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en compagnie d’une maîtresse ou d’une prostituee, c’est comme ça. Et aujourd’hui encore, on utilise ce réjouissant
euphémisme, « parijse opvattingen », « idées parisiennes », pour évoquer toutes sortes de débauches.
Bien qu’il n’ait pas connu la même fortune que « garçonnière », on retrouve notre « bordel » en Europe du Nord
(Pays-Bas, Lituanie et Pologne), en Europe centrale, orientale et dans les Balkans (Hongrie, Tchéquie, Russie,
Roumanie, Bulgarie), en Europe du Sud (Italie, Espagne et Portugal). Ce qui semble coïncider avec l’épopée
européenne de Napoléon. Chez les Anglo-Américains, c’est on ne peut plus clair, « bordel » se dit « frenchery ».
Les « cartes postales françaises », photographies érotiques de femmes dénudées, éditées en France à la fin du
e e
XIX siècle et au début du XX siècle, ont été largement diffusées – parfois vendues sous le manteau. Elles sont connues
au Danemark, « franske postkort », et aux États-Unis, « French postcards ».
Ô surprise, un argot canaille inspiré du français s’amuse à rebaptiser certaines parties sensibles du corps. Qu’est-ce
qu’un « cul français » ? Un joli petit cul rebondi, me dit-on à Copenhague ; l’attribut peut être masculin ou féminin,
précise-t-on. Que sont les « michelines » ? Ces bourrelets disgracieux autour de la taille qu’on appelle en français
« poignées d’amour ». D’où sort cet euphémisme imaginé par les Espagnols ? De « Michelin », nom d’une marque de
pneumatiques dont l’emblème, mondialement connu, est le Bibendum. En Bulgarie, les appâts féminins ont inspiré
« avangard », « amortissiory » ou « balkon » : pour désigner la poitrine, il n’y a que l’embarras du choix. En Turquie,
« şanjıman » (de « changement »), qui, en turc, signifie « boîte de vitesse », désigne de manière argotique la poitrine
et vites, « levier de vitesse », le pénis. Avec un peu d’imagination…
Les Anglais ont popularisé le « French lover », « amant français », prototype de l’amant performant. Magnifique.
Las ! les Américains en ont dessiné une caricature. « Pépé le Putois », créé par Charles Martin « Chuck » Jones en
1945, est le héros d’un dessin animé mythique. L’animal se promène gentiment dans les rues de Paris au printemps,
saison des amours. Perpétuellement à la recherche du grand amour, il est désavantagé par son odeur insupportable
et un comportement harcelant qui font fuir ses conquêtes. Comme de juste, il parle avec un fort accent français, use
d’expressions typiquement françaises et abuse de l’article « le » ou « la ». Il est facile de le deviner, ce putois très
français est une parodie du French lover. Un nouveau Pepe le Pew est devenu aussi célèbre que l’original. En
mai 2011, le New York Post, premier journal à révéler l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, attribue un nouveau
surnom à DSK… Pepe le Pew. 59-61
OH LÀ LÀ, CES FRANÇAIS ! (2015) DE MARIE TREPS
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plomberie moderne n’est pas bon marché pour des gens qui ont subi six ans de guerre, d’occupation et de
privation. C’est aussi le cas dans 80 % des fermes américaines. » 112 Gripes about the French, Information &
Education Division of the US Occupation Forces,1945. 9
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En Finlande, on trouvera sous l’appellation « patonki, « bâton », notre baguette, et aussi le « pain français »,
« ranskanleipä ». Tandis qu’en Russie, « baton » désigne soit un pain industriel très sec, typique de la période
soviétique, soit un saucisson. Bon. Au Portugal, « casse-tête » désigne un pain long. En Hongrie, « baguet » désigne
un sandwich fait avec un pain blanc, qui ressemble à notre baguette, alors que l’on dit « sandwich » quand il est fait
avec des tranches de pain bis. Notre « baguette » devient « bagietka » chez les Polonais – qui chérissent les
diminutifs affectueux.
En Suède, « pain riche » désigne une « baguette », du nom du fameux restaurant Riche, campé depuis 1896 au beau
milieu du « Petit Paris », quartier chic de Stockholm. Là, restaurant désigne un pain de 500 grammes.
La boulangerie française s’est récemment installée en Irlande avec l’entreprise « Pain de France » : on peut
désormais s’y procurer les modernes croissant ou baguette, mais aussi l’ancien « builín », « miche de pain » – d’après
« boulenc », emprunté jadis aux envahisseurs normands. Au Danemark, on distingue « rugbrød » – c’est un pain de
seigle – et « franskbrød », « pain français » – c’est un pain blanc moulé.
[…] Ah ! le pain français. Partout apprécié, jamais égalé. Vous retrouverez « baguette », souvent escorté de
« croissant » et de « brioche », aux quatre coins du monde. On s’est si bien approprié le pain qu’on lui donne parfois
de petits noms.
En Finlande, on trouvera sous l’appellation « patonki, « bâton », notre baguette, et aussi le « pain français »,
« ranskanleipä ». Tandis qu’en Russie, « baton » désigne soit un pain industriel très sec, typique de la période
soviétique, soit un saucisson. Bon. Au Portugal, « casse-tête » désigne un pain long. En Hongrie, « baguet » désigne
un sandwich fait avec un pain blanc, qui ressemble à notre baguette, alors que l’on dit « sandwich » quand il est fait
avec des tranches de pain bis. Notre « baguette » devient « bagietka » chez les Polonais – qui chérissent les
diminutifs affectueux.
En Suède, « pain riche » désigne une baguette, du nom du fameux restaurant Riche, campé depuis 1896 au beau
milieu du « Petit Paris », quartier chic de Stockholm. Là, « restaurant » désigne un pain de 500 grammes. La
boulangerie française s’est récemment installée en Irlande avec l’entreprise « Pain de France » : on peut désormais
s’y procurer les modernes « croissant » ou « baguette », mais aussi l’ancien « builín », « miche de pain » – d’après
« boulenc », emprunté jadis aux envahisseurs normands. Au Danemark, on distingue « rugbrød » – c’est un pain de
seigle – et « franskbrød », « pain français » – c’est un pain blanc moulé. […] Au Royaume-Uni comme au Canada,
chacun a le choix entre « French loaf », la « miche », et « French bread », la « baguette ». Cette dernière, aussi
appelée « French stick », « bâton français », est, là comme ailleurs, appréciée pour sa croustillante croûte et sa
moelleuse mie. De la Belgique, où on l’appelle « pain français », à Singapour, où elle répond au nom de « roti
Perancis » – ce qui signifie exactement la même chose –, la baguette est un symbole de la France. À Tokyo, une
boulangerie qui fait, dans la tradition, du bon pain tout chaud sorti du four porte l’enseigne « Boulangerie chaude ».
À Shanghai, les grands hôtels ont besoin des ouvriers boulangers formés par des Français : pain de campagne, pain
de seigle, croissant, pâte à la française (pâte feuilletée) sont ici chez eux.
Et partout l’on redoute que les Français ne renoncent à la boulangerie traditionnelle.
[…] « La “baguette” de pain n’est plus ce qu’elle était, les Américains s’inquiètent », www.latribune.fr, 22 août 2013.
Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Un proverbe français dit : « Le pain est le meilleur des gâteaux », et les Français aiment
tant le pain que, lorsqu’il est rassis, ils en font une gourmandise nommée « pain perdu ». Anglais, Américains et
Canadiens l’ont adopté et rebaptisé « French toast ». Ici ou là, le pain est aussi utile à certaines préparations
qualifiées de « françaises ». Et celles-ci n’évoquent ni la pauvreté ni la frugalité, il s’en faut.
Voici le « French dip sandwich », « sandwich trempette à la française », aussi appelé « beef dip », « bœuf au jus » :
tranche de rôti de bœuf (chaude) dressée sur une baguette et arrosée du jus de cuisson. En dépit de son nom, cette
spécialité américaine est inconnue en France. Sans doute est-ce l’utilisation de la baguette et la qualité du produit
qui ont suscité l’appellation « à la française ». Il en va de même pour le « Fransk hotdog », « hot-dog français », régal
danois. La baguette est ici toastée et farcie d’un hot-dog enrobé de sauce crémeuse.
Au Portugal on trouvera la « francesinha ». Qu’est-ce qui se cache derrière cette « petite Française » ? Ce plat
typique de la région de Porto, mais apprécié, des plus âgés aux plus jeunes, partout dans le pays, est une sorte de
sandwich, qui n’a rien à voir avec un maigre « parisien » – jambon-beurre. La « francesinha » est bien lotie : entre
deux tranches de pain, on trouvera du jambon, du fromage en quantité, de la saucisse, du bifsteck, le tout nappé
d’une sauce piquante. Souvenir des invasions françaises au Portugal ? Les troupes françaises avaient, dit-on,
l’habitude de manger du pain avec n’importe quelle viande et beaucoup de fromage. Peut-être. Quoi qu’il en soit, la
« petite Française », c’est l’abondance ! 43-44
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Français & Chaussure et Talon Louis
[…] Au rayon chaussures, Louis XIV a laissé sa griffe avec le « French heel » ou « Louis’s heel », « talon français » ou
« talon Louis ». Vers 1660, un cordonnier nommé Nicolas Lestage conçoit des chaussures à talons hauts pour Louis
XIV afin de compenser sa petite taille – le Roi-Soleil ne mesurait que 5 pieds 3 pouces. Sachez-le, certains talons
mesuraient plus de 10 centimètres et la plupart étaient décorés de scènes de bataille. Pour que le « talon Louis »
parvienne jusqu’à nous, il a fallu qu’une femme s’en mêle. Mme de Pompadour, maîtresse de Louis XV, sera la
première femme à s’en emparer, à le féminiser. Le voici rebaptisé « talon Pompadour ». La tendance a fait son
chemin et, dans les années 1800, les femmes américaines commencent à copier la mode parisienne, y compris ces
chaussures à talons moyens à courbe concave effilée vers l’extérieur, toujours connues outre-Atlantique sous le nom
de « talons français » ou « talons Louis ».
Au XXe siècle, notre « bottine » a séduit les Russes (« botinki ») et les Roumaines (« botină »), les Hongroises ont
opté pour les « trotteurs » (« trottőrcipő »), les Grecques se distinguent avec les « barettes », chaussures à brides. La
« sandale » fait fureur chez les Norvégiens, les Russes, les Roumains et les Turcs – qui connaissent aussi la
« sandalet », la « şoset », « chaussette », et le « şoson », « chausson ». Les Serbes, les Russes et les Ukrainiens
connaissent notre « espadrile ».
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probablement été très réduite. Cet épisode de la campagne française de 1809 a inspiré l’expression « Beszélhetsz neki
mint a beteg franciának », « Tu peux lui parler comme aux Français malades ». On l’utilise dans des circonstances où,
quoi que l’on dise, cela n’aura aucun effet. Autant pisser dans un violon, comme on dit en France. 69
e
[…] On le pensait déjà au XIX siècle, les Français ne comprennent rien à rien. Au siècle suivant, il semblerait que, ni
en Tchéquie ni en Turquie, l’on ait changé d’opinion. Un ami tchèque, journaliste, me rapporte cette expression
hybride fort réjouissante, inventée par ses compatriotes : « Netvař se jako kakabus ». Si, à Prague, on vous adresse
une lettre en poste restante, pour la retirer, il faut impérativement prononcer le « e » final : « poste restante ». Sinon,
on ne vous remettra pas votre lettre et « vous resterez comme caca bouse » ! 70
[…] En 2008, à la une d’un journal stambouliote, une expression cousine de celle inventée par les Tchèques surgit,
elle n’a pas fini de faire du bruit. « Fransız kalmak », littéralement « rester français », signifie en réalité « être à côté
de la plaque, ne rien comprendre à la situation ». Les tergiversations de la France sur la question de l’entrée de la
Turquie dans l’Union européenne sont la cause de ce vif engouement pour cette expression cinglante.
Côté turc, elle traduit une déception certaine vis-à-vis des Français. Côté français, elle trahit une méconnaissance,
voire un déni, de l’Histoire. Car les relations entre la France et l’Empire ottoman sont anciennes – des traités,
établis entre le sultan Soliman le Magnifique et le roi François. Elles ont, ont ouvert aux commerçants français la
voie de la Sublime Porte. Elles ont été fructueuses – au XIXesiècle, des échanges diplomatiques conduisent à
une réorganisation de l’État et de l’enseignement qui se fera désormais en partie en français, au lycée impérial
ottoman de Galatasaray, à partir de 1868. Elles ont été marquantes – au XXesiècle siècle, la modernisation du pays,
l’occidentalisation des mœurs se fait sous l’influence de Mustafa Kemal, qui nourrissait une égale admiration à
l’égard des Lumières, de la France révolutionnaire et de Napoléon… Le Père des Turcs avait misé sur le tiercé
gagnant, en quelque sorte.
Il suffit encore d’un mot pour traduire ce désamour. « Alafranga », littéralement « à la française », qui existe
probablement en turc depuis le XIXe siècle au moins, est spontanément traduit, aujourd’hui, par « à l’européenne, à
l’occidentale ». Dans cette expression, utilisée pour souligner la modernité d’une chose, d’un style, la référence aux
manières françaises a ainsi été gommée… En 2008, à la une d’un journal stambouliote, une expression cousine de
celle inventée par les Tchèques surgit, elle n’a pas fini de faire du bruit. « Fransız kalmak », littéralement « rester
français », signifie en réalité « être à côté de la plaque, ne rien comprendre à la situation ». Les tergiversations de la
France sur la question de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne sont la cause de ce vif engouement pour
cette expression cinglante. 70
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Dans un dictionnaire du parler varsovien au XX siècle, quelque sept cents gallicismes sont répertoriés, dont
beaucoup d’expressions reflétant un certain art de vivre et de converser. Un tantinet désuètes, ces formules
viennent pourtant, pêle-mêle, à l’esprit de mes informateurs : « vis-à-vis », « déjà vu », « à propos », « savoir-vivre », « carte
blanche », « au courant », « bon mot », « chapeau bas », « comme il faut », « enfant terrible », « faux pas », « fin de siècle », « noblesse
oblige », « par excellence ». 25
[…] Les Russes, friands de petites phrases françaises, peuvent décidément remercier Léon Tolstoï, mais aussi
Alexandre Pouchkine et Nicolas Gogol, d’avoir introduit dans leurs œuvres – non en caractères cyrilliques mais en
caractères latins, s’il vous plaît – « Revenons à nos moutons »… « Cherchez la femme ! »… « J’ai d’autres chats à fouetter… » « C’est
e
un enfant terrible ». Comment s’en étonner ? Au XIX siècle, quelques expressions françaises sont devenues un
trait distinctif de la langue russe parlée dans les hautes sphères de la société : Ah ! chère […], и в моей жизни
« tout n’est pas rose », разве я не вижу, что « du train que nous allons », […] нашего состояния нам
ненадолго… Léon Tolstoï, Guerre et Paix, 1878. 24
[…] Ainsi, les Russes se régalent de l’expression « je ne mange pas six jours ». Peut-être une allusion aux soldats
français affamés mendiant lors de la retraite de Russie ? Elle apparaît dans le roman satirique Les Douze Chaises d’Ilia Ilf
et Evgueni Petrov (1928), et depuis elle est prononcée à tout propos, par jeu. Se moquer des Français n’est-il pas
réjouissant ? Le français reste malgré tout une langue liée à la culture dans la bonne société russe. Les jeunes gens
d’aujourd’hui remettent au goût du jour, non sans humour, des expressions qui sembleraient vieillottes aux yeux de la
jeunesse française : « Cherchélafame » (cherchez la femme), « Selavi » (c’est la vie), « Sanfassone » (sans façons)… Et, quand rien
ne va plus, ils n’hésitent pas à user d’une interjection bien française : « Bordel ! »
[…] En Lettonie, on parle de « franču stils », « style français », et cela implique une certaine élégance, en particulier
dans la manière de s’exprimer. 24
[…] Non content de pointer l’infirmité linguistique des Français, on les accuse d’être fort bavards. En Irlande, il existe
un mot bien utile quand votre interlocuteur se lance dans des discours particulièrement vides de sens : « raiméis ».
Le père Breandán Ó Doibhlin, qui a enseigné le français à l’université de Maynooth, soutient que ce fort gaélique
raiméis vient du français « ramage », « chant d’oiseau ». Les Irlandais usent de raiméis ! [roomèche] comme d’une
interjection musclée adressée à qui parle à tort et à travers 25
[…] Au Danemark, « parlør », emprunté au français « parleur », « personne qui s’écoute parler », désigne un manuel
de conversation. 25
Aux Pays-Bas, les intellectuels ont inventé « flux de bouche », expression fleurie correspondant à notre « torrent de
paroles ». 25
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À son tour, l’émigration huguenote a largement contribué à diffuser vocabulaire et bonnes recettes. « Sally lunn » en
est ainsi un souvenir émouvant. C’est le nom d’une brioche, joliment imaginé à partir de « soleil » et « lune » par une
jeune huguenote française réfugiée vers 1680 au pays de Galles. Solange Luyon baptisa ainsi les brioches rondes
comme la lune et dorées comme le soleil qu’elle vendait à Bath. Avec les calvinistes fuyant la France, les mots
français arrivent en masse en terre germanique. À Berlin, un siècle après le début de l’immigration, un habitant sur
quatre se trouvait être d’origine française, et, aujourd’hui encore, l’argot berlinois est truffé d’expressions
pittoresques bricolées à partir de mots français : « Muckefuck », par exemple, qui désigne un mauvais café.
Dès 1669, à Paris, on connaissait le café, car Soliman Aga, ambassadeur du « Grand Turc » auprès de Louis XIV, en
diplomate avisé, en offrait à ses visiteurs. Et on allait bientôt goûter au délicieux moka, importé d’Arabie par les
négociants marseillais. Les immigrés huguenots arrivant de France découvrent en Allemagne du Nord une boisson
pâlichonne et fade, ils ont l’idée d’ajouter au breuvage de la chicorée sauvage, ce qui améliore le goût de la mixture
obtenue à partir de céréales et lui donne la couleur du moka. D’où son nom, « Muckefuck »… « moka faux ». 45
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Français & Élégance
[…] en Norvège, une femme élégante peut être qualifiée de « Française »… 7
[…] Les Allemands n’ont-ils pas créé l’expression mit Schick und Charme, qui évoque outre-Rhin la manière
française de se comporter 7
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rôle sexuels fétichistes et les relations masochistes. Au Japon, on la retrouve dans les « Maid cafe », où les serveuses
revêtent une version collégienne de la « French maid ». Parfait exemple d’acclimatation. 59
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désigne le costume anglais, très chic, soit il désigne un accoutrement, plutôt choc. Sachant que les Hongrois
nourrissent une certaine rancœur vis-à-vis de la France depuis la fin de la Première Guerre mondiale, que devons-
nous penser ? 37
Les Turcs n’en ont pas le monopole, notre chemise, on la retrouve partout. Mais seuls les Espagnols ont le privilège
de compter dans leur garde-robe la « chemilaco », « chemise Lacoste ». Sachez aussi que la Révolution a laissé sa
marque. En Italie, la « camicia alla Robespierre » est une chemise dont l’encolure est taillée très large… Au cas
où.
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Amusant, en Roumanie comme en Pologne, le « rayon sous-vêtements féminins d’un grand magasin répond au
doux nom de « galanterie ». Tandis qu’en Tchéquie et en Russie, « galanterie » désigne une mercerie – ce qui n’est
pas sans rapport. Quant aux dessous des dames polonaises, ils portent un nom délicieux : « ineksprymable ».
Depuis sont apparus le « jupon » et la « combinaison », la « culotte » et le « soutien-gorge », moins affriolants. Quoique.
Depuis les années 1960, les jolies poitrines polonaises sont mises en valeur par la « bardotka ». La prestation de Brigitte
Bardot, vedette du sulfureux Et Dieu créa la femme de Roger Vadim, a dû marquer les esprits en Pologne. Le nom de
l’actrice, pourvu d’un diminutif comme aiment à le faire les Slaves, « Bardotka », littéralement « petite bardot »,
est communément utilisé là-bas pour désigner cette blonde personne. Mieux encore, ce diminutif affectueux a été
choisi pour qualifier un soutien-gorge pigeonnant, un « balconnet ». On devine pourquoi. Pour ce qui est du
comment, sachez qu’il y a de la métonymie là-dessous : notre Brigitte nationale a été réduite à une partie de son
anatomie, charnue et appétissante, sa poitrine. Tout comme le Général avait été réduit à son képi… Et les Polonais
ne se sont pas arrêtés en si bon chemin, puisqu’ils ont baptisé les bas résille « kabaretki » – nom inspiré de
« cabaret », bien entendu. 38-39
Les Anglo-Américaines ignorent notre « soutien-gorge », mais elles disposent de « bra », raccourci affectueux de
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« brassière ». Le nom de cet ancien vêtement français, importé au XIII siècle par les Normands, a été remis au
goût du jour par le magazine Vogue, en 1907, pour baptiser l’invention de l’Américaine Mary Phelps Jacob, dite
Caresse Crosby : un ancêtre du soutien-gorge.
Ce n’est pas tout. Les mêmes disposent de « French cut underwear », le « sous-vêtement à la française », et de
« French knickers », « culotte française ». Mon premier se caractérise par une taille haute et une coupe dégageant
bien la cuisse, mon second est une sorte de short à taille basse, en soie ou en dentelle, dont les jambes amples sont
dépourvues d’élastique. Selon certains, la « culotte française » serait la petite sœur de la culotte à froufrous
portée par les danseuses de French cancan. « French knickers » est généralement traduit par « petite culotte », indice
du sous-entendu sexy prêté à cette pièce de lingerie, comme disent les Anglais.
Car, non contentes de porter des dessous chics, les Françaises s’arrangeraient pour le faire savoir, si l’on en croit les
Anglaises. « It is raining in Paris… », dit-on, à Londres, dans les années 1960 : ces propos commentent l’attitude
aguicheuse d’une fille qui, l’air de rien, laisse apparaître une dentelle, promesse de dessous affriolants. Ces paroles
perfides, cela va de soi, sont susurrées par la meilleure copine… Jalouse. 39
Aujourd’hui ? Le monde semble encore sous le charme suranné de la lingerie française. « Corset », « corsetière » et
« cache-corset », accessoires indispensables à la toilette féminine, ont inondé le continent européen jusqu’au début
e
du XX siècle. Ont-ils disparu ? Point, le « corset » fait un retour timide dans les années 1980, plus marqué depuis la
fin des années 1990, et n’en finit pas de séduire. Le mot et la chose ne sont pas près de s’effacer.
Qu’en est-il du « faux-cul » ? « Pariser Hintern », « cul parisien », et cul de Paris sont les jolis noms que l’on a retenus
pour désigner le faux-cul, outre-Rhin. En 1870, au moment de la guerre franco-prussienne, la mode change. La
crinoline est jetée aux orties et les dames adoptent la tournure et son indispensable accessoire, le faux-cul. On
imagine les Prussiens rentrant chez eux vainqueurs avec le souvenir de ce cul parisien qui fait aux femmes un si joli
derrière… En français, « cul de Paris » a fait long feu : le mot trop grivois a été marginalisé mais il a été longtemps
employé dans les autres pays d’Europe.
Et voici qu’en 2013, on me signale l’ouverture d’une boutique à Tokyo. Les jeunes japonaises y trouvent des
vêtements féminins, chics et bobos. Son enseigne ? « Cul de France ».
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Français & Grogne & Rouspétance
[…] outre- Manche. Celui de Mr. Rude, « Monsieur Malpoli », personnage mal léché à l’accent français prononcé,
héros fort grognon d’un dessin animé très populaire au Royaume-Uni. Sa colère congénitale est figurée par une
rougeur du visage. Eh bien, les Norvégiens semblent avoir observé naguère, chez nos congénères, le même
comportement sanguin. Voyez, la couleur du coquelicot a inspiré l’adjectif « kokeliko », purement et simplement
transposé du français, qualifiant une personne très en colère : « Han er helt kokeliko », « Il est rouge de colère ».
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[…] en Russie, on n’en pense pas moins, comme en témoigne cette observation consignée par Dmitri Pissarev,
révolutionnaire et nihiliste (1840-1868), dans son Esquisse historique : « Quand un Français a la colique, il dit que
c’est la faute du gouvernement. » 11
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Depuis, le mot irlandais « francach », calqué sur « français », désigne à la fois un Français… et un rat ! L’arrivée des
Normands aurait-elle été accompagnée d’une explosion dans la population de rats ? Aucune certitude à ce sujet.
Mais l’on raconte qu’au XIIe siècle, les envahisseurs normands auraient introduit dans la douce Irlande… la
grenouille. Les chroniques relatent l’inquiétude des Irlandais, persuadés qu’aucun reptile ne pouvait vivre sur leur sol
depuis que saint Patrick les en avait chassés. Plus de serpents en Irlande, mais des grenouilles envahissantes, c’était
un bien mauvais présage annonçant sans doute que les « Francach » allaient s’installer pour longtemps. Le double
sens attribué à « francach » au Moyen  ge serait ainsi le fait d’Irlandais facétieux – une sorte de pied de nez à
l’occupant. Des siècles plus tard, la couleur péjorative du mot « francach » est encore nettement perçue car, dans un
souci diplomatique, un Irlandais préférera parler de « luchóg mór », « grande souris », pour désigner le rat à quatre
pattes. On a baptisé les Français « rats » et rebaptisé le rat, voilà bien un héritage linguistique inattendu. 66
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Français & Mauviette
[…] D’un côté, les Français ont été considérés comme des conquérants insatiables et des gendarmes du monde, de
l’autre, on ne se prive pas, aujourd’hui, de les faire passer pour des pleutres. Cette opinion atteint son plus haut
degré d’expression au moment où la France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Dominique de
Villepin, refuse d’approuver le plan d’invasion de l’Irak présenté par les États-Unis au Conseil de sécurité des Nations
unies.
Si les relations franco-américaines n’étaient pas au beau fixe après 1945, elles se dégradent considérablement en
2003. À la une de son édition du 10 février 2003, le New York Post, à l’avant-garde du dénigrement antifrançais,
affiche une photographie des tombes de soldats américains morts en Normandie en 1944 avec la manchette
suivante :
« Ils sont morts pour la France mais la France a oublié ». Et Steve Dunleavy de commenter : « Ces garçons sont morts
pour sauver la France d’un tyran nommé Adolf Hitler. Et maintenant, alors que d’autres garçons américains se
préparent à lutter et à mourir pour sauver le monde d’un tyran tout aussi vil, Saddam Hussein, où sont les Français ?
Ils se cachent. Et proclament : Vive les mauviettes ! » 70
[…] Ressurgit alors une expression désobligeante, « cheese-eating surrender monkeys » – littéralement, « singes capitulards
bouffeurs de fromage ». Inventée par le scénariste Ken Keeler en 1995, et employée pour la première fois par Willie
le jardinier dans « Salut l’artiste », vingt-deuxième épisode de la saison 6 des Simpson, l’expression est alors traduite
par « Rendez-vous, singes mangeurs de fromage ! », puis largement utilisée à partir de 2003 pour souligner
« l’ingratitude » des Français et la mettre au compte d’une lâcheté qui les rendrait incapables de gagner une guerre
sans aide extérieure.
Le 11 mars 2003, les cafétérias des trois bâtiments de bureaux de la Chambre des représentants des États-Unis
modifient leur menu : « French fries », « frites françaises », appellation classique pour désigner les frites aux États-
Unis, se transforme en « freedom fries », « frites de la liberté ». Les « French toasts » – « toasts français », autrement
dit le « pain perdu » – ont aussi été rebaptisés « freedom toast », « toasts de la liberté ».
La chaîne de restauration rapide Subway affiche une publicité jouant sur les mots : « France and chicken », « somehow »,
« it just goes together », pourrait se traduire par « La France et le poulet, d’une certaine façon, ça va bien ensemble ».
Quand on sait que « chicken », « poulet », veut aussi dire « poule mouillée »…
Outre-Manche, on raconte une bonne blague en forme de jeu de mots. Pour l’apprécier, il faut savoir que
« soldier », en anglais, signifie « soldat », bien sûr, mais aussi « mouillette », cette chose délicate et molle que
l’on trempe dans les œufs à la coque. Les Anglo-Américains ont usé de la métaphore culinaire pour stigmatiser la
couardise des Français. Ailleurs, en d’autres temps, on s’y est pris autrement. En alsacien, on qualifie les Français de
« Hàsebock », « lièvres », au motif qu’on les aurait vus détaler lors des invasions allemandes. En norvégien, comme
en polonais ou en russe d’ailleurs, on se sert aussi de « kujon ». Oui, mais chez eux, notre « couillon » désigne un
« pleutre » – et non plus un étudiant peu assidu ou un chaud lapin 71
OH LÀ LÀ, CES FRANÇAIS ! (2015) DE MARIE TREPS
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des guerres napoléoniennes, qui en dit long sur les sentiments qui peuvent animer les Hongrois quand il s’agit de
la France et des Français. « Menj francia ! », mot à mot « Va chez les Français ! », pourrait être traduit exacte ment par
« Va te faire foutre ! ». Napoléon était attendu en libérateur, les Hongrois ont été déçus. Cette injonction est
d’autant plus brutale que, selon certains, en évoquant la France, on évoque du même coup le « mal français ». En
effet, le mot « franc » – prononcé « frantz »– signifiait autrefois la France et, il y a un siècle, le même mot désignait
la syphilis. Aujourd’hui ce sens a disparu mais l’expression « Menj francia ! » est restée, elle est utilisée pour envoyer
promener quelqu’un : « Va te faire voir chez les Français ! »
Dans les Balkans, encore. L’occupation de la côte adriatique par Napoléon a fait assez de bruit pour inquiéter les
Serbes qui ont adopté « buka », « bruit »… de « boucan, et kanonada », « canonnade », utilisé au sens propre comme
au figuré. En Serbie, on a même fabriqué cette expression pléonastique « topovska kanonada », littéralement « la
canonnade du canon ».
En Bulgarie, on se rit de l’héritage administratif français. Dans la formule parfaitement hybride et assurément railleuse
« Ne me kandeurmé pa », « Ne me convaincs pas, ne me persuade pas », on reconnaîtra notre « gendarmer » auquel
on a donné une allure bulgare.
En Russie, des mots disent les misères de la guerre. L’origine du mot « chval » – du français « cheval » – remonte à la
débâcle de 1812. Sur le chemin de la retraite, grognards et cavaliers se trouvent aux prises avec la boue provoquée
par le dégel. Le spectacle de milliers de chevaux pourrissants aurait inspiré aux cosaques le détournement du mot
« cheval » qui, en russe, désigne une « personne malhonnête », autrement dit une « pourriture ». Au jourd’hui, ce
mot est également appliqué à une prostituée de bas étage. « Charomyga » est arrivé, lui aussi, avec les soldats de
Napoléon. Ce mot désignant un mendiant est curieusement tiré de notre formule de politesse, « Cher ami ». Les
soldats de l’armée en déroute, affamés, mendiaient quelque nourriture en s’adressant ainsi aux villageois.
Décidément à la hauteur de leur réputation de courtoisie, les Français.
Dans la péninsule Ibérique, enfin, les guerres napoléoniennes ont suscité des appellations péjoratives. L’empereur
des Français envahit l’Espagne par surprise en 1808, alors qu’elle était son alliée. « Dos de mayo » et « Tres de
mayo », deux tableaux de Francisco de Goya, témoignent de la violence de l’occupation. Elle a laissé un souvenir
particulièrement brûlant et, parmi les mots évoquant les Français spontanément cités par mes interlocuteurs
espagnols, « gabacho » revient souvent.
On ne s’accorde ni sur l’origine du mot, ni sur sa date d’apparition. Pour certains, peu nombreux, « gabacho » serait
issu de « gabán », « redingote » – ainsi, « Gabachos » serait une sorte d’écho du « Szürke » hongrois. Pour d’autres,
majoritaires, « gavach » est un mot occitan désignant un montagnard grossier, originaire d’une région nordique,
parlant mal la langue nationale. « Gavach » serait appliqué aux Français depuis 1530.
Le Dictionnaire de l’Académie royale de la langue espagnole confirme que l’expression vient de « gavach », qui signifie
« étranger » en catalan, mais date son apparition de 1825 et en décrit les circonstances. En juillet de cette année, des
villageois de Cerdagne – divisée en deux provinces, l’une espagnole et l’autre française, par le traité des Pyrénées en
1659 – appartenant aux deux nationalités se réunirent à Puigcerdà pour des festivités qui se terminèrent par une
tuerie provoquée par les Espagnols. Ces derniers frappèrent les Français en criant : « À mort les gavachs, ils ont
gouvernés l’Espagne pendant assez longtemps ! »
En réalité, le mot, s’il est ancien, aurait pu être popularisé lors des guérillas de résistance à Napoléon. Quoi qu’il en
soit, tout le monde s’accorde sur la couleur fortement péjorative de « Gabacho ». Aujourd’hui, certains
traduisent ce terme familier par « franchouillard » et lui ont inventé un féminin, « Gabacha ».
En Espagne et au Portugal, comme ailleurs, le nom de Napoléon était associé à la Révolution française. Mais pas pour
le meilleur, en l’occurrence. Ainsi, « Jacobins », surnom donné par les Espagnols et les Portugais aux Français au
moment de l’occupation de la péninsule, est particulièrement cinglant.
À la fin de la guerre d’Indépendance, en 1814, après la restauration du pouvoir de Ferdinand VII d’Espagne, les
« Ilustrados », intellectuels proches de la philosophie des Lumières, et les « Afrancesados », tenants de la culture
française, ont été tenus à l’écart. La francophobie atteignit alors une virulence extrême, au point qu’il en reste des
traces un siècle plus tard. L’une des pires insultes dont on pouvait affubler un Espagnol jusque dans les années 1930
était « afrancesado », ce qui correspondrait en France au qualificatif de « collaborateur », avec les mêmes
connotations politiques de complicité avec l’ennemi et, par conséquent, de trahison à la patrie.
« Franchute ! » est une injure, un peu vieillotte, datant aussi de l’arrivée des armées de Napoléon en Espagne.
« Français » se dit « francés » en espagnol et ce « franchute » a une connotation péjorative, un peu comme
« Espingouin » en français. Certains dictionnaires traduisent « franchute » par « grenouille ».
Pour finir, sachez que l’invasion des troupes napoléoniennes et la répression du soulèvement qui s’ensuivit, pour
violentes qu’elles aient été, ont toutefois laissé une trace amusante. Depuis ces événements, en Espagne, des
générations de chiens ont été nommés « Sul » et « Nei »… En mémoire de deux maréchaux d’Empire qui se sont
particulièrement illustrés dans ces conflits, Jean de Dieu Soult et Michel Ney. Humour noir. 67-68
20
[…] Napoléon, voyant la sollicitude des Hongrois envers les malheureux, leur a laissé nombre de ses soldats
blessés. Ceux-ci furent bien soignés par la population, bien qu’entre les uns et les autres la communication
ait probablement été très réduite. Cet épisode de la campagne française de 1809 a inspiré l’expression « Beszélhetsz
neki mint a beteg franciának », « Tu peux lui parler comme aux Français malades ». On l’utilise dans des
circonstances où, quoi que l’on dise, cela n’aura aucun effet. Autant pisser dans un violon, comme on dit en
France. 69
OH LÀ LÀ, CES FRANÇAIS ! (2015) DE MARIE TREPS
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C’est probablement une certaine attirance pour les manières françaises qui a inspiré aux Finlandais une utilisation
curieuse de la préposition « avec ». Sur un carton d’invitation, la mention « avec » suggère que la présence du
compagnon ou de la compagne est souhaitée. Usage tout à fait inconnu en France – ce serait considéré comme
inconvenant. 21
À Sofia, « madama » désigne benoîtement une femme ou une fille, et « maman », une mère, mais « mersi » s’utilise
avec une nuance de familiarité – le mot bulgare est réservé aux contextes plus protocolaires. Ces termes de civilité
sont arrivés à partir de 1878, quand la Bulgarie, libérée de l’occupation ottomane, s’est tournée vers l’Europe de
l’Ouest. Ils ont été diffusés par les enfants des riches marchands de Plovdiv et Roussé, éduqués par des gouvernantes
françaises avant d’être envoyés en France pour étudier.
En Roumanie, l’on découvre une autre « madam » : cette appellation familière, encore en usage à la fin du siècle
dernier dans la petite bourgeoisie ou chez les commerçants, n’est pas franchement sympathique, elle est plutôt
moqueuse. Ce n’est pas tout. « Bonjurica » est un salut du bout des lèvres où la politesse se teinte d’un léger mépris,
et « monserica » (de « monsieur ») manifeste une ironie certaine vis-à-vis de la personne à qui l’on s’adresse ainsi.
D’un autre côté, à Bucarest, on peut entendre d’innocents « bonjur mon cher », « bonsoar », « au revoar », « mersi »,
« pardon ma chère ». La coexistence de ces deux « bonjour » contrastés serait-elle due au hasard ? Point. 21
[…] La découverte de la civilisation française et son choix comme modèle tutélaire sont le fait de la jeune génération
e
de Roumains du début du XIX siècle. Les jeunes gens de la bonne société, progéniture des grands propriétaires
terriens, vont parfaire leurs études dans les capitales européennes, notamment à Paris, et, au cours de séjours
culturels plus ou moins longs, ils entrent en contact avec les idées de la Révolution française et les idées nationalistes
qui seront à l’origine des mouvements révolutionnaires de 1848. […] c’est ainsi que « bonjur » a fait son entrée en
roumain. 21
À peine « bonjur » était-il implanté que les Roumains ont malicieusement fabriqué « bonjurist », pour désigner tel ou
tel jeune homme entiché de français au point d’évacuer le « bună ziua » roumain. Ensuite, dans les années qui ont
précédé la révolution de 1848, « bonjurist » a désigné un Roumain progressiste, imprégné des idées françaises de
liberté, partisan de l’idée de rendre aux provinces de Moldavie et de Valachie, alors sous suzeraineté turque, leur
indépendance. Ces nouveaux « bonjuristi » sont toujours une référence dans la Roumanie contemporaine où ils
inspirent le respect, à l’inverse des premiers. 21
[…] À Bratislava comme à Prague, dans certains cercles, on use de « monsieur », « madame », « merci » sans ironie
aucune. Sur les cartes de vœux de fin d’année, la formule « PF », ou « Pour féliciter », s’utilise inchangée. Ainsi
Slovaques et Tchèques donnent-ils à leur discours un brin de sophistication. 22
[…] Le français en usage aujourd’hui en Hongrie est une trace de la « Belle Époque », antérieure aux
bouleversements qui ont suivi la Première Guerre mondiale – en 1920, avec le traité de Trianon, le pays a perdu 71 %
de son territoire. L’image de la France s’en est trouvée ternie et, aujourd’hui, les jeunes Hongrois chahutent ces
marques de civilité venues de France. Ainsi « affektált », issu de notre « affecté », qualifie de manière railleuse
quelqu’un qui manque de simplicité, et « madam » est lancé, sur un ton badin ou humoristique, à une dame
maniérée. 22
e
[…] Le bilinguisme russe-français, apanage de la haute société russe du XVIII siècle, et en particulier des officiers
pour qui le français était une seconde langue maternelle, apparaît au grand jour dans les romans de Tolstoï. Dans le
langage des protagonistes on peut rencontrer, en français dans le texte, des mots et des formules respectueuses de
l’étiquette de la parole : « ma chère », « ma bonne amie », « charmant ami », « ma délicieuse », « merci, mon père ».
À Istanbul, dans la vie de tous les jours, on peut encore entendre « bonjur », « pardon » ou « mersi » et, si « mösyö »
ou « dam » ont pris un coup de vieux, « madam » se maintient. […] Aux yeux des Turcs lettrés, la langue française a
certes gardé un grand prestige et reste synonyme de culture, mais aujourd’hui l’usage familier du vocabulaire
importé ou son détournement moqueur permet de mesurer la déception de la Turquie vis-à-vis d’une France qui
hésite à l’accueillir au sein de l’Europe. Ainsi, « monşer », devenu une épithète péjorative, s’applique aux personnes
snobs, individualistes, un tant soit peu hypocrites. Par ailleurs, « monşer » désigne malicieusement un diplomate.
22
[…] Quelques formules de politesse ont cours dans la Grèce contemporaine. « Pardon » était très courant jusqu’aux
années 1960, il ne l’est plus – indice d’un probable changement culturel – mais les jeunes gens utilisent encore
« merci » ou « mille mercis ». En fait, l’usage massif de mots français a longtemps été l’apanage de la bourgeoisie
grecque : une jeune fille de bonne famille se devait de jouer du piano et de parler français, tradition considérée
comme parfaitement snob depuis quelques décennies. Le parler frangrec a ensuite suscité des réactions ironiques,
comme en témoigne une série télévisée qui eut un succès fou dans les années 1970 : « Mantam Sousou, « Madame
Chouchou ». Dans ces réjouissantes saynètes, une jeune femme, Mantam Sousou, tient à passer pour une personne
22
de qualité, aussi fait-elle étalage de sa bonne éducation et, quand elle rencontre quelqu’un, elle ne manque de lancer
une formule de son cru : « Bonjour ké bonsoir » – « ké » signifie « et » –… Merci Mantam, orvouár Monsieur…
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Français & Révolution
[…] Oui, dès le XVIIe siècle, en Europe, le français est l’étendard derrière le quel se rallient les gens de qualité, car
avec cette langue élue voyage un état d’esprit contagieux. Une certaine légèreté. Plus tard, c’est un idéal, ce lui de
liberté, qui se transporte avec le français, et l’on voit dans son sillage émerger des nations. 5
[…] La révolution de 1789, puis celle de 1848, l’impérialisme napoléonien entre-temps, n’ont pas manqué de ternir la
prestigieuse réputation d’une France aristocratique dont l’Europe avait coutume d’adopter, sans l’ombre d’une
hésitation, les modes suaves et les usages policés. Un certain désamour se fait sentir, exprimé de manière cinglante
par le philosophe allemand Arthur Schopenhauer : « Les autres parties du monde ont des singes ; l’Europe a
des Français. Cela se compense » 6
[…] la Révolution éclata. Les cours ressentent les événements de 1789 comme un séisme et la réaction des
souverains ne se fait point attendre. Le roi d’Espagne Charles III ferme son royaume aux nouvelles venues de France,
Catherine II de Russie, horrifiée du sort réservé à un monarque, brûle ce qu’elle avait adoré : en 1792, les ouvrages
de Voltaire et de Rousseau sont livrés aux flammes. La Révolution française va d’ailleurs laisser chez les Grecs une
curieuse trace. « Karmaniola » ne désigne pas cette ronde dansée et chantée par des révolutionnaires, la
carmagnole, non, c’est le surnom qu’ils donnent à la guillotine. 64
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Aux dernières nouvelles, « koupon » aurait repris du poil de la bête. Aujourd’hui connu partout et de tous en
Bulgarie, le mot a fait des petits : koupondjiya (au masculin) et « koupondjiïka » (au féminin) désignent une
« personne participant à une fête », et le verbe « kouponiasvam » signifie « participer à une fête ». Et voici qu’en
1989, après la chute du communisme, le roi Siméon II et sa famille se rendent en visite à Sofia. Le journal 24 tchаsa
évoque la princesse Kalina en ces termes « e kouponiasvala do zori ». La princesse avait « kouponné » jusqu’à l’aube,
autrement dit, Kalina avait fait joyeusement la fête. On est bien loin du rigide jour de réception, la légèreté est
retrouvée. 26
OH LÀ LÀ, CES FRANÇAIS ! (2015) DE MARIE TREPS
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Français & Surnom
[…] Escargots de Bourgogne ou petits-gris, nous nous régalons de ces mollusques hermaphrodites, c’est de notoriété.
Quant à notre attrait pour les cuisses de grenouille, il est fameux au point que les Anglais nous surnomment « Frogs »
ou « Froggies » – affectueusement, le diminutif m’incite à le croire, mais, sachez-le, certains considèrent « Froggies »
comme peu sympathique.
Donner aux autres des petits noms évoquant leurs préférences alimentaires réelles ou supposées, c’est de bonne
guéguerre – ainsi, en retour, donnons-nous aux Anglais du « Rosbif », le bœuf rôti étant, outre-Manche, la pièce
maîtresse du déjeuner dominical, n’est-il pas ? Le plus amusant est sans doute l’origine purement française de ce
« beef », derrière lequel se cache bien mal notre bon vieux « bœuf ». Celui-là, importé jadis par les Normands sur les
tables anglaises, a relégué d’office l’« ox » autochtone aux pâturages et aux arrière-cuisines. Passons. « Froggies »
e
aurait été imaginé au XIX siècle, dit-on, par les jeunes Anglais fortunés, confrontés à la cuisine française à
l’occasion du Grand Tour – voyage à travers l’Europe via la France, l’Italie et la Grèce. En milieu anglophone,
« Froggies » s’est imposé sur plusieurs continents […]. Les Anglais, qui sont allés jusqu’à forger l’adjectif « froggish »,
« comme un Français », ont fait école. Voyez, en Allemagne, les Français sont « Froschfresser », « bouffeurs de
grenouilles », ou, plus précisément, « Froschschenkelfresser », « bouffeurs de cuisses de grenouille », au Danemark,
les voici « frølår », « cuisses de grenouille », et en Pologne, żaby, « grenouilles ». Au Canada anglophone, les
Français sont des « Frogs » ou des « Gorfs » en verlan, mais oui. À moins qu’on ne les appelle « Pea-soupers », non
sans un certain mépris : la soupe aux pois, roboratif plat de pauvres, est étroitement associée aux peuples
francophones du Canada – québécois, acadien et leurs diasporas. C’est la pauvreté des émigrants français venus
e
s’installer au XVIII siècle qui est alors stigmatisée. À Montréal, à la fin des années 1950, apparaît « Pepsi ». Les
Canadiens anglais ont ainsi désigné péjorativement les pauvres Canadiens français censés se gorger de Pepsi parce
qu’ils ne pouvaient se permettre le Coca, légèrement plus cher. Mais les mêmes anglophones ont aussi baptisé les
Québécois « Pepsi Mae West » – la pulpeuse et sulfureuse actrice américaine avait donné son nom à un gâteau blanc
et moelleux, fourré à la crème et recouvert d’un enrobage chocolaté, le « Mae West », pâtisserie fort populaire chez
les Canadiens français. L’abondance française retrouvée au dessert… 48
OH LÀ LÀ, CES FRANÇAIS ! (2015) DE MARIE TREPS
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Revenons à nos merveilleux amis anglais. Chez eux, « to take French lessons », « prendre des leçons de français »,
c’est « contracter une maladie vénérienne ». Ce qui pourrait être évité grâce à la « French letter », « lettre
française », ou, pour le dire en français, la « capote anglaise ». Procédé remplaçant avantageusement « the Vatican
roulette », méthode de contraception hasardeuse recommandée par les autorités ecclésiastiques.
On ne s’accorde ni sur la date de naissance ni sur les origines de l’expression. Cette « lettre française » serait apparue
e
au milieu du XIX siècle, selon certains, pendant la Seconde Guerre mondiale, selon d’autres. L’ancêtre du préservatif
aurait été ainsi nommé par les Anglais en déformant le verbe to let, « entraver », disent les uns. Pas du tout,
rétorquent les autres, lettre s’explique ainsi : à l’origine la chose était présentée dans une enveloppe. À moins que
les soldats anglais, qui ont découvert le préservatif en France, ne les aient expédiés de l’autre côté de la Manche par
le courrier…
Le débat a fait couler beaucoup d’encre, reste que l’essentiel, c’est bien la présence de l’adjectif français :
l’expression, aujourd’hui désuète, prend place dans la liste de celles associées avec les si décriés Français, obsédés
sexuels notoires. Dans le monde anglo-américain, on use aujourd’hui de « French cap » – exact équivalent de notre
« capote anglaise –, « French safe », « coffre-fort français », « French ticket », « frencher » ou encore de « Frenchie »,
terme argotique désignant par ailleurs un Français.
La référence aux Français est capitale, la preuve ? Les Allemands appellent la capote « der Pariser », « le Parisien »,
et les Danois, « Franske artikler », « articles français ». 62-63
OH LÀ LÀ, CES FRANÇAIS ! (2015) DE MARIE TREPS
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En Norvège, on peut entendre « Det er et virkelig bordell her !, « C’est un vrai bordel ici ! ». Que faut-il en conclure ?
Que le désordre est grand, et d’une. Que les Norvégiens usent, comme nous, de notre mot « bordel » dans son sens
figuré, et de deux.
[…] les Américains sont formels. Un GI, arrivant en France après la Seconde Guerre mondiale, note : Les Français se
fichent de tout, ils ont même une formule pour le dire, « laissez-faire » [sic]. Cela signifie : à quoi bon se donner du
mal, il suffit de laisser aller les choses. 112 Gripes about the French 12
En Italie, au détour d’une conversation, vous entendrez ces mots, en français dans le texte : « laisser-aller, laisser-
faire ». En Finlande, « C’est la vie ! » est apprécié à double titre. Tout d’abord, l’expression est intraduisible en finnois –
une longue périphrase serait nécessaire –, mais, surtout, elle représente assez bien notre manière décontractée, un
brin fataliste, de vivre, quelque peu exotique aux yeux des Finlandais. Un dictionnaire danois soucieux de traduire au
mieux le proverbe « Den sten man ikke kan løfte, lader man ligge », littéralement « La pierre qu’on ne peut soulever, on
la laisse », propose le très joli : « Il faut faire comme on fait à Paris, on laisse pleuvoir. » 12
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caractère évocateur de ces mots – dont le sens peut se révéler parfaitement fantaisiste –, mais surtout leur
consonance exotique. Si le mot sonne bien, cela suffit à donner une ambiance positive au négoce. Deux petits mots,
« comme ça », vidés de leur sens, font les choux gras des commerçants désireux de séduire, si l’on en juge par la
multiplicité des enseignes qui en usent : « Comme ça du mode », « Comme ça store », « Comme ça café » 50
[…] Les intérieurs allemands d’aujourd’hui semblent se souvenir de ce goût invétéré du siècle des Lumières pour ce qui
vient de France. « Das Vestibül » et « der Korridor »… « Das Parkett » et « das Sekretä »r… « Die Jalousie » et « die Girlande »… « Der
Lampion » et « die Lanterne »… […] Quelle surprise d’entendre, à Budapest, ma jeune correspondante citer
« budoár », « boudoir », mot français qui lui est venu spontanément à l’esprit. Plus curieux encore, ce petit salon de
dame, auquel les Hongrois donnent un autre nom, « intim női szalon » – « női » signifie « féminin » –, je l’ai retrouvé
un peu partout en Europe. Un peu comme l’« alcôve » et le « bureau ».
Le « Sekretär » adopté par les Allemands compte des cousins par-ci par-là. Les Anglais se distinguent en lui préférant
« cabinet ». La « commode » et le joli « chiffonnier » meublent les appartements des dames à peu près partout.
Privilégiées, les Hongroises peuvent disposer d’une « toilette-asztalka » et les Tchèques d’une « toaleta » ou « toaletní
stolek », une table de toilette. Outre le « lustre » – que nous avions nous-mêmes emprunté aux Italiens –, le
chandelier, la girandole et l’abat-jour, la lampe a conquis l’Europe. Les Suédois ne se sont pas contentés de
« lampa », ils ont imaginé « lampett », « petite lampe », « applique », et « lampel », « suspension ». Les jeunes Grecs
raffolent du « portatif », « lampe portative », et de la « sez pliant », « chaise pliante ».
Quelle surprise d’entendre, à Budapest, ma jeune correspondante citer « budoár », « boudoir », mot
français qui lui est venu spontanément à l’esprit. Plus curieux encore, ce petit salon de dame, auquel les Hongrois
donnent un autre nom, « intim női szalon » – « női » signifie « féminin » –, je l’ai retrouvé un peu partout en Europe.
Un peu comme l’« alcôve » et le « bureau ».
Le « Sekretär » adopté par les Allemands compte des cousins par-ci par-là. Les Anglais se distinguent en lui préférant
« cabinet ». La « commode » et le joli « chiffonnier » meublent les appartements des dames à peu près partout.
Privilégiées, les Hongroises peuvent disposer d’une « toilette-asztalka » et les Tchèques d’une « toaleta » ou « toaletní
stolek », une table de toilette. Outre le « lustre » – que nous avions nous-mêmes emprunté aux Italiens –, le
chandelier, la girandole et l’abat-jour, la lampe a conquis l’Europe. Les Suédois ne se sont pas contentés de
« lampa », ils ont imaginé « lampett », « petite lampe », « applique », et « lampel », « suspension ». Les jeunes Grecs
raffolent du « portatif », « lampe portative », et de la « sez pliant », « chaise pliante ».
Nos voisins proches ou lointains disposent d’une ribambelle de sièges confortables. Comment recevoir à la française,
sans cela ? « Divan », « canapé », « sofa », « banquette » et « fauteuil », assurément. Plus étonnant, en Allemagne, on
connaît notre « Tête-à-Tête », un canapé dont le dossier en s permet à deux personnes de converser sans se
contorsionner… Aux Pays- Bas, le « crapaud », « fauteuil crapaud »… Au Royaume-Uni, la « bergère ». Ce fauteuil
large et profond, folie des salons Louis XV, les Hongrois l’ont rebaptisé « karosszék » – s’inspirant de « carrosse » – ou
« rokokó karosszék », « fauteuil Pompadour », selon un dictionnaire hongrois contemporain.
e
À l’aube du XIX siècle, la « chaise longue », le « récamier » et la « méridienne », ces sièges sur lesquels peuvent reposer
les jambes, vont faire un malheur en Europe. Juliette Récamier, que le peintre Jacques-Louis David immortalisa, en
1800, nonchalamment allongée sur une banquette munie de deux dossiers aux extrémités, donna son nom à cette
variété de chaise longue et la rendit célèbre. En Allemagne les esprits s’enflammèrent. Outre-Rhin, on imagina la
« chaise longue », propice à la conversation ou à la paresse, idéale pour la pratique de certaines activités agréables,
ce que l’allemand exprime par « Chaislong-Akrobatin ». Est-il besoin de traduire ? Un peu désuète de nos jours,
l’expression cède la place à « Après- Ski Sport ». Est-il nécessaire de le préciser, l’activité évoquée se déroule en
chambre… En cas de refus, vous serez surprises, mesdames, d’entendre le galant glisser dans un soupir C’est la vie,
en français dans le texte… Quand il s’agit de la bagatelle, l’exemple français inspire toujours. Nous en reparlerons.
Le « récamier » eut en Europe un destin plus prosaïque. Derrière « rekamié » ou « recamier », toujours en usage en
Hongrie et en Roumanie, se cache un « canapé-lit » ou un convertible. Cela semble curieux, mais, sachez-le, les
Polonais ont aussi leur canapé-lit. Ils l’appellent « wersalka », vocable fabriqué à partir de « Versailles », mais oui. Par
référence amusée au logement de fortune des courtisans dans les corridors encombrés de Versailles, j’imagine.
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Français & Voler en magasin
[…] En Australie, on fait la chasse aux Français, adeptes du « French shopping »1 : ceux-là écument les magasins et
oublient de payer. 7
[…] OH LÀ LÀ, CES FRANÇAIS ! (2015) DE MARIE TREPS
1
« Les Français en Australie, comportement abusif ou stigmatisation ? », www.australia-australie.com, 2016.
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