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Fénelon (1651-1715), Traité de l’éducation des filles, 1687.

Intro :
- Homme d’Eglise et écrivain
- Connu en tant que pédagogue, a écrit Les aventures de Télémaque pour éduquer le
dauphin (=le fils du roi). Chaque histoire est l’occasion d’une leçon. C’est un véritable
manuel de cours original.
- A l’époque, pas d’école : les enfants apprenaient auprès d’un précepteur, c’est-à-dire un
professeur particulier attaché à une famille. Il n’était pas considéré nécessaire que les
filles apprennent beaucoup de choses.
- Ici, un traité = un essai avec un propos en avance pour son temps : la nécessité
d’enseigner aux filles. Titre : De l’importance de l’éducation des filles

Problématique : Comment Fénelon dénonce-t-il l’absence de véritable éducation des filles ?

1/ L’éducation des garçons est surveillée de très près : du début à « la haute idée qu’on a de
l’éducation des garçons »
2/ L’éducation nuit aux filles de « Pour les filles » à « des mères ignorantes et indiscrètes »
3/ La non-éducation des filles fait des ravages de « Enfin, il faut considérer » à la fin

1/ L’éducation des garçons est surveillée de très près


« Rien n’est plus négligé que l’éducation des filles. (…..) mais enfin ils marquent la haute idée
qu’on a de l’éducation des garçons. »

Rien n’est plus négligé que Négation Phrase courte, la brièveté la rend
l’éducation des filles restrictive percutante. La négation ressemble à une
accusation
La coutume et le caprice des Noms communs Affirmation que l’éducation relève de la
mères coutume, c’est-à-dire qu’elle ne se
renouvelle pas et se tient éloignée des
découvertes du siècle + caprice, nom
péjoratif
On peut relever de la misogynie : les
femmes, les mères sont coupables. Aucune
mention du père ou du poids de la société.
Avec « caprice » on réactive l’image de la
femme-enfant qui fait les choses au
hasard et sans raisonnement.
« Coutume » et « caprice » sont le sujet de
« décident » : déshumanisation des mères,
effacées derrière leurs défauts.
on suppose Pronom Le « on » est une accusation vague, qui
personnel veut ici montrer qu’il s’agit d’une opinion
indéfini commune, d’une pratique largement
partagée.
L’éducation des garçons passe Présent de Fénelon rappelle ce qui semble une vérité
pour une des principales vérité générale partagée par les gens : l’éducation des
affaires par rapport au bien garçons est essentielle pour la société.
public Mais il ne reprend pas cette opinion pour
lui-même : il rapporte un propos auquel il
n’adhère pas. Déjà, on voit arriver la
critique de ce discours.
quoiqu’on n’y fasse guère moins Proposition Fénelon s’éloigne du sujet pour faire une
de fautes que dans celle des subordonnée critique envers l’éducation des garçons,
filles de concession tout aussi fautive. Fénelon utilise un ton
polémique et prend le contrepied de la
société.
on est persuadé qu’il faut Retour du Fénelon se moque de l’opinion commune.
beaucoup de lumières pour y pronom Les lumières sont la métaphore du savoir
réussir personnel et de l’intelligence. Ici Fénelon se moque
indéfini des précepteurs des garçons qui pensent
métaphore que leur métier nécessite bien de
l’intelligence pour le faire.
Les plus habiles gens se sont Superlatif + A partir de là, Fénelon est ironique envers
appliqués à donner des règles ironie les enseignants : c’est avec ironie qu’ils
dans cette matière remarquant leurs qualités.
Combien voit-on de maîtres et Succession de Montre l’émotion de l’auteur et sa
de collèges ! combien de phrases moquerie
dépenses pour des impressions exclamatives
de livres, pour des recherches énumération Se moque ouvertement de l’argent dépensé
de sciences, pour des méthodes pour l’éducation masculine
d’apprendre les langues, pour le
choix des professeurs !
Tous ces grands préparatifs comparaison Fénelon dénonce le règne de l’apparence
ont souvent plus d’apparence plutôt que celui de la raison
que de solidité

 Même si son sujet est l’éducation des filles, Fénelon commence en ironisant sur
l’éducation des garçons. Il reprend les opinions communes et se moque de l’importance
qu’on donne apparemment à l’éducation masculine sans pour autant y réfléchir vraiment.
Le ton est déjà polémique
2/ L’éducation nuit aux filles

« Pour les filles, dit-on, il ne faut pas qu’elles soient savantes, (…) après quoi on se croit en
droit d’abandonner aveuglément les filles à la conduite des mères ignorantes et indiscrètes.
(…) »

Dit-on Proposition incise + Après avoir évoqué l’opinion commune


pronom personnel sur l’éducation masculine, il fait de
indéfini même avec l’éducation féminine
Vaines et précieuses Adjectifs péjoratifs Etre vaine signifie être dépourvue de
valeur.
Précieuse = inutilement raffinée,
superficielle
Il suffit que Négation restrictive Insistance sur le fait que l’éducation
des filles serait quasi inutile
Gouverner, obéir antithèse Les femmes n’ont de pouvoir que dans
leur maison, sur leurs domestiques
(=gouverner leurs ménages) mais elles
doivent surtout savoir obéir.
l’expérience qu’on a de X Utilisation d’un argument de l’opinion
beaucoup de femmes que commune : prendre comme exemple une
la science a rendues femme éduquée mais qui a mal tourné
ridicules pour empêcher l’éducation de toutes les
femmes
on se croit pronom personnel Fénelon se moque de l’opinion commune
indéfini + verbe de
croyance
des mères ignorantes et Adjectifs péjoratifs Comme lors de la 1ère partie, Fénelon
indiscrètes accuse les mères (pas les pères/la
société).

 Fénelon maintient son ton polémique.


 Reprise des propos et arguments de l’opinion commune pour les ridiculiser
3/ La non-éducation des filles fait des ravages

« Enfin, il faut considérer, outre le bien que font les femmes quand elles sont bien élevées, (…)
Voilà ce qui prouve l’importance de bien élever les filles ; cherchons-en les moyens. »

enfin adverbe Dernière étape de sa réflexion :


conclusion
quand elles manquent d’une Proposition Argument principal : les femmes
éducation qui lui inspire la vertu subordonnée non ou mal éduquée sont des
circonstancielle de dangers pour la société.
temps
La vertu Nom commun Force morale qui empêche de
faire des actes immoraux.
Il faut que les femmes soient
éduquées et qu’elles connaissent
la vertu (= le bien, le mal)
Il est, fait Présents de vérité Fénelon vise à une universalité :
générale il affirme ce qui lui semble être
une vérité générale
Mères, d’autres femmes Les femmes corrompent les
hommes : les mères et les
amants/épouses font faire des
erreurs aux hommes. Eduquer
les femmes revient à éviter aux
hommes de devenir immoraux.
Fénelon n’est pas un féministe
avant l’heure. Il vise au
maintien de la société.
Quelles intrigues se présentent à Phrase Emotion de l’auteur, discours
nous dans les histoires, quel exclamative vivant
renversement des lois et des Anaphore de Discours oral très rythmé
mœurs, quelles guerres sanglantes, « quelles »
quelles nouveautés contre la Enumération de Il y a beaucoup d’exemples
religion, quelles révolutions d’Etat, faits historiques d’événements qui ont eu lieu à
causés par le dérèglement des cause de femmes non éduquées
femmes !
voilà adverbe Formule qui sert à conclure
cherchons-en les moyens Impératif à la 1ère Implique le lecteur en l’invitant
personne du pluriel à modifier son rapport à
‘nous) l’éducation des filles

 Présente son propos comme relevant de la vérité générale. Affirme la nécessité


d’éduquer les filles pour le bien des hommes.
Conclusion :
- Ton polémique
- Rappel ironique de la position de l’opinion commune
- Arguments non pas féministes mais utilitaristes : une femme éduquée connaîtra la vertu
et évitera aux hommes l’immoralité
- Ouverture : généralisation tardive de l’éducation, les premières écoles et le bac
réservés aux hommes. L’éducation est toujours un enjeu avec les questions de genre et
des filières plus ou moins féminines/masculines

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