure compré-
hension et une synthèse plus complète, il était indispensable d'analyser et de
comparer les iegislations en vigueur. Le volume 28 d'Archivum récemment paru a élargi
le champ offert à cette analyse. A l'instar de plusieurs des études antérieures, la
présente étude comporte une liste récapitulative des points à prendre en considéra-
tion dans la législation archivistique, et des principes directeurs à cet égard.
Cependant, dans le cas présent, ces directives RAMP s'attachent davantage à des
points déterminés de législation concernant la gestion des documents d'archives; on
y trouvera, par ailleurs, l'expression d'une préférence pour telle ou telle solution
dans des situations données. Y sont également indiquées les dispositions jugées
indispensables - par opposition à celles qui sont simplement souhaitables ou facul-
tatives - en fonction des conditions existant dans le pays considéré, une attention
particulière étant accordée aux traditions archivistiques et aux pratiques adminis-
tratives du pays.
8. L'analyse des lois et règlements en vigueur est essentiellement fondée sur les
textes publiés dans Archivum. Ces textes passent cependant sous silence certains
détails de l'organisation interne et du fonctionnement des services d'archives, les
règles applicables à la formation professionnelle et au statut du personnel des
archives et le détail des règles de sélection, de versement, de classement et
d'inventaire des documents d'archives. A la demande de l'auteur, des renseignements
ont été fournis sur ces différents points, pour certains pays, par les personnes
suivantes :
9. Ont également été consultés, outre les lois publiées dans Archivum et les publi-
cations indiquées dans la bibliographie, les documents ci-après :
Les remarques et suggestions formulées par ces experts ont été extrêmement
utiles à l'auteur.
Il. Aux fins de la présente étude, la distinction suivante est établie entre lois
et règlements. La loi est édictée par la plus haute instance législative du
pays (ou, dans une structure fédérale, des Etats), dans la forme prévue par la
constitution. Les règlements peuvent s'entendre comme l'ensemble des dispositions
relatives à l'exécution de la loi proprement dite, c'est-à-dire des textes d'appli-
cation édictés par le corps législatif (le Parlement, avec la collaboration de
l'exécutif). Des règlements peuvent toutefois être promulgués par toute adminis-
tration investie de pouvoirs réglementaires (7). Dans la présente étude, le terme
législation sera souvent employé au sens large, pour désigner à la fois la loi
proprement dite et les règlements.
12. Lorsqu'il est fait référence à des lois ou règlements archivistiques d'un pays
donné qui ont été soit publiés dans Archivum, soit mentionnés au paragraphe 9,
seules les citations sont localisées avec précision. L'attention du lecteur est
appelée sur le fait que les textes juridiques rédigés en d'autres langues que
l'anglais, le français, l'allemand, l'italien ou l'espagnol ont été traduits dans
l'une de ces langues pour être publiés dans Archivum. Lorsqu'un texte y figure dans
une langue autre que l'anglais, l'auteur de la présente étude lui a substitué sa
propre traduction établie non pas à partir du texte original, mais à partir de la
-4-
version linguistique publiée dans Archivum". Les noms de pays cités par l'auteur le
sont sous leur forme courte, conformément à la norme internationale ISO-3166-1981.
1. COMPETENCEET OSGANISATION
13. Dans un certain nombre de pays, on établit une distinction entre documents
d'archives (records) et archives. Les documents d'archives peuvent être définis
comme :
des documents contenant une information, quels que soient leur date, leur forme
et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou
morale, et par tout service ou organisme public ou privé, dans l'exercice de
leur activité (1).
Les archives sont une fonction des documents d'une organisation ou d'un individu.
On peut les définir comme :
l'ensemble des documents,soit conservé par leur créateur ou ses successeurs pour
leurs besoins propres, soit transmis à l'institution d'archives compétente en
raison de leur valeur archivistique (2).
Dans des pays tels que la Belgique, l'Espagne, la France, l'Indonésie, l'Italie,
les Pays-Bas et la Yougoslavie, le terme archives recouvre à la fois les deux
notions, mais les textes juridiques font parfois la distinction entre archives
"courantes" (ou "administratives", ou encore "dynamiques") et archives "historiques"
(ou "définitives") (3).
14. Les législations en vigueur donnent des archives les deux types de définition
suivants :
Il existe aussi des lois qui ne comportent aucune définition des archives, mais
énumèrent les différentes catégories de documents considérés comme documents
d'archives.
Par "documents d'archives", il faut entendre tous les livres, papiers, cartes,
photographies, documents sur support informatique, et autres matériels docu-
mentaires, quels qu'en soient la forme physique ou les caractéristiques,
produits ou reçus par une administration du gouvernement des Etats-Unis
d'Amérique en application de la loi fédérale ou à l'occasion de la conduite
d'affaires publiques, et conservés ou propres à être conservés par cette admi-
nistration ou son successeur légitime en raison de leur valeur de témoignage
sur l'organisation, les fonctions, les politiques; les décisions,les procédures,
les opérations ou d'autres activités du gouvernement, ou encore en raison de la
valeur d'information des données qu'ils contiennent (5).
-b-
On trouve des définitions voisines dans les législations des pays suivants :
Canada, Fidji, Libéria, Nouvelle-Zélande, Philippines, Porto Rico et, aux Etats-Unis,
dans celles des Etats de l'Illinois, de l'Ohio et du Wisconsin.
16. Si ces définitions mettent l'accent tant sur la valeur de témoignage que sur la
valeur d'information des documents, d'autres s'en tiennent à la valeur d'infor-
mation. Selon la loi yougoslave, sont considérées comme archives :
les documents ayant une valeur historique notable, du point de vue de l'éco-
nomie, de la société, de la politique, du droit, de la défense nationale, de la
science, de la technique, de la culture, etc. (7).
Cette définition très vaste est précisée dans un décret gouvernemental qui
définit ainsi les archives :
tout texte écrit, série de données chiffrées, carte, plan, notation musicale,
créés par le fonctionnement d'un organisme ou l'activité d'une personne, quels
que soient le support, la forme et le procédé graphique de ces documents (8).
17. Certaines législations définissent les documents d'archives comme le produit des
activités exercées, sans rien dire de leur valeur de témoignage ni de leur
valeur d'information; c'est le cas en Malaisie et à Singapour, où sont considérés
comme archives publiques :
Les archives sont l'ensemble des documents, quels que soient leur date, leur
forme et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique
ou morale, et par tout service ou organisme public ou privé, dans l'exercice
de leur activité (11).
Par "archives", il faut entendre toute pièce ou document reçu ou créé par un
service de 1'Etat ou une administration publique dans l'exercice de ses acti-
vités dont il ne doit pas être disposé, de par sa nature ou en vertu d'une
autre loi, autrement que ne le prévoit la présente loi.., (12).
-7-
les documents de toute forme, isolés ou groupés, créés ou reçus par les insti-
tutions publiques et les organes gouvernementaux dans le cadre de l'exécution
des activités de 1'Etat (13).
La loi d'archives néerlandaise donne une définition très brève, mais accep-
table : "On entend par "pièces d'archives" les pièces reçues ou établies par les
organismes publics et destinées de par leur nature à être conservées par eux" (14).
Le Za'ire, à une définition similaire, ajoute : "du fait de leurs activités" (15).
Dans la législation de 1'Etat de Victoria (Australie), on entend par "archives
publiques" :
(a) tout document produit ou reçu par un fonctionnaire public dans l'exercice
de ses fonctions; et
(b) tout document produit ou reçu par un tribunal ou une personne agissant
judicieusement dans 1'Etat de Victoria, à l'exclusion des documents dont
une personne physique ou morale autre que la Couronne ou un service public
a la pleine propriété (16).
18. Toutes les définitions qui précèdent mettent l'accent sur la provenance des
documents d'archives, par opposition aux documents historiques. A l'inverse, il
est des législations où la définition des archives ne mentionne pas cette propriété
essentielle. C'est une définition de ce type, mettant sur le même plan documents
d'archives et manuscrits historiques (17), qui figure dans le projet de loi type de
Carbone et Guêze :
19. La législation des pays socialistes est basée sur la notion de "fonds d'archives
d'Etat". Aux termes de la loi soviétique, le Fonds d'archives d'Etat de l'URSS
"est l'ensemble des documents appartenant à 1'Etat et ayant une valeur politique,
économique, scientifique, socioculturelle ou historique..." (19).
-. .~. ----~ --
-8-
(b) les documents émanant de tout service, commission ou autre organe ou éta-
blissement relevant du gouvernement de Sa Majesté situé sur le territoire
du Royaume-Uni (22).
Ce qui signifie que, pour constituer des archives, les documents doivent être
créés ou conservés par le gouvernement de Sa Majesté et appartenir à la Couronne.
Cette dernière condition est impérative. Cette formulation a pour effet d'exclure
les documents émanant des sociétés nationalisées et de nombreuses institutions semi-
publiques ayant la personnalité morale. Elle signifie également que les documents
créés par des ministères et qui appartiennent au gouvernement de Sa Majesté restent
- sauf disposition contraire - documents d'archives publics, même si un particulier
vient à en avoir la garde (23).
22. La loi israélienne considère comme archives tous les documents "qui sont en la
possession d'une institution de 1'Etat ou d'une collectivité locale quelle
qu'elle soit, à l'exception des documents n'ayant aucune valeur de source", ainsi
que les documents
23. Une troisième méthode pour définir les archives consiste à énumérer les
différentes catégories de documents considérées comme en faisant partie. La
législation guatémaltèque vise les "documentos historicos", qui comprennent :
2. Les sceaux, mémoires, registres et livres qui rendent compte des activités
de services publics ayant fait partie de l'Etat, et qui datent de plus de
50 ans.
24. En Suisse, les Archives fédérales sont le dépôt central où sont versés "tous
les actes de valeur permanente" des institutions fédérales. Cette disposition
a été développée dans une instruction où figure une énumération des documents
d'archives :
- actes, comprenant :
Conclusion
25. En résumé, la définition des archives dans les textes en vigueur varie énor-
mément selon les hypothèses de départ. Certaines lois englobent, dans leur
définition du moins, aussi bien les documents privés que les documents publics. Une
distinction est parfois faite entre documents d'archives et archives. Seules les
définitions qui incluent parmi les attributs des documents d'archives leur qualité
essentielle de produit de l'activité d'un organe donné (critère de provenance)
paraissent acceptables en archivistique moderne. Une définition de ce type peut,
mais ce n'est pas obligatoire, inclure le critère de la valeur de témoignage ou de
la valeur d'information, notion solidement ancrée dans la théorie archivistique des
Etats-Unis d'Amérique et du Canada.
26. Nous avons vu que certaines définitions des documents d'archives figurant dans
les législations en vigueur ne distinguent pas entre documents publics et
documents privés. En pareil cas, il peut être nécessaire de préciser le champ de la
notion d'organisme public, précision qui, cependant, peut aussi figurer dans les
textes législatifs ou réglementaires ne définissant que les archives publiques.
Ci> soit à leur origine (par exemple, documents créés ou reçus par un service
public) (1);
(ii) soit à leur propriété ou leur garde (par exemple, documents qui sont la
propriété de 1'Etat ou du gouvernement) (2).
Dans ces deux types de législation, les organismes publics font l'objet :
27. Dans un certain nombre de législations, les archives publiques sont définies
par référence à leur origine; c'est le cas dans les pays suivants : Cameroun,
Canada, Etats-Unis d'Amérique, Fidji, Hongrie, Indonésie, Lesotho, Malaisie,
Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Philippines, Porto Rico, Soudan et Yougoslavie. La loi
comporte alors une définition très générale de l'organisme public : pour la loi
malaisienne, par exemple, il s'agit de "tout ministère, commission, conseil,
entreprise parapublique, municipalité, ou tout autre service relevant du gouver-
nement de la fédération ou d'un Etat..." (3).
(b) les organismes publics qui doivent faire ou ont fait l'objet d'une fusion
au moment de la proclamation de la présente loi.
(a) les fonctionnaires de ces organismes, les services publics, les entreprises
et institutions publiques ainsi que leurs fonctionnaires;
----
- 12 -
28. La deuxième formule (définition des archives publiques par référence à leur
propriété ou leur garde) est celle qu'on trouve notamment dans les législations
des pays suivants : Belgique, Egypte, Espagne, Gambie, Ghana, Israël, Maurice,
Nigéria, Rhodésie, Royaume-Uni, Sierra Leone et Zambie.
30. Les législations du Chili, du Panama et de la Suisse, qui énumèrent les orga-
nismes publics, constituent une troisième catégorie. Au Kenya et en Tanzanie,
cette énumération figure dans une annexe à la loi d'archives. En Grèce, la loi
énumère également les documents considérés archives publiques :
(a) les documents émis par les empereurs de Byzance . . . (f) les archives des
villes et des communes . . . (i) les archives des établissements publics (7).
31. Sont parfois exclus les documents de certains organismes, par exemple, en
Grande-Bretagne, "les documents faisant partie de la collection permanente de
tout musée ou galerie inscrit au Tableau" (8) et au Kenya, "les documents du Public
Trustee ou du Registrar-General concernant les fidéicommis ou successions
privés" (9) ( voir également le par. 129).
Conclusion
33. L'inaliénabilité est le caractère que présentent les archives publiques du fait
de leur domanialité et qui interdit leur cession à des tiers (1). L'imprescrip-
tibilité est le concept selon lequel les archives publiques, qui sont inaliénables,
peuvent être revendiquées sans limitation dans le temps (2). En raison de ces carac-
tères que présentent les archives, 1'Etat a le droit de récupérer les archives
publiques dont la garde a été perdue (droit de recouvrement d'archives) (3).
Toute personne qui détient des pièces d'archives doit, dans les quatre semaines
à compter de la réception d'un avis envoyé par lettre recommandée, transmettre
lesdites pièces, aux risques et périls du destinataire, à l'organisme public
sous la garde duquel elles devraient se trouver . . . de manière à permettre
audit organisme d'en faire une reproduction photographique. Dans le délai d'un
mois à compter de la réception des pièces d'archives, l'organisme public les
retournera à l'expéditeur, et ce même dans le cas où il serait en mesure de
faire valoir, pour d'autres motifs, des droits sur les pièces en question (6).
Conclusion
37. Dans les pays où les textes législatifs applicables au domaine public en général
prévoient l'inaliénabilité et l'imprescriptibilité des archives publiques, il
apparaît superflu, à strictement parler, de faire figurer dans la législation archi-
vistique des dispositions spécifiques à cet effet. Un système spécial permettant la
reproduction des pièces d'archives publiques dont la garde a été perdue peut, en
revanche, être utile.
38. Les archives privées peuvent être définies comme les archives soit d'individus
ou de familles, soit d'institutions ou d'organisations non publiques, ou de
provenance non publique (1). Dans la plupart des pays, elles comprennent les papiers
personnels, les archives de famille, les archives commerciales, les archives
culturelles, etc. Dans les pays socialistes, leur champ est plus limité qu'ailleurs.
39. La plupart des textes en vigueur s'appliquent uniquement aux archives publiques.
Leur application peut aussi s'étendre, toutefois, à des archives de particuliers
ou d'organismes privés, dans la mesure où :
(b) des archivesprivées (se trouvant entre des mains privées) peuvent être
soumises à une réglementation protectrice, applicable : (i) soit à
l'ensemble des archives privées, (ii) soit aux seules archives privées
déclarées d'intérêt public et dont la communication, à ce titre, est
restreinte. Cette réglementation protectrice peut prévoir différents
degrés de contrôle des pouvoirs publics; par ordre croissant :
- compilation par les pouvoirs publics d'un registre des archives privées;
40. Faisant exception à la règle selon laquelle "la législation sur les archives ne
peut appliquer aux archives privées une protection et un contrôle aussi
efficaces qu'aux archives publiques" (3), la loi zaïroise inclut aussi bien les
archives privées que les archives publiques dans le patrimoine archivistique. Les
organismes privés et les personnes qui détiennent des archives datant de plus de
30 ans sont tenues de les déclarer aux Archives nationales. Si ces archives privées
sont jugées d'intérêt historique, elles peuvent faire l'objet d'une mesure d'expro-
priation. Ce système est inspiré du projet de loi d'archives type de Carbone et
Guêze, lui-même calqué sur la législation italienne (voir plus loin, par. 48). En
Roumanie, le Fonds d'archives national comprend à la fois des archives de 1'Etat et
des archives privées. Il en va de même en Yougoslavie. Dans d'autres pays socialistes,
en Hongrie par exemple, des archives privées peuvent être incorporées au Fonds
d'archives national selon une procédure comparable à celle qui tend à restreindre la
communication d'archives privées (archives "classées") dont il sera question plus
loin.
42. Dans le canton suisse des Grisons et en Grèce, il est interdit aux archivistes
d'acheter des documents ou d'en faire commerce, ceci afin d'éviter tout conflit
d'intérêts. Les Archives nationales néerlandaises et libanaises interdisent à leur
personnel de constituer des collections d'archives à titre privé sans une autori-
sation spéciale.
43. Il entre dans les fonctions de la plupart des archivistes de veiller à la bonne
conservation des archives privées,ou, à tout le moins, de celles qui sont jugées
d'intérêt majeur. Un registre national des archives (et des collections de documents)
de provenance privée présentant une certaine valeur pour la recherche est prévu
- sans conséquences pour le propriétaire - par la législation des pays suivants :
Brésil, Israël, Liban, Mexique, Pays-Bas, Royaume-Uni.
44. Dans d'autres pays, la loi fait obligation aux propriétaires d'archives privées
de veiller à leur bonne conservation. En Tchécoslovaquie, par exemple :
Au Portugal, une loi spéciale protège les archives d'entreprises qui,du fait de
leur ancienneté, de leur intérêt économique ou de leur valeur politique, ont exercé
une influence notable. Ces archives sont déclarées inaliénables; leur exportationest
interdite; leur conservation incombe aux entreprises concernées. En Israël, l'Archi-
viste de 1'Etat peut exiger de tout propriétaire ou possesseur de pièces d'archives
des renseignements concernant ces pièces. La consultation ou la reproduction des
archives privées n'est permise qu'avec l'autorisation du propriétaire ou du titulaire
du droit d'auteur et selon les modalités convenues entre le Conservateur des Archives
nationales et le propriétaire de la pièce. En Finlande, il est interdit de détruire
des archives privées ayant un grand intérêt historique ou d'en faire don sans en
informer préalablement les Archives nationales. Celles-ci ont le droit d'établir des
copies des pièces ou d'acheter les archives privées. En Bulgarie, les documents
acquis par les citoyens à titre de legs ou de don, par voie testamentaire ou de
toute autre manière, doivent être déclarés aux organes compétents du Fonds d'archives
d'Etat. S'il y a risque de destruction, de dispersion ou d'exportation, ces documents
- 17 -
45. L'Etat a un droit de préemption sur les archives privées dans un certain nombre
de pays : Finlande, France, Italie, Pérou, Portugal, République démocratique
allemande, Sénégal, Tchécoslovaquie, URSS, Yougoslavie et Zaïre. A Maurice, les
commissaires-priseurs assermentés sont tenus de prévenir le Conservateur des
Archives nationales de toute vente de documents d'archives. Des dispositions simi-
laires existent en Argentine, au Costa Rica, en France, au Guatemala et en Italie.
47. Dans un certain nombre de pays, seules les archives privées qui ont été
classées et enregistrées font l'objet de mesures de protection. En France, les
archives privées reconnues d'intérêt public en raison de leur valeur historique
peuvent être classées "archives historiques" par le Ministère de la culture sur
proposition des Archives nationales. Le fait que ces documents soient classés n'a
pas d'effet sur la propriété, mais dès lors, le propriétaire ne peut détruire,
modifier ou aliéner ses archives sans l'assentiment des Archives nationales. Le
propriétaire reçoit une indemnité. S'il désire exporter ses archives, les Archives
nationales ont le droit soit de les copier, soit de les acheter au prix fixé par
l'exportateur. L'exportation d'archives privées non classées doit être autorisée
par le ministre de la culture, qui a la possibilité de les acheter au prix fixé par
l'exportateur. Des dispositions similaires figurent dans la législation des pays
suivants : Algérie, République fédérale d'Allemagne (Bade-Wurtemberg, Bavière),
Botswana, Bulgarie, Espagne, Grèce, Hongrie, Malawi, Pays-Bas, Pologne, Portugal,
République démocratique allemande, République dominicaine, Roumanie et Saint-Marin.
48. En Italie (8), tout détenteur de documents privés datant de plus de 70 ans est
tenu de les déclarer à 1'Inspection des archives et au Préfet de la province.
L'inspection des archives peut déclarer ces documents d'intérêt majeur (mais un
recours est toujours possible auprès du Ministère de l'intérieur). Le détenteur de
documents ou d'archives déclarés d'intérêt majeur a l'obligation :
(b) d'autoriser les chercheurs à consulter les documents, à moins que ceux-ci
n'aient été reconnus par 1'Inspection comme ayant un caractère
confidentiel;
Conclusion
50. La tendance des législations en vigueur est de soumettre les archives privées,
à tout le moins sur les documents d'intérêt général, à un certain contrôle des
autorités archivistiques. L'étendue du contrôle effectif varie d'un pays à l'autre.
Un contrôle tropstrict- sans parler de ses difficultés d'application - risque
d'entraîner la dissimulation, voire la destruction d'archives privées. Les proprié-
taires devraient être encouragés à déposer les documents qu'ils détiennent auprès
d'institutions archivistiques publiques ou à leur en faire don. Dans de nombreux
cas, l'institution archivistique pourrait se contenter de faire une reproduction
des documents qui sont la propriété des particuliers. Il convient de souligner
qu'une législation nationale conforme à la Convention de 1'Unesco de 1970 peut
éviter l'exportation illicite d'archives.
- 19 -
52. La plupart des législations résument en termes assez généraux les principales
fonctions des Archives nationales ou en donnent une énumération. En cas de
description succincte, les fonctions peuvent être précisées dans un décret ou un
texte d'application. Les fonctions et responsabilités des Archives nationales sont
parfois attribuées au ministre de tutelle ou à une autre instance gouvernementale
(voir chapitre 1.7), qui peut déléguer ses pouvoirs au Conservateur des Archives
nationales. Dans la plupart des cas, cependant, ces fonctions sont énoncées comme
étant celles des Archives nationales ou du Conservateur des Archives nationales.
53. Les fonctions des Archives nationales sont, par exemple, décrites de manière
très complète dans la législation française, qui dispose :
(a) les documents provenant des organes centraux de l'Etat, depuis les
origines de la nation française;
(c) tous autres documents qui leur sont attribués ou remis à titre onéreux
ou gratuit, temporaire ou définitif." (3).
.----
-_-.
-.-
“..-- .---._.-
- 21 -
Cette disposition est complétée par une énumération très détaillée des
fonctions et responsabilités de la Direction générale des archives près le Conseil
des ministres de l'URSS (8). La Loi finlandaise sur les archives publiques de 1939
décrit les fonctions des Archives nationales en ces termes :
55. L'énoncé des fonctions des Archives nationales est fait sur le même modèle aux
Bahamas, en Gambie, au Ghana, au Nigéria et en Sierra Leone. Le Conservateur
des archives des Bahamas, par exemple, a :
Cela résume très bien les fonctions du Conservateur du Public Record Office
(Archives nationales) du Royaume-Uni, qui :
est habilité à faire tout ce qui lui apparaît nécessaire ou judicieux pour
préserver l'utilité du Public Record Office, et en particulier :
(a> compiler et offrir à la consultation des index et guides, ainsi que les
regestes et les textes, des documents conservés par le Public Record
Office;
(b) rédiger des brochures d'information sur les activités et les services du
Public Record Office;
(f) prendre les dispositions nécessaires pour conserver séparément les films
et autres documents qui requièrent des conditions de conservation
particulières;
(g) prêter des documents, sous réserve que le Lord Chancellor l'y autorise,
pour des expositions commémoratives ou à d'autres fins particulières;
56. Carbone et Guêze, dans leur projet de loi d'archives type (qui a servi de
modèle à la loi algérienne) donnent une énumération très détaillée des
fonctions des Archives nationales (14). On trouve une énumération similaire dans
les législations des pays ou Etats suivants : Argentine (dont le modèle a été suivi
par l'Uruguay) (15), Australie, Canton de Bâle (Suisse), Brésil, Costa Rica, Egypte,
Espagne, Guatemala, Hongrie, Liban, Liechtenstein, Malaisie, Malawi, Mexique,
Nouveau-Brunswick (Canada), Portugal, Porto Rico, République dominicaine, Singapour,
Sri Lanka, Suisse et Viet Nam. Citons, par exemple, la loi d'archives australienne :
(dl d'établir quels sont les documents qui constituent les ressources
archivistiques de la Fédération;
Ce> d'assurer la garde et la gestion des archives fédérales, autres que les
archives courantes,
(iii) qui, sans faire partie de ces ressources, méritent d'être conservées
indéfiniment ou temporairement;
Les Archives sont habilitées à faire tout ce qui leur est nécessaire ou commode
pour l'exercice de leurs fonctions; en particulier, et sans préjudice des dispo-
sitions générales qui précèdent, elles peuvent :
(c) prendre des dispositions pour faire acquérir par 1'Etat fédéral des
documents faisant partie des ressources archivistiques de la Fédération
ou les droits d'auteur qui s'y attachent, ou prendre des dispositions
concernant la garde de ces documents;
Ce> établir des copies, notamment sur microfilm, des documents d'archives,
sans toutefois porter atteinte au droit d'auteur pouvant subsister sur ce
document (lorsque ce droit n'appartient pas à 1'Etat fédéral);
(j> sur leur demande, aider les institutions fédérales à former les personnes
chargées de tenir les archives courantes de la Fédération;
(k) former d'autres personnes à des travaux en rapport avec les documents
archivistiques, ou participer à leur formation;
57. Dans de nombreux pays, un sceau des Archives nationales est expressément prévu
par la législation.
(1) Les Archives nationales ont un sceau officiel, dont le motif est approuvé
par le ministre.
(3) Le ministre peut approuver la création d'un sceau officiel à l'usage d'un
établissement d'archives, quel qu'il soit; un tel sceau est alors confié à
la garde du conservateur des archives publiques de l'établissement en
question.
(4) Le sceau officiel des Archives nationales et tout sceau créé en vertu de
la présente loi à l'usage d'un établissement d'archives fera l'objet d'une
annonce judiciaire (16).
58. Certaines décisions à prendre concernant les documents publics détenus par les
ministères et les archives publiques déposées aux Archives nationales peuvent
nécessiter un pouvoir officiel (17). Selon les législations, ce pouvoir peut être
dévolu soit aux Archives nationales, soit au ministre, soit encore à l'organisme
national d'administration des archives. Dans la plupart des cas, c'est le directeur
de l'organisme national d'administration des archives qui est investi de ce pouvoir,
sous la responsabilité politique générale du ministre (voir le chapitre 1.7). Dans
certains pays, cependant, la loi confère au ministre lui-même la responsabilité
officielle de la conservation des documents publics, le Conservateur des Archives
nationales agissant en son nom par délégation de pouvoir. C'est le cas dans les pays
suivants : Irlande, Japon, Jamalque, Philippines, Royaume-Uni, Soudan et Tchéco-
slovaquie et, fait notable, aux Etats-Unis, où l'bdministrateur des services généraux
(Administrator of General Services) est responsable de la conservation, de l'utili-
sation et de l'élimination des documents d'archives confiés à sa garde (c'est-à-dire
versés aux Archives nationales).
60. C'est également dans les règlements que figurent normalement les dispositions
instituant, par exemple, un fonds fiduciaire spécial, une commission des publi-
cations historiques rattachée aux Archives, etc.
Conclusion
61. La plupart des lois d'archives énoncent la mission et les fonctions principales
des Archives nationales. Toute énumération détaillée des fonctions, responsabi-
lités et pouvoirs des Archives nationales prête le flanc à une interprétation
- 25 -
limitative. Pour assurer la souplesse nécessaire, il est utile d'avoir une dispo-
sition générale autorisant l'attribution d'autres fonctions (19). Les législations
en vigueur dotent les Archives nationales d'une certaine indépendance qui s'exerce
sous l'autorité constitutionnelle générale du ministre. Il semble qu'il en aille de
même lorsque la loi confère officiellement au ministre les fonctions de.conservation
des archives.
62. Notre analyse des fonctions des services publics d'archives (voir chapitre 1.5)
a été centrée sur les Archives nationales. Mais la législation doit aussi
prendre en compte la nécessité d'instituer un système national comportant, outre les
Archives nationales, des services publics d'archives au niveau des différentes
collectivités locales (départements, provinces, communes, etc.). Outre les services
publics d'archives attachés à ces administrations, il peut également exister des
services d'archives spécialisés. Tel service, par exemple, conservera exclusivement
des archives versées par un organe gouvernemental précis (archives du Parlement, du
Ministère des relations extérieures, du Ministère de la défense), ou par plusieurs
institutions publiques ou privées de même type (chambres de commerce, syndicats,
entreprises commerciales, Institutions ecclésiastiques, académies des sciences,
hôpitaux, universités, partis politiques, familles, etc.). Autre cas de figure :
celui du service d'archives spécialisé qui rassemble exclusivement les archives
relatives à un domaine donné ou ayant le même type de support matériel : archives
littéraires et artistiques, archives économiques, archives audiovisuelles, archives
cinématographiques ou sonores, archives lisibles par machine. Un système national
d'archives comportant ainsi diverses sortes d'établissements exige une réelle coor-
dination, ou du moins une autorité responsable de la planification et de la mise en
oeuvre d'une politique archivistique nationale.
63. Dans les pays centralisés, le système national d'archives peut être constitué
par une hiérarchie intégrée d'archives nationales, régionales ou départemen-
tales et municipales, complétée par des archives spécialisées, relevant toutes d'une
autorité archivistique suprême. Dans les pays non centralisés, les services publics
d'archives aux différents niveaux sont généralement indépendants. Toutefois il peut
alors exister un organe chargé de la coordination entre les diverses archivistiques,
qu'on dénommera "organisme national d'administration des archives". Il peut s'agir :
Ci> d'une direction au sein des Archives nationales, dont elle relève;
64. On trouve des systèmes d'archives fortement centralisés dans des pays à
gouvernement centralisé tels que la Finlande, la République démocratique
allemande, l'URSS et les autres pays socialistes, mais aussi dans des pays tels que
l'Espagne, l'Italie et la Suède. Des systèmes d'archives non centralisés existent
non seulement dans des pays de structure fédérale (République fédérale d'Allemagne,
Brésil, Etats-Unis d'Amérique, Suisse), mais aussi, par exemple, au Royaume-Uni. En
outre, certains systèmes nationaux présentent un mélange de centralisation et de
décentralisation; c'est le cas de la Belgique, de la France et des Pays-Bas. Cela
étant, plutôt que d'analyser ces systèmes d'archives - chacun étant indissolublement
lié à la structure administrative du pays - il nous paraît plus utile de renvoyer le
lecteur aux chapitres de Delmas dans, "La planification des infrastructures nationales
de documentation, de bibliothèques et d'archives" (1).
66. La plupart des pays ont une organisation du premier type (c'est-à-dire une
direction au sein des Archives nationales), ce qui s'explique à l'évidence par
le fait que dans les pays industrialisés et dans la plupart des pays en développe-
ment, la constitution d'un réseau de services d'archives a cosnnencé par la création
d'Archives nationales et non par la mise en place d'un organisme administratif
central.
68. Dans les pays où il est impossible, du point de vue constitutionnel, de créer
une direction centrale, "une certaine coordination pourrait être assurée grâce
à un comité consultatif dûment constitué qui ne détiendrait aucun pouvoir exécu-
tif..." (3). Cette formule du comité consultatif fera l'objet du chapitre 1.8.
Conclusion
70. Les archives (les Archives nationales ou système national d'archives) sont
généralement placées sous la tutelle d'une haute instance gouvernementale, dans
la plupart des cas, un ministre. Ce ministre peut être investi de la responsabilité
générale de l'application de la loi d'archives et de superviser les services
d'archives (voir également le par. 52, au chapitre 1.5). L'instance de tutelle des
archives varie d'un pays à l'autre; ce peut être le ministre de l'intérieur ou un
autre ministre, ou le Président, ou encore le Conseil des ministres.
Conclusion
73. Dans la législation de la plupart des pays, il est prévu un Conseil des archives
ou un organe similaire qui est chargé de conseiller : (a) soit le ministre/
secrétaire d'Etat compétent ou le Président, (b) soit le directeur des Archives
nationales. Ces Conseils se différencient par leur mandat : il en est qui contrôlent
le fonctionnement des Archives nationales, d'autres qui ont une fonction consultative
plus large et participent à l'élaboration de la politique archivistique. L'un et
l'autre type ont leurs défenseurs chez les auteurs qui ont traité de la législation
des archives. Le Conseil national des archives préconisé par Carbone et Guêze (1)
est "l'organe principal de l'administration des archives" et "le promoteur de toute
l'activité générale des archives" du pays. Un conseil de ce type a véritablement la
haute main sur l'administration des archives. Delmas, dans son schéma de loi type(2),
prévoit un Conseil supérieur des archives responsable de l'orientation delapolitique
archivistique du pays et de la planification en cette matière.
74. Un organe ayant pour fonction de conseiller le directeur des Archives nationales
est prévu notamment pour la législation des pays suivants : Algérie, Canada,
Guatemala, Malaisie, Mexique et Singapour. Le Conseil peut également exercer une
certaine supervision sur les Archives nationales, par exemple lorsque le directeur
des Archives nationales est tenu de le consulter sur certaines questions : c'est le
cas de la Junta de gobierno qui supervise les Archives nationales espagnoles. Dans
d'autres cas, le Conseil qui supervise les Archives nationales est responsable devant
le ministre de tutelle, par exemple dans les Grisons (Suisse), à Saint-Marin et au
Venezuela (où il incombe au Conseil d'inspecter les Archives), ainsi qu'en Grèce, au
Lesotho, au Saskatchewan (Canada) et au Soudan.
75. Le Conseil consultatif des archives, dont la mise en place est envisagée en
Australie, conseillera et le ministre, et le directeur général des Archives
australiennes. Au Royaume-Uni, le Conseil consultatif des archives publiques donne
au ministre de la justice (Lord Chancellor) des avis
Une fonction comparable est assignée au Conseil dans les pays suivants : Bahamas,
Ecosse, Sri Lanka et Tanzanie.
76. Parfois, le Conseil des archives adresse ses directives au Service des archives
lui-même; c'est le cas en Irak, au Liban, dans certains Etats des Etats-Unis
d'Amérique (Maryland, Caroline du Nord et Wisconsin) et en Suisse (canton de
Lucerne). Le Conseil national des archives proposé par Carbone et Guêze (4) entre
dans cette catégorie. En Suède, le Conseil des archives de 1'Etat est un organe
ayant pouvoir décisionnaire qui est au-dessus du Conservateur des Archives nationales.
C'est à lui qu'incombent les décisions concernant les questions d'organisation
importantes, les propositions d'ouverture de crédits présentées au Parlement, les
règles de travail ou les règlements de service, la planification, les nominations et
les congés du personnel d'encadrement.
78. Au Sénégal, le Conseil des archives établit tous les deux ans un ordre de
priorité concernant les instruments de recherche, les publications docu-
mentaires et toutes les activités de vulgarisation des Archives nationales. Au
Brésil et en Colombie, la législation assigne expressément au Conseil des archives
une tâche de normalisation terminologique. Dans plusieurs pays, le Conseil donne des
avis sur les publications documentaires : c'est notamment le cas en Argentine, en
Grèce et au Lesotho. En Gambie, au Nigéria et en Sierra Leone, la législation
correspondante dispose que le Conseil des archives supervise la publication de tout
document ou de toute liste ou regeste d'archives dont le ministre a autorisé la
publication. Dans ces pays, le Conseil des archives joue aussi un rôle dans la
procédure d'octroi des licences d'exportation de documents historiques; c'est éga-
lement le cas en Espagne, au Kenya et au Portugal (voir le chapitre 1.4).
79. La mission impartie au Conseil des archives dans le tri et la sélection des
documents est extrêmement importante. Certains conseils donnent leur avis uni-
quement sur la procédure, mais dans beaucoup de pays, le Conseil intervient dans le
tri et la sélection eux-mêmes. Au Canada, 1'Archiviste fédéral peut soumettre au
Comité consultatif des documents publics (qu'il préside lui-même),
l'organisme dont émanent les documents jugés superflus et sur le sort desquels le
Conseil est appelé à se prononcer doit être invité à assister aux réunions du Conseil
sur la question. L'Archiviste d'Etat d'Israël, qui est aussi le Président du Conseil
supérieur des archives, doit avoir l'autorisation des autres membres du Conseil pour
éliminer les documents inscrits au règlement de tri. Le Conseil doit également
trancher lorsque quelqu'un s'oppose à la destruction d'un document quelconque (voir
le chapitre 2.4). L'élimination de documents d'archives publics est l'une des
questions sur lesquelles le Conseil des archives doit en référer au ministre dans
les pays suivants : Cameroun, Gambie, Nigéria, Pays-Bas, Rhodésie, Sierra Leone,
Soudan et Zambie.
82. La loi dispose parfois que les membres du Conseil des archives sont désignés ou
proposés par des universités ou des académies scientifiques; c'est le cas, par
exemple, dans les pays suivants : Guatemala, Italie, Nigéria, Panama, Porto Rico,
Sénégal, Sierra Leone et Turquie et, au Canada, dans la province du Saskatchewan.
Au Ghana, le Conseil des archives comprend également un représentant des établisse-
ments d'enseignement secondaire privés; au Nigéria, il est composé de représentants
de chacune des cinq universités, d'un représentant des entreprises commerciales,
d'un représentant des missions, de deux personnes versées dans les études arabes et
de membres désignés par le gouverneur militaire de chaque Etat. Une représentation
comparable des Etats ou provinces est prévue au sein de la Commission nationale des
archives d'Argentine. Outre les représentants des chercheurs appartenant aux admi-
nistrations publiques et aux universités, le Conseil des archives peut aussi compter
parmi ses membres des représentants de généalogistes et d'autres chercheurs non uni-
versitaires; c'est le cas aux Pays-Bas et au Guatemala. Il semble opportun d'inclure
dans le Conseil des archives des représentants de la Bibliothèque nationale et de
services d'archives ne relevant pas des Archives nationales, comme c'est le cas en
Israël, en France et au Portugal. Au Guatemala, selon le règlement de 1'Archivio
General de Centroamérica, les conservateurs des Archives nationales des autres pays
latino-américains sont membres honoraires du Consejo Consultivo (Conseil consultatif)
pour les Archives générales de l'Amérique centrale. La représentation des associa-
tions archivistiques professionnelles au Conseil des archives existe en France, au
Panama et au Sénégal. Le personnel des Z\rchives y est parfois représenté : c'est le
cas en Belgique et en France.
--- _- -
- 32 -
Conclusion
83. L'idée d'un Conseil des archives ayant pour but d "'associer à l'orientation de
la politique archivistique les producteurs et les utilisateurs des archives"(7)
est a peu pres universellement acceptée. Mais la question clé de savoir si le Conseil
doit être investi de pouvoirs exécutifs reste controversée. Un excès de pouvoir donné
au Conseil met en péril l'autorité des Archives et risque même d'empêcher le déve-
loppement fructueux d'une institution archivistique responsable aussi bien au plan
professionnel que constitutionnel. Inversement, si les Archives nationales n'ont
aucun organisme extérieur auquel en référer, un certain degré d'introversion et
d'isolement est à craindre. Le ministre de tutelle peut éprouver le besoin d'avoir
des avis d'experts pour contrebalancer les vues des spécialistes des Archives
nationales. Dans de nombreux pays, le législateur a cherché à résoudre ces problèmes
en conférant au Conseil des archives non seulement une fonction consultative (auprès
du ministre et/ou du Conservateur des Archives nationales), mais aussi en faisant
obligation au Conservateur des Archives nationales de prendre l'avis du Conseil des
archives avant toute décision sur un certain nombre de questions précises. Le plus
souvent, cette disposition vise le tri des documents d'archives. Toutefois, et en
particulier sur ces questions, la décision finale devrait appartenir aux Archives
et non aux représentants des chercheurs (8).
85. Dans quelques pays seulement, les Archives nationales sont réglementairement
chargées de toutes les fonctions de gestion des documents ou de l'élaboration
des normes d'archivage ainsi que de la fonction de conseil. Ailleurs, ces attri-
butions peuvent être dévolues à un autre service - Administration des services
généraux, Ministère de l'intérieur ou Secrétariat central de 1'Etat. Le plus souvent,
l'intervention des Archives nationales dans le préarchivage est limitée aux domaines
de la gestion des documents qui sont plus directement liés à l'exercice d'un certain
contrôle sur le tri. La majorité des législations contiennent des dispositions
générales visant à assurer une bonne gestion des documents. Lorsque la gestion des
documents est réglementée, c'est essentiellement par le moyen de règlements, de
lettres circulaires, etc.
86. Dans un certain nombre de pays, la gestion des documents fait l'objet d'une
législation spéciale. La première qu'il convient de citer à cet égard est celle
des Etats-Unis, la seule qui définisse la fonction de gestion des documents :
Le Federal Records Management Act (Loi sur la gestion des documents fédéraux)
impose l'élaboration de normes et de procédures pour assurer une gestion efficace
des documents. Il incombe à 1'Administrator of General Services (Administrateur des
services généraux) de promulguer ces normes. Ses attributions sont les suivantes :
(8) Réaliser des études sur la gestion des documents et charger, s'il le juge
utile, les responsables des services administratifs de réaliser des études
sur la gestion des documents en vue d'élaborer des systèmes et des
procédés permettant d'économiser du temps et des efforts dans ce domaine,
l'accent étant mis particulièrement sur les normes et les procédures
applicables à la création de documents.
(9) Effectuer des inspections ou des études sur la gestion des documents
comprenant un examen des programmes et des méthodes de plusieurs services
fédéraux et une analyse de l'interaction des services fédéraux et de
leurs relations réciproques en ce qui concerne les documents d'archives
et la gestion de ces documents.
En fait, ces tâches sont accomplies par le National Archives and Records
Service, qui fait partie des General Services. Dernièrement, la plupart ont été
transférées à un autre secteur de 1'Administration des services généraux. Les légis-
lations du Libéria, des Philippines et de Rhode Island (Etats-Unis) sont inspirées
de la législation fédérale des Etats-Unis.
88. En vertu du Presidential Records Act (Loi sur les archives de la présidence) de
1978, le Président des Etats-Unis doit, en mettant en oeuvre un programme de
gestion des documents au sein du gouvernement des Etats-Unis,
prendre toutes les mesures nécessaires pour que les activités, délibérations,
décisions et politiques découlant de l'exercice des fonctions qui lui sont
attribuées par la Constitution et la loi ou de ses autres fonctions officielles
ou cérémonielles faisant l'objet de documents appropriés et que ces documents
soient conservés comme archives de la présidence conformément à la présente
section et aux autres dispositions de la loi (6).
prendre des décisions en accord avec les secrétaires généraux des différents
ministères ou leurs représentants pour tout ce qui a trait à la sécurité, à la
conservation et au classement de leurs archives et de leurs bibliothèques (8).
89. Dans d'autres pays, les Archives nationales sont de même habilitées à élaborer
et/ou publier des normes pour la gestion des documents et du travail de bureau;
c'est le. cas par exemple en Algérie, en Argentine, en Bulgarie (Commission centrale
de contrôle du Conseil central des archives) et dans le Victoria (Australie). Au
Danemark, le Directeur des Archives nationales approuve tout nouveau plan de
rangement des dossiers et toute modification des places de rangement existants.
90. Dans d'autres pays (Australie, Maurice, URSS, etc.), le Directeur des Archives
nationales est chargé de promouvoir une gestion efficace et économique des
documents ainsi que de conseiller et d'aider les services publics. La plupart des
législations contiennent une disposition générale visant à assurer une bonne gestion
des documents :
Aux Pays-Bas, en vertu de la loi sur la conservation des archives, les orga-
nismes publics sont tenus de conserver en bon état et en bon ordre les pièces
d'archives se trouvant sous leur garde. Pour les ministères, l'arrêté d'application
- 36 -
de la loi prévoit que les chefs de département fixent des règles, veillent à ce que
les pièces d'archives soient classées et inventoriées et prennent des mesures propres
à assurer leur sécurité et à leur réserver la place nécessaire. Sur la proposition du
ministre néerlandais de l'intérieur (qui coordonne la gestion des documents dans les
ministères et les administrations publiques centrales), la Couronne a promulgué des
règlements sur la gestion des documents. Ces textes prescrivent que le responsable
des bureaux centraux des archives courantes des ministères doit avoir les qualifi-
cations professionnelles fixées par le ministre. Les plans de classement des dossiers
doivent être approuvés par un conseil de gestion des documents, qui conseille le
ministre. Le Directeur général des Archives d'Etat fait partie de ce conseil (11).
Au Libéria, la loi sur le Center for National Documentation and Records (Centre de la
documentation et des archives nationales) comprend une section sur des tâches qui
incombent aux directeurs des administrations en matière de gestion des documents (12).
Aux termes de la législation polonaise, ce sont les ministres qui, de concert avec le
Directeur général des Archives d'Etat, règlent la gestion des documents dans leurs
services, en particulier le maintien en état, la communication, l'archivage et l'éli-
mination des documents. En Bulgarie, les services décident du traitement des documents
après consultation des Archives de 1'Etat. Des cadres de classement etdes inventaires
descriptifs des documents doivent être approuvés par les chefs de service et par les
Archives d'Etat, conformément aux règles générales adoptées par le Conseil général
des archives. Au Québec (Canada), il existe un comité de gestion des documents qui
comprend le Conservateur des Archives nationales ou son représentant, et sept repré-
sentants d'administrations et organismes publics normnés par le Conseil du Trésor. Le
comité soumet à l'approbation du Conseil du Trésor les normes et politiques de
classement et d'inventorisation des documents, de gestion des formulaires, de fonc-
tionnement des centres de préarchivage et tous les autres aspects de la gestion des
documents. Chaque administration désigne un coordonnateur de la gestion des documents
et prend d'autres mesures pour assurer la bonne gestion des documents et l'appli-
cation des directives du Conseil du Trésor. Selon la réglementation en vigueur en
Turquie, les services publics doivent adopter les plans de classement des dossiers
et les normes de qualité du papier et de communication des documents publiés par les
Archives nationales et l'Institut turc de normalisation.
91. En Suède, on trouve des dispositions plus détaillées concernant la gestion des
documents dans le Règlement général des archives, dont l'application fait
l'objet d'une circulaire des Archives nationales. Un article de cette circulaire
fixe les normes à respecter pour la création et la tenue des dossiers, un autre se
réfère à la réglementation relative au papier et au matériel d'écriture (par exemple,
l'ordonnance sur le matériel d'écriture, 1964 : 504), d'autres encore concernent les
magasins, le soin et l'utilisation des documents ainsi que leur classement et leur
description. La circulaire traite non seulement des documents d'archives classiques,
mais contient, en outre, des dispositions spéciales sur les archives informatiques,
les microformes et d'autres catégories d'archives non classiques (13). Au Pakistan,
la gestion des documents d'archives est régie par des instructions détaillées
relatives au travail de secrétariat émanant de la Division du Cabinet (1975). Citons
également une circulaire des Archives fédérales du Cameroun, les directives annexées
à un décret d'application de la loi hongroise sur les archives, la législation
roumaine, ainsi que la réglementation édictée par le Cabinet du Premier ministre
thallandais.
Conclusion
92. Le rôle joué par les Archives en matière de gestion des documents varie sensi-
blement d'un pays à l'autre. Il n'y a que quelques pays où la responsabilité de
l'ensemble des fonctions de gestion des documents incombe aux Archives nationales.
Ailleurs, leur intervention dans. le préarchivage se limite à une participation aux
décisions de tri et d'élimination ou à un droit de regard sur ces opérations. Cela
ne signifie pas qu'il n'y ait pas dans ces pays de programme de gestiondes documents
- 37 -
embrassant toute la durée de vie des documents d'archives publics, mais ces
programmes sont réglés par des dispositions émanant d'une instance publique autre
que les Archives nationales. La plupart des législations comportent, en tout état
de cause, quelques dispositions générales tendant à la bonne gestion des documents
d'archives.
Dans certains pays, l'inspection est assurée par des commissions, à raison
d'une par administration, où le Directeur des Archives nationales est représenté.
Dans les autres pays, le Directeur des Archives nationales (ou la Division de
l'inspection des Archives nationales) a sous sa responsabilité un certain nombre
d'inspecteurs qui agissent-en liaison avec les administrations publiques.
95. Dans presque tous les pays, il incombe au Directeur des Archives nationales
"d'examiner tous les documents d'archives dont les diverses administrations ont
1a garde" (B a h amas) (3) et d'offrir des avis "concernant la prise en charge, la
conservation, la garde et le contrôle de ces archives publiques" (Botswana) (4).
Cette fonction consultative, voisine du droit d'inspection, lui est attribuée
expressément dans la législation des pays suivants : Australie, Bahamas, Botswana,
Cameroun, Etats-Unis d'Amérique, Liban, Liechtenstein, Sierra Leone et URSS. En
Nouvelle-Zélande, l'hrchiviste en chef est habilité à inspecter toutes les archives
publiques ainsi qu'à "donner des instructions concernant leur sécurité et, s'il le
juge nécessaire, des conseils visant à assurer une administration et une gestion
efficaces et économiques" (5). En République démocratique allemande, 1'Administration
des archives de 1'Etat et les Archives d'Etat ont la faculté de donner des
instructions aux services pour assurer le classement correct et la sécurité de leurs
archives. En France, les Archives nationales délèguent auprès des divers ministères
et services de l'Etat, pour assurer la liaison, un conservateur en mission (6).
Curieusement, en Zambie, le Directeur des Archives nationales ne peut examiner les
documents d'une administration qu'à la demande de celle-ci.
(2) L'organisation qui, bien que notification ait été faite par le Ministère
de l'intérieur ou le service d'archives compétent, ne s'acquitte pas des
tâches qui lui incombent en vertu de la présente loi ou d'un texte régle-
mentaire d'application générale, concernant la création, l'élimination ou
l'administration des archives, est passible d'une amende ne dépassant pas
50.000 couronnes tchécoslovaques, infligée par le Comité national de
district, sur la proposition du Ministère de l'intérieur ou du service
d'archives compétent, en particulier lorsqu'un dommage a été caus6 ou est
imminent. En cas de carence répétée, l'organisation est passible d'une
amende ne dépassant pas 10.000 couronnes tchécoslovaques (9).
Dans les pays comme la France et les Pays-Bas, le Code pénal prévoit l'appli-
cation de peines aux personnes coupables d'infractions en matière d'archives
publiques.
Conclusion
99. La législation de la plupart des pays reconnaît aux Archives un droit de regard
sur la création, la conservation et l'élimination des documents par les admi-
nistrations publiques. Le plus souvent, les Archives sont aussi autorisées à donner
des instructions aux administrations en vue d'assurer la bonne conservation de leurs
documents. Dans certains pays, la loi prévoit expressément l'application des mesures
proposées par les Archives dans l'exercice de leur droit d'inspection. Le septième
Congrès international des archives (1972) a jugé souhaitable que le contrôle exercé
régulièrement par les Archives de 1'Etat sur la gestion des documents courants soit
sanctionné par une législation explicite (10).
- 40 -
Selon cette définition, tout édifice spécialement conçu pour le stockage des
archives courantes ou intermédiaires serait un centre de préarchivage. Toutefois,
d'un point de vue juridique, la principale caractéristique d'un centre de préarchiva.ge
est de dépendre non de l'administration productrice des documents,mais desArchives (2).
Ainsi, les dépôts intermédiaires prévus, par exemple, par le projet de loi d'archives
type de Carbone et Guêze et la législation turque, qui sont organisés et gérés par
l'administration productrice, ne sont pas à proprement parler des centres de pré-
archivage, non plus que l'organisme central de tri des Pays-Bas.
101. Il est fait mention de centres de préarchivage dans la législation des Etats
suivants : Algérie, Allemagne (Rép. féd. d'), Basse-Saxe (Rép. féd. d'), Brésil,
Canada, Etats-Unis d'Amérique, France, Panama, Québec (Canada), Sénégal et Tanzanie.
Dans d'autres pays (comme le Royaume-Uni), de tels centres existent. Au Brésil, les
fonctions de centre de préarchivage sont assumées par la Division du préarchivage des
Archives nationales. En France, les archives intermédiaires peuvent être conservées
dans des dépôts de préarchivage, administrés ou supervisés par la Direction des
Archives de France. S'il n'y a pas de dépôt de préarchivage, les archives inter-
médiaires sont conservées soit dans les bureaux de l'administration productrice,
sous la supervision des Archives, ou par les Archives dans des dépôts d'archives.
Les délais prévus pour la conservation des archives courantes, la préservation des
archives intermédiaires et l'élimination sont fixés par accord entre l'administration
concernée et les Archives de France. Aux Etats-Unis, le Federal Record Management Act
(Loi sur la gestion des documents des services fédéraux) habilite 1'Administrator of
General Services à créer, entretenir et gérer des centres de préarchivage pour les
administrations fédérales.
Conclusion
- --
- 42 -
104. Dans presque tous les pays, c'est le Directeur des Archives nationales, de sa
propre autorité, ou le ministre dont les Archives dépendent, qui se prononce
en dernier recours sur le tri et l'élimination des documents. Parfois, l'autori-
sation du responsable de l'administration productrice des documents et celle du
Directeur des Archives nationales sont exigées, sans indication de priorité, par
exemple en Algérie, en Pologne, au Québec (Canada), en Tchécoslovaquie et en Yougo-
slavie. Une évaluation préparatoire est souvent effectuée par des commissions de tri
spéciales ou par le Conseil des archives (voir chapitre 1.8). Il existe des
connaissions de ce type en Bulgarie, en Italie, aux Pays-Bas (où elles ne sont pas
permanentes) et en Roumanie. Selon la loi bulgare, les recommandations des
commissions d'experts des administrations doivent être entérinéespar lescommissions
de contrôle des Archives d'Etat, conformément à la procédure fixée par le Conseil
général des archives. Ce dernier dispose d'une commission centrale de contrôle qui
traite des questions de principe concernant le tri et approuve les tableaux de tri.
En Roumanie aussi il y a, au sein des administrations,des commissions de tri qui
font des propositions d'élimination aux Archives de 1'Etat. Aux Pays-Bas, le ministre
responsable des archives et le ministre dont dépend l'administration créatrice des
documents doivent vérifier, avant d'adopter un tableau de tri, si le tableau a été
établi par des spécialistes des activités de l'administration concernée en accord
avec des spécialistes de la gestion des documents de cette administration et le
Directeur général des Archives de 1'Etat ou son représentant. Dans le projet de loi
d'archives type (3), les commissions de contrôle statuent sans appel. Les auteurs
estiment que l'approbation définitive par les Archives d'Etat est sans fondement
logique, puisque chaque commission est présidée par le Directeur des Archives. Au
reste, le Président de la commission de contrôle peut soumettre les cas douteux au
Conseil des archives compétent. Le règlement d'application peut d'ailleurs préciser
que les décisions en matière d'élimination sont prises par les commissions à l'una-
nimité. La loi algérienne suit le projet de loi d'archives type, mais ne contient
aucune disposition qui empêche de prendre la décision définitive contre l'avis de
l'archiviste.
105. Dans de nombreux pays, un conseil des archives, qui comprend généralement des
représentants des administrations publiques et de l'Université, assure le
travail préparatoire et donne des avis en matière de tri; il en est ainsi, par
exemple, en Illinois (Etats-Unis d'Amérique), en Grèce, au Lesotho, au Libéria, à,
Maurice, au Nigéria, au Panama, aux Pays-Bas et en Turquie. Au Chili, il y a une
Comisi&n de Selecci6n de Documentacibn de Descarte spéciale qui propose des normes
et des tableaux de tri au ministre. Au Ghana, la destruction est ordonnée par le
Comité permanent des archives publiques, présidé par l'Archiviste, sur proposition
des administrations. En Egypte, en vertu de la loi de 1954 sur les archives de la
République arabe unie, un comité des archives assure au sein de chaque ministère la
liaison avec les Archives nationales. Les propositions d'élimination sont faites par
le comité en collaboration avec les Archives nationales et soumises au Conseil
supérieur des Archives nationales, qui conseille le ministre. En Thaïlande, un .
règlement promulgué en 1963 prescrit la mise en place, dans chaque administration,
d'un comité de tri qui fait rapport au chef de l'administration. Ce règlement aurait
été réexaminé en 1972 en vue d'instituer une concertation, en matière de tri, entre
- 43 -
106. Dans les législations actuellement en vigueur, il est établi une distinction
entre : (a) l'élimination en application de tableaux de tri, (b) l'élimination
de documents non inscrits sur des tableaux de tri et (c) l'élimination de documents
versés aux archives. Parfois la loi ou les règlements énumèrent les documents qui ne
sont pas considérés comme des pièces d'archives et qui, de ce fait, peuvent être
détruits sans autorisation spéciale, ou qui sont considérés comme des pièces sans
valeur archivistique et, partant, peuvent être éliminés selon une procédure simple
ou sans autorisation spéciale. La réglementation norvégienne, qui énumère plusieurs
types de documents qui ne doivent pas être considérés comme des pièces d'archives,
est un bon exemple à cet égard. La législation de la République démocratique
allemande prévoit une procédure d'élimination simplifiée pour certaines catégories
de documents qui font l'objet d'un inventaire spécial publié par l'hdministration
des archives. En Suède, 14 catégories de documents peuvent être détruites à l'expi-
ration d'un délai de conservation fixé par l'autorité compétente. Les lettres
d'envoi, bordereaux, décisions de communication avec déplacement, accusés de
réception peuvent être éliminés, à condition que cette élimination n'ampute pas un
dossier de façon inopportune ou que la conservation de la pièce en question ne soit
pas jugée désirable en raison des annotations qu'elle porte. Les lettres de candi-
dature sont retournées à leurs auteurs. En France et en Côte d'ivoire, il est
stipulé que les documents qui contiennent des données récapitulées dans un autre
texte, imprimé ou non, peuvent être éliminés.
107. Par ailleurs, la loi précise parfois les documents qui ne doivent pas être
éliminés, par exemple les documents antérieurs à une certaine date (1799 en
France, 1800 en Irlande du Nord et en Ecosse (Royaume-Uni), 1839 en Turquie, 1850
en Yougoslavie, 1920 en Côte d'ivoire et 1925 au Soudan). La réglementation tchéco-
slovaque énumère de façon exhaustive les catégories de documents qui doivent être
conservées dans tous les cas.
108. Les tableaux de tri et les normes d'élimination sont en général établis par
le ministre responsable des Archives nationales (le Président de la République
au Libéria et au Cameroun, 1'Administrator of General Services aux Etats-Unis
d'Amérique), parfois en accord avec le ministre dont relève l'administration
créatrice (Pays-Bas, Tchécoslovaquie). Au Canada, 1'Archiviste fédéral peut publier
des règlements de tri pour les documents internes et autres documents communs à la
plupart des départements ministériels, alors qu'en Pologne et en Yougoslavie les
tableaux sont établis selon les directives ministérielles par le chef de chaque
administration en accord avec les Archives d'Etat. Aux Pays-Bas, en vertu de
l'arrêté régissant l'application de la loi sur la conservation des archives, les
documents non inscrits sur des listes ne peuvent être éliminés qu'après avis du
Directeur général des Archives de l'Etat, en accord (lorsque les provinces ou les
communes sont concernées) avec l'Inspecteur provincial ou les Archives communales.
L'opinion du ministre peut prévaloir contre celle du Directeur général des Archives
de 1'Etat. Au Cameroun, l'autorisation d'éliminer les documents non inscrits sur des
listes est donnée par le Conseil des archives.
109. En général, les documents qui ont été remplacés par des microformes ou
d'autres reproductions peuvent être détruits (Etats-Unis d'Amérique, Israël,
Porto Rico, Portugal, Zaïre). Aux Pays-Bas et en République démocratique allemande,
la suppression des originaux après leur reproduction n'est autorisée que pour les
documents qui sont, de toute façon, destinés à être éliminés.
- 44 -
Conclusion
115. Les législations actuellement en vigueur règlent les aspects suivants du tri
et de l'élimination (7) :
(1) Les rôles respectifs des Archives nationales et des administrations dans
les opérations de tri. Le tri et l'élimination des archives ayant perdu
leur utilité administrative courante incombent dans un certain nombre de
pays à la fois aux services d'archives et aux services de gestion des
documents. Dans chaque cas, une certaine supervision est, et doit être,
exercée par les Archives. Lors du tri, la valeur administrative peut être
évaluée par le service producteur, mais il appartient à l'archiviste de
se prononcer sur la valeur archivistique (ou historique) qui justifie la
conservation permanente des documents.
- 45 -
(3) La personne ayant autorité pour décider quels documents publics peuvent
être détruits :
(4) La personne ayant autorité pour déc ider que 1s documents ayant fait
l'objet d'un versement aux archives peuvent être supprimés.
(5) La liste des catégories d'archives courantes qui, dans tous les cas,
peuvent être éliminées; cette énumération peut figurer dans une régle-
mentation ou dans un tableau général de tri.
3.0 Introduction
3.1 Versement
116. Le versement des documents d'archives est l'opération par laquelle la conser-
vation d'archives passe du centre de préarchivage à un service d'archives
avec ou sans changement de propriété (1). Par l'effet du versement, les documents
passent sous la compétence de l'bdministration des archives. Le législateur devrait
s'attacher à régler les aspects ci-après du versement (2) :
Ci> délai général de conservation dans les bureaux (nombre d'années au terme
duquel les documents, après leur création, doivent, en principe, être
versés aux Archives) et procédure de versement;
118. Parfois, le délai général de conservation dans les bureaux n'est pas fixé par
la loi, mais dans des règlements (Gambie, Sierra Leone). La loi turque ne
prévoit aucune disposition générale à ce sujet : c'est le Conseil des archives qui
décide du moment où le versement doit avoir lieu. Toutefois, il peut être établi une
règle générale fixant le délai maximal de conservation dans les bureaux. Aux
Pays-Bas, par exemple, une proposition actuellement à l'étude tend à prescrire le
versement aux archives "dès que les documents ne sont plus nécessaires à la conduite
des affaires courantes, et en tout cas après 25 ans". Une règle analogue est
appliquée au Zaïre, où les documents qui n'ont plus d'utilité administrative
immédiate doivent être versés aux archives, même lorsqu'ils ont moins de 30 ans
(délai général de conservation dans les bureaux). La législation roumaine prévoit
le versement annuel des dossiers concernant des affaires classées.
119. Dans certains pays, il n'est pas prévu de délai légal de conservation dans les
bureaux. En France, par exemple, le délai de conservation par l'administration
créatrice est fixé séparément pour chaque administration par un règlement commun
des Archives de France et de l'administration concernée. Il en va de même en Suède
pour les documents des autorités centrales et régionales. Au Cameroun, le délai de
conservation dans les bureaux est laissé à l'appréciation de l'administration
créatrice mais, si celle-ci a besoin de conserver des documents plus de 20 ans,
elle doit fournir les justifications nécessaires. En Yougoslavie, le délai doit être
négocié entre l'administration et les Archives fédérales, mais il ne peut être
inférieur à 5 ans ou supérieur à 30 ans. En Bavière (République fédérale d'Allemagne),
les administrations sont priées, quand, dans le cours de l'expédition des affaires,
il apparaît qu'il s'agit de pièces présentant une valeur particulière de témoignage
sur l'institution créatrice ou d'information, de signaler la nécessité de leur
versement futur aux archives en portant sur le dossier la mention "archives d'Etat".
120. La loi prévoit souvent que les versements doivent se faire tous les 5 ans
(Danemark, Hongrie) ou tous les 10 ans (Belgique, Suède, pour les documents
des collectivités locales) ou que le versement doit être effectué dans les 10 ans
qui suivent l'expiration du délai de conservation dans les bureaux (Pays-Bas). Selon
la réglementation hollandaise, les administrations créatrices doivent clore tous les
dossiers les années se terminant par un 9, afin de faciliter les versements. En
Norvège, ce délai est de 5 ans.
123. Les pièces faisant l'objet du versement doivent être énumérées sur un bordereau
de versement. Une copie de ce bordereau, signée par l'administration d'archives,
sera conservée à titre de preuve officielle du transfert par l'administration
d'origine. Dans la plupart des pays, les coûts de transport des documents versés
sont supportés par l'administration d'origine.
- 48 -
124. Une circulaire des Archives nationales suédoises (3) contient des dispositions
spéciales régissant le versement des documents informatiques et des microfilms.
En ce qui concerne les documents informatiques, les données doivent être enregistrées
sur bande magnétique. La bande sera versée en deux exemplaires, dont un au moins doit
être neuf. Les deux bandes doivent être conformes aux normes fixées par l'Office
national suédois d'essais, d'inspection et de métrologie. En même temps que la bande,
on versera la documentation pertinente, y compris les listes imprimées des blocs de
données existants, avec l'indication des informations manquantes et des notes
concernant l'état matériel de la bande. Avant le versement, l'information entrée
dans le journal machine doit être vérifiée pour s'assurer qu'elle correspond bien à
celle de la documentation du système. Le versement de microfilms doit comprendre un
exemplaire pour les archives et un exemplaire de lecture.
125. Dans un certain nombre de pays, le délai de conservation dans les bureaux de
certaines catégories de documents est différent du délai normal. C'est le cas,
par exemple, pour les actes notariés (Porto Rico, 60 ans; France, Pays-Bas de URSS,
75 ans), les registres de l'état civil (France, Pologne et Roumanie, 100 ans;
Bulgarie et URSS, 75 ans), les dossiers de personnel (Bulgarie et URSS, 40 ans).
Apparemment, cette prolongation du délai habituel est motivée par le besoin qu'a
l'administration d'origine de conserver des documents plus longtemps pour ses
affaires courantes. Parfois, il est jugé nécessaire de différer le versement des
documents pour en retarder la communicabilité. En Malaisie, par exemple, le ministre
est habilité à empêcher le versement aux Archives nationales de documents publics
contenant :
---.-“-.. ---
- 49 -
128. Dans certains pays, le dépôt légal s'effectue aux Archives nationales : soit
uniquement, comme à Maurice et en Zambie, soit en même temps qu'à la Biblio-
thèque nationale, comme au Cameroun, au Costa Rica, a-u Guyana, en Inde, à Madagascar,
en République dominicaine, au Soudan et à Sri Lanka (voir chapitre 3.2). Dans
plusieurs cas, le rôle des Archives nationales est limité aux documents non tradi-
tionnels (8) ou aux publications officielles. Dans ces cas, il peut être nécessaire
d'établir des dispositions prévoyant le dépôt de ces documents peu après leur
parution (9). C'est le cas, par exemple, en Algérie, à Maurice, au Mexique, au
Wisconsin (Etats-Unis) (avant la distribution). A Maurice, un spécimen de chaque
émission de timbres-poste, billets de banque et pièces de monnaie doit être déposé
au Département des archives dans un délai d'un mois, en même temps qu'une note
officielle sur l'histoire et l'objet de l'émission. Le Département des archives
reçoit également des exemplaires des procès-verbaux des réunions des autorités
municipales ainsi que des procès-verbaux d'audiences de la Cour suprême relatifs
aux biens du domaine public, dans des délais fixés respectivement à un mois et une
semaine.
toutefois, les archives du Ministère des affaires étrangères antérieures à 1945 sont
conservées aux Archives historiques centrales d'Etat. L'Administration polonaise des
archives peut autoriser des organismes gouvernementaux, en particulier l'Académie
des sciences, à conserver leurs archives, sous contrôle de ladite administration.
Dans ces cas, le délai général de versement ne leur est pas applicable. En République
démocratique allemande, les universités, les. académies des sciences et l'armée
conservent leurs archives qui, toutefois, font partie du Fonds d'archives de 1'Etat.
Conclusion
132. Bien que dans la plupart des pays, le dépôt légal des livres et autres publi-
cations imprimées soit réglé en dehors du cadre de la législation des archives,
certaines lois d'archives contiennent néanmoins des dispositions sur la question. La
législation relative au dépôt légal ayant déjà été traitée par ailleurs (1), la
présente analyse concernera uniquement le rôle que peut éventuellement jouer une
institution d'archives comme lieu de dépôt légal.
133. Dans quelques pays, les Archives nationales sont le seul lieu de dépôt légal
des livres et autres publications imprimées. Dans d'autres pays, le dépôt légal
s'effectue à la fois aux Archives nationales et à la Bibliothèque nationale. Tous les
services d'archives conservent évidemment des "archives imprimées", même s'ils les
désignent autrement : c'est-à-dire des documents sous forme imprimée produits, reçus
et détenus par un organisme, une institution, une organisation ou un particulier dans
l'accomplissement de ses obligations légales ou dans l'exercice d'activités de
quelque nature que ce soit, et conservés de façon permanente en raison de leur valeur
archivistique (2). Ces documents imprimés seront versés aux archives en même temps
que les autres documents. Dans certains pays, la législation contient une disposition
spéciale prévoyant le dépôt des publications gouvernementales aux Archives nationales
(avant le délai normal de versement).
134. A Maurice et en Zambie, les Archives nationales reçoivent toutes les publi-
cations imprimées au titre du dépôt légal. En Zambie, la question est réglée
par l'ordonnance sur les publications imprimées. A Maurice, l'ordonnance sur les
archives traite à la fois de la fonction de dépôt légal du Département des archives
(voir par. 128) et de ses fonctions archivistiques. Les pays où les Archives
nationales aussi bien que la Bibliothèque nationale reçoivent un exemplaire de
toutes les publications sont les suivants : Cameroun, Costa Rica, Guyana, Inde,
Madagascar, Maroc, République dominicaine, Sri Lanka et Soudan.
Conclusion
136. Une institution d'archives n'a pas pour fonction essentielle d'être le lieu de
dépôt légal des livres ou autres publications n'ayant pas le caractère
d'archives. Toutefois, il est difficile d'établir la démarcation entre les publi-
cations gouvernementales et les documents officiels imprimés. Cela justifie peut-
être le dépôt aux Archives d'un exemplaire de toutes les publications gouvernementales.
(1) Directive NATIS, paragraphes 55-59; POMASSL, Survey of existing legal deposit
laws; LUNN, Guidelines for legal deposit legislation.
(2) Cf. Dictionnaire de terminologie archivistique, no 370.
- 52 -
3.3 Conservation
137. La conservation peut être définie comme "la fonction fondamentale des archives
consistant à assurer l'emmagasinage et la protection des archives " (1). Dans
les législations d'archives en vigueur, cette fonction peut faire l'objet d'une
disposition générale applicable à tous les documents d'archives (y compris les
archives intermédiaires) ou figurer parmi les attributions des Archives nationales.
Cette disposition générale est parfois explicitée plus en détail par la loi elle-
même, mais plus souvent par des règlements. Dans certaines législations, le 'micro-
filmage de sécurité" est expressément mentionné.
138. La disposition la plus générale est celle qui énonce que 1'Etat assure la
protection, la conservation et la gestion du patrimoine historico-archivistique
(Algérie). Dans d'autres cas, la loi dispose que "les documents d'archives sont
protégés par 1'Etat" (Tchécoslovaquie) ou que "les organismes publics sont tenus de
conserver en bon état et en bon ordre les pièces d'archives se trouvant sous leur
garde" (Pays-Bas) (2). En Suède, l'ordonnance sur les archives générales dispose :
Une réglementation analogue existe aux Pays-Bas. La loi roumaine déclare que
les documents d'archives doivent être conservés dans des dépôts spécialement
construits à cet effet ou dans des bâtiments spécialement adaptés, qui doivent être
munis de systèmes adéquats de préservation et de prévention des incendies.
139. Dans la plupart des pays, l'une des fonctions du Directeur des Archives
nationales consiste à veiller à la conservation et à la sécurité des archives
publiques dont il a la garde (voir chapitre 1.5). Aux Etats-Unis :
Conclusion
Les organismes publics sont tenus de conserver en bon état et en bon ordre les
pièces d'archives se trouvant sous leur garde (2).
145. Le principe universel du classement des archives est énoncé dans la législation
de l'URSS :
147. En République démocratique allemande, en URSS et dans d'autres pays, l'une des
fonctions de la Direction générale des archives est de publier des règlements
et instructions régissant le classement et la description des archives. Dans le
canton suisse de Genève :
Chaque registre ou liasse doit être muni d'une cote et d'un numéro. Les pièces
à l'intérieur d'une liasse doivent être numérotées. Tous les documents . . .
doivent être munis du timbre des Archives d'Etat (10).
Les documents, une fois classés, peuvent être ordonnés. Pour cette mise en
ordre, l'archiviste doit garder à l'esprit la nécessité de ne pas détruire le
fonds auquel appartient tel ou tel document qui, de plus, ne doit en aucun cas
en être séparé, par exemple pour des raisons d'ordre alphabétique ou chrono-
logique. Au contraire, l'archiviste doit faire tout son possible pour maintenir
intact le fonds originel et ne le réorganiser qu'en fonction de ce que lui
dicte sa propre expérience.
- 56 -
Lorsque les documents ont été classés en bon ordre, l'étape suivante consiste
à les cataloguer. Cette opération comprend deux étapes : (a) l'établissement
d'un inventaire et (b) le catalogage au sens strict du terme. Etablir un
inventaire consiste à classer les dossiers de chaque fonds section par section;
le catalogage à proprement parler consiste à décrire d'une manière succincte,
mais néanmoins complète, chacun des documents qui constituent chaque dossier.
Conclusion
149. Dans la plupart des pays, la législation offre une base pour le classement et
la description des documents et archives, en attribuant le plus souvent aux
organismes créateurs et/ou aux Archives nationales des responsabilités spécifiques à
cet égard. On pourrait s'attendre que le détail des dispositions applicables en ce
domaine figure dans des règlements ou instructions mais, dans certains pays, la loi
consacre beaucoup d'attention à cette question du classement et de la description.
Normalement, il suffirait de n'énoncer que les grands principes, eu égard, en parti-
culier, à l'évolution rapide des documents et archives modernes ainsi qu'aux
conditions spéciales qu'exigent les documents et archives audiovisuels et
informatiques.
3.5 Communicabilité
151. On peut faire une distinction entre les dispositions législatives régissant
l'accès aux documents publics selon que le versement des documents à une
institution d'archives a ou non une incidence sur leur communicabilité. On examinera
donc les cas suivants :
Ci> communicabilité des documents, qu'ils aient été ou non versés aux
Archives :
152. La liberté d'accès aux archives constitue un droit pour tous les citoyens (3).
En Espagne, le droit d'accès est énoncé dans la Constitution. Dans un certain
nombre de pays, tous les documents publics (ou certains d'entre eux) sont, en vertu
de la législation sur la "liberté de l'information", communicables en principe dès
leur création, par exemple en Australie (projet de loi sur la liberté de l'infor-
mation), au Canada, aux Etats-Unis et en France (4). Certaines législations (Algérie,
Botswana, .France, Royaume-Uni, Tanzanie, Zambie) disposent expressément que les
documents qui étaient communicables avant leur versement aux archives restent ouverts
à la consultation du public. La plupart des lois d'archives énoncent le principe de
la communicabilité des archives après versement. Dans de nombreux pays, cependant,
les archives ne peuvent être consultées par le public qu'au bout d'un certain temps :
.-
- 58 -
30 ans aux Bahamas, en France (5), à Sri Lanka, au Royaume-Uni (Public Record
Office), en Gambie, en Inde, au Kenya, en Tanzanie;
40 ans en Autriche;
celle des documents informatiques. Dans des pays comme la République fédérale
d'Allemagne, la législation prévoit la possibilité de percevoir un droit de
consultation.
156. En général, les étrangers ont les mêmes droits d'accès que les nationaux, mais
parfois seulement lorsque la réciprocité existe (République fédérale
d'Allemagne, Autriche, Suisse, Yougoslavie). En Pologne, les étrangers n'ont accès
qu'aux archives antérieures à 1939 et - pour des recherches sur les crimes nazis -
à celles qui portent sur la période de 1939 à 1949.
157. Dans certains cas, l'accès à des documents d'archives qui, en principe, ne
sont pas communicables peut être autorisé, essentiellement aux fins de
recherches universitaires (Algérie, Autriche, Cameroun, Liechtenstein, Suisse,
Zaïre).
158. La restriction de communicabilité peut être levée dans certains cas parti-
culiers (dérogation), la plupart du temps par la même autorité qui est habi-
litée à imposer la restriction. C'est le cas en France, où le ministre peut accorder
une dérogation, sauf pour les renseignements d'état civil concernant la vie privée
qui remontent à moins de 100 ans. Cette dérogation peut être générale pour certaines
catégories d'archives, à condition que les documents aient plus de 30 ans et que
l'institution d'origine ait donné son accord. En Algérie, le Conseil des archives,
avec l'accord du Directeur des Archives nationales, peut autoriser la consultation,
à des fins scientifiques, d'archives normalement frappées d'une restriction de
communication. En Rhénanie duNord-Westphalie (République fédérale d'Allemagne), les
archives contenant des données personnelles sont inconrnunicables pendant 100 ans à
compter de la date de naissance de l'intéressé. Toutefois, il peut y avoir communi-
cation avant l'expiration de ce délai, avec l'autorisation de l'organisme d'origine,
à la personne intéressée (ou avec son consentement), ou à ses héritiers, ou à des
fins scientifiques (sauf les dossiers de personnel).
159. Dans les pays suivants : Andorre, Autriche, Cameroun, Canada, Roumanie et
Suisse, la dispense est soumise à l'autorisation de l'organisme d'origine.
Selon la législation danoise, certaines catégories d'archives sont communicables
avant l'expiration du délai de 50 ans. De plus, le Directeur des Archives nationales
peut autoriser la communication d'archives plus récentes, mais si elles ont moins de
25 ans, 1' organisme d'origine doit donner son autorisation.
160. Le chercheur qui bénéficie d'une dispense doit soumettre sa publication aux
Archives en République fédérale d'Allemagne, aux Pays-Bas (si cela a été
spécifié au moment du transfert) et en Suisse.
162. L'accès peut être limité par le ministre responsable des archives (Botswana,
Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni (Public Record Office), Tanzanie et
Zambie) ou par le Président de la République (Zaïre). Au Botswana, ce pouvoir peut
être délégué au Directeur des Archives nationales. L'accès aux archives peut être
limité par le Directeur des Archives nationales lui-même à Fidji, en Islande, au
Japon, au Luxembourg, à Maurice et en Pologne. Au Cameroun et aux Pays-Bas, le chef
de l'orgànisme producteur peut demander la restriction de communication. Au Cameroun,
le Conseil des archives doit donner son avis à propos d'une telle restriction. A
Sri Lanka, l'organisme producteur doit approuver toute limitation d'accès. Les
législations de Fidji, de la France, de Maurice, des Pays-Bas et de la République
démocratique allemande prévoient un recours entre toute décision de limiter la
communication d'archives. La législation française stipule que toute décision de
refuser l'accès doit être dûment motivée.
- 60 -
163. Dans la plupart des pays, l'accès aux archives en mauvais état matériel peut
être refusé. C'est le cas dans le canton de Genève (Suisse), en Israël, à
Madagascar, en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas et en Pologne, où la règle vaut aussi
pour les archives qui ne sont pas consultables faute d'avoir été classées et
décrites. La législation néo-zélandaise dispose que :
Des copies peuvent être proposées aux chercheurs à la place des originaux en
Australie, en Israël et au Japon. En Croatie (Yougoslavie), les originaux ne peuvent
être consultés que s'il n'existe pas de reproductions ou si la méthode scientifique
appliquée par le.çhercheur l'oblige à consulter les originaux.
164. La consultation d'archives peut être également refusée dans les cas où 1'Etat
en a besoin (République fédérale d'Allemagne, République démocratique
allemande), où cette consultation constituerait une "gêne" pour l'administration
(Côte d'ivoire, Luxembourg, Madagascar) et où leur communication demanderait trop
de travail (République démocratique allemande). Certaines dispositions habilitent
en termes assez généraux le Directeur des Archives à refuser l'accès pour toute
"bonne raison" (Fidji, Pologne), ou "quand le but de la consultation suscite de
graves objections" (Rhénanie .du Nord-Westphalie (République fédérale d'Allemagne)).
Au Botswana, le Directeur des Archives nationales peut imposer "toute condition ou
restriction" d'accès. En Pologne, l'accès aux documents d'archives peut être refusé
si le chercheur manifeste son incapacité à effectuer des recherches archivistiques.
Selon la législation bulgare, l'organisme créateur a priorité sur tous autres
chercheurs pendant les trois ans suivant le versement, ce qui constitue, en fait,
une restriction de communicabilité (voir également par. 126). En Bulgarie, il est :
167. La personne qui fait don de ses archives à un service d'archives public peut
également imposer des restrictions à leur communicabilité (République fédérale
d'Allemagne, Botswana, Israël, Italie, Liechtenstein, Nigéria, Pays-Bas, Pologne,
Saint-Marin, Saskatchewan (Canada), Slovénie (Yougoslavie), Suisse, Tchécoslovaquie,
Zambie). A Saint-Marin, cette faculté est limitée aux archives datant de moins de
30 ans (en Italie, 70 ans) mais, en Italie, la restriction de communication qui
frappe les documents concernant des biens immobiliers ne vise pas l'acquéreur d'un
tel bien qui désire consulter des documents donnés par un ancien propriétaire.
Conclusion
168. L'un des aspects les plus fondamentaux de la législation archivistique est
celui de la réglementation de la communicabilité des documents d'archives. Le
chercheur doit avoir conscience qu'en matière d'accès, en particulier, l'analyse des
textes législatifs et réglementaires ne suffit pas à se faire une idée exacte de la
situation réelle. Dans beaucoup de pays, la date de communication est déterminée par
l'expiration d'un délai d'un certain nombre d'années. La législation sur la liberté
de l'information, la protection de la vie privée, ou la protection des données peut
également avoir une incidence sur la communicabilité des documents d'archives. Les
législations archivistiques en vigueur habilitent le Directeur des Archives
nationales (dans certains pays, le ministre) à autoriser l'accès des archives qui,
normalement, seraient frappées d'une restriction de communication ou à restreindre
l'accès àdes archives qui,normalement, seraient communicables. Il convient de
formuler ces exceptions en termes aussi restrictifs que possible.
3.6 Reprographie
170. Dans beaucoup de pays, la Directeur des Archives nationales est habilité à
reproduire tout document dont il a la garde et à en fournir des copies à ceux
qui le demandent. Des dispositions spéciales régissent l'authentification et, dans
certaines législations, la valeur probante des reproductions. Dans certains pays, le
droit de copier les pièces d'archives est inclus dans le droit d'accès. Seul un
nombre limité de lois d'archives contiennent des dispositions relatives au droit
d'auteur.
Aux Pays-Bas, tout responsable d'un dépôt d'archives publiques est habilité à
délivrer des copies ou des extraits certifiés conformes de toutes pièces qui y sont
conservées. Si le responsable est un employé municipal, les copies établies par ses
soins de pièces d'archives dont la date est antérieure à 1700 doivent être visées et
paraphées par 1'Archiviste des Archives de l'Etat, sauf si l'employé municipal a
lui-même le titre d'archiviste de rang moyen ou supérieur.
173. Aux Bahamas, au Botswana, au Malawi, au Nigéria et à Sri Lanka, la loi dispose
que :
est apposé le sceau officiel des Archives nationales, sont recevables comme
preuves dans toute procédure judiciaire de la même manière et dans la même
mesure que l'aurait été le document ou manuscrit original (7).
Lorsque des documents dont la loi exige la conservation indéfinie ont été
reproduits par un procédé photographique, microphotographique ou autre,
conformément aux normes établies par le Directeur général, la conservation
indéfinie de ces reproductions sera réputée satisfaire aux prescriptions
légales relatives à la conservation indéfinie des documents originaux. Ces
reproductions auront la même valeur juridique que leurs originaux (8).
(a) que le procédé utilisé pour la reproduction sur film des documents soit
tel qu'il reproduise de façon précise le contenu de l'original;
(b) que chaque bobine ou partie de bobine de microfilm porte au début un en-
tête indiquant le nom de l'organisme, le titre abrégé de la série de
documents, le numéro d'autorisation de microfilmage de substitution
attribué par l'office et, à la fin, l'attestation de l'opérateur de
prise de vues indiquant le numéro d'autorisation de microfilmage de
substitution, le numéro de la bobine, le titre abrégé de la série de
documents, une description sommaire du premier et du dernier document
figurant sur la bobine ou partie de bobine de film ainsi qu'une décla-
ration signée de l'opérateur indiquant en substance : Je certifie avoir,
ce . . . 19.., photographié les documents décrits ci-dessus conformément
aux normes et procédures établies par la loi 16.80;
(c) que soit déposée auprès de l'office une déclaration attestant que la
reproduction a été faite sur un film conforme aux normes de qualité
minimales fixées par l'office pour les documents photographiques
permanents, et que le film a de même été traité et développé conformément
aux normes minimales établies par l'Office. L'attestation de l'opérateur
de prise de vues et la déclaration de conformité vaudront présomption de
respect des conditions et normes prescrites par le présent article.
En Jamaïque :
Conclusion
3.7 Personnel
Au Botswana :
179. Dans un certain nombre de pays, les archivistes n'ont pas un statut spécial
différent de celui des autres fonctionnaires, tandis que dans d'autres, leur
statut est régi par une réglementation particulière, concernant parfois aussi les
bibliothécaires. Au Sénégal, par exemple, un décret spécial règle le statut du
personnel des Archives et des bibliothèques, sa hiérarchie, son recrutement, son
avancement, sa rémunération, etc. (5). Le détiret définit la mission de chacune des
quatre catégories d'archivistes : conservateurs d'archives, conservateurs-archivistes,
sous-archivistes, les conservateurs d'archives (diplômés de 1'Ecole des chartes de
Paris ou titulaires d'un diplôme équivalent) ont pour mission :
Conclusion
182. Pour conclure cette analyse très limitée des textes législatifs et réglemen-
taires concernant le personnel des archives, on peut dire qu'il ne paraît pas
faisable d'inclure dans la législation archivistique des dispositions relatives au
personnel des services d'archives et de gestion des documents. Seule une étude
spéciale des réglementations d'un certain nombre de pays et de la situation concrète
existant dans ces pays pourrait faire apparaître des éléments communs susceptibles
de servir de base à des principes directeurs concernant l'établissement de descrip-
tions d'emploi types et de normes de recrutement du personnel, l'organisation de la
formation, etc. Le seul aspect traité dans la plupart des législations est celui du
secret professionnel auquel sont tenus les archivistes et gestionnaires de documents.
(1) DELMAS, Archives, p. 310. Présente d'utiles normes de recrutement des diffé-
rentes catégories de personnel pour un dépôt d'archives type. Ce sujet a éga-
lement été traité à la douzième Conférence internationale de la Table ronde
des archives, en 1979; voir : Actes des onzième et douzième Conférences inter-
nationales de la Table ronde des archives.
(2) Archivum, vol. 28, p. 192.
(3) Archivum, vol. 28, p. 76-77 (traduction).
(4) Archivum, vol. 20, p. 130 (traduction).
(5) Informations fournies par S. M'Baye, Directeur des Archives nationales
du Sénégal.
(6) Informations fournies par M. Duchein, Inspecteur général des Archives
de France.
(7) Voir'M. COOK, Principes directeurs pour l'élaboration de programmes d'ensei-
gnement dans le domaine de la gestion des documents et de l'administration des
archives modernes : une étude du R4MP (PGI/82/WS/16). Paris, Unesco, 1982,7Op.
M. COOK, Une norme internationale pour la formation des archivistes et eestion-
naires de dossiers, in : Revue de 1'Unesco pour la science de l'informaTion, la
bibliothéconomie et l'archivistique, vol. 4, no 2 (1982), p. 123-132.
(8) Traduction angla~ise dans Nederlands Archieveblad, vol. 75 (1981), p. 190-208.
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4. SANCTIONS
183. Pour assurer l'application des lois, leurs dispositions doivent être assorties
de sanctions. On a déjà mentionné l'opportunité de prévoir des sanctions pour
garantir le droit d'inspection, l'inaliénabilité des archives publiques, la
protection des archives privées et le contrôle de leur exportation, ainsi que le
secret professionnel. Indépendamment des dispositions pénales spécifiques qui peuvent
exister en la matière, la législation de la plupart des pays contient une disposition
générale interdisant la dégradation, la mutilation, la destruction, la soustraction,
etc.,d'archives publiques. La législation du Nouveau-Brunswick (Canada) offre un
exemple de disposition générale de ce type :
Quiconque commet un délit tombant sous le coup de la présente loi est passible
d'une amende de 2.000 kwacha ou d'une peine d'emprisonnement de cinq ans, ou
de l'une et l'autre peine (Malawi) (3).
En Sierra Leone, latitude est laissée au ministre de décréter par voie régle-
mentaire les sanctions dont est passible quiconque détruit, dégrade ou dëtourne
délibérément des documents publics. Le Code pénal français précise que, dans le cas
d'une exposition organisée par une personne publique, les dispositions pénales
concernant la mutilation et la destruction de documents et d'objets sont applicables,
quel que soit le propriétaire du document ou de l'objet. La législation bulgare
dispose :
185. Outre les dispositions relatives aux questions faisant l'objet des paragraphes
qui précèdent, voici quelques exemples de dispositions pénales particulières :
Toute personne qui, à la cessation de ses fonctions, aura, même sans intention
frauduleuse, détourné des archives publiques dont elle est détentrice à raison
de ces fonctions, sera punie (France) (5).
Conclusion
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5.0 Introduction
187. NOUS récapitulerons dans le présent chapitre les principales questions qu'il
convient d'envisager de faire régler par la législation et la réglementation
archivistiques. Un certain nombre de ces questions sont déjà traitées dans les
directives relatives à l'institution d'un cadre législatif pour la mise en place du
NATIS (Chapitres IV et V) : afin que les principes directeurs énoncés dans la
présente étude forment un tout, nous citerons donc, en tant que de besoin, les
recommandations pertinentes formulées dans ces directives, en les désignant par le
sigle NG (NATIS Guideline), suivi du numéro du paragraphe correspondant du document
où elles figurent. Les autres numéros renvoient aux paragraphes de la présente étude.
188. Nous distinguerons entre les questions essentielles, qui doivent être réglées
par la loi, et les questions dont le traitement est simplement souhaitable ou
facultatif et peut se faire par voie réglementaire. L'application de nos principes
directeurs en ce qui concerne la structure et les objectifs du service d'archives de
tel ou tel pays demande une extrême attention. Les textes réglementaires sont plus
faciles à modifier que la loi et offrent par conséquent la souplesse souhaitable
pour la mise en oeuvre de programmes de gestion d'archives et de documents. Mais
cette souplesse peut aussi être préjudiciable en période de troubles politiques ou
de difficultés financières, où ces programmes risquent de se voir compromis par
l'effet d'une simple modification de la réglementation, voire par la seule inter-
prétation d'une réglementation plus rigoureuse. Il peut arriver que la réglementation
edictée par le ministre responsable des archives n'ait pas le poids voulu auprès
d'institutions relevant d'autres ministres. Il faut donc que la loi définisse
clairement la répartition des compétences et des pouvoirs. Dans la plupart des pays,
la hiérarchie des textes législatifs et réglementaires comprend, entre la loi (qui
émane du Parlement) et les arrêtés ou règlements ministériels, des ordonnances,
décrets, etc., émanant de la Couronne, du Président, du Conseil des ministres, etc.
Dans toute la mesure du possible, il faut préférer ces textes réglementaires dotés
d'une autorité supraministérielle aux règlements ordinaires émanant d'un ministre ou
de l'bdministration des archives elle-même. La démarcation entre loi et règlement est
généralement déterminée pour une grande part par la tradition juridique et les
pratiques administratives du pays considéré.
189. Toute loi d'archives doit contenir une définition des documents publics, "afin
d'éviter toute ambiguïté quant à l'étendue des responsabilités des Archives
nationales" (NG par. 125). Pour marquer la différence entre la législation relative
aux archives et celle qui concerne d'autres domaines de l'information, il importe au
plus haut point que la définition des documents d'archives précise qu'il s'agit de
documents créés, reçus et conservés par une institution ou une personne physique
dans l'exercice de son activité. Il n'est pas toujours opportun de limiter la défi-
nition aux documents publics, car la législation concernera nécessairement, dans une
certaine mesure, les documents et archives privés.
191. "Il importe que la législation relative aux documents publics s'applique non
seulement aux divers organismes qui assument les fonctions législatives,
judiciaires et administratives de l'Etat, mais encore aux entreprises d'Etat et à
toutes autres institutions relevant directement ou indirectement du gouvernement et
qui peuvent être considérées comme des organismes publics. La législation sur les
archives manquera en grande partie son but si elle ne contient pas de dispositions
étendant le contrôle réglementaire aux organismes publics les plus divers"
(NG par. 127).
Une définition des documents faisant référence à leur origine (ou provenance)
correspond généralement mieux à la définition admise par la profession (par. 15)
qu'une définition se référant au propriétaire des documents. On recourt toutefois à
ce second type de définition, que l'on a rattaché à la notion britannique de "conser-
vation sans rupture de continuité" sur laquelle se fonde la valeur probatoire des
documents, quand on entend viser les manuscrits historiques et autres biens docu-
mentaires appartenant à 1'Etat. "Quel que soit le mode de définition employé, il est
souhaitable de se prémunir contre les omissions ou contre les modifications
éventuelles du statut des organismes publics en prévoyant un système qui, sans qu'il
soit nécessaire d'élaborer une nouvelle législation, permette d'étendre le contrôle
réglementaire à tous les documents qui, par suite d'une interprétation technique de
la définition ou pour d'autres raisons, se trouvent exclus de son champ d'appli-
cation" (NG par. 127).
192. Les archives publiques relèvent du bien public, font partie du domaine public,
et sont par conséquent inaliénables et imprescriptibles. Ces qualités des
archives peuvent, suivant la législation du pays, être explicitées dans la loi
relative aux archives. Les Archives nationales doivent avoir le droit de reprendre
possession des archives publiques qui ont échappé à leur contrôle (ou tout au moins
d'en faire des copies) (NG par. 145).
193. La loi doit habiliter les Archives nationales à acquérir des archives privées
(NG par. 143). Il faut envisager de charger par voie législative les Archives
nationales de compiler et de tenir à jour un registre de toutes les archives de
provenance non publique et de toutes les collections de documents présentant de
l'intérêt pour la recherche. La loi devrait faire obligation aux propriétaires de
ces archives "enregistrées" ou à ceux qui en ont la garde de les conserver dans les
meilleures conditions possibles. Tout changement de leur lieu de dépôt devrait être
signalé, et l'autorité compétente devrait être saisie de tout projet visant à les
vendre ou à les liquider de toute autre manière. L'exportation de ces archives
devrait être interdite ou, en tout cas, soumise à l'approbation de l'administration
des archives compétente (NG par. 159). L'Etat peut se voir conférer un droit de
préemption sur toutes archives privées mises en vente.
194. Misés à part les tâches de gestion de documents évoquées aux paragraphes 200
et 201, les services d'archives publiques (institutions d'archives nationales,
régionales, locales et spécialisées) devraient être légalement chargés des fonctions
ci-dessous :
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(iii) fournir des instruments de consultation par tous les moyens disponibles
et appropriés en vue de faciliter l'accès aux archives et la recherche
des informations qu'elles contiennent;
(viii) promouvoir la valeur éducative des archives par des moyens appropriés,
notamment en organisant des expositions et en prêtant des documents
pour des expositions organisées par d'autres institutions (NG par. 148).
1. Législation
V. Compétence exclusive
197. "La législation s'intéresse aussi à l'organisation des archives publiques, qui
est étroitement liée au système administratif propre à chaque pays" (6). En
tout état de cause, il faudra créer un organisme central doté de pouvoirs exécutifs
et consultatifs et placé sous l'autorité d'un ministre chargé de la mise en oeuvre
d'une politique nationale convenue en matière d'archives (voir par. 198). Dans
certains pays, il conviendra de confier ces fonctions de coordination aux Archives
nationales, ou tout au moins à une direction distincte au sein des Archives
nationales; dans d'autres pays, il serait préférable d'instituer un organe exécutif
distinct; dans d'autres encore, où il serait impossible pour des raisons constitu-
tionnelles de créer une direction centrale, une certaine coordination pourrait être
assurée par un conseil consultatif constitué dans les conditions voulues, qui ne
détiendrait pas de pouvoir exécutif (NG par. 161).
198. Une question qui demande à être réglée par le législateur et exige beaucoup de
réflexion est celle du choix du ministre responsable des archives
(NG par. 150) (7). Dans les directives relatives au NATIS, on trouve exposées les
raisons pour lesquelles il y aurait lieu de placer les archives sous la responsa-
bilité du ministre des affaires culturelles, les auteurs marquant leur préférence
pour un ministre doté d'une grande influence ou autorité au niveau interministériel.
Cette préférence tient au fait qu'un service d'archives est appelé à participer de
près aux activités de gestion des documents dans tous les secteurs, fonction qu'il
pourra sans doute exercer avec plus d'efficacité s 'il a l'appui d'un tel ministre.
Cette question a été examinée lors de la 19e conférence internationale de la Table
ronde des archives (8), où les participants ont préconisé que le service des
archives relève d'une autorité se situant à l'échelon le plus élevé du pouvoir
interministériel ou supraministériel. Mais, à cet égard, "aucun système ne peut
être idéal" (9), surtout si l'on considère que le ministre le mieux placé est celui
qui s'intéresse personnellement au travail d'archives, ce qu'aucune loi ne saurait
garantir.
199. Certains pays choisissent de conférer au Conseil des archives des pouvoirs
exécutifs et/ou de supervision, selon la structure du système national
d'archives (voir par. 197). Dans la plupart des législations, toutefois, le Conseil
des archives est simplement un organe consultatif chargé d'associer, par leur parti-
cipation ou leur représentation, les producteurs et les utilisateurs des archives à
l'orientation de la politique archivistique (10). C'est la loi qui doit fixer le
rôle, les attributions principales et la composition du Conseil des archives, tandis
que des règlements préciseront les détails de sa composition et de son fonctionne-
ment (11). Il y a lieu de consulter le Conseil sur tout projet de caractère légis-
latif concernant les documents/les archives, l'établissement ou la modification du
réseau des archives et tous projets de règlements de tri. Il peut être souhaitable
de lui demander également son avis sur l'opportunité de différer un versement, les
restrictions d'accès et le programme de formation. Le Conseil peut être appelé à
participer à la rédaction ou à la révision de la législation et/ou de la réglemen-
tation archivistiques. La loi doit préciser que le Conseil des archives se compose
de membres siégeant ès qualité (dont 1'Archiviste national) et de membres nonnnés par
le Chef d'Etat ou le Conseil des ministres.
administratives (12). L'étendue du contrôle exercé par les services d'archives sur
les documents courants est extrêmement variable d'un pays à l'autre (13). Au strict
minimum, ils devraient pouvoir exercer un droit d'inspection (voir par. 202), ainsi
qu'un certain droit de regard sur le tri, l'élimination et le versement (voir
par. 204 et 205). Il faudrait aussi, de préférence, que la participation des
Archives nationales à la gestion des documents (14) s'étende à l'élaboration de
normes, de procédures et de directives ainsi qu'à la formation d'archivistes de
l'administration considérée. Dans beaucoup de pays, il ne sera pas possible de
demander aux Archives nationales un concours maximal, c'est-à-dire de leur attribuer
la responsabilité légale de toutes les tâches de gestion des documents, même si cela
paraît souhaitable, point de vue dont on commence d'ailleurs à revenir aux Etats-Unis.
201. Il convient de régler par voie de règlements et/ou de circulaires les questions
suivantes :
- reprographie;
- conservation.
202. Le lien juridique entre la gestion des documents et les Archives est formé par
l'octroi à celles-ci d'un droit d'inspection concernant non seulement le sort
réservé aux documents mais, en principe, toutes les fonctions et opérations de
gestion des documents relatives aux documents courants et documents intermédiaires.
L'inspection est inutile s'il n'est pas prévu de sanctions à titre d'ultime recours.
203. Il faut que la législation, toutes les fois que c'est possible, autorise les
Archives nationales à créer et entretenir des dépôts de préarchivage si les
circonstances l'exigent; il faut également les habiliter à imposer aux adminis-
trations et organismes publics l'obligation de verser à un dépôt de préarchivage
les documents qui n'ont plus d'utilité courante (NG par. 133).
204. La loi doit interdire à tous les organismes qui produisent des documents
publics de les supprimer sans s'être assurés que ces documents n'ont pas, à
long terme, de valeur pour la recherche et les Archives nationales doivent veiller
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à ce que ces organismes déterminent la valeur des documents et conservent ceux qui
présentent de l'intérêt pour la recherche (NG par. 132).
209. Il faut que la législation sur les archives définisse clairement le droit
d'accès aux documents publics, sous réserve de certaines conditions visant à
en assurer la protection et la bonne aonservation. L'aspect essentiel de cette
question est le nombre d'années, à compter de leur création, pendant lequel les
documents publics ne doivent normalement pas être communiqués au public et ne peuvent
pas être consultés pour la recherche. Dans la plupart des pays, l'étude 'de cette
question a conduit à autoriser la communication généralisée des documents ayant plus
de 25 ou 30 ans. Quel que soit le délai adopté, toutefois, il faut prévoir, sous
forme de dérogation générale à la règle, un mécanisme permettant la communication de
certains documents au bout d'un délai plus court ou plus long, ainsi que la possibi-
lité d'autoriser la communication de documents non consultables à certains chercheurs
dans des cas exceptionnels (NG par. 140-142) (16).
210. Il est souhaitable que la législation sur les archives dispose expressément
que la reproduction ou la publication d'un document communicable au public et
conservé aux Archives nationales ou dans un autre service d'archives public ne
constitue pas une violation du droit d'auteur (NG par. 147).
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211. Il peut être jugé nécessaire de faire figurer dans la législation une dispo-
sition stipulant que le versement aux Archives nationales des documents
détenus par les administrations ou autres organismes publics ne porte pas atteinte
à leur valeur juridique. La législation devrait également stipuler que les Archives
nationales ou tout autre service d'archives détenant légitimement de tels documents
sont habilités à certifier conforme toute copie qui en serait faite (NG par. 146).
212. Il est indispensable que la loi établisse les bases d'une réglementation
détaillée concernant le recrutement, la nomination, l'avancement, la qualifi-
cation professionnelle et la formation du personnel des services d'archives.
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