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NUMÉRO 005, VOLUME 1 – JANVIER 2022

Coordinateur
ASSANVO A. Dyhie
Akofena, revue scientifique des Sciences du Langage,
Lettres, Langues & Communication
https://www.revue-akofena.com

D.O.I : https://doi.org/10.48734/akofena

PÉRIODIQUE : SÉMESTRIEL

CC BY 4.0 - Creative Commons

Sous-direction du dépôt légal, 1er trimestre


Dépôt légal n°16304 du 06 Mars 2020
----------

Éditeur :
L3DL-CI, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire

ISSN-L (imprimé) 2706 - 6312 E-ISSN (en ligne) 2708 - 0633


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http://www.sudoc.abes.fr/cbs/xslt//DB=2.1/SET=3/TTL=
1/CMD?ACT=SRCHA&IKT=1016&SRT=RLV&TRM=Akofena

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y-published-journal-articles-week-21-2020
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COMITÉ SCIENTIFIQUE & DE LECTURE
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§ Prof. FOBAH Eblin Pascal, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
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§ Prof. HIEN Sié, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Dr (MC) HOUMEGA Munseu Alida, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
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§ Dr (MC) ZAKARI Yago, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire

International
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§ Prof. AINAMON Augustin, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
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§ Prof. GBAGUIDI Koffi Julien, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
§ Dr (MC) KABORE Bernard, Université Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso
§ Prof. KANTCHOA Laré, Université de Kara, Togo
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§ Prof. MALGOUBRI Pierre, Université Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso
§ Prof. MOUS Maarten, Université Leyde, Pays-Bas
§ Dr (MC) OULEBSIR-OUKIL Kamila, Ecole Normale Supérieure de Bouzaréah, Algérie
§ Dr (MC) OUÉDRAOGO Mahamadou Lamine, Université Norbert Zongo, Burkina Faso
§ Prof. PALI Tchaa, Université de Kara, Togo
§ Prof. QUINT Nicolas, Université Paris Villejuif, France
§ Dr (MC) RAKOTOMALALA Jean Robert, Université de Toliara, Madagascar
§ Dr (MC) RAZAMANY Guy, Université de Mahajanga, Madagascar
§ Dr (MC) REDOUANE Rima, Université Abderrahmane MIRA-Bejaia, Algérie
§ Prof. TCHABLE Boussanlègue, Université de Kara, Togo
Akofena, | n°005 – Vol.1 Janvier 2022
https://www.revue-akofena.com/

D.O.I: https://doi.org/10.48734/n5v1.2022
Date de mise en ligne 15 / 01/ 2021
ISSN-L : 2706-6312 //eISSN : 2708-0633
Éditeur : L3DL-CI, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
LIGNE ÉDITORIALE

symbolise le courage, la vaillance et


l’héroïsme. En pays Akan, les épées croisées représentent les
boucliers protecteurs du Roi. La revue interdisciplinaire Akofena
des Lettres, Langues et Civilisations publie des articles inédits, à
caractère scientifique. Ils auront été évalués en double aveugle
par des membres du comité scientifique et d’experts selon leur(s)
spécialité(s). Enfin, Akofena est une revue au confluent des
Sciences du Langage, des Lettres, Langues et de la
Communication. La revue s’adresse aux Chercheurs,
Enseignants-Chercheurs et Étudiants.

M. ASSANVO Amoikon Dyhie


Directeur de Publication
Revue scientifique des Sciences du Langage, Lettres, Langues & Communication

SOMMAIRE
Ligne éditoriale

01 Abdel Fatah NADJLOUDINE 03


Énonciation de la violence et violence de l’énonciation dans Dérangé que je suis d’Ali Zamir

02 Abdessamad MATRAB 19
Quelle est la place dédiée à l’éducation dans le nouveau modèle du développement ?

03 Akponi TARNO 31
Enhancing the teaching of English vocabulary: a challenge for English as a foreign language Teachers
in Togolese secondary schools

04 Amon Cathérine DJORO 41


La reformulación en traducción: ¿ un procedimiento o un error?

05 Baguissoga SATRA 53
Éléments de sélection des œuvres littéraires togolaises pour l’éducation nationale

06 Bédabrou Jean-nanquel KOUASSI 65


Pour une classification et désignation logiques des pronoms personnels selon leurs fonctions syntactico-
pragmatique et référentielle

07 Bernard DRABO 83
Que dire et comment le dire par le proverbe ?

08 Clément KOAMA 93
Anaphore nominale et relations de cohérence : le cas de tout N

09 Daouda TRAORÉ 103


Comportements langagiers et représentations linguistiques dans une communauté en lutte pour sa
survie : le cas de la minorité linguistique blé, au Burkina Faso

10 Djamaleddine NOUREDINE 119


Le français sur objectifs spécifiques (F.O.S.) : état des lieux et perspectives didactiques ; cas des
apprenants de l’institut des sciences vétérinaires ISV de Tiaret-Algérie

11 Dègbédji Eric HASSAWIGNAN 129


Représentations théâtrales populaires et promotion du genre par la troupe Les échos de la Capitale du
Bénin : une dramaturgie au service de l’enracinement de la démocratie

12 Dope Akouvi Patricienne ADETSI 139


Une renaissance dramaturgique ? Le théâtre gabonais contemporain

13 Emilie Gabrielle ANDRIAMBOLOLONA 157


Au-delà des frontières

Akofena ½ n°005, Vol.1 Janvier½ 2022


14 Eric N’dah ANNET 169
La figure du politique dans la presse ivoirienne, construction et perpétuation d’une bifurcation
médiatique : cas de Laurent Gbagbo

15 Etienne MIKOBI MIKOBI 181


Évaluation des pratiques de reconnaissance au travail chez les salariés des sociétés commerciales
congolaises du secteur de l’énergie

16 Gaston MBATSOGO 199


Le défi contemporain de la sauvegarde de la nature : la solution gréco-romaine antique

17 Hera MBO MOKUBA 211


Profil motivationnel des administratifs de l’université de Kinshasa

18 Houssaïne RIFAI 223


Ghita, une femme typique et une voix contestataire, Le Fond de la jarre d’Abdellatif Laâbi

19 Innocent BEKALE NGUEMA & Alexia EPANDJA 233


Le Devoir de violence et Les Mille et une bibles du sexe : extrait de naissance du roman du sexe dans les
littératures subsahariennes

20 Jonathan ENGUTA MWENZI & Giscard MPANGI MOSESELI 245


Qualité de l’écriture et réussite scolaire des élèves

21 Joseph Kabeya MBOMBO 253


Performance des finalistes du secondaire en conjugaison dans les pays de grands lacs, cas de la
République Démocratique du Congo

22 Koffi BONZOU 261


L’usage des conjonctions de coordination dans le langage politique ivoirien et son impact sociologique :
de l’an 2000 à 2020

23 Koffi Nestor N’DRI 275


Éthique professionnelle et éléments du langage des agents des services publics en Côte d’Ivoire

24 Mostafa ABOUTAYEB 287


La technologie vs la presse : quel impact ?

25 Moumouni ZOUNGRANA 297


Mécanismes de gestion des conflits chez les Moose dans le conte L’homme tolérant est l’ami de Dieu

26 Moussa SIDI CHABI & Panaewazibiou DADJA-TIOU 313


Yoruba Beliefs and Monarchy in Yorubaland as Seen through Ola Rotimi’s The Gods Are Not to Blame

27 Nouhou GANO 333


Autour de la problématique de la dissertation littéraire

28 Ousseynou BA 343
Médiation professionnelle et enquête participative par le théâtre-forum : le cas du projet « débattre des
trajectoires des sociétés pastorales » de Voipastorales et la compagnie Kaddu yaraax

Akofena ½ n°005, Vol.1 Janvier½ 2022


29 Penikanitchiligué Yves YEO & Hamanys Broux De Ismaël KOFFI 355
Contribution des réseaux sociaux numériques à la promotion du coupé décalé

30 Robert MAMADI 367


La torture dans Prisonnier de Tombalbaye de A. Bangui et Les Moments difficiles de Zakaria Fadoul Khittir

31 Sanae EL OUARDIRHI 381


Le conte d’une société momifiée

32 Samira MOHAMED BEN ALI 387


Écriture ou transmutation de la trace dans la littérature algérienne francophone à la lumière de la pensée
de la trace d’Édouard Glissant

33 Sihame KHARROUBI & Cherifa ZIDOURI 403


Les webinaires de formation doctorale en Algérie : entre l’offre, la demande et les contraintes de la mise
en pratique

34 Sioudina MANDIBAYE 417


Empire adventure stories in British literature: Joseph Conrad (1857-1924), Rudyard Kipling (1865-1936)
and E.M Forster (1879-1970)

35 Tilado Jérôme NATAMA 427


La lecture d’œuvres littéraires, l’un des moyens d’enrichissement du vocabulaire des élèves : cas d’Allah
n’est pas obligé

36 Zineb MARJOUF 439


L’écriture érotique dans la liaison de Rita EL KHAYAT

D.O.I: https://doi.org/10.48734/n5v1.2022

Akofena ½ n°005, Vol.1 Janvier½ 2022


Akofena, | n°005, Vol.1 – Janvier 2022
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Date de mise en ligne 11 / 01/ 2022
ISSN-L : 2706-6312 //eISSN : 2708-0633
Éditeur : L3DL-CI, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)
Innocent BEKALE NGUEMA & Alexia EPANDJA

LE DEVOIR DE VIOLENCE ET LES MILLE ET UNE BIBLES DU SEXE : EXTRAIT


DE NAISSANCE DU ROMAN DU SEXE DANS
LES LITTÉRATURES SUBSAHARIENNES

Innocent BEKALE NGUEMA


Littérature française et francophone, Université de Lille, France
Rattaché au laboratoire ALITHILA
bekalenguemainnocent@yahoo.fr
&
Alexia EPANDJA
Littérature française et francophone, Université de Lille, France
Rattaché au laboratoire ALITHILA
desiree.epandja@gmail.com

Résumé : Les littératures subsahariennes ont longtemps été dominées par la


poétique de la pudeur : un style exploitant un assortiment narratif pour voiler le
sexe, le révéler dans les silences, à travers les images, les suggestions et autres
stratégies d’écriture. Mais au fil des années et des générations d’écrivains,
l’inscription de la sexualité s’est graduellement affranchie des carcans obstruant
l’expression du sexe. D’Ousmane Socé (1935 & 1937) à Mongo Beti (1957), quelques
écrivains rompent peu à peu le tacite pacte sociolittéraire qui sacralisait la
sexualité et imposait la retenu lors de son évocation. L’œuvre de Yambo
Ouologuem – notamment Le Devoir de violence (1968) et Les Mille et une bibles du
sexe (1969), textes où l’érotisme est constant, irrigue les intrigues telle une
antienne diffusant une ambiance pornographique – passe pour l’extrait de
naissance d’une écriture qui se veut universelle, sexualisée et débarrassée des
pesanteurs idéologiques qui cloîtraient l’écriture romanesque « dans la
référence-révérence à l’endroit d’une Afrique parfois mythique » (Diop, 2007,
p.10).

Mots-clés : Littératures subsahariennes, sexualité, transgression, émancipation.

LE DEVOIR DE VIOLENCE AND LES MILLE ET UNE BIBLES DU SEXE : BIRTH


CERTIFICATE OF SEXUAL NOVEL IN THE SUB SAHARAN LITERATURE

Abstract: Sub-Saharan literature has long been dominated by the poetic of


modesty: a style exploiting a set of mechanisms to obscure sex and its pleasure,
and revealing it in silences through images, suggestions and other narrative
strategies. But other years and generations of writers. But over the years and
generations of writers, the inscription of sexuality has gradually freed from the
constraints obstructing the open expression of sex. From Ousmane Socé to
Mongo Beti, some writers broke slightly the tacit socio-literary pact which
sanctified and objected to speak about sexuality. The Yambo Ouologuem’s work –
notably Le Devoir de violence and Les Mille et une bibles du sexe, in which sex
remains constant, irrigates texts like an antiphon diffusing a pornographic
atmosphere – is considered as the birth certificate of a writing that is supposed to
be universal, sexualized and freed from the ideological heaviness which
cloistered the romantic writing "in the reference-reverence to the place of a
sometimes mythical Africa" (Diop, 2007, p.10).

Keywords : Sub-Saharan literature, sexuality, transgression, emancipation.

Akofena ⎜n°005, Vol.1 233


Le Devoir de violence et Les Mille et une bibles du sexe : extrait de naissance du roman du sexe
dans les littératures subsahariennes

Introduction
« Chaque nouvelle génération doit apprendre et assumer son destin sexuel,
chaque personne doit être encodée selon le statut approprié à l’intérieur du
système », affirmait Gayle Rubin (1998, p.37). Les générations d’écrivains africains
semblent parfaitement intégrer cette vision et assumer leur contemporanéité en
matière de rapport au sexe. Les premiers auteurs africains se sont accommodés aux
codes socioculturels qui leur imposaient, hypocritement, le silence vis-à-vis du sexe,
tandis que les décennies 50 et 60 permettent à certains, en accord avec les mutations
sociales en cours, de prospecter timidement une écriture ouverte aux feux de l’amour
et à la scripturalité du sexe, surtout dans sa relation au désir (Bekale Nguema &
Ngodjo, 2021). Les dernières années de la décade 60 introduisent une ère nouvelle
dans l’expression de la sexualité, laquelle ère se pose comme un aboutissement du
processus de décolonisation sexuelle initié par la génération antérieure. Publiés en
1968 et 1969, Le Devoir de violence et Les Mille et une bibles du sexe – commis sous le
pseudonyme d’Utto Rodolph – s’avèrent fondateurs de ce décloisonnement littéraire.
La présente recherche interroge donc les modalités de l’expérience esthétique
de Yambo Ouologuem. En d’autres mots, comment a-t-il pu et su, par le biais de ces
deux ouvrages, renouveler, sur le plan esthétique et thématique au moins, les
littératures subsahariennes et poser le fondement d’une écriture érotique1 ? Il s’agira
ici, à partir d’une analyse thématique, de démontrer les mécanismes exploités par le
romancier pour déconstruire un certain égocentrisme littéraire, et ouvrir une lézarde
à une production nourrie par une volonté de liberté, brèche que de nombreux
écrivains après lui forceront pour découvrir une écriture entrainante et ouverte aux
vertiges charnels.

1. Le Devoir de violence : réception critique et apport littéraire


D’évidence, la fin des années 60 est une période charnière pour les littératures
au sud du Sahara, particulièrement dans la mise en écriture de l’érotisme. Cette
période donne le ton d’une ère littéraire nouvelle, d’abord marquée en 1968 par
l’édition du Devoir de violence. Après publication, l’auteur et son ouvrage vivent une
histoire mouvementée : « Jamais roman n’aura connu, dans la littérature africaine, de
destin aussi singulier », note Désiré Nyela (2006). Consacré par le prix Renaudot un
mois après sa sortie, le texte est ensuite brutalement soustrait des rayons des

1 On fait ici allusion au sens de cette notion tel qu’on l’entend ou le conçoit généralement dans la littérature

française. L’« érotisme » (ou sous sa forme adjectivée « érotique ») y désigne la sexualité dans son rapport au sexe, à
l’amour, au plaisir et au désir des sens. Les catégories narratives érotisme/pornographie (obscène, grivois,
licencieux… aussi) intègrent la littérature dite érotique. Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter les grandes
œuvres traitant de l’érotisme : Histoire de l’érotisme en Europe (Gorvil, 1933), Le Dictionnaire des œuvres érotiques (Pia &
al., 1971), Anthologie historique des lectures érotiques (Pauvert, 1982), Histoire de la littérature érotique (Alexandrian, 1989),
etc. Ces ouvrages étudient et décrivent des textes abordant les problématiques en lien au sexe et son plaisir, sa
relation avec des concepts comme l’amour, la folie ou la mort..., le désir et la tension qui en résultent, la séduction
et ses ramifications, le corps dans tous ses états, au travers du temps et dans divers groupes sociaux, et ce sous les
prismes anthropologique, littéraire, socioculturel, historique... Le champ de l’érotisme est si étendu qu’Étiemble
(1987, p.31), dans une récrimination contre la pornographie et ses marchands, accumule des adjectifs par trop
souvent usités pour traduire le mot érotique : « Cochon, croustilleux, cru, curieux, égrillard, émoustillant, galant,
gaulois, graveleux, grivois, lascif, leste, libertin, libidineux, libre, licencieux, lubrique, luxurieux, obscène, paillard,
polisson, pornographique, rare, salace, satyrique, scatologique, voilà quelques-uns des adjectifs dont nous
désignons certaines œuvres littéraires que notre siècle habile à tout confondre langagièrement, à tout réduire au
plus petit commun dénominateur, choisit d’appeler d’un seul mot : érotique. »

234 Janvier 2022 ⎜ pp.233-244


Innocent BEKALE NGUEMA & Alexia EPANDJA

librairies en raison d’accusations de plagiat, puis éclipsé durant une trentaine


d’années, alors que l’auteur sombre dans l’anonymat. Sa réédition en 2003, par Le
Serpent à Plumes, peut témoigner à la fois de la réhabilitation de l’auteur et d’une
forme de reconnaissance de la puissance littéraire d’une œuvre iconoclaste clivant.
Reconnaissance aussi du jeu d’intertextes du romancier, entre inspiration, réécriture,
détournement et dérision. Car, on peut aujourd’hui le soutenir : Yambo Ouologuem
ne pille ni Graham Greene – It’s a Battlefield (1934) – ni André Schwarz-Bart – Le
Dernier des Justes (1959) – ni John Dann MacDonald – Les Énergumènes (1962) – ni Guy
de Maupassant – les nouvelles « Le Port » et « Le Gueux » – ni quelque autre auteur ;
mais en tant que styliste, il fait des « appropriations » ouvertes des codes d’écriture
européenne et emprunte aux œuvres de la littérature mondiale. Malgré ces péripéties
qui ont porté atteinte à l’intégrité morale de l’auteur et à la réputation littéraire de
l’ouvrage, Le Devoir de violence est considéré comme un texte majeur dans l’Histoire
des littératures francophones subsahariennes. Dans la préface de l’édition
susmentionnée, Christopher Wise affirme :

[…] la réception critique du devoir de violence constitue l’un des chapitres les
plus intéressants de la littérature africaine. D’aucuns considèrent que
Ouologuem a asséné un coup de grâce à la négritude senghorienne, ouvrant ainsi
la voie à une littérature plus authentique, débarrassée de ce besoin maladif
d’édifier, en Afrique, un passé falsifié. Pour d’autres, le portrait « inopportun » de
l’histoire africaine que dessine Ouologuem a dévoilé au grand jour des horreurs
que beaucoup auraient préféré oublier.

Ouologuem (2003, p.7)

Ce roman bouleverse surtout pour deux motifs, lesquels vont de manière


considérable influencer la prochaine génération. D’une part, le romancier procède à
une rupture esthétique – il enchevêtre dans la narration d’une geste une polygraphie
et des tonalités diverses : l’oralisation du récit, la force de l’image, la liberté de ton2 au
travers de l’insolence et de l’exubérance (d’un jeune écrivain de vingt-huit ans), le
drame, la pornographie, la sorcellerie, etc. – et développe, d’autre part, sur l’Afrique,
un discours aux antipodes de l’image très souvent servie par l’intelligentsia africaine
de l’époque. En effet, il se dégage du texte un sombre tableau d’une Afrique engoncée
dans ses ignominies, dirigée par des hommes peu recommandables. Cette Afrique
esclavagiste, cauteleuse quant à l’usage de la tyrannie, affectionnant les tractations
politiques en tout genre, se vautre dans un océan de malheurs avant l’arrivée du
colon. La lignée des Saïf et ses acolytes portent avec maestria cette image peu
glorieuse, et rivalisent d’ingéniosité à des fins cyniques. L’Africain de pouvoir est
dans cette fresque historique une bête politique ; et la force, mais surtout la ruse
déterminent la longévité et le succès dans le règne animal. Ici, la ruse devient un
atout, un art, celui de « dialoguer avec la vie » (Ouologuem, 1968, p.203), et un moyen
efficace de rallier celle-ci à sa cause. Le romancier prend ainsi à rebours le discours de

2 Dans ses notes de lecture du manuscrit du Devoir de violence, Jean Cayrol, lecteur aux éditions du Seuil, capte très

tôt la grande liberté de ton de Yambo Ouologuem : « Bien que j’aie pu lire depuis des années des manuscrits
d’écrivains noirs, je n’ai jamais trouvé une telle liberté dans la manière de raconter en utilisant le mode caricatural
ou le mode délirant, un tel panorama où tout se mêle : cruauté, érotisme, images fiévreuses etc. » (Orban, 2018, p.7).

Akofena ⎜n°005, Vol.1 235


Le Devoir de violence et Les Mille et une bibles du sexe : extrait de naissance du roman du sexe
dans les littératures subsahariennes

victimisation qui faisait florès dans les milieux littéraires négro-africains en France.
L’image romantique d’une Afrique innocente, parfois naïvement figurée par ses
homologues est battue en brèche.
Concernant la rupture esthétique, l’auteur de la Lettre à la France nègre (1969)
réinvente l’écriture sur le sexe. Il bouscule les lignes, culbute et retourne la sacralité
de la sexualité. Sous sa plume, les réticences morales, culturelles et religieuses qui
pesaient sur les anciennes générations sont aisément franchies. Et l’idée qu’« Écrire,
c’est sodomiser le lecteur »3, acquiert toute sa portée, aussi bien dans la grivoiserie du
récit que sa dimension dramatique : l’orgie sacrificielle dans les entrailles de la
brousse est symptomatique de cette intrication du plaisir, de la sorcellerie et de la
mort (Ouologuem, 1968, p.27), qui ne peut laisser le lecteur indifférent. Émerge de ce
travail de création une écriture scabreuse, une licence qui se veut universelle ; une
écriture où le sexe a droit de cité, peut paraître banalisé, éjaculé au gré des intentions
de l’auteur :

La femme se taisait, pénétrée de sensations très douces. La tête de Kassoumi


reposait sur son épaule ; brusquement il lui baisa les lèvres. Elle eut une révolte
furieuse, et, pour l’éviter, se jeta sur le dos. Il la culbuta. Mais elle rabattit vite son
habit sur sa cuisse, voulut fuir. Il s’affala sur elle, la couvrant de tout son corps,
griffé, tambouriné, harcelé par le cuir des seins et la poitrine orageuse de la
femme. Il poursuivit longtemps cette bouche qui le fuyait, puis, la joignant, y
noua la sienne. Alors, affolée, elle le caressa, lui rendit, lui labourant les reins,
son baiser ; et, flancs gonflés, tout envahie d’un délicieux sentiment de défaite, sa
résistance, elle la sentit, comme écrasée par un poids trop lourd, tomber […] La
femme portait l’homme comme la mer un navire, d’un mouvement lent de
bercement, avec des montées et descentes, suggérant à peine la violence sous-
jacente. Ils murmuraient, sanglotaient au cours de ce voyage, et leurs
mouvements, avec insistance, s’accélérèrent au point de devenir d’une puissance
insoutenable, et qui fusait d’eux. L’homme poussa un grognement, laissant son
arme aller plus vite, plus loin, plus fort entre les cuisses de la femme. Le venin
jaillit ; et soudain ils sentirent qu’ils manquaient d’air, qu’ils allaient exploser ou
mourir ! […] Ils s’en éveillèrent, vibrants, fous, muets ; las ; vidés ; oreilles
bourdonnantes. Comblés, obsédés, tant ils se sentaient toujours possédés l’un
l’autre.

Ouologuem (1968, pp.55-56)

À la différence de Mission terminée (1957), par exemple, texte où la scène érotique


ne va pas à son terme – Mongo Beti explorant dans une scène la tension mue par le
désir et le plaisir de palper un corps de femme ferme et voluptueux –, Yambo
Ouologuem développe de façon fournie l’acte amoureux : de la conquête du
partenaire à l’accouplement, et de celui-ci à l’orgasme, via les différentes pratiques de
sexualité pour y parvenir. Dans le précédent extrait de texte, l’auteur décrit un
accouplement impliquant Kassoumi et Tambira. Les préliminaires à l’acte sexuel : les
passions corporelles de la jeune femme (« pénétrée de sensations très douces »), les
jeux de corps – entre désir et refus incertain –, l’enthousiasme frénétique de l’homme

3 Propos de Catherine Breillat, ici cité à partir de Sexe et littérature aujourd’hui d’Olivier Bessard-Banquy (2010, p.89).

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Innocent BEKALE NGUEMA & Alexia EPANDJA

(« harcelé par le cuir des seins et la poitrine orageuse de la femme ») ; la copulation et


la volupté qui en découle, dont le summum est l’effusion séminale (« Le venin
jaillit »), sont librement mentionnés. L’auteur ose ce que les autres écrivains
s’interdisaient. Sous sa plume, la scène de sexe se transforme en un laboratoire
d’expérimentation. Elle devient simultanément cet espace d’expression de tous les
excès érotiques, et le lieu où le lexique peut parfois, à la fois paraître poétique, très
imagé – comme dans le précédent extrait – et entremêler animalité et obscénité, en
témoigne la description du coït entre Awa, l’administrateur colonial Chevalier et ses
deux setters Dick et Médor :

Comment va ma petite négresse ? interrogea-t-il, engourdi comme une perdrix


dans la bruyère. As-tu joui un peu ? […] – Oh ! jamais je n’avais encore vu ça »,
gémit Awa qu’une claque de Chevalier [l’administrateur blanc] fit aboyer, et elle
se lova de plaisir, haletant sous la cruelle caresse, le branlant comme une reine
ou une savante putain. Sa bouche semblait toujours affamée du mollusque rose
et dodu de l’homme, et sa langue dans sa bouche la démangeait de suçoter la
perle d’un orient somptueux, qui s’écoulait, écumante comme à regret, de la
tige… […] – Awa – une table plantureuse ! Ève aux reins frénétiques, elle cajola
l’homme, l’embrassa, le mordit, le gratta, le fouetta, lui suça nez oreilles gorge,
aisselles nombril et sexe si voluptueusement, que l’administrateur, découvrant
l’ardant pays de ce royaume féminin, la garda pour de bon, vécut une passion
fanatique, effrénée, haletante, l’âme en extase.

Ouologuem (1968, p.71)

La témérité du romancier ne fait donc aucun doute. Le degré de cette


représentation est tout à fait singulier, et prouve que si l’histoire africaine est une
histoire de sang, elle est aussi, à en croire Daniel Delas (2003, p.13), une histoire de
sexe : « scène d’amour « normal » entre Kassoumi et Tambira, scène bestiale entre
l’administrateur, ses chiens et une jeune espionne noire, scène de sexe entre le noir
Madoubo et la jeune Allemande Sonia, observée par un tiers, lequel est à son tour
surpris par sa fiancée qu’il va tuer, scène de viol d’une mère de famille par le
féticheur. » Cette description du chercheur est très fragmentaire. On pourrait y
ajouter d’autres pratiques sexuelles : le droit de dépucelage exercé par Saïf sur son
esclave Kassoumi, le voyeurisme et l’onanisme de Sankolo, les relations
homosexuelles de Raymond Spartacus Kassoumi avec un français nommé Lambert,
son inceste dramatique avec sa cadette Kadidia, les nombreuses orgies en Afrique et
en Europe, etc. Avec ce texte saturé d’images fortes, Yambo Ouologuem signe à la fois
le terme du règne de la pudeur scripturale qui tenaillait l’écriture subsaharienne
francophone, et annonce ou amorce lui-même, « un ton nouveau de la littérature
africaine : moins pudibonde, moins afrocentriste, moins nègre » (Delas, 2003, p.13).
Ainsi, Le Devoir de violence ouvre les portes à un nouveau mode d’énonciation du sexe.
À contresens du style réservé, retenu, qui propose la visibilité du sexe dans les
détours, en filigrane, offrant du coup au lecteur un sexe discret, le romancier malien
oppose et impose un sexe atmosphérique, qui emplit l’espace textuel. De cette
manière, Yambo Ouologuem pose la substructure d’une graphie dénuée de toute

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Le Devoir de violence et Les Mille et une bibles du sexe : extrait de naissance du roman du sexe
dans les littératures subsahariennes

entrave, quasi pornographique. Les Mille et une bibles du sexe en ont justement les
allures.

2. Les Mille et une bibles du sexe : entre réflexions sur l’érotisme et volonté de
choquer
Les Mille et une bibles du sexe sont une œuvre qui apparaît comme une
encyclopédie charnelle. L’auteur y relate des morceaux de vies intimes. Environ trois
cents couples de la classe bourgeoise (des affaires, du spectacle, de l’industrie...)
relatent leurs odyssées sexuelles sous la forme des « confessions-poker ». Au fil des
lignes, le paysage français de la société de plaisir des années 60 se dessine et révèle les
obsessions profondes et les bas instincts d’un Paris libertin. L’avertissement de
l’écrivain suggère que l’ouvrage explore le sexe dans tous ses états. L’auteur partage
de ce fait la philosophie épicurienne – qu’il rive au reste en épigraphe –, qui veut
qu’« Aucun plaisir n’est en soi un mal » (Ouologuem, 1969, p.19). Aucun sentiment
aussi, de honte, d’infraction, de vice, de crime ne devrait peser sur les délices sexuels
et leur scripturalité :

C’est le destin du sexe de paraître moins romantique que le désir. De là sans


doute le classicisme vivant de sa pratique. L’amour y mérite sa place au même
titre que la perversion. Le culte de la complicité y est l’évangile où l’acte noie les
tragédies individuelles. Et les mondes divers de l’orgasme et de la jouissance y
deviennent des venins rares : entretenus par le génie de l’érotisme.

Ouologuem (1969, p.12)

La prédilection de Yambo Ouologuem pour les œuvres de chair, à une époque


où l’érotisme littéraire a le vent en poupe – Le Con d’Irène (1928), Le Supplice d’une queue
(1931), Madame Edwarda (1941), Histoire d’O (1954), la quadrilogie Emmanuelle (de 1959 à
1968), La Négresse muette (1968), etc. –, conduit des critiques à l’instar de Valentin-Yves
Mudimbe à voir en lui un Africain corrompu par la pornographie occidentale,
lorsqu’il n’est pas accusé de mercantilisme éditorial. Loin de tout jugement de valeur,
il est possible d’appréhender dans cette écriture un modèle de désacralisation de la
sexualité. Car le but escompté par l’auteur est probablement de donner à voir le sexe
tel un thème analogue aux autres – voire un tantinet plus complexe à manipuler –,
méritant, si l’on souscrit à l’antécédent propos, une attention du même ordre. Dans
cette perspective, l’écriture ouologuemienne s’inscrirait dans une entreprise plus
vaste : faire de l’érotisme le ferment de la vaste œuvre qu’il ambitionne (Gahungu,
2019, p.1). En effet, l’œuvre de Yambo Ouologuem soumise sans suite éditoriale entre
1963 et 1968 aux éditions du Seuil – Le Devoir de violence, La Salive noire, Humble soif,
etc. – témoigne non seulement d’une « ébullition créative », mais également de la
constance de l’érotisme. Pour quel but ?
Céline Gahungu interroge à bon droit cette dimension caractéristique de sa
production dans « Ouologuem porno/graphe : une érotique de la création ». Elle y
démontre la fascination du romancier pour l’immédiateté et le dynamisme de
l’œuvre érotique ; car le travail de création de cette catégorie narrative implante « une
dynamique de lecture mimétique ». En d’autres termes, comme le souligne dans une

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Innocent BEKALE NGUEMA & Alexia EPANDJA

moindre mesure Roland Barthes (1973), l’auteur faisant dans le style licencieux suscite
– volontairement souvent – une émotion chez le lecteur de nature à transformer la
communion avec le texte, dans la lecture, en une jouissance. La réussite de l’effet
réside dans la finesse du subterfuge mobilisé par l’auteur : la manière dont il flagorne
l’imagination du lecteur, l’alternance des rythmes, la succession des scènes érotiques
visant à entretenir le désir, etc. Par le biais de ces procédés narratifs, au-delà du
« système » en construction (bien qu’inachevé), Ouologuem brode ses liens avec le
lecteur, révélant en même temps un art : « La praxis et la théorie littéraires de Yambo
Ouologuem accordent aux lecteurs une place importante : l’écriture prend les
proportions d’un nouvel art d’aimer dont ils sont les destinataires privilégiés »
(Gahungu, 2019, p.3).
Dans tous les cas, par ce travail de création, on peut s’accorder sur l’effet dé-
scandalisant de cette écriture polymorphe, qui rompt à l’occasion avec les
nostalgiques de l’invulnérable pudeur verbale, devenue inconsciemment chère au
lecteur africain. Cette écriture réduit le caractère choquant de la scripturalité de
l’érotisme par le flux de scènes et la visibilité des pratiques que la société tente de
mettre en marge. La stratégie pornographique se décèle à ce niveau. Car, se référant à
Dominique Maingueneau (2007, p.33), le récit pornographique a un but, il « entend
donner une visibilité maximale à des pratiques auxquelles la société cherche au
contraire à donner une visibilité minimale, voire pour certaines aucune visibilité. » La
société, qui encode son mode de fonctionnement pour des raisons qui paraissent
évidentes, distingue ce qui peut être montré de ce qui ne peut l’être. Le texte à
caractère pornographique, en revanche, « se donne le droit de tout montrer, mais ce
« tout » n’est en réalité que tout ce qui ne doit pas être montré » (Maingueneau, 2007,
p.33). Là réside entre autres la dimension transgressive de cette catégorie textuelle. La
« Note au lecteur » – l’« Avertissement » y compris –, qui révèle les machineries
romanesques de l’écrivain, est à ce sujet édifiante :

Ce livre étonnera sans doute le lecteur ; mais si je prends sur moi de présenter ce
livre, c’est aussi pour lui demander assez d’indulgence pour ne pas crier au
scandale. Que le lecteur pense seulement que quiconque fait l’amour, ne pense
plus à penser. Il en arrive au point où il ne pense plus à rien. Il vit. Il se veut vrai,
et il existe. Qu’on le veuille ou non, tout couple sain est érotique, chacun selon sa
propre formule. Et ce livre est un document. C’est un voile qui est levé sur la vie
privée de divers couples.

Ouologuem (1969, p.7)

Au-delà de la désacralisation qu’on peut percevoir, se trouve entre autres la


volonté de révéler la complexité de ce sujet, lorsqu’il est notamment question de mise
en écriture du sexe-plaisir par un Africain. L’auteur, sans doute conscient de
l’agitation susceptible d’engendrer cette œuvre – ne souhaitant éventuellement pas
déchaîner un énième scandale –, le publie sous alias. Dans sa machination, il informe
que le texte n’est pas de lui, mais d’un aristocrate parisien – qu’on imagine être ce
fameux Utto Rodolph – qui lui aurait remis un manuscrit de 2400 pages. À force de
réécriture passionnée, il aurait réduit cette bible aux 370 que comptent
approximativement Les Mille et une bibles du sexe. Le texte en lui-même pourrait

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Le Devoir de violence et Les Mille et une bibles du sexe : extrait de naissance du roman du sexe
dans les littératures subsahariennes

passer inaperçu4, se révéler sans grande originalité et sans intérêt littéraire majeur,
mis dans son contexte, l’histoire littéraire européenne des années 60. L’un des
objectifs de Yambo Ouologuem – son écriture le prouve – était de fuir le
cloisonnement catégoriel vers lequel ses collaborateurs du Seuil l’orientaient à
travers l’africanisation de ses récits. Il souhaitait plutôt s’assimiler à un écrivain
français et incorporer sa production dans la littérature européenne. Il en imite donc
les codes : Les Mille et une bibles du sexe s’inscrivent parfaitement dans la pure tradition
littéraire européenne du livre érotique. Le Secret des orchidées et Les Moissons d’amour –
peu connus du lectorat africain – sont des romances sentimentales publiées aussi
sous un pseudonyme, Nelly Brigitta – qui ne donne aucun indice sur l’auteur
véritable et ses origines –, pour voiler son identité africaine et fuir une certaine
assignation littéraire. Cela peut légitimer, concernant les travaux sur Ouologuem,
que les chercheurs se soient régulièrement limités – aujourd’hui on note un
changement – à l’étude du Devoir de violence :

La plupart des nombreux critiques qui ont écrit sur Ouologuem, s’est limitée
au Devoir de violence et quelquefois à l’essai Lettre à la France nègre et il faut
attendre le livre très documenté de Sarah Burnautzki, Les Frontières racialisées de
la littérature française : contrôle au faciès et stratégies de passage (2017), pour trouver
une prise en compte de ces textes « marginaux » de Ouologuem mais qui
révèlent en définitive l’importante activité menée par ce dernier sur une période
aussi courte.

Mouralis (2019)

Yambo Ouologuem a un peu signé la mort des Mille et une bibles du sexe en se
faisant cryptonyme. Un texte à caractère pornographique, dans les années 1960,
publié par un auteur noir africain, aurait constitué « un objet curieux », suscité un
intérêt évident. Par ce texte cependant, le romancier affirme un peu plus l’intention
de s’inscrire dans la différence, et construire un « système » où érotisme et création
inondent l’espace textuel en tant que matière de réflexion. La démarche s’avère donc
réflexive. Il tente de cerner l’érotisme. D’où l’invite adressée au lecteur de ne point
juger hâtivement ce qu’il va lire, parce que confronté à une sexualité ob- (en face de
la) scène, ce qui devrait être derrière celle-ci (dans l’intimité), mais d’entreprendre
avec lui cette démarche de compréhension. Cet aspect est déjà présent dans le titre du
jeu, « confessions-poker ». La « confession » est, en soi, la déclaration ou l’aveu d’un
acte blâmable. Cela suggère que les confessés – et l’auteur qui porte les confessions à
l’image du prêtre, mais rompt le secret confessionnal5 – ont conscience du caractère
délictueux, condamnable de leurs actes. Dès lors, pour quelle raison les pratiquer,
peut-on s’interroger ? Mieux, pourquoi les rendre publiques ? Poser leurs confessions
par écrit, les rendre accessibles – même sous anonymat –, admettre qu’ils pratiquent
autant de sexualités alternatives avec pas moins de plaisir, n’est-ce pas finalement un

4 À l’exemple des deux autres romans publiés aux éditions du Dauphin, pourtant à la même période quasiment :
Le Secret des orchidées (1968) et Les Moissons de l’amour (1970).
5 Devrait-on le lui en tenir rigueur ? Ce soustraire aux règles est un peu le fondement du bon pratiquant du jeu,

l’amateur – ici l’auteur (ou l’inter)-prêtre – du jeu doit donc partager ces bases : « […] l’un des plaisirs les plus
fondamentaux de tout amateur de party c’était de n’avoir cure des interdits » (Ouologuem, 1969, p.287).

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Innocent BEKALE NGUEMA & Alexia EPANDJA

moyen de mettre les mots sur les choses et inspirer ou soulever le débat ? D’autant
que ces confessions paraissent, rappelons-le, sous la plume d’un Noir africain. Ces
manèges romanesques participent donc à la mise en réflexion de l’écriture du sexe.
Même si l’on comprend cette approche sur le droit de dire ou d’examiner la sexualité
sous toutes les coutures, de la penser, de l’élaborer, on ne peut toutefois s’empêcher
d’y lire une volonté de provocation, visible dans la manifestation d’une imagination
hors du commun. L’inscription multiple des sexualités marginales et outrancières –
elles irriguent Les Mille et une bibles du sexe, car l’auteur fait le choix de n’énoncer que
les pratiques peu communes, voire interdites6 –, pouvant choquer la vertu, le
religieux, le lecteur africain inaccoutumé de ce genre de récit, semble volontaire. À
cet égard, l’intitulé du premier chapitre, « Les violences de la pudeur », est évocateur.
À lui seul, il pose un décor et dévoile un travail de déconstruction de la pudeur, elle-
même fortement promue par l’église. De fait, il n’est pas étonnant que la première
scène érotique de cette partie dépeigne la singulière aventure d’Isabelle – prénom à
connotation chrétienne – lors de sa nuit de noces. Cette dame, attachée aux principes
religieux, se sanctifie durant trois mois pour des raisons de pureté avant mariage, et
pour apprécier l’acte amoureux dans le strict cadre d’une union légale. Après la
célébration nuptiale à la mairie et la bénédiction à l’église, s’ensuivent des
mondanités au cours desquelles le programme ne se déroule pas comme prévu :
Maurice, son époux, boit plus que de raison et s’en ivre tant et si bien qu’il ne peut
assumer ses devoirs conjugaux. L’auteur soumet dès lors cette femme, qui apparaît
sous les traits de la Sainte Isabelle, aux fantasmes de 5 personnages, parmi lesquels
ses témoins, dans une scène pouvant hérisser le poil d’un fervent religieux
(Ouologuem, 1969, pp.44-45).
L’Afrique n’est pas à l’abri de cette forme de provocation, vu que ses traditions
sont des pesanteurs qui confinent l’expression du sexe à l’intimité. Dans cette
mesure, serait-on tenté de percevoir dans l’imagination aérienne de Ouologuem, une
démarche de désensorcellement : il choquerait pour réinterroger la position de la
tradition sociolittéraire sur l’érotisme. Au moyen d’un tableau surréaliste, il
démontre que « l’érotisme constitue un formidable terrain de jeu et
d’expérimentations textuelles », en même temps qu’il revêt une dimension
« existentielle » (Gahungu, 2019, p.4). Il met en scène, lors de la visite d’une réserve
kenyane, deux couples de touristes blancs et leur guide, un Noir, confrontés à un lion
en rut, attiré par les galipettes des couples et l’odeur entêtante du sperme frais. Pour
apaiser l’animal en chaleur, les excursionnistes essaient d’amener la bête à la
jouissance en la transformant en voyeur : « Régis lève la cuisse de Vive. Il fait

6 Analysant la pornographie filmique dans l’ouvrage appelé Introduction à la pornographie. Panorama critique (2001,
pp.31-32), Claude-Jean Bertrand et Annie Baron-Carvais élaborent une typologie des représentations sur trois
niveaux : « Elle montre :
• au niveau le plus doux, ce que, dans la société actuelle, le citoyen ordinaire fait couramment mais PAS en public
(ex.: se dénuder, avoir un rapport sexuel banal) ;
• ce qui se fait, mais PAS couramment (ex. : le triolisme) ;
• à l’extrême, ce que le commun des mortels ne fait JAMAIS (ex. : un viol) et qui peut relever de la pathologie ou
des tribunaux. » Cette classification a fait l’objet d’une reprise dans l’espace littéraire (Maingueneau, 2007, p.35)
pour examiner la structuration du mode pornographique. En effet, l’auteur présente une pornographie qui se
situerait aussi sur trois degrés, qu’il nomme pornographie canonique, tolérée et interdite. On peut observer chez
Yambo Ouologuem, que ce sont davantage les deux derniers niveaux qui sont les plus courants. Ouologuem choisit
principalement le choc ; il inscrit ainsi ce mode de représentation dans une transgression totale.

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Le Devoir de violence et Les Mille et une bibles du sexe : extrait de naissance du roman du sexe
dans les littératures subsahariennes

doucement tourner l’autre cuisse autour de ses reins, et il la chevauche. Il regarde le


lion. La bête bave avec un feulement où l’on voit la toison de sa queue passer entre
ses pattes, et frapper à cadences mesurées sa verge. » (Ouologuem, 1969, p.290).
L’activité n’a guère l’effet escompté. Bien au contraire, « le fauve s’agite comme un
chat », sa « verge sort de son fourreau », il s’approche du couple « avec des
mouvements de reptation sournoise », prêt à prendre part aux ébats… « Mais Régis
baisse les cuisses de Vive, et le lion surpris s’arrête » (Ouologuem, 1969, p.290).
Comme si la scène décrite n’était pas assez lunaire, entre en scène le Noir. Astucieux,
ce dernier use des ressources inépuisables de son génie pour sauver les couples de
Blancs. Il se décide pour ce, à demi-nu, à masturber ce lion en feu :

Le Noir s’approche du lion. Le Noir avance le bras. Et la fourche herbue se


promène autour des flancs du lion. Le lion tourne. Le Noir a un bond preste et
tourne avec lui. La fourche libre rôde autour de l’anus du fauve, qu’elle caresse.
[…] De sa main restée libre, le guide empoigne la branche. Il pousse,
doucement… Il laisse tourner la branche. La fourche herbue timidement
masturbe le sexe du lion. La fourche libre, elle, flatte le rebord sombre de l’anus,
qui se crispe. Un pas. La gourde suit la cheville. et (sic) le miel coule. Mais la
branche a tourné. Le lion immobile halète. […] Le Noir s’approche, à petits pas. Il
continue ses mouvements sur la branche. A chaque pas, il avance un peu plus,
ses mains sur la branche. Là… Encore quelques mètres […] Quelques
centimètres… Le Noir insensiblement substitue à la caresse des herbes au bout
de la branche la chaleur de sa main, qu’il humecte de salive. La main est d’abord
ailée autour des organes. La branche fourchue écarte bien les pattes arrières (sic)
du lion, et le Noir alors s’enhardit. Il empoigne les testicules du fauve, et le
masturbe. Doucement d’abord, puis à vive cadence ensuite. […] Le lion, yeux
glauques, râlait, flancs agités de soubresauts. C’était un moment de faiblesse
passagère – il fallait en profiter.
Ouologuem (1969, pp.291-292)

L’habile matoiserie du guide extirpe la bande des griffes du lion, et révèle


l’érotisme comme une puissance naturelle, silencieuse, pouvant triompher de toute
forme d’oppressions, museler quelque autorité. Tous – la nature y compris –, sommes
fragiles devant l’empire des sens et les joyeusetés galantes vers lesquelles,
irrépressiblement, il nous cingle. La scène demeure très représentative de
l’inventivité de l’auteur, qui ne s’interdit rien pour l’atteinte de ses objectifs. Son
écriture devient un carrefour où se côtoient le possible et l’impossible, où les
frontières copulent : car vérité et fabulation, réel et irréel fondent et se confondent,
dans une œuvre qui se veut un « document » ayant une approche de témoignage. Ces
artifices attestent globalement de ce travail de désacralisation, de friction –
recherchée – et de mise en question à la fois. Enfin, la démarche de réflexion mise en
exergue plus haut exige de relativiser cette ambition de choc chez Ouologuem. Son
imagination débordante en matière d’érotisme et le vocabulaire exploité pour lui
donner une architecture peuvent simplement intégrer cette démarche. Le seigneur
français de la littérature érotique, Sade – lequel a eu des déboires avec la justice pour
son « impudence » –, confiait que son ambition, loin de l’objectif d’offusquer, était
davantage de pousser les mots à leur point de rupture et de dépassement, aller au-
delà des limites afin d’intercepter ce qu’ils révèlent et éveillent chez l’homme ; un peu

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Innocent BEKALE NGUEMA & Alexia EPANDJA

comme Dostoïevski dévoile progressivement, avec un style accrocheur et des


personnages particuliers, la part sombre tapie en nous.

Conclusion
Entre réflexions et écriture du sexe pour ce qu’il est, transgressions des codes à
la fois sociaux et littéraires et élaboration d’un univers érotique, le travail de création
de Yambo Ouologuem interroge encore. Son « audace » (Kesteloot, 1967) littéraire –
par le truchement une écriture éminemment transgressive, crue, des positions
idéologiques qu’il assume contre vents et marrées – a fait de lui un auteur
difficilement catégorisable. Romuald Fonkoua (2019, p.1) en fait un cas « unique », se
situant : « à l’opposé de la génération qui l’a précédé autant que de celle à laquelle il
appartient. […] L’écrivain malien apparaîtrait bien volontiers plutôt sous les traits
d’un « franc-tireur » ; un être à part pour qui la question politique dès lors qu’elle se
confond au réel (ou à la vie de la cité) est sans fondement si elle n’est pas envisagée
sous un angle global ou international. » Si sa passion pour la liberté l’a conduit à
emprunter un chemin solitaire, le refus de se soumettre à la vision idéologique de la
Négritude, et l’ouverture d’un style intrépide sont probablement le réel héritage qu’il
lègue à la génération d’écrivains après lui. Le Devoir de violence et Les Mille et une bibles
du sexe vont, de façon ostensible, permettre la naissance gémellaire d’un style
nouveau dont Le Devoir de violence passe pour l’extrait de naissance, et des écrivains
émules d’une écriture libérée, ou s’inscrivant dans un processus d’émancipation.

Références bibliographiques
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consultable sur URL : https://www.revue-akofena.com/wp-
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244 Janvier 2022 ⎜ pp.233-244

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