Séance 5 : lecture

Objectif : observer l’ascension et la chute de Jeannot

Support : De : « La nature, qui fait tout » jusqu’à « dans tout le reste de sa vie ».

A- L'ascension de Jeannot

1. Quel don possède Jeannot ? Étudiez les marques de l'ironie du narrateur ?

Jeannot chante agréablement des vaudevilles, des chansons alors très populaires. Ce
don naturel le propulse dans la société, et Voltaire ironise en exagérant : il parle de «
talent », de « succès prodigieux », de « don supérieur » et de Jeannot comme « le
jeune homme de la plus grande espérance » qui sont évidemment des hyperboles*.

2. Relevez dans le texte une phrase qui caricature l'homme du monde.

La phrase qui caricature l’homme du monde est : « Il acquit l’art de parler sans
s’entendre et se perfectionna dans l’habitude de n’être propre à rien ». Les deux
antithèses* contenues dans cette phrase sont bien au service de l’ironie mordante de
Voltaire.

3. Jeannot rencontre I'amour. Les intentions de sa future femme sont-elles

désintéressées ?
Le texte nous indique clairement, mais avec humour, que les intentions de la jeune
veuve ne sont pas désintéressées. Elle souhaite « s’approprier » les biens de Jeannot.
Remarque : attention au terme « désintéressé » qui désigne quelqu’un qui agit sans
attendre de contrepartie, de récompense. « Intéressé » signifie donc le contraire.

4. Montrez comment, par étapes, elle parvient à ses fins.

La jeune veuve développe une stratégie pour séduire Jeannot. On relèvera la
gradation* (accumulation qui juxtapose les mots dans un ordre croissant ou
décroissant) dans le vocabulaire de la séduction: « attirer », « enchanter », «
subjuguer » (= gradation ascendante*). On comprend qu’elle procède de même avec
ses parents, gens crédules, dont elle devient en très peu de temps la meilleure amie.

5. Pourquoi les parents de Jeannot sont-ils favorables à l'union de leur fils avec la
jeune veuve ?
Les parents sont favorables au mariage de leur fils avec la jeune veuve parce qu’elle
est d’une noblesse ancienne. Étant de noblesse récente, ils sont « éblouis de la
splendeur de cette alliance », bien que la jeune veuve n’ait « qu’une fortune
médiocre ».

B- La chute de Jeannot

1. Relevez dans le texte ce qui laissait présager la ruine des parents de Jeannot.
Plusieurs indices laissent présager la ruine des parents du héros : « Madame la
marquise crut être la mère d’un bel esprit ». Ici, le modalisateur* « crut » nous alerte
1
sur l’erreur de jugement de la mère. D’autre part, Jeannot dépense beaucoup auprès
des femmes (« L’amour est quelquefois plus cher qu’un régiment ») ; enfin, ses
parents, qui souhaitent paraître dans le monde, mènent le train de vie de « grands
seigneurs ».

2. Dans quelles circonstances Jeannot apprend-il son malheur ?

Jeannot apprend sa ruine par un domestique alors qu’il se trouve chez sa future
épouse. Le texte ménage un effet de surprise et de contraste entre le bonheur
amoureux de Jeannot : « amour », «estime », « amitié », « charmante épouse », «
conversation tendre », « vie délicieuse », « prémices de leur bonheur » et la nouvelle
catastrophique de sa ruine : « huissiers », « saisi », «créanciers », «prise de corps ». À
son retour chez lui, il ne trouve que désolation. Les champs lexicaux* du bonheur
puis du désastre sont particulièrement significatifs dans ce passage.

3- Dressez la liste des personnages que sollicite Jeannot. Sont-ils d’un grand
secours ?
Jeannot est abandonné tour à tour par sa promise, son gouverneur, le confesseur de
sa mère et ses amis. Aucun d’eux ne lui porte secours.

4. En quoi le comportement de la promise de Jeannot est-il indigne ?

Le texte nous montre Jeannot abusé par l’amour. On note un contraste délibéré
entre la chaleur d’un sentiment qui l’aveugle (« cette jeune veuve m’aime
éperdument ; elle est plus généreuse encore que riche, je réponds d’elle ») et la
désillusion provoquée par le comportement indigne et les propos blessants de sa
maîtresse, qu’il trouve dans les bras d’un autre homme et qui lui propose une place
de femme de chambre pour sa mère.

5. Quel personnage avait vocation à aider Jeannot ? Commentez son attitude.

Le confesseur (qui est un prêtre) avait évidemment vocation à soutenir Jeannot dans
son épreuve. L’attitude de ce personnage est significative de l’hypocrisie des gens du
monde puisque le même paragraphe nous le présente ignorant puis informé de la
situation du héros. Prévenant dans un premier temps, l’homme d’Église change de
comportement après que Jeannot lui a annoncé la ruine de sa famille. Dans la
situation désespérée et le besoin où se trouve le jeune marquis, le confesseur lui
présente sa chute comme une grâce divine et l’abandonne à son triste sort. Il n’est
pas innocent que Voltaire insiste de la sorte sur le comportement, indigne parce que
peu charitable, du religieux.

Note : Prenez l’habitude de recourir systématiquement aux outils techniques de

l’analyse de texte*. Bien repérés et donc bien bien maîtrisés, ils permettent une
explication très efficace.