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Rapport
scien itique
final
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~ RAPPORT SCIENTIFIQUE FINAL
1
1 LA CHASSE EN GUYANE AUJOURD'HUI:
VERS UNE GESTION DURABLE?
1
1
Pierre GRENAND (IRD), RESPONSABLE SCIENTIFIQUE
1
1 Avec la collaboration scientifique, par ordre alphabétique, de :

1 Thierry BONAUDO (CIRAD-EMvT)1


François CATZEFLIS (CNRS)
Sandrine MANUSSET (IRD)
Denis MASSEMIN (Association Kwata)
Julien CHOPELET (univ. La Rochelle) Colin NIEL (ONCFS)
1 Maël DEWYNTER(Association Kwata) Marie-Françoise PREVOST (IRD)
Eric HANSEN (ONCFS) François RENOUX (ONF-ENGREF)
1 Bettine JANSEN van VUUREN
(univ. Stellenboschen, Afrique du Sud)
Cécile RICHARD-HANSEN (ONCFS)
Teddy SALIN (univ. Antilles-Guyane)
Ferran JORI (CIRAD-EMVT) Jean-Marc THIOLLAY (CNRS)
~ Céline MAGNAT (CIRAD-EMVT) Benoît de THOISY (Association Kwata)
Est indiqué en gras le nom des personnes ayant eu un rôle scientifique prééminent
1 dans le programme.

~ Ont également participé à l'Atelier Chasse, tenu à Cayenne en Septembre 2002, les
personnes suivantes :
à Michel BORDERES (Directeur de l'oxr) Catherine LATREILLE (ONF)
Philippe GAUCHER (MISSION PARC) Sylvia LOCHON (DIREN)
~ Catherine JULLIOT (SILVOLAB) Guy TIEGO (DIREN)
Leurs informations et leurs remarques critiques ont été de la plus grande utilité
~ pour l'élaboration des recommandations finales.

~
1
1
1
Détaillant les résultats des recherches du programme "Chasse en Guyane", ce
rapport scientifique est avant tout destiné au public spécialisé et aux décideurs en
matière d'environnement.
Il a été mis en forme par le responsable scientifique du programme, financé par le
MEDD et la Mission pour la Création du Parc de la Guyane et placé sous la
responsabilité du GIS Silvolab-Guyane. Il est issu des rapports rédigés par les
participants au programme. Le nom des rédacteurs figure à la suite de chaque titre de
chapitre et éventuellement à suite d'un titre de sous-chapitre. Les conclusions et
recommandations ont été rédigées par le responsable scientifique, à la suite d'un atelier
de travail tenu à Cayenne en septembre 2002, au cours duquel un nombre important de
partenaires - scientifiques et représentants des administrations - a pu s'exprimer. Il
s'agit donc d'un moyen terme incluant à la fois les résultats scientifiques et l'essentiel
des opinions et réflexions formulées lors de cet atelier.
Dans le texte, nous nous sommes efforcés de citer les noms des animaux sous leur
[ nom dans de la nomenclature française, incluant leurs variantes. L'Annexe 1 donne la
correspondance entre les noms scientifiques, ceux de la nomenclature française, du
créole de Guyane et du portugais du Brésil, ces deux dernières langues étant comprises
ou parlées par la plupart des chasseurs avec qui nous avons enquêté.

Remerciements
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1

i
\
Nous remercions les maires des communes des sites ateliers (Saint-Georges,
Régina, Macouria, Iracoubo, Mana, Awala-Yalimapo) pour l'intérêt apporté à cette
[ , étude; nous remercions également les enquêteurs qui ont permis un bon suivi d'enquête
et nous ont aidés à gagner la confiance des chasseurs ; nous soulignerons enfin la bonne
1 .
volonté des revendeurs et des restaurateurs ayant participé aux enquêtes, sans omettre,
bien sfr, les chasseurs et les associations de chasseurs.

( ,

Durée du programme: fin 1999 - septembre 2002.

Toutes les gravures sont extraites de l'ouvrage de Jules Crevaux (1883).


r .

Relecture:
Françoise GRENAND, CNRS-IRD.
[

Montage technique du rapport:


[ ManoU NONTANOVANH, société GEOHYD, Orléans.

r
1
1
INTRODUCTION GENERALE
1 Objectifs généraux
Zones d'enquêtes
Organismes et personnes engagés
1 Déroulement du programme et méthodologie

l - HISTORIQUE DE LA CHASSE EN GUYANE


1 1 - 1. Grandes caractéristiques
1 - 2. Les techniques de chasse traditionnelles
1 - 3. Evolution des techniques
1 1 - 4. Persistance et changement dans les pratiques cynégétiques
1 - 5. Conclusion: Emergence de la chasse commerciale

1 II - PRATIQUES DE CHASSE ET ETAT DE LA FAUNE DANS LE NORD DE LA GUYANE


II - 1. Pratiques de chasse: analyse de six sites-ateliers
II - 2. Exploitation et gestion de la faune
1 II - 3. Etat de la faune
II - 4. Impacts compares de différentes pressions de chasse: le cas des oiseaux
II - 5. Apports de la génétique
1 III - REPRESENTATIONS ET EVOLUTIONS DES SAVOIRS CYNEGETIQUES

1 III - 1. Représentations de la chasse: approche anthropologique


III - 2. Evolution des pratiques de chasse: approche sociologique

1 IV - COMMERCIALISATION DU GIBIER :DE LA CAMPAGNE A LA VILLE


IV - 1. Introduction
IV - 2. Objet de la recherche et méthodologie
1 IV - 3. Résultats
IV - 4. Discussion
IV - 5. Conclusion
1 V - LEGISLATION PASSEE ET EN COURS
V - 1. Genèse de la situation actuelle
1 V - 2. Projets de réglementation
V - 3. Liste des arrêtés préfectoraux et ministériels concernant la chasse

1 VI - 1. Ce qui est faisable dans un premier temps


VI - RECOMMANDATIONS

VI - 2. Plusieurs obstacles persistent cependant


1 VI - 3. Ce qu'il convient de mieux connaître dans l'avenir

CONCLUSION GENERALE
1 BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
1 Annexe 1. Liste des espèces animales citées dans le texte
Annexe 2. Analyse cartographique des captures des principales espèces de gibier.
TABLES DES CARTES, FIGURES ET TABLEAUX
1
1
1
INTRODUCTION GENERALE

(P. GRENAND)

- 1-
1

OBJECTIFS GENERAUX
1
La chasse est un objet de recherche hautement symbolique. Dans le contexte de la
Guyane, elle devient, avec les activités aurifères, une des composantes du débat autour
1
de notions telles que la préservation de l'environnement ou le respect de la spécificité
locale. Ces notions ont pour toile de fond un fort pluralisme culturel, sous-jacent aux 1
débats politiques et économiques qui agitent la région.
Dans ce contexte, l'objectif essentiel est - au sein d'une politique globale de 1
l'environnement guyanais - d'aboutir à une gestion permettant d'assurer la durabilité de
la ressource gibier et par conséquent de garantir son exploitation raisonnée. Afin
d'apporter une aide à la décision des autorités compétentes, nous avons tenté de
1
répondre aux trois questions suivantes :
• Quel est l'état de la ressource? Cette approche biologique et écologique visait à
1
caractériser l'état des populations animales, non seulement dans les zones chassées de
façon plus ou moins intensive, mais aussi dans des zones libres de toute chasse. 1
• Qui chasse quoi ? Où, comment, quand et pourquoi ? Nous avons mené une
enquête socio-anthropologique sur les pratiques de chasse, leurs fondements historiques
et leurs finalités sodo-économiques contemporaines.
1
• Comment gérer la chasse et la ressource? Àtravers les enquêtes réalisées au
cours des approches ci-dessus, il s'est agi de mettre en valeur les tendances évolutives
1
de la chasse au cours des vingt dernières années et de montrer la place qu'elle occupe
actuellement dans les cultures et l'économie de la Guyane. 1
ORGANISMES ET PERSONNES ENGAGES
Les organismes suivants, fédérés par Silvolab, ont été effectivement engagés dans
1
la recherche de terrain: CIRAD-EMVT, CNRS, Université de Montpellier, Mission pour la
création du Parc de la Guyane, !RD, ONCFS, ONF. Le suivi du programme a été assuré à 1
des degrés et à des moments divers par: Pierre GRENAND (coordinateur scientifique,
!RD), François RENOUX (ONF puis ENGREF), Meriem FOURNIER et Catherine JULLIOT
(Silvolab), André LARTIGES et Cécile RICHARD-HANSEN (ONCFS), Michel BORDERES et
1
Catherine LATREILLE (ONF), Ferran JORI (CIRAD-EMVT) et Philippe GAUCHER (Mission
pour la création du Parc de la Guyane). 1
Les chercheurs et doctorants suivants, par ordre alphabétique et par institution de
rattachement, ont effectivement participé sur le terrain aux opérations de recherche: 1
Thierry BONAUDO, Ferran JORI, & Céline MAGNAT (économie de la chasse, CIRAD-
EMVT) ; 1
François CATZEFLIS (génétique des Mammifères, Institut des Sciences de
l'Evolution-cNRs) ; 1
Pierre GRENAND (anthropologie, histoire de la chasse), Sandrine MANUSSET
(sociologie), & Marie-Françoise PREVOST (botanique), pour l'IRD ; 1
-2-
1
1
1
1 Eric HANSEN, Cécile RICHARD-HANSEN & Colin NIEL (écologie et gestion des
populations animales, ONCFS) ;
1 Jean-Marc THIOLLAY (ornithologie, Ecole Normale Supérieure) ;
François RENOUX (ethno-écologie, ONF puis ENGREF) ;
1 Teddy SALIN (ethno-écologie, université Antilles-Guyane) ;
Maël DEWYNTER, Denis MASSEMIN & Benoît de THOISY, (écologie des
1 populations animales, Association Kwata).
l'ai plaisir à préciser que Cécile RICHARD-HANSEN et François RENOUX ont été les
1 piliers de ce programme, à la fois par leur présence sur le terrain et leur capacité à
développer des méthodologies d'enquêtes adaptées au contexte amazonien. La première
1 a assuré l'essentiel du suivi des opérations concernant l'état des populations de gibier;
le second mena la plupart des enquêtes traitant de l'activité cynégétique.

1 ZONES D'ENQUETES
Le nord de la Guyane constitue un véritable laboratoire, en ce sens que tous les
1 types de chasse s'y rencontrent. Cinq sites y ont été étudiés (Saint-Georges, Régina,
Macouria, Counami et Mana/Awala-Yalimapo). La région de Mana/Awala-Yalimapo a

1 cependant été prospectée avec moins d'intensité que les quatre autres sites. Pour le sud,
existaient déjà un bilan à long terme d'un système de chasse en autosubsistance (Trois
Sauts, enquêtes 1976-77 ; enquêtes 1992-93) qui avait valeur de référence et un bilan en
1 cours (Saül) sur un site isolé. Différentes zones non chassées de l'intérieur, comme le
Pic Matécho, le Piton Baron, la réserve des Nouragues ou encore la Montagne de la
Trinité ont été abordées dans une perspective comparative.
1
DEROULEMENT DU PROGRAMME ET METHODOLOGIE
1 • L'enquête a porté sur une population de 173 chasseurs, répartis sur l'ensemble
des sites, sur une durée de huit mois, soit quatre mois en saison sèche et quatre mois en
1 saison des pluies.
Les travaux menés au cours du programme "La Chasse en Guyane Aujourd'hui"

1 ont utilisé les techniques d'enquête les plus modernes en termes d'impact, de rendement
et d'inventaire de faune. Cependant, les chercheurs n'ont pas pour autant négligé de
critiquer et d'améliorer ces techniques. Ainsi, la démarche consistant à effectuer des
1 inventaires faunistiques en fonction d'une évaluation quantifiée de la pression exercée
sur la faune constitue pour la Guyane française un projet novateur qui semble pouvoir

1 modifier certaines hypothèses de recherche en matière de gestion de la faune.

1
1
1 -3-

1
N

St Laurent.
5 .Mana
Iracoube
• o
1
t 50 km
1
4 • Sinnamary

• Kourou

3 Cayenne

• St Georges
1b

6
• Saül

BRESIL
SURINAM

• Camopi

Zones chassées

St Georges de l'Oyapock
1a RN2
1b Moyen Oyapock
2 Régina
3 Tonate-Macouria
4 Counami
7 5 Mana 1Awala-Yalimapo
• Trois Sauts 6 Saül
7 Trois Sauts

Zones peu ou pas chassées


BRESIL
CD Nouragues
® Montagne de la Trinité
(]) Piton Baron
o Pic Matécho

Carte 1 - Sites d'enquête

-4-
1
1 Des estimations d'abondance des principaux gibiers ont été réalisées sur huit sites
comportant parfois plusieurs layons de 3 à 5 km de long. Certains étaient des sites
1 soumis à l'enquête auprès des chasseurs, d'autres étaient des sites de référence isolés,
actuellement indemnes d'activité cynégétique. Les recherches entreprises se sont
1 également attachées à identifier les variables les plus fragiles des modèles naturalistes,
ainsi que celles présentant quelques faiblesses au niveau des enquêtes en ethnoocologie,
afin que, dans la perspective de l'élaboration de plans de gestion de la faune sauvage,
1 certains ocueils d'analyse puissent être pris en compte. Ainsi, il apparaît qu'une
évaluation erronée de la surface exploitée entraîne une importante variation, positive ou
1 négative, de la part maximale du prélèvement viable. Cette variation est d'autant plus
forte que la pression exercée sur une espèce donnée est intensive.

1 • Le modèle de REDFORD, testé au cours du programme, a été considéré comme


une première étape, sommaire mais indispensable, du diagnostic de durabilité du
prélèvement. Si ce modèle ne permet pas d'établir des quotas fiables, il conduit
1 cependant à détecter à coup sir des cas de surexploitation effective. Pour calculer des
Indices Kilométriques d'Abondance (lKA) fiables, il ne faut pas moins de 100 km de
parcours avec 5 à la répétitions des passages. Sur un autre plan, la méthode de
1 LEOPOLD conduit à des estimations de densité supérieures à celles obtenues par la
méthode Distance Sampling. Il est donc important que les ocologistes de la faune
1 établissent des protocoles croisés, permettant d'affiner progressivement les densités des
principaux gibiers des forêts tropicales humides pour ainsi tirer la sonnette d'alarme

1 rapidement, en cas de valeurs supérieures au modèle.


• Il a semblé délicat de travailler avec une table des poids moyens des gibiers
jeunes et adultes élaborée à l'ochelle pan-amazonienne, tant la biodiversité et les
1 conditions ocologiques pèsent sur l'alimentation des animaux et donc sur leur croissance
et leur poids. Il est désormais admis que de telles tables doivent être élaborées à
1 l'ochelle des régions étudiées par des biologistes, mais en tenant compte du savoir
indigène et des observations anthropologiques.

1 • Le territoire exploité est apparu comme une variable sociologique mouvante. La


modélisation des comportements sociaux constitue un projet scientifique ambitieux qui
présente quelques difficultés majeures. Il reste que certains outils de gestion, tels les
1 Systèmes d'Informations Goographiques (SIG), utilisés, tant par les goographes et
cartographes que par les ocologues, permettent d'élaborer des modèles simples en
1 matière de dynamique de l'exploitation de l'espace, à condition qu'ils se fondent sur des
réseaux d'enquêtes comprouvés. Le protocole adopté a permis d'évaluer les valeurs
moyennes des rendements cynégétiques, la durée consacrée aux différentes stratégies et
1 les distances parcourues par les chasseurs. Un chasseur parcourant en moyenne entre
la et 15 km par sortie de chasse, une pénétration linéaire de 5 km a été considérée
1 comme la distance maximale physiquement soutenable (DMPS). Au-delà, le choix des
captures ne s'effectue plus en fonction des espèces préférentielles mais en fonction de
leur poids, et le nombre de prises par chasseur chute de manière importante. La carte de
1 la région septentrionale de la Guyane fut ainsi maillée à l'aide de quadras référencés de

1 -5-

1
1
25 km2 (5 km x 5 km). La majorité des quadras rassemble un grand nombre de points de 1
prélèvement, soulignant une concentration de l'effort de chasse.
La population de chasseurs est une variable démographique liée à la saisonnalité. 1
Elle a permis d'évaluer une biomasse moyenne et un nombre moyen de captures par
chasseur et par site. Ces valeurs s'expriment sur la base d'unités de temps (kg ou
n / heure / jour / mois) et de surface (kg ou n / km2 / hectare). Calculée à partir du
1
modèle de ROBINSON, cette variable pèse de manière notable sur la part de prélèvement
maximal de gibier et sur le nombre d'individus potentiellement exploitables, défini par
le rapport entre la densité par espèce et la surface exploitée. Ainsi, plus le nombre
1
d'individus capturés sur une unité de surface donnée est important, plus la part de
prélèvement estimée à partir des taux de prélèvement viable proposés par le modèle se
1
rapproche de la part maximale viable. Le rapport entre le nombre d'individus capturés
par espèce et celui potentiellement viable est donc fonction du nombre de chasseurs,
qu'il convient alors d'estimer au plus juste.
1
Des enquêtes qualitatives, sociologiques et anthropologiques, ont été menées de
façon intensive au sein du réseau de chasseurs initialement constitu~ afin de cerner la
1
pratique et la perception actuelle de l'activité cynégétique par les diverses
communautés. Au-delà, il était important d'évaluer l'évolution des pratiques de chasse et 1
des aspects culturels qui s'y rattachent. Parallèlement, des enquêtes fondées sur des
entretiens ont été conduites sur la commercialisation et la consommation du gibier dans
le nord de la Guyane, permettant de mieux cerner les populations consommatrices de
1
gibier.
• Enfin, il convient de souligner que le programme "La Chasse en Guyane
1
Aujourd'hui" a conduit des sciences différentes à confronter leurs approches, leurs
démarches et leurs résultats. On a pu constater que sciences biologiques et sciences 1
humaines n'avaient rien à s'envier quant au caractère provisoire de leurs résultats,
confrrmant ainsi que la remise en question permanente est consubstantielle à toute
démarche scientifique. Les premières, au-delà de chiffres apparemment irréfutables, ont
1
bien perçu qu'elles doivent s'efforcer à plus de simplicité et les secondes, à plus
d'ouverture, de précision et de clarté. 1
Mais, au bout du compte, quelle que soit l'approche, une part de subjectivité
demeure, qui nous oblige à rester prudents dans nos recommandations. Il n'en reste pas
moins que les résultats de notre programme interviennent dans un vide total de
1
connaissances en la matière et nous permettent de sortir définitivement de la chape
affective et passionnelle qui recouvre, en Guyane comme ailleurs, le débat sur la chasse 1
et place les scientifiques en délicate position d'arbitres.
1
1
1
- 6-
1
1
l - HISTORIQUE DE LA CHASSE EN GUYANE

(P. GRENAND)

1
-7-

1
1
1
1 - 1 GRANDES CARACTERISTIQUES
Comme partout dans le monde, la chasse en Guyane a fourni - avec la pêche -
l'essentiel des protéines des sociétés forestières anciennes. En Amérique Tropicale, ces
1
activités ont subi des changements drastiques dans le contexte de la colonisation et
désormais des changements socio-économiques contemporains. Dans les pages 1
suivantes, nous esquissons les grandes caractéristiques de cette évolution depuis les
premiers contacts avec les Européens. Cette rétrospective nous permettra de mieux
comprendre la situation actuelle et surtout son caractère relativement récent.
1
1 - 1. 1. PERIODE PRECONTACT 1
Avant l'arrivée des Européens, la chasse était strictement liée à la subsistance des
Amérindiens; mais on sait également, par les documents des XVIIe et XVIIIe siècles,
que la viande pouvait être un produit d'échange. La production cynégétique s'organisait
1
au niveau des communautés. Pour la quasi-totalité des sociétés du plateau des Guyanes,
la chasse n'était qu'un élément du système de subsistance, aux caés de la cueillette, de 1
la pêche et de l'agriculture sur bnlis. Le degré d'importance de chacune de ces activités
était largerp.ent conditionné par plusieurs facteurs dont l'un des plus importants est sans
aucun doute l'environnement dans lequel vit chacune des populations. Ainsi les
1
communautés installées loin des grands cours d'eau devaient accorder une importance
infiniment plus grande à la chasse que les communautés ripicoles ou littorales. 1
Une autre caractéristique qui va marquer le paysage dès le milieu du XVIIIe siècle
est la disparition de la diversité des ethnies amérindiennes et surtout celle d'un 1
peuplement équilibré. Les 30.000 à 35.000 Amérindiens peuplant la Guyane à la fin du
XVIe siècle appartenaient à vingt cinq ethnies différentes et se répartissaient sur
l'ensemble du territoire, à l'exception des bassins de la moyenne Mana et du haut
1
Sinnamary; ils exploitaient pratiquement tous les milieux naturels possibles. Même si
l'on admet que le littoral et la vallée de l'Oyapock étaient plus peuplés que les autres 1
régions, la densité moyenne n'en était pas moins de 0,38 hlkm2 , ce qui implique
nécessairement un impact faible et diffus sur l'environnement.
Une autre grande caractéristique des activités de prédations est la grande diversité
1
des espèces capturées. On sait par les documents du XVIIIe siècle que tous les vertébrés
étaient potentiellement consommés, à l'exception des Rapaces, des Sarigues et des 1
Ophidiens.
1 - 1.2. PERIODE DE L'ESCLAVAGE
1
Pendant la colonisation et ce jusqu'à la Restauration, la chasse est restée essentielle
non seulement pour la subsistance des Amérindiens, mais aussi pour celle des 1
colonisateurs et des esclaves africains. Au-delà d'une même finalité, les modalités socio-
économiques de la chasse sont pourtant très différentes dans les deux cas. 1
Chez les Amérindiens (et tardivement chez les esclaves fugitifs formant des
communautés reconstituées), elle débouchait sur le partage communautaire ou au moins
familial des captures par les chasseurs.
1
-8-
1
1
1
1 Dans l'univers colonial composé de maîtres et d'esclaves, la chasse se pratique par
procuration. Le gibier est fourni soit par des esclaves dont la chasse est la spécialit~ soit
1 par des Amérindiens qui troquent leur gibier contre des biens de consommation
européens (avant tout des outils en fer, du tissu et des perles) où louent temporairement
leurs services aux mêmes fins (LE Roux, 1994). Les Européens eux-mêmes chassent
1 peu, en raison semble-t-il de leur difficulté à s'adapter au milieu équatorial.
En dépit d'une certaine concentration du peuplement autour de Cayenne, dans les
1 missions Jésuites et dans le bas Oyapock, l'impact du peuplement colonial est si faible,
que le milieu semble avoir bien supporté les prélèvements cynégétiques. Les seuls cas
1 de raréfaction signalés dès cette époque concernent les Tortues marines et le Lamantin.
C'est pourtant durant cette période qu'apparaît une type de chasse qui, sans
1 pouvoir être qualifié de franchement commercial, visera tout de même à répondre à une
demande externe aux communautés productrices. Parallèlement, la disparition
progressive de nombreuses ethnies amérindiennes va provoquer la désertification d'une
1 grande partie de l'intérieur guyanais, ainsi délivré de toute pression de chasse.
1 - 1. 3. DE 1848 A LA SECONDE GUERRE MONDIALE
1 De la fin de l'esclavage et la découverte de l'or jusque vers 1960, l'espace guyanais,
en dehors des bourgs, va être occupé par quatre types de communautés: les
1 communautés rurales du littoral à vocation agricole; les communautés conjoncturelles
des placers aurifères; les communautés reconstituées des Noirs Marrons; les

1 communautés amérindiennes enfin. Ces dernières pratiquent toujours la chasse de


subsistance débouchant sur le partage des captures ; néanmoins, la pêche va prendre une
importance croissante, à la fois pour des raisons techniques et en raison d'une évolution
1 de l'habitat qui va se localiser le long des cours d'eau importants. Les Noirs Marrons ont
des pratiques très similaires, mais leur spécialisation dans le transport fluvial les amme
à accorder une réelle prééminence à l'activité halieutique. Les communautés
1 d'orpailleurs semblent avoir pratiqué la chasse comme appoint, mais si cette activité
était fortement valorisée, leur alimentation demeurait basée sur les salaisons, les
1 haricots, le riz, le couac et plus tard les conserves. En revanche, les Créoles ruraux du
nord de la colonie, tels les paysans français de 1789, ont d'emblée considéré la chasse

1 comme un symbole de leur liberté. En dehors des zones de savane, l'élevage (sauf celui
du Porc ou de la Volaille à une échelle limitée) n'aura jamais d'importance pour eux. La
chasse et la pêche fourniront donc pendant toute la période l'essentiel de leurs protéines.
1 Si la chasse créole est moins fondée sur le partage (en dehors des périodes de travaux
collectifs) elle n'en servait pas moins au ravitaillement familial et pouvait entrer dans
des liens d'échange à petite échelle comme le compérage (JOLLIVET, 1982).
1 1 - 1. 4 . EVOLUTION VERS LA SITUATION CONTEMPORAINE
1 Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le nouveau département de la Guyane
est une région sous-peuplée (moins de 30.000 habitants) et la plupart des communes et
communautés, à l'exception de Saint-Laurent du Maroni et de Cayenne, sont enclavées.
1 Dans ce contexte, même dans les savanes de l'ouest où l'élevage était encore présent, la
chasse et la pêche restaient dans les années 1950, la source majeure de protéines, à câ:é
1 -9-

1
1
de produits importés comme le porc salé ou la morue séchée. Quant aux placers, leur 1
disparition progressive entraîna celle de la chasse professionnelle qui contribuait à les
ravitailler. 1
Ce n'est qu'aprèl 1970 que les activités de prédation vont changer de façon
drastique, avec l'apparition, d'abord modeste, de la chasse commerciale. Parallèlement,
dans les communautés rurales, l'émergence de l'économie monétaire et la diffusion des
1
prestations familiales vont ouvrir ces espaces à la consommation de nouveaux produits
importés. Enfm, la scolarisation va détourner de plus en plus de jeunes des activités
foresticres. Paradoxalement, si la pression de chasse va de nouveau croître dans de
1
nombreuses zones, il est certain que le nombre des chasseurs va proportionnellement
diminuer.
1
1 - 1 . 5 . LA CHASSE FUT LONGTEMPS UNE RESSOURCE ALIMENTAIRE ESSENTIELLE
Ce rapide panorama montre que les usages alimentaires contemporains de la
1
Guyane ne se sont construits que vers les années 1970, à partir des centres urbains
véhiculant progressivement le modèle consumériste des pays riches vers les communes 1
du littoral puis, à partir de la fin des années 1980, vers les nouvelles communes de
l'intérieur. 1
Paradoxalement, ce modèle n'a pas éteint la consommation des produits régionaux.
Bien au contraire, l'augmentation des revenus a permis aux classes moyennes et aisées
de créer une demande, directement liée à l'exaltation de valeurs guyanaises menacées
1
de toutes parts. Aujourd'hui, en ville, la consommation de gibier, ne correspond plus à
une nécessité économique, bien que les prix restent encore trèl abordables. Seule une 1
partie des familles pauvres issues du monde rural (en particulier les Noirs Marrons),
privilégie économiquement la consommation du gibier lorsque leurs liens familiaux le
permettent. Pour les autres, c'est-à-dire la majorité des urbains (à l'exception sans doute
1
des émigrés haïtiens), le gibier est une nourriture de prestige.
Enfin la montée en nombre de la population métropolitaine et le développement
1
d'un tourisme de découverte constituent les deux facteurs qui ont permis la
transformation des activités cynégétiques en pratique lucrative. Et si, depuis les années
1970, la consommation de gibier dans les restaurants a crû de façon exponentielle, nous
1
verrons (Chap. IV) que les chasseurs sont loin d'en être les bénéficiaires.
1
1 - 2. LES TECHNIQUES DE CHASSE TRADITIONNELLES
L'arc et la flèche constituaient l'outil dominant de la chasse dans la région des 1
Guyanes. Les arcs de chasse, trèl longs (lm 90 en moyenne) et étroits, étaient taillés
essentiellement dans des bois durs mais très réflexes à la tension; la seule variation
notoire était leur section (Fig. 2). L'essence la plus recherchée était le bois de lettre
1
(Brosimum guianense): ses peuplements faisaient l'objet d'une appropriation
communautaire et son exploitation était plus ou moins planifiée. La corde était tressée 1
avec les fibres extraites d'une Broméliacée cultivée (Bromelia karatas).
Les flèches étaient également très longues. Les pointes, extrêmement variées, 1
étaient adaptées aux proies recherchées. Les différents types utilisés par les Wayiipi

- 10-
1
1
1
1 (Fig. 1) étaient, à quelques variantes près, ceux de toutes les ethnies de la
région. Les principaux étaient les pointes lancéolées en bambou, les pointes
effilées et barbelées et les pointes assommoir. Un empennage unique, nommé
1 empennage parallèle ou radial, était employé dans l'ensemble du plateau des
Guyanes (Fig. 3). Les flèches de pêche, comme celles réservées à la capture des
1 Tortues ne possédaient pas d'empennage.
Ces armes avaient l'avantage de permettre la capture de proies tant
1 terrestres (Rongeurs, Cervidés, Tapir et Pécaris) qu'arboricoles (Oiseaux, Singes
et Paresseux) ou encore aquatiques (Poissons, Tortues et Caïmans).

1 La chasse à la sarbacane était ignorée en Guyane, mais le poison curare


(Strychnos spp.) était connu dans l'intérieur, associé à une petite pointe
lancéolée destinée à se rompre dans le corps de la proie. Cet armement a été
1 utilisé majoritairement par les Amérindiens depuis la période précolombienne
jusqu'au milieu du Xxe siècle.
1 Il est certain que les Aluku et les Ndjuka ont possédé des armes à feu dès le
XVIIIe siècle; ils se les procuraient soit lors d'attaque de plantations, soit les
exigeaient dans les termes des traités de paix. Mais jusqu'au milieu du Xxe
1 siècle, il s'est agi d'un armement de mauvaise qualité. Quant au paysan créole,
on peut dire que la possession d'un fusil de chasse a constitué pour lui l'un des
1 symboles de sa nouvelle liberté après 1848.
Les principales stratégies de chasse des Amérindiens, des Noirs Marrons et
1 des Créoles était et reste la chasse devant soi ou la chasse en battue.
L'organisation temporelle se divise en sorties journalière et expéditions. Dans les

1 deux cas, l'acte de chasse devant soi a lieu pendant la journée et dépasse
rarement six heures. Pour toutes les communautés, la chasse en forêt,
essentiellement pour des raisons magico-religieuses, n'avait jamais lieu la nuit.
1 La chasse au chien était assez couramment répandue dans toutes les
communautés de Guyane, à l'exception des Wayapi, qui, cependant, dressaient
1 les chiots dans ce but et les vendaient. Les chiens étaient classiquement utilisés
pour rabattre, vers les cours d'eau où les attendaient les chasseurs, de gros
gibiers comme le Paca, le Daguet rouge ou le Tapir. Cependant le chien était et
1 reste peu utilisé dans la chasse devant soi. Celle-ci requiert avant tout une bonne
endurance et une excellente acuité sensorielle. Sa réussite est largement fondée
1 sur l'approche discrète, le repérage des espèces végétales consommées, les sons
émis par les animaux et bien sûr, leurs traces.

1 Le pistage reste limité et n'intervient que si le chasseur a la certitude de


rencontrer sa proie au bout d'une courte distance; surtout pratiqué pour le Tapir,
il était le fait de chasseurs créoles aguerris; aujourd'hui, ce sont les chasseurs
1 brésiliens qui pratiquent le pistage.

1
1 -11-

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Fig. 1 - Les pointes de flèches des Wayapi
1
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Fig. 2 - Sections d'arcs guyanais: Wayapi, Palikur, Wayana, Waimiri-Atroari 1
1
- 12 -
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1
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1
1 Fig.3 - Différents empennages. Brésil: 1. Empennage tangentiel
ou spiralé, anciennement dit « est-brésilien ». 2. Empennage
parallèle cousu, anciennement dit « du Xingu» (in CHIARA; 1986).
1 Guyane: Empennage parallèle ou radial (in F. GRENAND, 1989)

1 La battue, avec ou sans chien, était assez répandue, bien que pratiquée
sporadiquement, liée à l'apparition dans un secteur donné d'un troupeau de Pécaris à
1 lèvre blanche. Elle était souvent le fait d'un village entier, tant chez les Amérindiens
que chez les Noirs Marrons. L'aubaine majeure se réalisait quand la battue parvenait à
encercler un troupeau en canot.
1 Une autre pratique cynégétique importante demeure la chasse à l'affft, le plus
souvent dans un arbre. Il en existe plusieurs variantes, l'une sur estrade, destinée à la
1 chasse aux Rongeurs ou parfois aux Cervidés, l'autre en abri couvert, destinée à la
chasse aux Toucans, Perroquets et Aras. Les Créoles étaient particulièrement spécialisés
1 dans le premier type d'affft et les Amérindiens dans le second. L'affft était plus ou
moins durable, fondé essentiellement sur la fructification abondante d'un arbre ou d'un
palmier.
1 Enfin si plusieurs pièges ont été décrits de la région des Guyanes (ROTH, 1924)
comme le célèbre hameçon à ressort, destiné à capturer les Caïmans, ils ne semblent
1 pas avoir été d'usage courant. Le seul piège couramment utilisé en Guyane française,
par les Créoles et les Noirs Marrons, était la trappe-fusil; faite avec une vieille arme à
1 feu, elle consistait à relier la détente à une corde tendue en travers d'un chemin.
Destinée à la chasse aux Rongeurs et aux Tatous ,cette technique dangereuse, déjà
interdite au Brésil, est en régression en Guyane.
1 Pour finir ce panorama, on notera que les tabous visant à interdire l'abattage et/ou
la consommation d'un animal étaient présents chez toutes les populations de Guyane. Ils
1 étaient individuels, familiaux ou même communautaire, comme c'est le cas chez les
Wayana pour le Daguet rouge. Ils pouvaient être permanents ou provisoires, et dans ce
cas, imposés par un chamane lors d'une cure.
1
1 - 13 -

1
1
En conclusion, il est indispensable d'affirmer que ces techniques et ces pratiques 1
s'inséraient dans des ensembles culturels plutêt cohérents, même s'il ne s'agissait en
aucun cas d'isolats. L'évolution historique brossée plus haut, ainsi que les Chapitres II.1
et III, montreront que ce qu'il en reste évolue dans un contexte tout différent.
1
1 - 3. EVOLUTION DES TECHNIQUES 1
1 - 3.1. DE L'ARC AU FUSIL
Bien que le fusil, pour la guerre davantage que pour la chasse d'ailleurs, soit connu
1
depuis trois à quatre siècles selon les populations, l'usage de l'arc et de la flèche a
longtemps persisté. Ils ont été d'usage courant jusqu'aux années soixante chez les
Palikur et les Wayana, et jusqu'à la fin des années soixante dix chez les Wayapi et
1
Emerillon. Chez les Kali'na, la chasse à l'arc était d~à très réduite dès les années 40.
Elle a également été pratiquée, de façon limitée, par les Noirs Marrons et même - 1
comme c'était le cas à Saint-Georges et üuanary - par les Créoles. Chez les
Amérindiens, l'arc est encore fréquemment utilisé pour la pêche, même si son usage
recule devant l'épervier et - sur le Maroni -le fusil sous-marin.
1
Le fusil, ou plus exactement l'arquebuse puis le mousquet, ont été précocement
introduits par les Européens mais leur usage demeura longtemps leur prérogative. Les
1
armes étaient prêtées aux esclaves fidèles pour le ravitaillement en viande des
habitations ou parfois données à des chasseurs amérindiens qui louaient temporairement 1
leurs services. Des fusils étaient aussi offerts aux chefs amérindiens comme armes de
prestige, mais les documents officiels du XVIIIe siècle, montrent que les FranQiis
limitaient volontairement leur diffusion pour des raisons de sécurité (HURAULT, 1972).
1
Il convient de souligner que jusqu'au deuxième tiers du XIXe siècle, les armes étaient
peu performantes sous climat équatorial et que la conservation des munitions était 1
problématique (GRENAND, 1995)
A la fin du XIxe siècle, des fusils à canon basculant, chargés par la culasse, équipés 1
de canons choke-bored et alimentés par des cartouches préfabriquées et graissées pour
leur conservation, vont rendre possible une chasse efficace en forêt tropicale. Ces
armes, vite connues, vont pourtant se diffuser lentement, d'abord chez les Créoles
1
ruraux, puis chez les Noirs Marrons et enfin chez les Amérindiens. Pendant très
longtemps les Noirs Marrons, les Créoles des bois et en particulier les orpailleurs ne 1
disposeront que de pétoires de deuxième ou troisième main. Pourtant, dès la fin du
siècle, un groupe aussi isolé que les Emerillon, à la suite d'échanges avec les
orpailleurs, possède pratiquement un fusil par adulte (COUDREAU, 1892). De leur cêté,
1
les canotiers aluku, ndjuka ou saramaka profitent également de leur position
hégémonique dans le transport fluvial vers les placers pour s'équiper en armes à feu 1
(HURAULT,1965).
Ce n'est que dans les années 1960 que l'armement va radicalement changer. Des
armes robustes et bon marché, vont circuler en abondance en Guyane. Ce sera d'abord le
1
Simplex© de chez Manufrance©, puis le Baïkal© de fabrication russe, enfin l'apparition
de munitions à chemise plastique parfaitement étanche. Dans l'intérieur, les missions 1
- 14 -
1
1
1
1 grographiques, grologiques, botaniques et anthropologiques, vont permettre
l'introduction massive de cet armement, et la généralisation des prestations familiales
1 fera le reste à l'échelle du département. Couplée avec l'introduction du moteur hors-bord
parfaitement adaptable aux embarcations monoxyles préexistantes, cette évolution va
modifier le faciès de la chasse: les rendements horaires vont s'améliorer et les zones
1 prospectées s'agrandir. Ce changement peut être perçu positivement, car en étendant le
territoire de chasse, la pression dans les zones péri-villageoises se trouve soulagée ;
1 mais il comporte son revers, puisque des territoires vides d'habitants se trouvent ainsi
ouverts ou rrouverts à la chasse.

1 Même si les changements technologiques ont permis la modification des stratégies


de chasse, ils ne peuvent en aucun cas être tenus responsables de l'émergence de la
chasse commerciale. En effet, le récent travail de OUHOUD-RENOUX (1998) sur la
1 prédation des Wayapi du haut Oyapock, comparé à mes données datant de vingt ans
auparavant, a pu montré que des communautés pratiquant exclusivement une chasse de
1 subsistance, ont très peu augmenté leur pression sur la faune, en dépit d'une
augmentation de 10 pour 1 des fusils et des moteurs hors-bord.

1 1 • 3. 2. TECHNIQUES DE CONSERVATION DE LA VIANDE

Le mode de conservation le plus couramment pratiqué dans l'Amérique Tropicale


1 à l'arrivée des Européens était le boucanage (GRENAND & GRENAND, sous presse).
Cette technique tient à la fois de la grillade, du fumage et du séchage, mais n'équivaut
en fait à aucun des trois. Il s'agit, en l'absence d'usage du sel l , d'un lent séchage au feu
1 des viandes posées sur une grille en bois nommée boucan. Le fait que le feu ne doive
pas fumer et que la flamme ne doive pas toucher la viande sont les critères qui
1 permettent de distinguer le boucanage amérindien à la fois du fumage et du râissage.
Le boucanage a été massivement adopté dans les Guyanes et au Brésil, mais sa

1 pratique par les colons puis les métis reste assez différente de celle des Amérindiens, car
l'abondance de fumée y est toujours associée. En Guyane une boucane par exemple, est
la fumée que l'on produit avec un feu de bambou vert pour se protéger des moustiques.
1 D'autres techniques de conservation comme le séchage/salage ou la conservation
dans la saumure sont signalées dès le XVIIe siècle dans la société coloniale, mais sans
1 avoir jamais connu le succès du boucanage. Seule le séchage/salage du poisson s'est
maintenu jusqu'à nos jours, ayant même parfois été adopté par les Amérindiens
(Wayana, Palikur).
1 Insistons sur un point: si pour les Amérindiens, le boucanage est le mode unique
de conservation, il est aussi affaire de goft. Aujourd'hui, à l'époque des réfrigérateurs et
1 autres congélateurs, les Palikur et les Kalifu de Guyane continuent à boucaner, en
particulier le poisson, uniquement pour sa saveur inimitable. C'est encore plus net pour
1 les Crroles : alors que leur niveau de vie et de consommation est quasiment identique à
celui des habitants de la Métropole, la renommée de leur poulet boucané n'est plus à
faire.
1 1 Des sels à base de cendres végétales existaient bien chez les Amérindiens, mais leur production était très frustre et ils ne

servaient guà"e qu'à assaisonner les mets au moment de les servir.

1 - 15 -

1
1
Notons que la possibilité de conserver la viande fraîche par le froid a 1
incontestablement favorisé l'essor de la chasse commerciale. Les premiers
réfrigérateurs, plutêt capricieux, fonctionnaient au pétrole; à partir des années 70 ou 80
selon les zones, la diffusion de l'électricité a développé l'emploi des réfrigérateurs puis
1
des congélateurs électriques dans l'intérieur, permettant la conservation massive de
viande et la fabrication artisanale de glace. Dès la fin des années 70, les chasseurs 1
commerciaux commencent à s'équiper de caisse de réfrigérateurs ou congélateurs
réformés (les moteurs électriques sont démontés) qu'ils vont emplir de glace et charger
sur les pirogues, ce qui leur permet de rapporter de la viande fraîche après plusieurs
1
jours d'expédition. Ce mode de conservation prédomine désormais, reléguant le
boucanage de la viande de chasse dans les pratiques d'autosubsistance. 1
1 - 4. PERSISTANCE ET CHANGEMENT DANS LES PRATIQUES
CYNEGETIQUES
1
1 - 4. 1. CE QUI N'A PAS CHANGE 1
Rappelons d'abord ce qui n'est peut-être qu'un truisme: la chasse en Guyane a
toujours été une activité hautement valorisée, proche, dans ses techniques comme dans
ses représentations, de la guerre, et réservée aux hommes, même si l'on peut entendre
1
parler, par ci par là, de telle veuve qui chassait avec sa meute, ou de telle jeune femme
posant des pièges dans son abattis. 1
Clair héritage du pass~ la division des pratiques de chasse en sortie journalicre et
expédition de plusieurs jours persiste. 1
La chasse devant soi pratiquée seul ou en petit groupe ne dépassant pas trois
personnes reste généralisée; elle est fondée sur l'observation de critcres écologiques,
essentiellement le comportement circadien des espèces et le repérage d'arbres en pleine
1
fructification concentrant telle ou telle espèce gibier. Elle correspond également, comme
il le sera démontré par RENOUX (Ch. II - 1.), au maintien de réseaux d'entraide au sein 1
des communautés.
L'accès aux zones de chasse par voie pédestre et fluviale est encore largement 1
répandu, même si l'ouverture de routes et de pistes modifie peu à peu la conception du
territoire.
Si l'armement a été profondément modifi~ la notion d'économie des munitions a
1
remplacé celle de l'économie du matériel traditionnel, même si les motivations socio-
économiques ne sont plus les mêmes. 1
Enfin, la vision globale d'une forêt infinie, appropriée par des entités surnaturelles,
reste largement partagée; la forêt est considérée comme un milieu à risque et le 1
comportement du chasseur doit être empreint de prudence, de modération et de respect.
1
1
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1
1
1
1 1 - 4. 2. CE QUI A CHANGE
1 On a vu que la viande de chasse fait depuis longtemps partie des circuits
d'échange; mais ce n'est que dans les quarante dernières années qu'elle est entrée dans
l'économie monétaire. Cette orientation économique s'est progressivement accentuée,
1 jusqu'à être devenue probablement majoritaire, bien qu'une évaluation globale de la
production à l'échelle du département reste à faire.
1 Sans revenir sur les changements techniques exposés précédemment, on soulignera
l'apparition d'une pratique de chasse extrêmement meurtrière: la chasse de nuit à la
1 lampe frontale du Tapir, du Paca et des Caïmans. Si la chasse et la pêche au flambeau
en canot n'étaient pas ignorées des anciens Amérindiens, sa portée restait trts limitée.

1 Jusqu'au milieu du XXe siècle, bien qu'il n'existât pas d'appropriation trts formelle
de l'espace, on pouvait distinguer les territoires de chasse soit en fonction des zones de
mouvance des ethnies amérindiennes et maronnes, soit en fonction du terroir immédiat
1 pour les Crroles de la cête. En dehors des orpailleurs dont la mobilité spatiale reste trts
évanescente, les chasseurs étaient tous liés, jusqu'à tout récemment, à des communautés
1 ou du moins à des noyaux familiaux. Les secteurs de chasse présentaient rarement de
zones concurrentielles. Cette situation s'estompe progressivement sur la cête, et
l'exploitation multiethnique des territoires de chasse ne va pas sans heurts.
1 Comme nous le verrons aux Chap. II & III, tous les animaux potentiellement
comestibles sont loin d'être encore chassés, en dehors des communautés amérindiennes.
1 Si le nombre restreint d'espèces aujourd'hui convoitées est largement lié à des critères
de rentabilité, il faut aussi comprendre que d'autres espèces restent peu ou pas du tout
chassées, pour des motivations culturelles qui demeurent partagées tant par les
1 chasseurs que les consommateurs.
Fait nouveau enfin, les trente dernières années ont vu l'émergence d'une chasse de
1 loisir chez les Crroles aisés et les fonctionnaires métropolitains (avant tout militaires et
gendarmes). Néanmoins la chasse sportive du type safari ne s'est jamais développée en
1 Guyane.
1 - 4. 3. IMPORTANCE DE LA CHASSE SELON LES POPULATIONS ET PART DANS
1 L'ALIMENTATION

En introduction aux chapitres qui vont suivre, il nous a paru utile de brosser en
1 quelques lignes les caractéristiques de la chasse parmi les principales communautés
culturelles, telles quelles nous sont connues à travers nos expériences personnelles et
différentes sources bibliographiques (GRENAND ed, 2000 ; SORDET, 1998). Les Hmong
1 ont ici été laissés de cêté, car présentés de façon précise aux chapitres II et IV. Pour
l'ensemble des populations rurales possédant encore une économie de subsistance, c'est
1 l'agriculture sur bIilis qui fournit l'essentiel de l'alimentation.
Aluku. La chasse reste toujours valorisée, malgré une raréfaction du gibier autour

1 des communautés historiques; elle est pratiquée au fusil, parfois au piège, et l'usage des
chiens est commun. Les sorties de chasse individuelles prts des lieux de résidence sont

1 - 17 -

1
1
couplées à des expéditions collectives plus lointaines, surtout dans le bassin supérieur 1
du Maroni. Une bonne part du gibier est commercialisée localement. La partie
méridionale du territoire chassé relève de la zone de parcours des Wayana, mais les
conflits d'usage ne sont apparus que dans la dernière décennie. La chasse représente 5 %
1
de l'alimentation et se place bien après la pêche.
Palikur. La chasse, exclusivement au fusil, est une activité valorisée mais de plus
1
en plus secondaire chez les Palikur de Guyane française. Ce sont les Palikur émigrés du
Brésil qui la pratiquent encore couramment. Quelques prises sont effectuées dans la 1
zone anthropisée des abattis (Agouti, Iguane, Perroquets). Les expéditions de chasse
sont de plus en plus importantes à l'Oyapock, rares à Macouria. Le gibier est vendu pour
plus des trois-quarts. La concurrence avec les autres populations est importante sur 1
l'essentiel des aires parcourues. La viande représente entre 5 et 10 % de l'alimentation
selon les communautés, mais la part des protéines importées a crû considérablement au
cours des quinze dernières années.
1
Wayana. La chasse reste importante des points de vue culturel et alimentaire, mais
elle est largement dépassée par la pêche. Le fusil de chasse a totalement supplanté
1
l'archerie, tant pour le petit que pour le gros gibier. L'usage du chien comme auxiliaire
du chasseur est commun; on note aussi l'existence de quelques pièges. La chasse 1
individuelle ou à deux ou trois personnes est plus fréquente que les expéditions
conduites dans le haut Marwini et le haut Itany, car les excellentes pirogues associées
aux moteurs hors-bords permettent des déplacements rapides. La chasse commerciale
1
est beaucoup plus limitée que la pêche commerciale, les surplus étant vendus de façon
irrégulière aux chercheurs d'or et aux Aluku de Maripasoula. La chasse représente 1
environ 14 % de l'alimentation.

WayljJi. La chasse est extrêmement importante. Elle est uniquement destinée à 1


l'autosubsistance. Aucune prise n'est vendue, sauf dans la région de Camopi, où une
concurrence se fait jour avec les chasseurs brésiliens ravitaillant les placers et la
bourgade de Villa Brasil. La chasse à l'arc est détrfuée depuis une vingtaine d'années
1
par la chasse au fusil ; l'usage du chien est très limité. Les sorties de proximité à la
journée à un ou deux chasseurs sont couplées à des expéditions familiales ou masculines 1
de trois à six jours, saisonnières et plus lointaines. Les produits de la chasse représentent
27 % de l'alimentation dans le haut Oyapock, un chiffre sans doute plus limité dans la
région de Camopi.
1
Créole. Cette communauté a longtemps pratiqué une chasse de subsistance. A
partir des années 1970, la chasse de loisir a fait son apparition chez les Crooles urbains,
1
lesquels ont aussi été à la base des premiers réseaux de chasse commerciale. Certains
d'entre eux sont aujourd'hui actifs dans les rares sociétés de chasse. Les Crooles ruraux 1
pratiquent désormais eux aussi, davantage une chasse de loisir qu'une chasse de
subsistance. La consommation de gibier est restée culturellement très valorisée, même si
elle ne représente - sauf dans les villages les plus enclavés - sans doute guère plus de
1
3 % de l'alimentation des classes moyennes.
1
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1
1
1
1 Kali 'na. Même si une partie de cette population est insérée dans le tissu urbain,
l'économie de subsistance n'a pas pour autant disparu. La chasse est très valorisée et la
1 diversité des espèces chassées reste importante. L'usage des chiens persiste. Les
enquêtes menées à Awala-Yalimapo et à Iracoubo montrent que le produit de la chasse

1 est destiné presque uniquement à l'autoconsommation, bien qu'il ne représente


certainement pas plus de 5 % de l'alimentation et vient loin derrière la consommation
de poisson.
1 Brésiliens. En Guyane, il s'agit avant tout de Caboclos amazoniens venant des
Etats de Para et d'Amapa, arrivés à partir des années 1970. Tournés essentiellement vers
1 l'amélioration de leur niveau de vie, ils sont devenus les principaux fournisseurs des
marchés et des restaurants, mais consomment eux-mêmes assez peu de gibier. Ils
chassent essentiellement les espèces à haut rendement. La chasse pour ravitailler les
1 placers aurifères est aussi assurée par les Brésiliens, en majeure partie chasseurs
professionnels.
1 Métropolitains. La chasse, indubitablement de loisir, est longtemps restée celle de
fonctionnaires en poste en Guyane, en particulier les militaires et les gendarmes, et se
1 concentrait sur la lisière des forêts. Avec l'augmentation de la population
métropolitaine, la chasse s'est considérablement développée et structurée dans un
nombre limité de petites associations. Elle se pratique avec le matériel le plus
1 sophistiqué. Quelques rares chasseurs de subsistance existent aussi au sein de ce groupe.
La consommation de gibier est en général faible et se fait surtout au restaurant.
1 1 - 5. CONCLUSION: EMERGENCE DE LA CHASSE COMMERCIALE.
En Guyane comme en Afrique2 , la chasse commerciale est le fruit de l'urbanisation
1 et de la croissance démographique. Depuis 1947 en effet, la population du département
a été multiplié par 6 et se trouve désormais concentrée dans les villes, rendant
1 impossible la pratique de la chasse de subsistance pour la grande majorité des Guyanais.
Comme en Afrique toujours (BAHUCHET, 2000), c'est la demande des villes qui a généré

1 la chasse commerciale et amené la polarisation sur une dizaine d'espèces rentables


(Chap. IV).
Pourtant, à la grande différence de l'Afrique, le prix du gibier n'est vraiment
1 concurrentiel que dans les bourgs ruraux. En ville, les prix des gibiers les plus communs
sont légèrement supérieurs aux aliments camés à gros débit comme le porc ou le poulet
1 congelé. Dans ces conditions, c'est l'attrait culinaire qui justifie l'engouement persistant
pour le gibier et plus encore les représentations identitaires qui s'y attachent. Pour les
espèces les plus chères comme le Hocco ou l'Iguane qui dépassent le prix du bœuf de
1 premier choix, s'y ajoute une nuance de prestige. Manger du gibier, c'est être membre de
la communauté culturelle guyanaise, c'est tout simplement être Guyanais.
1 On comprendra que dans de telles conditions, la chasse en Guyane soit l'affaire de
tous et que son organisation future ne puisse uniquement reposer sur de simples
1 2 Nous évoquons ici le cas de l'Afrique Centrale étudiée par notre équipe européenne Avenir des Peuples des Forêts
Tropicales, car elle est probablement la région du monde où la chasse commerciale est la plus développée.
1 - 19 -

1
1
résultats écologiques et biologiques. Il n'en reste pas moins que sédentarisation,
économie monétaire et prédation viable apparaissent de plus en plus comme
1
difficilement conciliables. On trouvera au Chap. VI quelques recommandations 1
permettant de sortir de cette impasse.

1
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1 II - PRATIQUES DE LA CHASSE ET ETAT DE LA
FAUNE DANS LE NORD DE LA GUYANE
1
(F. RENOUX, C. RICHARD-HANSEN, C. NIEL, B. DE THOISY,
1 F. CATZEFLIS & J.-M. THIOLLAY)

1
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II - 1. PRATIQUES DE CHASSE: ANALYSE DE SIX SITES-ATELIERS


1
(F. RENOUX, B. DE THOISY, C. RICHARD-HANSEN, C. NIEL & T. SALIN)
1
II - 1. 1. INTRODUCTION
La gestion durable des écosystèmes forestiers tropicaux constitue un axe de
recherche ouvert aux analyses pluridisciplinaires, comme le montrent de récents travaux
1
conduits dans cette perspective en forêt tropicale amazonienne (FLEURY & PONCY,
1998, ROBINSON & BENNETI, 2000).
1
En ce sens, si l'on considère le rue que tient la chasse de subsistance pour un
grand nombre de communautés du monde tropical, en particulier en Guyane française, 1
et si l'on admet qu'elle induit un impact sur la dynamique des populations animales et
végétales, il apparaît particulièrement intéressant d'adopter pour son étude une approche
croisée, à la fois anthropologique et naturaliste.
1
Dans le monde tropical, les activités cynégétiques ont pu se maintenir jusqu'à
aujourd'hui avec parfois des conséquences négatives irrémooiables sur les populations
1
animales: il faut toutefois souligner qu'un certain nombre de contraintes socio-
économiques assez rarement prises en compte dans les plans de gestion de la faune 1
sauvage ont contribué à transformer les modalités techniques et sociologiques de la
chasse. En Guyane, quelques communautés, hier encore en équilibre avec les ressources
disponibles et leurs besoins alimentaires, seront probablement à moyen terme sur le
1
point d'atteindre le maximum soutenable de prélèvements de la faune sauvage.
Les facteurs qui ont induit une telle situation sont multiples :
1
- une politique de sooentarisation des communautés semi-itinérantes, dont
découle une pression de chasse accrue sur le territoire occupé;
- l'usage intensif des moyens techniques importés (fusil, moteur hors-bord,
1
etc.), qui affecte la quantité et la qualité des tableaux de chasse;
- enfin, la monétarisation, qui transforme parfois la chasse en une activité plus 1
lucrative qu'alimentaire.
Les enquêtes conduites en ethnoécologie s'appuient sur deux approches 1
complémentaires.
- La première est une approche qualitative, qui doit rendre compte des 1
caractéristiques sociologiques des populations pratiquant une activité cynégétique:
typologie des communautés de chasseurs, inventaire des techniques cynégétiques
employées, rue du gibier dans l'économie des communautés et enfin perception
1
qu'elles ont du milieu naturel qu'elles exploitent.
- La seconde approche est quantitative et doit conduire, par le biais d'un inventaire
1
des tableaux de chasse, à dresser un bilan des quantités de gibier prélevés par les
différentes communautés retenues. Dans cette perspective, cinq sites ont été
sélectionnés sur le littoral guyanais: Saint-Georges, Régina, Tonate-Macouria Counami
1
et la basse Mana (Mana et Awala-Yalimapo) et un dans l'intérieur (Saü). Ces sites
1
- 22-
1
1
1
1 illustrent à grands traits des particularités socio-géographiques observables sur la quasi-
totalité du littoral.
1 II - 1. 2. METHODOLOGIE
Les enquêtes quantitatives ont été conduites par des enquêteurs locaux recrutés sur
1 chacun des sites, formés aux techniques d'enquête par questionnaire et encadrés tout au
long du programme par F. RENOUX. Compte tenu des contraintes budgétaires, les
1 enquêtes n'ont été conduites que sur huit mois, divisée en deux périodes égales:
quatre mois en saison sèche et quatre autres mois en saison des pluies. Ce calendrier se
fonde en outre sur des particularités sociologiques et écologiques propres à notre étude.
1 D'une part, les quantités et les espèces de gibier prélevées par les chasseurs varient en
fonction d'une intensité saisonnière des pratiques cynégétiques (contraintes des activités
1 agricoles et salariées à temps partiel.). D'autre part, les particularités biologiques
saisonnières propres aux espèces permettent dans de nombreux cas aux chasseurs
d'optimiser leurs rendements cynégétiques (regroupement et dispersion liés à
1 l'alimentation et à la phénologie des espèces végétales, période de reproduction.).
Les informations collectées à partir des fiches d'enquête ont fait l'objet d'un
1 traitement informatique, afin de constituer une base de données. Celle-ci a été couplée à
un Système d'Information Géographique conduit par le Service de cartographie de
1 l' ONF (cf. supra Fig.4 ). Ainsi, chaque point de prélèvement a été géographiquement
référencé à l'aide d'un carroyage de 5 kilomètres de côté qui a permis de dresser quinze
cartes, notamment celles relatives à la pression de chasse en tennes de biomasse
1 prélevée et de prises effectuées (carte 2 et 3), celles liées aux types de chasse pratiquée
(sortie et expédition, cartes 4 et 5), enfin celles liées à la répartition des espèces
1 chassées sur les différents sites (Annexe 2). Ces cartes ont aussi été élaborées afin de
mieux situer les zones d'inventaire faunistique. Les sites de Counami et de Tonate-
Macouria ont fait l'objet d'une telle démarche. Pour le premier site, nous disposions
1 déjà en début du programme de trois inventaires effectués dans trois secteurs de la forêt
aménagée de Counami. En ce qui concerne le second site, il a été possible, en associant
1 aux enquêtes de terrain les infonnations apportées par la cartographie, de répertorier
trois zones d'inventaire. Une des zones de forte pression de chasse concerne, contre
toute attente, un milieu de savane peuplée d'îlots forestiers, dans lesquels la
1 communauté palikur chasse au moins 10 espèces gibiers dont deux espèces de Primates.

1
1
1
1
1 - 23 -

1
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1- OUlSseur 2- Fiche d'en uête 1
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1
Fig. 4 - Etapes de la conception du SIG « programme Chasse»
1
- 24- 1
1
1
1 Cette démarche consistant à effectuer des inventaires faunistiques en fonction
d'une évaluation quantifiée de la pression exercée sur la faune constitue pour la Guyane
1 française un projet novateur, qui pourrait modifier certaines hypothèses de recherche en
matière de gestion de la faune.
1 Nous aborderons successivement:
- L'analyse des tableaux de chasse collectés auprès des chasseurs ayant pris part à
1 notre enquête (n= 173), à laquelle s'ajoute les résultats d'enquêtes de terrain effectuées
auprès d'un grand nombre de chasseurs sur chacun des sites.

1 - L'analyse comparative des rendements de chasse sur sept sites en Guyane: les
cinq sites considérés dans notre programme, auxquels ont été ajoutés deux sites, l'un
chez les Palikur de Saint-Georges qui ont fait l'objet d'une enquête en 1997 et 1998
1 (OUHOUD-RENOUX, 2000), l'autre à Trois Sauts, chez les Wayapi du haut Oyapock qui
ont fait l'objet de travaux sur le temps long entre 1976 et 1995 (GRENAND, 1980, 1992,
1 1993, 1995, 1996; OUHOUD-RENOUX, 1998).

1 II - 1. 3. BILAN DES ENQUETES QUANTITATIVES


Le site de Saint-Georges de l'Oyapock
1 Introduction
Il y encore peu de temps, Saint-Georges pouvait être qualifié de «site isolé»
1 puisque seuls un vol aérien ou un voyage maritime permettaient de s'y rendre. Bien que
les travaux de terrassement de la Route Nationale 2, reliant Saint-Georges à Régina sur
1 l'Approuague, soient à présent achevés, l'axe routier n'a été officiellement ouvert à la
circulation qu'à la fin de l'année 2002, soit après l'enquête.

1 Saint-Georges compte actuellement 2 154 habitants (Insee, 1999) et pas moins de


5 communautés culturelles (Créoles, Brésiliens, Amérindiens, Saramaka et
Métropolitains) se répartissent de manière très inégale sur un territoire de 2 842km2 • La
1 situation frontalière de cette commune avec le Brésil (Etat d'Amapa) conÎere à ce site sa
particularité socio-économique. La communauté brésilienne résidant à Saint-Georges et
1 à Oiapoque (ville frontalière brésilienne), où l'on compte environ 9800 habitants au
niveau du municzpio (lBGE, 1996) et environ 5000 personnes au bourg lui-même,
concentre une grande partie de l'activité économique régionale, ceci notamment dans
1 les secteurs du transport local (fluvial et routier), du maraîchage, de la vente de poisson
et de gibier.
1 Le marché couvert de la commune de Saint-Georges est régulièrement
approvisionné en gibier par 57 chasseurs brésiliens (sur les 72 recensés) de 20 à 60 ans;
leur âge moyen est de 38 ans. Les données d'enquête collectées sur 10 mois montrent
1 que le marché couvert est occupé en moyenne par 17 chasseurs pour une durée moyenne
de 12 jours par mois en saison sèche et 21 jours en saison des pluies.
1
1 - 25 -

1
Biomasse
ProvenCllce des chasseurs
Couoo.m 1
Regina
N
Sr Geerge, d 'Oy~ock

~
~l.lJUI\(1I11 TollITe - Macoll'ta
1I\CJ10
Biomasse 1",,1.,•• (1<9)
0°·5-10
0 10 - 30
OlO-50
050-100
Tonale - 0100-175
0175-250
Macouria 250 - 450
450 - 700
700 - 1000
1000-1500
1500 - 3500

Directiou régionak d<' CUYUIC


RlÏt .... O'.0l'IIœoIUl00ZJ
5ndlt;1/1«lOllOOe
'Il lO1Co,w-C'dnc
Aidilrliln ·At..... dl!CD'lop"'lllphit
toh'2''''~IZ:OOI
ÔIII'Q.lF li (ay.me (PJ)
ll\SlLorf\R.,bl,Cholll'
Sovu:ONF Pro' \Itl:t'Mml
Nombre de
Nombre de pr~l~vemenls
N
0 1-2
0

i
3- 6
0 7 - 10
11- 16
17 - 23
_ 24-35
_36-54
_ 55-97
98 - 143

.-.,.drogroph,.

N Route Ndtionae
/ \ / Routes Déportementale.
et secondaires
PilOtes pnncipales

'1 1
1

o 20 Kilomètres
~

l:lk"'dI .Ofl1Clt1:lJ. 70021


Ed'IIlMi:.' 1600000.
VI 107C.,..-C_"-
I!liaIllCUI'.:J.lltl"cIIœ 1ovaJl"l" bli. :VAoOllOOI
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D:\$lg...od\R'"5!ia'l\Ct-I'"
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Nombre de "sorties"

N
Nombre de sorties

i , ..
0
01-3
03-6
0
0
0-1

6 - 10
10 - 14
14 - 28

N RClJle NalloroJe
N RClJles DtptrtementaJes
J. et secorrlJires
~, PiSTes p-iocipales

N 1
00

/
J
1
j
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·1

o 20 Kilomètres
~

Direction rëgioo.ak- Ile- Cuy.ne

Ed'lli41.:l/1COOOOO.
-- - - - - -- - - - - - - - - - -- - •
N

i
Nombre d'expéditiol't9
0 1- 2
02-5
05-10
. "
o 10 - 15
15 - 20

N ROUT~ NaTionale
() N ROUTes DépO"Tementale<
et secorrllires
~
~
~isTes prircipalu

VI
1

Z
0
IV
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EaNI~ : Il 1600 DGa.
"307C~.,"uc
'Uclu~1In ·A •• M.rd. OCIrlog,..h. bat. : zr A.DI 2001
cS. rONf~c:o.'l:M~ lPJ'l.
[):\SIt..:..",f\A.g6Irl\ Ql.QIl \

~"".,\S1~ ...
1
On trouve rarement plus de deux chasseurs venus vendre ensemble sur le marché. 42 %
1
d'entre eux ne consacrent qu'un jour par mois à cette activité mercantile, 16 % Y
consacrent deux jours, 20 % entre trois et cinq jours et enfin Il % six jours et plus (seul
un chasseur y consacre 12 jours). Ce sont généralement les chasseurs les plus âgés qui
1
assurent la vente. Ils sont aussi très souvent les «patrons» des expéditions de chasse
qu'ils organisent au niveau d'un réseau de parenté qui lie un père et ses fils, un beau- 1
père et son gendre, un oncle et ses neveux, même si un certain nombre d'équipages sont
constitués d'individus qui n'ont que des relations de travail occasionnelles. Tous les
chasseurs sont installés à Oiapoque depuis 10 à 15 ans et sont d'origine rurale, venus
1
des petits bourgs de l'Etat d'Amapa, situés sur l'unique route reliant Oiapoque à
Macapa. Ceux qui ont entre 35 et 50 ans sont d'anciens orpailleurs reconvertis dans la 1
chasse après le rush aurifère sur l'Oyapock des années 1980. Après la très forte décrue
de première moitié des années 1990, un certain nombre de garimpeiros se sont tournés
vers la chasse dont ils maîtrisent les techniques. Dans le même temps, on constate une
1
très nette diminution de l'activité cynégétique des habitants de Saint-Georges,
particulièrement chez les jeunes pour qui elle constitue une activité passéiste. Dès 1985, 1
la chasse ne constitue plus une source unique d'approvisionnement en nourriture pour
les habitants de Saint-Georges, même si la demande en gibier reste motivée par des
habitudes alimentaires ancrées dans la tradition. Mais c'est surtout en raison du fort
1
pouvoir d'achat des Guyanais que les chasseurs brésiliens vont dynamiser l'offre en
gibier, occupant un secteur de première importance de l'économie informelle. Il faut 1
préciser enfin que toute forme d'utilisation commerciale de la faune sauvage et par
extension la chasse, sauf dans certaines conditions (autosubsistance principalement),
sont interdites au Brésil (RICHARD-HANSEN, 1998). Les infractions vis-à-vis de la loi
1
(Lei 7653/88) sont passibles d'une amende à laquelle peut s'ajouter une peine de prison
ferme. Les chasseurs brésiliens pratiquant une activité cynégétique à but commercial 1
sont de facto amenés à écouler leur gibier en territoire français. La commercialisation
est favorisée par le fait que la section de fleuve comprise entre Saint-Georges et
Oiapoque est considérée en pratique par les autorités administratives et judiciaires
1
comme une zone de libre circulation des personnes et des biens.
Territoire exploité
1
Nous avons dressé un bilan quantitatif et qualitatif des pratiques cynégétiques des
chasseurs de la région du bas Oyapock et identifié, avec quelques difficultés d'enquête,
1
notamment pour les Brésiliens, la surface couverte par leur activité. En effet, un certain
nombre de prélèvements référencés au Brésil furent en réalité faits en Guyane
française: on peut estimer à 30 % la marge d'erreur réalisée durant la première partie de
1
notre enquête en ce qui concerne l'origine géographique du gibier vendu sur le marché
de Saint-Georges. Ce fait s'explique aisément par les doutes que les chasseurs brésiliens
1
ont éprouvés vis-à-vis du programme et par la crainte des contrôles policiers, certes
irréguliers, que la gendarmerie de Saint-Georges effectue dans divers secteurs de
chasse. Ce n'est qu'après quatre mois d'enquête sans aucune forme de répression
1
directement reliable à notre programme que nous avons acquis la confiance de la plupart
des chasseurs. Le programme «Chasse» auprès de la communauté de chasseurs de 1
- 30··
1
1
1
1 Saint-Georges et d'Oiapoque a aussi montré la nécessité d'entamer un dialogue
constructif quant au devenir de la faune et des pratiques cynégétiques. Ainsi plusieurs
1 réunions ont pu être mises en place au cours de l'année 2002 concernant la création
d'une association type Loi 190l, dont le but principal serait la «préservation des
ressources forestières ligneuses et non ligneuses ».
1 Les documents cartographiques (cartes 2, 4 et 5) détaillant la biomasse prélevée et
le nombre de sorties et d'expéditions effectuées mettent en évidence les 1 250 km2
1 potentiellement exploités par les chasseurs de Saint-Georges et d'Oiapoque. Bien que
42 % de cette surface (soit environ 525 km2 ) se situent au Brésil, la pression exercée par
1 les chasseurs brésiliens sur le territoire guyanais n'est pas sans poser quelques conflits
d'usage. Le plus important les oppose à la communauté palikur, durablement installée à
Saint-Georges depuis le milieu des années cinquante et qui exploite une aire d'environ
1 942 km2 actuellement fréquentée par les chasseurs brésiliens. Les points de conflit
concernent essentiellement la crique Gabaret, dont l'embouchure se situe à proximité de
1 Saint-Georges, sur laquelle on recense deux villages palikur. Il faut ajouter les zones des
criques Noussiri et Armontabo, deux affluents de l'Oyapock situés en amont du Saut
Maripa, exploitées durant les expéditions. En réponse à la concurrence, les Palikur ont
1 étendu leur territoire de chasse en Guyane à une zone de 260 km2 le long de la Route
Nationale 2.
1 L'hégémonie relative des Brésiliens sur le territoire de chasse disponible en
Guyane semble relever davantage des représentations (sentiment d'invasion, de
1 dépossession), qu'impliquer une pression amoindrissant de manière significative les
quantités de gibier. En d'autres termes, la raréfaction du gibier, telle qu'elle est
constatée par un grand nombre de chasseurs dans certains secteurs guyanais (Crique
1 Gabaret par exemple), ne peut être entièrement imputable à la présence de chasseurs
brésiliens. De nombreux secteurs liés à une chasse intensive (sortie) et extensive

1 (expédition) avaient été en grande partie sous-exploités durant ces deux dernières
décennies par les habitants de Saint-Georges. Les plus âgés des chasseurs créoles
précisent qu'il y a encore 30 ans, la chasse constituait l'unique source
1 d'approvisionnement en viande. Les criques situées en amont et en aval de Saint-
Georges étaient régulièrement exploitées durant des expéditions que les chasseurs

1 menaient principalement en «canot-pagaie », puis au moteur quand ils purent en


acquérir. La crique Gabaret et ses affluents constituaient des secteurs de chasse
intensive. Les chasseurs brésiliens se sont donc, in fine, tout simplement substitués aux
1 chasseurs oyapockois.
Les espèces gibiers chassées
1 Cinq ordres de Mammifères, cinq ordres d'Oiseaux et trois ordres de Reptiles
rassemblent les espèces gibiers les plus régulièrement chassées à Saint-Georges. La
1 législation en vigueur en Guyane française n'est pas ignorée des chasseurs brésiliens.
La biomasse prélevée se répartit de manière très inégale :
1 - Les Primates interdits à la vente représentent un très faible pourcentage des
gibiers chassés.

1 - 31 -

1
1
- Il en est de même du Daguet rouge (1,3 % de la biomasse). 1
- À l'opposé, les Pécaris (69,3 %), auxquels on peut ajouter le Tapir (20,9 %),
constituent près de 90 % de la biomasse chassée (Tab. 1), vendue respectivement pour
93,5 % et 97,6 % (Tab. 2) On trouve au premier rang le Pécari à lèvre blanche (59 %)
1
suivi du Tapir (20,9 %), sans variation saisonnière notable.
- Les Rongeurs (Paca et Agouti) se classent au deuxième rang par le nombre de
1
prises et au troisième rang (7,9 %), loin derrière les Pécaris et le Tapir, pour la
biomasse. 1
Pour les espèces concentrant la plus forte biomasse et le plus grand nombre
d'individus, la pression de chasse est en fait un peu plus forte en territoire brésilien que 1
guyanais. Le Paca, gibier ripicole aux mCDrs nocturnes, est capturé en plus grand
nombre au Brésil lors d'expéditions de chasse. De nombreux chasseurs suggèrent que
nous sommes face à un cas de raréfaction de l'espèce pour le territoire guyanais, ce que
1
les données naturalistes ne confirment pas nettement.

La forte pression de chasse exercée sur les Pécaris, le Tapir et les Rongeurs s'explique
1
aisément par la valeur marchande et culinaire que les habitants de Saint-Georges leur
confèrent. Le Tableau 3 rendant compte des prix de vente des gibiers pratiqués dans la 1
région, ainsi que le Tableau 2 indiquant les quantités conservées pour l' auto-
consommation et celles qui sont vendues, permettent d'estimer à 48.737 € le gain
obtenu par 72 chasseurs en huit mois à partir de la seule vente des deux espèces de
1
Pécaris et du Tapir, soit 90 % des gains totaux (Fig. 5). Si l'on ajoute à ce chiffre le gain
fourni par les Rongeurs, en particulier le Paca, (3.521 t) et celui du Hocco (1.195 t), 1
respectivement aux troisième et quatrième rangs des espèces gibiers vendues, ce sont
près de 53.453 €que se partagent les chasseurs. 1
Le gain moyen est de 74 flmois et par chasseur, c'est-à-dire les 2/3 du salaire
moyen brésilien. La chasse commerciale constitue un appoint saisonnier pour près de
50 % des chasseurs brésiliens. En marge de la chasse, un chasseur exerce très souvent
1
une, voire deux activités complémentaires: transport fluvial (tourisme, orpaillage,
etc.), vente de poissons capturés en amont du fleuve ou dans l'estuaire, vente de 1
produits de l'abattis 3 •••
Près de 67,8 % du gibier capturé durant les expéditions sont vendus contre 26,2 % 1
issus des sorties. La biomasse prélevée durant les expéditions, variant selon les espèces,
représente 70,8 % de la biomasse totale prélevée. Les Rongeurs, en particulier le Paca
chassé de nuit à la lampe frontale, sont préférentiellement capturés durant les
1
expéditions (90 %); il en va de même des deux espèces de Pécaris (70 et 57 %), du
Tapir (83 %) et du Hocco (68 %). 1
Ces proportions varient peu d'une saison à l'autre, à la faible exception près du
Pécari à lèvre blanche, capturé en plus grande quantité en saison sèche (52,8 %). 1
3 La problématique de la commercialisation du gibier est abordée dans sa globalité au chapitre IV, "Commercialisation du
1
gibier: de la campagne à la ville".

- 32-
1
1
1
1
_ _ _..:;;..S~f-_----=Ex=.cpéd:='~f- Total ~
1 MAMMIFERES
Blom. I~ Blom. ~ Blom. l " ~
Capucin à tête blanche 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0

1 Capucin à tête noire


Saki à face pâle
Singe Atèle
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0
0
0
45,3
0,0
8,3
0,1
0,0
0,0
5
0
1
45,3
0,0
8,3
0,1
0,0
0,0
15
0
1
Sinae hurleur roux 0,0 00 0 27,0 0,1 4 27,0 01 4

1 Primates
Tatou à neuf bandes
00
19,8
00
01
0
2
80,6
29,7
03
0,1
29
3
80,6
49,5
03
0,2
20
5
Xénarthres 19,8 01 2 29,7 01 3 49,5 02 5

1 Paca
Aaouti
Ronaeurs
176,7
74,0
868,6
0,6
0,2
20
22
17
143
2023,6
130,5
23628
6,6
0,4
53
252
30
308
22002,2
204,5
32315
7,2
0,7
73
274
47
451
Daguet rouge 32,0 0,1 1 352,0 1,2 11 384,0 1,3 12

1 Daguet gris
Pécari à lèvre blanche
Pécari à collier
29,0
6260,8
649,8
0,1
20,6
2,1
2
172
31
58,0
11684,4
2033,1
0,1
38,4
6,7
4
321
97
87,0
17945,2
2682,9
0,3
59,0
8,8
6
493
128

1 14127,5 21099,1
1

Artiodactvles 69716 229 206 464 433 693 639


Tapir 1550,0 5,1 10 4805,0 158 31 6355,0 20,9 41
Perrlssodactvles 15500 51 10 4805,0 158 31 63550 209 41
TOTAL MAMMIFERES 8792,0 289 257 21196,9 696 769 299889 985 1026

1 OISEAUX
Grand tinamou 1,9 0,0 2 3,8 0,0 4 5,7 0,0 6
Tlnamiformes 1,9 0,0 2 3,8 00 4 5,7 0,0 6

1 Hocco alector
Pénélope marail
Galliformes
29,9
0,0
299
0,1
00
01
11
0
11
149,6
38,1
187,7
0,5
0,1
06
55
35
90
179,5
31,1
217,6
0,6
0,1
07
66
35
101

1 ~gami trompette
Griuformes
~mazone aourou
6,4
64
1,3
0,0
0,0
0,0
6
6
2
31,1
31,1
7,9
0,1
01
0,0
29
29
12
37,6
376
9,3
0,1
0,1
0,0
35
35
14
~ra macao & 2,2 0,0 2 0,0 0,0 0 2,2 0,0 2

1 ~ra chloroptère
Psittaciformes
Iroucan ariel &
35
6,4
0,0
0,0
4
14
7,9
32,7
00
0,1
12
71
11,5
39,1
0,0
0,1
16
85

1 Iroucan à bec rouQe


Piciformes
TOTAL OISEAUX
446
48,2
01
02
97
37
32,7
263,2
01
09
71
206
n3
311,4
0,2
10
168
243
REPTILES

1 61,2 0,2 6 71,4 0,2 7 132,6 0,4 13

1
1
Tab. 1 - Répartition de la biomasse (en kg) issue des sorties
1 et des expéditions à Saint-Georges

1
1
1 - 33 -

1
1
~aison sèche
Saint-Georges Réaina 1 Tonate 1 Counami IEnsemble des sites
IGardéIVendullnc.*1 G~rd~ rV.~md!,lllnç.IGardéIVenduJInc.1 GardélVendIJ U!lC, 1Gardé VendY Inc.
1
MAMMIFERES
Primates
~sénarthres
Rongeurs
Artiodactyles
0,0
0,0
9,5
7,0
100,0
100,0
90,5
91,3
0,0
0,0
0,0
1,7
0,0
0,0
58,1
8,4
100,0 0,0
0,0
36,7
0,0
5,2
66,5 25,1
27,1
0,0
54,5
5,4
69,7
100,0
45,5
94,6
3,3
0,0
0,0
0,0
100,0
100,0
94,9
91,3
0,0
0,0
5,1
8,7
0,0
0,0
0,0
0,0
38,9
25,0
19,0
11,4
58,7
75,0
80,6
85,6
2,5
0,0
0,5
2,9
1
Perrissodactvles 4,3 95,7 0,0 0,0 100,0 0,0 0,0 100,0 0,0 100 a 0,0 0,0 6,1 93,9 0,0
TOTAL MAMMIFERE5
OISEAUX
Tinamiformes
66

100,0
92,2

0,0
12

0,0
77

0,0
816

0,0
107

0,0
72

60,0
926

40,0
0,2

0,0
93,3

0,0
67

0,0
0,0

0,0
11,0

71,4
870

28,6
2,0

0,0
1
~alliformes 16,8 83,2 0,0 0,0 0,0 0,0 55,0 45,0 0,0 100,0 0,0 0,0 31,6 68,4 0,0
Griuformes
Psittaciformes
Piciformes
75,0
38,5
50,0
25,0
61,5
50,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
78,1
0,0
0,0
21,9
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
85,7
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
14,3
75,0
52,0
71,9
25,0
48,0
27,1
0,0
0,0
1,0
1
ITOTAL OISEAUX 298 702 00 266 734 00 715 285 00 982 00 18 447 55,1 0,2
ReDtiles
~rocodiliens
~quamates
33,3
0,0
66,7
100,4
0,0
0,0
33,3
0,0
50,0
0,0
16,7
0,0
38,9
24,3
61,1
73,0
0,0
2,7
100,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
39,3
22,5
57,1
75,0
3,6
2,5
1
Cr estunidae 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,0 0,0 0,0
TOTAL REPTILES
ITOTAL
279
69
721
919

l$âiht~GeorQes
00
1.1
364
87
477
805

RéQina
159 34,7
10.8 11.9

Tonate
645
878
08 1000 00
O~..935 ~ 6.5

Counami
00
00 118
361

Ensemble des site~


605
8.62.
33
2.0~ 1
~aison des pluies

Primates
.,_

MAMMIFERES

p<sénarthres
···vv·'

36,3
0,0
.1.G.a.rdéJ.YeoduJ.lnc. GardM'iendu Une. Gard.é LVélldu 11nc. Gardé 1VendoJlnc. Gardé Vendu Ihe.·

63,7 0,0
66,7 33,3
31,1
0,0
68,9
0,0
0,0
0,0
20,0
42,9
80,0
14,3
0,0 47,3
42,9 100,0
52,7
0,0
0,0 28,7
0,0 36,4
71,3
27,3
0,0
36,4
1
Rongeurs 2,7 94,2 3,1 30,7 69,3 0,0 26,8 61,0 12,2 63,2 21,1 15,8 16,1 78,8 5,1
~rtiodactyles
Perrissodactvles
3,4
0,0
!TOTAL MAMMIFERES 29
95,8 0,8
100,0 0,0
963 08
41,6
0,0
339
54,4
60,0
562
4,0
40,0
98
10,0
0,0
137
85,3
D,a
798
4,6 71,1
0,0 66,7
65 680
28,9
33,3
307
0,0 15,5
0,0 13,8
13 155
82,7
79,3
814
1,8
6,9
32
1
OISEAUX
rrinamiformes
Galliformes
Griuformes
0,0
5,9
40,0
100,0
94,1
60,0
0,0
0,0
0,0
0,0
4,3
0,0
0,0
85,1
0,0
0,0 50,0
10,6 100,0
0,0 0,0
0,0
0,0
0,0
50,0 D,a
0,0 100,0
0,0 0,0
0,0
0.0
0,0
0,0
0,0
0,0
16,7
23,4
40,0
66,7 16,7
75,0 1,6
60,0 0,0
1
Psittaciformes 0,0 100,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,0 D,a
Piciformes
TOTAL OISEAUX
REPTILES
1,6
8,3
98,4
917
0,0
00
75,0
90
0,0
79,4
25,0 100,0
116 963
0,0
00
0,0 100,0
3,7 100 0
D,a
00
0,0
0,0
15,3
22,9
83,3 1,4
753 18
1
~rocodiliens 10,0 90,0 D,a 0,0 100,0 D,a 66,7 33,3 0,0 50,0 50,0 0,0 31,6 68,4 0,0
~quamates D,a 0,0 0,0 0,0 0,0 D,a 24,5 67,9 7,5 0,0 0,0 0,0 24,5 67,9 7,5
Irestunidae
ITOTAL REPTILES
rOTAL
D,a
10 a
.30
00
900
962
0,0
00
08
0,0
00
337
0,0
100,0
565
D,a
00
0,0
355
98 1fi 8
28,6 71,4
52,3 12.2 500
762 70 68.0
00 0,0
500
307
0,0
00
13
0,0
272
157
28,6
657
81',1
71,4
72
32
1
~umul
MAMMIFERES
1 Salnt-Georaes 1 Réaina 1 Tonate Counaml Ensemble des silet
1Gar:dé 1Vendu Ilnc.1 Gardé 1Vendu Ilnc. 1Gardé 1Vendu 1Inc. 1Gardé 1Vendu Ilnc.1 Gardé Vendu Inc. 1
Primates 33,5 66,5 0,0 29,7 70,3 0,0 23,2 75,3 1,5 74,0 26,0 0,0 32,2 67,0 0,8
p<sénarthres
Rongeurs
~rtiodactyles
D,a
6,9
5,2
80,0
91,9
93,5
20,0
1,2
1,2
0,0
42,3
35,1
0,0
55,5
56,8
D,a 37,S
2,2 32,7
8,2 7,8
25,0 37,5 100,0
57,7 9,6 74,5
89,9 2,4 81,1
0,0
15,3
18,9
0,0
10,1
0,0
33,3
17,7
13,6
40,0
79,8
84,1
26,7
2,5
2,3
1
Perrissodactvles 2,4 97,6 0,0 D,a 83,3 16,7 0,0 100,0 D,a 71,4 28,6 D,a 9,7 87,1 3,2
ITOTAL MAMMIFERES
OISEAUX
Irinamiformes
49

33,3
94,2

66,7
10

0,0
257

D,a
642

D,a
10,1 10,4

0,0 57,1
862

28,6
33 76,9

14,3 D,a
22,3

0,0
08

0,0
133

46,2
841

46,2
26

7,7
1
k;alliformes 11,3 88,8 0,0 13,8 80,5 5,7 85,7 14,3 0,0 100,0 0,0 0,0 27,4 71,7 0,8
~riuformes
1
60,0 40,0 0,0 0,0 D,a 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 D,a 0,0 60,0 40,0 0,0
Psittaciform es 28,8 71,2 0,0 0,0 D,a 0,0 100,0 0,0 D,a 100,0 0,0 0,0 41,3 58,7 0,0
Piciformes 15,3 84,7 0,0 800 0,0 20,0 78,5 21,5 0,0 92,3 0,0 7,7 47,6 51,2 1,2
ITOTAL OISEAUX 187 813 00 169 767 64 804 183 13 988 00 12 343 648 10

1
REPTILES
~rocodiliens 15,4 D,a 28,6
84,6 57,1 14,3 45,8 54,2 0,0 66,7 33,3 0,0 36,2 61,7 2,1
~quamates 0,0 0,0
0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Irestunidae 0,0 0,0
0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
ITOTAL REPTILES 147 853 00 314 548 137 351 593 56 667 333 00 320 629 51
ITOTAL 50 940 10 257 642 101 143
* Inc = % de la biomasse dont la destmallon est mconnue
822 35 no 22.1 08 138 836 26
1
Tab. 2 - Répartition saisonnière de la biomasse des classes de gibier
gardée et vendue sur les 4 sites (en %)
1
- 34-
1
1
1
1 Les espèces les plus fréquemment destinées à une consommation familiale
concernent principalement, pour les Mammifères les deux espèces de Pécaris (5 et 6 %)
1 et le Paca (7 %) ; pour les oiseaux le Pénélope Marail (43 %), l'Agami (60 %) et le
Toucan (15 %).
1
Vendu sur
1 Espèces gibiers
Pécari à lèvre blanche
Prix de vente
2,7 € /kg
le marché
+
Observations

Pécari à collier 2,7€ /kg +


1 Paca
Agouti
2,25€ /kg
2,25€ /kg
+
+
Tapir 2,7€ /kg +

1 Daguet rouge
Daguet gris
Singe hurleur roux
2,7€ /kg
2,7€ /kg
2,25 à 2,7€ /kg
-
-
-
Vente à domicile
Vente à domicile
Prix variant selon le statut"
Macaque à face noire 4,5€/kg - Vente à domicile
1 Singe Atèle
Hocco
2,25 à 2,7€ /kg
15€ à 22,5€ /pièce
-
+
Prix variant selon le statut
Prix variant selon le statut
Pénélope Marail 7,50€ /pièce +

1 Toucan 4,5€/pièce - Vente à domicile


Agami 6€ /pièce - Vente à domicile
Caïman
Iguane
3€/kg
6€ à 9€ /pièce
-+ Vente à domicile
Exclusivement femelles
1 *Jeune ou adulte
vivantes avec des œufs

Tab. 3 - Prix de vente des espèces autorisées ou non à la vente à Saint-Georges

1 La pression de chasse est donc sans surprise exercée en priorité sur des espèces

1 financièrement rentables et culinairement estimées. Elles ne présentent pas forcément


une masse très importante (cas des Rongeurs et des Galliformes qui, du point de vue
numérique, sont classés dans les premiers rangs). Le Cabiai, le plus gros des Rongeurs,
1 très prisé ailleurs en Amazonie, pourrait de manière rentable remplacer le Paca et
l'Agouti, s'il répondait à une demande, mais il jouit ici d'une mauvaise réputation. On

1 aurait pu s'attendre à ce que les espèces les moins rentables financièrement subissent
une pression plus importante, afin d'augmenter la part de gibier auto-consommée. La
résidence des chasseurs impose une règle de conduite évidente: ils ne peuvent rapporter
1 le gibier capturé en territoire brésilien sans risque- d'amendes. Enfin les habitudes
alimentaires de la population de chasseurs brésiliens sont davantage tournées vers la

1 consommation de produits moins onéreux comme le poisson.

1
1
1
1 - 35 -

1
1
70
60
1
50
40
1
30 (

20 ,,;.
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0
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~
10 Saint-Georges lSl Régine [J Tonete ~ Counemi • Ensemble 1
1
Fig. 5 - Proportions des gains en euros par classe de gibier sur les 4 sites (%)
1
Stratégies de chasse
Au cours la période d'enquête (273 jours), un chasseur a effectué en moyenne
2 expéditions de 3 jours au sein d'une équipe de 3 personnes, soit 6 jours effectifs par
1
chasseur. Ces moyennes ne varient pas de manière significative d'une saison à l'autre.
Quant à la moyenne des sorties à la journée, elle est légèrement supérieure, puisqu'il est 1
de 3,6 sorties d'une durée moyenne de 6,5 heures, dont 0,8 sortie effectuée en solitaire et
2,8 conduites de manière groupée. Bien que le nombre des expéditions (n = 143) soit,
dans l'absolu, supérieur à celui des sorties (n 100), on estimera plus justement la =
1
situation, en additionnant les sorties solitaires et les sorties groupées. On obtient ainsi un
chiffre de 164 sorties/chasseurs, (29 % des stratégies adoptées) (Fig. 6). Il en est de 1
même des expéditions: ce sont en réalité 404 journées d' expéditions/chasseurs qui sont
conduites durant cette période (71 % des stratégies). Si on examine à présent la
proportion des stratégies adoptées par les chasseurs (n = 80), on constate (Fig. 7) que
1
44 % des chasseurs effectuent uniquement des expéditions, contre 24 % uniquement des
sorties, 33 % d'entre eux adoptant une double stratégie. Ces valeurs démontrent à 1
l'évidence l'intérêt majeur que les chasseurs portent aux expéditions, beaucoup plus
rentables que les sorties (cf. infra). 1
Quelle que soit la stratégie (sortie et expédition), le principal moyen de locomotion
des chasseurs est la pirogue, mue par un moteur hors-bord de moyenne puissance (entre
9.9 et 15 cv), peu consommateur en carburant. Une campagne de 3 jours 3 personnes
1
dans les criques les plus éloignées implique une dépense en carburant de l'ordre de
50 litres, soit 52 €. Ces embarcations motorisées appartiennent le plus souvent à un 1
chasseur. Elles peuvent aussi être louées ou prêtées par des tierces personnes résidant
généralement au Brésil. 1
La stratégie commune à l'ensemble des chasseurs de la région consiste à exploiter
en épi les zones forestières ripicoles puis de terre ferme à partir d'un cours d'eau, dans
un rayon dépassant rarement 5 kilomètres. Les campements se distribuent
1
principalement le long des affluents de l'Oyapock, entre 3 et 5 heures de voyage des
centres urbains. Les layons ouverts par les chasseurs brésiliens ne ressemblent en rien à 1
ceux des autres communautés. Ils n'emploient que très peu la technique du « cassé »,

- 36-
1
1
qui consiste à baliser le layon de chasse à l'aide de rameaux brisés. Cette technique
contribue selon eux à imprégner la végétation d'une odeur humaine persistante, qui
ferait fuir le gibier des zones exploitées. Il semble exister, pour les plus expérimentés
d'entre eux, une connaissance extrêmement fine des milieux qu'ils parcourent. Ainsi, la
technique de progression en forêt consiste à adopter un cap durant un laps de temps
défini à l'avance et vérifié groce à la course du soleil (ou d'une montre). Ensuite de
quoi, le chasseur effectue un angle droit progressant sur une certaine distance,
renouvelle la mancnvre sur un angle aigu et revient à son point de départ. La
représentation graphique de cette progression suit un long triangle rectangle, au milieu
duquel se situe le plus souvent une colline d'une hauteur remarquable. Le chasseur
progresse généralement seul, tenant compte de la position de chaque participant afin
d'éviter tout accident.
Les sorties à pied sont plutêt tournées vers l'autosubsistance. Elles sont conduites
dans une aire restreinte de 5 kilomètres de rayon dans la forêt qui ceint l'agglomération
de Saint-Georges et d' Oiapoque. Les sorties en voiture se font sur de plus grandes
distances, sur la Route Nationale 2 (jusqu'à 40 km de St Georges) et sur la Route de
Macapa (jusqu'à 150 km d'Oiapoque).
Les annes employées sont surtout des fusils à un coup de calibre 12 (Fig. 8), très
rustiques, de la marque russe Baïkal. On remarque la prédominance de la cartouche de
plomb 2, munition polyvalente adaptée aussi bien à la chasse des Rongeurs qu'à celle
des Pécaris, et celle de la cartouche de plomb 2/0, tout à fait adaptée au Tapir (Fig. 9).
Une législation contraignante rendant très difficile l'approvisionnement en munitions
des chasseurs brésiliens dans leur pays, la plupart d'entre eux achètent leurs cartouches
soit à Saint-Georges, soit à Cayenne par l'intennédiaire d'un tiers, le COll d'une boîte
de cartouches étant quasiment deux fois plus élevé à Saint-Georges qu'à Cayenne (14 €
contre 8,5 t).
L'importante biomasse prélevée durant les expéditions conduites durant 3 jours en
moyenne impose des contraintes quant à la conservation du gibier: près de 80 %
(Fig. 10) de la viande sont conservés dans une glacière, généralement la caisse d'un
réfrigérateur usagé. Des pains de glace ou des bouteilles d'eau congelée pennettent une
conservation minimale de la viande durant la campagne de chasse.

IOOY. 99y.

71y.
61y.

39"/.

OY. Iy.

Saint-Georges Régina Tonate-Macouria Counarni Ensemble des sites


10 Sorties !SI Expéditions 1

Fig. 6 - Proportion des sorties et des expéditions effectuées sur chacun des sites

- 37 -
1
9ay.
1
93Y.

1
56Y. 57y.

1
Oy. 2Y. Oy.
1
Saint-Georges Régina
10
Tonate
Sortie !SI Expédition I!J Sortie + Expéditio4
Counami Ertsemble
1
Fig. 7 - Proportion des stratégies adoptées par les chasseurs sur chacun des sites
1
100%

~ 1
90% -
~ ~ @
80% -
~
~

70% -

60% -
~

~
1
50% - f-

40%

30% -
- '--

-
1
20%
10%
-
-
r--

-
1
0%
Saint-Georges Régina Tonate-
Macouria
Counami Total
1
ID Cal 12 l'SI Cal 16 • Cal 20 ID Carabine 221

Fig. 8 - Types d'armes employés par les chasseurs 1


100%

90%
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10%
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1
0%
Saint-Georges Régina Tonale-
Macouria
Counami Total 1
Il2I Plomb 6 II!I Plomb 4 I!l Plomb 2 0 Plomb 2/0 0 Plomb 410 • Chevrotine ID Ballel
Fig. 9 - Types de munitions employés par les chasseurs 1
- 38 -
1
1
1
1 100%
90% f--:.:-:-: f-----l .... J - - - - l ---l.:-:-:- -

1 80%

70%
f-- -: -: .:- f-----l
f--.:.:.:- t-----i
~
1-----1
1----1.:-;..;..;.1-----1
f------/
-
-

60% f - - :::::::t-----i t----1 t---

1 50%

40%
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f--:-:-:-: t - - - - l t---

1 30% f-- -: -: .:- f-----l


20% +---J,..:..:..:..I------j
1--

1--

10% f-- 1--

1 0% +---l-_L....-....,-------.!.-_-'-------.------L.._..L...----,.-----l.._--L.----.------l_--l----j

Saint-Georges Régina Tonale-


Macouria
Counami Tolal

1 IOFrais DGlacière 12 Boucané 1

Fig. 10 - Techniques de conservation du gibier

1 Le site de Régina
Introduction
1 Régina, à 120 kilomètres de Cayenne, est une commune peu isolée du reste du
littoral dans le sens où la Route Nationale 2 permet un accès assez aisé. Bien que
1 relativement modeste puisque l'on compte environ 765 habitants (Insee, 1999), cette
commune rassemble toutefois six communautés culturelles (Créoles, Saramaka,

1 Brésiliens, Amérindiens, Hmong et Métropolitains) concentrées dans le bourg et sa


périphérie, alors que le territoire communal couvre une surface de 11.432 km2 , ce qui en
fait l'un des plus vastes de Guyane française.
1 L'enquête quantitative a été menée par la fille d'un restaurateur débitant du gibier,
l'un des derniers chasseurs professionnels patentés de Guyane. Ici, les chasseurs
1 pratiquent principalement une activité cynégétique à but commercial, même si la
communauté amérindienne palikur maintient en marge une chasse d'autosubsistance de
faible importance. Les chasseurs (n =32), dont l'âge moyen est de 38 ans (fourchette:
1 20-62 ans), sont en grande majorité d'origine brésilienne (72 % ; n = 23) et exercent
tous une double activité (chasse en saison des pluies, autre activité en saison sèche). Le
1 transport fluvial, les jobs ou tout simplement un retour temporaire au pays d'origine ont
contribué à diminuer le nombre de chasseurs (n = 10). Les autres communautés
culturelles sont peu représentées dans la population de chasseurs, puisque 16 % d'entre
1 eux sont d'origine créole, 9 % amérindiens et 3 % hmong. On a constaté une absence
totale de chasseurs parmi les Saramaka résidant à Régina: employés tout au long de
1 2001 et 2002 sur les chantiers de BTP de la commune, ils sont ici considérés comme des
chasseurs « occasionnels ».

1 Territoire exploité
Les chasseurs résidant à Régina exploitent 600 km2 (cartes 2 et 3). Le fleuve

1 Approuague constitue l'axe de pénétration du territoire donnant accès à trois zones de


chasse distinctes, sur lesquelles s'exerce une pression différentielle: deux zones sont

1 - 39-

1
1
situées en aval du bourg de Régina, l'une le long des berges de l'Approuague plutâ: 1
exploitée par les chasseurs amérindiens palikur et les chasseurs de passage, l'autre
concernant un des affluents de l' Approuague (la crique Kourouaï); la troisième est
située en amont, au-dessus des premiers rapides, fréquentée préférentiellement par les
1
chasseurs brésiliens.
La zone exploitée pour la chasse sur le site de Régina s'est considérablement
1
roouite en amont. L'activité d'orpaillage légale (48 sites miniers doclarés à ce jour dont
43 en activité) et illégale rassemblerait pour le seul fleuve Approuague (au-dessus et en- 1
dessous de la confluence avec la crique Arataï) et ses affluents (Crique lpoussing, Ekini
et zone forestière au nord de la crique Arataï), une population numériquement
importante pratiquant une activité cynégétique incontraable et de forte pression. Ces
1
informations, non confirmées durant nos entretiens avec les autorités policières (tant à
Cayenne qu'à Régina), ont pourtant été corroborées par les communiqués de presse qui
suivirent une opération de police conduite dans cette zone en mars 2002. En fait, et de
1
nombreux témoignages le confirment, ce sont de petits bourgs de plusieurs centaines
d'individus qui seraient installés dans cette zone où les activités légales et clandestines 1
d'orpaillage agiraient de conserve (opération de ravitaillement en carburant contre-
emplois rémunérés, activités salariées illégales sur les placers légaux, etc.). La
population clandestine est évaluée à 1 500 ou 2 000 personnes. Les circuits de transit
1
des orpailleurs illégaux qui permettent de rallier les placers sont assez nombreux et très
fréquentés. Les orpailleurs sont généralement pris en charge depuis le Brésil jusqu'à 1
leur destination pour un colÎ d'environ de 230 f: remboursable sur les gains. Sur ces
sites, les transactions, établies en grammes d'or, drainent un volume monétaire très
important. Des colporteurs, hommes et femmes, viennent depuis Belém (Para) afin de
1
tirer profit des orpailleurs légaux et clandestins. Une organisation marchande informelle
s'est donc greffée sur un secteur d'activité théoriquement formel. Nombre de 1
particuliers, non orpailleurs mais ayant des liens plus ou moins étroits avec eux profitent
de la manne qu'offre ce réseau en venant vendre directement sur les placers clandestins
les produits divers qui font défaut, tels la viande de porc, de beuf, du poulet congelé, du
1
poisson frais et salé, de l'alcool, du parfum, etc ..Ces produits sont vendus en moyenne
4, voire pour certains, 10 fois plus cher qu'à Cayenne. Une campagne de vente, tous 1
frais doouits, peut rapporter entre 762 et 1.500 €. La forte demande des placers en
viande de boucherie pourrait indiquer que gibier et poisson se soient gravement raréfiés
dans certains secteurs du moyen Approuague.
1
Une activité d'orpaillage clandestine, accompagnée de chasse intensive, a
probablement été exercée dans la marge nord de la Réserve des Nouragues, affectant le
1
comportement et la densité de certaines espèces, avec une réaction en chaîne qu'il serait
intéressant de mesurer dans d'autres secteurs de la réserve. On sait d'expérience, par 1
exemple sur certains tronçons de la RN 2, que la chasse, les travaux publics,
l'exploitation forestière contribuent à éloigner les animaux des zones perturbées mais
que la cessation de ces activités permet ensuite aux animaux de les réoccuper.
1
Les activités d'orpaillage ont contribué à amoindrir de manière importante le
territoire de chasse de Régina, où il existe désormais une assez forte compétition 1
- 40-
1
territoriale entre les communautés de chasseurs: chasseurs à but commercial et
chasseurs auto-subsistants sont en effet contraints d'exploiter une zone bien en aval de la
zone des sites d'orpaillage, la limite méridionale se situant aujourd'hui au lieu-dit
« Montagne Tortue ».
Les espèces gibiers chassées
Douze espèces de gibier sont chassées dans ce secteur (Tableau 4). Les quantités
commercialisées représentent 64,2 % de la biomasse totale, dénotant une activité
tournée en grande partie vers un but lucratif. Bien que la biomasse prélevée et le nombre
de prises soient infiniment moins élevés ici qu'à Saint-Georges, on note une répartition
identique pour les Mammifères: très faible part pour les Primates (1 %) alors que les
Pécaris et le Tapir, à forte plus-value, concentrent près de 92 % de la biomasse prélevée.
Ici encore, les proportions ne présentent pas de différences marquées d'une saison à
l'autre, même si la biomasse collectée en saison des pluies est deux fois plus importante
que celle obtenue en saison sèche. Cette différence est à mettre essentiellement au
compte des captures imprévisibles de Pécaris à lèvre blanche effectuées en plus grand
nombre durant la saison des pluies (72,4 % contre 34,8 %). Le nombre important de
captures de Pécaris et l'utilisation qui en a été faite (autoconsommation ou vente) ont
fortement modifié les proportions saisonnières des ventes de viande de mammifère
(82 % en saison sèche et 56 % en saison des pluies). La vente des espèces à fort
rendement monétaire s'effectue ici dans une proportion moindre qu'à Saint-Georges,
puisque seuls 57 % des Pécaris et 56 % des Rongeurs sont vendus, le reste étant pour
une large part auto-consommé. Deux espèces de Reptiles, Caïman à lunettes et Caïman
à front lisse, bien que se situant au quatrième rang des espèces chassées et
commercialisées, ne représentent en fait qu'à peine 1 % de la biomasse collectée. Un
caïman noir (Melanosuchus niger) chassé dans un affluent en amont des premiers
rapides de l'Approuague et un très jeune lamantin (Trichechis manatus), noyé dans un
filet de pêcheur en amont de Régina, ont aussi été vendus, mais ces espèces demeurent
anecdotiques.
Au contraire de Saint-Georges, la faible part de biomasse collectée durant les
expéditions (33,6 %) ne concentre que 24 % du volume vendu. Les sorties assurent
66,4 % de la production et 40% des ventes (Tab. 2). L'absence de compétition
intercommunautaire sur le territoire de chasse à usage intensif (sorties exclusivement), à
l'exception notable de la zone du moyen Approuague, n'impose pas aux chasseurs de
s'éloigner considérablement du bourg. Les sorties permettent donc ici, au contraire de
Saint-Georges, d'obtenir une biomasse suffisante pour être vendue.
Les prix de vente du gibier pratiqués à Régina assurent aux chasseurs un bénéfice
deux fois plus important qu'à Saint-Georges, puisque les prix moyens, quelle que soit
l'espèce gibier, y sont doublés.

- 41 -
1
1
Sortie
n
Expédition
Blom. n Blom.
Total
n
1
MAMMIFERES
Capucin à tête blanche
Blom.

0,0
"
0,0 0 0,0
"
0,0 0 0,0
"
0,0 0 1
Capucin à tête noire 21,1 0,3 7 6,0 0,1 2 27,2 0,4 9
Isaki à face pâle 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0
Singe Atèle
Singe hurleur roux
Primates
0,0
0,0
21,1
0,0
0,0
0,3
0
0
7
41,4
0,0
47,4
0,6
0,0
0,7
5
0
7
41,4
0,0
68,6
0,6
0,0
1,0
5
0
14
1
~atou à neuf bandes 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0

Paca
Xénarthres 0,0
160,6
0,0
2,4
0
22
0,0
184,7
0,0
2,7
0
23
0,0
345,3
0,0
5, 1
0
43
1
fA,gouti 17,4 0,3 4 0,0 0,0 0 17,4 0,3 4
Rongeurs
Daguet rouge
Daguet gris
178,0
32,0
0,0
2,6 24
0,5 1
0,0 0
184,7
32,0
0,0
2,7
0,5
0,0
23

0
1
362,7
64,0
0,0
5,3
0,9
0,0
2
0
47
1
Pécari à lèvre blanche 3530,8 51,7 97 582,4 8,5 16 4113,2 60,3 113
Pécari à collier

~apir
Artiodactyles
104,8 1,5 5
3667,6 53,8
620,0 9,1
103
4
125,8
740,2
1240,0
1,8

18,2 8
6 230,6
46,4 433 4407,8
1860,0
3,4 11
64,6 126
27,3 12
1
Perrissodactyles 620,0 9,1 4 1240,0 18,2 8 1860,8 27,3 12
TOTAL MAMMIFERES
OISEAUX
44867 658 138 2212,3 324 61 6699,0 98.2 199 1
Grand tinamou 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0
Tlnamiformes
Hocco alector
Pénélope marail
0,0
8,2
1,1
0,0
0,1
0,0
0
3
1
0,0
38,1
0,0
0,0
0,6
0,0
0
14
0
0,0
46,2
1,1
0,0
0,7
0,0
0
17
1
1
9,2 0,1 38,1 0,6 14 47,3 0,7 18
Galliformes
Agami trompette
Griuformes
0,0
0,0
0,0
0,0
4
0
0
0,0
0,0
0,0
0,0
0
0
0,0
0,0
0,0
0,0
0
0
1
Amazone aourou 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0 0,0 0,0 0
Ara macao &
Ara chloroptère
Psittaciformes
0,0

0,0
0,0

0,0
0

0
0,0

0,0
0,0

0,0
0

0
0,0

0,0
0,0

0,0
0

0
1
Toucan ariel & 2,3 0,0 5 0,0 0,0 0 2,3 0,0 5
~oucan à bec rouge
Piciformes
TOTAL OISEAUX
2,3
48,2
0,0 5
0.2 37
0,0
263,2
0,0
09
0
206
2,3
311,4
0,0 5
10 243
1
REPTILES
Caïman à lunettes
1& Caïman à front lisse
30,6 0,4 3 40,8 0,6 4 71,4 1,0 7 1
Crocodiliens 30,6 0,4 3 40,8 0,6 4 71,4 1,0 7
Iguane
Squamates
~ortue terrestre
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0
0
0
0,0
0,0
3,0
0,0
0,0
0,0
0
0
1
0,0
0,0
3,0
0,0
0,0
0,0
0
0
1
1
Testunldae
TOTAL REPTILES
TOTAL
0,0
306
0,0
0.4
0
3
45289 664 150
3,0
438
22942
0,0
06
336
0
5
80
3,0
74,4 11
0,0
1
8
68230 100.0 230
1
Tab. 4 - Répartition de la biomasse (en kg) issue des sorties
et des expéditions à Régina 1
1
1
- 42-
1
1
EsPèces alblers Prix de vente Observations
Pécari à lèvre blanche 3,75 à 5,25 € /kg Prix variant selon la saison
Pécari à collier 3,75 à 5,25 € /kg Prix variant selon la saison
Paca 3,75 à 5,25 € /kg Prix variant selon l'offre
Agouti 3,75 à 5,25 € /kg Prix variant selon l'offre
Tapir 3,75 à 4,50 € /kg Prix variant selon l'offre
Daguet rouge 3,75 à 5,25 € /kg Prix variant selon l'offre ~ ..

Daguet gris 3,75 à 5,25 € /kg Prix variant selon l'offre


Singe hurleur roux ? Ne se vend pas "-,
Macaque à face noire 3,75 €/kg Assez rare
Singe atèle 4,50 €/kg Assez rare
Hocco 22,50 à 27 € /pièce Prix variant selon le sexe
Pénélope Marail 5,25 € /pièce
Toucan 4,50 € /pièce
Agami ? Ne se vend pas
Caïman 3,75 €/kg
Iguane 12 à 15 € /pièce Exclusivement femelles vivantes avec des œufs
Tab. 5 - Prix de vente des espèces autorisées à la vente ou non à Régina

Le volume de gibier capturé et vendu durant les 8 mois d'enquête et l'importance


des captures de Pécaris en saison des pluies ont contribué à augmenter de manière
significative le gain moyen obtenu par les chasseurs à Régina. Parti de 15 € en saison
sèche, il a triplé en passant à 42 € pour la dur e totale de l' enqu te. La capture
d'espèces au comportement imprévisible permet donc d'augmenter de manière notable,
soit la quantité de viande consommée, soit le gain. A l'instar de Saint-Georges, les
Rongeurs et les Galliformes tiennent une place de premier rang dans la hiérarchie des
espèces les plus vendues.
Stratégies de chasse
Les 32 chasseurs de notre échantillon ont effectué 70 sorties, soit une moyenne de
2,5 fois chacun pour une durée de 5,5 heures. Un chasseur est sorti en moyenne une fois
seul et a effectué 1,5 sortie groupée rassemblant 1,5 chasseurs, Ces valeurs, variant
faiblement d'une saison à l'autre, sont très inférieures, à l'exception de la durée d'une
sortie, aux valeurs moyennes calculées pour l'ensemble des sites. La compétition pour
l'exploitation des zones extensives qui s'instaure entre les chasseurs et les orpailleurs
dans le moyen Approuague contribue à diminuer de manière sensible (Fig. 6) le nombre
moyen d'expéditions (37 %) au profit des sorties (63 %). Un peu moins de
2 expéditions sont menées dans cette zone sur la durée totale de l'enquête. Le nombre
moyen de jours consacrés à cette stratégie et le nombre d'individus qui y participent
sont eux aussi moindres qu'à Saint-Georges (2,4 jours par groupe de 2 personnes). Si
l'expédition ne constitue pas une stratégie exclusive très employée (19%), 25 %
chasseurs adoptent plus souvent une double stratégie (sortie et expédition).
La pirogue motorisée de faible puissance (entre 9.9 et 15 cv) constitue le moyen de
locomotion privilégié aussi bien durant les sorties que les expéditions. L'utilisation très
sporadique de la voiture correspond en fait à des sorties faites au hasard d'un voyage sur
la Route Nationale 2 entre Régina et Cayenne.
1 Comme à Saint-Georges, la très grande majorité des chasseurs emploie des fusils à
un coup, de calibre 12 de la marque Baïkal (Fig. 8). On remarquera une plus grande

1 - 43 -

1
1
variété dans les munitions (Fig. 9), due à la facilité d'approvisionnement à Cayenne. Le 1
plomb 6, qui constitue 1/5 des munitions, est plutâ: utilisé dans la chasse aux Oiseaux
qui reste pourtant très minoritaire. A contrario de Saint-Georges, le gibier est le plus
souvent rapporté frais à Régina (Fig. 10). La faible durée des expéditions (elle n'excooe
1
pas deux jours) et le nombre important de sorties destinées à la vente permettent
d'expliquer cette option technique. 1
Le site de Tonate-Macouria
Introduction 1
Le site de Tonate-Macouria, couvrant une surface communale de 364 km 2 , est situé
à une trentaine de kilomètres de Cayenne, à mi-parcours sur l'axe routier Kourou- 1
Cayenne. On peut le qualifier de site périurbain. L'enquête quantitative a concerné
principalement la communauté amérindienne palikur de Kamuyene dont les activités,
outre la culture itinérante sur abattis et le travail salarié temporaire, sont centrées sur la
1
chasse. Cette communauté rassemble actuellement le plus grand nombre de chasseurs
résidant sur la commune de Tonate-Macouria, alors qu'elle ne représente que 6,4 % de 1
la population totale qui compte 5 050 habitants (INSEE, 1999) répartie en
6 communautés culturelles : créole, haïtienne, saramaka, chinoise, brésilienne et palikur.
1
La communauté palikur installée sur ce site constitue, à l'ochelle de l'ethnie (1630
individus au total), la plus importante de Guyane française (322 personnes), avant celle
de Saint-Georges de l'Oyapock (319 personnes). Sur 58 maisonnées recensées, seul un
1
petit nombre cumule deux types de ressources financières formelles, soit liées au Rrni et
aux Allocations familiales (14 %), soit provenant d'un emploi salarié et des Allocations
familiales (12 %). Il faut ajouter dans bien des cas un revenu informel moyen de
1
251 €/maisonnée, issu de la vente d'objets artisanaux. L'enquête met en lumière un
constat fréquent dans les communautés amérindiennes: la mère est la principale 1
bénéficiaire des subsides de l'Etat, puisque 42 femmes disposent des Allocations
familiales contre 3 hommes et 22 du Rmi contre 7 hommes. En termes d'emplois
salariés, le constat s'inverse puisque les hommes sont nettement majoritaires, bien qu'il
1
faille ici souligner la faible proportion de salariés au sein des hommes (22 %) puis au
sein de la communauté d'actifs potentiels (11 % des actifs hommes et femmes). 1
Si l'on examine à présent la situation administrative des Palikur âgés de 15 à 65
ans, 53 % seulement d'entre eux possooent une carte de résident dont la validité est 1
inférieure ou égale à 10 ans. Un tiers d'entre eux ne dispose que d'un passeport
brésilien (14 %) ou d'un acte de naissance (20 %) délivré par la FUNAI au Brésil. Une
très faible proportion de palikur possooe une carte d'identité française (13 %). Ce
1
constat doit être corrélé avec le faible nombre de Palikur français (34 %) recensés dans
ces tranches d'âge. En tout état de cause, la situation administrative des Palikur de 1
Tonate-Macouria laisse apparaître des difficultés majeures quant à leur insertion
oconomique et sociale en Guyane. 1
La population de chasseurs (n = 41) prise en compte représente 54 % des hommes
de 15 à 65 ans et l'on compte au moins un chasseur en moyenne dans 95 % des
1
- 44-
1
1
1
1 maisonnées. L'âge moyen d'un chasseur est de 34 ans. Ce sont surtout les hommes en
charge de famille qui s'investissent dans les activités cynégétiques.
1 Les enquêtes quantitatives ont été effectuées par un habitant du village amérindien
possédant une bonne connaissance de la faune et des pratiques de chasse. Il a été
1 sélectionné avec l'approbation des autorités coutumières locales.
Territoire de chasse
1 Les Palikur de Tonate-Macouria ont actuellement la possibilité d'exploiter une
"Zone de Droit d'Usage" de 146,7 km2 sur le territoire de la commune de Kourou en

1 forêt domaniale de Balata Saut-Léodate. Cette zone, octroyée par arrêté préfectoral sur
décret ministériel, est toutefois située à près de 55 kilomètres du village. Si l'étendue de
sa surface répond très largement aux besoins des Palikur en matière d'usage agricole et
1 cynégétique, y accéder nécessite de longs et cofteux voyages, effectués principalement
en motocyclette, ce qui déprécie très nettement sa rentabilité. Le territoire exploité se
distribue en quatre zones couvrant une surface de 650 km2 en supplément de la zone
1 obtenue par arrêté préfectoral. Il s'agit, par ordre de fréquentation, d'une zone de forêt
en partie secondarisée située à proximité du village et des abattis, d'une zone de savane
1 composée d'îlots forestiers contiguë à deux autres zones de forêt dense dont une partie
recoupe la Zone de Droit d'Usage; ces trois dernières zones sont traversées par une
piste aménagée par l'ONF. Si l'exploitation des deux premières zones est peu
1 concurrentielle, il n'en va pas de même pour celles situées en forêt dense. La piste
forestière qui les traverse constitue en effet un axe de pénétration connu et fréquemment
1 emprunté par d'autres chasseurs, brésiliens, crooles ou métropolitains. Ces dernières
années toutefois, la dégradation de la piste a contribué à diminuer de manière très
sensible la pression de chasse extérieure, notamment en saison des pluies. Remarquons
1 enfin que les Palikur se plaignent assez souvent d'incursions répétées d'allogènes dans
leur Zone de Droit d'Usage, ce qui aurait contribué au dépeuplement du gibier, au
1 moins dans sa frange septentrionale, repoussant ainsi plus au sud les limites des zones
giboyeuses.

1 Les espèces gibiers chassées


Dix neuf espèces gibiers sont actuellement chassées par les Palikur de Tonate-
1 Macouria (tableau 6)4.
La distribution de la biomasse est ici tout à fait singulière, dans le sens où les
Primates (6,4 %), les Toucans (0,7 %), le Hocco et le Pénélope Marail (0,8 %), les
1 Caïmans (5,9 %) et l'Iguane (4,3 %) constituent, certes après les Pécaris (66,3 %) et le
Tapir (7,5 %), les espèces gibiers classées dans les premiers rangs. On notera toutefois
1 l'absence totale du Paca durant toute la durée de l'enquête. Cette espèce, infoodée aux
milieux ripuaires, semble, selon les témoignages des Palikur, être devenue extrêmement
rare dans la région.
1
1 4 Le Kinkajou et certains gibiers d'eau (Héron, Canard Plongeur, Aigrette) ont été exclus de l'inventaire, compte tenu de la
trop faible part qu'ils représentent.

1 - 45-

1
1
Cette hiérarchie des espèces les plus couramment exploitées rappelle, à l'exception 1
du Paca, celle déjà établie à propos des tableaux de chasse des communautés
amérindiennes palikur de Saint-Georges de l'Oyapock et wayâpi de Trois-Sauts. 1
Sortie Expédition Total
1
Siom. n Siom. % n Siom. n
MAMMIFERES
!capucin à tête blanche 12,4
"
0,3 4 0,0 0,0 a 12,4
"
0,3 4
1
!capucin à tête noire 93,6 2,3 31 0,0 0,0 a 93,6 2,3 31
Isaki à face pâle
Isinge Atèle
4,0
0,0
0,1
0,0
3,7
a
2 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
a
a
a
4,0
0,0
155,5
0, 1
0,0
3,7
2
a
23
1
Isinge hurleur roux 155,5 23
Primates
lTatou à neuf bandes
Xénarthres
265,5
79,2
79,2
6,4
1,9
1,9
60
8
8
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
°a 265,5
79,2
79,2
6,4
1,9
1,9
60
8
8
1
Paca 0,0 0,0 a 0,0 0,0 °a 0,0 0,0 a
~gouti
Rongeurs
226,2 5,4 52
226,4 5,4 52 1
0,0
0,0
0,0
0,0
a
°
226,4
226,4
5,4
5,4
52
52 1
Daguet rouge 96,0 2,3 3 32,0 0,8 1 128,0 3,1 4
Daguet gris
Pécari à lèvre blanche
Pécari à collier
58,0

167,7
1,4 4
2402,4 57,8 66
4,0 8
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
a
a
a
58,0
2402,4
167,7
1,4
57,8
4,0
4
66
8
1
Artiodactyles 2724,1 65,1 81 32,0 0,8 1 2756,1 66,3 82
Tapir
Perrissodactyles
310,0
310,0
7,5 2
7,5 2
0,0
0,0
0,0
0,0
a
0
310,0
310,0
7,5
7,5
2
2
1
TOTAL MAMMIFERES 3605,0 86,8 203 32,0 08 1 3637,0 876 204
OISEAUX
Grand tinamou 5,7 0, 1 6 0,9 0,0 1 6,6 0,2 7
1
Tinamiformes 5,7 0,1 6 0,9 0,0 1 6,6 0,2 7
Hocco alector
Pénélope marail
Galliformes
16,1
14,1
30,5
0,4
0,3
0,7
6
13
19
2,7
1,1
3,8
0, 1
0,0
0,1
1
1
2
19,0
15,2
34,3
0,5
0,4
0,8
7
14
21
1
Agami trompette 0,0 0,0 a 0,0 0,0 a 0,0 0,0 a
Griuformes
~mazone aourou
0,0
1,3
0,0
0,0 °
2
0,0
0,0
0,0
0,0 °a 0,0
1,3
0,0
0,0 °2
1
IAra macao & 0,0 0,0 a 0,0 0,0 a 0,0 0,0 a
~ra chloroptère
Psittaciformes 1,3 0,0 2 0,0 0,0
°a 1,3 0,0 2 1
IToucan ariel & 29,9 0,7 7 0,0 0,0 29,9 0,7 65
[roucan à bec rouge
Piciformes
TOTAL OISEAUX
29,9
67,3
0,7
1.6
65
92
0,0
4,8
0,0
01 °
3
29,9
72,1
0,7
1.7
65
95
1
REPTILES
Icaïman à lunettes
~ Caïman à front lisse
244,8 5,9 24 0,0 0,0 a 244,8 5,9 24
1
Crocodiliens 244,8 5,9 24 0,0 0,0 244,8 5,9 24
Iguane 179,4 4,3 90 0,0 0,0 °a 179,4 4,3 90
1
Squamates 179,4 90 0,0 0,0 179,4 4,3 90
lTortue terrestre 20,9
4,3
0,5 7 0,0 0,0 °a 20,9 0,5 7
Testunldae
TOTAL REPTILES
TOTAL
20,9
445,1
0,5 7
107 121
4117.4 991 416
0,0
0,0
36.8
0,0
00
09
°
°
4
20,9
445.1
4154.2
0,5 7
107 121
1000 420
1
Tab. 6 - Répartition de la biomasse (en kg) issue des sorties
et des expéditions à Tonate 1
- 46-
1
1
1
1 En d'autres tennes, on peut avancer que la biomasse prélevée ici en situation
périurbaine est en grande majorité analogue du point de vue spécifique à celle obtenue
1 dans une zone relativement isolée mais exploitée de manière concurrentielle (Saint-
Georges) et une zone totalement isolée ne faisant l'objet d'aucune intrusion (Trois-
1 Sauts). C'est donc la diversité des prises qui prévaut pour ces communautés.
Pourtant ces espèces gibiers, bien que liées en grande partie aux préférences
1 alimentaires des Palikur, sont vendues à 82,2 % en termes de biomasse, avec une
variation de 10 % d'une saison à l'autre (87,8 % contre 76,2 %). Une précédente
enquête conduite en 1997 et 1999 (RENOUX, 2000) faisait apparaître une forte
1 proportion d'hommes pratiquant une chasse d'autosubsistance avec toutefois une partie
du produit destinée à la vente. En l'espace de deux à trois années, la chasse est
1 brutalement devenue une activité lucrative plus qu'alimentaire, ce qui s'explique par les
contraintes socio-économiques auxquelles les Palikur doivent faire face. Les espèces
chassées répondent à une forte demande du marché local, notamment les Primates et les
1 Caïmans. Un chasseur tire en moyenne 27 € par mois de son activité (Tableau 7). Le
gain en saison sèche a été estimé à 61 €, soit une augmentation de près de 50 %
1 imputable à un plus fort taux de vente de Pécaris à lèvre blanche (93,5 % contre 86,6 %)
et aux Tapirs capturés uniquement en saison sèche (Fig. 5). Ce gain, ajouté à celui
obtenu par la vente de produits artisanaux, assure un revenu moyen par maisonnée de
1 l'ordre de 268 € mensuels, en suppl ment d' ventuels subsides de l'Etat. La proportion
de biomasse tirée des expéditions par les chasseurs palikur est extrêmement faible
1 (0,9 %). Cette particularité, que l'on retrouvera à Counami, s'explique d'une part, par la
proximité des zones de chasse des lieux d'habitation (entre 20 et 50 km), d'autre part,
parce qu'on ne peut laisser des véhicules automobiles sans surveillance de 2 à 3 jours
1 durant en bordure de piste. Quant aux motocyclettes, plus faciles à camoufler, elles se
prêtent médiocrement au transport de grosses quantités de gibier.

1 Pécari à lèvre blanche


Prix de vente
6 à 7,5 € Ikg
Observations
Limite inférieure de la fourchette: Tonate el ses environs
Limite supérieure: Cayenne
Pécari à collier 6 à 7,5 € /kg /1

1 Paca
Agouti
6 €/kg
7,5 € Ipièce (jeune)
15 € Ipièce (adulte)
Prix variant selon l'offre
/1
Limite inférieure de la fourchette: Tonate et ses environs
Tapir 6 à 7,5 € /kg
1 Daguet rouge
Daguet gris
6 à 7,5 € Ikg
6 à 7,5 €/kg
15 € /piècè (femelle adulte)
Limite supérieure: Cayenne
/1
/1
Singe hurleur roux /1

1
22,5 F/pièce (mâle adulte)
7,5 € Ipièce (jeune)
Macaque à face noire /1
15 € Ipièce (adulte)
Singe atèle ? 1 Rare
Limite inférieure de la fourchette: Tonate et ses environs

1 Hocco
Pénélope Marail
Toucan
22,5 à 30 € Ipièce
6 € 1 pièce
4,5€ à 5,25 € 1 pièce
Limite supérieure: Cayenne

Selon le sexe
caïman 4,5 € /kg

1 Iguane
12 € 1 pièce (vivant) à Tonate
7,5 € Ipièce (mort) à Tonate
27 € Ipièce (vivant) à Cayenne
Exclusivement femelles vivantes avec des œufs

22,5 € 1 ièce mort à Ca enne

1 Tab. 7 - Prix de vente des espèces autorisées ou non à la vente


à Tonate-Macouria, Montsinéry et Cayenne

1 - 47-

1
1
Stratégies de chasse
1
Les 41 chasseurs considérés dans notre échantillon ont chassé 271 fois durant les
224 jours d'enquête, soit une moyenne de 6,5 sorties par chasseur pour une durée 1
moyenne de 6,3 heures. Ces valeurs sont très élevées comparativement à celles des
autres sites, à l'exception de Counami. Les sorties groupées (5,5) rassemblant en
moyenne 2,5 chasseurs sont préférées aux sorties effectuées seul (1 sortie). Ce schéma
1
correspond assez bien à celui déjà constaté chez les Palikur de Saint-Georges et chez les
Wayiipi de Trois Sauts, ce qui pourrait en faire une particularité des chasseurs 1
amérindiens si l'on disposait de données suffisantes pour les communautés kali'na et
wayana. Ces valeurs moyennes diffèrent quelque peu d'une saison à l'autre, le nombre
de sorties et leur durée étant moins importants en saison soche qu'en saison des pluies.
1
Reste enfin à noter la très faible proportion d'expéditions effectuées sur la durée totale
de l'enquête (Fig. 6) ainsi que le faible effectif de chasseurs adoptant cette stratégie 1
(Fig. 7) pour les raisons indiquées plus haut.
Le moyen de locomotion le plus employé durant les sorties est la motocyclette ou 1
« Booster» (46,8 %) dont sont équipées 57 % des maisonnées, principalement celles à
faibles revenus (30 % possèdent une voiture et 13 % n'ont aucun véhicule). Ce véhicule
a l'avantage d'être peu consommateur en carburant, de permettre le transport d'un
1
compère à la chasse et de rester très maniable sur les pistes forestières. Les
Palikurl'emploient quelquefois pour se rendre depuis Tonate-Macouria jusqu'à Saint- 1
Georges de l'Oyapock, distant de 230 kilomètres! Les embarcations monoxyles,
motorisées ou non, sont elles aussi employées (6,9 et 7,5 %), principalement sur la
crique Macouria pour la chasse de nuit au Caïman à la lampe frontale. Les parties de
1
chasse effectuées à pied (16,8 %) concernent en grande majorité des sorties menées
dans la forêt qui ceint le village et dans les zones de culture sur abattis, sorties destinées
à la capture des Iguanes à main nue et au fusil durant la période de ponte. Bien que le
1
nombre d'automobiles augmente dans le village, ces véhicules ne constituent pas un
moyen de locomotion pour la chasse.
1
L'arme la plus couramment employée sur ce site est là encore le fusil à un coup de
calibre 12 de la marque Baïkal (Fig. 8 et 9). Comme à Saint-Georges, le plomb 2, 1
munition très polyvalente est utilisé à 80 % pour la chasse des Mammifères, tandis que
la cartouche de plomb 4 est réservée à la chasse aux oiseaux, principalement ici le
Toucan. Les Palikur évitent l'emploi de techniques de conservation du gibier qui est
1
rapporté frais au village dans 96 % des cas (Fig. 10).
1
Le site de Counami, une "forêt pilote" en matière de recherche
Introduction
1
Dans la perspective de l'aménagement de la "forêt pilote" de Counami, un bilan
des activités humaines liées à la chasse s'imposait. Le site avait déjà fait l'objet d'au 1
moins trois enquêtes liées à notre démarche : les données fournies par SORDET
(1998) permettent d'asseoir les bases d'une réflexion sur les usages de la communauté
kali'na et dans une moindre mesure de la communauté créole; les résultats de THOISY
1
- 48-
1
1
1
1 (2001) sur l'état de la faune avant et après exploitation forestière peuvent être corrélés
aux tableaux de chasse de nos chasseurs; enfin, l'enquête socio-économique de la
1 Société Emeraude (1998) sur les pratiques de chasse demandait à être approfondie.
Il fut décidé de conduire une enquête complémentaire sur la communauté hmong
1 du lieu-dit Counamama, avec embauche d'un relais de la recherche, afin d'une part
d'augmenter les données ethnoécologiques fragmentaires sur cette communauté
récemment immigrée en Guyane, en particulier en ce qui concerne la faune gibier; afin
1 d'autre part d'analyser pourquoi ils sont perçus comme des destructeurs de leur
environnement par de nombreux chasseurs du littoral.
1 Counami se situe sur la commune d'Iracoubo qui couvre une surface de 2 539 km 2 •
On compte en 1999 (INSEE, 1999) 1 578 habitants répartis en 6 communautés : créole,
1 amérindienne kali'na (ou galibi), brésilienne, saramaka, hmong, chinoise et
métropolitaine.

1 La communauté hmong compte 70 individus en 12 maisonnées au lieu-dit


"Quartier Counamama" ou "Quartier Robertin", en bordure du premier kilomètre de la
piste forestière qui traverse la forêt Patagaï, prolongée plus au sud par celle de la forêt
1 de Counami. Leur implantation s'est effectuée en deux étapes. Entre 1991 et 1994,
sept maisonnées, originaires des bourgs de Rococoua à l'ouest et de Cacao à l'est,
s'implantent pour y exercer l'agriculture maraîchère. Entre 1995 et 1997, attirés par les
1 permis d'exploitation octroyés par l' ONF aux agriculteurs pour ouvrir des abattis dans le
secteur, deux familles arrivent du Laos via la métropole; les cinq autres sont originaires
1 de Rococoua et Cacao. On recense douze adultes de nationalité française, tous les autres
possédant un titre de s~our. Seuls quatre adultes perçoivent un Revenu Minimum
d'Insertion, mais on compte dans chaque maisonnée au moins une femme qui perçoit
~ des Allocations familiales.
Placés sous l'autorité d'un chef coutumier, les Hmong de Counamama
1 appartiennent à cinq des douze clans présents en Guyane (Tho, Vang, Yang, Ly et
Hang). Extrêmement hiérarchisés, ils fonctionnent sur le principe très vivace de clans
j roturiers devant allégeance à des clans nobles, jouant entre autres sur les modalités
d'occupation de l'espace; aujourd'hui jugé contraignant par les jeunes générations, ce
principe régit pourtant les unions, qui doivent se nouer, avec obligation de dot, dans un
1 autre clan de même notoriété. La possibilité d'étendre son domaine d'exploitation
agricole et de capitaliser des revenus monétaires constituent donc pour un jeune hmong
~ mal né un enjeu important, lui permettant par exemple d'envisager une union sur un
niveau ascendant et d'améliorer la notoriété de son clan.

~ La quasi-totalité des habitants de Counamama pratique l'agriculture de


maraîchage, la très grande majorité d'entre eux étant à la fois agriculteurs et vendeurs
indépendants. Les produits cultivés sont écoulés soit sur le marché de Kourou, soit sur
~ ceux de Cayenne et Matoury. Le revenu moyen par journée de marché est de 343 €.
Selon le temps investi à la vente (entre 4 et 10 journées par mois), lui-même variant
1 selon les surfaces exploitées et leur rendement, le maraîchage fournit un gain brut de
l'ordre de 1.375 € à 3.430 € par mois.

1 - 49-

1
1
La communauté compte quinze chasseurs dont l'âge varie de 15 à 61 ans. On 1
trouve dans chaque maisonnée au moins un fusil qui, outre sa fonction d'arme de
chasse, constitue aussi une arme dissuasive. 1
Territoire de chasse
La forêt de Counami constitue un territoire forestier domanial de 121 km 2 ,
accessible par une piste à partir de laquelle a été tissé un réseau de pistes secondaires et
1
tertiaires lié à l'exploitation forestière des séries de production définies par l' ONF. Ce
territoire est exploité de manière concurrentielle, mais sans heurts, par les différentes 1
communautés installées à Iracoubo et dans ses environs immooiats.
Il était admis par les chasseurs du nord-ouest de la Guyane que la forêt de Counami 1
constituait depuis fort longtemps un territoire de chasse très fréquenté par les différentes
communautés vivant à sa périphérie. L'histoire rocente, avec en particulier l'installation
des Hmong, montre qu'il n'en est rien. Le domaine actuellement cultivé par la
1
communauté hmong couvre, il est vrai, une surface hier forestière dans le périmètre de
la forêt de Patagaï, exploitée par les chasseurs créoles d'Iracoubo et kali'na de Bellevue, 1
qui s'aventuraient parfois au-delà, dans la forêt de Counami. L'exploitation en épi des
zones d'interfluve depuis le fleuve Iracoubo constituaient pour ces communautés un
domaine bien plus fréquenté et tout aussi vaste (SORDET, 1998 ; Emeraude, 1998). Selon
1
les premiers Hmong installés en forêt de Patagaï au début des années 90, très peu de
chasseurs, toutes communautés confondues, fréquentaient alors la zone, et eux-mêmes 1
n'y chassaient que très rarement, malgré le bon état de la piste. A partir de 1996, lors de
la réfection de la piste forestière, les Hmong constatent une fréquentation accrue par les
chasseurs de toutes les communautés, circulant en véhicule tout-terrain ou motocyclette.
1
La pression de chasse exercée par les différentes communautés culturelles
d'Iracoubo (Carte 6) s'exerce dans six forêts domaniales (Patagaï, Counami, Crique 1
Deux-Flots, Tamanoir, Mamaribo et Organabo), sur une surface estimée à 525 km2 , en
comptabilisant grâce au SIG l'ensemble des points de pression de chasse dans un
carreau de 25 km2 • L'enquête quantitative conduite sur 8 mois (Tableau 8) montre
1
toutefois que si le territoire de chasse est vaste, la pression exercée reste très concentrée
dans quelques secteurs particuliers: 61 % des sorties sont conduites sur un tiers 1
seulement de la surface potentiellement exploitable.
1
47,6
19
19
1
9,6
5 25 4,8
Tab. 8 - Répartition des surfaces exploitées
selon le nombre de communautés en forêt de Counami
1
On notera avant tout que cette surface est exploitée par 5 des 6 communautés
culturelles présentes dans la région pour au moins un secteur, 4 sur 6 pour deux secteurs
1
1
- 50-
1
1
---------------------
Forêt de Patagaï 0 Forêt de Counami o Forêt Crique Deux-Flots ~ Limites des forêts aménagées de l 'ONF

.' .~ \
. -~~ -
.:)
.-".
.. '\)

;r
-".

/
l '. 1 -
1
et 3 sur 6 pour quatre secteurs. Le réseau des pistes forestières des forêts de Patagaï et
1
de Counami, étalé sur près de 48 % de la surface totale exploitée, constitue bien, comme
on pouvait s 'y attendre, des axes de chasse privilégiés, puisque près de 63 % des sorties 1
les utilisent. Pourtant l'exploitation du territoire s'effectue selon des choix sectoriels
différents selon les communautés.
- Ainsi, les Kali'na, population de chasseurs la plus importante (35 %, Fig. 11) de
1
notre échantillon (n = 28) et celle qui compte le plus grand nombre de sorties (44 %,
Fig. 12), concentrent près des deux tiers de leur effort de chasse (63 % des sorties) sur
1
les 4 secteurs qui couvrent le périmètre de la forêt de Patagaï. Cette forêt, qui borne
aujourd'hui au sud les champs cultivés hmong, constitue donc plus que toute autre une
zone de chasse traditionnellement exploitée, et la présence du village hmong et de leurs
1
exploitations maraîchères n'ont en rien modifié les choix des Kali'na. En liaison avec
l'amélioration des moyens de locomotion et à la place des zones d'intertluve exploitées 1
à partir de l'Iracoubo, les secteurs plus éloignés en forêt de Counami sont eux aussi
exploités, quoiqu'en proportion moindre (38 % de l'effort) depuis une période assez
récente.
1
Mé1ropolitain
7%
1
1
1
1
Saramaka
Il % Brésilien
4"1.
1
Fig. Il - Répartition du nombre de chasseurs
selon les communautés culturelles (n=28)
Inconnu
1
3%

1
Créole
4~"
1
Saramaka
19~.
1
1
Fig. 12 -- Répartition du nombre des sorties
selon les communautés culturelles (n=120)
1
- 52 -
1
1
J
~ - L'effort (18 % des sorties) de la communauté hmong, (14 % de l'échantillon de
chasseurs) reste lui aussi concentré dans deux secteurs particuliers. Le premier concerne
3 le périmètre forestier situé en périphérie du village et des champs (13 % de l'effort de
chasse). La chasse constituant une activité plus ludique qu'alimentaire, il n'est pas
1 surprenant que la proportion des sorties effectuées à proximité des lieux d'habitation
(champs et les îlots forestiers de savane), peuplés de petits gibiers d'appoint, soit faible.

a Les autres secteurs sont la forêt de Counami (27 % de l'effort) et celui de la Crique
Deux-Flots (40 %). Ce dernier secteur constitue principalement une zone de chasse de
loisir, fréquentée en fin de semaine, les chasseurs occupant un carbet de l' ONF au bord
1 d'un affluent de la Crique Deux-Flots. Comme pour les Kali'na, ces secteurs de chasse
ont pour axes privilégiés les pistes forestière qui les traversent.

1 Compte tenu de la proportion relativement faible de leurs sorties (38 %), nous
analyserons de manière globale la pression exercée sur le milieu forestier par les quatre
autres communautés (Crooles, Saramaka, Métropolitains et Brésiliens), auxquelles
~ s'ajoute l'échantillon « Inconnu », qui rassemble pourtant la moitié de notre échantillon
de chasseurs (51 %): soit ils ont refusé de collaborer, soit ils ont échappé à notre
1 vigilance.
Les Métropolitains concentrent leur effort de chasse le long de l'Iracoubo et de ses
affluents et le gibier qu'ils recherchent semble influencer les modalités d'exploitation du
1 territoire qu'ils fréquentent. Les chasseurs appartenant aux autres communautés
concentrent un plus grand effort de chasse dans des secteurs où l'on enregistre une forte
1 concurrence intercommunautaire, principalement en forêt de Patagaï et de Counami, et
dans une moindre mesure dans la forêt de la Crique Deux-Flots. Les deux premiers
secteurs concentrent à l'évidence l'effort des communautés amérindienne et hmong,
1 mais cette pression sur la faune est faible, comparativement à d'autres secteurs du nord
de la Guyane. On n'enregistre ici qu'une moyenne de trois sorties par quadra sur la
1 totalité du territoire exploité et sur la durée totale de l'enquête.
Les espèces gibiers chassées
1 Quinze espèces de gibier sont chassées en forêt de Counami et dans les zones
adjacentes (Tableau 9). Comme partout ailleurs en Guyane et en Amazonie Tropicale, la
1 biomasse se distribue de manière inégale, puisque les Mammiîeres en représentent
97,7 %, comme ils cumulent 80 % des pièces capturées. On retrouve aux premiers rangs
les Pécaris (49,8 %) en particulier celui à collier (25,1 %) et dans une moindre mesure
1 celui à lèvre blanche (17,4 %), puis le Tapir (37,1 %). Il existe une forte disparité
saisonnière: captures du Tapir plus nombreuses en saison des pluies; captures du
1 Pécari à collier plus nombreuses en saison sèche, avec pour cette dernière espèce, une
biomasse fournie beaucoup plus importante ici qu'ailleurs. De nombreuses observations
montrent que les deux espèces de Pécari sont attirés par les produits cultivés (les
1 tubercules de manioc amer par exemple).

1
1 - 53 -

1
1
1
Sortie Expédition Total

MAMMIFERES
Blom.
"
n Blom. n
"
Blom.
"
n
1
Capucin à tête blanche 0,0 0,0 a 0,0 0,0 a 0,0 0,0 a
k;apucin à tête noire
~aki à face pâle
Singe Atèle
3,0
0,0
8,3
0,1
0,0
0,3
1
a
1
6,0
0,0
0,0
0,2
0,0
0,0
2
a
a
9,1
0,0
8,3
0,3
0,0
0,3
3
a
1
1
a
Sinae hurleur roux
Primates
ITatou à neuf bandes
40,6
51,9
19,8
1,4
18
0,7
6
8
2
0,0
6,0
0,0
00
02
0,0
2
a
40,6
579
198
14
2.0
0,7
6
10
2
1
Xénarthres 19,8 07 2 0,0 00 0 19,8 0.7 2
Paca
~aouti
200,8
131
6,9
04
25
3
24,1
00
0,8
00
3
a
224,9
13 1
7,7
04
28
3
1
Ronfleurs 213,8 73 28 1 24,1 08 3 237,9 8.1 31
Daguet rouge
Daguet gris
Pécari à lèvre blanche
96,0
87,0
509,6
3,3
3,0
17,4
3
6
14
32,0
0,0
0,0
1,1
0,0
0,0
1
a
a
128,0
87,0
509,6
4,4
3,0
17,4
4
6
14
1
a
Pécari à collier

ITaoir
Artiodactvles
733,6
1426.2
930 a
251
48.7
318
35
58
6
00
32,0
155,0
00
11
53
1
1
7336
14582
to8S0
251
498
37,1
35
59
7
1
Perrissodactvles , 930,0 31.8 6 155,0 53 1 1085,0 371 7
TOTAL MAMMIFERES 2641,7
OISEAUX
90,3 102 217,1 7,4 7 2858,8 977 109
1
Grand tinamou 00 0,0 a 00 00 a 00 0,0 a
Tlnamiformes
Hocco alector
0,0
29,9
0,0 0
1,0 11
0,0
0,0
00
0,0
0
a
0,0
29,9
0.0
1,0
0
11
1
Pénélooe marail 00 0,0 a 00 0,0 a 00 00 a
Galliformes
lA,aami tromoette
Griuformes
29,9
00
0,0 .
1.0 11
0,0 a
0.0 0
0,0
00
0.0
0.0
00
0.0
0
a
0
29,9
00
00
1.0
0,0
0.0
11
a
0
1
0,0 a a a
~mazone aourou
~ra macao &
lA,ra chlorootère
0,0
1,1 0,0 1
0,0
0,0
0,0
0,0 a
0,0
1,1
0,0
0,0 1 1
Psittaciformes 1,1 0,0 1 0,0 0,0 0 1,1 0,0 1
!Toucan ariel &
lroucan à Qec rouqe
6,0 0,2 13 0,0 0,0 a 6,0 0,2 13
1
Piciformes 6.0 0.2 13 0,0 00 0 6.0 02 13
TOTAL OISEAUX
REPTILES
37,0 1,3 25 0,0 0,0 0 37,0 1,3 25
1
Caïman à lunettes 20,4 0,7 2 10,2 0,3 1 30,6 1,0 3
& Caïman à front lisse

lIauane
Crocodiliens 20.4
0,0
0.7
0,0
2
a
102
00
0.3
00
1
a
30.6
00
10
0,0
3
a
1
Sauamates
rrortue terrestre
Testunidae
0,0
00
0,0
0.0
00
0.0
0
a 00
0
0,0

0,0
0.0
0,0
0.0
0
a
0
0.0
00
0,0
00
00
00
0 ,
a
0
1

1
TOTAL REPTILES 20.4 0,7 2 10,2 0.3 1 30,6 1,0 3
TOTAL 26991 62.·2 129 227.3 7.8
Tab.9 - Répartition de la biomasse (en kg) issue des sorties
8 2926.4 100.0 137 1
et des expooitions à Counami
1
1
- 54-
1
1
1
1 S'agissant de la proportion d'espèces préférentiellement capturées par
communauté; (Fig. 13, 14, 15, 16 et 17), le Pécari à collier constitue l'espèce la plus
1 chassée par les Kali'na, qui la capturent principalement (Carte 6), dans les secteurs de la
forêt de Patagaï en périphérie des champs hmong et plus au sud dans la partie
1 septentrionale de la forêt de Counami. Capturé pour près de 71 % dans les secteurs
méridionaux du territoire, le Tapir (37 % de la biomasse et 5 % du total par espèce), est
assez peu repré;enté, confirmant l'enquête d'Emeraude (1998) selon laquelle les
1 chasseurs expriment une faible « intention» de le chasser. Selon certains chasseurs, le
Tapir, sans que l'on puisse l'expliquer, serait effectivement peu abondant. Il en est de
1 même du Pécari à lèvre blanche qui, dans l'enquête d'Emeraude, constitue la deuxième
intention de chasse, toutes communauté; confondues, et qui, partout ailleurs, constitue
en termes de biomasse l'espèce la plus importante. Enfin parmi les Rongeurs (8,1 % de
1 la biomasse), le Paca est la quatrième des espèces chassées. Cette espèce aux mcnrs
nocturnes est principalement chassée par les Hmong et les Métropolitains, chez qui elle
1 tient le premier rang dans les tableaux de chasse. Les premiers le chassent à pied en
forêt le long des petits cours d'eau dans les secteurs sud du territoire, les seconds le long
de l'Iracoubo. L'Agouti, gibier d'appoint, n'est que très faiblement capturé: espèce,
1 comme Pécari à collier, bien adaptée aux milieux secondaires et cultivé;, on aurait pu
s'attendre à enregistrer ici un score plus fort, d'autant que l'enquête d'Emeraude a
1 montré qu'elle constituait la première «intention» de chasse, avant le Pécari à lèvre
blanche et le Paca, pour l'ensemble des communauté; sauf les Hmong, qui la jugent
trop proche du rat domestique pour être consommée.
1 Alors que les communauté; kali'na, créole et saramaka restent traditionnellement
très attachées à leur consommation, il faut noter les faibles biomasses concernant les
1 Primates (2 %) et l'avifaune (1,3 %), à l'exception toutefois du Hocco (82 % de la
biomasse des oiseaux) capturé principalement en forêt de Counami: son chant à la

1 saison des amours en fait une proie facile. On soulignera enfin la très faible biomasse
liée aux reptiles et en particulier aux iguanes, qui semblent, selon les témoignages,
davantage capturé; dans les zones de forêt du littoral plutêt qu'en forêt de terre ferme.
1 On enregistre une différence saisonnière significative du total de la biomasse
puisque 35,4% sont produits en saison sèche contre 64,2% en saison des pluies, à
1 l'exception toutefois de l'avifaune, 2,5 fois plus importante en saison sèche qu'en
saison des pluies. Le nombre de captures, lui, diff'ere peu d'une saison à l'autre pour les
Mammif'eres. La différence est marquée par les grandes quantité; de Tapir et de Paca
1 chassées durant la saison des pluies au moment du pic de fructification des espèces
végétales qu'elles consomment. Le Tapir a tendance à se gaver sous les arbres
1 fructif'eres, ce qui le rend quelque peu sédentaire et donc extrêmement vulnérable
lorsqu'un chasseur a repéré ses traces. Les Hmong (qui pré;entent le plus fort taux de
captures) ont adopté la technique de la chasse à l'affû: ; complété par une chasse devant
1 soi, il permet aussi d'obtenir de bons ré;ultats pour le Paca chassé en forêt le long des
cnques.
1
1 - 55 -

1
1
49%
1
1
1
14,3%
12,3%
1
1
0
m
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1
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Fig. 13 - Répartition des espèces chassées
par la communauté Hmong (n=49)
52,1% 1
1
20,8%
14,6%
1
1
4,2%
1 1
4,2%
1
2,1% 2,1% 1
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~ ilD '" ~
lD ~.

Fig. 14 - Répartition des espèces chassées


par la communauté Kali'na (n=48)
'"
1
25% 25%
1
12,5% 12,5% 12,5% 12,5%
1
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0
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0
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1
~
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iO
'" ..ct~
Fig. 15 - Répartition des espèces chassées
1D

1
par la communauté Créole (n=8)
1
- 56-
1
1
1
1 -

22,2%
r---

1
1 11,1%
-
11,1%
-
11,1%
-
11,1%
r---
11,1%
-

1 5,6% 5,6% 5,6% 5,6%


r--- r--- - -

1
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ID j
;;:
10
'go
. .-
iff 0
2-
r 5-
" 'D 'D

1 Fig. 16 - Répartition des espèces chassées


par la communauté Métropolitaine (n=18)

1 18,2% 18,2% 18,2% 18,2%

1 ',1% ',1% 9,1%

1 10
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0
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'D
0
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i
"-
Fig. 17 - Répartition des espèces chassées
1 par la communauté Saramaka (n=11)

1 Pour les Pécaris, le choix des chasseurs s'est orienté en saison des pluies vers la
capture des Pécaris à lèvre blanche, aux migrations imprévisibles, venus s'installer dans
1 le secteur au détriment des Pécaris à collier plus faciles à repérer tout au long de
l'année. Il est un fait fort intéressant lié au Toucans: lorsqu'on analyse la répartition des
captures, on ne constate pas de différence marquée entre les saisons. Ces oiseaux sont
1 généralement décrits comme faisant l'objet d'une importante pression de chasse, alors
que nos résultats montrent ici le contraire. Les chasseurs hmong confirment que, bien
1 que présents, ils ne sont pas pour autant l'objet d'une forte pression de chasse par
l'ensemble des communautés. On remarquera pour finir, les très faibles quantités de
Caïmans chassés, en saison sèche comme en saison des pluies, par toutes les
1 communautés, les témoignages des chasseurs faisant état de leur rareté grandissante
dans ce secteur.
1
1 - 57-

1
1
Stratégies de chasse
1
En 190 jours, les chasseurs sont allés 195 fois à la chasse et ont effectué en
moyenne 7 sorties chacun d'une durée moyenne de 4 heures, valeur la plus faible
1
enregistrée pour l'ensemble des sites. 1,5 sorties ont été conduites seul et 5,5 en groupe
composé en moyenne de 2 chasseurs. Une très forte proportion des sorties est conduite 1
le matin (62,5 %), principalement par les Kali'na, durant une moyenne de 3,6 heures en
saison sèche et 4,2 en saison des pluies. Une assez forte proportion de sorties est
effectuée de nuit (17,5 %) pour le Paca chassé à la lampe frontale, principalement par
1
les chasseurs hmong et métropolitains, plutâ: durant la saison des pluies et pour une
durée moyenne de 5,3 heures (Fig.18). 1
Iru:onnu 1
Brésilien

Créole 1
Métropolitain

Saramaka
1
Hmong

Amérindien
1
0"10 10% 20% 30% 40% 50% 60"10

ID Matin ~ Après-midi 1SI Journée


70"10

Iij Nuit 1
80% 90"10 100"/.
1
Fig. 18 - Répartition chronologique des sorties sur une journée
selon les communautés culturelles 1
La voiture tout-terrain est le moyen de locomotion utilisé dans 44,4 % des sorties
par 4 des 6 communautés de chasseurs recensées. Le bon état de la piste foresticre de
Counami explique d'ailleurs l'exploitation des secteurs les plus méridionaux du territoire
1
de chasse. La motocyclette (ou Booster) est elle aussi bien employée (14,8 % des cas).
Soulignons pour finir la faible proportion des sorties effectuées à pied (5,3 %), 1
essentiellement conduites par les chasseurs métropolitains, le long des cours d'eau et
pour les Hmong dans les zones de forêts en bordure de leur village. 1
L'arme employée (Fig. 8) le plus couramment (dans 70 % des cas) est le fusil de
calibre 12 à un coup; viennent ensuite le fusil de calibre 16 à un coup (20 %) puis la
carabine 22 long ritle (10 %), principalement employée par les chasseurs hmong. À
1
l'exception de la carabine, l'arsenal, munitions comprises, dont dispose les chasseurs
dans cette région est tout à fait comparable à celui de toute la Guyane (Fig. 9). Les 1
cartouches de plomb 2/0, adaptées à la chasse de gibier de taille importante (Pécaris) et
moyenne (Paca), sont un type de munition très polyvalent. On note toutefois une forte
proportion de chevrotines, qui restent peu adaptées aux espèces les plus capturées.
1
Couramment utilisée à leur arrivée en Guyane mais désormais considérée comme
très dangereuse, la technique du « piège à fusil» a été abandonnée il y a une dizaine 1
- 58 -
1
1
1
1 d'années par les chasseurs hmong au profit de la chasse devant soi sur un layon
forestier. Cette pratique constitue le moyen d'exploiter le territoire le plus actuellement
1 employé par l'ensemble des communautés culturelles pour traquer le gibier. La
technique de l'affû: (tsay), encore quelquefois pratiquée par les Hmong a tendance à
tomber, elle aussi, en désuétude. Il semble en fait que le piégeage comme l'affû:,
1 techniques de chasse passives mais rentables, ne soient plus adaptées actuellement à
leur représentation de la chasse: pour les jeunes, c'est une activité principalement
1 ludique et secondairement alimentaire, au contraire de leurs parents qui, durant les
premières années de leur installation en Guyane, durent s'adapter techniquement à de
nouveaux gibiers qui constituaient la principale source de protéines disponibles.
1 La très forte proportion de sorties à la journée impose peu de contraintes quant à la
conservation du gibier, et près de 80 % des cas, celui-ci est rapporté frais (Fig. 10). Une
1 faible proportion de gibier est conservée par boucanage (>15 %), technique
généralement employée par les Hmong durant les sorties effectuées dans le sud de leur
1 territoire de chasse.

Le site de Sail
1 Introduction

1 La population de Sail est constituée de Créoles d'implantation anCIenne, de


métropolitains plus ou moins anciennement et durablement installés, de quelques
familles hmong et saramaka plus récemment arrivées.
1 Sur Sail, l'enquête sur la chasse a été réalisée en plusieurs étapes, essentiellement
par la Mission pour la Création du Parc ; débutée en 1999, elle se poursuit actuellement.
1 L'échantillon de chasseurs enquêtés varie en fonction non seulement de leur présence au
bourg, mais également des phases de l'enquête. L'enquête générale, qui a couvert trois
1 mois en saison des pluies et 2 mois en saison sèche, porte sur 189 sorties de chasse. Un
échantillon plus restreint de chasseurs continue de noter leurs prises de chasse.

1 Territoire de chasse
Sur 137 chasses documentées, 3 seulement peuvent être considérées comme des
1 expéditions durant plus d'une journée (3 à 4 jours). La grande majorité des sorties sont
donc de courte durée dans une zone proche du village. La durée moyenne des sorties est
de 3,1 heures.
1 Les déplacements se font essentiellement à pied, rayonnant à partir du village.
Depuis quelques années, le nombre croissant de quads entraîne une l'extension notable
1 des zones de chasse, en particulier au gros gibier: si des chasses à une dizaine de km ou
plus du village était auparavant pratiquées à l'occasion, le nombre et la taille des prises
1 lors de telles sorties était réduit par la nécessité de porter la viande au retour. En 2002,
des prises importantes de pécaris à lèvre blanche ont été réalisées à une dizaine de km
de Sali, et rapportées au village par quad. Ce changement technique aura sans doute à
1 moyen terme de fortes répercussions sur la faune. Dans une grande majorité des cas, les
chasses s'effectuent dans un rayon de 5 km autour du village, occasionnellement
1 - 59-

1
1
augmenté à 10 km. Cette estimation de la zone de chasse de Saii correspond donc à une 1
zone centrale principale de 80 km 2 environ, et à une zone périphérique chassée moins
intensément, portant l'ensemble de la superficie chassée à 200 km 2 environ.
L'utilisation du même carroyage que dans les autres sites étudiés sur la câe (unités
1
de 5 x 5 km) donne une estimation équivalente de 6 carreaux de 25 km 2 soit 150 km 2 •
1
Les espèces gibiers chassées
L'échantillon des 269 prises de chasse recensées est constitué par 29 espèces 1
différentes. Les Mammif'eres représentent 76,2 % des prises, contre 23,8 % pour les
oiseaux. Parmi les Mammif'eres, les Ongulés représentent près de la moitié des prises
(49%), les Rongeurs 19% et les Primates 4.8%, le reste étant constitué d'espèces variées,
1
prélevées de manière occasionnelle. Les espèces les plus souvent prélevées, en
pourcentage du nombre total de prises, sont le Pécari à lèvre blanche et le Pécari à 1
collier, suivis de l'Agouti (Tableau 10).
Le nombre de prises par unité d'effort, comme la proportion des sorties
fructueuses, peuvent être des indicateurs de l'abondance des espèces gibiers ou de
1
l'importance la pression de chasse. Cet indice peut se révéler pertinent pour juger de
l'évolution des populations dans une même zone, sous réserve des comportements de 1
chasse comparables. Malheureusement, le recueil du nombre de sorties infructueuses
reste difficile. Le rendement moyen sur notre échantillon est de 0.75 prise par heure de
chasse, ou de 0.62 par heure et par chasseur, ces chiffres ne tenant compte que des
1
sorties fructueuses.
1
Nombre Pourcentaae
Espèce
Pécari à lèvre blanche
d'animaux Drélevés
86 32 1
rPécari à collier
- 1- 27 10
25 9.29
1
Agouti
Petits tinamous 16 5.95
Acouchi 15 5.58
Grand tinamou 12 4.46
-
Pac
Cariacou
Hocco
12
11
9
4.46
4.09
3.35
-
- 1
---
-----,--.,
Agami tromRette 8 2.97
Atèle
Tinamou varié
Biche
8
8

6
2.97
2.97
2.23
-
-
~

1
Capucins 5 1.86 -
Tortue
Tatou
Pénélope Marail
5
5

3
1.86
1.86
1.12
-
-
-
1
,-fui le 3 1.12 ~

Toucan
Tapir
Caiman
3
3
2
- -
1.12
0.74
1.12
-----"
-
--
1
Ara 1 0.37 -
Caurale soleil
Coati roux
Jaguar
1
1
1
0.37
0.37
0.37
-
- 1
Puma 1 [ 0.37
Tab. 10 - Nombre et pourcentage des différentes espèces
prélevées par la chasse à Saü
1
- 60-
1
1
1
1 Stratégies de chasse
1 Cette proximité de chasse se retrouve également dans le comportement des
chasseurs, qui effectuent leurs sorties seuls dans 87% des cas, à deux dans 17% des cas.
1 Ce comportement s'explique par la parfaite connaissance de la zone proche autour du
village, ainsi que par l'aménagement de nombreux sentiers touristiques ou d'utilisation
de la forêt qui sécurisent grandement les déplacements des chasseurs. Ce dernier chiffre
1 est cependant légèrement biaisé à la hausse par la forte contribution à l'enquête d'un
chasseur très régulier opérant toujours seul. Cependant, d'autres chasseurs, y compris de
1 la communauté créole, effectuent très fréquemment des sorties solitaires.
Les expéditions de 3 à 4 jours ont été effectuées à 4 chasseurs, 4 frères résidant
dans la commune, ainsi que par un chasseur métropolitain, préférant toujours les sorties
1 solitaires.
Un certain nombre de chasses ont également été qualifiées d'opportunistes, car les
1 nombreux déplacements, à l'abattis par exemple, sont souvent l'occasion de rencontres
avec des proies potentielles. Certains habitants résidant à quelques kilomètres du village
1 se déplacent généralement avec leur fusil pour toute occasion les amenant à se rendre au
bourg. Des gibiers traversent également les lieux de résidence plus ou moins isolés,
voire le village même, puisque encore en 2002, des Pécaris ont été vus devant l'église.
1 Evolution à long terme de la chasse d'un chasseur particulier

1 De sa propre initiative, un chasseur métropolitain de Saül a noté scrupuleusement


l'ensemble de ses prises depuis 1991. Depuis 1999, date de notre arrivée et début d'étude
du site de Saül, il collabore totalement à l'enquête, mettant ses notes personnelles
1 antérieures à notre disposition. Son comportement de chasse a très peu évolué tout au
long de ces dix dernières années: il prospecte toujours la même zone, à proximité de
1 son habitation, et effectue en moyenne 23 journées de chasse par mois. Il chasse
essentiellement pour sa propre consommation, vendant le surplus aux gens du village ou
au petit restaurant.
1 Evolution globale du tableau de chasse

1 En Il ans, 467 prises appartenant à 25 espèces différentes ont été répertoriées (Fig.
19). Après une première phase d'augmentation du nombre de prises par an les deux
premières années, on constate une diminution progressive de l'importance numérique du
1 tableau de chasse. Le tableau de chasse se focalise essentiellement sur les espèces
ressemblant à celles déjà connues en Métropole, comme les Ongulés, les petits
1 Rongeurs et les gros Oiseaux terrestres. Quelques espèces exotiques (Primates, Félins,
ou divers petits MammiÎeres) ont été chassées au début principalement, soit par erreur,
soit par curiosité (comm. pers.).
1
r
1 - 61 -

1
1
nombre total de pri.ses
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- - - - - - - - - N N

Fig. 19 - Evolution sur Il ans du nombre total de prises, et de la répartition


1
de celles-ci dans les différents groupes d'animaux.

-+-agami __ hocco
1
muai! .11__---+-"TIrTP=écan="=L=b=1.==--==p=é=can="c:::o=l.===cana=.="=je_Du_
14,----------------,
12 +----+---~---=--.::-.--------l
o [8
16 + - - - A - - - - - - - - - - - - - i
14 + - - - - - 1 ' - \ - - - - - - - - - - - - - i
1
10 + - - - f - - ' l r - - - - - - - - - - - i 12 + - - - + - - + - - - - - - - - - - - - i
8+---+--'1.---------------l
N 6 +-"<--+--+------:._-------i
N 10 + - - - + - - - + - - - - - - - - - - - - i
8+--+---\t-------------i
6 +--.j----\--__Jll---------,f.--i
1
4+-~+----''''-:-+_~-""*---____i 4 +-..-:~I__-.....-____:o'__-'t---_....--+-........;

2 +--......",.--=r

o +--.----..--.--.....-.........-f
2
o ...
- N 00 0\ Cl -
1
0.. 0.. 0.. 0.. 0 0
"0 r-
0.0.0..0.00
00 0\ Cl - 0..
-
0.. 0..0.00
0..0.0..0.00
--' ....... - - N N
.....

Fig. 20 - Evolution du nombre de prises annuelles de quelques espèces cibles


- -' N N

1
dans le tableau de chasse d'un chasseur de Saül

Proportion de grandes et petites espèces dans le tableau de chasse


1
Comme la courbe du nombre total des prélèvements, la proportion de grandes
espèces dans le tableau de chasse passe par un premier pic en 1993, puis suit une
1
diminution importante jusqu'en 1998, pour remonter ensuite au cours des trois dernières
années. Plus précisément, les graphiques de la figure 20 indiquent la diminution 1
drastique du nombre des gros Oiseaux terrestres (Hoccos, Marails et Agamis), depuis
1991.
Pour les Mammifères, on constate plus particulièrement un déclin pour le Daguet
1
irrégularité annuelle, mais pas de tendance au déclin. Au contraire, on retrouve ici 1
gris et le Pécari collier, alors que les prises de Pécari lèvre blanche montrent une
à à

l'augmentation signalée pour les trois dernières années.


Cette tendance l'augmentation finale peut se déceler également pour les autres 1
à
espèces dans une bien moindre mesure.
1
1
- 62- 1
1
1
1 Le site de Mana et Awala-Yalimapo

1 Introduction
Ce site d'étude a fait l'objet d'un rapport séparé de T. Salin, réalisé dans le cadre

1 d'un DESS effectué à l'ONCFS. Nous n'en dégagerons ici que les grandes lignes.
L'enquête, qui a porté sur 109 chasses documentées, a été réalisée pendant une période
de trois mois, du 15 avril au 15 aoû: 2001 et a porté sur des chasseurs provenant des
1 deux communes de Mana et Awala-Yalimapo et de diverses communautés ethniques:
Brésiliens (Mana); "Amérindiens d'origine Palikur" (Mana); Créoles (Mana);

1 Amérindiens Kali'na (Awala-Yalimapo et Mana); enfin, quelques Noirs Marrons


(Mana) (Tableau Il).
Territoire de chasse
1 Chaque action de chasse est référencée géographiquement dans le carroyage
général utilisé pour l'ensemble de l'étude (5 km de cêté). Sur cette base, la superficie
1 chassée couvrirait 31 carreaux, soit 775 km2 • Cinq carreaux sont utilisés par les
chasseurs venant des deux communes, neuf par les chasseurs d'Awala-Yalimapo
1 exclusivement et dix sept par ceux de Mana.
L'enquête a de plus différencié différentes zones de chasse (Tableau 12) sur la base

1 de critères écologiques ou sociologiques :


- une zone de droit d'usage collectif léguée à la commune d'Awala-Yalimapo ;
- la réserve naturelle de l'Amana, elle-même séparée en zones dans lesquelles la
1 législation est différente;
- les rizières ;

1 - la zone intérieure, plus forestière.


Les sorties journalières et expéditions des différents groupes ethniques se
répartissent différemment. La zone de droit d'usage est majoritairement utilisée par les
1 Kalin'a d'Awala-Yalimapo, qui par contre n'utilisent pas les rizières, lieu de chasse
privilégié des chasseurs créoles. L'intérieur est fréquenté par toutes les communautés de
1 chasseurs, mais particulièrement privilégié par les Amérindiens de Mana et les Créoles.
La réserve de l'Amana est fréquentée par les chasseurs brésiliens, en particulier la zone
C, dans laquelle la chasse et la pêche sont autorisées. La fréquentation de la zone A,
1 interdite à la chasse, est peu importante, mais les déclarations de capture ont pu être
sous-estimées par peur de représailles.
1 Nombre de
sorties
Nombre
d'ex dltlons
Total

Kalin'a (Awala-Yalimapo) 60 2 62
1 Créole 29 0 29
Brésilien 8 9

1 Amérindien de Mana
Bushinengué
4 3 7
2

1 Total 1'02 7
Tab. Il - Nombre de chasses analysées sur les communes
109

de Mana et d'Awala-Yalimapo.
1 - 63 -
1
Espèce
Nombre Pourcentage
des i'élèvements
1
couchi 1 0.58
gouti
abiai
Pac
16
1
1
9.36
0.58
0.58
1
Pécari à collier 8 4.68
Dàguetgris
apir
inkajou
1
1
1
0.58
0.58
0.58 ,
1
apucin blanc 1 0.58
apuCin brun
Paresseux 2 doigts
Pares~seux 3 doigts
~.~

1
·2
1.17
0.58
1.17
1
mazone aourou 2 1.17
mazone poudrée
ra rouge
raçari 9riGri 2
1
1
0.58
0.58
1.17
1
ihoreau blanc 1 0.58
anard mùsqué
Dendrocygne à ventre noir
Dendre>9y.gne fauve
t
8
1 .::
! 0.58
4.68
0.58
1
rand tinamou 1 0.58
i noré raye
Pigeon rousset
I?igeon vineux ';;.' -
. , 1
18
1
0.58
10.53
0.58·
J..',

1
alèvre violacé 3 1.75
oucan à bec rouge
oucan ariel
aiman à lunettes
~.{~. 18
12
23
10.&3
7.02
13,4~
1
1 uane 41 23.98
Tab. 12 - Répartition des prélèvements par espèce 1
Les espèces gibiers chassées
Sur l'ensemble de la zone, 29 espèces différentes constituent l'échantillon total de
1
305 prises (134 pour Mana et 171 pour Awala-Yalimapo). Les Mammifères ne
représentent 28.5 % des prises, contre 49 % pour les Oiseaux et 23 % pour les Reptiles
(Tableau 13).
1
En termes de proportion des prises, les oiseaux sont plus représentés sur Mana,
alors que les Reptiles représentent une part importante du prélèvement à Awala-
1
Yalimapo. Sur Mana, les Primates et les Ansériformes représentent respectivement une
importante partie des prélèvements de Mammiîeres, et des Oiseaux. La grande variété 1
des espèces d'Oiseaux prélevée, nettement plus importantes que dans les autres sites, est
mise en évidence dans le tableau 12, soulignant l'importance du milieu naturel semi-
aquatique typique de ces communes.
1
En termes de biomasse, les Mammiîeres représentent toujours la première part.
Les Reptiles gardent cependant une place importante sur Awala-Yalimapo, en raison du
1
prélèvement d'iguanes comme de caïmans. Parmi les Mammifères, les Agoutis occupent
le premier rang des prises, reflétant souvent une chasse dans une zone anthropisée 1
(abattis) qui représente un milieu qui lui est favorable, alors que les densités en grands
Mammiîeres y sont réduites. 1
Stratégies de chasse
Le tableau 14 résume le nombre moyen de prises par chasseur et par heure pour les
sorties journalières, ou par jour pour les expéditions. Ces rendements ne tiennent
1
- 64-
1
1
1
1 compte que des chasses fructueuses, en particulier pour pouvoir comparer avec d'autres
zones, sur lesquelles ce taux est difficile à estimer.
1 Deux chasses un peu exceptionnelles influencent assez fortement ces valeurs
moyennes: une sortie journalière dans la zone forestière de l'intérieur ayant permis la
1 chasse d'un tapir, elle augmente la valeur moyenne du rendement moyen en biomasse, et
une expédition de deux jours dans cette même zone a permis un prélèvement de
28 Toucans en une fois, pour 6 chasseurs. Ces prises assez exceptionnelles ont
1 cependant une signification en termes de rendement, car elles fournissent la justification
et la motivation pour entreprendre des chasses plus lointaines, parfois moins rentables
1 par rapport à l'investissement réalisé, mais pouvant donner lieu à de beaux tableaux de
chasse (Tab. 15). Au quotidien, la zone de droit d'usage des Kalin'a semble donc assez
intéressante du point de vue de la rentabilité des chasses car elle a donné lieu à
1 d'importants prélèvements de Caïmans et de Pécaris à collier. Enfin douze chasses se
sont révélées infructueuses dans chaque site d'étude, portant le taux de réussite à 80 %
1 pour les chasseurs d'Awala-Yalipamo et à 74 % pour les chasseurs de Mana.

Mana Awala-Yallmapo

1 Mammifères
Proportion
des prises
38.1
Proportion en
biomasse
85.2
Proportion
des prises
21.1
Proportion én
biomasse
71.3
Artiodactyles 6.7 53.3 5.3 5.3
1 Carnivores
Périssodactyles
Primates
2.2
0.0
22.4
3.2
0.0
19.6
0.6
0.6
1.8
0.3
28.0
1.2
Rongeurs 5.2 6.5 11.1 14.6
1 Xénarthres
Oiseaux
Ansériformes
1.5
58.2
28.4
2.6
10.6
6.0
1.8
41.5
5.8
2.1
:3.8
1.0
-
Ciconiiformes 12.7 1.2 0.2
1 Columbiformes
Galliformes
Gruiformes
5.2
2.2
0.7
2.3
0.2
0.9
0.0
11.1
0.0
1.8
0.3
0.0
0.1

1 Piciformes
Psittaciformes
Tinamiformes
6.0
2.2
0.7
0.8
0.3
0.2
18.7
2.3
0.6
1.8
0.3
0.1
Reptiles 3.7 4.2 37.4 24.8

1 Crocodiliens
Squamates
3.0
0.7
3.8
0.4
13.5
24.0
Tab. 13 - Répartition des prélèvements par grands groupes
14.5
10.3

1 Sortie journalière
Nombre de prises' heure' chasseur
Biomasse' heure' chasseur
Awala-Yallmapo
0.94
4.09
Mana
0.58
1.85
Expédition de Nombre de prises' jour 'chasseur 1.44 0.71
1 plusieurs jours Biomasse' iour , chasseur 1.18
Tab. 14 - Rendements moyens des sorties et expéditions de chasse
3

1 Droit d'usage Kalin'a


Nbre de prises 1h 1
chasseur
1.03
Pds moylhl
chasseur
4.40
Intérieur (Kalin'a d'Awala) 0.37 4.96

1
~

Intérieur (chasseurs de Mana)


Rizières (Mana)
0.47
0.78
3.33
0.66 --
Réserve zone C (Mana) 0.49 0.52
Tab. 15 - Rendements des sorties journalières par grandes zones
1
1 - 65 -

1
1
II - 1. 4. CONCLUSION 1
Les résultats obtenus durant cette enquête permettent de dégager quelques
tendances des pratiques cynégétiques. Tout d'abord pour la majorité des sites (4 sur 6),
la biomasse prélevée est en grande partie destinée à la vente. On peut remarquer à ce
1
sujet l'extrême variabilité des prix pratiqués, qui semblent êtres définis en fonction de
plusieurs facteurs dont les principaux actuellement identifiés sont:
1
- une offre qui varie de manière très sensible selon les sites;
- un faible niveau de vie des communautés de chasseurs à but commercial qUI
investissent un secteur d'activité économique parallèle en s'adaptant à la demande.
1
Ainsi pour les sites de Saint-Georges et de Régina, la communauté de chasseurs
exploitant la faune sauvage est principalement composée d'une population en situation
1
clandestine ou en cours de stabilisation. Sur 5 des 6 sites, le niveau de vie de ces
chasseurs est relativement bas, situé dans une fourchette de 200 à 400 € mensuels qui 1
comparé au revenu minimal (SMIC) en Guyane française traduit un réel état de
précarité. Les prix du gibier semblent suivre une tendance inverse à la pression exercée
sur la faune. Les tableaux 3 et 5 montrent en effet qu'à Saint-Georges, où s'exerce une
1
très forte pression sur la faune, le prix du gibier est en moyenne 2 à 3 fois moins élevé
que celui pratiqué à Cayenne et dans une moindre mesure qu'à Régina. Il semble en 1
outre probable que les traditions culinaires propres à chacune des régions enquêtées
modifient elles aussi la valeur marchande du gibier. La "viande de bois" constitue en
effet pour les habitants de Saint-Georges et de Régina un aliment qui n'a aucun
1
caractère exceptionnel. Ils en consomment régulièrement et il apparaît actuellement
difficile d'augmenter les prix pratiqués, sans en retour un effondrement immédiat de la 1
demande. Il semble qu'il en soit de même pour les centres urbains (Cayenne et Kourou)
où une forte demande en gibier est formulée tant par les communautés que les
restaurateurs. On remarquera en complément de cette argumentation que les prix
1
pratiqués par les Palikur, qui vendent le produit de leur chasse en situation périurbaine
et urbaine, sont proches de ceux collectés par MAGNAT (2000) et JORI & BONAUDO (ce 1
volume) à propos de la filière vente de gibier dans les principales agglomérations du
littoral. Il faut enfin noter que ces prix n'ont pas variés depuis une précédente enquête
sur la même filière conduite par TYBURN (1994) il y a 10 ans, alors que la répression
1
exercée à l'encontre des chasseurs et des restaurateurs en matière d'infraction à la
législation était beaucoup moins forte qu'aujourd'hui. 1
Quant aux territoires de chasse, les données montrent de façon récurrente qu'ils
sont exploités de manière concurrentielle par différentes communautés de chasseurs 1
correspondant le plus souvent à des communautés culturelles. Ce schéma sociologique
prévaut largement dans l'ensemble des sites étudiés, quoiqu'il existe çà et là des équipes
pluri-culturelles. Pourtant cette concurrence ne se traduit jamais dans les faits par de
1
violents conflits d'usage. Les accords tacites semblent le plus souvent suffire à prévenir
les débordements. Compte tenu de la forte pression exercée sur la faune dans certains
secteurs du littoral, comme Saint-Georges par exemple, il serait bon de cartographier le
1
plus précisément possible des Zones d'Usages Cynégétiques non exclusives, afin de
proposer des plans de gestion de la faune réglementant les modalités d'exploitation.
1
- 66-
1
1
1
1 Afin d'éviter des conflits d'usage intercommunautaires, cette démarche doit être
conduite avant que l'on ne constate une baisse drastique des populations d'espèces
1 gibiers dans ces zones.
Il est assez remarquable de constater, sur l'ensemble des sites, une forte
1 homogénéité de la biomasse et des tableaux de chasse analysés dans la hiérarchie des
espèces les plus chassées et ce, quelle que soit la saison (Tableau 16). En effet, il
apparaît que les Pécaris, le Tapir et les Rongeurs constituent, sur les sites isolés ou non,
1 à forte concurrence territoriale ou non, et comme ailleurs en forêt amazonienne
(ROBINSON, & BENNETT, 2000.), les principaux groupes exploités pour la chasse, aussi
1 bien celle d'autosubsistance que celle à but commercial.
Sortie Expédition Total

1 MAMMIFERES
Capucin à tête blanche
Siom. l "

12,4 0,0 4
1 n Siom. l " 1. n

0,0 0,0 0
Siom. 1

12,4
"
0,0
1 n

4
~apucin à tête noire 117,8 0,3 39 57,4 0,1 19 175,2 0,4 58

1 ~aki à face pâle


~inge Atèle
Sinae hurleur roux
4,0
8,3
196,0
0,0 2
0,0 1
0,4 29
0,0
49,7
27,0
0,0
0, 1
0,1
0
6
4
4,0
58,0
223,1
0,0
0, 1
0,5
2
7
33
Primates 338,5 08 75 134,1 03 29 472,6 1,1 104

1 h"atou à neuf bandes

Paca
Xénarthres
118,8
118,8
538,0
0,3 12
03 12
29,7
29,7
0,1
0,1
1,2 67 2232,3 5,0 278
3
3
148,5
148,5
2770,4
0,3
0,3
6,2
15
15
345
~aouti 330,6 0,7 76 1305 03 30 4611 1,0 106
1 Rongeurs
Daguet rouge
Daguet gris
1 868,6
256,0
174,0
2,0 143 2362,8 5,3 308
0,6 8
0,4 12
448,0
58,0
1,0 14
0, 1 4
3231,5
704,0
232,0
73
1,6
0,5
451
22
16

1 Pécari à lèvres blanches


Pécari à collier
Artiodactvles
12703,6 28,6 349 12266,8 27,7 337
1655,8 3,7 79 21589 4,9 103
14789,4 33,4 448 14931,7 337 458
24970,4
3814,7
29721,1
56,3
8,6
670
686
182
.906
Tapir 3410,0 7,7 22 6200,0 14,0 40 9610,0 21,7 62

1 Pe"issodactvles
TOTAL MAMMIFERES
OISEAUX
3410,0 77 22 62QO,0 140 40
19525,4 44.0 700 23658,3 534 838
9610,0
43183,7
217
974
62
1538

Grand tinamou 75 0,0 8 4,7 0,0 5 12,3 00 13


1 Tinamiformes
Hocco alector
Pénélooe marail
7,5
84,3
152
00
0,2
00
8
31
14
4,7
190,4
39,2
0,0
0,4
0, 1
5
70
36
12,3
274,7
544
0,0
0,6
01
13
101
50
0,2 0,5 07
1 Galliformes
Aaami trompette
Griuformes
99,6
6,4
6,4
0,0
00
45
6
6
229,6
31 1
31,1
0,1
0,1
106
29
29
329,1
376
37,6
0, 1
01
151
35
35
Amazone aourou 2,6 0,0 4 7,9 0,0 12 10,6 0,0 16

1 Ara macao &


Ara chloroptère
Psittaciformes
3,3

6,0
0,0

0,0 7
3 0,0

7,9
0,0

0,0
0

12
3,3

13,9
0,0

00 19
3

Toucan ariel & 44,6 0,1 97 32,7 0,1 71 77,3 0,2 168

1 Toucan à bec rouqe


Piciformes
TOTAL OISEAUX
44,6
164,1
0,1 97
0,4 163
32,7
306,0
01 71
07 223
77,3
470,1
02
11
168
386
REPTILES
1 Caïman à lunettes
1& Caïman à front lisse
Crocodiliens
357,0

357,0
0,8 35 122,4

08 35 122,4 03 12
0,3 12

479,4 11
1
479,4

47
1,1 47

1 IIquane
Sauamates
rrortue terrestre
179,4
179,4
209
0,4 90
0,4 90
0,0 7
6,0
6,0
3,0
0,0
00
0,0
3
3
1
185,3
185,3
23,9
0,4
04
01
93
93
8
Testunidae 20,9 0,0 7 3,0 0,0 1 23,9 01 8

1 TOTAL REPTILES
TOTAL
5573 13 132 131,4 03 16 688,7 16 148
20246,8 457995 24095,7 54,3 1077 443425 100.0 2072
Tab. 16 - Répartition de la biomasse (en kg) issue des sorties et des expéditions sur l'ensemble des sites

1 - 67-

1
1
1
II ~ 2. EXPLOITATION ET GESTION DE LA FAUNE (F. RENOUX, B. DE THOISY,
C. RICHARD-HANSEN, C. NIEL)
1
II - 2. 1. INTRODUCTION
On abordera la problématique du rendement des sorties à la journée, ainsi que celui
des expéditions afin de mettre en évidence un lien éventuel entre la nature de l'activité
1
cynégétique - auto-subsistante, commerciale et ludique - et les différentes stratégies
de chasse mise en rnvre. On peut en effet postuler que le niveau de rendement de l'acte
1
cynégétique est en grande partie lié à l'objectif que se fixe le chasseur et que les
modalités d'organisation sociale et les techniques mises en rnvre concourent à
optimiser ses chances. Or, l'analyse des données montre que l'acte cynégétique, même
1
conduit dans un but strictement commercial, est régi par des comportements sociaux
pesant de manière très sensible sur les rendements obtenus. Nous tenterons donc ici de 1
mettre en évidence les facteurs sociaux influant de manière évidente sur les quantités
saisonnières de biomasse produites sur l'ensemble des sites. 1
Afin de fournir à l'analyse une dimension comparative culturelle et géographique,
seront intégrés des résultats antérieurs concernant la productivité de l'activité
cynégétique des Wayapi du haut Oyapock et des Palikur du village Espérance, hors de
1
l'étude groupée menée à Saint-Georges de l'Oyapock lors du présent programme. Ces
deux communautés présentent en effet des caractéristiques sociologiques très distinctes 1
de celles mises en évidence chez les autres communautés de Guyane. Les Wayapi en
particulier peuvent être considérés comme totalement auto-subsistants et n'ayant à subir
aucune concurrence territoriale.
1
II - 2. 2. ANALYSE DES RENDEMENTS 1
Variations saisonnières
L'analyse des rendements de chasse repose sur un ensemble de facteurs plus ou 1
moins aisés à mesurer. Il s'agit ici d'estimer la durée moyenne d'une sortie de chasse
journalière et d'une expédition, d'évaluer le nombre moyen de chasseurs y prenant part
et de mesurer la quantité de biomasse prélevée. Pour ce dernier facteur, les travaux
1
d'écologues et d'anthropologues travaillant dans le contexte amazonien présentent,
d'une région à l'autre de l'Amazonie, quelques différences notables en ce qui concerne
les poids moyens affectés aux espèces gibiers exploitées. D'un point de vue comparatif,
1
l'analyse des rendements et leur confrontation aux modèles de prélèvement viable
doivent donc s'appuyer sur une base plus solide. Par exemple certaines espèces, dont le
1
Tapir et les Pécaris, voient leur poids moyen varier du simple au double d'un site à
l'autre. Ces amplitudes pouvant induire des positions très différentes concernant la 1
hiérarchie des classes de gibier exploitées, il est nécessaire de ne retenir qu'une valeur
moyenne ou une fourchette précise.
1
1
- 68-
1
1
1 10 S8int.-Oeorge. A Tonale 0 Régine • Counami 1

1 ,

3O+--+--+---l-+---+--+--t-t----f--4>-+---+-t--+--+--+---l-+-------i
,. , ....,. ......• . .,. .., ,,...,... ,... ,

..........
.............. . .
1 25 "
Saison des
pluies
•••••
--t-":-..t--+--+--+--+-----j
...., . •
1 20
.t. 44
"
""
.'
o
........

15 o

1 10
0

. o
A A
o
.
o

.
A ••••..
.•.•.. .'
o
. 0

1 5
A
'" ",

·1·······,····
'
saison
j~èch~
o
A,"
;"
."

o +--'---I------'-+---'----+------l.-+--....L--+----'--f---'---+-----'----l-..L...--..i

1 ......-00 juin-DO août-DO

Fig. 21 - Proportion de la biomasse obtenue sur chacun des sites (en %)


oct-OO déc-DO fM-DI ......-01 juin.DI ooût-OI

1 La figure 21 présente les variations saisonnières de la production de biomasse.


C'est en saison sèche, entre juin et décembre, qu'on enregistre le volume le plus faible.
1 Celui-ci croît de manière notable à partir du début de la saison des pluies pour décroître
aux environs de mai-juin. L'amplitude mensuelle du nombre de sorties et d'expéditions
suit approximativement cette courbe (Fig. 22) sur chacun des sites. Un tel constat a
1 aussi été établi chez les Wayapi de Trois Sauts et chez les Palikur de Saint-Georges,
deux communautés amérindiennes qui fondent tout ou partie de leur économie de
1 subsistance sur la chasse ainsi que sur les produits de l'agriculture sur brùis. D'aoù: à
novembre, durant une bonne partie de la saison sèche, les travaux agricoles contraignent
les hommes à diminuer de manière sensible le temps consacré à la chasse. De tous les
1 sites pris en compte dans notre programme, seul celui de Tonate répond de manière
stricte au schéma qui vient d'être exposé. On constate en effet que le volume suit bien
1 une courbe ascendante de la fin de la saison sèche à la saison des pluies, pour des
raisons liées au calendrier agricole auquel se soumettent une grande partie des chasseurs
de la communauté. Le pic enregistré au mois de septembre, qui constitue l'exception,
1 correspond ici à la capture de deux Tapirs ayant affecté de manière trè; significative le
volume produit. Pour les autres sites, il y a aussi de fortes variations saisonnières sur
1 nombre de chasseurs considérés dans les enquêtes. Cette variable démographique pè;e
bien sfr de manière importante sur les volumes saisonniers. Mais ces amplitudes sont
ici liées une double, voire triple activité selon la saison. Ainsi, durant la saison sèche,
1 les chasseurs brésiliens exercent une activité davantage tournée vers le transport fluvial,
les jobs du secteur des travaux publics, ou même les travaux agricoles, plus rentables
1 que la chasse. Cet état de fait a pu être vérifié à partir du nombre de jours moyen
consacrés à la vente du gibier sur le marché de Saint-Georges, moins important en
saison sèche qu'en saison des pluies. Les quelques exceptions concernent là encore le
1 nombre de Tapirs capturés en aoù: à Saint-Georges, augmentant de manière importante
le volume mensuel produit. Si l'on analyse à présent la situation à Counami, on constate
1 - 69-

1
1
une situation différente, avec de faibles volumes enregistrés en saison des pluies, le taux 1
de réussite d'un chasseur durant une sortie en saison sèche étant ici globalement de
81 % contre 34 % en saison des pluies. Une situation très similaire a été notée à Mana et
Awala-Yalimapo.
1
70
Saint-Georges
n=31
1
~. n-31 ~. n-31
11'"30 11'"27 ~.1I'"3 o
~ n=27
60

50

40
4 ...27
n=24

f-
r-- ;-
~
r-
-

-
1
1
f- n-15
30
-

11
20

la

a frf l
OIIT-OO
.:
moi-OO jo.Jn-OO jlAI-OO 8OlA-110
r
.eJt-110
r
oct-oo
.:
nov·110
a
~
~

déc-110
r
janv~l
1téllT-01 IMrs-01
~
ovr~
1
Cil Sortie 0 Expédnion • Nombre de Jours d'enquête 1

20
18 n=29
Régina
n=3O 1
18
14
12
la
1
8
6
4
2 a
o+J-J....L..-L.-wL...L.......L...,...L..l....l-...!..+.L...L..1......4-~..---.-JIO/i1...l----L........"-L---'-+'"'L..L.-L...,,..L-.........--+.1........LL..---t-~..----+----4l-----t
a
1
od·110 nov·110 déc-OO janv-al lévr-01 """.-01 "1IT·01 mol-al jun-01 juil-al ""lA-al sept-al

13 Sortie 0 Expédition

Tonate
• Nombre de Jours d'enquête
1
70

1
n-31 n=31 n=3O n-31
n=29 11'"27
60

50

40

30

20
n=12
n=8
1
10
a a

1
a
0
juin-OO jui~OO août-OO sepl-OO oct-Oo nov-OO déc-OO janv-Ol fé\lr-Ol mars-Ol avr-Ol mai-Ol

1
El Sortie o ExpédiUon • Nombre de jours d'enquêtel

45 n-31 n=3O n=3O


Counami

nw21
n-3!
1
40 n=28
35
30
25
1
20
15
10
5
n-IQ

-3 a a a a
1
0
sepl-OO ocl-OO nov-OO déc-OO

1
janv-Ol
lJ Sortie
févr-Ol
o Expédition
mars-Ol avr-Ol mai-Ol
• Nombre de jours d'enquêtel
juin-Ol Juil-Ol aoûl-Ol
1
Fig. 22 - Nombre mensuel de sorties et d'expéditions sur l'ensemble des sites
1
-70 -
1
1
1
1 Le taux de réussite enregistré pour les autres sites est proche de 100 %, quelle que
soit la saison. Des taux d'échec anormalement élevés semblent indiquer l'influence de
1 facteurs plus sociaux qu'écologiques, par exemple l'inexpérience d'une partie des
chasseurs hmong, qui, avec 1/5 des sorties infructueuses, concentrent l'un des plus fort
1 taux d'échec et tirent vers le bas le volume de biomasse produit durant la saison des
pluies. Ajoutons que les Hmong, exerçant essentiellement une activité agricole
maraîchère, s'appuient sur un calendrier différent de celui lié à l'agriculture itinérante
1 sur briiis. Leurs travaux agricoles s'étirent sur une période qui va des mois d'octobre à
février ou mars en saison des pluies. Cette contrainte, cumulée à la première, permet
1 d'expliquer cette variation atypique du volume de biomasse.
Rendements saisonniers des sorties et des expéditions
1 Deux types de rendement ont été distingués. Les rendements obtenus à l'heure par
chasseur ou groupe de chasseurs 5 et ceux obtenus à l'heure par sortie6 • Ces rendements

1 sont en outre évalués en fonction de la période à laquelle est effectuée la sortie: le


matin, l'après-midi, toute la journée ou la nuit. Le fait de distinguer des rendements
horaires par chasseur seul ou groupé et des rendements horaires par sortie conduite seul
1 ou groupé selon la période de la journée permet d'isoler deux faits intéressants. Le
premier concerne la productivité horaire qu'obtient un chasseur selon la manière dont il

1 organise socialement son entreprise. Le second permet de rendre compte de ce que le


chasseur retirera réellement de sa sortie en termes de volume, c'est-à-dire le rendement
horaire net qu'il peut obtenir selon le choix d'organisation effectué.
1 On constate tout d'abord que la distribution des sorties selon la période de la
journée n'est pas homogène sur l'ensemble des sites (Fig. 23). Le matin est
1 préférentiellement choisi (41,8 %) - à l'exception des chasseurs de Saint-Georges-
et ce pour une durée moyenne assez courte évaluée à 4,4 heures (Fig. 24). Or, l'analyse
site par site (Fig. 27 et 28) montre que le rendement horaire à la chasse n'est pas plus
1 élevé le matin qu'à d'autres périodes du jour (Fig. 25 et 26), même si l'on sait bien, fait
confirmé par un très grand nombre de chasseurs, que l'activité maximale (recherche de
1 nourriture notamment) de la faune se situe entre 6 et Il heures du matin. Ainsi, une
forte proportion (36,1 %) des sorties sont conduites durant une journée entière pour une
durée moyenne de 8,3 heures (Fig. 24), ce qui permet d'optimiser les chances de
1 rencontrer un plus grand nombre de proies. Ajoutons que les zones exploitées sur
chacun des sites font l'objet d'une pression de chasse plus ou moins forte qui induit une
1 baisse de la densité de certains gibiers les plus recherchés et/ou provoque un
comportement adaptatif des animaux rendant leur localisation plus difficile. Il reste
qu'en termes de productivité horaire, le rendement est deux fois plus élevé si l'on
1 chasse seul que group~ et que dans ces mêmes conditions le rendement net est 4 fois
plus important. Ce constat est établi quelle que soit la période et pour l'ensemble des
1
5 Soit la biomasse totale obtenue durant la totalité des périodes (matin, après-midi, journée et nuit) divisée par le nombre

1 d'heures totales consacrées àces périodes. Dans le cas des chasseurs groupéi, la valeur obtenue est divisée par le nombre
total de chasseurs pris en compte dans ces périodes.
6 Soit la valeur obtenue procooemment divisée par le nombre total de sorties consacrées à chaque période par les chasseurs
solitaires et groupés.
1 - 71 -

1
sites, puisque l'on constate que le rendement moyen brut est 3 fois plus élevé seul que
groupé et le net 8 fois plus important seul que groupé. Une partie de chasse solitaire
permet donc d'optimiser ses chances. La contradiction qui se fait jour, illustrée d'une
part par le choix de la période la moins favorable (journée), d'autre part, par les
modalités d'organisation sociale (plutâ groupé que seul) mérite un commentaire
d'ordre sociologique.

79,3%
ID Matin ~ Après-midi rn Journée. Nuit 1

59,5%

40,0%
41,4% 41,8%
35,3% 36,1%
32,9%

~
:-
".
;.
;.
!:
".
10,6%!.: 11,6%

1,4%
".
".
!-
".
".
Saint-Georges Régina Tonate Counami Ensembles des
sites
Fig. 23 - Proportion des sorties selon la période

ID Matin ~ Après-midi rn Journée l}jJ Nuit. Total 1

9,9
;
; 8,3
; 8,1
7,5 ; ~
;
7 6,8 ; ;"
; 6,5 ; 5,9 ; 5,8
; 6,1 ; ; 6,3 ;
; ; ; ;
; ; 5,5 ; 5,5 ; 5,4
; ; 4,9 ; ; 4,4 ;
; ; ; ;
3,5 ! ! 3,8 ; 4,1
3,7 3,9 ;
~
3,8 ;" ~ 3,9 ~
"~ ; ; 3,2 ~
2,8 ~

"~
;
;
;
;
;
;
~
;"
";"
;
; ; ~ ~ ;
; ; ~ ; ;
; ;
;
; ~
; ?.
!
~
! "! ;
!"

Saint-Georges Régina Tonate


"
Counami Ensembles des
sites
Fig. 24 - Durre moyenne d'une sortie selon la période (en h)

1
- 72-
1
1 ID Chasseur seul ~ Chasseur groupé. Ensemble 1

14,6

1 n=15
-
Il,6 Il,6
n=28 n=9

1 7,7
,.... ,....

-
lI,l
n=1l6
n=26

1 4,6
n=63'" 3,2
4,0 4,0
n=56
5,0
n=84
n=14
5,3
4,4 n=22
3,7
4,6
n=280

- 2,8
n=l48
n=l1 n=161

1 n=85

~-~ - ~
- - -'

1 Matin Après-midi Journée

Fig. 25 - Rendement brut à l'heure cumul saison


Nuit Ensemble

1 sèche et saison des pluies (en kg)


n = nombre de séries sur lesquelles reposent les calculs de rendement.
Une série = une valeur biomasse, un nombre de chasseur et une durée de sortie

1 ID Chasseur seul ~ Chasseur groupé. Ensemble


1,28
1

-
1 O,1I8
.-

1 0,17 0,20
0,42
,....
0,14 0,13 008
O~
~ • , ~ 0,01 D,DI ,
0,02 0,01 0,02 0,03

1 Matin Après-midi Journée Nuit Ensemble

Fig.26 - Rendement net à l'heure et par chasseur - cumul


1 saison sèche et saison des pluies (en kg)
Counami 6,2

1 n=2

1 3,4
n=30 3,0 3,1 3,1
3,Ci
n=1
3,9
n=6

n=5 2,8
n=33 n=63

1 n=l2

1 O,O;a 0,0 ja O,O;a


n=l n=3 n=4

1 Matin Après-midi

10 Chasseur seul ~Chasseur groupé. Ensemble 1


Journée Nuit

1 Fig. 27 - Rendement brut (en kg) pour une heure de chasse


(seul et en groupe) durant les sorties.
(x =dOImées incomplètes, a =abscence de données)
1 - 73 -

1
1
Counami 1
3,11

1
1
0,65
1
0,11 0,04

Matin
0,03 0,OO'aO , ,OO'a
, ,OO'aO
Après-midi
,
J oumée Nuit
1
10 Chasseur seul ~ Chasseur groupé. Ensemble 1
Fig. 28 - Rendement net (en kg) pour une heure de chasse
1
(seul et en groupe) et par chasseur durant les sorties
1
En vérité, avant d'être une activité lucrative, une partie de chasse constitue pour
le plus grand nombre des chasseurs un acte de sociabilité, car elle réunit des individus
qui, apparentés ou non, aiment partager le caractère ludique de l'effort. Cette
1
coopération, ainsi que le fait que les informations liées à la présence de gibier dans
certains secteurs circulent au sein des communautés de chasseurs, constituent deux 1
aspects bien trop souvent négligé dans les analyses. Le partage des informations,
inchiffrable, s'avère tout aussi important que celui des prises. On ne peut non plus
oublier que, si l'acte cynégétique constitue une activité rentable, il n'est pas sans danger
1
dont il est nécessaire de se prémunir en établissant des liens d'entraide avec les autres
chasseurs. Nous verrons au chapitre III que la forêt n'est pas uniquement considérée 1
comme un milieu neutre et pourvoyeur de gibier. Elle est aussi chargée d'une
symbolique qui conÎere à tous les accidents survenant en forêt une cause due avant tout
à des entités surnaturelles. La malchance qui peut potentiellement frapper le chasseur
1
est un fait que chacun garde à l'esprit en pénétrant en forêt. Toutes ces caractéristiques
sociologiques sont communes à l'ensemble des communautés de chasseurs, quel que 1
soit le type de chasse, et permet de tempérer la logique quantitative associée aux
rendements. 1
L'analyse du rendement des expéditions (Fig. 29 et 30) n'a été effectuée que pour
les sites de Saint-Georges et Régina, les autres sites ne présentant pas suffisamment de
données pour produire une interprétation pertinente. Les valeurs calculées reposent sur
1
la biomasse produite durant une expédition, le nombre de jours qui lui est associé et le
nombre de chasseurs qui y participent. Il a été possible ici, au contraire des sorties, 1
d'évaluer les rendements saisonniers, compte tenu du nombre d'infonnations fiables
collectées. On constate que le rendement brut par journée d'expédition reste stable,
quels que soient le site et la saison. Il en va de même pour le rendement net par journée
1
d'expédition et par chasseur. Si l'on croise ces rendements saisonniers stables avec la
fréquence mensuelle associée aux sorties et aux expéditions (Fig. 22), c'est le volume 1
des expéditions, qui, compte tenu de sa stabilité dans le temps, compense

-74 -
1
1
1
1 mensuellement celui des sorties. Un tel constat a d~à été mis en évidence chez les
Wayapi du haut Oyapock. On remarque toutefois que les rendements bruts et nets
1 présentent quelques différences notables d'un site à l'autre. Le net est en effet assez
faible sur le site de Saint-Georges (0,15 kg/jour), alors qu'il est 10 fois plus élevé
(1,50 kg/jour) à Régina.
1
1 60
55
50
,.--
...-- ...--
0,5

0,4

1 6 40
;g
45
...
;

1
'II)
~ 30
11.I
:: 25
35

• •
0,3 ;

0,2
~

-5
u

~ 20
.., ~

1
15
10
• 0,1

5
o 0,0

1 Saison sèche Saison des pluies


[] Jour 1Expédition
Total
• Jour 1Chasseur 1

1 Fig. 29 - Rendements durant les expéditions à Saint-Georges (en kg)

60 r-··-----·-·-·------··-·-·-----···-·------------- 4,5

1 55
50
+ - - -.
..""
."..,
-.--
- --
-------------l
t-----------i
4,0

45 3,5
...:::l
1 6 40 +----r---r------1
;g 35 +----1
3,0
II)
liO

1
'II)
~ 30 +----1
11.I
:: 25 +----1
• 2,5

2,0 ~
•liO
~

...:::l
..,
È 20 +---1
15 +---1 • 1,5 ~

1,0

1 10 +---1
5 +----1
0,5
O+-_---l.----l_ _-;---_----'-_L...-_--+-_---l.._.L...-_-+ 0,0

1 Saison sèche

1
Saison des pluies

[] Jour 1Expédition • Jour 1Chasseur


Total

1 Fig. 30 - Rendements durant les expéditions à Régina (en kg)

1
1
1
1 - 75-

1
1
Cette variation s'explique par le fait qu'à Régina, les expéditions sont conduites
1
par un nombre d'individus plus réduit en moyenne qu'à Saint-Georges (2 contre 3).
Toutefois les rendements par expédition sont eux quasiment équivalents, ce qui permet 1
de poser deux hypothèses peut-être complémentaires: soit les chasseurs de Régina sont
beaucoup plus performants que les chasseurs de Saint-Georges, soit le territoire à usage
extensif exploité durant les expéditions par les chasseurs de Saint-Georges est beaucoup
1
moins giboyeux que celui de Régina. Il nous est impossible de confirmer de telles
hypothèses, dans la mesure où nous ne disposons pas d'inventaire faunistique pour la 1
très grande partie des surfaces exploitées sur ces deux sites.
Analyse comparée des rendements associés aux sorties dans six communautés de
chasseurs
1
Il s'agit de déterminer dans quelle mesure l'objectif de l'acte cynégétique influe
sur le volume et les rendements associés aux différentes classes de gibiers exploitées
1
dans les six sites de Guyane. Cette analyse repose essentiellement sur le volume de
biomasse produit durant les sorties et sur une unité des poids moyens associés aux 1
espèces gibiers, afin de disposer d'une base comparative pertinente. Pour chaque site,
n'ont été retenues que les espèces les plus couramment chassées. L'ensemble de ces
données représente 57 mois d'enquête, conduites avec 220 chasseurs ayant effectué au
1
total 1002 sorties sur une surface potentiellement exploitée d'environ 5.611 km2 •
Les tableaux 17 et 18 présentent la proportion de chaque espèce de gibier par ordre
1
d'importance pour chacune des communautés.
On remarquera en premier lieu que la part de la biomasse considérée sur chacun 1
des sites présente des écarts importants, que l'on comparera à la lumière des objectifs
que se fixent les chasseurs sur chacun des sites. Toutefois il ne semble pas y avoir
d'unité entre la destination de l'acte cynégétique ni dans la proportion de biomasse qu'il
1
représente globalement. Trois Sauts et Régina présentent des proportions sensiblement
équivalentes pour des objectifs très distincts. Si nous retenons le milieu exploité comme 1
une variable comparative, il apparaît là encore qu'elle ne semble pas jouer un rêle
important. En d'autres termes les communautés de chasseurs appuient leur choix
stratégique sur des contraintes d'exploitation territoriale.
1
Ainsi, sur quatre des six sites, le volume des sorties est compensé de 36 à 70 %
par celui des expéditions conduites dans des zones exploitées de manière extensive plus
1
giboyeuses et moins concurrentielles. A Tonate et Counami, qui divergent de ce
modèle, les axes de pénétration du territoire de chasse sont essentiellement des pistes 1
forestières. Les véhicules employés à Tonate sont en général peu adaptés au transport
des grosses quantités de gibier produites durant une expédition. Si, à Counami la voiture
est employée dans 44 % des sorties, les chasseurs soulignent, ici comme à Tonate, que
1
leurs véhicules ne peuvent pas être abandonnés plus d'un jour sans prendre le risque
qu'il soit volé ou détérioré. Cet état de fait, nouveau pour la Guyane, constitue une 1
contrainte sécuritaire liée à une contrainte d'ordre économique.
1
- 76-
1
1
1
1 Sites Trois Sauts *
Auto-
Counaml
Auto-
Salnt-Georaes .. Tonste Réaina Salnt-GeofGes
Activité principale
subsistance subsistance Commerciale Commerciale Commerciale Commerciale

1 Communautés
culturelles Wayapi Br, Sa, Amér,
Cr, Hm, Mé**
Palikur Palikur Br, Sa, Amér,
Cr, Hm
Brésilien

Part de la biomasse

1 issue des sorties


MAMMIFERES
~apucin à tête blanche
61,8%

0,0
92,2%

0,0
52,1%

0,0
991%

0,3
664%

0,0
291%

0,0

1 ~apucin à tête noire


~aki à face pâle
Singe Atèle
4,7
0,0
5,7
0,1
0,0
0,3
0,7
0,0
0,3
2,3
0,1
0,0
0,5
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Sinae hurleur roux 3,6 .._. ..-
1,5 2,9 3,8 0,0 00

1 .....
~atou
~ ~ Prlmatf$·
à neuf bandes
Xénarlhres
14.1
00
0.0
19
0.7
07
4.0
1,6
1,8
64
1,9
19
0.5
0,0
00
-0.0
0,2
0.2
Paca 9,0 7,4 1,9 0,0 3,5 2,0

1 ~aouti

Daguet rouge
- Ronaeurs
5,4
14.4
9,3
0,5
79
3,6
4,0
59
0,0
5,5
55
2,3
0,4
39
0,7
0,8
2.9
0,4
Daguet gris 4,1 3,2 2,9 1,4 0,0 0,3

1
Pécari à lèvres blanches 25,6 18,9 66,2 58,3 77,4 71,5
Pécari à collier 6,9 27,2 10,8 4,1 2,3 7,4
.. '/es 45.8 52.8
. 79.8 662
., 8004 17.9
Taoir 5,6 34,S 6,1 7,5 13,6 17,7
PetrlssodaclVles 5.8 345 81 7.5 . 136 177
1 TOTAL MAMMIFERES
OISEAUX
799 979 975 876 98,4 987

!Grand tinamou 0,5 00 0,0 01 0,0 00


1 Tlnamlformes
Hocco alector
Pénélope marail
05
3,0
0,9
00
1,1
0,0
00
0,1
0,3
01
0,4
0,3
00
0,2
0,0
00
0,0
0,3
Galiifonnu 39 1.1 04 en 0.2 00

1 Aaami trompette
Grlufonnes
3,1
3,1
0,3
I~
0,0
0.0
0,0
0,1
01
0,6
0,0
0.0
0,0
0,0
00
0,0
0,3
01
0,1
1

Amazone aourou
Ara macao & 0,0 0,0 0,1 0,0 0,0 0,0
1 Ara chloroplère
PsJttacIformes
oucan ariel &
00
03
3,2
0,0
0.0
0,2
00
0.7
0,2
0,0
0.0
0,7
0,0
00
0,1
0,0
0.0
0,0
oucan à bec rouge 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1

1 PlcJformès
TOTAL OISEAUX
3.2
110
0.2
14
0.2
14
0.7
1,6
0.1
0,3
00
0,6
REPTILES

1 lCaïman à lunelles
~ caïman à front lisse
..-
CrocodllleIJS
2,2
0,0
2.2
0,8
00
08
0,8
0,0
08
5,9
0,0
5.9
0,7
0,0
07
0,7
00
07
Iiguane 1,9 0,0 0,1 4,4 00 0,0

1 ortue terrestre
Sailamates

Testunldae
19
4,9
4.9
0.0
0,0
00
0.1
02
0.2
4.4
0,5
0.5
00
00
07
00
00
00

1 rrOTAL REPTILES
TOTAL MAMMIFERES.
biSEAUX ET REPTILES 100.0
90

1000
08

1000 1000
11

100.0
108 13 07

100.0
* extraIt de Ouhoud-Renoux Fr (1998), ** extraIt de Ouhoud-Renoux Fr (2000).

1 Les données relatives àces deux site couvrent une période d'un an.
*** Br: Brésilien, Sa : Saramaka, Amér : Amérindien, Cr: Créole, Hm : Hmog, Mé: Métropolitain.
Tab. 17 - Répartition en pourcentages de la biomasse obtenue
durant des sorties à la chasse sur 6 sites en Guyane
1
1
1 - 77-

1
1
.. , " " .
1
Counaml Ré,gina St Georges Macouria Saül Mana Awala-Yaljmapo
couchi
· gouti
Pac
2.0
18.8
1.5
16.1
3.7
21.6
.., ~':. ,11.0;
.
5.6
9.3
4.5
4,4
0,7
0,5
9.4
0.6
1
apiai "'~f- " 0.6
Biche
ariàÇ'bu
Pécari à collier
2.7
4.7
24.8
0.6 0.9
0.4
10.1
0.7
0.9
1.4
2.2
4,1
10.1
0,7

2,2
0.6
4.7
1
Pécari à lèvres blanches 9.4 50.0 37.3 12:3' 32.1 4,4
apir
tèle
inge hurleur
4.7
0.7
4.7
4.2
3.0
3.0 ,
0.1
0.3
1
0.4
4.9
~ :~
1.1
.. .. 03.0.
5,2
0.6
1
apucin brun 2;0 3.9 t ..f ' .. :j.6
'~'
1.9 7,4 1.2
apucin blanc
aki à face pâle
inge écureuil
0.6 ,-
0.7
0.4
0.2
4,4
5,2
0.6
1
Pri,mate Non Identifiés 1.,0
'( r .... ~.
,
: ...
Kinkajou
Paresseux
atou
1.3

1.3
0.1

0.4
: ,
0.2
",,'

1.8
,
1.9
1,5
0.6
1.8 1
· oati. . 'r 0.'1. 1,5
Félins

mazone
, .- .' 1.0
0.4

0.4
0.7 0,7

1,5 1.8 ~
1
.> ~. ~ ,~_;J

ra 0.7 0.1 0.4 0,7 0.6 ,


gami
Canards
,
.""
.. 2.5
0.2
3.0
28,9
0,7
5.8
.
.:
1
rand tinamou 0..4'; 2.3 4.5 0.6
Hérons
HQcco
Ibis rouge
1,0,:1' ].9 4,8
0.2
1.3

4.3
3.4
4,4

8,1
2,2
1.2
1
Marail 2.5
Poule d'eau
OVPq!!:?~"
Petits tinamous
.
3.6
3.0
1.8
6.2
1.1
20.0 5,~ ..
"
1.8
18.1"'"
1
PigeOns 11.1

ortue.
ortue d'eau
0.3
0.6
,;'la 1
· uane 0.2 22.20.7 24.0
Caïmans 2.0 2.7
Tab. 18 - Proportion des différentes espèces dans les différents sites
1.0 4.9 0.7 3,0 13.5
1
Les proportions de biomasse par espoce et par ordre présentent quelques 1
différences assez notables. On remarque pour les MammiÎeres une hiérarchie
différentielle selon l'origine culturelle des chasseurs et leurs objectifs cynégétiques.
Ainsi, les tableaux de chasse des Amérindiens, totalement ou en partie auto-
1
subsistantes, présentent des proportions de Primates beaucoup plus importantes
qu'ailleurs. Ceci est vrai à Trois Sauts, Saint-Georges chez les Palikur, Macouria et 1
dans une moindre mesure Counami, où les proportions relevées pour cette classe par les
Kali' na sont largement pondérées par la pression exercée sur les autres classes par les
autres communautés. On constate en outre sur l'ensemble des sites, en accord avec le
1
reste du bassin amazonien, que les Pécaris constituent la classe la plus élevée parmi les
MammiÎeres. Il en va de même pour les Galliformes et les Crocodiliens. 1
La comparaison des proportions associées aux espèces et aux classes exploitées par
les chasseurs fait souvent l'objet d'analyses comparatives dans les travaux d'écologie et 1
d'éco-anthropologie, ceux-ci mais rendent peu compte des proportions réellement

- 78 -
1
1
1
1 produites, consommées ou vendues pour chaque espèce. On constate (tableau 19) que
les valeurs des rendements horaires moyens par chasseur pour les sorties présentent, par
1 rapport au tableau procédent, des différences très significatives. En effet, d'un point de
vue comparatif, la moyenne horaire par sortie constitue une variable de première
importance au niveau de l'analyse, dans le sens où elle ne doit pas présenter de trop
1 fortes variations. Celles qui ont pu être estimées pour l'ensemble des sites sont dans ce
cas, à l'exception toutefois de Counami qui reste atypique pour des raisons
1 essentiellement liées au fait qu'un nombre important de sorties conduites le matin ont
été menées durant uns très courte période (1 à 2 h).

1 L'analyse comparative des rendements par classe et des rendements totaux


exprimés ici en grammes/heure, révèle une importante hétérogénéité entre les sites. Ces
différences concernent principalement les Mammifères qui représentent une grande
1 partie du volume produit. Ainsi, on a pu constater procédemment pour le site de Tonate
que les proportions s'intégraient dans un schéma assez classique, alors que les
1 rendements montrent ici une situation tout à fait atypique. En effet, le rendement global
obtenu par les chasseurs de Tonate est quantitativement très inférieur - à savoir deux
fois moindre - que celui obtenu sur les autres sites. Il faut ajouter à ce constat celui fait
1 à propos du site de Régina pour lequel on observe un rendement presque trois fois plus
important qu'à Trois Sauts, Saint-Georges et Counami, et six fois plus important qu'à
1 Tonate. Ces différences n'auraient pas pu être mises en évidence à partir des seules
proportions associées à ces rendements. Il convient donc de comparer les rendements et
leurs proportions au niveau des tableaux de chasse.
1 Cette analyse permet de mettre en lumière des indices d'approciation de l'état du
stock de faune disponible dans certains secteurs exploités, lorsqu'ils sont associés
1 étroitement à ceux obtenus à partir des inventaires faunistiques. En outre, les
rendements totaux liés à une activité cynégétique commerciale (Saint-Georges pour les

1 Palikur et les Brésiliens, Tonate) se situent à un niveau quasiment équivalent à ceux


obtenus par les chasseurs en partie ou totalement auto-subsistants (Counami et Trois
Sauts), alors qu'on pouvait s'attendre à une situation contraire. Notons les exceptions
1 que représentent Régina, Tonate et, dans une moindre mesure, Counami qui, malgré un
taux d'ochec important, se situe globalement dans la moyenne des trois autres sites.
Ainsi, à l'instar des modèles de prélèvement viable, les variables prises en compte dans
1 notre analyse ethnoocologique comparative doivent encore être affinées.

1
1
1
1
1 - 79-

1
1
lCommune
Isituation géographique Haut Oyapock
Counami
Trois Sauts'
Ouest
Saint-Georaes ..
Bas Oyapock
Tonate
Littoral
Régina
Bas
Saint-Georges
Bas Oyapock
1
guyanais Aoorouague
Activité principale

Activité secondaire
Auto- Auto-
subsistance subsistance
.
Commerciale
Commerciale
Auto-
Commerciale

Auto-subistance
Commerciale
Auto-
Commerciale

Auto-subistance
1
. subsistance
. . subistance
.
1
Activité tertiaire Ludique Ludique
Br, Sa, Amér, Br, Sa, Amér,
!communautés culturelles Wayapi Palikur Palikur Brésilien
Cr hm Mé Cr, Hm
Isurface du territoire exploité env. 1180 km2 env.525 km2 env. 1406 km2 env.650km2 env.600 km2 env. 1250 km2
lConcurrence territoriale
Nombre de chasseurs
~nquêtés
sans

14
oui oui

28
oui

33 41
oui

32
oui

72
1
Nombre total de sorties 251 195 51 271 70 164
Durée moyenne d'une sortie
Durée de l'enquête
7h
1 an
4,1 h
8 mois
6,5h
1 an
6,3h
8moÎs 8moÎs
5,5 6,5h
9 mois 1
MAMMIFERES
lCapucin à tête blanche
!capucin à tête noire
Isaki à face pâle
Isinge Atèle
0
5
0
6
0%
5%
0%
6%
0
0
0
0
0%
0%
0%
0%
0
1
0
0
0%

0%
0%
1%
0
1
0
0
0%
2%
0%
0%
0
2
0
0
0%
0%
0%
0%
0
0
0
0
0%
0%
0%
0%
1
Singe hurleur roux 4 4% 2 2% 4 3% 2 4% 0 0% 0 0%
...

',' fi
.Prf1J1At.es ..
atou à neuf bandes
Xénarthres
'~ ' 15

0
0
15%
0%
0%
2 .~' 2%
1
"1
1%
1~
5

2
2
4~
2%
20-"
·3 -
1
1
5%
2%
.21' .
2
0
Q: "
0%
0%
Do%" .
0
0.0
0
. . 0.%..
0%
0%
1
Paca 10 10% 8 7% 2 2% 0 0% 13 3% 2 2%
IAgouti
R,(tna,eursw..
Daguet rouge
6
16
10
6%
16%
11% 4
1
9w
1%
'8%
4%
5
8
0 0%
4%
6%
3
3
2
6%
6%
3%
1
14
3
0%
4%
1%
1
3
0
1%
:l~
0%
1
Daguet gris 5 5% 3 3% 4 3% 1 1% 0 0% 2 2%
Pécari à lèvres blanches
Pécari à collier
ArfiodacfVIes
' .
29
8
51 ,5~"
29%
8%
20
29
56
19%
27%
5.3%
86
14
103
66%
11%
80%
34
2
38
59%
4%
67%
286
8
297
76%
2%
79%
73
8
83
70%
8%
79%'
1
apir 6 ()O~ 36 34% 8 6% 4 8% 50 13% 18 17%

OISEAUX
Pen:issodactvJfiS,

Grand tinamou
6

1
6%

1%
36

0
34%

0%
8

0
6%

0%
;4

0
8%

0%
dSO

0
13%

0%
18

0
17%

0%
1
TlnJlm~lJJ1e,a,. 1 1% 0 0% 0 0% 0 ~. '0' 0% 0 Q%

1
"
Hocco alector 3 3% 1 1% 0 0% 0 0% 1 0% 0 0%
Pénélope marail 1 1% 0 0%
.. 0 0% 0 0% 0 0% 0 0%
IlGallUQlJJ1es 3 3% 1" 1 0% ' 0 1% 1 0% 0 0%
f"
IAgami trompette
IGrulfonnes
~mazone aourou
!Ara macao &
m2
3

0
0
4%
2%
0%
0%
0
0
0
0
0%
0%
0%
0%
0
:0
1
0
..
0%
0%

1%
0% 0
0
",0
0
0%
0%'
0%
0%
0
0
0
0
0%
0%
0%
0%
0
Il
0
0
0%
...0%
0%
0%
1
!Ara chloroDtère
Ipsittac/fonnes
[Toucan ariel &
0
4
0%
4%
l)
0
. ""
0%
'''1
0 0%
.,% 0
0
0%
1%
.·0
0
«

""
0% .
0
0
0%
0% 1
oucan à bec rouge
~Lçlformes _ ... 2 2% 0 0% 0 0% 0
'" .,,, 0 0" 0 .11%
OTAL OISEAUX
REPTILES
lCaïman à lunettes
7

2
8%

3%
1

1
1%

1%
2

1
1%

1%
1

3
2%

6%
1

2
0%

1%
0

1
0%

1%
1
~ caïman à front lisse
rcrocodlliens
[Iguane
2 '.
2
i"
2%
1
0
1"
0%
1
0 0%
1% 3
3
6"
5%
12
0
3"
0"/0
1
0
1%
0%
1
Sauamates , 2' 2% 0 0% 0 0% 3 5" 0 0% 0 0%
ortue terrestre
Testun/(fae
OTAL REPTILES
.. 6
5
9
6%
5%
10%
0
0
1
0%
.~
1%
0
0
1
0%
0%

1%
0
0
6
0%
0%
11%
0
0

12
0%
0%
3%
0
0
1
0%
0%
1%
1
TOTAL MAMMIFERES.
OISEAUX ET REPTILES 99 1QQ"~ 1Q~ .1~, . t;W.
* extrait de Ouhoud-Renoux Fr (1998), ** extrait de Ouhoud-Renoux Fr (2000).
1.00% 57 100% 375 100% 105 100%
1
*** Br : Brésilien, Sa : Saramaka, Amér : Amérindien, Cr : Créole, Hm : Hmong, Mé : Métropolitain.
Tab. 19 - Rendement à l'heure pour une sortie à la chasse et par chasseur sur 6 sites
1
- 80-
1
1
1
1 Proportion des espèces de grande et petite taille

1 On note une réelle dichotomie entre d'une part les sites forestiers (Counami,
Régina, Saint-Georges et Saül) et les plus côtiers, puisque les terrestres de grande taille

1 sont tous des Ongulés.


En ce qui concerne les Oiseaux, le site de Mana est plus tourné vers les Anatidés,
considérés comme des oiseaux de relati vement bonne taille en tennes de rendement,
1 alors qu'à Awala- Yalimapo est rencontrée la plus forte proportion de Pigeons et
Toucans (Fig. 31).
1 60 . , . - - - - - - - - - - - - , - - - - , - - - - - - - - - ,

1 504----....- - - - - - - - - - - - { o Counarni

40 +----1
• Régina
o St Georges

1 30 +----1

20
• Saül
o Macouria
• Mana

1 10

o
• Avvala-Yalirmpo

1
1 Fig. 31 - Proportions des espèces de grande et petite taille
dans les tableaux de chasse des différents sites

1 Proportion de jeunes dans le prélèvement par la chasse


Bien que les structures d'âge des populations d'espèces néotropicales soient très
1 mal connues et que les effets de la chasse y soient soumis à débats (Mc CULLOUGH,
1994), des études ont montré des différences de structures d'âges entre sites chassés ou
1 non chassés (BODMER, 1993 ; ROBINSON & REDFORO, 1994). Deux raisons principales
pourraient expliquer un tel changement (LEEUWENBERG & ROBINSON, 2000) :

1 - la chasse est biaisée vers les individus les plus âgés, ce qui réduit le nombre
d'indi vidus des classes d'âges élevées et augmente donc la proportion de jeunes dans la
population;
1 - en réduisant la densité de la population, la chasse peut entraîner un accroissement
du taux de naissance (GAILLARD & al., sous presse), ce qui a aussi pour conséquence
1 d'augmenter la proportion de jeunes. Cependant, cette réponse démographique n'a
encore été démontrée pour aucune espèce néotropicale.

1 L'examen des structures d'âge des populations peut donc être un indicateur du
niveau de prélèvement: sans permettre de déterminer si l'exploitation est durable ou
non, elle permet de comparer la pression de chasse entre sites.
1 A défaut de pouvoir déterminer la structure d'âge réelle des populations, un moyen
de l'appréhender est d'examiner la composition en âge des prélèvements. En effet, il est
1 - 81 -

1
1
postulé que le choix des chasseurs est plutôt orienté vers les plus grands individus, donc 1
les plus âgés. Un fort taux d'individus jeunes dans l'échantillon prélevé devient alors un
indicateur d'une pression de chasse importante dans la zone considérée; c'est pourquoi
nous avons examiné la composition des prélèvements par la chasse selon deux
1
méthodes.
- La première méthode a consisté à demander aux chasseurs de classer les animaux
1
prélevés en jeunes et adultes, en se basant sur une allure générale de l'animal. Plus
particulièrement, une taille inférieure à la moyenne entraîne un classement en jeune
(Fig. 32).
1
On constate que sur Saint-Georges, les taux de prélèvement de jeunes animaux
sont assez faibles pour toutes les espèces considérées, à l'exception du Paca.
1
Inversement, ces taux sont plus importants à Tonate-Macouria, Counami et Saül. Sans
forcément signifier une sur-exploitation, ces taux supérieurs sont bien le signe de 1
populations chassées de manière régulière.

Pécari à collier
1
Pécari à lèvres blanches

Saül
- M
Saül
1
Counani
Tonate- Mac ouria Counani 1
Régina

St georges
-"- w
St georges
1
0% 20% 40% 60% 80% 100
% 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Agouti
Pac 1
Counani
Saül

Tonate- Régina
1
Macouria

t georges
St georges 1
0% 20% 40% 60% 80% 100%

.... jeunes
0% 20%

.... adultes
40% 60% 80% 100%
1
Fig. 32 - Comparaison de la proportion de jeunes dans les prélèvements
sur différents sites
1
Si l'on compare ces résultats avec ceux publiés dans la littérature sur des sites à 1
pression de chasse connue (ROBINSON & REDFORD, 1994), on constate que nos
proportions de juvéniles sont de manière générale très en-dessous des proportions
rapportées. Par exemple en Colombie, pour le Paca, la proportion de juvéniles en zone
1
non chassée est d'environ 25 %, alors qu'elle avoisine les 70 % en zone fortement
chassée (COLLET, 1981). Ceci illustre la difficulté de comparer nos données avec celles 1
de la littérature selon ce protocole, trop soumis au jugement subjectif, tant des chasseurs

- 82-
1
1
1
1 que des scientifiques. La comparaison entre sites guyanais est par contre plus pertinente,
ainsi que sur un même site à plusieurs années d'intervalle.
1 - Pour améliorer ce diagnostic, une seconde méthode fait appel à une
caractérisation plus précise de la pyramide des âges des populations ou tout au moins
1 des échantillons chassés, en prenant en compte l'usure des dents (HART, 2000 ;
LEEUWENBERG & ROBINSON, 2000). Malgré les limites et les biais de cette méthode
(fIEWISON & al., 1999), elle permet, sinon de déterminer l'âge exact, du moins de classer
1 les individus en catégories. A Saint-Georges, une collecte des mandibules inférieures
des animaux chassés a donc été mise en place. Leur utilisation comme échantillon
1 représentatif du prélèvement total suppose que les chasseurs ne sélectionnent pas les
mandibules qu'ils rapportent, hypothèse sans doute vérifiée. Ainsi, un premier
échantillon de 23 mandibules de Pécari à lèvre blanche a été examiné puis classé en 3
1 classes d'âge selon les critères de SOWLS (1975), utilisés par BODMER & al. (1997b).
Par cette méthode, chaque catégorie est grossièrement équivalente à trois ou quatre
1 ans (LEEUWENBERG & ROBINSON, 2000). Les proportions obtenues permettent de
construire des courbes de survie, soumises à l'hypothèse forte de stabilité des

1 populations (CASWELL, 2000) et utilisées comme simple indicateur général de pression


de chasse. La figure 33 présente les résultats de Saint-Georges ainsi que ceux obtenus
sur des sites soumis à pression de chasse au Pérou (BODMER, 1995). On constate que la
1 courbe de Saint-Georges se rapproche de celle du site à pression de chasse faible
(Yavari Miri), bien que la faible taille de l'échantillon actuel ne permette pas de tester

1 pleinement ce rapprochement. Ce résultat préliminaire pourrait pourtant confirmer celui


obtenu par la classification d'après enquête, qui tendait à montrer une pression de chasse
relativement faible sur le Pécari à lèvre blanche. Avec les mandibules attendues qui
1 viendront élargir l'échantillonnage, on peut espérer affiner ce résultat et l'étendre à
d'autres espèces.

1 1000

900

1 800

]00

1 600
lx 500

400

1 300

200

1 100

2 3 4 5

1 x

Fig. 33 - Courbes de survies du pécari à lèvre blanche d'après collecte


de crâne à St Georges et deux sites issus de la littérature (Bodmer 1995) :
1 Tahuayo (Pérou, pression de chasse persistante) et Yavari Miri
(Pérou, pression de chasse légère).

1 - 83 -

1
1
Sex ratio des prélèvements
1
Le sex-ratio des prélèvements est relativement équilibré ou légèrement biaisé en
faveur des mâles dans la majorité des cas (pourcentage de femelles inférieur ou égal à 1
50 %), à l'exception de l'Agouti à Tonate-Macouria (Tab. 20).
1
St Georaes Réalna Tonate-Macourla Couna,nl Saül Awala-Ya1lmaPO Mana

Pécari à lèvre blanche 47.6 31 58 . 36 45.7 - . - 1


Pécari à collier 48.3 30 50 54 ·42.3 50,-, , 1 f~. . ~, '
-.,
~

,.
1
Paca 49.8 37 - 32 19.2
'f'
-........ ~, ~ . -
.' .,:: :C.
AQouti 39.1 50 69 33 ·27.2 20 .~
Tab. 20 - Pourcentage de femelles dans les tableaux de chasse des différents sites
.. 50.
" ~
1
Dans les exemples d'utilisation du modèle de prélèvements durables de Bodmer 1
(BODMER & al., 1997a; 1997b; BODMER & al., 1999) ce pourcentage de femelles est
utilisé pour calculer la productivité de la population chassée, afin d'en extrapoler les
taux de prélèvements adaptés à chaque localité. L'hypothèse est donc faite que ce sex-
1
ratio des prélèvements est représentatif du sex-ratio de la population. De nombreux biais
contraignent fortement la détermination de ce paramètre :
- comportement différent des deux sexes les rendant plus ou moins cryptique;
1
- choix actif du chasseur, soit évitant les femelles dans un souci de gestion, soit les
recherchant pour des raisons de goft (absence de glandes musquées), soit encore
1
capturant des jeunes pour en faire des animaux de compagnie...

II - 3. ETAT DE LA FAUNE (C. RICHARD-HANSEN & C. NIEL)


1
II - 3. 1. INTRODUCTION: PROBLEMATIQUE GENERALE 1
L'ONCFS a assuré l'étude de l'impact des pratiques de chasse sur les populations
animales, d'un point de vue biologique et écologique. 1
Dans le contexte de la chasse en forêt néotropicale, divers indices ont été utilisés
pour évaluer cet impact (ROBINSON ET REDFORD, 1994). Une simple comparaison des
densités entre sites soumis à différentes pressions de chasse met généralement en
1
évidence des densités inférieures en zones chassées régulièrement (PERES, 1996).
Cependant, le facteur écologique de capacité de charge du milieu s'avère également 1
primordial: selon EMMONS (1984), la qualité des sols, la composition floristique et la
densité des sous-bois influent très nettement sur les densités de mammifères, et les
densités animales sont très variables entre les forêts amazoniennes saisonnièrement
1
inondables et les forêts de terre ferme (EMMONS, 1984; PERES, 1997). Tous ces facteurs
doivent être pris en compte, en amont de l'influence de la pression de chasse. 1
Un indice plus pertinent consiste à considérer l'évolution temporelle des densités
sur un même site chassé. Cependant, cette évaluation doit se faire à suffisamment long
terme, car si une diminution est inévitable, elle n'est pas nécessairement signe
1
- 84 -
1
1
1
1 d'effondrement, et une stabilisation des effectifs peut se réaliser à un niveau inférieur de
densité. Une étude sur les rendements de chasse des Indiens Siona-Secoya du Pérou
1 avait prématurément conclu à un effondrement local des densités de gibier dans la zone,
au vu des baisses de rendements de la chasse en trois ans. La stabilisation de ce
prélèvement au cours des années suivantes a amené l'auteur à revoir ses conclusions
1 (VICKERS, 1988 ; VICKERS, 1991).
Un modèle général de durabilité de la chasse basé sur la throrie de recrutement de
1 stock a été proposé par ROBINSON & REDFORD (1991). Ce modèle estime les
productions maximales (nombre d'animaux naissant par unité de surface et de temps) et
1 donc les prélèvements throriques maximaux pour diverses espèces amazoniennes, à
partir de leur taux d'accroissement intrinsèque et de densités maximaux trouvées en
zones non chassées. Un certain nombre d'études réalisées sur les prélèvements de la
1 chasse effectués par des peuples amérindiens comparent ensuite directement les
tableaux de chasse observés avec les taux maximaux fournis par ce modèle général
1 (ROBINSON & REDFORD, 1994; ALVARD & al., 1997; OUHOUD-RENOUX, 1998).
Cependant, les taux de référence se basent sur des estimations de densités maximales
relativement élevées par rapport à notre propre analyse bibliographique.
1 Ce modèle de calcul peut se révéler plus pertinent s'il est appliqué avec les densités
estimées sur une zone non chassée, grographiquement et écologiquement proche et de
1 la zone de prélèvement. Ainsi ce protocole a été appliqué récemment au Pérou, dans le
Parc National de Manu strictement protégé (ROBINSON & BENNETT, 2(00).

1 Un autre modèle d'utilisation durable développé dans des réserves communales du


Pérou établit par contre un outil de diagnostic du niveau de prélèvement à partir de
paramètres démographiques provenant directement de la population chassée (BODMER
1 & al., 1997a; 1997b; 1997c; BODMER et al., 1999). La production (nombre de jeunes
nés par an et par km2) est déduite de la densité animale et de la productivité des femelles
1 (nombre de petits/anlfemelle) calculée à partir des animaux tués dans la population
considérée. Le prélèvement total annuel est connu groce à des études et programmes de
suivi impliquant totalement les chasseurs locaux. Rapporté à la superficie chassée, le
1 prélèvement réel est alors comparé aux prélèvements throriquement durables estimés de
20,40 ou 60 % de la production selon les espèces.
1 Tous ces indices montrent qu'estimer l'impact ou la durabilité de la chasse dans une
zone nécessite dans tous les cas la connaissance :
1 - des abondances et plus précisément des densités animales ;
- des paramètres démographiques des populations, ou au moins des espèces
chassées;
1 - des taux de prélèvements.
Nous avons abordé le problème crucial de l'estimation des abondances de faune
1 sauvage en milieu naturel forestier guyanais. Notre approche a consisté en un premier
temps à affiner les méthodes et outils statistiques existants, puis à les appliquer en

1 divers sites guyanais. La comprmension de l'impact de la chasse sur les abondances

1 - 85-

1
1
implique de connaître ce paramètre dans les zones chassées ainsi que dans des zones de 1
référence sans influence anthropique.
Dans un deuxième temps, les données biologiques issues de l'enquête auprès des
chasseurs ont été analysées, afin de mettre au point des indices écologiques et
1
cynégétiques de l'état des populations et de l'impact de la chasse. Les données
compilées ici sont issues de travaux effectués par l'ONCFS, la Mission pour la Création
1
du Parc de la Guyane, l'ONF et l'association Kwata.
II - 3. 2. ABONDANCE DE LA FAUNE
1
Méthode: le transect linéaire
Une analyse bibliographique des diverses études menées dans ce domaine, en
1
particulier dans divers pays d'Amérique tropicale, permet de cibler les méthodes
d'études les plus fréquemment utilisées (RICHARD-HANSEN, 1998). 1
La méthode du transect linéaire est certainement la méthode d'analyse d'abondance
des populations de mammifères la plus fréquemment employée, particulièrement dans le 1
cas d'animaux de taille suffisante et vivant en milieu forestier. Outre les études
multiples en milieu tempér~ ce type de transect a été réalisé en diverses localités en
milieu amazonien (PERES, 1997; 1999; Pérou: (EMMONS, 1984; BODMER, et al.,
1
1997 ; BODMER, et al., 1997; BODMER & PuERTAS, 2000; Bolivie : FREESE & al.,
1982 ; WALLACE et al., 1998 ; Guyana: SUSSMAN & PHILLIPS-CONROY, 1995 ; Brésil: 1
CULLEN, 1997; Barro Colorado: GLANZ, 1990; 1991...)
Le principe de base est le déplacement d'un observateur sur un axe
linéaire, sur un trajet d'une longueur déterminée, notant
1
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systématiquement les rencontres avec les animaux ou groupes
d'animaux, ainsi que leur distance perpendiculaire (Dp) à l'axe de
1
déplacement, ou bien leur distance exacte D ainsi que l'angle
d'observation 8. La longueur des transects, leur localisation sur le
terrain, la vitesse de déplacement, les modalités de mesure sont fixées
1
et communes à tous les sites étudiés.
Ce mode de recueil très standardis~ basé sur un protocole strict, permet en premier lieu
1
de s'assurer de la possibilité de comparaison entre sites ou entre périodes différentes sur
un même site. Cette méthode permet, par rapport à d'autres plus lourdes, d'obtenir des 1
résultats corrects, comparables, en un temps relativement bref. Elle s'adapte donc à la
problématique locale retenue sur la base d'un fonctionnement en sites ateliers en divers
points de Guyane.
1
Àpartir de ces relevés de terrain, une première analyse des données par méthode
indiciaire est rendue possible: l'Indice Kilométrique d'Abondance (IKA). S'il ne fournit
1
pas une valeur brute de densit~ l' IKA a l'avantage d'être moins soumis à des
interprétations statistiques et fournit une valeur comparative claire de l'évolution de 1
l'abondance dans une zone. Dans un deuxième temps, grfk::e à la mesure des distances
d'observation, des calculs permettent d'aborder des estimations de densité. Plusieurs
outils statistiques ont été utilisés, testés et discutés dans le cadre de ce programme.
1
- 86-
1
1
1
1 Sites d'iJ.udes
Des estimations d'abondance des principales espèces gibiers de MammiÎeres et
1 d'Oiseaux ont été réalisées par différents partenaires sur les zones de chasse des sites
ateliers soumis à l'enquête auprès des chasseurs, ainsi que dans des sites isolés de
1 référence, non soumis à pression de chasse. Pour les sites de Counami, route de Régina-
Saint-Georges, Macouria et la Trinité, les distances d'observation n'ont été relevées que
sur les primates, et n'ont pas été effectuées à l'aide d'un télémètre, mais estimées de visu.
1 Counami : étude ONF, réalisation: Association Kwata

1 L'étude complète sur le site de Counami par l'ONF s'intègre dans la problématique
d'impact de l'exploitation forestière sur les populations animales, et prévoit trois phases
d'estimations d'abondance des populations d'espèces gibiers.
1 Route Régina-Saint-Georges: étude ONF/DDE, réalisation: Association Kwata
La problématique générale sur ce site est liée à l'impact des infrastructures
1 routières sur l'environnement. L'étude sur les abondances d'espèces gibiers est basée sur
une comparaison de diverses zones réparties le long de l'axe routier, et donc
1 susceptibles d'être soumises à des pressions de chasse d'intensité différente.
Zone de Tonate-Macouria : programme Silvolab, réalisation: association Kwata
1 Les transects à Tonate-Macouria ont été réalisés sur la zone de chasse définie par
l'enquête sur la chasse de la communauté palikur résidant dans cette commune. Deux
zones principales de chasse ont été déterminées, puis échantillonnées par la méthode du
1 transect linéaire.
Réserve de la Trinité: gestion et étude ONF, réalisation Association Kwata/oNF
1 Les estimations d'abondance de faune dans la réserve de la Trinité s'insèrent en
premier lieu dans la problématique générale d'inventaire de la réserve, mais sont
1 également source de données de référence sur zone non chassée dans le cadre du
programme Silvolab.
1 Sail: mission pour la Création du Parc/ONCFS
Des opérations de comptage de faune avaient été mises en place dans la zone
1 chassée aux alentours de Sail par la Mission pour la création du Parc, antérieurement au
Programme Silvolab.

1 Pic Matécho : Mission pour la Création du Parc/ONCFS/ONF


Deux missions ont été conduites sur un site peu ou pas soumIS à pression de
1 chasse, avec comparaison des résultats selon la saison.
Piton Baron et Nouragues : ONCFS/Mission Parc/Sépanguy
Il s'agit de sites de référence en zone non chassée.
1
1
1 - 87-

1
1
Analyse des données
1
Indice Kilométrique d'abondance (lKA)
L'Indice Kilométrique d'Abondance consiste à ramener le nombre d'objets observés
1
(individus ou groupes) à la distance parcourue.
1
• Validité et précision de l'Indice Kilométrique d'Abondance
Malgré la standardisation de la méthode de base, diverses options sont encore à
définir: quelle est la taille d'échantillon (nombre de kilomètres) nécessaire? Faut-il peu
1
de transects parcourus un grand nombre de fois, ou un seul très long parcouru une seule
fois? Un compromis est en fait à trouver entre la superficie à échantillonner et la 1
précision de la valeur calculée.

Taille de l'échantillon: nombre total de kilomètres cumulés


1
La méthode du transect linéaire a été testée sur le site des Nouragues, où la densité
exacte de plusieurs espèces de primates est considérée connue par des études intensives
1
à long terme (SIMMEN & al., 1998). Selon ces auteurs, cette méthode, couplée à la
méthode dite de "Leopold" (cf. infra pour les méthodes de calcul de densités) permet
d'obtenir un chiffre équivalent de densité en réalisant au moins 90 km cumulés de
1
comptage. À la suite de cette publication, il a été communément recommandé de
réaliser une centaine de km de comptage par site.
1
Nous avons voulu tester plus largement la variabilité de l'indice d'abondance en
fonction du nombre de kilomètres totaux parcourus (Fig. 34). Sur ces trois comptages, 1
la variabilité de l'indice calculé est importante en-dessous d'une centaine de km. Au-
delà, l'augmentation de l'échantillonnage ne modifie que très peu la valeur de l'IKA. Ces
résultats confirment donc, sur différentes espèces et sites, la valeur limite de 100 km
1
minimum à effectuer pour obtenir une évaluation relativement fiable du taux de
rencontre. 1
1
1
1
1
1
1
- 88-
1
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1
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Fig. 34 - Indices Kilométriques d'abondance pOUf quelques espèces communes

1 en fonction du nombre cumulé de km parcounls

Nombre de répétitions et intervalle de confiance


1 Le traitement le plus simple et le plus évident consiste à obtenir une valeur unique

,1 du nombre de rencontres par kilomètre en divisant le nombre total d'observations d'une


espèce par le nombre total de kilomètres parcourus. Cependant, aucune indication de la
valeur statistique de ce paramètre n'est associée à ce calcul.

1 Une autre méthode pour obtenir une indication de la validité statistique de


l'estimation est de calculer un intervalle de confiance de l'IKA moyen, à partir du nombre

1 de répétitions des circuits. Chaque transect est en effet parcouru un certain nombre de
fois, et l'IKA final est la moyenne de ces "séries" (une série étant constituée par le
parcours de tous les circuits une fois chacun). La figure 35 représente la valeur de l'IKA
1 et l'estimation de l'intervalle de confiance à 95 %. La valeur obtenue au bout de 3
répétitions (de l'ensemble des 4 layons, soit 36 km) est plus éloignée de la valeur finale

1 et présente un intervalle de confiance plus grand.


L'augmentation du nombre de répétitions augmente la précision de l'estimation de
la moyenne, en diminuant l'intervalle de confiance. Cette précision augmente fortement
1 entre 2 et 5 répétitions, mais puis de manière très lente au-delà de 5 répétitions. Il
apparaît ainsi peu utile de réaliser plus de 10 répétitions par circuit.
1
1
1 - 89 -

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Fig. 35 - Estimation des LK.A. de 4 espèces communes, avec intervalles de confiance
1
(supérieur) à 95% de la moyenne. Site de Piton Baron
1
Choix du nombre et de l'implantation des transects
La méthode utilisée sur le site des Nouragues par SIMMEN & al. (1998) a consisté
en un seul circuit de 2,5 km, répété 37 fois. Le chiffre final gagne ainsi en précision,
1
mais la zone concernée par l'évaluation reste très réduite. Avec un seul transect, les
probabilités de biais dues à une particularité locale, qui peut être provisoire, sont 1
également plus importantes (présence d'un arbre en fruit, d'une proie pour un
prédateur...). Ainsi, les IKA réalisés aux Nouragues à un an d'intervalle et dans deux
secteurs différents donnent des résultats assez différents (ROMBAUT, 2001).
1
Compte tenu des impératifs de terrain, et de la problématique générale, la solution
retenue consiste finalement à implanter un certain nombre de circuits (généralement 3
1
ou 4), et de les répéter environ 10 fois chacun. Ce choix permet de couvrir une zone
d'étude plus vaste, parcourant au mieux les différents milieux présents dans une zone. 1
Variabilité temporelle de l'IKA en fonction de l'heure et de la saison
Les transects sont parcourus à heure fixe, généralement le matin entre 7 et
1
Il heures, et l'après-midi entre 15 et 18 heures. Sur le site de Piton Baron, la
comparaison entre les valeurs d'indices calculées sur les transects effectués le matin ou 1
le soir n'a pas montré de différence significative.
Par contre, une variation apparaît en fonction de la saison. Au Pic Matécho, les 1
mêmes transects ont été effectués en fin de saison sèche (décembre) et en saison des
pluies (mars). Les résultats montrent des différences notables du taux de rencontre (Fig.
36).
1
Pour l'Atèle et le Pénélope Marail, l'IKA est nettement plus élevé au mois de mars,
alors que pour l'Agami, et dans une moindre mesure les Tinamous, il est plus faible. Les
1
intervalles de confiance se recouvrent parfois légèrement, mais rendent cependant cette
comparaison significative, ce qui amène à considérer avec prudence des comparaisons
entre sites lorsque les études ont été réalisées à des périodes différentes.
1
1
- 90 - 1
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1
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Fig. 36 - Variations d'estimation du taux de rencontre (lKA pour 10 km)

1 de quelques espèces au Pic Matécho en saison sèche et en saison des pluies

• Résultats par zone


1 Sur le site de Counami, de Tonate-Macouria, l'axe Régina-Saint-Georges et la
Réserve de la Trinité, les études ont été réalisées par l'association Kwata, et ont fait
1 l'objet de rapports détaillés.

Route Régina-Saint-Georges (de THOISY, 2000)


1 Les diverses zones prospectées le long de cet axe sont soumises à des pression de
chasse différentes en fonction de leur proximité de la route et des agglomérations (Fig.
1 37).
L'effet de la pression de chasse est marqué entre les situations extrêmes: les

1 espèces les plus recherchées et les plus sensibles (Hocco, Agami, Atèle) ont
pratiquement disparu de la zone située à proximité immédiate de Saint-Georges (Z3).
D'autres ont fortement diminué: c'est le cas des Grands Tinamous, des Singes Hurleurs
1 ou des Capucins. Parmi les Ongulés, le Daguet rouge paraît marquer un plus net déclin
que le Daguet gris.

1 Les petites espèces, au contraire, Tamarins, Agoutis et Acouchis, ne se raréfient


pas, voire se retrouvent bien plus abondants à proximité de Saint-Georges, ce qui laisse

1 supposer qu'ils supportent mieux la pression de chasse et que les caractéristiques du


milieu favOlisent leur présence (secondarisation, abattis ... ).
L'abondance cumulée des Primates ou des Mammifères terrestres n'est pas
1 maximale dans la zone témoin la plus éloignée, mais la proportion des espèces chassées
dans le nombre ou la biomasse totaux est fortement reliée à l'intensité de la pression de
1 chasse. Ainsi, ce sont essentiellement les grandes espèces qui diminuent, alors que les
petites sont moins touchées. Chez les Oiseaux en général, la chasse touchant
essentiellement des grandes espèces ayant de faibles taux reproducteurs, la diminution
1 est forte.

1 - 91 -

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Fig. 37 - Comparaison des indices kilométriques d'abondance dans quatre sites
le long de la route Régina St Georges, et valeur maximale de l'intervalle de confiance
à 95%. Zone T : témoin, peu ou pas chassée; ZI et Z2 : chassées; Z3 :
1
très chassée (proximité immédiate de St Georges)
1
Counami
Les abondances des Singes Atèle, Hurleur et Capucin Bnm sont nettement 1
inférieures dans les zones chassées que dans la zone témoin (de THOISY, 1998; de
THOISY & al., 2000). Les Capucins Blancs, comme les petits Primates (Tamarins et
Saki) ne montrent pas de grandes différences d'abondance. En ce qui concerne les
1
Mammifères terrestres, Pécaris à collier, Daguets rouges et Daguets gris sont partout en
abondance relativement faible. Comme dans le cas de l'axe Régina Saint-Georges, les 1
Agoutis et Acouchis, par contre, montrent des abondances supérieures tant dans les
zones chassées que dans la zone témoin (Tab. 21). 1
Chez les Oiseaux, la différence est particulièrement marquée pour le Hocco et les
Tinamous, alors que les Agamis sont plus souvent rencontrés dans la zone chassée que
dans la zone témoin.
1
Atèle 0.1
Observations /10 km (IKA)
Zones chassées Zone témoin
0.5
Densités (ind/km2)
Zones chassées
0.5
Zone témoin
2.2
1
Hurleur
Capucin brun
Capucin blanc
Tamarin
0.7
0.4
0.1
1
1.5
0.9
0.1
1.4
105
5.7
1.4
16.2
21.5
24.4
1.9
21.8
1
Pécari à collier
Agouti
Acouchi
0.2
4.5
1.7
0.2
1.9
0.7
1
Hocco 0.1 0.9
Marail
Agami
Tinamous
0.7
0.6
2.5
0.3
0.3
4
1
D'après (de ThOISY, 1998; de ThoIsy et al., 2000)
Tab. 21 - Indices d'abondances de quelques espèces
dans deux zones de la forêt de Counami 1
- 92- 1
1
1
1 Pendant la phase d'exploitation forestière, les abondances de la majorité des
espoces ont chuté dans les zones exploitées, comme dans la zone témoin (de THOISY,
1 2001). Les grands Primates ont subi une diminution plus importante que les petits, peu
chassés. Seule l'abondance globale des Ongulés semble avoir augmenté, mais cela est
dû à la présence sur la zone d'une bande de Pocaris à lèvre blanche, eSpOCe très grégaire
1 et effectuant de très grands déplacements, se traduisant localement par d'importantes
apparentes variations de densité.
1 Tonate-Macouria

1 Les deux zones prospectées apparaissent assez pauvres en eSpOCes gibiers (de
THOISY, 2001). Malgré le diagnostic pessimiste de J.-M. THIOLLAY (2001), il apparaît
que les espoces sensibles comme Hocco, Pénélope Marail et Agami sont encore
1 présentes et détectées par la méthode de comptage, bien qu'en abondance très réduite.
Par contre, les Atèles semblent totalement absents, et la communauté de Primates est

1 largement dominée par les petites eSpOCes, Tamarins et Saïmiris, qui trouvent là les
indices d'abondance les plus élevés de l'ensemble des zones étudiées (de THOISY, 2001).
Ce type de forêt de transition ochantillonné à Matiti n'ayant jamais été étudié, il serait
1 intéressant, avant toute conclusion, de comparer ces résultats avec une zone de même
type forestier, mais moins chassée, comme la zone du Centre Spatial Guyanais (de
THOISY, 2001).
1 Réserve de la Trinité
1 Malgré une présence humaine occasionnelle révélée par des traces, ce site peut être
considéré comme étant un milieu très peu perturbé. On constate cependant une

1 abondance relativement faible des Singes Hurleurs, (comparable par exemple à celle
rencontrée sur Counami en zone chassée) alors que certaines eSpOCes réputées sensibles
à la pression de chasse (Agami, Atèle) sont assez bien représentées (de THOISY et al.,
1 1999).

Sail
1 Antérieurement à la mise en place du programme Silvolab proprement dit, des
indices d'abondance de faune avaient été réalisés sur la commune de Sail dans le cadre
1 d'un programme d'études sur la chasse, proposé par la Mission pour la Création du Parc,
associé par la suite au programme général (MAUFFREY, 1999). Ces estimations

1 d'abondance demeurent préliminaires et sont actuellement complétées; elles dénotent


en première approche une certaine richesse en eSpOCes pourtant chassées régulièrement
(Pocaris, Daguets), une présence de Primates moyenne par rapport aux autres sites
1 étudiés, et une faiblesse notable des effectifs pour certaines espoces sensibles comme le
Hocco.

1 Pic Matocho
Cette zone distante de 22 km à vol d'oiseau de Sail est à l'heure actuelle très peu
1 fréquentée par l'homme (environ 2,5 jours de marche pour y accéder). Une
fréquentation passée et la relative proximité de Sail pourraient cependant avoir une
1 - 93-

1
1
influence sur les densités de certaines espèces animales (Tab. 22), ce qui classerait alors 1
cette zone comme site intermédiaire, du point de vue de la pression de chasse
(THIOLLAY, 2000).
Pour les MammiÎeres, la caractéristique de la zone est une importante présence des
1
Atèles. Par contre, les autres espèces de Primates (Capucins et Singes Hurleurs, en
particulier) ont âé rencontrées en faible nombre, de même que les deux espèces de
1
Pécaris. Différents facteurs peuvent être invoqués pour interprâer ce résultat, comme le
relief important, ou le peuplement forestier, qui seront discutés dans l'analyse
comparative.
1
décembre mars
1
espèce Intervalle de Intervalle de
IKA*10' Nbred'obs
1
Nbre d'ob!> IKA *10
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~
Acouchi 3 0,17 ±0,208 2 0,14 ±0,214
!Agouti 10 1,20 ±1,402 17 1,12 1'" ±0,753
Pécari à
~ollier
~iche
Cariacou
1
2
1
..
0,04

0,12 . , ±0,292
±0,097

°i2 3 ' . ~\t ±0,557 . \ ~


5
2
1
0,30
0,11
0,06
l'
±0,316
±0,167
±0,140
" 1
[rapir 1 0,08 ±O,171
k;apucin brun
~:apucin
~.Ia,nc. ... .
1
1 "
-'
0,09
0,05
±0,21~

±0,117
1 ~,06 ±0,126

. 1
Hurleur 6 0,54 ±0,392 7 0,48 ±0,511
iAtèlé
!ramarin
;. 11
3
1,15
0,25
±0,829
±0,419
,..37
3
2,46
0,15
±O,741
±0,231 1
Hocco 10 1,09 ±O,948 16 1,00 ±O,62.8
[rinamous
[rocro
Marail
12
4
1
1,12
0,38
0,04
±1,002
±0,485
±0,097
12

9
4
0,70
0,26
0,62
±0,603
±0,471
±0,467
1
0,42 0,16
!Aqami 5 ±0517
Tab. 22 - Abondance de la faune au Pic Matécho
au mois de décembre et de mars.
2 ±0240
1
En ce qui concerne les oiseaux, il est noté une abondance moyenne à relativement 1
faible des Agamis, Psittacidés et Hoccos, et une abondance plus importante pour les
Tocros et Tinamous. Les déplacements importants parfois effectués par certaines
espèces (Agamis, par exemple) sont évoqués pour expliquer la relative pauvreté de la
1
zone, la zone chassée de Saül étant responsable de ces diminutions sur un périmètre plus
âendu que celui activement prospecté par les chasseurs (THIOLLAY, 2000 ; 2002). 1
Piton Baron
Ce secteur, assez isolé, a été considéré comme zone de référence non chassée. Des
1
traces récentes de passage de chasseurs ont cependant été trouvées, vraisemblablement
des orpailleurs clandestins. Elle reste cependant très peu touchée (Tab. 23). 1
Parmi les mammiÎeres, la zone est clairement dominée par un très important
peuplement d'Atèles, qui trouvent là l'indice d'abondance le plus élevé encore jamais 1
rencontré en Guyane. Par contre, peu de grands MammiÎeres terrestres ont été
rencontrés; on notera en particulier l'absence totale des deux espèces de Pécaris. 1
- 94-
1
1
nombre Intervalle de
espèce IKA*10
d'observations confiance à 95%

couchi 7 1 0,58 ± 0,565


gouti 15 1 1,25 ± 0,756
Biche 3 1 0,25 ± 0,288
ariacou 2 1 0,17 ± 0,251
tèle 41 4,1 3,42 ± 1,444
ur1eur 11 4,6 0,92 ± 0,655
apucin brun 7 6,5 0,58 ± 0,490
apucin blanc 2 5 0,17 ± 0,251
aki 1 0,08 ± 0,188
1 0,08 ± 0,188
10 2 0,83 ± 0,562
3 1 0,25 ± 0,288
5 1 0,42 ± 0,314
11 1 0,92 ± 0,713
4 5 0,33 ± 0,416
ami 13 875 1,08 ± 0,745
Tab. 23 - Nombre d'observations, taille moyenne des groupes,
indice d'abondance (pour 10 km de transect) et intervalle de confiance
à 95% des espèces rencontrées au Piton Baron.

Les Nouragues
Afin de rendre comparable l'étude menée sur la station des Nouragues avec les
autres sites non chassés, le protocole a été appliqué strictement, sans tenir compte des
infrastructures en place ou des connaissances antérieures acquises sur ce site. Ainsi, la
zone prospectée ne se limite pas à la zone de quadras aménagés sur lkm2 , mais 3 layons
de 2,5, 3 et 4 km ont été utilisés, rayonnants à partir du camp.
Chaque layon a été parcouru 15 fois (8 fois le matin et 7 fois l'après midi),
cumulant 138,8 km de comptage. L'ensemble du comptage a été réalisé en 12 jours, au
mois de mars 2002, par trois personnes ayant d~à effectué de telles opérations.
Dix neuf espèces ont été observées pendant le s~our, dont dix huit pendant les
circuits (observation de Grand Tamanoir hors protocole). Les valeurs des indices
kilométriques d'abondance sont indiquées dans le tableau 24.
Sur ce site, les observations de Primates dominent nettement les résultats, et celles
d'animaux terrestres restent comparativement assez rares. Parmi les Primates, on
observe une répartition entre les diverses espèces plus équitable qu'à Matécho et au
Piton Baron. Cependant les grands Primates (Atèles, Singes Hurleurs et Capucins) sont
nettement plus abondants que les petits.
En comparaison avec des comptages précédents, nos résultats présentent quelques
différences notables. Les deux autres études ont été réalisées uniquement dans la zone
d'étude principale de la station, avec seulement 1 ou 2 layons de comptage, parfois plus
ou moins en boucle (ROMBAUT, 2001). La forte prédominance des valeurs issues de
l'enquête de 2001 incite à la prudence en maticre de comparaison lorsque le protocole
n'est pas exactement le même. Soit ces valeurs sont biaisées (nombre de kilomètres
1 insuffisant, doubles comptages dus à la disposition des layons), soit elles reflètent une

- 95 -
1
réalité géographiquement très limitée, influencée par des paramètres locaux 1
(fructification, micro-habitat...).

Résultats Résultats C.
1
nomhre IKA *10
Intervalle de
Simmen etai. Rombaut,
d'ob,servatlons
4 0,27
confiance à 95%
0,32
1998 2001
3,2
1
15 1,05 0,56 1,92

ariacou
2
1
0,16
0,07
0,24
0,16
0,64
0,25 1
azama sp. 3 0,22 0,26
,;:
azama total
pécari à collier
apir
6
3
1
0,46
0,22
'0,09
0,43
0,26
0,19
0,89
1,41
0,38
1
hurleur
apucin brun
apucin blanc
16
8
1
1,17
0,58
0,06
0,63
0,41
0,12
0,97
0,54
0,43
1
tèle 22 1,56 0,83 0,86
14
7
1,04
0,51
0,60
0,39
0,54 1
10 0,72 0,52

inamou sp.
8
3
0,62
0,21
0,41
0,33
1
inamougd 1 0,06 0,14
inamou pt
inal11ou'total 9
5 0,43
0,70
0,45
0,55 '. "f 1
odos 2 0,15 0,22
ortue denticulée
bkm
6 0,39
139
0,47
92.5 78
..1
1
Tab. 24 - Nombre et taux d'observation pour 10 km de transects
dans la région des Nouragues.
Ainsi, l'observation de trois Tapirs et deux Pumas en 78 km de comptage semblent
1
vraiment une surestimation en comparaison avec l'ensemble des autres zones
prospectées. 1
Estimation des densités animales
L'IKA permet de comparer l'abondance d'une espèce entre différents sites ou à
1
différentes saisons sur un même site. Cependant, sa valeur dans un site donné est
fonction de l'abondance de l'espèce mais aussi de la probabilité d'observation des
individus situés de part et d'autre du transect, qui peut varier avec la pratique de
1
l'observateur, la nature du milieu ou le comportement des animaux. Il ne permet donc
pas de faire de comparaisons entre espèces, ni entre milieux très différents. D'autre part, 1
dans un objectif de gestion de population, ni un modèle démographique ni un quota de
prélèvement ne peuvent s'appuyer sur un IKA. Il convient donc de s'intéresser à
l'estimation des densités, données essentielles dans l'estimation de la durabilité d'une
1
exploitation (ROBINSON ET REDFORD, 1991 ; BODMER, 1997).
1
• Méthodologie
Alors que l'IKA ramène le nombre d'observations d'une espèce donnée à la longueur 1
totale des transects, la densité est le nombre d'objets (individus ou groupes) observés par

- 96-
1
1
1
1 unité de surface dans un site. Le calcul fait alors intervenir les distances entre
l'observateur et les objets, mesurées perpendiculairement au transect (BROCKELMAN &
1 ALI, 1987)
Toute la difficulté de l'estimation des densités par transect réside dans l'estimation
1 de la largeur en fonction des distances d'observation. En effet, cette largeur fait
intervenir la probabilité de détecter un objet à une distance donnée; si quasiment tous
les objets présents sur le transect sont observés et identifiés, les objets plus éloignés
1 peuvent être manqués. On ne peut donc se contenter de prendre la distance
d'observation maximale (GREEN, 1978), qui conduit naturellement à sous-estimer les
1 densités (de THOISY, 2000). Deux principales méthodes d'estimation de la largeur, et
donc de la densité, sont ici considérées.

1 Méthode de Leopold
La méthode (LEOPOLD, 1933 in BROCKELMAN & ALI, 1987) estime simplement la
1 largeur par la moyenne arithmétique des distances perpendiculaires d'observation. Cette
méthode possède le gros avantage d'être applicable avec un nombre limité
d'observations (notamment lorsque ce nombre est inférieur à 20), et peut mener à des
1 estimations proches des densités réelles, par exemple pour les Primates (SIMMEN, et al.,
1998). Nous avons donc pu l'appliquer à la majorité des espèces rencontrées.
1 Cependant, plusieurs auteurs déconseillent son emploi généralisé car les hypothèses du
modèle ne sont pas explicites (BURNHAM & al. 1980 dans BROCKELMAN et ALI, 1987).
D'autre part, d'après simulation, la méthode risque de conduire à surestimer la densité
1 (GATES 1969 in BROCKELMAN & Ali, 1987).

1 Méthode Distance Sampling


Cette méthode (BUCKLAND et al., 1993) consiste à estimer la largeur par l'intégrale
de la fonction de détection g(x).
1 Les hypothèses permettant l'application de ce modèle sont :
- les individus présents sur le transect sont toujours détectés, ce qui est plutêt le cas
1 en Guyane, sauf pour des espèces très discrètes et vivant en hauteur;
- les individus sont détectés avant tout mouvement de fuite, de sorte que les
1 distances perpendiculaires ne sont pas modifiées par la présence de l'observateur,
hypothèse généralement vérifiée ;
- les distances sont mesurées précisément, ce qui est le cas lors de l'utilisation du
1 télémètre (précision de 1 m) ;
- les observations sont des évènements indépendants, hypothèse assez bien vérifiée
1 si l'on recense les groupes d'individus et non chaque individu.
La difficulté de cette méthode réside dans l'estimation de la fonction g(x). Pour

1 cela, plusieurs étapes sont nécessaires (BUCKLAND & al., 1993) :


- Troncation des données: les observations lointaines et exceptionnelles ne
fournissant que peu d'informations et entraînant des distorsions dans l'ajustement, elles
1 sont supprimées à des distances supérieures à la moyenne des distances + 2 écarts-types.
Ce critère permet d'éliminer les observations s'écartant très fortement de l'histogramme

1 - 97-

1
1
général. Il nous a paru plus pertinent que celui des 5 % des données maximales 1
généralement utilisé (SORENSEN et FEDIGAN, 2000), qui conduit à tronquer
systématiquement les données des grands échantillons.
- Regroupement des données: pour améliorer l'ajustement de la courbe de
1
détection, on peut procéder à un regroupement de distances perpendiculaires en 20, 15,
10, voire 5 groupes. 1
- Ajustement de la courbe de détection: le principe est d'ajuster une courbe à
l'histogramme des distances perpendiculaires d'observation, à l'aide du logiciel
Distance©.
1
Cette méthode est actuellement recommandée dans la plupart des publications
(PERES, 1999; SORENSEN & FEDIGAN, 2000), menant à des estimations de densité assez
1
précises. Son seul inconvénient est que l'ajustement de la fonction de détection nécessite
un nombre minimum d'observations évalué à 40 (BURNHAM & al., 1980, in PERES,
1997).
1
Une solution pour permettre l'application plus généralisée de cette méthode est
d'estimer les largeurs effectives en groupant les distances perpendiculaires sur plusieurs
1
sites. Cette procédure a d~à été appliquée (PERES, 1997), bien que succinctement
justifiée. Pour une espèce donnée, la probabilité de détection est sans doute peu variable 1
entre sites de même milieu. Nous avons donc exploré cette possibilité pour un certain
nombre d'espèces, en testant l'effet "site" sur les distances de détection au moyen d'un
test non-paramétrique de KRUSKALL-WALLIS. Lorsque l'effet n'était pas significatif (au
1
seuil de 10 %), nous avons pu procéder à des regroupements de données pour obtenir
des histogrammes plus conséquents, permettant l'ajustement de courbes de détection et 1
donc le calcul des largeurs effectives. Une fois cette largeur obtenue, il nous est possible
d'estimer la densité sur chaque site. 1
• Résultats

Méthode de Leopold
1
La méthode de Leopold ne nécessitant pas un grand nombre d'observations, elle a
pu être appliquée à tous les sites non-chassés pour les principales espèces rencontrées
1
(pour Counami et Régina, seules les distances perpendiculaires des primates ont été
relevées). Pour pouvoir comparer ces résultats avec ceux obtenus par la méthode de
Distance Sampling, nous avons aussi tronqué les données maximales selon le critère
1
exposé précédemment (Tab. 25).
1
1
1
1
- 98-
1
1
1
1 espèce site n Distance perpendiculaire
moyenne Dpm (m)
Densité
(groupelkm2)
Matécho décembre 14 9.8 5.7
1 Agoutis Matécho mars
Piton Baron
16
18 1-
8.3
8.1
6.7
7.7
,Matécho décembre 16 24.8 2.6

1 I\tèles
Matécho mars
Piton Baron
Régina
36
50
6
14.7
21.6
11.5 .
8.5
8.0
2.7 ~

Counami 9 25.9 1.7

1 Hurleurs
Matécho décembre
Matécho mars
Piton Baron
6
7
12
31.5
5.9
13.6
0.8
4.1
3.1
Régina 12 17.5 3.5
1 Agamis
Matécho décembre
Piton Baron
.~

6
16 , ...
4.5
12.9
5.3
4.3 -
Matécho décembre 11 15.8 2.8

1 Hoccos Matécho mars


Piton Baron
Matécho décembre
14
11
13
'-
8.9
15.3
8.1
- _.
5.4
2.5
6.4
~

Tinamous
Matécho mars 10 6.9 5.0
1 Piton,Baron 17
Tab. 25 - Densités en zones non chassées pour les principales espèces
4.3 13.7

rencontrées par la méthode de Leopold


1 Méthode Distance Sampling

1 Cette méthode n'a pu être appliquée qu'à l'Atèle sur les sites de Piton Baron et de
Matécho (Tab. 26), après troncation et regroupement éventuel des données.

1 site

Matécho mars
n Modèle d'ajustement

36 Uniforme + polynomial
Largeur effective
ulm)
27.9
Densité
{arou
4.5

1 Piton Baron 50 1 Uniforme + oolvnomial 36.6


Tab. 26 - Densités d'atèles estimées par la méthode "Distance Sampling"
Il 4.7

1 Pour l'appliquer à d'autres sites et espèces, nous avons testé l'effet des différents
sites (Tab. 27) sur les distances d'observation, afin de pouvoir procéder à des
regroupements. Ce tableau montre que, dans bien des cas, l'effet n'est pas significatif,
1 même au seuil de 10 % : si les densités sont très variables d'un site à l'autre en fonction
des caractéristiques du milieu ou de la saison, la probabilité d'observer une espèce à une
1 distance donnée est peu variable, à l'exception des Atèles. C'est particulièrement vrai
pour l'Agouti.

1 espèces
PB
Sites considérés
Mm Md R C
p
(Kruskali-Wallis)
rr Effet "site" significatif
(seuil à 10 %)
~goutis x x x 0.7543

1 ~tèles
x
x
x
IJ
x
x
x
x
x
x
x
x
x 0.0059
0.0286
0.0336
x
x
x
x x x x x 0.0440 x
Hurleurs
1 ~gamis
Hoccos
x
x
x
x
x
x
x
x
x x 0.2311
0.1714
0.1020
,,_-
1--

1 Ifinamous x x x 0.1053
Tab. 27 - Test de l'effet "site" sur les distances d'observations
des principales espèces rencontrées en zones non-chassées

1 ·99 -
Ces résultats pennettent de calculer des largeurs effectives de détection pour toutes
ces espèces valables sur plusieurs sites, et donc d'estimer les densités par la méthode
Distance Sampling (Tab. 28).

Estimation de IJ
espèce site n Densité !I
Sites~és
nlol IJ (m) (groupe/km2) 1

PB Mm Md R C
Matécho décembre x x x 48 12.9 14 4.3
Agoutis Matécho mars x x x 48 12.9 16 43
Piton Baron x x x 48 129 18 4.9
Counami x x x x 39 339 9 13
Matécho décembre x x x x 39 33.9 6 0.7
Hurleurs
Piton Baron x x x x 39 33.9 12 1.2
Régina x x x x 39 33.9 12 1.8
Matécho décembre x x x 36 19.8 11 2.2
Hoccos Matécho mars x x x 36 19.8 14 24
Piton Baron x x x 36 19.8 11 1.9
Matécho décembre x x x 40 10.7 13 4.8
Tinamous Matécho mars x x x 40 10.7 10 3.2
Piton Baron Il x x x 1 40 10.7 17 5.5
Tab. 28 - Estimations des largeurs effectives de détection (IJ.)
obtenues par regroupement de sites et des densités par sites.

Comparaison des deux méthodes


Afin de pouvoir comparer les deux méthodes, la figure 38 récapitule toutes les
largeurs de comptage obtenues. On constate que la méthode Distance Sampling mène à
des estimations de densité plus faibles que la méthode Leopold (Fig. 39), laquelle tend à
les surestimer. Dans un objectif de gestion conservatrice des populations, ces résultats
poussent à adopter la première méthode pour l'estimation des densités de faune en
Guyane.

40
1
35
30 l
~
25
1
20
15 f- IloDPml
1 IJ
10

~
1
5
0 f H fK r 1

~1~1g: E
~
lm
0.. ül~Ig:lo: ~Iilg: ~1~1g:
Agoutis Atèles Hurleurs Hoccos Tinamous

Fig. 38 - Comparaison des distances perpendiculaires moyennes (Dpm)


et des largeurs effecti ves de détection (f.!)

- 100-
1
1 16 , - - _ - - - - , - " . . - - . - - - - - - - - - - ,
14 + - - - - - - - - - - - - - . . r i

1 ~
~
12 + - - - - - - - - - - - - - - - I · H

108 + - - - - : : , . . . - f } - n - - - - - - - - - - f H Leopo1d
6 ,....,.... '- • Distance Sampling
1 go
CI,)

1
~ ~~
"0 8
~~A..~A..
m8 [Il
PI no
0 l"0
~p..
ï. ~fI
lm ~ "0
fi r
e;
8 [Il "!=' . III
~~A..::;a~A..

AgJutis ~tè1e Hurleurs Hoccos rinamou:;


1 Fig. 39 - Densités obtenues par les 2 méthodes d'estimations

1 Pour cela, il est nécessaire que les protocoles de transects linéaires effectués:
- cherchent à augmenter les distances parcourues pour maximiser les observations.
1 Le minimum de 100 km généralement adopté en Guyane ne semble pas adapté. L'idéal
serait de pouvoir parcourir une distance suffisamment grande pour obtenir plus de 40

1 observations de chacune des espèces étudiées;


- respectent au mieux les hypothèses du modèle. La nécessité de mesurer avec
précision les distances perpendiculaires à l'aide d'un télémètre est particulièrement
1 importante. En effet, évaluées à l'œil nu à Counami et Régina, elles sont précises à 1 m
entre 0 et 10 m, puis très souvent arrondies à 5 m près pour les distances supérieures à
1 10 m. Il en résulte un histogramme "à trous" qui rend difficile l'ajustement de la courbe
de détection.

1 La méthode de groupement des distances perpendiculaires sur plusieurs sites


pourrait être une alternative pour palier le nombre réduit d'observations par mission. En
augmentant le nombre des sites étudiés, on peut espérer généraliser cette procédure,
1 pour dégager des largeurs effecti ves caractéristiques des espèces, en cherchant à mettre
en évidence des différences liées au milieu (forêt claire, forêt dense ... ). Des différences

1 liées aux changements de comportement des animaux, résultant de la pression de


chasse, pourront aussi être explorées. De manière préliminaire, nous avons pu montrer
qu'aucun effet site ne peut être dégagé pour l'Agouti en zone non chassée (Piton Baron,
1 Matécho) et en zone chassée (Saül), ce qui pousse à penser qu'on aura, avec la
multiplication des zones d'étude, une estimation de plus en plus précise de la largeur

1 effective de détection de cette espèce en forêt primaire guyanaise.

Taille des groupes et densité en individus


1 Les estimations de densité, comme celles des IKA ont toutes été présentées en
tennes de groupes/km 2 • Or la taille moyenne des groupes influence aussi fortement la
1 densité générale, en tennes d'individus/km 2 •
La taille des groupes est une variable difficile à estimer au cours des transects. On

1 utilise donc comme valeur moyenne celle basée sur les comptages de toutes les
rencontres de groupes pour lesquels le nombre est considéré bien estimé (best counts)

1 - 101 -

1
1
sur et hors transect (Tab. 29). La densité en tennes d'individus par km 2 est calculée à
partir de la densité en groupes multipliée par la taille moyenne des groupes, meilleur
1
estimateur que la prise en compte du nombre d'animaux vus à chaque contact. (Fig. 40).
Matécho Matécho Piton Nouragues Trinité 'Counami Regina Counami Regina Regina Regina
1
Atèles
dec
2.4
mars baron
2.9 4.1 2.8
T T C
2.7
Z1
2.7
Z.2
3.3 - - -. Z3
-
1
Hurleurs 3.0 3.2 4.6 4.8 4.5 5.6 4.0 3.3 3.8 4.6 4.5
Capucins brun 4.9 3.7 6.6 4.7 7.8 11.3 6.5 3.3 6.9 6.5 5.0
5.0 6.0 6.7
Capucins blancs
Tamarins
Pécari à collier
6.6
2.6
4.5
3.3
5.3
2.0
3.2 5.0
9.0
4.8
6.8
5.1
4.8
8.8
6.3
4.6
5.5
3.0
5.4
5.0
1
Marails 1.5 1.5 1.0 1.7 1.5 2.0 2.0 2.0
Hoccos
Agamis
2.1
9.5
2.0
8.0
2.0
8.8
1.7
5.7
2.5
8.0
2.2
5.4
Tab. 29 - Taille moyenne des groupes sur les différents sites
2.0 2.0
5.2
2.4
8.7 1
La taille moyenne des groupes peut également être un indicateur de l'état des
populations. Une variation de densité liée à la chasse ou due à un milieu plus ou moins
1
favorable peut alors servir d'indicateur biologique, comme dans le cas particulièrement
bien étudié du Chevreuil en métropole (VINCENT & al., 1995). 1
60

50 • No uragu es
1
i
,.....,
40
E:J Matecha dec
• rrartecha rrars 1
;§, 30 OPiton baron
'01)

1
.~
'" 20 o counami T
~
"'" .regina
10 • trinité

0
atele hurleur agamis hoccos
1
Fig. 40 - Densités de quelques espèces en individus / km2
1
Nous avons donc cherché une corrélation entre les variables d'abondance (IKA) ou
de densité et la valeur moyenne de la taille des groupes, pour quatre espèces de
Primates. Chez le Singe Hurleur et l'Atèle, la densité semble avoir peu de relations avec
1
la taille des groupes sociaux (R2 = 0.18 et 0.38 respectivement).
Chez le Capucin Brun et le Tamarin, on retrouve une relation plus marquée entre
1
ces deux variables. Cependant, pour le Tamarin, cette relation n'est valable que pour les
quatre zones de la région de Régina (R2 = 0.85), alors que si l'on associe les données de
Counami et Régina, on obtient R2 = 0.04. Il semble donc que d'autres facteurs que la
1
simple densité de population influent sur la taille moyenne des groupes chez la plupart
des espèces.
1
Chez l'Atèle, étant donné son organisation sociale dite "fusion-fission" les groupes
rencontrés ne sont en fait que des sous-unités d'une unité sociale plus importante, se 1
fractionnant pour la recherche et l'exploitation des aliments dispersés (ROOSMALEN,
1985). Il semble donc peu étonnant de ne pas trouver de relation entre ces sous-unités,
déjà très réduites (2-3 individus) et la densité.
1
- 102 - 1
1
1
1 Chez le Singe Hurleur, il a été montré une relation positive globale entre la taille
des groupes et la densité de population (CROCKETT & EISENBERG, 1987). Cependant,
1 une étude plus poussée montre qu'un autre facteur influence aussi fortement la taille des
groupes: le stade de croissance de population (CROCKETT, 1996). Une population en

1 phase d'accroissement intensif, ayant subi par exemple une forte régression antérieure
par la chasse, présente un plus fort taux de troupes nouvellement fonnées, de plus petite
taille que les troupes établies. La moyenne de la taille des groupes se trouve donc
1 rabaissée, même si la densité n'est pas très faible.
Analyse comparative
1 • Zones chassées-Non chassées

1 Les grandes espèces étant souvent les plus vulnérables (taux reproducteurs
généralement faibles), nous avons considéré dans l'ensemble des zones les totaux de
grandes et petites espèces pour chaque grande catégorie d'animaux (Fig. 41). Les
1 valeurs issues de ces études sont comparées, à partir d'IKA, à des valeurs tirées de la
bibliographie pour la Montagne de Kaw (JULLIOT, 1998), ou de données personnelles
antérieures sur Petit Saut.
1 Les abondances de grands Primates (Atèle, Singe Hurleur, Capucin) sont toujours
plus élevées dans tous les sites non chassés. Les petits Primates (Tamarin, Saïmiri et
1 Saki), par contre, sont très peu présents à Piton Baron et à Matécho, et plus abondants
dans certaines zones chassées, particulièrement dans la zone côtière. En tennes de
1 densité, l'analyse comparative des populations de Primates des zones de Trinité et
Counami (de THOISY et al., 2000) fait ressortir l'importance de la contribution des trois
espèces de plus grande taille à la biomasse totale, cette proportion diminuant avec
1 l'augmentation de la pression de chasse. De manière comparable, le long de l'axe
Régina-Saint-Georges la proportion des espèces chassables, c'est-à-dire de grande taille,
1 passe de 90 % dans la zone témoin à 44 % dans la zone la plus chassée (de THOISY,
2000). A Saül, la proportion de ces mêmes espèces est de l'ordre de 63 % de la
population de Primates, et au Pic Matécho elle atteint également 90 %. Les graphiques
1 des abondances de Primates montrent également que grandes et petites espèces varient
souvent de manière opposée entre zones non-chassées et chassées.
1 En ce qui concerne les Mammiîcres terrestres, l'effet de la chasse est moins
évident. Les grands terrestres (Pécaris, Daguets, Tapir) continuent d'être présents dans

1 certains sites régulièrement chassés, en abondance souvent supérieure à d'autres zones


non chassées comme Piton Baron ou Matécho. Ces deux zones se révèlent également
assez pauvres en petits terrestres (Acouchi, Agouti), souvent beaucoup plus abondants
1 dans les zones chassées (Saül, Kaw, Counami, Saint-Georges).
L'abondance des grands et petits Oiseaux varie selon les sites, mais pas toujours en
1 fonction de la pression de chasse. Les grands oiseaux (Hocco, Agami, Pénélopes) se
trouvent en abondance réduite à Saint-Georges et Petit Saut, mais constituent une
population moyenne à Macouria, voire forte sur la Montagne de Kaw.
1
1 - 103 -

1
Cl ~ tV W VI 0'.
J>.
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Cl ~ 1'...) W J>. VI 0'. -.l J:o.

OC( --l Mateeho (elee)


3!1
~ Mateeho (elee) Mateeho (e1ee)
Matéeho (num;)
Matéeho (man:;) Matéeho (man;)
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0- Piton Baron (nov)
0 Piton Baron (nov)
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@' ", Macouria (balata) ~
C/l Macouria (balata) fi Macouria (balata)
<Il
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C/l
"0 Macouria (Matiti) Macouria (Matiti) ~ Y'I l '-------' Macouria (Matiti)
(1)' 1 1 1
0
Ci> Petit Saut ZR Petit Saut Z.R,
C/l
1
1 La proportion relative des espèces chassables/non-chassables dans les zones
prospectées peut être un indicateur complémentaire de la pression de chasse subie. La
1 modification de l'équilibre et de la structure des peuplements de MammiÎeres a déjà été
évoquée dans plusieurs études portant sur l'impact de la chasse en Amazonie (PERES,
1 1997 ; PERES & DOLMAN, 20(0). En Amazonie occidentale, une étude comparative
(PERES, 1990) avait noté que la proportion de Singes de plus de 4 kg passait de 16,4 %
en zone chassée à 64 % en zone non chassée.
1 Cet indice doit cependant être pris avec prudence, puisque à Petit Saut, zone très
chassée, la proportion des plus grandes espèces de Singes représente tout de même 64 %
1 du peuplement de Primates, malgré des abondances faibles (0,92 groupes/l 0 km contre
2,2 à Saül, par exemple qui présente un rapport équivalent ).

1 Ces disparités soulignent bien que la pression de chasse ne doit pas être la seule
raison invoquée pour expliquer des abondances réduites de certaines espèces dans
certaines zones. La quasi-absence de Pécaris dans les zones pratiquement intactes de Pic
1 Matécho et Piton Baron, alors qu'ils sont présents sur le site proche de Saül, chassé
depuis de nombreuses années, est un bon exemple qui incite à rechercher ailleurs les
1 causes sous-jacentes responsables de la composition des peuplements de grands
MammiÎeres. Inversement, les Agoutis sont souvent beaucoup plus abondants dans les
zones chassées que dans les zones témoins intactes.
1 Ces premières données comparatives à une échelle territoriale soulèvent donc la
question cruciale du rôle de la structure du milieu sur les abondances des diverses
1 espèces animales. Si la présence/absence de certaines espèces particulièrement sensibles
(Atèle et Hocco) semble effectivement pouvoir être un indicateur de la pression de
1 chasse, les populations et peuplements de l'ensemble des espèces dépendent aussi
largement de paramètres du milieu.

1 • Variations entre zones non chassées

Peuplements de Primates
1 En comparant six zones soumises à peu ou pas de pression de chasse, on remarque
que les abondances relatives des Singes Atèle et Hurleur semblent varier de manière
1 inverse. En ce qui concerne les densités, au Pic Matécho et au Piton Baron, les
abondances d'Atèles sont effectivement plus fortes que celles des Hurleurs, alors que

1 dans les zones témoins de Régina et Counami, ce sont celles des Singes Hurleurs qui
sont plus importantes. La Trinité et les Nouragues se situent à l'intermédiaire, avec des
abondances équivalentes pour ces deux espèces (Fig. 42).
1 Les zones de fort relief semblent particulièrement favorables aux Atèles (Matécho,
Piton Baron), alors que les Hurleurs prédominent dans les zones plus basses (Régina,
1 Counami, et Trinitéf. Le facteur chasse peut cependant avoir influencé ce résultat. En
effet, ces trois dernières zones, même non-chassées régulièrement, sont plus accessibles
et plus proches de zones chassées que les deux premières. Les Atèles, très sensibles au
1
7 A la Trinité,les comptages ont été réalisés plus près des cours d'eau que de l'inselberg.

1 - 105-

1
1
moindre impact de la chasse et mettant de longues années à retrouver un niveau normal
de population (ROOSMALEN, 1985), il est possible que ces zones témoins reflètent tout
1
de même un certain impact, passé ou "périphérique", de la chasse (THIOLLAY, 2001).
Ayant un taux reproducteur sensiblement plus élevé, les Hurleurs sont moins sensibles à 1
la pression de chasse.

---+- atèles -a-- hurleurs


1
6 .,--------------,

5
10
8
-y-------------------.
-l--+===:Jlli.----------~
1
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4

3
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~ ~~ 0 u
Z
Fig. 42 - Abondances (lKA) et densités (grpe / km?) comparées des singes atèles et hurleurs
dans des sites soumis à pression de chasse très faible à nulle.
1
Animaux terrestres 1
Parmi les terrestres, par contre, les vanatiOns sont globalement parallèles pour
deux espèces de Rongeurs et pour trois espèces d'Ongulés (Fig.43). Si ces variations
sont en relation avec des variations de milieu écologique, il semble que les espèces
1
réagissent de manière semblable aux paramètres environnementaux.

-+- Tayassu tajacu Mazama americana


1
1 -+- Myoprocta acouchi ---- Dasyprocta agouti 1
-
0,7
0,6
Mazama gouzoubira

, 4,5
4 -\
1
3,5
0,5
0,4 1
//
3
2,5
\
\
\
1
0,3
/~ J/
2
1,5 ""-\ /"--...
:::.
./
1
0,2
0,1 f--
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".. ~
.--4 ",.
0,5 ............. ..-
o o

1
Fig. 43 - Variations des abondances d'espèces terrestres dans divers milieux non chassés
1
Rapport terrestres/Primates
Parmi les zones non-chassées, celles qui sont très favorables aux grands Primates 1
sont aussi celles qui ont de très faibles abondances en grands Mammifères terrestres, en
particulier les Pécaris. Là encore, un effet du relief important pourrait être invoqué. On
retrouve ainsi l'indice d'abondance de Pécaris le plus élevé (0.88 groupes/1 0 km) à Saül,
1
- 106- 1
1
1
1 pourtant régulièrement chass~ et relativement proche de Matécho où très peu de Pécaris
des deux espèces ont été observés. Il est d'ailleurs à noter que toutes les observations de
1 Pécari à collier de Matécho ont été réalisées dans une zone de bas-fond au pied du
relief. Dans la zone témoin de Régina, non montagneuse, on retrouve également un

1 indice assez élevé de 0.76 groupes/km.


On ne peut réellement conclure sur cet effet, tant que plusieurs zones de basse
altitude (forêts en bordures de fleuves, flats) non-chassées n'ont pas été étudiées.
1 Ce résultat préliminaire, ainsi que celui des abondances comparées des deux
principales espèces de grands Primates, nous amène à considérer comme prioritaire
1 l'échantillonnage de telles zones pour la suite du programme. Deux sites sont pour
l'instant envisagés: la région des sources de l'Armontabo à l'est, et la grande pénéplaine
1 du sud-ouest.
Influence de la compositionfloristique du milieu
1 L'importante variabilité constatée des abondances animales entre sites non soumis
à pression de chasse a conduit à mettre en place un protocole de relevé de la
composition floristique, afin d'en mesurer l'influence. Sur les sites de Matécho et Piton
1 Baron, ces relevés botaniques ont ét~ à notre demande, confiés à des organismes
compétents: pour le premier site, le cIRAD-forêt, ainsi qu'une botaniste recrutée à cette
1 occasion, pour le second, l'ONF. Les données ONF issues du programme global d'étude
sur Counami ont en outre été mises (O. BRUNEAUX, ONF Cayenne).

1 • Méthode des points quadras centrés


La méthode des points quadras centrés (MORI & al., 1983 ; MORI & BOOM, 1987)
1 a été utilisée afin de caractériser la diversit~ la fréquence, et la dominance des différents
taxons d'arbres présents dans la zone d'étude.

1 La problématique ne visait pas une description botanique fine, mais plutêt une
estimation des potentialités en ressources alimentaires pour la faune. Sachant (KESSLER,
1999) que des parcelles inventoriées au niveau de la famille et du genre montrent une
1 forte corrélation avec les mêmes parcelles inventoriées à l'espèce, il a été admis que la
détermination au niveau taxonomique du genre serait suffisante, d'autant plus que le
1 régime alimentaire des diverses espèces n'est pas connu précisément sur le site en
question.

1 • Résultats Matécho
Plus de 800 arbres ont été inventoriés: 773 d'entre eux ont été identifiés à la
1 famille, 559 (près de 70 %), au genre, 203 à l'espèce. Le reste sera ultérieurement
identifié à l'Herbier de Cayenne. 48 % des arbres ont un diamètre inférieur à 20 cm, et
17 % sont supérieurs à 40 cm de DBH.
1
1
1 - 107-

1
1
Composition floristique du peuplement par famille
1
La densité et la dominance relative des 20 familles les plus représentées sont
présentées dans le tableau 30. Le nombre total d'espèces par famille (même
1
individuellement non nommées) doit être connu pour calculer la diversité relative, puis
le Familial Importance Value (FlY). Ce paramètre comparatif sera calculé 1
ultérieurement. En tennes de densité relative, le peuplement est dominé par les
Sapotacées, les Chrysobalanacées, les Caesalpiniacées, les Lécythidacées et les
Myrtacées. En tennes de dominance relative, ce sont les Caesalpiniacées qui arrivent en
1
premier rang, devant les Sapotacées, les Lécythidacées et les Chrysobalanacées.
1
Famille
nombre
d'arbres
densité
relative (%)
aire
basale
dominance
relative
1.4,61
1
Sapotaceae 106 14,06 85041
-
Chrysobalanaceae
Caesalpiniaceae
Lecythidaceae 1-
74
64
63 - 1·-
9,81
8,49
8,36
! 41095
98185
51469
7,06
16,87
8,84
1
Myrtaceae 57 7,56 15884 2,73
- Lauraceae
Burseraceae
I~
42
33
~

-
-
I~

1-·

,-
5,57
4,38
27419
15114
4,71
2,60
~

- 1
Apocïnaceae 29 - 1-
3,85 29185 5,02

1-
Annonaceae
Rubiaceae
Mimosaceae
-
-.-
28
27
26
~

-
I~

I~
3,71
3,58
3,45
6872
6096
26803
1,18
1,05
4,61
- 1
~- -

1
Olacaceae - 20 2,65 37619 6,46 ~

Elaeocarpaceae ~
18 2,39 20541 3,53 ~

Sapindaceae 17 2,25 5065 0,87 -


Clusiaceae 14 1,86 7525 1,29
-
1
-
1-
Arecaceae 11 1,46 2702 0,46 -
Moraceae 10 1,33 10114 1,74 -
Myristicaceae 9 - ~
1,19 10382 1,78
Euohorbiaceae 9 1 19 1463 025
Tab. 30 - Densité et dominance relatives des 20 premières familles dans l'échantillon 1
Composition du peuplement par genre 1
Le tableau 31 présente, pour les 20 genres les mieux représentés dans l'échantillon
jusqu'alors détennin~ les valeurs brutes du nombre d'arbres et les indices calculés selon
une adaptation de MûRI & al. (1983).
1
1
1
1
1
- 108-
1
1
1
1 Genre famille
nbre
cfarbres
nbre frequence frequence ~Ire basal. denslt' dominance Importance
cfoccurrences absolue relative totale relative relative value
~icania ~hrysobalanaceae 61 31 77,5 7,31 33754 11,17 6,98 25,46

1 ~icolYnia
lMinquartia
~aesalpiniaceae
placaceae
20
20
-
~
17
16
14
~
- 42,5
40
4,01
3,77
3,30
52413
40337
3,66
3,66
10,84
8,34
18,51
15,78
iEschweilera ,..ecythidaceae 31 35 32391 5,68 6,70 15,68

1 'r'-ecythis
lInga
S/oanea
Lecythidaceae
~imosaceae
Elaeocarpaceae
22
20
17
- 15
-
~
18

14
~

~
45
37,5
35
4,25
3,54
3,30
10093
13540
15514
4,03
3,66
3,11
2,09
2,80
3,21
10,36
10,00 t
9,62
'Protium ~urseraceae 25 12 - 30 2,83 8903 4,58 1,84 9,25

1
~

iAspidosperma ~pocynaceae ~
14 -
11 ~
27,5 2,59 16166 2,56 3,34 8,50
r,.-tanilkara
Tachigali
~apotaceae
~aesalpiniaceae
11
10
- 11
7
~
27,5
17,5
2,59
1,65
17494
17963
2,01
1,83
3,62
3,71
8,23
7,20
- 11 -
~ubiaceae
1 puroia 14 ~
27,5 2,59 2326 1 2,56 0,48 5,64
Sextonia
Slerculia
Lauraceae
~terculiaceae
- 7
12
7
9
.- 17,5
22,5
1,65
2,12
12822
5978
1,28
2,20
2,65
1,24
S,58
S,56
"- 22,5
~ocoa ~aesalpiniaceae 13 9
-- 2,12 4142 2,38 0,86 5,36

1
~

~arapa ~eliaceae
!puguetia ~nnonaceae
12
13
9
9
-- 22,5
22,5
2,12
2,12
3673
2347
2,20
2,38
0,76
0,49
5,08
4,99
- .~

,,",ymenaea ~aesalpinlaceae 3 - 3 -- 7,5 0,71 15821 0,55 3,27 4,53


Iparkia rvlimosaceae 3 3 7,5 0,71 12661 0,55 1 2,62 3,88
1 Swartzia Caesalpiniaceae 10
-
7 17,5 1,65 1395
Tab. 31 - Genres d'arbres les plus abondants àPic Matécho
1,83 0,29 3,77
~

1 • Résultats Piton Baron


738 arbres ont été identifié; au niveau de la famille, 557 au niveau du genre. Les
1 arbres encore non identifiés seront ultérieurement déterminé; à l'hHerbier de Guyane.
Le tableau 32 présente les 20 familles les plus représentées et le tableau 33, les indices
d'abondance des genres.
1 Les familles dominantes sont les Caesalpiniacées, les Lécythidacées, les
Burseracées et les Sapotacées en terme de dominance relative (proportion de surface
1 terrière totale), ainsi que les Annonacées en terme de densité relative (proportion des
arbres). Les genres les plus repré;entés sont Tetragastris, suivis de Xylopia et Eperua.
1 Famille nbre d'arbres aire basale densité relative dominance relative!
aesalpiniaceae 89 107301 12,06 19,48

1
1

ecythidaceae 67 68289 9,08 12,40


urseraceae 90 56675 12,20 10,29
apotaceae 76 53910 10,30 9,79
Mimosaceae 37 34881 5,01 6,33

1 nonaceae
Meliaceae
Myristicàceae
87
26
22
28397
24634
19034
11,79
3,52
2,98
5,16
4,47
3,46
ombretaceae 7 18898 0,95 3,43
1 aryocaraceae
lacaceae
terculiaceae
4
8
7
17166
16439
12860
D,54
1,08
0,95
3,12
2,98
2,33
ochysiaceae 5 11850 0,68 2,15
1 Moraceae
Fabaceae
pocynaceae
29
7
10
11042
9279
7558
3,93
0,95
1,36
2,09
1,68
1,37
hrysobalanaceae 19 7536 2,57 1,37
1 auraceae
ecropiaceae
ombacaceae
19
18
15
6817
6768
6274
2,57
2,44
2 03
1,24
1,23
1 14

1 Tab. 32 - Densité et dominance relatives des 20 familles les plus représentées


dans l'échantillon de Piton Baron

1 - 109-

1
1
Genre famille
nbre nbre frequence frequence aire basale densité dominance Importance
d'arbres d'occurrences absolue relative totale relative relative value
1
1
Tetragastris Burseraceae 71 29 72,5 7,84 50091 12,75 10,67 31,26
p<ylopia Annonaceae 59 25 62,5 6,76 23745 10,59 5,06 22,41
iEperua Caesalpiniaceae 42 13 32,5 3,51 , 49715 7,54 10,59 21,65
Couratari Lecythidaceae 22 17 42,5 4,59 46555 3,95 9,92 18,46
nga Mimosaceae 29 22 55 5,95 26021 5,21 5,54 16,70
Ipycorinia
Guarea
IEschweilera
Caesalpiniaceae
Meliaceae
Lecythidaceae
14
22
19
12
18
12
30
45
30
:' 3,24
4,86
3,24
37835
22934
17446
2,51
3,95
3,41
8,06
4,89
3,72
13,82
13,70
10,37
1
Unonopsis Annonaceae 25 17 42,5 4,59 4176 4,49 0,89 9,97
Gustavia
~ocoa
Ipouteria
Lecythidaceae
Caesalpiniaceae
Sapotaceae
23
23
15
15
11
10
37,5
27,5
25
4,05
2,97
2,70
. \iéio
8597
14554
4,13
4,13
2,69
0,78
1,83
3,10
8,97
8,93
8,50
1
Virola
r,.Ainquadia
Myrislicaceae
Olacaceae
12
8 I~
10
7 ,... 25
17,5
2,70
1,89
12670
16439
2,15
1,44
2,70
3,50
7,56
6,83
Sterculia
ryanthera
Caryocar
Sterculiaceae
Myristicaceae
Caryocaraceae
7
10
4
1-

4
6
:9
15
22,5
10
1,62
2,43
1,08
12860
6364
17166
1,26 ,
1,80
0,72
2,74
1,36
3,66
5,62
5,58
5,46
1
Talisia Sapindaceae 12 10 25. 2,70 280Q. ;-' 2.15 _ MO 5,45
Ipourouma
rorvoetes
Cecropiaceae
Euohorbiaceae
12
8
8
7
20
17,5
2,16
1,89
Tab. 33 - Indices d'abondance des vingt genres les plus représentés sur Piton Baron
2704
4736' ,
2,15
1,44.
",
0,58
1,01
4,89
4,34 1
• Résultats Counami 1
Les résultats, obtenus dans la zone échantillonnée pour les espèces animales par
l'association Kwata, proviennent des données brutes d'inventaire floristique de l'ONF,
recueillies par placettes inventoriant les arbres au-dessus de 10 cm DBH. D'après MaRI
1
& al. (1983 ; 1987) ce protocole donne des résultats tout à fait comparables à celui des
points quadras centrés en termes de densité et dominance relative. 595 arbres sont 1
actuellement déterminés au niveau du genre et de la famille (Tab. 34 et 35).

" . ·-,Y.
1
famille
nombré' dênsifé surface d~minance
arbres relative terrière relative
Caesalpiniaceae
ecythidaceae
99
-159
16,63
26,72
162316
106410 ,-
24,56
16,10
1
tvochysiaceae 17 2,85 55666 8,42
iSapotaceae
Chrysobalanaceae
Fabaceae
.: 46
49
24
, 7,73
8,23
4,03 --
53532
38181
35745
8,10
5,78
5,41
.~

1
!clusiaceae 18 3,02 26264 3,97
lCelastraceae
Mimosaceae
auraceae "
11
17
12
1,84
2,85
2,01
' 25548
21933
16576 "
" '
3,87
3,32
2,51
1
Apocynaceae 14 2,35 12701 1,92
'-
Sterculi.aceae
Malpighiaceae
Euphorbiaceae
7
5
15
1,17
0,84
2,52
10267
9970
9796
l'·" 1,55
1,51
1,48
1
Myristicaceae 5 0,84 9509 1,44
lBurseraceae
Moraceae
tviolaceae
5
7

2
'- 1,17
0,84
0,33
9089,
7536
7139
1,38
1,14
1,08
0
~f.

1
Rubiaceae 4 0,67 6700 1,01
INvctagynaceae 4 0,67
Tab34 - Densité et dominance relatives des familles d'arbres
6189 0,94
1
sur la zone témoin de Counami

Les Caesalpiniacées et les Lécythidacées dominent, SUIVIes des Sapotacées,


1
Chrysobalanacées et Vochysiacées. Cet ordre d'importance dans la composItIon est
semblable pour l'ensemble de la zone, sur laquelle 18.000 arbres ont été déterminés. Il 1
- 110-
1
1
1
1 en va de même pour les genres, où Eperua, Eschweilera et Lecythis sont partout les
mieux représentés.
1 nombre densité surface dominance
genre
d'arbres relative terrlèr. relative
1 Eperua
Eschweilera
53
98
9,00
16,64
87273
69755
13,16
10,52
ecythis 54 9,17 30647 4,62
1 Ruizterania
Goupia
8
11
1,36
1,87
26379
25548
3,98
3,85
dcania 39 6,62 25543 - 3,85 "

1
;

Pouteria 18 3,06 23692 3,57


Vouacapoua 14 2,38 22911 3,46
Symphonia 9 1,53 22738 3,43

1 Dicorynia
Ocotea
Micropholis
l ' 10
11
15
1,70
1,87
2,55
17467
16516
16001
2,63
2,49
2,41

1 Erisma
Qua/ea
Swartzia
-
- 6
6
3 0,51
1,02
1,02
14847
14439
12446
2,24
2,18
1,88

1 Pferocarpus
Pseudopiptadenié.
Sc/erobium
10
6
6
1,70
1,02
1,02
- 12107
11464
10364
1,83
1,73
1,56
Sterculia 7 1,19 10267 1,55
1 IParinari 5 0,85 9911
Tab. 35 - Densité et dominance relatives des vingt genres
150

les plus abondants sur la zone témoin de Counami


1
• Analyse comparative
1 De très nettes différences apparaissent entre ces zones, particulièrement en ce qui
concerne la fréquence des arbres (Fig. 44 & 45).
1 Au Pic Matécho, la structure diamétrique est très voisine de celles rencontrée sur
le Mont La Fumée, près de Saül (MORI & BOOM, 1987) d'une part, à Palofini
1 (CHAREYRE, 2000) au centre de la Guyane d'autre part, estimée respectivement à 17,2,
16,7 et 18,5 % d'arbres supérieurs à40 cm DBH, et 2,3,3,1 et 5,5 % d'arbres de diamètre

1 supérieur à 80 cm. Selon ce dernier auteur, à l'échelle des forêts néotropicales, il s'agit là
de peuplements présentant d'assez fortes proportions d'arbres à fort diamètre. Sur le
Piton Baron, ces catégories tombent à 13,8 % et 1,8 % des arbres échantillonnés.
1 Lécythidacées et Chrysobalanacées, dominantes à Counami, ne sont que
moyennement consommées par les grands Primates comme les Hurleurs (JULLIOT &
1 SABATIER, 1993) ou les Atèles (ROOSMALEN, 1985). Par contre, les Sapotaceae sont
assez consommées par les Atèles (8,6% de l'alimentation), de même que les
Burséracées (5,6), les Annonacées (3,6) et les Caesalpiniacées (3,9). Parmi ces familles,
1 trois sont bien plus abondantes à Piton Baron et à Matécho qu'à Counami. Il en va de
même pour les Mimosacées et les Moracées importantes dans l'alimentation de l'Atèle,
1 et qui sont moins représentées à Counami que dans les deux autres sites.

1 - 111 -

1
1
30
1 o Piton baron • Malécho OCounarni 1 1
j
~
25
20
,
1
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01
15
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;:2;
1
U

Fig. 44 - Comparaison des densités relatives des familles (% des arbres)


dans trois sites échantillonnés 1
30 ,--~---------
o Piton baron Matécho
---~------------.
0 Counami 1
<1>
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25 + - - - , : ; - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - !

20
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0
È
0

Fig. 45 - Comparaison des dominances relatives des familles (% de surface terrière)


dans trois sites échantillonnés
1
Cette mise en parallèle des abondances des principales espèces animales frugivores
avec celles de leurs ressources alimentaires est à poursuivre en intégrant de nombreux 1
autres sites non perturbés échantillonnés en parallèle. Dans une première approche,
l'abondance de certaines familles d'arbres peut en partie être à l'origine de la forte
densité d'Atèles rencontrée à Matécho et au Piton Baron.
1
Discussion
Trois types de forêt sont dénommées à l'échelle amazonienne, qualifiées
1
respectivement d'oligotrophiques (terre ferme), de mésotrophiques (vârzea) et
d'alluviales (PERES & DOLMAN, 2000). Les abondances, densités ou biomasses animales 1
sont généralement moins importantes dans les forêts de terre ferme que dans les forêts
inondables (JANSON & EMMONS, 1990 ; PERES, 1997 ; PERES & DOLMAN, 2000). Cela se
vérifie particulièrement pour les populations de Primates en général, et de Singes
1
- 112- 1
1
1
1 Hurleurs en particulier. La richesse des sols des forêts bénéficiant régulièrement
d'apports riches en nutriments par les alluvions des fleuves, serait à l'origine d'une plus
1 grande productivité végétale induisant une capacité de charge en frugivores/folivores
beaucoup plus importante.

1 On sait les sols de Guyane en majorité de terre ferme, appartenant au domaine


ferralitique et chimiquement pauvres. En superposant les informations disponibles sur le
substrat géologique, les caractéristiques du relief, les variations climatiques et les
1 dominantes phytogéographiques, Paget (1999) reconnaît une segmentation de la Guyane
en 15grandes régions et 21 sous-régions naturelles.
1 Nous émettons l'hypothèse que ces variétés de conditions environnementales
doivent fournir des conditions variables de capacité de charge écologique pour les

1 différentes espoces ou groupes d'espoces dépendant de la forêt. La disponibilité en


fruits, ressource qui leur est indispensable, serait ainsi le principal facteur limitant les
populations de grands Primates (SIMMEN & al., 2001). L'Atèle est un des plus
1 concernés, car le plus frugivore, alors que le Hurleur l'est moins. Les densités de Singes
Hurleurs en Guyane française (12 ± 5,9 en moyenne sur les 7 sites non chassés de cette

1 étude) semblent intermédiaires entre les densités moyennes en forêt de terre ferme en
Amazonie (fl =4.3 ind/km2 ± 3,7 ; n = 13 zones) et celles trouvées en varzea ( fl =40,3 ;
± 29 ; n = 5) (PERES, 1997).
1 Pour les Atèles, la différence est moins forte, mais on retrouve le même pattern
entre terre ferme (D = 4,2 ± 2,9) et wirzea (D = 10). Les densités de Guyane (D = 12,5 ±
1 Il,4) semblent plutôt équivalentes à celles trouvées dans les forêts inondables, alors que
les plus fortes densités guyanaises ont pour l'instant été trouvées dans les sites les plus
hauts (Piton Baron : D = 32,6 ind/km2). Des densités allant de 26 à 45 ind/km2 ont été
1 estimées pour Ateles geoffroyi au Guatemala et de 24 ind/km2 au Pérou (Ateles paniscus
chamek) (ROOSMALEN, 1985). Au Surinam, la densité dans la zone du Voltzberg a été
1 estimée à 8,2 ind/km2, ce qui correspond aux valeurs trouvées sur Régina-T ou aux
Nouragues.

1 En ce qui concerne la composition du peuplement en espèces arboricoles et


terrestres, nous avons vu que les milieux "montagneux" semblent être plus favorables
aux arboricoles qu'aux terrestres. Cependant, aucune information n'est encore disponible
1 sur les milieux de plaine... En Amazonie, la biomasse des animaux terrestres en général,
et des Pécaris en particulier (frugivores/granivores) est plus forte dans les forêts
1 alluviales que dans les forêts de terre ferme.
II • 3. 3. IMPACT ET DURABILITE DE LA CHASSE SUR QUELQUES SITES: DIAGNOSTIC
1 PRELIMINAIRE

Modèles de prélèvement durable


1 L'application de modèles de prélèvement durable implique au mInImUm une
estimation des taux de prélèvement des espoces par unité de surface, si possible mis en

1 parallèle avec leurs densités et leurs taux de reproduction.

1 - 113 -

1
1
La superficie de la zone chassée ainsi que les taux annuels de prélèvements ont été
extrapolés à partir des taux moyens mensuels issus des enquêtes (Fig. 46). Malgré une
1
zone de chasse très étendue, le taux de prélèvement au km 2 reste le plus élevé pour la
plupart des espèces à Saint-Georges. Seul l'agouti présente un taux de prélèvement 1
supéIieur à Macouria.
1
0,6 ,--------...,....,.....=------------~

0,5 +,- - \ l - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - j

0,4 +----1 1 - - - - - . . . . . . . . - - - - - - - - - - - - - - - 1
,...----------,
CllIiacou
Il Biche
1
o Tapir
0,3
0,2
+----i
+----i o Pécari I. blanche
• Pécari collier
1
0,1 +----1
0,0 +-__---l..-
St Georges Régina Macouria Counami
pac
• agouti 1
(3500km2) (625 km2) (750 km2) (550 km2)

Fig. 46 - Taux de prélèvement (individus au km2) de quelques espèces cibles 1


De nombreux auteurs se contentent ensuite de comparer ce taux de prélèvement au
taux potentiel maximum durable calculé par le modèle de ROBINSON & REDFORD (1991)
-lequel se base sur des données toutes maximales du taux reproducteur et de la
1
densité, dans toute la zone d'habitat - pour estimer un taux d'accroissement et donc de
prélèvement théOlique maximum. Il s'agit d'un premier diagnostic très préliminaire, car 1
les conditions optimales sont très rarement réalisées au cours des d'études. Il permet
cependant d'alerter l'attention si le prélèvement réel est supérieur à cette valeur, car il
peut alors s'agir d'un cas de surexploitation important de la ressource.
1
Les taux maximaux donnés par ce modèle sont comparés (Tab. 36) aux taux réels
provenant des zones d'études. Cette première approche nous indique que seul le taux de
1
prélèvement de Tapirs semble dépasser le seuil maximal calculé à Saint-Georges et à
Régina. Pour les autres taux de prélèvement, rien ne peut être conclu tant qu'on ne 1
connaît pas la densité de population dans ces zones. Une autre approche consiste à
comparer ce taux avec le taux maximum théoIique durable, basé sur des densités
maximales estimées en zones non chassées, si possible proches et un pourcentage de
1
prélèvement maximum de la population, défini par espèce (RoBrNsoN, 2000).

-
1
Prélèvement constaté Taux maximum

Biche
Cariacou
St Georges
0.006
0,013
Régina
0.000
0,005
Macouria
0010
0,008
Counami
0,019
0,011
(Robinson et Redford 1991)
0,67
1.23
1
Tapir 0.042 0.034 0,004 0,019 0,03
Pécari i, b
Pécari à collier
Agouti
0.515
0139
0.051
0,396
0,029
0012
0136
0,016
0122
0038
0,101
0,008
0,83
2.41
8.98
1
Tab. 36 - Comparaisons des taux de prélèvement avec le taux maximum
estimé par le modèle de Robinson et Redford (1991) 1
Malheureusement, les zones non chassées prospectées dans cette étude se sont
révélées très pauvres en Ongulés et aucune estimation de densité ne peut en être tirée.
Des densités estimées dans d'autres études, en Guyane si possible, ou, en dernier ressort,
1
- 114 - 1
1
1
1 dans d'autres zones, peuvent alors être utilisées pour ce calcul (Tab. 37). Selon ce
calcul, tous les taux de prélèvement sont inférieurs au maximum durable estimé, à
1 l'exception du taux de prélèvement de Pécaris à lèvre blanche sur Saint-Georges, Régina
et Macouria.

1 II Densité
% prélèvement Prélèvement max
maximum (Indlkm2)
Prélèvements constatés
St Georges Réglna Macourla Counaml

1 Biche + cariacou
Ifapir
Pécari 1. b
L
3,4
1,6
4,9
,--
,~-
20
4
26
0,68
0,064
0,13
-
-
--
0,019
0,042
0,515
0,005
0,034
0,396
0,018
0,004
0,136
0,030
0,019
0,038
pécari à collier 5 50 2,5
-- 0,139 0,029 0,016 0,101
1
1

~Ç1outi 95 80 76 0,051 0,012 0122 0,008


Tab. 37 - Calcul du prélèvement maximum durable de quelques espèces, basé sur des densités issues
de la bibliographie, et comparaison avec les taux réels sur les sites d'études
1 Pour les Oiseaux, des densités ont été calculées dans les zones non chassées. On
peut alors utiliser cette valeur pour calculer le taux maximum de prélèvement selon le
1 modèle de ROBINSON & REDFORD (1991), ce qui a été réalisé pour le Hocco (Tab. 38).
Les taux de prélèvements sont tous inférieurs au taux calculé maximum durable.
Aucune conclusion ne peut cependant être tirée, sans connaître la densité réelle des
1 populations prélevées.

1 Densité Pmu
Indlkm2
Prélèvement max
(20% de Pmu)
St Georges Réglna Macourla Counaml
Hocco 7.1 1.96 0.3919 0066 0,062 0,014 0041
1 Tab. 38 - Prélèvements maximum durables et prélèvements effectifs
de hoccos sur les zones d'étude

1 Intégration des différents indices


Chasse sur Saint-Georges
1 Le volume des prélèvements par chasse est fort, surtout en raison du commerce
régulier et important destiné aux habitants d'une commune isolée. Il couvre

1 d'importantes superficies, en particulier grâce à l'importante voie de pénétration vers


l'intérieur que représente l'Oyapock.
Seul le taux de prélèvement de Tapirs semble cependant dépasser la limite du
1 prélèvement raisonnable. En ce qui concerne les Pécaris à lèvre blanche, l'estimation est
beaucoup plus difficile en raison de la biologie de l'espèce. L'examen de la pyramide
1 des âges ne reflète pas par exemple une population subissant une très forte ponction,
contrairement à ce que semblerait indiquer le calcul du taux de prélèvement, qui est
;1 peut-être sous-évalué. Les estimations d'abondance sur la zone témoin ("Regina-Til),
située à quelque distance de Saint-Georges et de la route, montrent des taux assez
importants de grands Primates, grands MammiÎeres terrestres et grands Oiseaux, toutes
1 espèces particulièrement visées par la chasse. Cette région est peut-être potentiellement
plus riche et supporterait donc des densités animales assez élevées, rendant possible,
conjointement avec l'étendue du domaine de chasse, un prélèvement conséquent. Les
1 abondances relativement importantes enregistrées sur la Montagne de Kaw (Fig.41)
dans une zone chassée (JULLIOT, 1998) tendraient à en faire une caractéristique des
1 - 115 -

1
1
forêts de l'Est guyanais. Le prélèvement des Tapirs par les chasseurs de Saint-Georges 1
reste cependant préoccupant et la collecte des mandibules actuellement en cours, en
considérant la structure en âge de cette population, nous permettra peut-être d'affiner le
diagnostic.
1
Chasse sur Sail
L'enquête ayant été conduite de manià"e irrégulià"e, 1 es taux de prélèvement n'ont
1
pas pu être calculés. La suite du programme permettra d'utiliser cet outil de diagnostic.
Les abondances animales locales semblent réduites mais non effondrées. Le taux
1
de prélèvement de jeunes individus, relativement important, accrédite l'hypothèse d'une
population chassée, avec un fort taux de renouvellement. Cependant, des espèces 1
sensibles comme l'Atèle sont toujours présentes à proximité du village. L'espèce la plus
menacée sur cette zone semble être le Hocco. En ce qui concerne le Tapir, peu sont
comptabilisés dans l'enquête récente, mais les entretiens avec les habitants font toujours
1
apparaître de jeunes animaux prélevés, généralement tués en limite maximum de la zone
de chasse (10 km environ du village). Ce type d'observation va dans le sens d'une 1
hypothèse de fonctionnement en système de "source-puits", les immenses territoires
quasi vierges aux alentours entretenant par apports progressifs la zone centrale autour
du village. L'hypothèse sera difficile à tester, mais ce type de fonctionnement est
1
invoqué pour expliquer la persistance de la chasse au Tapir dans de nombreux sites de
ce type en Amazonie (NOVARO & al., 1998 ; NOVARO & al., 2000). 1
Zones Câières
La zone de Macouria, très régulià"ement chassée, abrite de très faibles abondances 1
des espèces gibiers. Les prélèvements de grands MammiÎeres terrestres, en priorité
recherchés par les chasseurs, sont faibles, ce qui peut s'expliquer par de faibles densités,
mais aussi parce que la population de chasseurs enquêtée, les Palikur, favoriseraient
1
culturellement d'autres espèces, comme les Primates. En effet, par rapport aux autres
sites sauf Mana, les taux de prélèvement des grands Primates sont assez élevés, ce qui 1
est incompatible avec une zone très fortement chassée. Même s'il reste pour l'instant
inférieur au taux maximum préconis~ le prélèvement de Capucins bruns (0.084 vs. 0.18
individus au km2), s'exerce certainement sur des populations en densités très affaiblies
1
et a de fortes chances de ne pas être durable. Les capacités de charge de ce type de forêt
câià"e restent cependant largement inconnues. 1
Les zones de Counami et de Régina semblent pour l'instant entrer dans la catégorie
des zones chassées assez intensivement, sans que l'on puisse pour l'instant pr~uger de la 1
durabilité de cette chasse. Le taux de prélèvement des Pécaris à lèvre blanche et Tapirs
reste élevé par rapport au taux maximum.
1
1
1
- 116-
1
1
1
II - 4. IMPACTS COMPARES DE DIFFERENTES PRESSIONS DE CHASSE: LE
1 CAS DES OISEAUX (J.-M. 'THIOLLAY)
La diminution des gros Oiseaux gibiers dans les zones chassées, en Guyane
1 comme d'autres forêts tropicales, rend nécessaire d'évaluer la durabilité des pratiques
de chasse et leurs répercussions à long terme. L'étendue du massif forestier guyanais et
sa faible population humaine très localisée permettent de définir des zones soumises à
1 des pressions de chasse d'intensités très différentes, et donc d'y comparer l'abondance
des espèces gibiers. Plus de vingt années de prospection ornithologique en forêt
1 guyanaise autorisent aujourd'hui une synthèse d'ensemble.
Les conséquences de la chasse sur les populations d'animaux gibiers sont générales
1 dans tous les pays tropicaux et ont donné lieu à de nombreuses études, principalement
sur les Mammif'eres (ROBINSON & BENNET, 2000). La chasse s'ajoute souvent à d'autres
facteurs négatifs liés à la déforestation et à la fragmentation des massifs forestiers par
1 l'exploitation du bois, les défrichements agricoles ou la construction de routes.
Cependant la chasse seule suffit à faire diminuer, voire à faire disparaître localement
1 certaines espèces dans des zones forestières par ailleurs peu perturbées, au point d'avoir
donné lieu au concept de l' empty forest, parfois même dans le cas des zones exploitées
par des peuples autochtones (TERBORGH, 2000 ; REDFORD & SANDERSON, 2000).
1 Dans le contexte global d'appauvrissement de la biodiversité et d'exploitation
durable des ressources, la chasse prend un intérêt particulier. La Guyane reste
1 néanmoins un cas très particulier en raison de son statut de département français et de
ses vastes zones inhabitées.

1 II - 4. 1. PROBLEMES GENERAUX
A titre d'avertissement, il faut souligner certains points susceptibles de relativiser
1 les résultats de cette étude et les conclusions que l'on pourra en tirer. Ils sont cités sans
aucun ordre de priorité ou d'importance, qu'il serait d'ailleurs impossible d'évaluer
précisément.
1 • La forêt primaire guyanaise est très diversifiée, non pas tant à cause d'un gradient
nord-sud de pluviométrie décroissante, qu'en raison d'une juxtaposition de types
1 forestiers différents, dus à la diversité des sols et du relief. Les différents habitats
abritent des avifaunes sensiblement différentes et ne se retrouvent pas en proportions
1 identiques dans chaque localité. On peut donc s'attendre à ce que les oiseaux gibiers,
pourtant très répandus et peu spécifiques quant au choix de leur habitat, n'aient pas les
mêmes densités dans tous les secteurs de Guyane. L'influence additionnelle de
1 l'exploitation forestière ne touche que deux stations (Saint-Elie et Montagne de Kaw).
• Les variations saisonnières et interannuelles des ressources alimentaires en forêt
1 sont souvent marquées. En particulier, les productions de fruits, nourriture importante
de la majorité des Oiseaux gibiers, fluctuent d'une saison à l'autre. Un même mois peut
1 aussi présenter des conditions différentes selon les années. Concentrer les relevés sur
une saison particulière n'assure pas une comparabilité stricte. Or, pour des raisons

1 - 117 -

1
1
logistiques, les différents relevés ont dû s'étaler sur une longue période au cours de 1
laquelle l'abondance des Oiseaux gibiers a pu fluctuer pour des raisons indépendantes
de toute pression humaine. Cependant le regroupement dans une même catégorie de
pression de chasse de plusieurs localités échantillonnées à des mois et des années d'écart
1
peut avoir gommé ces variations naturelles.
• Dans un pays comme la Guyane, quasiment dépourvu de contrae en matière de
1
chasse, il était difficile jusqu'à la présente étude, de mesurer rigoureusement la pression
de chasse, irrégulière dans le temps, dans l'espace et dans les moyens. Il n'y a souvent
pas de distinction nette entre chasse de subsistance, commerciale et de loisir. C'est
1
plutêt la chasse aux Mammiîeres qui est le but premier de tout chasseur, les Oiseaux
étant tirés lors des rencontres sans guère de recherche spécifique sauf pour les Toucans 1
et le Hocco. Parmi tous les Oiseaux étudiés, seuls les Aras et la Pénélope siffleuse sont
théoriquement protégés, ce qui n'empêche pas qu'ils soient régulièrement tirés. Enfin
les types, moyens et pressions de chasse ne semblent pas avoir fortement variés au cours
1
de la période d'étude, d'autant plus que dans les stations les plus chassées, les relevés
ont été faits avant une intensification récente de la chasse (Saint-Elie, Kaw, Saü). 1
• Il n'est pas possible de mesurer l'impact réel d'une pression de chasse sur des
populations gibiers dont la taille et les caractères démographiques ne sont pas connus. 1
Les Oiseaux gibiers forestiers ont des densités naturelles relativement faibles mais en
pratique très mal connues, de même que leurs structures de population, leurs taux de
survie et leurs déplacements saisonniers. Les structures sociales sont également très
1
variables d'une espèce à l'autre. Aucune généralisation n'est donc possible. Même les
périodes, les modalités et les taux de reproduction sont très peu documentés, en Guyane 1
comme ailleurs.
Faute d'une étude précise, à long terme, dans une localité donnée, il n'est possible 1
aujourd'hui que de constater l'état global des populations d'Oiseaux et de le mettre en
rapport avec la présence ou l'absence de chasse sur un nombre de cas suffisamment
grand pour qu'il en devienne significatif.
1
II - 4. 2. SITES n'ETUDE 1
Dans le cadre des inventaires effectués sur l'ensemble de la Guyane, vingt et un
sites ont été retenus, ayant tous fait l'objet de relevés en sous-bois suffisamment longs,
selon la même méthode, par le même observateur et hors des périodes des plus fortes
1
pluies (aoft-décembre et mars-mai). Le choix des sites dépend essentiellement de leur
accessibilité par voie terrestre, fluviale ou aérienne. Il représente donc un
échantillonnage opportuniste de la richesse de l'avifaune en général, et des Oiseaux
1
gibiers en particulier. Aucune différence potentielle d'abondance des différentes espèces
gibiers n'a été décelée à l'échelle régionale (THIOLLAY, 2002). Les différences
1
éventuelles entre sites ne provenaient donc que des conditions locales (sol, relief,
climat, végétation et pression de chasse). Seuls quatre sites (Arataï, Pararé, Trinité,
Nouragues) sont situés dans des réserves relativement récentes, que l'absence de gestion
1
et de contrae effectif ne différencient guère des autres localités de l'intérieur, tout aussi
protégées par leur inaccessibilité.
1
- 118 -
1
1
1
1 Le temps passé dans chaque localité était toujours au moins égal à deux semaines,
incluant d'autres inventaires ornithologiques que les seuls Oiseaux gibiers. La surface
1 de forêt ainsi couverte par des transects rayonnant dans toutes les directions autour d'un
campement permanent était de d'environ 2.000 ha par site. Pour les stations dans
lesquelles ont été faits plusieurs et longs s~ours (Saint-Elie, Nouragues, Kaw et Sail),
1 une seule série de relevés a été prise en compte, de façon à rester comparables avec les
autres stations.
1 Les localités situées à l'intérieur du massif forestier continu couvrant toute la
Guyane sont en continuité, bien que plus ou moins éloignées ; elles jouxtent des zones
1 non chassées susceptibles, par dispersion de leurs populations, de recoloniser les
secteurs chassés. Seules les localités les plus cêtières (Saint-Elie, Tonate, Petit Saut,
Kaw) n'étaient reliées àde telles zones que d'un seul cêté.
1 Chaque site étudié incluait la forêt, ainsi que les ouvertures telles que routes,
rivières ou inselbergs. Les principaux types de forêt y étaient toujours tous représentés
1 (bas-fonds marécageux, haute futaie régulière, forêt lianescente basse et dense). En
raison de cette mosaïque d'habitats, les sites n'ont pas été caractérisés par des
1 paramètres de structure, relief ou position géographique, mais considérés a priori
comme similaires du point de vue de leur population potentielle d'Oiseaux gibiers. La
seule variable prise en compte est donc un indice de la pression de chasse, basé sur la
1 fréquentation connue et l'éloignement des localités habitées.
II - 4. 3. PRESSION DE CHASSE
1 Les sites d'étude ont été classés a posteriori en trois catégories, en fonction de la
seule pression de chasse dont ils faisaient apparemment l'objet d'après les indices et
1 informations recueillis. Ces critères sont basés sur la distance la plus proche accessible
en voiture ou pirogue et la distance le séparant du plus proche point habité. Les

1 distances parcourues à pied en forêt par les chasseurs à partir d'un point d'accès
excèdent rarement cinq kilomètres.
Zones chassées (H)
1 Pression de chasse variable, mais assez régulière, souvent depuis des décennies au
moins (Saint-Elie, Tonate, Sail), parfois depuis moins longtemps (Kourouaïe). Toutes
1 sont d'accès relativement facile et proche d'une agglomération (10-40 km). Ces zones
sont en outre perturbées par d'autres activités humaines (route, exploitation forestière,
1 orpaillage).
Zones intermédiaires (1)
1 Actuellement non chassées ou très occasionnellement, elles sont néanmoins situées
à ± 20 km (à vol d'oiseau) d'un secteur régulièrement chassé et certaines ont de plus été
chassées de façon significative il y a moins de 50 ans. Toutes sont couvertes de forêt
1 primaire où n'existe actuellement aucune perturbation. Cette tentative de définition de
zones ayant été chassées et/ou relativement proches d'autres actuellement chassées est
1 liée à la question de savoir si les populations chassées se reconstituent lentement ou
non, si d'éventuels déplacement saisonniers les amènent temporairement à subir la

1 - 119-

1
1
chasse, ou enfin si une chasse très occasionnelle peut produire des effets sur le niveau 1
des populations. En fait, il n'est pas possible ici de distinguer entre ces trois cas de
figure, qui souvent se superposent, mais seulement de rechercher si des zones affectées
aujourd'hui par la chasse de façon marginale sont susceptibles de montrer des signes
1
d'appauvrissement. Les limites choisies sont arbitraires et basées sur la répartition
grographique de l'ensemble des stations étudiées. 1
Zones non chassées (N)
Ce sont de vastes étendues de forêt primaire non perturbée, totalement vides de 1
populations humaines depuis plus d'un siècle au moins, très rarement sinon jamais
atteintes ou traversées par des chasseurs et situées à plus de 30 km à vol d'oiseau de tout
village. Cette situation représente l'état de référence (influence humaine nulle ou
1
négligeable) qui servira de base aux comparaisons.
II - 4. 4. METHODES
1
Les Oiseaux ont été soigneusement recherchés: le long de transects non coupés, au
hasard, en ligne aussi droite que possible, parcourus à pied, par un observateur seul,
1
lentement avec de fr quents mais brefs arr ts (en moyenne 1 kmlheure). Ces parcours
étaient effectués de l'aube au coucher du soleil, à l'intérieur d'une bande de 50 m de 1
largeur, en chronométrant le temps total pass~ d'où étaient exclus les arrêts de plus de
10 minutes, les périodes de pluies ou celles dévolues à des recherches ou observations
particulières.
1
Chaque itinéraire, en général tracé au topofil, était parcouru à l'aller le matin et au
retour l'après-midi. Les espèces bruyantes de canopée entendues au-delà de 50 m
1
étaient exclues, de même que les Oiseaux ne faisant que survolant la bande de
comptage. 1
Pour ne pas accaparer l'attention de l'observateur, les distances parcourues,
l'éloignement des oiseaux observés ou encore les circonstances d'observation n'ont pas
été notés. La durée totale de recherche, sur un grand nombre d'heures et de journées
1
différentes, est proportionnelle à la distance parcourue. Elle intègre les variations de
vitesse de progression, relief, végétation, heures du jour et conditions métrorologiques 1
qui influent au moins autant sur le nombre d'oiseaux détectés que la seule longueur du
transect. 1
Les résultats ont été exprimés en nombre moyen de contacts différents par espèce,
quelle que soit la taille du groupe, par 10 heures, chaque passage sur un même tronçon
étant considéré comme indépendant. Une moyenne horaire aurait été peu significative
1
en raison de la variabilité des milieux et conditions rencontrés. La comparaison de
moyennes journalières successives aurait aussi introduit une grande variabilité due aux 1
itinéraires différents et aux tailles inégales d'échantillons. La période de 10 h représente
une journée moyenne de recensement hors pluies et arrêts, soit 2 fois un parcours
donné. Toutefois, le temps effectif passé sur chaque tronçon journalier n'étant pas
1
exactement de 10 h, il était nécessaire d'additionner tous les trajets de chaque localité
pour obtenir une moyenne globale sur la durée effective totale des relevés. Bien que la 1
- 120-
1
1
1
1 distance séparant chaque observation de la ligne de progression ait souvent été
consignée sur les layons de longueur connue, la densité n'a pas été calculée ici en raison
1 de la difficulté d'apprécier exactement l'éloignement des espèces de haute canopée
(Psittacidés, Toucans).

1 Enfin, à chaque contact, le nombre d'individus a été noté, quitte à devoir faire un
arrêt prolongé pour ne pas manquer d'Oiseaux, et une taille moyenne des groupes
calculée pour chaque espèce et chaque localité.
1 II - 4. 5. ANALYSES STATISTIQUES

1 Chaque site d'étude représente un échantillon indépendant et probablement


différent des autres par la structure de sa population d'Oiseaux, et par le nombre
d'heures de relevés. La catégorie des zones chassées regroupe six stations, 997 heures
1 effectives de comptage en sous-bois et 440 contacts-espèces. Ces valeurs se répartissent
en huit sites de 921 h et 751 contacts en zones intermédiaires et sept sites de 1107 h et
1 1630 contacts en zones non chassées.
Les moyennes par espèces du nombre de contacts par période de 10 heures et du
1 nombre d'individus par contact ont donc été calculées séparément pour chaque site;
ensuite la moyenne des sites a été calculée pour chacune des trois catégories, malgré des
tailles d'échantillons inégales. Les données n'étant pas toutes distribuées normalement,
1 les différences entre les trois zones ont été testées par une analyse de variance non
paramétrique de Kruskal-Wallis, suivie par un test a posteriori de Scheffé entre chaque
1 paire de groupes (Tab. 39).

moyenne:l: IC KW l') test de Scheffé (2)


1
1

Fréquence
zc ZI ZNC p ZC-ZI ZC-ZNC ZI- ZNC ,
Tinamus O,21±0,07 0,46±O,11 0,56±0,14 0,001 0,003 0,001
Crypturellus O,91±O,25 1,27±O,34 1,54±0,61 0,049

1 Pene/ope
Crax
Odontophorus
0,24±0,11
O,19±O,15
0,24±0,28
0,92±0,43
O,62±0,49
0,38±0,15
1,01±0,36
1,27±O,48
0,89±O,57
0,003
0,002
0,001
0,007 0,004
0,001
0,022
0,028
1

Psophia O,18±O,11 0,63±O,37 1,95±O,65 <0,001 <0,001 <0,001

1
1

Ara 0,34±0,56 1,08±0,77 2,02±1,27 0,008 0,003


Amazona O,53±0,23 O,79±0,39 1,62±O,8Q 0,006 0,007 0,026
Ramphastos 146+070 205+1 54 3 50±2 06 0017
Il Taille du grOuP8 zc ZI ZNC p ZC-ZI ZC-ZNC ZI- ZNC

1 Tinamus
Crypturellus
Pene/ope
1,OO±0,00
1,02±O,04
1,48±O,28
1,00±0,00
1,05±0,04
1,73±0,15
1,00±O,OO
1,22±O,012
2,03±0,41 0,015
0,003 0,006
0,014
1-

Crax 1,66±O,66 1,88±O,24 2,29±O,26 0,034 0,045

1 Odontophorus
Psophia
Ara
3,13±0,41
3,57±1,10
1,96±O,18
2,87±0,39
6,05±2,47
2,43±0,29
3,98±0,92
7,90±1,17
3,23±1,02
0,053
0,002
0,001
0,007
0,013
0,012

Amazona 2,86±O,72 3,59±0,60 5,31±1,52 0,004 0,002 0,016

1 Ramphastos 2,13±0,41 210±0,26 276±O,88


'lA: : zone chassée; ZI : zone intennédiaire ; ZNC : zone non chassée; IC : intervalle de confiance.
(1) Kruskal-Wallis ANÜVA, df = 2.
(2) test a posteriori, avec 5% de précision.
1 Tab. 39 - Diffâ'ences entre les fréquences moyennes (nombre de contacts/l0 h) et la taille moyenne
des groupes (nombre d'individus/contact) dans les zones chassées ZC,
intermédiaires ZI et non chassées ZNC.
1
1 - 121 -
[
r
II - 4. 6. ESPECES CONSIDEREES
La Guyane française se différencie fortement des autres pays d'Amérique tropicale [
par son niveau de vie relativement élevé. En termes de pression de chasse, cela se
traduit par l'emploi généralisé de fusils modernes, un coù: des cartouches plutâ: bas et,
sur la câ:e, un développement d'une chasse surtout de loisir où l'impact sur les Oiseaux
n'est pas négligeable. Contrairement à ce qui se passe dans les pays voisins, tous les
r
Oiseaux d'une taille égale ou supérieure à celle d'un pigeon sont fréquemment tirés,
même s'ils ne sont pas toujours recherchés.
L
N'ont été considérées ici que les espèces du sous-bois de la forêt primaire, [
rencontrées régulièrement le long des transects et non celles des bords de rivières
(Hérons, Canards, Anhinga, Hoazin, etc...) rarement contactées, sinon jamais, dans les
relevés en sous-bois. [
• Grand Tinamou
Sa plus grande taille amène à le différencier des autres tinamous, de même que son [
comportement très solitaire.

• Tinamou varié D
Seule cette espèce a été prise en compte dans les relevés; les autres petits
tinamous, plus rares sont soit de faible taille (Crypturellus soui), soit propres aux
lisières denses ou forêts arbustives particulières (c. cinereus, C. undulatus,
D
C. erythropus) et donc moins chassés.

• Pénélope marail
C
On y a adjoint les observations de Pénélope siffleuse, bien que cette dernière
espèce soit essentiellement confinée à la proximité des rivières de la moitié méridionale D
de la Guyane. En revanche, l' Ortalide motmot n'a pas été pris en compte en raison de sa
taille plus faible et du peu d'intérêt que lui portent les chasseurs. r
• Grand Hocco et Agami trompette
Ce sont à la fois les plus gros, les plus recherchés et les plus sensibles à la chasse
de tous les oiseaux gibiers.
r
• Tocro de Guyane
[
Bien que de taille médiocre, peu facile à tirer et d'abondance naturellement
variable selon les localités, cette caille a néanmoins été incluse dans les espèces
étudiées.
r
• Aras rouges
Bien qu l'Ara chloroptère soit plus fréquent que l'Ara rouge, les deux espèces se
r
ressemblent et se câ:oient ; elles ont été regroupées sous une même appellation.

• autres Aras
r
En revanche, l'Ara vert et l'Ara bleu sont bien différents et beaucoup plus localisés
en forêt. Ils ont donc été mis à part.
r
- 122-
r
r
1
1 • Amazones
L'Amazone aourou est la plus fréquente, SUIVIe de l'Amazone poudrée, avec
1 laquelle elle se mélange volontiers. Les autres Amazones (A.ochrocephala,
A. dufresniana) sont beaucoup plus rares. Toutes ont été regroupées, d'autant qu'il n'est
pas aisé de reconnaître le nombre exact d'individus de chaque espèce dans certains
1 groupes rencontrés.

1 • Toucans
Le Toucan à bec rouge est un peu plus fréquent et plus répandu que le Toucan
ariel. Les deux espèces se câ:oient souvent et ont donc été regroupés. Les autres espèces
1 de la famille (Araçaris, Pteroglossus spp. et Toucanets, Selenidera culik, beaucoup plus
petits) ne sont pas recherchés par les chasseurs et n'ont donc pas été dénombrés.
1 Chaque espèce ou groupe d'espèces a une détectabilité et une distance de fuite
particulière qui influent sur sa sensibilité à la chasse, ce qui introduit un biais dans

1 l'estimation de son abondance. C'est pourquoi les comparaisons d'abondance ont été
faites espèce par espèce entre les localités et jamais entre espèces différentes. Seuls les
Tinamous, par leur comportement terrestre, silencieux et discret, sont susceptibles de
1 passer inaperçus dans une proportion significative à l'intérieur des 50 m lors du passage
de l'observateur.

1 II - 4. 7. REsULTATS
1 Fréquence des contacts
D'après le nombre moyen de contacts par 10 h, toutes les espèces gibiers montrent
1 une augmentation globale significative des zones chassées (H) aux zones non chassées
(N) ; on note aussi une augmentation brute de la fréquence entre les zones chassées et
les zones intermédiaires (1) d'une part et entre ces dernières (1) et les zones non chassées
1 (N) d'autre part. Pourtant, cette dernière augmentation n'est significative que dans
quelques cas (tabs. 40, 41 et 42).
1
,1 saint-Elie
(313h)
Tonate
(85h)
Petit saut
(76h)
Kaw
(123h)
Kourouai
(96h)
Saül
'(304h)
R !nd. R !nd. R !nd. R !nd. R !nd. R !nd.
Tinamus major 0.13 1.00 0.23 1.00 0.26 1.00 0.16 1.00 0.31 1.00 0.19 1.00
1 Crypturellus variegatus
Pene/ope & Aburria
Crax a/ector
0.26 1.00
0.26 1.62
0.06 1.50
0.70 1.00
0.35 1.66
0.35 1.00
1
0.66 1.00
0.39 1.33
0.13 1.00
0.81 1.00
0.08 1.00
0.08 2.00
2.08 1.00
0.21 11.50
0.42 1.7~
0.98 1.10
0.16 1.80
0.13 2.75
Odontophorus gujanensis 0.16 3.20 0.26 3.50 0.16 2.50 0.10 3.00 0.7~_ 3.46
1 Psophia crepitans
Ara ch/oroptera - A. macao
Ara arauna - A. Severa
0.12 4.75
0.03 2.00
0.12 2.00

1
0.39 3.67
0.39 1.67
0.16 2.50
0.08 2.00
0.10 4.00
0.10 2.00
0.19 4.501
1.45 2.16
0.03 3.00.

1 Amazona spp.
Ramphastos spp.
0.29
0.45
2.77
1.69
0.23
1.41
2.00
1.83
0.66
1.31
3.40
2.80
0.57
1.46
2.00
1.89
Tab. 40 - Fréquence des espèces rencontrées (R = nombre moyen de rencontres sur lOh)
0.62
1.46
3.50
2.36
0.82 3.48
2.66 ' 2.23
1

et taille des groupes (ind. = nombre moyen d'individus par rencontre)


1 dans les zones chassées, listées du Nord au Sud

1 - 123 -
1
Arataye
(106h)
Pararé
(176h)
Trinité
(94h)
Inini
(175h)
Matecho
(128h)
Dachine
(89h)
Tampok
(52h)
Lita"i
(101h)
1
R Ind. R Ind, R !mk .~ R 10d.. R Ind. R lod. R Ind. R Ind.
Tinamus major
Crypturel/us
variegatus
Pene/ope &
0.57 1.00
1.79 1.05
0.51 1.00
1.65
0.43
1.07· 0.85
1.00 0.34 1.00 0.39 1.00
1.00 1.03 1.06 1.02 1.08
0.67 1.00
1.46 1.00
0.38 1.00
1.35 1.00
0.40 1.00
0.99 1.10 1
0.94 1.80 0.74 1.92 0.32 1.67 1.26 1.96 0.63 1.50 0.67 1.83 1.73 1.54 1.09 1.73
Abuffia
Crax a/ector
Odontophorus
gujanensis
0.19
0.19
1.50
2.50
0.51
0.34
1.89
3.00
0.32
0.43
1.67
3.25
1.49 2.15
0.57 2.70
1.25
0.63
2.18
2.33
0.11
0.22
2.00
3.50
0.58
0.38
1.67 0.50
3.00 0.30
2~00

2.67
1
Psophia crepitans 0.28 4.00 0.80 6.28 0.64 4.83 1.31 6.22 0.39 11.80 0.56 4.60 0.19 6.00 0.89 4.67
Ara ch/oroptera -
A. macao
Afa aroona - A.
0.47 2.00 0.63 2.80 1.06 2.70 0.91 2.31

0.29 2.80
0.86 2.40 0.34 2.67 1.73

0.19
2.10

5.00
2.67

1.58
2.48

4.50
1
Severa
1.13 3.67 1.14 4.34 0.53 3.60 0.46 3.50 0.16 0.67 4.17 0.96 3.00
2.50 1.29 3.92
1
Amazona spp.
Ramohastos SOl). 1.23 2.43 1..70 2.12 1.60 2.06 0.97 2.19 1.02 1..92 1.57 2.29 2.69 2.22 5.64 2.28
Tab. 41 - Fréquence des espèces rencontrées et taille des groupes dans les zones intermédiaires

~
o,
Nouragues

R
(307h)
CroisSant

Ind. ... R
(156h)
Ind.·
'0 Émerillons'

R
(87h)
Ind.
âèlvedère

R
(208h)
Ind. R
Mar:oulni'
(110h)
Ind,
Koulé-Koulé . Touâtou~Vo

R
(136h)
Ind. R
(103h)
Ind.
1
Tinamus major 0.62 1.00 0.77 1.00 0.69 1.00 0.38 1.00 0.45 1.00 0.59 1.00 0.45 1.00
.Cryptùrel/us i
variegatus
Pene/ope &
2.05

1.01
1.17

2.10
2..69,.

1.54
1~a8

2.25
':'1,38

1.49
.";
1.33

2.71
1.01

0.87
1.00

1.38
1.18

0.64
1.08

1.86
1.10

0.74
1~20'

2.00
1.36

0.76
1.11

1.80
..
1
Aburria
Crax a/ector
Odontophorus
gujanensis
Psophia
0.88
0.39
2.36
4.70
1.60
1.54
. 2.71
4.89
2.07
1.72
2.33
4.83
1.59
1.15
2.13
2.71
0.73.
0.45
2.25
3.40
'0..96
0.51
2.38
3.00
1.06
0.45
1.86
4.33 1
1.96 7.33 2.56 7.45 2.18 6.90 2:69 9.46 0.91 6.30 1.25 7.13 2.12 5.73
crepi/ans
Ara
ch/oroptera -
A. macao
2.21 3.05 0.90 2.93 4.48 3.31 1.54 2.80 1.00 2.73 1.25 5.45 2.72 2.35 1
Araarauna -
A. Severa
Amazona spp.
Ramphastos
3.19
3.09
5.26
2.53
1.92
8.01
5.43
2.96
1.84
2.53
6.57
2.64
0.10
1.35
3.08
2.50
3.29
2.04
0.55
0.82
2.09
2.50
4.33
2.52
0.37
1.18
2.13
4.80
7.85
4.61
1.06
3.59
4.43
2.04
1
SPO.

Tab. 42 - Fréquence des espèces rencontrées et taille des groupes


dans les zones éloignées non chassées 1
Trois groupes d'espèces se distinguent nettement:
• Les Tinamous, Pénélopes et Tocro qui multiplient leur fréquence moyenne de 2 à
1
4 entre H et N, mais avec une variabilité telle entre localités, que les différences ne sont
jamais significatives entre 1 et N et qu'elles ne le sont que pour les Tinamous et les
Penelope entre H et 1.
1
• Les frugivores sociaux de canopée, Psittacidés et Toucans, dont l'augmentation
de H à N est relativement modérée (de 5,9 à 2,4 fois respectivement) et non significative
1
entre H et 1 et rarement (Amazones) entre 1 et N, en raison de la variabilité
interstationnelle. 1
• Les gros Oiseaux terrestres, Hocco et Agami, notoirement les plus sensibles à la
chasse car visibles, démonstratifs et peu farouches. Leur abondance augmente 1
considérablement de H à N (6,7 à 10,8 respectivement). De plus, cette augmentation
n'est pas significative entre H et l, mais l'est entre 1 et N. Ceci pourrait signifier que ces
deux espèces restent sensibles à une pression de chasse passée ou proche (1) et que
1
seules les zones très éloignées (N) des secteurs chassés abritent des densités optimales.
1
- 124-
1
1
1
1 Taille des groupes

1 De nouveau, toutes les espèces montrent une augmentation du nombre moyen


d'individus, sauf le Grand Tinamou toujours solitaire. Cette augmentation est
généralement significative, sauf pour les Toucans (tabs. 40, 41 et 42). Elle n'est jamais
1 significative entre H et 1 et seulement dans 3 cas sur 8 entre 1 et N.
Cette augmentation est relativement faible pour les eSpOCes les moins sensibles à la
1 chasse (8,7 et 19,6 % chez Odontophorus et Crypturellus), modérées chez les eSpOCes
plus sensibles mais qui se tiennent en couples ou familles (29,6 à 38,0% chez
1 Ramphastos, Penelope et Crax) et nettement plus forte chez celles qui forment des
groupes sociaux plus étendus (65 à 101 % chez Ara, Amazona et Psophia). Ceci suggère
que le rel~hement de la pression de chasse améliorerait la fréquence des reproductions
1 réussies (de l'ordre de 30 %) chez les grandes eSpOCes peu sociables. La taille des
groupes observés, 2 à 3 fois plus élevée chez les eSpOCes sociables dans les zones non
chassées, pourrait provenir d'une élévation du taux de reproduction et/ou de
1 l'abondance.

1 II - 4. 8. DISCUSSION
Bien qu'attendue, l'augmentation d'abondance, souvent forte, entre les zones
chassées et non chassées est tout à fait remarquable, tant par son importance que par sa
1 relative constance. Elle traduit l'impact réel de la chasse, telle qu'elle se pratique
aujourd'hui, sur beaucoup de populations d'Oiseaux gibiers en Guyane.
1 Plus inattendue est l'augmentation fréquente de la taille moyenne des groupes dans
les zones non chassées. Dans le cas des eSpOCes sociables, elle peut ne suivre que
1 l'augmentation générale de l'abondance, mais pour les eSpOCes qui vivent surtout par
couples, elle peut traduire un accroissement de la proportion ou du succès des couples
reproducteurs. Une telle conséquence de la pression de chasse n'a jusqu'ici jamais été
1 trouvée chez les Oiseaux.
Variabilité entre espèces et stations
1 Dans les zones chassées, la variabilité interstationnnelle des fréquences
d'observation peut provenir d'une variation de la pression de chasse, mais dans les
1 zones non chassées, elle n'est due qu'à une variabilité des densités naturelles, induites
par des milieux différents. Dans les deux cas, des variations de détectabilité des Oiseaux
peuvent exister en raison de leur caractère plus ou moins craintif vis-à-vis de l'homme,
1 des variations de comportements saisonnières dues à la nidification ou la structure de la
végétation.
1 Une chose est slÎ"e: le comportement des espèces, plus que leur taille ou leur
plumage, rend leur détection et leur facilité de tir très différentes d'une eSpOCe à l'autre
1 et rend par conséquent leur sensibilité à la chasse très spécifique. Les Oiseaux sont ainsi
d'autant plus vulnérables qu'ils sont plus terrestres et bruyants (même s'il ne s'agit que
de petits cris d'alarme, comme chez le Hocco et l'Agami) et que leur distance de fuite
1 est plus élevée. Des différences importantes de comportement ont aussi été observées
entre zones chassées et non chassées, particulièrement chez les Agamis, qui peuvent
1 - 125 -

1
1
devenir beaucoup plus discrets et farouches là où ils sont trè; chassés. Toutefois, le biais 1
potentiellement induit (déficit d'observation en zone chassée) ne peut être important si
l'attention de l'observateur solitaire est toujours en alarme.
Les Aras, Amazones et Toucans se tiennent presque exclusivement dans le haut
1
des arbres, ce qui les rend difficiles à voir et à tirer. Ils sont en général silencieux quand
ils se nourrissent, mais trè; bruyants autrement, ce qui permet alors de les localiser
1
aisément. Les Pénélopes dans les arbres et les Tinamous au sol sont €tonnamment
silencieux, peu mobiles et cryptiques, ce qui les rend difficiles à d€tecter. En revanche, 1
ils sont peu farouches et peuvent se laisser tirer facilement. Il en est de même des
Tocros qui cependant se déplacent davantage avec des petit cris dè; qu'ils se sentent
repérés avant de s'envoler bruyamment. Le Hocco et l'Agami, bien que trè; discrets
1
quand ils se nourrissent, poussent systématiquement des cris d'alarme dè; qu'ils voient
l'observateur qui les repère ainsi immanquablement. En outre, ils se montrent souvent
confiants, ont une distance de fuite relativement faible et se perchent souvent lorsqu'ils
1
s'enfuient. Toutes ces caractéristiques en font les oiseaux gibiers les plus vulnérables à
la chasse, d'autant plus que ce sont aussi les plus gros et donc les plus recherchés. 1
Dynamique des populations
Toutes les espèces considérées se reproduisent en saison des pluies, surtout entre
1
janvier et mai, certaines dè; octobre-novembre (TOSTAIN & al., 1992). La plupart
pondent 2 à 3 oeufs, parfois 1 seul (Crypturellus) ou 3 à 8 (Tinamus), mais il est rare de 1
voir les couples suivis de plus d'un jeune volant. La productivité est donc sans doute
trè; faible (moins d' 1 jeune/couple/an en moyenne pour la plupart des espèces), bien
que les observations en Guyane ou les données bibliographiques ne permettent pas
1
d'être plus précis. En outre, le jeune accompagne les adultes souvent pendant plusieurs
mois aprè; son envol, notamment chez les Aras et le Hocco. Cette longue dépendance 1
accroît la sensibilité de l'espèce à la chasse quand les adultes risquent d'être tués trop
tà:.
D~wcemen~sahonniers
1
Une autre cause majeure de sensibilité à la chasse est l'existence de mouvements
saisonniers conduisant des Oiseaux issus de zones non perturbées vers des régions
1
chassées. Ces déplacements sont peu documentés, même hors de Guyane, et ne sont
souvent l'objet que d'observations anecdotiques. Ils semblent en outre trè; variables 1
selon les espèces, les années et les régions.
Aucun indice de mouvements importants n'existe chez les Tinamous, Pénélopes et 1
Tocros. En dehors de la période de nidification, les Agamis tendent à se réunir en
groupes plus importants (20-40 individus en moyenne, avec une observation d'un
groupe d'une centaine d'individus) et plutà: dans les bas-fonds humides. Ces
1
regroupements impliquent des déplacements locaux, sans doute à petite échelle.
Le Hocco présente le cas le plus €tonnant. Des zones de rassemblement saisonnier,
1
au moins certaines années (Monts Atachi Bacca, par exemple), sont connus des
chasseurs qui en tuent alors par dizaines. On a pu suivre (Nouragues) des petits groupes
(4-6 individus) se déplaçant rapidement, sans se nourrir, sur de relativement longues
1
- 126-
1
1
distances (1-2 km). Les densités naturelles très faibles du Hocco, de l'ordre d'un couple
reproducteur par 100 ha (THIOLLAY, 1994) impliquent donc des déplacements à pied, de
grande ampleur, en sous-bois, et sur des grandes distances pour produire de tels
rassemblements...
Les Amazones et les Aras sont sujets à des fluctuations d'effectifs, voire à des
disparitions momentanées, dans toutes les localités suivies régulià-ement à plusieurs
saisons (Nouragues, Saint-Elie, Kaw, Sail). Ces variations ne sont pas régulià-es
d'année en année pour une même saison. Elles suggà-ent néanmoins des déplacements
en rapport avec les fructifications dont l'importance varie selon les années.
Enfin les Toucans sont les plus connus des oiseaux forestiers guyanais pour
effectuer des migrations saisonnià-es importantes, mais certaines années seulement,
suggérant là aussi un rapport avec les cycles de fructification qui dépendent d'une
pluviométrie variable selon les années. C'est autour de juillet que certaines années, des
milliers de toucans viennent se faire tuer dans les zones câià-es de Guyane. On ne
connaît pas leur origine, mais elle ne peut être que lointaine au regard des densités
naturelles dans le massif forestier de l'intérieur. Les prélèvements considérables qui ont
lieu lors de ces déplacements pourraient expliquer les densités très faibles de certains
secteurs de l'intérieur pourtant non chassés.
A contrario, ces mouvements saisonniers, s'ils sont un facteur de destruction
potentiellement important, offrent aussi des opportunités de recolonisation rapide des
secteurs chassés.
II - 4. 9. CONCLUSION
La plupart des zones chassées étudiées ici sont largement connectées avec, ou
entourées par de vastes massifs de forêts peu ou pas chassés. Bien que les déplacements
des Oiseaux gibiers soient insuffisamment connus, il est très probable que leur maintien
dans certaines zones très chassées s'explique par la dispersion régulià-e d'individus
excédentaires en provenance des zones non chassées. Les secteurs chassés abriteraient
donc des populations puits dont les densités et les taux de reproduction seraient plus
faibles à cause de la chasse mais qui se maintiendraient néanmoins par des apports
extérieurs.
Tous nos résultats laissent penser que les populations très chassées ne sont pas
viables à long terme, au moins chez les Hoccos, Agamis et Aras, qui disparaissent de
manià-e spectaculaire des régions cêtià-es les plus chassées.
Qu'adviendra-t-il le jour où les zones chassées s'étendront davantage, ou que la
grande forêt sera fragmentée, éloignant toujours davantage les populations sources?

II - 5. ApPORTS DE LA GENETIQUE (F. CATZEFLIS, B. JANSEN VAN VUUREN &


J. CHOPELET)
Cette étude entend évaluer la diversité génétique au sein des populations d'espèces
gibiers les plus couramment chassées sur l'ensemble du territoire guyanais. Les
expériences de biologie moléculaire ont été financées par la Mission pour la Création du

- 127 -
1
Parc. Les recherches en laboratoire se poursuivent à l'Institut des Sciences de 1
l'Evolution (Montpellier) et le présent texte se veut intermédiaire.

II - 5. 1. OBTENTION DU MATERIEL BIOLOGIQUE 1


La récolte des échantillons de tissus provenant de diverses espèces de MammiÎeres
couramment chassées en Guyane a bénéficié de la collection de biopsies et nécropsies 1
réalisée en 1994-1995 à Petit Saut par l'équipe «Faune Sauvage» (SISSAKIAN & VIE,
1997), dont les furent travaux financés par EDF-CNEH.
Dèi 1999, dans le cadre du présent programme, une récolte de biopsies à partir de
1
tableaux de chasse se mit en place en Guyane. Grâce aux efforts menés sur le terrain par
différents collègues ou partenaires du programme (C. RICHARD-HANSEN, F.OUHOUD-
1
RENOUX, P. GAUCHER, B. de THOISY, E. HANSEN, J-F. Mauffrey, P. GRENAND, la
brigade ONCFS), un total de prèi de 1.500 échantillons de MammiÎeres a pu être réuni
(Tab.43).
1
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N
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III

Agovti pace
A/ouetta seniculus
20
105
7
3
3
2 5
17 1 3 5
2 1
Ateles pafliscus 2 3 2
Cebus apella
Coendou me/anurus 52
1 2 11 1 3 1 2
1
Coendou prehensilfs 95
Dasyprocta agolJti
Dasypus kappleri
Desypus novemcfnctus
61
44
119
1
1
4 5 7 7 1 4 1 1
1
Hydrochaeris hydrochoerus
Mazam8 amer/cana
Mazama gOU8~oubira
1
3
7
3
1
1
1
1
1
2
5
3
3 5 6
2
1
Myoprod8 8COUchy
Pecari /ajacu
Pi/hecla pithecia
220
9
6
1 2 8
5
6 9 2 1 1
Proechimys sp
Saguinus midas
SaJmiri scJureus
228
84
2
2
18 19
2 1
Tamandua /e/rsdactyla
Tapirus terrestris
Tayassu pecari
44

11 1
1
1
1
23 1
3
24
9
21
2 1
1
4
1
23
3
3 2 2
1
Total/localité 1098 31 18 1 60 2 5 78 1 67

Données extraites des catalogues de la Collection de Tissus de Marnmiîeres de Montpellier.


1 24 2 12 7 47 9 1 3 2 1
Tab. 43 - Effectifs des échantillons biologiques réunis pour 22 espèces de Mammiîeres,
regroupés selon 23 localités en Guyane française. 1
- 128 -
1
1
1
1 Ce tableau n'est pas exhaustif, car il se limite à vingt deux espèces de MammiÎeres
pour lesquels des efforts particuliers ont été entrepris en rapport avec nos propres
1 travaux de recherche (HUCHON & al., 1999; STEINER & al., 2000). A ces animaux,
s'ajoutent d'autres espèces gibiers dont nous avons reçu du matériel biologique:
1 MammiÎeres (genres Cabassous, Choloepus, Cyclopes, Eira, Felis, Galictis,
Leopardus, Lontra, Nasua, Procyon, Sotalia, Trichechus) ;
1 Oiseaux (genres Anas, Ara, Cairina, Columba, Crax, Dendrocygna, Egretta,
Eudocimus, Nyctanassa, Pilherodius, Pionus, Psophia, Ramphastos)

1 Reptiles (genres Caiman et Iguana).


Parmi celles-ci, plusieurs espèces sont protégées (Arrêté Ministériel du 15 Mai
1 1986) ; après accord de l'ONCFS, il a été décidé d'accepter, de la part des chasseurs, des
échantillons provenant d'espèces protégées, en précisant toutefois que cette récolte ne
cautionnait pas les infractions commises.
1 L'ensemble des échantillons obtenus a été intégré dans la Collection de Tissus de
MammiÎeres de Montpellier (CATZEFLIS, 1991). L'exemple ci-dessous illustre les
1 informations disponibles pour quatre échantillons de Paca :

1 numéro
dans
collection
provenance collecteur date notes du collecteur

1 T-1942
T-2155
route Régina/Saint-Georges,
rivière Kourouai, RN2
PK 22,3 J.-F. Mauffrey
B. de Thoisy
01/10/1997
reçu mars 2000
n04, femelle
mâle
T-2425 Saint-Georges, rivière Crécou via F. Renoux 19/10/2000 femelle, fiche 113

1 T-2427 Saint-Georaes, Ovaoock via F. Renoux 08/07/2000 fiche 30

1 II - 5. 2. CHOIX DES ESPECES PILOTES


Pour des raisons d' efficacit~ nous avons identifi~ parmi les espèces gibiers, huit
1 espèces pilotes sur la base de deux critères :
- disponibilité en biopsies en date de juin 2000, et probabilité d'un échantillonnage
accru durant la période juin 2000-juin 2001 ;
1 - importance de ces espèces en tant que ressources renouvelables pour les
différentes communautés de Guyane.
1 Les huit espèces retenues sont (Tab. 44) :
- les deux Pécaris: le Pécari à collier, abrégé en TTA et le Pécari à lèvre blanche
1 (TPE) ;
- les deux Daguets forestiers : le petit Daguet gris (MGO) et le grand Daguet rouge
(MAM) ;
1 - le Tapir (TTE) ;
- trois rongeurs caviomorphes : le Paca (APA), l'Agouti (OAG) et l'Acouchy (MAC).

'1
1 - 129-

1
1
TPE TTA TTE MGO MAM APA DAG MAC 1
Amapa : pK9, rte de Macapa 2
Aval Maroni
Awala, Mana, Cormoran
1
2
. t~,'

1 1 2 5
1
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1 ,',
Camopi, 3-4 km en aval, le 1009 de "Oyàpock 1 1 ,
1
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[

Counami 2 1
Crique Organabo st,:;.: , 1
Dachine : crique Palofini
En amont Maripasoula. Litany
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2
1
" 1
En amont saut Lavaud, Haut Litany
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1

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Kourou 4 1 5 1 1
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1
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Laussat 2 1 1 1
Maroni, aval
Matécho
..
',' '" . 1
1
Nouragues
Crique Paracou
'
,-
.
0'

1 .
1
"
1
1
Petit Saut 9 7 3 20 61 220
.. "~ .... ,
.
• 0

Régina ,4·:, :3 3, 1 \

RN1, pK 74 1

Saül
t.i '
RN2 : route RéQina ~St'Georges, pK 22,3

~ ~,I
-,
11
29
1
8
1

3 3
3
5
7

1
1

7 4
1
\
Saut Parasol, HautSinnam ary .. 1 ?

1
,

Saut Portal 1 1
.
.~
\
~
Sinnamary, aval fleuve .c 3
St Georges Oyapock
Tonate-Macouria ,of
24

23 8
7 9
1 2
3
1
17
'. 6
5 1
Trois Sauts
•. 23 2 1 2 6 6 4

VillaeArieli
Suriname: Pramaribo, env. de. ca de 50 km
"",",' 2
2 2 1
1
Total individus disponibles 133 45 22 16 28 61 95 227 1
Nbre de différentes localités 17 11 10 6 9 12 13 5
1
Nbre de localités avec au moins 3 ind 7 5 3 2 5 5 6 2
Nbre de localités avec au moins 15 ind 4 0 0 0 0 2 1 1 1
Tab. 44 - Espèces pilotes: nombre d'échantillons biologiques récoltés jusqu'à fin AolÎ 2001.
TPE =Tayassu pecari; TTA = Tayassu tajacu; TTE = Tapirus terrestris;
TPE TTA TTE MGO MAM APA DAG MAC
1
MGO = Mazama gouazoubira ; MAM = Mazama americana ;
APA =Agouti paca ; DAG =Dasyprocta ieporina ; MAC =Myoprocta acouchi 1
1
- 130-
1
1
1
1 Malgré un échantillonnage très insuffisant, probablement dû au fait qu'il est peu
chassé, l'Acouchy a été maintenu comme espèce pilote (Tab. 44), car l'important
1 effectif (220 individus) de Petit Saut nous permettra, dans une seconde étape, des
analyses utilisant les loci microsatellites.
1 II - 5. 3. ETUDE DE LA VARIABILITE GENETIQUE AU TRAVERS DE MARQUEURS
MITOCHONDRIAUX
1 Deux marqueurs mitochondriaux, connus pour leur taux d'évolution rapide
(STEINER & al., 2000), ont été utilisés :
1 - le gène codant pour la protéine cytochrome b, dont la longueur est de
1.140 nuclootides ;
1 - la région non codante dite région de contrae, ou D-Ioop, dont la longueur est
d'environ 1.300 nuclootides (de 1.200 à 1.400, selon les espèces de Mammiîeres).

1 Les travaux en laboratoire ont consisté à :


- extraire et purifier les ADN à partir des échantillons de tissu préservés en éthanol ;
1 - amplifier et séquencer un fragment (de 400 à 800 paires de bases) ou l'ensemble
des deux marqueurs mitochondriaux ;

1 - aligner les séquences obtenues et effectuer diverses analyses destinées à


quantifier et qualifier la variabilité génétique des animaux étudiés.

1 Cytochrome b Région de ContrOle


Nséq Nloc Nséq Nloc

! TPE
nA
Tayassu pecari
Tayassu tajacu
23
9
7
5
27
20
11
8
APA Agouti paca 19 9 21 9
1 DAG
MAC
Dasyprocta leporina
Myoprocta acouchi
33
4
11
2
30
4
11
2
[rTE Tapirus terrestris 12 8 12 8
1 MGO
MAM
Mazama gouazoubira
Mazama americana
12
15
6
8
12
16
6
8

1 Tota/Individus séquencéS 127 142

Tab. 45 - Nombre d'individus séquencés (N séq) pour tout ou partie des gènes
1 mitochondriaux cytochrome b et Région de Contrâe.
N loc =nbre de localités différentes (cf Tableau 2) concernées.

i Le tableau 45 indique les séquences obtenues pour les huit espèces pilotes.
127 individus ont été examinés pour un fragment ou l'ensemble du gène cytochrome b,
~ avec un effort plus particulier pour l'Agouti (33 animaux séquencés), le Pécari à lèvre
blanche (23), et le Paca (19). La région de contrae a été séquencée chez 142 individus,
1 avec un effort particulier pour les mêmes espèces (respectivement 30,27,21).

1 - 131 -

1
1
La variabilité génétique peut être exprimée par différents estimateurs du 1
polymorphisme: diversité nuclootidique, nombre d'haplotypes différents, divergence
intra-spécifique moyenne. Nous pr6lentons ici un estimateur de la divergence génétique
couramment employé, la Distance de Kimura à deux paramètres. Cette valeur estime le
1
pourcentage de substitutions nuclootidiques, en tenant compte des fréquences
différentes des transitions et transversions. 1
Le tableau 46 indique les valeurs (moyenne, écart-type, étendue, nombre de
comparaisons) de la divergence génétique entre individus, calculées pour chaque gène et 1
chacune des huit espèces retenues.

Marqueur Moyenne écart-type étendue N comp N ind 1


Agouti paca cytochrome b 0,2 0,3 0,0 - 1,0 190 20

Dasyprocta leporina
Région de contrôle

cytochrome b
2,2

1,1
0,8

0,6
0,0 -3,5

0,0 - 2,5
210

528
21

33
1
Région de contrôle 1,7 1,2 0,0 - 4,2 435 30

Mazama americana cytochrome b 0,4 0,3 0,0 -1,0 136 17


1
Région de contrôle 2,7 1,0 0,0 - 4,8 174 19

Mazama gouazoubira cytochrome b


Région de contrôle
0,7
3,5
0,4
1,3
0,0-1,7
0,7 - 5,8
66
66
12
12
1
Myoprocta acouchi cytochrome b
Région de contrôle
0,2
1,1
0,1
1,0
0,1 - 0,3
0,1 - 2,3
6
6
4
4
1
Pecari tajacu cytochrome b
Région de contrôle
0,3
0,7
0,3
0,5
0,0 - 1,2
0,0-2,1
231
190
23
20 1
Tapirus terrestris cytochrome b
Région de contrôle
0,2
1,3
0,3
0,4
0,0 - 0,7
0,5-2,1
66
45
12
10 1
Tayassu pecari cytochrome b 0,4 0,3 0,0-1,7 666 37
Région de contrOle 0,2 0,3 0,0 - 0,9 120 16
Tab . 46 - Divergence génétique intra-spécifique chez huit espèces de gibier de Guyane.
1
Valeurs en % de substitutions entre paires d'individus comparés.
N comp =nombre de comparaisons de paires de séquences
N ind = nombre d'individus différents concernés
1
Les points suivants sont à retenir: 1
- la variabilité génétique intra-espèce s'étend de 0,19 % (cytochrome b: Paca) à
3,47 % (région de contrae: Daguet gris). Ces valeurs sont faibles, bien que dans la 1
gamme observée entre échantillons conspécifiques à cette échelle d'espace. En tout cas,
l'échantillonnage considéré ne permet pas de dire a priori s'il y a, en Guyane française,
des populations différenciées de type sous-espèce, génétiquement différentes. Au
1
contraire, on peut provisoirement accepter l'hypothèse de peuplements homogènes, en
tout cas à l'échelle considérée. 1
- la variabilité génétique de la région de contrae est en général plus élevée que
celle du cytochrome b ; la moyenne pour les huit espèces est de 1,69 % + 1,07 versus 1
0,43 % + 0,31. Ainsi, la probabilité de «lire» une différenciation génétique par

- J32 -
1
1
l'utilisation de marqueurs mitochondriaux est plus élevée pour la région de contrae, en
tout cas à cette échelle taxonomique et pour ces espèces de Rongeurs et Ongulés.
- l'absence de variabilité génétique entre de nombreuses paires de séquences
indique le partage, dans l'espace guyanais, d'un même haplotype ou encore
d'haplotypes extrêmement semblables.

II - 5. 4. ANALYSES PHYLOGEOGRAPHIQUES POUR QUELQUES ESPECES PILOTES


L'Agouti
Trente individus, provenant de douze localités, ont été séquencés pour un fragment
des deux gènes mitochondriaux (région de contrae et cytochrome b). La matrice
analysée ici renferme 2.170 caractères nucléotidiques, dont seulement 118 (5,4 %) sont
variables.
Vingt sept haplotypes différents ont été observés, quelques individus partageant la
même séquence :
1.874 - Petit Saut et 2.636 - Sail ;
2.648 et 2.649 - Macouria ;
1.482 - Petit Saut et 2.646 - Macouria.
En général, il y a très peu de divergence génétique entre les différents animaux et
les différentes localités: en moyenne 1,5 + 0,9 % (étendue 0,0 à 2,9 %, pour 346 paires
de séquences comparées).
Une analyse phylogénétique (algorithmes de distance et de parcimonie) propose un
arbre (Fig. 47) qui ne met en évidence, de façun robuste (pourcentages de bootstrap
supérieurs à 90 %), que deux clades :
- un ensemble de 17 individus (16 haplotypes) provenant de sept localités
différentes; ce clade est génétiquement homogène, car la divergence moyenne entre les
115 paires de séquences comparées vaut 0,6 + 0,4 % ;
- un ensemble de 13 individus (11 haplotypes), provenant de neuf localités
différentes (dont quatre contenant le clade ci-dessus). Ce groupe est moins homogène
que le précooent, avec une divergence moyenne de 1.0 + 0,6 % entre les 115 paires de
séquences à comparer.

- 133 -
1
, - - - - - - - - - - - DAG2426 StGeorges
1
, - - - - - - - - - - - - D A G 2 6 5 3 StGeorges

0,6! 0,4%
DAG1947 Reg StGeo
DAG2111 CrParacou
DAG1554 PetitSaut
1
1
DAG2442 Regina
DAG2436 Saul
DAG2429 StGeorges

1DA~~~ PetitSaut

1
2,2 !0,3% ~G2650 Macouria A
DAG2652 StGeorges
DAG2638 Saul

DAG2637 Saul
DAG2244 Saul
1
,------DAG2434 Saul

1,0! 0,6%
---c DAG1604 Soukoumou
DAG2647 Macouria

DAG2922 Trois Sauts


, - - - - - - - - D A G 2 4 1 0 Sraril
1
DAG2651 StGeorges
DAG1902 RN1 pk74
DAG2435 Saul
B
1
'----DAGSO Petit Saut
DAG1994 Maroni
DAG2648 Macouria
DAG2649 Macouria
1
DAG1482 Petit Saut

0.01
DAG2646 Macouria

1
Fig. 47 - Relations phylogénétiques entre 30 individus de l'agouti
Dasyprocta ieporina (DAG), par l'analyse de séquences mitochondriales.
Les valeurs (moyenne & écart-type) illustrent la divergence moyenne 1
(% de substitutions de nucléotides) entre les séquences terminales.
Détails complémentaires dans le texte.
1
Les deux clades (nommés A et B sur la Fig. 47) divergent par 2,2 + 0,3 % de
substitutions nucléotidiques, une valeur moyenne faible (étendue de 1,6 à 2,9 %), 1
comparable àce qui est trouvé au sein d'autres espèces de mammiÎeres.
Les deux clades génétiques A et B sont sympatriques, car ils coexistent dans quatre 1
localités (Saint-Georges, Petit Saut, Sait, et Macouria). Au sein de chaque localit~ le
polymorphisme génétique est du même ordre de grandeur que celui noté pour
l'ensemble de la Guyane.
1
Les divergences moyennes mesurées s'étendent de 1 + 0,9 % (Sait: 7 individus) à
1,9 + 0,7 % (Saint-Georges: 5 individus). La localité de Saint-Georges mériterait un 1
nouvel échantillonnage, pour mieux comprendre le polymorphisme local, dû en grande
partie à l'individu 2.426 (divergence moyenne de 2,1 + 0,3 %). 1
L'animal 2.410-Brazil, provenant de la rive brésilienne de l'Oyapock, n'est pas
singulier (divergence moyenne de 1,1 + 0,4 % par rapport aux dix autres haplotypes du
clade B), suggérant qu'ici le fleuve n'a pas joué un rae de barricre au flux génique.
1
En conclusion provisoire, la variabilité génétique existe chez l'Agouti en Guyane
française, mais de façon réduite; cette variabilité est distribuée partout dans la région
1
- 134-
1
1
1
1 étudiée et chaque localité (sauf peut-être Saint-Georges) contient plusieurs haplotypes
très semblables.
1 Au point de vue cynégétique, aucune restriction particulière ne peut être proposée à
partir des résultats de cette étude.
1
LePaca
1 Vingt individus, provenant de neuf localités, ont été séquencés selon le même
protocole. La matrice analysée renferme 1.080 caractères nuclootidiques, dont 54 (5 %)
1 seulement sont variables.
Seize haplotypes différents ont été observés, quelques individus partageant la
1 même séquence:
1.871 - Iracoubo et 2.920 - Trois Sauts ;

1 2.910 - Kourou et 2.915 - Sinnamary ;


3.107,3.110 et 3.116 - Trois Sauts.
1 En général, il y a très peu de divergence génétique entre les différents animaux et
les différentes localités : en moyenne 1,3 + 0,5 % (étendue 0,1 à 2 %, pour 120 paires de
1 séquences comparées).
Une analyse phylogénétique (algorithmes de distance et de parcimonie) propose un

1 arbre (Fig. 48) qui ne met en évidence, de façon robuste (pourcentages de bootstrap
supérieurs à 90 %), que deux clades:
- cinq individus de quatre localités (Saint-Georges 2.428 et 2.891 ; Saü 2.396;
1 Petit Saut 1.479 ; Sinnamary 2.903) ;
- les 15 autres individus provenant de huit localités (Petit Saut n'est représenté que
1 par un individu).
Il apparaît que les deux clades (marqués A et B sur la figure 2) sont sympatriques,
1 car ils coexistent dans les localités de Saint-Georges, Saü, et Sinnamary.
Ces deux clades sont très peu divergents, séparés par une distance moyenne de 1,5
1 + 0,3 % (étendue 0,7 à2%, pour 65 comparaisons inter-clades). Si les cinq individus du
clade A sont génétiquement très semblables (divergence moyenne 0,3 + 0,1 %), il n'en
est pas de même des représentants du clade B, chez qui une plus grande variabilité existe
1 (divergence moyenne 1,3 + 0,4 %), semblable à celle caractérisant l'ensemble des vingt
individus étudiés.
1
1
1
1 - 135 -

1
1
,----APA2888 SIGeorges
1
,.-----APA2981 Camopi
APA3103 Trois Sauts 1
1,3:,: 0,4%
APA2920 Trois Sauts

'-------1
APA2910 Kourou
APA2915 Sinnamary
1
, . - - - - - - - A P A 2 1 5 6 R.Kourouai B

1,5 + 0,3%
'--------APA2914 Sinnamary
r-----APA2425 SlGeorges
1
APA3116 Trois Sauts
APA3107 Trois Sauts

APA3110 Trois Sauts


1
0,3:,: 0,1%
'-------APA2427 SlGeorges
APA2428 SIGeorges
APA2396 Saul
1
CA2891 StGaorges
1
CAPA1479 PelitSaut
APA2903 Sinnamary
A
1
0.01

Fig. 48 - Relations phylogénétiques entre 20 individus du pac Agouti paca (APA),


par l'analyse de séquences mitochondriales. Les valeurs (moyenne & écart-type)
1
illustrent la divergence moyenne (% de substitutions de nuclootides)
entre les séquences terminales. Détails complémentaires dans le texte. 1
Trois localités sont représentées par au moins trois individus, à savoir
Saint-Georges (5 individus =5 haplotypes), Trois Sauts (6 individus =4 haplotypes) et
1
Sinnamary (3 individus = 3 haplotypes).
Pour ces trois échantillons, la variabilité intra-Iocalité est comparable à celle 1
mesurée sur l'ensemble des neuf localités de la Guyane (moyennes et écarts-types de 1
+ 0,5 %, 1,1 + 0,4 %, 1,6 + 0,2 %, pour respectivement Saint-Georges, Trois Sauts et
Sinnamary).
1
En conclusion provisoire, la variabilité génétique existe mais est réduite chez le
Paca en Guyane française; cette variabilité est distribuée partout dans la région étudiée
1
et chaque localité contient plusieurs haplotypes très semblables.
Au point de vue cynégétique, aucune restriction particulière ne peut être proposée à
1
partir des résultats de cette étude.
1
Le Daguet gris
Seulement douze individus, provenant de six localités, ont été séquencés selon le 1
même protocole. La matrice analysée ici renferme 2 051 caractères nucléotidiques, dont
85 (4,1 %) seulement sont variables. 1
Douze haplotypes différents ont été observés, qui divergent entre eux par 2,1
+ 0,8% de substitutions nucléotidiques (66 paires de comparaison).
1
- 136 -
1
1
1
1 Une analyse phylogénétique (algorithmes de distance et de parcimonie) propose un
arbre (Fig. 49) qui ne met en évidence, de façnn robuste (pourcentages de bootstrap
1 supérieurs à 90 %), aucune structuration génétique, si ce n'est le regroupement de deux
individus (2.438 - Macouria et 2.641 - Sail). Ces deux animaux, génétiquement très

1 semblables (0.5 % de divergence) difÎerent du reste de l' ochantillonnage par 2,6


+ 0,7 %, une valeur légb-ement supérieure à l'hétéro-généité observée entre les dix
autres individus (1,9 + 0,7 %).
1 L'échantillonnage est bien trop insuffisant pour qu'on puisse parler de clades
génétiques différenciés au sein du Daguet gris.
1 Deux localités (Petit Saut, Sail) sont représentées chacune par trois individus, et
du polymorphisme génétique y est observé (1,4 et 2,9 %), du même ordre de grandeur
1 que celui caractérisant l'ensemble des autres localités. Il est remarquable que des
animaux géographiquement très distants soient génétiquement si semblables: seulement
1,7 % de divergence entre Trois Sauts et Mana.
1 MG01627 PetilSaut

r---MG02388 Seul

1 2,1 ! 0,8%
MG01S63 PetllSeut

1 MG02924 Troie Seuts

MG02929 Trois Sauts

1 0,5% MG02438 Mecourie


MG02641 Seul

1 f----------
MAM2444 MaCOUlia
MAM578 Mexico

.----MAM2640 Seul

1
0.6 ! 0,4%
MAM3256 SeutPortal

1 MAM3123 TroisSauts
MAM1939 Reg StGeo

MAM2928 Troie Seuts

1 MAM2925 Trois Seuts

MAM2421 StGeotges

MAM2153 R.Kourouai

1 0.01
MAM2935 TrolsSauts

MAM2289 Kourou
MAM2459 Kourou

MAM1652 Petit Saut

1 MAM2399 Seul

Fig. 49 - Relations phylogénétiques entre 12 individus du daguet gris


Mazama gouazoubira (MGO) et 17 individus du daguet rouge Mazama americana
1 (MAM), par l'analyse de séquences mitochondriales. Les valeurs (moyenne & écart-type)
illustrent la divergence moyenne (% de substitutions de nucléotides) entre les séquences
terminales. MAM578-Mexîco représente une sous-espoce diff&ente de M. americana.
1
1 - 137 -

1
1
En conclusion provisoire, nous dirons que la variabilité génétique existe mais est
1
réduite chez le Daguet gris en Guyane française; cette variabilité est distribuée partout
dans la région étudiée, chaque localité pouvant contenir plusieurs haplotypes très 1
semblables.
Au point de vue cynégétique, aucune restriction particulière ne peut être proposée à
partir des résultats de cette étude.
1
Le Daguet rouge 1
Dix-sept individus, provenant de huit localités, ont été séquencés selon le même
protocole. La matrice analysée ici renferme 2.170 caractères nucléotidiques, dont 77
(3,5 %) seulement sont variables.
1
Chaque animal ayant une séquence individuelle, il s'ensuit qu'il Y a 17 haplotypes
qui difÎerent en moyenne par 1,7 + 0,6 % de substitutions nucléotidiques (étendue de
1
0,1 à3 %).
Une analyse phylogénétique (algorithmes de distance et de parcimonie) propose un 1
arbre (Fig. 49) qui ne met en évidence, de façon robuste (pourcentages de bootstrap
supérieurs à 90 %), aucune structuration génétique. 1
Ainsi, il n'apparaît pas de regroupement géographique des différents haplotypes,
qui sont par ailleurs très apparentés. Trois points (Régina-Saint-Georges, Kourou, Trois
Sauts) sont représentées par au moins trois individus chacun, et la variabilité intra-
1
localité (de 1,3 % à 1,7 %) est comparable à celle mesurée sur l'ensemble de la région
échantillonnée. 1
En conclusion provisoire, la variabilité génétique existe mais est réduite chez le
Daguet rouge en Guyane française; cette variabilité semble distribuée partout dans la
région étudiée et chaque localité pourrait contenir plusieurs haplotypes très semblables.
1
Au point de vue cynégétique, aucune restriction particulière ne peut être proposée à
partir des résultats de cette étude.
1
Le Pécari à lèvre blanche
Quinze individus, provenant de neuf localités, ont été séquencés selon le même
1
protocole. La matrice analysée ici renferme 1.531 caractères nucléotidiques, dont
16 (1 %) seulement sont variables. Les deux marqueurs sont presque monomorphes et
1
leur contenu informatif est donc très réduit.
En moyenne, les 14 haplotypes (deux individus ont la même séquence: 2.453 et 1
2457, de Macouria) ne divergent que par 0,3 + 0,2 % de substitutions nucléotidiques
(sept fois moins que ce qui est observé chez le Daguet gris). 1
Aucune structuration génétique n'apparaît de façon robuste sur l'arbre
phylogénétique (Fig. 50), ce qui n'est pas étonnant au vu du très petit nombre de
caractères génétiques variables.
1
1
- 138-
1
1
1
1 Deux points (Macouria, Regina-Saint-Georges) sont représentés par au moins trois
individus, et le polymorphisme intra-Iocalité est aussi très réduit (respectivement 0,3
1 et 0,2 %,).
Les deux marqueurs mitochondriaux suggèrent l'existence d'une grande
1 population génétiquement homogène, qui pourrait se caractériser par un fort flux
génique entre localités. L'utilisation de marqueurs nucléaires microsatellites, sur des
effectifs beaucoup plus importants, devrait permettre une bonne caractérisation
1 génétique de cette espèce.
Au point de vue cynégétique, aucune restriction particulière ne peut être proposée à
1 partir des résultats de cette étude.

1 0.3 ~ 0.2%
, - - - - TPE2443 Regina
TPE2439 Counaml

1 ,----TPE2297 Kourou
,----TPE3270 CrOrganabo
, - - - - - TPE2452 Macouria
TPE2422 StGeorges

1 '---+-----TPE2296 Kourou
TPE1963 Reg SlGeo
TPE1962 Reg SlGeo

1 TPE1971 Reg St Gao


TPE1993 Maroni
TPE21984 Saul
TPE19n Saul

1 TPE2453 Macouria
TPE2457 Macouria
PTAOO8 PetitSaut
0.5~ 0.2%

1 PTA010 PetitSaut
PTA2985 Camopl
PTAOO9 PetitSaut
PTA2639 Saul

1 PTA3130Amape
PTA2909 Mana
PTA2450 Macourla

1 PTA2645 TroisSauts
PTA3274 Awala
PTA2252 Suriname
L.-.-\--_ PTA3128 Amape

1 f - - - - PTAOO6 PetitSaut
...---PTAOO2 PetitSaut
PTA2253 Suriname

1 0.01
PTA1978 Seul
PTA1983 Saul
PTA2109 Seul

1
PTA2107 Seul
PTA2108 Seul

Fig. 50 - Relations phylogmétiques entre 15 individus du pécari à lèvres blanches

1 Tayassu pecari (TPE) et 20 individus du pécari à collier Pecari tajacu (PTA),


par l'analyse de séquences mitochondriales. Les valeurs (moyenne & écart-type) illustrent
la divergence moyenne (% de substitutions de nucléotides) entre les séquences terminales.
1
1 - 139-

1
1
Le Pécari à collier
1
Vingt individus, provenant de neuf localités, ont été séquencés selon le même
protocole. La matrice analysée ici renferme 1.411 caractères nuclrotidiques, dont 1
27 (1,9 %) seulement sont variables. Les deux marqueurs sont presque monomorphes et
leur contenu informatif est donc très réduit. 1
Dix sept haplotypes différents ont été observés, quelques individus partageant la
même séquence: 1
2.109,2.107 et 2.108, de Sail ;
009 - Petit Saut et 2.639 - Sail. 1
En moyenne, ces 17 haplotypes ne divergent que par 0,5 + 0,2 % de substitutions
nuclrotidiques (quatre fois moins que ce qui est observé chez le Daguet rouge). 1
Aucune structuration génétique n'apparaît de façon robuste sur l'arbre
phylogénétique (Fig. 50), ce qui n'est pas étonnant au vu du très petit nombre de
caractères génétiques variables.
1
Deux localités (Petit Saut, Sail) sont représentées par au moins cinq individus et le
polymorphisme intra-Iocalité est aussi réduit (respectivement 0,4 et 0,5 %,) que sur
1
l'ensemble de la région échantillonnée.
La plus forte divergence est de 1,2 %, entre individus du Surinam (2.253) et de 1
Petit Saut (009). Deux animaux (Amapa 3.128, 3.130) proviennent de la rive brésilienne
de l'Oyapock, mais ne montrent aucune différenciation génétique particulière, suggérant
ici non plus que le fleuve n'a pas joué un rae de barrière du flux génique chez le Pécari
1
à collier.
Les deux marqueurs mitochondriaux suggèrent l'existence d'une grande
1
population génétiquement homogène, qui pourrait se caractériser par un fort flux
génique entre localités. L'utilisation de marqueurs nucléaires microsatellites sur des 1
effectifs beaucoup plus importants devrait permettre une première caractérisation
génétique de cette espèce.
Au point de vue cynégétique, aucune restriction particulière ne peut être proposée à
1
partir des résultats de cette étude.
Le Tapir
1
Seuls dix individus, provenant de neuf localités, ont été séquencés selon le même
protocole. La matrice analysée ici renferme 916 caractères nuclrotidiques, dont 32
1
(3,5 %) seulement sont variables.
Dix haplotypes différents ont été observés, qui divergent entre eux en moyenne par
1
0,7 + 0,2 % de substitutions nuclrotidiques (trois fois moins que ce qui est observé chez
le Daguet gris). 1
Une analyse phylogénétique (algorithmes de distance et de parcimonie) propose un
arbre (Fig. 51) qui ne met en évidence, de façon robuste (pourcentages de bootstrap
supérieurs à 90 %), aucune structuration génétique, si ce n'est le regroupement de deux
1
- 140-
1
1
1
1 individus (2.110 haut Sinnamary, 2.918 Trois Sauts). Ces deux animaux, génétiquement
très semblables (0,4 % de divergence) diff'erent du reste de l'échantillonnage par 0,9
1 + 0,1 %, une valeur légèrement supérieure à l'hétérogénéité observée entre les huit
autres individus (0,6 + 0,2 %).

1 r------- TTE2419 Regina

1--_ _0_,4.--4~.1.
1 TTE2110 Haut Sinnamary]

TTE2918 Trois Sauts

0.7 t 0.2% t----TTE1979 Saul

1 ,----TTE1982 Saul

rl.----- TTE2417 S.Anana

1 '----TTE2441 Macouria

,-----TTE2256 Suriname

~'----TTE2154
1 R.Kourouai

'-------'TTE2424 StGeorges

0.001

1 Fig. 51 - Relations phylogmétiques entre 10 individus du tapir


Tapirus terrestris (TTE), par l'analyse de séquences rnitochondriales.

1 Les valeurs (moyenne & écart-type) illustrent la divergence moyenne


(% de substitutions de nucléotides) entre les séquences terminales

1 Néanmoins, la variabilité génétique très réduite qUI caractérise notre


échantillonnage, trop insuffisant, rend ces données préliminaires, sans qu'on pUIsse

1 parler de la possibilité de clades génétiques différenciés au sein du Tapir.


L'individu du Surinam (2.256) est génétiquement presque identique (0,6 % de
divergence) aux animaux de Guyane.
1 En conclusion provisoire, nous dirons que la variabilité génétique existe mais est
très réduite chez le Tapir en Guyane et qu'elle pourrait être distribuée partout dans la
1 région étudiée.
L'échantillonnage de cette étude est encore trop incomplet pour qu'une
1 interprétation puisse être proposée quant à la gestion cynégétique.
II • 5. 5. APPLICATION: IDENTIFICATION MOLECULAIRE DES ESPECES
1 Les espèces gibiers de cette étude pilote ayant été caractérisées par leur variabilité
génétique, il est possible d'utiliser les marqueurs moléculaires (gènes mitochondriaux)
1 pour identifier l'espèce représentée par un échantillon de tissu.
En effet, la variabilité intra-spécifique (de l'ordre de 1,1 %, étendue de 0,0 à
1 5,8 %) étant nettement inférieure à la variabilité inter-spécifique, l'obtention d'une
courte séquence (du gène cytochrome b et/ou de la région de contrfie) permet
d'attribuer celle-ci à coup sfr à l'espèce dont provient l'échantillon à déterminer.
1
1 - 141 -

1
1
C'est en tirant parti de ces observations (forte divergence génétique entre espèces, 1
faible divergence au sein de chaque espèce) que nous avons pu identifier deux
échantillons de «grandes biches» que les collecteurs avaient soupçonnés appartenir à
l'espèce Odocoileus cariacou.
1
Ces deux nécropsies de chasse sont:
T-2399, provenant d'une grosse femelle (estimée à environs 65 kg) tuée
1
près de Sail (coll. J.-F. MAUFFREY, qui a noté: «pelage dorsal brun tirant au noir sur
les pattes et au roux en dégradé sur les flancs ; ergots noirs ») ; 1
T-2459, originaire des environs de Kourou (Combi, PK 105), décrit comme
une" très grosse biche" (coll. C. RICHARD-HANSEN). 1
En Guyane française coexistent trois Cervidés (Voss & al., 2001) :
- le petit Daguet gris ou cariacou (Mazama gouazoubira), pesant de 11 à 25 kg ;
1
habitant des forêts primaires, il fréquente parfois aussi les forêts secondaires et les bords
d'abattis ou de savanes ; 1
-le grand Daguet rouge ou biche (Mazama americana), pesant de 24 à 48 kg ;
habitant des forêts primaires et secondaires, il fréquente souvent les bords d'abattis et la
transition forêt-savane ;
1
- la Biche des palétuviers ou Cerf à queue blanche (Odocoileus cariacou), pesant
de 30 à 60 kg ; cette espèce est mal connue en Guyane et les quelques observations bien
1
documentées proviennent pour l'essentiel de la bande câ:ière, dans des environnements
de savane et de marais arboré. 1
De temps à autre, des chasseurs s'étonnent du poids élevé et de la grande taille de
Cervidés qu'ils ont tués en forêt primaire et/ou à l'intérieur des terres. Il a été suggéré
que Odocoileus cariacou pouvait aussi fréquenter l'intérieur des forêts primaires, et
1
pourrait donc exister en Guyane centrale.
Nous avons séquencé un fragment d'ADN mitochondrial chez différents cervidés :
1
- les deux individus suspects, dénommés "M.2459 - Kourou-Combi" et "M.2399 -
Sail'" ,
1
- quatre Mazama americana (Petit Saut, et PK22 de la RN2 entre Régina et Saint-
Georges) ;
1
- quatre Mazama gouazoubira (Petit Saut, Sail).
A ces séquences, nous avons ajouté des données provenant des banques de gènes :
1
- quatre individus du genre Odocoileus (espèces hemionus et virginianus) ;
- trois espèces du genre Cervus (timorensis, unicolor & elaphus) (RAND! & al.,
1
2001).
Un fragment de la région de contrae mitochondriale (D-loop) a été amplifié et
1
séquencé. Après exclusion des zones d'alignement ambigu et de celles contenant des
1
- 142 -
1
1
l
[ blocs d'insertion, nous avons retenu une matrice de 515 caractères (sites nuclrotidiques)
pour les 17 individus représentant les genres Mazama, Odocoileus, et Cervus.
[ Les résultats de l'analyse phylogénétique sont très clairs, et indiquent (Fig. 52) que
les deux "grandes biches" suspectes sont en fait des Mazama americana.
1 En effet, M.2459 et M.2399 se branchent parmi les autres Mazama americana
(abrégés MAM sur la figure), sans aucune affinité avec les quatre représentants du genre
[ Odocoileus. Ce résultat est robuste, car chacune des lignées évolutives (MAM, MGO,
Odocoileus) est soutenue par des valeurs de bootstrap supérieures à 95 %.

[ MAM004 PetitSaut
MAM1940 RN2 pK22
MAM2153 RN2 pK22
100/99
f M??2459 Kourou Combi
MAM1562 PetitSaut
M??2399 Saul
[ MG01563 PetitSaut
MG01527 PetitSaut
100/100 MG01629 PetltSaut

L MG01980 Saul
Odocolleus hemonlus
Odocoileus2 virglnlanus
98/97
r' ----c::: Odocoileus virginlanus
Odocoileus1 virginlanus
Cervus timorensls

[ ,
100/100 Cervus unicolor
Cervus elaphus

Fig. 52 - Arbre phylogénétique de 17 séquences d'un fragment de la région


[' de Contrêie (ADN mitochondrial). La matrice comporte 515 caractères
nuclootidiques, dont 299 sont variables, et a été traitée par deux approches
méthodologiques (Parcimonie, Distance) qui ont donné des résultats similaires
[ 1 (même ordre de branchement). Les valeurs le long des branches expriment
le pourcentage d'observations lors des re-échantillonnages (Distance / Parcimonie);
les segments soutenus par moins de 75% n'ont pas été retenus. Trois espèces de cerfs
[ , (Cervus spp.) ont été utilisées pour enraciner (groupe externe) l'arbre phylogénétique.
Abréviations: MGO =Mazama gouazoubira; MAM =Mazama americana.

f: Pour le fragment d'ADN mitochondrial considéré, la divergence génétique au sein


de chaque espèce guyanaise de Daguets est faible: en moyenne 2,7 % (de 0,6 à 4, 1 %)
L de substitution au sein de Mazama americana (N = 15 comparaisons de paires) et 2,4 %
(de 1 à 3,3 %) de divergence au sein de M. gouazoubira (N = 6).

L Par contre, il existe environ 13,9 % de différences entre Mazama americana,


Mazama gouazoubira et Odocoileus, une divergence moyenne forte qui s'accompagne
de nombreux changements génétiques propres à chacune des espèces (Tab. 47).
[ Il semblerait donc que les Daguets rouges puissent atteindre en Guyane française
des tailles et poids très élevés.
[
[
- 143 -

r
1
Pamli les 515 caractères obs(;''TVés dans le lragmcnt d'A DN séqucneé, cinq montrent d\c'S états
caractérisant chacune des trois li~,'nécs d'intérêt (lvlazama (/I/lcricatla, AI. gOlulZoubira, Odocoilells).
1
Plusieurs dizaines d'autres caractères montrent des étalS partagés par ['une ou l'autre paires de
taxons. Cene variabilité oœcrvée est probablement SUffiS<U1te pour pcmlettre la définition
d'amorces espèce-spécifiques, atin de pouvoir si nécessaire typer des échantillons de tis.<;\.IS
(applications à la lutte contre la fraudc cn restauration, eoolrc le bmconnage, etc).
1
Position
63
MAM
A
MGO
C
Odo
T
1
139 G T A
146
329
337
A
G
C
G
T
T
T
A
A
1
Tab. 47 - Sites nucléotidiques caractérisant chaque lignée

Cela pose néanmoins le problème de savoir si Odocoileus cariacou est limité à la


1
zone cêtiè"e, comme on l'interprète aujourd'hui; par ailleurs, des échantillons de tissus
de "biche des palétuviers" de Guyane sont très souhaitables, afin d'estimer la
1
différenciation génétique par rapport à l'espèce nord-américaine Odocoileus
vlrglmanus. 1
Enfin, des données biométriques sur les grands sujets de Daguet rouge de Guyane
sont nécessaires, afin de mieux comprendre l'étendue des tailles et masses corporelles
de ces animaux (BRANAN & MARCHINGTON, 1987, in RICHARD-HANSEN, 1998).
1
II • 5. 6. CONCLUSION 1
L'approche génétique fournit des résultats extrêmement importants pour la gestion
future des populations animales. La variabilité génétique entre individus a été estimée
pour sept des espèces de Mammiîeres les plus chassées.
1
L'absence de différences génétiques entre de nombreuses paires de séquences
indique le partage, dans l'espace guyanais, d'un même haplotype ou encore d'haplotypes
1
extrêmement semblables. En faisant l'hypothèse que les marqueurs mitochondriaux
séquencés traduisent effectivement la faible diversité génétique existante, on peut 1
proposer que la gestion cynégétique à venir des populations de ces espèces gibiers soit
semblable dans tout l'espace guyanais. Dit autrement, les résultats acquis à ce jour
n'infirment pas l'existence, pour chaque espèce, d'une grande population répartie partout
1
en Guyane et au sein de laquelle les échanges génétiques seraient équilibrés.
Bien sfr, ces résultats sont préliminaires et demandent confirmation par une 1
analyse de la variabilité de loci microsatellites chez de nombreux individus provenant
de plusieurs localités de Guyane. Ce type d'étude permettra d'estimer les tailles efficaces
(nombre de femelles participant à la reproduction) et les flux de gènes entre populations
1
goographiques.
1
1
1
- 144 -
1
III - REPRESENTATIONS ET EVOLUTIONS
DES SAVOIRS CYNEGETIQUES

(P. GRENAND, F. RENOUX, S. MANUSSET)

- 146-
l
[
III - 1. REPRESENTATIONS DE LA CHASSE: APPROCHE
[ ANTHROPOLOGIQUE (F. RENOUX, P. GRENAND)

III - 1. 1. INTRODUCTION
l La forêt et ses composantes animale et végétale ne constituent pas, pour ses
habitants de l'Amazonie et des Guyanes, et quelle que soit leur appartenance culturelle,
[ un milieu naturel uniquement peuplé d'animaux et de plantes sauvages. Leur perception
de l'univers forestier est en vérité globalisante. En effet, qu'il s'agisse des plantes ou
des animaux, la forêt est appropriée par des entités surnaturelles que, par commodité,
r nous qualifierons d'esprits. Ce concept, originellement propre aux Amérindiens, s'est
largement diffusé pour être aujourd'hui partagé par les populations métisses, Crroles et
f Caboclos brésiliens. Un certain nombre de ces esprits sont les maîtres des animaux, que
nous qualifions de sauvages, et qu'ils considèrent être leurs troupeaux domestiqués.
Chacun de ces maîtres, agissant soit seuls, soit en groupe, se montrent particulièrement
[ ombrageux envers les chasseurs qui portent atteintes à leur troupeau. Qu'ils se rendent
visibles ou non, qu'ils revêtent apparence humaine ou monstrueuse, ils peuvent dérouter
[ le chasseur, le perdre, lui causer maladie ou infirmité ou même le tuer, lui ou un
membre de sa famille. Ainsi, les accidents survenant en forêt sont rarement perçus
comme le fruit du hasard. La manifestation la plus tangible du courroux des esprits des
[ bois est connue en Guyane sous le terme crrole de panem8• Il s'agit d'une sorte de
malchance, d'impuissance à rencontrer ou tuer le gibier. L'origine de ce syndrome est
r lié par les chasseurs à la transgression des règles de la chasse, lorsque les
comportements individualistes ou les excès d'abattage sont prééminents. Cette
philosophie est ancrée dans l'esprit des chasseurs, même des plus aguerris, bien que
r' beaucoup feignent de ne pas y apporter crédit. L'analyse des charmes de chasse, recettes
propitiatoires pour obtenir ou retrouver la chance à la chasse, va nous persuader que
r' cette conception d'un univers forestier dominé par le surnaturel reste encore bien
prégnante pour la plupart des communautés.
( ,
Du point de vue pratique, un charme de chasse permet non seulement d'accroître la
1
probabilité de capturer certaines espèces gibiers mais aussi d'améliorer les
performances physiques du chien de chasse, ou encore de l'arme et des munitions.
Toutefois, ils ne sont employés que temporairement et avant tout lorsque l'on est
malchanceux, c'est-à-dire pour restaurer un équilibre entre l'Homme et la Nature. Bien
entendu, les disponibilités financières, les nouvelles technologies et le poids qu'exercent
aujourd'hui les pratiques religieuses occidentales sur la vie quotidienne de certaines
communautés de chasseurs pèsent de manière sensible sur la perception qu'ils ont du
milieu naturel et des produits qu'ils peuvent en tirer (nouveaux tabous alimentaires par
exemple). L'utilisation des charmes de chasse est donc évolutive et doit être considérée
comme une pratique située à l'interface des philosophies traditionnelles attachées à une

8 Ce syndrome, nommé pane en wayiipi et panema en Amazonie bré5i1ienne, est un vocable propre aux langues
amérindiennes de la famille tupi-guarani (F. GRENAND, 1989).

- 147-
1
activité cynégétique d'autosubsistance et d'une conception moderne de la chasse, 1
commerciale ou ludique.
Un grand nombre de charmes de chasse sont de nature végétale. Ils sont soit
entretenus à la périphérie des habitations et dans les abattis où ils peuvent être l'objet de
1
soins attentifs, soit collectés en forêt. Nous verrons cependant que les produits du
commerce ne sont pas exclus de la liste des ingrédients employés dans leur fabrication,
1
ce qui dénote à l'évidence perméabilité et adaptabilité au monde moderne.
Bien qu'ils soient associés au monde surnaturel parce qu'ils induisent l'utilisation 1
de forces que seuls les esprits dominent, leur utilisation ne nécessite pas toujours d'être
guidé par un chamane ou un initié. Tout chasseur susceptible de les employer a pu, par
l'expérience acquise auprès de sa famille et de ses amis, prendre connaissance des règles
1
d'utilisation et de conduite, simples mais strictes, liées à leur manipulation.
1
III - 1. 2. METHODOLOGIE
Cette étude s'appuie sur des données accumulées au fil des ans chez les Palikur du
bas Oyapock. Le présent programme fut l'occasion, dans la même région, de la collecte
1
de nouvelles données qualitatives concernant Palikur, Créoles, Karipuna et Caboclos
brésiliens. Enfin, on a complété par une enquête conduite en collaboration avec trois 1
étudiants du module "Forêt Tropicale Humide" de l'ENGREF durant le mois d'octobre
2001. 1
Les treize chasseurs considérés dans cette enquête rassemblent plusieurs
communautés. On a privilégié la composition d'un échantillon intergénérationnel, ce
qui a permis d'appréhender la notion de changement dans les pratiques, même si la
1
préparation et l'utilisation des charmes sont très souvent entourées du secret qu'induit
leur forte valeur symbolique et magico-religieuse. Un grand nombre d'informateurs 1
n'ont divulgué qu'une partie de leur savoir et nous avons dû composer avec cette
contrainte. 1
Autant que possible, chaque plante a été collectée et déposée à l'Herbier de
Guyane (IRD de Cayenne) pour identification, mais à quelques exceptions près, il s'agit
d'espèces connues déjà rencontrées lors de travaux antérieurs (GRENAND & al., 1987 ;
1
GRENAND & al., 2003).

III - 1. 3. RESULTATS
1
Les charmes recensés dans les différentes communautés sont présentés ici sous la
forme de tableaux oùsont indiqués :
1
- le bénéficiaire (chasseur, chien, arme ou munition) ;
- le nom du charme lorsqu'il en possède un, ce qui est essentiellement le cas chez
1
les Palikur ;
- le ou les ingrédients utilisés ;
1
- son utilité (généraliste, spécifique à un gibier, spécifique à une fonction -
odorat, acuité visuelle, rapidité -) ;
1
- 148 -
1
1
1
1 - sa préparation et mode d'utilisation, accompagnée parfois des précautions
d'usage.
1 Les charmes de chasse palikur

1 Nommé du terme générique i~eyti, le charme de chasse est pensé comme un


"remède" visant à rétablir un équilibre entre le potentiel de chance (kawigaye) dont tout

1 humain dispose et la malchance (mawihaki, mawihapye) dont il peut être victime. Le


terme i~eyti couvre le champ beaucoup plus vaste de "drogue" :
- il renvoie d'abord à la notion de "remède" au sens curatif, comme dans i~eyti
1 ma kn i ka u ki ("remède/guérisseur") ;
- il peut aussi désigner les préparations maléfiques, comme dans i~eyti
1 paayotie ("remède/mort subite"), qui n'est autre qu'un philtre destiné à rendre malade
un tiers ou à le tuer ;
- enfin, lorsqu'il s'agit des activités de prédation, du négoce ou des relations
1 sociales, les charmes à valeur propitiatoire constituent une troisième catégorie, nommée
awiga ~eyti ("chance/remède").

1 L'utilisateur d'un charme de chasse est avant tout un chasseur malchanceux, atteint
d'un mal causé par la vengeance d'un esprit surnaturel. Cet état de malchance peut être
1 passager, ou plus ou moins permanent. Dans le premier cas, le charme est destiné à
supprimer définitivement les effets négatifs de l'action surnaturelle de l'esprit mis en
cause; dans le second, il a pour fonction de stabiliser le potentiel de chance du chasseur.
1 En aucun cas un charme ne peut permettre d'augmenter les performances d~à
satisfaisantes d'un chasseur; il ne peut que restaurer un équilibre brisé. Dans le cas
1 contraire, le chasseur qui tue bien trop de gibier, comme disent les Palikur, sait qu'il
encourt une vengeance sans appel de la part des esprits. Ce pourra être le maître de
1 l'espoce gibier (giki~aha) sur laquelle le chasseur se sera acharn~ ou encore "la mère
de la forêt" (ahavui nag) qui exerce sa domination sur tous les esprits qui l'habitent
(ahavuinag gitip). Ceux-ci peuvent prendre une apparence monstrueuse, bien
1 qu'humanoïde: il en est ainsi de masi tuat, caparaçonné d'une armure en fer et d'une
lance lui permettant de tuer à distance9, ou de yadgis, géant couvert de poils ne cessant
1 de traquer les hommes. Ces deux êtres emblématiques de la mythologie palikur sont en
fait des chasseurs d'hommes. Ceux qu'ils capturent sont emportés dans le monde
d'en-dessous (wairnbi) en empruntant des "couloirs", par exemple les grands arbres
1 creux. Là, ils sont cuits puis dévorés par la famille des monstres. Le monde
d'en-dessous s'organise à l'identique de celui des humains. Il y existe une société
1 composée de mâles, de femelles et de petits, au milieu d'un paysage de forêt et de cours
d'eau. Une duplication du monde très similaire peut être rencontrée en Guyane chez les
Wayapi (GRENAND, F, 1982).
1 Les charmes de chasse des Palikur doivent donc être considérés à travers le prisme
d'un univers magico-religieux où culture, nature et surnaturel sont étroitement liés.
1 9 On ne peut bien sur s'empêcher de penser ici aux premiers envahisseurs européens. C'est d'autant plus plausible que les
Palikur ont gardé des premiers contacts un souvenir assez précis.
1 - 149-

1
1
Ainsi, les charmes unissent un gibier à un ingrédient de nature végétale, animale ou 1
autre, par le biais d'un lien magique permettant au chasseur d'augmenter sa probabilité
de rencontrer l'espèce convoitée. Près de 84 % des charmes (tableau 48) comportent des
végétaux, ce qui les associe aux remèdes d'une phytothérapie palikur encore très vivace
1
(GRENAND & al., à paraître). Si nous n'avons pas pu établir la nature du choix présidant
à l'association symbolique d'une plante et d'un animal, il nous a en revanche été 1
possible de déterminer par quels types de médiation l'animal peut produire un charme.
Prenons l'exemple des nombreux charmes faisant référence à la Loutre géante (sawu) et
au Balbuzard pêcheur (waneuni) : ils s'appuient sur le fait que ces deux animaux sont
1
emblématiques de l'excellent prédateur. La prenlière est une "protectrice" des animaux
(awunten). Le second est, dans la mythologie palikur, un animal "messager" (auknD). 1
Tous deux consommateurs de gibier et de poisson, ils sont néanmoins médiateurs des
espèces qu'ils consomment. De leur corps carbonisélO, de leurs excréments ou des rebus
de leurs repas, peuvent naître les masas, terme générique désignant à la fois un
1
ensemble de plantes de la famille des Aracées et des charmes de chasse, l'on désignera
respectivement sous les termes de sawu gamuta ou waneuni awigapey ("les 1
plantations ou les porte-chance de la Loutre ou du Balbuzard"). A l'image du chamane
(ihamwi) ou des démiurges de la mythologie palikur qui ont le pouvoir de se
métamorphoser, les principes magiques contenus dans la Loutre et le Balbuzard se
1
métamorphosent (ptukwe) en substance végétale pour devenir objet de pouvoir
surnaturel et de médiation entre les hommes et le monde naturel. Il s'agit plus dans ce 1
cas, de la métamorphose d'un principe que d'une matière. Tout est alors clair: la
présence dans quelque endroit d'espèces terrestres d'Aracées des genres Caladium et
Xanthosoma n'est jamais fortuite; l'utilisation des charmes n'est ni anodine ni sans
1
danger.
Certaines règles strictes doivent être observées dans la manipulation des charmes,
1
sans quoi le principe se retourne infailliblement contre son utilisateur ou ses proches.
Voici les risques : 1
- un chasseur déjà chanceux ne peut employer un charme, sous peine de faire
courir un danger àses proches ou à lui-même (maladie ou mort) ;
- tout excès est sanctionné, soit par une maladie, soit par un état de malchance
1
irrémédiable, (mawihapie), rendu en croole par le vocable gâer ;
- la viande du gibier obtenue grâce à un charme doit être consommée rapidement, 1
car elle devient très vite "bleue", donc proche de l'état de pourriture;
- certains charmes exigent impérativement de tuer l'animal convoité, sans quoi il
peut se retourner agressivement contre le chasseur;
1
- l'utilisation des charmes impose très souvent un quota de gibier qu'il ne faut pas
dépasser; 1
- certains charmes peuvent attirer, outre le gibier convoité, des animaux dangereux
tel Jaguar ou Serpent.
Une telle conception de l'univers vivant naturel et surnaturel n'est pas partagée, au
1
moins au niveau du discours, par l'ensemble de la communauté palikur. Aujourd'hui,
1
10 Le fait a aussi été relevé chez les Wayâpi du haut Oyapock qui usent d'ailleurs des Aracées de façon identique.

- 150-
1
1
1
1 les enfants et plus encore les adolescents affichent un fort scepticisme, notamment
induit par la culture scolaire et télévisuelle. Certains de leurs comportements ou certains
1 propos contradictoires laisse pourtant supposer que les idées venues de l'extérieur se
superposent aux schémas culturels préexistants. Parmi les adultes et les anciens, qui
constituent l'essentiel du groupe des chasseurs, la philosophie traditionnelle reste bien
1 prégnante.

1
1
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1
1
1
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1
1
1
1 - 151 -

1
Tab. 48 - Channes de chasse des Palikur
Bénfficiaire Nom du charme Ingrédients Utilisation Recette et remarques
traduction
Chasseur, uwan pey - feuille et rhizome d'Arum masas, Charme pour le Paca Les arums, masas, distingués par la variation de la coloration et
Chien "paca/remède" variété de Caladium sp. des taches de leurs feuilles, sont utilisés de manière très similaire.
Chasseur, audika pey idem Charme pour le Tapir Chaque variété est attribuée à un animal spa:ifique.
Chien "tapir/remède" Les rhizomes et parfois les feuilles sont a:rasés avec un peu d'eau,
Chasseur, bukutru pey idem Charme pour l'Agouti le mélange étant frotté sur les bras.
Chien "agouti/remède" On peut aussi en faire une boule qui est emportée à la chasse dans
Chasseur, kaiku pey idem Charme pour le Daguet gris sa musette.
Chien "daguet gris/remède" On peut aussi poser une feuille sur les traces du gibier afin qu'il
Chasseur, 1- kavine pey idem Charme pour le Pa:ari à revienne sur ses pas.
Chien "pa:ari/remède" collier Le même mélange sert à préparer des bains pour laver les chiens;
Chasseur, mehuka pie idem Charme pour la Tortue des fragments de rhizome sont parfois incorporés à leur nourriture.
Chien "tortue/remède" Podocnémide de Cayenne
Chasseur, pakih pey idem Charme pour le Pa:ari à lèvre
Chien "pa:ari/remède" blanche
Chasseur, tat pey Idem Charme pour le Tatou
Chien "tatou/remède"
Chasseur, wag pey idem Charme pour la Tortue
Chien "tortue/remède" peltocéphale
Chasseur, yit pey - rhizome d'Arum yit apey Charme pour Ce charme de chasse associant feuilles et rhizome est préparé et
Chien "daguet rouge (Caladium sp.), le Daguet rouge utilisé comme les masas (cf. supra)
/remède" - feuilles de yi t itaibi (Apeiba
tibourbou) ,
- feuilles de yi t itaibi
purubumna,
(Sterculia pruriens)
Chasseur 1- awiga peiti - a tit takesta, variété de Piment Charme générique pour la Faire des scarifications sur les bras.
"Chance/remède" (Capsicum frutescens) , chasse Les frotter de piment a:rasé mélangé à du sel.
- sel
Chasseur 2- awiga peiti - résine de kunau, Rainette kunawalu (1) Charme générique pour la 1- Introduire la résine dans la crosse du fusil ou la jeter dans le feu
- ou a:orce de kunau (Prunus chasse pour imprégner de sa fumée les vêtements et l'arme du chasseur.
myrtifolia) 2- Bande d'a:orce que l'on amarre autour du bras. Au bout d'une
iournée, on obtient une marque qui bnle comme du piment.

- 152 -
---------------------
Chasseur 3- awiga J3eiti - karajura (Arrabidea chica), Charme géna-ique pour la Faire bouillir une grande quantité de feuilles jusqu'à
- kumak(2l chasse épaississement; on peut ajouter le tubercule râpé de kuma k. En fin
d'opa-ation, ajouter les tubercules pilés des arums suivants :
masas yitjky, "arum-charme pour le daguet rouge",
masas uwakft!y, "arum-charme pour la gymnote électrique" ,
masas pakihft!y, "arum-charme pour le pécari à lèvre blanche".
Le résultat est une boule rouge enfermée dans une feuille que l'on
transporte dans sa musette.
Chasseur, 1- kaukwine J3ie - pakad (Bagassa guianensis) Charme favorisant la La maca-ation naturelle est bue par le chasseur.
Chien "jaguar Iremède" Tombées à terre, les feuilles en forme rencontre de jaguar à chaque
de coque retiennent l'eau de pluie sortie de chasse
Chien 2-kaukwine J3ie - radier la mort (Mimosa pudica), Association symbolique de la Préparer une décoction de radier la mort dans laquelle on jette des
- liane kaukwine awak, (Marcgravia deuxième plante au jaguar, raclures de dent de jaguar puis des morceaux de liane kaukwine
spp.), visant autant à protéger les awak battue.
- raclures de dent de Jaguar chiens de chasse de ses Mélanger le tout dans une spathe de palmier maripa.
attaques qu'à leur permettre Laver le chien avec cette mixture, incorporer le résidu à sa
de les repa-er lorsqu'on le nourriture. Traitement appliqué à deux semaines d'intervalle.
chasse. Variante: écraser des fruits de Marcgravia avec de la pâte de
roucou ; frotter le tout sur le museau et le pelage du chien.
Chien 2- kavine J3ey - kaboye (Piper oblongifolium, Pour dresser un chien à la Préparer une maca-ation à base de plantes entières broyées ou une
P. bartlingianum), chasse, en particulier à celle décoction à laquelle on ajoute les racines de kaibune arib; en
- kaibune arib (Spigelia multispica) du Pécari àcollier asperger le chien à l'aide d'une calebasse; l'immerger dans l'un
des bains pourrait entraîner sa mort. Compléter le dressage en
instillant deux gouttes de l'une des préparations dans chaque
narine.
Chasseur kiniki aJ3ey - rameaux renflés de kaneg ahauki Charme géna-ique pour la Incorporer l'amidon de kaneg ahauki,celui de kumak et les
"manioclremède" (Cissus tuberosa), chasse graines pilées de ka ra j ura à une crème corporelle du commerce;
- rhizome de kumak, frotter le mélange sur le corps.
- graines de karaiura
Chasseur kivegti - champignons filamenteux, tawarib, Protection contre les jaguars Disposer le mycélium séché est dans un sachet en palme, puis
"protection magique" u~a etni (Rhizomorpha corynephora) et les esprits de la forêt. ranger dans la musette du chasseur.
Chasseur mayabakJ3ey - tessons de poteries anciennes Charme géna-ique pour la Jeter dans le feu sept tessons; croquer dans sept piments et les
"tessons des Maye/remMe" mayabakni, chasse poser sur les tessons bruants. C'est le dégraissant kwep (Licania
- piment atit takesta spp.) contenu dans les tessons qui constituerait le vecteur magique.
Chasseur pakih auki Danse « Amarre» les Pécaris à lèvre Exécutée anciennement après une bonne chasse au pécari.
pécari/danse" blanche
Chien I-peru J3ie - écorce de kwailu (Caryocar Développe chez le chien un Battre l'écorce de kwailu, y ajouter la graminée et les feuilles
"chienlremède" microcarpum), bon odorat qui lui fera tenir urticantes de manegus pilées; mettre le tout à maca-er dans le jus
- graminée pamatka, (Paspalum ses proies de manioc; baigner le chien dans le liquide obtenu, puis lui en
conjugatum), verser trois gouttes dans chaque narine.
- feuilles pilées de manegus

- 153-
(Cnidoscolus urens),
- jus toxique du Manioc
Chien 2- peru /He - wiwis kasiuj3an (Cordia nodosa) Rend les chiens obéissants Préparer un bain avec la décoction des feuilles.
Chien 3- peru j3ie - feuilles urticantes de manegus Rend les chiens fainéants Faire une macération; l'utiliser en bains pour laver les chiens
(Cnidoscolus urens, Laportea actifs à la chasse.
aestuans), - jus toxique du Manioc
Chien 4-peru j3ie - feuilles et écorce deperu j3ie, Remède contre les cataractes Piler les feuilles; diluer le jus obtenu dans une cuiller d'eau. Faire
(Bonafousia disticha et Sipanea trois applications quotidiennes sur les yeux jusqu'à guérison.
vratensis)
Chien sawakuk j3ey - glande du croupion de l'oiseau Aiguise le sens olfactif des Laisser sécher la glande; la bnler puis la frotter sur la truffe du
"cassique /remède" Cassique àdos jaune sawakuk chiens chien.
Chasseur sawu j3ey - Loutre géante sawu Fournit des charmes masas Laisser l'animal sécher au soleil, puis le bruer. De ses cendres
"loutre/remède" naissent les arums magiques masas.
Chien uwak j3ey - queue de Gymnote électrique, Donne de l'énergie (rapidité à Ecraser la queue de Gymnote et le rhizome d'arum; les incorporer
"gymnote/remède" - rhizome de uwak j3ey (Caladium la course) àde la pâte de roucou. Frotter la mixture sur la truffe et le corps du
sp.), chien.
- pâte de roucou (Bixa orellana)
Chasseur 1- waneuni aj3ey - Balbuzard pêcheur Fournit des charmes masas Mettre le corps entier de l'oiseau mort à sècher au soleil, puis le
"balbuzard/remède" bruer. De ses cendres naissent les masas
Chasseur, 2- waneuni aj3ey - oeil de Balbuzard, Aiguise l'acuité visuelle Ecraser l'oeil de l'oiseau; le mélanger au latex de af3uki ; diluer
Chien - latex de a/3uki (Bonafousia angulata) dans l'eau; presser cette solution dans l'oeil du chien, en gouttes
oculaires.
Chasseur wayaus j3ey - latex blanc Permet de bien flécher le Roouire la feuille en poudre ou diluer le latex dans une boisson.
"dauphin /remède" - ou feuille séchée de Matelea poisson aïmara ou C'est aussi une plante magique pour circonvenir les importuns et
Rrenandii d'harponner le dauphin éloigner ses ennemis.
Chasseur - - glande à musc du gibier convoité « Amarre» une espèce dans Enterrer la glande en forêt à l'endroit où l'on veut retenir le gibier.
un lieu précis
Chasseur - - encens de araksim (Protium Purifie du corps Lorsqu'un chasseur revenait de forêt, on saupoudrait sa chevelure
Rallicum) d'encens pilé pour que les esprits se détachent de lui.
(1) La Rainette kunawalu kunau se reproduit dans le haut des arbres dans des cavités remplies d'eau (LESCURE & Marty, 2000). Connue de la plupart des Amérindiens des Guyanes et
de l'est de l'Amazonie, elle semble affectionner les arbres à sécrétions résineuses, comme les Burseracées et Symphonia globulifera. Les Amérindiens trouvent dans ses nids des
boulettes de résine solidifiées avec lesquelles ils préparent leurs charmes de chasse (LESCURE & aL, 1980).
(2) Le mot kumak recouvre deux lianes tubéreuses: l'une est une Asclépiadacée indéterminée, sans doute identique ou proche du cumacad (Marsdenia spp.) de l'Amazonie brésilienne,
connue pour ses pouvoirs magiques et ses vertus mooicinales ; l'autre est une Mimosée, Entada polyphylla.

- 154-
1
1 Les charmes de chasse chez les Brésiliens et les Karipuntl 1

1 Nombre de chasseurs connaissent l'existence et la fabrication de charmes qu'ils


utilisent sans doute sporadiquement. Leur but, ici encore, est de rétablir un état
d'équilibre entre la chance et la malchance, nommée panema, dont le chasseur est
1 victime.
Ces communautés présentent aussi des similitudes avec les Amérindiens Palikur et
1 Wayâ'pi dans la préparation et l'usage des charmes de chasse, en particulier en ce qui
concerne les ingrwients d'origine végétale qui entrent dans la composition de 85 %
1 d'entre eux (cf. Tab. 49). A l'inverse, on observe ici un nombre non négligeable
d'ingrwients d'origine animale et industrielle, ce qui constitue une démarcation très
nette avec le monde amérindiens.
1 L'emploi des charmes est le plus souvent occulte, relié à la magie noire et donc au
Diable. Ils peuvent aussi être associés à la geste du chamane (pajé) , considéré par bon
1 nombre de chasseurs brésiliens christianisés comme un être diabolique. Ils convient
toutefois là encore de distinguer entre les personnes dont la vocation est de soulager les
maux de leurs contemporains (curandeiros) et celles qui cultivent l'art des maléfices
1 (feiticeiros). Les charmes, appelés le plus souvent remédios, sont pourtant à dissocier de
mocô qui désigne, lui, plutâ: les talismans que peut élaborer un chamane pour un tiers
1 par le biais de ses esprits domestiqués (soldado ou criaçiiJ do pajé ["soldat ou animal
domestique du chamane"]).

1 Dans un autre registre, le charme conÎere à la viande, comme chez les Palikur, une
mauvaise qualité de conservation. Ce fait est précisé par la grande majorité des
chasseurs professionnels. En effet, la couleur bleue des chairs qui touchent les entrailles
1 ou qui entourent le point d'impact de la cartouche constitue un indicateur précis de
l'utilisation d'un charme, connu d'un très grand nombre d'acheteurs de gibier sur le
1 marché de Saint-Georges ou ailleurs. Consommée par une femme enceinte, cette viande
est particulicr-ement dangereuse, car elle fait courir un danger mortel au fdns. Quoi
qu'il en soit, lorsque le gibier est destiné à la vente, la majorité des chasseurs brésiliens
1 prend garde de ne pas chasser à l'aide de charmes, sous peine de perdre une clientèle
difficilement constituée, tant la concurrence est forte.
1 Bien que la communauté des chasseurs brésiliens et karipuna soit fortement
influencée par le dogme chrétien, la perception qu'ils ont de l'univers forestier fait

1 référence à des traits culturels amérindiens. La forêt constitue pour eux un univers
habité par des esprits qu'il faut savoir amadouer si l'on ne veut pas se mettre en danger.
Régnant en maître sur le panthéon d'esprits dont ils peuplent a forêt, une entité de
1 premicr-e importance, Curupira, y exerce son hégémonie sur les composantes naturelles
et surnaturelles. Bien que cet esprit soit emprunté aux ethnies amérindiennes de langues
tupi-guarani (F. GRENAND, 1982), qui le décrivent comme un géant poilu, pour les
1 Il Les Karipuna sont une population issue de la fusion de plusieurs groupes amérindiens de l'Amapa, de métis venus de

1 l'Amazone au XIX· siècle et d'éléments divers venus de Guyane. Ils sont reconnus officiellement comme Amérindiens au
Bréiil et vivent surtout sur le Rio Couripi (GRENAND & GRENAND, 1987). Plusieurs noyaux de peuplement sont installéi
dans le bas Oyapock où ils sont souvent confondus soit avec les Bréiiliens pauvres de la région, soit avec les Palikur. Ils
parlent une variété assez archaïque du eroole de Guyane, ainsi que le portugais régional.
1 - 155 -

1
1
Caboclos brésiliens (CAMARA CASCUDO, 1979), il possède l'apparence d'un petit garçon 1
qui peut perdre, rendre fou ou tuer un chasseur excessif dans ses prélèvements. En
revanche, toutes les traditions orales amazoniennes s'accordent pour lui attribuer une
force herculéenne. C'est à lui qu'un chasseur doit demander l'autorisation de la prélever
1
la plante sauvage dont il désire composer un charme. On retrouve donc encore ici une
perception négative de l'excès qui peut être sanctionné par la maladie ou la mort. 1
Les précautions à suivre avec les charmes s'imposent à différentes étapes de leur
conception et de leur utilisation, impliquant le chasseur, bien sfr, mais aussi son
entourage proche. Ainsi, l'un des risques majeurs qu'encourt un chasseur est de se
1
retrouver malchanceux de manière définitive. Cet état de fait est lié à diverses
transgressions:
1
- le charme est composé devant des tiers;
- le charme n'est pas élaboré dans un récipient réservé à cet effet;
- le chasseur qui le compose est déjà chanceux;
1
- une femme enceinte touche ou consomme la viande chassée à l'aide du charme ;
- le charme est utilisé immédiatement après sa composition, sans attendre un délai 1
variant de 2 à 3 jours ;
- le charme, contre les règles, est utilisé de suite dans une partie de chasse
collective ;
1
- le chasseur laisse un tiers tuer l'animal qu'il a attiré à l'aide d'un charme;
- le chasseur ne tue pas l'animal convoitt\ alors que les règles d'utilisation du 1
charme l'imposent.
Le chasseur peut risquer sa vie et celle de ses proches dans les cas où: 1
- durant une sortie, il tue tous les individus qu'il rencontre de l'espèce qu'il
convoite (il doit en épargner au moins un) ;
- lorsqu'il prélève un ingrédient végétal sauvage nécessaire à l'élaboration d'un
1
charme, sans en avoir demandé la permission, sous la forme d'une prière à l'esprit de la
forêt ; 1
- il n'est pas assez robuste pour utiliser le remède;
- sa femme en période de menstrues mange de la viande d'un gibier charmé (le
risque est alors encouru par le couple) ;
1
- une femme enceinte consomme de la viande tuée à l'aide d'un charme ou d'un
chien traité par un charme. Le nouveau-né risque alors de ne pas pouvoir sortir à cause 1
d'un rétrécissement de l'utérus;
- il tue le premier animal rencontrt\ qui risque alors d'être un esprit;
- il ne parvient pas à tuer l'animal convoité alors que les règles d'utilisation du
1
charme l'imposent;
- il dépasse le quota de prises permis par le charme. 1
En définitive, nous sommes face à un ensemble de règles contraignantes qui
semblent avoir plutâ: pour fonction de limiter l'usage des charmes, encourageant de
facto une pratique responsable de la chasse.
1
1
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1
1
---------------------
Tab. 49 - Charmes dechasse d ' Tlens et des Kanpuna
esBresl .
Nom du charme
Bénfficiaire Utilisation Recette et remarques
et/ou Inerédients
Chasseur - liber de buiuçu (Ormosia coutinhoi), Fournit de la chance à la Faire macérer le liber pillé dans du rhum et frotter sur le corps.
- rhum chasse
Chasseur - carâde caitetu (Dioscorea sp.) Fournit de la chance à la Râper le tubercule et mettre à macérer dans du rhum. Frictionner ensuite sur les bras; le
chasse reste est réservé dans un flacon Que l'on emporte à la chasse.
Chasseur - Piment cacarate (Capsicumfrutescens) Fournit de la chance en Faire bouillir le piment dans l'eau, se laver avec la décoction, attendre d'être bien sec
général avant de se rhabiller. Le bain doit être pris à trois reprises : seuls mercredi, jeudi et
vendredi sont des jours favorables.
Chasseur - gros Citron amer (variété de Citrus Pour se libérer de la Se laver dans une crique de forêt avec le savon puis se frotter avec le citron. Ne pas
grandis), malchance (panema) regarder en arrière et ne pas rentrer par le même chemin.
- savon de Marseille
Chasseur - mururé-pajé (Pistia stratiotes) Pour se libérer de la Boire une décoction de la plante coupée en petits morceaux.
malchance (Danema)
Chasseur - taiâdo veado (Caladium sp.) Charme du Daguet rouge Emporter les feuilles avec soi à la chasse.
Chasseur - taià do cariacu (Caladium sP.) Charme du Daguet gris idem
Chasseur - taiâde cutia (Caladium sp.) Charme de l'Agouti idem
Chasseur - taiâ da anta (Caladium sP.) Charme du Tapir idem
Chasseur - tawin (8rosimum acutijolium)(1) Fournit de la chance à la Après avoir passé plusieurs jours seul en forêt, prendre un bain à base de décoction
chasse d'écorce. Requiert l'aide d'un chamane ou d'un initié.
Chasseur - piment cacarate (Capsicumfrutescens), Fournit de la chance à la Se scarfier avec des les feuiIles coupantes de couteau tig (Scleria spp.) puis se laver avec
- eau de lavage du manioc râpé chasse une macération d'eau de manioc et de piment.
Une femme enceinte ne doit pas toucher ainsi gibier tué (malchance pour le chasseur) ;
une femme enceinte ou ayant ses règles ne peut consommer ce même gibier (risque de
maladie pour la femme et le chasseur).
Chasseur - une Marantacée non nommée Fournit de la chance à la Se laver les yeux avec l'eau retenue dans la fleur pendant sept jours. Ne pas tué le 1er
chasse animal rencontré car c'est un esprit. Chasser seul et ne tuer que sept pioces par mois. Ne
pas blesser ses proies. En cas de non-respect, l'esprit Saci punit le chasseur (1l.
Chasseur - tête de serpent liane ou tucano-boia Fournit de la chance à la Tuer ce serpent et faire sécher sa tête, que l'on garde ensuite dans sa poche.
(Philodrvas spp.) chasse
Chasseur - petit pécari non sevré Fournit de la chance à la Enterrer la dépouille de l'animal en forêt en ne laissant dépasser que le groin.
chasse
Chasseur - résine de la grenouille cunauaru Fournit de la chance à la Se laver avec la macération dans l'eau de la résine de Ccunauaru
(Phrynohyas resinifitrix) chasse
Chasseur - concrétions oculaires du chasseur et de son Fournit de la chance à la Méianger les deux types de concrétion et appliquer le méiange sur les yeux. Procéder
chien chasse ainsi cinq fois de suite.
Appeau - foetus de Tapir, Rend l'appeau efficace Faire sécher le foetus. Le mettre à mariner dans de l'eau avec les piments en nombre
- piment cacarate (Capsicumfrutescens) impair. Tremper l'appeau dans l'eau. Sécher à nouveau le foetus et l'emporter avec soi à
la chasse, ainsi Que l'appeau.

- 157 -
Chasseur, - zoranj-chien (Citrus aurantium), Fournit de la chance à la Piler tous les ingrédients et faire macérer dans l'eau. Baigner le chasseur et son chien
Chien - feuilles de mavévé (Potalia amara), chasse avec le mélange
- a::orce devénéré ( Sioaruna J!uianensis)
Chien - liber de buiuçu (Ormosia coutinhoi), Aiguise l'odorat Mélanger le liber pillé avec le poivre et appliquer le mélange sur la truffe.
- poivre de cuisine
Chien - Piment cacarate (Caosicum frutescens) Ai.euise l'odorat Ecraser le piment et le frotter sur la truffe.
Chien - quatre dents de lait de chiot Stimule l'agressivité Enterrer les quatre dents de lait du chiot dans ses traces

(1) Cet arbre est identique au tauni des Palikur ; chez ces derniers, il joue un rue éminent dans l'initiation des chamanes.
(2) Le Saci ou Saci-pererê est une entité surnaturelle propre au folklore brésilien. Il se présente sous la forme d'un enfant noir fumant la pipe, se comporte comme un faune, effrayant les
chasseurs, entre autre par ses sifflements. Cependant il n'est pas maître des animaux, à l'inverse de Curupira (CAMARA CASCUDO, 1979).

- 158 -
1
1 Les charmes de chasse dans la communauté créole

1 Malgré des héritages plus mêlés, on constate chez les Crooles une perception du
milieu naturel reposant là aussi sur des croyances où apparaissent des esprits dangereux
pour le chasseur excessif. Pèt bwa ou Seseloi, monstre unijambiste, gouverne l'espace
1 forestier et les nombreux esprits qui y vivent 12 • Il peut égarer un chasseur, l'assaillir et le
rendre fou ou encore le tuer. Certains animaux, considérés comme les vecteurs de son
1 pouvoir, peuvent amoindrir, durant la sortie de chasse, la chance dont tout chasseur
dispose. Ici encore, cette conception d'un univers naturel approprié par les esprits n'est
pas partagée de façon avouée par l'ensemble des chasseurs crooles, tant à Saint-Georges
1 qu'ailleurs.
Une partie des chasseurs interrogés considcre le combat permanent du Bien contre
1 le Mal, figuré par le couple DieulDiable, comme une explication des contradictions du
monde vivant et de ses déséquilibres. Ceci est cohérent avec le syncrétisme caractérisant

1 la culture croole, dans laquelle les conceptions dualistes importées d'Europe sont
particulicrement prégnantes (GRENAND & al., à paraître). Dans cette perspective, le
charme de chasse, désigné sous le vocable de remède ou plus rarement de Simp l3 ou
1 principe, est généralement destiné à rétablir un équilibre entre la chance et la malchance
dont on peut être victime. Toutefois, peu de chasseurs crooles avouent employer
aujourd'hui ce type de préparation et peu sont enclins à en parler. Cette attitude renvoie
1 à l'individualisme, constitutif de la société croole après l'abolition de l'esclavage en
1848 (JOLIVET, 1982). Cette attitude réservée est aussi liée au fait que l'emploi des
1 remèdes est souvent associée à la représentation inquiétante de la magie noire (tyeinboi
ou quimbois) pratiquée par un quimboiseur ou gado; elle implique la notion
d'amarrage, consistant à influencer une personne à l'aide d'une force magique. Le
1 tyeinboi est donc une production de la sorcellerie, attachée au Diable et par extension à
l'idée de mort. Plusieurs chasseurs ayant admis avoir utilisé les charmes durant leur
1 jeunesse n'ont fourni qu'une partie des recettes, omettant l'autre qu'ils jugeaient
secrète, parce que liée au tyeinboi, donc à la mort. Les évocations d'individus victimes
des effets non maîtrisés des tyeinbois sont limitées, laissant cependantdans les mémoires
1 un souvenir terrifiant.
La liste non exhaustive des charmes employés par les Crooles (Tableau 50) révèle
1 qu'ils concernent autant les hommes que leur fusil ou leur chien. Les risques évoqués et
les précautions recommandées trahissent une très grande méfiance à l'égard de leur
1 usage. Les produit importés intervenant pour une part non négligeable, 65 % seulement
des charmes comportent des ingrédients d'origine végétale, chiffre sensiblement
inférieur aux autres populations,. On notera cependant qu'ils appartiennent pour
1 l'essentiel à la phytothérapie croole traditionnelle. Certains ingrédients conÎerent la
possibilité de réchauffer les armes, renvoyant au maintien de l'équilibre paradigmatique
1 du corps humain entre les deux extrêmes que sont le chaud et le froid. Ainsi, au même

1 12 Cette figure renvoie à celle du Kuiupi des Wayapi, monstre unijambiste maître des animaux (GRENAND, 1982), mais le

nom pèJ bwa n'est pas sans évoquer le petïman (litt. "sans jambe") des Kali'na, chasseur fou qui dévora sa femme après
l'avoir boucanée et à qui ses beaux-frères coupèrent la jambe avant qu'il ne monte au ciel (AHLBRINCK, 1956).
13 Du français "simple" : médicament formé d'une seule substance ou qui n'a pas subi de préparation (Le Petit Robert).

1 - 159 -

1
1
titre que les humains, le canon du fusil et les plombs jugé; trop froids font l'objet d'un 1
traitement de rééquilibrage, afin que le moment voulu, le chasseur dispose de toute leur
énergie. Les armes, toujours comme les humains, peuvent être victimes de ce que l'on
dé;igne le plus souvent sous le vocable de pia/ 4 ou diab, qui n'est autre qu'un mauvais
1
sort. Celui-ci peut avoir été envoyé par un chasseur avec lequel on a un différend, ou
bien encore être contenu dans l'arme empruntée par le chasseur. Là encore, l'utilisation 1
du remède n'est pas anodine: elle constitue l'équivalent d'un contre-piay, qui rétablit
l'équilibre entre les forces en jeu. 1
Indépendamment des méfaits que peuvent causer des tiers par le biais des piay,
certains lieux sont intrinsèquement malsains et peuvent provoquer un état de malchance
momentanée. L'appréciation de la cause qu'en font les chasseurs est très personnelle:
1
les uns invoquent une sensation de malaise provoqué par la pré;ence d'entité;
invisibles; d'autres interprètent le comportement anormal d'un animal comme l'action 1
d'un esprit; d'autres enfin associent la simple rencontre au cours de la chasse de
certains animaux pourtant très communs en forêt, tels le Marail ou le Piauhau hurleur, à
la pré;ence d'esprits malfaisants. 1
Certaines règles de conduite doivent être observées vis-à-vis des charmes, qUI
permettront au chasseur de ne pas être atteint par la malchance. Ainsi, il est 1
recommandé:
- de ne pas faire preuve d'orgueil et de vantardise inconsidéré; auprès des autres
chasseurs sur le nombre de prises faites à la chasse;
1
- de veiller à ne pas consommer un gibier piayé, c'est-à-dire obtenu à l'aide d'un
tyeinboi ou d'un remède dont on ne connaît pas la préparation. La viande de l'animal se 1
reconnaît à sa couleur bleue;
- d'éviter de sortir à la chasse alors que sa femme ou sa maîtresse est enceinte ou
que l'on a des enfants en bas-âge ;
1
- de bien dissimuler les viscères de l'animal abattu en forêt afin que personne ne
puisse ni marcher ni uriner dessus, ni ne puisse les brffer. Dans le cas où un individu 1
agirait de la sorte de manière involontaire, le ré;ultat ne provoquerait qu'un
refroidissement du fusil;
- de ne pas tuer un serpent venimeux lové sur lui-même;
1
- de respecter scrupuleusement les règles de préparation et d'utilisation du remède.

Certaines actions contribuent, elles, à rendre le chasseur malchanceux de manière


1
très momentanée, par exemple lorsque
- il enjambe une liane-chasseur; 1
- il passe àcêtéd'une termitière;
- il entend le chant du Piauhau hurleur ou voit un Marail ;
- il voit un serpent traverser devant lui le layon de chasse durant sa course en forêt.
1
Enfin l'utilisateur d'un remède encourt un état de malchance permanent, la mort de
son chien de chasse, celle de ses proches ou encore la sienne, s'il ne respecte pas les
1
recommandations suivantes:
1
14 Mot emprunté aux peuples de langues karib, qui recouvre pour eux les notions de chamane et de chamanisme.

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1
1
1
1 - tuer le nombre exact de proies imposé par la prescription du remède ;
- ne pas dépasser le quota de gibier à prélever ;
1 - ne pas utiliser un tyeinboi qui contraint par la force un animal à suivre une
direction donnée ;
- ne pas donner à manger à une femme enceinte du gibier tué avec l'aide d'un
1 chien qui avait pris un remède;
- ne pas donner à son chien un remède trop fort, c'est-à-dire mal préparé;
1 disposant alors de trop d'énergie, il pourrait se perdre durant sa course et mourir.

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Tab. 50 - Channes de chasse des Crooles
BéntificÜlire Nom du charme Utilisation Recette et remarques
et/ou In1!rœients
Chasseur - liane acouchi (sp. indét.) Procure de la chance Nouer des bracelets de liane acouchi autour des poignets du chasseur.
Chasseur - Piment cacarate (Capsicumfrutescens) idem Mettre des piments dans sa poche durant la partie de chasse et faire des prières; cependant être
prudent, car ce charme attire aussi les serpents venimeux.
Chasseur - graine de yani (anis étoilé) idem Mettre les graine dans sa poche durant la partie de chasse. Au retour, laver les vêtements de
chasse à l'eau claire sans savon.
Chasseur - mavévé(Potalia amara), Rend les appeaux efficaces Mettre à tremper l'appeau en écorce de mombin dans une macération aqueuse de racines de
- écorce de mombin (Svondias mombin) mavévé Se pratique à la lune montante.
Chasseur - cramantin (Justicia pectoralis), Rend les appeaux efficaces Tremper l'appeau dans le cramantin pilé, mélangé à un peu de sang frais.
- sang animal
Chasseur - Citron (Citrus aurantifolia) Libère de la malchance Au crépuscule, se laver dans une crique de forêt avec un citron coupé en 4. Se frotter le corps à
trois reprises pour que la peau soit purifiée.
Analogie avec les poissons-limons (Siluridés) qui sont ddJarrassés de leur mucus avec du
citron avant d'être cuisinés.
Chasseur - sapi-sapi (Mayaca longipes) Libère de la malchance Au crépuscule, se laver en forêt avec cette plante aquatique. Se frotter le corps à trois reprises
pour Que la peau soit purifiée.
Chasseur - codio [kodjo] (Asclepias curassavica), Libère de la malchance Se laver avec la macération de la plante dans l'urine au bord d'une crique en regardant vers
- urine l'amont. Ne pas regarder en arrière, ni revenir sur ses pas (risque d'annulation du charme).
Chasseur - zouti rouj (Laportea aestuans), Libère de la malchance
- urine
Chasseur - douvan-douvan (Petiveria alliacea), Libère de la malchance Ecraser les plantes avec la canne à sucre et de l'eau. Se laver le corps avec le mélange.
- alentou case [alantou-kaz] (Microtea
debilis ),
- canne à sucre
Chasseur - fil rouge, Libère de la malchance En cas de malchance à la chasse causée par une rupture d'interdit par la femme enceinte du
- fibre de spathe de cocotier (Cocos chasseur, utiliser le remà:1e suivant:
nucifera), Après l'accouchement, le chasseur malchanceux part à la chasse avec dans sa poche un bout de
- ou de wassaye [wasay] (Euterpe fil rouge si c'est une fille, une fibre de spathe de cocotier ou de wassaye sculpté en forme de
oleracea) flà:he si c'est un garçon.
Chasseur - pativié gran bwa (Tovomita spp.) Rroriente le gibier Couper un morceau de racine aérienne et la déposer sur la trace de l'animal convoité
Chasseur - chemise Rrorienter le gibier Retourner sa chemise et s'en vêtir.
Chasseur - glande à musc Maintient le gibier à un Enterrer la glande à musc de l'espà:e convoitée ou la clouer sur un arbre. L'animal maigrit et
endroit précis peut devenir agressif.
Arme - marc de café "Réchauffe les plombs", Mélanger le marc de café à de l'eau chaude, verser dans le canon du fusil; laisser refroidir puis
c'est-à-dire rend l'arme plus jeter le liquide.
efficace
Arme - ammoniac idem Nettoyer le fusil avec ce liquide.
Arme - Piment cacarate (Capsicumfrutescens) idem Ecraser le piment et en frotter le fusil.
Arme - pétrole, idem Introduire un mélange de pétrole et de sel dans le canon du fusil. L'y laisser macérer une
- sel iournée.
- 162-
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Arme - yeux de Gymnote électrique idem Laisser sécher des yeux de gymnote, réputés puissants, puis les intcruster dans la crosse du
fusil
Arme - serpent graj idem Tuer un graj, en extraire les crochets venimeux, les incruster dans la crosse du fusil. Ce charme
est dangereux: les femmes enceintes ne doivent pas manger le ~ibier qu'il aura servi à tuer.
Arme - piment cacarate (Capsieum idem Ecraser les ingrwients et les faire bouillir; faire tremper dans le liquide le canon tourné vers le
fruteseens), bas; le frotter avec une foliole de wassaye.
- zouti rouj (Laportea aestuans),
- gousse d'ail,
- pinnule de wassaye [wasay] (Euterpe
oleraeea)
Chien - farine de Manioc, Eduque les chiots à partir de Mettre l'un des deux produits sept fois de suite dans les traces des deux pattes gauches du
- ou boulettes de pain six mois à la Quête du gibier chien à la lune montante.
Chien - radié-sable (Solanum asperum), Procure de la vivacité Mélanger les feuilles des deux espèces dans du jus de manioc additionné d'eau; laver le chien
- zoranj-chien (Citrus aurantium), avec la préparation.
- ius toxique de Manioc
Chien - cervelle d'un gibier, Procure du courage et de Mélanger les ingrwients et donner la mixture à manger au chien le vendredi; charme
- poudre de cartouche l'agressivité dangereux, car le chien peut devenir agressif envers son maître.
Chien Remède du roi corbeau: Aiguise le sens olfactif Ce charme est puissant: tuer un Vautour, lui couper la tête. Faire manger au chien deux ou
- mouches (Diptères) vivant avec cet trois des diptères vivant dans le bec du rapace et qui sont sensées lui indiquer la présence des
oiseau charognes dont il se nourrit.
Chien Variante du précwent : Lie le chien au gibier Faire griller un Diptère récupéré dans le bec du Vautour; mélanger avec la plante radié-la-
- mouches, mort et la poudre. Faire manger le tout au chien. Charme dangereux: si un Diptère s'échappe,
- radié-la-mort (Mimosa spp.), il peut se loger dans le nez du chasseur et le tuer. Le chien peut aussi se perdre.
- poudre de cartouche
Chien - cramantin (Justicia peetoratis), Procure de l'endurance et de Laver le chien avec le mélange préparé dans un récipient réservé à cet usage. La femme
- jus toxique de Manioc, rapidité à la course enceinte ne peut consommer le gibier que ce charme aura aidé à tuer sans risquer un
- eau bénite, resserrement de l'utérus lors de l'accouchement.
- statuette de Saint
Chien - Piment cacarate, Calme la nervosité et la Frotter les piments sur la truffe de l'animal.
- ou Piment iako (Capsieum spp.) har~ne
Chien - glande à musc, Aiguise le sens olfactif pour Préparer un charme différent pour chaque espèce de gibier convoitée, sans les mélanger.
- patte gauche, une espèce précise Faire macérer les ingrwients de chaque espèce dans le rhum. Masser le nez du chien durant la
- museau, lune montante.
- poiv guiné(Aframomum melegueta),
- rhum
Chien - foie idem Faire manger au chien le foie de l'espèce convoitée.
Chien - glande à musc, idem Faire macérer les ingrwients dans de l'eau. Les y écraser. Laver le chien à rebrousse poil avec
- zoranj-chien (Citrus aurantium), le liquide et lui faire sentir le mélange de fa~n répétée.
- ou zerb a~outi (Desmodium axillare)
Chien - gro mouche des citrouilles Débouche les naseaux Ecraser l'insecte avec la feuille de citrouille et frotter sur la truffe.
(Colooptère)

- 163 -
1
BrètJes remarques sur la place de la chasse chez les Hmong
1
L'enquête conduite chez les Hmong ne montre pas d'utilisation de charmes de
chasse. La perception que ces derniers ont du milieu forestier ne s'appuie en apparence 1
sur aucune croyance liée à la domination d'esprits surnaturels. Bien que les plus anciens
avouent avoir eu une telle philosophie jadis au Laos, leur pays d'origine, ils soulignent à
présent un abandon total de ces croyances. On notera aussi qu'ils n'ont guère de tabous
1
alimentaires à l'égard de gibiers spécifiques. Seuls les abats de quelques espèces sont
interdits à la consommation. Ces interdits (tchay) ne sont observés que par quelques 1
clans et la viande de ces animaux peut être consommée sans danger par les autres.
Quelques espèces sont considérées comme impropres à la consommation à cause de
l'odeur musquée de leur chair tandis que d'autres, tels les Félidés, peuvent être
1
consommées et utilisées dans les pratiques médicinales alors que leur chair est
généralement considérée par les autres communautés comme trop fortement musquée. Il 1
s'agit principalement du Tatous à neuf bandes et du Tatou géant, des Paresseux à deux
et trois doigts, des Agoutis et des Aras. Une conduite mesurée est observée par quelques
clans: elle consiste à ne pas tuer plus de trois individus de la même espèce durant une
1
partie de chasse, sous peine de mécontenter l'esprit domestique de la maison
(pikikway), qui, pour punir la transgression, peut s'attaquer à un enfant ou un adulte en 1
le rendant malade.
III - 1.4. DISCUSSION 1
Un univers commun, des recettes communes
L'analyse détaillée des ingrédients, des modalités de fabrication et d'utilisation des
1
charmes de chasse à l'échelle de trois communautés montre de nombreuses similitudes.
Par exemple, on retrouve un fonds commun d'ingrédients. Il s'agit du Piment, de plantes 1
appartenant à la famille des Aracées, de glandes à musc. De même, certaines modalités
d'application (bains pour les hommes et les chiens, port du charme à la chasse,
scarifications, application sur les bras, sur la truffe du chien...) sont partagées par
1
l'ensemble des communautés. Ce fait semble marquer un fort brassage des savoirs et
des pratiques à l'échelle de la Guyane. On constate en outre que toutes les 1
communautés, à l'exception des Hmong, admettent l'existence d'un Maître de la forêt
exerçant sa domination sur le monde visible et invisible. Le charme de chasse est
partout perçu comme une réalisation magique qui présente une dualité positive/négative
1
difficile à appréhender, tant par le chasseur que par l'observateur. En effet, s'il est d'une
part un remède qui rétablit un équilibre, il constitue d'autre part une substance magique
potentiellement source de déséquilibre. L'usage d'un charme implique donc un
1
comportement modéré de la part de son utilisateur, qui, en aucun cas et quelle que soit
son origine culturelle, ne peut s'en servir pour asseoir une domination sur les espèces
1
animales convoitées. Ce fait est confirmé en particulier par les chasseurs de la
communauté brésilienne qui exploitent le gibier dans un but strictement commercial. 1
1
- 164-
1
1
1
1 Perception de la faune sauvage et plan de gestion

1 Dans la perspective des recommandations qui pourraient être élaborées à partir des
résultats de ce programme en maticre de plan de gestion de la faune, il est apparu utile
d'expliciter les connaissances biologiques et éthologiques de la faune dont disposent les
1 différentes communautés culturelles de chasseurs. Une partie des résultats exposés ici
proviennent d'un questionnaire appliqué à 56 chasseurs de toutes origines.
1 Chez les Palikur
Les adultes perçuivent le monde sauvage sur la base d'un schéma que l'on peut
1 encore qualifier de traditionnel. En premier lieu, la chair des animaux possédant quatre
pattes (pwiknedsi) - Mammif'eres, certains Reptiles -, deux pattes (kwi~gadsi) -
Oiseaux - , ou des nageoires (irn) - poissons - , constitue la catégorie de ce qui est
1 consommable (aSka kabain6). Les Palikur distinguent en outre dans la catégorie des
animaux à quatre pattes, des sous-catégories qui servent à désigner de grands ensembles
1 de Mammif'eres, tels les Singes (wakukwa), les Ecureuils (rneg), les Souris (kuuku), ou
bien encore de grands ensembles de Reptiles, tels les Tortues de terre et d'eau (wayarn)

1 et les Caïmans (punarnna). A cette conception du vivant s'ajoutent deux autres


catégories fondamentales, qui à l'instar des termes distinguant les plantes domestiques
(arnuta~ui) des plantes sauvages (àgayu), marquent une distinction entre les animaux

1 sauvages de la forêt (kahihotni~ye) dont font partie tous les gibiers, et les animaux
domestiques (rnahihotni~ye) des espaces humanisés.
1 Même si les Palikur évoquent çà et là la raréfaction d'une espèce en indiquant une
cause tangible, telle la surexploitation par des chasseurs professionnels, ils considcrent
la ressource comme globalement inépuisable. En fait, selon eux, la gestion du gibier
1 échappe en grande partie aux humains. Là encore les entités surnaturelles et plus
précisément les démiurges de la mythologie jouent un rue majeur en assurant à chacun
1 une disponibilité en gibier tout au long de l'année. Kayamina, le "serviteur de Kaya" ,
lui-même maître des hommes et des animaux, est chargé tous les ans de parcourir la
surface de la terre à la recherche du gibier afin de le redistribuer parmi les peuples qui
1 en ont besoin. Sa "pirogue à gibier" (puikne gauia), lui sert à entreposer les espèces
animales qu'il collecte et redistribue tout au long de son périple. C'est toujours de
1 l'Orient (waarnatak) et durant la saison des pluies que la pirogue arrive en pays palikur
et que Kayamina rétablit l'équilibre entre la quantité de gibier prélevé et ce qu'elle doit
être pour permettre aux humains de subvenir à leurs besoins. Bien entendu, les excès
1 commis ici et là ne seront pas compensés par le démiurge. C'est donc à la seule
condition de ne pas trop en faire, comme le souligne à l'identique les Wayapi du haut
1 Oyapock (GRENAND, 1992), qu'un état d'équilibre stable peut être assuré au sein du
milieu naturel comme dans la communauté humaine.

1 Les données de notre enquête concernant la biologie et l'éthologie des animaux


montrent que si les Palikur dans leur ensemble possèdent de bonnes connaissances sur

1
1 - J65-

1
1
l'éthologie et la biologie des espèces gibiers l5 , et avant tout celles dont le comportement 1
est très caractéristique (chant de parade d'amour du Hocco, période de ponte de l'Iguane
vert). Parallèlement, la majorité des Palikur interrogés dans différentes classes d'âge
confirme les observations faites par les naturalistes, notamment en ce qui concerne le
1
caractère solitaire ou grégaire des espèces, précisant le nombre d'individus qui peuvent
se rassembler, le type de milieu qu'elles occupent généralement, ainsi que leur caractère 1
nomade ou sédentaire. Il apparaît toutefois de manière évidente que certains caractères
biologiques sont aujourd'hui ignorés du plus grand nombre. Il en va ainsi de la nature
du régime alimentaire des espèces exploitées - connaissances qui, il est vrai, supposent
1
un savoir botanique qu'une grande partie des jeunes Palikur ne détient plus,
contrairement aux Wayapi - , du nombre de portées et de petits que ces espèces 1
peuvent annuellement produire, de la durée de gestation et de la période des naissances.
Précisons cependant que nombre de ces caractéristiques n'ont pas non plus encore été
élucidées par les naturalistes pour les espèces amazoniennes. Les connaissances liées au
1
nombre de portées et de petits par portée chez les Primates et le Tapir sont identiques
aux données acquises par les naturalistes. Chez les Palikur comme chez les autres 1
populations enquêtées, la période de gestation de quelques Mammiîeres tels les Pécaris,
l'Agouti et le Paca est assez souvent comparée à celle du Chien domestique, dont tous
connaissent bien le rythme biologique. Il faut néanmoins souligner ici, pour conclure,
1
que la perte de connaissance en éthologie et biologie animales risque de créer un
obstacle sérieux quant à la compréhension que les Palikur et bien d'autres communautés 1
amérindiennes pourraient avoir d'éventuels plans de gestion de la faune.
Chez les Brésiliens et les Créoles 1
Connaisseurs pragmatiques du milieu forestier et de ses animaux, les Brésiliens et
les Créoles possèdent un savoir lié à l'éthologie des espèces chassées qui est, chez la
plupart des personnes interrogées, bien supérieur à celui lié à la biologie. Les réponses
1
fournies à propos des caractéristiques éthologiques sont d'une grande précision. Les
chasseurs brésiliens et, dans une moindre mesure, les chasseurs créoles, distinguent très 1
nettement les types de milieux qu'occupe le gibier en fonction de la période de la
journée. Il est évident que les stratégies de chasse (sortie ou expédition, chasse diurne
ou nocturne) nécessitent l'acquisition de connaissances sur le rythme circadien des
1
espèces chassées. On retiendra en outre une assez grande précision dans la
caractérisation des comportements liés aux espèces nomades et sédentaires. Ainsi, le 1
Pécari à lèvre blanche constitue pour l'ensemble des chasseurs l'archétype de l'espèce
nomade. A son propos, les chasseurs évoquent des migrations saisonnières en boucle
sur des distances qui lient plusieurs pays du plateau des Guyanes. De nombreux
1
chasseurs pensent que le Pécari à lèvre blanche ne serait pas homogène du point de vue
spécifique, ce que n'a pas confirmé l'étude génétique (CATZEFLIS & al., ce rapport). 1
Tous soulignent, y compris les Palikur, que plusieurs variétés coexisteraient sur le
territoire guyanais et ailleurs. Selon eux, il est possible d'observer une variété blanche
ou grise appelée en créole manchoué blan ["mochoire blanche"], une variété à la robe
1
15 Les Palikur, comme toutes les populations forestières, ont une connaissance détaillée des espèces animales et végétales
1
et nous avons relevé plus de mille termes pour qualifier les deux règnes.

- 166-
1
1
1
1 plus sombre et au comportement plus agressif, kochon rouj ["pécari rouge"] et une
variété à la robe noire, plus petite que les autres, appelée kochon noué ["Pécari noir"]. Il
1 est intéressant de noter que les Wayâ'pi distinguent eux aussi trois variétés de Pécaris au
comportement et à la robe distincts (GRENAND, 1982). Les chasseurs remarquent en
outre que les caractéristiques liées au grégarisme du Pécari à lèvre blanche doivent être,
1 elles aussi, distinguées en fonction des variétés observées. Les grandes bandes de
Pécaris de plusieurs centaines d'individus qui peuvent parfois être observées sont le fait
1 de la seule variété kochon rouj, qui présente alors un caractè"e extrêmement agressif.
Plusieurs récits parlent de mort d'homme durant des chasses conduites contre cette
variété. Même si nous ne sommes pas ici face à des sous-espèces ou variétés
1 scientifiques, ces distinctions éthologiques méritent d'être approfondies dans la
perspective d'une gestion accrue de l'environnement guyanais.
1 Le Pécari ne constitue pas la seule espèce à la morphologie et au comportement
variables. Le Capucin à tête blanche, considéré par les naturalistes comme assez rare en
1 Guyane, est subdivisé par quelques chasseurs en deux variétés, l'une plus corpulente
que l'autre. On précise que le comportement vis-à-vis du chasseur serait distinct: l'une
s'échapperait à la vue d'un chasseur, l'autre tenterait de se camoufler dans les
1 frondaisons des arbres, comme le Singe hurleur. Il en va de même pour le Daguet rouge,
dont on distingue une variété à la "peau fine" d'une autre à la "peau épaisse". Cette
1 distinction repose sur le type de milieu que chacune occupe: marécageux 16 pour la
premiè"e, essentiellement forestier pour la seconde. En ce qui concerne le
comportement social du Tapir, on remarque une assez grande homogénéité des réponses
1 pour une majorité de chasseurs, toutes communautés confondues: les Tapirs se
déplacent en couple tout au long de l'année. Les chasseurs brésiliens qui exploitent la
1 faune dans un but commercial précisent qu'ils tiennent compte de cette caractéristique
pour sélectionner leur proie.

1 Si l'on s'attache à présent à l'analyse des réponses concernant la biologie des


espèces chassées, on constate une méconnaissance partielle. Les durées de gestation des
grands mammiîeres sont variables et se situent dans une fourchette de 8 à 9 mois. La
1 période des naissances est, elle, généralement méconnue, même si la précision donnée
s'effectue sur la base de la saisonnalité. Le nombre de portées et de petits, à l'instar des

1 réponses fournies par les Palikur, est précis en ce qui concerne les Primates, les
Cervidés et le Tapir. Les connaissances liées à la biologie de l'Iguane vert, très prisé
pour la qualité de sa chair, présentent des différences significatives d'un site à l'autre,
1 essentiellement en ce qui concerne la période de ponte et de gestation (aoft-novembre)
ainsi que le nombre d' cnfs que peut porter une femelle (20 à 80 pour une moyenne de

1 40).
Chez les Hmongs

1 Allant dans le sens du peu d'intérêt qu'ils portent à la consommation du gibier et à


l'exploitation des ressources forestiè"es, les résultats de l'enquête conduite à
Counamama montrent qu'un nombre important de chasseurs ne dispose que de très
1
16 Cette variété n'est pas confondue avec le Cerf de Virginie (Odocoileus virginianus).
1 - 167 -

1
1
faibles connaissances sur la faune et la nore guyanaises. On sait pourtant que les 1
Hmong immigrés en Guyane sont originaires de zones forestières du Sud-Est asiatique.
Toutefois, comme un habitant du village le soulignait, la forêt n'intéresse les Hmong
que pour être coupée et y faire des champs, indiquant ainsi que cette communauté
1
occupe davantage (au moins en Guyane) des zones péri-forestières que forestières et
qu'elle rassemble davantage d'agriculteurs et d'éleveurs (Porc, Canard) que d'exploitants 1
des ressources forestières sauvages. Il convient néanmoins de remarquer que les Hmong
ont renommé nombre d'espèces de la forêt tropicale amazonienne à partir de noms
qu'ils donnaient aux espèces présentes dans les forêts du Laos. Ainsi, onze espèces de
1
Mammiîeres sont renommées, parmi lesquelles le Jaguar (tutsay, "Tigre tacheté"), le
Daguet rouge (maleu) et le Daguet gris (kao), en référence à deux espèces de Cervidés 1
du Laos, le Singe hurleur roux (la pakâ, "Singe qui hurle" -la étant le terme générique
pour désigner les Primates -), le Singe Atèle (tiwa, "membres longs", le Pocari à lèvres
blanches (bwate, "Porc de forêt") ou encore le Pocari à collier (bwate mi , "Petit porc de
1
forêt"). On peut ajouter plusieurs espèces d'oiseaux, dont le Hocco (dja), les Tinamous
(yi), plusieurs espèces de Columbidés classées sous un terme générique (itunkwa) , le 1
Ara rouge (lengao la, "Perroquet rouge") et l'Amazone (/engao joa, "Perroquet vert"),
ainsi que 2 espèces de Reptiles, le Caïman rouge et le Caïman à lunette, rangées sous un
terme générique (key).
1
Quelques chasseurs parmi les plus âgés, disposent d'un savoir suffisamment
important sur l'éthologie de certaines espèces gibiers pour conduire quelques sorties de
1
chasse rentables. Il en est ainsi du savoir associé à l'éthologie du Tapir, (pete, "Trois-
doigts "), que l'on chasse à l' affù au moment de la fructification du mombin (Spondias
mombin) ou du Paca (tunblÔ) qui, par association au comportement nocturne d'un porc-
1
épic du Laos, est chassé de nuit en forêt. La communauté hmong, fortement ancrée
historiquement dans la pratique de l'exploitation des ressources forestières en Asie du 1
Sud-Est, continue à distinguer les espèces gibiers de la forêt amazonienne à partir de
critères liés aux espèces asiatiques. Le vocabulaire employé pour nommer les espèces
sud-américaines en garde d'ailleurs la trace. On remarquera enfin qu'ils possèdent une
1
assez faible connaissance du milieu naturel guyanais, tant du point de vue botanique que
du comportement de la faune sauvage (biologie, alimentation.), ce qui laisse à penser 1
que les Hmong, bien que se reconnaissant comme des "consommateurs de forêt", sont
indéniablement tournés vers un univers davantage agricole que forestier. 1
III - 1. 5. CONCLUSION
Les observations qui procèdent montrent qu'il existe en Guyane un ensemble de
1
valeurs culturelles qui tendent à réguler la pratique cynégétique. Stigmatisant tout
particulièrement l'excès, ces valeurs font avec bonheur ocho aux prooccupations
environnementalistes. Mais l'on a vu aussi que l'instauration d'un équilibre entre
1
l'Homme et la Nature à travers l'usage de charmes est un acte risqué qui doit être utilisé
avec parcimonie. Cette éthique s'avère peu compatible avec la chasse commerciale; 1
utiliser des charmes pour accroître ses captures est explicitement pensé par les chasseurs
comme un dévoiement de cette éthique. Le chasseur commercial se trouve donc pris
dans un dilemme insoluble : gagner sa vie dans un contexte social défavorable (cf.
1
- 168 -
1
1
[

[ Chap. ILl supra et Conclusion générale infra); respecter des valeurs contraires au
productivisme ambiant.
[ Ce dilemme doit impérativement être pris en compte dans la mise en place d'une
gestion de la faune. S'il n'est guère présent aujourd'hui que dans le nord du
l département, tout indique qu'il risque de se généraliser à l'ensemble du département.
Dans le même ordre d'idées, il apparaît qu'il faille envisager d'expliciter très
[ clairement aux chasseurs les orientations scientifiques des plans de gestion de la faune
qui leur seront probablement soumis à moyen terme, en considérant la perception qu'ils
ont du monde animal non comme un obstacle obscurantiste, mais comme une base de
{ concertation productive et pertinente.

III - 2. EVOLUTION DES PRATIQUES DE CHASSE: APPROCHE


f SOCIOLOGIQUE (S. MANUSSET)
A travers des récits de vie de chasseurs, on a tenté ici de mettre en évidence, dans
[ la commune de Saint-Georges, les différences qui existent entre les chasseurs d'hier et
ceux d'aujourd'hui, entre une activité traditionnelle et une activité professionnelle, qui
[ comportent toutes deux une forte charge symbolique.
"Il existe beaucoup de changements aujourd'hui. Tous les gibiers ont beaucoup baissé
[ , Pour le hocco, avant, on trouvait des bandes de dix à quinze oiseaux. Aujourd'hui, c'est très
difficile d'en trouver un, voire deux. A mon avis, les oiseaux sont partis loin des chasseurs.
Mais l'espèce qui a le plus décliné, c'est le toucan, qui regarde toujours autour de lui en
[ ,
chantant. C'est malin. C'est un mets recherché Avant, on pouvait rapporter des sacs de
cinquante oiseaux. Ce n'est plus possible aujourd'hui. " Un chasseur créole.
"Dans les temps anciens, on chassait avec la chance que Dieu donnait. Aujourd'hui, les
f ~ jeunes font des channes de chasse et chassent avec des chiens. Ils ne chassent plus
simplement. Ils ne connaissent pas la forêt, ils se perdent souvent." Un vieux chasseur
[ , saramaka.
La société s'articule autour de quatre unités culturelles selon l'estimation suivante:
r' 30 % de Palikur, 28 % de Crrolo-Saramaka, 24 % de métis amérindiens, 13 % de
l Brésiliens et 5 % de Métropolitains. Parallèlement, les effectifs de population ont connu
une croissance moyenne de 2,13 % par an, résultant de quatre facteurs convergents :
[' l'accroissement naturel de la population, la concentration spatiale des habitations,
l'arrivée de nouveaux migrants et le frein de l'exode rural.
( ,
L'enquête a été réalisée par interview d'une durée moyenne d'une heure auprès de
l: douze personnes, soit plus de 10 % des chasseurs estimés entre 20 et 30 personnes, non
comptés les Palikur "qui chassent tous". L'échantillon recouvre trois générations de
chasseurs, dont la moitié sont "retraités", même s'ils continuent, le plus souvent, de
chasser occasionnellement.
III . 2. 1. B10LUTION DES ZONES DE CHASSE DECLAREES
Les résultats montrent, sur les quarante dernières années, une concentration des
zones de chasse déclarées, à mettre en parallèle avec le déplacement des zones de vie.

- 169-
1
Ainsi, depuis trois générations, la pratique de la chasse s'est concentrée le long des 1
articulations du réseau hydrographique, principalement entre trois secteurs:
- le secteur de la rivière Ouanary, irrégulièrement visit~ est celui de chasseurs 1
recherchant la tranquillité; les sorties y restent économiquement rentables;
- le secteur de la crique Gabaret, petit affluent de l'Oyapock à proximité du bourg,
connaît un grand attrait de la part des chasseurs, tous âges et toutes communautés
1
culturelles confondus;
- le secteur de Canari zozo, sur le moyen Oyapock, voit sa fréquentation
1
augmenter. Les vieux chasseurs créoles y sont remplacés par de jeunes Brésiliens.
III - 2. 2. ÎYOLUTION DES TECHNIQUES
1
L'évolution des techniques, commune à l'ensemble des cultures et des générations,
a surtout visé à augmenter le nombre de prises par chasseur et par sortie, sans entraîner
1
l'ouverture de nouveaux domaines de chasse. Les fusils permettent de tirer plus loin et à
plusieurs reprises, et les glacières de conserver davantage de viande sur davantage de 1
temps que le boucanage.
Le recours aux chiens et aux charmes de chasse, (cr) remèdes, fréquemment 1
associés, semble appartenir au passé sauf chez les Palikur. Les charmes de chasse sont
des préparations tenues plus ou moins secrètes, à base de plantes auxquelles on ajoute
d'autres substances, administrées sous forme de bain. Ils permettent de chasser sans
1
échec, mais leur emploi reste dangereux.
"Si un chien garanti ("préparé magiquement") te mord, tu meurs dans la semaine 1
suivante. " Un vieux chasseur créole.
L'appeau reste utilisé par tous. Réalisé en écorce de mombin, en plastique, ou plus 1
simplement avec les doigts dans la bouche, il se décline en autant de sons que de gibiers
chassés, les plus courants étant le Tapir, l'Agouti et le Singe Atèle.
L'absence du piégeage va à l'encontre des savoirs des communautés créole,
1
saramaka et brésilienne. La technique du (cr) trappe-fusil, unanimement considérée
comme très dangereuse et d'ailleurs interdite au Brésil, a été abandonnée. La pose de 1
collets, également connue mais peu rentable, n'est pas davantage utilisée: gibier dévoré
par des prédateurs, volé par d'autres chasseurs ou encore gâté s'il reste plus d'un jour en
l'état.
1
III - 2. 3. ÎYOLUTION DU CONTEXTE SOCIO-CULTUREL 1
Composition d'un groupe de chasseurs
Définir socialement la chasse commence par déterminer qui chasse avec qui. Par le 1
maniement d'armes dans un lieu isol~ la chasse représente une activité dangereuse.
Aussi tous les chasseurs, s'ils ne chassent pas seuls, reconnaissent-ils n'accepter de partir
qu'avec des personnes de connaissance: famille (beau-père, beau-fils, fils, frère, oncle,
1
cousin), amis ou (cr) compères (personnes sans liens familiaux directs mais aux liens
amicaux très forts, passant souvent par le parrainage d'enfants). 1
- J70-
1
1
1
1 Le mode de regroupement des chasseurs renvoie directement aux dynamiques
sociales spécifiques à chaque groupe culturel. En effet, dans un sens croissant sur
1 l'échelle de l'individualisme, les Palikur maintiennent fortement leurs associations
fondées sur la parent~ tout au long des trois gmérations interrogées. En place
intermédiaire, les Brésiliens constituent autant de regroupements stables basés sur la
1 parenté ou le compérage, en relation avec la durée de leur présence en Guyane et les
réseaux relationnels établis. Enfin, les Créoles chassent actuellement seuls ou avec des
1 compères, au hasard des opportunités, alors que les anciennes générations chassaient
entre beaux-frères.

1 Age de la première sortie


Les écarts sont importants d'une génération à l'autre (allant de 13 à 21 ans), avec
1 une moyenne générale de 16 ans ; on peut y voir reflétée l'évolution du niveau de vie,
l'abaissement de l'âge correspondant à une nécessité accrue de pourvoir à ses besoins
par la chasse. On constate aussi d'importantes différentes d'âge d'une communauté
1 culturelle à l'autre. De 19 ans chez les Brésiliens, elle passe à 16 ans chez les Créoles,
pour s'abaisser à Il ans chez les Palikur.

1 Pour chaque groupe, l'âge à partir duquel les hommes commencent à chasser
correspond au moment où ils peuvent s'acheter eux-mêmes un fusil. Cette nécessité
d'indépendance financière n'est pas sans rappeler les conditions économiques
1 d'autosubsistance favorisées par l'isolement du bas Oyapock, qui prévalaient jusque
dans les années 70. Enfin, d'une façon qui pourrait apparaître a priori surprenante, la
1 plupart des chasseurs disent n'avoir gardé aucun souvenir de leur première sortie de
chasse.

1 Nombre de sorties
Le nombre de sorties déclarées connaît des variations significatives, tant au niveau
1 des gmérations que des groupes culturels. En l'espace d'une quarantaine d'années, le
nombre de sorties de chasse a diminué de moiti~ passant de huit à quatre sorties
mensuelles en moyenne. Les Créoles vont à la chasse en moyenne une fois par semaine,
1 alors que les Palikur et les Brésiliens chassent en moyenne deux fois par semaine.
DlfinU,on d'un bon chasseur
1 La compétition entre chasseurs est bannie. Souvent, les prises sont partagées de
façon équitable, même si elles sont le fait d'un seul chasseur. La cote de valeur du
1 chasseur est établie en fonction des quantités de viande rapportées. Ainsi, l'ensemble
des résultats renseigne sur la prééminence de la place économique de la chasse par
rapport à sa valeur sociale. Les premières qualités accordées à un bon chasseur sont
1 celles du courage, de la résistance physique et de la connaissance de la forêt.
"Un bon chasseur, c'est quelqu'un qui entre dans les bois sans faire de marques et sans
1 se perdre, s'orientant avec le soleil. Il faut du courage pour aller dans la grande forêt. C'est
aussi celui qui rapporte la viande à chaque fois à la maison." Un vieux chasseur brésilien.

1 La chasse reste une activité strictement masculine, dont la pratique est fortement
rattachée à la définition même d'homme.

1 - l71 -

1
"Une femme ne peut pas aller à la chasse. Elle n'est pas suffisamment forte pour
•1
marcher des heures comme ça, dans les bois, pour avancer dans les criques ou porter un
pécari sur le dos. C'est difficile, tu sais. Et puis les femmes ont peur de dormir en forêt. Il
n'est pas possible pour le chasseur de prêter à/a fois attention au gibier et à sa femme. Et la 1
place des femmes est de s'occuper de la maison et des enfants. " Un infonnateur créole.
Le Jaguar, réputé agressif et puissant, fait partie des "mauvaises" rencontres que le
chasseur ne souhaite pas faire; le plus important est de l'affronter sans avoir le tuer, ce
1
qui ne fonde pas le prestige du chasseur, mais le renforce. Le Félin est souvent dit avoir
été confondu avec un gibier potentiel (Cervid~ Tapir...) en chasse de nuit. C'est peut- 1
être dans ce sens qu'il est davantage craint que les serpents, qui représentent pourtant un
danger certain. Les chasseurs montrent peu d'intérêt à l'égard des Félins, dans la mesure
où leur viande, à une seule exception près, n'est pas consommée. La seule valeur est la
1
peau, dont le commerce, avoué par une seule personne, fait depuis vingt ans au Brésil
l'objet d'une réglementation contraignante. 1
Enfin, l'autre grande qualité d'un bon chasseur est sa capacité, tantêt attribuée à la
chance, tantêt à l'homme, à rapporter de la viande à chaque sortie. C'est cette valeur qui 1
permet le passage du registre symbolique à celui plus pratique de l'économie.
Evolution du contexte économique 1
Les chasseurs évoquent quatre raisons majeures pour chasser (Tab. 51).
1
objectif de chasse

1-
subsistance
-
définition

Les produits de la chasse pourvoient aux besoins alimentaires primair~s de la famille.


1
vente occasionnelle
Les surplus de chasse sont vendus de façon opportuniste, après satisfaction des
besoins alimentaires primaires de la famille. 1
chasse Le chasseur est rétribué pour son activité. Ainsi, le chasseur peut être employé sur un
professionnnelle

autoconsommation
chantier d'orpaillage pour pourvoir à "alimentation du chantier.
1
La chasse est devenue une activité de loisir, dont les produits complètent une
alimentation Dourvue maioritairement Dar un salaire.
Tab. 51 - Objectifs déclarés des chasseurs 1
Quelles que soient les générations ou les communautés culturelles, la pratique de la 1
chasse s'intègre au sein d'un système économique de pluriactivités, caractéristique des
zones de vie isolées. Ces quatre objectifs déclarés permettent de dégager trois contextes
économiques:
1
- subsistance + vente chasse de subsistance
- subsistance +chasse prof. = chasse commerciale 1
- autoconssommation + vente = chasse de loisir
La fonction économique qui reste prédominante est la chasse de subsistance. La 1
chasse commerciale concerne essentiellement les chasseurs brésiliens. Cependant,
l'absence de déclaration de chasse professionnelle chez les plus jeunes traduit les
craintes de représailles, ou du moins, de contrae. Enfin, la troisième forme, chasse de
1
- 172-
1
1
1
1 loisir, est propre à la génération intermédiaire. Elle concerne surtout les Créoles et est à
corréler à leur domination incontestable dans les emplois salariés de la fonction
1 publique. Le produit de la vente éventuelle de viande vient ponctuellement compléter un
salaire.

1 Depuis les années 60, la fréquence de chasse a diminué de moiti~ passant d'une
moyenne de deux à une sortie par semaine. Alors que la " chasse de loisir" maintient sa
particularité avec une seule sortie par mois, la " chasse de subsistance" et la "chasse
1 commerciale" se distinguent, avec des valeurs respectives allant de 1,5 sorties par
semaine à une sortie par jour.
1 Enfin, en considérant la répartition interculturelle des fréquences, l'analyse permet
de préciser deux remarques distinctives entre la chasse de subsistance et la chasse
1 commerciale.
- Pour la chasse de subsistance, la fréquence moyenne s'étend de six à sept sorties

1 mensuelles, quel que soit le groupe culturel considéré.


- Pour la chasse commerciale, cet écart s'élève du simple au double selon le groupe
culturel pris en compte, reflétant ainsi des logiques de production différentes. Alors que
1 les Palikur et les Brésiliens augmentent nettement le nombre de leurs sorties de chasse,
lorsqu'ils passent de la logique de chasse de subsistance à celle de chasse commerciale,
1 les Créoles maintiennent une fréquence régulière, exprimant davantage une démarche
opportuniste. Ces différences sont profondément liées aux possibilités d'accès à la
provende dispensée par l'Etat, facteur dépassant largement la dynamique de la chasse à
1 Saint-Georges de l'Oyapock.
111- 2. 4. CONCLUSIONS
1 Nous avons tenté de mettre en évidence les changements qualitatifs de la pratique
cynégétique à l'origine de l'augmentation de la pression de chasse, augmentation
1 constatée unanimement dans la région du bas Oyapock depuis les années 60. Nous
allons rappeler les principaux résultats doouctibles des deux approches proposées,
1 intergénérationnelle et interculturelle, prenant en compte la dynamique de la population
au cours de cette période.

1 Comptant entre vingt et trente personnes, le groupe de chasseurs résidant dans la


commune de Saint-Georges a diminué si l'on prend en compte l'augmentation marquée
de la population totale. Le nombre de sorties déclarées s'est abaissé d'une fréquence
1 moyenne de deux à une sortie hebdomadaire. Au contraire, le nombre de personnes
participant à une sortie de chasse et la durée moyenne d'une sortie se sont maintenus,

1 respectivement autour de deux à cinq personnes et de un à quatre jours. Parallèlement,


les domaines de chasse se concentrent aujourd'hui autour de trois secteurs (Ouanary,
Gabaret et Canari Zozo) au lieu de sept dans le passé. Enfin, le nombre de techniques
1 utilisées a diminu~ bien que celui des techniques encore connues semble stable. Ainsi,
l'analyse intergénérationnelle laisse apparaître que l'augmentation de la pression de

1 chasse se traduit d'abord par l'augmentation du nombre de prises par chasseur et par
sortie.

1 - 173 -

1
1
Au-delà d'indicateurs de la dynamique sociale, tels que l'âge de la première sortie 1
ou la composition des groupes de chasse, les principaux rémltats reflètent les logiques
de production propres à chaque groupe culturel. La chasse d'autosubsistance reste la
forme majoritaire, selon un rythme moyen de six à sept sorties par mois. La chasse de
1
loisir, à raison d'une sortie mensuelle, se révèle exclusive aux Créoles de plus de 40 ans
occupant un emploi salarié. Enfin, la chasse commerciale apparaît un peu plus fréquente 1
auprès des Brésiliens (et secondairement des Palikur) de 30 à 50 ans et des Créoles de
plus de 50 ans. Cependant, alors que les Brésiliens et les Palikur doublent au minimum
le nombre de leurs sorties mensuelles lorsqu'ils adoptent une logique de vente, les
1
Créoles maintiennent une fréquence régulière de sept sorties mensuelles, exprimant par
là même une démarche de production plus opportuniste que commerciale. 1
En conclusion, bien que la chasse conserve une incontestable valeur symbolique et
sociale dans les esprits, elle se trouve peu à peu reléguée à une place secondaire par
rapport à sa valeur économique, avec des rythmes différents selon les groupes culturels
1
et les individus. L'impact direct de la recherche de rentabilité économique sur les
populations animales se traduit d'abord par une baisse du poids des prises, alors que les 1
jeunes individus étaient autrefois épargnés. De plus, toujours dans une logique de
rentabilité, ce sont les gros gibiers qui sont aujourd'hui recherchés (Pécaris, Tapir,
Paca.). Cependant, la professionnalisation de la chasse est sans doute une notion à
1
relativiser. D'une part, la chasse professionnelle reste le plus fréquemment incluse au
sein d'un système économique de pluriactivités, ce qui en limite d'autant l'importance. 1
D'autre part, la distinction entre chasse de subsistance et chasse commerciale n'est pas
toujours aisée, les pratiques étant très variables dans l'espace et le temps selon les
chasseurs. Enfin, par son assise territoriale et économique, la mise en place d'une
1
réglementation de la chasse, en corrélation avec la dynamique démographique et
économique de la population locale, pourra se révéler un sujet favorisant l'expression de 1
conflits interculturels, qu'il s'agira alors d'apaiser.
1
1
1
1
1
1
1
- 174-
1
1
1
1
IV - COMMERCIALISATION DU GIBIER :
1 DE LA CAMPAGNE A LA VILLE
1 Cf. JORI, T. BONAUDO, f. RENOUX & C. MAGNAT)
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1 - 176-

1
1
1 Depuis 1994, le CIRAD s'intéresse à la problématique du commerce de la viande de
chasse en Guyane française. Dans le cadre d'un projet piloté par ECOFOR, une étude de
1 la filière viande de chasse a été menée pendant deux semaines sur la dïe Est du littoral
guyanais. La méthodologie utilisée repose sur des enquêtes informelles auprès des
1 différents acteurs (chasseurs, intermédiaires et restaurateurs), visant à une
reconstruction de la filière et une quantification des volumes de viande. La quantité de
viande de chasse vendue dans les restaurants du littoral Est atteint un total de
1 29 tonnes/an et pourrait être d'au moins de 50 tonnes pour tout le littoral guyanais. Ceci
n'est que la pointe de l'iceberg d'un commerce informel qui pourrait représenter une
1 consommation totale d'au moins 320 tonnes/an pour toute la Guyane, ce qui la rendrait
supérieure à la production annuelle de viande bovine. En raison d'une campagne de
répression de l'administration sanitaire et environnementale durant les années 80, ce
1 commerce s'organise actuellement de manière informelle, ce qui rend très difficile son
suivi et son contrae. Quelques recommandations sont proposées afin d'aborder une
1 gestion de la chasse de façon constructive en vue d'implicquer les utilisateurs de la
ressource et de promouvoir des alternatives qui limitent un épuisement du gibier.

1 IV • 1. INTRODUCTION
Dans toute les pays d'Amérique tropicale, particulièrement ceux qui conservent de
1 vastes surfaces de forêt, la chasse est une activité de grande importance des points de
vue culturel, alimentaire et oconomique. Pour de nombreuses populations rurales aux
ressources très limitées, le gibier est une source majeure de protéines et une activité
1 oconomique à part entière, lorsque la viande ou le cuir sont commercialisés (OJASTI,
1993 ; REDFORD, 1997). Avec la croissance démographique et l'exode rural, la majorité
1 de la population se concentre dans les centres urbains, tout en gardant quelques
traditions culturelles et alimentaires favorisant l'apparition d'un commerce de viande de
chasse. Comme d'autres grandes villes amazoniennes, telles Manaus au Brésil ou
1 Iquitos au Pérou, Cayenne entre tout à fait dans ce cas de figure, bien qu'à une ochelle
beaucoup plus réduite. Si des mesures de gestion ne sont pas prises, ce commerce peut
1 conduire à un épuisement de la ressource faune au moins en périphérie des centres
urbains.

1 Dans ce contexte, l'objectif essentiel du présent projet est d'aboutir à une gestion
permettant d'assurer la durabilité de la ressource et, par conséquent, de garantir son
exploitation raisonnée.
1 Suite à une première approche des aspects oconomiques du commerce de viande
(MAGNAT, 2000), nous avons essayé de quantifier les volumes de gibier circulant entre
1 les zones de chasse et les restaurants du littoral Est, région choisie non seulement pour
des raisons logistiques, mais aussi parce qu'elle est la plus peuplée de Guyane. Nous

1 avons travaillé au moyen d'enquêtes extensives et en ayant adapté l'analyse de filières


agricoles mise au point par le CIRAD au Costa Rica (BOURGEOIS & HERRERA, 1998). La
collecte d'informations a été particulièrement difficile en raison du caractère informel
1 de ce commerce. Cependant, nous avons pu définir la typologie des acteurs du circuit,
déterminer la structure et le fonctionnement de la filière et quantifier les volumes de

1 - 177-

1
1
viande ainsi que la diversité et la proportion des espèces vendues dans les restaurants. 1
Une extrapolation à l'ensemble de la région a également été tentée.

IV - 2. OBJET DE LA RECHERCHE ET METHODOLOGIE 1


IV - 2. 1. POSITION DE LA MISSION DANS LE CADRE DU PROGRAMME
Il s'est agi d'évaluer avec précision le fonctionnement de la filicre viande de
1
brousse sur le littoral guyanais et dans les principaux centres urbains, de comprendre
son fonctionnement, de quantifier les principales espèces vendues et les prix pratiqués.
1
Nous avons aussi cherché à vérifier si les données de TYBURN (1994) sur la filicre gibier
étaient toujours d'actualité et éventuellement à les enrichir. Ce travail a été initialisé par 1
un stage de DESS réalisé par C. MAGNAT entre avril et septembre 2000. Celui-ci s'est
surtout concentré sur la perception de la filicre par les restaurateurs et son évolution,
ainsi que sur l'impact sur le commerce de gibier des touristes et personnes de passage 1
en Guyane. En revanche, il n'a pas permis de quantifier de façon concrète le gibier
circulant dans la filicre. 1
Afin de compléter ces informations, nous avons proposé, courant 2001, d'évaluer
la filicre d'un point de vue macro-économique et d'approfondir sa position en termes de
quantités et d'importance économique, tout en recadrant les informations précwemment
1
obtenues.
IV - 2. 2. METHODOLOGIE
1
Courte mission d'expertise 1
La mission a duré 15 jours et s'est essentiellement composée d'une partie terrain
en milieu urbain, périurbain et rural, complétée par des entretiens avec les différents
acteurs impliqués dans cette thématique en Guyane et donc susceptibles d'apporter des
1
informations.
Visite des différents sites 1
- Cayenne :une douzaine de restaurants ; le marché;
- Rémire/Montjoly : trois restaurants ;
- Matoury : sept restaurants ; le marché;
1
- Roura: le site de Kaw ; la route de Kaw; quatre restaurants ; le pont de la
Comté; 1
- Régina : le village; le marché; le site de Cacao; la route de Belizon.
1
Enqufles auprès des acteurs
La chasse est un sujet très sensible en Guyane. Les gens impliqués dans le circuit 1
ont peur d'en parler, en raison des campagnes répressives menées par l' ONCFS, la DSV ou
le Service des Impfts. Ceci a favorisé l'essor d'un commerce informel au sein duquel il
est difficile d'obtenir des informations. Pour ces raisons, les enquêtes informelles ont
1
préférentiellement été utilisées pour aborder les différents acteurs de la filicre.
Application de la mfthode CADIAC 1
- 178-
1
1
1
1 C'est une méthode d'analyse des systèmes agroalimentaires, conçue en Amérique
Centrale (Costa Rica), à partir d'une collaboration entre le CIRAD et l'ncA. Elle permet
1 d'appréhender la complexité de ces systèmes et de leur environnement et s'appuyant sur
le concept de filière pour caractériser leur structure et leur fonctionnement (BOURGEOIS
& HERRERA, 1998). Elle a été appliquée comme base de l'étude de la filière chasse.
1
IV - 3. RESULTATS
1 IV - 3. 1. CONTEXTE NATIONAL
La population
1 La population Guyanaise est très hétérogène. Le dernier recensement de 1999
estimait la population à 157.000 habitants, avec un taux de croissance annuel élevé de
1 3,6 % par an. Malgré cela, la densité moyenne de 1,88 hlkm2 est faible et la Guyane est
sous-peuplée, surtout si on la compare aux pays voisins. Avec 92 % de la population

1 concentrée sur la bande câ:ière, des problèmes liés à l'urbanisation (infrastructures,


augmentation des besoins.).commencent à surgir.
Le contexte socio-économique
1 Les indicateurs laissent apparaître de fortes disparités dans la répartition des
revenus, entre cadres ou notables et une proportion importante de la population non
1 qualifiée. La part des diverses prestations familiales et des revenus telles que
l'allocation chânage ou le RMI est plus élevée qu'en métropole (8.195 allocataires au
1 01-01-1999). Le taux de chânage, très élevé, 26,5 %, touche essentiellement les
femmes et les moins de 25 ans (BIT).

1 En 1998, 5,6 % des salariés déclarés travaillaient dans le domaine agricole et


forestier, le secteur secondaire représentait 16,6 % et le secteur tertiaire 77,8 % (Tab.
52). Ces statistiques ne prennent pas en compte les travailleurs non déclarés ou illégaux,
1 comme c'est le cas pour l'industrie auriÎere. Cette activité est pourtant très importante et
engendre de nombreux conflits et controverses, notamment concernant les atteintes au
1 milieu naturel (pollution, déforestation, exploitation anarchique de la faune, etc...).

1
1
1
1
1
1 - 179-

1
1
PIS/tête
1994
68636
1995
76671
1 1
Distribution de la population active en 1998
Secteurs
Agriculture
Industrie
--
-
--
Effectif
2.508
7.381
Part
5,6%
16,6%
1
Service 34586 77,8%
Total salariés
ChômaQe
Source I.N.S.E.E.
- -
44.475
11.868
100%
26,5%
- 1
Tab.52 - Principaux indicateurs économiques
1
La grande majorité du département est recouverte de forêt, la surface cultivée ne
représentant que 0,29 % de la surface totale. 1
La production agricole est faible et l'autosuffisance, notamment dans le domaine
de la production animale, loin d'être atteinte (Tab. 53). Ce phénomène est dû aux
problèmes rencontrés dans le développement de l'élevage et aux besoins croissants de la
1
population urbaine en protéines animales.

Production (1997) Auto-approvlslonnement*


1
Viande bovine (tonnes)
Viande porcine (tonnes)
Volaille -(tonnes)
318
1140
463
22,9%
56,2%
8,9%
1
Source D.A.F.
* Part de la production locale dans la consommation totale
Tab. 53 - Production de viande d'élevage de la Guyane en 1997 1
Le cadre politique 1
Le Titre II du code rural, qui réglemente la chasse en Métropole, n'est pas
appliqué. Les chasseurs ne sont donc pas soumis à une quelconque organisation, ni à un
permis de chasse. Les principaux textes législatifs sont :
1
• Un arrêté préfectoral de 1975 modifié par un arrêté préfectoral de 1978, qUI
considère deux types de chasse: 1
une chasse professionnelle soumise à autorisation préalable de la préfecture;
une chasse sportive libre, mais avec quelques conditions (quotas, espèces
protégées. ).
1
Cette réglementation n'a jamais bien fonctionné et seuls quatre chasseurs
possédaient encore une carte de chasse professionnelle en 1994. Actuellement, un seul
1
chasseur professionnel serait déclaré.
• Un arrêté ministériel de 1986, modifié par l'arrêté ministériel de 1987, qui établit
1
une liste d'espèces classées en trois catégories, protégées, partiellement protégées et
enfin autorisées à la vente. 1
Le commerce a été réglementé par l'arrêté ministériel de 1995. Seules les espèces
suivantes peuvent faire l'objet d'un commerce réglementé: 1
1
- 180-
1
1
~
~ Mammifères:
Pécari à collier
Oiseaux:
Agami trompette
Pécari à lèvre blanche Grand Hocco

1 Tapir
Cabiai
Agouti doré
Pénélope Marail

Paca Reptiles:

1 Tatou à neuf bandes


Tatou de Kaooler
Iguane vert

Des périodes de vente différentes selon les espèces peuvent être fixées par docision
1 préfectorale et seuls les établissements satisfaisant à la réglementation peuvent
bénéficier de l'autorisation de vente. Ces établissements doivent thooriquement tenir un
1 registre officiel procisant à chaque transaction: les noms, qualités et adresses des
vendeurs, ainsi que la quantité et les espèces achetées.
Quelques commentaires sur la législation de la chasse
1 Ce dernier arrêté, bien que ne réglementant pas les chasseurs eux-mêmes et ne leur
interdisant pas la vente directe de gibier, est assez mal perçu en Guyane, tout comme
1 l'ensemble de la législation sur la chasse. D'une façon générale, elle apparaît aux yeux
des utilisateurs de la ressource comme :
1 - peu cohérente sur le choix des espèces interdites ou autorisées : l'interdiction à
la vente des Caïmans et dans une moindre mesure des Cervidés est très mal comprise;
1 - ne tenant pas compte des spocificités alimentaires de la Guyane ;
- imposée de l'extérieur sans qu'aucun des acteurs de la filière n'ait été consulté
1 pour son élaboration.
La crainte de l'oNcFs, du Service des Impêts et des Services Vétérinaires, souvent
1 perçus comme des représentants de la métropole, ont rendu les acteurs de la filière très
méfiants et peu bavards.

1 Un autre point important dans l'évolution du commerce de viande de chasse a été


la fermeture par les services vétérinaires du seul point de vente officiel de gibier du
marché de Cayenne, sous le prétexte qu'il était insalubre.
1 L'ensemble de ces attitudes de la part de l'administration fait que la majorité des
transactions se font de manière informelle, sans aucun contrae des services de l'Etat.
1 Pour illustrer cette situation, il suffit de regarder la forte diminution des quantités de
viande de brousse passant sous le contrae des services vétérinaires au marché de
Cayenne depuis 1979 (Fig. 53). Initialement très élevé (plus de 50 tonnes/an), le volume
1 de gibier enregistré s'est progressivement rrouit, alors qu'on peut supposer que dans le
même temps la consommation réelle augmentait proportionnellement à l'évolution de la
1 population totale.

1
1
1 - 181 -

1
1
Volume GIl Kg
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1
1
1
o
1
nn m; 1'..m :no
1
"ml 1lffi 1ŒII 1QB 1mt nE Nl7 1'Hl 19]) 1DI 1lll!' 19B -mol. nE 1Ql) 1!nI NB 19lI
Année
Fig. 53 - Evolution du volume de gibier (en kg) vendu
sur le marché de Cayenne entre 1979 et 1999

Même si ces données sont à prendre avec précaution dans leur valeur absolue, elles
1
sont tout de même indicatrices des volumes de consommation de viande de chasse qui
ont circulé de façon "officielle" depuis 1979. Elles témoignent de la véritable 1
importance de la filière avant l'établissement de politiques répressives de la part de
l'administration envers le commerce de viande d'animaux sauvages. 1
Elles prouvent aussi que l'existence d'un point de vente, constitue un indicateur
très important des flux de viande de chasse, ce dont nous ne disposons plus
actuellement.
1
IV - 3. 2. TYPOLOGIE DES ACTEURS 1
A partir de nos entretiens, nous avons pu constituer une typologie des acteurs de la
filière: chasseur, intermédiaire, restaurateur et consommateur.
Les chasseurs
1
En l'absence de fédération et de permis de chasse, il est très difficile d'évaluer le
nombre de chasseurs en Guyane. Tout le monde peut acheter une arme et chasser
1
(résident ou personne de passage). Nous avons distingué quatre grands types de
chasseurs en fonction de leurs objectifs de chasse et du temps consacré à cette activité. 1
Les chasseurs professionnels
Les chasseurs professionnels vivent de la chasse et consacrent la majeure partie de
1
leur temps à cette activité, qui est leur première source de revenu. On peut distinguer
deux sous-catégories : 1
• Les chasseurs employés par des intermédiaires
Ces chasseurs aux ressources limitées n'investissent pas dans leur activité; c'est
1
leur employeur qui fournit tout le matériel (bateau, moteur, essence, congélateur,
cartouches, nourriture, etc...) nécessaires aux campagnes de chasse. Leur rêle se limite 1
à la chasse, à la découpe de la viande et à son stockage dans des glacières pendant le
temps de la campagne. 1
- 182-
1
1
1
1 Les chasseurs sont isolés en forêt où ils peuvent rester jusqu'à la jours d'affilée.
De ce fait ils n'ont aucun contact avec les autres acteurs de la filière et sont totalement
1 dépendants de leur employeur, un intermédiaire grossiste. Ces chasseurs sont souvent
des émigrés en situation précaire tels que Saramaka du Surinam ou Brésiliens. Leur
stratégie est de tuer un maximum d'animaux dont le prix de vente est intéressant.
1 Souvent, ils profitent de l'expédition pour rapporter aussi du poisson. Etant donné leur
excellente connaissance du milieu forestier, les volumes de viande qu'ils collectent
1 peuvent être considérables, jusqu'à 300 kg/semaine/chasseur.

• Les chasseurs indépendants


1 Ces chasseurs cumulent les fonctions de chasse, nettoyage, stockage, transport et
vente du gibier.
1 Ils travaillent à leur propre compte et ont investi de manière non négligeable
(congélateur, bateau, moteur et souvent voiture). Ce sont des entreprises familiales qui
1 regroupent en général le père de famille et un ou deux de ses fils. Ils chassent le long
des fleuves et organisent des expéditions ne dépassant généralement pas 5 jours, du fait
des problèmes de conservation de la viande dans de vieux congélateurs recyclés comme
1 simples glacières.
Ils habitent le plus souvent les communes où ils réussissent à écouler la majorité de
1 leur production - les volumes de viande vont de 100 à 200 kg par semaine - aux
particuliers et aux restaurants. En cas de surplus, ils se déplacent jusqu'à Cayenne pour
1 la vendre à bon prix, en faisant du porte-à-porte aux restaurateurs, à des revendeurs ou
des particuliers, l'impératif étant de tout vendre le plus rapidement possible pour ne pas
perdre de viande.
1 Les chasseurs occasionnels
Les chasseurs occasionnels sont salariés et ne chassent que pendant leur temps
1 libre (cf. S. MANUSSET, ce volume). Sans être leur principale source de revenus, la
chasse représente un substantiel complément alimentaire et financier. L'investissement
1 est faible et les sorties se déroulent sur une ou deux journées. La chasse se fait sur des
lieux faciles d'accès, bordure de route ou de rivière. Suivant le succès de la chasse, le
surplus est vendu à domicile, à des amis ou des proches. Les volumes de viande sont
1 faibles (quelques kg par semaine). En cas de perte de leur emploi principal, ces
chasseurs sont susceptible des devenir chasseurs à temps plein.
1 Les chasseurs par loisir
Ce sont dans leur majorité des urbains (souvent Métropolitains et Créoles) ayant
1 des revenus importants et fixes. Ils pratiquent la chasse durant leurs temps libres. La
viande n'est généralement pas vendue; elle est plutêt auto-consommée ou distribuée à
1 des voisins, amis ou famille. Selon les moyens disponibles, l'investissement lié à ce
loisir peut être important et les parties de chasse peuvent se dérouler dans des lieux très
reculés. Ce type de chasseur est assez important en nombre en Guyane, mais
1 n'intervient pas ou très peu dans la filière commerciale de la viande de chasse.

1 - 183 -

1
1
Les chasseurs vivriers
1
Il s'agit des chasseurs vivant en zone forestière, généralement les Amérindiens et
les Noirs Marrons, pour lesquels la chasse est une activité primordiale pour 1
l'alimentation du foyer (cf. Chap.1 & III). Lors d'une chasse fructueuse, ils peuvent
vendre occasionnellement leur surplus, mais d'une facpn générale, leur participation au
commerce est limitée, sauf dans la zone càière (cf. Chap. II).
1
Les intermédiaires 1
Les grossistes professionnels
Cette catégorie d'acteurs est importante. Le grossiste professionnel peut jouer
plusieurs rêtes :
1
- collecte du gibier tous les 7 ou 10 jours auprès d'un groupe de 2 à4 chasseurs
embauchés exclusivement par lui; 1
- transport des zones de chasse aux centres de consommation ;
- vente du gibier auprès de restaurateurs, revendeurs ou directement aux
particuliers ;
1
- approvisionnement en matériel de chasse aux chasseurs.
En général, on constate qu'un tiers du chiffre d'affaires provenant de la vente
1
revient au chasseur, le second tiers va à l'intermédiaire, cependant que le dernier tiers
couvre toutes les dépenses de l'expédition et l'entretien du matériel. 1
Chaque exp dition a un co t approximatif de 460 €et rapporte entre 1.000 et 1.400
€. Les investissements sont considérables aussi bien en argent (bateau, moteur, 1
congélateur, etc.) qu'en temps (transport et organisation), et les déplacements sont
importants, puisque les régions giboyeuses sont relativement éloignées (MAGNAT,
2000).
1
Cette activité de grossiste peut s'additionner à une autre, comme le transport de
marchandises ou de touristes, pour réduire les colÎs. Ils ne sont pas très nombreux: à 1
quatre ou cinq individus, ils approvisionnent la plus grande partie des restaurants des
centres urbains du littoral. 1
On a estimé les volumes de viande livrés à 250-300 kg/semaine/grossiste. Ces
acteurs sont à la tête de véritables petites entreprises de 4 à 10 personnes réalisant une
intégration verticale de la filière de la chasse, de la source à la consommation.
1
Les intermédiaires occasionnels
Ce sont des personnes qui ont une activité professionnelle leur permettant de se
1
déplacer en Guyane (transporteur, chauffeur, etc.) ; ils achètent de la viande dans les
communes accessibles par route, là où elle est moins chère et plus abondante, pour la
1
revendre Cayenne. Ils ach tent le gibier de 3 5 € et le revendent de 6 à 9 €. Cette
activité se fait en fonction des opportunités, l'approvisionnement n'étant pas régulier.
De ce fait, ils n'ont pas des clients fixes.
1
1
- 184-
1
1
1
1 Les revendeurs

1 Ils ach tent le gibier (de 5 6 f1kg) des grossistes, chasseurs ind pendants ou
intermédiaires, pour revendre sur le marché de Cayenne ou à des particuliers à 7,50
€/kg en moyenne.
1 Les restaurants
Les restaurants ont été différenciés essentiellement selon leur capacité.
1 Les restaurants de quartier

1 Ce sont des locaux de petite capacit~ ne dépassant pas trente couverts. Parmi ceux-
ci, on a distingué ceux qui étaient officiels et ceux qui étaient clandestins.

1 • Les restaurants déclarés


Ce sont des restaurants, inscrits au registre du Commerce comme locaux publics et
1 commerciaux, que l'on trouve dans les quartiers populaires des villes ou le long des
routes. Au moins un tiers de la carte offre du gibier. La consommation est estimée à
environ 15 kg/semaine/restaurant.
1 • Les restaurants clandestins

1 Certains acteurs de la filià-e nous ont assuré que ce type de restaurant était
important dans les quartiers populaires. Il s'agirait de petits locaux clandestins connus
de la population où se serviraient des plats cuisinés de gibier. Ces restaurants étaient
1 d~à évoqués par TYBURN (1994), cependant, leurs existence et leur importance n'ont
pas pu être vérifiées lors de notre mission.
1 Les restaurants haut de gamme
Ce sont des restaurants de plus de trente couverts, disposant donc d'une importante
1 capacité d'accueil. Certains sont spécialisés en cuisine locale, d'autres en cuisine
métropolitaine :
1 • Spécialisés en cuisine créole
Spécialisés en cuisine locale, ces restaurants offrent au gibier et au poisson une
1 place de choix. Leur clientèle est d'un certain niveau social et ils attirent facilement les
touristes. Ils ont la capacité d'organiser de façon régulià-e des banquets de 50 à 100
1 personnes, au cours desquels ils écoulent de grosses quantités de gibier. La
consommation de viande de chasse varie de 15 à 60 kg/semaine/restaurant. La qualité de
la viande est leur priorité. De ce fait, ils ont fidélisé comme ravitailleurs les deux ou
1 trois principaux grossistes de Cayenne.

1 • Spécialisés en cuisine métropolitaine


Ces restaurants ne font pas de cuisine crrole. Ils ne mettent à la carte que du Tapir,
du Paca ou du Pécari, en général sur commande. Ils organisent de façon occasionnelle
1 des banquets. Leur consommation est évaluée à un maximum de
10 kg/semaine/restaurant (Tab. 54).
1 - 185 -

1
1
Cayenne
E~çt!f
Kourou
part
1
Effectif P~rt
11
98
109
10%
90%
100%
16
70
86
19%
81%
100%
-
1
Source D.S.V.
Tab. 54 - Recensement des restaurateurs déclarés
à Cayenne et à Kourou 1
Les consommateurs 1
Il existe plusieurs types de consommateurs. On peut distinguer les consommateurs
locaux, qui se comportent différemment en fonction de leur origine urbaine ou rurale, et
les consommateurs de passage en Guyane.
1
Les consommateurs ruraux 1
En milieu rural, la consommation de gibier est importante. En effet, l'accès à la
viande d'élevage (en dehors du poulet congelé) est limit~ alors que l'accès à la viande
de chasse est facile et moins onéreux. Enfin la consommation de gibier reste
1
culturellement valorisée dans les communes. D'après une enquête dans les écoles, il
s'agit d'une consommation qui se fait au foyer, mais qui n'est pas toujours supérieure à 1
la consommation d'autres protéines animales (poisson, animaux d'élevage) (TYBURN,
1994). 1
Les consommateurs urbains
Contrairement au zones rurales, en milieu urbain l'accès à la viande d'élevage est
facile et les prix sont plus bas que ceux du gibier (du moins pour le poulet, le porc et le
1
poisson). D'après TYBURN (1994), la consommation de gibier dans les centres urbains
se fait surtout dans les restaurants et chez des particuliers, à l'occasion de repas festifs 1
(Tab.55).

Type de viande Prix en FF pour 1 kg


1
Prix en euro Dour 11cr1
Bovin premier choix
Bovin filet
Bovin entrecôte
7,93
21,34
12,20
52
140
80
1
Poulet fermier 6,10 40 ]
Poulet industriel
Porc
Poisson
2,74
6,86
6,10
18
45
40
1
Gibier 762 50
Tab. 55 - Prix au kilo des différentes viandes de chasse en 2001 1
Les personnes de passage 1
Les principaux attraits de la Guyane pour les touristes qui la visitent restent sa
nature et sa culture (Tab. 56). 1
L'étude réalisée par Magnat (1999) montre que 60 % des visiteurs interrogés ont
mangé du gibier durant leur séjour (N = 204). Bien qu'individuellement limitée, cette
consommation n'est pas négligeable en volume. En supposant que chaque touriste
1
- 186-
1
1
1
1 consomme au moins une fois du gibier, la consommation de la population touristique
ayant visité la Guyane en un an (dans la période 97-98), estimée à 200 gr de

1 viande/assiette, serait de 7,2 tonnes de viande.


Nombre de touristes pour 1997-98 63300

1 Intérêt de la Guyane
Nature
Culture (qastronomie, folklore)
,
%
33,9
19,9
Source Comlté du tounsme de Guyane

1 Tab. 56 - Enquête sur les points d'intérêt des touristes en 1998

Par ailleurs, une partie non négligeable de cette consommation est axée sur des
1 espèces interdites à la vente (Fig. 54). Parmi les espèces protégées préférées des
touristes, figurent d'abord le Caïman, suivi des Cervidés et des Serpents (principalement
1 l'Anaconda).

1 D,slnbuliorn
90%

80%
r-----------------------------,

1 70%
61'1(,
r-

....
52% 48'X..

1 50%

1 30%

20%
13~'
20%
16%

~ 6'~
1 10%

0% Tapir
ri Pl
t'écaris Talau Cnbml Pac 'Agouti
7%

lIJ~il H':]CO A~mil gU2ne Biche Caïman ~:~: serpdes

1 Espèces aulorisées il la veille Espèces ir1lerdiles à la ver1le

1 Fig. 54 - Espèces de gibier consommées par les personnes de passage en Guyane

1 IV - 3. 3. CARACTERISTIQUES DU PRODUIT ET DE LA FILlERE GIBlER

Comme dans toute filière, il est important de connaître les variations de quantité et
1 de qualité du produit fourni et comment ces variations déterminent le fonctionnement de
la filière.

1 Caractéristiques de la qualité du produit


La qualité du produit va dépendre des conditions de conservation de la viande,
1 mais aussi de l'animal abattu (âge, sexe, régime alimentaire, etc.). En général, la plupart
des restaurants offrent le même produit: le gibier cuisiné sous forme de fricassée. Il
existe très peu d'originalité dans la présentation du produit fini. Seuls 20 % des
1 restaurants visités s'efforcent de présenter aux clients des variations de cette formule, et

1 - 187 -

1
1
90 % d'entre eux le font alors à travers l'offre de viande de Tapir peu cuite, sous forme 1
de pavé, filet ou chateaubriand. Il faut signaler que cette formule présente des risques
écologiques et sanitaires importants: 1
- d'un côté, certains restaurants recherchent de la viande tendre et demandent aux
chasseurs ou intermédiaires de rapporter des jeunes animaux, ce qui peut avoir des
conséquences graves en termes de viabilité des populations de Tapir.
1
- d'autre part, la consommation de gibier peu cuit peut constituer une voie de
transmission d'un certain nombre de maladies parasitaires et infectieuses nuisibles à la
1
santé, notamment lorsqu'il s'agit d'animaux qui n'ont subi aucun contrôle vétérinaire,
même si la viande est en apparence fraîche et en bon état de conservation. 1
On se rend compte que les contraintes liées à la viande de chasse sont nombreuses.
Malgré des fournisseurs plutôt fidèles, les difficultés à maintenir un approvisionnement
régulier contraignent les restaurateurs présentant des spécialités originales précieuses
1
pour leur image de marque, à disposer de gros congélateurs pour stocker des volumes
importants de gibier. 1
Caractéristiques de lafilière
Du fait de la crainte des contrôles, la filicre est essentiellement informelle. Il n'y a
1
aucune relation contractuelle entre les chasseurs et les grossistes, ni même entre les
grossistes et les restaurateurs, en dépit d'une certaine fidélisation entre fournisseurs et
acheteurs. Toutes les transactions se font en liquide et par l'intermédiaire de réseaux de
1
connaissances, du type bouche à oreille.
Enfin, on peut dire que cette filière fonctionne sur la base d'une organisation
1
individuelle. Il n'existe aucune coopérative, aucun groupement ou organisation des
acteurs, à l'exception du syndicat des restaurateurs. 1
Structure de lafilière
En fonction de nos observations, le rapport entre les différents acteurs de la filicre 1
est représenté dans la figure 55. On a distingué:
- une filicre courte, constituée d'acteurs dits occasionnels, qui participent de façon
intermittente au circuit et se localisent plutôt dans les communes,
1
- une filicre longue, représentée par des acteurs professionnels participant au circuit de
commercialisation de façon plus régulière et qui lie géographiquement les zones de 1
chasse aux centres urbains.
1
1
1
1
- 188-
1
1
---------------------
Lieu Filière Fonction
Zone de Chasse
chasse 1 \ Nettoyage
l , Conservation
Généralement
chasseurs occasionnels , l
,
,
Généralement
se situant dans cette , 1 chasseurs
fil ière courte , 1 professionnels
, 1
, 1 Collecte
1 1
Fleuve ou
Route (RN2) Int<!rrnédiair~ /
ërossiste 1

,,,
1
Vente porte à porte Vente porte à porte
ou à domicile
Transport
1 / . Revendeur Stockage
J.......... '--------,----------'
Commercialisation
Restaurateur "',,
,
Vente plat préparé r Vente sur le marché
Route (RN2) 1
sur place ou à emporter
ou 1
1 Transformation
zone
urbanisée Commercialisation

---. Filière longue qUI approvisionne les centres urbains (cas de-Cayenne)
---. Filière courte avec souvent zone de chasse proche des zones de consommation (ca des communes)
,,-:' Processus d'intégration verticale réalisé par les grossistes

Fig. 55 - Structure de la filière gibier en Guyane

- 189 -
1
Fonctionnement de la filière
1
L'origine de la viande
La plupart des acteurs nous ont assuré que la grande majorité de la viande (90 %)
1
vient de la zone Ouest (Saint-Laurent, Mana, Apatou), ce qui semble confirmé par le
fait qu'étrangement, plusieurs restaurants de la zone Est, même sur la route de Régina, 1
sont approvisionnés avec du gibier provenant du bas Maroni. On nous signalé à
plusieurs reprises qu'une part importante proviendrait du Surinam et rentrerait en
Guyane en fraude. Ce fait avait déjà été observé par TYBURN (1994).
1
Sur le littoral Est, on a pourtant dénombré quatre zones de chasse: deux fleuves (la
Comté et l' Approuague) ainsi que les axes routiers (la route de Bélizon et la route de
1
Kaw).
Sur la route de Bélizon et l' Approuague les chasseurs vont chasser toute l'année
1
alors que sur la route de Kaw et la Comté, la fréquentation n'est forte qu'en saison des
pluies et les week ends. La chasse commerciale à grande échelle semble néanmoins
avoir régressé dans cette région, sauf sur l' Approuague, au détriment de la chasse de
1
loisir ou d'une chasse commerciale occasionnelle.
La demande
1
La demande est aussi variable en fonction de la période de l'année. En période de
fêtes (Noël et Carnaval), elle est plus importante de la part des populations locales. Il en
1
va de même en période de vacances où la présence plus importante de touristes
augmente la demande des restaurants. 1
La demande par espèces ne varie pas énormément au long de l'année, à l'exception
du Hocco et de l'Iguane. En période des fêtes de Noël, les Hoccos sont particulièrement
recherchés. Par ailleurs, chez plusieurs ethnies, il existe aussi une tradition de
1
consommation de la viande et d'cofs d'Iguane pendant la période de Pâque.
L'offre
1
Les quantités de gibier qui approvisionnent la filière varient en fonction des
saisons. En saison sèche, il est plus difficile d'accéder à un grand nombre de zones de
1
chasse par voie fluviale par manque d'eau. Par ailleurs, la nourriture disponible pour la
faune est moins abondante et le gibier devient plus difficilement localisable. De ce fait, 1
les expéditions de chasse sont moins productives et donc moins rentables.
Par contre, en début de saison des pluies, avec la floraison et la fructification de
nombreux arbres, la faune est plus facilement repérable dans certains points et les accès
1
à des zones éloignées deviennent plus faciles. L'offre semble donc plus régulière et
abondante pendant la saison des pluies.
1
En période de Pâque, moment de la ponte pour les Iguanes femelles, celles-ci sont
facilement capturées et vendues sur le marché. Elles sont maintenues vivantes, les pattes 1
attachées derrière la tête et la bouche cousue de la même manière qu'en Amérique
Centrale (FITCH et al., 1982). 1
- 190 -
1
1
Les prix
Les prix varient en fonction de l'offre et de la demande, notamment pour le Hocco,
vendu plus cher en p riode de No 1 (de 46 76 €ou l'Iguane femelle pleine u fs (30
38 €). Il faut cependant noter que les prix de la viande de brousse n'ont pas augmenté
depuis l'étude de TYBURN en 1994 (Tab. 57), ce qui témoigne de l'enracinement de la
filière.

Espèces Prix moyen


(français, latin, créole) (pratiqué par le chasseur)
Tapir, Tapirus ferresfris, Maïpouri
Pécari à collier, Tayassu fajacu, Pakira
Pécari à lèvre blanche, Tayassu pecari, Cochon bois 6,10 à 7,62 euros (40 à 50 FF/kg)
Tatou à neuf bandes, Dasypus novemcincfus, Tatou
Tatou de Kappler, Dasypus kapp/eri, Tatou blanc
Cabiaï, Hydrochaeris hydrochaeris, Kapiaye
Paca,Agoulipaca,Pac 6,86 à 8,38 euros (45 à 55 FF/kg)
Agouti, Dasypricfa /eporina, Agouti
Marail, Pene/ope marai/, Maray 9,15 à 10,67 euros (60 à 70 FF:kg)
Agami, Psophia crepifans, Aganmi 6,10 à 7,62 euros (40 à 50 FF/kg)
Hocco, Crax a/ecfor, Oka 22,87 à 30,49 euros (150 à 200 FF pièce)
Iquane vert, /quana iquana, Lézard 22,87 euros (150 FF oièce)
Tab. 57 - Prix de vente moyen pratiqué par les chasseurs
auprès des restaurateurs et des particuliers sur Cayenne
Le prix moyen varie en fonction d'un gradient géographique et du nombre
d'intermédiaires. Plus on est loin de la zone de chasse, plus le prix est élevé. C'est à
Saint-Laurent et Mana que l'on trouve le gibier le moins cher, allant de 2,75 à 3 €/kg. A
Régina, les prix s'étalent de 4 à5,5 €/kg. A Cayenne, ils atteignent de 6 9,20 €/kg.
Les grossistes achètent la viande de 2,75 à 3 €/kg, sur lesquels ils retirent les
intrants avancés au chasseur, puis revendent cette viande de 5,35 à 6,10 €/kg. Les
revendeurs proposent la viande sur le marché à 7,75 ou 9,15 €/kg. Les restaurateurs
proposent le plat de gibier de 200 g à 12 € environ, soit une moyenne de 60 €/kg
(N = 21). Les prix les plus élevés des restaurants correspondent à des morceaux de
Tapir considérés de première catégorie, qui atteignent des prix de 13,75 à 15,25 € par
assiette soit 69 à 76,25 €/kg.
Les marges
Les plus grandes marges sont donc réalisées par les restaurateurs, lorsqu'ils
vendent des plats cuisinés dans leur restaurant. S'il exerce lui-même la fonction
d'intermédiaire, allant chercher la viande à la source et négociant avec des chasseurs, la
marge atteint son maximum.
En achetant la viande à 2,75 €/kg et en la revendant à 60 €/kg, le restaurateur
obtient dans ces cas un marge brut d'environ 58 €/kg.
La transformation du produit
Il existe très peu de transformation du produit gibier dans la filière. En général, les
conditions de transport et de conservation ne sont pas contrêtées. Il est fréquent qu'entre
la forêt et le consommateur, les pièces de viande soient entassées les unes contre les
autres et plusieurs fois décongelées-recongelées. Dans certains cas, la viande peut être

- 191 -
1
stockée auprès du vendeur ou de l'acheteur jusqu'au moment de la vente ou de la 1
consommation. Dans d'autres, la viande est décongelée pour être vendue sur le marché
et recongelée soit par le commerçant - si la vente n'a pas eu lieu - , soit chez le
particulier, qui a cru de bonne foi acheter de la viande fraîche.
1
Aucun autre processus de transformation sophistiqué de la viande n'a été observé.
Un seul restaurant parmi les 25 visités a l'habitude de proposer de la charcuterie-maison
1
(terrine) à partir des abats de gibier.
Le produit final peut être offert au consommateur frais, bien qu'il soit la plupart du 1
temps vendu congelé ou sous forme de plat cuisiné.
Par ailleurs, nous n'avons observé aucune utilisation des sous-produits du gibier 1
(peau, os, ongles) à des fins de tannerie ou d'artisanat.
IV - 3. 4. CONSOMMATION DE GIBIER DANS LES RESTAURANTS DU LITTORAL 1
Ile de Cayenne
Nous avons pu visiter un total de vingt et un restaurants dans l'Ile de Cayenne dont
1
onze dans la ville de Cayenne, trois à Rémire-Montjoly et sept à Matoury.
Nous avons estimé la consommation annuelle de viande de chasse dans les 1
restaurants officiellement déclarés de l'Ile de Cayenne à 21,6 tonnes (N = 11), ce qui
fait une moyenne de 450 kg de viande écoulée par semaine. 1
Autres communes du littoral oriental
Pour les communes de l'Est (Régina, Cacao, Roura et Saint-Georges), nous avons 1
obtenu des informations sur quatorze restaurants dont neuf pour la commune de Roura,
trois pour Cacao, un pour Régina et un pour Saint-Georges. On arrive dans ces
communes à un volume de 7,2 tonnes par an (N = 14), ce qui correspond à une moyenne
1
de 10,8 kg par restaurant et par semaine.
Un bon exemple, analysé par F. RENOUX, est fourni par le marché couvert et le 1
principal restaurant de Saint-Georges. Le marché est aussi un lieu de vente de produits
locaux tels fruits (cultivés et sauvages), légumes et poissons d'eau douce et d'eau
saumâtre pêchés dans l'Oyapock. Toutefois, il reste avant tout un marché au gibier dont
1
la réputation dépasse les seules limites de la commune de Saint-Georges. Les
particuliers et les restaurateurs locaux s' y approvisionnent régulicrement, le marché 1
étant ouvert 6 jours par semaine tout au long de l'année. Une enquête sur un cycle
annuel à partir des éléments du registre tenu par le principal restaurateur de Saint-
Georges montre qu'il consomme en moyenne et par mois près de 115 kg de gibier, avec
1
une très nette prédominance des Pécaris qui représentent près de 74 % de la biomasse
(Tab.58). 1
1
1
- 192 -
1
1
1
1 Paca 10
n
80,0
kg
5,8
%

Agouti 14 62,S 4,5


1 Pécari à lèvre blanche
Pécari à collier
Rongeurs
26
10
24
816,2
201,5
142,5
59,0
14,6
10,3

Pécaris 36 1.017,71 73,6


1 Hocco
Pénélope marail
7
14
19,0
15,1
1,4
1,1
Galliformes 21 342 2,5

1 Tatou à neuf bandes


Taoir
TOTAL
1
1
83
9,9
178,3
1.382,6
0,7
12,9
100,0
Tab.58 - Consommation annuelle de gibier
1 du principal restaurant de Saint-Georges

1 Les quantités achetées par ce restaurateur sur le marché durant cette période restent
assez faibles par rapport aux années précédentes. Les restaurateurs de Saint-Georges
comptent en effet en 2001 un taux de remplissage très faible, de l'ordre de 30 %, dû
1 principalement aux difficultés d'acheminement des passagers par l'unique agence de
transport aérien (Air-Guyane) qui ont pénalisé les entreprises liées au tourisme dans la
1 région. C'est donc une quantité deux à trois fois plus importante (les proportions restant,
elles, inchangées) qui aurait été consommée et achetée quasi exclusivement sur le
marché au gibier de Saint-Georges, comme durant les précédentes années.
1 La consommation totale pour les restaurants déclarés dans la région du littoral
oriental est de 30,168 tonnes annuelles, ce qui équivaut à 628,5 kg par semaine (Tab.
1 59).

Consommation de Viande de chasse


1 Zone d'étude semaine
(kg)
Mols
(kg)
An
(kg)
N
Moyenne par
restaurant et
par semaine (kg)

1 1...-.
1""-
I~
Cayenne
Monljoly
Matoury
213
125
112
852
500
448
10.224
6.000
5.376
11
3
7
-
-,
19,3
41,6
16
-
~

1 Ile de Cayenne
Régina
450
40
15
1.800
160
60
21.600
1920
720
21
2
3
~
21,4
20
5
-
-
IL Cacao
Roura 96 384 4.608 9 10,6
-
1 St Georges
Communes de
l'Est
27,5
178,5
110
714
1.320
9.568 15
1 27,5
11,9
-~~,

1 Total littoral Est 628,5 2.514 30.168 35


Tab. 59 - Calcul de la consommation de viande de chasse
dans les restaurants du littoral Est
17,96

1 Kourou
A partir du nombre de restaurants répertoriés sur Kourou (16), et en prenant
1 comme base, la consommation hebdomadaire de viande dans les restaurants de la ville
de Cayenne (19,4 kg), on peut extrapoler que la consommation de viande de chasse
1 dans les restaurants de Kourou dépasse les 300 kg par semaine et peut atteindre les
15 tonnes annuelles.

1 - 193-

1
1
Saint Laurent du Maroni 1
Il existe dans la ville au moins cinq établissements catalogués comme restaurants à
gibier. Si l'on applique la moyenne hebdomadaire de consommation de viande de 1
Cayenne, ces restaurants consommeraient un total de 4,6 tonnes/an de viande de chasse
(Tab.60).
1
Consommation de viandé de chasse
Zone d'étude
..
Nombre de
restaurants
".,_.... .........'.'.., v.· ... avecgibief
Semaine
(kg)
... ..
Mols
(kg)
An
(kg)
. ..
' ~ ..
1
Cayenne 11 213 852 10.224
Kourou
St Laurent
Total littoral auvanais
16 :( l ~;:308,8
5
,35..
96,5
6,1JP
1:235,2
386
2,473
.' . r .
14.823
4.632
29.678,4
1
Tab. 60 - Estimation de la consommation de viande de chasse
dans les restaurants des centres urbains du littoral guyanais 1
à partir de la consommation à Cayenne (19,3 kg/semaine

Estimation de la consommation dans les restaurants de Guyane


1
En compilant les données de consommation de gibier dans les restaurants des
principales communes du littoral, on peut se faire une idée assez approximative du 1
volume de viande de chasse consommé dans les restaurants du littoral guyanais : elle
peut atteindre facilement les 50 tonnes annuelles. (Tab. 61). 1
. "-- ~

~CQnsommatlon annueuël
Zone d'étude
Ile de Cayenne
,-"," -~. ",;. < ~ .-~, • _(en, kg} "
21.600
.
1
.Communes de l'Est 8.568
Kourou
St. Laurent
Communes de l'Ouest
14.823
4.632 1
Total littoral guvanals 49.623
Tab. 61 - Estimation de la consommation de viande
de chasse issue d'une exploitation commerciale 1
dans les restaurants sur le littoral guyanais
1
IV - 3. 5. QUANTIFICATION DES VOLUMES DE VIANDE PAR ESPECE
A partir des documents confisqués par l' ONCfS à un intennédiaire grossiste qui 1
faisait la navette entre la zone ouest et Cayenne et qui transportait des volumes
importants pour approvisionner certains restaurants, nous avons pu évaluer la
distribution relative des différentes espèces commercialisées dans la filière. Cette
1
estimation par espèce a été faite à partir d'une quantité de gibier dépassant la tonne de
viande et correspondant à plusieurs sorties de chasse (Tab. 62). 1
Les Pécaris constituent 70 % du total, suivi en importance par le Tapir (13 %). Les
Tatous représentent 9 % et les deux Rongeurs, les 7 % restant. 1
1
- 194-
1
1
Masse/espèce Importance relative
Espèce (ka) Dar eSDèce (Ok)
Pécari à lèvre blanche 457,3 42
: Pécari à collier 299,2 28
Tapir 137,5 13
'Tatou 101,3 9
Agouti 49,5 5
,Paca 19 2
Total 1.072,8 100
Tab. 62 - Estimation de l'importance relative en masse
des différentes espèces chassées et commercialisées

Sauf pour le Tatou, ces proportions, sont significativement proches de celles


observées pour un restaurant de Saint-Georges de l'Oyapock pour des masses de gibier
similaires (cf. supra). Elles se rapprochent aussi en ordre d'importance de celles
rapportées par MAGNAT (2000).
Ces données fournissent aussi une estimation du nombre d'animaux nécessaires
pour atteindre le volume commercialisé annuellement. En effet, si ces proportions sont
représentatives des espèces commercialisées, les 50 tonnes annuelles répertoriées sur le
littoral guyanais pourraient être équivalentes à la biomasse suivante:
1.400 Pécaris des deux espèces,
33 Tapirs,
900 Tatous,
625 Agoutis,
et 134 Pacas (Tab. 63).

Proportions Equivalence (en


Poids estimé N° approxlmàtlf
Espèce observées tonnes) pour un total
.(en %) Individu adulte d'Individus
.~.~.
de SOtonnes
Pécari (Tayassu spp) 70 35 25 1.400 --,
Tapir 13 6,5 200 ~
1-
33 -~,

Tatou 9 4,5 5 900


Agouti 5
-
2,5 4 - 1--
625
~

-
Pac 2 12 9 134
Total 100 SO - 3.092
Tab. 63 - Estimation du nombre d'individus de chaque espèce animale
constituant les 50 tonnes de gibier commercialisé dans les restaurants

IV - 4. DISCUSSION
La consommation de viande de chasse dans les restaurants du littoral guyanais
serait proche de 50 tonnes annuelles. Cette quantité est vraisemblablement sous-estimée
puisque les mess de l'armée et de la gendarmerie ont été évoqués par la plupart des
acteurs de la filière, comme de grands centres de consommation de gibier, bien qu'ils
n'aient pu être évalués dans cette étude. On ne doit pas négliger que cette valeur ne tient
pas non plus compte des restaurants clandestins.

- 195 -

1
1
IV - 4. 1 PROBLEMES DE QUANTIFICATION
1
Cependant, le chiffre de 50 tonnes, loin d'être négligeable , donne une idée de
l'importance de la filiè"e, au moins pour le commerce associé aux restaurants dans les
1
centres urbains.
Par rapport à des études antérieures, on doit souligner quelques évolutions. En
1
effet, les statistiques recueillies par les services vétérinaires au marché de Cayenne dans
les années 80 et 90 témoignent de quantités de gibier supérieures : 1
- en 1979, la quantité dans le seul marché de Cayenne atteignait d~à les 50 tonnes
annuelles;
- entre 1980 et 1993, une moyenne de 23 tonnes de gibier était proposée dans ce
1
même marché (TYBURN, 1994) ;
- en 1992, près de 30 tonnes étaient répertoriées ;
- en 1996, 32 tonnes.
1
Ces différences peuvent être expliquées par trois hypothèses :
- le commerce a effectivement diminué depuis les années 80, car la pressIOn
1
exercée par l'administration a été efficace ;
- notre étude a mal évalué le commerce existant et le commerce réel est bien 1
supérieur;
- le commerce demeure important mais de façon tout à faire infonnelle, et il est de
ce fait difficile à suivre et à quantifier.
1
Cette troisième hypothèse est certainement la plus probable. Même si les
campagnes de répression ont certainement eu des effets de découragement (plusieurs
1
restaurants ont fenn~ certains chasseurs professionnels n'exercent plus), il n'en est pas
moins vrai que la population de la Guyane a augmenté et que celle-ci continue à 1
consommer du gibier, car sa consommation reste fortement ancrée dans les coutumes
des différentes communautés culturelles. Loin de disparaître, cette consommation, sortie
du commerce légalement organis~ est désonnais totalement confinée dans le domaine
1
de l'infonnel, se structurant à l'intérieur de longs réseaux liant la forêt aux noyaux
urbains. 1
IV • 4. 2 PROJECTIONS
Aujourd'hui, la consommation totale de gibier en Guyane doit être bien supérieure
1
aux 50 tonnes annuelles dédiées à la seule restauration, puisqu'une très grande partie se
fait dans les foyers. D'après l'étude réalisée par TYBURN (1994), elle était estimée à 1
2 kg/personne/an. En appliquant cette valeur à la demiè"e estimation démographique de
162.652 habitants, on obtient une consommation de 358 tonnes annuelles pour la région,
ce qui est supérieur à la production de viande bovine qui, en 1997, ne dépassait pas les
1
317 tonnes annuelles. Ajoutons que pour les populations de l'intérieur, peu nombreuses
s'il s'agit des Amérindiens, d~à nettement plus importantes s'il s'agit des Noirs Marrons,
ce chiffre de 2 kg/personne/an est ubuesquement sous-estimé.
1
La plupart des pays forestiers amazoniens dépassent d'ailleurs largement cette
valeur de 358 tonnes annuelles (OJASTI, 1992; 2000). En Amazonie péruvienne, la
1
- 196-
1
1
1 vente de gibier sur le seul marché d'Iquitos a été évaluée à 78 tonnes (BENDAYAN,
1991), puis 73 tonnes annuelles (BODMER & PEzo, 1996) ; en Amazonie colombienne,
1 la consommation est estimée à66 kg/habitantlan (TCA, 1995).
Si les chiffres avancés pour la Guyane sont proches de la réalit~ ils doivent attirer
1 notre réflexion sur plusieurs points :
- La consommation de viande de chasse en Guyane est plus importante qu'on ne le
1 pense. Les résultats démontrent que cette filière est suffisamment importante d'un point
de vue socio-économique pour figurer dans les statistiques nationales (au même titre
que la viande bovine) et mériter une attention plus marquée de l'administration
1 régionale vis-à-vis de son organisation, de son contrêie et de son suivi.
- Le commerce de viande de chasse a été l'objet d'une campagne de répression de
1 la part des administrations environnementale et sanitaire, qui ont contribué à la
marginaliser, mais certainement pas à la faire disparaître. Ce commerce a, au contraire,
connu une augmentation avec la croissance démographique et le développement
1 touristique, sans aucune amélioration sanitaire et dans une illégalité accrue.

1 IV - 4. 3 REFLEXIONS
On doit s'interroger sur l'utilité d'une politique inefficace dans la lutte contre la
destruction de la faune, et qui de surcroît contribue à la marginalisation de la chasse et
1 donc rend délicat son suivi tant socio-économique qu'écologique.
Par ailleurs, aucune alternative à la consommation de viande de chasse n'est
1 offerte. Ainsi, ni l'élevage de gibier, ni la gestion communautaire des populations
animales sauvages n'ont été tentés jusqu'à aujourd'hui à l'exception d'un élevage de
1 Pécari à collier près de Sinnamary.
Comme nous avons pu l'observer, la filière est caractéristique d'un secteur
1 informel au sein duquel :
- les acteurs agissent de façon individuelle, sans aucune organisation contractuelle;

1 - la plupart des transactions se règle en liquide et se fait par l'intermédiaire d'un


réseau de connaissances et des voies de communication informelles;

1 - il n'existe pas d'endroits de vente fixes; les informations sur la vente ou la


proposition des produits se fait de bouche à oreille, sans divulgation ou exposition
publique.
1 Etant donné l'importance socio-économique et le volume de la filière, le manque
d'indicateurs de suivi et surveillance de la part des autorités peut avoir des implications
1 négatives à plusieurs niveaux.
IV - 4. 4 ECOLOGIE
1 D'une façon générale, il est peu probable qu'avec la pression démographique
actuelle et les grandes surfaces de forêt tropicale dont dispose la Guyane, les taux de
1 prélèvement par la chasse puissent représenter une menace importante de disparition
pour la faune guyanaise. Le cas le plus alarmant est celui du Tapir, chassé en grandes

1 - 197-

1
1
quantités: plus de 6,5 tonnes annuelles pour la seule restauration du littoral. Même si 1
les populations animales, par un phénomène de source-puits, se reconstituent vaille que
vaille face à cette pression (RICHARD-HANSEN, 1997), il est évident que dans les zones
les plus fortement chassées du littoral, les espèces se raréfient, constat qui a d'ailleurs
1
été confirmé par tous les acteurs de la filière.
Cette tendance devrait s'intensifier avec la croissance démographique et l'éventuel
1
essor du tourisme en Guyane.
IV - 4. 5 SANTE
1
La tradition de consommer la viande de chasse enfricassée pour les Créoles,
bouillies pour les Amérindiens, mais toujours très longuement cuite, limite
1
considérablement chez l'homme les possibilités de transmission de zoonoses et autres
intoxications alimentaires. 1
Les nouvelles tendances culinaires, orientées vers la consommation de viande peu
cuite dans les restaurants, induit des risques évidents de transmission potentielle de
diverses maladies parasitaires ou infectieuses ; un contrae vétérinaire plus fréquent de
1
la part de l'administration sanitaire apparaît des plus souhaitables.
IV - 4. 6 ECONOMIE
1
La chasse commerciale implique, en tout cas dans d'autres pays, l'utilisation de la
viande mais aussi d'autres sous-produits comme la peau ou le cuir qui pourraient être
1
commercialisés et dont la valeur est actuellement perdue, parce que le gibier, soit est
débitée avec sa peau, jetée ensuite par l'acheteur, soit est consommé avec sa peau, 1
simplement époilée et grattée, à la façon du porc. Par ailleurs, une meilleure
organisation du marché, du chasseur au consommateur, pourrait certainement produire
une meilleure répartition du gain.
1
Après entretien avec les divers acteurs de la filière, il semblerait que la circulation
d'espèces protégées dans le commerce régulier de viande de chasse soit limitée. Les
1
personnes les plus impliquées dans la filière, certainement les moins intéressées à avoir
des problèmes avec la loi, commercialisent essentiellement des espèces autorisées. Cela 1
ne veut pas dire que le commerce d'espèces protégées n'existe pas. Des Ibis rouges, des
Caïmans, des Singes Hurleurs et Atèles ou même des Anacondas ou des Jaguars
destinés à des touristes en mal d'exotisme sont commercialisés clandestinement, mais
1
leur consommation se fait en milieu fermé. L'espèce non autorisée la plus demandée,
que ce soit par les touristes ou la population locale, est sans doute le Caïman, qui a fait
le bonheur des restaurateurs de gibier avant les arrêtés de protection (MAGNAT, 2000).
1
IV - s. CONCLUSION 1
Le commerce et la consommation de viande de chasse en Guyane sont importants
et contribuent de façon considérable à l'alimentation de ses populations au même titre 1
que d'autres formes de production de viande plus conventionnelles, comme l'élevage
bovin. A la différence de la chasse de subsistance, la chasse commerciale implique, au- 1
- 198-
1
1
1
1 delà du chasseur, un réseau important d'intermédiaires et des consommateurs, une
demande, une offre et une certaine complexité dans les échanges.
1 Au contraire de beaucoup d'autres pays forestiers, et malgré cette consommation
importante de viande de chasse, la Guyane conserve encore des populations abondantes
1 de faune sur son territoire. Cette situation pourrait changer avec la croissance
démographique autour des centres urbains et le développement de certaines activités
comme le tourisme, qui risquent d'entraîner une disparition concentrique de la faune
1 autour des zones de chasse. La législation actuelle semble peu adaptée à limiter cette
consommation et encore moins à établir un système de surveillance sur l'état de la
1 ressource et son utilisation. Dans ce contexte, s'imposent une modification de la
législation et/ou la mise en place d'alternatives de gestion ou de production de faune
sauvage pour approvisionner une demande croissante.
1 L'implication des représentants des acteurs de la filière et des utilisateurs dans les
modifications relatives à la législation et à la prise de décisions concernant la ressource
1 apparaît comme une formule incontournable, si l'on veut donner une chance de rwssite
à de nouvelles méthodes de gestion.
1
1
1
1
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1
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1 - 199-

1
1
1
1 v - LEGISLATION PASSEE ET EN COURS

1 CE. HANSEN & P. GRENAND)

1
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1
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1 - 201 -

1
1
1
v - 1. GENESE DE LA SITUATION ACTUELLE
La réglementation de la chasse en Guyane est unique par rapport aux autres
départements d'outre-mer, puisque l'article L.420-4 du Code de l'Environnement
1
stipule que la partie chasse du même code n'est pas applicable en Guyane (à l'exception
des articles L.421-1 et L.428-24, relatifs à l'Office National de la Chasse et de la Faune 1
Sauvage).
Néanmoins depuis 1968, sous l'impulsion de scientifiques et de la SEPANGUY, une 1
réglementation locale de la chasse a commencé à se mettre en place par l'intermédiaire
d'arrêtés préfectoraux fixant :
- une liste d'espèces protégées,
1
- des quotas par sortie de chasse,
- quelques périodes de chasse, en particulier pour les Oiseaux (arrêtés préfectoraux 1
du 31/01/1975, modifiés par l'arrêté préfectoral du 22/09/78, etc.).
Cependant, les dispositions prévues par ces textes pour réprimer les infractions ne 1
correspondent qu'à des infractions de première classe (art. R.610-5 du Code Pénal),
sans possibilité de saisie d'animaux dépassant le quota ni de l'instrument ayant servi à
commettre l'infraction. Ces dispositions sont largement insuffisantes pour être
1
dissuasives. Parallèlement, bien peu d'information destinée aux chasseurs était tentée.
Le 15 mai 1986, un arrêté ministériel fondé sur le titre l du code rural fixe des 1
listes de Mammifères, d'Oiseaux et de Reptiles faisant l'objet d'une réglementation. Les
espèces furent organisées selon trois listes :
- les espèces totalement protégées (art. 1) ;
1
- celles dont la chasse est autorisée mais le commerce et la naturalisation interdits,
ainsi que le transport et la sortie hors du département (art. 2). La chasse des espèces 1
listées à l'article 2 est donc limitée à une consommation familiale ;
- celles pouvant faire l'objet d'un commerce réglementé (art. 3). 1
D'autres arrêtés ministériels vinrent par la suite compléter le précédent, en
instaurant la protection intégrale des Tortues marines présentes sur les cêtes guyanaises
(A.M. du 17 juillet 1991), puis des Cétacés et Siréniens (A.M. du 27 juillet 1995)
1
présents sur tout le territoire national.
En 1995, la commercialisation de certaines espèces non domestiques se vit plus
1
précisément réglementée (A.M. du 27 mars 1995, cf. infra). La vente d'un certain
nombre d'espèces fut désormais soumise à autorisation délivrée par le Préfet, et les
établissements autorisés ont l'obligation de tenir àjour un registre officiel.
1
v - 2. PROJETS DE REGLEMENTATION 1
v - 2. 1. ETAT DES LIEUX 1
Depuis 1990, de nombreuses concertations au sein de différentes instances ont
réfléchi à un projet de réglementation de la chasse en Guyane. Un projet complet a
même été réalisé par la DIREN du département en 1995. 1
- 202-
1
1
1
1
Pour mettre en place une véritable loi sur la chasse en Guyane, il apparaît
1 nécessaire de voter une loi à l'échelle nationale, à condition toutefois que la
réalité régionale ait été pleinement appréhendée. Néanmoins sur la base
1 d'articles du titre l du livre IV du Code de l'Environnement, il semble possible
de prendre des arrêtés ministériels qui permettraient de réglementer au moins
certaines activités cynégétiques.
1 Les quotas de chasse prévus dans l'arrêté préfectoral du 31 janvier 1975
ont constitué les premières mesures de gestion de la faune. Ils furent alors
1 justifiés par les prélèvements excessivement importants de quelques équipes de
chasseurs. Actuellement, les pénalités concernant les dépassements de quotas ne
1 sont que très peu dissuasives (contravention de première classe, soit 22 50).
Sans créer de bouleversements dans les pratiques cynégétiques actuelles, il est
possible à un arrêté ministériel au vu du présent rapport, de reprendre les quotas
1 de l'arrêté préfectoral et d'augmenter les possibilités de pénalité en cas
d'infraction grave.
1 L'article R.21S-S du Code Rural (régime propre à la capture, au ramassage
et à la cession de certaines espèces) prévoit que le Ministre de l'Environnement
peut définir une liste d'espèces non domestiques dont la capture ou la cession
1 peuvent être interdites ou autorisées dans certaines conditions sur tout ou partie
du territoire et pour des périodes déterminées. L'article R.212-9 du Code Rural
1 stipule que des arrêtés préfectoraux, fixent le cas échéant, les dates d'application
des mesures mentionnées à l'article R.21S-S et leurs modalités d'application.

1 Cet article permet au Préfet de : :


- définir ou modifier une liste d'espèce dont le prélèvement est autorisé
(liste d'espèces chassables) ;
1 - de fixer un quota de prélèvement par espèce (bagues limites) ;
- de fixer une période de prélèvement (période de chasse) ;

1 - de définir des zones où les prélèvements seront interdits ou limités


(réserves de chasse).
Ces mesures correspondent en fait à une réglementation sur la chasse
1 relativement complète, avec comme avantage la possibilité d'être définie
localement en concertation avec les utilisateurs du milieu (chasseurs de
1 subsistance et commerciaux, exploitants forestiers, protecteurs de la nature,
etc ...).

1 Cette avancée légale recèle néanmoins sa contrepartie, puisque les


infractions à l'article R.21S-S sont réprimées par l'article R.215-3 (infraction de
4ème classe correspondant à 750 d'amende).
1
1
1 -203-

1
1
1
v - 2. 2. PROJET DE CODE FORESTIER
Dans le cadre actuel du Projet de Code Forestier adapté à la Guyane, la
1
chasse apparaît comme une activité de premier plan. Sur des zones nouvellement
accessibles par la route, comme le tronçon Régina/Saint-Georges, il est certain
que les risques de prélèvement par des chasseurs venus des communes du littoral
1
pour chasser de nuit avec leurs véhicules seront accrus. On pourrait alors
envisager de définir, dans les zones à risque, des réserves de chasse et d'autres
1
secteurs où selon un calendrier défini périodiquement, seraient permis des
quotas plus restreints que sur le reste du territoire. Ce code pourrait même
inclure des mesures concernant non seulement la chasse mais aussi certaines
1
autres activités fortement liées à l'utilisation des forêts soumises au régime
forestier. Certaines mesures relatives au contrôle des chasseurs et notamment le
1
contrôle des sacs, gibecières et glacières pourraient également être prévues dans
le futur Code Forestier. 1
Les notions de droit de chasse et droit de propriété pourraient être étudiées,
sachant que certaines modifications vont heurter des habitudes qu'il sera
difficile de changer. En effet, une législation venue de Métropole se superposant
1
à la notion d'espace collectif et prétendant discuter du droit fondamental à la
subsistance ne pourra être comprise que dans le contexte de l'équité la plus 1
stricte.
Les principaux textes législatifs sur lesquels pourrait s'appuyer cette 1
nouvelle législation sont:
- L'arrêté préfectoral 172 1D/2B du 31 janvier 1975, modifié par l'arrêté 1
préfectoral 2246 1D/2B du 22 septembre 1978, qui considère une chasse
sportive libre mais avec quelques conditions (quotas, espèces protégées ... ) et
une chasse professionnelle soumise à autorisation préalable de la préfecture; ce
1
système n'a jamais bien fonctionné, puisqu'en 1994, seuls quatre chasseurs
possédaient encore une carte de chasse. Actuellement, un seul chasseur 1
professionnel serait déclaré. Plus grave encore est l'absence dans ce texte de la
chasse de subsistance, qui constituait pourtant, à l'époque où il fut proclamé,
l'essentiel de la pratique cynégétique du département.
1
- L'arrêté ministériel du 15 mai 1986, modifié par l'arrêté ministériel du
20 janvier 1987, qui établit une liste d'espèces classées en deux catégories, soit
1
intégralement protégées (destruction, vente et transport interdits), soit
partiellement protégées (vente, naturalisation et transport hors de Guyane 1
interdits, mais chasse pour autoconsommation autorisée).
1
1
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1
1
1
1
v - 3. LISTE DES ARRETES PREFECTORAUX ET MINISTERIELS
1 CONCERNANT LA CHASSE

v - 3. 1. ARRETES PREFECTORAUX
1 Arr1té prlfectoral nO 172 IDI2B du 31 janvier 1975 (modifié les 06108/76, 22/09178,
22/09/78, 29/05/79 et 08/04/80)
1 - abrogation de tous les arrêtés précédents sur la chasse;
- réglementation de la chasse professionnelle (délivrance d'autorisation) ;
1 - protection de la faune, classification des espèces en annexe:
1. intégralement protégées,
2. à protection partielle ;
1 - limitation du nombre de pièces par sortie.
On notera en particulier l'Article 3: «Indépendamment des dispositions des
1 articles 4,5,6,7,8,9,10 et Il du présent arrêt~ nul n'est autorisé à l'occasion de chasse
sportive à détruire ou colporter par sortie plus de deux pièces de gibier à poil de quelque

1 importance (taille du Maïpouri ou du Pakira), cinq pièces de petit gibier à poil (taille
Pac ou Agouti), dix pièces de gibier à plume (taille Soucourou et au-dessus), vingt
pièces de petit gibier à plume (taille Bécasse ou Bécassine) ».
1 Arr1téprlfectoral nO 5791D/4B du 13 avril 1992
- interdiction de poser des fusils trappes ou des pièges à caractère dangereux pour
1 l'homme ou pour les espèces protégées.
Arr1tés prlfectoraux N° 1917 ID/4B du 19 octobre 1993 et N° 2241 ID/4B du 04
1 décembre 1995
- interdiction de poser des fusils trappes ou des pièges à caractère dangereux pour
1 l'homme ou pour les espèces protégées.
- réglementation de la chasse, de la circulation et du transport des armes et du
1 gibier dans le périmètre du barrage de Petit Saut.
Toute infraction à un arrêté préfectoral est réprimée par l'art. R.610-5 du nouveau
1 Code Pénal. Il s'agit d'une infraction de première classe.
v - 3. 2. ARRETES MINISTERIELS
1 Mammifères:
Arrl!lé ministériel du 15 Mai 1986
1 Mesures de protection des Mammifères représentés dans le département :
Article 1: Espèces intégralement protégées. Leur destruction, enlèvement,
1 mutilation, naturalisation, transport, colportage, utilisation, mise en vente ou achat,
qu'elles soient vivantes ou mortes, sont interdits.
1
1 - 205-

1
1
Article 2 : Espèces à protection partielle. Leur naturalisation, colportage, mise en 1
vente ou achat, qu'elles soient vivantes ou mortes, sont interdits.(chasse « pour soi»
autorisée). 1
Article 3: Espèces intégralement protégées. Leur destruction, enlèvement,
mutilation, naturalisation, transport, colportage, utilisation, mise en vente ou achat,
qu'ils soient vivants ou morts, sont interdits (y compris en métropole, sauf s'ils ont été
1
régulièrement importés).
Arrêté ministériel du 27 Juillet 1995 1
Liste des mammifères marins protégés sur le territoire national, à savoir:
Toutes les espèces de Cétacés (Dauphin, marsouins, baleines, etc.).; 1
Toutes les espèces de Siréniens (Lamantins, etc...) ;
Article 1 : Espèces intégralement protégées. Leur destruction, capture, enlèvement 1
intentionnel, mutilation, naturalisation, transport, colportage, utilisation, mise en vente
ou achat, qu'ils soient vivants ou morts, sont interdits.
Oiseaux
1
Arrêté ministériel du 15 Mai 1986 1
Mesures de protection des oiseaux présents dans le département de la Guyane.
Article 1: Espèces intégralement protégées. Leur destruction, enlèvement, 1
mutilation, naturalisation, transport, colportage, utilisation, mise en vente ou achat,
qu'ils soient vivants ou morts, sont interdits.
Article 2: Naturalisation, vente, mise en vente ou achat illicites de toutes les
1
espèces d'oiseaux représentés dans le département de la Guyane à l'exception de trois
espèces (Hocco alector, Pénelope marail, Agami trompette). 1
Article 3 : Exportation illicite de toutes les espèces d'oiseaux présentes dans le
département de la Guyane à l'exception des Passériformes. Exportation de 1
passériformes illicites sans autorisation. Pour les passériformes, (Hocco alector, Agami
trompette et Penelope marail), le transport, le colportage, l'utilisation, la mise en vente
ou l'achat sont autorisés sur le territoire national, à condition qu'ils aient été
1
régulièrement introduits ou importés).
Reptiles et amphibiens
1
Arrêtéministériel du 15 Mai 1986
Mesures de protection des reptiles et amphibiens présents dans le département de
1
la Guyane.
Article 1: Espèces intégralement protégées. Leur destruction, enlèvement,
1
mutilation, naturalisation, transport, colportage, utilisation, mise en vente ou achat,
qu'ils soient vivants ou morts, sont interdits. 1
Article 2 : Espèces en protection partielle. Leur naturalisation, colportage, mise en
vente, achat, exportation, qu'ils soient vivants ou morts, sont illicites. La chasse « pour
soi » est autorisée.
1
- 206-
1
1
Î
U Article 3 : Espèces en protection partielle. Leur naturalisation, colportage,
utilisation, mise en vente, vente ou achat, qu'ils soient vivants ou morts, leur
o exportation, sont illicite sans autorisation valable, y compris en métropole, sauf
s'ils ont été régulièrement importés). Pour le Caïman à lunettes, le Boa
~ constrictor et l'Anaconda, le transport, le colportage, l'utilisation, la mise en
vente ou l'achat sont autorisés sur le territoire national, à condition qu'ils aient
été régulièrement introduits ou importés. La chasse « pour soi» du Caïman à
1 lunettes, du Caïman à front lisse, du Boa constrictor, de l'Anaconda et des
Tortues terrestre est autorisée, mais leur exportation, naturalisation, vente, mise
1 en vente, colportage, achat sont interdits en Guyane.
Arrêté ministériel du 17 Juillet 1991
1 Liste des tortues marines protégées dans le département de la Guyane.
Cette liste rassemble toutes les espèces de Tortues marines présentes.
1 Article 1 : Espèces intégralement protégées. Leur destruction, enlèvement
des oeufs et des nids, mutilation, capture ou l'enlèvement, naturalisation,

1 transport, colportage, utilisation, mise en vente ou achat en Guyane, qu'ils soient


vivants ou morts, sont interdits.
v - 3. 3. CONCLUSION
1 Le présent chapitre prouve qu'il existe un profond fossé entre un dispositif
législatif hésitant et la pratique cynégétique telle qu'elle a été exposée dans les
1 chapitres précédents (II - 1. et III -1). Le choix d'une législation répressive est
tentant, mais il risque de ne pas être sérieusement réalisé, ne serait-ce qu'en
1 raison des maigres forces disponibles. Un discours lénifiant s'appuyant sur des
spécificités culturelles en pleine transfonnation serait pire encore. Le réalisme

1 doit prévaloir: le législateur doit avant tout prémunir, tant les chasseurs de
subsistance que les chasseurs professionnels, d'une désespérance qui ferait
d'eux des destructeurs irréductibles de la faune. Il doit aussi réfréner les rêves
1 ultra-protectionnistes venus de la Métropole et que l'ensemble des populations
de la Guyane n'accepte plus.

1
1
1
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1
1
1 VI - RECOMMANDATIONS
1 (P. GRENAND)
1
1
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1
1
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1
1
Les recommandations adoptées sont de deux ordres. Il s'agit d'un cêté de
1
recommandations pratiques issues des résultats que nous avons acquis. Elles renvoient à
des choix qui pourraient être faits tant par les Collectivités Locales que les instances 1
compétentes de l'Etat. D'un autre cêté un autre train de recommandations traite de la
continuation des recherches scientifiques et des améliorations qui pourraient leur être
apportées. Elle concerne cette fois-ci les Instituts impliqués dans la recherche sur
1
l'environnement et leurs Ministères de tutelle.

VI - 1. CE QUI EST FAISABLE DANS UN PREMIER TEMPS


1
• La grande majorité des contributeurs de ce rapport ne remettent pas en cause la
légitimité culturelle de la chasse et admettent que la commercialisation répond le plus
1
souvent à une nécessité économique. Ils s'accordent à ne pas confondre législation et
coercition. La législation ne peut être instaurée qu'à travers un processus consultatif et 1
informatif. Sans être écartée, la coercition ne devrait s'appliquer qu'en dernier ressort
pour des activités frauduleuses d'envergure, évitant ainsi les vexations gratuites. 1
• Notre projet ayant été concentré sur la bande câière, il convient de réserver,
dans un premier temps, les recommandations à cette région. C'est également là, pour
des raisons d'urgence évidente, que des nouveaux modes de gestion de la faune
1
pourraient être testés.
• L'organisation spatiale ancienne (une ethnie = un territoire) n'existe 1
pratiquement plus. Il convient pourtant de souligner l'absence ou la rareté de la violence
dans le règlement de conflits d'usage, pour lesquels les accords tacites ou d'autres
modes de règlement des conflits, entre autres magico-religieux, semblent suffire.
1
Cependant, des conflits de territoires étant latents un peu partout, les projets de
réglementation devront être attentifs à ne créer ni situations de privilèges ni situation 1
d'exclusion, toutes deux génératrices de tensions.
• La valorisation des gibiers selon des marqueurs culturels est aussi importante 1
que le rendement. Les études réalisées chez les Kali' na et les Palikur pointent le fait que
les Amérindiens chassent davantage d'espOCes que les autres populations - une
trentaine environ-, ce chiffre étant encore plus élevé chez les auto-subsistants
1
(Wayapi du haut Oyapock). Cette évidence devra être prise en compte dans la future
réglementation, sous peine d'entraîner des problèmes alimentaires importants. 1
• La liste 2 des "gibiers autorisés uniquement pour la subsistance" doit être plus
détaillée. Telle quelle, elle est peu compréhensible: si les chasseurs connaissent bien ce 1
qui peut être vendu, ils connaissent mal ce qui est autorisé pour la subsistance.
Nous recommandons également le réexamen parallèle des listes, bien que certains
des participants au programme n'y soient pas favorables; ces listes avaient été faites
1
dans l'urgence, il y a plus de vingt ans; la recherche ayant beaucoup progressé depuis,
une révision dépassionnée s'avère vraiment utile concernant: 1
- les animaux protégés,
- les animaux dont la chasse est autorisée pour l'autoconsommation,
- les animaux dont la viande est autorisée de vente.
1
- 210-
1
1
1 • Àtitre d'exemple, l'interdiction de vente du Daguet rouge est mal comprise par
l'ensemble des habitants de la Guyane. Ce gibier est peu chassé sur la dïe, alors qu'il
1 l'est beaucoup plus chez les Wayâpi et pas du tout chez les Wayana (interdit culturel de
chasse). D'une manière générale, cette espoce est considérée comme abondante par
l'ensemble des chasseurs, mais fragile par les biologistes. Une étude s'avère
1 indispensable pour trancher ce débat.
• Le Tapir, le Hocco et l'Iguane sont indubitablement soumis à une surchasse.
1 Nous préconisons dans un premier temps leur transfert sur la liste des espoces réservées
à la seule subsistance, mais cela méritera sans doute d'être nuancé.
1 - La chasse au Tapir pourrait être maintenue dans les espoces commercialisées, à
condition d'être tempérée par des quotas à définir dans certains périmètres;
1 - la chasse à l'Iguane pourrait être soumise à une période de fermeture en aoft et
septembre; la collecte des cofs et la capture de femelles gravides (pratique fréquente
chez les Créoles) n'est pas soutenable à long terme et devrait être prohibée de façon
1 définitive;
- la chasse au Hocco pourrait être fermée de novembre à avril (accouplements,
1 pontes puis élevage des nichées), J -M. Thiollay faisant remarquer que l'élevage des
jeunes est particulièrement long pour cette espoce.
1 • L'information sur la fragilité des Singes protégés et particulièrement l'Atèle doit
are poursuivie. La persistance de prix bas à la vente parallèle semble indiquer que la
1 demande diminue, ce qui constitue un encouragement à une forte protection. Dans le
sud de la Guyane, il sera difficile, pour des raisons culturelles, de faire régresser la
chasse de l'Atèle ; l'abandon de la chasse du Saki à face pâle et du Saki Satan sera plus
1 aisée, ces animaux étant considérés comme rares par l'ensemble des communautés.
• Pour l'ensemble des Oiseaux gibiers, il semble souhaitable d'introduire une
1 période de fermeture de janvier à fin avril, époque de leur reproduction, au moins dans
la moitié nord de la Guyane. Cette disposition concernerait avant tout les Oiseaux dont
le commerce est autorisé (Hocco, Agami Trompette et Pénélope Marail) mais peut-être
1 aussi certaines espoces de subsistance considérées comme fragiles, telles certains
Perroquets (en particulier les Amazones) et Canards. Néanmoins, la mise en place de
1 périodes de fermeture nécessite une meilleure connaissance des dates de reproduction
des espoces concernées.

1 • Nous avons noté une revendication d'autorisation à la vente du Caïman à


lunettes et du Caïman à front lisse. Néanmoins plusieurs participants au programme
soulignent que ce ne serait pas une bonne chose car ces animaux étant très prisés, on
1 assisterait très vite à un écroulement des populations.
• L'idée d'élevage apparaît très séduisante. Elle est réalisable non seulement pour
1 les Caïmans, mais aussi pour le Cabiai, le Pécari à collier et l'Agouti; des essais limités
ont été tentés pour l'Iguane vert, notamment en Amérique Centrale (Costa Rica &
1 Panama), où de nombreux élevages ont vu le jour pour la production d'animaux de
compagnie. Cependant, il est nécessaire de prélever les oeufs dans la nature à chaque

1 - 211 -

1
1
génération, ce qui implique un contrue très strict de l'activité (J.-M. THIOLLAY, com. 1
pers.). Cette filière mériterait d'être stimulée dans les années à venir. Les Caïmans
constituent un cas plus délicat, car il s'agit d'espèces légalement réservées à la
subsistance. Toutefois, le danger de vente d'animaux sauvages sous label d'animaux
1
d'élevage pourrait être conjuré par les techniques de marquage d~à employées avec
succès en métropole pour d'autres espèces. Une inconnue persiste cependant, celle de la 1
rentabilité des élevages .. Elle semble pourtant être bien réelle, comme c'est le cas par
exemple en Colombie avec 84 élevages légalement enregistrés en 1994, ou au Brésil
avec 75 élevages identifiés en 2003 (F. JORI, com. pers.).
1
• Une évaluation correcte de la demande et une bonne prise en compte de la
compétitivité du prix de vente sont indispensables. Par exemple, bien qu'autorisés de
1
vente, le Cabiai et les Tatous sont actuellement peu chassés, tant au nord qu'au sud (les
Wayapi, par interdit culturel, ne consomment pas le Cabiai). Par exemple, le Tatou ne 1
représente que 9 % du ravitaillement d'un grossiste de l'Ouest guyanais. Ailleurs, les
Tatous représentent moins de 3 % du tonnage des captures. Anciennement, les Tatous
étaient prisés des Créoles, alors que le Cabiai ne semble guère être (ni avoir été)
1
consommé.
• Les quotas sont considérés comme indispensables par notre équipe. Ils peuvent 1
d'ores et d~à être mis en place à travers l'article du code rural R.212-9. Les espèces qui
pourraient en bénéficier sont avant tout le Tapir et le Pécari à lèvre blanche. Bien
entendu, ils ne pourraient être appliqués à l'ensemble du territoire guyanais, mais
1
adoptés pour des périodes déterminées à des zones où la surchasse est constatée sans
ambiguïté. Les quotas par sortie de chasse qui pourraient être mis en place assez 1
rapidement sont relativement contruables par les agents de l' ONCFS (dont le nombre
devrait néanmoins être augmenté). Les quotas sont des mesures d'urgence un peu
grossières, ne se basant pas sur des réalités biologiques très fermes, contrairement aux
1
vrais plans de chasse, mais ils se justifient pleinement face aux pressions de chasse
observées; ils ont essentiellement le mérite d'éviter les abus flagrants. 1
• Pour la mise en place de structures d'information et de réglementation, nous
insistons sur la nécessité de consulter les locaux. Cette consultation devrait inclure avant 1
tout des élus des communes rurales, des biologistes, des chasseurs de toute origine, des
associatifs de l'environnement et des autorités coutumières.
• Un effort d'éducation à l'environnement doit être poursuivi, à travers le Parc
1
Naturel Régional et la Mission pour la Création du Parc de la Guyane, en collaboration
avec l'Education Nationale. Les programmes scolaires devraient promouvoir une 1
meilleure connaissance des espèces présentes en Guyane, que ce soit au niveau de leur
biologie, de leur écologie, de leur éthologie ou de leur valeur culturelle. 1
• Nous insistons sur la nécessité absolue de points de vente officiels de viande de
chasse dans les villes. Cette mesure permet seule un meilleur contrue et une meilleure
évaluation des tonnages chassés. Les observateurs ayant noté une nette dégradation au
1
cours de la dernière décennie, de tels marchés devraient s'accompagner d'un contrue
sanitaire accru. 1
- 212 -
1
1
1
1 • Point pourtant essentiel, la durabilité de l'activité cynégétique n'a été ni
confirmée, ni infirmée par le présent programme. Si F. JaRl et T. BONAUDO se
1 montrent plutcr optimistes, tous les autres contributeurs, même en tenant compte de
"l'effet puits" des régions inhabitées, se montrent réservés et ne veulent se risquer à
fournir aucune appréciation, même provisoire, sur cette question.
1 • L'idée de plans de gestion expérimentaux fondés sur des modèles associatifs,
d~à testés en Europe, a été retenue par l'ensemble de l'équipe. Nous sommes tous
1 d'accord sur le fait que l'on ne peut attendre d'avoir une évaluation définitive des
populations animales de la Guyane pour mettre en place une gestion durable de l'activité
1 cynégétique, d'autant plus qu'une volonté locale de s'organiser a été notée dans
l'ensemble des zones enquêtées. Il nous semble pertinent de favoriser la formation de
sociétés de chasse sur la base du volontariat au niveau des communes, ces dernières
1 ayant, en Guyane, l'avantage de correspondre le plus souvent à des bassins fluviaux ou
du moins à des portions d'entre eux. En s'adressant à l'ensemble des chasseurs d'une
1 commune, elles permettraient en outre d'éviter les dérives communautaristes.

VI - 2. PLUSIEURS OBSTACLES PERSISTENT CEPENDANT


1 • Le moins lourd est l'existence de zones de droit d'usage reconnues à des
communautés d'Amérindiens et de Noirs Marrons par un Décret Ministériel de 1987.
1 Ces zones sont destinées à garantir, par un droit d'usage collectif, les moyens de
subsistance de ces populations. Elles couvrent une superficie de 670 297 ha dont 14 %
sont répartis dans la zone ccrière. Dans l'avenir, en fonction des dynamiques culturelles
1 et économiques actuelles, il conviendra d'étudier s'il faut spécifier l'utilisation dévolue à
ces aires. Il s'agit cependant d'un débat plus large concernant l'ensemble de la
1 biodiversité.
• Le second obstacle est l'absence de code forestier adapté à la Guyane,
1 conditionnant la dévolution de territoires communaux, et plus particulièrement dans le
cas de la chasse, de forêts communales. L'idée de forêts territorialisées sous le contrêle
de la Région a aussi été avancée. Quel que soit le choix politique retenu, ces forêts
1 pourraient éventuellement servir de zones-tests de gestion. Ce code forestier étant en
cours de discussion, il nous semble peu cohérent de vouloir généraliser la mise en place
1 de plans de gestion au-delà d'expériences pilotes, la forêt de Counami (lracoubo) ayant
été considérée comme un exemple possible. Une autre question cruciale est de savoir
s'il existe ou non en Guyane une dissociation entre le droit de propriété et le droit de
1 chasse. Nous avons admis au final qu'une expertise juridique s'avérait indispensable.
Rappelons qu'actuellement la gestion des espaces forestiers dépend de l'Office
1 National des Forêts et celui du gibier de l'Office National de la Chasse et de la Faune
Sauvage, dont le rêle sera sans doute essentiel dans la mise en place d'une gestion

1 durable de la forêt.
En vue d'une mise en place de plans de gestion, il conviendrait de dPfinir et de
cartographier le plus prkisément possible des Zones d'Usages Cynégétiques
1 Communautaires non exclusives. Ces zones ne sauraient être confondues avec les zones
protégées d~à mises en place, dans lesquelles la protection de la faune est intégrale et
1 - 213 -

1
1
devrait le demeurer. La mise en place de telles zones ne peut intervenir qu'à travers 1
l'émergence d'associations de chasseurs, qui pourraient assurer la formation et
l'information des nouvelles générations. 1
Plusieurs participants au programme ont signalé l'existence de cartes de chasseurs
professionnels, dont l'usage est tombé en désuétude par manque d'organisation de la
filière. Il ne nous semble pas que l'usage de ces cartes puisse être réinstauré. Àlong
1
terme pourtant, l'idée d'un permis de chasser, même gratuit, adapté à la Guyane,
mériterait d'être progressivement testée. S'il est assorti d'un examen, il conviendra de 1
l'accorder automatiquement aux chasseurs actuels, puis de le faire passer aux candidats
atteignant la majorité requise.
1
VI - 3. CE QU'IL CONVIENT DE MIEUX CONNAITRE DANS L ' AVENIR
Ces deux premières années nous ont permis, non seulement de clarifier un certain
1
nombre de domaines encore inconnus jusqu'à ce jour en Guyane, mais également de
cerner des nouvelles questions, entre autres méthodologiques, et de déterminer les 1
priorités pour la continuation de cette étude.

• Lorsque l'on en vient à protéger intégralement de plus en plus d'espèces, ne 1


contribue-t-on pas à augmenter la pression sur ceux qui restent autorisés? Des
membres de notre équipe s'accordent à dire que la reproduction de plusieurs de ces
gibiers reste mal connue; elle constitue indubitablement un facteur primordial lorsque
1
l'on veut connaître la fragilité d'une population animale.
1
• Nous proposons donc un effort scientifique accru concernant l'étude de la
biologie, de l'écologie et de l'{thologie des espèces les plus sensibles, du fait d'une forte
pression de chasse et de leur apparente raréfaction dans les zones les plus fréquentées,
1
comme le Hocco, le Tapir et le Pécari à lèvre blanche. Pour les deux Mammifères,
rappelons cependant qu'il s'agit d'espèces difficiles à étudier en raison de leur forte 1
mobilité.

Le programme complémentaire, mené par l'ONCFS, tentera d'approfondir le recueil 1


de données sur la biologie de la reproduction des principales espèces chassées. En effet,
les enquêtes réalisées jusqu'alors n'ont pas donné de résultats satisfaisants dans ce
domaine, l'information sur la gestation des femelles semblant difficile à obtenir auprès
1
des informateurs.

Une collecte de matériel biologique sera mise en place, afin de recueillir les tractus
1
génitaux et les mâchoires des pièces chassées. Ce matériel permettra de mieux
quantifier les taux de reproducteurs et les pyramides des âges des populations chassées. 1
• La présence de populations de Félins lÛlns le comportement et l'abonlÛlnce des
espèces gibier devrait être prise en compte, car elle n'est sans doute pas négligeable. En
1
effet, les Amérindiens intègrent ce facteur dans leurs stratégies de chasse. C'est
pourquoi il nous semblerait judicieux de développer une étude approfondie sur les 1
félins.

- 214-
1
1
1
1 - Selon P. GRENAND, le savoir autochtone sur la biologie et l'éthologie des espèces
(par exemple l'affection du Singe Atèle pour les reliefs) n'est guère pris en compte par
1 les naturalistes: ces derniers effectuent parfois des observations d~à faites
antérieurement par d'autres. Nous recommandons fortement que dans les
réglementations à venir ou l'éventuelle révision des listes d'espèces protégées, le savoir
1 local soit pris en compte comme aide à la décision. Il convient cependant d'être prudent
dans le choix des informateurs, en particulier parce que depuis deux décennies, les
1 pertes du savoir naturaliste sont malheureusement bien réelles chez les jeunes
générations.

1 - En Guyane en général, l'effort doit être renforcé sur la détermination efficace


des densités animales, selon les différents types de milieux et selon les zones chassées.
1 Aussi longtemps que ce paramètre ne sera connu que par des estimations, l'évaluation
de l'impact de la chasse par l'application de modèles d'utilisation pensés comme
durable ne pourra donner lieu à aucune conclusion ferme.
1 Les principaux obstacles sont de trois ordres :
- la difficulté d'accès aux sites non chassés,
1 - la caractérisation des différents milieux écologiques,
-l'obtention d'échantillons suffisants lors des comptages (particulièrement en zone
1 à faible densité) pour appliquer correctement les outils statistiques.

On insistera sur le fait que le calcul des densités animales et la mise au point de
1 modèles d'utilisation durable passent par des réserves critiques et des améliorations
méthodologiques.

1 POIDS MOYEN ET POIDS REEL

Les données concernant le poids moyen des espèces gibier en Amazonie présentent
1 des amplitudes parfois très importantes d'un auteur et d'un site à l'autre. Cet état de fait
impose une certaine prudence scientifique quant à l'analyse comparative des tableaux
1 de chasse croisés avec ces valeurs.

Il en est de même des variables prises en compte dans les modèles de prélèvement
1 viable de la faune amazonienne élaborés par ROBINSON & REDFORO (1991) et ROBINSON
(2000). Ces modèles s'appuient sur un corpus important de données liées à la biologie
1 des espèces animales parmi lesquelles on peut retenir :
- leurs modalités de reproduction ;
- leur longévité;
1 - leur densité.
Ces variables, croisées avec les données liées aux tableaux de chasse ainsi qu'avec
1 les surfaces exploitées par les chasseurs, permettent, au moins thooriquement sous la
forme de modèles, de déterminer le seuil de prélèvement viable d'une espèce par une
communauté humaine sur une surface circonscrite.
1 Néanmoins, en examinant les données brutes sur lesquelles s'appuie la littérature
de synthèse, on s'aperçoit que les données pondérales disponibles sont extrêmement

1 - 215 -

1
1
faibles pour la plupart des espèces. Il est donc indispensable de collecter en Guyane de 1
nouvelles données pondérales, accompagnées de données biomŒriques, ainsi que
d'examens de l'lKe reproductif et dentaire. 1
DENSITES OBSERVEES ET DENSITES MOYENNES

Les densités moyennes de la faune sauvage amazonienne calculées par les auteurs
1
précédemment cités s'appuient sur une compilation de données collectées dans
différents secteurs de la forêt tropicale humide où la faune est préservée pour une part et
exploitée de manière plus ou moins intensive pour une autre part. Or, les données
1
collectées en Guyane permettent de dire que la variable densité, croisée avec les
modèles proposés, pèse de manière sensible, au niveau prédictif, sur la part potentielle
1
de gibier que peuvent prélever les chasseurs sur une surface donnée.

En Guyane, si l'on croise les résultats obtenus sur certaines zones antérieurement
1
prospectées avec ceux qui ont été collectés lors du présent programme, il est possible de
mettre en évidence, d'un site à l'autre, de fortes fluctuations de la variable densité. Ces 1
fluctuations apparaissent tout aussi importantes si on les compare aux valeurs moyennes
fournies par les modèles. Il est donc pertinent et urgent de minimiser la marge
d'incertitude scientifique qui pèse sur les densités, surtout lorsque leur utilisation est
1
liée àl'élaboration de plans de gestion de lafaune àcourt ou moyen terme en Guyane.
1
LA DENSITE: UNE VARIABLE INSTABLE 1
Si l'on examine un à un les paramètres des modèles de gestion durable qui nous
intéressent ici, on constate que la densité (moyenne ou observée) constitue une variable 1
linéaire; si elle est affectée d'un facteur quelconque, négatif ou positif, la part du
prélèvement potentiel augmente ou diminue d'autant. Il est donc nécessaire d'identifier
les causes pouvant induire de telles amplitudes et ainsi réduire les erreurs
1
d'interprétation d'une réalité écologique complexe.

Si l'on veut appréhender la réalité faunique d'un site, les densités collectées in situ
1
constituent à notre sens les seules valeurs susceptibles de poser les bases d'un
diagnostic cohérent. Pourtant, à une échelle plus restreinte, si l'on se réfère aux seuls 1
inventaires standardisés conduits sur trois zones indemnes de pression de chasse dans le
nord de la Guyane et pour lesquelles on constate des caractéristiques floristiques
comparables (données ONF), il apparaît qu'on observe à titre d'exemple (cf. Fig. 5) de
1
fortes variations des densités pour le seul ordre des Primates.
1
Alors que les connaissances sur les paramètres biotiques et abiotiques régissant la
diversité et l'abondance des espèces sont encore insuffisamment documentées, l'emploi
de valeurs moyennes peut entraîner d'importantes erreurs dans l'analyse de l'impact des
1
pratiques cynégétiques sur la faune gibier.
1
- 216-
1
1
1
1 Counaml98 '"
1
--- _ ...
Réglna''''' Nouragues ,.,

1 Aleles paniscus
Alouatta seniculus
2.2
21.5 _. -
7.6
12
1-
8.4
19.9
Cebus apella 24.4 16.8 12.9

1 Cebus olivaceus 1.9


(1) B. de THoISY 200 l, données non publiées.
15.3

(2) B. de THoISY 2000, données non publiées.

1 (3) SIMMEN & al. 1998.


Fig. 56 - Variation des densités de Primates, en nombre d'individus au km 2

1 Si l'on applique à chaque espèce le taux de prélèvement théorique proposé par


ROBINSON (2000) aux densités réellement observées de la faune sur deux sites, il
apparaît que les variables densités moyennes et taux de pre1èvement du modèle,
1 associées aux prélèvements réellement mesurés, ne permettent pas de prédire l'état du
stock d'une espèce dans une zone circonscrite, ni, par extension, d'établir le fait qu'elle
1 est ou non surexploitée.

Lorsqu'aucune donnée spécifique ne peut être acquise sur un site d'étude, il


1 convient d'utiliser les valeurs de rq"érence issues d'inventaires liés à des milieux très
proches géographiquement et écologiquement, et présentant une même pression
anthropique, plutà que d'employer des valeurs moyennes calculées à l'échelle de l'aire
1 de distribution de l'espèce.

1 Cette option pallie temporairement le manque de données, puisque si une espèce


est exploitée, sa démographie doit fondre dans le temps, en raison des modifications
comportementales induites par les perturbations anthropiques qui entraînent une
1 moindre efficacité reproductrice. C'est à cette condition qu'il est possible de définir la
fraction de la population prélevable d'une espèce sans compromettre sa pérennisation.
1 STRATEGIE D'ACQUISITION DE DONNEES FAUNISTIQUES PROPRES A LA ZONE D'ETUDE

1 La méthode des transects linénires est pour l'heure la seule méthode préconisée
pour estimer la diversité et l'abondance des grandes espèces en forêt néotropicale.

1 Le principe général consiste, sur un site donn~ à parcourir de manière répétée un


layon d'une longueur de 3 à 5 kilomètres, pour y accumuler un nombre suffisant de
contacts avec les espèces qui occupent ce site. Ce calcul permet de traduire une donnée
1 unidimensionnelle (nombre de contacts effectifs rapporté au nombre de kilomètres
parcourus) en une donnée bidimensionnelle: la densité (nombre de contacts théoriques
1 rapportés à une surface prospectée).

Deux paramètres influent fortement sur les densités ainsi calculées: il s'agit de
1 l'effort d'échantillonnage (nombre de contacts effectués, distance totale cumulée), et de
la méthode de calcul utilisée.

1 • - Effort d'échantillonnage

1 - 217 -

1
1
Quelles que soient les méthodes employées, le but est de rapporter la surface 1
prospectée au nombre de contacts. Un effort d'au moins 100 km est le plus souvent
effectué, mais ce choix est largement intuitif, qui ne s'appuie ni sur des modèles
mathématiques ni sur des confirmations statistiques robustes. Ainsi dans certains cas, à
1
cette distance totale cumulée, la densité théorique calculée peut ne pas se stabiliser ; on
remarque alors que la valeur obtenue peut être sensiblement différente de celle qui 1
aurait été obtenue si le layon d'inventaire avait été prolongé de 20, 50 ou 100 km.

En conséquence, il semble légitime de proposer de ne plus considérer une valeur 1


finie, mais plutà un intervalle, qui pourrait êJre de + 33 %. Par ailleurs, la méthode des
transects n'est pas forcément validée pour tous les groupes d'espèces. Notamment, une 1
valeur calculée chez le pécari à lèvre blanche, le tapir, ou encore quelques oiseaux
connus pour leurs déplacements saisonniers importants (par exemple les toucans), n'est
associée qu'à une faible probabilité de représenter la densité écologique réelle sur la
1
zone.

• - Calculs de la densité
1
Plusieurs méthodes permettent de convertir la longueur du transect en une surface
de forêt effectivement prospectée. Parmi les plus classiques, citons:
1
- la méthode de LEOPOLD, qui multiplie la distance moyenne d'observation des 1
animaux par la longueur totale du transect pour estimer la surface prospectée ("largeur
effective d'observation") ;
- la méthode de GREEN, qui utilise la distance maximale plutêt que la distance
1
moyenne; cette méthode a le défaut de sous-estimer les densités car elle ne prend pas
compte les animaux non vus dans la bande de forêt utilisée pour le calcul ; 1
- une autre méthode utilise des séries statistiques de FOURRIER. Considérée comme
la plus juste, elle nécessite cependant un échantillonnage plus important, souvent peu
compatible avec les moyens effectivement disponibles et l'effort réalisé.
1
Si l'on considère un même corpus de données brutes en nombre suffisant (300 km
de transect sur la forêt de Counami, 1998), les différentes méthodes de calcul permettent
1
d'obtenir des valeurs qui présentent des écarts importants, variant du simple au double.
Ainsi, pour une même zone, il n'apparaît pas possible, à l'heure actuelle, de préciser la 1
méthode capable de fournir le résultat le plus proche de la densité réelle.

En conclusion, il s'avère important, tant que faire se peut, d'opter pour


1
l'acquisition de données propres à la zone d'étude durant une période où l'activité de
chasse est observable. L'obtention des densités écologiques constitue une option 1
optimale, mais un tel but ne peut être envisagé sans la mise en œvre de moyens
techniques et financiers importants. Aussi la densité calculée semble-t-elle pouvoir
satisfaire aux exigences de l'élaboration de plans de gestion pertinents. Un effort doit
1
toutefois être fait dans le sens de la standardisation des méthodes, dans la perspective
d'analyses comparatives entre zones, entre communautés ou pour le suivi des sites 1
enquêtés.

- 218 -
1
1
1
1 L'effort d'échantillonnage a un impact difficile à prévoir; dans l'état actuel des
connaissances, les modélisations mathématiques n'ont pas encore permis de prédire, à
1 partir d'un effort d'échantillonnage réduit, l'évolution de la valeur calculée jusqu'à
l'asymptote. En conséquence, pour intégrer l'amplitude observable de cette variable, il

1 semble prudent de considérer comme valeur critique non plus la part maximale du
prélèvement viable mais 50 % de sa valeur.

1 LE TERRITOIRE EXPLOITE: UNE VARIABLE SOCIOLOGIQUE MOUVANTE

L'analyse des données du SIG a permis d'estimer des surfaces potentiellement


1 exploitées pour chacun des sites. Compte tenu de l'incidence de cette variable dans les
modèles d'évaluation de la part maximale de prélèvement viable, nous avons vérifié la
pertinence de cette approche. Ainsi, une erreur dans l'estimation de la surface exploitée
1 entraîne une variation, positive ou négative, de la part maximale de ce prélèvement.
Cette variation est d'autant plus ample que la pression exercée sur une espèce donnée
1 est intense.

Réduire l'incidence de cette variable nécessite de définir éventuellement une


1 fourchette d'estimation intégrant de possibles variations de la surface exploitée. Nous
savons que la DMPS parcourue par un chasseur est de 5 km perpendiculairement à un axe

1 de pénétration. Compte tenu du mode de progression des chasseurs qui effectuent


généralement un parcours en boucle, une estimation à 50 % (2,5 km) est tout à fait
acceptable. La surface exploitée à partir de cette distance, comparée à celle estimée à
1 partir du système de quadras, donne la mesure de la variation des valeurs obtenues (de 5
à 13 % inférieurs pour les sites de Counami, de Macouria et de Régina). Concernant la
variable surface, on peut admettre d'affecter à la surface évaluée à partir de la
1 méthode des quadras un facteur de correction positifde 10 %.

1 LA POPULATION DE CHASSEURS

Le rapport entre le nombre d'individus réellement capturés par espèce et celui


1 potentiellement viable est fonction du nombre de chasseurs. Afin de quantifier la
pression de chasse et le nombre de chasseurs sur un site donné, certains auteurs
préconisent des solutions économes, telles les coups de fusils entendus, le nombre
1 d'afffts et de chasseurs recensés sur un layon, le nombre de traces de chasseurs, de
chiens de chasse, de jupes de cartouches recensées, tous indices qui restent difficilement
1 interprétables.

Les populations de chasseurs varient en moyenne de 50 % d'une saison à l'autre;


1 il faut ajouter une marge d'erreur de l'ordre de 25 % dans l'estimation de la population
totale de chasseurs de plusieurs communautés exploitant un territoire de manière

1 concurrentielle dans des buts distincts (autosubsistance, chasse commerciale et chasse


ludique). En conséquence, il convient d'affecter ce coefficient de correction de + 25 %
au nombre de prises totales effectuées sur une surface et une période données. Dans
1 tous les cas, un cycle annuel peut être considéré comme une base optimale.

1 - 219-

1
1
• Les modalités techniques mises en (lIvre dans les recherches futures doivent 1
être économes en temps et en moyens financiers investis. Les protocoles d'enquête en
biologie de la faune et en ethnoécologie mis en place durant ce programme, les facteurs
de correction proposés et les limites théoriques mises en évidence devraient permettre
1
de poser les bases constructives d'enquêtes reproductibles à l'identique sur d'autres
sites pertinents, afin de pouvoir comparer utilement les résultats obtenus. 1
Enfin, la mise en place de programmes de gestion de la chasse doit être
accompagnée d'un suivi du stock d'espèces, afin de s'assurer de la validité des 1
recommandations et, le cas échéant, de les adapter à l'évolution des modalités
d'exploitation de la faune gibier. En vérité, toute mesure de gestion s'accompagne
forcément de suivi de leur impact et de possibilités d'ajustements permanents.
1
La diversification des points d'observation des populations animales est reconnue 1
comme indispensable par l'essentiel des participants au programme. Ces observations
étant onéreuses, il conviendra de se concentrer sur quelques zones porteuses de sens :
1
• les zones basses du sud, à mi-chemin entre Oyapock et Maroni (zones de flat au
sud du Tamouri); il s'agit de régions indemnes de chasse, présentant des
caractéristiques environnementales similaires aux zones fréquentées plus à l'est par les
1
chasseurs wayapi ;

• la région de l' Armontabo : zone est de la Guyane, peu montagneuse et suspectée


1
d'être riche faunistiquement ; cette zone est chassée à sa périphérie, ce qui permettrait
sans doute une approche comparative pertinente;
1
• les zones de chasse aux environs de Saii, Camopi, Trois Sauts, Antécume Pata et
Elahé; dans ces localités, les modalités de la chasse sont bien connues; seul un suivi
1
évolutif s'impose ici ;

• des zones témoins, en arrière-plan immédiat des zones chassées; ne pouvant être
1
menées partout, ces enquêtes devraient concerner les régions où émerge depuis quinze
ans la chasse commerciale (Camopi, Sam, Elahé) ; 1
• une des zones actuellement soumise à un orpaillage intensif: soit en amont de
Maripasoula, soit dans le haut Approuague. Ce type d'étude vise à comprendre la place
1
de la chasse et son impact sur la faune (ravitaillement, chasseurs professionnels.).dans
ces rassemblements humains à la fois très mouvants et excessivement fermés ; 1
·le pays ndjuka et aluku, populations de même culture, mais dont la dépendance
envers les aides administratives est différente; 1
• enfin, un suivi des populations animales dans la zone d'emprise de la RN 2 entre
Régina et St Georges doit être assuré en particulier dans le cadre de la mise en
1
exploitation de nouvelles concessions forestières.
1
- 220-
1
1
1
1 Ces programmes, ne devant pas dépasser cinq ans, devraient permettre de
compléter nos recommandations et de dPfinir la vocation cynégétique des différentes
1 régions de la Guyane.
La poursuite du programme par l'ONCFS tâche actuellement de compléter les
1 connaissances dans ce domaine, grâce à l'obtention de subventions du Ministère à
l'Outre Mer, du cPER-Guyane dans le cadre du GIS SILVOLAB, et à la collaboration avec
1 la Mission pour la Création du Parc de la Guyane.

L'objectif vis~ est de disposer d'un nombre suffisant de sites pour lesquels les
1 abondances animales et les caractères principaux du milieu seront connus, afin de
mettre en relation ces divers paramètres par une analyse multivariée (composition
floristique, altitude, latitude, pluviométrie, type de sol, gradient biogoographique
1 est/ouest. ).

1 Il est également envisagé de faire intervenir des pWologues pour caractériser la


richesse du sol, invoquée par divers auteurs pour expliquer la variation de la
productivité végétale. En définitive, mieux connaître les variations naturelles des
1 densités animales est un préliminaire nocessaire à la compréhension de l'impact humain.

• Enfin, on ne soulignera jamais assez l'importance d'une bonne coordination


1 des travaux écologiques et ethnoécologiques.

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1 CONCLUSION GENERALE
1 (P. GRENAND)
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1
La chasse reste en Guyane une activité extrêmement vivante, même si, au cours
1
des trente dernières années, elle a profondément changé de nature. D'activité de
subsistance ravitaillant des communautés et des familles rurales, elle est devenue par 1
endroits une activité lucrative dont les produits sont destinés à des populations qui ne
vivent plus dans et de la forêt, mais dont les références au monde forestier restent fortes.
La consommation de gibier, même si elle représente une part modeste de leur
1
alimentation, tient une place importante dans ce qu'elles considèrent comme une bonne
alimentation. 1
Les activités de prédation (chasse, pêche et collecte de produits végétaux)
constituent aujourd'hui l'un des créneaux économiques les plus immédiats pour des
1
populations qui n'accèdent pas, pour des raisons diverses -la principale étant le faible
niveau scolaire et le manque de formation qui en découle - à des emplois rémunérés 1
ouvrant la porte à des standards de vie considérés comme des modèles désirables
( véhicules motorisés, habitat individualis~ équipement électronique, etc...). De ce point
de vue, les activités de prédation peuvent être classées sur une échelle de valeurs
1
comme une occupation transitoire, dans l'attente d'accéder à un statut permettant une
aisance économique certaine. Dans un tel schéma sociologique, la chasse est 1
nécessairement pensée comme une activité pénible et aléatoire.

Cette perspective sous-tend, on l'aura compris, un changement profond des 1


valeurs. La chasse et la pêche représentaient pour les Amérindiens, les Noirs Marrons et
les Crroles ruraux (mais aussi pour certains migrants dans leur région d'origine), une
activité masculine permettant d'affirmer sa qualité d'être humain, sa capacité à se
1
mouvoir dans un univers difficile et surtout, face à l'agriculture, activité dominée par les
femmes, sa capacité à apporter une contribution essentielle à la vie de la famille. 1
De déséquilibre en déséquilibre, est né le profil contemporain des activités de
prédation, ce qui nous ramène obligatoirement à l'histoire sociale et économique de la
1
Guyane contemporaine.

En premier lieu, rappelons que les plans de développement successifs de la Guyane


1
n'ont jamais pris en compte les activités extractivistes des populations locales, ne
retenant que l'agriculture, la pêche maritime, la foresterie et l'industrie comme activités 1
d'avenir. Plus encore, la monoculture de rente a longtemps été considérée comme le but
à atteindre et ce n'est que dans les années 80 que l'agriculture familiale a
progressivement été revalorisée. Cette orientation, si elle n'a abouti que très récemment
1
à l'émergence d'un petit paysannat, a surtout laissé aux femmes un espace économique
modeste mais bien réel. Des agricultrices crroles d'Iracoubo ou de Sinnamary aux 1
femmes aluku de Papaïchton ou palikur de Saint-Georges, ce sont des femmes qui vont
assumer la continuité de la ruralité guyanaise. Pour ce qui est des hommes,
inexorablement poussés vers la modernit~ un petit nombre seulement fut concerné par
1
les postes de fonctionnaires ou d'employés plus ou moins permanents d'organismes
intervenant en commune; un nombre plus important est devenu employés municipaux; 1
les autres se sont retrouvés de fait en marge du système, souvent contraints de quitter le

- 224-
1
1
1
1 monde rural. En Guyane, il n'y a pas comme en Occident de rejet de l'individu
marginal. Dès lors qu'il possooe un savoir-faire et quelques liens socioculturels avec
1 ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir, il joue son rue. La précarité est née dans
ce pays d'une absence de prise en compte des faibles potentialités d'intégration de ses
habitants face à des schémas conçus ailleurs et pour d'autres systèmes culturels et
1 sociologiques.

1 En se limitant ici à la ruralité, on constate que sur trente ans - avec des décalages
temporels qui ne doivent pas faire illusion - , les mêmes processus sociétaux sont
perceptibles au sein de l'ensemble de l'espace guyanais. L'effet est induit à travers un
1 (ou des) schémas de développement à grande échelle et ne correspond pas forcément-
ce serait tomber dans un procès d'intention - à celui conçu par les décideurs
1 régionaux.
Ces processus se caractérisent par des objectifs (peu accessibles) et l'accession à
1 des valeurs (mal maîtrisées), tels que:

• une recherche de revenus valorisés à travers de nouvelles compétences, en


1 particulier les nouveaux métiers du secteur tertiaire comme ceux de la communication;
si l'on se rcrere aux données les plus récentes, le taux de réussite est plus que faible et

1 l'avenir demeure sombre ;

• une identification de la personnalité à travers de nouveaux schémas socio-


1 culturels (biens de consommation, aisance matérielle, références culturelles extérieures
à la Guyane. ).;

1 • une place grandissante de l'école, d'abord inadaptée, puis tentant avec beaucoup
d'errance de renvoyer à des modèles locaux loin d'être efficaces et surtout bien

1 dominés ;
• un besoin irréfléchi d'obtenir des revenus monétaires diversifiés, lorsqu'on
1 n'entre pas dans les standards internationaux de réussite, conduisant sans coup férir vers
des activités illégales ;

1 • enfin, on peut ajouter une perte des savoirs naturalistes, pourtant indispensables à
une pratique équilibrée des activités agricoles et de prooation ;

1 Les ruraux ne répondant pas à ces critères se retrouvent contraints à vendre de la


viande de Pécari, des Pacous salés, des grains de Wasey, des planchettes de bardeau, des
1 feuilles de Toulouri .. La liste est longue et mériterait que l'on s'y arrête de façon
approfondie.

1 Le terme d'exclu est d~à trop galvaudé pour l'appliquer à ces Guyanais-là; celui
de marginal reviendrait à priver de légitimité des hommes qui constituent les racines
mêmes du pays. Quant à cette marginalité, au-delà des discours qu'ils doivent fournir
1 aux fonctionnaires et ONG bien intentionnées, doutons qu'elle soit une catégorie pensée
par les intéressés eux-mêmes.
1 - 225-

1
1
Pourtant, si leur pratique de la prédation est sans conteste issue d'une connaissance 1
et d'un savoir-faire bien enracinés, sa viabilité est désormais discutable. L'ensemble des
observations effectuées au cours de notre programme montre que plusieurs espèces
importantes pour l'alimentation humaine sont en voie de régression, sans que l'on
1
puisse pourtant les qualifier d'en voie de disparition. La régression d'une population
animale est bien sil" - au-delà du discours écologiste militant - liée à de nombreux 1
facteurs. En Guyane française, la déforestation étant limitée, la chasse est
nécessairement pointée comme un facteur d'impact essentiel, même si l'ouverture de
layons pour l'exploitation du bois favorise de façon drastique son impact. Mais cette
1
régression est en toute bonne foi autant due à la chasse de subsistance qu'à la chasse
commerciale; sa causalité, liée aux changements socio-économiques (et en particulier à 1
la structure du peuplement), est donc extérieure aux deux pratiques elles-mêmes.

Si l'on recadre la prédation dans l'espace laissé au sexe masculin, il en devient 1


parfaitement congruent. L'espace forestier est masculin, l'espace forestier est sauvage,
donc non-développé, l'espace forestier est devenu un refuge majeur pour les acteurs
faibles mais suffisamment structurés du post-colonialisme. Qu'ils soient amérindiens,
1
marrons ou brésiliens, les acteurs de ce jeu goûent aux fruits du développement qu'on
leur présente partout avec insistance. Mais sans transmutation profonde de leur activité, 1
sans accès à des bagages nouveaux, ils ne peuvent maîtriser les propositions qu'on leur
offre. 1
Les uns se réfugient alors dans les paradis artificiels, d'autres dans la religion,
d'autres enfin poursuivent la chasse et la pêche (et quelques autres activités
apparentées...) car ils y excellent; maîtres de leur jeu, ils ne peuvent être concurrencés
1
sur ce terrain et ils ont appris à le savoir.
1
Reste l'impact des activités humaines sur la biodiversité, qu'elle soit utile ou non
au devenir de l'espèce humaine. En Guyane, l'amenuisement de cet impact se traduit
avant tout en termes de protection des espèces animales. La protection des années 1975-
1
85, fondement de la situation réglementaire actuelle, partit d'initiatives ministérielles
impulsées par une minorité de naturalistes et de cadres administratifs de 1
l'environnement: elle n'a guère été discutée localement et ne s'est appuyée ni sur des
enquêtes naturalistes quantitativement valides, ni sur une évaluation socio-
anthropologique préliminaire sérieuse. Il en ressort que les listes des espèces protégées
1
intégralement, autorisées à la subsistance et permises à la vente sont contestées, voire
incomprises. Un préalable à toute organisation d'une chasse raisonnée passe par la 1
révision de ces listes, dont la diffusion à travers une tradition orale revisitée anime des
discussions sans fin dans toute la Guyane.
1
CECI NOUS AMENE A QUELQUES SUGGESTIONS FINALES

Dans le cadre du Parc du Sud, il a longtemps été discuté d'une zone unique
1
incluant les zones inhabitées et les aires de parcours des populations forestières. Ce
droat nous semble devoir être étendu à l'ensemble de la Guyane et participer d'un plan
d'aménagement réaliste du territoire, prenant en compte les ressources de la forêt
1
- 226-
1
1
1
1 comme une véritable potentialité économique; ceci n'a rien d'incongru pour une région
ultra-périphérique de l'Europe, continent où la forêt est sans aucun doute la mieux gérée
1 au monde.
La chasse en Guyane, on l'aura compris, ne peut être traitée comme une question
1 séparée qui ferait d'elle une pratique résiduelle d'un passé révolu. Davantage
marginaliser la chasse la ferait basculer dans des pratiques à la fois destructrices et
1 incontraables. Elle doit au contraire s'inscrire dans une politique globale de la forêt.
L'oNF est le gestionnaire de la forêt considérée comme le domaine privé de l'Etat. En
Guyane, la forêt est considérée par ses habitants comme un libre service. D'un statut
1 fictif, l'Etat et les élus veulent passer à la réalité; cette politique passe par:

• une délimitation effective des zones à vocation agricole, face aux zones
1 exploitées pour les ressources forestières ;

1 • une adaptation du code forestier français à la Guyane. Ce code prévoit l'existence


de forêts appropriées, soit au niveau communal, soit au niveau régional. Seule la
restitution aux communes d'un foncier d'une superficie décente pennettrait une
1 organisation associative d'une chasse viable;

• la mise en place d'une loi réglementant la chasse et le commerce du gibier,


1 adaptée à la région. Soulignons que la Guyane est le dernier pays d'Amérique Latine à
ne pas disposer d'une telle législation;
1 • une organisation forte d'aires intégralement protégées de la flore et de la faune
dans des régions écologiquement pertinentes.
1 L'erreur serait de créer en Guyane des zones ethniques porteuses de débats
identitaires sans fin ; mais ce serait aussi tout aussi grave de ne pas reconnaître des
1 droits élémentaires aux occupants de longue date face aux impacts nouveaux ; ce serait
enfin d'accorder une importance excessive aux protectionnistes, dont les associations
1 sont proportionnellement nombreuses, mais dont l'assise populaire locale est faible.

Nos voisins latino-américains, beaucoup plus protectionnistes que nous, ont


1 cependant construit, sur des bases populaires, des structures efficaces, comme par
exemple les réserves extractivistes brésiliennes, qui pennettent à des communautés
rurales de préserver un niveau efficace d'autosubsistance tout en assurant un niveau
1 d'échange marchand correspondant à leur désir de consommation. Ce désir de
consommation est, sans doute, la façon la moins abrupte - la plus réaliste - de
1 qualifier l'ouverture sur le monde de sociétés isolées.

Pour revenir au concret, il est certain que la continuité de la chasse ne sera assurée
1 que si et seulement si :

• la chasse de certains gibiers fragiles comme le Singe Atèle et peut-être demain le


1 Hocco, est àjamais abandonnée ;

1 - 227-

1
1
• la chasse commerciale est canalisée dans des proportions décentes à travers une 1
politique de quotas effectifs, impliquant une surveillance accrue, une éducation à
l'environnement cohérente, une valorisation de la ressource, et une organisation stricte
de la filière de vente;
1
• la chasse de subsistance est pleinement autorisée sur un nombre important
d'espèces, révisable, et à définir selon les besoins de chaque communauté et dans des
1
périmètres délimités ;
1
• l'élevage des espèces les plus prisées (Caïmans, Paca, Agouti, Pécari à collier) est
véritablement promu; 1
• des sanctuaires intégraux de flore et de faune sont instaurés et organisés.

La Guyane, rêve d'ultime sauvagerie pour les uns, est pour d'autres un espace
1
colonial résiduel. Passer à un âge adulte est un pari. Pari difficile certes, mais réalisable,
à condition que l'on ne perde jamais de vue que tous les extrêmes sont condamnables. 1
1
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1
223.

1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Annexe 1. Espèces animales citées,par entrée scientifique avec correspondance en
1 tOI ' 1e, por t ugals
rOIs anques (f rançals, creo 0 dB'
u 01)
resl
noms brésiliens,
noms français nom latin noms créoles dont noms régionaux

1 BATRACIEN
nord-amazoniens

Rainette kunawalu Phrynohvas resinifictrix kounaou cunaouani

1 MAMMIFERES
Agouti,
Agouti doré
Dasyprocta agouti cutia

Cabiai Hydrochaeris h capiay capivara


1 Capucin,
Capucin blanc,
Cebus olivaceus macaque blanc,
makak blan
caiarani

Macaque à face noire

1 Capucin brun

Cerf à queue blanche


Cebus apella

Odocoileus cariacou
macaque noir,
makak nwé
Biche palétuvier,
macaco-prego

veado-galeiro
bich pativié
1 Coati,
Coati roux
Nasua nasua coachi,
kwachi
coati,
Quatf
DaR;uet gris Mazama Jlouazoubira kariakou veado-catingueiro

1 Daguet rouge

Dauphin
Mazama americana

Sotalia fluviatilis
bich
bich roui
marsouin,
veado-vermelho,
suassu-eté
boto-tucuxl

1 Ecureuils Sciurus spp


marswen
guélingué,
gelengé
esquilo,
cuatipuru
Grison, Galictis vitata - furoo

1 Grison de Lallemand
Jaguar Pantera onca tig,
tig marké
onça,
onca-pintada

1 Kinkaiou
Lamantin
Potos fla vus
Trichechus manatus
makak lan nouit
vach dilo,
lamenten
iUDarâ
vaca-marina

Loutre de Guyane Lutra longicaudis saro lontra,


1 Loutre géante du Brésil Pteronura brasiliensis lout,
cachorro-d'agua
lontra,
tig dilo ariranha

1 Myrmidon

Ocelot
Cyclopes didactylus

Leovardus vardalis
léch men
louch men
cha tig
tamanduai

maracaiâ-acu
Paca ARouti vaca pak paca
1 Paresseux à deux doigts,
Unau
Choloepus didactylus mouton paresseux
parsou mouton
pregiça-real

Paresseux à trois doigts, Bradypus tridactylus dos bnlé pregiça

1 Aï
Pécari à collier
Pécari à lèvre blanche
Tayassu taiacu
Tayassu pecari
do bilé
pakira
cochon-bwa
caitetu
queixada,

1 Tatou à onze bandes Cabassou unicinctus tatou karém,


tatou louka
porco-do-mato
tatu-xima,
tatu-de-rabo-mole
Tatou géant Priodontes giganteus kabasou tatu-canastra,

1 Raton crabier Procyon cancrivorus chien crabier


chien krabyé
tatu-acu
moo-pelada,
guaxinim

1 Saki à face pâle

Saki Satan,
Pithecia pithecia

Chiripotes satanas
manman guinan

macaque mon père,


parauacu,
macaco-cabeludo
cuxiu

1
1
1
noms brésiliens,
1
noms français nom latin noms créoles dont noms régionaux

Saki capucin makak mon pé


nord-amazoniens 1
Singe Atèle, Ateles paniscus kwata macaco-aranha,
Atèle

Singe Ecureuil, Saimiri sciureus Sapajou blan


coati,
cuamba
macaco-de-cheiro
1
Saïmiri
Singe hurleur,
Singe hurleur roux
Alouata seniculus baboun,
singe rouge
guariba 1
Tamanoir, Mynnecophaga tridactyla tamanwa, tamandua-bandeira
Grand fourmilier
Tamarin à main rousse Saguinus midas
manio fronmi
poignet doré,
sapaiou nwé
sauim-de-moo-ruiba 1
Tapir
Tatou à neuf bandes
Tatou de Kappler
Tapirus terrestri
Dasypus novemcinctus
Dasypus kappleri
maïpouri
tatou
tatou blan
anta
tatu-galinha
-
1
Tayra, Eira barbara ayra, irara,
Martre mangeuse de miel
OISEAUX
mart papa-mel
1
Agami, Psophia crepitans agami, jacamim,
Agami trompette
Aigrette blanche Egretta alba
zozo trompet
saouacou,
grau blan
iacamim-de-costa-cinzenta
garça-branca-grande 1
Aigrette bleue

Amazone à tête jaune


Egretta caerulea

Amazona ochrocephala
michel,
annoré michel
jako,
garça-azul

papagaio
1
iaQuot
Amazone aourou,
Amazone à aile orange
Amazone de Dufresne
Amazona amazonica

Amazona dufresniana
jako krik

iaco bach
papagaio-do-mangue

papagaio
1
Amazone poudrée,
Amazone farineuse,
Amazone meunier
Amazona farinosa meunier,
jaquot meunier,
jako mengnen,
moleiro,
papagaio-açu 1
gro iako
Anhinga

Ara bleu
Anhinga anhinga

Ara ararauna
kana plonjé,
zozo serpan
ara blé
carara

canindé
1
Ara chloroptà"e,
Ara vert et rouge
Ara rouge
Ara chloroptera

Ara macao
arajonn

ara roui
arara verde,
arara-canga
arara-vermelha
1
Ara vert Ara severa ara maracanâ-açu,

Aracari grigri, Pteroglossus aracari koulik,


anaca
araçarf
1
Aracari à ceinture rouge koumando gro bek
Balbuzard pêcheur
Bihoreau blanc,
Héron couronné
Pandion haliaetus
Pilherodius pileatus
pagani
-
aguia-pescadora
garça-de-cabeça-preta 1
Bihoreau violacé Nyctanassa violacea sarouacou taquirf
Canard musqué Cairina moschata kana gran bwa,
kana sovai
pato-do-mato 1
Cassique à dos jaune Cacicus cela cul jaune, japim

Dendrocygne veuf Dendrocygna viduata


tiou ionn
sersel,
kana
ireré 1
Grand Tinamou Tinamus major pedri poul,
pedri blan
inhambu-serra,
inhambU-tor6 1
1
1
1
1 noms brésiliens,

1 noms français

Héron cocoi
nom latin

Ardea cocoi
noms créoles

gran gozié,
dont noms régionaux
nord-amazoniens
maguari
gran gri

1 Héron vert
Hoazin
Butorides striatus
Ooisthocomus hoazin
annoré sandré
sasa
socoi
cigana
Hocco, Crax alector oka mutum

1 Hocco alector,
Grand Hocco
Ibis rouge Eudocimus ruber flanman, guara
flanman lanmé
1 1

Ortalide motmot Ortalis motmot paracoua aracuâ,


aracuîi-de-cabeca-vermelha
Pénélope Marail, Penelope marail maray, jacu

1 Marail
Pénélope siffleuse Aburria pipile
poul gran bwa
maray doré,
kouvouri
cujubim

Lipaugus vociferans paipayo cricri6,


1 Piauhau hurleur

Pigeon ramiret Columba speciosa ranmié,


troDeiro
pomba-trocal
ranmié pantad,

1 Pigeon rousset Columbacavennensis


ramier,
ramier ointade
tourt oomba-I!:alel!:a
maitaca,
1 Pione à tête bleue Pionus menstruus jako blé
1
maitaca-de-cabeca- azul
Sarcel1e soucrourou Anas discors soukourou, marreca-de-asa-azul,
kannet sara

1 Tinamou à pied rouge

Tinamou cendré
Crypturellus erythropus

Crypturellus cinereus
pedri ayonn,
avonn
oedri nwé
macucaua

inhambU-oreto

1 Tinamou soui Crypturellus soui pedri yanman,


soui,
kav gran bwa
sururina

Tinamou varié Crypturellus variegatus sorol, inhambU-anhangâ,

1 Tinamou vermiculé Crypturellus undulatus


sérol
loedri
inhambU-rel6gio
-
Tocro de Guyane Odontophorus gujanensis toklo, uru

1 Toucan à bec rouge Ramphastos tucanus


pedri toklo
gro bek tucano,
tucano-de-oeito-branco
Toucan ariel Ramphastos vitellinus kriya tucano,
1 Toucanet de Guyane, Selenidera culik koulik,
tucano-de-oeito-amarelo
araçari -preto
Aracari koulik koumando gro bek

1 Toucanet,
Aracari vert
Vautour pape
Pteroglossus viridis

Sarcoramphus papa
koulik,
koumando !!fO bek
roi corbeau,
araçari- miudinho

urubU-rei
rwa krobo
1 POISSON
Gymnote électrique Electrophorus electricus anguille tremblant puraqué
angiv tranblan

1 REPTILES
Anaconda Eunectes murinus couleuvre, sucuriju
koulév

1 Boa constrictor

Caïman à front lisse


Boa constrictor

Paleosuchus palpebrosus
couleuvre terre,
koulév tér
kavman roui,
jiboia

iacaré-curuâ

1
1
1
noms brésiliens,
1
noms français nom latin noms créoles dont noms régionaux

kayman chien
nord-amazoniens 1
Caïman à lunette Caiman crocodilus kayman blan, jacaré-tinga

Caïman noir
Fer de lance,
Melanosuchus nÏfœr
Bothrops atrox
pounanpounan
kayman nwé
serpan graj,
jacaré-açu
jararaca,
1
Trigonocéphale
Iguane,
Iguane vert,
Iguana iguana
graj
léza
iararaca-vermelha
cameleâJ,
cameleâJ-grande
1
Iguane commun
Serpent liane
tortues terrestres
tortues marines, dont:
Philodryas spp.
Geochelene spp.
serpan gro bek
toti té
tucano-boia
iabuti 1
Tortue luth
Tortue verte
tortues d'eau douce, dont:
Dennochelys coriacea
Chelonia mydas
toti-Ianmé
karet
tartaruga-de-couro
tartaruga-do-mar 1
Podocnemide de Cayenne Podocnemis cayennensis toti dlo, tracaja

Tortue peltocéphale Peltocephalus dumerilianus


taouarou
taouarou gro tét cabeçudo
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
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Pistes trirripaies
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o 20 Kilomètres
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Eet..IIr' 1/1600000.
lJ1301CG'r-'''11 c.dex
Rc.oUSQIion: Ali ~lrd. ClliIlf01l1:lph..
001, : 2BAo.Ot 2001
dt rONFGlllly.,.../1'J).
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---------------------
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P,. .t\lloo-. ,
1
1
TABLE DES FIGURES
1 Figure 1. Les pointes de flèche des Wayapi p.12
Figure 2. Section d'arcs guyanais p.12
1 Figure 3. Différents empennages
Figure 4. Etapes de la conception du SIG
p.13
p.24
Figure 5. Proportion des gains par classe de gibier sur les quatre sites p.36

1 Figure 6. Proportion des sorties et des expéditions effectuées sur chacun des sites
Figure 7. Proportion des stratégies adoptées par les chasseurs sur chacun des sites
Figure 8. Types d'arme employés par les chasseurs
p.37
p.38
p.38
Figure 9. Types de munition employées par les chasseurs p. 38
1
1

Figure 10. Techniques de conservation du gibier p.39


Figure II. Répartition du nombre de chasseurs selon les communautés culturelles (n 28)= p.52
Figure 12. Répartition du nombre des sorties selon les communautés culturel1es (n = 120) p.52
=
1 Figure 13. Répartition des espèces chassées parla communauté hmong (n 49)
Figure 14. Répartition des espèces chassées par la communauté kali'na (n = 48)
Figure 15. Répartition des espèces chassées par la communauté créole (n 8)=
p.56
p.56
p.56
=
Figure 16. Répartition des espèces chassées par la communauté métropolitaine (n 18) p.57

1 Figure n. Répartition des espèces chassées par la communauté saramaka (n = II)


Figure 18. Répartition chronologique des sorties à la journée selon les communautés culturel1es
Figure 19. Evolution sur II ans du nombre total de prises et de la répartition de cel1es-ci dans les
p.57
p.58
p.62

1 différents groupes d'animaux


Figure 20. Evolution du nombre de prises annuelles de quelques espèces cibles dans le tableau de
chasse d'un chasseur de Saül
p.62

Figure 21. Proportion de la biomasse obtenue sur chacun des sites p.69

1 Figure 22 Nombre mensuel de sorties et d'expéditions sur l'ensemble des sites


Figure 23. Proportion des sorties selon les périodes
Figure 24. Durée moyenne d'une sortie selon la période
p. 70
p. 72
p. 72
p. 73
1 Figure 25. Rendement brut à l'heure : cumul saison sèche/saison des pluies
Figure 26. Rendement net à 1'heure et par chasseur: cumul saison sèche/saison des pluies
Figure 27. rendement brut pour une heure de chasse (seul et en groupe) durant les sorties
p. 73
p. 73
Figure 28. rendement brut pour une heure de chasse et par chasseur (seul et en groupe) durant les p. 74
1 sorties
Figure 29. Rendements durant les expéditions à Saint-Georges
Figure 30. Rendements durant les expéditions à Régina
p. 75
p. 75

1 Figure 31. Proportion des espèces de grande et petite taille dans les tableaux de chasse des différents
sites
Figure 32. Comparaison de la proportion de jeunes dans les prélèvements sur différents sites
p.81

p.82
Figure 33. Courbes de survie du pécari à lèvre blanche d'après collecte de crânes à Saint-Georges et p.83

1 deux sites au Pérou: Tahuayo, pression de chasse persistante, et Yavari, pression de chasse légère
(Bodmer 1995)
Figure 34. Indices Kilométriques d'Abondance pour quelques espèces communes, en fonction du p.89
nombre cumulé de km parcourus
1 Figure 35. Estimation de i'IKA de quatre espèces communes, avec intervalles de confiance supérieur à
95 % de la moyenne sur le Piton Baron
p.90

Figure 36. Variation d'estimation du taux de rencontre (lKA pour 10 km) de quelques espèces au Pic p.91

1 Matacho
Figure 37. Comparaison des IKA sur quatre sites de la route Régina/Saint-Georges
Figure 38. Comparaison des distances perpendiculaires moyennes (Dpm) et des largeurs effectives de
p.92
p. 100
détection (f.l)
1 Figure 39. Densités obtenues par les deux méthodes d'estimation
Figure 40. Densité de quelques espèces en individuslkm 2
p. lOI
p.102
Figure 41. Abondances relatives des grandes et petites espèces par grands groupes écologiques p. 104
1 Figure 42. Abondances (lKA) et densités (groupelkm 2) comparées des Singes Atèles et Hurleurs dans
des sites soumis à pression de chasse nulle ou faible
Figure 43. Variation des abondances d'espèces terrestres dans divers milieux non chassés
p.106

p.106
Figure 44. Comparaison des densités relatives des familles (% des arbres) dans trois sites p. 112
1 échantillonnés
Figure 45. Comparaison des dominances relatives des familles (% de la surface terrière) dans trois p. 112

1
1
1
sites échantillonnés
1
Figure 46. Taux de prélèvement (individus au km") de quelques espèces cibles
Figure 47. Relations phylogénétiques entre 30 individus d'Agouti
Figure 48. Relations phylogénétiques entre 12 individus de Daguet gris et 17 de Daguet rouge
p.114
p.134
p. 136
1
Figure 49. Relations phylogénétiques entre 30 individus d'Agouti p. 137
Figure 50. Relations phylogénétiques entre 15 individus de Pécari à lèvre blanche et 20 de Pécari à
collier
Figure 51. Relations phylogénétiques entre 10 individus de Tapir
p.139

p.141
1
Figure 52. Arbre phylogénétique de 17 séquences d'un fragment p.143
Figure 53. Evolution duY()Jumf,de gibier (en kg) vendu sur le marché de Cayennè.ehtre 1979 et 1999
Figure 54. Espèces de gibier consommées par les personnes de passage en Guyane
p. 182
p.187
1
Figure 55. Structure de la filièregi~ier en Guyane .. p.189
Figure 56. Variation des densités de Primates en nombre d'individuslkm" p.217
1
1
TABLE DES CARTES
Carte 1. Sites d'enquête p.4
1
Carte 2. Biomasse prélevée p. 26
Carte 3. Nbmbre de prélèvements
Carte 4. Nombre de sorties
p. 27
p. 28
1
Carte 5. Nombre d'expéditions p.29
Carte 6. Carte indicative de répartition d'espèces, genres ou classes des gibiers les plus chassés sur
trois forêts domaniales contiguës
p.51
1
1
TABLE DES TABLEAUX 1
Tableau 1. Répartition de la biomasse Issue des sorties et expéditions à Saint-Georges p. 33
Tableau 2. Répartition saisonnière de la biomasse des classes de gibier gardée et vendue sur les
quatre sites
p. 34
1
Tableau 3. Prix de vente des espèces autorisées ou non à la vente à Saint-Georges p.35
Tableau 4. Répartition de la biomasse issue des sorties et expéditions à Régina
Tableau 5. Prix de vente des espèces autorisées'oùrion à la vente à Régina
Tableau 6. Répartition de la biomasse issue des sorties et expéditions à Tonate-Macouria
p.42
p.43
p.46
1
Tableau 7. Prix de vente des espèces autorisées ourton à la vente à Tonate-Macouria p.47
Tableau 8. Répartition des surfaces exploitées selon le nombre de communautés en forêt de Counami
Table'au 9. Répartition de la biomasse issue des sorties et expéditions à Counami
Tableau 10. Nombre et pourcentage des différentes espèces prélevées par la chasse à Saül
p.50
p.54
p.60
1
Tableau Il. Nombre de chasses analysées sur les communes de Mana et d' Awala-Yalimapo
Tableau 12. Répartition des prélèvements par espèce
Tableau 13. Répartition des prélèvements par grands groupes
p.63
p.64
p.65
1
Tableau 14. Rendements moyens des sorties et des expéditions de chasse p.65
Tableau 15. Rendements des sorties journalières par grandes zones
Tableau 16. Répartition de la biomasse issues des sorties et des expéditions sur l'ensemble des sites
Tableau 17. Proportion des différentes espèces dans les différents sites
p.65
p.67
p. 77
1
Tableau 18. Répartition de la biomasse obtenue durant les sorties à la chasse sur six sites p. 78
Tableau 19. Rendement à l'heure pour tine sortie à la chasse et par chasseur sur six sites
Tableau 20. Pourcentage de femelles dans les tableaux de chasse des différents sites
p.80
p.84
1
Tableau 21. Indices d'abondance de quelques espèces dans deux zones de la forêt de Counami p.92
Tableau 22. Abondance de la faune au Pic Matecho aux mois de décembre et mars
Tableau 23. Nombre d'observations, taille moyenne des groupes, indice d'abondance (pour 10 km de
transect) et intervalle de confiance supérieur à 95 % des espèces rencontrées sur le Piton Baron
p.94
p.95 1
1
1
1
1 Tableau 24. Nombre et taux d'observation pour 10 km de transect dans la région des Nouragues p.96

1 Tableau 25. Densités en zones non chassées pour les principales espèces rencontrées par la méthode
de Uopold
Tableau 26. Densités d'Atèles estimées par la méthode Distance Sampling
p.99

p.99
tableau 27. Test de l'effet 'site' sur les distances d'observation des principales espèces rencontrées p.99

1 en zones non chassées


Tableau 28. Estimation des largeurs effectives de détection (Jl) obtenues par regroupements de sites p. 100
et de densités par site

1 Tableau 29. Taille moyenne des groupes sur les différents sites
Tableau 30. Densités et dominances relatives des 20 premières familles dans l'échantillon du Pic
Matécho
1 p. 102
p.108

Tableau 31. Genres d'arbres les plus abondants au Pic Matécho p.109

1 Tableau 32. Densités et dominances relatives des 20 familles les plus représentées dans l'échantillon p.109
du Piton Baron
Tableau 33. Indices d'abondance des 20 genres les plus représentés au Piton Baron p.11O

1 Tableau 34. Densité et dominances relatives d'arbres sur la zone témoin de Counami p. 110
Tableau 35. Densités et dominances relatives des 20 genres les plus abondants sur la zone témoin de p. III
Counami
Tableau 36. Comparaison des taux de prélèvement avec le taux maximum, estimé par le modèle de p. 114

1 Robinson et Redford
Tableau 37. Calcul de prélèvement maximum durable de quelques espèces, basé sur des densités
issues de la littérature et comparaison avec les taux réels sur les sites d'étude
p. 115

Tableau 38. Prélèvements maximum durable et prélèvements effectifs de Hoccos sur les zones p. 115
1 d'étude
Tableau 39. Différences entre les fréquences moyennes (nombre de contacts/IO h) et taille moyenne p.121
des groupes (nombre d'individus/contact) dans des zones chassées (ZC), intermédiaires (ZI) et non

1 chassées (ZNC)
Tableau 40. Fréquence des espèces rencontrées (r =moyenne des contacts/IO h) et taille du groupe
(ind = nombre d'individus/contact) dans des zones chassées, listées du nord au sud
p.123

Tabteau 41. Fréquence des espèces rencontrées et taille du groupe dans des zones intermédiaires p. 124
1 Tableau 42. Fréquence des espèces rencontrées et taille du groupe dans des zones non chassées
isolées
p. 124

Tableau 43. Effectif des échantillons biologiques pour 22 espèces de Mammif'eres p. 128

1 Tableau 44. Espèces pilotes: nombre d'échantillons récoltés jusqu'à fin aoll2001
Tableau 45. Nombre d'individus séquencés pour tout ou partie des gènes mitochondiraux
Tableau 46. Divergence génétique intra-spécifique chez huit espèces de gibier
p.130
p.131
p.132
Tableau 47. Sites nucléotidiques caractérisant chaque lignée p. 144
1 Tableau 48. Charmes de chasse des Palikur
Tableau 49. Charmes de chasse des Brésiliens et des Karipuna
p. 152
.p.157
Tableau 50. Charmes de chasse des Créoles p.162

1 Tableau 51. Objectifs déclarés des chasseurs


Tableau 52. Principaux indicateurs économiques
Tableau 53. Production de viande d'élevage en Guyane en 1997
p. 172
p. 180
I p.180
Tableau 54. Recensement des restaurateurs déclarés à Cayenne et à Kourou p. 186
1 Tableau 55. Prix au kilo des différentes viandes de chasse en 2001
Tableau 56. Enquête sur les points d'intérêt des touristes en 1998
p. 186
p.187
Tableau 57. Prix de vente moyen pratiqué par les chasseurs auprès des restaurateurs et des p.191

1 particuliers sur Cayenne


Tableau 58. Consommation annuelle de gibier du principal restaurant de Saint-Georges
Tableau 59. Calcul de la consommation de viande de chasse dans les restaurants du littoral de l'Est
p. 193
p. 193
guyanais
1 Tableau 60. Estimation de la consommation de viande de chasse des centres urbains du littoral
guyanais
p.194

Tableau 61. Estimation de la consommation de viande de chasse issue d'une exploitation p. 194

1 commerciale dans les restaurants du littoral guyanais


Tableau 62. Estimation de l'importance relative en masse des différentes espèces chassées et
commercial isées
p.195

Tableau 63. Estimation du nombre d'individus de chaque espèce animale constituant les 50 t de p. 195
1 gibier commercialisées dans les restaurants

1
1
1
1
TABLE DES MATIERES
1
1
1 Objectifs généraux
Organismes et personnes engagées
INTRODUCTION GENERALE 1
2
2

1 Zones d'enquêtes
Déroulement du programme et méthodologie
3
3

1 1 - 1. Grandes caractéristiques
l - HISTORIQUE DE LA CHASSE EN GUYANE 7
8
1 - 1. 1. Période précontact 8
1 1 - 1. 2. Période de l'esclavage
1 - 1. 3. De 1848 à la Seconde Guerre Mondiale
8
9
1 - 1. 4. Evolution vers la situation contemporaine 9
1 1 - 1.5. La chasse: ressource alimentaire essentielle
1 - 2. Les techniques de chasse traditionnelles
10
10
1 - 3. Evolution des techniques 14
1 1 - 3. 1. De l'arc au fusil
1 - 3. 2. Techniques de conservation de la viande
14
15
1 - 4. Persistance et changement dans les pratiques cynégétiques 16
1 1 - 4. 1. Ce qui n'a pas changé
1 - 4. 2. Ce qui a changé
16
17
1 - 4.3. Importance de la chasse selon les populations et part dans l'alimentation 17
1 1 - 5. Conclusion: Emergence de la chasse commerciale 19

II - PRATIQUES DE CHASSE ET ETAT DE LA FAUNE DANS LE NORD DE LA 21


1 II - 1. Pratiques de chasse: analyse de six sites ateliers
GUYANE
22

1 II - 1. 1. Introduction
II - 1. 2. Méthodologie
11- 1. 3. Bilan des enquêtes quantitatives
22
23
25

1 II - 1. 4. Conclusion
II - 2. Exploitation et gestion de la faune
II - 2. 1. Introduction
66
68
68

1 II - 2. 2. Analyse des rendements


11- 3. Etat de la faune
68
84
II - 3. 1. Introduction: problématique générale 84

1 II - 3. 2. Abondance de la faune
II - 3. 3. Impact et durabilité de la chasse sur quelques sites: diagnostic préliminaire
86
113
II - 4. Impacts compares de différentes pressions de chasse: le cas des oiseaux 117

1 II - 4. 1. Problemes généraux
11- 4. 2. Sites d'étude
117
118
II - 4. 3. Pression de chasse 119
1 II - 4. 4. Méthodes
II - 4. 5. Analyses statistiques
120
121

1
1
1
II - 4. 6. Espèces considérées 122
1
II - 4.7. Résultats
II - 4. 8. Discussion
II - 4. 9. Conclusion
123
125
127
1
II - 5. Apports de la génétique
II - 5. 1. Obtention du matériel biologique
127
128 1
II - 5. 2. Choix des espèces pilotes 129
II - 5. 3. Etude de la variabilité génétique au travers de marqueurs mitochondriaux
II - 5. 4. Analyses phylogéographiques pour quelques espèces pilotes
131
133 1
II - 5. 5. Application: identification moléculaire des espèces 141
II - 5. 6. Conclusion 144
1
III - REPRESENTATIONS ET EVOLUTIONS DES SAVOIRS CYNEGETIQUES 146
III - 1. Représentations de la chasse: approche anthropologique
III - 1. 1.Introduction
147
147
1
III - 1. 2. Méthodologie 148
III - 1. 3. Résultats
III - 1. 4. Discussion
148
164
1
III - 1. 4. Conclusion 168
III - 2. Evolution des pratiques de chasse: approche sociologique
III - 2. 1. Évolution des zones de chasse déclarées
169
169
1
III - 2. 2. Évolution des techniques 170
111- 2. 3. Évolution du contexte socio-culturel
III - 1. 5. Conclusion
170
173
1
IV - COMMERCIAUSATION DU GIBIER :DE LA CAMPAGNE A LA VILLE 176
IV - 1. Introduction 177
1
IV - 2. Objet de la recherche et méthodologie 178
IV - 2. 1. Position de la mission dans le cadre du programme
IV - 2.2. Méthodologie
178
178
1
IV - 3. Résultats 179
IV - 3. 1. Contexte national
IV - 3. 2. Typologie des acteurs
179
182
1
IV - 3. 3. Caractéristiques du produit et de la filière gibier
IV - 3. 4. Consommation de gibier dans les restaurants du littoral
IV - 3.5. Quantification des volumes de viande par espèce
187
192
192
1
IV - 4. Discussion
IV - 4. 1 Problèmes de quantification
IV - 4. 2 Projections
195
196
196
1
IV - 4. 3 Réflexions
IV - 4. 4 Ecologie
IV - 4. 5 Santé
197
197
198
1
IV - 4. 6 Economie
IV - 5. Conclusion
198
198 1
1
1
1
1
1
1
v - LEGISLATION PASSEE ET EN COURS 201

1 v - 1. Genèse de la situation actuelle


V - 2. Projets de réglementation
202
202
V - 2. 1. Etat des lieux 202
1 V - 2. 2. Projet de code forestier
V - 3. Liste des arrêtés préfectoraux et ministériels concernant la chasse
204
205
V - 3. 1. Arrêtés préfectoraux 205
1 V - 3. 2. Arrêtés ministériels
V - 3. 3. Conclusion
205
207

1 VI - RECOMMANDATIONS 209
VI - 1. Ce qui est faisable dans un premier temps 210
1 VI - 2. Plusieurs obstacles persistent cependant
VI - 3. Ce qu'il convient de mieux connaître dans l'avenir
213
214

1 CONCLUSION GENERALE 223


BIBUOGRAPHIE
ANNEXES
1 Annexe 1. Liste des espèces animales citées, par entrée scientifique avec correspondance en
trois langues (français, créole, portugais du Brésil)
Annexe 2. Analyse cartographique des captures des principales espèces de gibier
1 TABLES DES CARTES, FIGURES ET TABLEAUX

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