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THE KRAAL GUIDE DE SPIRITUALITÉ

AFRICAINE

VOLUME 1

SAGESSE KONGO & COSMOLOGIE


TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS

I. INTRODUCTION COMPLÈTE AU BUKÔNGO: LA RELIGION KÔNGO


1. Le Bukôngo, une sagesse précieuse
2. La spiritualité dans le royaume Kôngo
3. Le Kindoki ou la mystique Kôngo
4. Les 3 écoles de la sagesse Kôngo
5. La Spirale: Symbole cosmologique du Bukôngo
6. Prophètes Kongo: Kimpa Vita & Simon Kimbangu
7. La prière de Simon Kimbangu: Prophétie pour le Monde noir?

II. LA COSMOLOGIE KÔNGO ET LA CONVERGENCE DU BUKÔNGO AVEC LES RELIGIONS


DE KEMET ET DE SUMER
1. Introduction et mots-clés
2. Méthodologie
3. Convergence du Bukôngo avec les religions de Kemet et de Sumer
4. Cosmologie Kôngo
5. Conclusion

III. SIRIUS DANS LA TRADITION KONGO

CREDITS
BIBLIOGRAPHIE
LA SAGESSE TRADITIONELLE KÔNGO
NOUS ENSEIGNE QUE À CHAQUE
NATION, LE CRÉATEUR ASSIGNA UN
ESPRIT PROTECTEUR. KÔNGO EST
LE GRAND ESPRIT QUI PRÉSIDE À LA
DESTINÉE DE LA NATION KÔNGO.
AVANT-PROPOS

Bienvenue dans le Volume 1 de notre guide de spiritualité Africaine.

Après avoir couvert, dans le volume 0, certaines pratiques clés de la spiritualité Africaine, nous
avons pensé qu'il pourrait être intéressant de décortiquer une de ses religions de l'intérieur.
Dans cet opus, nous allons en Afrique centrale, à la découverte de la sagesse des Besikôngo, ce
peuple Bantou qui a formé l'un des plus grands royaumes d'Afrique: le Kôngo Dia Ntolila ou
Royaume Kôngo. Les Besikôngos sont les différents peuples descendants du grand Royaume
Kôngo, aujourd'hui disséminés entre la République Démocratique du Congo, le Congo
Brazzaville, l'Angola et le Gabon.

Ce guide est dédié au Bukôngo, la religion traditionelle Kôngo, à ses similitudes avec les
anciennes religions de Kemet et Sumer, et à la connaissance remarquable du cosmos qui fut
atteinte dans la sagesse Kôngo.

Cet ouvrage est en grande partie basé sur les travaux du Dr Kiatezua Lubazandio Luyaluka
(Ph.D), fondateur de l'Institut des Sciences Animiques de Kinshasa (RDC). Sans ses
enseignements, ce travail n'existerait probablement pas et vous trouverez à la fin de ce guide
une liste de textes pour approfondir sur le sujet.

La sagesse Kôngo est une précieuse source de force pour toute personne noir et nous croyons
fermement qu'elle peut fournir des clés qui aideront l'Afrique et le monde noir dans son ensemble
à se libérer des virus de l'occident. Ce livre est également là pour nous rappeler que l'Afrique n'a
pas attendu l'homme blanc pour voir la lumière.

Tout ce que vous devez savoir sur les bases de la sagesse Kôngo se trouve entre ces pages et
nous espérons que ce livre vous sera utile.

Bonne lecture.
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I. INTRODUCTION COMPLÈTE
AU BUKÔNGO: LA RELIGION
KÔNGO
I. INTRODUCTION COMPLÈTE AU BUKÔNGO: LA RELIGION KÔNGO

1) Le Bukôngo, une sagesse précieuse

Le Bukôngo est un terme qui fait référence à la sagesse Kôngo et à la foi traditionnelle des
Bakôngo ou Besikôngo (nom original du peuple Kôngo). Le Bukôngo est une continuation
des systèmes de croyances de Kemet et de Sumer, qui connu son apogée durant l’ère fort
du puissant Kongo Dia Ntolila ou encore Royaume Kongo.

Dans l'introduction du volume précédent, nous avons expliqué que chez les Besikôngo
ainsi que chez d'autres peuples Bantous, le terme Nzambi est communément utilisé pour
parler de Dieu, Être suprême en tant qu'entité. Pour tenter de définir la nature de Dieu, les
Besikongo disent Nzambi Ampûngu Tulêndo (pouvoir qui inclut toute autorité), Kalunga (le
Tout en Tout), Mbumba Lowa (qui symbolise la création) et Mpina Nza (la parole divine).
Le Bukôngo nous enseigne que Dieu est infini, a une personnalité illimitée, est invisible et
spirituel, remplit tout espace et est omniprésent. Dieu, Nzambi Ampûngu Tulêndo, est
l'Être suprême à qui tout appartient dans l’univers et à qui aucune autorité n'est supérieure
ou égale.

Un proverbe Kôngo dit: “Kutombi Nzâmbi ko, Nzâmbi ka monikânga ko.” qui signifie “ne
cherche pas a percevoir Dieu a l’aide de tes sens charnels, car Dieu est un être invisible,
donc spirituel”. Ici, nous comprenons donc que dans la sagesse Kôngo, la personnalité de
Dieu n’a pas de limite, car Il emplit tout espace. Dieu est omniprésent et est la source de
toute existence.

Mbûmba Lowa

Mbûmba Lowa est le Créateur de cet univers temporel dans lequel nous sommes
maintenant, c’est-a-dire notre terre et cette galaxie. Le mot mbûmba vient du verbe
kikôngo bûmba, qui veut dire façonner ou créer. Il se réfère donc à l’intelligence créatrice.

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En langue kôngo, le terme mbûmba désigne aussi le chat. Cet animal dans le Bukôngo
évoque:
⁃ L’omniscience de Dieu, car le chat voit aussi bien le jour et la nuit.
⁃ L’infaillibilité de Dieu, car le chat ne tombe jamais à la renverse.
⁃ La toute puissance de Dieu face au mal, car le chat possède la capacité de vider le
serpent (en tant que symbole du mal) de tout son venin et de l’amener au village comme
une corde vulgaire. Ceci est quelque peu similaire à la mythologie de Kemet où le mal,
symboliser par le serpent Apep est vaincu par le Dieu Ra qui se transforma en chat.
⁃ La pureté divine.

Mpina Nza

Si Mbûmba Lowa est le créateur de notre univers, Mpina Nza est le Dieu Gouverneur de
l’Humanité.

Comme nous l’avons mentionner précédemment, Nzambi Ampûngu Tulendo est la source
de Tout. Etant la source de Tout, il est la source de toute lumière et est donc lumière
infinie. En tant que lumière infinie, cet entité ne peut pas gouverner le monde temporel, car
il ne peut pas voir les ténèbres et le mal. Cependant, gouverner implique toujours le choix
constant entre faire le bien ou le mal or Nzambi Ampûngu Tulendo ne peut faire un tel
choix car Il n’a aucune conscience de l’existence du mal.

Mbûmba Lowa ne peut également gouverner le monde dont il est pourtant le créateur.
Étant comme un Soleil, pour lui le mal existe, mais celui ci ne signifie rien à ses yeux.
Nous pouvons l’illustrer par le mouvement du jour, où l’apparition du soleil fait disparaître
la nuit. Ainsi, voyant toujours le mal comme un “rien”, Mbûmba Lowa ne peut pas faire de
jugement sur le plan temporel.

Mpina Nza est l’entité qui gouverne l’humanité par l’entremise de Kimahûngu ou “verbe
divin/parole divine”.

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Nkukunyûngu

Les Besikôngo utilisent le terme Nkukunyûngu pour désigner les ancêtres qui ont atteint la
perfection par rapport à notre plan inférieur. À ce titre, ces ancêtres sont capables
d’intercéder pour nous auprès de Dieu. La prière des Besikôngo est toujours adressé à
Nzambi Ampûngu Tulêndo, par l’intercession de divinités inférieures, dont les ancêtres
saints.

Les Anges dans le Bukôngo

Une chose vraiment interessante dans l’étude du Bukôngo est la présence d’anges, connus
sous le nom de Bisimbi.

Un proverbe kikongo dit “Simi i mûntu wa kimpêve.” signifiant “l’ange est un homme
spirituel.” (Bahele)

Dans le Bukôngo, il existe plusieurs genres d’anges: les anges du trône celeste qui
symbolisent l’autorité suprême de Nzambi Ampûngu Tulêndo, les anges de la cour céleste
qui sont au nombre de sept et qui président chacun à l’un des sept cieux qui forment les
différents plans temporels au-dessus du plan terrestre, les archanges qui dans le Bukôngo
sont des ancêtres divinisé qui veille sur la destinée de l’humanité et enfin, les anges
gardiens qui sont en fait les Nkukunyûngu.

Le Monothéisme du Bukôngo

Dans notre ouvrage précédant, nous avons souligner que l’un des dénominateurs commun
dans la plupart des systèmes spirituels Africains est la reconnaissance en un Seul Être
Supreme et ce, malgré la présence d’innombrable divinités.
Dans le Bukôngo, le monothéisme est une réalité indéniable. Dieu est d’une infinitude
absolue et exerce un pouvoir suprême. Il n’y a pas d’autres Dieux semblables à Nzambi
Ampûngu Tulendo.

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Le mot kikongo mpûngu désigne un pouvoir, Ampûngu est l’adjectif qui en découle et
Tulêndo est le pluriel de lêndo qui signifie autorité.
L’expression ampûngu tulêndo, fait donc allusion à un pouvoir qui embrasse toute autorité
ce qui fait de Nzambi Ampûngu Tulendo un Être Suprême et Unique. Cependant, le
monothéisme kôngo est hiérarchique. Le Dieu Très-Haut trône au-dessus d’une suite de
dieux inférieurs.

Le diable dans la tradition Kôngo

Pour designer le diable, les Besikôngo disent nkadi ampêmba. Ce terme ne désigne pas en
réalité un être, mais un état de la pensée.
Les Besikôngo ne parlent pas de l’activité du diable en terme de tentation mais en termes
d’influence: “kotolo kua nkadi ampômba” (le diable a pénétré son esprit), ou encore
“hukummu kua nkadi ampêmba” (le diable l’a influencé pour l’entrainer dans le mal) disent-
il de la personne qui est sous l’emprise du mal. Ceci démontre que pour eux, le diable
n’est pas un être mais plutôt une mauvaise influence mentale.

Il est dit que M’ful’ambi (la mauvaise suggestion mentale) peut provenir de 3 sources:
⁃ des convoitises et pensées personnelles (nzînunu) qui sont fruits du libre arbitre,
⁃ d’une personne vivante,
⁃ d’un mauvais esprit.

Esprit: Finalité de l’éducation

Le but ultime de l’éducation spirituelle chez les Besikôngo est la capacité de se tenir face
à face avec les nkukunyûngu. Ceci est également connu sous le nom de théophanie.
La finalité de l’education dans la spiritualité Kôngo est la capacité de recevoir les
illuminations venants des sphères célestes ainsi que la capacité de communiquer avec les
ancêtres-saints. Grâce à l’esprit, également, l’homme atteint des perceptions (n’tona)
indispensables à la vie de tous les jours.

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2) Spiritualité dans le royaume Kôngo

Lorsqu'au XVe siècle, l'explorateur portugais Diego Cao atteint l'embouchure du fleuve
Congo, il découvre un royaume puissant et prospère, le Kôngo Dia Ntolela ou Royaume du
Kongo. Dans ce royaume, le roi (Manikongo ou Mwenekongo) est élu et gouverne sous la
direction éclairée d’un grand prêtre.

Tout comme à Kemet, le Royaume du Kông était en réalité sous la responsabilité du grand
prêtre qui inspirait et guidait le roi dans la gestion de l’état. La politique dans le royaume
était donc sous une autorité spirituelle. Le Royaume du Kôngo était un royaume de
mystiques, gouverné par des mystiques.

Cette forme de gouvernement a même marqué la lutte pour l'indépendance. Dans son livre
«Époque et vie de Mbuta Mahania», Kimpianga Mahaniah nous dit que «la lutte pour
Kimpwanza (indépendance) avait deux groupes: les bangunza (prophètes), groupe qui
combattait spirituellement (mu kimpeve) avec des prières et des méditation et les
politiciens, groupe qui était engagé physiquement dans la lutte. La raison d’être du premier
groupe était d’articuler la volonté de Dieu aux hommes politiques, d’être leurs conseillers
techniques et spirituels, renforcer leur force vitale et enfin, les protéger spirituellement.

3) Le Kindoki

Longtemps associé à la sorcellerie et à la magie noire, le Kindoki est la connaissance


initiatique de tradition Kôngo. Il s’agit d’une science traditionnelle qui inclut plusieurs
disciplines.
Pour le ndoki (initié), le kindoki est connaissance (nzailu), pouvoir (lendo), intelligence
(ngangu), ainsi que ouïe et vue (nguilu ye mbueno). Par exemple, dans la science du
Kindoki était utilisé dans le processus de divination afin de connaitre les causes de
certains maux de la société mais également le futur afin de savoir quel bon chemin suivre
face à une décision importante.

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Dans la guérison, le kindoki était utilisé afin de déterminer les causes métaphysiques
d’une maladie et en donner le remède. Enfin, dans l’art de la guerre, le Kindoki servait
dans la selection des meilleurs soldats et dans les stratégies militaires. Cette sélection
était effectuée par des femmes initiées. Une technique appelée mvumuka était utilisé au
combat pour permettre aux soldats, à l’aide d’une mixture d’herbes, de pouvoir s’envoler
et ainsi pouvoir combattre l’ennemi plus facilement.

Alors que le kindoki est une connaissance qui est utilisé à de bonnes fins, n’soki
(sorcellerie) est l’utilisation abusive de ce pouvoir.

Pour approfondir et avoir une étude complète du Kindoki, nous vous conseillons fortement
l’ouvrage de Ne Kiana Mazamba , Kindoki: Un Mystère Africain Élucidé.

4) Les 3 écoles de la sagesse Kongo

Trois académies constituent l'essence de la sagesse kongo: Kimpasi, Lêmba et Kikîmba.

1. KIMPASI

Le bastion de Kimpasi était la région sud-est de l'ancien royaume de Kôngo. Il comprend


les zones des groupes ethniques Kongo suivants: les Bampângu, les Bandibu et les
Besingômbe.

Le Kimpasi peut être défini comme l'académie sacerdotale car c'est l'école qui a formé les
plus grands prêtres et prophètes du Bukongo. En effet, les deux grandes figures du
Bukôngo, Kimpa Vita et Simon Kimbangu appartiennent à Kimpasi.

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2. LÊMBA

Le mot Lêmba vient du verbe «lêmba» qui signifie apaiser. Nous apprenons de ce terme
que le but de cette académie initiatique était d'apporter les conditions de la paix ainsi que
de la maintenir. Lêmba est également décrite comme l'université traditionnelle Kôngo
puisqu'elle comprenait des écoles de droit, de commerce, de médecine, etc.

3. KIKÎMBA

La mission de Kinkîmba était de protéger la nation contre les agressions extérieures, ce


qui en faisait l'académie martiale de la tradition Kôngo. Le mot kikîmba vient du verbe
kîmba, courir, ce qui nous rappelle l'endurance et les prouesses physique.

Le python, mboma, est un symbole de l'initiation martiale en Afrique. Le commandant de


l'armée Kôngo s'appelait nkuamboma, mamboma ou ngamboma ce qui signifie le
propriétaire du python. Cet usage du terme mboma en relation avec le commandement
d'une armée se justifie également par le fait que ce terme désigne en langue kikongo, une
fortification militaire.

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LA SPIRALE:SYMBOLE
COSMOLOGIQUE DU
BUKÔNGO

Dans le Bukôngo, la spirale indique l'origine et la destinée de l'humanité. Dans la


sagesse Kôngo, il est dit que les êtres humains viennent des cieux où ils
repartent à travers des cycles de vie. Pour souligner cela, le Bukôngo utilise
deux mots pour traduire le concept de vie: zingu et kimoya.

Quand une personne meurt, c'est un zingu (une flèche ou un cycle) qui se
termine. Le Kimoya (ou conscience d'être vivant) est éternel puisque l'homme se
retrouve dans l'au-delà pour commencer un autre zingu. Ainsi, la spirale
symbolise l'éternité de la vie.

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L'Homme Noir Africain est un croyant né. Il n'a pas attendu
les Livres révélés pour acquérir la conviction de l'existence
d'une Force, Puissance-Source des existences et motrice des
actions et mouvements des êtres. Seulement pour lui, cette
Force n’est pas en dehors des créatures. Elle est en chaque
être. Elle lui donne la vie, veille à son développement et,
éventuellement, à sa reproduction.

AMADOU HAMPATÉ BÂ
KIMPA VITA

Née en 1684, Beatriz Kimpa Vita (Ndona Beatriz)


était prêtresse et leader de son propre
mouvement religieux dans l'Empire Kôngo, le
mouvement Antonianiste. À une époque où le
puissant Empire Kongo était grandement affaibli
par l'arrivée du christianisme, elle fonda l'un des
mouvements religieux et révolutionnaires les plus
puissants d’Afrique, utilisant la spiritualité
comme arme.

Selon le philosophe Congolais Adrien Diakiodi


son vrai nom serait Béatrice Margherita Nsimba.
Son aventure commence en tant qu'initiée de
l'académie Kimpasi. L’histoire raconte qu'à l'âge
de 20 ans, elle meurt mais revient à la vie trois
jours plus tard, juste avant d'être enterrée.
Lorsqu'elle reprend connaissance, elle dit avoir
rencontré les «seigneurs de la race noire» et le
grand roi Vita-Nkanga qui lui ont raconté les
origines de la souffrance de son peuple. Ils lui
confient alors la mission de réunifier le peuple
Kongo et de le re-organiser autour de leur
spiritualité ancestrale.

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Dès le début, Kimpa Vita accompli nombre de miracles et son message devient si puissant
et si populaire qu’il déclenche une véritable renaissance spirituelle dans la région. Ses
messages, extrêmement révolutionnaires menaçent l'influence et le contrôle de l'Église
catholique et des missionnaires dans le royaume. En effet, toutes les églises et autres
lieux de culte deviennent vides.

Comme vous le savez, l'objectif principal des missionnaires et de l'église était d'assujettir
les Africains par le contrôle de l'esprit, en utilisant leur interprétation de la Bible pour
justifier leur domination. Kimpa Vita souligna même que: «les missionnaires blanchissent
Dieu à leur profit… c’est ainsi qu’ils ont béni les bateaux des esclaves noirs».

En 1704, l'Église catholique l'accuse de «sorcellerie». Elle est tout d'abord arrêtée par les
missionnaires mais sera relâchée sous la pression populaire. En 1706, elle donne
naissance à un enfant dont le père est l’un de ses fidèles. L'Église catholique orchestre
alors une vaste campagne de calomnie contre la «fausse sainte», la «soi-disante vierge
noire», proclamant qu'elle serait une envoyée du diable. Elle est à nouveau arrêtée, mais
son procès, digne des tribunaux de l’Inquisition, divise cette fois le royaume. En effet,
personne ne veut assumer la responsabilité de son exécution, même pas Pedro IV, roi du
Portugal. C'est finalement le Vatican qui prononce la sentence en forçant le Conseil royal à
la suivre. La peine prononcée est celle réservée aux sorcières: la mort par le feu.

Kimpa Vita est publiquement brûlée vive avec certains de ses fidèles le Dimanche 2 juillet
1706.

Certains récits racontent qu’elle fut brûlée avec son fils de quelques mois et qu'avant de
mourir, elle aurait annoncé la venue d'un autre prophète qui viendrait terminer sa mission
et apparemment, cela s'est produit...

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SIMON KIMBANGU

Simon Kimbangu (Kimbangu signifiant «Celui qui


révèle des choses cachées») naît à Nkamba en
République démocratique du Congo en 1887. En
1915, il devient protestant baptiste et travaille
comme catéchiste pendant plusieurs années
avant de commencer son propre ministère au
début de l’année 1921. Le 6 avril 1921, l'esprit
lui donne l'ordre de ressusciter une jeune fille,
Nkiatundo. Ce premier «miracle» de Kimbangu
amorcera une période intense de prédication et
de miracles qui secouera l'empire colonial belge,
l'Angola et même le Kongo français.

Selon ses disciples, Kimbangu avait le don de la


précognition, de guérir les malades et de
ressusciter les morts. Ses miracles amènent son
ministère à développer un très grand nombre de
fidèle dans la région, attirant l'attention du
régime colonial. En effet, ses enseignements
sont des discours nationaliste et il est un ardent
défenseur de la renaissance des symboles
traditionnels et des lois ancestrales Kongo ainsi
que de la fin de la domination coloniale, tout SIMON KIMBANGU JEUNE
(SOURCE INCONNUE)
comme Kimpa Vita le fit avant lui.

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Son influence menace sérieusement les autorités coloniales, et en septembre 1921, avec
la complicité de l'église locale, il est arrêté puis condamné à mort. Cependant, cette peine
deviendra une condamnation à perpétuité quelque mois plus tard.

Kimbangu est transféré à Elizabethville (Lubumbashi) où il passe trente ans dans une
minuscule cellule sans aération et dans des conditions d’hygiène inhumaines. Par
exemple, son lit n’est qu'une simple dalle de béton et chaque matin, il est plongé dans un
puit contenant de l'eau salée et froide afin d'accélérer sa mort. Il meurt incarcéré le 12
octobre 1951 d’une mort naturelle.

Le Prophète Kimbangu a créé un puissant mouvement spirituel qu'il appelle «Kintuadi»


(Union, Unité, Communauté), consacré à la libération totale du peuple noir du joug de
l’oppresseur.

Les membres du mouvement Kintuadi sont l'objet de nombreuses persécutions et


déportations. Le nombre de fidèles du prophète Kimbangu qui sont déportés de 1921 à
1959 dépasserait les 150 000 et beaucoup d’entre eux meurent en exil.

Même pendant ses trente années d’emprisonnement, Kimbangu continua d’être considéré
comme chef spirituel et symbole de la résistance anti-impérialiste.

Durant son ministère, Simon Kimbangu prédit des événements tels que la libération de
l'Afrique tout au long du premier mouvement indépendantiste des années 60, l'arrivée au
pouvoir des dictateurs par la suite, la montée des conflits sur tout le continent et l'exode
de nombreux jeunes Africains vers les pays occidentaux pour échapper à l'extrême
pauvreté.

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7. La prière de Simon Kimbangu: Prophétie pour le Monde noir?

(Traduit en français du Kikongo, ce texte est toujours en circulation.)

C'était le samedi 10 septembre 1921 à Mbanza-Nsanda.

Chaque être humain a reçu un don spécifique pour témoigner de la grandeur de notre
Créateur. Dieu parle à travers les hommes qu'il choisit. Le samedi 10 septembre 1921 fut
un jour spécifique pour l'Homme Noir. Tout au début du culte matinal, vers 9h00,
KIMBANGU entre dans l'enclos en rameaux ; son visage est grave, son regard vif et il
s'adressa à la foule en ces termes :

"Mes frères (Zimpangi zami), l'Esprit est venu me révéler que le temps de me livrer aux
autorités est arrivé. Tenez bien ceci : avec mon arrestation commencera une période
terrible d'indicibles persécutions pour moi-même et pour un très grand nombre de
personnes. Il faudra tenir ferme, car l'Esprit de notre Dieu Tout-Puissant (Mpeve ya Batata
Nzambi'a Mpungu Tulendo) ne nous abandonnera jamais. Il n'a jamais abandonné
quiconque se confie en Lui.

Les autorités gouvernementales (Mfumu za luyalu) vont imposer à ma personne physique


un très long silence, mais elles ne parviendront jamais à détruire l’œuvre que j'ai
accomplie, car elle vient de notre Dieu le Père. Certes, ma personne physique (Kinsuni
kiame) sera soumise à l'humiliation et à la souffrance, mais ma personne spirituelle
(Kimpeve kiame) se mettra au combat contre les injustices semées par les peuples du
monde des ténèbres qui sont venus nous coloniser.

Car j'ai été envoyé pour libérer les peuples du Kongo (Kula minkangu mia Kongo) et la
Race Noire du monde (Zindombe zazo). L'Homme Noir deviendra Blanc, et l'Homme Blanc
deviendra Noir. Car les fondements spirituels et moraux, tels que nous les connaissons
aujourd'hui, seront profondément ébranlés. Les guerres persisteront à travers le monde. Le
Kongo sera libre et l'Afrique aussi.

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Mais les décennies qui suivront la libération de l’Afrique seront terribles et atroces. Car
tous les premiers gouvernants de l'Afrique Libre travailleront au bénéfice des Blancs. Un
grand désordre spirituel et matériel s'installera. Les gouvernants (Minyadi) de l'Afrique
entraîneront, sur le conseil des Blancs, leurs populations respectives dans des guerres
meurtrières et s'entretueront. La misère s'installera. Beaucoup de jeunes quitteront
l'Afrique dans l'espoir d'aller chercher le bien-être dans les pays des Blancs. Ils parleront
toutes les langues des Blancs. Parmi eux, beaucoup seront séduits par la vie matérielle
des Blancs. Ainsi, ils deviendront la proie des Blancs (Nkuta Mindele). Il y aura beaucoup
de mortalité parmi eux et certains ne reverront plus leurs parents.

Il faudra une longue période pour que l'Homme Noir acquière sa maturité spirituelle. Celle-
ci lui permettra d'acquérir son indépendance matérielle. Alors s'accomplira la troisième
étape. Dans celle-ci naîtra un Grand Roi Divin. Il viendra avec ses trois pouvoirs : Pouvoir
Spirituel (Kinzambi), Pouvoir scientifique (Kimazayu) et Pouvoir Politique (Kimayala).

Je serai moi-même le Représentant de ce Roi. Je liquiderai l'humiliation que, depuis les


temps les plus reculés, l'on a cesse d'infliger aux Noirs. Car, de toutes les races de la
Terre, aucune n'a été autant maltraitée et humiliée que la Race Noire.

Continuez à lire la Bible. A travers ses écrits, vous arriverez à discerner les actes de ceux
qui sont venus vous apporter ce livre et les écrits ou principes moraux contenus dans ce
livre. Il faut qu'un voleur soit saisi avec l'objet qu'il a volé.

Nous aurons notre propre Livre Sacré, dans lequel seront écrits des choses cachées pour
la Race Noire et les peuples du Kongo. Il sera transcrit à l’aide d’une écriture que je
viendrai moi-même vous inspirer. Un Nlongi (Instructeur/Enseignant) viendra avant mon
retour pour écrire ce Livre et préparer l'arrivée du Roi. Il sera combattu par la génération
de son temps, mais petit à petit, beaucoup de gens comprendront et suivront son
enseignement.

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Vous ne savez pas encore ce que c'est qu'une Guerre Spirituelle. Quand les peuples
Kongo commenceront à se libérer, un pays qui osera attaquer le Kongo, sera englouti
sous les eaux. Vous ne connaissez pas encore la puissance de ceux qui sont envoyés par
le TOUT-PUISSANT.

A quoi sert à l'homme de s'attaquer à Dieu si, le jour de sa mort, même s'il avait beaucoup
de biens matériels, il n'a même pas le temps d'arranger son doigt ? Vous ne savez pas de
quoi est faite votre vie et pourquoi vous vivez. Car, exister physiquement c'est apparaître
comme presque rien. Pourquoi tuer votre prochain et espérer rester en vie et pour
combien de temps ? Dieu n'est pas le temps, ni l'espace. Il est un TOUT dans le TOUT
(Wena wa Kalunga).

La génération du Kongo perdra tout. Elle sera embrouillée par des enseignements et des
principes moraux pervers du monde européen (Mavanga ma bisi Mputu). Elle ne saura
plus les principes maritaux de ses Ancêtres. Elle ignorera sa langue maternelle. Alors je
vous exhorte à ne pas négliger ni mépriser vos langues maternelles. Il faut les enseigner à
vos enfants et à vos petits enfants. Car viendra un temps où les langues des Blancs
seront oubliées. Dieu le Père a donné à chaque groupe humain (Nkangu wa bantu) une
langue qui sert comme d'une alliance de communication (Nsinga wa Mbila).

Préparez-vous à la prière. Alors prions :

Prière à Vous tous les Anges du Trône Céleste, source de notre existence !
Prière à Vous les Sept Anges qui siègent à la Cour de DIEU TOUT-PUISSANT !
Prière là où se lève le Soleil et là où se couche le Soleil !
Prière à l'Est et à l'Ouest !
Prière à Vous notre DIEU CRÉATEUR (Mbumba Lowa) !
Prière à Vous notre DIEU GOUVERNEUR de l'Humanité (Mpina Nza) !
Prière à Vous tous les Anges de la Terre et de l'Air !
Prière à Vous tous les Anges qui gouvernent les Eaux et le Feu !

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Au nom de l'Oeuvre que Vous m'avez confiée devant les Cieux et la Terre, je le répète
trois fois :

Faites à ce que Votre sainte bénédiction puisse remplir les cœurs de ceux qui se
lèveront pour aider les peuples du Kongo !

Je Vous le répète encore trois fois et je m' adresse à ceux qui mépriseront mon
oeuvre par IGNORANCE, j'implorerai notre CRÉATEUR afin qu'Il leur pardonne et qu'il
leur ouvre la Voie de la Compréhension !

Mais gare à ceux qui vont se servir de couteaux, de flèches, de fusils, de poisons et
de la sorcellerie d'envoûtement ou de tout autre moyen de nuisance pour causer la
mort et la désolation aux peuples du Kongo. Ce genre de truands :

Qu'ils soient des Blancs ou des Noirs,


Qu'ils soient des Bakongo perdus ou des Bangala,
Qu'ils soient des Baluba ou des Swahili, ces esprits des Ténèbres (Mpeve za
bunzimbu).

Je le jure au Nom de tous les Envoyés qui ont été tués au Kongo, en Afrique, en Asie,
en Amérique et en Europe : que leurs Esprits maudissent ces ignobles individus !
Qu'ils soient détruits et envoyés dans les Prisons Spirituelles des Cieux !

Je le demande et je le commande à Vous tous les Anges des Cieux et de la Terre, de


mener un combat pour le progrès humain et divin (Mpeve za Ntemo wa Bantu) !

Je le répète encore trois fois devant les Cieux et la Terre : gare à ceux qui continuent
à chercher la désolation dans les quatre coins du monde !

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Venez ! Oh ! DIEU TOUT-PUISSANT ! Je Vous appelle, ainsi que tous les Anges de la
Guerre (Mbasi za Mvita), afin de conduire un combat contre ce monde des ténèbres
(Nsi ya bubu) !

Vous êtes un DIEU VIVANT. Je Vous implore sans cesse (Ngieti ku fiongonena) au
nom du sang versé par tous Vos Envoyés, et de leurs humiliations. Je Vous le
demande et je Vous le recommande, oh ! DIEU D'AMOUR (Kalunga) : venez avec Vos
Anges des Cieux et de la Terre pour détruire cette humanité des ténèbres (Mahanza
ma kibubu) qui continue à se moquer de Votre Amour Majestueux !

Je demande à ce que la Guerre éclate encore en Europe (Mvita yabua diaka ku


Mputu), pour que la Race Noire se réveille et puisse revêtir une maturité qu'elle avait
perdue depuis les temps les plus reculés.

Que Votre Alliance soit sanctifiée et bénissez les peuples KONGO et la Race Noire de
toute l'humanité !

INGETA (AMEN) !"

Il est à noter que lorsque le prophète Simon Kimbangu parle du peuple Kongo ou Kongo, il
parle de l'ancien royaume Kongo (Kongo Dia Ntotila) qui s'étend aujourd'hui en RDC
(République démocratique du Kongo, ou Kongo-Kinshasa), en Angola, au Kongo
Brazzaville, au Kongo Gabon, mais comprend également tous les Bantous d'Afrique.

26
II. LA COSMOLOGIE KÔNGO
ET LA CONVERGENCE DU
BUKÔNGO AVEC LES
RELIGIONS DE KEMET ET DE
SUMER
LA COSMOLOGIE KÔNGO ET LA CONVERGENCE DU BUKÔNGO
AVEC LES RELIGIONS DE KEMET ET DE SUMER
KIATEZUA LUBANZADIO LUYALUKA

Biographie de l'auteur

Kiatezua Lubanzadio Luyaluka est titulaire d'un doctorat de la Trinity Graduate School of
Apologetics and Theology, Kerala, Inde. Il est actuellement directeur du Nzil’alowa, une
académie d’initiation à la spiritualité autochtone africaine. Nzil’alowa comprend l’Institut des
Sciences Animiques, un centre de recherche afrocentrique axé sur la spiritualité et
l’épistémologie africaine, qui sont les principaux sujets des publications du Dr Luyaluka.

Résumé

L'objectif principal de cet article est de démontrer la validité de la description de la genèse et


de la dynamique du cosmos dans la culture Kôngo.

Cette compréhension cosmogonique et cosmologique de l'univers a été atteinte bien avant que
l'Occident n'arrive à produire sa modélisation mathématique de la dynamique du cosmos.

Les conclusions cosmologiques atteintes dans le Bukôngo incluent le modèle héliocentrique,


l'effet gravitationnel, et à cela s’ajoute le concept de trou noir. La culture Kôngo, ainsi que les
anciennes civilisations de Kemet et de Sumer, en sont venues à l'affirmation de l'existence de
trous noirs grâce à l'utilisation de la modélisation offerte par leur religion qui est par essence
une science exacte.

28
1) Introduction et mots-clés

Du point de vue eurocentrique, la culture Kôngo, ainsi que les civilisations antiques de Kemet et
de Sumer, ont acquis beaucoup d'informations par des moyens qui restent inexpliqués. Parmi
celles-ci se trouvent une connaissance précise du cosmos.

Cependant, de nouvelles découvertes dans le domaine des mathématiques, et le caractère


indispensable de la science des nombres, dans la compréhension du cosmos laissent de
nombreux érudits moderne presque sans voix sur la capacité de ces cultures solaires passées
(cultures centrées sur le divin) à avoir mieux fait dans leur connaissance de l'univers.

La situation devient d'autant plus douteuse pour la pensée eurocentrique lorsque, dans le cas de
la culture Kôngo, où, comme à Kemet et Sumer, la religion est perçue comme sous-jacente à
tous types de connaissances, dont la cosmogonie et la cosmologie (Mabika Nkata, 2005;
Luyaluka, 2020). Cette nature fondamentale de la religion solaire ne pouvait que conduire les
penseurs européens à considérer les concepts cosmologiques de ces civilisations solaires en
termes de mythes imaginaire.

En accord avec ces voix dissidentes, le but du présent travail est de divulguer au monde le
concept bantou-kôngo de l'univers et sa scientificité. Ceci sera démontré en soulignant la
convergence du Bukôngo, la religion Kôngo, avec les religions de Kemet et de Sumer. Car, nous
prouverons que la culture Kôngo partage la même religion que ces anciennes civilisations.

La religion a permis à ces civilisations solaires d'arriver à une compréhension simple de la


dynamique de l'univers grâce à la modélisation théologique.

La modélisation théologique a été jusqu'à présent inconnue de l'érudition eurocentrique moderne


parce que la religion et la science dans la vision lunaire (basée sur le matérialisme) sont deux
domaines séparés et même antagonistes. La première étant une simple croyance, tandis que la
seconde est de plus en plus ancrée dans une rationalité inductive qui, dans la plupart du temps,
repousse la religion comme un tas de mythes et d'affirmations non démontrables.

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Mots clés

Remarque: avant de vous plonger dans cette pièce, il est important de bien
comprendre les mots suivants.

Bukôngo
Religion traditionnelle africaine
Kemet
Sumer
Argument cosmologique
Trou noir
Modélisation
Gravitation

2) Méthodologie

Le “New Collegiate” Dictionnaire de Webster définit la cosmologie comme une branche de


l'astronomie qui «traite de l'origine, de la structure et de la relation espace-temps de
l'univers», tandis que la cosmogonie est expliquée comme une «théorie de l'origine du monde
ou de l'univers» (Woolf , 1977, p. 257).

Il ressort clairement de ces entrées lexicographiques que la cosmologie comprend deux


domaines:

• La cosmogonie comme étude de l'origine de l'univers.


• La cosmologie comme étude de la structure et de la dynamique de l'univers.

Ces deux branches se retrouvent dans le Bukôngo, comme dans toutes les autres cultures
solaires, à travers les archives de son iconographie, de ses proverbes et de ses rites.

30
3) Convergence du Bukôngo avec les religions de Kemet et de Sumer

Dans le Bukôngo, ainsi que dans les religions de Kemet et de Sumer, le Très-Haut est décrit
comme transcendant. Cette transcendance du Très-Haut dans ces religions se voit aussi dans
le fait que les prières ne lui étaient pas directement adressées (Van Wing, 1956; Bittremieux,
1936; Cuvelier, 2006; Luyaluka, 2020).

À propos de la doctrine de la trinité solaire, nous apprenons de la théologie de Sumer qu'Enlil


a aidé Enki dans le processus de création de cet univers temporel (Langdon, 1917). Tout
comme Mpina Nza assista Mbûmba Lowa.

L'existence de la trinité solaire est attestée par Batsikama (1977) comme étant la fondation de
la nation Kôngo. Il est même proverbial chez le peuple Kôngo que: «Makukua matatu malâmba
Kôngo, mamôle mbodi amâmbu», ce qui signifie littéralement que la nation Kôngo est comme
une cocotte posée sur une cuisinière à trois pierres; deux pierres ne peuvent être qu'un
désordre. Il convient également de mentionner que, selon la prière du prophète Kôngo Simon
Kimbangu, Mpina Nza est, comme dans la religion sumérienne, le gouverneur (Bandzouzi,
2002; Luyaluka, 2020).

Cette trinité existe aussi dans les différents réçits de création de Kemet et également à Sumer
avec Anu, Enki et Enlil.

Il est aussi important de souligner l'origine nubienne des tribus Bantous dont fait parti les
Besikôngo. En effet, de l'analyse des cosmogonies Kongo et de Kemet, nous pouvons
ressortir les faits suivants:

Dans les deux religions, on enseigne la descente et la montée des âmes par des cycles de
vie symbolisés par des mouvements en spirale.
Tout comme à Kemet, le Bukôngo enseigne l'existence de plusieurs cieux ou plans
supérieurs au plan terrestre.
La présence dans les deux religions d'un monothéisme hiérarchique.

31
4) Cosmologie Kôngo

La convergence qui existe entre le Bukôngo et les religions de Kemet et Sumer implique qu'elles
sont de la même Science Divine, qui s'est avérée être une science exacte. Cette étude
synthétique de ces 3 religions permet de mieux appréhender la modélisation théologique qui a
permis à ces civilisations d'atteindre une compréhension de la genèse et de la dynamique de
l'univers qui échappe encore à la science moderne.

L'état primitif de l'univers

En énonçant la cosmologie Kôngo, il faut partir de la prémisse posée par Kemet et Sumer. À
savoir qu'avant le commencement, le ciel et la terre étaient unis. L'unité du ciel et de la terre est
représentée à Kemet et à Sumer par l'unité de leurs eaux. La théologie de Sumer, par exemple,
affirme que «leurs eaux se sont mélangées» (McCarter, p. 67).

L'explication de la nature de ces eaux vient du Bukôngo. On dit que les saints ancêtres
demeurent dans l'eau, mpêmba, ce qui signifie un royaume de pureté (Fukiau, 1969). Cependant,
nous savons par le processus d'initiation que l'initié vit entouré des saints ancêtres.

Cette doctrine est exprimée par le chant suivant de l'académie Lêmba:


Kubele bântu,
Kubele Bakulu,
Hé Mahûngu e!
Nge bahungila!
Badianga (Fukiau, 1969, p. 43).

La traduction de cette strophe, qui parle au nouvel initié dans le processus de sa formation, est
la suivante:

32
Où demeurent les humains de ce plan,
Où résident les ancêtres,
Eh Mahûngu Eh!
Ils se rassemblent autour de vous.
Ceux qui mangent.

Ceux qui mangent et se rassemblent autour du nouvel initié dès le moment de son initiation,
l'entourant jour et nuit, sont les saints ancêtres qui sont censés vivre dans l'eau, mpêmba. Par
conséquent, on comprend facilement que, bien que représenté par l'eau, mpêmba représente un
état de conscience caractérisé par la pureté. Ce n'est pas une eau physique qui est évoquée ici
comme la demeure des saints ancêtres. De la même manière, les eaux terrestres représentent
un état opposé de conscience. Ici, tout comme avec le Duat à Kemet, le monde des vivants et
celui des morts est sêparé par des eaux.

"Le Commencement"

Le Bukôngo explique la condition qui a déclenché le début de notre univers comme étant la
désobéissance de certains enfants de Dieu. Cet enseignement se retrouve dans le mythe de
Mahûngu.

Selon ce mythe, le mûntu, l'être humain, était autrefois divin.


Le mythe nous dit que Dieu planta un palmier et interdit au mûntu de le contourner. La
désobéissance à Dieu a poussé le mûntu à faire le tour du palmier, perdant ainsi la perfection
divine. Le mûntu se retrouva divisé en deux êtres: un mâle (Muzita) et une femelle (Lûmbu). Le
contour opposé du palmier n'ayant pas restauré leur unité et leur divinité anciennes, Muzita et
Lûmbu décident de se marier.

Ainsi, selon ce mythe, la perte de la perfection céleste est le résultat de l'abus du libre arbitre
qui leur fut donné par le Très-Haut. Le mythe enseigne aussi qu'une fois perdue, la perfection
divine du mûntu ne peut être retrouvée par des moyens humains.

33
La création de la terre

Le Bukôngo enseigne à travers le mythe de Mahûngu que l'abus du libre arbitre a abouti à
l'actualisation du mal et à la chute de l'humanité. Cela a amené Mpina Nza, la Parole, à séparer
les cieux de la terre.

Ici, la création consiste à illuminer la terre (conscience temporelle) et à aider les entités déchues
à prendre forme. Pour exprimer cela, un proverbe Kôngo insiste sur le fait que: «Nzâmbi Mbûmba
wula kuani kavânga» (Stenström, 1999, p. 48). Ce proverbe dit littéralement que «Dieu est un
potier, il n'a fait qu'une écorce». En d'autres termes, Dieu n'a donné qu'une forme, une nature
visible, à quelque chose qui existait déjà de manière informelle ou chaotique. La création de la
terre, d'ordre temporel, a consisté à éclairer, à donner une forme et à ordonner des entités
sorties du chaos primitif après la chute.

Le commencement de l'univers temporel

Parlant du lieu de la terre et de sa condition avant l'acte de création, les annales de Kemet et
celles de Sumer font allusion à une abîme. Révélant l'explication bantous de ce lieu, Théophile
Obenga (1999) affirme que généralement pour eux, «le lieu de la première création est un grand
trou d'eau tourbillonnante ou lit de roseaux, situé à l'Est» (p. 40).

Interrogés sur la création de la terre, les initiés Kôngo répondent généralement par le proverbe
suivant: «Nzâmbi walâmba luku, tôngo beto bântu» (Dieu a fait le fufu et nous les êtres humains
sommes son plat principal). Maintenant, le point sur le lieu de la terre dans ce dicton est que
pendant le processus de cuisson, le fufu est une masse rotative de solidification bouillante de
pâte de manioc émergeant de la profondeur de la cocotte.

Ainsi, la religion solaire modélise le lieu de la terre, de l'univers temporel par une abîme et un
tourbillon de la profondeur d'une cocotte. Sans surprise, la nature illusoire et temporelle de la
chute implique que l'abîme tend vers son néant. De plus, le mythe de Mahûngu enseigne que
rien ne peut échapper à cet abîme par des moyens humains.

34
Un trou noir comme lieu de commencement de notre univers?

Parlant du lieu de la terre et de sa condition avant l'acte de création, les annales de Kemet et
celles de Sumer font allusion à une abîme. Révélant l'explication bantous de ce lieu, Théophile
Obenga (1999) affirme que généralement pour eux, «le lieu de la première création est un grand
trou d'eau tourbillonnante ou lit de roseaux, situé à l'Est» (p. 40).

Le trou noir est, selon la cosmologie de Bukôngo, le lieu du début de notre univers temporel
avant et après la création. Comme nous l'avons dit plus haut, avant l'acte de création, la terre,
c'est-à-dire l'univers temporel, est dans une chute sans fin dans le trou noir. Le mythe de
Mahûngu enseigne que le trou noir tourne dans le sens des aiguilles d'une montre (Fukiau, 1969,
p. 92). Or, comme nous l'avons dit plus haut, avant la création, la condition de l'univers temporel
est celle de s'enfoncer dans le trou noir, tandis qu'après la création l'univers émerge
progressivement du trou noir dans un mouvement accéléré dans le sens contraire de l'aiguille
d'une montre. (Janzen, 1982; Fukiau, 1969).

Dans la cosmologie Kôngo, notre univers se trouve donc dans un trou noir.

Comme le modélise théologiquement dans Bukôngo, dans la religion solaire, nous pouvons
définir le trou noir comme une onde résiliente de puissance gravitationnelle circonscrivant tous
les événements d'un univers temporel (une terre et ses cieux) et se déplaçant dans le sens des
aiguilles d'une montre.

Combien de trous noirs y a-t-il?

Selon la religion solaire, à chaque univers temporel correspond un trou noir comme lieu de
commencement.

Faisant allusion à la cosmologie de Kemet, Cheikh Anta Diop (1972) révèle l'existence de
nombreux univers temporels où chacun de ces univers est inclus dans un lieu qui est un trou
noir. Il y a donc au moins autant de trous noirs que d'univers temporels. La somme totale de ces
univers constitue le multivers, une somme totale de trous noirs.

35
La dynamique du cosmos

Comme beaucoup d'autres cultures solaires, le Bukôngo a une compréhension de la dynamique


du cosmos atteinte par la modélisation théologique. La religion Kôngo exprime cette dynamique à
travers des rites. L'un de ces rites se trouve à Kimpasi, l'académie initiatique sacerdotale Kôngo.

Ce rite est exécuté comme suit:

L'initiateur et le candidat à l'initiation se donnent la main, le premier tourne autour de lui dans le
sens contraire des aiguilles d'une montre, tout en faisant bouger le second autour de lui dans le
même sens.

Le même rite se retrouve à Kinkîmba, l'académie Kôngo d'initiation martiale. Dans ce rite de
clôture du Kinkîmba, l'initiateur saisit le candidat par les pieds, en tournant autour de lui. Il fait
ensuite tourner le candidat pour finalement le jeter à l'eau (Bittremieux, 1936, p. 200).

Ici, l'initiateur représente dans ce rite un «soleil», un enfant de Dieu dans le ciel, tandis que le
candidat incarne la terre déchue. Par conséquent, le rite enseigne que la terre tourne autour du
soleil, tandis que ce dernier tourne autour de lui-même. Cela signifie que les mouvements des
corps de l'univers temporel sont dans le sens contraire de l'aiguile d''une montre.

5) Conclusion

S'éloignant de l'habitude d'étudier la religion traditionnelle africaine en isolement des cultures


religieuses de Kemet et de Sumer, cet article a capitalisé sur la convergence du Bukôngo, la
religion Kôngo, avec les religions de ces deux anciennes civilisations.

La convergence commune de Bukôngo, et des religions de Kemet et de Sumer nous a permis


d'établir leur scientificité. Ainsi, la scientificité du Bukôngo a ouvert la voie à la justification de sa
modélisation théologique du cosmos.

36
A partir de ces prémisses, nous avons pu démontrer la validité de la théorie de la genèse et de
la description du cosmos atteinte dans la culture Kôngo. Cette compréhension cosmogonique et
cosmologique de l'univers a été atteinte bien avant que l'Occident n'arrive à produire sa
modélisation mathématique de la dynamique du même cosmos.

Les conclusions cosmologiques atteintes dans le Bukôngo incluent le modèle héliocentrique et


l'effet gravitationnel comme résultat de l'accélération de l'espace-temps absolu vers son néant. A
cela, le Bukôngo a ajouté le concept du trou noir comme lieu de l'origine de l'univers mais
surtout que l'univers même se trouverait dans un trou noir.

37
III. SIRIUS DANS LA
TRADITION KÔNGO
III. SIRIUS DANS LA TRADITION KONGO

Sirius était l'étoile la plus importante du ciel pour les populations de Kemet et leur calendrier
était basé sur cette étoile. Il est établi que Sirius était parfois identifié à Isis.

Les populations de Kemet croyaient que Sirius était le refuge des âmes disparues, ce que les
Dogons du Mali croient également.

En astronomie, ZITA DIA NZA était le nom que les ancêtres Kôngo utilisaient pour appeler le
Grand Soleil Sirius. Traduit du Kikongo pur, ZITA DIA NZA signifie «Le Centre du Monde». Ainsi,
pour les Initiés Kôngo, le Grand Soleil Sirius est le Soleil du Centre du Monde, «Ntângu ya Zita
dia Nza».

Ce Grand Soleil occupe une place très importante dans la religion Kôngo. Pour certains initiés, le
Grand Soleil Sirius est le Soleil du Centre du Monde ou Ntângu ya Zita dia Nza.

Hormis le Grand Soleil Sirius lui-même, les Initiés de Kôngo parlent beaucoup d'un groupe de
corps célestes voisins de Sirius qu'ils appellent BAKUNDI BA NZILA BA ZITA DIA NZA,
littéralement «les amis de la route de ZITA DIA NZA». Ces étoiles sont invisibles à l'œil nu.

Au Mali, les Dogons parlent aussi du Soleil Sirius et l'associent à des «compagnons» connus
sous le nom de Po Tolo, Emma ya Tolo, etc. (également invisibles à l'œil nu). Le Soleil Sirius est
appelé parmi les Dogons par le terme SIGI TOLO, tandis que les Initiés Kôngo invoquaient dans
le passé ZITA DIA NZA sous les noms: NE SIGI, NE SUGU, NE SUKU.

Les Bamana et Bozo du Mali connaissent également le Soleil Sirius et ses compagnons qu'ils
appellent FA DOLO FLA signifiant les deux étoiles de la connaissance. Ces deux étoiles de la
connaissance font référence à SIRIUS "A" et à son compagnon SIRIUS "B".

39
Bien avant l'époque coloniale, même les Khoikhoi d'Afrique australe connaissaient le Soleil
Sirius et ses compagnons invisibles. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que l’Occident a fini par
découvrir que Sirius avait des compagnons en utilisant des appareils dont nos ancêtres n’avaient
même pas besoin.

Source: Extrait et adaptation par Ntumua Mase de la brochure intitulée L'AUTHENTICITE ET LA


CIVILISATION écrite par NE MUANDA NSEMI (Édité pour clarté)

40
CREDITS
ZEBEN ZEBEHI
DR. KIATEZUA LUBAZANDIO LUYAKULA
THE KRAAL TEAM
AFRICAN CREATIVE FORCE

41
RESSOURCES POUR APPROFONDIR & REFERENCES

Luyaluka, K. L. (2010) La religion kôngom ses origines egyptiennes et sa convergence avec le


christianisme
École Kimuntu de la tradition Kongo
Kindoki: An African Mystery Elucidated
Luyaluka, K. L. (2012) La Spiritualité Afrocentrique
Luyaluka, K. L. (2016) The Scientificity of african Traditional Knowledge
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