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U.F.R. de PSYCHOLOGIE
MASTER 1 : ECIT-FH
Département de Psychologie Cognitive et Ergonomie
Par :
Turkan HENTATI n°21813204
Yann CANOVAS n°21909120
Gaël CHANTEUX n°21909106
Ludovic LOS n°21504730
Sous la direction de : Aline CHEVALIER
INTRODUCTION 2
1. CADRE THÉORIQUE 4
technologique 4
âgées 8
2.3 Analyse des besoins et réalisation d'une tâche : considérer le problème de recherche
BIBLIOGRAPHIE : 13
Annexes 14
Ceci est un défi majeur pour les web designers (Czaja & Lee, 2001) car les personnes
âgées sont plus lentes, trouvent moins d'informations pertinentes et utilisent des stratégies
moins efficaces que les jeunes utilisateurs (Chevalier, Dommes & Martins, 2013 ; Czaja,
Sharit, Ownby, Roth & Nair, 2001 ; Sharit, Hernandez, Czaja & Pirolli, 2008). Il apparaît
donc primordial d'essayer de comprendre les processus impliqués dans l'activité de
recherche d'information puis de les mettre en lien avec les changements auxquels font
face les personnes âgées d'un point de vue physique et psychologique. Ce faisant, il sera
alors possible d'élaborer des outils aidant à compenser les lacunes observées afin que
nos seniors profitent pleinement des avantages que peut leur offrir Internet, par exemple,
en favorisant leur bien-être et en réduisant leur isolement social (Mellor, Firth, & Moore,
2008 ; Thayer & Ray, 2006 ; Xie, 2007 ; Xie, 2008).
Dans un cadre d'ergonomie cognitive, cadre dans lequel s’inscrit ce travail, ces
découvertes sur les effets de l'âge sur la recherche d'information web engagent une
réflexion sur l'adaptation des interfaces aux seniors, ceci dans un souci d'inclusion
technologique. Les nombreuses inégalités, sur le plan cognitif mais aussi sur le plan
psychosocial entre les personnes âgées et le reste de la population, peuvent en effet
présager d’un risque d’une exclusion d'une partie de la population à l'égard de ces
technologies, ce qu’on a pu conceptualiser sous le terme d’aliénation technologique
(Morris, 1992 ; Turner, Turner et Van de Walle, 2007). Notre proposition d'un système
d’aide destiné aux personnes âgées pour l'usage d'Internet constitue une réponse à cette
problématique.
Différentes étapes ont été nécessaires pour nous conduire jusqu'à ces propositions.
Une analyse de l’état de l’art scientifique des difficultés cognitives que les seniors
rencontrent lors de l'utilisation d’un moteur de recherche a d'abord été nécessaire. Elle a
été accompagnée d'une synthèse des outils et applications déjà existantes ou ayant été
proposées pour répondre à cette problématique. Par la suite nous avons réalisé une
analyse des besoins des utilisateurs seniors en employant une approche de conception
créative, telle que définie par Bonnardel (2009). En dernier lieu, nous avons rassemblé, à
partir des résultats de notre enquête, les fonctionnalités de notre projet d'application d'aide
à la recherche d'information NAUTILUS en en précisant les critères.
Les êtres humains sont à la recherche d'un équilibre avec leur environnement et, pour
s'y adapter au mieux, ils ont besoin de produire de la connaissance sur celui-ci. C’est
grâce à cette connaissance qu'ils pourront anticiper un certain nombre d'événements et
agir efficacement en fonction des situations (Campan & Scapinni, 2002). Le processus clé
dans lequel l'individu s'engage pour modifier son état de connaissance est la recherche
d'information (Marchionini, 1995). A la suite de ce processus, l’information est traitée, triée,
assimilée aux connaissances antérieures puis stockée en mémoire avant d’être ré-utilisée
au moment opportun.
Module sélection : grâce à l'aide d'indices visuels, lexicaux et sémantiques, l'individu doit
choisir le type d'information (ou les liens) à traiter les plus pertinents pour atteindre son
objectif de recherche. Cette étape est influencée à la fois par la présentation et par
l'organisation du site web, et repose sur la capacité des individus à maintenir la
représentation du but en mémoire de travail et à ne pas prendre en compte les
informations inutiles (inhibition).
Module évaluation (fin de la boucle) : cette représentation mentale des informations qui
ont été traitées est comparée à la représentation du but. Si après évaluation, les deux
représentations sont jugées suffisamment similaires, la recherche s'arrête. Si l'information
trouvée ne correspond qu'en partie à l'information cible, il faut ajuster la stratégie de
sélection, soit en la rendant plus précise, soit en la rendant plus générale. Enfin, si
l'information traitée est jugée totalement inutile, il faut changer de stratégie de sélection.
-la planification correspond à l'ensemble des stratégies que l'individu va mettre en place
pour trouver l'information recherchée. Le choix d'une stratégie adaptée dépendant des
connaissances antérieures sur les outils et les procédures de recherche.
La Planification : l’individu génère alors une méthode pour arriver à une solution,
c’est-à-dire qu’il imagine quelles conséquences seront liées à telles ou telles actions.
L’individu fait tourner dans sa tête la représentation mentale qu’il a précédemment
construit pour tester les diverses possibilités qui s’offrent à lui afin de déterminer la plus
adaptée. Cette étape requiert souvent de la part de l’individu qu’il divise le problème en
sous-parties ou sous-buts.
L'Exécution : l’individu met en œuvre les actions qui ont été pensées et développées
durant la phase de planification. Ce modèle est itératif, si bien que si l’exécution ne permet
pas la résolution du problème, l’individu peut modifier sa représentation mentale de la
situation et planifier de nouvelles opérations à exécuter.
Le modèle présenté par Sharit et ses collaborateurs accorde donc une grande importance
à la qualité de la représentation que l’utilisateur a de la situation : c’est pour ainsi dire la
base de l’activité de recherche d’information (Lazonder & Rouet, 2008). Si le modèle
mental n’est pas de bonne qualité, les étapes suivantes (i.e., planification et exécution)
seront également de moindre qualité.
Bien qu'il soit commun d'appeler « personnes âgées » les personnes de plus de 65
ans, certains auteurs fixent cet âge à 55 ans (Dyck, Gee et Smither, 1998 ; Hawthorn,
2000). Il apparaît donc que l'âge en lui même n'est peut être la meilleure variable à
prendre en compte lorsqu'on s'intéresse au vieillissement. En effet, le vieillissement
L'altération des fonctions inhibitrices chez les seniors va avoir un impact négatif dans la
recherche d’information puisqu'elle va perturber la phase de sélection du modèle EST de
Rouet et Tricot (1998). En effet, Les personnes âgées ont des difficultés à distinguer les
informations pertinentes des informations non pertinentes (Hasher et al., 2007) et ce
manque de tri entre les informations peut conduire à une surcharge de leur mémoire de
travail (Lustig, Hasher, & Tonev, 2001). Aussi,, lorsqu'ils sont en situation d'échec ou
éprouvent des difficultés dans la recherche d’information les personnes âgées sont moins
enclin à conduire des changements pour remédier à situation. Dans une étude sur la
recherche d’informations avec à l'aide de Google, Dommes, Chevalier et Rossetti (2010)
montrent que les internautes les plus âgés ont plus de difficultés que les jeunes pour
arriver à se détacher des mots-clés fournis dans la question de recherche. Ces résultats
s’expliquent par le fait que changer de mots clés nécessitent une restructuration au moins
partielle de la représentation du but à atteindre et la diminution de la flexibilité mentale des
seniors ne le leur permet pas. De plus quand il s’agit de rechercher une question
complexe les jeunes changent directement de stratégies pour s'adapter alors que les
personnes âgées continuent à utiliser la même stratégie ce qui aboutit à de moindre
performance pour trouver l'information cible (Chevalier, Dommes & Marquié, 2015).
Les personnes âgées de manière générale ont une plus faible confiance en leur
connaissance relatives aux TIC comparé au reste de la population (Marquié & Huet, 2000)
or ce sentiment de savoir faible (Nelson & Narens, 1990) proche du sentiment d'auto-
efficacité (Bandura, 1997) provoque moins de motivation à s'engager dans une tâche
relative à ce domaine. L'apprentissage est aussi rendu plus difficile pour les personnes
âgées en raison d'une sensibilité à l'erreur bien plus élevée chez cette population (Birdi et
Zapf, 1997 ; Saunders, 2004). Bien que certaines études font état de connaissances
moindres de personnes âgées sur ces technologies (Hawthron, 1998 ; Marquie et al.,
2002), d’autres études montrent que même lorsqu'elles ont bien répondu à des questions
sur l'informatique, ce sentiment de savoir est plus faible que le reste de la population alors
que lorsque le questionnaire porte sur de la culture générale leur sentiment de savoir est
dans la norme (Marquié & Huet, 2000). Une autre variable qui pourrait être en jeu est
l'anxiété informatique, en effet, Kubek (1999) a montré que les personnes âgées étaient
plus anxieuses avant d'effectuer une recherche d'information sur internet. Cette anxiété
plus élevée expliquerait pourquoi ils utilisent moins l'ordinateur et ont un usage plus limité
d'internet et de ses fonctionnalités (Czaja et al., 2006 ; Yoon, Jang et Xie, 2015).
Il a également été mis en évidence que les personne âgées avaient plus de
difficultés à percevoir les avantages que pouvaient leur apporter internet (Melenhorst &
Bouwhuis, 2004) or l'utilité perçue d'un outil par une personne conditionne sa motivation à
adopter ce nouvel outil ou cette nouvelle technologie (Sharit, Czaja, Perdomo & Lee,
2004). Enfin, les seniors sont beaucoup plus sensibles aux conséquences négatives que
l'usage de la technologie pourraient avoir sur leurs valeurs et leurs relations sociales
(Rouet, 2005). La menace de la vie privée, la perte du lien social et le manque de sécurité
associé avec internet sont des sujets auxquels ils accordent plus d'importance ce qui
pourrait aussi expliquer leur moindre propension à utiliser internet et ses outils.
Puisque les difficultés cognitives et les différence psycho-sociales observées chez les
personnes âgées semblent diminuer leur efficacité dans la recherche d’information, un
certain nombre de concepteurs on tenter de les compenser à l'aide d'outils. La
compensation peut ici être entendue dans le sens de l'approche life-span de Baltes et
Baltes (1990) et leurs modèle SOC. Lors du vieillissement, le phénomène de
compensation implique une adaptation de la part de l'individu pour faire face à une perte
(ici, capacités cognitives), pour ce faire, l'individu pourra s'appuyer sur des objets
extérieurs (ici, outils d'aide à la recherche d’information). Dans ce qui suit nous allons donc
présenter plusieurs outils d’aide à la recherche d’information déjà existant.
D'autres outils apportent leur aide en soutenant les interactions avec l'environnement
de la recherche. Ce sont des cartes conceptuelles, des plans ou des tables des matières
hiérarchisées qui permettent à l'utilisateur d'élaborer un chemin de navigation cohérent en
se faisant une meilleure représentation mentale de l'environnement web dans lequel il
navigue (Amadieu, van Gog, Paas, Tricot, & Mariné, 2009 ; Dambreville, & Bétrancourt,
2001). La prévisualisation des pages web est une piste qui à également été explorée, elle
permettrait de diminuer le nombre informations à manipuler puisque l'utilisateur
n'explorerait que les pages qu'il a jugé pertinentes après les avoir sélectionnées grâce à la
prévisualisation et elle lui permettrait également de mieux planifier sa recherche (Djouani,
Caro, Boucheix, Bugaiska, & Bergerot, 2011 ; Djouani, Caro Dambreville, & Boucheix,
2014).
Pour finir, les deux dernières pistes qui ont été exploré sont l'aide à la recherche
d’information par pré-activation des connaissances antérieures et l'aide par le maintien du
but de la recherche en MDT. La pré-activation des connaissances a permis aux
utilisateurs âgés de produire dans un moteur de recherche des mots-clés aussi pertinents
que les jeunes utilisateurs même en ayant de faibles connaissance antérieures dans le
domaine de recherche (Sanchiz, 2017). Quant au maintien du but de la recherche
d’information, il a été montré que cela facilitait la production de requêtes chez les
personnes âgées et qu'ils faisaient preuve de plus de flexibilité dans les stratégies de
recherche (Sanchiz, 2019).
Nous passons sur le terrain pour avoir une vision plus globale et concrète de ces
difficultés et proposer un outil d’aide adéquat aux besoins des seniors tout en prenant en
compte les solutions qui ont déjà été envisagées.
La recherche d'information ayant été définie par certains auteurs comme une activité
de résolution de problème (Tabatabai & Shore, 2005), nous avons voulu l'aborder en tant
qu'activité de conception créative (Bonnardel, 2009). Ainsi, nous avons demandé à des
personnes âgée de générer des solutions pour la recherche d'information sur Internet à la
fois nouvelles et adaptées au contexte. La conception créative est une approche centrée
autour des problèmes de conception qui exigent une dimension créative, ce que l'on
appelle des problèmes de conception non-routiniers (Bonnardel, 2009). Appréhender la
recherche d'information sur un moteur de recherche par la personne âgée comme un
problème de conception non-routinier nécessite que la recherche d'information soit déjà
une activité de résolution de problème, mais aussi qu'elle puisse nécessiter une part de
Dans notre analyse de besoin (voir Annexe 1), nous avons eu recours à une approche
tirée de la conception créative. Dans un premier temps, nous avons demandé aux
personnes âgées si les difficultés qu'elles avaient déjà éprouvé durant une tâche de
recherche d’information sur internet pouvaient appeler des solutions déjà mises en œuvre
dans leur quotidien. Il s'agissait d'abord qu'elles identifient leurs problèmes spécifiques
relatifs à cette tâche puis, dans une perspective métacognitive, qu’elles recherchent dans
leur vie quotidienne des stratégies efficaces qu'elles emploient déjà face à ce même type
de problème dans d’autres tâches afin qu’elles les transfèrent analogiquement sur le
problème de la recherche d’information. Un questionnaire pour juger de la métacognition
relative à la recherche d'information leur était en même temps fourni pour contrôler la
fiabilité de cette analyse.
Dans un second temps, nous avons confronté nos participants à des recherches
d'information sur Internet de différents niveaux de difficultés afin qu'elles aient à reformuler
le problème de la recherche. De cette manière, nous avons pu constater dans leur
production de mots clés, la mise en œuvre d'une pensée divergente par leur capacité de
Les résultats de notre questionnaire fait état d’une faible métacognition de nos
participants vis à vis de la recherche d’information à l'aide d'un moteur de recherche. En
effet, nos sujets ont jugé plus pertinent l’usage de leur conscience politique ou de leur
sociabilité pour accomplir la tâche de recherche plutôt que leur mémoire ou même leurs
connaissances antérieures. Ceci pourrait expliquer pourquoi nous n'avons pas eu de
résultats probants lors des sollicitations de transfert analogique de stratégies lors de la
phase de l’analyse de besoins. À l'inverse, elles ont jugé pertinentes leur capacité de
flexibilité cognitive comme la créativité ou leur capacité à effectuer plusieurs tâches en
même temps, dont on sait pourtant qu'elles risquent de leur faire défaut avec le
vieillissement cognitif. Le principal résultat de notre analyse de besoins est donc que nos
participants ont fait montre d'une faible métacognition à l'égard de la recherche
d'information sur un moteur de recherche.
Nos participants sont dans l'ensemble plutôt satisfaits du moteur de recherche Google.
Certains d'entre eux recommandent quand même l’utilisation de tutoriels pour les aider
dans la recherche d’information et gagner du temps. Même si peu de participants ont
réussi à faire des analogies entre difficultés lors de la recherche d’information et difficultés
dans la vie quotidienne, l'un d'entre eux affirme qu’il rencontre ce genre de problèmes au
travail et pour remédier à ça, il fait appel à une autre personne qui maîtrise la tâche. “Dans
le travail, si je ne maîtrise pas un outil je m’appuie sur des gens qui me montrent des
modèles qui sont déjà créés, je ne fais pas ce que je ne sais pas faire”. Un autre dit
préférer le format tablette et que lorsque les résultats de sa recherche avec Google sont
infructueux, il va « directement voir les dernières propositions que fait Google ou « met
des mots clés plus détaillés”.
Ce qui met en échec nos participants seniors, c’est un manque d'efficacité dans la
formulation/reformulation des mots clés. Soit ils n'ont pas du tout fait de reformulation, soit
ils mettent plus de détails au lieu d’utiliser des mots clés plus généraux pour s’approcher
Âge :
Csp :
⬜ 0. Agriculteurs exploitants
⬜ 1. Salariés de l’agriculture
⬜ 4. Cadres moyens
⬜5. Employés
⬜ 6. Ouvriers
⬜ 7. Personnels de services
⬜ 8. Autres catégories
Non 1 2 3 4 5 6 7 Oui
l'information ?
123456
Non 1 2 3 4 5 6 Oui
Dans la liste suivante, jugez l'importance des aptitudes qui vous sembleraient utiles
1 2 3 4 5 6 Mémoire
1 2 3 4 5 6 Expérience d'Internet
qu'on recherche
1 2 3 4 5 6 Sociabilité
1 2 3 4 5 6 Capacités visuelles
1 2 3 4 5 6 Capacités auditives
1 2 3 4 5 6 Conscience politique
(moteur de recherche)
1 2 3 4 5 6 Créativité
1 2 3 4 5 6 Niveau de vocabulaire
1 2 3 4 5 6 Capacités motrices
ail
⬜ m
⬜ c ommunication famille/amis
⬜ r echerche info
usique
⬜ m
ap
⬜ m
⬜ c ulture G
⬜ J eux
ravail
⬜ T
Questions importantes :
Quels sont les problèmes que vous rencontrez lorsque que vous êtes amenés à
Rencontrez vous ces problèmes dans d'autres tâches plus quotidiennes ? Si oui