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Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 38–44

Article original

Évaluation de la teneur en iode des sels alimentaires dans les communes de

Glazoué et de Ouidah (Bénin) et comparaison aux recommandations
Assessment of the iodine content of food salts in towns of Glazoué and Ouidah (Benin) and
comparison to recommendation
Carmelle Mizéhoun-Adissoda a,b,∗ , Victoire Agueh c , Achille Yemoa a , Boris I. Sègla a ,
Florence Alihonou d, Roger G. Jossè e, Dismand Houinato b,f, André Bigot a, Jean-Claude Desport b,g

a UFR pharmacie, FSS/UAC, 01 BP 188, Cotonou, Bénin

b Inserm, U1094, neuroépidémiologie tropicale, 87000 Limoges, France
c Institut régional de santé publique, route des Esclaves, 01 BP 918, Ouidah, Bénin
d UFR médecine, FSS/UAC, 01 BP 188, Cotonou, Bénin
e Laboratoire d’analyses physico-chimiques des milieux aquatiques (LAPMIA/FAST/UAC), BP 526, Cotonou, Bénin
f Laboratoire d’épidémiologie des maladies chroniques et neurologiques, faculté des sciences de la santé, Cotonou, Bénin
g Unité de nutrition, CHU Dupuytren, 87042 Limoges, France

Reçu le 21 janvier 2016 ; accepté le 25 janvier 2016

Disponible sur Internet le 26 février 2016

Résumé
But/objectif. – Évaluer la teneur en iode des sels de cuisine prélevés au sein des ménages de la commune de Glazoué (une zone surveillée pour
endémie goitreuse), et l’état d’iodation du sel (supposé riche en iode) produit et commercialisé dans la commune de Ouidah au Bénin.
Méthodes. – De mai à octobre 2013, 147 échantillons de sel étaient prélevés dont 117 à Glazoué par un sondage à trois degrés et 30 à Ouidah par
un échantillonnage raisonné. Les échantillons étaient dosés par le MBI-Kits International, puis par titrage iodométrique.
Résultats. – À Glazoué, 90,6 % des échantillons avaient une teneur d’iode ≥ 15 ppm, 5,1 % une teneur < 15 ppm et 4,2 % une teneur nulle par la
méthode du Kit, alors que par titrage iodométrique 82,9 % des échantillons avaient une teneur en iode ≥ 15 ppm ; 14,5 % une teneur < 15 ppm
et 2,5 % une teneur nulle. À Ouidah, 100 % des échantillons avait une teneur en iode < 15 ppm par les deux méthodes. La moyenne d’iode des
échantillons prélevés à Ouidah était plus faible que celle des échantillons de Glazoué (4,3 ± 1,1 ppm versus 28,2 ± 14,0 ppm, p < 0,001). Au total,
63,2 % des échantillons de Glazoué étaient adéquatement iodés versus 0 % à Ouidah par dosage iodométrique.
Conclusion. – L’étude montrait que l’état d’iodation du sel consommé à Glazoué était le plus souvent satisfaisant alors qu’à Ouidah la production
locale n’était pas adéquatement iodée. Ceci implique que des actions urgentes doivent être menées pour améliorer l’iodation de la production locale
et que le programme d’iodation universelle du sel doit être renforcé au Bénin.
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Iode ; Sel ; Kit ; Iodométrie ; Bénin

Abstract
Objective. – To assess iodine content of cooking salt collected in households of Glazoué’s town, a monitored area for endemic goiter and iodization
status of salt (assumed rich in iodine) produced and marketed in the town of Ouidah in Benin.
Methods. – From May to October 2013, 147 salt samples were collected including 117 households in Glazoué by a three-stage sample and 30
samples in Ouidah by reasoned sampling. Samples were assayed using the MBI-Kits International and titration method (gold standard).

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : carmelle.mizehoun@gmail.com (C. Mizéhoun-Adissoda).

http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2016.01.083
0985-0562/© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
 C. Mizéhoun-Adissoda et al. / Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 38–44 39

Results. – In Glazoué, 90.6% of samples had iodine content ≥ 15 ppm, 5.1% content of < 15 ppm and 4.2% zero content by the kit method while
82.9% of samples had ≥ 15 ppm iodine content, 14.5% iodine content of < 15 ppm and 2.5% iodine content of zero by titration method. In Ouidah,
100% of the samples had an iodine content < 15 ppm by both assays. The overall iodine mean in Ouidah samples was significantly lower than that
of Glazoué samples (4.3 ± 1.1 versus 28.2 ± 14.0 ppm, P < 0.001). In total, 63.2% of samples were adequately iodized in Glazoué versus 0% in
Ouidah by titration method.
Conclusion. – This study showed that the iodization status of salt consumed in Glazoué is mostly satisfactory whereas Ouidah local production
is not adequately iodized. This implies that urgent action must be taken to enhance the iodization of local production and that the universal salt
iodization program should be strengthened in Benin.
© 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Iodine; Salt; Kit; Titration; Benin

1. Introduction En 2011, une étude épidémiologique réalisée par la Direc-

L’iode est un micronutriment indispensable à l’organisme, du
fait de son rôle dans l’élaboration des hormones thyroïdiennes
[1]. Son apport est essentiellement alimentaire. La carence en
iode constitue un véritable problème de santé publique [2]. Sur
le plan mondial, on estime à plus de 2,2 milliards le nombre
de personnes concernées soit 38 % de la population, parmi les-
quelles on dénombre 30 à 70 % de cas de goitre et 1 à 10 % de
crétinisme [3]. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne sont
des régions particulièrement touchées. Cependant, environ 50 %
de la population européenne reste légèrement déficitaire en iode
et les apports dans les autres pays industrialisés, notamment
les États-Unis et l’Australie, ont diminué ces dernières années
[1,4]. Chaque année dans les pays en développement, environ
38 millions de nouveau-nés risquent encore de subir les consé-
quences durables des lésions cérébrales que cause la carence en
iode [5]. Elle constitue la cause la plus fréquente des troubles
thyroïdiens en Afrique. Le goitre endémique est aussi bien pré-
sent dans des régions montagneuses (Nouvelle-Guinée) que non
montagneuses d’Afrique (Cameroun, Nord Zaïre, République
centrafricaine, Ouganda et Rwanda) [6].
Afin de réduire l’incidence des troubles liés à la carence en
iode (TDCI), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le
Fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF) ont recom-
mandé depuis 1994 l’iodation universelle du sel, la conservation
optimale de l’iode étant assurée par le stockage du sel iodé à
l’abri de la lumière et en contenant fermé, de même qu’une
granulométrie fine. Cette stratégie est sûre, peu coûteuse et
durable, garantissant à tous un apport en iode suffisant [5]. La
même année, sur la base d’une étude épidémiologique menée
par l’Organisation de coordination et de coopération pour la
lutte contre les grandes endémies (OCCGE) dans les ménages
au niveau national, le Bénin a déclaré les troubles liés à la carence
en iode comme une priorité de santé publique. Cette étude mon-
trait une prévalence de goitre de 19 % au sein de la population en
1994 [7]. Le Bénin a ainsi adopté la stratégie d’iodation univer-
selle du sel comprenant la mise en œuvre d’une réglementation
fixant la teneur en iode du sel à la production, à l’importation et
à la consommation dans les ménages. Cette réglementation a été
révisée en 2009 conformément aux nouvelles recommandations
de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)
[8].
tion de l’alimentation et de la nutrition appliquée (DANA), avec
l’appui de l’UNICEF, a montré des résultats encourageants. En
effet, de 19 % en 1994, le taux de prévalence du goitre, signe
le plus apparent de la carence en iode, est passé à 3,5 % en
2011 au niveau national, démontrant l’impact très positif de la
consommation du sel iodé sur l’amélioration de la santé de la
population. De plus, la proportion des ménages disposant du
sel iodé atteignait le niveau de 84 % [9], cependant inférieur au
seuil de 95 % qui est l’un des critères d’élimination des TDCI
dont l’échéance est fixée en 2015 par l’UNICEF et l’OMS. Les
résultats d’une récente enquête nationale (2014) ont montré que
seulement 38,9 % de la population disposait du sel adéquatement
iodé (≥ 15 ppm) [10], ce qui révèle des insuffisances par rapport
à la disponibilité de sel iodé dans les ménages ou un relâche-
ment de la stratégie nationale d’iodation universelle mise œuvre
au Bénin.
L’objectif de cette étude était d’évaluer par rapport aux
recommandations de l’OMS, la teneur en iode des sels de cuisine
consommés au sein des ménages de Glazoué (zone surveillée
pour endémie goitreuse) et à Ouidah (zone de production locale
de sel, supposée fournir un sel riche en iode à cause de sa
proximité marine).
2. Matériel et méthodes
2.1. Zones d’étude
L’étude s’est déroulée dans les communes de Glazoué et
de Ouidah. Glazoué est située dans le département des Col-
lines [11]. Cette commune était considérée en 1994 comme
une zone d’endémie goitreuse compte tenu du nombre élevé
de cas de goitre observé dans cette région, dû, entre autres, à
la consommation d’aliments goitrigènes associée à une faible
consommation de produits d’origine marine. Depuis 1994, le
programme d’iodation universelle du sel a sensibilisé les popu-
lations à la consommation du sel iodé dans cette commune avec
une proportion de 84 % des ménages disposant de sel adéqua-
tement iodé en 2011 [9]. Néanmoins elle reste surveillée pour
le goitre. Djègbadji, le plus important site de production locale
de sel au Bénin, ainsi que les marchés de Zobé et Kpassè sont
situés dans la commune de Ouidah, département de l’Atlantique
40 C. Mizéhoun-Adissoda et al. / Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 38–44
[12]. Le sel produit à Djègbadji est considéré par les populations
comme riche en iode. Les marchés de Zobé et Kpassè consti-
tuent les principaux marchés locaux de commercialisation du
sel dans la commune de Ouidah [13].
2.2. Population d’étude et échantillonnage
Il s’agissait d’une étude transversale et descriptive menée de
mai à octobre 2013. La population d’étude était constituée par
les ménages de la commune de Glazoué, les producteurs de sel
de Djègbadji ainsi que les revendeuses du sel produit à Djègbadji
et commercialisé dans les marchés de Kpassè et de Zobé.
2.2.1. Échantillon pour la commune de Glazoué
La taille de l’échantillon était calculée en appliquant la for-
mule de Schwartz [14] :
(n = Zα2 × p × (1-p)/m2 )
p = 84 % : proportion des ménages disposant de sel adéquate-
ment iodé dans le département des Collines en 2011 (9) ; Z␣ : lu
dans la table de la loi normale avec un intervalle de confiance
de 95 % (Z␣ : 1,96 avec un risque consenti ␣ de 5 %) ; m : marge
d’erreur fixée à 7 %.
La taille d’échantillon ainsi obtenue était de 106. Une
majoration de 10 % avait été effectuée en prévision des échan-
tillons et des données éventuellement inexploitables. Au total,
117 ménages étaient enquêtés dans la commune de Glazoué.
En raison de contraintes matérielles, 30 échantillons de sel
ont été prélevés dans la commune de Ouidah. Ils étaient répar-
tis comme suit : 10 échantillons chez les producteurs de sel de
Djègbadji et 10 échantillons dans chacun des marchés de Zobé
et de Kpassè.
2.2.2. Technique d’échantillonnage
À Glazoué, les ménages étaient choisis par un sondage à trois
degrés [15]. Le 1er degré était constitué par le tirage aléatoire de
cinq arrondissements sur 10 de la commune. Le second degré
était représenté par le choix des quartiers d’arrondissements.
Un tirage aléatoire sans remise était effectué pour sélectionner
deux quartiers quand le nombre de quartiers de l’arrondissement
était inférieur à cinq et trois quartiers lorsque ce nombre était
supérieur à cinq. Au 3e degré, les ménages étaient sélectionnés
en calculant au préalable le nombre de ménages à sélectionner
par quartier de façon proportionnelle à la taille de l’échantillon.
À Ouidah, les échantillons de sel étaient prélevés de façon
raisonnée [15] en respectant la distribution géographique des
producteurs et des revendeuses de sel.
Un prélèvement de 50 g de sel était effectué sur tous les sites
(Glazoué et Ouidah), après avoir obtenu le consentement verbal
des sujets. À Glazoué, un questionnaire renseignant des données
sociodémographiques, des données génériques sur les pratiques
alimentaires et des données de conservation du sel était admi-
nistré à l’adulte présent dans le ménage lors du passage des
enquêteurs. La granulométrie des échantillons était évaluée qua-
litativement (fine ou moyenne). Le sel prélevé dans les ménages
était systématiquement remplacé par un sachet de 1 kg de sel
iodé offert au ménage.
2.3. Analyse des échantillons
Les différentes analyses chimiques étaient effectuées au labo-
ratoire de biochimie de la faculté des sciences de la santé de
l’université d’Abomey-Calavi qualitativement à l’aide de kits
test rapide et quantitativement par titrage iodométrique.
2.3.1. Détermination qualitative de l’iode par le MBI-Kits
International
Les réactifs utilisés étaient constitués de deux ampoules de
solution test de 10 mL, chacune contenant de l’iodure de potas-
sium (KI), de l’amidon, de l’acide sulfurique et une ampoule de
solution de vérification. La détermination de l’iode était effec-
tuée selon les recommandations du fabricant (D. Chandrasekhar,
Chennai, 600017 Tamilnadu, India). Une échelle de couleur était
fournie pour la comparaison visuelle et l’estimation de la teneur
en iode du sel.
2.3.2. Détermination quantitative de l’iode par iodométrie
(dosage volumétrique)
Les réactifs utilisés étaient :
• une solution de thiosulfate de sodium à 0,005 N (Na2 S2 O3 :
Scharlau, Espagne) ;
• une solution d’acide sulfurique concentré 2 N (H2 SO4 : Sigma
aldrich, Allemagne) ;
• une solution d’iodure de potassium à 10 % (KI : Scharlau,
Espagne) ;
• de l’amidon soluble (Scharlau, Espagne) ;
• du chlorure de sodium (NaCl : Analar, Angleterre).
Les analyses étaient effectuées en suivant le mode opé-
ratoire décrit par Dearth-Wesley et al. [16]. Elles étaient
répétées cinq fois pour chaque échantillon ainsi que pour le
contrôle (échantillon témoin de sel iodé à 40 ppm, acheté à
la DANA). La teneur en iode en ppm du sel était déterminée
par la formule suivante : concentration d’iode (ppm) = volume
de Na2 S2 O3 versé (mL) × 21,15 × normalité de la solution de
Na2 S2 O3 × 1000/masse d’échantillon de sel titré (g). La norme
retenue pour évaluer la teneur en iode des sels prélevés est celle
fixée par l’OMS et l’UNICEF pour 2015 : 90 % des ménages
disposant de sel ayant une teneur en iode ≥ 15 ppm [17,18].
2.4. Analyses statistiques
Les données étaient saisies dans le logiciel Epi data 3.1
(EpiData Association, Odense, Denmark) et analysées grâce
au logiciel Stat-View 5.0 (SAS Institute, Cary, États-Unis). Les
variables quantitatives étaient exprimées par la moyenne et
l’écart-type. La concentration d’iode était exprimée en partie par
million (ppm = mg/kg de sel). Les variables qualitatives étaient
exprimées en pourcentage. Les comparaisons entre les concen-
trations moyennes d’iode et les autres variables étaient faites par
le test-t de Student et par l’analyse de la variance (Anova). La
 C. Mizéhoun-Adissoda et al. / Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 38–44 41

Tableau 1 Tableau 2
Caractéristiques générales et pratiques alimentaires dans les ménages enquêtés Teneur en iode des sels alimentaires dans les communes de Glazoué et Ouidah
à Glazoué (n = 117). par la méthode du Kit-MBI.
Variables Effectif Fréquence (%) Commune Teneur en iode (ppm) n %

Sexe Glazoué ≥ 15 106 90,6

Homme 103 88,9 < 15 6 5,1
Femme 14 11,1 0 5 4,2
Âge (ans) Ouidah
15–45 76 64,9 Djègbadji ≥ 15 0 0
≥ 45 41 35 < 15 10 100
Niveau d’instruction 0 0 0
Aucun 69 58,9 Zobé et Kpassè ≥ 15 0 0
≤ Primaire 27 23 < 15 15 75
≥ Secondaire 21 17,9 0 5 25
Occupation professionnelle
Cultivateurs/paysans 58 49,5
Artisans et revendeurs 41 34,9
respectées dans 11 % des cas (sel exposé à l’air libre). Pour ce qui
Enseignants et administratifs 12 10,2
Accès à l’eau concerne les pratiques alimentaires, le sel était ajouté pendant la
Eau du robinet 24 20,5 cuisson dans 88,8 % des cas, 44,4 % des personnes rajoutaient
Forage, puits 93 79,4 du sel à table pendant le repas. Les fréquences de consomma-
Accès à l’électricité tion hebdomadaires des aliments potentiellement sources d’iode
Oui 69 58,9
étaient faibles au sein des ménages. Le pourcentage de ménage
Non 48 41
Disponibilité de toilettes consommant au moins quatre jours de la semaine des fruits et
Oui 62 52,9 légumes était de 71,7 %, alors que pour le poisson et le fromage,
Non 55 47 ces pourcentages étaient de 54,7 % et 47,9 % respectivement. La
Caractéristiques des échantillons de sel proportion des ménages n’ayant aucune consommation de lait
Couleur blanche 93 79,4
et de produits laitiers était très élevée (71,8 %). Il en était de
Présence d’impuretés 24 20,5
Ajout de sel pendant la cuisson des repas même pour les œufs (60 %). Environ 37 % des ménages n’avait
Oui 104 88,8 pas accès à la viande.
Non 13 11,1
Ajout de sel à table 3.2. Teneur en iode par kit et par iodométrie
Oui 52 44,4
Non 65 55,5
Consommation d’aliment source d’iode 3.2.1. Kit-MBI
Poisson (au moins 4 jours/7) 64 54,7 Au total, 90,6 % des échantillons de sel prélevés à Glazoué
Viande (au moins 4 jours/7) 9 7 avait une teneur d’iode ≥ 15 ppm (Tableau 2). Sur le site de pro-
Œuf (au moins 4 jours/7) 0 0 duction locale du sel (Djègbadji), de même que dans les marchés
Lait (au moins 4 jours/7) 2 1,7
Fromage (au moins 4 jours/7) 56 47,9
de Zobé et Kpassè, 100 % des échantillons de sel avait une teneur
Fruits et légumes (au moins 4 jours/7) 84 71,7 en iode < 15 ppm.

concordance entre les résultats du kit et ceux du titrage iodo-
métrique était effectuée avec le coefficient kappa. Le seuil de
significativité retenu était de 5 % pour l’ensemble des analyses
statistiques.
3. Résultats
3.2.2. Iodométrie
La proportion de ménages de la commune de Glazoué
consommant du sel à une teneur d’iode ≥ 15 ppm était de 82,9 %.
La teneur d’iode moyenne était de 28,2 ± 14,0 (0–74,0 ppm)
(Tableau 3). Tous les échantillons prélevés à Djègbadji et dans les
marchés de Zobé et Kpassè avaient une teneur en iode < 15 ppm
avec une moyenne de 4,3 ± 1,1 ppm.

3.1. Caractéristiques générales et pratiques alimentaires 3.2.3. Comparaison des résultats

dans les ménages enquêtés à Glazoué
Plus de la moitié des adultes interrogés à Glazoué n’avait
aucun niveau d’instruction (58,9 %) (Tableau 1). L’occupation
professionnelle majoritaire était l’agriculture (49,5 %). Une
faible proportion des ménages disposait d’eau courante (20,5 %),
environ 41 % n’avait pas accès à l’électricité et 52,9 % ne
disposait pas de toilettes. L’approvisionnement en sel se fai-
sait en général chez les revendeuses de quartiers (66,0 % des
cas) et les conditions de conservation à l’achat n’étaient pas
Il existait une association significative entre les résultats du
kit et ceux du dosage iodométrique (p < 0,001, test exact de
Fisher). Cependant, la concordance entre les résultats des deux
méthodes était faible. Le coefficient de concordance kappa était
égal à 0,31 : (concordance observée 82,9 % versus concordance
attendue 75,1 %, p < 0,001).
La comparaison entre les teneurs moyennes d’iode montrait
des résultats significativement plus faibles à Ouidah par rap-
port à Glazoué par la méthode de référence (4,3 ± 1,1 versus
28,2 ± 14,0 ppm, p < 0,001) (Tableau 3).
42 C. Mizéhoun-Adissoda et al. / Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 38–44
Tableau 3
Teneur en iode des sels alimentaires dans les communes de Glazoué et Ouidah par titrage iodométrique.
Teneur en iode (ppm) Glazoué
Effectif % Moyenne ± SD
0 3 2,5
< 15 17 14,5
15–40 74 63,2
> 40 23 19,6
Total 117 100
a p < 0,001 (test-t Student).
3.2.4. Répartition de la teneur en iode suivant la
granulométrie, les modes de conservation et de
conditionnement
La granulométrie des échantillons de sel, le lieu
d’approvisionnement à Glazoué, les conditions de conser-
vation à l’achat n’étaient pas significativement associés à
la teneur en iode des sels dans les ménages respectivement
p = 0,47, 0,35 et 0,68 (Tableau 4). En outre, on n’a pas observé
de différence significative entre les modes de conservation et
la teneur en iode des sels (p = 0,77) au sein des ménages. Les
échantillons issus de conservation défectueuses (sel exposé à
l’air libre) avaient tous une teneur en iode > 15 ppm. En raison
des valeurs de p, l’analyse multivariée n’a pas pu être réalisée.
4. Discussion
L’objectif de cette étude était d’évaluer la teneur en iode
des sels prélevés dans les communes de Glazoué et de Oui-
dah. Les résultats ont montré respectivement par la méthode
du Kit-MBI et par dosage iodométrique que : 90,6 % versus
82,9 % des échantillons prélevés à Glazoué avaient un taux
d’iode ≥ 15 ppm ; 5,1 % versus 14,5 % un taux d’iode < 15 ppm
et 4,2 % versus 2,5 % un taux d’iode nul. En ce qui concerne
les prélèvements dans la commune de Ouidah, la quasi-totalité
des échantillons de sel étaient à des teneurs < 15 ppm d’après
les deux méthodes. Les résultats obtenus à Ouidah par iodo-
métrie étaient significativement plus faibles que ceux obtenus à
Glazoué (4,3 ± 1,1 versus 28,2 ± 14,0 ppm, p < 0,001), et aucun
échantillon de sel n’avait une teneur adéquate en iode à Oui-
dah contre 63,2 % à Glazoué. Ceci traduit une très faible
iodisation ou une absence d’iodisation ou des conditions de
conservation et de stockage défectueuses de la production
locale à Ouidah. Une enquête portant sur la chaîne de pro-
duction du sel et son iodisation paraît nécessaire. À Glazoué
les résultats obtenus suggèrent que le sel consommé dans les
ménages proviendrait de l’importation, ce qui mériterait d’être
vérifié.
Dans cette étude, la consommation d’aliments potentielle-
ment source d’iode (notamment les produits d’origine marine)
était faible dans la commune de Glazoué, ce qui ne garantit pas
un apport suffisant d’iode par l’alimentation pour ces ménages.
Le sel adéquatement iodé serait donc pour eux la principale
source d’iode. Un résultat surprenant dans cette étude était que
même les échantillons de sel issus de conditions de conserva-
tion défectueuses, avaient cependant tous une teneur en iode
Ouidah
Effectif % Moyenne ± SD
0 0
30 100
0 0
0 0
28,2 ± 14,0a 30 100 4,3 ± 1,1a
supérieure à 15 ppm (Tableau 4), ce qui confirme que le sel
retrouvé sur les sites de ventes à Glazoué est le plus souvent
iodé.
4.1. Validité des méthodes
Dans cette étude, nous avons évalué la teneur en iode des
sels prélevés dans les ménages de Glazoué et sur le site de
production locale dans la commune de Ouidah, en utilisant un
test rapide qualitatif et par titrage volumétrique (iodométrie).
L’utilisation de ces deux méthodes est validée par l’OMS [18].
Le choix de l’une ou de l’autre devrait dépendre des circons-
tances et des moyens matériels des laboratoires d’analyses. Le
Kit-MBI ne requiert pas d’équipement lourd, n’est pas coûteux
et est d’un usage facile. Il peut être effectué sur le terrain en
très peu de temps avec des résultats immédiats. Néanmoins,
le titrage iodométrique reste la méthode de référence [17,19].
Selon nos résultats, la concordance entre les deux méthodes était
faible. Le Kit a tendance à surestimer la teneur en iode des sels
alimentaires par rapport à l’iodométrie [19] ce qui corrobore
les travaux de Pandav et al. [20] qui avaient conclu à la néces-
sité d’utiliser le dosage iodométrique pour la surveillance de la
teneur en iode du sel à tous les échelons, depuis le producteur
jusqu’au consommateur, si l’on veut s’assurer de l’efficacité du
programme d’iodation universelle du sel.
4.2. Comparaison des résultats avec les données de la
littérature
Assoumanou et al. [21], en évaluant la teneur en iode de sels
alimentaires prélevés dans deux zones d’endémie goitreuse au
Bénin (départements du Borgou et des Collines), avaient mon-
tré par la méthode du Kit-MBI que 95 % des échantillons de
sel étaient iodés (dont 90,8 % à une teneur > 15 ppm) et que
par iodométrie, 86,2 % des échantillons avaient une teneur en
iode > 15 ppm, avec une moyenne à 33,8 ± 17,0 ppm. En outre,
la DANA en 2011 rapportait un taux de 84 % de sel adéquate-
ment iodé [9] dans le département des Collines, en utilisant le
Kit-MBI pour évaluer la teneur en iode des sels apportés par
des écoliers. Ces résultats sont similaires aux résultats de notre
étude dans la commune de Glazoué (département des Collines)
et suggèrent une bonne mise en œuvre de la stratégie d’iodation
du sel dans ce département. Cependant, les résultats rapportés
par l’UNICEF en 2014 lors de la dernière enquête par grappes
sur les indicateurs multiples, où l’iode a été dosé à partir de
 C. Mizéhoun-Adissoda et al. / Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 38–44 43

Tableau 4
Approvisionnement et conservation du sel à Glazoué (n = 117).
Variables Effectif % Moyenne ± SD (ppm) < 15 ppm (%) ≥ 15 ppm (%)

Approvisionnementa
Marché 39 33,9 26,5 ± 11,9 20,5 79,5
Chez revendeuse (quartiers) 76 66,0 29,0 ± 14,7 14,4 85,5
Granulométrie à l’achatb
Fine 28 24,3 26,6 ± 13,8 21,4 78,5
Moyenne 87 75,6 28,8 ± 13,8 14,9 85,0
Mode de conservation à l’achatc
Conteneur fermé 104 90,4 28,0 ± 14,3 18,2 81,7
À l’air libre 11 9,5 29,8 ± 7,6 0 100
Conditionnement dans le ménaged
Bocal en verre 5 4,3 25,9 ± 4,7 0 100
Bocal en plastique 80 69,5 27,8 ± 14,2 17,5 82,5
Autres 30 26,0 29,6 ± 14,0 16,6 83,3
a p = 0,35 (test-t Student).
b p = 0,47 (test-t Student).
c p = 0,68 (test-t Student).
d p = 0,77 (Anova).

Kit-MBI, montrait que seulement 38,9 % des échantillons de sel
prélevés dans les ménages au niveau national avaient une teneur
en iode ≥ 15 ppm [10]. Ceci suggère de fortes variations locales.
Dans la région Ouest-africaine, la teneur en iode des sels ali-
mentaires au Niger (Niamey) en 2013, dans une étude effectuée
dans les ménages et dans les marchés de vente du sel a mon-
tré que 84,7 % et 87,6 % respectivement, des échantillons du
sel avaient une teneur en iode < 15 ppm par la méthode iodomé-
trique [22]. Ceci suggérait que l’essentiel des sels alimentaires
vendus et consommés dans les ménages n’était pas conforme à
la réglementation. En Côte d’Ivoire par contre, dans une étude
publiée en 2002, la teneur en iode des sels prélevés dans les
ménages d’Abidjan, évaluée par dosage iodométrique, était très
satisfaisante avec 45 % des sels ayant une teneur > 50 ppm, ce
qui suggérait une forte consommation d’iode et même un risque
d’hyperthyroïdie iodo-induite [23]. Au Nigéria, à Port Harcourt,
Nte et Ndu [24] avaient rapporté en 2007, un taux d’iodation adé-
quat du sel (≥ 30 ppm) de 99,1 % en utilisant le Kit-MBI. Les
résultats du Niger sont semblables à ceux retrouvés à Ouidah
dans notre étude, ceux de la Côte d’Ivoire sont bien différents
des nôtres et ceux du Nigéria sont supérieurs aux résultats que
nous avions rapportés dans la commune de Glazoué. Il faut sou-
ligner ici que les normes utilisées pour évaluer la teneur adéquate
en iode sont différentes d’un pays à un autre.
Dans d’autres régions d’Afrique, on retrouvait un taux
d’iodation adéquat du sel au sein des ménages de 86,9 % à Leso-
tho (Afrique du Sud) en 2007 [25] alors qu’au Cameroun, une
étude réalisée en 2004 rapportait des taux d’iodation très faibles
du sel alimentaire [26]. Ces résultats pourraient traduire un cer-
tain relâchement au niveau de la mise en œuvre de la politique
d’iodation universelle dans certains pays.
Nos résultats ont permis de constater que le sel iodé est
généralement disponible dans les ménages de la commune de
Glazoué (à 97,5 %) et qu’il proviendrait a priori de l’importation.
Ils prouvent que les actions de surveillance entamées depuis
1994 par les autorités gouvernementales sont maintenues dans
cette zone pour lutter contre les TDCI. À Ouidah, par contre,
l’idée reçue par rapport à l’état d’iodation du sel produit, se
révèle fausse dans cette étude. Cependant, l’iode étant aussi
apporté par l’alimentation, et les populations de cette zone béné-
ficiant de produits d’origine marine compte tenu de la situation
géographique de cette commune [12], elles pourraient avoir un
statut nutritionnel adéquat en iode malgré une disponibilité de
sel faiblement iodé dans leurs communes. Il serait intéressant
que de futures études évaluent la teneur en iode des sels dans les
ménages de la commune de Ouidah et le statut nutritionnel en
iode de cette population.
4.3. Limites
Cette étude a quelques limites. La première est la taille peu
importante de l’échantillon à Ouidah et le fait de n’avoir pas
effectué de prélèvement de sel et d’enquête dans les ménages
de cette commune pour des raisons techniques. La seconde
limite est que cette étude aurait pu évaluer les connaissances
des populations de Glazoué et celles des producteurs locaux et
revendeuses sur les risques liés à la carence en iode.
5. Conclusion
Cette étude réalisée à la fois à Glazoué, commune sous sur-
veillance pour goitre, et à Ouidah, commune qui héberge le plus
grand site de production locale de sel alimentaire au Bénin, a
montré des résultats satisfaisants à Glazoué, mais inquiétants
à Ouidah. Le sel produit à Ouidah se révèle faiblement iodé,
or il est largement accessible dans cette commune et est dis-
tribué dans les communes avoisinantes. Cette étude a permis
de lever le voile sur la croyance selon laquelle, le sel produit à
Djègbadji serait convenablement iodé. Elle devrait susciter au
niveau national un accompagnement des producteurs locaux sur
l’iodation du sel, un contrôle de qualité des importations et une
sensibilisation sur les moyens de conservation adéquats du sel
iodé par les autorités gouvernementales. La stratégie nationale
d’iodation universelle du sel appuyée par un contrôle permanent
de l’état d’iodation des sels commercialisés doit être renforcée
afin de lutter efficacement contre les TDCI.
44 C. Mizéhoun-Adissoda et al. / Nutrition clinique et métabolisme 30 (2016) 38–44
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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